Paragraphe 2 : Résultats de l'estimation et
interprétation
A) Présentation des résultats de
l'estimation 1 - La ~ - convergence
L'écart type est l'indicateur de dispersion retenu pour
estimer le processus de convergence des économies de l'UEMOA. Le tableau
ci-après révèle les résultats du calcul par type
d'indicateur tout au long de la période.
Tableau N°14 : Evolution des écarts
types des indicateurs de convergence.
Années Eléments
|
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Normes
|
R1
|
2,1
|
7,3
|
5
|
7,5
|
6,3
|
4,1
|
5
|
6,4
|
3,8
|
= 0
|
R2
|
15
|
2
|
1,7
|
2,8
|
0,7
|
0,8
|
5,4
|
1,3
|
1,9
|
= 3
|
R3
|
162
|
246
|
115
|
202
|
116
|
104
|
107
|
85
|
85
|
= 70
|
R4
|
14,4
|
12
|
115
|
155
|
51,7
|
47,6
|
202
|
167
|
108,7
|
= 0
|
R5
|
129,5
|
29,8
|
9,2
|
10,2
|
13,3
|
17,7
|
25,5
|
39,8
|
24,5
|
= 35
|
R6
|
6,5
|
21,7
|
16,7
|
6,3
|
7,3
|
10,6
|
9,43
|
10,4
|
14,6
|
= 20
|
R7
|
22
|
20,9
|
17
|
14,5
|
17,3
|
15
|
17
|
17
|
19,7
|
= 5
|
R8
|
2,9
|
3,7
|
3,3
|
2,5
|
2,5
|
2,9
|
2,8
|
2,9
|
2,5
|
= 17
|
Yit
|
1,3
|
11,2
|
2,6
|
4,4
|
4
|
4,2
|
3,3
|
1,1
|
2,6
|
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des
données de la commission de l'UEMOA sur les critères de
convergence.
Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA
dans un contexte d'intégration 2 - La ß -
convergence
L'estimation a été faite à partir des
données de panel constituées par les données des pays de
l'UEMOA sur une base chronologique de 15 années (1991 à 2005). La
méthode utilisée pour cette estimation est la « Pooled Least
Squares ». Cette estimation a généré pour ce panel
105 observations (Cf. Annexe 4).
Le modèle estimé est :
TCit = 17.42 -2.89 log (Yio) + 0.13 Zit
(3.08) (-3.01) (2.22)
n =105 ; (.) t de student R2 =0.09
De ce modèle estimé, il ressort que toutes les
variables explicatives sont significatives au seuil de 5 %.
En effet, les t de student des paramètres des variables
PIB réel initial par tête, les taux d'épargne et la
constante sont tous supérieurs à 1.96. Ceci révèle
que ces variables contribuent effectivement à l'explication du
modèle. Ainsi donc, le taux de croissance réel par tête
(TCit) des pays de l'UEMOA repose bien entendu sur le niveau antérieur
de son PIB et aussi sur des paramètres structurels comme le taux
d'épargne. Cette estimation indique que ces déterminants (Yio,
Zit) expliquent à 9% le niveau du taux de croissance réel par
tête de cet espace économique et monétaire. Le pouvoir
explicatif de ces variables exogènes parait faible au regard du niveau
de son R2. Ceci indique que d'autres paramètres pourraient
mieux expliquer le TCit.
L'objectif poursuivi par l'usage de ce modèle
n'était pas d'identifier les déterminants du taux de croissance
réel par tête ; mais par la valeur du coefficient
ß, nous puissions mettre en évidence :
- la vitesse de convergence vers l'état d'équilibre
;
- de mesurer la durée (d) nécessaire pour que
l'économie comble la moitié de l'écart (écart des
économies par rapport à leur état stationnaire) à
travers le coefficient ß.
Ainsi donc, cet outil constitue un point de départ
essentiel pour toute interprétation économique du
modèle.
B) Interprétation
1- La ó - convergence
L'observation graphique de l'allure des courbes est la
méthode utilisée pour apprécier le processus de
convergence des économies de l'UEMOA.
20
15
10
5
0
97 98 99 00 01 02 03 04 05
R1
R2
Graphique N°7 : Evolution des courbes R1 et
R2
Ce graphique montre que ces deux courbes ne sont pas convergentes
car l'évolution de leur dispersion est contrastée.
En effet, le trend de R2 (taux d'inflation)
révèle que ces pays s'efforcent à faire converger leur
taux d'inflation en vue de rendre plus compétitive leur économie
via le taux de change réel. Par contre, le graphique 8 ci-dessous
révèle quelques remarques.
30
25
20
15
10
5
0
97 98 99 00 01 02 03 04 05
R R
Graphique N°8 : Evolution R3 et R4
En effet, l'évolution de la dispersion de R4
(Arriérés de paiements) révèle les
difficultés rencontrées par les pays de l'UEMOA à
éponger les arriérés de paiement. Son trend est instable
et donc cet indicateur ne converge pas.
La tendance observée pour R3 (en cours de la dette /
PIB) laisse à voir qu'il y a une évolution de la diminution de
cet indicateur. De ce fait, ce ratio R3 a entamé un processus de
convergence au sein de la zone. De manière globale, seul R3 est
l'indicateur de convergence du premier rang qui est resté convergent
tout au long de la période d'étude (1 indicateur sur 4
converge).
Cependant le graphique 9 ci-dessous nous présente des
résultats non satisfaisants.
140
120
100
40
60
20
80
0
97 98 99 00 01 02 03 04 05
R5
R6
R7
R8
Graphique N°9 : Evolution des courbes R5,
R6, R7, R8
En effet, l'allure des courbes liées aux
critères de convergence du second rang est instable. Les courbes R5 ; R6
; R7 ont un trend haussier de 2000 à 2005. Ceci fait soupçonner
la présence d'un mécanisme de divergence de ces indicateurs. S'il
est vrai que l'évolution de la dispersion de R8 qui est contrasté
(taux de pression fiscale) atténue l'ampleur de la situation (non
convergence), elle n'est pas trop significative pour apprécier l'effort
généré par l'UEMOA afin de dégager des recettes
fiscales supplémentaires pour le financement de son économie.
Grosso modo, tous les indicateurs de convergence du second
rang ne sont pas convergents sur la période d'étude. Ce constat
révèle l'existence d'une contrainte structurelle pesante sur les
économies qui les empêchent de réaliser les
équilibres internes et externes. De même la courbe 10 indiquant le
trend du PIB réel par tête révèle qu'il y a une
présomption de la présence d'un mécanisme de divergence de
cette variable.
En effet, suite à une contre performance
observée en 1998, depuis 2000 ces pays ont entamé un processus de
convergence de leur revenu réel par tête. Néanmoins en
2005, cette tendance est renversée et il est observé une
trajectoire ascendante de cette courbe. Ce constat serait apparemment dû
d'une part, à
l'amélioration des performances économiques de
l'UEMOA en 2005 et d'autre part, au non maîtrise de sa
démographie.
15
10
5
0
97 98 99 00 01 02 03 04 05
Yit
Yit
GRAPHIQUE N°10 : Evolution de la dispersion
des yit (taux de croissance des PIB réels par tête).
En synthétisant l'analyse graphique, sur les neuf courbes,
seul R3
a entamé un processus de convergence au cours de la
période d'étude. Ce constat sur l'état des convergences de
ces indicateurs ressort la question de la crédibilité et de
l'effectivité de l'organe chargé de surveiller la convergence des
économies de l'UEMOA (Mécanisme de la Surveillance
Multilatérale).
De tout ce qui précède il est observé que
cet indicateur de mesure (la óconvergence) donne un
aperçu global de l'évolution de l'écart type des variables
sans pour autant s'interroger sur les déterminants du processus et son
rythme de convergence. L'indicateur ß - convergence tout en
complétant l'analyse de la convergence des économies vient
pallier les insuffisances notées à son encontre.
2- La ß - convergence
Il s'agit ici d'interpréter les paramètres
économétriques du modèle estimé. Ainsi donc :
+ ß = -2.89 ; la négativité
de cette valeur est conforme aux
propriétés de la ß - convergence.
En effet, ce coefficient fournit le degré de
convergence vers l'état stationnaire. Si ß = -2.89 avec n =105 et
A = -[Log (1+ ßn)] n ; on a A =
0.024
A extrait de ß montre que la vitesse de
convergence des économies est de 2.4%. Cette vitesse parait faible au
regard des défis auxquels cet espace est appelé à faire
face dans l'ère de la mondialisation des économies qui
s'opère par le biais de l'intégration sous régionale.
De même, le coefficient d = 13 [d = (log 2) /
A] ; indique que l'UEMOA comblera la moitié de cet
écart (convergence vers l'état stationnaire) d'ici 13
années toute chose égale par ailleurs. Pour cette fin, un effort
soutenu doit être mis en oeuvre par les responsables de politique
économique afin de minimiser cette durée.
+ y = 0.13; ce coefficient est différent
de 0. Cet indicateur montre
que la convergence des économies de l'UEMOA est
conditionnelle. Les variables structurelles sont différentes d'un pays
à un autre. Autrement dit, cet coefficient révèle que le
revenu réel par tête de ces pays convergera vers un niveau
identique à long terme, indépendamment de leur situation initiale
si elles sont dotées des caractéristiques structurelles (Zit)
identiques. D'où le PIB réel par tête des pays de l'UEMOA
n'est pas convergent. Ces résultats issus de la ß-convergence
viennent confirmer ceux de la a - convergence.
3-Validation des hypothèses
~ Vérification de l'hypothèse 1
La première hypothèse suppose que les
échanges intra UEMOA sont faibles. A la lumière de nos analyses
l'on note que :
- les échanges commerciaux intra UEMOA varient entre 10 et
15% sur toute la période d'étude ;
- les échanges financiers appréhendés par la
culture boursière au sein de l'UEMOA sont de 28%.
Ces indicateurs sont tous inférieurs à 50%. Ceci
étant, l'hypothèse 1 est vérifiée. ~
Vérification de l'hypothèse 2
La seconde hypothèse suppose que les économies de
l'UEMOA ne convergent pas. Les résultats auxquels les analyses ont
abouti, montrent que sur 8 à
9 indicateurs de convergence, seul un ratio (encours de la
dette/PIB) a entamé un processus de convergence au sein de la zone. Ce
qui se justifie par le niveau du taux de convergence (2,4%)
révélé par la ß - convergence au sein de l'UEMOA.
Etant donné que l'ensemble des indicateurs macroéconomiques n'est
pas convergent, il est évident que ces économies ne le sont pas
non plus. L'hypothèse 2 est donc vérifiée.
Les résultats issus de cette analyse empêchent de
voir en l'UEMOA, une ZMO pour deux raisons :
-la faiblesse des échanges intra (car les indicateurs des
échanges intra uemoa sont tous inférieur à 50%) ;
- la non convergence des économies qui trouve sa
justification dans le fait que l'ensemble des indicateurs ne converge pas et
par ricochet le faible niveau du taux de convergence des économies ainsi
observé.
Ces facteurs sur cités sont soumis à une forte
disparité au sein des économies de cette zone. Ce qui a pour
corollaire, la non symétrie des chocs au sein des économies.
Eu égard à tout ce qui précède, il
apparaît donc nécessaire de prendre des mesures de politique
économique pour lever les goulots d'étranglement afin
d'améliorer les performances en la matière.
|