III.-Résultats et Discussions
1200000
1000000
800000
600000
400000
200000
RA/ACT IF (f CFA)
0
REVENUS AGRICOLES PAR ACTIF
SP1
GRANDES FAMILLES
SP3
SP4
FAMILLES MOYENNES
SP6
SP7
SP8
PETITES FAMILLES
SP5
0 1 2 3 4
SP2
SAU/ACTIF (ha)
SEUIL DE SURVIE
SEUIL DE REPRODUCTION SOCIALE
-200000
-400000
-600000
Figure 21: courbes d'évolution du revenu agricole par
actif en fonction de la surface
L'analyse des courbes d'évolution des revenus agricoles
de chaque actif d'une exploitation donnée montre que les grandes
familles tant agro-éleveurs que d'éleveurs disposent des revenus
les plus considérables largement au dessus des seuils de pauvreté
et de reproduction sociale. Les familles restées unies ont pu affronter
les périodes de crises. En effet depuis les années 80,
l'expansion des superficies et le partage des retombées du coton ont
divisé la majorité des familles. Ainsi, vivre en grande famille
constitue une garantie de durabilité des exploitations quand bien
même les revenus par tête ne sont pas des plus
élevés. Ces résultats confirment ceux de SERPANTIE et al.,
(1993) et de DUFUMIER. M., (2005).
Les revenus de familles moyennes sont au dessus des seuils de
survie et de reproduction sociale. Elles maintiennent ou accroissent leurs
revenus à partir de l'élevage naisseur faute de facilités
de diversification. Leurs revenus par tête sont plus élevés
mais elles ne peuvent faire face à une longue crise.
Les petites familles oscillent entre le seuil de survie et le
seuil de reproduction sociale. Les difficultés liées à
l'équipement et l'accès aux intrants entravent leur essor. Une
crise mineure tant climatique qu'économique a tendance à les
ramener en dessous du seuil de survie. Toute fois l'esprit de solidarité
développé depuis des décennies dans la zone constitue une
base pour ces exploitations non seulement pour accéder à la
traction bovine mais aussi pour s'équiper à la suite d'une bonne
campagne surtout cotonnière.
CONCLUSION/PERSPECTIVES
Les contraintes de temps ne nous ont pas permis
d'accéder à toutes les diversités de pratiques, de savoirs
et de contraintes des exploitations familiales de la zone d'étude. Toute
fois le peu de connaissances acquises constitue un plus. En effet partis de
familles élargies et organisées sous la direction d'un chef
d'exploitation ou de lignage, les habitants ont façonné leur
milieu jusqu'à constituer un zonage agro-écologique (au cours des
années 90) qui se voulait durable pour des générations.
Mais comme par récurrence, les différentes contraintes
d'organisation n'ont pas permis aux habitants de Gombèlèdoudou de
promouvoir l'intensification des productions face à l'explosion
démographique, à la désagrégation des grandes
familles et aux crises de fertilités.
Dix années après la réorganisation de
l'espace à Gombèlèdoudou, les caractéristiques
chimiques du sol indiquent une forte acidité et un niveau de
régression avancé des pâturages de la zone pastorale. Les
résultats de notre étude montrent que les systèmes
culturaux n'ont pas fortement évolué et restent basés sur
la rotation coton//maïs. Mais ces trois dernières années,
les superficies de sorgho ne cessent de s'accroître surtout chez les plus
pauvres. Les différences se notent surtout sur le degré
d'intensification, le niveau d'équipement et la disponibilité de
la main d'oeuvre familiale. Les contraintes du pâturage et les modes de
production ont conduit les éleveurs à la transhumance mais
surtout à l'occupation de la forêt classées de la Mou.
Ainsi une différenciation nette des exploitations en trois familles se
perçoit aujourd'hui, les modalités d'accès aux moyens de
production restant fixes. Nous retenons donc qu'il existe une étroite
relation entre le milieu et les modes de mise en valeur. De même, le jeu
des intérêts et des contraintes des différentes
catégories d'agriculteurs entraîne des évolutions
permanentes.
Le village de Gombèlèdougou se trouve
aujourd'hui à la croisée des chemins. L'exploitation durable de
la zone requiert une réorganisation du milieu par les producteurs
aujourd'hui « conscients » des véritables risques des crises
de fertilité.
~ Une redynamisation du zonage agro-pastoral par tous les acteurs
et villages
concernés :
L'implication des responsables des trois villages à
travers un dialogue franc et constructif en faveur des populations est une
nécessité. Aussi un projet de suivie et de gestion rigoureuse
des
problèmes de fertilité sont envisageables. De
même la question de l'intégration agricultureélevage doit
faire de nouveau l'actualité car elle est profondément remise en
cause.
> Une amélioration des conditions d'élevage
à travers l'embouche car des possibilités
existent. Cela passe par la résolution du
problème général d'eau en saison sèche auquel est
confrontée la population, mais aussi des séances de formation en
ce qui concerne l'amélioration génétique des
espèces.
L'amélioration des conditions de vie et de production
agricole permettra de sauver l'exploitation familiale de la zone
d'étude.
> La mise en place d'une politique agricole solide en faveur
des petits producteurs
surtout en matière de commercialisation des produits
agricoles comme le maïs. Elle requière la construction d'une banque
de céréales et la mise en place d'une organisation solide
similaire à celle du coton pour soutenir la production. Des
facilités d'accès aux intrants doivent être
développées pour les petites et moyennes familles au risque
qu'elles ne deviennent de véritables réservoirs en main d'oeuvre
agricole. De même la diversification de la production doit être
encouragée surtout le maraîchage, le riz pluvial et les tubercules
dont des possibilités existent et le besoin de production a
été exprimé.
> Des séances de formation en gestion de l'exploitation
agricole sont devenues un
besoin exprimé par les producteurs surtout ceux de
revenus élevés. Les grands producteurs ont des revenus qu'ils ont
du mal à fructifier autrement à l'échelle du village, des
alternatives sont donc à penser.
La poursuite des recherches et des études du genre
permettront de :
> pouvoir diagnostiquer les véritables problèmes
de l'agriculture familiale, c'est pourquoi des études sur la composition
physico-chimiques des sols doit s'accentuer ;
> estimer avec plus de précision les rendements
à travers la conception de logiciels prenant en compte les facteurs de
production et les variantes utilisées dans notre étude.
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