A- L'ACCOMPAGNEMENT DU TCHAD PAR LA CHINE DANS SON
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
La Chine a réussi son pari de sortir du
sous-développement pour faire de son économie l'une des plus
dynamiques du monde. Ayant fait cette expérience, elle pourrait
valablement aider le Tchad dans son processus de développement à
travers le renforcement de son soutien à l'industrialisation et de sa
coopération dans le domaine agricole.
1- Le renforcement de soutien de la Chine à
l'industrialisation du Tchad
Le sommet sur la coopération sino-africaine des 4 et 5
novembre 2006 a débouché sur deux textes d'une importance
capitale. D'abord, la Déclaration de Beijing et le Plan d'Action de
Beijing21. Ce dernier définit avec précision les
principaux domaines dans lesquels la coopération va se renforcer pour
les années avenir. Parmi ceux-ci, figure la coopération dans le
domaine des sciences et technologies, ainsi que de l'informatique22.
Les deux parties se sont engagées à développer leur
coopération en matière d'application des acquis scientifiques et
technologiques et de transfert du savoir. La Chine s'est
particulièrement engagée à organiser, en faveur du Tchad,
des stages de formations sur les techniques pratiques, à lancer des
programmes de démonstration de technologies et surtout à l'aider
à augmenter ses potentiels industriels. Pour éviter que les deux
parties ne fassent litière de ses beaux engagements, des
mécanismes de suivi23 ont été mis en oeuvre
pour veiller à l'application de ces mesures. Avec cette volonté
affirmée de part et d'autre, l'on peut raisonnablement avancer que la
Chine entend accompagner le Tchad sur la voie de l'industrialisation.
D'ores et déjà, on peut se féliciter de
quelques expériences réussies : en 2007, la Chine a
procédé au lancement d'un satellite de communication au profit du
Nigeria. Certains
21 Voir le document intitulé Sommet de Beijing du forum
sur la coopération sino-africaine : documents et discours, Ed. des
Affaires mondiales, Pékin 2006, Volume III, p. 79-116.
22Voir point 3.7 de la Déclaration de Beijing
du Forum sur la coopération sino-africaine.
23 Il faut citer entre autres, les conférences
ministérielles, les réunions des hauts fonctionnaires, les
commissions mixtes paritaires, etc.
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investisseurs africains ont mis sur pied avec succès des
industries en Chine24. Ayant réussi en Chine, ils vont
ramener en Afrique les expériences acquises que le Tchad pourra bien
imiter.
Par ailleurs, avec la hausse du prix du carburant et
l'augmentation du coût des transports y consécutive, la Chine sera
obligée, pour réduire les coûts de productions, de
construire au Tchad des industries pour transformer sur place les
matières premières.
Les constructeurs chinois d'appareils
électroménagers Shinco, Haier ou Hisense ont ainsi conçu
de nouveaux plans de développement en Afrique, passant de la simple
exportation de produits finis à l'établissement des usines de
production sur le continent25 (exemple du téléphone
ZTE au Tchad qui est en projet). Sur ce fleuron industriel naissant, viendront
se greffer d'autres industries, vecteurs du développement et du
renforcement du partenariat sino-tchadien dans le domaine agricole.
2- Le renforcement de la coopération
sino-tchadienne dans le domaine agricole
Que ce soit dans le Plan d'Action d'Addis-Abeba26
ou dans le Plan d'Action de Beijing adopté lors du
3ème sommet du forum sur la coopération sino-africaine
de novembre 2006, un accent particulier a toujours été mis sur le
renforcement de la coopération agricole.
L'agriculture a une place très importante dans le
développement économique et le progrès social de tous les
pays. Les dirigeants africains et chinois semblent l'avoir compris, même
si les initiatives des premiers en la matière ne sont pas
encourageantes. Le point 3. 1 de la déclaration de Beijing est
entièrement consacré à la coopération dans le
domaine agricole. Les deux parties y ont souligné « le rôle
important de l'agriculture dans leurs économies respectives »,
estimant que le renforcement de leur coopération agricole «
contribue à l'élimination de la pauvreté...et à la
garantie de la sécurité alimentaire ».
24 Par exemple SABMILLER, une société sud-africaine
qui a acheté la Resource Snow Breweries Ltd est le plus grand vendeur de
bière en Chine, avec 15% du marché ; la Bateman Engineered
Technologies qui s'occupe d'équipements spécialisés pour
minéraux, ciment, charbon, fer et acier ainsi que de la machinerie
industrielle lourde. Voir CHINAFRIQUE, n° 5, Vol.2, mai 2007, pp. 6 et
7.
25La Jiangsu Shinco electronics group a
commencé par fabriquer depuis 2007 des climatiseurs au Nigeria.
26 Ce plan a été adopté lors du
2ème sommet du forum sur la coopération sino-
africaine, des 15 et 16 décembre 2003.
Il est à noter que dans le domaine agricole, la Chine a
fait des avancées considérables dont le Tchad peut s'inspirer :
une réforme agraire réussie, la révolution verte, des
avancées scientifiques et technologiques en matière de production
céréalière, de l'élevage, de l'irrigation, de la
pêche, de la mécanisation et de la transformation des produits.
Cette avancée de la Chine contraste nettement avec la situation au Tchad
où l'on utilise encore des outils aratoires qui n'ont connu aucune
amélioration depuis des siècles, où l'autosuffisance
alimentaire ne relève que de l'ordre du discours27 et
où les politiques agricoles nationales laissent à désirer.
Consciente de cette situation, la Chine s'est engagée à envoyer
en Afrique 100 experts agronomes de niveau supérieur et à y
créer 10 centres pilotes caractéristiques des technologies
agricoles, à encourager les entreprises chinoises à augmenter
leurs investissements dans le secteur agricole en Afrique à travers la
construction d'infrastructures agricoles (le projet rizicole dans la
région du Mayo-Kebbi Est et un projet maraîcher à Koundoul
à 25 kilomètres au sud de N'Djamena permet d'illustrer), à
renforcer sa coopération avec le Tchad dans le cadre du programme
spécial pour la sécurité alimentaire de la
FAO28, etc.
Toutefois, il y a lieu de relever que cette offre chinoise ne
saurait à elle seule suffire pour rattraper le grand retard
accusé par le Tchad en matière d'agriculture sans une
réelle volonté politique des dirigeants tchadiens de faire de ce
secteur un véritable moteur du développement. Avec la conjoncture
actuelle de hausse quasi exponentielle du prix des denrées alimentaires,
l'adoption de politiques hardies en matière d'agriculture n'est plus une
option, c'est une nécessité et tout laisse croire que le Tchad
jouera à fond la carte chinoise pour mettre son agriculture sur l'orbite
de la modernisation.
En vérité, il ne s'agit là que d'une
infime partie des grands défis que le Tchad doit nécessairement
relever afin de tirer un maximum d'avantages de sa coopération avec la
Chine.
27 Alors que les conditions naturelles y sont très
favorables à l'agriculture.
28 Voir le plan d'action de Beijing, point 3. 1. 3.
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