INTRODUCTION
Le Bénin, à l'instar des autres pays de
l'Afrique subsaharienne a subi de plein fouet les crises économiques et
sociales des années 80. L'économie nationale était en
effet confrontée à des déséquilibres importants.
Cette crise se caractérisait essentiellement par un ralentissement
sensible de la croissance économique, une baisse importante du revenu
par habitant et l'aggravation des déséquilibres internes et
externes (détérioration de la balance des paiements,
déficits publics croissants).
Pour remédier à cette situation, le pays s'est
engagé à partir de l'année 1989 dans un processus de
libéralisation de son économie sous l'égide des
institutions de Bretton Woods. Depuis cette date, d'énormes
réformes couvrant tous les domaines de la vie économique ont
été mises en oeuvre et celles relatives à la politique
commerciale sont en bonne place. Dans ce cadre, les mesures de suppression des
restrictions quantitatives et autres mesures non tarifaires ont
été initiées.
Par ailleurs les exportations du Bénin sont
essentiellement basées sur le coton et il est fort de constater une
chute progressive des coûts du coton sur le marché international,
ce qui jouera considérablement sur les recettes issues des exportations
et sur la performance économique du pays. Le souci d'accroître les
exportations et de réduire progressivement la
vulnérabilité de l'économie aux chocs externes a conduit
le Bénin à faire un choix en faveur de la diversification de
l'économie par la promotion d'autres filières porteuses.
C'est pour analyser les effets qu'aura cette diversification
agricole sur la croissance et le bien-être des populations que cette
étude a été initiée.
Ce sujet est traité en quatre parties :
-Le premier chapitre définit le problème,
présente la revue de littérature et les objectifs et
hypothèses qui servent de base à l'étude ainsi que la
méthodologie adoptée.
- Le deuxième chapitre analyse l'évolution
du taux de croissance, de la consommation des ménages par tête,
des exportations totales et des exportations agricoles du Bénin.
- Quand au troisième chapitre, il évalue les
effets des exportations agricoles sur la croissance et le bien-être
à travers la consommation des ménages par tête du
Bénin.
- Enfin le dernier chapitre présente les
conclusions et recommandations
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
Ce chapitre comprend cinq (5) parties à savoir le
problème de recherche ; la revue de littérature, les
objectifs et hypothèses et enfin la méthodologie
1-1 LE PROBLEME
Le bénin, à l'instar de certains pays de
l'Afrique, a eu son indépendance en 1960. Depuis cet
évènement jusqu'à nos jours il a connu trois
stratégies de développement économique :
-la première est dite économie de marché
basée sur le libéralisme économique couvrant la
période de 1960 à 1971,
-la deuxième (1972 -1989) appelée
stratégie de développement marxiste-léniniste est
caractérisée par le plan centralisé et impératif
où toutes les décisions sont imposées à tous biens
qu'étant prises par les gouvernements,
-Enfin la troisième est le retour à une
économie de marché depuis 1990.
Ainsi au cours de la période caractérisée
par le plan centralisé et impératif, la période 1981-1989
a été celle d'une morosité économique ayant comme
source de nombreuses distorsions économiques
(déséquilibres macroéconomiques aigus, effondrement du
système bancaire, incapacité de l'Etat à assurer le
service de la dette et à payer régulièrement les salaires
aux fonctionnaires).
Pour remédier à cette situation, le Bénin
s'est engagé à partir de l'année 1989 dans un processus de
libéralisation de son économie. Des mesures énergiques
seront mises en oeuvre pour faire disparaître les entraves aux
échanges qui ont eu cours sur la période 1972-1989. On retiendra
entre autres :
-La levée des mesures de prohibition et de
contingentement frappant certains produits à l'importation ou à
l'exportation ;
-La suppression des licences à l'importation sur tous
les produits ;
-La suppression de la plupart des droits et taxes dont
étaient frappées les exportations.
Ces distorsions ont aussi conduit le Bénin,
appuyé par le FMI et la Banque Mondiale, à souscrire aux
programmes d'ajustement structurel (PAS1 : 1989-1991,
PAS2 : 1992-1993, PAS3 : 1995-1997) dont les
objectifs principaux étaient la réduction des charges de l'Etat
et le rétablissement des grands équilibres. La mise en
application de ces programmes qui a permis d'amorcer le redressement
économique, a par ailleurs engendré de vives tensions sociales.
Ce qui a obligé le gouvernement à convoquer la conférence
nationale des forces vives de Février 1990. Cette conférence a
permis au Bénin d'enclencher un processus démocratique avec une
orientation vers le libéralisme économique avec un accent
particulier est mis sur le développement du secteur privé. De
plus, l'appartenance du Bénin à certains regroupements
régionaux comme l'UEMOA, la CEDEAO, le groupe ACP ainsi que son
adhésion à l'OMC l'ont amené à avoir une politique
commerciale plus ouverte sur l'extérieur.
Depuis 1999, le Bénin s'est engagé dans la mise
en oeuvre d'une stratégie nationale de réduction de la
pauvreté pour un développement humain durable. Après
l'ébauche d'une Stratégie nationale de Réduction de la
Pauvreté (SRP 2000), une stratégie triennale (2003-2005) a
été définie et a servi depuis lors comme cadre
stratégique de référence, de programmation et de
budgétisation des actions du gouvernement, ainsi que pour le dialogue
avec les partenaires techniques et financiers. Dans cette première
stratégie, le gouvernement du Bénin a judicieusement mis l'accent
sur le développement du secteur social et l'amélioration de la
gouvernance pour renforcer respectivement les ressources humaines et
l'efficacité des actions afin de bâtir les fondations pour le
développement humain durable.
Le rythme de la croissance des dernières années
a été bien en dessous des objectifs du SRP 2003-2005 et nettement
insuffisant pour donner au Bénin les ressources propres pour soutenir la
lutte contre la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD). Ces moindres performances résultent
en grande partie de la faible diversification et du manque de
compétitivité de l'économie.
Pour corriger cet état de chose, une stratégie
de deuxième génération pour le triennal 2007-2009, vise
à consolider les acquis du précédent tout en mettant
l'accent sur la diversification de l'économie et l'intensification de la
croissance afin d'accélérer la lutte contre la pauvreté et
la marche du Bénin vers l'atteinte des OMD. Ainsi pour intensifier la
croissance, quatre domaines prioritaires d'intervention ont été
ciblés à savoir :
-la stabilisation du cadre macroéconomique ;
-la dynamisation du secteur privé ;
-la promotion de nouvelles filières porteuses pour les
exportations et enfin
-la promotion de l'intégration régionale.
Depuis 1997, la contribution du secteur primaire au PIB a
enregistré une baisse ; actuellement il représente plus de
33% du PIB et plus de 95% des recettes d'exportation. La filière coton
demeure l'activité dominante, représentant à elle seule
13% du PIB et 35% des rentrées fiscales (CAPOD 2000), 85% des recettes
d'exportation et 77% (1999) des exportations totales.
Le souci d'accroître les exportations et de
réduire progressivement la vulnérabilité de
l'économie aux chocs externes a conduit le Bénin à faire
un choix en faveur de la diversification de l'économie par la promotion
d'autres filières porteuses telles que le manioc, le maïs,
l'ananas, le riz, le palmier à huile, la noix de cajou et
l'élevage porcin. Bien que les principaux produits agricoles
d'exportation restent le coton, suivi par les cultures vivrières, le
tabac et les huiles, une légère tendance à la
diversification des exportations agricoles semble en cours puisque la part des
produits autres que le coton est passée progressivement de 11% en 1996
à 18% en 1999. Selon les autorités, cette tendance serait plus
due à l'évolution des coûts mondiaux du coton vers la
baisse. Ce qui jouera considérablement sur la performance
économique du pays. (Plan Stratégique Opérationnel,
Juillet 2001)
De même, les objectifs sectoriels évoqués
dans la Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural
(LDPDR) de 1999 et le plan d'orientation « 1998-02 »
consistent à : i.) contribuer à la croissance
économique, à l'équilibre de la balance commerciale et
à la création d'emplois ; ii.) contribuer
à l'amélioration du niveau de vie des populations par
l'augmentation du pouvoir d'achat des producteurs, la lutte contre la
pauvreté, le contrôle de la qualité et l'innocuité
des aliments ; iii.) maintenir la sécurité
alimentaire et nutritionnelle d'une population en expansion rapide ;
iv.) diversifier et intensifier la production agricole d'une
manière durable, sans hypothéquer la base productive nationale et
le patrimoine écologique et v.) contribuer, au sein des
communautés rurales, à l'amélioration des rapports
hommes/femmes.
En clair, le Bénin, à l'instar de nombreux pays
et surtout suite aux crises alimentaires et financières qui ont
sévis au cours de l'année 2008, accorde une grande place à
la diversification agricole qu'il considère, non seulement, comme un
facteur de diversification des recettes issues des exportations agricoles, mais
surtout, de sécurité alimentaire et de son propre
développement économique et social.
Tout ceci met en évidence l'intérêt de
savoir comment les exportations agricoles du pays ont évolué,
ainsi que la croissance, si la croissance est ou non tirée par les
exportations agricoles et la nature du lien entre les exportations agricoles et
bien-être au Bénin. Ceci est de nature à éclairer
les responsables de la politique économique quant aux orientations
à donner aux stratégies de développement fondées
sur les exportations agricoles afin que celles-ci aient des effets positifs
escomptés.
1-2 REVUE DE LITTERATURE
L'objectif ici, c'est de passer en revue les études
théoriques et empiriques qui entrent dans le cadre de notre travail
à travers l'approche théorique et empiriques des
déterminants de la croissance et la relation entre exportation et
croissance économique.
1-2-1 Approches théoriques et
empiriques des déterminants de la croissance
Dans l'analyse économique, la
croissance économique désigne, selon
François Perroux (1961), l'augmentation soutenue pendant une ou
plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation
le produit global net en terme réel. On limite
généralement la notion de croissance à des critères
uniquement quantitatifs. Toutefois on peut noter avec Perroux, cité par
Nezeys (1990) que la croissance s'accompagne de changement dans les structures
économiques et sociales. Elle peut donc ainsi contribuer à une
amélioration du niveau de vie.
L'analyse de la croissance occupe une place importante
déjà dans les questions que se posent les économistes
classiques : Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo, Karl Marx.
En effet, ces auteurs assistent à la révolution
industrielle et s'intéressent de très près à ses
conséquences. Ils cherchent à donner une interprétation
scientifique des forces qui gouvernent le fonctionnement et le
développement des activités économiques.
Adam Smith a mis l'accent sur le rôle des
économies d'échelle, de la spécialisation et du commerce
international. Il est aussi l'inventeur de l'approche historique dans l'analyse
comparative de la croissance. Il a négligé le rôle du
progrès technique dans la croissance en mettant l'accent surtout sur les
économies d'échelle et sur la division du travail. (C. IGUE,
Cours de macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009.)
Thomas Malthus avait un schéma de croissance
basé sur deux facteurs : les ressources naturelles et le travail.
Il est à noter que le rôle potentiel du progrès technique
est totalement négligé. Le mécanisme principal qui
conditionne la croissance correspondrait, selon Malthus, à la pression
imposée par la croissance démographique et par les besoins de
subsistance de cette population croissante. L'équilibre est alors
atteint uniquement grâce aux différents catastrophes : la
famine, la peste. Malthus préconisait alors d'adopter les politiques
actives en vue d'éviter ces catastrophes en favorisant l'abstinence
sexuelle, les mariages tardifs. (C. IGUE, Cours de macroéconomie
approfondie, FASEG, UAC, 2009)
David Ricardo a une analyse relativement moderne et riche du
capitalisme. Il reconnaît clairement la puissance productive
supplémentaire qui peut provenir des machines et les perspectives de
croissance forte que ces dernières peuvent fournir aux secteurs non
agricoles. Etant en partie influencé par Malthus, il considère
que les gains de productivité ne peuvent apparaître que dans
l'industrie, mais l'utilisation progressive des terres de moins en moins
fertiles ne peut que tirer vers le haut les prix agricoles et donc les salaires
de subsistance. Cela doit conduire à l'épuisement des profits et
donc à l'arrêt de l'expansion économique. (C. IGUE, Cours
de macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009)
Karl Marx est sans conteste, l'économiste classique qui
a l'analyse la plus riche du capitalisme. Il a notamment rejeté le
pessimisme de Malthus et de Ricardo en reconnaissant la puissance productive
qui réside dans la production en usine, et le rôle de
l'accumulation accélérée du capital fixe dans le
progrès économique. Il a anticipé une expansion continue
du commerce et la concentration de la production dans des unités de plus
en plus grandes, source d'économie d'échelle. Il a
néanmoins souligné la possibilité d'un ralentissement de
la croissance par la difficulté de soutenir un problème technique
continu. Il a quand même considéré que cette baisse
tangentielle du taux de profit pourrait être contrebalancée par
d'autres facteurs. Le progrès technique et l'accumulation du capital
sont donc les deux sources de croissance chez Marx. (C. IGUE, Cours de
macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009)
Contrairement à Marx, Schumpeter met l'accent sur le
progrès technique plutôt que sur l'accumulation du capital. Il
rejette totalement l'analyse de Malthus et de Ricardo concernant la contrainte
imposée par la pression de la population. L'auteur distingue deux modes
d'opération d'une économie capitaliste : le flux circulaire
qui correspond à une situation où la technologie est statique et
le développement économique par la technologie et l'organisation
de la production change avec une dynamique soutenue par les innovations. On a
alors une suite d'équilibres potentiels qui ne sont jamais atteints car
les innovations successives déplacent continûment
l'économie. Le rôle de l'entrepreneur apparaît alors
pleinement dans la recherche et la mise en oeuvre des innovations comme sources
de profit. Ces innovations correspondent à l'invention et à la
réalisation de nouvelles combinaisons qui peuvent correspondre
à :
v l'introduction de nouveaux biens ;
v l'introduction de nouvelles méthodes de
production ;
v l'ouverture de nouveaux marchés ;
v la découverte et la conquête de nouvelles
sources de matières premières ;
v une nouvelle organisation pour l'industrie.
Toutefois les vraies analyses n'ont commencé qu'avec
les auteurs keynésiens qui utilisent des variables
agrégées pour la formulation des théories. Le
modèle Harrod-Domard est une référence aujourd'hui pour
l'analyse économique. En élaborant leurs modèles à
partir de variables telles que l'investissement, l'épargne et la
population, ces deux auteurs à quelques variantes près arrivent
à la conclusion que l'investissement est un déterminant principal
de la croissance. En introduisant le phénomène du « fil
du rasoir » (dû notamment à la rigidité des prix
et salaire et aux problèmes de coordination des décisions
d'épargne et d'investissement) dans leur analyse, ils estiment que le
chemin de la croissance équilibrée est très étroit
et y rester procède du hasard car aucun mécanisme
économique ne permet de s'en approcher ou de s'y maintenir. Dans la
tradition keynésienne donc, l'action d'une force extérieure au
marché est ainsi légitimée, en l'occurrence l'Etat.
Ainsi les politiques économiques et sociales peuvent
aider à la croissance. Le modèle néoclassique de la
croissance équilibrée apportera une solution au problème
du fil du rasoir.
Solow (1956) souligne que les post-keynésiens ont
utilisé des hypothèses d'analyse de courte période pour
l'étude de la longue période. Le modèle de croissance de
Solow présente donc une croissance équilibrée qui assure
le plein emploi puisque l'intensité capitalistique et la quantité
du travail s'ajustent du fait de leur flexibilité en longue
période. La croissance dépend donc de deux éléments
principaux qui sont d'une part la quantité de travail (qui dépend
du taux de croissance de la population) et d'autre part du progrès
technique. La croissance est équilibrée mais ses
déterminants sont indépendants de la sphère
économique.
Les nouvelles théories de la croissance au contraire
considèrent que la croissance est un phénomène cumulatif
et endogène. Elle ne serait donc pas un phénomène
naturel.
Une première approche propose
d'endogénéiser le progrès technique et de modéliser
explicitement les nouvelles technologies (Khan et Villanueva, 1991). Robert
Lucas quant à lui privilégie l'accumulation du capital humain
dans une deuxième approche. Barro et Romer (1990) de leur
côté suggèrent plutôt que les dépenses
d'infrastructures publiques et l'accumulation du capital due à
l'innovation et à la recherche-développement soient explicitement
prises en compte pour expliquer la croissance.
Pour les théoriciens de la croissance endogène,
ces différents éléments ci-dessus doivent être
considérés comme des facteurs de la fonction de production du
fait de leur contribution substantielle à la croissance
économique. De plus l'hypothèse de productivité marginale
décroissante sera abandonnée au profit de celle de
productivité marginale constante car la première hypothèse
aurait tendance à neutraliser la croissance de longue période.
Les théoriciens de la croissance endogène en dépassant les
perspectives de l'investissement en capital et du progrès technique
exogène éclairent mieux sur les enjeux de la politique
économique dans le processus de croissance. Ainsi de plus en plus de
travaux tendent à mettre l'accent sur la nécessité de la
politique économique dans la réalisation de la croissance.
Fisher (1993) s'est intéressé aux effets de
l'instabilité macroéconomique sur la croissance. En utilisant des
données de panel, il a relié le taux de croissance du PIB
à certaines variables macroéconomiques clés. Ainsi le taux
d'inflation, le déficit budgétaire et les termes de
l'échange sont reconnus comme ayant un impact significatif sur la
croissance. Pour lui, l'instabilité macroéconomique favorise les
mauvaises performances économiques.
Gura et Hadjicamel (1996), en étudiant les
déterminants de la croissance dans 29 pays africains y compris ceux de
la zone franc, sont arrivés à la conclusion que l'investissement
privé explique fortement la croissance économique. Une bonne
politique devrait permettre d'accroître leur volume et leur
efficacité. Ils mettent l'accent sur le déficit budgétaire
soutenable, le maintien de la compétitivité extérieure et
la mise en place des réformes favorisant le développement du
capital humain.
Dans le même ordre d'idée, Odjo et Oshikoya
(1998), ont montré que l'investissement, le taux de croissance de la
population, les exportations, le taux d'inflation, le taux de change, la dette
extérieure constituent les principaux déterminants de la
croissance. Leur travail a consisté à estimer
économétriquement toute les variables susceptibles d'influer le
PIB par tête de 17 pays africains repartis dans les trois groupes de pays
que sont: les pays exportateurs de pétrole, les pays à revenu
intermédiaire et les pays à faible revenu. A travers une
série de régressions, ils ont montés l'impact de chaque
facteur sur le taux de croissance du PIB par tête. Pour eux, les pays
exportateurs de pétrole sont relativement plus sensibles aux
investissements que les autres groupes. La faible sensibilité des pays
à faible revenu à l'investissement semble s'expliquer par le
manque de facteurs complémentaires (capital humain) pour assurer son
efficacité. En revanche, la croissance de la population ne semble pas
constituer un obstacle pour les pays à revenu faible, même s'il ne
leur est pas recommandé de négliger les politiques de
population.
De façon analogue, Dollar et Kraay (2001) se sont
intéressés aux taux de croissance de 180 pays sur les vingt
dernières années. Il ressort de l'étude que la taille du
marché intérieur mesurée par le logarithme de la
population, l'accès aux marchés étrangers, le droit de
propriété et les règles juridiques affectent la
volonté d'investir et d'innover et donc la croissance. La mise en place
d'un cadre institutionnel adéquat stimulant l'initiative individuelle et
la proximité avec un grand voisin par exemple (aidant à
accroître les échanges extérieurs du pays) sont très
bénéfiques à l'activité économique.
Toujours dans l'intérêt de souligner l'importance
de l'enjeu des politiques économiques dans le processus de la
croissance, Claude Sinzogan (2001) a fait une étude pour évaluer
les déterminants de la croissance économique au Bénin. Il
s'est intéressé non seulement aux effets des variables
économiques (degré d'ouverture, l'espérance de vie
à la naissance ...) sur les facteurs de production mais aussi à
leur contribution aux performances de la croissance économique et ceci
à partir de l'estimation d'un modèle de la croissance ayant pour
base la fonction de production de Cobb-Douglas. Ce modèle a permis de
mettre en relation le PIB (variable endogène) et les variables
exogènes comme le degré d'ouverture, l'espérance de vie
à la naissance. Les résultats de l'estimation montrent que
l'élasticité de croissance des facteurs travail et capital est
positive. En effet, lorsque le volume du facteur travail utilisé
s'accroît de 1%, le PIB s'accroît de 0,25%. Ce taux d'accroissement
est de 0,10% pour le capital. L'ouverture et l'espérance de vie à
la naissance ont eu des effets escomptés sur la productivité et
la croissance. Ces deux variables influencent positivement la
productivité des facteurs avec, toutefois, une intensité plus
élevée pour le degré d'ouverture.
De tout ce qui précède, nous retenons que dans
la plupart des cas, l'ouverture commerciale est toujours
représentée par une variable dans les modèles de
croissance. Elle constituerait un déterminant majeur de la croissance
économique. Son importance mérite d'être soulignée
dans la mesure où l'ouverture commerciale joue un rôle important
dans le contexte actuel de la croissance engendrée par
l'intégration régionale et la mondialisation de
l'économie. Mais il n'est pas exclusif. Il existe en effet une multitude
de variables explicatives de la croissance économique liées aux
politiques économiques et dont le choix dépend des objectifs
poursuivis.
1-2-2 Exportation et croissance économique
Il est couramment admis que le commerce constitue un
déterminant important de la croissance économique à long
terme. Les politiques économiques privilégiant la croissance des
exportations et la libéralisation commerciale ont été au
coeur des stratégies recommandées aux pays en
développement. Les origines des fondements théoriques du lien
positif entre ouverture commerciale et la croissance sont doubles. D'une part,
l'approche classique explique les gains tirés de la
libéralisation commerciale par les avantages comparatifs, que ceux-ci
soient sous la forme de dotations en ressources naturelles (modèle
Hecksher-Ohlin) ou de différences technologiques (modèle
ricardien). D'autre part, la littérature sur la croissance
endogène suppose que l'ouverture commerciale affecte positivement le
revenu par tête et la croissance au travers d'économie
d'échelle et de la diffusion technologique entre les pays. Des travaux
théoriques et empiriques ont tenté d'analyser les
retombées de l'ouverture sur l'extérieur et de
l'intégration à l'économie mondiale pour les pays.
Smith et Ricardo sont les premiers à définir les
avantages que peuvent tirer les pays à libéraliser leurs
échanges. S'opposant aux mercantilistes, Smith affirme que tous les pays
peuvent gagner au commerce car, pour lui, l'objectif du commerce ne
réside pas dans le solde commercial mais dans le fait de pouvoir se
procurer des produits à bon marché que si l'on les produisait
soi-même. C'est tout le fondement de la théorie de l'avantage
absolu qui mène à la spécialisation internationale et
à la mise en place d'une division internationale du travail. Pour Adam
Smith, le commerce n'est pas nécessaire au développement car la
production est déterminée par le capital. Toutefois, le libre
échange, reconnaît-il, peut favoriser à un certain niveau
de développement du pays par l'accumulation du capital.
Dans le même registre, Ricardo soutient que le commerce
extérieur quelles que soit son extension ne saurait augmenter tout
à coup les valeurs nationales. Il est avantageux pour les pays qui le
pratiquent parce qu'il augmente le nombre et la variété des
objets auxquels on peut employer son revenu, c'est-à-dire le niveau de
bien-être ou de revenu réel. Krugman (1995) utilise la notion
« d'effet de diversification » pour décrire cette
situation. Cet effet de diversification bénéficie non seulement
aux consommateurs mais aussi aux producteurs qui auront un choix
supplémentaire en biens de production.
Pour Johnson (1972), le développement des exportations
est nécessaire dans la mesure où la croissance
entraînée par le développement des investissements se
heurte à plus ou moins long terme au déficit de la balance
commerciale provoqué par l'accroissement des importations de biens
intermédiaires et de biens de consommation. Les exportations peuvent
ainsi contribuer au maintien de l'équilibre de la balance commerciale
à long terme et à un taux de croissance élevé tout
en rétablissant une demande solvable (Diaz, 1989)
Michaely (1977) a étudié la corrélation
entre une variable de croissance des exportations et une variable de croissance
des revenus. L'objectif de ce type d'étude était de montrer la
supériorité en termes de croissance d'une politique de promotion
des exportations par rapport à une politique de substitution des
importations. Ainsi, à partir d'un échantillon de 41 pays en
développement pour la période (1950-1973), Michaely (1977) trouve
un coefficient de corrélation de Spearman de 0,38 significatif à
1% entre le taux de croissance de la part des exportations dans le produit
national brut (PNB) et le taux de croissance du PNB par tête.
Enfin à partir de l'analyse de Michaely, Heller et
Porter (1978) montrent que la corrélation correcte à tester
concerne le taux de croissance des exportations et le taux de croissance de la
composante non exportée de la production. Le coefficient de
corrélation de Spearman obtenu est 0,57 pour les pays les plus riches et
0,09 pour les autres. Ce qui confirme les résultats de Michaely. Si les
tests de corrélation permettent d'établir un lien entre deux
variables, il ne donne aucune information quant à la nature de ce lien.
Une façon d'appréhender plus précisément ce lien
réside dans l'estimation d'une équation intégrant d'autres
variables.
L'étude de Feder (1982) constitue un exemple de ce type
d'analyse avec des régressions linéaires multiples. Son objectif
est d'estimer l'équation théorique reliant le taux de croissance
du PIB au taux d'investissement, le taux de croissance de la population, le
taux réel des exportations et le taux de croissance réel des
exportations multiplié par la part des exportations dans le PIB.
Cette dernière variable a un intérêt
particulier puisqu'elle permet de détecter la présence de gains
apportés par le transfert de facteur de production d'un secteur à
faible productivité à un secteur à forte
productivité réelle (Feder 1982). L'étude porte sur un
groupe de 50 pays en développement pour la période (1964-1973) et
teste l'hypothèse que d'une part, les productivités marginales
dans le secteur exportateur sont plus fortes et que d'autre part ce secteur
exportateur génère des externalités positives. La
régression donne effectivement des coefficients significatifs valant
respectivement 0,75 et 0,13, ce qui confirme l'hypothèse d'un effet
bénéfique de l'ouverture via la concurrence et la diffusion
technologique sur la croissance.
D'autres tests ont également mis en évidence un
impact des exportations sur la croissance. Cependant, lorsque l'on
s'intéresse à la détermination du sens de causalité
entre la croissance des exportations et la croissance du revenu, ce consensus
en faveur d'une politique de promotion des exportations tend à
disparaître. Jung et Marshall (1985) ont testé le sens de
causalité entre ces deux variables à l'aide d'un test de Granger
sur la base de séries temporelles pour un échantillon de 37 pays
en développement. Ils montrent que la prédiction habituelle d'un
effet significativement positif des exportations sur la croissance n'est
empiriquement validée que dans quatre cas seulement. A l'inverse,
à partir d'un test de Sims, Chow (1987) met en évidence une forte
relation causale bidirectionnelle entre la croissance des exportations et le
développement industriel de huit (08) nouveaux pays
industrialisés « ouverts » (parmi lesquels se
trouvent la Corée du Sud, le Singapour, le Hong-Kong et la Taiwan) et
conclut que les deux variables bénéficient mutuellement l'une de
l'autre.
Plus récemment Love (1994) a utilisé un test de
Granger amélioré sur 20 pays en développement à
revenu faible et moyen et il ne parvient à corroborer que faiblement
l'hypothèse d'une croissance tirée par les exportations.
Dans cet ordre d'idée, Nurke (1961) dans son
étude avança la thèse selon laquelle les exportations
furent au XIXième siècle le moteur de la croissance
des pays en développement de l'époque, thèse qu'il
illustra par l'analyse de la croissance de sept (07) pays : l'Argentine,
Uruguay, l'Afrique du sud, la Nouvelle Zélande, l'Australie, les
Etats-Unis et le Canada.
Kindleberger (1961) a, lui aussi, souligné le
rôle essentiel qu'ont joué les exportations dans le
développement de l'économie britannique au
XIXième siècle, dans celui de la Suède et du
Danemark à la fin du même siècle et du Canada et les
Pays-Bas au début du XXième siècle.
Dans une étude au Chili, French-Davis (1990) note que
ce pays a entièrement bénéficié des avantages du
libre échange décrits par les théories du commerce
international après que celui-ci a fait l'option de l'ouverture sur
l'extérieur à travers notamment une réforme de son secteur
exportateur dans les années soixante dix. La croissance y est maintenue
depuis 1984, les niveaux de consommation se sont fortement accrus, les
entreprises libérées de la contrainte protectionniste et
étatique ont rationnalisé et modernisé leurs
équipements, accru la productivité en réduisant les
stocks, en informatisant la gestion. Des entrepreneurs plus dynamiques sont
apparus et ont su profiter des opportunités du marché
international tant à l'exportation qu'à l'importation.
En étudiant les facteurs internes de
l'industrialisation de huit (08) pays asiatiques (dont les nouveaux pays
industrialisés) et de sept (07) pays d'Amérique Latine, Chenery
(1988) identifia la demande intérieure, les exportations, la
substitution d'importation et le changement technologique comme les moteurs de
l'industrialisation selon les pays. Dans des pays comme la Corée, la
Taïwan, Israël et la Yougoslavie, les exportations ont
été à la base du processus d'industrialisation.
C'est dans ce même registre que Malek (2000), dans sa
thèse de doctorat intitulé «libéralisation des
échanges extérieurs, croissance, salaire et emploi en
Tunisie«, a analysé le rapport qui peut exister entre la
libéralisation des échanges extérieur et la croissance
économique dans les pays en développement.
Dans cette thèse, il a repris le débat
théorique se rapportant aux bienfaits des politiques de
libéralisation mise en oeuvre dans les pays en développement,
débat qui a dépassé celui des classiques entre les tenants
du livre échange et les défenseurs du protectionnisme.
L'étude et la critique des différents modèles de
croissance ayant traité la question de corrélation des
exportations, comme indicateur d'ouverture à l'échange et la
croissance économique lui ont permis de spécifier les
éléments à prendre en compte dans l'étude de cas
tunisien. Ainsi, les résultats de ces tests économétriques
ont montré que l'orientation commerciale vers l'extérieur a eu
des effets positifs sur les performances macroéconomiques et que ces
effets positifs ont été plus présents au cours de la
période de postérieur à l'application du Programme
d'ajustement structurel.
Félix Fofana N'Zué (2005), dans une étude
qui a pour objectif d'analyser la relation de causalité au sens de
Granger entre l'expansion des exportations et la croissance économique
de la Côte d'Ivoire et de déterminer ses implications en
matière de création d'emplois et qui s'est faite sur la base des
tests de stationnarité, de cointégration et de causalité
à la Granger, conclut que malgré l'absence de
cointégration entre les exportations et la croissance économique,
il existe une relation circulaire entre elles. En outre, il n'y a pas de
cointégration entre le facteur travail, les exportations, les
dépenses publiques et la croissance économique.
Toujours dans l'intérêt de souligner l'importance
des exportations dans le processus de la croissance, Honoré Lezona
(2005) a fait une étude pour analyser l'impact des exportations sur la
croissance économique sur la période 1972-2002 au Congo. Cette
étude prend en compte les principales réformes économiques
et sectorielles entreprises au Congo Brazzaville. Il a ainsi été
amené à mettre en relief les facteurs favorables de la croissance
économique, par le biais des exportations, et notamment, à
déceler les obstacles qui freinent cette croissance. En ce qui concerne
la méthode d'analyse utilisée, elle consiste à estimer un
modèle de croissance qui fait recours à la fois, à la
théorie du commerce international et à une fonction de
production. Six variables (PIB par tête, formation brute du capital fixe,
termes de l'échange, exportations pétrolières,
exportations non pétrolières et instabilité politique) ont
été utilisées dans ce modèle
économétrique (modèle à correction d'erreur) qui
prend en compte, aussi bien, les effets de court terme et de long terme.
Les résultats obtenus de l'estimation
révèlent que les exportations pétrolières et les
exportations non pétrolières ont une influence positive mais non
significative sur la croissance économique. Par contre,
l'instabilité politique pèse négativement sur les
performances économiques. Seynabou Diallo (2001) avait observé
des résultats similaires en faisant une étude intitulée
«Exportation et croissance économique au Sénégal: Une
analyse empirique«.
De l'ensemble de ce qui précède nous pouvons
retenir que les exportations constituent une source importante de la croissance
économique. La question que nous nous posons est de savoir comment ces
différents modèles peuvent s'appliquer au Bénin ;
pays faiblement industrialisé à dominance agricole où le
secteur informel tient encore une place importance.
1-3 Objectifs et hypothèses
1-3-1 Objectifs
L'objectif général de cette étude est
d'apprécier les effets des exportations agricoles sur la croissance et
le bien-être au Bénin de 1975 à 2008. Ceci de nature
à éclairer les responsables de la politique économique
quant aux orientations données aux stratégies de
développement fondées sur la croissance.
Plus précisément les objectifs
spécifiques visés sont :
(1)-Evaluer la contribution des exportations agricoles
à la croissance économique du Bénin.
(2)-Appréhender l'effet des exportations agricoles sur
le bien-être à travers la consommation des ménages par
tête au Bénin.
Pour y parvenir nous avons formulé un certain nombre
d'hypothèses.
1-3-2 Hypothèses
Au cours de cette étude, deux (02) hypothèses
seront vérifiées.
(1)-Les exportations agricoles ont des effets positifs
significatifs sur la croissance au Bénin.
(2)-Les exportations agricoles ont un impact positif sur la
consommation des ménages par tête.
1-4 Méthodologie
Dans un travail de recherche, la méthodologie suivie
s'avère importante pour la fiabilité et la
crédibilité des résultats. Elle se définit comme
l'ensemble des démarches entreprises pour la collecte des
données, des informations et leurs traitements en vue de produire des
résultats qui permettent d'atteindre les objectifs fixés et de
vérifier les hypothèses.
1-4-1 La collecte des données
Plusieurs centres de documentation et sites internet ont
été visités ou consulté pour la collecte des
données. Nous avons utilisé à cet effet les annuaires, les
bulletins statistiques et les rapports annuels disponibles dans les dits
centres. Il s'agit notamment :
-des publications de l'INSAE
-des publications du Ministère du Développement,
de l'Economie et des Finances.
-des données publiées par la BCEAO
-du site Word Perspectives.
Ces différentes sources nous ont permis d'obtenir sur
la période de 1975 - 2008 les données suivantes :
-les valeurs du produit intérieur brut
-les valeurs de la consommation des ménages
-les valeurs des exportations non agricoles
-les valeurs des dépenses publiques
-les valeurs des exportations agricoles
-les valeurs des importations
-les valeurs de l'investissement
-les valeurs de la population totale
-les valeurs du niveau général des prix
représenté par le taux d'inflation
1-4-2 La collecte d'information
Pour la collecte des informations, la plupart des centres de
documentations ont été sollicités. Les ouvrages
disponibles nous ont permis de recueillir des informations concernant des
précisions théoriques et des développements sur les
techniques d'analyse.
1-4-3 Traitement des données
L'étude prend en compte toutes les données de
1975 à 2008. La méthode de l'analyse longitudinale a
été retenue pour le traitement des données car cette
méthode permet de dégager le comportement des exportations
agricoles sur la période. Ce qui peut constituer les piliers autour
desquels les maximisations de la croissance économique et le
bien-être à travers la consommation des ménages par
tête peuvent s'organiser à long terme.
1-4-4 Technique d'analyse
Nous avons utilisé essentiellement les modèles
économétriques pour étudier les effets des exportations
agricoles sur la croissance et le bien-être à travers la
consommation des ménages par tête.
Le logiciel Excel est utilisé pour réaliser les
tableaux et les graphiques et le logiciel Eviews 5.0 est, quant à lui,
utilisé pour faire l'estimation des modèles
économétriques.
1-4-5 Difficultés
rencontrées
Les principales difficultés rencontrées au cours
de cette étude sont liées à la collecte des
données. L'éparpillement de celle-ci a rendu difficile leur
collecte.
Toutefois avec détermination nous sommes parvenus
à les collecter.
CHAPITRE II ANALYSE DE L'EVOLUTION DES EXPORTATIONS
AGRICOLES, DES EXPORTATIONS
TOTALES, DE LA
CROISSANCE ECONOMIQUE ET DU
BIEN-ETRE AU
BENIN
L'objectif de ce chapitre est d'examiner les performances des
exportations agricoles, des exportations totales, de la croissance
économique et du bien-être à travers la consommation des
ménages du Bénin au cours de la période 1975 - 2008. Cette
analyse permettra d'apprécier l'évolution des exportations
agricoles, des exportations totales et des consommations des ménages par
tête d'une part puis les fluctuations de la croissance économique
d'autre part.
2-1 Techniques d'analyse
Pour mieux appréhender les évolutions de chaque
indicateur macroéconomique, nous avons procédé aux calculs
des variations annuelles de la croissance, des taux de consommation des
ménages par rapport au PIB.
Nous avons également eu recours aux graphiques pour une
nette observation des variables.
2-2 Méthodes de calcul
v CONSt = (Ct / POPTt) x
100
CONSt = Consommation des ménages par
tête
Ct = Consommation des ménages à
l'année t
POPTt = Population totale à t
v TCRt = (CRt+1 - CRt) x 100
/ CRt
TCRt = Taux de croissance réelle de
l'année t
CRt+1 = Croissance réelle de l'année
t+1
CRt = Croissance réelle de l'année
t
v TXt = (Xt - Xt-1) x 100 /
Xt-1
TXt = Taux de croissance des exportations à
l'année t exprimé en pourcentage
Xt = Exportations à l'année t
Xt-1 = Exportations à l'année t-1
v PXagrt = Xagrt x 100 /
Xt
PXagrt = Part des exportations agricoles dans les
exportations totales à l'instant t
Xagrt = Exportations agricoles à l'instant
t
Xt = Exportations totales à l'instant t
v TCINVt = (INVt+1 - INVt) x
100 / INVt
TCINVt = Taux de croissance de l'investissement de
l'année t
INVt+1 = l'investissement de l'année t+1
INVt = investissement de l'année t
2-3 Analyse de l'évolution de la croissance, de
la consommation des ménages par tête, des exportations totales et
des exportations agricoles
2-3-1 Evolution de la croissance au
Bénin
Cette partie est consacrée à l'étude des
fluctuations des performances économiques au Bénin. La croissance
annuelle du produit intérieur brut (PIB) en pourcentage (%)
représente la variation relative d'une période à une autre
du volume du PIB d'une année de référence. Elle
reflète l'augmentation (ou la baisse dans le cas d'une croissance
négative) du niveau d'activité économique dans un pays. Il
s'agit d'un indicateur souvent retenu lorsque l'on veut faire des
prévisions à court et à moyen terme sur la situation
économique d'un pays. Cependant, cet indicateur pourrait s'avérer
trompeur dans la mesure où la croissance du PIB serait redevable d'une
croissance démographique et non d'une amélioration de
l'économie Il importe alors de considérer la croissance du PIB
par habitant.
Le graphique N°2-1 montre l'évolution de la
croissance.
Graphique N°2-1 : Evolution du taux
de croissance réel du PIB de 1975 à 2008
Source : Compilation des auteurs, 2009
Le taux de croissance du Bénin, comme la plupart des
pays d'Afrique connaît une évolution non régulière.
Ainsi, au cours de la période d'avant la crise économique
(1975-1982), le pays a connu de forts taux de croissance dont le niveau le plus
élevé est de 9,95% en 1981 et le niveau le plus bas est de -4,9%
en 1975. Ils connaissent ensuite une chute vertigineuse les ramenant à
-4,35% en 1983, année de crise économique. La reprise
marquée par un fort taux de croissance de 7,93% (1984) va se poursuivre
jusqu'en 1986. Après la crise de 1987 soldée par un taux de
croissance de -1,5%, l'économie béninoise s'est remise timidement
et le taux de croissance a été de 3,41% en 1988.
L'année 1989 a été tumultueuse pour
l'économie béninoise. C'était en effet une année de
grave crise économique et sociale, de renonciation à
l'idéologie marxiste-léniniste et du retour à
l'économie de marché optée lors de la conférence
des forces vives de la nation de février 1990. Cela explique ce taux de
croissance négatif de -2,85% en 1989. La croissance a repris
progressivement pour atteindre 3,21% en 1990 ; toutefois, la tendance est
à la baisse entre 1991 et 1993. On note, en effet, une baisse respective
de 0,71% et de 0,49% en 1992 et 1993 par rapport à 1991 et 1992.
L'option pour l'économie de marché en 1990 a
permis à l'économie béninoise de renouer de façon
régulière avec des taux de croissance positifs. Ce taux a
progressé de 4,37% en 1994 à 6,15% en 1997, faisant de ce fait un
taux moyen de croissance de 5,17% entre 1994 et 1997.
On note une hausse de croissance de 0,85% en 1994. La
croissance va se poursuivre jusqu'en 1997 avec un taux de croissance de 6,15%
soit une hausse de 2,63% par rapport au taux réalisé en 1993. Ces
performances encourageantes auraient été consolidées avec
la dévaluation du FCFA intervenue en janvier 1994. Toutefois, l'effet
bonus de la dévaluation se traduira par une
décélération de la croissance à 4,54% en 1998. De
1999 à 2000, on note une augmentation respective de la croissance de
0,16% et de 1,1% par rapport 1998 et 1999. La décélération
de la croissance amorcée à partir de 2001 va se poursuivre
jusqu'en 2005 où on enregistre le taux de croissance le plus faible de
la période soit 2,9%. Ce repli d'activité est tributaire, d'une
part, de la régression de la part de la valeur ajouté du secteur
tertiaire dans la formation du PIB à la suite des restrictions
commerciales imposées par le Nigeria sur les réexportations et
d'autre part de la crise de la filière coton, principal produit
d'exportation, de l'appréciation de l'euro par rapport au dollar des
Etats-Unis ainsi que le renchérissement continu du cours du
pétrole (OSD, 2006-2011). La reprise de la croissance en 2006, due au
changement de politique économique et surtout par le lancement des
grands travaux, a progressé jusqu'en 2008 où il a atteint
6,8%.
Somme toute, la situation économique du Bénin a
dans l'ensemble connu une évolution appréciable ces
dernières années, surtout à partir des années 90.
Malgré cette évolution positive du taux de croissance, il faut
signaler que cette croissance reste insuffisante pour asseoir les bases d'une
économie émergente et faire reculer réellement la
pauvreté.
2-3-2 Evolution de la consommation des ménages
par tête
Il s'agit ici d'étudier le comportement de la
consommation des ménages par tête. La consommation des
ménages se définit comme étant la valeur marchande de tous
les biens et services, y compris les biens durables (tels que les automobiles,
lave-linge, les achats de logement, mais inclus les loyers théoriques de
logements occupés par les propriétaires (PNUD 1997). Elle est
rapportée ici à la population totale pour tenir compte de
l'évolution de cette dernière.
Le graphique N°2-2 présente
l'évolution de la consommation des ménages par tête.
Graphique N°2-2 : Evolution de la
consommation des ménages par tête de 1975 à 2008.
Source: Compilation des auteurs, 2009
La consommation des ménages par tête s'est
stabilisée autour de la moyenne de 83189,29 FCFA entre 1975 et 1988. En
effet, on note une accélération progressive de la consommation
par tête entre 1975 et 1980, année à laquelle elle a
atteint le niveau le plus élevé de cette sous période avec
96550 FCFA, suivie d'une décélération de celle-ci en 1981
pour atteindre un niveau de 87690 FCFA en 1984. Le recrutement massif d'agents
dans la fonction publique a relevé le niveau de consommation par
tête entre 1985 et 1988 soit en moyenne 94037,5 FCFA. Les salaires
distribués ont contribué à augmenter le revenu des
ménages, donc leur consommation par tête. L'arrêt du
recrutement à la fonction publique et l'application des mesures du
programme d'ajustement structurel (suppression ou diminution des subventions
aux produits de premières nécessité, les
déréglementations...) sont à la base de la baisse de la
consommation par tête constatée en 1989.
La consommation des ménages par tête en 1994 a
diminué de 8,4% par rapport à 1993. La reprise amorcée en
1995 n'a pas permis de revenir au niveau de 1993. La consommation des
ménages par tête en 1995 reste, en effet, inférieure de
7,17% par rapport à son niveau de 1993. L'inflation, en effet,
érode le pouvoir d'achat des ménages, dégrade leur niveau
de vie et leur consommation. La reprise amorcée à partir de 1995
va toutefois se poursuivre sur tout le reste de la période restante. La
moyenne observée entre 1995 et 2008 est assez élevée soit
96676,4 FCFA. La reprise ainsi constatée est la traduction de la
volonté manifeste des autorités à venir à bout de
la pauvreté. Toutefois, on note une augmentation de la consommation des
ménages par tête en 2008 de 1,61% par rapport à 2005. De
plus, le niveau le plus élevé de la consommation des
ménages par tête est observé en 2007 soit 102320 FCFA. Ce
résultat est dû au recrutement massif d'agents dans la fonction
publique constaté ces dernières années et aussi au
lancement des grands travaux, qui constitue un canal de création
d'emplois, donc une augmentation des revenus des ménages par ricochet
une augmentation de leur consommation.
2-3-3 Evolution des exportations totales
Ici il s'agit d'analyser l'évolution des exportations
totales du Bénin de 1975 à 2008. Les exportations totales
correspondent, au sens large, à des achats des biens et services
nationaux par l'étranger. Elles représentent donc une composante
de la demande globale.
Le graphique N°2-3 montre l'évolution des
exportations totales du Bénin.
Graphique N°2-3 : Evolution des
exportations totales du Bénin de 1975 à 2008
Source: Compilation des auteurs, 2009
Les recettes d'exportations du Bénin ont, comme dans la
plupart des pays de l'Afrique, connu une évolution non
régulière. En effet, les recettes d'exportation ont connu une
augmentation progressive de 1975 jusqu'en 1981 où on enregistre le
niveau le plus élevé des recettes d'exportation de cette sous
période d'étude, soit une valeur de 115890,94 millions de FCFA.
En 1982 et en 1983 on note une baisse des recettes d'exportation de -10,39% et
de -15,88% respectivement par rapport à 1981 et à 1982. Mais avec
la crise économique et sociale qui secoue le pays dans les années
80, et qui selon Sinzogan (1999) est le résultat de l'application des
politiques macroéconomiques incohérentes qui a engendré
une baisse de la compétitivité sans précédent de
l'économie nationale, les recettes d'exportation ont chuté de
façon drastique à partir de 1985 jusqu'en 1988 avec des taux de
croissance de -40,17% en1986, -18,62% en 1987 et -18,94% en 1988.
Les premières mesures mises en oeuvre dans le cadre du
programme d'ajustement ont permis un relèvement des exportations
jusqu'en 1992 où elles ont connu une hausse de 10,42% par rapport
à 1991. L'évolution à la hausse des exportations s'est
poursuivie jusqu'en 1994, où on note une hausse de 98,02% par rapport
à 1992 suivie d'une baisse de -14,4% en 1995 par rapport à 1994.
De 1997 à 2001, on note une moyenne des recettes d'exportation de
222138,954 millions de FCFA. En 2002 également, les recettes
d'exportation chutent à cause notamment de la baisse des
activités dans les secteurs primaire et tertiaire jusqu'en 2004.
A partir de l'année 2005, les recettes d'exportation
ont renoué avec une croissance accélérée jusqu'en
2008, soit un taux de croissance de 19,77% et de 22,72% respectivement en 2007
et 2008 par rapport à 2004.
2-3-4 Evolution de la structure des exportations
agricoles
Au niveau des exportations agricoles, l'évolution de
leur structure ne traduit pas une politique de densification et de
diversification des cultures d'exportation. Cette situation n'a pas permis
d'acquérir un bon positionnement sur le marché international de
produit de base agricole pour lesquels le pays possède des avantages
comparatifs révélés. En effet, le Bénin n'a pas pu
capitaliser les avantages acquis au niveau de certaines cultures de rente au
point que la perte de compétitivité l'a réduit à la
monoculture d'exportation. L'analyse par produits exportés
révèle plusieurs tendances.
Les produits du palmier à huile ont occupé le
premier rang des exportations agricoles (en quantité) sur les sous
périodes 1975-1979 et 1980- 1984, le deuxième rang sur les sous
périodes 1985-1989 et 1990-1994, le sixième rang sur la
sous-période 1995-1999 puis le quatrième rang sur les deux
sous-périodes restantes. On constate une régression des produits
du palmier à huile au profit du coton à partir de 1979 et
même une chute à la sixième position parmi les produits
identifiés à l'exportation agricole (voir tableau N°1). En
effet, la chute de la filière de palmier à huile serait due
à la vieillesse des plantations, au déficit de la
pluviométrie et à l'absence d'une réelle politique de
développement de cette culture. (Bani Gaye N. et Zime Monra
Bio, 2004)
En ce qui concerne les exportations en quantité des
produits du coton, ils ont occupé le deuxième rang des
exportations agricoles sur les sous-périodes 1975-1979 et 1980-1984. A
partir de 1985, les produits du coton ont détrôné les
produits du palmier à huile et sont les principaux produits agricoles
exportés sur tout le reste des sous-périodes. Ils constituent
aujourd'hui les seuls produits d'exportation dont l'importance
économique n'est plus à démontrer. Bien que le
Bénin ait un avantage comparatif dans la production de cette
spéculation, il s'agit d'une activité dont l'équilibre
financier est très vulnérable. Notons que les exportations des
produits du coton ont régulièrement augmenté sur les
différentes sous-périodes de la période 1975-2008 sauf les
sous périodes 1990-1997 et 2005-2008 au cours desquelles elles ont connu
une baisse. Ces résultats seraient dus à une réforme du
commerce béninois et plus précisément du secteur cotonnier
qui est le principal pourvoyeur de devises pour l'économie du
Bénin depuis 1990 jusqu'à nos jours. La chute observée
pendant la dernière période (2005-2008) est peut être la
preuve que ce secteur se trouve aujourd'hui confronter à des
difficultés consécutives à une libéralisation mal
maîtrisée.
Pour ce qui concerne les noix de cajou, ils ont
commencé par faire objet d'exportation à partir de la sous
période 1985-1989. Ils ont occupé des rangs alternatifs depuis
1994. En effet, les noix de cajou ont occupé le quatrième, le
troisième et le deuxième rang respectivement entre 1990-1994,
entre 1995-1999 puis entre 2000-2008 dans les exportations agricoles
béninoises. Cette bonne place qu'occupent les noix de cajou dans les
exportations agricoles en quantité ces dernières années
serait due à la politique de plantation d'anacardiers initiée
depuis la fin des années 70.
S'agissant du karité, il a occupé le
troisième rang au cours des sous périodes 1975-1984, 1990-1994 et
2000-2008. En effet, on constate que depuis 1999 où on a
enregistré sa plus grande participation aux exportations agricoles,
cette dernière a progressivement chuté jusqu'à nos jours.
Cette situation peut être due à la faible production de ce produit
ou à la mauvaise organisation de la filière.
Quant aux tubercules, on note une baisse progressive de leur
part dans les exportations agricoles depuis 1989 où sa part a
été de 10,98% des exportations agricoles. Cette situation
pourrait s'expliquer par l'absence d'une politique claire et réelle pour
leur production. Il s'agit de produits avant tout destinés à la
consommation intérieure.
Les produits comme le tabac, l'arachide et l'ananas ont
occupé alternativement presque la dernière position sur toute la
période d'analyse des exportations agricoles du Bénin. On note
une baisse progressive de la part d'exportation du tabac de 1975 à 1989.
De 1990 à 1999, on note une légère augmentation de cette
part mais elle sera suivie par une baisse progressive jusqu'à nos jours.
Quant à l'ananas, on note une augmentation progressive de leur part
d'exportation de 1975 à 1994 suivie d'une baisse au cours de la sous
période 1995-1999. Mais on note une augmentation de cette
dernière au cours des sous périodes 2000-2004 et 2005-2008
Somme toute, au vu du tableau ci-dessous, le produit qui
domine les exportations agricoles béninoises de 1975 à 2008 est
le coton et ses dérivés. Ainsi, l'analyse faite sur les
performances commerciales et la compétitivité, montre que le
Bénin possède des avantages comparatifs
révélés à l'exportation pour très peu de
produits. Elle indique par conséquent la nécessité de
diversifier la base exportable et de développer d'autres atouts.
Tableau N°2-1 : Structure des
exportations agricoles de 1975 à 2008 en pourcentage (%)
Produits
Périodes
|
Palmier à huile
|
Coton et ses dérivés
|
Noix de cajou
|
Karité
|
Tabac
|
Tubercule et ses dérivés
|
Arachides
|
Ananas
|
Autres
|
Total
|
1975 - 1979
|
73,33
|
15,98
|
0,00
|
3,56
|
0,96
|
0,00
|
1,93
|
0,00
|
4,24
|
100
|
1980- 1984
|
49,94
|
31,44
|
0,00
|
6,14
|
0,11
|
0,00
|
0,03
|
0,01
|
12,33
|
100
|
1985 - 1989
|
17,11
|
57,62
|
0,19
|
2,07
|
0,0002
|
10,98
|
3,8
|
0,02
|
8,21
|
100
|
1990 - 1994
|
27,70
|
51,22
|
1,76
|
2,36
|
0,008
|
1,09
|
0,002
|
0,81
|
15,05
|
100
|
1995 - 1999
|
0,60
|
63,85
|
4,87
|
25,34
|
1,06
|
2,10
|
0,00005
|
0,07
|
2,11
|
100
|
2000 - 2004
|
0,90
|
80,14
|
11,85
|
3,84
|
0,81
|
0,06
|
0,009
|
0,17
|
2,221
|
100
|
2005 - 2008
|
1,74
|
51,87
|
10,49
|
2,27
|
0,40
|
0,02
|
0,00007
|
0,33
|
32,88
|
100
|
Source : Compilation des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE, 2009
Graphique N°2-4 : Structure des
exportations agricoles suivant les sous-périodes du tableau
précédent.
Graphique N°2-4-1 : Structure des
exportations agricoles sur la sous-période
1975 -1979
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-2 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
1980 -1984
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-3 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
1985 -1989
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-4 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
1990 -1994
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-5 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
1995 -1999
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-6 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
2000 -2004
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
Graphique N°2-4-7 : Structure des
exportations agricoles sur la sous période
2005 -2008
Source : Compilations des auteurs à partir
des statistiques de l'INSAE
2-3-5 Evolution de la part des produits agricoles dans
les
exportations totales
Ici, il s'agit d'analyser l'évolution de la part des
produits agricoles dans les exportations totales du Bénin de 1975
à 2008.
Le graphique N°2-5 montre l'évolution de la
part des produits agricoles dans les exportations totales.
Graphique N°2-5 : Evolution de la
part des produits agricoles dans les exportations
totales de 1975 à
2008
Source : Compilation des auteurs à partir
des données de l'INSAE
Les exportations des produits agricoles du Bénin ont
connu une évolution en dent de scie durant la période
d'étude. En effet, de 1975 à 1986 on note une faible
participation des produits agricoles aux exportations du Bénin. Au cours
de cette sous-période la participation la plus élevée des
produits agricoles aux exportations totales du Bénin a été
enregistrée en 1984, soit 26,11% des exportations totales et celle la
plus faible a été enregistrée en 1978, soit 1,53% des
exportations totales (voir tableau N°1 Annexe). Mais à partir de
1987 à 1996, on note une participation de plus en plus importante des
produits agricoles dans les exportations totales du Bénin mise à
part les chutes observées en 1988 et en 1991 où les taux de
participation ont été respectivement de 16,14% et 8,01%. C'est au
cours de cette sous période qu'on constate le taux le plus
élevé de la participation des produits agricoles aux exportations
du pays, soit 80,88% des exportations totales du pays en 1996. Cette situation
peut être due à une grande production du coton et du beurre de
karité au cours de cette sous-période.
La baisse des cours mondiaux du coton entraînant une
baisse de la production pourrait être à la base de la chute de la
part des produits agricoles dans les exportations totales du Bénin en
1997 où la baisse enregistrée a été de -49,72% par
rapport à 1996. De 1998 à 2008, la part des produits agricoles
dans les exportations totales du Bénin tourne en moyenne autour de
53,34% des exportations totales du Bénin. Cela explique la dominance des
exportations du Bénin par les produits agricoles.
CHAPITRE III LES EFFETS DES EXPORTATIONS AGRICOLES SUR
LA CROISSANCE ET LE BIEN-ETRE
AU BENIN
Ce chapitre est consacré à l'élaboration
et à l'estimation des modèles économétriques
permettant d'évaluer les effets des exportations agricoles sur la
croissance et le bien-être. De façon particulière, il
s'agit d'appréhender l'impact des exportations agricoles sur la
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) et la consommation des
ménages par tête à travers les modèles de croissance
et de bien-être.
3-1 LA SPECIFICATION DES MODELES
Dans la modélisation, nous cherchons à indiquer
les paramètres déterminant le niveau global de la croissance
économique et du bien-être des populations à travers la
croissance du PIB et la consommation des ménages par tête.
Après la revue de littérature, nous avons retenu pour notre
étude les modèles utilisés par Mahoutondji T. Ambroise
(2006) dans le cadre de l'étude du thème « LES
EFFETS DU COMMERCE EXTERIEUR SUR LA CROISSANCE ET LE BIEN-ETRE AU
BENIN ». Ainsi, le modèle de croissance utilisé
s'inspire des travaux de Cobb-Douglas et des théories classiques auquel
nous apportons une légère modification.. Quant à celui de
la consommation, il s'appuie sur les fondements des théories classiques
de la microéconomie.
Dans ces modèles outre les taux, les variables ont
été mises sous la forme logarithmique afin de permettre une
analyse directe des sensibilités en termes d'élasticité
à travers les coefficients.
Nous avons estimé les modèles linéaires
du produit intérieur brut et de la consommation des ménages par
tête par les Moindres Carrés Ordinaires (MCO) et les
Modèles à Correction d'Erreur (MCE) sur le logiciel EVIEWS 5.0.
Mais au préalable les tests sur les données temporelles ont
été effectués. Il s'agit notamment des récents
tests de stationnarité et de cointégration et, ce dans le brut
d'éviter les risques d'une régression fallacieuse. La non
stationnarité se manifeste à travers deux composantes : la
présence de tendance déterministe et/ou de la tendance
stochastique. A cet égard, le test proposé par Dickey-Fuller
prend en compte le trend (tendance déterministe) et la racine unitaire
(tendance stochastique).
En conséquence, la lecture des résultats du test
se fait en deux étapes :
1- la significativité ou non du trend : elle est
appréciée à partir de la statistique calculée ou la
probabilité attachée à cette statistique (celle-ci est
comparée à 5%)
2- la présence ou non de racine unitaire :
à cet effet, on teste l'hypothèse nulle H0 contre
l'hypothèse alternative H1. Les hypothèses
sont :
H0 : Présence de racine unitaire.
H1 : Absence de racine unitaire.
-si on a ADF Test Statistic > Critical Value alors on
accepte H0 : la série X a une racine unitaire.
-si on a ADF Test Statistic = Critical value alors on accepte
H1 : la série X n'a pas de racine unitaire.
Mais généralement, les variables
économiques ne réagissent pas le plus souvent
instantanément mais avec un certain délai d'ajustement. Ainsi,
lorsque les séries chronologiques sont non-stationnaires et
cointégrées, il convient d'estimer leurs relations au travers
d'un modèle à correction d'erreur. En effet Engle et Granger
(1987) ont montré que toutes les séries cointégrées
peuvent être représentées par un modèle à
correction d'erreur.
Deux séries Yt et Xt sont dites
coïntégrées si les deux conditions suivantes sont
vérifiées :
-les deux séries sont affectées d'une tendance
stochastique de même ordre d'intégration d : Yt
I (d) et Xt
I (d) ;
-une combinaison linéaire de ces séries permet
de se ramener à une série d'ordre d'intégration
inférieur : a1Yt + a2Xt
I (d - b) avec d = b > 0.
[a1 a2] est appelé vecteur de
cointégration.
Il existe deux méthodes d'analyse des relations de
cointégration entre deux ou plusieurs variables :
-la méthode en deux étapes d'Engle et Granger
(1987) qui consiste à estimer un modèle de long terme à
partir des variables intégrées du même ordre dans le
modèle et à étudier la stationnarité des
résidus du modèle. Dans ce cas, la relation de
cointégration, si elle existe est unique.
-la méthode de Johansen qui, comparativement à
celui de Engle et Granger, donne le nombre de relations de cointégration
existant entre les séries concernées, en cas de situation de
cointégration entre les séries.
3-1-1 Les variables des modèles
Les variables utilisées pour la construction des
modèles sont les suivantes :
-le Produit Intérieur Brut Réel (PIBR)
-l'investissement (INV)
-les importations (IMP)
-la population totale (POPT)
-les exportations agricoles (EXPA)
-les exportations non agricoles (EXPNA)
-la consommation des ménages par tête
(CMT)
-les dépenses publiques (DEP)
-le niveau général des prix
représenté par le taux d'inflation (INFL)
3-1-2 Les données des
modèles
Les données utilisées sont celles de la
période allant de 1975 à 2008. Elles proviennent des statistiques
de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
(INSAE) ; de la Direction Générale des Affaires Economiques
(DGAE) et de la Direction de la Prévision du Ministère de
l'Economie et des Finances (MEF); de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (BCEAO) et de l'Université de Sherbrooke (site Internet
« Perspectives Mondiales ».)
3-1-3 Les modèles de la fonction de croissance
et de consommation
3-1-3-1 Le modèle de la fonction de
croissance
Ce modèle permet d'évaluer l'impact que les
fluctuations des exportations agricoles peuvent avoir sur le produit
intérieur brut au Bénin. Il permet par ailleurs de mesurer
l'incidence des variables investissement, exportations non agricoles,
importations et le taux d'inflation sur le PIB. Dans le but d'éviter une
régression fallacieuse, les différents tests pour les
séries temporelles ont été effectués.
· Test de stationnarité et de
cointégration
Pour déterminer le degré de stationnarité
(ordre d'intégration) des variables du modèle, nous avons
utilisé le test de Dickey-Fuller augmenté et le test de
cointégration de Engle et Granger.
Les résultats des tests de stationnarité
effectués en niveau sur les variables montrent qu'elles sont
non-stationnaires (voir annexe).
Les résultats des tests de stationnarité en
niveau des variables du modèle sont résumés dans le
tableau N°3-1.
Tableau N°3-1 : Résultats
des tests de stationnarité en niveau
Variables
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
LPIB
|
1
|
Non
|
Non
|
4,959743
|
-1,951687
|
Oui
|
Non stationnaire
|
LINV
|
1
|
Oui
|
Oui
|
-2,176612
|
-3,557759
|
Oui
|
Non stationnaire
|
LEXPNA
|
1
|
Non
|
Oui
|
-2,946091
|
-2,957110
|
Oui
|
Non stationnaire
|
LEXPA
|
3
|
Non
|
Oui
|
-1,974312
|
-2,963972
|
Oui
|
Non stationnaire
|
LIMP
|
2
|
Non
|
Non
|
2,113397
|
-1,952066
|
Oui
|
Non stationnaire
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS5.0
Avec lx = log x
De l'examen du tableau N°3-1, il ressort que toutes les
variables sont non-stationnaires. Toutefois, l'analyse des tests ADF
pratiqués cette fois-ci sur la différence première des
variables nous permet de conclure que les variables en différences
premières sont toutes stationnaires et intégrées d'ordre 1
comme l'illustre le tableau N°3-2 .
Tableau N°3-2 : Résultats
des tests de stationnarité en différence première.
Variables
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
Ordre d'intégration
|
LPIB
|
1
|
Non
|
Oui
|
-3,366309
|
-2,960411
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LINV
|
1
|
Non
|
Oui
|
-4,677678
|
-2,960411
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LEXPNA
|
1
|
Non
|
Non
|
-5,742991
|
-1,952066
|
Absence
|
stationnaire
|
I(1)
|
LEXPA
|
3
|
Non
|
Non
|
-2,936531
|
-1,952910
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LIMP
|
2
|
Non
|
Non
|
-3,100119
|
-1,952473
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS5.0
En effet, de la lecture du tableau, nous retenons que les
valeurs de la statistique de Dickey-Fuller pour chacune des variables sont
toutes inférieures à la valeur critique de Mackinnon au seuil de
5% en différence première. Nous n'avons donc pas de raison de
rejeter l'hypothèse alternative de stationnarité pour toutes les
séries. Cependant, le fait qu'elles soient intégrées
d'ordre 1 fait penser à un risque de coïntégration entre
elles ; ce qui est confirmé par le test de
coïntégration effectué à partir du résidu de
l'équation du modèle de long terme. Le modèle est
estimé par les MCO et avec le logiciel Eviews 5.0, puis est
appliqué le test de racine unitaire sur son résidu.
En effet, l'hypothèse de coïntégration des
variables est acceptée si le résidu est stationnaire. Le tableau
N°3-3 rend compte du résultat du test de racine unitaire
appliqué sur le résidu.
Tableau N°3-3 : Résultat du
test de stationnarité du résidu
Résidu de l'équation
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
Modèle de long terme
|
1
|
Non
|
Non
|
-3,085866
|
-1,952473
|
Absence
|
Stationnaire
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS 5.0
De la lecture du tableau No3-3, il ressort que la
valeur de la statistique de Dickey-Fuller Augmenté du résidu du
modèle de long terme est inférieure à la valeur critique
de Mackinnon au seuil de 5%.
Ainsi, le résidu est stationnaire, ce qui implique la
coïntégration des variables du modèle.
Suite à tout ce qui précède, nous allons
donc utiliser le Modèle à Correction d'Erreur (MCE) pour estimer
notre modèle.
a) La relation de long terme
La fonction de croissance de long terme se présente
comme suit :
PIBt = f (EXPAt, EXPNAt,
IMPt, INVt)
L'équation ci-dessus indique que le niveau du PIB de
long terme est fonction de l'effet conjugué des exportations agricoles,
des exportations non agricoles, des importations et de l'investissement.
- Les hypothèses du modèle se présentent
comme suit :
v Df/ DEXPA ? 0
Les exportations agricoles sont sources de croissance.
L'accroissement de la part des exportations agricoles dans le PIB s'accompagne
d'une entrée de devise pour le financement de la croissance et d'achat
des biens équipement à l'étranger pour l'accroissement et
l'amélioration des capacités de production. D'où l'effet
positif attendu des exportations agricoles sur le PIB.
v Df/ DEXPNA ? 0
Les exportations non agricoles sont sources de croissance.
L'accroissement de la part des exportations non agricoles dans le PIB
s'accompagne d'une entrée de devise pour le financement de la
croissance et d'achat des biens équipement à l'étranger
pour l'accroissement et l'amélioration des capacités de
production.
D'où l'effet positif attendu des exportations non
agricoles sur le PIB.
v Df / DIMP ? 0
Les importations sont sources de croissance. L'accroissement de
la part des importations dans le PIB s'accompagne d'une sortie de devise et
d'achat des biens équipement à l'étranger pour
l'accroissement et l'amélioration des capacités de production.
D'où l'effet positif attendu des importations sur le PIB.
v Df / DINV ? 0
L'investissement contribue à une amélioration de la
qualité et à un accroissement de la production en ce sens qu'il
est l'acquisition du capital fixe. Il influence positivement la croissance d'un
pays.
- Forme économétrique de la relation de long
terme :
LPIBt = a0 + a1 LEXPA +
a2 LEXPNA+ a3 LIMP + a4 LINV +
Ut
Les signes des coefficients ai découlant des
hypothèses sont donc :
a1? 0 ; a2 ? 0 ; a3 ?
0 ; a4 ? 0 avec Ut = erreur
aléatoire.
b) La relation de court terme
La fonction de croissance de court terme se présente comme
suit :
ÄPIBt = g(ÄEXPAt,
ÄEXPNAt, ÄIMPt, ÄINVt,
PIBt-1, EXPAt-1, EXPNAt-1, IMPt-1,
INVt-1)
Cette équation indique que le niveau de variation du PIB
dépend de l'effet conjugué des variations des exportations
agricoles, des exportations non agricoles, de l'importation, de
l'investissement et du résidu décalé d'un an de ces
mêmes variables et du PIB de la relation de long terme.
La forme économétrique du modèle de court
terme est la suivante :
ÄLPIBt = b0 + b1
ÄLEXPAt + b2 ÄLEXPNAt +
b3 ÄLIMPt + b4 ÄLINVt +
b5 INFLt + b6
LPIBt-1 + b7 LEXPAt-1 +
b8 LEXPNAt-1 + b9 LIMPt-1 +
b10 INVt-1 + Ut
PIBt-1 est la force de rappel de l'équilibre et
indique la vitesse à laquelle tout déséquilibre entre les
niveaux désirés et effectifs du PIB est résorbé
dans l'année qui suit tout choc. Son coefficient doit être
significativement négatif.
3-1-3-2 Le modèle de la fonction de la
consommation des ménages par tête
Il permet de déterminer l'impact que les exportations
agricoles peuvent avoir sur la consommation des ménages par tête.
Il permet en outre, d'appréhender les effets des exportations non
agricoles, des dépenses publiques et du niveau général des
prix.
Pour éviter une régression fallacieuse, les tests
de spécification ont été effectués.
· Test de stationnarité et de
coïntégration
Pour déterminer le degré de stationnarité
(ordre d'intégration) des variables du modèle, nous avons
utilisé le test de Dickey-Fuller augmenté et le test de
cointégration de Engle et Granger.
Les résultats des tests de stationnarité
effectués en niveau sur les variables montrent qu'elles sont non
stationnaires (voir annexe).
Les résultats des tests de stationnarité en
niveau des variables du modèle sont résumés dans le
tableau N°3-4.
Tableau N°3-4 : Résultats
des tests de stationnarité en niveau
Variables
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
LCMT
|
2
|
Oui
|
Oui
|
-5,356415
|
-3,562882
|
Non
|
Non stationnaire
|
LDEP
|
1
|
Oui
|
Oui
|
-3,253874
|
-3,557759
|
Oui
|
Non stationnaire
|
INFL
|
1
|
Non
|
Non
|
-2,141921
|
-1,951687
|
Non
|
stationnaire
|
LEXPA
|
3
|
Non
|
Oui
|
-1,974312
|
-2,963972
|
Oui
|
Non stationnaire
|
LEXPNA
|
1
|
Non
|
Oui
|
-2,946091
|
-2,957110
|
Oui
|
Non stationnaire
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS5.0
Avec lx = log x
De la lecture du tableau ci-dessus, il ressort que toutes les
variables, sauf le niveau général des prix mesuré ici par
le taux d'inflation (INFL), sont non stationnaires. Toutefois, l'analyse des
tests ADF pratiqués cette fois-ci sur la différence
première des variables nous permet de conclure que les variables en
différences premières sont toutes stationnaires et
intégrées d'ordre 1 comme l'illustre le tableau N°3-5.
Tableau N°3-5 : Résultats
des tests de stationnarité en différence première.
Variables
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
Ordre d'intégration
|
LCMT
|
2
|
Non
|
Oui
|
-4,190832
|
-2,963972
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LDEP
|
1
|
Non
|
Oui
|
-4,064164
|
-2,960411
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LEXPA
|
3
|
Non
|
Non
|
-2,936531
|
-1,952910
|
Absence
|
Stationnaire
|
I(1)
|
LEXPNA
|
1
|
Non
|
Non
|
-5,742991
|
-1,952066
|
Absence
|
stationnaire
|
I(1)
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS 5.0
En effet, de la lecture du tableau, nous retenons que les
valeurs de la statistique de Dickey-Fuller pour chacune des variables sont
toutes inférieures à la valeur critique de Mackinnon au seuil de
5% en différence première. Cependant, le fait que les
séries soient intégrées d'ordre 1 fait présager
à un risque de coïntégration entre elles ; ce qui est
confirmé par le test de coïntégration effectué
à partir du résidu de l'équation du modèle de long
terme. Le modèle est estimé par les MCO et avec le logiciel
Eviews 5.0, puis est appliqué le test de racine unitaire sur son
résidu. Le tableau N°3-6 rend compte du résultat du
test de racine unitaire appliqué sur le résidu.
Tableau N°3-6 : Résultat du
test de stationnarité du résidu
Résidu de l'équation
|
P
|
Trend
|
Constante
|
ADF Test Statistic
|
CV au seuil de 5%
|
Présence de racine unitaire
|
Observations
|
Modèle de long terme
|
2
|
Non
|
Non
|
-3,977412
|
-1,952910
|
Absence
|
Stationnaire
|
Source : Résultats obtenus à partir du
logiciel EVIEWS 5.0
a) La relation de long terme
La fonction de la consommation des ménages par
tête de long terme se présente comme suit :
CMTt = h ( EXPAt,
EXPNAt, DEPt,)
- les hypothèses du modèle se présentent
comme suit :
v Dh / DEXPA ? 0
Les exportations agricoles peuvent contribuer à
l'amélioration des niveaux de vie des populations. Les exportations
agricoles rapportent au pays des devises nécessaires au financement des
infrastructures socio-économiques de base qui joue un rôle
important dans l'amélioration des conditions de vie des populations.
v Dh / DEXPNA ? 0
Les exportations non agricoles peuvent contribuer à
l'amélioration des niveaux de vie des populations. Les exportations non
agricoles rapportent au pays des devises nécessaires au financement des
infrastructures socio-économiques de base qui joue un rôle
important dans l'amélioration des conditions de vie des populations.
v Dh / DDEP ? 0
Dans un pays comme le Bénin, caractérisé
par la faiblesse des revenus, de l'épargne privée et le manque
d'infrastructures, les dépenses publiques peuvent contribuer à
améliorer les conditions de vie des populations.
- Forme économétrique du modèle
LCMTt = c0 + c1
LEXPAt + c2 LEXPNAt+ c3
LDEPt + Ut
Les signes des différents coefficients sont :
c1 ? 0, c2 ? 0 et c3 ? 0,
Ut = erreur aléatoire.
b) La relation de court terme
La fonction de la consommation des ménages par tête
de court terme se présente comme suit :
ÄLCMTt = d0 + d1
ÄLEXPAt + d2 ÄLEXPNAt +
d3 ÄLDEPt + d4 INFL + d5
LCMTt-1
+ d6 LEXPAt-1 +
d7 LEXPNAt-1 + d8 LDEPt-1 +
Ut
v Dh / DINFL ? 0
Le niveau des prix agit sur le pouvoir d'achat à la
baisse. Un niveau de prix plus élevé réduit donc le niveau
de vie des populations.
3-2- Résultats, ANALYSES ET
COMMENTAIRES
3-2-1- Résultats des régressions de la
fonction de croissance
Dans le but d'analyser l'impact des exportations agricoles sur
la croissance économique au Bénin, nous avons estimé ici,
à la fois le modèle de référence de long terme
ainsi que celui de court terme. Il sera présenté et
interprété dans un premier temps le modèle de long terme
retenu après les différents tests économétriques et
dans un second temps le modèle de court terme.
3-2-1-1- Le modèle de long terme
a) Résultat de l'estimation
Les résultats de l'estimation sont regroupés
dans le tableau N° 3-7. A partir de ce tableau nous pouvons
présenter les résultats comme suit :
LPIBt = -216, 83 + 0,0195 LEXPAt
+ 0,0139 LEXPNAt + 0,0513 LIMPt + 0,0719
LINVt
(-0,0093) (2,9888)* (1,1484)
(2,0679)* (3,2078)*
+ 1,0001 AR(1)
(63,069)*
* Significatif à 5%. Les t de student sont indiqués
entre parenthèses
Tableau N° 3-7 : Résultats de
l'estimation des coefficients du modèle de long terme de la croissance
Variables
|
Coefficients
|
t-Statistic
|
Prob
|
C
|
-216.8299
|
-0.009315
|
0.9926
|
LEXPA
|
0.019520
|
2.988829
|
0.0060
|
LEXPNA
|
0.013885
|
1.148399
|
0.2613
|
LIMP
|
0.051309
|
2.067975
|
0.0487
|
LINV
|
0.071914
|
3.207876
|
0.0035
|
AR(1)
|
1.000151
|
63.06922
|
0.0000
|
R Squared (R2)
|
0.986594
|
|
F statistic (F)
|
1521.650
|
Durbin- waston stat (DW)
|
2.123854
|
b) Evaluation de la qualité de l'estimation
Ø De l'analyse de ce tableau, il ressort que le
modèle de long terme a un très bon pouvoir explicatif de la
variation du PIB. En effet, 98% de la variabilité du PIB est
expliqué par les variations des variables prises en compte dans le
modèle (R2 = 0,98)
Ø La statistique t de Student qui est le test de
signification des coefficients de régression partielle permet, à
travers le calcul de la probabilité liée à chaque
statistique t de Student, de donner le niveau de signification des coefficients
correspondants. A la lumière des résultats inscrits dans le
tableau N°3-7 toutes les variables sont significatives à 5%,
à l'exception des exportations non agricoles et de la constance.
Ø Le test de significativité globale de la
régression, possible grâce à la statistique F de Fisher
permet de tester si les variables prises ensemble affectent linéairement
la variable dépendante. La probabilité (F-statistique)
égale à 0,00000 signifie que la régression est globalement
significative au seuil de 1%
Ø Le test de Durbin-Watson permet d'analyser
l'autocorrélation des erreurs. Le Durbin-Watson égal à
2,123 montre qu'il n'y a pas autocorrélation des erreurs.
3-2-1-2- Le modèle de court terme
a) Résultat de l'estimation
Les résultats de l'estimation sont regroupés
dans le tableau N° 3-8. A partir de ce tableau nous pouvons
présenter les résultats comme suit :
ÄLPIBt = 0.872
+ 0.026ÄLEXPAt-1 + 0.006ÄLEXPNAt-1 +
0.048ÄLIMPt-1 +
(4.84)* (3.85)* (0.57)
(2.50)*
0.143ÄLINVt - 0.003 INFLt -
0.085LPIBt-1 + 0.019LEXPAt-1 + 0.007LEXPNAt-1
+ 0.049LIMPt-1 +
(6.32)* (-4.81)* (-3.14)*
(3.32)* (0.66) (2.06)*
0.085LINVt-1 - 0.731AR(1)
(6.61)* (-4.60)*
* Significatif à 5%
LPIBt-1 est le résidu décalé d'un
an de la relation de long terme du PIB.
Les t de Student sont indiqués entre
parenthèses.
Tableau N° 3-8 : Résultats de
l'estimation des coefficients du modèle de court terme de la
croissance
Variables
|
Coefficients
|
t-Statistic
|
Prob
|
C
|
0.872334
|
4.836966
|
0.0001
|
DLEXPA (-1)
|
0.026062
|
3.854666
|
0.0011
|
DLEXPNA (-1)
|
0.006123
|
0.569406
|
0.5758
|
DLIMP (-1)
|
0.048214
|
2.496829
|
0.0219
|
DLINV
|
0.142809
|
6.322490
|
0.0000
|
INFL
|
-0.002769
|
-4.806984
|
0.0001
|
LPIB (-1)
|
-0.085259
|
-3.136000
|
0.0054
|
LEXPA (-1)
|
0.018755
|
3.322259
|
0.0036
|
LEXPNA (-1)
|
0.007226
|
0.662231
|
0.5158
|
LIMP (-1)
|
0.049485
|
2.059861
|
0.0534
|
LINV (-1)
|
0.085192
|
6.609676
|
0.0000
|
AR(1)
|
-0.731630
|
-4.596725
|
0.0002
|
R Squared (R2)
|
0.808560
|
|
F statistic (F)
|
7.295264
|
Durbin- waston stat (DW)
|
2.212169
|
b) Evaluation de la qualité de l'estimation
Ø R2 = 0,808 indique que 80,8% de la variation
de la croissance est expliquée par les variables prises en compte dans
le modèle. Ce qui signifie que le modèle a un bon pouvoir
explicatif de la variation du modèle de croissance de court terme.
Ø On peut aussi noter que toutes les variables sont
significatives au seuil de 5%, à l'exception des exportations non
agricoles, grâce au test de Student car à partir du tableau on
constate que toutes les probabilités sont inférieures à
0,05 (Prob ? 0,05)
Ø La régression est globalement significative car
la probabilité (F-statistique) est égale à 7.295264 avec
une probabilité de 0,000095 indique une bonne adéquation du
modèle.
Ø Le Durbin-Watson égal à 2,212 montre qu'il
n'y a pas autocorrélation des erreurs.
3-2-1-3- vérification des hypothèses et
interprétation économique des coefficients
Dans l'équation explicative de la croissance du PIB
à long terme, les variables sont toutes significatives à 5%, sauf
les exportations non agricoles, et ont toutes les signes attendus. Il en est de
même pour ce qui est de l'équation explicative de la croissance
à court terme. En conséquence, le PIB est influencé de
façon significative à court et à long terme par les
exportations agricoles, les importations, les investissements et
l'inflation.
Conformément à l'hypothèse formulée
sur la variable exportations agricoles, le signe de son coefficient est positif
et significatif à 5%. Les exportations agricoles de l'année en
cours expliquent donc la croissance du PIB à long terme mais à
court terme, elle est expliquée par les exportations agricoles de
l'année antérieure. Il faut toutefois noter que la contribution
des exportations agricoles à la croissance est assez faible. Ainsi,
lorsque les exportations agricoles croissent de 1% le niveau de la croissance
croît respectivement dans les modèles de long terme et de court
terme de 0,0195% et de 0,026%.
Cette faiblesse de la contribution des exportations agricoles
à la croissance peut être imputable à la monoculture
d'exportation et de la non diversification des produits agricoles exportables.
En effet, les exportations agricoles restent dominées par le coton et
ses dérivés. La détérioration des termes de
l'échange dont elles sont victimes ne sont pas de nature à
permettre aux exportations agricoles de jouer son rôle maximal dans
l'amélioration des performances économiques du Bénin.
S'agissant des exportations non agricoles, les coefficients ne
sont pas significatifs, toutefois elles pourraient contribuer de façon
positive à la constitution du PIB aussi bien dans le long et court
terme.
Quant aux importations, elles sont significatives à court
et long terme au seuil de 5%. Son élasticité est positive et
moins élevée à court terme qu'à long terme. Ainsi,
lorsque les importations croissent de 1%, le niveau de croissance du PIB
augmente respectivement dans le court terme et dans le long terme de 0,048% et
de 0,051%. Cette faible contribution des importations à la croissance
peut être imputable à la dominance de ces dernières par des
biens de consommation et des activités de réexportation vers les
pays voisins. Ces catégories d'importation ne renforcent donc pas
l'appareil de production en vue d'un accroissement ultérieur
conséquent de la production.
En ce qui concerne l'investissement, il est significatif et
contribue de façon positive à la croissance du PIB à court
et à long terme. Ainsi, une variation de 1% de l'investissement
entraîne une augmentation de 0,14% et de 0,072% respectivement à
court et à long terme. Cette faiblesse de l'investissement que cela soit
dans le court ou long terme nous amène à être prudent sur
la capacité à s'ajuster aux déséquilibres de long
terme. L'investissement apparaît ici comme une variable
prédéterminée qui ne peut être responsable des
variations dans la croissance du PIB au Bénin. Cet état de chose
peut s'expliquer par l'absence de structures capables de répartir ses
effets.
Du fait qu'il soit stationnaire en niveau, le taux d'inflation
n'intervient dans l'explication de la croissance qu'à court terme. Il
explique négativement et significativement la croissance du PIB. Ainsi,
une augmentation de 1% du taux d'inflation entraîne une diminution de
0,0028 % du PIB. Ce résultat est conforme à la théorie
économique.
Le PIB retardé qui représente la force de rappel
à l'équilibre de la croissance du PIB en cas de choc a un
coefficient significatif à 5%. Sa valeur est de -0,085. Ainsi, tout choc
sur la croissance est résorbé à près de 8,5% au
bout d'un an.
3-2-2- Résultats des régressions de la
fonction de consommation
3-2-2-1- La relation de long terme
a) Résultat de l'estimation
Les résultats de l'estimation sont consignés dans
le tableau N° 3-9. A partir de ce tableau nous pouvons
présenter les résultats comme suit :
LCMTt = 3.959 + 0.011 LEXPAt-1 + 0.035
LEXPNAt-1 +0.339 LDEPt + 0.476 AR(1)
(9.275)* (0.502)*
(0.977) (8.083)* (2.777)*
* Significatif à 5%. Les t de student sont indiqués
entre parenthèses
Tableau N° 3-9 : Résultats de
l'estimation des coefficients du modèle de long terme de la consommation
des ménages par tête
Variables
|
Coefficients
|
t-Statistic
|
Prob
|
C
|
3.958685
|
9.275121
|
0.0000
|
LEXPA (-1)
|
0.010080
|
0.501860
|
0.0498
|
LEXPNA (-1)
|
0.034555
|
0.977003
|
0.3372
|
LDEP
|
0.338701
|
8.083338
|
0.0000
|
AR(1)
|
0.475969
|
2.777134
|
0.0098
|
R Squared (R2)
|
0.971369
|
|
F statistic (F)
|
229.0070
|
Durbin- waston stat (DW)
|
2.095324
|
b) Evaluation de la qualité de l'estimation
Ø R2 = 0,971 indique que 97% de la variation de
la consommation des ménages par tête est expliquée par les
variables prises en compte dans le modèle. Ce qui signifie que le
modèle a un bon pouvoir explicatif de la variation du modèle de
la consommation des ménages par tête de long terme.
Ø On peut aussi noter que toutes les variables sont
significatives au seuil de 5%, à l'exception des exportations non
agricoles, grâce au test de student car à partir du tableau on
constate que toutes les probabilités sont inférieures à
0,05 (Prob ? 0,05)
Ø La régression est globalement significative car
la probabilité (F-statistique) est égale à 229.0070 avec
une probabilité de 0,000000 indique une bonne adéquation du
modèle.
Ø Le Durbin-Watson égal à 2,095 montre qu'il
n'y a pas autocorrélation des erreurs.
3-2-2-2- La relation de court terme
Le modèle de court terme de la consommation des
ménages par tête se présente comme suit
a) Résultat de l'estimation
ÄLCMTt = 2.334 + 0.038
ÄLEXPAt-1 + 0.073 ÄLEXPNAt-1 + 0.114
ÄLDEPt - 0.057 INFLt
(3.655)* (3.477)* (2.903)*
(1.782) (-2.517)*
- 0.480 LCMTt-1 + 0.013
LEXPAt-1 + 0.025 LEXPNAt-1 + 0.159 LDEPt-1
(-3.526)* (0.865)
(0.829) (2.534)*
*significatif à 5%. Les t de Student sont indiqués
entre parenthèses.
Ces résultats sont consignés dans le tableau
N°3-10 :
Tableau N° 3-10: Résultats des
estimations du modèle de court terme de la consommation des
ménages par tête
Variables
|
Coefficients
|
t-Statistic
|
Prob
|
C
|
2.334586
|
3.655350
|
0.0014
|
DLEXPA (-1)
|
0.038443
|
3.477147
|
0.0021
|
DLEXPNA (-1)
|
0.072884
|
2.903221
|
0.0082
|
DLDEP
|
0.114296
|
1.782092
|
0.0885
|
INFL
|
-0.057300
|
-2.517020
|
0.0412
|
LCMT (-1)
|
-0.480031
|
-3.525964
|
0.0019
|
LEXPA (-1)
|
0.013056
|
0.865558
|
0.3961
|
LEXPNA (-1)
|
0.024752
|
0.829650
|
0.4156
|
LDEP (-1)
|
0.158819
|
2.534343
|
0.0189
|
R Squared (R2)
|
0.605839
|
|
F statistic (F)
|
4.226838
|
Durbin- waston stat (DW)
|
1.857943
|
b) Evaluation de la qualité de l'estimation
Ø R2 = 0,605 indique 60,5% de la variation du
modèle de court terme est expliquée par les variables prises en
compte dans le modèle. Ce qui signifie que le modèle a un bon
pouvoir explicatif de la variation du modèle de consommation de court
terme.
Ø On peut aussi noter que toutes les variables sont
significatives au seuil de 5%, à l'exception des dépenses
publiques, grâce au test de student car à partir du tableau on
constate que toutes les probabilités sont inférieures à
0,05 (Prob ? 0,05)
Ø La régression est globalement significative car
la probabilité (F-statistique) est égale à 4,23 avec une
probabilité de 0.003407 indique une bonne adéquation du
modèle.
Ø Le Durbin-Watson égal à 1.857943 montre
qu'il n'y a pas autocorrélation des erreurs.
Ø CMT (-1) le résidu décalé de la
consommation du modèle de long terme est négatif et significatif
au seul de 5%. Ainsi tout choc sur la consommation est résorbé
à 48% au bout d'un an.
3-2-2-3- Interprétation économique des
modèles
Les signes attendus des coefficients sont vérifiés.
En conséquence, la consommation des ménages par tête est
influencée de façon significative à long terme par les
exportations agricoles et les dépenses publiques. Par contre, à
court terme, elle est influencée significativement par les exportations
agricoles et non agricoles et l'inflation
Dans le modèle de court terme tout comme dans le
modèle de long terme les exportations agricoles, retardées d'un
an, sont positivement significatives. Ces signes positifs du coefficient des
exportations agricoles signifient que celles-ci varient dans le même sens
que la consommation des ménages. Ainsi une augmentation de 1% des
exportations agricoles de l'année antérieure entraine une
amélioration de la consommation des ménages de l'année en
cours de 0,038% à court terme et de 0,01% à long terme. Ceci
signifie que le revenu tiré des exportations agricoles qui revient
directement aux producteurs explique nettement l'effet positif des
exportations agricoles sur la consommation des ménages par
tête.
Quant aux exportations non agricoles, elles ne sont que
significatif qu'a court terme. Une augmentation de ces dernières de 1%
améliore la consommation des ménages par tête de 0,073% et
de 0, 034% respectivement à court et à long terme.
De même, une augmentation des dépenses publiques de
1%, qui ne sont que significatif à long terme, entraine une
amélioration des consommations des ménages par tête de
0,114% et de 0,338% respectivement à court et long terme.
S'agissant du taux d'inflation, du fait de sa
stationnarité en niveau, il n'intervient que dans l'équation de
court terme. Il influence négativement la consommation des
ménages par tête conformément à la théorie
économique. En effet, une hausse du taux d'inflation de 1% baisse la
consommation des ménages par tête de 0,057% à court terme.
Donc une hausse du taux d'inflation se traduit par une baisse du pouvoir
d'achat des ménages. Ceux-ci finissent donc par abandonner leurs
habitudes de consommation en diminuant celle-ci. Ce qui justifie la
nécessité de la maîtrise de l'inflation pour rehausser la
consommation des ménages et leur niveau de vie.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Cette étude est consacrée à l'analyse des
effets des exportations agricoles sur la croissance et le bien-être au
Bénin (1975-2008). A l'issue de l'étude, nous pouvons
vérifier les hypothèses et faire des recommandations.
1- SYNTHESE DES RESULTATS
Cette étude a essayé de mesurer l'impact des
exportations agricoles sur la croissance et le bien-être (à
travers la consommation des ménages par tête). Nous avons
analysé, à cet effet, dans un premier temps le comportement de la
croissance, du bien-être, des exportations totales, de la structure des
exportations agricoles et de la part des produits agricoles dans les
exportations totales du Bénin. Dans un second temps les modèles
de croissance et de bien-être ont été
élaborés et estimés.
Les niveaux de la croissance, de la consommation des
ménages par tête, des exportations totales et de la part des
produits agricoles dans les exportations totales ont varié
respectivement dans les intervalles [-4,9% ; 9,95%], [59,65 ;
102,32], [49078,7 ; 263453,84] et [1,53% ; 80,88]. Quant à la
structure des exportations agricoles, elle montre que c'est le palmier à
huile qui domine les exportations agricoles sous-la période 1975 - 1984
mais à partir de 1985 jusqu'à nos jours, ce sont le coton et
dérivés qui les dominent.
La période 1975-1989 a été marquée
par une certaine instabilité dans l'évolution de la croissance.
Car même si certaines années correspondent à des taux de
croissance élevés comme en 1981 avec 10%, d'autres par contre
sont allées de pair avec des récessions profondes et des taux de
croissance négatifs comme en 1983 avec -4,3%. Les réformes
entreprises à partir de 1989 ont permis d'obtenir une certaine constante
dans la croissance et de rompre définitivement avec la croissance
négative. Toutefois ces réformes n'ont pas permis d'atteindre des
taux élevés pouvant améliorer les conditions de vie des
populations et les aider à sortir de la pauvreté. Le taux de
croissance moyen a, en effet, stagné autour de la moyenne de 4,5% sur la
période 1990-2008.
Quant à la consommation des ménages par tête,
après avoir connu des niveaux relativement élevés, elle a
connu une chute notable en 1983 et 1989. Toutefois elle a repris à
partir de 1995.
S'agissant des exportations totales, après avoir connu des
niveaux relativement élevés, elles ont connu une chute notable en
1987 et en 1990. Toutefois elles ont repris à partir de 1995.
La part des produits agricoles dans les exportations totales a
évolué en dent de scie sur la période d'étude et a
été tirée essentiellement à partir de 1985 par le
coton et ses dérivés. Ce qui confirme le fait que nos
exportations agricoles soient dominées par le coton.
Les modèles économétriques
élaborés et estimés par les MCO ont permis de
dégager les effets des exportations agricoles sur la croissance et le
bien-être (à travers la consommation des ménages par
tête).
La croissance économique est nécessaire pour le
développement car il n'y a pas de développement sans croissance
économique. De même un accroissement de la consommation des
ménages par tête s'avère fondamental pour une
amélioration des conditions de vie des populations.
Les réformes entreprises au cours de la dernière
décennie ont permis globalement de renouer avec la croissance.
2- VERIFICATION DES HYPOTHESES
Les résultats du modèle nous permettent de
vérifier les hypothèses :
H1- Les exportations agricoles ont des effets
positifs significatifs sur la croissance au Bénin : cette
hypothèse est vérifiée. Les exportations agricoles sont
donc une source de la croissance au Bénin. Les exportations agricoles
sont globalement bénéfiques à l'activité
économique du pays.
H2- Les exportations agricoles ont un impact
positif sur la consommation des ménages par tête : cette
hypothèse est vérifiée. Les exportations agricoles
contribuent donc à une amélioration des conditions de vie des
populations de par son impact positif sur leur consommation par tête.
3- RECOMMANDATIONS
Les exportations agricoles ont des effets
bénéfiques sur l'économie dans son ensemble. On peut donc
en tirer plusieurs enseignements suite à ces résultats de
l'estimation et faire des propositions d'orientation des politiques
économiques. Les politiques visant à encourager la production des
produits agricoles exportables doivent être mises en oeuvre pour soutenir
la croissance et l'amélioration du bien-être. Ces politiques
visent essentiellement à améliorer la compétitivité
de l'économie béninoise, et pour cela, les recommandations
suivantes peuvent être formulées :
Les exportations agricoles du Bénin étant
essentiellement dominées par le coton et ses dérivés, pour
augmenter les recettes d'exportation et tirer d'avantage profit de ces
dernières, il est absolument nécessaire de procéder aux
investissements nécessaires au développement non seulement du
secteur primaire mais aussi de tous les autres secteurs productifs.
Il importe que le gouvernement élabore et mette en
oeuvre une politique d'investissement public (PIP) axée sur le
développement de nouvelles filières, afin de promouvoir les
exportations d'autres produits autres que le coton dont les cours mondiaux ne
font que baisser de plus en plus. Mais les investissements publics resteront
toujours insuffisants. C'est pourquoi, la création des conditions de
l'environnement propice aux investissements étrangers directs est
indispensable (mise en oeuvre des mesures incitatives). L'avènement du
TEC doit être une raison supplémentaire pour chercher à
tirer les investissements productifs sans lesquels nous n'aurons pas
grand-chose à échanger avec les autres si ce n'est que de
consommer leurs produits.
Un intérêt particulier doit être
accordé à la recherche agricole (réformes, moyens et mise
en oeuvre conséquente) pour qu'elle puisse fournir au secteur primaire
des technologies compétitives. Ceci rendrait les investissements, dans
le secteur, plus productifs.
Il est aussi indispensable de développer les
infrastructures dans tous les domaines (transport, communications,
éducation, santé etc...) pour inciter les partenaires au
développement de notre pays en général et en particulier
ceux du monde rural, autre que l'Etat à investir dans la promotion des
structures d'exportation agricole pour une croissance plus soutenue du secteur.
Plus on investit, plus l'effet sur les exportations agricoles sera remarquable
qui à son tour aura un effet plus sensible sur la croissance
économique et le bien-être de la population.
Promouvoir davantage les industries de transformation dans
notre pays pour apporter une valeur ajoutée à nos produits
agricoles, qui, pour la plupart, sont exportés bruts ou sous forme
très partiellement transformés. Une création de la valeur
ajoutée sur place aura d'autres répercussions
intéressantes sur l'économie comme par exemple la création
de nouveaux emplois, l'utilisation de matériaux locaux.
Veiller à ce que les prix fixés aux producteurs
soient des prix encourageants et non des prix non incitatifs. Aussi, des
crédits agricoles permettant d'avoir accès aux technologies, aux
intrants sont- ils à encourager.
Toutes ces actions en faveur de l'agriculture doivent
concourir à sa prospérité et donc à la croissance.
L'accroissement du revenu des agriculteurs stimule la demande de biens et
services de consommation.
La diversification de la production agricole s'avère
aussi nécessaire car elle permettra de répartir les risques de
détérioration des termes de l'échange sur plusieurs
produits. Le pays présente un éventail de possibilités
à travers notamment l'ananas, les noix de cajou, le manioc et les
crevettes.
Il convient également de revoir la structure des
importations et donner priorité à celles qui renforcent
l'appareil productif national. Il faut toutefois faire attention à ce
que les importations des produits de base ne soient pas fortement
taxées. Bien au contraire une réduction des taxes sur les
importations des produits de base diminue les prix sur le marché. Ce qui
augmente le pouvoir d'achat des populations, en particulier des populations
pauvres et par conséquent, accroît leur consommation. Des efforts
doivent être faits pour développer la production non exportable
afin de substituer à certaines importations. Ce qui permet d'assurer la
sécurité alimentaire de la population et donc de réduire
les effets des crises éventuelles sur la population.
La fiscalité peut également jouer un rôle
dans la croissance des exportations agricoles. En effet, la réduction
des taxes sur les exportations agricoles permet d'améliorer la
compétitivité de la production nationale sur le marché
international et de faciliter son écoulement. Elle permet
également d'augmenter le prix pays aux producteurs, donc
améliorer leur bien-être.
L'accès aux marchés des pays
développés et l'accroissement des exportations agricoles passent
également par une amélioration de la qualité de la
production et le respect des normes sanitaires et phytosanitaires
définies dans ces pays. Dans ce cadre, le Conseil National pour
l'Exportation (CNEX) doit intensifier ses actions de formation et d'information
en direction des opérateurs économiques impliqués dans la
production des biens exportables. Il faut également une sensibilisation
des acteurs de l'exportation à participer financièrement à
la recherche au plan national.
Il est toutefois impérieux que tous ces efforts soient
conduits dans un climat de bonne gouvernance politique et économique,
gage de leur succès.
Si les politiques nationales sont l'élément
essentiel de toute stratégie de développement économique
et de lutte contre la pauvreté, certains facteurs internationaux y
jouent également un rôle important. On peut ainsi noter que les
politiques commerciales des pays riches ne sont pas favorables au
développement des exportations des pays pauvres. Le Bénin et ses
partenaires sous-régionaux doivent ainsi renforcer leur capacité
de négociation afin de peser davantage lors des négociations
commerciales multilatérales par des propositions pertinentes et bien
élaborées. De plus des initiatives comme celle des chefs d'Etats
béninois, malien, burkinabé et tchadien qui a consisté
à exiger clairement l'arrêt des subventions des pays occidentaux
à leurs producteurs de coton lors des dernières
négociations multilatérales de l'Organisation Mondiale du
Commerce sont à encourager. Cette initiative soutenue par d'autres pays
comme le Brésil, l'Inde... aura été l'une des principales
raisons de l'échec des dernières négociations commerciales
de l'OMC en décembre 2005 à Hong Kong.
De telles coopérations Sud-Sud sont donc
nécessaires pour contraindre les pays riches à démanteler
leurs barrières commerciales qui renforcent et entretiennent la
pauvreté dans les pays en voie de développement.
C'est donc au prix de tous ces efforts et actions que le
Bénin pourra tirer des exportations agricoles tous les effets positifs
escomptés et en faire réellement un moteur de son
développement.
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