WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mesure de l'impact toxique du paracétamol à doses thérapeutiques chez 11 alcooliques adultes volontaires à travers le dosages des taux de quelques marqueurs hépatiques, et évaluation du danger encouru par deux présumés intoxiqués par ce médicament

( Télécharger le fichier original )
par Samira AISSAT
UMMTO - D.E.S en Biochimie 2010
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

 
 
 
 

République Algérienne Démocratique et Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

Université Mouloud Mammeri de Tizi

Faculté des Sciences Agronomiques et des Sciences

Département de Biochimie et de Microbiologie.

En vue d'obtention du diplôme d'études supérieures

Option : biochimie.

Mesure de l'impact toxique du paracétamol

thérapeutiques chez 11 alcooliques adultes

dosage des taux de quelques marqueurs

hépatiques, et évaluation du danger encouru intoxiqués par ce médicament.

Travail réalisé par :
Mlle. AISSAT Samira.

Encadreur:

Dr. MEKACHER L-R.

Pharmacien-assistant de toxicologie. Praticien de santé publique CHUTO.

Promotion de Biochimie : 2009/

Populaire.

Scientifique.

Ouzou.

Biologiques.

en sciences biologiques

à doses

volontaires à travers le

moléculaires de lésions

par deux présumés

Co-encadreur: Mr. SMAIL R.

Maitre assistant-chargé de cours. Enseignant UMMTO.

2010.

 
 

Ce fut une idée, qui n'aurait pu voir le jour et se concrétiser sans la contribution et surtout la confiance de deux personnes que je remercie énormément, je cite mon encadreur : Dr MEKACHER L-R ; pharmacien-assistant en toxicologie, praticien de

santé publique au CHUTO, ainsi que mon co-encadreur : Mr SMAIL R ; maitre

assistant-chargé de cours en biochimie du département de Biochimie et de

Microbiologie de notre faculté.

Mes remerciements s'adressent à : Mme AIGOUN responsable du Laboratoire de Toxicologie du département de Pharmacie de la Faculté de Médecine qui a si gentiment accepté de m'accorder l'accès au laboratoire.

Je remercie également l'équipe médicale et paramédicale du laboratoire Central de Biochimie du CHUTO dirigé par le Dr SIFER, en particulier Mme HADJ KACI, qui m'a facilité mon travail au sein du laboratoire.

Je tiens à remercier Mr REZOUG Belkacem sans qui je n'aurais pu établir le contact avec les alcooliques qui ont accepté, au nom de la science, de contribuer à

notre étude.

Je remercie tous les enseignants de la faculté des sciences agronomiques et sciences biologiques avec une attention particulière à Mlle TADJER D.

Je remercie tous ceux et toutes celles qui ont contribué de prés ou de loin à la réalisation de ce travail.

À
la mémoire de mon
défunt père,
ma mère et au reste
de la famille,
tous ceux qui

Sommaire :

Introduction 5

1. Synthèse bibliographique 6

1.1- Définition du paracétamol 6

1.2- Origine 6

1.3- Historique 7

1.4- Caractéristiques du paracétamol 10

1.4.1- Caractéristiques structurales 10

1.4.2- Caractéristiques physico-chimiques 10

1.4.3- Galénique 10

1.4.4- Caractéristiques pharmacologiques 11

1.4.4.1- Caractéristiques pharmacocinétiques 11

1.4.4.1.1- Absorption 11

1.4.4.1.2- Distribution 12

1.4.4.1.3- Métabolisme 12

1.4.4.1.4- Elimination 14

1.4.4.2- Caractéristiques pharmacodynamiques 14

1.4.4.2.1- Doses actives 14

1.4.4.2.2- Mode d'action et cibles moléculaires 14

1.5- Indications thérapeutiques 17

1.6- Contre indications, effets indésirables et interactions médicamenteuses 17

1.7- Toxicologie du paracétamol 18

1.7.1- Prévalence 18

1.7.2- Circonstances 18

1.7.3- Mécanisme d'action toxique 18

1.7.4- Formes cliniques 20

1.7.5- Symptomatologie 20

1.7.6- Facteurs de risque 21

1.7.6.1- Déplétion des réserves en glutathion 21

1.7.6.2- Inducteurs du cytochrome P-450 22

1.7.6.3- Inhibiteurs de la glucoronyl transférases 22

1.7.6.4- Variabilités interindividuelles et interethniques 22

1.7.7- Diagnostic 23

1.7.8- Traitement 24

1.7.8.1- Traitement évacuateur 24

1.7.8.2- Traitement antidotique 25

2. Matériels et méthodes 27

2.1- Matériels 27

2.1.1- Echantillons 27

2.1.2- Appareillage 27

2.1.3- Produits et réactifs 27

2.1.4- Autres 28

2.2- Méthodes 28

2.2.1- Echantillonnage 28

2.2.1.1- Evaluation du risque encouru par deux présumés intoxiqués au paracétamol 28

2.2.1.2- Mesure de l'impact toxique de la prise de paracétamol à doses thérapeutiques chez 11 alcooliques volontaires adultes 28

2.2.2- Chromatographie sur couche mince des urines du patient présumé intoxiqué au paracétamol admis au CNT d'Alger 29

2.2.3- Dosage spectrophotométrique du paracétamol dans le sang des patients

présumés intoxiqué au paracétamol 30

2.2.3.1- Principe 30

2.2.3.2- Mode opératoire 30

2.2.3.2.1-Préparation des solution « étalon » de paracétamol 30

2.2.3.2.2- Préparation des échantillons 31

2.2.3.2.3- Préparation du mélange réactionnel et mesure de l'absorbance 31

2.2.4- Détermination du bilan hépatique 31

2.2.5- Etude statistique 33

3. Résultats et discussion 34

3.1- Evaluation du risque encouru par les présumés intoxiqués au paracétamol 34

3.1.1- Chromatographie sur couche mince des urines du patient présumé intoxiqué au paracétamol admis au CNT d'Alger 34
3.1.2- Dosage spectrophotométrique du paracétamol dans le sang des patients présumés

intoxiqués au paracétamol 35

3.1.3- Conclusion 37

3.2-Mesure de l'impact toxique de la prise de paracétamol à doses therapeutiques chez 11

alcooliques volontaires et adultes 38

Conclusion 44

Liste des figures :

- Figure 1 : Formule développée du paracétamol 6

- Figure 2 : Schéma de la réaction d'acylation du paraaminophénol en paracétamol 7

- Figure 3 : Schéma de la réaction d'acylation de l'aniline en acétanilide 7

- Figure 4 : Formules développées du naphtalène (a), de l'acétanilide (b) et de l'antipyrine (c) 8

- Figure 5 : Formules développées de l'aniline (ou phénylamine) (a), de la phénacétine

(b) et du paracétamol (c) 9

- Figure 6 : Diagramme représentant les différentes possibilités de métabolisation du paracétamol 13

- Figure 7 : Voies de biosynthèse des prostanoïdes 15

- Figure 8 : Action du paracétamol 16

- Figure 9 : diagramme représentant l'importance relative qu'acquiert la voie oxydative

dans le métabolisme du paracétamol lors d'une intoxication 19

- Figure 10 : Graphe montrant la relation inverse entre la teneur en glutathion dans le

foie et le taux de liaison du NAPQI avec les protéines de cet organe 22

- Figure 11 : Nomogramme de RUMACK-MATTHEWS mettant en relation la concentration plasmatique du paracétamol, le temps après l'ingestion et la gravité de l'intoxication 23

- Figure 12 : Formule semi-développée du N-acétyl-L-cystéine 25

- Figure 13 : Diagramme représentant les étapes de la biosynthèse du glutathion à partir

de la NAC 26

- Figure 14 : Photographie de l'ampoule à décantation du mélange urine et éther diéthylique en présence d'acide chlorhydrique 29

- Figure 15 : Équation des réactions du paracétamol avec les ions nitrites et du 3-nitro 4-hydroxyacétanilide produit avec les ions hydroxydes 30

- Figure 16 : Photographie du doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9

32

- Figure 17 : Chromatogramme de CCM sur gel de silice des urines du patient admis au

CNT d' Alger pour intoxication au paracétamol 34

- Figure 18 : courbe d'étalonnage du dosage spectrophotométrique du paracétamol dans

le sang des patients présumés intoxiqué par ce medicament 36

- Figure 19 : Photographies montrant la différence de coloration entre un mélange réactionnel (milieu acide avec ions nitrites) contenant du paracétamol (b) et un mélange ne contenant pas (a) 38

- Figure 20 : Histogrammes illustrant la variation des paramètres mesurés en fonction

de la fonction ou pas de paracétamol chez 11 alcooliques volontaires 41

Page 3

Liste des tableaux :

- Tableau I : spécification des réactifs pour doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9 32

- Tableau II : Résultats des absorbances mesurées à une longueur d'onde ë=405 nm 35

- Tableau III : Taux des marqueurs hépatiques dans le sang pour chacun des trois prélèvements 39

- Tableau VII : Résultats du calcul des paramètres statistiques élémentaires et du test t

de STUDENT pour échantillons appariés N = 11 et ddl = 10 42

Liste des abréviations :

- ALAT : Alanine amino transférase

- ASAT : Aspartate amino transférase

- CCM : Chromatographie sur couche mince

- CHU : Centre Hospitalo Universitaire

- CNT : Centre National de Toxicologie

- Cox : Cyclooxygénase - CYP : Cytochrome P

- D-BIL : Bilirubine directe - DE 50 : Dose efficace 50 - DL 50 : Dose létale 50

- DO : Densité optique

- DT 50 : Dose toxique 50

- GGT : Gamma glutamyl transférase

- NAC : N acetyl cystéine

- NAPQI : N acetyl P benzo quinine imine

- PAL : phosphatase alcaline - T-BIL : bilirubine totale.

- UMMTO : Université Mouloud MAMMERI de Tizi Ouzou

Page 3

Résumé

Résumé :

L'éthanol est un inducteur des mono-oxygénases à CYP-450, responsable de la transformation du paracétamol en NAPQI, un métabolite hépatotoxique, plaçant ainsi les alcooliques parmi les personnes à risque à l'intoxication au paracétamol.

Afin de voir plus clair et d'avoir une idée plus précise sur le seuil de l'expression de la toxicité de ce médicament, nous avons choisi un petit groupe de 11 individus de sexe masculin, tous volontaires, appartenant à la tranche d'âge [45-50] ans, consommant quotidiennement de l'alcool, à fin de mesurer l'impact hépatotoxique de la prise de paracétamol à dose thérapeutique, soit 1g toutes les quatre heures, pendant 12 heures.

Etant donné que la cytolyse hépatique est l'un des principaux et premiers signes de cette hépatotoxicité, nous sommes partis du principe que les taux plasmatiques des transaminases hépatiques ASAT et ALAT, devraient forcément augmenter sous l'effet du paracétamol et ce d'autant plus, que le sujet est une personne à risque.

Les résultats des dosages des taux plasmatiques de ces marqueurs de cytolyse hépatique, obtenus, montrent une réelle et considérable atteinte et suggèrent, d'une part, plus de prudence dans la prescription du paracétamol, voire le bannissement de son automédication, et d'autre part, l'utilisation du dosage des taux plasmatiques de ASAT et ALAT pour l'évaluation du degré d'intoxication par ce médicament, en complément de l'estimation de la dose ingérée à travers la détermination de la paracétamolémie.

Mots dlés : paracétamol, intoxication, toxicité, dose, alcooliques, bilan hépatique.

Page 4

Introduction

Introduction :

Le paracétamol est la substance active d'une large gamme de spécialités médicamenteuses telles que : Doliprane, Efferalgan, Expandol, Paralgan, ...etc., et est préconisé comme traitement symptomatique de la douleur et de la Fièvre.

Sa disponibilité sans ordonnance en pharmacie, ainsi que le peu ou l'absence d'effets indésirables qui lui sont associés, font de lui le médicament le plus prescrit et le plus consommé des antalgiques-antipyrétiques.

Pourtant, il lui est connu une hépatotoxicité, notamment chez les personnes à risque tels que les alcooliques, les personnes dénutries ou consommant une certaine catégorie de médicaments dont la caractéristique est d'induire les cyclo-oxygénases à cytochrome P-450,...etc..

Afin de voir plus clair et d'avoir une idée plus précise sur le seuil de l'expression de la toxicité de ce médicament, et étant donné que l'éthanol est un inducteur des mono-oxygénases à CYP-450, responsable de la transformation du paracétamol en NAPQI, ce métabolite hépatotoxique, plaçant ainsi les alcooliques parmi les personnes à risque d'intoxication au paracétamol, nous avons choisi un petit groupe de 11 individus de sexe masculin, tous volontaires pour cette étude, et appartenant à la tranche d'âge [45-50] ans, consommant quotidiennement de l'alcool, à fin de mesurer l'impact hépatotoxique de la prise de paracétamol à doses thérapeutiques.

Profitant aussi de la survenue de deux cas présumés intoxiqués au paracétamol, nous avons cherché à évaluer le risque encouru par chacun d'eux en procédant par les techniques et approche en usage dans nos Services spécialisés.

Page 5

I/ Synthèse bibliographique :

1.1- Définition du paracétamol :

Le paracétamol, de formule brute << C8H9NO2 », est la dénomination commune internationale (DCI) de la substance active de plusieurs spécialités pharmaceutiques de la classe des antalgiques-antipyrétiques.

Son nom chimique systématique est << para-acétamido-phénol » (Figure 1). Il est néanmoins désigné par plusieurs autres noms tels que : << N-(4-hydroxyphényl)-acétamide », << N-acétyl-para-aminophénol (en abrégé NAPAP ou APAP), << acétylaminophénol », << phydroxyacétanilide », << 4'-hydroxy-acétanilide », << acétaminophène » ou encore << N-paraacétyl-aminophénol ».

Quant à son nom commun << paracétamol », il est dérivé de la contraction de son nom chimique systématique.

Figure 1 : Formule développée du paracétamol.

1.2- Origine :

Le paracétamol est d'origine synthétique. Il peut être obtenu par l'acylation (Figure 2) du para-amino-phénol en solution dans l'acide éthanoïque (acide acétique), par l'action de l'anhydride acétique à 100 °C (CLAYDEN et al, 2003 ; MESPLEDE et SALUZZO, 2004).

Cette réaction d'acylation dépend du rapport des concentrations des réactants : à concentrations équivalentes en anhydride acétique et paraaminophénol, le produit obtenu est exclusivement mono-acétylé, c'est-à-dire du paracétamol pur. Mais en présence d'un excès d'anhydride acétique, le produit obtenu est doublement acétylé et ne correspond pas au paracétamol. Dans ce dernier cas néanmoins, l'hydrolyse suffit pour la transformation du composé doublement acétylé en composé mono-acétylé, donc, en paracétamol.

Page 6

Figure 2 : Schéma de la réaction d'acylation du
paraaminophénol en paracétamol.

Le paracétamol peut être aussi obtenu suivant une autre voie comprenant d'abord une acylation de l'aniline (appelée aussi phénylamine) au moyen de l'anhydride acétique (ou anhydride éthanoïque) (Figure 3), suivie d'une hydroxylation de l'acétanilide obtenu sous l'action de l'acide ascorbique (LE MAREC, 2005).

 

CH3COOH

Aniline anhydride acétique acétanilide

Figure 3 : Schéma de la réaction d'acylation de l'aniline en
acétanilide.

1.3- Historique :

Le paracétamol est une molécule qui comme l'aspirine est plus que centenaire, mais qui malheureusement n'a à son actif qu'une cinquantaine d'années d'activité thérapeutique (LE MAREC, 2005).

Elle représente une découverte providentielle, née d'une erreur de livraison de produit qui c'était produite en 1886, à l'université de Strasbourg, où les deux assistants du professeur KUSSMAUL, ARNOLD CAHN et PAUL HEPP, qui réalisaient des essais thérapeutiques

Page 7

avec du naphtalène (Figure 4a) sur les parasitoses intestinales, reçurent de l'acétanilide (Figure 4b) à la place du naphtalène et ne s'aperçurent de cette erreur qu'après observation d'une baisse inhabituelle de température chez leurs patients (LE MAREC, 2005 ; QUENEAU, 2006).

(a) (b) (c)

Figure 4 : Formules développées du naphtalène (a), de l'acétanilide
(b) et de l'antipyrine (c) (LE MAREC, 2005).

Ainsi ces deux auteurs (ARNOLD CAHN et PAUL HEPP) découvrirent l'activité antipyrétique de l'acétanilide appelé aussi phényl-acétamide, qui est une amine aromatique de formule C8H9NO.

Ils s'empressèrent alors de publier leur découverte et d'ouvrir leur propre fabrique pour concurrencer l'analgésique mais aussi l'antipyrétique en vogue à l'époque : « l'antipyrine » (Figure 4c), appelé aussi « phénazone » ou encore « analgésine », le premier médicament au monde entièrement synthétisé (VIBES, 2001), et donnèrent au nouveau médicament le nom d'antifébrine.

Mais étant donné que l'acétanilide est un dérivé de l'aniline (matière première dans l'industrie des colorants extraite à partir de l'huile de goudron de houille, ou de l'indigo) (LE MAREC, 2005), les chercheurs s'intéressèrent alors aux autres dérivés de l'aniline notamment la phénacétine (Figure 5) pour laquelle on découvrît des vertus antalgique et antipyrétique (LE MAREC, 2005 ; QUENEAU, 2006).

C'est ainsi aussi, selon LE MAREC (2005), que MORSE a réussi, en 1888, à obtenir un autre dérivé portant les mêmes propriétés analgésiques et antipyrétiques que l'acétanilide : il s'agit du para-acétamido-phénol communément appelé « paracétamol ».

Page 8

Hélas ! en 1893, JOSEPH VON MERING, un médecin allemand, comparant les propriétés antalgiques et antipyrétiques du paracétamol et de la phénacétine ainsi que leurs toxicités respectives, conclu que le paracétamol est beaucoup plus toxique pour le rein des malades que la phénacétine et donna la préférence à cette dernière, qui va, aux cotés de l'aspirine, jeter de l'ombre sur le paracétamol un demi-siècle durant (QUENEAU, 2005).

(a) (b) (c)

Figure 5 : Formules développées de l'aniline (ou phénylamine) (a), de la
phénacétine (b) et du paracétamol (c) (LE MAREC, 2005).

Cela a duré jusqu'en 1948, année où l'on s'aperçût de l'importante néphrotoxicité de la phénacétine chez des consommateurs chroniques (QUENEAU, 2005).

Par la suite, selon LE MAREC (2005) et QUENEAU (2006), d'autres études toxicologiques furent concluantes, preuves à l'appui, vis-à-vis des propriétés antalgique et antipyrétique et montrèrent une bonne tolérance de l'organisme au paracétamol.

Ainsi le docteur VON MERING avait commis une erreur et celle-ci est aujourd'hui attribuée à une contamination du paracétamol étudié par ce médecin, par une espèce chimique douée d'une forte néphrotoxicité (LE MAREC, 2005 ; QUENEAU, 2006).

Enfin en 1955, la Food and Drugs Administration (FDA) permit la commercialisation, et pour la première fois, du paracétamol aux États-Unis. À partir de ce moment, l'utilisation du paracétamol connu un tel essor qu'il est considéré aujourd'hui comme le plus populaire et le plus utilisé des antalgiques et antipyrétiques (QUENEAU, 2006).

Page 9

1.4- Caractéristiques du paracétamol :

1.4.1- Caractéristiques structurales :

Le paracétamol est un dérivé phénolique. Sa structure comporte donc un cycle benzénique substitué par un groupement hydroxyle et un groupement acétamide en position para (Figure 1).

Le paracétamol ne comporte pas de carbone asymétrique et n'a pas de stéréo-isomères (CLAYDEN et al, 2002).

1.4.2- Caractéristiques physico-chimiques :

Le paracétamol est un acide organique faible (pKa = 9,5) très liposoluble, qui se présente sous forme de poudre cristalline, blanche, inodore et de saveur amère (ELLIS, 2002 ; SERRIE et THUREL, 2002).

Le paracétamol est soluble dans l'eau froide et peut atteindre la limite de 14,3g/l, alors que dans l'eau chaude, les 50g/l, et dans l'éthanol, les 140g/l (ELLIS, 2002).

Sa masse molaire est de 151,17 g/mol.

1.4.3- Galénique :

Le paracétamol est commercialisé sous différentes formes galéniques pour adulte, pour enfant ou pour nourrisson :

pour l'adulte, le paracétamol se présente sous forme de comprimés (sécables ou effervescents), gélules ou poudre, dosés usuellement à 500mg (STORA, 2005) ; pour l'enfant ou le nourrisson, le paracétamol est sous forme de sachets ou suppositoires, dosés à 100 ou 500mg, ou encore de suspensions buvables (STORA, 2005).

Le paracétamol existe aussi (pour adulte et enfant) sous d'autres formes :

en comprimés orodispersibles (comprimés qui se dissolvent sur la langue et ne nécessitant pas la prise d'eau) (STORA, 2005) ;

en solution injectable (voie intraveineuse) où le paracétamol est sous forme d'une prodrogue « le proparacétamol », hydrolysable en paracétamol dans le plasma six minutes après son administration dans le rapport : 2g de proparacétamol conduisant à 1g de paracétamol (REMY, 2004).

Compte tenu de l'extrême veinotoxicité du proparacétamol, une nouvelle formulation galénique du paracétamol injectable (IV), où le paracétamol n'est pas sous forme de

Page 10

prodrogue, offrant une bien meilleure tolérance veineuse existe aussi (perfalgan) (MOREAU et al, 1992 ; ANNEQUIN, 2002 ; CAPDEVILA, 2004).

Le paracétamol est également commercialisé sous forme d'associations avec d'autres médicaments. Ces associations médicamenteuses ont pour but la potentialisation de l'effet analgésiant. Selon FAURE (2010), le paracétamol s'associe classiquement à :

des molécules de palier II comme la codéine (Codoliprane), le dextropropoxyphène (Di-Antalvic) ou le tramadol (Ixprim) ;

des molécules de pallier III comme l'opium (Lamaline) ;

des substances adjuvantes comme la caféine (Claradol caféine) ou l'acide ascorbique (Doliprane vitamine C) ;

des vasoconstricteurs (pseudo-éphédrine) ou des antihistaminiques pour la prise en charge des affections ORL (Actifed, Fervex, Rhinofébral,...).

un autre antalgique non morphinique, notamment l'aspirine (Afébryl et Véganine).

1.4.4- Caractéristiques pharmacologiques :

1.4.4.1- Caractéristiques pharmacocinétiques :

1.4.4.1.1- Absorption :

Administré par voie orale, le paracétamol est rapidement et presque totalement absorbé au niveau du tractus gastro-intestinal par diffusion passive. L'absorption est beaucoup plus rapide dans l'intestin grêle que dans l'estomac (RAINSFORD, 2004). Quoiqu'elle soit un peu ralentie par l'alimentation, l'absorption permet l'obtention d'un pic plasmatique au bout de 30 à 60 minutes après ingestion (BEGUE et ASTRUC, 1999). Le paracétamol subit une biotransformation hépatique dès le premier passage hépatique, quant à sa biodisponibilité absolue, elle est satisfaisante et avoisine les 80% (SERRIE et THUREL, 2002 ; ZETLAOUI et LENOBLE, 2004), voire les 90% pour les formes effervescentes (GAUDY, 1999).

Lors d'une administration rectale, l'absorption du paracétamol est aléatoire et son délai est plus long que celui d'une prise orale, d'ailleurs le pic plasmatique n'est obtenu qu'au bout de 2h (DE BROCA, 2005) avec une biodisponibilité réduite de 10 à 20% (SERRIE et THUREL, 2004).

Pour la voie injectable, l'administration du paracétamol en intraveineuse permet certes son passage direct dans la circulation, ce qui en fait d'ailleurs une voie privilégiée dans les cas d'urgence, mais en termes d'efficacité, celle-ci ne présente aucun avantage par rapport à la voie orale (ELLRODT, 2005).

Page 11

1.4.4.1.2- Distribution :

La distribution du paracétamol est rapide et uniforme : il diffuse dans tous les milieux liquidiens (sang, liquide céphalorachidien, salive, lait, liquide interstitiel) et tissus de l'organisme (SERRIE et THUREL, 2004).

Sa liaison aux protéines plasmatiques est faible (15 à 20 %) (POUCHAIN et al, 1996) et son volume de distribution varie de 0,9 à 1 l/kg (SERRIE et THUREL, 2004).

1.4.4.1.3- Métabolisme :

La demi-vie plasmatique du paracétamol est d'environ 2h (VIALA et BOTTA, 2005 ; BOUCHER et COHEN, 2007 ; GAUDY, 2009). Elle est très courte et témoigne ainsi d'une forte métabolisation dont ce médicament fait l'objet au niveau de l'organisme.

Le métabolisme du paracétamol est essentiellement hépatique en raison de la situation « carrefour » du foie, du débit sanguin élevé et de la richesse en enzymes diverses de cet organe. Il est aussi rénal, mais accessoirement (ZETLAOUI et LENOBLE, 2004).

Dans le foie comme dans les reins, le paracétamol est substrat d'enzymes microsomales (des transférases et des oxydases) qui le conjuguent en dérivés très hydrosolubles donc facilement excrétables (Figure 6).

Les transférases microsomales appartiennent à deux sous classes différentes :

l'uridine di-phosphate glucuronyl transférase (UDP-glucuronyl transférase) dont l'acide uridine-5'-diphospho-á-D-glucuronique (en abrégé : UDPGA) est le coenzyme, qui transforme le paracétamol en un dérivé glucuroconjugué par transfert de groupement glucuronate porté par le coenzyme (STERNER, 1999) ;

la sulfotransférase dont le coenzyme est le 3-phosphoadénosine-5'-phosphosulfate (en abrégé : PAPS), qui transforme le paracétamol en un dérivé sulfoconjugué par transfert de groupement sulfate inorganique porté par le coenzyme (HACHULLA et FLIPO, 1999).

Les oxydases sont des mono-oxygénases à cytochrome P450, essentiellement les cytochromes CYP2E1 et CYP3A4, qui transforment le paracétamol en N-acétyl-pbenzoquinone-imine (en abrégé : NAPQI) qui est ensuite conjugué au glutathion.

Page 12

Figure 6 : Diagramme représentant les différentes possibilités
de métabolisation du paracétamol (GAUDY, 2009).

De part l'importance de la glucuroconjugaison sur les autres formes de conjugaison, environ 55% du paracétamol ingéré subit une glucuroconjugaison. La sulfoconjugaison intervient quant à elle, pour 35% environ, alors que l'oxydation pour seulement 7%.

Il est à signaler également l'existence d'une variabilité individuelle et ethnique dans le métabolisme du paracétamol. Celle-ci porte sur le pool hépatique de glutathion, l'activité du CYP-450 et les phénotypes de glucoronidation et suggère que certains sous groupes de la population seraient plus vulnérables au paracétamol (SERAIFI et al, 2007).

Page 13

1.4.4.1.4- Elimination :

Comme le suggère sa demi-vie très courte (2 heures), le paracétamol est complètement éliminé dans les 24 heures qui suivent son ingestion.

Il est éliminé exclusivement dans les urines sous forme « inchangé » et sous forme de métabolites (dérivés conjugués) en lesquels il est transformé.

Son excrétion sous forme de dérivés conjugués (dérivé glucuronate, dérivé sulfate et NAPQI conjugué au glutathion) est la plus importante et représente 97% du paracétamol ingéré. Les 3% qui restent représentent la part qui revient à son excrétion sous forme inchangée.

La forme inchangée du paracétamol est filtrée au niveau glomérulaire, quant aux formes conjuguées, elles sont rapidement excrétées au niveau tubulaire (RANG et DALE, 2003).

Sous forme inchangée ou sous forme de métabolite, l'excrétion du paracétamol est indépendante du pH et du débit urinaires.

1.4.4.2- Caractéristiques pharmacodynamiques :

1.4.4.2.1- Doses actives :

L'action du paracétamol est dose dépendante mais avec un effet thérapeutique plafond à 1g (STORA, 2005 ; GALLET et DE MOULLIAC, 2009).

La dose efficace 50 (en abrégé : DE50) est de 45mg/kg/24h. Quant à la dose toxique 50 (en abrégé : DT50) elle est de 150mg/kg/24h soit au total une dose d'environ 10g pour un adulte de 70kg (JONES et DARGAN, 2008). Elle est de l'ordre de 125mg/kg/24h pour les adolescents. Paradoxalement, les enfants de moins de 10 ans tolèrent mieux le paracétamol, toutefois leur DT50 est mal déterminée (PERLMUTER et al, 2008). De plus le seuil de toxicité est bien plus bas chez les sujets à risque comme c'est le cas chez l'éthylique chronique adulte pour qui la DT50 est de 75mg/kg/24h (VINCENT, 2009).

La dose létale 50 (en abrégé : DL50) est de l'ordre de 2,4g/kg ce qui fait de lui un produit à grande marge thérapeutique.

1.4.4.2.2- Modes d'action et cibles moléculaires :

L'action antalgique et antipyrétique du paracétamol résulte de son inhibition de l'activité de la cyclooxygénase-3 (en abrégé : cox-3) produite par le cortex cérébral et qui y est responsable de la synthèse de prostaglandines (Figure 7) notamment de PGE2, un médiateur central de la douleur et de la fièvre, et de la cyclooxygénase-2b (en abrégé : cox-

Page 14

2b) produite par la moelle épinière pour la synthèse de prostaglandines médullaires en renforcement de la perception douloureuse en cas d'inflammation (GUEUGNIAUD et DE LA COUSSAYE, 2000 ; PELLISSIER et VIEL, 2000 ; WARNER et MITCHELL, 2002 ; MONTAGNIER et al, 2003 ; BERENBAUM, 2004 ; PINAUD et al, 2004 ; BEAULIEU, 2005 ; ROUSSEAU, 2007 ; REZENDE et al, 2008).

Figure 7 : Voies de biosynthèse des prostanoïdes, d'après
POCOCK et RICHARDS (2004).

Théoriquement, le paracétamol pourrait inhiber également les cyclooxygénases périphériques (Figure 8), notamment la cyclooxygénase-2 constitutive (en abrégé : cox-2 constitutive) et aurait une action anti-inflammatoire, sauf que son affinité pour celles-ci est faible et que ses capacités d'inhibition sont réduites en présence de fortes concentrations de peroxyde d'hydrogène (H2O2), condition totalement remplie lors du processus inflammatoire (CASAMAJOR et DESCROIX, 2009).

Page 15

Figure 8 : action du paracétamol, d'après WARNER et MITCHELL (2004).

Quant à la toxicité du paracétamol, elle est exercée par l'un des métabolites en lesquels il est transformé. Il s'agit en l'occurrence du NAPQI (N-acétyl-p-benzoquinoneimine) formé par l'action des mono-oxygénases à cytochrome P-450 sur le paracétamol.

Page 16

1.5- Indications thérapeutiques :

Le paracétamol est le traitement symptomatique indiqué pour les affections douloureuses d'intensité légère, et/ou fébriles (PINAUD et al, 2004).

Par ces deux actions pharmacologiques (antalgique et antipyrétique), le paracétamol intègre plusieurs traitements dans diverses disciplines médicales : pneumologie, rhumatologie, gastro-entérologie, chirurgie,...etc..

En effet, les cliniciens et thérapeutes préconisent le paracétamol dans des cas multiples et variés tels que : céphalées, migraines, amygdalites, angines, pharyngites, douleurs dentaires, douleurs postopératoires, états grippaux, bronchites, affections pulmonaires, rhumatismes, lombalgies, algies musculaires et tendineuses, ulcères, douleurs utérines, gastrites,...etc. (PELISSIER et VIEL, 2000 ; GERAUD et FABRE, 2001).

1.6- Contre-indications, effets indésirables et interactions médicamenteuses :

Les contextes où la prescription du paracétamol est contre indiquée sont très rares. Il est cité dans la littérature les cas d'hypersensibilité au paracétamol et l'insuffisance hépatocellulaire sévère.

Néanmoins selon ARDID (2009), certaines études, fortement controversées, suggèrent que le paracétamol potentialiserait l'effet anticoagulant de la warfarine et pourrait ainsi augmenter le risque d'hémorragie chez les patients recevant les deux médicaments simultanément.

Quant aux effets indésirables pouvant éventuellement accompagner un traitement au paracétamol, ils sont également très rares et QUENEAU et OSTERMANN (2004) parlent de dyspepsie, de manifestations cutanées de type rashes avec érythèmes, d'urticaire et/ou de prurit, de bronchospasme, d'anémie hémolytique, d'agranulocytose, de thrombopénie et d'hépatotoxicité, notamment en terrain vulnérable (hypersensibilité au paracétamol et insuffisance hépatocellulaire) et en présence de facteurs de risque (dénutrition, alcoolisme, certains médicaments,...etc.).

Selon PONS et PERRUSE-MENTHONNEX (2005), le paracétamol est le seul antalgique totalement dénué d'effet tératogène et foetotoxique ce qui fait de lui l'antalgique de choix pour les femmes enceintes et allaitantes. Néanmoins, une étude anglaise récente affirme que la fréquence de prise du paracétamol en fin de grossesse pourrait être associée au dédoublement du risque de wheezing (terme anglo-saxon désignant le sifflement caractéristique du rétrécissement des branches) chez le jeune enfant (SHAHEEN et al, 2002).

Page 17

En outre, certains autres effets indésirables attribuables non pas au paracétamol mais aux composants des excipients qui lui sont associés sont également à prendre en considération : c'est le cas par exemple de certains maux de tête et de la survenue de certaines tumeurs que certains auteurs imputent à la présence dans les formulations de paracétamol, d'aspartame, un dipeptide, utilisé comme édulcorant (BRUNNER et al, 2006).

1.7- Toxicologie du paracétamol :

1.7.1- Prévalence :

L'incidence de l'intoxication au paracétamol au cours des vingt dernières années est de 2 à 7% du total des intoxications médicamenteuses en France au moment ou elle atteint un taux de 48% au Royaume Uni (BRES et al, 2009).

En Algérie, le Centre Antipoison a enregistré, en 2008, six cas d'intoxication au paracétamol parmi les 3021 cas d'intoxications médicamenteuses (ANONYME, 2008), soit un taux d'environ 0,2%.

1.7.2- Circonstances :

L'intoxication au paracétamol est de plus en plus fréquente, et pour cause l'autoprescription (automédication).

Dans ce contexte, elle est involontaire, la plus fréquente, et due en général à des accidents domestiques (enfants croyant aux bonbons) ou thérapeutiques (erreurs de posologie et/ou de prescription).

Dans d'autres contextes, elle peut être volontaire et servir la poursuite d'un but suicidaire ou d'un but criminel. Néanmoins ces derniers contextes sont très rares du fait même de la difficulté de réalisation de cette intoxication.

1.7.3- Mécanisme d'action toxique :

Le « N-acétyl-p-benzoquinone-imine » (NAPQI) est un métabolite potentiellement toxique qui doit sa toxicité à sa capacité de se lier de façon covalente aux protéines hépatiques (LXR, ChREBP,...etc.) d'où résulte une lyse hépatocytaire (ASFAR, 2010).

Il est le produit de la transformation du paracétamol par les mono-oxygénases à cytochrome P-450 au niveau du foie.

A doses thérapeutiques, le NAPQI produit à raison de 7% de la dose de paracétamol ingérée, est facilement neutralisé par le biais de sa conjugaison au glutathion disponible au

Page 18

niveau du foie. Par conséquent, ses liaisons aux protéines intracellulaires sont limitées et leurs conséquences amorties.

A doses toxiques, les quantités de glutathion disponibles ne sont plus suffisantes relativement aux quantités de NAPQI produites du fait d'importantes quantités de paracétamol dans le foie mais aussi du fait de l'induction des mono-oxygénases à CYP-2E1 (Figure 9).

Figure 9 : diagramme représentant l'importance relative qu'acquiert la voie oxydative dans le
métabolisme du paracétamol lors d'une intoxication, d'après SERAIFI et al (2007).

Il s'en suit donc une accumulation de ce métabolite au niveau du foie et ses effets néfastes pour cet organe deviennent proportionnellement perceptibles et de plus en plus importants.

Page 19

1.7.4-Formes ciniques :

La toxicité du paracétamol s'exprime en général de manière aiguë, mais il arrive qu'elle s'exprime à long terme ou de manière chronique (KUPFERSCMIDT, 2004 ; SERAIFI, 2007).

La toxicité aiguë du paracétamol résulte de l'absorption d'une forte quantité en une seule prise ou en plusieurs mais à intervalles entre les prises très rapprochés (PELLISSIER et VIEL, 2000).

Dans la toxicité chronique, se manifestant de manière tardive, la majorité des cas enregistrés sont le plus souvent des personnes à risque (personnes alcooliques, dénutries et/ou sous certains traitements médicamenteux) et ayant consommé 5 à 6,5g de paracétamol par 24 heures et ce durant une période atteignant 6 à 8 semaines (LANE et al, 2002).

1.7.5- Symptomatologie :

L'intoxication aiguë au paracétamol se manifeste par peu de signes cliniques durant les premières 24 heures suivant l'ingestion d'une forte dose de paracétamol. Selon REICHL et al (2004), CHAIB (2007) et LACROIX et al (2007), il s'agit de :

légers maux d'origine digestive : perte d'appétit, nausées, vomissements, douleurs dans la partie supérieure de l'abdomen ;

pâleur ;

sensation de malaise général ;

paracétamolémie élevée pouvant donner une estimation du risque d'hépatotoxicité encouru par référence au nomogramme de RUMACK-MATTHEW (voir le diagnostic).

Néanmoins, passé un délai de 24 heures après pareille ingestion, il s'en suit une amélioration de la clinique observée (nausées, vomissements,...etc.), mais aussi les premiers indices de lésion hépatique sont détectés dans un bilan hépatique à travers :

l'élévation des taux des transaminases (aspartate amino-transférase, en abrégé : ASAT, et alanine amino-transférase, en abrégé : ALAT) : une élévation de 200 à 500 fois les valeurs normales, trahit lyse des cellules hépatiques.

une diminution des facteurs de coagulation ;

une augmentation du taux de prothrombine TP ;

une augmentation de la bilirubinémie.

Page 20

Après 48 heures, une hépatite cytolytique se déclare cliniquement sous forme, notamment, d'ictère, d'acidose métabolique, d'hypoglycémie, d'hémorragies internes au niveau du foie et d'encéphalopathie hépatique.

Au-delà du 5ème jour, et en dehors de toute prise en charge efficace, l'intoxication évolue et se traduit en des convulsions, des défaillances cardiovasculaires et des dépressions respiratoires, un coma et une mort certaine.

1.7.6- Facteurs de risque :

Les facteurs de risque incriminés sont au nombre de quatre (CARLI et al, 2004 ;

REICHL et al, 2004 ; OSMANN et al, 2007 ; SERAIFI et al, 2007 ; LEVY, 2009) : la déplétion des réserves en glutathion ;

la consommation d'inducteurs des mono-oxygénases à CYP-450 ;

la prise d'inhibiteurs des glucoronyl transférases ;

la variabilité interindividuelle et interethnique.

1.7.6.1- Déplétion des réserves en glutathion :

La déplétion des réserves en glutathion est en général due au jeûne prolongé ou à la dénutrition.

Elle a pour conséquence l'abaissement du seuil de toxicité. En effet, l'augmentation du taux de liaison du NAPQI aux protéines hépatiques est directement liée à un appauvrissement en glutathion (Figure 10).

Page 21

Figure 10 : Graphe montrant la relation inverse entre la teneur en glutathion dans le foie et le
taux de liaison du NAPQI avec les protéines de cet organe (REICHEL et al, 2004).

1.7.6.2- Inducteurs du cytochrome P-450 :

Les mono-oxygénases à CYP-450 sont des enzymes inductibles. Plusieurs substances induisent leur synthèse. Il s'agit notamment d'éthanol et de certains médicaments (phénobarbital, phénytoïne, carbamazépine, isoniazide, rifampicine,...etc.).

1.7.6.3- Inhibiteurs de la glucoronyltransférase :

Les substances inhibitrices de la glucoronyltransférase rapportées dans la littérature (OSMANN et al, 2007) sont des médicaments tels que le triméthoprime-sulfaméthoxazole et la zidovudine.

1.7.6.4- Variabilité interindividuelle et interethnique :

La variabilité interindividuelle et interethnique porte sur le pool hépatique en glutathion, l'activité du CYP-450 et les phénotypes de glucoro-conjugaison et suggère que certains sous groupes de la population seraient plus vulnérables au paracétamol (SERAIFI et al, 2007).

Page 22

1.7.7- Diagnostic :

Le diagnostic de l'intoxication au paracétamol repose avant tout sur les données anamnestiques (collectées par interrogation du patient et/ou proches), l'examen clinique et un dosage de la paracétamolémie.

Complémentairement, des examens biologiques (dosage des transaminases) ne feront que confirmer l'intoxication (REICHL, 2004 ; LACROIX et al, 2007 ; PERLMUTER et al, 2008 ; CNERM, 2009).

La paracétamolémie déterminée dans les premières 24 heures suivant l'ingestion est judicieuse et permet une évaluation du risque d'hépatotoxicité encouru grâce au nomogramme de RUMACK-MATTHEW (Figure 11).

Figure 10 : Nomogramme de RUMACK-MATTHEWS mettant en relation la concentration
plasmatique du paracétamol (ordonnées), le temps en heures après l'ingestion (abscisses) et
la gravité de l'intoxication (surface du graphe), d'après LACROIX et al (2007).

Page 23

Le nomogramme de RUMACK-MATTHEW représente un graphique donnant en abscisses le temps écoulé après ingestion d'une dose inconnue de paracétamol et en ordonées la concentration plasmatique en paracétamol, et partagé diagonalement par deux doites parallèles en deux zones de risque de toxicité : la zone supérieure où l'intoxication est possible et la zone inférieure où le risque de toxicité est nul.

Par le point du graphique correspondant à la valeur de la paracétamolémie mesurée, coincidée avec la valeur présumée du temps écoulé après l'ingestion du paracétamol, une droite parallèlle aux doites partageant le graphique en deux zones de risque de toxicité, est tracée et son point d'intersection avec l'axe des ordonnées donne la dose de paracétamol présumée ingérée (LACROIX et al, 2007)

Néanmoins il faut savoir que ce nomogramme est ininterprétable et inutile avant la 4ème heure et au-delà de la 24ème heure après ingestion, ainsi que lorsque la dose est ingerée de façon fractionnée, et lorsqu'il s'agit de personnes à risque (LACROIX et al, 2007).

1.7.8- Traitement :

Dans le domaine de l'intoxication médicamenteuse en général, les thérapeutes procèdent selon le cas par les quatre types de traitements suivant : le traitement évacuateur, le traitement épurateur, le traitement symptomatique et/ou le traitement antidotique.

Dans le cas de l'intoxication au paracétamol, il est fait recours seulement aux traitements évacuateur et/ou antidotique. Cependant, et lorsque le traitement antidotique s'avère inutile du fait de la gravité de l'intoxication (dose et/ou temps d'exposition extrêmement importants), la transplantation hépatique peut également être envisagée (DROZ, 2008).

1.7.8.1- Traitement évacuateur :

L'évacuation peut s'effectuer par lavage gastrique à l'eau en utilisant une sonde de gros calibre adapté à un entonnoir, ou par l'administration de charbon activé dont le complexe formé avec le médicament, est éliminé dans les selles (LACROIX et al, 2007 ; JONES et DARGAN, 2008).

Dans l'intoxication au paracétamol cette dernière procédure (emploi de charbon activé) est habituellement utilisée : 1g/kg de poids corporel du patient est administré par voie orale (JONES et DARGAN, 2008).

Toutefois, il faut savoir que, consistant à vider l'estomac du médicament, ce traitement est inutile passé un délai d'une heure après ingestion en raison de la vitesse d'absorption

Page 24

élevée (30 à 60 minutes) du paracétamol par la muqueuse gastro-intestinale (LACROIX et al, 2007).

1.7.8.2- Traitement antidotique :

Le traitement antidotique est un traitement efficace et repose sur l'emploi d'un remède, appelé « antidote », capable de neutraliser la substance toxique.

Dans le cas du paracétamol, l'antidote est l'acétylcystéine (Figure 13), un agent mucolytique ayant des vertus antidotique contre ce médicament (DROZ, 2008).

Figure 13 : formule semi-développée du N-acétyl-L-cystéine,
d'après TOOLANEY et al (2007).

Le N-acétyl-L-cystéine (en abrégé : NAC) est la forme acétylée de la cystéine. Il est naturellement produit par le corps ou apporté par l'alimentation (consommation d'ail, d'oignons, d'oeufs, de brocolis,... etc..

Son administration à un patient intoxiqué par le paracétamol, permet d'apporter à son organisme la cystéine nécessaire à la biosynthèse de glutathion (Figure 14) et par là même, d'augmenter son pool de glutathion, et de le prémunir contre l'hépatotoxicité.

Le NAC est efficace et son effet est certain lorsque son administration s'est faite dans les 10 heures suivant l'ingestion du paracétamol (VAUBOURDOLLE, 2007, LACROIX et al, 2007).

Page 25

Figure 14 : Diagramme représentant les étapes de la biosynthèse du glutathion
à partir de la NAC, d'après KENNON et HEARD (2008).

En absence de troubles de conscience et de vomissements, l'administration du NAC se fait par voie orale, mais en présence de tels troubles, elle se fait en intraveineuse pendant 20 heures et relayée ensuite par la voie orale pendant au moins 52 heures (BEDRY et al, 2007).

Le protocole oral consiste en l'administration d'une dose de charge de 140mg/kg suivie de doses d'entretien de 70mg/kg toutes les 4 heures pendant 72 heures.

Dans le protocole intraveineux, le NAC est administré en solution dans du glucose à 5%. La dose de charge est de 140 mg/kg en une heure. Elle est suivie de 50 mg/kg en 4 heures, puis de 100 mg/kg en 15 heures, et enfin d'un relais per os (voie orale) de 70 mg/kg toutes les 4 heures pendant 52 heures.

Page 26

II/ Matériel et méthodes :

Notre travail a porté sur la mesure de l'impact toxique de la prise de paracétamol à dose thérapeutique (1g toutes les quatre heures pendant douze heures) chez 11 alcooliques volontaires adultes et sur l'évaluation du risque encouru par deux intoxiqués au paracétamol.

Pour cela, nous avons réalisé une partie de notre expérimentation (analyses quantitatives et qualitatives du paracétamol dans le sang et les urines) au niveau du Laboratoire de Toxicologie du Département de Pharmacie de la Faculté de Médecine de l'Université Mouloud MAMMERI de Tizi Ouzou, sous la direction du Docteur MEKACHER L.R., chargé de cours au sein de cette même faculté, et sous la co-direction de Monsieur SMAIL R., Maître-assistant chargé de cours au Département de Biochimie-Microbiologie, de la Faculté des Sciences Biologiques et des Sciences Agronomiques de la même université.

L'autre partie (détermination des bilans hépatiques) nous l'avons réalisée au Laboratoire Central de Biochimie du Centre Hospitalo-universitaire (CHU) NEDIR MOHAMED de Tizi-Ouzou où le Docteur MEKACHER L.R., assure la fonction de praticien de santé publique.

2.1- Matériel :

2.1.1- Échantillons :

Sang et urines humains.

2.1.2- Appareillage :

Balance de précision ; Doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9 ; plaque chauffante ; spectrophotomètre UV- visible ; centrifugeuse.

2.1.3- Produits et réactifs :

- Acides : acide chlorhydrique et acide trichloracétique.

- Sels : chlorure ferrique, hydroxyde de sodium, nitrite de sodium, sulfamate d'ammonium.

- Alcools et autres solvants organiques : acétone, chloroforme, éthanol, éther diéthylique.

- Réactifs spécifiques : réactif T-BIL, réactif D-BIL, réactif ASAT, réactif ALAT, réactif PAL et réactif GGT.

Page 27

- Paracétamol : Prodafalgon 10g/l (paracétamol injectable) ; Doliprane 1000mg (paracétamol en comprimés).

2.1.4- Autres :

Verrerie usuelle de laboratoire, pipettes, plaques de gel de silice pour CCM, épicrâniennes, gants, papier aluminium et autres ustensiles.

2.2- Méthodes :

2.2.1- Echantillonnage :

2.2.1.1- Evaluation du risque encouru par deux présumés intoxiqués au paracétamol :

Les échantillons de sang analysés en vue de cette évaluation, proviennent de deux patients admis, l'un (un jeune homme de 23 ans) au Centre National de Toxicologie (CNT) d'Alger, pour avoir consommé, dans un but suicidaire, plus de 13g de paracétamol en 3 heures, l'autre (un homme de 50 ans, aux antécédents psychotiques) au pavillon des urgences de médecine du Centre Hospitalo-universitaire (CHU) NEDIR MOHAMED de Tizi-Ouzou, dans un état comateux, pour avoir consommé par voie orale une grande quantité de médicaments dont le paracétamol.

Pour le patient du CNT, un échantillon d'urines a également été analysé.

2.2.1.2- Mesure de l'impact toxique de la prise de paracétamol à dose

thérapeutique chez 11 alcooliques volontaires adultes :

Les 11 personnes qui ont aimablement et volontairement participé à cette étude sont de sexe masculin et appartiennent tous à la tranche d'âge [45 - 50] ans. Ils sont tous alcooliques en ce sens qu'il ne passe pas un jour sans qu'ils en consomment de l'alcool.

Un prélèvement sanguin par jour à 8 heures du matin et ce pendant trois jours, a été effectué à jeun sur chacun de ces participants à cette étude.

Les deux premiers prélèvements étaient effectués sans prise préalable de paracétamol par chacun de ces volontaires alors que pour le troisième, une consommation préalable de ce médicament a été organisée et a commencé le deuxième jour à 8h30 du matin, c'est-à-dire, juste après le deuxième prélèvement, et a pris fin le même jour à 20h30. La dose ingérée par chacun d'eux était de 1g toutes les 4 heures pendant 12 heures.

Les prélèvements sanguins sont réalisés dans des tubes héparinés et étiquetés aux noms des individus.

Page 28

Aussitôt après prélèvement, les tubes de sang ainsi recueillis sont centrifugés et un bilan hépatique est déterminé sur chacun des sérums obtenus.

2.2.2- Chromatographie sur couche mince des urines du patient présumé intoxiqué au paracétamol admis au CNT d'Alger :

La chromatographie sur couche mince a été réalisée pour l'échantillon d'urines et avait pour but la recherche de paracétamol.

Dans une ampoule à décantation, 20ml d'urines du patient du CNT sont mélangés avec 1ml d'acide chlorhydrique 6N et 20ml d'éther diéthylique. Le mélange obtenu est agité pendant 2 minutes et laissé ensuite au repos jusqu'à complète séparation des deux phases : la phase organique constituée par l'éther diéthylique et la phase aqueuse constituée par l'eau des urines (Figure 14).

Figure 14 : Photographie de l'ampoule à décantation du mélange urines et éther diéthylique en présence d'acide chlorhydrique : la phase organique contenant le paracétamol est en dessus.

La phase organique est récupérée dans une soucoupe et laissée s'évaporer sur une plaque chauffante. Le résidu sec obtenu est repris dans de l'éthanol. Une solution alcoolique de paracétamol pur est préparée avec le même éthanol pour servir d'étalon (ou témoin).

Un spot de chaque solution alcoolique ainsi obtenue est déposé sur une plaque de gel de silice pour CCM. Cette dernière est ensuite placée dans une cuve de chromatographie contenant 9 volumes de chloroforme et 1 volume d'acétone.

Après développement, une révélation au chlorure ferrique 0,4 M est effectuée.

Page 29

2.2.3- Dosage spectrophotométrique du paracétamol dans le sang des patients présumés intoxiqués au paracétamol :

Le dosage du paracétamol n'a porté que sur le sang des deux patients admis pour intoxication médicamenteuse au CNT d'Alger et au pavillon des urgences du CHU de TiziOuzou, respectivement.

Le but de ce dosage était l'évaluation du danger encouru par ces personnes à travers une mesure de leurs paracétamolémies.

2.2.3.1- Principe :

Ce dosage spectrophotométrique du paracétamol repose sur la capacité qu'a le 3-nitro 4-hydroxyacétanilide, produit par la réaction du paracétamol en milieu acide avec les ions nitrites, de prendre une teinte jaune orangé en milieu alcalin (Figure 15) et d'avoir un maximum d'absorption spécifique à 405 nm.

La paracétamolémie est déterminée par référence à une courbe d'étalonnage obtenue grâce à une gamme de solutions de paracétamol pur de concentrations connues.

Figure 15 : Equations des réactions du paracétamol avec les ions nitrites et du 3-
nitro 4-hydroxyacétanilide produit avec les ions hydroxydes.

2.2.3.2- Mode opératoire :

2.2.3.2.1- Préparation des solutions « étalon » de paracétamol :

Des solutions « étalon » de paracétamol de concentrations respectives de 0, 50, 100, 200 et 400mg/l, sont préparées en dissolvant du paracétamol pur dans du sérum blanc (sérum d'une personne n'ayant pas consommé de paracétamol).

Page 30

2.2.3.2.2- Préparation des échantillons :

Les échantillons de sang sont centrifugés pour éliminer les cellules sanguines et le paracétamol est dosé directement ensuite dans le sérum ainsi obtenu.

2.2.3.2.3- Préparation du mélange réactionnel et mesure de l'absorbance : Ajouter 2ml d'acide trichloracétique (100g/l) à 1ml de prise d'essai (sérum ou solution « étalon ») puis mélanger et centrifuger pendant 5 minutes (1er mélange).

Dans un autre tube, ajouter 1ml d'acide chlorhydrique (6N) à deux 2ml de solution de nitrite de sodium (100g/l) et mélanger (2ème mélange).

Ajouter 2ml du surnageant du premier mélange obtenu au second mélange, agiter et laisser reposer pendants 2 à 3 minutes à la température ambiante.

Ajouter 2ml de solution de sulfamate d'ammonium (150g/l) goutte à goutte, pour éliminer l'excès d'acide nitreux.

Ajouter 2ml de solution d'hydroxyde de sodium (6M), agiter rapidement pour éviter d'éventuelles bulles de gaz.

Mesurer l'absorbance à 405nm par rapport au blanc préparé avec du sérum.

2.2.4- Détermination du bilan hépatique :

Le bilan hépatique effectué consiste en le dosage dans le sérum des principaux marqueurs moléculaires de lésions hépatiques, que sont les transaminases (ASAT et ALAT), les phosphatases alcalines (PAL), la gamma glutamyl transférase (GGT), la bilirubine totale (T-BIL) et la bilirubine directe (D-BIL).

La quantification de tous ces paramètres a été effectuée automatiquement en utilisant le doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9 du Laboratoire Central de Biochimie du CHU de Tizi-Ouzou (Figure 16).

Page 31

Figure 16 : Photographie du doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9.

du Laboratoire Central de Biochimie du CHU de TiziOuzou.

 

Pour tous les paramètres, cet appareil mesure la variation de l'absorbance par rapport à un blanc, à la suite d'une réaction en présence d'un réactif spécifique (Tableau I).

Les espèces chimiques produites lors de chaque réaction, absorbent chacune à une longueur d'onde qui lui est spécifique (Tableau I).

Les principes de dosage de ces paramètres sont cités en annexe 1.

Tableau I : Spécification des réactifs pour doseur Beckmann Coulter à système SYNCHRON CX-9.

Réactif

Composition

ë
d'absorption
(nm)

ASAT

á- cétoglutarate, malate Déshydrogénase, L-aspartate, NADH.

340

ALAT

á- cétoglutarate, lactate déshydrogénase, L-alanine, Tampon tris, NADH.

340

PAL

p-Nitrophénylphosphate, 2-amino-2-méthyl-1-propanol.

410

GGT

ã-glutamyl-p-nitroaniline, glycyl-glycine.

410

T-BIL

Benzoate de sodium, caféine, acide sulfanique, acide chlorhydrique, nitrite de sodium, acétate de sodium.

520

D-BIL

Acide sulfanique, acide chlorhydrique, Nitrite de sodium.

560

Page 32

2.2.5- Étude statistique :

Pour la pondération des fluctuations des mesures effectuées et la détermination de la signification des résultats obtenus, notamment pour la mesure de l'impact toxique de la prise de paracétamol à dose thérapeutique (1g toutes les quatre heures pendant douze heures) chez 11 alcooliques volontaires adultes, nous avons calculé les paramètres statistiques élémentaires (moyennes, variances et écart-types) et procédé au test de STUDENT aux risques 5 et 1 %, manuellement et automatiquement en utilisant le logiciel STATISTICA.

Page 33

III/ Résultats et discussion :

3.1- Evaluation du risque encouru par les présumés intoxiqués au paracétamol

3.1.1- CCM sur gel de silice :

Le chromatogramme de la CCM sur gel de silice effectuée pour les urines du patient admis au CNT d'Alger, est donné en figure 18.

Nous pouvons y constater, que seulement sur le trajet des deux spots initialement déposés sur la plaque de gel de silice, qu'il y a apparition de tâches grisâtres, comme attendu, après développement et révélation au chlorure ferrique 0,4M.

Témoin Echantillon

Sens de migration

Figure 18 : Chromatogramme de CCM sur gel de silice des urines du patient admis au CNT d'Alger pour intoxication au paracétamol.

Les tâches noirâtres correspondent au paracétamol après réaction avec le chlorure ferrique 0,4M.

Ces tâches sont le produit de la réaction du paracétamol avec le chlorure ferrique 0,4M. Elles se présentent à la même hauteur sur la plaque et leurs Rf sont égaux à 0,26.

Elles ont des intensités de la couleur différentes, donc des concentrations en paracétamol différentes entre la solution témoin et l'échantillon. Mais cela ne renseigne pas

Page 34

cependant sur la concentration du paracétamol dans les urines et encore moins sur la dose ingérée ni sur le risque et le danger encourus par le patient.

Néanmoins, ce résultat atteste ainsi de la consommation du paracétamol par le patient et confirme les données anamnestiques préalablement recueillies auprès des patients euxmêmes ou auprès de leurs proches.

Pour l'évaluation du risque, un dosage du paracétamol dans le sang est nécessaire.

3.1.2- Dosage spectrophotométrique du paracétamol dans le sang des patients présumés intoxiqués au paracétamol :

Le dosage spectrophotométrique du paracétamol a été effectué et sur le sang du patient admis au CNT d'Alger que sur le sang du patient admis au pavillon des urgences du CHU de Tizi-Ouzou.

Nous désignerons par C1, la concentration en paracétamol dans le sang du patient du CNT, et par C2, la concentration en paracétamol dans le sang du patient du CHU de TiziOuzou.

Les valeurs des densités optiques mesurées à 405 nm, correspondantes à chaque concentration en paracétamol dans chaque prise d'essai (échantillons de sang et solutions « étalon ») sont données dans le tableau II ci-dessous :

Tableau II : Résultats des absorbances mesurées à 405 nm.

 

Gamme étalon

Echantillons de sang

Concentration (mg/l)

0

50

100

200

400

C1

C2

Absorbance à 405 nm

0

0,0431

0,1249

0,2754

0,5049

0,7070

0,0089

La détermination des valeurs des concentrations en paracétamol C1 et C2 dans les sérums des deux patients présumés intoxiqués par ce médicament, est réalisée graphiquement grâce au tracé obtenu en mettant en abscisses, les concentrations connues des solutions « étalon », et en ordonnées, les absorbances correspondantes (Figure 18).

Les valeurs des absorbances mesurées pour chaque échantillon de sérum des deux patients, sont portés sur l'axe des ordonnées de ce graphique ci-dessus, et par projection sur la droite et de celle-ci sur l'axe des abscisses, les concentrations C1 et C2 qui leur correspondent sont lues directement sur l'axe des abscisses. Elles sont égales à 554 mg/l pour C1 et à 10 mg/l pour C2, soit en ìmol/l, 3665 et 66, respectivement.

Page 35

Par référence au nomogramme de RUMACK-MATTHEWS (Figure 11), à 5 heures après ingestion, pour le patient du CNT d'Alger et à 10 heures après ingestion, pour le patient du CHU de Tizi-Ouzou, les doses en paracétamol ingérées par le premier patient sont extrêmement élevées ce qui l'expose à d'énormes risques et par conséquent il doit être rapidement mis sous antidote, alors que pour le deuxième patient, les doses ingérées ne sont pas toxiques voire qu'elles sont même en deçà du seuil thérapeutique. Néanmoins, le temps écoulé depuis l'ingestion du paracétamol est très élevé eu égard à la demi-vie très courte de ce médicament. En effet, quelque soit la dose ingérée, le produit est pratiquement totalement éliminé au bout de 7 fois sa demi-vie plasmatique. Ce qui n'est pas le cas du NAPQI résultant de son catabolisme. Par conséquent à ce stade de l'analyse, nous sommes dans l'incapacité d'infirmer de façon catégorique la possible intoxication de ce patient par du paracétamol, à moins que son coma à l'arrivée au pavillon des urgences soit du réellement à l'un ou à tous les autres médicaments qu'il avait pris concomitamment au paracétamol.

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

50; 0,0471

100; 0,1279

400; 0,5079

200; 0,2754

0 0; 10; 0,0099

5

Figure 18 : Courbe d'étalonnage du dosage spectrophotométrique du paracétamol
dans le sang des patients présumés intoxiqués par ce médicament.

Page 36

3.1.3- Conclusion :

Au vu de tous ces résultats ci-dessus, nous concluons que sur les deux présumés intoxiqués au paracétamol, un seul (le patient du CNT d'Alger) l'est véritablement, et coure un grand danger lié à la présence dans son organisme d'importantes quantités de paracétamol et de son métabolite toxique, en l'occurrence le NAPQI, qui attaque le foie. Pour cela, il doit être rapidement mis sous antidote.

Quant à l'autre (le patient du CHU de Tizi-Ouzou), les résultats obtenus montrent qu'il n'a pas ingéré de fortes doses de paracétamol. Néanmoins, lui aussi coure un danger dans la mesure où le coma dans lequel il est tombé le retentit fort bien. Ce danger n'est pas lié à son ingestion de paracétamol mais à une autre cause dont d'autres médicaments présumés ingérés concomitamment à de petites doses de paracétamol.

Par ailleurs, nous constatons que le recours à la chromatographie sur couche mince pour la recherche d'une présence de paracétamol ou d'un tout autre produit dans l'organisme, est inutile voire une perte de temps en regard de l'urgence de la situation.

En effet, la simple constatation de visu de la teinte jaune orangé (Figure 19) du 3-nitro 4-hydroxyacétanilide, produit par la réaction du paracétamol en milieu acide avec les ions nitrites, lors du dosage de ce médicament, avant même la lecture de l'absorbance au spectrophotomètre, suffit et permettrait un gain de temps dans la mesure où, d'une pierre deux coups, le risque encouru est évalué au travers de la paracétamolémie, aussitôt la présence de paracétamol dans l'organisme révélée.

Page 37

(a) (b)

Figure 19 : Photographies montrant la différence de coloration entre un mélange
réactionnel (milieu acide avec ions nitrites) contenant du paracétamol (b) et un
mélange ne contenant pas (a).

3.2- Mesure de l'impact hépatotoxique de la prise de paracétamol à dose thérapeutique chez 11 alcooliques volontaires adultes :

Etant donné que l'éthanol est un inducteur des mono-oxygénases à CYP-450, responsable de la transformation du paracétamol en NAPQI, ce métabolite hépatotoxique, plaçant ainsi les alcooliques parmi les personnes à risque d'intoxication au paracétamol, nous avons choisi un petit groupe de 11 individus de sexe masculin, appartenant à la tranche d'âge [45-50] ans, consommant quotidiennement de l'alcool, à fin de mesurer l'impact hépatotoxique de la prise de paracétamol à dose thérapeutique, soit 1g toutes les quatre heures.

Etant donné aussi que la cytolyse hépatique est l'un des principaux et premiers signes de cette hépatotoxicité, nous sommes partis du principe que les taux plasmatiques des transaminases hépatiques ASAT et ALAT, devraient forcément augmenter (DOROSZ, 2003) sous l'effet du paracétamol et ce d'autant plus, que le sujet est une personne à risque.

Ainsi, notre mesure de cet impact hépatotoxique est-elle réduite à la comparaison entre les taux plasmatiques de ces transaminases avant et durant une consommation de paracétamol.

Page 38

Afin de juguler d'éventuelles fluctuations non liées à la consommation de paracétamol, nous avons dosé ces paramètres un premier puis un deuxième jour avant cette consommation et comparé les résultats obtenus.

Les taux plasmatiques de la bilirubine totale, de la bilirubine conjuguée (ou bilirubine directe), de la phosphatase alcaline et de la gamma-glutamyl transférase, dont l'augmentation est révélatrice d'une cholestase (DOROSZ, 2003), sont également comparés.

Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau III ci-dessous. Les valeurs trouvées pour chacun des paramètres mesurés se situent dans les fourchettes normales, hormis de légères augmentations apparentes concernant les taux de bilirubine conjuguée chez l'individu D, et les taux d'ASAT chez les individus B, H et K, et ce avant et durant la consommation de paracétamol, notamment pour la bilirubine conjuguée chez l'individu D et pour l'ASAT chez l'individu K.

Néanmoins, notre but n'est pas de mettre en évidence l'augmentation anormale des taux de ces marqueurs. Nous recherchons plutôt s'il y a ou pas une augmentation significative des taux sous l'effet de la consommation du paracétamol chez chaque individu.

Or chez neuf individus sur onze pour les taux d'ASAT, huit individus sur 11 pour les taux d'ALAT, et dix individus sur 11 pour les taux de GGT, nous avons enregistré une augmentation apparente durant la consommation de paracétamol (Figure 20).

Page 39

Tableau III : taux plasmatiques mesurés pour les marqueurs moléculaires de l'hépatolyse et de la cholestase, chez 11 alcooliques volontaires adultes, avant et durant une consommation de 1g de paracétamol toutes les 4 heures.

 

Prélèvement

Individu

Valeurs
normales
(DOROSZ,
2003)

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

TBIL (mg/l)

I (1er jour)

4

6

3

8

4

4

8

6

6

6

9

= 10mg/l

II (2èmejour)

4

7

4

7

3

5

9

5

7

5

9

III(3èmejour)

5

6

3

7

3

5

8

6

7

6

8

DBIL (mg/l)

I (1er jour)

2

3

2

4

2

1

3

1

2

1

1

= 3mg/l

II (2èmejour)

2

3

3

4

2

1

3

1

2

1

1

III(3èmejour)

2

3

2

4

2

1

2

1

2

1

1

ASAT (UI/l)

I (1er jour)

25

28

22

25

23

25

22

26

27

26

31

= 30UI/l

II (2èmejour)

25

27

21

26

20

24

24

29

25

25

30

III(3èmejour)

25

31

25

28

21

29

23

33

29

29

34

ALAT (UI/l)

I (1er jour)

20

23

17

19

15

18

20

23

14

12

22

= 35UI/l

II (2èmejour)

22

24

16

19

14

18

19

22

12

15

21

III(3èmejour)

22

27

19

21

15

20

22

26

18

17

24

PAL (UI/l)

I (1er jour)

110

114

89

98

120

89

90

102

75

120

114

40-130
UI/l

II (2èmejour)

110

113

94

98

121

90

89

105

78

126

108

III(3èmejour)

110

116

99

95

120

90

94

100

70

125

117

GGT (UI/l)

I (1er jour)

21

19

18

23

19

21

21

22

30

19

30

= 35UI/l

II (2èmejour)

20

18

18

23

20

20

22

23

32

19

35

III(3èmejour)

24

22

20

25

21

22

23

20

31

20

33

Mais à fin de juger de la signification de ces augmentations apparentes, nous avons calculé les paramètres statistiques élémentaires (moyennes, variances et écart-types) et procédé au test de STUDENT pour échantillons appariés aux risques 5 et 1 %.

Les résultats auxquels nous sommes parvenus (Tableau IV), indiquent qu'il n'existe aucune différence significative lorsqu'on compare les taux de T-BIL, D-BIL, PAL, ASAT, ALAT et GGT mesurés un jour avant la consommation de paracétamol à ceux mesurés deux jours avant.

Aucune différence significative n'est enregistrée également lorsqu'on compare les taux de T-BIL, D-BIL et PAL mesurés un jour avant et ceux mesurés deux jours avant, aux taux des mêmes paramètres mesurés durant la consommation de 1 g de paracétamol toutes les 4 heures et ce durant douze heures.

L'absence de différence significative lorsqu'on compare le taux de GGT mesuré un jour avant la consommation de paracétamol au taux mesuré durant le traitement, est également signalée.

Page 40

En revanche, la comparaison des taux de ASAT et ALAT mesurés un jour avant et ceux mesurés deux jours avant la mise sous traitement au paracétamol, ainsi que le taux de GGT mesuré deux jours avant, aux taux des mêmes marqueurs moléculaires mesurés durant le traitement, montre une différence significative aux risques á = 0,05 et á = 0,01.

Cela voudrait dire que la consommation de paracétamol à dose thérapeutique seulement pendant douze heures par les alcooliques, est suffisante pour engendrer une cytolyse hépatique.

Qu'est ce que ça serait si la durée était prolongée et le foie déjà malade ? La cytolyse serait plus étendue et le processus inflammatoire qu'elle ne manquerait de déclencher alors se muerait en hépatite et entraînerait à la longue une fibrose et/ou une cholestase voire une nécrose hépatique.

Chez nos volontaires, si aucun signe de cholestase n'a été décelé, c'est parce que leurs foies sont encore en bon état comme l'attestent leurs bilans hépatiques normaux (Tableau III) et que la durée du traitement au paracétamol subit, n'est pas importante eu égard à la durée nécessaire pour le développement d'une pareille pathologie.

Chez les non alcooliques, la consommation régulière et assez prolongée de paracétamol pour lutter volontiers contre la douleur liée à une migraine ou à une arthrose par exemple, pourrait aussi entraîner une cytolyse hépatique car aussi infime soit-elle la quantité de NAPQI produite, une partie se fixe inévitablement sur les protéines hépatiques. Et lorsque la régénération de celles-ci n'arrive plus à combler le vide laissé du fait de la fréquence de plus en plus raccourcie, des prises de ce médicament, la cytolyse deviendrait effective voire s'étendrait de plus en plus jusqu'à initiation du processus inflammatoire.

C'est dire, enfin, que l'automédication est à bannir même s'il s'agit de paracétamol.

Tableau IV : Résultats du calcul des paramètres statistiques élémentaires et du test t de
STUDENT pour échantillons appariés N = 11 et ddl = 10.
Les différences significatives aux risques á = 0,05 et á = 0,01 sont signalées en rouge.

 

Moyenne

Ecart-type

N

Différence
des
Moyennes

Ecart-type
estimé

t

ddl

TBIL I

5,81818182

1,94000937

11

0,09090909

0,94387981

0,31943828

10

TBIL II

5,90909091

2,02259959

 

TBIL I

5,81818182

1,94000937

11

0

0,77459667

0

10

TBIL III

5,81818182

1,72152153

Page 42

 

TBIL II

5,90909091

2,02259959

11

0,09090909

0,83120941

0,36273813

10

TBIL III

5,81818182

1,72152153

 

DBIL I

2

1

11

0

 
 

10

DBIL II

2

1

 

DBIL I

2

1

11

0,09090909

0,30151134

1

10

DBIL III

1,90909091

0,94387981

 

DBIL II

2

1

11

0,09090909

0,30151134

1

10

DBIL III

1,90909091

0,94387981

 

ASAT I

25,4545455

2,65945996

11

0,36363636

1,7477258

0,69006556

10

ASAT II

25,0909091

2,98176275

 

ASAT I

25,4545455

2,65945996

11

2,45454545

2,29624199

3,54527369

10

ASAT III

27,9090909

4,06090003

 

ASAT II

25,0909091

2,98176275

11

2,81818182

1,99088834

4,69481463

10

ASAT III

27,9090909

4,06090003

 

ALAT I

18,4545455

3,67052139

11

0,09090909

1,51357494

0,19920477

10

ALAT II

18,3636364

3,77551923

 

ALAT I

18,4545455

3,67052139

11

2,54545455

1,36847626

6,16913709

10

ALAT III

21

3,71483512

 

ALAT II

18,3636364

3,77551923

11

2,63636364

1,5666989

5,5810526

10

ALAT III

21

3,71483512

 

PAL I

101,909091

14,9228318

11

1

3,28633535

1,00921678

10

PAL II

102,909091

14,5839264

 

PAL I

101,909091

14,9228318

11

1,36363636

4,1538591

1,08878757

10

PAL III

103,272727

16,1684316

 

PAL II

102,909091

14,5839264

11

0,36363636

4,88411153

0,2469324

10

PAL III

103,272727

16,1684316

 

GGT I

22

4,21900462

11

0,72727273

1,79392916

1,34458529

10

GGT II

22,7272727

5,64076075

 

GGT I

22

4,21900462

11

1,90909091

1,51357494

4,18330013

10

GGT III

23,9090909

4,39214174

 

GGT II

22,7272727

5,64076075

11

1,18181818

2,40075746

1,63267117

10

GGT III

23,9090909

4,39214174

Conclusion générale

Conclusion générale :

Au terme de notre travail, nous pouvons conclure que la consommation de paracétamol à dose thérapeutique par les alcooliques est suffisante pour engendrer une cytolyse hépatique voire une initiation d'un processus inflammatoire à même de provoquer à long terme, cholestase, fibrose et/ou nécrose.

Ce risque est également possible pour les non alcooliques chez qui la consommation de paracétamol est régulière et assez prolongée pour lutter volontiers contre la douleur liée à une migraine ou à une arthrose par exemple, car aussi infime soit-elle la quantité de NAPQI toxique résultant du métabolisme du paracétamol, une partie se fixe inévitablement sur les protéines hépatiques. Et lorsque la régénération de celles-ci n'arrive plus à combler le vide laissé du fait de la fréquence de plus en plus raccourcie, des prises de ce médicament, la cytolyse deviendrait effective et s'étendrait de plus en plus jusqu'à initiation du processus inflammatoire.

Ainsi notre souhait est de voir bannie à jamais l'automédication même s'il s'agit de paracétamol, ce médicament pourtant réputé inoffensif.

De plus, devant une intoxication aiguë, nous recommandons de ne plus recourir à la chromatographie sur couche mince pour la recherche d'une présence de paracétamol ou d'un tout autre produit d'ailleurs, dans l'organisme, sous peine d'une perte de temps énorme en regard de l'urgence de telles situations.

En effet, une simple constatation de visu de la teinte jaune orangé du 3-nitro 4-hydroxyacétanilide, produit par la réaction du paracétamol en milieu acide avec les ions nitrites, lors du dosage de ce médicament, avant même la lecture de l'absorbance au spectrophotomètre, suffit et permettrait un gain de temps dans la mesure où, d'une pierre deux coups, le risque encouru est évalué au travers de la paracétamolémie, aussitôt la présence de paracétamol dans l'organisme est ainsi révélée.

Quant à l'évaluation du danger encouru par les patients au travers de la paracétamolémie, nous recommandons d'être prudents, notamment lorsque le temps écoulé depuis l'ingestion présumée d'une dose importante de paracétamol, est long. Si la littérature recommande que ce temps ne dépasse pas les 24 heures (LACROIX et al, 2007), nos résultats suggèrent, sous réserve d'être confirmés, une limite bien en deçà. Pour palier à ce défaut, nous recommandons de mesurer le cas échéant, les taux d'ASAT et ALAT, ces marqueurs moléculaires de la cytolyse hépatique.

Page 44

Références bibliographiques :

ANNEQUIN, D. (2002). La douleur chez l'enfant. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

ARDID, D. (2009). Usage et mésusage des médicaments. Revue du rhumatisme. N° 76. 576- 579.

ASFAR, P. (2010). Réanimation hépato-splanchnique. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

BEAULIEU, P. (2005). Pharmacologie de la douleur. Les presses de l'université de Montréal. 1ére Ed. Québec.

BEDRY, R., LLANAS, B., VINCENT, D., FAYON, M. (2007). Guide pratique de toxicologie pédiatrique. Arnettes. 2ème Ed.

BEGUE, P et ASTRUC, J. (1999). Pathologie infectieuse de l'enfant. Elsevier Masson. 2ème Ed., Paris.

BERENBAUM, F. (2004). La cox-3 existe-t-elle. Revue de rhumatisme. Vol 71, N°12. 1095- 1097.

BOUCHER, Y ; COHEN, E. (2007). Urgences dentaires et médicales : conduite à tenir- prévention chez les personnes à risque. CDP- Wolters- Kluwer. 1ère Ed. France.

BRES, M ; SEBBANE, M ; PEYRIERE, H ; JREIGE, R ; RUBENOVITCH, J ; ELEDJAM, J-J. (2009). Devenir des intoxications au paracétamol admises dans un service d'urgences. Journal Européen des Urgences. Vol 22, N°S2.A207.

BRUNNER, L-S., SMELTZER, S., BARE, B., SUDDARTH, D-S. (2006). Soins infirmiers en médecine et en chirurgie. De Boeck Université. 2ème Ed. Bruxelles.

CALVINO, B. (2009). Paracétamol : ne pas dépasser la dose prescrite. Pour la science. N°385.

CAPDEVILA, X. (2004). Analgésie postopératoire. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

CARLI, P ; RIOUX, B ; TELION, C. (2004). Urgences médico-chirurgicales de l'adulte. Arnettes. 2ème Ed. Paris.

CASAMAJOR, P., DESCROIX, V. (2009). La prescription ciblée en odontologie. Wolters Kluwers. 2ème Ed., France.

CHAIB, A. (2007). Urgences, réanimation, transfusion. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

CLAVERIE, I et HEDDE, H. (2008). Pharmacologie générale-Toxicologie : concepts fondamentaux. Porphyre. 2ème Ed. Paris.

CLAYDEN, J; WAREN, S; GREEVES, N; WOTHERS, P. (2003). Chimie organique. De Boeck. 2ème Ed. Paris.

CNERM. (2009). Réanimation et urgences. Elsevier Masson. 3ème Ed. Paris.

DE BROCA, A. (2005). Douleurs, soins palliatifs et deuil. Elsevier Masson. 2ème Ed. Paris. DOROSZ Ph. (2003). Guide pratique des médicaments. 23ème Edition, Maloine, Paris. DROZ, J-P. (2008). 52 cas clinique transversaux. Pradel. 1ère Ed. France.

ELLIS, F. (2002). Paracétamol - a curriculum resource. Osborne. 1ére Ed., Londres. ELLRODT, A. (2005). Urgences médicales. Estem. 5ème Ed. Paris.

FAURE, S. (2010). Analgésiques antipyrétiques ; Actualités pharmaceutiques ; Vol49-N° 492 ; 45-48.

GALLET, J-P. DE MOULLIAC, J-V. (2009). Guide pratique de la consultation en pédiatrie. Elsevier Masson. 9ème Ed., Paris.

GAUDY, J-F. (2009). Techniques analgésiques cranio-cervico-faciales :

Odontostomatologie, médecine esthétique. Elsevier Masson. 3ème Ed. Paris.

GERAUD, G et FABRE, N. (2001). Guide pratique des migraines et céphalées. Elsevier Masson. 1ère Ed. Paris.

GUEUGNIAUD, P-Y ; DE LA COUSSAYE, J-E. (2000). Modalités de la sédation et/ou de l'analgésie en situation extrahospitalière: Conférence d'experts. Elsevier Masson. 1ère Éd. Paris.

HACHULLA, E et FLIPO, R-M. (1999). Corticothérapie en pratique de ville : Médecine interne et rhumatologie. Estem. 1ére Ed. Paris.

JONES, A-L et DARGAN, P-I. (2008). Toxicologie d'urgences. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

KUPFERSCMIDT, H. (2004). Traitement de l'intoxication au paracétamol. Centre suisse d'informations toxicologiques.

LA CROIX, J ; GAUTHIER, M ; GOUDREAULT, P. (2007). Urgences et soins intensifs pédiatriques. Elsevier Masson. 2ème Ed. Paris.

LANE, J; MARTIN, G; BELSON, D; BROWN, K et SCHEETZ, A. (2002). Chronic acetaminophen toxicity: a case report and review of the literature. The journal of emergency médicine. Elsevier Masson. Vol 23, N° 3. 253-256.

LE MAREC, C. (2005). Histoire du paracétamol. Le praticien en anesthésie-réanimation. Vol 9 - N°4, 321-328.

Page 2

LEVY, P. (2009). Hépato-gastro-entérologie. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

MESPLEDE, J ; SALUZZO, C. (2004). Cent manipulations en chimie organique et inorganique. Bréal. 1ère Ed. Paris.

MONTAGNIER, L., EYQUEM, A., ALOUF, J-E. (2003). Traité de microbiologie clinique. Piccin. 3ème Ed. Italie.

MOREAU, L., Le QUAY, J.C., GRANRY, N., BOISHARDY, A., DELHUMEAU. (1992). Pharmacocinétique du paracétamol dans le liquide céphalo-rachidien chez le sujet âgé ; annales françaises d'anesthésie et de réanimation, vol 11- supplément 1, pp R88.

OSMAN, D ; BONNET, M-P ; BOUFERRACHE, K ; JOSSERAND, J. (2007). Urgence- Réanimation- Anesthésie. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

PELISSIER, J et VIEL, E. (2000). Douleur et médecine physique et de réadaptation (Volume 38 de Problèmes en médecine de rééducation). Elsevier Masson. Paris.

PERLMUTER, L ; PERLMUTER, G ; PITARD, L. (2008). Guide pratique de l'infirmière. Elsevier Masson. 2èmeEd. Paris.

PINAUD, M; VALLET, B; LAUDENBACH, V; KERBAUL, F. (2004). Conférences d'actualisation: 46e Congrès national d'anesthésie et de réanimation (La collection de la SFAR). Elsevier Masson. Paris.

POCOCK, G et RICHARDS, C-D. (2004). Physiologie humaine : les fondements de la médecine. Elsevier Masson. 1ère Ed. Paris.

PONS, J-C et PERROUSE-MENTHONNEX, K. (2005). Comment soigner la femme enceinte. Elsevier Masson. 1ère Ed. Paris.

POUCHAIN, D ; ATTALI, C ; DE BUTLER, J ; GAY, B ; MOLINA, J ; OLOMBEL, P ; ROUY, J-L. (1996). Médecine générale : concepts et pratiques. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

QUENEAU, P. (2006). Le paracétamol : deux erreurs et un oubli pour une découverte providentielle. Douleurs. Vol 6 - N°6. 332-333.

QUENEAU, P., OSTERMANN G. (2004). Le médecin, le malade et la douleur. Elsevier Masson. 3ème Ed., Paris.

RAINSFORD, K-D. (2004). Aspirin and related drugs. CRC Press. 1ére Ed. New York.
RANG, H-P; DALE, M. (2003). Pharmacology. Churchill Livingstone. 5ème Ed. USA.

REICHEL, F-X; PERRAUD, R; KRAHÉ, E. (2004). Guide pratique de toxicologie. De Boeck University. 1ère Ed. Bruxelles.

REMY, C. (2004). la place du paracétamol pour l'analgésie postopératoire. le praticien anesthésie-réanimation. Elsevier Masson. 293-296.

REZENDE, R-M ; FRANÇA, D-S ; DE MENEZES, G-O ; DOSREIS, WGP ; BAKHLE, Y-S et FRANCISCHI, J-N. (2008). Different mechanisms underlie the analgesic actions of paracetamol and dipyrone in a rat model of inflammatory pain. British journal of pharmacology. Vol 4, N°154. 760-768.

ROUSSEAU, M-A. (2007). Rhumatologie Traumatologie Orthopédie. Elsevier Masson. 1ére Ed. Paris.

SERRIE, A et THUREL, C. (2002). La douleur en pratique quotidienne : diagnostic et traitement. Arnette ; 2ème Ed., Paris.

SEIRAFI, M ; ITEN, A ; HADENGUE, A. (2007). Paracétamol toxicité hépatique aux doses thérapeutiques et populations à risque. Revue médicale suisse. Vol 3, N°129.

SHAHEEN, S-O; NEWSON, R; SHERRIFF, U; HENDERSON, A; HERON, J; BURNEY, P; GOLDING, J. (2002). Paracétamol use in pregnancy and wheezing in early childhood. Thorax. Vol 57. 958-963.

STERNER, O. (1999). Chemistry, health and environnement. Wiley VCH. 1ére Ed. Allemagne.

STORA, D. (2005). Pharmacologie: Cahier du préparateur. Wolters Kluwers. 3ème Ed. Porphyre. France.

TOOLANEY, G-H. (2007). New research on methamphetamine abuse. Nova publishers. 1ére Ed. New York.

VAUBOURDOLLE, M. (2007). Toxicologie, sciences mathématiques, physiques et chimiques. Wolters Kluwers. 3ème Ed. Paris.

VIALA, A ; BOTTA, A. (2005). Toxicologie. Tec & Doc Lavoisier. 2ème Ed. Paris.

VIBES, J. (2001). Guide de la douleur : le syndrome douloureux chronique. Estem ; 1ère Ed., Paris.

VINCENT, J-L. (2009). Le manuel de réanimation, soins intensifs et médecine d'urgence. Springer. 3ème Ed. Paris.

WARNER, T-D et MITCHELL, J-A. (2002). Cyclooxygénase-3 (COX-3): Filling in the gaps towards COX continuum. PNAS. Vol. 99, N°21. 371-373.

ZETLAOUI, P et LENOBLE, M. (2004). Intoxications aux urgences. Elsevier Masson. Paris.

Page 4






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo