2.1.2 Théorie de Michel
Garenne et Patrice Virmard en 1984
Ces auteurs distinguent cinq niveaux de variables propres
à l'analyse : les variables discriminantes, indépendantes,
intermédiaires, déterminantes et dépendantes. Ces groupes
de variables correspondent aux différents niveaux de l'analyse et aux
différents niveaux d'explications que ces variables peuvent apporter.
Michel Garenne et Patrice Virmard, présentent en amont les
variables discriminantes. Sont regroupées dans cette catégorie
des variables qui n'ont pas de raisons d'avoir un effet direct sur la
mortalité mais à partir desquelles il est classique
d'étudier la mortalité différentielle : ce sont des
variables assez aisées à déterminer dans les
enquêtes et qui sont corrélées avec certaines variables
indépendantes. La connaissance de ces différentielles peut
permettre de mettre en évidence le rôle de certaines variables
indépendantes, ou tout au moins de le suggérer. C'est le cas des
variables géographiques (région d'un pays, nation dans un
ensemble régional, quartier d'une ville) ; du niveau de
développement économique (mesuré par le PNB ou par un
autre indicateur de développement) ; du régime politique (plus ou
moins orienté vers les investissements sociaux, en particulier vers la
santé publique) ; des multiples catégories sociales (CSP,
religion, nationalité, groupe ethnique, type de famille, origine des
migrants) et enfin de l'habitat (type d'habitat, moderne ou traditionnel par
exemple).
À un niveau plus fin, sont regroupées les variables
explicatives, qui peuvent entrer comme telles dans un modèle explicatif.
Ce sont des variables qui ont un effet sur la mortalité, à
travers une ou plusieurs variables intermédiaires.
En aval on trouve les variables intermédiaires qui
constituent un groupe de variables au travers desquelles se fait l'action sur
la survie de l'enfant ou sur la cause de son décès. Hormis
certaines variables rarement mesurées dans les études sur la
mortalité, les variables ont été regroupées en 5
sous-groupes :
· la situation à la naissance, qu'on peut appeler
capital santé ;
· les maladies, l'environnement
épidémiologique qui détermine l'exposition au risque
(existence des maladies, transmission, épidémies...);
· les comportements en matière de santé
(connaissances des méthodes thérapeutiques efficaces, attitudes
envers la santé des enfants ; pratiques des soins de santé) ;
· la nutrition, très importante pour la survie de
l'enfant (en particulier l'allaitement, l'âge au sevrage, le type de
nourriture de supplémentation) ;
· et enfin l'état immunitaire (ensemble des
vaccinations et des immunisations acquises ou transmises).
Pour ces auteurs, ce groupe des variables intermédiaires
est peut-être celui dont l'effet sur la mortalité est le plus mal
connu à l'heure actuelle. Ces facteurs de la mortalité devraient
permettre de comprendre les causes médicales de décès, qui
apparaissent ici comme le déterminant ultime de la mortalité des
enfants. Il faut remarquer que cette catégorie est peut-être celle
où les variables sont le plus difficile à identifier, car un
décès d'enfant est souvent le résultat d'un processus
complexe qui peut rarement être résumé par une cause unique
de décès, celle qui est en principe inscrite sur le certificat de
décès. À ce niveau se pose un problème de
définition dont il ne faut pas négliger l'importance et où
réside peut-être une des clefs de l'analyse de la mortalité
des enfants.
Le 5ème niveau est celui de la variable
à expliquer, c'est-à-dire la variable dépendante du
modèle : le niveau de mortalité.
Ces niveaux d'analyse et les termes qui les désignent ont
bien évidemment une part d'arbitraire. Ils sont basés sur des
schémas présupposés d'actions des variables.
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