COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE ET
MONÉTAIRE D'AFRIQUE CENTRALE
(CEMAC)
INSTITUT SOUS-RÉGIONAL DE STATISTIQUE ET
D'ÉCONOMIE APPLIQUÉE
(ISSEA)
Organisation Internationale
B.P. : 294 Yaoundé (Rép. du Cameroun)
Tél. : (237) 22 22 01 34 E-mail : issacemac@yahoo.fr
Mémoire de fin de formation
Sur le thème :
Analyse des déterminants de la mortalité
infanto-juvénile au Cameroun
DÉDICACE
À toi ma très chère mère MAFOKAM
Maria, que ce travail soit pour toi un début de
récompense d'amour et de souci pour la réussite de tes
enfants.
À toi mon père KAMELA Martin, ton courage et ta
détermination à la réussite de tes enfants demeurent pour
moi un modèle à pérenniser.
À mes frères et soeurs, Aimée
KAMELA, Thierry NGATEU, Armand
FOTSING, Esaie KUITCHE que vous trouviez en ce
travail le fruit d'un amour fraternel.
À tous ceux dont le Saint Esprit de Dieu habite.
REMERCIEMENTS
Cet opuscule qui nous permet aujourd'hui d'être en
contact avec le grand public n'aurait pas vu le jour sans le précieux
concours scientifique, financier de plusieurs personnes. Nous ne saurons, par
souci de reconnaissance, nous passer de dire merci à :
M. Michel Noé GUI-DIBY, qui a accepté de diriger ce
travail avec beaucoup d'attention en offrant avec patience et dévouement
une aide constante. Mes sincères remerciements à lui pour mon
initiation à la recherche ; soyez assuré de mon profond
respect.
La Direction de l'Institut National de la Statistique et son
personnel, pour nous avoir fourni la base de données qui a
été utilisée dans ce mémoire.
Nous voulons également adresser notre reconnaissance
à Monsieur le Directeur Général de l'ISSEA pour la
formation reçue et, à travers sa personne, à tout le
personnel enseignant et administratif de l'institut.
Nous remercions grandement M. Séverin TCHOMTHE qui, par
ses remarques, a contribué à l'amélioration de la
qualité de ce document.
Nous remercions également M. Justin TCHANGAM et M. Peter
TENDOH pour leur disponibilité, leurs remarques et les échanges
qu'ils nous ont apportés.
Nos remerciements s'adressent aussi à tous nos camarades
de classe et plus particulièrement à, Aristide NYONGORO, Dulcy
GNINGHAYE, Gervais OGOULO, Tatiana SAMO, pour le soutien amical tout au long de
notre formation et au cours de cette recherche.
Nous remercions infiniment les membres du jury pour
l'appréciation de ce travail.
Ma famille pour l'attention constante qu'elle nous a
apportée jusqu'à ce jour. Puisse-t-elle trouver dans ce travail
un motif supplémentaire de fierté.
Enfin, nous remercions tous ceux et toutes celles qui,
directement ou indirectement, ont guidé nos efforts. Toutefois nous
portons l'entière responsabilité des erreurs ou omissions
éventuelles contenues dans le présent mémoire.
TABLE DES MATIÈRES
1.1 DÉFINITION DES CONCEPTS
14
1.1.1. Mortalité infantile
14
1.1.2 Mortalité
juvénile 14
1.1.3 Mortalité
infanto-juvénile 14
1.2 INDICATEURS DE LA
MORTALITÉ INFANTILE 14
1.2.1 Quotient de mortalité
infantile 15
1.2.2 Quotient de mortalité
juvénile 16
1.2.3 Quotient de mortalité
infanto-juvénile 16
1.3 AVANTAGES DES INDICATEURS DE
MORTALITÉ 16
2.1 EXPLICATION DE LA
MORTALITÉ DES ENFANTS 17
2.1.1 Théorie de Sriniwasa
Meegama en 1980 17
2.1.2 Théorie de Michel
Garenne et Patrice Virmard en 1984 18
2.1.3 Théorie des
déterminants proximaux 19
2.2 TOUR D'HORIZON DE QUELQUES
ÉTUDES 20
2.3 ENSEIGNEMENTS TIRÉS DES
EDS DANS LA CEMAC 21
2.2.1 Enquête
Démographique et de Santé du Gabon 2000 21
2.2.2 Enquête
Démographique et de Santé du Tchad en 2004 21
2.4 CHOIX ET JUSTIFICATION DES
VARIABLES CAS DU CAMEROUN 21
2.4.1 Choix 21
3.1 PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DU CAMEROUN 25
3.1.2 Contexte politique et
administratif 25
3.1.3 Contexte
démographique 25
3.1.4 Contexte sanitaire
25
3.1.5 Contexte
socio-économique 26
3.2 CADRE INSTITUTIONNEL ET
INFORMATIONNEL DE LA MORTALITÉ INFANTILE AU CAMEROUN 26
3.2.1 Spécification du
cadre réglementaire 26
3.2.2 Cadre informationnel
26
3.3 PANORAMA DE LA SITUATION
RÉELLE DE LA MORTALITÉ DES ENFANTS AU CAMEROUN 28
3.3.1 Indicateurs de la
mortalité des enfants au Cameroun d'après l'EDS III, 2004
28
3.3.2 Mortalité des enfants
selon les facteurs socio-économiques et culturels 29
3.3.3 Mortalité des enfants
selon les facteurs socio-démographiques 29
3.3.3 Mortalité des enfants
selon les facteurs contextuels 30
3.4 ENSEIGNEMENTS DE L'ANALYSE
DESCRIPTIVE 32
4.1 ANALYSE DES CORRESPONDANCES
MULTIPLES 33
4.1.1 Présentation des
résultats de l'ACM 33
4.1.2 Interprétations des
résultats de l'ACM 35
4.1 APPROCHE
ÉCONOMÉTRIQUE DES DÉTERMINANTS DE LA MORTALITÉ
INFANTO-JUVÉNILE 35
4.1.1 Présentation du
modèle de régression logistique 35
4.1.2 Résultats
économétriques et interprétations 35
4.2 QUALITÉ D'AJUSTEMENT DU
MODÈLE DE RÉGRESSION LOGISTIQUE 36
Encadré N° 1:
Formulation mathématique du modèle de régression
logistique 45
LISTE DES
ABRÉVIATIONS
|
|
|
ACM
|
|
Analyse des Correspondances Multiples
|
AFD
|
|
Analyse Factorielle Discriminante
|
BCG
|
|
Bilié de Calmette et Guérin
|
BIT
|
|
Bureau International du Travail
|
CEMAC
|
|
Communauté Économique Monétaire de l'Afrique
Centrale
|
CPC
|
|
Centre Pasteur du Cameroun
|
CSP
|
|
Catégorie Socio Professionnelle
|
DHS
|
|
Demographic and Health Survey
|
DTCoq
|
|
Diphtérie, Tétanos, Coqueluche
|
ECAM
|
|
Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
|
EDSC
|
|
Enquête Démographique et de Santé du
Cameroun
|
EMIJ
|
|
Enquête sur la Mortalité Infantile et
Juvénile
|
FCFA
|
|
Francs de la Coopération Financière en Afrique
|
IDH
|
|
Indice de Développement Humain
|
INS
|
|
Institut National de la Statistique
|
IST
|
|
Infection Sexuellement Transmissible
|
MICS
|
|
Multiples Indicators Cluster Survey
|
OMS
|
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
PEV
|
|
Programme Élargi de Vaccination
|
PIB
|
|
Produit Intérieur Brut
|
PNLP
|
|
Programme National de Lutte contre le Paludisme
|
PNLS
|
|
Programme National de Lutte contre le Sida
|
PNLTB
|
|
Programme National de Lutte contre la Tuberculose
|
PVD
|
|
Pays en Voie de Développement
|
RNB
|
|
Revenu National Brut
|
ROC
|
|
Receiving Operating Curve
|
TMM5
|
|
Taux de Mortalité des Moins de cinq ans
|
UNFPA
|
|
United Nations Population Fund
|
UNICEF
|
|
United Nations International Children's Emergency Fund
|
UPS
|
|
Unités Primaires de Sondages
|
VIH
|
|
Virus de l'Immuno-déficience Humaine
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Récapitulatif du test du khi deux
réalisé entre la variable dépendante et les variables
explicatives. 57
Tableau 2 : Recodage des modalités des variables
actives préliminaire pour l'ACM 60
Tableau 3 : Rapports des chances des estimations logit des
déterminants de la mortalité infanto-juvénile au Cameroun
73
Tableau 4 : Coordonnées, contribution et cosinus
carrés des modalités actives 80
Tableau 5 : Coefficients de régression des
estimations logit des déterminants de la mortalité
infanto-juvénile au Cameroun. 82
Tableau 7 : Pouvoir prédictif du modèle pour
un seuil de 50 83
Tableau 8 : Pouvoir prédictif du modèle pour
un seuil de 14,4 83
Tableau 9 : Significativité globale du modèle
de régression 83
Tableau 10 : Résultat du test pour la calibration du
modèle 83
Tableau 11 : Classement des pays selon le quotient de
mortalité des moins de 5 ans en 2006 84
LISTE DES FIGURES
AVANT - PROPOS
La formation d'Ingénieur d'Application de la Statistique
est l'une des vocations de l'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée. Au terme de cette formation de quatre ans
au sein de cette institution spécialisée de la CEMAC,
l'élève ingénieur est appelé à
rédiger un mémoire qui devra être présenté et
soutenu devant un jury. Marquant ainsi sa dernière année
d'études, ce mémoire a pour but d'initier l'étudiant
à la recherche ainsi qu'au plaidoyer d'un travail scientifique.
D'après le rapport annuel 2008 de l'UNICEF sur la
situation des enfants dans le monde, 9,7 millions d'enfants sont morts ;
99 % de ces décès sont survenus dans le monde en
développement ; bon nombre d'entre eux pouvait être
évité. Malgré les progrès réalisés,
nous ne sommes pas encore en passe d'atteindre l'un des Objectifs du
Millénaire pour le Développement en faveur des enfants, qui
consiste à réduire de deux tiers le taux de mortalité des
enfants de moins de 5 ans entre 1990 et 2015. Par ailleurs le quotient de
mortalité des moins de 5 ans en Afrique subsaharienne se situe en 2007,
à 160 %o. Au Cameroun, en 2006 par exemple, le niveau de
mortalité infanto-juvénile se situe à 149 %o1(*). Ce pourcentage soulève
bien des questions : pourquoi les enfants meurent-ils ? Quels sont les facteurs
qui influencent la survie des enfants ? Que vaut une vie ? Quelle
interaction y aurait-il d'une part entre la mortalité des enfants de
moins de cinq ans et la santé de la mère et d'autre part entre la
mortalité des enfants de moins de cinq ans et les facteurs
socio-économiques, culturels, environnementaux, démographiques et
sanitaires ? Notons également que le Cameroun figure parmi les 60
pays prioritaires pour la survie de l'enfant ciblés par le Compte
à rebours jusqu'en 2015. La présente recherche dont le
thème est : « les déterminants de la
mortalité infanto-juvénile au Cameroun apporte sa
contribution à cet épineux problème qu'est la
mortalité infanto-juvénile. Puisse ce dernier atteindre son
objectif principal, tout particulièrement contribuer à
l'avancée des recherches sur la mortalité
infanto-juvénile.
RÉSUMÉ
La mortalité des enfants de moins de cinq ans est un
phénomène connu et très répandu au Cameroun. Avec
un quotient de mortalité infanto-juvénile de 149 %o, en 2006, le
Cameroun occupe le 19ème au rang mondial, suivant le
classement des pays les plus touchés par ce phénomène. La
mortalité des enfants de moins de cinq au Cameroun nécessite que
l'on intervienne.
En s'appuyant sur les données de l'Enquête
Démographique et de Santé réalisée par l'INS en
2004, le présent mémoire analyse l'effet de certaines variables
sur la mortalité des enfants de moins cinq ans au Cameroun. Il
étudie par conséquent les facteurs explicatifs de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans. Une régression
logistique est utilisée en vue de capter l'effet de chacune des
variables susceptibles d'expliquer la mortalité des enfants.
La mortalité des enfants de moins de cinq ans au Cameroun
s'explique par des facteurs socio-économiques et culturels tels que le
niveau d'instruction de la mère, le niveau de richesse du ménage,
le milieu de résidence où vit l'enfant ; des facteurs
socio-démographiques (l'âge de la mère à
l'accouchement, le statut matrimonial de la mère, le rang des
naissances, la parité2(*) et enfin, les facteurs contextuels tels que la
vaccination de l'enfant, l'assistance de la mère à
l'accouchement, le lieu d'accouchement. Toutes ces différentes variables
se sont révélées significatives dans l'explication de la
mortalité des moins de cinq ans au Cameroun. Au Cameroun les enfants
dès la naissance n'ont pas les mêmes chances de survivre
jusqu'à l'âge de cinq ans. Les enfants qui naissent en milieu
urbain, ont plus de chances de survivre (64 % en plus) que ceux qui naissent en
milieu rural. Bien plus encore les enfants qui naissent des femmes ayant
accouchées dans les centres de santé et qui se sont faites
assister au moment de l'accouchement, ont moins de risques de
décéder que leurs congénères, nés à
domicile et dont la mère n'a pas été assistée.
L'instruction de la mère, l'espacement des naissances, la vaccination,
le fait de dormir sous une moustiquaire améliorent les chances des
enfants de survivre, jusqu'à cinq ans.
ABSTRACT
The mortality of children less than five years old is a
well-know and widely spread phenomenon in Cameroon. Being ranked at the
19th position worldwide, the mortality of children less than five
years old in Cameroon needs not be neglected.
Based on the data of Demographic and Health Surveys carried out
by INS in 2004, the present thesis analyses the effects of variables on the
mortality of children less than five years old in Cameroon. A logistic
regression is being used in order to sort out the net effect of each variable
susceptible to explain children mortality.
The mortality of children less than five years old in Cameroon is
explained by socio-economic and cultural factors such as the awareness of the
mother, the financial status of the home the area where the child resides;
socio-demographic factors (the mother's age at birth, the matrimonial status of
the mother, the birth rates, the equivalence and finally, the contextual
factors such as children, vaccination, the assistance of the mother during
birth, the place of birth). All these different variables where revealed to be
significant in the explanation of the mortality of five years children in
Cameroon.
In Cameroon, new born babies do not have equal chances to
survive till at the age of five. Children born in urban area have more chances
to survive than those born in rural area. More ever, children born in health
centers and whose mother were assisted during birth have less risks to die than
their counterparts born in the house and whose mother where not assisted.
The awareness of the mother, the birth range, vaccination the
fact of sleeping under a mosquito tent ameliorates the chances of children to
survive till the age of five.
INTRODUCTION
« Les enfants sont un héritage qui vient
du Seigneur » Alphonse Leclaire (1871)
Phénomène humain et social, la mortalité des
enfants, naguère un sujet tabou, ne pouvait être traité
sans susciter une véritable tristesse. De nos jours, l'existence du
phénomène est tout à fait connue et occupe une place
importante dans la conscience publique avec, en prime, l'expression d'une
volonté d'y faire face. C'est ainsi que le gouvernement du Cameroun
multiplie des actions visant à améliorer la survie des enfants,
notamment à travers des journées nationales de vaccination, des
journées de la santé de l'enfant, des financements du secteur de
la santé et des prises en charge des maladies néonatales et
infantiles.
À travers le monde, plusieurs études expliquent le
niveau élevé de décès infantiles dans les pays en
développement. La mortalité des enfants est au coeur de divers
projets de recherche et une multitude d'ouvrages, articles et études
sont parus sur le sujet. Bien que cette mortalité soit largement
étudiée dans le monde, peu d'études y ont
été consacrées au Cameroun.
Plusieurs indicateurs permettent d'apprécier le niveau de
développement d'un pays : le quotient de mortalité infantile
est aussi un élément important de cette appréciation.
Indicateur sensible du développement d'un pays, c'est un indice
révélateur de ses priorités et de ses valeurs.
D'après les sources des Nations Unies 2007, notamment World
Population Prospects, the 2006 Révision, le continent africain est
le plus touché par ce phénomène. En effet, le quotient de
mortalité infantile en Afrique est de 90 %o, contre 8 %o en Europe et 6
%o en Amérique du Nord. On constate là, une très grande
disparité de la mortalité infantile à travers les
régions du monde.
S'il est vrai que les pays sous développés se
doivent de réduire l'écart avec les pays
développés, les dirigeants de ces pays ont l'obligation de mettre
en oeuvre des programmes structurels dans le but d'améliorer les
conditions de vie des populations. La mortalité infantile demeure
toujours un véritable problème, dans la mesure où elle
atteint des taux très élevés dans certains pays : 163
%o pour l'Afghanistan, 137 %o pour l'Angola contre seulement 4 %o pour le
Japon, et de manière globale 6 %o dans les pays industrialisés en
2006. En 2008 selon les sources de l'UNICEF, un enfant angolais ait 54 fois
plus de risques de mourir avant l'âge d'un an qu'un enfant
français. L'Afrique subsaharienne est la région du monde
où il est le plus difficile pour un enfant de survivre jusqu'à
l'âge de 5 ans. Dans cette région du monde en 2006, un enfant sur
six meurt avant l'âge de cinq ans. Même si la réduction du
taux de mortalité est de 14 % depuis 19903(*), il reste tout de même le plus
élevé du monde. Comme l'affirmait en 2003 Carol Bellamy,
directrice exécutive du Fonds des Nations-Unies pour l'enfance (UNICEF)
« le bien-être des enfants doit devenir le moyen le plus
important de mesurer les réalisations individuelles des dirigeants
africains (...). Or aucun continent ne peut, avec des indicateurs aussi
défavorables sur le bien-être des enfants, réaliser un
développement réel et jouir d'une stabilité
réelle ».
Depuis le début des années 1980, ce
phénomène suscite une nouvelle mobilisation notamment de la part
des médias et des institutions internationales. En 1990, lorsque les
différents chefs d'États et de gouvernements des
différents pays définissaient les Objectifs du Millénaire
pour le Développement horizon 2015, un accent était mis sur la
mortalité infantile. C'est ainsi que l'objectif 4 stipule une
réduction de la mortalité infantile, plus spécifiquement
réduire de deux tiers entre 1990 et 2015, le taux de mortalité
des enfants de moins de 5 ans. Partant du fait que la santé de la
mère peut influencer celle de son enfant, voire même la survie de
ce dernier, un objectif très proche du précédent a
été défini à savoir, améliorer la
santé maternelle c'est-à-dire réduire de trois quarts,
entre 1990 et 2015, le quotient de mortalité maternelle. En
réalité, les décès d'enfants et des femmes
pourraient dans de nombreux cas être évités.
Chaque jour, plus de 26 0004(*) enfants de moins de 5 ans meurent dans le monde, de
causes qui, pour la plupart, auraient pu être prévenues. Et
presque tous vivent dans les pays en développement ou, plus
précisément, dans 60 pays en développement. Plus d'un
tiers de ces enfants meurent durant le premier mois de leur existence, en
général à la maison, sans avoir accès aux services
de santé essentiels et aux produits de base qui permettraient de leur
sauver la vie. Des enfants meurent encore d'infections respiratoires ou
diarrhéiques qui ne représentent plus une menace dans les pays
industrialisés, ou encore de maladies infantiles, comme la rougeole que
la vaccination permettrait d'éviter. La moitié des
décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde a pour cause
sous-jacente la malnutrition, qui prive les jeunes enfants des
éléments nutritifs nécessaires à leur croissance et
à leur développement mental. Une eau insalubre, un assainissement
insuffisant et des installations sanitaires inadéquates sont
également des facteurs de mortalité et de morbidité.
Au Cameroun d'après les résultats de
l'enquête MISC III, 2006, le quotient de mortalité
infanto-juvénile est de 149 %o. Autrement dit un enfant sur sept meurt
avant son cinquième anniversaire. En clair, cette étude s'inscrit
dans un contexte où, pour les pays en voie de développement
(PVD), la survie des enfants de la naissance au 5ème
anniversaire est déterminée par plusieurs facteurs dont nous
aimerions présenter l'impact et l'influence.
S'agissant des causes de décès de moins de 5 ans
dans le monde, plus d'un tiers est dû à la sous alimentation. Le
VIH et le paludisme en 2006 ont causé 30 % des décès des
enfants. Ces causes sont inéluctablement, la manifestation d'un certain
nombre de facteurs, liés au ménage et à l'environnement,
facteurs que nous tenterons de déceler pour le cas du Cameroun.
Cette étude a pour objectif de proposer des mesures de
réduction de la mortalité dans le cadre des Objectifs du
Millénaire pour le Développement. Par ailleurs, les
décès des enfants représentent un gâchis, pour des
raisons à la fois humanitaires et économiques. Les enfants qui
décèdent avant l'âge de 5 ans ne constituerait-elle pas une
force importante de main d'oeuvre potentielle à venir ? La
naissance d'un enfant constitue sans aucun doute un coût pour ses
parents, et lorsqu'il décède, il s'agit du côté de
ses parents d'un investissement humain et social non rentable,
enregistré en pure perte. Par ailleurs, au plan national, la
mortalité dans la petite enfance explique une part non
négligeable du niveau général de mortalité dans une
population. Une bonne couverture sanitaire des enfants se traduit
automatiquement par une amélioration appréciable de
l'espérance de vie à la naissance, autre dimension de l'IDH.
L'objectif global de cette étude, que nous rappelons ici,
est de contribuer à mieux appréhender les facteurs
déterminants de la mortalité infanto juvénile au Cameroun,
pour orienter les interventions en matière de réduction du
quotient de mortalité infantile. Autrement dit, pourquoi de nombreux
enfants meurent-ils au Cameroun ? Nous présenterons ici les
déterminants de la mortalité infanto-juvénile. Il s'agira
de savoir, en s'inspirant du modèle conceptuel de MOSLEY et CHEN
modifié par BARBIERI, si les caractéristiques de la mère,
du milieu environnemental ou du ménage peuvent compromettre la survie de
l'enfant.
De manière plus spécifique, cette étude vise
à :
· identifier les facteurs qui influent la survie des
enfants ;
· mesurer l'influence de chacun de ces facteurs sur le
niveau de mortalité des enfants ;
· mesurer l'effet combiné de certaines variables
sur le niveau de mortalité ;
· proposer des mesures ciblées en vue de la baisse
du niveau de mortalité.
Les hypothèses de travail qui sous-tendent cette
étude sont les suivantes :
· les facteurs sociaux économiques et culturels tels
que (l'instruction des parents, le revenu du ménage, le milieu de
résidence) ont un effet significatif sur la mortalité des enfants
de moins de cinq ans au Cameroun ;
· les facteurs socio-démographiques (l'âge de
la mère à l'accouchement, le statut matrimonial de la
mère, le rang des naissances, la parité) influencent la
mortalité des enfants de moins de cinq ans ;
· enfin, les facteurs contextuels tels que la vaccination,
l'assistance à l'accouchement, ont également un effet sur la
mortalité des enfants de moins de cinq ans au Cameroun.
Le mémoire s'articulera sur les différents concepts
de mortalité infanto-juvénile à la
lumière des objectifs de l'étude et au regard des sources de
données disponibles notamment EDS 2004 (chapitre 1). En second lieu,
nous procéderons à une présentation des théories
relatives à la mortalité infanto-juvénile (chapitre 2). En
troisième lieu sera présenté un panorama de la situation
de la mortalité infantile au Cameroun, à partir des
données des enquêtes EDS 2004 (chapitre 3). Enfin, le
quatrième chapitre portera sur l'analyse empirique de l'effet de
quelques variables sur le niveau de mortalité des enfants.
La démarche méthodologique consiste d'abord
à une revue des concepts et théories relatifs à la
mortalité. Elle permettra de faire ressortir les niveaux et les
tendances de la mortalité des enfants de moins 5 ans, suivant les
caractéristiques démographiques, culturelles
socio-économiques des ménages où ces enfants vivent. Par
la suite, nous allons mobiliser l'analyse des correspondances multiples afin de
se faire une idée sur les déterminants à haut risque de la
mortalité des enfants de moins de 5 ans. Enfin, le modèle de
régression logistique nous permettra de mettre en évidence les
déterminants de la mortalité des moins de cinq ans au Cameroun.
Il permettra aussi d'analyser l'effet de chacun de ces déterminants sur
le niveau de mortalité.
L'étude débouchera sur des propositions à
l'attention des pouvoirs publics, des partenaires au développement et de
la société civile, en vue d'une amélioration de
l'état de santé des enfants et, par conséquent de leur
durée de vie.
Cette première partie, subdivisée en deux chapitres
est consacrée aux concepts et théories relatives à la
mortalité des enfants. Dans le premier, nous présentons les
concepts et les définitions nécessaires pour appréhender
le phénomène de la mortalité des enfants. Dans le
deuxième, nous passons en revue les différentes théories
traitant de la mortalité des enfants, ainsi que les résultats de
quelques études ayant abordées ce sujet.
CHAPITRE 1 : MORTALITÉ INFANTILE, JUVÉNILE
ET INFANTO-JUVÉNILE
« La mortalité infantile est un indicateur
sensible du développement d'un pays et un indice
révélateur de ses priorités et de ses valeurs. Investir
dans la santé des enfants et de leurs mères est non seulement un
impératif en matière de droits de l'homme, mais aussi une
décision économique avisée et l'un des moyens les plus
sûrs pour un pays d'avancer vers un avenir
meilleur »5(*).
L'analyse de la mortalité infantile et juvénile
permet d'apprécier les efforts déployés par les pouvoirs
publics afin d'améliorer les conditions de vie des populations. En
effet, la mortalité infantile influence l'espérance de vie
à la naissance6(*),
élément fondamental dans le calcul de l'Indicateur de
Développement Humain. Dans ce chapitre, nous rappelons la
définition de quelques concepts clés de notre étude et
nous reviendrons également sur les indicateurs de mortalité des
enfants.
1.1 DÉFINITION DES
CONCEPTS
La littérature distingue trois principales approches
dans les études sur la mortalité des enfants. Il s'agit
principalement de la mortalité infantile, de la mortalité
juvénile et de la mortalité infanto-juvénile. Cette
étude porte sur l'analyse des facteurs explicatifs de la
mortalité des enfants âgés de 0-4 ans révolus.
1.1.1. Mortalité
infantile
La mortalité infantile a depuis longtemps fait l'objet
d'un intérêt tout à fait particulier, en raison à la
fois des risques de décès importants qui la caractérisent
ainsi que de son poids relatif dans le calcul de la durée moyenne de vie
ou espérance de vie à la naissance. Lorsqu'on parle de
mortalité infantile, on se réfère aux décès
qui frappent les enfants pendant leur première année de vie.
C'est donc l'ensemble des décès des enfants âgés de
moins d'un an. Elle permet essentiellement de juger la qualité des soins
obstétriques et
pédiatriques d'un pays. Le
niveau des décès infantiles est plus élevé dans les
pays sous développés que dans les pays développés,
en raison des mauvaises conditions sanitaires pendant la grossesse et
l'accouchement, et surtout d'un manque de soins aux nouveaux nés.
Certaines techniques7(*)
préventives à l'exemple de la
vaccination, l'administration d'
antibiotiques lors d'
infections et la
réhydratation lors des
diarrhées permettent
d'éviter les décès des enfants.
Dans les études sur les déterminants de la
mortalité chez les enfants, il est important de distinguer les
déterminants de la mortalité chez les nourrissons. Le niveau de
mortalité infantile rend compte du développement social d'un
pays. Une mesure de son importance dans la population à mortalité
élevée peut être fournie par l'exemple de la
Belgique8(*) des
années 1900. En effet, 25 % des décès annuels
étaient généralement des décès d'enfants de
moins d'un an et le total des décès de moins de 5 ans
représentait 50 % des décès annuels. Il s'agit de la
première année de vie, et à cet âge le nourrisson
est encore fragile et il subit l'influence du milieu dans lequel il vit. Toutes
les précautions doivent être observées, afin de garantir
les meilleures conditions de vie. Ainsi, il apparaît que les
déterminants dans cette tranche d'âge peuvent différer des
déterminants chez les tranches d'âges supérieurs.
Après cette brève description de la mortalité infantile
nous passons à sa décomposition en mortalité
néonatale (moins d'un mois) et mortalité post-néonatale
(un mois à moins d'une année d'âge)
1.1.1.1 Mortalité néonatale
Le dictionnaire de démographie de Roland PRESSAT
définit la mortalité néonatale comme les
décès des enfants enregistrés au cours du premier mois de
naissance. L'importance de la mortalité néonatale et
l'intérêt qu'il faut lui accorder dans les stratégies de
réduction de la mortalité apparaissent à travers le poids
des décès néonatals dans la mortalité des moins
d'un an. C'est durant la première semaine que le nouveau-né court
le de plus risque de décéder. Ainsi les crises économiques
des pays, les guerres, mais aussi la
séropositivité
au VIH de la mère qui fait que les nouveau-nés ont un
indice de vitalité assez mauvais concourent à augmenter le niveau
de mortalité
des enfants.
Pour Samuel AMBAPOUR (2004), les
décès constatés d'enfants de moins d'un mois sont dus
à des causes antérieures à la naissance ou
résultant de la naissance elle-même. Ils constituent la
mortalité infantile endogène9(*). Selon Samuel, les décès
endogènes sont à distinguer de ceux qui sont imputables au milieu
extérieur qui constituent la mortalité exogène10(*) : l'enfant meurt parce
qu'il rencontre dans le milieu où il vit la cause de sa mort. La mort
vient du dehors, soit par des microbes, soit par une alimentation mal
adaptée. Ainsi, dans notre présent travail, nous cherchons
à déterminer les facteurs qui se placeraient en amont de ces
causes. Nous supposons que ces différentes causes sont en
réalité les manifestations d'un certain nombre de variables, que
nous tenterons de déceler. Par exemple, si la cause de la mort de
l'enfant est la présence des microbes qu'il a dû contracter en
buvant une eau sale, on peut dire que le déterminant dans ce cas serait
la pauvreté. En effet, c'est peut être les conditions de vie du
ménage qui empêchent l'enfant de boire ou de se procurer une bonne
eau et cela a une incidence sur sa santé.
1.1.1.2 Mortalité
post-néonatale
La mortalité post-néonatale, est la
mortalité observée chez les enfants après le premier mois
de leur existence jusqu'à l'âge d'un an exact.
À partir du premier mois de vie, l'enfant est
exposée à l'insalubrité, aux infections respiratoires ou
alimentaires. Les causes de décès ici peuvent être
différentes des causes de décès pendant les 28 premiers
jours de vie (mortalité néonatale). Par conséquent, les
déterminants qu'on peut identifier dans ce cas peuvent différer
des précédents déterminants.
1.1.2 Mortalité
juvénile
Ce type de mortalité concerne tous les décès
enregistrés entre le premier et le cinquième anniversaire. Dans
ce deuxième groupe, l'accent est mis sur les facteurs socio-
économiques et culturels qui peuvent influencer la survie des enfants.
1.1.3 Mortalité
infanto-juvénile
C'est la mortalité qui affecte les enfants de la naissance
jusqu'au 5ème anniversaire (non inclus). Elle englobe la
mortalité infantile et la mortalité juvénile. À
travers la figure qui suit, tous les différents concepts
précédemment définis sont résumés.
Figure :
Décomposition de la mortalité des enfants de moins de
cinq ans
Source : Schéma
inspiré de MONNIER Alain, figure 7 P.53
Cette figure illustre bien ce que nous venons de présenter
ci-dessus. Ce qui distingue une mortalité d'une autre, c'est l'âge
de l'enfant au moment du décès.
1.2 INDICATEURS DE LA
MORTALITÉ INFANTILE
En fonction du type de mortalité, il existe des
indicateurs bien précis qui permettent d'apprécier le niveau de
mortalité. En même temps que ces indicateurs permettent
d'apprécier le niveau de développement économique d'un
pays11(*), ils permettent
également de suivre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement. Avant de présenter ces indicateurs, il convient de
rappeler les méthodes généralement utilisées pour
les évaluer.
Il existe deux grandes méthodes qui permettent la collecte
des données, afin de calculer ces indicateurs de mortalité :
§ la méthode directe ;
§ la méthode indirecte.
La première méthode consiste à interroger
les sources d'informations administratives telles que l'état civil, les
statistiques hospitalières et bien d'autres, afin d'évaluer tous
les décès d'enfants. La plupart des pays sous
développés, se caractérise par un mauvais fonctionnement
de l'état civil, et des autres sources administratives. Ainsi
prétendre évaluer les niveaux de mortalité au travers des
informations fournies par ces précédentes sources serait
biaisé. La principale raison est que les ménages le plus souvent
n'enregistrent pas les décès dans les centres concernés et
bien encore les femmes qui accouchent à domicile ne sont pas pris en
compte dans l'évaluation des statistiques hospitalières. Ce sont
donc développés d'autres méthodes afin de recueillir les
informations permettant le calcul des ces indicateurs.
La méthode indirecte, par contre consiste à
interroger les femmes, afin de disposer les informations sur l'historique des
naissances qu'elles ont eu pendant une période de
référence. Cette méthode est très utilisée
et plus adaptée pour nos pays. Bien qu'elle présente des limites,
elle permet d'avoir des informations plus détaillées sur les
enfants au travers de la mère lorsqu'elle est encore en vie. Les
Enquête Démographique et Santé (EDS) utilisent cette
technique pour estimer les indicateurs de la mortalité.
Notons que les quotients de mortalité12(*) relèvent de l'analyse
longitudinale et s'interprètent en termes de probabilité de
décès alors que les taux de mortalité appartiennent
à l'analyse transversale (confère la figure ci-dessous).
Si on désigne par :
· Nt les naissances observées au cours de
l'année t ;
· D(x, x+a) les décès
observés dans la génération entre les âges x et x+a
exacts ;
· Dx les décès observés dans
l'année à x ans révolus ;
· Sx les survivants à l'âge exact x
dans une génération.
· Pmx Population moyenne d'âge x.
Le quotient de mortalité, qui correspond au risque de
décéder entre deux âges s'obtient en rapportant les
décès observés à la population soumise au risque de
décès. La formule générale d'un quotient est
donc :
aqx
Le taux de mortalité par contre s'obtient en rapportant
les décès observés à un certain âge pendant
une année à la population moyenne ayant cet âge. La formule
se présente alors :
mx
Dans le cadre de ce mémoire, puisque nous utilisons la
base de données de l'Enquête Démographique et Santé
du Cameroun 2004 (EDS 2004), qui par définition est une enquête
rétrospective (couvrant la période 2000 à 2004)
c'est-à-dire longitudinale, nous parlerons plutôt de quotient de
mortalité. Les indicateurs de mortalités qui seront
présentés dans la suite, sont en réalité des
probabilités.
Figure : Types
d'analyse en démographie et application aux indicateurs de
mortalité
Source : LARMARANGE Joseph (2003),
P.23
1.2.1 Quotient de
mortalité infantile
Ainsi donc, la mortalité infantile s'apprécie au
moyen du quotient de mortalité infantile, qui est le rapport du nombre
de décès d'enfants de moins d'un an à l'effectif des
naissances vivantes correspondantes. Il exprime en réalité la
probabilité pour un enfant de décéder avant le premier
anniversaire.
1.2.1.1 Quotient de mortinatalité
La mortinatalité est la mortalité d'un foetus qui
se produit à partir de 28 semaines de gestation. Il convient de
distinguer cette mortalité des avortements spontanés lesquels se
produisent entre la conception et la 28ème semaine. C'est
donc le rapport du nombre de décès survenus à partir de 28
semaines de gestation à l'effectif des naissances
correspondantes13(*).
1.2.1.2 Quotient de
mortalité néonatale
La mortalité est particulièrement
élevée pendant les premiers moments de la vie ; cela revient
à déterminer le quotient de mortalité néonatale. On
l'obtient en divisant le nombre de décès chez tous les
bébés de moins de 28 jours par celui de naissances vivantes,
multiplié par 1 000. Par ailleurs, la mortalité néonatale
précoce se calcule en divisant le nombre de décès chez les
bébés de moins de 7 jours par celui de naissances vivantes,
multiplié par 1 000. Pour sa part, le quotient de mortalité
néonatale tardive se calcule en divisant le nombre de
décès chez les bébés de 7 à 28 jours par
celui des naissances vivantes durant la même année,
multiplié par 1 000.
1.2.1.3 Quotient de
mortalité périnatale
On calcule la mortalité périnatale en divisant le
nombre de mort-nés durant une année et de décès de
bébés de moins de sept jours durant la même année
par le nombre de mort-nés durant une année et de naissances
vivantes durant la même année.
1.2.1.4 Quotient de
mortalité post néonatale
La période allant du 29ème jour au
365ème jour de l'année donne lieu au calcul du
quotient de mortalité post néonatale, qui s'obtient en divisant
le nombre de décès chez les bébés de 4 à 51
semaines par celui de naissances vivantes, multiplié par 1 000.
Si l'on désigne par :
· Dt0-7 le nombre des
décès des enfants âgés de moins de 7 jours ;
· Dt7-28 le nombre des
décès des enfants âgés de 7 à 28
jours ;
· Dt0-28 le nombre des
décès des enfants âgés de moins de 28
jours à l'année t ;
· Dt28-365 le nombre des
décès des enfants âgés de moins d'un an à
l'année t ;
· Nt le nombre de naissance à
l'année t ;
On obtient alors les relations suivantes :
Taux de mortalité néonatale
précoce : mt0-7
Taux de mortalité néonatale tardive :
mt7-28
Taux de mortalité post-néonatale :
mt28-365
Taux de mortalité infantile :
mt0 = mt0-7 +
mt7-28 + mt28-365
Tous ces différents indicateurs que nous venons de
présenter sont des taux, et relèvent de l'analyse transversale
(à une période donnée). Si par contre on se situe dans le
cadre d'une analyse longitudinale, les formules seront
modifiées14(*), et
on parlera alors de quotients qui s'interpréteront comme des
probabilités.
1.2.2
Quotient de mortalité juvénile
Pour le calculer, on se situe d'abord dans une analyse
longitudinale, puis on obtient la somme de tous les décès des
enfants depuis leur premier anniversaire jusqu'à l'âge de 4 ans
révolus, que l'on divise par toutes les naissances enregistrées
au cours de ces périodes. Par exemple pour le cas de l'EDS III, il
s'agit d'additionner pour les années 2000, 2001, 2002 et 2003, tous les
décès d'enfants, dont l'âge au décès est
compris entre 1 an révolu et 4 ans révolus, que l'on divise par
toutes les naissances vivantes enregistrées au cours de la même
période. Il s'exprime en pour mille et s'interprète toujours
comme probabilité de décès entre le 1er et le
5ème anniversaire (exclu).
1.2.3
Quotient de mortalité infanto-juvénile
Il se rapporte au nombre de décès d'enfants
nés vivants de 0-4 ans révolus sur le nombre des naissances
durant la même période (dans un même pays). En
réalité, il mesure globalement la probabilité pour un
enfant né vivant de mourir avant son 5ième anniversaire. Pour le
cas de l'EDS III, il s'agit de cumuler tous les décès des enfants
survenus avant leur 5ème anniversaire, et de diviser par
toutes les naissances de la même période. Autrement dit, on
additionne tous les décès des enfants dont l'âge au
décès est strictement inférieur à 5, au cours des
années 2000, 2001, 2002 et 2003, puis on divise par toutes les
naissances de ces quatre années. C'est pour cette raison que les
quotients de mortalité relèvent de l'analyse longitudinale.
1.3
AVANTAGES DES INDICATEURS DE MORTALITÉ
Les indicateurs de mortalité que nous venons de
présenter ont plusieurs avantages15(*), en tant que baromètre du bien-être de
l'enfant en général et de sa santé en particulier pour
plusieurs raisons :
Premièrement, il mesure les résultats du
développement plutôt que ses intrants. Par exemple, le nombre de
calories disponibles par habitant ou le nombre de médecins pour 1 000
personnes qui sont des moyens pour atteindre un but.
Deuxièmement, on sait que le quotient de mortalité
infantile par exemple offre des informations précieuses sur un large
éventail de facteurs tels que l'état nutritionnel et les
connaissances des mères en matière de santé, le taux de
vaccination et de recours à la thérapeutique de
réhydratation orale, l'accès aux services de santé
maternelle et infantile (y compris les soins prénatals), le revenu et la
nourriture dont dispose le foyer, l'accès à l'eau potable et
à des installations sanitaires de base, et la sécurité
globale de l'environnement de l'enfant.
Troisièmement, bien que ces différents indicateurs
de mortalité infantile soient une moyenne, ils se prêtent16(*) moins aux fausses
interprétations que des indicateurs comme le Revenu National Brut (RNB)
par habitant. En effet, à l'échelle naturelle, les enfants de
riches n'ont pas mille fois plus de chances de survivre que les pauvres,
même si à l'échelle humaine, il leur est possible d'avoir
un revenu mille fois plus élevé. En d'autres termes, il est
beaucoup plus difficile pour une minorité aisée d'influer sur le
quotient de mortalité de moins de cinq ans d'un pays. Les quotients de
mortalité des enfants de moins de 5 ans offrent donc une image plus
exacte, même si elle est loin d'être parfaite, de l'état de
santé de la majorité des enfants (et de la société
dans son ensemble).
CHAPITRE 2 : REVUE DE
LITTÉRATURE SUR LA MORTALITÉ INFANTO-JUVÉNILE
Dans le chapitre précédent, il a été
question de préciser les concepts relatifs à la mortalité
infantile à la lumière des objectifs de l'étude. Le
présent chapitre a pour objectif de faire une revue afin de
présenter les résultats des différentes études qui
ont déjà été menées dans le cadre de notre
thème. Mais avant cela, il importe de présenter succinctement les
théories relatives à l'explication de la mortalité
infanto-juvénile.
Les théories relatives à l'explication de la
mortalité infantile sont abondantes. Elles ont évolué tout
au fil du temps, s'appuyant au départ sur les valeurs sociologiques
puis, par la suite, sur les valeurs démographiques. C'est au cours de la
moitié des années 1980 que Mosley et Chen ont proposé un
nouveau modèle de déterminants de la mortalité infantile,
appelé aussi modèle de déterminants proximaux qui s'ajoute
au modèle de Meegama (1980).
2.1 EXPLICATION DE LA MORTALITÉ DES ENFANTS
Nous allons dans cette partie présenter quelques
théories relatives à l'explication de la mortalité
développées par quelques auteurs, à savoir Sriniwasa
Meegama en 1980, Michel Garenne et Patrice Virmard en 1984, Henry Mosley et
Lincoln Chen en 1984 et enfin Alberto Palonni en 1985.
2.1.1 Théorie de
Sriniwasa Meegama en 1980
Ce premier modèle, qui essaie d'élaborer une
approche permettant d'expliquer le phénomène de mortalité
néonatale s'appuie sur les sciences sociales et médicales.
Meegama introduit un modèle qui se développe et s'articule en
trois grandes causes de décès infantile17(*) :
· la première cause, regroupe le
tétanos néonatal, l'asphyxie postnatale et les autres
complications liées à l'accouchement, qui dérivent d'une
inopportune ou totale absence d'assistance au moment de la naissance ;
· la deuxième cause, se compose de
variables relatives à l'immaturité et à la faiblesse
congénitale de l'enfant (causes vraisemblablement liées à
l'état de santé de la mère) ;
· enfin, la dernière cause concerne les
infections néonatales et les convulsions, qui dépendent du milieu
environnant malsain. D'autres variables étant relatives au domicile et
au niveau économique de la famille d'origine, on les considère
indépendantes du modèle et liées à des causes de
mort déterminées par des parcours causaux plus ou moins
articulés (Valente, 1997).
De ce modèle, l'enseignement que nous pouvons tirer est
qu'il est plutôt nécessaire de s'intéresser à ce qui
a conduit au décès de l'enfant qu'au décès
lui-même. Par exemple l'absence d'assistance au moment de l'accouchement
est fatale pour la survie de l'enfant. Et enfin, certains facteurs sont
d'origines externes comme le milieu environnemental où vit l'enfant.
Ce qui semble raisonnable est de considérer ces trois
grandes causes de mort comme la fin d'un processus qui a débuté
depuis longtemps. Ainsi, nous allons à travers la figure
ci-dessous18(*) illustrer
les mécanismes qui agissent sur la survie de l'enfant selon Meegama.
Figure : 2 Déterminants de la
mortalité néonatale du modèle de Meegama.
Par exemple, pour cet auteur, la première cause de
décès vient du fait que le lieu de résidence de la femme
peut être isolé d'un centre de santé et elle pourra se
faire accoucher sans doute par une personne non qualifiée. Par
conséquent, on assiste à une absence d'assistance à
l'accouchement qui va provoquer des complications à l'accouchement et
débouchera sur une mortalité précoce (néonatale) de
l'enfant. Par ailleurs, cet auteur montre aussi qu'un faible niveau
économique de la famille peut entraîner des difficultés
dans les déplacements, entraînant ainsi le transport manqué
de la mère ou de l'enfant à l'hôpital, qui au final
débouche sur une immaturité et une faiblesse congénitale.
Bien plus, le faible niveau économique peut entraîner le
ménage à vivre dans les lieux malsains, dans les milieux
insalubres, ce qui provoquera des infections néonatales et des
convulsions.
À travers ces explications, on comprend en
réalité que la cause de décès n'est qu'un produit
final d'une série de manifestations d'un certain nombre de variables,
qui interagissent entre elles. Les causes interviennent en aval des facteurs ou
déterminants de la mortalité infantile et juvénile qui
interviennent en amont
2.1.2 Théorie de Michel
Garenne et Patrice Virmard en 1984
Ces auteurs distinguent cinq niveaux de variables propres
à l'analyse : les variables discriminantes, indépendantes,
intermédiaires, déterminantes et dépendantes. Ces groupes
de variables correspondent aux différents niveaux de l'analyse et aux
différents niveaux d'explications que ces variables peuvent apporter.
Michel Garenne et Patrice Virmard, présentent en amont les
variables discriminantes. Sont regroupées dans cette catégorie
des variables qui n'ont pas de raisons d'avoir un effet direct sur la
mortalité mais à partir desquelles il est classique
d'étudier la mortalité différentielle : ce sont des
variables assez aisées à déterminer dans les
enquêtes et qui sont corrélées avec certaines variables
indépendantes. La connaissance de ces différentielles peut
permettre de mettre en évidence le rôle de certaines variables
indépendantes, ou tout au moins de le suggérer. C'est le cas des
variables géographiques (région d'un pays, nation dans un
ensemble régional, quartier d'une ville) ; du niveau de
développement économique (mesuré par le PNB ou par un
autre indicateur de développement) ; du régime politique (plus ou
moins orienté vers les investissements sociaux, en particulier vers la
santé publique) ; des multiples catégories sociales (CSP,
religion, nationalité, groupe ethnique, type de famille, origine des
migrants) et enfin de l'habitat (type d'habitat, moderne ou traditionnel par
exemple).
À un niveau plus fin, sont regroupées les variables
explicatives, qui peuvent entrer comme telles dans un modèle explicatif.
Ce sont des variables qui ont un effet sur la mortalité, à
travers une ou plusieurs variables intermédiaires.
En aval on trouve les variables intermédiaires qui
constituent un groupe de variables au travers desquelles se fait l'action sur
la survie de l'enfant ou sur la cause de son décès. Hormis
certaines variables rarement mesurées dans les études sur la
mortalité, les variables ont été regroupées en 5
sous-groupes :
· la situation à la naissance, qu'on peut appeler
capital santé ;
· les maladies, l'environnement
épidémiologique qui détermine l'exposition au risque
(existence des maladies, transmission, épidémies...);
· les comportements en matière de santé
(connaissances des méthodes thérapeutiques efficaces, attitudes
envers la santé des enfants ; pratiques des soins de santé) ;
· la nutrition, très importante pour la survie de
l'enfant (en particulier l'allaitement, l'âge au sevrage, le type de
nourriture de supplémentation) ;
· et enfin l'état immunitaire (ensemble des
vaccinations et des immunisations acquises ou transmises).
Pour ces auteurs, ce groupe des variables intermédiaires
est peut-être celui dont l'effet sur la mortalité est le plus mal
connu à l'heure actuelle. Ces facteurs de la mortalité devraient
permettre de comprendre les causes médicales de décès, qui
apparaissent ici comme le déterminant ultime de la mortalité des
enfants. Il faut remarquer que cette catégorie est peut-être celle
où les variables sont le plus difficile à identifier, car un
décès d'enfant est souvent le résultat d'un processus
complexe qui peut rarement être résumé par une cause unique
de décès, celle qui est en principe inscrite sur le certificat de
décès. À ce niveau se pose un problème de
définition dont il ne faut pas négliger l'importance et où
réside peut-être une des clefs de l'analyse de la mortalité
des enfants.
Le 5ème niveau est celui de la variable
à expliquer, c'est-à-dire la variable dépendante du
modèle : le niveau de mortalité.
Ces niveaux d'analyse et les termes qui les désignent ont
bien évidemment une part d'arbitraire. Ils sont basés sur des
schémas présupposés d'actions des variables.
2.1.3 Théorie des
déterminants proximaux
Ce modèle d'analyse des déterminants de la
mortalité des enfants, a été formulé pour faire
face à la faiblesse des modèles déjà existants. Ce
dernier modèle intègre dans sa démarche les
déterminants sociaux économiques qui sont placés en amont
à partir desquels le processus se déclenche.
2.2.3.1 Modèle de
Moseley et Chen
Nombre d'études ont amplement démontré que
le contexte socio-économique et sanitaire est un déterminant
essentiel du niveau de la mortalité infantile (Barbieri, 1991). Vers la
moitié des années 1980, Henry Moseley et Lincoln Chen (1984) ont
développé « le modèle des déterminants
proximaux de la mortalité infantile ». Cette approche des sciences
sociales et celle des sciences médicales en un seul système a
pour objectif de définir le rapport entre les variables
socio-économiques, les variables biomédicales et la
mortalité ainsi que le mécanisme qui les lie. Les auteurs ont
défini cinq groupes de déterminants (facteurs maternels,
contamination par l'environnement, carences nutritionnelles, blessures et
contrôle individuelle de la santé), qui jouent un rôle
intermédiaire, et ont présenté les processus causaux
à travers lesquels les facteurs sociaux, économiques, culturels,
politiques influencent en amont ces variables intermédiaires.
L'originalité de ce modèle, repose sur le fait que
la maladie n'est pas le déterminant fondamental et immédiat de la
mortalité des enfants. Elle est plutôt la conséquence de
nombreux mécanismes qui dérivent de plusieurs variables
intermédiaires. Le décès infantile n'est pas tout
simplement l'effet de l'aggravation d'une maladie, mais il est plutôt la
dernière phase d'un processus, qui regroupe des éléments
(variables) qui interagissent réciproquement et qui sont
influencés par les déterminants sociaux et économiques.
Ces auteurs identifient donc un ensemble de variables qui ont un effet direct
sur la mortalité infantile, même si elles sont directement
influencées, de leur côté par des facteurs sociaux,
économiques et politiques. Ces déterminants sont regroupés
en 15 catégories :
I. Facteurs liés à la
fécondité de la mère
· Âge de la mère à l'accouchement
· Parité
· Intervalle inter-génésique.
II. Contaminations du milieu avec des agents infectieux
· Contamination de l'air
· Contamination des aliments, de l'eau et des doigts
· Contamination de la peau / objets inanimés / sol
· Piqûres d'insectes
III. Disponibilité et carence d'aliments nutritifs
· Calories
· Protéines
· Vitamines
· Minéraux
IV. Blessures
· Accidentelles ou fortuites
· Volontaires ou intentionnelles
V. Facteurs de contrôle sur les maladies
personnelles
· Mesures préventives personnelles
· Traitements curatifs.
On peut noter que ces causes de mortalité peuvent
interagir. Et d'une manière générale, il y a un risque de
juxtaposition ou de confusion entre causes et facteurs de mortalité
infantile. Par exemple, les blessures sont une catégorie de causes de
morbidité et de mortalité.
2.2.3.2 Modèle d'Alberto Palonni en
1985.
La théorie explicative de Palonni a été
formulée en référence à l'Amérique latine,
et met l'accent sur une égalisation des chances. À cet effet, il
déclare : « le progrès social, et notamment l'égalisation des chances
d'accès aux ressources matérielles et aux services de
santé, la participation active à la vie locale et nationale de
toutes les couches sociales de la population et la disparition des
éléments, les comportements traditionnels préjudiciables
à la santé (fécondité excessive, brefs intervalles
de naissances, discrimination selon le sexe dans le traitement des enfants,
mode d'élevage des enfants, résistance traditionnelle à
adopter les aspects positifs de la médecine moderne) jouent aussi un
rôle déterminant ».
Nous allons dans la section qui va suivre, présenter les
résultats de quelques études empiriques qui ont tenté
d'expliquer les déterminants de décès des enfants afin de
nous conforter dans l'analyse des variables.
2.2 TOUR D'HORIZON DE QUELQUES ÉTUDES
Il s'agit spécifiquement de présenter les
résultats des études qui ont expliqué pourquoi les enfants
décèdent avant leur 5ème anniversaire. Cette
section nous amènera à retenir les variables que nous pensons
décisives dans l'explication de la mortalité
infanto-juvénile que nous essayerons de vérifier pour le cas du
Cameroun.
Une thèse présentée par Florence Jusot sur
l'analyse économique des inégalités sociales de
santé en France en 2003, montre l'existence d'une très forte
corrélation entre le revenu et la mortalité. Les résultats
indiquent une surmortalité liée à la pauvreté.
Cette thèse suggère que le risque de décès
dépend très fortement du niveau absolu de ressources de
l'individu mais aussi plus largement de son environnement économique et
social.
Selon une étude sur les déterminants culturels de
la mortalité infantile en Inde, 1993 M.E. KHAN montrent que des facteurs
non-médicaux tels l'extrême pauvreté, la
précocité du mariage et le statut subordonné de la femme,
qui fait d'elle une travailleuse familiale non payée, influence
négativement la survie des enfants. Par ailleurs, l'ignorance des femmes
en matière de puériculture et de vaccination, leurs pratiques
traditionnelles d'allaitement et de sevrage aggravent la situation. L'auteur
estime qu'aucun progrès important en matière de mortalité
infantile ne sera possible sans un réel développement sur tous
les fronts (alimentation, éducation, santé) et une
amélioration substantielle de la condition féminine.
Un article (Factors Responsible for Childhood Mortality Variation
in Rural Ethiopia) (p.p. 223-238) qui exploite l'enquête
démographique nationale en milieu rural de 1981 pour décrire les
variations de la mortalité des enfants dans les régions rurales
de l'Éthiopie, montre que :
· l'état de santé des parents est un facteur
important de la mortalité des enfants ;
· la religion, la région de résidence et
l'ethnie interagissent dans leur influence sur la mortalité des
enfants ;
· la mortalité des enfants est en relation inverse
avec l'alphabétisation des parents, qui peut aussi refléter le
statut socio-économique. Les données indiquent une
différence nette de mortalité des enfants entre les
régions sujettes aux famines et le reste du pays.
Une première étude réalisée par
Caldwell (1986), montre un effet positif de la scolarisation de la mère
sur la baisse de la mortalité des enfants. Par ailleurs, une autre
étude réalisée par MASTROROCCO et Roberta PACE,
Université de Bari sur les déterminants de la mortalité
infantile montre que l'accès à l'instruction maternelle permet de
modifier la structure hiérarchique et traditionnelle de la famille et
attribue à la femme de nouvelles positions et d'autres rôles au
sein de la même hiérarchie. L'instruction féminine
contribue, en fait, à modifier profondément les valeurs et les
rapports au sein de la famille, garantissant une position paritaire dans la
phase décisionnelle et d'aménagement familial. Le processus
d'aménagement familial est donc directement influencé par le
niveau d'instruction en fonction d'une certaine capacité de la femme
à discuter avec son propre partenaire à propos, par exemple, de
l'éventualité de la conception d'un enfant. Une femme
cultivée a une capacité plus grande de s'imposer dans les choix
de la vie familiale en se révélant plus sensible aux
problèmes de l'hygiène qui concernent l'allaitement et la
façon de préparer les mets. Le processus de scolarisation
contribue à considérer l'hygiène comme un facteur capable
de stopper beaucoup de causes de maladies et de mort, pas seulement
l'hygiène personnelle de la femme et de l'enfant, mais aussi celle du
milieu familial où l'enfant vivra après sa
naissance. »
Pour MASTROROCCO et Roberta PACE, « un
niveau d'instruction plus élevé conduit la femme à se
détacher des croyances et des traditions orales qui concernent la
sauvegarde de la santé de l'enfant favorisant l'éloignement
d'inopportunes et vieilles méthodes de soin. Un niveau d'instruction
plus élevé permet de rompre avec la tradition, d'être moins
fataliste devant la maladie, d'adopter des thérapies et
d'expérimenter des alternatives nouvelles dans une communauté qui
change et évolue, même d'un point de vue sanitaire. Dans une
société encline aux modèles occidentaux et novateurs, en
outre, une mère cultivée est sûrement enfant, ce qui
renforce évidemment le dialogue et l'interaction ».
Identifiable comme un instrument de propagande culturel
occidental, l'instruction maternelle peut être en même temps
considérée comme un moyen d'innovation et de changement (Akoto,
1994) ; cela veut dire qu'une femme cultivée cherche à se
conformer à un style de vie moderne qui tend de plus en plus vers une
amélioration de la qualité de la vie.
Une étude des déterminants de la mortalité
des enfants de moins de cinq ans réalisée au
Sénégal par Aliou Gaye en 1999 révèle que
le niveau d'instruction de la femme est, un déterminant important de la
survie des enfants. C'est surtout au niveau de la mortalité
juvénile que l'effet de l'instruction de la mère semble
être le plus discriminant : 22 %o des décès de moins de 5
ans chez les enfants dont la mère a un niveau d'instruction secondaire
ou plus, contre 39 %o chez ceux dont la mère a un niveau d'instruction
primaire et 93 %o chez ceux dont la mère n'a aucune instruction. Un
niveau social plus élevé, lié au niveau d'instruction,
favorise une conscience de soi-même plus forte, une connaissance plus
approfondie des services médicaux-sanitaires disponibles et une
conscience plus grande de la nécessité de vivre dans un milieu
salubre et hygiénique. En bref, la scolarisation apparaît comme un
processus social, capable de garantir de nouveaux modèles et de
continuelles transformations, de favoriser et accélérer les
modalités d'acquisition des informations et donc de stimuler
l'intérêt pour la médecine moderne et la
compréhension de la prévention.
Dans les pays à mortalité très
élevée, MASUY-STOOBANT19(*) montre que le sexe de l'enfant, le rang des
naissances, l'intervalle inter-génésique, l'âge de la
mère ainsi que son niveau d'instruction et enfin le milieu de
résidence sont des facteurs déterminants de la mortalité.
En s'intéressant sur les naissances multiples de douze pays Africains,
Gilles PISON montre une surmortalité des jumeaux sur les singletons.
MBACKE Cheikh et Van de Wall Etienne20(*) dans une étude à
Bobo Dioulasso (BURKINA FASO) montrent que :
· le revenu du ménage ;
· l'instruction de la mère ;
· le type d'habitation ;
· le poids de l'enfant à la naissance ;
· la gémellité ;
· le nombre de visites prénatales ;
· la vaccination ;
· la lutte contre les moustiques.
sont déterminants pour la survie des enfants entre 0
à 5 ans.
Plusieurs enquêtes, réalisées sur le
continent africain, notamment les enquêtes EDS, montrent que l'âge
de la mère à l'accouchement et le rang des naissances sont des
facteurs qui expliquent la mortalité des enfants de moins de cinq ans.
Pour AKOTO (1993)21(*), « l'ethnie est une variable
opérationnelle de la culture. Elle influence la mortalité des
enfants par les modèles culturels (organisation sociale, environnement,
etc.), les normes, les idées, les croyances et attitudes qui sont
véhiculées par les membres de la société. La
culture influence la mortalité à travers la perception de la
maladie. »
Dans le même ordre d'idée, plusieurs études
réalisées sur le continent montrent que la vaccination est un
élément capital de la vie des enfants. En effet, selon les
recommandations de l'OMS, un enfant est considéré comme
complètement vacciné s'il a reçu le vaccin du BCG contre
la tuberculose, trois doses de DTCoq contre la diphtérie, le
tétanos et la coqueluche, trois doses du vaccin contre la polio et le
vaccin contre la rougeole. D'après le calendrier vaccinal, toutes ces
vaccinations devraient être administrées à l'enfant au
cours de sa première année de vie. On se pose alors la question
de savoir si cette réglementation de l'OMS est toujours respectée
par les femmes enceintes, ou ayant déjà
accouchées ?
2.3 ENSEIGNEMENTS TIRÉS DES EDS DANS LA CEMAC
Les EDS22(*)
font partir des études par excellence, qui, au niveau d'un pays, ont
pour objectif d'estimer de nombreux indicateurs socio-économiques,
démographiques, sanitaires et nutritionnels au niveau de l'ensemble de
la population et au niveau des sous-populations des femmes de 15-49 ans, et des
enfants de moins de 5 ans.
Ainsi, les résultats de ces enquêtes sont
descriptifs et nous permettent d'avoir une idée du profil des
ménages où les enfants décèdent le plus, le milieu
de résidence de ces ménages et d'autres facteurs qui pourraient
influencer la survie des enfants.
2.2.1 Enquête Démographique et de Santé
du Gabon 2000
D'après les résultats de l'EDS sur 1000 naissances
vivantes enregistrées au cours de la période 1995-2000, on
n'enregistrait 57 cas de décès survenant avant le premier
anniversaire, et 89 enfants mouraient avant leur 5ème
anniversaire. Par rapport aux autres pays de la sous-région, le Gabon se
caractérise par un niveau de mortalité des enfants relativement
faible.23(*) Cependant,
les niveaux de mortalité semblent n'avoir que peu évolué
au cours des 15 dernières années. Selon les résultats de
cette étude, la mortalité des enfants est plus forte en milieu
rural (un enfant sur 10 n'atteint pas son 5ème anniversaire).
Par ailleurs cette enquête révèle que le niveau
d'instruction de la mère semble être déterminant pour la
survie des enfants. En effet, entre la naissance et l'âge de 5 ans, un
enfant dont la mère n'a pas d'instruction court un risque de
décéder de 112 %o contre 94 %o pour un enfant dont la mère
a un niveau d'instruction primaire et 87 %o pour celui dont la mère a un
niveau secondaire. Enfin, il apparaît que le niveau de mortalité
infantile est largement influencé par les conditions d'accouchement :
quand la mère a bénéficié d'une assistance à
l'accouchement par du personnel formé, le quotient de mortalité
infantile est de 47 %o ; dans le cas contraire, il atteint 111 %o.
En résumé, convient-il alors de croire que le
milieu de résidence, le niveau d'instruction de la mère, ou
l'assistance à l'accouchement expliqueraient la mortalité des
enfants ? Une analyse plus approfondie nous permettra de répondre
à cette question. Intéressons-nous à présent
à un autre pays de la zone, afin de voir si les facteurs que nous venons
de suspecter comme déterminants dans l'explication des
déterminants, tendent à être conservés.
2.2.2 Enquête Démographique et de Santé
du Tchad en 2004
Selon le rapport de l'EDS 1998 au Tchad, le risque de
décéder avant l'âge d'un an est 20 % plus
élevé pour un enfant né d'une mère
âgée de moins de 20 ans (128 %o) que pour un enfant, né
d'une mère appartenant au groupe d'âge 20-29 ans (103 %o) ou au
groupe d'âge 30-39 ans (105 %o). De même, le risque de
décéder avant l'âge d'un an est plus de 25 % plus
élevé pour un enfant né d'une mère appartenant au
groupe d'âge 40-49 ans (131 %o) que pour un enfant né d'une
mère âgée de 20 - 29 ans ou de 30 - 39 ans. Ce constat
avait déjà été fait en 1988 par AKOTO et HILL, qui
déclarent à cet effet « la mortalité des
enfants est liée à leur rang de naissance, ainsi qu'à
l'âge à la fécondité de leur
mère ». BARBIERI (1991), apporte une explication au constat
précédent, et affirme pour les femmes jeunes à
l'accouchement, tous les organismes qui assureraient une bonne grossesse ne
sont pas encore mis sur pied. Par contre les femmes d'un âge
avancé, seront vulnérables aux fausses couches, aux malformations
congénitales ou autres liées au vieillissement.
2.4 CHOIX ET JUSTIFICATION DES VARIABLES CAS DU
CAMEROUN
La littérature que nous avons parcourue nous a permis d'en
découvrir un large éventail. La question qui se pose est celle de
savoir lesquelles de ces variables il faudra retenir pour les inclure dans
notre modèle analytique.
2.4.1 Choix
À travers le tour d'horizon que nous avons mené,
plusieurs enseignements méritent d'être tirés. Les niveaux,
tendances et caractéristiques de la mortalité des enfants sont
fonction des conditions sanitaires, environnementales, socio-économiques
et culturelles qui prévalent dans une population et dans ses diverses
couches sociales. Nous retiendrons donc un sous- ensemble de variables dont
nous vérifierons la significativité dans l'explication de la
mortalité infantile au Cameroun.
Il s'agit notamment des variables suivantes :
|
|
|
|
|
Variables explicatives
|
Modalités
|
|
|
Assistance à l'accouchement
|
0 = non ; 1 = oui
|
|
|
rang de l'enfant
|
0 = de rang 1 ; 2 = rang 2 à 5 ; 3 = rang >
6
|
|
|
Gémellité
|
1 = singleton ; 2 = jumeaux ; 3 = triplés
|
|
|
Instruction de la mère
|
1 = sans niveau ; 2 = primaire ; 3 = secondaire et
plus
|
|
|
Milieu de résidence
|
1 = urbain ; 2= rural
|
|
|
Instruction du père
|
1 = sans niveau ; 2 = primaire ; 3 = secondaire et
plus
|
|
|
Niveau de vie du ménage
|
1 = pauvre ; 2 = moyen ; 3 = riche
|
|
|
Sexe de l'enfant
|
1 = garçon ; 2 = fille
|
|
|
Parité de la mère
|
continue
|
|
|
Intervalle inter-génésique
|
1 = un an ; 2 = entre 2 et 3 ans ; 3 = 4 ans et plus
|
|
|
Age de la mère à l'accouchement
|
1 =`< 20 ans' ; 2 = `entre 20 et 35 ans'; 3 = `> 35
ans'
|
|
|
Vaccination
|
0 = non ; 1 = oui
|
|
|
Statut matrimonial de la mère
|
0 = jamais mariée ; 1 = mariée ; 2 =
veuve/divorcée
|
|
|
Dort sous une moustiquaire
|
0 = non ; 1 = oui
|
|
|
Lieu d'accouchement
|
1 = domicile ; 2 = centre de santé
|
|
|
|
|
|
Cette deuxième partie est consacrée
Le but de la deuxième partie va consister à
présenter un panorama de la situation de la mortalité infantile
au Cameroun, à partir des données de l'enquête EDS 2004
(chapitre 3). Puis nous ferrons aussi une analyse empirique des données
à notre disposition.
CHAPITRE 3: SITUATION DE
LA MORTALITÉ DES ENFANTS AU CAMEROUN
Ce chapitre est consacré à la présentation
de la situation de la mortalité des enfants au Cameroun. Il permettra
aussi au lecteur de se familiariser avec le contexte environnemental de
l'enquête ainsi qu'avec les approches techniques de mise en oeuvre de
l'opération. En effet, avant d'élaborer des stratégies
d'intervention visant à améliorer la survie des enfants, il nous
semble au préalable nécessaire, de faire une présentation
générale du pays, puis de nous faire une idée de l'ampleur
du phénomène au Cameroun. Enfin, nous essaierons d'entreprendre
une lecture générale de cette problématique à la
lumière des données disponibles.
3.1 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU
CAMEROUN
Cette première section vise la présentation du
Cameroun. L'importance étant, de faire ressortir les
caractéristiques du pays.
3.1.1 Contexte
géographique et historique
Le Cameroun est un pays d'Afrique centrale, situé au fond
du golfe de Guinée. Le milieu naturel est très diversifié
avec des écosystèmes multiples. Au plan du réseau de
communication, il est assez varié. Le pays dispose de quatre principaux
réseaux : le réseau routier, le réseau ferroviaire,
le réseau maritime et le réseau aéroportuaire.
Malgré cette diversité en matière de
communication, il existe encore des zones enclavées notamment dans la
région de l'Est.
3.1.2 Contexte politique et administratif
Le pays comporte 10 régions, 58 départements, 269
arrondissements. Le paysage politique est dominé par le multipartisme.
Plus d'une centaine de partis politiques existent et moins d'une dizaine sont
représentés à l'assemblée nationale. La
constitution de janvier 1996 prévoyait la décentralisation de la
gestion publique, qui après plus d'une décennie n'a pas encore
atteint toute sa plénitude.
3.1.3 Contexte démographique
Au plan démographique, le pays compte plus de 230 ethnies
réparties en 5 grands groupes. Les soudanais, les hamites et les
sémites présents dans le grand nord24(*) ; les ethnies Bantous et
les pygmées sont répartis dans le reste du pays. Le taux
d'accroissement annuel de la population est de l'ordre de 2,7 %. La population
Camerounaise est extrêmement jeune. Bien que l'on ne dispose pas toujours
des résultats du dernier recensement général de la
population de 2005, le pays en 2002 est réparti de la manière
suivante : 17 % ont moins de 5 ans, 28 % ont entre 5-14 ans, 56 % ont
moins de 20 ans, seulement 3,7 % de la population déclarent avoir 60 ans
et plus ; enfin la tranche, potentiellement active (15-49 ans)
représente 50 % de la population. L'âge médian de la
population Camerounaise se situe à 18,9 ans.25(*) Notons aussi que les femmes
représentent 51 % de la population totale et que cette majorité
de la population vit en zone rurale. La taille moyenne des ménages est
de 5,5 personnes dans l'ensemble du pays.
Il faut insister sur le faite que la jeunesse Camerounaise est
un couteau à double tranchant. D'un côté elle constitue un
potentiel malheureusement inexploité. De l'autre, cette jeunesse est une
véritable bombe à retardement ; on a encore en
mémoire les événements de la fin de février 2008,
perpétrés par une jeunesse exaspérée par la crise
sociale.
3.1.4 Contexte sanitaire
Selon le Nouvel Observateur Atlaséco 2009, le Cameroun se
caractérise par des conditions sociales et sanitaires précaires.
Le paludisme et le sida restent les deux principales causes de
mortalité. L'accès de la population à l'eau potable et
à l'assainissement demeure déplorable alors que le pays
possède des ressources hydrauliques abondantes.
Encadré a. Focus de
Atlaséco 2009
Un secteur de santé défaillant
Le recul du Cameroun au classement de l'indicateur de
développement humain (IDH) du PNUD (135ème sur 173
pays en 2000 contre 144ème sur 166 en 2005) est en partie
imputable à la dégradation de son système de santé.
La part de la santé dans le budget de l'État ne dépasse
pas les 5 % et les ménages sont obligés de financer aux trois
quarts leurs dépenses. L'espérance de vie des hommes est
passée de 48 ans en 1997 à un peu plus de 45 ans en 2005, le taux
d'infection du VIH est resté élevé (5,5 % pour la tranche
15- 49 ans) tandis que le paludisme demeure la première cause de
mortalité (40 % des cas d'hospitalisation)
Source : Le Nouvel Observateur
2009.
Le système de santé au Cameroun s'articule autour
d'une organisation ayant la forme d'une pyramide comprenant des structures
administratives, des structures administratives de gestion et des structures de
soins. Ce système s'articule autour de trois sous-secteurs, à
savoir :
· le sous secteur public ;
· le sous secteur privé ;
· le sous secteur traditionnel.
Le sous secteur- public : Il repose sur trois
niveaux :
· le niveau central ou stratégique : qui est
chargé de définir la politique du pays ;
· le niveau intermédiaire, qui comprend les dix
délégations régionales, chargées d'assurer la
programmation et la supervision des activités sur le terrain ;
· le niveau périphérique qui constitue
l'interface entre les services de santé et les communautés
bénéficiaires.
Le pays est subdivisé en 178 districts de santé
comprenant 239 hôpitaux de district (150 relèvent du secteur
public et 89 du secteur privé). À ce réseau s'ajoutent 2
129 centres de santé intégrés, structures en charge des
soins médicaux de base, de l'éducation sanitaire de base, et des
soins pour femmes. Ces chiffres cachent cependant de fortes disparités
régionales. En effet, l'offre publique de soins est insuffisante et
inégalement répartie : 30 % des centres de santé et 50 %
des hôpitaux sont concentrés dans deux provinces (Ouest et Centre)
alors que le Nord et l'Extrême-Nord ne disposent que de 17 % des centres
de santé.
Le sous-secteur privé : Les
soins de santé offerts par ce sous système comprennent
ceux offerts par le sous secteur privé à but lucratif et par le
sous système à but non lucratif.
Le sous secteur-traditionnel
Le gouvernement du Cameroun à travers le ministère
de la santé publique, à rédigé en 2002 une
stratégie sectorielle de la santé, puis elle a été
révisée en 2006. Les axes stratégiques permettront
d'atteindre d'ici 2010 les principaux objectifs ci-après :
· réduire de 1/3 au moins la charge morbide
globale et la mortalité des groupes de populations les plus
vulnérables ;
· mettre en place, et pour 90 % de la population une
formation sanitaire délivrant le Paquet Minimum d'Activité
(PMA) ;
· pratiquer une gestion efficace et efficiente des
ressources dans 90 % des formations sanitaires et (services publics et
privés de santé), à différents niveaux.
3.1.5 Contexte socio-économique
Le PIB par habitant (autour de 1000 dollars26(*)) évolue lentement et
tandis que près de 40 %27(*) de la population se trouve sous le seuil de
pauvreté. Le gouvernement du Cameroun a fait de
l'accélération de la croissance et de la réduction de la
pauvreté des priorités.
L'économie du Cameroun est diversifiée, mais a une
tendance agricole. Le pays se situe toujours à un taux de croissance
à un chiffre. Selon le rapport de l'INS, relatif à l'ECAM de 2008
le taux de croissance du PIB en 2007 est de 3,42 %, avec une inflation annuelle
en 2008 de l'ordre de 5,3 % et un indice des prix à la consommation en
2008 de 196,2 %. Au plan des échanges extérieurs, on observe un
déséquilibre de la balance commerciale. Entre janvier et octobre
2008, le montant des importations se situe à 1577 milliards FCFA et
celui des exportations à 1230 milliards FCFA. La croissance est
portée essentiellement par les exportations du pétrole. Le niveau
de pauvreté reste toujours élevé. D'après la
dernière Enquête Camerounaise auprès des Ménages
(ECAM, 2008), le taux de pauvreté en 2007 est de 39,9 %, réparti
comme suit : 12,2 % en milieu urbain contre 55,0 % en milieu rural.
D'après cette même enquête, le taux de sous-emploi global en
2005 est de 75,8 %, et le de taux de chômage en 2005 (BIT) est de 4,4 %.
La situation économique et financière demeure fragile, et la
croissance économique reste faible pour impulser un réel
changement au niveau de toutes les composantes sociales, notamment les plus
faibles. Cette faiblesse de la croissance est imputable en partie à la
faiblesse de l'investissement public et la spécialisation de la
production aux produits de base. En effet, comme le souligne Atlaséco
2009, l'investissement privé est resté bridé par la
piètre qualité du climat des affaires et par la lenteur du
processus de privatisation des entreprises publiques. De plus poursuit le
magazine, les détournements répétés [et massifs] de
l'argent de l'État et le faible taux de l'exécution des
investissements publics pénalisent de manière chronique le
développement de l'économie.
De son côté comme l'indique opportunément Le
Monde Hors série Bilan du Monde 200928(*), le pouvoir [Camerounais] se livre, dans le cadre de
l'opération « épervier », à la chasse
aux responsables publics corrompus. Et d'ajouter, plusieurs anciens ministres
et patrons d'entreprises publiques en ont déjà fait les frais et
ont été emprisonnés.
3.2 CADRE INSTITUTIONNEL ET INFORMATIONNEL DE LA
MORTALITÉ INFANTILE AU CAMEROUN
3.2.1 Spécification du cadre
réglementaire
Il s'agit dans cette section de présenter les institutions
qui ont une action en faveur du bien-être de l'enfant au Cameroun,
notamment par l'amélioration des conditions de vie des enfants de moins
de cinq ans.
3.2.1.1 Institutions impliquées dans la lutte
contre de la mortalité infantile au Cameroun
Il existe au Cameroun, de nombreuses institutions nationales et
internationales qui sont impliquées dans la lutte contre la
mortalité infantile. L'action de ces institutions se situe
principalement au niveau de l'amélioration de la santé maternelle
et le suivi de celle-ci pendant la phase de grossesse. Au niveau international,
il s'agit principalement de l'UNICEF, de l'UNFPA, de l'OMS. Sur le plan
national, on compte le Ministère de la Santé Publique, le
Ministère des Affaires Sociales, le Ministère de la Promotion de
la Femme et de la Famille, le Ministère de l'Éducation de Base,
le Comité National de Lutte contre le Sida, le Ministère de la
Défense, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale etc.
Le Gouvernement camerounais, à travers ces institutions en
charge de la mortalité des enfants, a mis sur pied divers programmes
destinés à réduire directement ou indirectement le
quotient de mortalité infantile. Nous pouvons citer :
· PEV : Programme Élargi de
Vaccination ;
· PNLS : Programme National de Lutte contre le
Sida ;
· PNLTB : Programme National de Lutte contre la
Tuberculose ;
· PNLP : Programme National de Lutte contre le
Paludisme.
3.2.2 Cadre informationnel
Il est question de passer en revue les différents
instruments qui servent à l'analyse du phénomène de
mortalité. Ainsi, nous présenterons le cadre informationnel de la
mortalité des enfants de façon générale et la
section qui suivra fournira de manière spécifique les
différentes articulations de l'EDS III, 2004.
3.2.2.1 Cadre général
Il existe plusieurs instruments d'enquêtes pour l'analyse
de la mortalité des enfants. On peut citer : EDS (Enquête
Démographique et de Santé) et EMIJ29(*) (Enquête sur la
Mortalité Infantile et Juvénile).
La présente étude utilise en toile de fond les
données de l'EDS III, 2004 qui ont l'avantage de fournir les
informations récentes sur la mortalité infantile.
3.2.2.2 Cadre spécifique : l'Enquête
Démographique et Santé EDS III, 2004
3.2.2.2.1 Organisation de l'EDS III, 2004
La troisième Enquête Démographique et de
Santé (EDSC III), fait partie du Programme International des
Enquêtes Démographiques et de Santé (Demographic and Health
Surveys-DHS) de ORC Macro, Calverton, Maryland, U.S.A)30(*). Elle a été
réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS) en
collaboration avec le Comité National de Lutte contre le SIDA (CNLS),
avec l'assistance technique de ORC Macro31(*). L'EDS III a été réalisée
grâce à l'appui financier de la Banque Mondiale par le biais du
Projet d'Appui au Programme Multisectoriel de Lutte contre le Sida, l'USAID,
l'UNICEF et l'UNFPA. D'autres organismes nationaux tels que le Bureau Central
des Recensements des Études de la Population (BUCREP) et le Centre
Pasteur du Cameroun (CPC) ont apporté leur expertise à la
réalisation de cette opération. Notons qu'il s'agit d'une
enquête réalisée à partir d'un échantillon
représentatif des femmes de 15-49 ans révolus et des hommes de
15-59 ans révolus.
À travers cette enquête, le gouvernement avait pour
ambition d'obtenir des informations pertinentes et nécessaires pour le
suivi des différentes politiques sociales qu'il met en oeuvre avec
l'appui des partenaires techniques et financiers au développement pour
l'amélioration des conditions de vie des populations.
3.2.2.2.2 Objectif de l'EDS 2004
Les objectifs de l'EDS III, 2004 sont multiples et peuvent
être consultés à la page 8 du rapport d'enquête,
rédigé par l'INS du Cameroun. Nous présentons dans cette
section l'objectif le plus pertinent et qui épouse notre
problématique. Celui de recueillir à l'échelle nationale
des données qui permettent de calculer des taux démographiques
essentiels, plus particulièrement les taux de fécondité et
les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile, et
d'analyser les facteurs directs et indirects qui déterminent le niveau
et la tendance de la fécondité et de la mortalité
infanto-juvénile ;
C'est à travers ce premier objectif que nous avons
dégagé notre problématique. Pour parvenir à ces
objectifs, trois questionnaires ont été conçus. Il s'agit
notamment du :
· questionnaire ménage ;
· questionnaire individuel pour les femmes de 15-4 9 ans
révolus ;
· questionnaire individuel pour les hommes de 15-59 ans
révolus
Le questionnaire individuel femme constitue le coeur de l'EDS
III, 2004. Car c'est à partir de ce questionnaire qu'on n'a pu obtenir
les informations sur les enfants de moins de cinq ans. Nous allons
présenter quelques articulations auxquelles ce questionnaire s'est
intéressé. Notons que ce questionnaire présente dans son
ensemble onze sections dont les plus pertinentes sont :
A. caractéristiques socio-démographiques : cette
section est consacrée aux informations concernant le lieu et la
durée de résidence, l'âge et la date de naissance des
enfants, la scolarisation, l'alphabétisation, la nationalité, la
religion, l'ethnie et l'exposition aux médias.
B. Santé des enfants32(*) : cette section concerne les naissances ayant eu lieu
au cours des 5 années précédant l'enquête. Elle est
composée de deux sous sections :
· grossesse, soins postnatals et allaitement : cette
première sous-section est composée de deux parties. La
première permet d'obtenir des informations sur la période de la
grossesse, les soins prénatals incluant la vaccination
antitétanique, le lieu d'accouchement et la qualification de la personne
ayant assisté la femme, les soins postnatals, le retour des
règles et la reprise des rapports sexuels après la naissance de
l'enfant. La deuxième sous-section concerne l'allaitement et les
questions posées portent sur sa fréquence et sa durée, sur
le type d'allaitement (maternel ou artificiel), ainsi que sur l'utilisation des
différents compléments nutritionnels.
· vaccination et santé des enfants : cette sous
section porte sur les vaccinations incluses dans le Programme Élargi de
Vaccinations (PEV) ; de plus, cette sous-section comporte des questions sur les
Infections Respiratoires Aigues (IRA), la diarrhée et la fièvre
ainsi que sur le traitement des enfants de moins de 5 ans malades; les
résultats à ces questions permettent d'estimer la
prévalence de la fièvre, de la toux et de la diarrhée chez
les enfants au cours des deux dernières semaines précédant
l'enquête.
3.2.2.2.3 Échantillonnage
L'échantillon a été obtenu à la suite
d'une technique de stratification à deux degrés. Au premier
degré, les Unités Primaires de Sondages (UPS) ont
été sélectionnées à partir d'une liste
existante des Zones de dénombrement (ZD). Les ZD ont ainsi servi de base
de sondage dans laquelle 466 grappes ont été choisies dont 244 en
milieu urbain. Par ailleurs, au deuxième niveau un ensemble de
ménage a été choisi dans les ZD avec une
probabilité inverse de façon à ce que l'échantillon
soit auto pondéré à l'intérieur de chaque
domaine.
Lorsqu'un ménage était sélectionné,
toutes les femmes âgées de 15-49 ans révolus étaient
systématiquement enquêtées, soit au total environ 12000
femmes.
Au final, un échantillon national de 11 556 ménages
a été sélectionné, parmi lesquels seuls 10 719
ont pu être retrouvés présents au moment de l'enquête
et, on a pu enquêter avec succès 10 462 ménages. Concernant
les femmes de la tranche 15-49 ans, 11 304 d'entres elles ont été
identifiées comme étant éligibles pour l'enquête
individuelle et pour 10 656 d'entre elles, l'enquête a pu être
menée avec succès.
3.2.2.2.4 Méthodologie et qualité des
données
On se sert des informations sur l'historique des naissances pour
estimer les niveaux et les tendances de la mortalité. Dans la section 2
du questionnaire femme, on n'enregistre toutes les naissances de chaque femme
au cours de la période de référence (2000-2004). Pour
chaque naissance, on renseigne33(*) sur le sexe, le mois et l'année de naissance,
l'état de survie, l'âge actuel (si l'enfant est vivant), la
résidence, ainsi que l'âge au décès pour les enfants
décédés (au jour près pour les décès
de moins d'un mois, au mois près pour ceux de moins de deux ans et en
années pour les décès survenus à deux ans ou
plus).
L'estimation de la mortalité à partir de
l'historique des naissances présente à la fois des limites
d'ordre méthodologique et des risques d'erreurs d'enregistrement.
3.2.2.2.5 Limites d'ordre méthodologique
Les EDS laissent apparaître les limites d'ordre
méthodologique ; difficile d'y remédier. Tout d'abord il
s'agit d'une enquête rétrospective, et comme telle on
s'intéresse uniquement aux personnes vivantes (femmes de 15-49 ans).
Cependant il est alors difficile d'avoir des informations sur les femmes qui
sont décédées pendant la période 2000-2004. De
même, les informations concernant les enfants orphelins, ne sont plus
disponibles et au cas où ces enfants seraient en nombre important, cela
peut biaiser le niveau de mortalité.
Lors de l'enquête sur le terrain on s'intéresse aux
femmes âgées entre 15 et 49 ans révolus, ce qui signifie
qu'on ne tient pas compte des naissances des femmes qui, au moment de
l'enquête, ne se situe plus dans le groupe d'âge
considéré. Par exemple, pour une femme, qui avant l'enquête
avait 47 ans révolus en 2000, au moment de l'enquête, elle a plus
de 49 ans ou plus exactement, elle a 51 ans révolus d'âge. Elle
est donc exclue de l'échantillon, et pourtant on aimerait aussi avoir
des renseignements sur sa descendance. Car, en effet, toutes les femmes
âgées de plus de 50 ans, ont accompli l'intégralité
de leur parcours de procréation alors elles ont probablement
accouché au cours de la période de référence.
Outre ces limites d'ordre méthodologique, que nous venons
de présenter, il subsiste également des risques d'erreurs
d'enregistrement.
3.2.2.2.6 Risques d'erreurs d'enregistrement
Certains ménages omettent d'enregistrer les naissances ou
les décès des enfants, et parfois c'est l'âge de l'enfant
qui n'est pas bien précisé. Ces erreurs d'enregistrements peuvent
avoir une incidence sur la qualité des données recueillies.
3.2.2.2.6.1 Sous-enregistrement des naissances et/ou
des décès.
Il peut en effet s'agir de l'omission des deux
événements de natalité et de mortalité. Les
mères ne trouvent pas parfois d'intérêt à
déclarer les décès des enfants qui meurent très
jeunes (quelque temps après la naissance). L'impact indirect de ces
omissions, conduit à une surestimation du niveau de mortalité.
Bien plus de par la nature de l'enquête (rétrospective), les
femmes auront du mal dans certains cas de se rappeler des décès
de leurs enfants survenus il y a 5 ans. Lorsque la date de
référence est très éloignée, cela leur
complique la tâche surtout pour les femmes sans niveau d'instruction.
Certaines techniques permettent de contrôler, s'il y a ou non
sous-enregistrement des naissances. Selon l'INS, l'EDS III, 2004 ne
présente pas des sous-enregistrements significatifs.
3.2.2.2.6.2 Déplacements différentiels de
dates de naissances des enfants,
Cela se produit lorsque les femmes modifient les dates de
naissance de leurs enfants, du fait des retards liés à la
déclaration tardive de naissance de l'enfant. Puisque les
différents quotients de mortalité sont calculés à
l'âge atteint, cela peut introduire des biais dus à une mauvaise
estimation des indicateurs de mortalité. La pertinence des informations
collectées est en majeure partie due au niveau de scolarisation de
l'enquêtée, qui apportent des renseignements plus ou moins
corrects et sans confusion.
3.2.2.2.6.3 Imprécision des déclarations
de l'âge au décès
En démographie, il a été constaté que
le plus souvent les personnes enquêtées ont une attraction
naturelle vers les âges se terminant par 0 ou 5. Ainsi, on peut se
trouver dans notre cas à une attraction vers 0 ce qui conduira
manifestement à surestimer le quotient de mortalité infantile, au
détriment de la mortalité juvénile. Pour essayer
d'éviter les problèmes causés par une imprécision
des déclarations, les enquêtrices dans l'EDS renseignaient les
décès en jours, pour ceux survenus les 29 premiers jours, en mois
pour ceux survenus les 23 premiers mois et en années pour le reste de
décès.
3.3 PANORAMA DE LA SITUATION RÉELLE DE LA
MORTALITÉ DES ENFANTS AU CAMEROUN
Dans cette section, nous entendons faire une analyse descriptive
de nos données, afin de tirer les enseignements qui s'imposent. Elle
s'organisera premièrement autour des faits stylisés afin de mieux
visualiser le phénomène décrit. Il s'agira principalement
de présenter les niveaux de la mortalité en fonction des
différentes variables que nous avons retenus. Puis nous allons faire une
ACM (Analyse des Correspondances Multiples) au (chapitre 4), afin de voir parmi
les différentes variables susceptibles d'expliquer la mortalité
des enfants au Cameroun, quelles sont les liens qui existent entres
elles ?
3.3.1 Indicateurs de la mortalité des enfants au
Cameroun d'après l'EDS III, 2004
D'après le rapport de l'EDS III, 2004 le quotient de
mortalité infantile en 2004 est de 74 %o, à savoir 29 %o pour la
mortalité néonatale et 45 %o pour la mortalité post
néonatale. En revanche le quotient de mortalité juvénile
se situe à 75 %o et celui de la mortalité infanto-
juvénile se situe à 144 %o. Ainsi on peut donc dire qu'un enfant
sur 13 meurt au Cameroun avant l'âge d'un an, un enfant sur sept meurt
avant l'âge de 5 ans. Ainsi, plus de 50 % des décès de
moins de 5 ans surviennent avant que ces enfants ne fêtent leur premier
anniversaire. C'est dire toute la difficulté que les enfants ont
à survivre pendant leur première année de vie. Ces
quelques chiffres nous laissent le soin de comprendre qu'il y a urgence en
matière de mortalité des enfants au Cameroun. Comment peut-on
espérer un développement à long terme, si l'on ne se
penche pas sur cette question de mortalité ? Cette proportion
d'enfants qui décèdent, ne constitue t'elle pas une importante
main-d'oeuvre potentielle à venir ? Notons également que
d'après les résultats de l'enquête MISC, en 2006 le
quotient de mortalité infanto-juvénile se situe à 149 %o,
une légère augmentation par rapport à 2004.
Ces niveaux de mortalité des enfants au Cameroun en 2004,
est légèrement en dessous du niveau que l'on a observé en
1998 lors de l'EDS II, exception faite de la mortalité juvénile.
En effet, le quotient de mortalité infantile en 1998 est de 89 %o,
à savoir 42 %o pour la mortalité néonatale et 47 %o pour
la mortalité post néonatale. En revanche le quotient de
mortalité juvénile se situe à 69 %o et celui de la
mortalité infanto juvénile se situe à 152 %o.
Nous présentons dans la suite le graphique qui illustre
le niveau de mortalité infanto-juvénile au Cameroun en 2004.
Figure : Quotients
de mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile au
Cameroun (en %o)
Source : EDS III, 2004
Nous commencerons, par présenter les niveaux de la
mortalité selon les facteurs sociaux-économiques et culturels
tels que (le milieu d'existence de l'enfant, l'instruction des parents, le
niveau de vie du ménage). La question qui se pose est celle de savoir si
au Cameroun, ces différents facteurs ont un effet sur le niveau de la
mortalité des enfants ? Pour y parvenir, nous allons évaluer
les différents indicateurs34(*) de la mortalité suivant chacune de ces
caractéristiques. Par la suite, nous ferrons un test du khi-deux, afin
de voir s'il y aurait une dépendance entre les variables ci-dessus
présentés et survie de l'enfant35(*).
3.3.2 Mortalité des enfants selon les facteurs
socio-économiques et culturels
Par facteurs socio-économiques et culturels, on fait
référence au milieu d'existence de l'enfant, à
l'instruction des parents, et au niveau de vie du ménage où
appartient l'enfant.
· Le milieu d'existence de l'enfant
On se rend compte, que la mortalité des enfants est plus
élevée en milieu rural qu'en zone urbaine. Les résultats
de l'EDS III, 2004 montrent qu'en milieu rural, sur 1000 naissances vivantes,
169 n'atteignent par leur 5ème anniversaire, contre 119 en
milieu urbain. Autrement dit, un enfant sur 8 n'était plus en vie en
milieu urbain pour fêter son 5ème anniversaire, par
contre un enfant sur 6 n'était plus en vie pour fêter son
5ème anniversaire en milieu rural. Les différences de
l'offre et de l'utilisation des services de santé expliqueraient ces
différences de mortalité. Par ailleurs le niveau de socialisation
des femmes en milieu rural est très faible, ce qui fait qu'elles se
servent très rarement des soins qui sont mis à leur disposition.
L'accessibilité aux soins de santé en milieu rural est difficile,
et bien encore le personnel de santé est insuffisant et parfois moins
qualifié qu'en zone urbaine. Un test de khi-deux nous conduit à
rejeter au seuil de 5 % (la p-value étant de 0,000)
l'hypothèse d'indépendance entre le milieu et la survie ou non de
l'enfant. Il y aurait donc par conséquent une certaine dépendance
entre les modalités de ces deux variables. Le graphique qui suit nous
permet de mieux nous en convaincre.
Figure : risque de
mortalité des enfants suivant le milieu de résidence (en %o)
Source : EDS III, 2004
· L'instruction de la mère
Pour ce qui est du Cameroun, on se rend compte à la
lumière du graphique ci-après que, plus le niveau d'instruction
de la mère est élevé, la proportion des enfants qui
décèdent avant leur 5ème anniversaire baisse.
En effet, les enfants qui naissent des femmes sans niveau d'instruction,
présentent plus de risque de mourir à tout âge que ceux des
mères instruites. Car l'instruction de la mère améliore
sans doute les connaissances préventives en matière de
vaccination par exemple, de contraception pour espacer les naissances et
surtout se traduit systématiquement par une meilleure utilisation des
services de santé. À la suite de ce graphique on
s'aperçoit aussi que les enfants qui naissent de mère sans
instruction présente plus de risque de décéder avant leur
5ème anniversaire, que ceux dont le niveau d'instruction de
la mère est supérieur ou plus. Une mère
alphabétisée peut consigner les vaccinations de son enfant avec
l'aide de graphiques spécialement conçus à cet effet.
Magali36(*) soutient
l'idée que l'éducation de la mère, lui permet de
comprendre plus aisément qu'un vaccin puisse entraîner un
accès de fièvre temporaire sans que l'efficacité de
celui-ci soit remise en cause. Enfin l'auteur affirme que « les
femmes instruites ont tendance, plus que les autres, à adopter des
pratiques hygiéniques, même très simples, susceptibles
d'influencer la santé de leurs enfants. » Peut-on alors
affirmer que le niveau d'instruction est un déterminant de la
mortalité infanto-juvénile au Cameroun ? Comme
précédemment, le test de Khi-deux réalisé sur les
deux variables nous amène à croire une possible dépendance
entre les modalités de ces deux variables (la p-value étant
de 0,000).
Figure : risques de
mortalité des enfants suivant le niveau d'instruction de la mère
(en %o)
Source : EDS III, 2004
· L'instruction du père
Du graphique ci-dessous, le taux des décès des
enfants de moins de 5 ans, selon le niveau d'instruction du père ne
varie pas beaucoup. En effet, parmi tous les enfants nés des
pères sans niveau d'instruction, le taux est de 12 %, tandis qu'il est
de 9 % chez les parents ayant un niveau secondaire et plus. Évidemment
l'instruction du père n'influence pas très directement la survie
de l'enfant, pour la simple raison que plusieurs hommes passent très peu
de temps à la maison, et près des enfants. Bien plus,
l'alimentation des enfants, l'attention apportée aux enfants, sont
souvent l'apanage des mères.
Figure : taux de
décès infanto-juvénile en fonction du niveau d'instruction
du père (en %)
Source : EDS III, 2004
Nous terminons cette section en présentant le niveau de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans selon le niveau de vie du
ménage où il vit.
· Le niveau de vie du ménage
Le niveau de vie du ménage est un aspect important de la
mortalité des enfants au Cameroun. En effet, un niveau de vie
élevé s'accompagne d'une amélioration nette des conditions
de vie. Dans ces conditions, les enfants qui naissent des familles riches, ont
dès la naissance moins de risques d'être malades, et par
conséquent moins de risques de mourir. Un revenu élevé est
un gage de santé, car à tout moment on peut avoir accès au
meilleur médicament à tous les prix et en même temps que le
niveau de vie élevé améliore la qualité et la
quantité d'éléments que l'enfant peut consommer. Il est
moins probable que l'enfant soit bien nourri et soigné, lorsque le
niveau de vie du ménage est bas. Les ménages pauvres ont du mal
à bien nourrir leurs enfants, en leur apportant les quantités
nécessaires en nutriments dont ils ont besoin. Une politique tendant
à améliorer les conditions de vie des ménages, aura
inéluctablement une incidence sur la mortalité des enfants, en la
faisant baisser. Au regard du graphique ci-dessous, on s'aperçoit qu'au
Cameroun, les niveaux de mortalité augmentent lorsque le niveau de vie
du ménage est faible. Pour les ménages riches par exemple, tous
les quotients de mortalité sont les plus bas. Sur 1000 naissances
vivantes enregistrées dans ce type de ménage, 88 ne sont plus en
vie après quatre ans, par contre plus du double d'enfants ne sont plus
en vie pour fêter leur 5ème anniversaire dans les
ménages pauvres. Il apparaît en définitive que les enfants
n'ont certainement pas à la naissance, les mêmes chances de
survivre jusqu'à leur 5ème anniversaire au Cameroun.
Réduire alors le niveau de mortalité à l'échelle
national, consistera à prendre des mesures favorables pour les pauvres.
C'est certainement ce groupe de la population qui explique en grande partie le
niveau de la mortalité au Cameroun. Il apparaît également
que les ménages ayant un niveau de vie moyen, connaissent des niveaux
élevés de mortalité d'enfants. Car un enfant sur 7 n'est
plus en vie pour fêter son 5ème anniversaire, dans ces
ménages.
Figure : risques de
mortalité des enfants suivant le niveau de vie du ménage (en
%o)
Source : EDS III, 2004
Dans la section précédente nous avons
présenté les niveaux de la mortalité des enfants en
fonction des caractéristiques socio-économiques et culturelles.
Il semble se révéler que les facteurs sociaux auraient un effet
sur la mortalité des moins de cinq ans au Cameroun. Nous allons dans la
section suivante, présenter le niveau de la mortalité en fonction
des facteurs démographiques.
3.3.3 Mortalité des enfants selon les facteurs
socio-démographiques
Les facteurs socio-démographiques font
référence aux caractéristiques propres à la
mère et dans une moindre mesure à l'enfant et comprennent :
l'âge de la mère à l'accouchement, le statut matrimonial de
la mère et l'intervalle inter-génésique.
· L'âge de la mère à
l'accouchement
La représentation ci-dessous, montre que les femmes jeunes
présentent des risques élevés de décès
infantils. En effet, pour les enfants nés des mères
âgées de moins de 20 ans, un enfant sur six n'est plus en vit pour
fêter son 5ème anniversaire, tandis que chez celles qui
accouchent dans la tranche 20-29 ans, un enfant seulement sur 8 n'est plus en
vie. Les femmes très jeunes peuvent avoir des grossesses et des
accouchements compliqués du fait de l'immaturité des organes. De
même celles qui accouchent après l'âge de 35 ans
présentent de risques élevés de décès, suite
à des complications congénitales. Le graphique ci-dessous
illustre mieux ce constat.
Figure : risques de
mortalité des enfants suivant l'âge de la mère à
l'accouchement (en %o)
Source : EDS III, 2004
· Le statut matrimonial de la mère
On peut croire que les enfants qui naissent des mères qui
ne se sont jamais mariées, ou qui le sont, décèdent
presque dans les mêmes proportions. En effet, le mariage est un facteur
de responsabilisation, qui amène l'enfant à vivre dans un cadre
presque confortable et stable. Par contre les femmes qui ne sont pas
mariées, généralement ne sont pas responsables, et
subissent parfois des déceptions de la part de leur amant. D'un autre
côté, on constate que les enfants qui naissent des femmes qui sont
soit divorcées, soit séparées ou alors veuves courent plus
de risque de mourir. Car une attention particulière ne leur est pas
accordée. Il y a au sein de ces femmes, un manque d'encadrement, et de
soutien. Pourtant leurs maris veilleraient sur la santé des enfants, sur
la prise régulière des vaccins et enfin sur le respect scrupuleux
des différentes consultations prénatales. La proportion des
décès infantiles est plus élevée chez les femmes
qui ont divorcé. Ce faisant le divorce augmenterait-il alors les risques
de décès de l'enfant ? En revanche, seulement 10 % des
décès sont enregistrés chez les femmes mariées.
L'enfant qui naît d'une mère mariée bénéficie
d'un ensemble de privilèges dont ne semblent pas jouir ceux qui naissent
des mères divorcées/séparées ou encore non
mariées. Au premier rang de ces privilèges nous pouvons citer
l'assistance.
Figure : taux de
décès selon le statut matrimonial de la mère (en %)
Source : EDS III, 2004
· L'intervalle inter-génésique
Afin de pouvoir utiliser des méthodes modernes pour
planifier les naissances, le Ministère de la Santé Publique
propose aux femmes en âge de procréer, de suivre un planning
familial. Mais au Cameroun, ce n'est pas toujours respecté, les femmes
préfèrent programmer elles même les naissances, parfois
sans une méthode certaine.
Le graphique ci-après nous permet de constater que 74 % de
tous les décès surviennent lorsque les intervalles de naissances
sont de un an. Plus l'intervalle est élevé, plus il est probable
pour l'enfant de survivre. En effet seulement 6 % des décès
interviennent chez les enfants nés au moins 4 ans après leur
prédécesseur. L'intervalle inter-génésique semble
avoir donc un effet sur la survie des enfants. Il faudra manipuler ces
proportions avec un peu de délicatesse, dans la mesure où il peut
se glisser un effet de structure, lié aux effectifs dans les cellules.
Car les enfants de rang un représentent 75 % de tous les enfants. Ainsi
leur mortalité est élevée du fait qu'ils sont d'abord les
plus nombreux. Une analyse inférentielle au chapitre permettra de bien
mesurer l'effet de cette variable sur la mortalité des enfants au
Cameroun.
Figure :
Contribution à la mortalité infanto-juvénile suivant
l'intervalle génésique en (%o)
Source : EDS III, 2004
Nous allons dans la section suivante, présenter le niveau
de la mortalité en fonction des facteurs contextuels tels que le sexe de
l'enfant, le lieu d'accouchement, l'utilisation d'une moustiquaire, la
vaccination, l'assistance de la mère au moment de l'accouchement.
3.3.3 Mortalité des enfants selon les facteurs
contextuels
· Le sexe de l'enfant
À l'observation du graphique ci dessous, on constate que
la mortalité des enfants reste toujours légèrement
supérieure chez les garçons que chez les filles. Mais au niveau
de la mortalité infanto-juvénile, un garçon sur 6 meurt
avant l'âge de cinq ans. De même une fille sur 6 meurt avant de
fêter son 5ème anniversaire. On peut alors, croire
à ce niveau que le sexe influencerait difficilement la mortalité
des enfants, puisque les quotients qu'on observe sont très comparables.
Au cas même où l'analyse inférentielle nous apportait
l'information que le sexe serait déterminant pour la mortalité
des enfants, cela ne nous servirait que de prévision.
C'est-à-dire, en supposant que le garçon par exemple, a moins de
chance de vivre jusqu'à l'âge de 5 ans, les ménages
s'efforceront plutôt à être vigilent pour toute nouvelle
naissance de sexe masculin.
Figure : risques de
mortalité des enfants suivant le sexe de l'enfant (en %o)
Source : EDS III, 2004
· Le lieu d'accouchement
Plusieurs décès d'enfants auraient dans certains
cas pu être évités, si les femmes enceintes respectaient au
mieux quelques consignes. C'est ainsi que, le lieu où naît
l'enfant s'avère être capital. Certaines femmes choisissent
d'accoucher à domicile, parfois sans se faire assister. S'il est vrai
que certaines n'ont pas assez de moyens pour se rendre dans un centre de
santé pour se faire accoucher, cela ne saurait constituer un argument
majeur. Comment faire en cas de complications ? Bien encore les conditions
hygiéniques ne sont toujours pas respectées à la maison.
Le graphique ci-dessous montre que plus des décès (13 %)
surviennent chez les enfants nés à la maison, que ceux nés
dans les formations sanitaires.
Figure : taux de
décès infanto-juvénile en fonction du lieu d'accouchement
(en %)
Source : EDS III, 2004
· L'utilisation d'une moustiquaire
Au Cameroun, d'après le ministère de la
santé publique, le paludisme est la première cause de
mortalité et de morbidité. Il représente 38 % à 45
% des causes de décès et 22 % de causes d'hospitalisations. Au
niveau préventif, les femmes enceintes et celles qui ont accouché
doivent se protéger à l'aide d'une moustiquaire. Cependant la
proportion des femmes qui dorment sous une moustiquaire est faible. Il semble
avoir une relation de dépendance, au regard du test de khi deux, entre
les variables enfant en vie et utilise une moustiquaire ou
non. Bien plus encore, le graphique ci-dessous montre que près de
80 % des décès ont lieu chez les enfants qui ne dorment pas sous
une moustiquaire.
Figure :
Contribution à la mortalité infanto-juvénile selon
l'utilisation ou non d'une moustiquaire (en %)
Source : EDS III, 2004
· La vaccination
Afin de pouvoir prévenir les maladies néonatales,
qui représentent 25 %37(*)des décès infantiles, il est
recommandé aux femmes de faire vacciner les enfants afin de
réduire les risques de décès. Au regard des données
de l'EDS III, 2004 près de 70 % d'enfants décédés
étaient ceux dont la mère ne leurs avaient administré
aucune dose de vaccin. Bien plus la proportion des décès chez les
enfants n'ayant reçu aucune dose de vaccin est le double de celle chez
les enfants ayant reçu au moins une dose. Il est plus probable pour un
enfant non vacciné de décéder avant son quatrième
anniversaire, qu'un enfant complètement vacciné.
Figure : taux de
décès infanto-juvénile selon que l'enfant est
vacciné ou non (en %)
Source : EDS III, 2004
L'assistance de la mère au moment de
l'accouchement.
En présence d'un personnel qualifié, l'assistance
d'une femme au moment de son accouchement permet d'agir efficacement en cas de
complications. Au Cameroun on se rend compte qu'une grande proportion des
décès des enfants est enregistrée chez les femmes qui ne
sont pas assistées au moment de leur accouchement.
Figure : taux de
décès infanto-juvénile selon que la mère soit
assistée ou non à l'accouchement (en %o)
Source : EDS III, 2004
Lorsqu'on évalue les proportions de décès
infantils dans chaque modalité d'une variable explicative, on peut
aboutir à des valeurs qui soient influencées par l'effectif total
d'individus qui présentent cette modalité. Ainsi, à
travers un test du khi-deux nous chercherons à vérifier s'il y a
effectivement une dépendance entre les modalités des
différentes variables explicatives et la variable dépendante. En
effet, ces différentes proportions peuvent ne plus être
très pertinentes, du fait de la répartition des effectifs dans
les cellules.
Tableau 1: Récapitulatif du test du khi deux,
réalisé entre la variable survie_enfant et les différentes
variables explicatives.
Source : EDS III, 2004
3.4 ENSEIGNEMENTS DE L'ANALYSE DESCRIPTIVE
Au regard de l'analyse descriptive que nous avons jusqu'ici
menée, il convient de tirer quelques enseignements. Les
représentations graphiques réalisées permettent de
constater que la proportion des décès des enfants de moins de
cinq ans au Cameroun dépend bien des facteurs démographiques
socio-économiques et culturels. En effet les enfants qui meurent ont
certaines caractéristiques communes. L'analyse descriptive permet de
nous en percevoir qu'il s'agit pour la plupart des enfants qui ne sont pas
vaccinés, qui sont issus des ménages pauvres, vivant en milieu
rural et dont l'âge de leur mère à l'accouchement est
inférieur à 20 ans ou alors supérieur à 35 ans.
À travers les tests du khi que nous avons réalisés, il y a
de raison de croire que la mortalité des enfants ne serait pas dû
à leur sexe et encore moins à l'instruction de leurs parents.
Nous manifestons une prudence face à ces observations, jusqu'à ce
que l'analyse inférentielle vienne confirmer ou infirmer les
précédents résultats. Il serait également utile
d'effectuer une analyse des correspondances multiples, afin de mieux
caractériser le groupe d'enfants décédés. Elle ne
nous permet pas de sélectionner des variables, mais plutôt de
chercher à caractériser les enfants décédés.
Autrement dit qu'est ce que ces enfants ont en commun ?
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES
DÉTERMINANTS DE LA MORTALITÉ INFANTO-JUVÉNILE
Les résultats préliminaires obtenus
précédemment, nous ont permis d'avoir une idée sur les
facteurs susceptibles d'influencer la mortalité des enfants au Cameroun.
Le but de ce chapitre est d'analyser l'effet de ces facteurs sur la
mortalité des enfants. Dans un premier temps, nous allons effectuer une
analyse des correspondances multiples afin de mieux percevoir les liens qui
existent entre les différentes variables qualitatives : les
caractéristiques socio-économiques, démographiques, et
culturelles du ménage auxquelles l'enfant appartient. Nous allons nous
servir du modèle de régression logistique pour mieux
appréhender les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile.
4.1 ANALYSE DES CORRESPONDANCES MULTIPLES
Dans la base de données EDS III, 2004 que nous utilisons,
nous avons d'une part les enfants qui sont décédés avant
de fêter leur 5ème anniversaire et d'autre part ceux
qui l'ont atteint. L'ACM38(*) permettra de décrire les liaisons qui existent
entre les modalités de plus de deux variables qualitatives
observées sur plusieurs individus. Elle est une
généralisation de l'Analyse Factorielle des Correspondances
(AFC).
La variable dépendante est survie de
l'enfant, avec deux modalités : mort ou
survivant. Au moment de lancer l'analyse avec le logiciel SPAD, cette
variable est maintenue en illustrative. Par conséquent elle ne participe
pas à la construction des axes factoriels. Le but ici est de voir
comment ses modalités (mort ou survivant) se positionnent sur le nuage
de variables explicatives projetées. Le paragraphe ci-dessous
présente les résultats de l'ACM obtenu.
4.1.1 Présentation des résultats de l'ACM
L'objectif ici est de déterminer les relations entre les
différentes variables explicatives, et comment elles se comportent
autour des deux modalités de la variable dépendante. En effet les
différents tests du khi que nous avons réalisés ont dans
certains cas permis de déceler une dépendance entre les variables
explicatives et la variable dépendante. Il est utile à
présent de mesurer les liens éventuels qui peuvent se dessiner
derrière les différentes variables explicatrices, afin de voir
leur comportement autour de la variable dépendante. Ces liens pourront
sans doute définir les groupes à haut risques, exprimant les
combinaisons des facteurs qui expliqueraient un grand risque de
mortalité des enfants. Les modalités de ces variables ont
été codifiées pour des besoins de lisibilité du
graphique. Nous présentons d'abord les différents
facteurs :
Ass : pour assistance au moment de
l'accouchement ; niv : niveau de vie du
ménage
Ran : rang de l'enfant
; sex : sexe de l'enfant
Gem : gémellité
; sta : statut
matrimonial de la femme
Fem : niveau d'instruction de la femme
; mou : moustiquaire
Mil : lieu de résidence
; lie : lieu
d'accouchement
Hoe : niveau d'instruction du
père ; âge : âge de la femme ;
int : intervalle génésique
Vac : vaccination
Ainsi, les différentes abréviations des
modalités sont les suivantes :
Tableau 2 : Recodage des modalités des variables
actives préliminaire pour l'ACM
Inertie du nuage des points et choix des axes
factoriels
D'après la règle du coude, nous sommes conduits
à retenir les deux premiers axes factoriels pour les
interprétations qui expliquent 20,53 % de l'inertie totale. Ce
pourcentage est suffisant pour faire des interprétations en ACM.
Premier axe factoriel : Les
modalités des variables qui ont le plus contribué à sa
formation sont : le milieu urbain, le milieu rural, les hommes de niveaux
d'instruction moyen et « secondaire et plus », le lieu
d'accouchement à domicile, le lieu d'accouchement dans un centre de
santé. Cet axe oppose les enfants nés dans un centre de
santé, qui vivent en milieu urbain et dans les ménages
aisés, dont le père a un niveau d'instruction secondaire,
à ceux qui sont nés à domicile, qui vivent en milieu rural
et dans les ménages pauvres, dont le père est sans
instruction.
Deuxième axe factoriel :
Les modalités des variables qui ont le plus contribué à sa
formation sont : l'assistance à l'accouchement, l'assistance
manquée, les enfants de premier rang, les enfants de rang
supérieur à six, l'âge de la mère à
l'accouchement inférieur à vingt ans, l'âge de la
mère à l'accouchement supérieur à 35 ans. Cet axe
oppose les enfants de rang supérieur à six dont la naissance
intervient lorsque la mère est âgée de plus de 35 ans et
s'est faite assistée au moment de l'accouchement aux premières
naissances qui interviennent lorsque la mère a moins de 20 ans et ne
s'est pas faite assistée au moment de l'accouchement.
Quadrants du graphique
En tenant compte de la variable
« survie_enfant » mise en supplémentaire
pour les besoins d'analyse, l'examen des quadrants du graphique ci-dessus
donnent les résultats suivants :
Le quadrant (1+, 2+) caractérise les enfants vivant en
milieu rural, issus des ménages pauvres, dont la mère ne sait pas
faite assistée au moment de l'accouchement et dont le père est
sans niveau d'instruction. Ces enfants sont plus exposés à la
mortalité car leurs caractéristiques sont plus proches de la
modalité « mort » de notre variable illustrative.
Le quadrant (1+, 2-) caractérise les enfants de rang
supérieur à six dont la naissance intervient lorsque la
mère est âgée de plus de 35 ans.
Le quadrant (1-, 2-) caractérise les enfants nés
dans un centre de santé, qui vivent en milieu urbain et dans les
ménages aisés, dont le père a un niveau d'instruction
secondaire et plus. Ces enfants sont moins exposés à la
mortalité car leurs caractéristiques sont plus proches de la
modalité « survivant » de notre variable
illustrative. Notons également que ces individus sont plus proches de
l'individu moyen en raison du faite qu'ils sont plus représentés
dans notre échantillon (environ 85 %).
Le quadrant (1-, 2+) caractérise les enfants qui sont de
rang un, et nés lorsque la mère a moins de 20 ans au moment de
l'accouchement.
De façon diamétrale, les quadrants (1+, 2+) et (1-,
2-) s'opposent d'une part ainsi que les quadrants (1-, 2+) et (1+, 2-). La
première opposition caractérise les deux groupes d'enfants
décédés avant l'âge de quatre ans révolus et
le deuxième groupe ceux qui ont survécu jusqu'à cet
âge. Les variables qui assurent le plus cette discrimination sont le
milieu de résidence, l'assistance à l'accouchement, le niveau de
vie du ménage ou vit l'enfant, le lieu d'accouchement et l'instruction
du père. Par contre les variables qui interviennent dans l'opposition
des deux quadrants (1-, 2+) et (1+, 2-) ne distinguent pas de façon
rigoureuse les deux groupes d'enfants morts et survivants. Nous voulons
manifester une légère prudence, compte tenu des observations que
nous dégageons de l'ACM. La principale raison étant le
problème de poids ; puisque l'échantillon de données
n'est pas équilibré, plusieurs individus sont attirés vers
l'individu moyen.
Figure : Projection des
variables sur les axes factoriels
Source : EDS III, 2004
4.1.2 Interprétations des résultats de
l'ACM
Les résultats de l'ACM nous ont ainsi permis de
constater que le milieu de résidence, la vaccination, le niveau de vie
du ménage et le lieu où la mère accouche semblent
influencer le plus la mortalité des enfants. On peut ainsi dire que ce
sous ensemble de variables peut être perçu comme des
déterminants à hauts risques de la mortalité des enfants
de moins de cinq ans au Cameroun. En revanche, certaines variables à
l'exemple de l'âge de la mère à l'accouchement, le rang de
l'enfant semble avoir un effet moins important sur la mortalité des
enfants au Cameroun.
Il convient néanmoins de noter que la distribution de
notre échantillon, est constituée en grande majorité des
enfants survivants (85,6 %). Ainsi, leurs caractéristiques influencent
beaucoup l'analyse qui a été réalisée. Cependant
nous allons par la suite poursuivre l'analyse en conservant toutes les
variables précédentes mais ayant eu connaissance de la
combinaison des variables qui influenceraient plus la mortalité des
enfants.
Nous allons présenter dans la section suivante le
modèle logistique, les estimations ainsi que les interprétations
des coefficients estimés.
4.1 APPROCHE ÉCONOMÉTRIQUE DES
DÉTERMINANTS DE LA MORTALITÉ INFANTO-JUVÉNILE
4.1.1 Présentation du
modèle de régression logistique
Avant de se lancer dans l'utilisation de cet outil d'analyse, il
convient au préalable de présenter quelques fondements
théoriques de la régression logistique. Rappelons qu'en
régression linéaire, la problématique qui est
posée, est de pouvoir déterminer les variables qui expliquent une
part importante de la variabilité d'une variable dépendante
quantitative. En régression logistique par contre, il ne s'agit plus
d'expliquer la variabilité d'une variable dépendante, car elle
est plutôt qualitative. Ce faisant il s'agit en revanche de
modéliser les probabilités de ses attributs. Le modèle de
régression logistique repose sur la modélisation d'une variable
qualitative. Ce modèle s'applique dans plusieurs domaines à
savoir :
Médecine : on peut avoir plusieurs malades
atteints d'une maladie, et on cherche par exemple les déterminants de
survie des malades. Cette modélisation peut également nous
conduire à prédire, le diagnostic final pour un nouveau malade
atteint de la maladie, dont on connaît le profil.
Finance et banque : L'une des informations dont une
banque a besoin est celle de connaître le comportement de ses clients,
ceci en fonction de leurs caractéristiques afin de pouvoir discriminer
la population des clients en deux catégories : celle des
« bon clients » et celle des « mauvais
clients ». Ceci pourra permettre à la banque de savoir
à quel client offrir un crédit. Certaines techniques plus
avancées permettent de résoudre ce genre de problème (Data
Manning).
Anthropométrie : on peut être
intéressé à déterminer le sexe inconnu d'un
individu dont on a retrouvé le crâne lors des fouilles
Lorsque la variable dépendante, que l'on cherche à
expliquer a deux modalités, on parle de variable dichotomique, et le
modèle décrivant cette situation est le modèle binomial.
Par contre lorsque la variable qualitative, a plus de deux modalités, on
parle de variable polytomique, et le modèle décrivant cette
situation est le modèle multinomial.
Le choix et la justification des variables s'est faite au
chapitre 3. Comme nous l'avons déjà précisé nous
travaillons sur 8097 naissances, et l'approche que nous avons retenue est une
analyse étiologique39(*). Cette méthode d'analyse s'oppose à la
méthode pronostic, qui cherche plutôt à prédire la
réalisation d'une variable.
En régression logistique, les variables explicatives
peuvent être qualitatives ou quantitatives, aucune contrainte n'est
généralement imposée. L'encadré 1 (Page 84)
présente plus de détails concernant la formulation du
modèle de régression logistique.
4.1.2 Résultats économétriques et
interprétations
Nous nous proposons dans cette section de commenter les
résultats obtenus, après l'estimation du modèle logit au
moyen du logiciel Stata 9. Nous voulons faire remarquer que les analyses qui
suivent sont faites toutes choses égales par ailleurs, inutile de nous
répéter.
§ L'assistance au moment de l'accouchement
Les résultats du tableau 3 à la page 72 nous
montrent globalement qu'au Cameroun, les enfants qui naissent des mères
assistées à l'accouchement (par un personnel de santé, ou
un assistant traditionnel) ont presque 45 % de chances de plus de survivre
jusqu'à l'âge de 4 ans révolus, que ceux qui naissent des
mères qui ne sont pas assistées. L'assistance au moment de
l'accouchement est dont un élément important qui améliore
les chances de survie des enfants.
§ Le lieu d'accouchement
À côté de l'assistance, il faudra aussi
s'interroger sur le lieu d'accouchement. En effet un lieu d'accouchement
convenable peut garantir une assistance de qualité. Ainsi, les enfants
qui naissent dans les formations sanitaires que ce soit les hôpitaux
privés ou publics, ou alors les cliniques, présentent en moyenne
26 % de risques en moins de décéder avant leur
5ème anniversaire que ceux qui naissent à domicile.
C'est pour cette raison qu'il faut faire appel aux personnes compétentes
et aux endroits adéquats. La naissance dans un centre de
santé symbolise plusieurs avantages. C'est dans les formations
sanitaires que la femme reçoit des conseils pertinents pour une bonne
croissance de l'enfant. Pourtant, celle qui accouche à domicile, a des
difficultés à couper le cordon ombilical, et aussi à
détacher l'enfant du placenta. C'est ce qui sans doute, peut
entraîner une mortalité dès les premiers jours, en raison
des complications qui pourront subvenir. Lorsqu'il peut dans certains
accouchements se produire des complications comme des pertes de sang, des
déchirures, et bien d'autres encore, les femmes qui accouchent à
domicile ont alors plus de risques de décéder ou de voir leurs
enfants décéder. Généralement le temps qu'il faut
observer pour courir à l'hôpital est suffisant pour provoquer un
décès. Il ne faudrait pas toujours derrière cela voir une
volonté manifeste des femmes d'accoucher à la maison. Dans un
contexte de pauvreté comme c'est le cas au Cameroun, où les
régions sont très désenclavées et peu
électrifiées, des urgences parfois mal fonctionnelles, il est
alors difficile pour une femme qui commence à manifester des signes
d'accouchement à partir d'une heure avancée de la nuit de
poursuivre l'accouchement dans un centre de santé. Ceci, du fait qu'il
est alors impossible pour elle de se rendre à l'hôpital à
pareille heure, ou de se faire transporter dans un service d'urgence. Plusieurs
femmes accouchent à domicile risquant par là leur vie et celle de
l'enfant qui va naître.
§ L'utilisation d'une moustiquaire
L'utilisation d'une moustiquaire est également
déterminante pour la survie de l'enfant. En effet, l'utilisation d'une
moustiquaire imprégnée limite le risque de piqûre par le
moustique et l'on sait qu'au Cameroun, le paludisme est la première
cause de mortalité et de morbidité. Ainsi, il est tout à
fait utile pour la mère de protéger l'enfant et de se
protéger, ceci en dormant sous une moustiquaire. Ainsi, les enfants dont
la mère utilise régulièrement une moustiquaire, ont moins
de risques de décéder que ceux dont la mère n'utilise pas
de moustiquaire.
§ Le rang de l'enfant
Remarquons également que le rang de l'enfant est aussi
déterminant pour sa survie. Les enfants de rang élevé ont
plus de risques de décéder que ceux dont le rang est faible. Plus
précisément, relativement aux enfants de rang 1 (le premier
enfant ou la première naissance) les enfants qui ont un rang compris
entre 2 et 5 ont 10 % de risques de plus que les autres de mourir avant
l'âge de 5 ans. Ce risque de décéder avant le
5ème anniversaire augmente pour les enfants dont le rang est
supérieur à 6. Les familles ont tendance à accorder plus
de précaution et d'assistance aux premières naissances. Les
dernières naissances n'ont plus alors la même attention que les
premières. Bien plus, la qualité du lait qu'une femme donne aux
dernières naissances, n'est plus la même qu'elle donnait aux
premières naissances. Enfin, après un certain nombre de
naissances, l'organisme est fatigué et peut par conséquent
lâché.
§ La gémellité
Par ailleurs, ce même tableau montre qu'au Cameroun, la
gémellité est un élément déterminant de la
mortalité des enfants. En effet, les enfants jumeaux ou triplés,
ont dès la naissance plus de risques de décéder avant
l'âge de 5 ans que leurs confrères (les singletons). Le tableau 3
montre que les jumeaux ou triplés ont deux fois plus risques de
décéder avant l'âge de 5 ans que les enfants (singleton).
L'une des raisons, pouvant être la capacité de prise en charge. En
effet dans un contexte de pauvreté comme le nôtre, il est plus
difficile pour une famille ou un ménage de s'occuper de deux ou
plusieurs enfants, que de s'occuper d'un seul. Les naissances multiples sont
également un coût sur le plan biologique.
§ Niveau d'instruction de la mère
Outre la gémellité et l'assistance à
l'accouchement, l'instruction de la mère est très
déterminante pour la survie de l'enfant au Cameroun. L'effet de
l'instruction de la mère sur la mortalité des enfants, n'est
significatif qu'à partir du niveau secondaire. En effet les enfants
nés des femmes ayant atteint le niveau primaire ont les mêmes
chances de décéder avant leur 5ème
anniversaire, que ceux nés des mères n'ayant aucun niveau
d'instruction. Par contre relativement aux enfants nés des femmes sans
niveau d'instruction, ceux nés des femmes ayant atteints le niveau
secondaire ou plus ont 41 % de chances de plus de survivre jusqu'à
l'âge de quatre ans révolus. On peut donc conclure qu'au Cameroun
l'instruction de la mère améliore les chances de survie des
enfants, à condition que la mère atteigne le niveau secondaire au
moins. Il est par conséquent plus probable, pour les enfants de survivre
jusqu'à leur 4ème anniversaire, lorsque leurs
mères sont instruites. Comme nous l'avons évoqué,
l'instruction de la mère est un gage de santé de son enfant.
À contrario, l'instruction du père est sans effet sur la
mortalité des enfants. Les enfants issus des pères dont les
niveaux d'instruction sont différents, ont presque les mêmes
chances de décéder avant l'âge de quatre ans
révolus.
§ Le milieu d'existence
Le milieu d'existence de l'enfant a un effet sur la
mortalité des enfants de moins de 5 ans au Cameroun. En effet,
relativement aux enfants qui vivent en milieu urbain, ceux qui vivent en milieu
rural ont 64 % de chances en plus de décéder avant l'âge de
cinq ans. Le Cameroun se caractérise par une inégale
répartition des services de santé. En milieu rural,
l'accessibilité aux services de santé est plus difficile qu'en
ville. Le nombre de formations sanitaires est insuffisant en milieu rural, pour
répondre à la demande de soins de santé. Et enfin en zone
rurale l'utilisation même des services de santé moderne est
limitée, parce que se développe également la
médecine traditionnelle. Tout ceci n'est pas de nature à garantir
une meilleure santé aux enfants du milieu rural. Par contre en milieu
urbain, le niveau de socialisation et de culture est plus
développé. Les femmes se servent plus abondamment des services de
santé publics et privés. On retrouve également en milieu
urbain les professionnels de la santé, des personnes qualifiées.
Cette discrimination n'a des répercussions que sur l'enfant qui
naît et grandit dans son milieu.
§ Le niveau de vie du ménage
De manière générale, les conditions de vie
du ménage demeurent déterminantes pour la suivie de l'enfant de
zéro à quatre ans révolus. En effet, les enfants qui
naissent des ménages riches ont plus de chances de survivre
jusqu'à l'âge de 4 ans révolus que ceux qui naissent des
ménages pauvres. Ces derniers ont exactement 76 % de chances en plus,
d'atteindre leur 4ème anniversaire, que ceux qui naissent
dans les familles pauvres. Bien plus encore, ceux qui naissent dans les
ménages de niveau de vie moyen, ont 64 % de chances en plus de ne pas
décéder avant l'âge de quatre ans révolus, que ceux
qui naissent dans les ménages pauvres. Cette observation montre que les
enfants dès la naissance n'ont pas les mêmes chances de survivre
jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. Les ménages
pauvres ne peuvent pas apporter aux enfants toute la quantité de
calories et de nutriments dont ils ont besoin par jour. Bien encore, l'enfant
issu d'un ménage pauvre risque de subir l'influence de l'activité
de ses parents. En effet lorsque la maman se battra dans ses activités
génératrices de revenus, à l'exemple du commerce, de
l'agriculture, l'enfant sera mis à l'écart, abandonné
à lui seul et parfois précocement sevré. Tout ceci n'est
pas de nature à assurer une bonne survie de l'enfant jusqu'à
l'âge de 4 ans. Dans pareilles situations, il n'est pas pertinent
d'analyser la cause du décès, qui pourra être la
malnutrition, mais plutôt le facteur représenté ici par le
niveau de vie du ménage où vit et grandit l'enfant.
§ L'âge de la mère à
l'accouchement
Le tableau 3 montre également un effet net de l'âge
de la mère au moment de l'accouchement sur la mortalité des
enfants. L'âge de la mère à l'accouchement, au Cameroun est
déterminant pour la survie des enfants. En effet, les enfants nés
des mères très jeunes (moins de 20 ans) ont moins de chances de
survivre, que ceux nés des mères ayant un âge compris entre
20 et 35 ans. En revanche les enfants qui naissent des mères ayant plus
de 35 ans, présentent les mêmes risques de décéder,
que ceux dont la mère a moins de 20 ans au moment de l'accouchement. En
effet, les femmes qui accouchent dans la tranche 20-35 ans, ont de
manière générale 59 % de chances en moins de voir leur
enfant décéder avant leur 5ème anniversaire,
que ceux qui accouchent à moins de 20 ans. Il est donc
préférable pour les femmes d'accoucher dans la tranche 20-35 ans,
si elles veulent avoir moins de risques de décès infantiles.
Cette surmortalité, due à l'âge précoce à
l'accouchement d'une part et à l'âge très avancé
d'autre part peut pourtant être évité. Ce qui permettra
d'éviter inéluctablement les complications dues à une
immaturité génitales et aux complications congénitales.
Notons également qu'en dehors des raisons biologiques qui peuvent
davantage exposées les enfants nés des mères jeunes, se
cachent aussi des raisons sociologiques (leur connaissance de la vie est
embryonnaire voire rudimentaire). Il est bien vrai que l'accouchement
précoce est en rapport avec, le statut matrimonial.
§ Le statut matrimonial de la mère
Comme le montre le tableau 3, relativement aux enfants qui
naissent des femmes non mariées, ceux qui naissent des femmes
mariées présentent 25 % de chances en plus de survivre
jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. Les chances de
survivre pour les enfants qui naissent des femmes divorcées ou veuves
sont les mêmes que ceux qui naissent des femmes non mariées. En
réalité il faut percevoir le mariage ici comme un facteur de
responsabilisation, c'est-à-dire un cadre où l'enfant a la
possibilité d'être très bien suivi par ses parents.
À contrario, les femmes qui accouchent sans être mariées
connaissent parfois des difficultés, et sont parfois naïves pour la
tenue d'une bonne grossesse. En définitive le tableau 3 nous permet de
constater que les enfants qui naissent des mères mariées,
s'opposent (en terme de chance de survivre) au groupe d'enfants qui naissent
des mères jamais mariées et des mères veuves.
§ La vaccination de l'enfant
Comme l'affirme l'UNICEF dans le rapport sur la situation des
enfants 2007, plusieurs de décès des enfants auraient pu dans de
nombreux cas être évités. Les enfants sont souvent victimes
des maladies, à l'exemple de la poliomyélite, de la coqueluche et
bien d'autres. Afin de prévenir ces différentes maladies, des
techniques préventives sont alors recommandées, au premier rang
desquelles la vaccination. Au Cameroun plusieurs femmes tardent encore à
administrer aux enfants les 5 vaccins recommandés par l'OMS. Certaines
n'administrent même aucune des ces doses de vaccins. On ne peut, dans
cette situation s'attendre à une mortalité plus accrue des
enfants. Ainsi comme le montre le tableau 3, un enfant qui a reçu toutes
les doses de vaccins a exactement 62 % de chances en moins de
décéder, qu'un enfant qui n'en a pas reçu. La vaccination
est obligatoire pour tous les enfants. Comme nous l'avons mentionné au
chapitre précédent, le gouvernement met sur pied plusieurs
programmes permettant d'assurer une plus large couverture vaccinale, notamment
à travers le PEV.
§ Le sexe de l'enfant
Ce tableau montre également que le sexe de l'enfant n'est
pas déterminant pour la survie de l'enfant au Cameroun. En effet, les
garçons ou les filles ont dès la naissance, les mêmes
chances de survivre jusqu'à l'âge de cinq ans.
§ La parité
Notons enfin que la parité c'est-à-dire le nombre
total d'enfants qu'une femme a déjà mis au monde est
déterminant pour la survie de l'enfant qui vient de naître. En
effet d'après le tableau 3 on se rend compte que lorsque le nombre
d'enfants mis au monde par une femme augmente d'une unité, le risque de
décès de l'enfant qui naît augmente de 13 %.
4.2 QUALITÉ D'AJUSTEMENT DU MODÈLE DE
RÉGRESSION LOGISTIQUE
Pouvoir prédictif du modèle
Comme nous l'avons évoqué, le modèle de
régression logistique modélise les probabilités des
attributs d'une variable qualitative binaire. Les probabilités
estimées permettent de classer les enfants en mort ou en survivant ceci
en fonction du seuil qu'on se fixe. Lorsque la probabilité d'un individu
de subir le phénomène (mort) est supérieure au seuil, on
affecte cet individu dans le groupe des individus morts. Un problème est
désormais posé, celui du choix du seuil. Notre échantillon
n'étant pas « équilibré », il est peu
raisonnable de fixer un seuil de 0,5 car dans l'échantillon il y a moins
des décès que des survivants. Afin de corriger cette
distribution, nous prenons comme seuil la proportion des décès
dans l'échantillon qui est de 14 %. En effet, comme le montre les
tableaux 7 et 8 en annexe B, page 80 le taux de prédiction globale pour
un seuil fixé à 0,5 est de 85,8 %. Celui obtenu par contre en
fixant le seuil de 0,14 est de 65,7 %. Nous préférons ce dernier
seuil au premier En effet, selon le premier pronostic, seulement 2,9 %
d'enfants sont réellement décédés, alors qu'avec le
second 69 % d'enfants sont réellement décédés. Il
s'agit là d'une règle de classement. Il convient alors de
déterminer la performance du classement. Mais avant cela, nous allons
d'abord définir les notions de sensibilité et de
spécificité.
Pouvoir discriminant du modèle, Sensibilité,
Spécificité et Courbe ROC
La sensibilité est définie comme la
probabilité de classer l'individu dans la catégorie y =
1 (on dit que le test est positif) étant donné qu'il est
effectivement observé dans celle-ci.
La spécificité est définie comme la
probabilité de classer l'individu dans la catégorie y =
0 (on dit que le test est négatif) étant donné qu'il est
effectivement observé dans celle-ci.
Ainsi, la sensibilité et la spécificité
dépendent du seuil qu'on s'est fixé. Pour le seuil
précédemment retenu, celui de 0,144 on obtient donc une
sensibilité de 65,2 %40(*) et une spécificité de 69 %. Comme
indicateur de la capacité du modèle à discriminer on
utilisera plutôt la courbe ROC41(*) qui tient compte des différentes valeurs
possibles du seuil. Du graphique ci-dessous, la surface sous la courbe est de
72,71 % ce qui nous permet de dire que la discrimination est
acceptable42(*).
Figure :
Représentation de la sensibilité en fonction de la
spécificité (courbe ROC)
Source : EDS III, 2004
Calibration du modèle : ajustement global du
modèle aux données
Le principe du test de Hosmer et Lemeshow consiste à
comparer les valeurs prédites et observées des modalités
de la variable d'intérêt, après regroupement des individus
en classe. On utilise ensuite la distance de khi deux pour évaluer
l'écart entre les fréquences observées et prédites.
Lorsque cette distance est relativement petite, on considère que le
modèle est bien calibré. Le test repose sur les hypothèses
suivantes :
H0 : le modèle est bien calibré
H1 : le modèle n'est bien calibré
Dans le cas présent, l'échantillon a
été divisé en 10 groupes. La lecture du tableau 10 en
annexe B relatif aux résultats du test d'Hosmer et Lemeshow montre que
l'ajustement global du modèle aux données est satisfaisant. Car
la valeur de p-value est supérieure au seuil 5%.
Tableau 3 : Rapports des chances des estimations logit des
déterminants de la mortalité
|
|
|
|
|
|
Variables explicatives
|
P-value
|
Rapport de Chance
|
|
|
Assistance à l'accouchement (Base =
non)
|
|
|
|
|
oui
|
0,000
|
0,5490248*
|
|
|
rang (Base = rang 1)
|
|
|
|
|
rang 2 à 5
|
0,005
|
1,10122356*
|
|
|
rang > 6
|
0,007
|
1,42584696*
|
|
|
Gémellité (Base = singleton)
|
|
|
|
|
Jumeaux
|
0,000
|
2,686307*
|
|
|
Triplets
|
0,001
|
1,940232*
|
|
|
Instruction de la mère (Base = sans
niveau)
|
|
|
|
|
Primaire
|
0,130
|
0,8702835
|
|
|
Secondaire et plus
|
0,000
|
0,587111*
|
|
|
Milieu (Base = urbain)
|
0,000
|
|
|
|
rural
|
|
1,6449726*
|
|
|
Instruction du père (Base = sans
niveau)
|
|
|
|
|
Primaire
|
0,235
|
1,110544
|
|
|
Secondaire et plus
|
0,161
|
1,147579
|
|
|
Niveau de vie (Base = pauvre)
|
|
|
|
|
Moyen
|
0,000
|
0,3605459*
|
|
|
Riche
|
0,000
|
0,2388735*
|
|
|
Sexe de l'enfant (Base = garçon)
|
|
|
|
|
Fille
|
0,477
|
0,9533222
|
|
|
Parité
|
0,000
|
1,130729*
|
|
|
Intervalle inter-génésique (Base = un
an)
|
|
|
|
|
Deux à trois ans
|
0,014
|
0,7949912*
|
|
|
Quatre ans et plus
|
0,000
|
0,4829267*
|
|
|
Age de la mère à l'accouchement (Base =
moins de 20 ans)
|
|
|
|
|
Entre 20 ans et 35 ans
|
0,000
|
0,414708*
|
|
|
Plus de 35 ans
|
0,256
|
0,4100138
|
|
|
Vaccin (Base = non)
|
|
|
|
|
Oui
|
0,000
|
0,3843715*
|
|
|
Statut matrimonial de la mère (Base = jamais
mariée)
|
|
|
|
|
Mariée
|
0,010
|
0,7510518*
|
|
|
Divorcée
|
0,151
|
1,249457
|
|
|
Dort sous une moustiquaire (Base = non)
|
|
|
|
|
oui
|
0,000
|
0,8605085*
|
|
|
Lieu d'accouchement (Base = domicile)
|
|
|
|
|
Centre de santé
|
0,020
|
0,74596252*
|
|
|
|
|
|
|
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
La mortalité infanto-juvénile est un
phénomène préoccupant au Cameroun et dans bien d'autres
pays africains. La présente étude visait à identifier les
déterminants de la mortalité des enfants au Cameroun. Plus
spécifiquement il était question de répondre à la
question « pourquoi de nombreux enfants meurent tant au
Cameroun ? ». Pour ce faire, nous nous sommes
inspirés du cadre conceptuel de Mosley et Chen modifié par
BARBIERI. Nous avons adopté l'approche globale utilisant des
informations individuelles. L'étude a donc consisté à
analyser les niveaux de mortalité des enfants selon certaines
caractéristiques des mères, des enfants eux-mêmes
(variables intermédiaires) et des ménages (variables
indépendantes). Le modèle d'analyse choisi est la
régression logistique, compte tenu de la nature dichotomique de la
variable dépendante.
À la lumière des analyses qui ont
étés effectuées, nous avons ressorti plusieurs facteurs
permettant d'expliquer la mortalité des moins de cinq ans au Cameroun.
L'analyse bivariée des différentes variables indépendantes
avec la variable dépendante a montré qu'il existe une relation
non significative entre la mortalité des enfants de moins de cinq ans et
le niveau d'instruction du père, ainsi que le sexe de ces enfants.
Cette, information a été par la suite confirmée
après la modélisation logistique.
Il ressort par ailleurs de cette étude que le niveau de
vie du ménage où naît et grandit l'enfant a un impact sur
sa survie. Ainsi, les enfants qui naissent dans les familles pauvres, ont plus
de risques de décéder avant cinq ans que ceux qui naissent dans
les familles riches. De même, comme dans plusieurs études
réalisées sur le continent, l'instruction de la mère est
très déterminante pour la survie des enfants. Au Cameroun, toutes
choses égales par ailleurs, les enfants qui naissent de mères
instruites ont globalement plus de chance de vivre jusqu'à l'âge
de quatre ans révolus que leurs congénères nés de
mères sans niveau d'instruction. Par ailleurs la vaccination des
enfants, et l'assistance des mères au moment de leur accouchement
améliorent les chances de survie des enfants de la naissance
jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. En effet, la
probabilité de décès d'un enfant avant son
cinquième anniversaire baisse respectivement de 0,05 et de 0,094 lorsque
sa mère s'est faite assistée au moment de l'accouchement (par un
personnel de santé) et lorsque l'enfant a reçu toutes les
différentes doses de vaccins. Outre ces différents
éléments, le milieu d'existence où vit et grandit l'enfant
a également un impact sur cette probabilité de
décès. En effet, les enfants qui vivent en milieu urbain ont plus
de chances de survivre que ceux qui vivent en milieu rural. Car la ville offre
des services de santé relativement meilleurs, avec des personnels de
santé mieux qualifiés et les femmes s'en servent le plus. Cette
étude montre également qu'au Cameroun, l'âge de la
mère au moment de l'accouchement et le nombre de naissances qu'elle a
déjà faites sont également fondamentaux pour la survie des
enfants. Il est par conséquent moins probable pour un enfant né
d'une mère très jeune ou encore d'un âge avancé de
survivre jusqu'à l'âge de cinq ans. Bien plus les dernières
naissances sont celles où l'on n'accorde pas autant d'attention et par
conséquent compromettent les chances de survie des enfants.
Les hypothèses de bases qui avaient été
formulées au début de ce travail, qui postulaient que :
· les facteurs sociaux économiques et culturels tels
que (l'instruction des parents, le revenu du ménage, le milieu de
résidence) ont un effet significatif sur la mortalité des enfants
de mois de cinq ans au Cameroun ;
· les facteurs socio-démographiques (l'âge la
mère à l'accouchement, le statut matrimonial de la mère,
le rang des naissances, la parité) influencent la mortalité des
enfants de moins de cinq ans ;
· les facteurs contextuels tels que la vaccination,
l'assistance à l'accouchement, influencent la mortalité des
enfants de moins de cinq ans ;
Sont validées, exception faite du niveau d'instruction du
père. Il a été révélé que
l'instruction du père est sans effet sur la mortalité des enfants
de moins de cinq ans au Cameroun.
Compte tenu des résultats obtenus, les recommandations
suivantes peuvent être adressées au gouvernement du Cameroun :
· L'amélioration du système scolaire
surtout pour les jeunes filles doit impérativement être un
objectif à atteindre, surtout pour l'enseignement de base. Par rapport
à l'instruction il convient d'impliquer les communautés locales,
et en particulier les chefs coutumiers et traditionnels pour inciter à
la scolarisation. Et surtout d'encourager la scolarisation des jeunes
filles.
· Le fonctionnement et l'équipement des centres de
santé doivent être déployés sur l'ensemble du
territoire national. Pour y arriver, l'implication des députés et
les gouverneurs de régions pour la réussite de ce programme
s'avèrent important.
· Afin de pouvoir donner plus de chances aux enfants de
survivre, les femmes se doivent d'espacer les naissances. Il est
préférable d'avoir des naissances espacées d'une
durée d'au moins deux ans. Il est alors à cet effet fortement
recommandé aux femmes de suivre un planning familial tel que prescrit
par le Ministère de la Santé Publique du Cameroun.
· Le gouvernement du Cameroun se doit de sensibiliser les
femmes enceintes sur l'utilisation des services de santé disponibles,
bien qu'en nombre insuffisants, elles se doivent de se faire accoucher dans les
formations sanitaires où elles pourront être assistées.
· Au plan socio-économique, les conditions
favorables pour un développement économique durable et soutenu
devront être mises sur pied, afin de garantir un niveau de richesse
acceptable pour tous. Il est important donc de stimuler la croissance par la
création des emplois, afin de relever le niveau de vie des plus pauvres.
À l'issue de cette analyse, nous n'avons pas la
prétention d'avoir épuisé le sujet mais il ne fait aucun
doute que les résultats obtenus permettent d'apprécier un tant
soit peu les déterminants de la mortalité infanto-juvénile
au Cameroun. Compte tenu de la source de données utilisée, qui
fait référence aux années 2000 à 2004, la situation
de la mortalité des enfants de moins de cinq ans peut avoir
changé au Cameroun aujourd'hui. L'EDS IV, 2009 qui est en cours de
préparation serait fortement recommandée pour des nouvelles
analyses.
ENCADRÉ
Encadré N° 1: Formulation mathématique du
modèle de régression logistique
Le modèle de régression logistique
En régression logistique on modélise aussi
l'espérance mathématique de y conditionnelle à
x, mais cette fois la relation est non-linéaire et les
résidus ne peuvent pas être distribués « Normalement
». Étant donné que la variable dépendante est
qualitative elle n'admettait pas de valeur numérique, on peut
néanmoins introduire un codage quantitatif permettant de
représenter les différents attributs. Par exemple, on codera
« 1 » si l'enfant est « mort » et « 0 »
sinon.
Ce que l'on note par : y =
À partir de ce codage quantitatif, on établit un
lien entre l'espérance mathématique de y conditionnelle
à x et la probabilité de. L'espérance
mathématique de y conditionnelle à x (i.e. la
régression de y par rapport à x),
s'écrit :
=
Ayant présenté le modèle de cette
façon, nous justifions là l'utilisation de l'expression
régression.
Par ailleurs, on utilise généralement l'expression
de régression « logistique », pour la simple raison
qu'une hypothèse est faite sur la loi que suit le résidu.
Lorsqu'on suppose que le terme d'erreur suit une loi logistique de
densité43(*), on
parle alors modèle de régression logistique. Par contre si on
suppose que le résidu suit plutôt une loi normale, tel que et la
variance alors il s'agira du modèle Probit. Ainsi l'utilisation de l'un
ou de l'autre modèle ne change rien sur la significativité des
variables explicatives. Dans les modèles logit et Probit, les
coefficients du modèle ne sont identifiés qu'à une
constante multiplicative près. Seules les restrictions sur les moyennes
et variances des erreurs permettent de distinguer ces deux modèles. Ce
faisant les valeurs numériques des paramètres deviennent
arbitraire44(*). Il a
été démontré, l'existence d'une relation entre les
coefficients estimés à l'aide du modèle Probit et ceux
estimés à l'aide du modèle logit. Ainsi, en
désignant par :
· âlogit les coefficients du modèle
logit ;
· âprobit les coefficients du modèle
Probit.
On a la relation suivante : âlogit
âprobit
Toutefois, les conditions d'identification n'affectent pas la
probabilité de l'événement étudié.
Pour la suite, nous allons nous intéresser uniquement au
cas où la variable dépendante est dichotomique.
L'estimation de ce modèle est basée sur le maximum
de vraisemblance. Il s'agit alors de trouver les valeurs des paramètres
qui rendent l'observation des données vraisemblable. En clair, on
cherche à maximiser la probabilité d'observer la
réalisation des valeurs de la variable dépendante.
Ainsi, après estimation on trouve :
§ Pour le modèle logistique :
§ Pour le modèle Probit :)=
Avec L(x) qui représente la vraisemblance. Les estimateurs
obtenus par les deux méthodes sont asymptotiquement efficaces, et
convergent en probabilité vers les vraies valeurs des paramètres.
Et vaut plutôt45(*),
Puisque sa variance dépend de x, elle n'est par
conséquent pas constante, et est donc
hétéroscédastique.
Pour tester cette hypothèse, il faut d'abord se situer
dans le cas du modèle Probit, où l'on utilise la formulation due
à Henry (1976).
Dans la présentation qui vient d'être faite, nous
n'avons pas imposé des restrictions aux variables explicatives. Elles
peuvent être quantitatives ou qualitatives, mais dans le cas
échéant on prendra la peine de recoder ses modalités.
ANNEXE A Analyse des
Correspondances Multiples
Tableau 4 : Coordonnées, contribution et cosinus
carrés des modalités actives.
Source : EDS III, 2004
Figure : histogramme des
valeurs propres et choix du nombre de facteurs
HISTOGRAMME DES 21 PREMIERES VALEURS PROPRES
+--------+------------+----------+----------+--------------------------------------------------------------------------------
| NUMERO | VALEUR | POURCENT.| POURCENT.|
|
| | PROPRE | | CUMULE |
|
+--------+------------+----------+----------+--------------------------------------------------------------------------------
| 1 | 0.1747 | 11.65 | 11.65
|********************************************************************************
|
| 2 | 0.1332 | 8.88 | 20.53 |
*************************************************************
|
| 3 | 0.1092 | 7.28 | 27.81 |
**************************************************
|
| 4 | 0.1050 | 7.00 | 34.81 |
*************************************************
|
| 5 | 0.0977 | 6.51 | 41.32 |
*********************************************
|
| 6 | 0.0765 | 5.10 | 46.42 |
************************************
|
| 7 | 0.0742 | 4.95 | 51.37 |
**********************************
|
| 8 | 0.0721 | 4.80 | 56.18 |
*********************************
|
| 9 | 0.0706 | 4.71 | 60.88 |
*********************************
|
| 10 | 0.0704 | 4.69 | 65.58 |
*********************************
|
| 11 | 0.0676 | 4.51 | 70.09 |
*******************************
|
| 12 | 0.0635 | 4.23 | 74.32 |
******************************
|
| 13 | 0.0608 | 4.06 | 78.38 |
****************************
|
| 14 | 0.0572 | 3.81 | 82.19 |
***************************
|
| 15 | 0.0523 | 3.49 | 85.68 |
************************
|
| 16 | 0.0491 | 3.27 | 88.95 |
***********************
|
| 17 | 0.0460 | 3.07 | 92.02 |
**********************
|
| 18 | 0.0402 | 2.68 | 94.70 | *******************
|
| 19 | 0.0336 | 2.24 | 96.94 | ****************
|
| 20 | 0.0259 | 1.72 | 98.66 | ************
|
| 21 | 0.0200 | 1.34 | 100.00 | **********
|
Source : EDS III, 2004
ANNEXE B Régression
logistique
Tableau 5 : Coefficients de régression des
estimations logit des déterminants de la mortalité
infanto-juvénile au Cameroun.
Source : EDS III, 2004
Tableau 7 : Pouvoir prédictif du modèle pour
un seuil de 50 %
Source : EDS III, 2004
Tableau 8 : Pouvoir prédictif du modèle pour
un seuil de 14,4 %
Source : EDS III, 2004
Tableau 9 : Significativité globale du modèle
de régression
Source : EDS III, 2004
Tableau 10 : Résultat du test pour la calibration du
modèle
Source : EDS III, 2004
ANNEXE C Statistiques sur
les pays du monde en rapport avec le bien être des enfants
Tableau 11 : Classement des pays selon le quotient de
mortalité des moins de 5 ans en 2006
|
|
|
|
|
|
|
Pays
|
Quotient de mortalité infanto-juvénile
(en pour mille)
|
Rang
|
|
|
Sierra Léone
|
|
270
|
1
|
|
|
Angola
|
|
260
|
2
|
|
|
Afghanistan
|
|
257
|
3
|
|
|
Niger
|
|
253
|
4
|
|
|
Libéria
|
|
235
|
5
|
|
|
Mali
|
|
217
|
6
|
|
|
Tchad
|
|
209
|
7
|
|
|
Guinée Équatoriale
|
206
|
8
|
|
|
République démocratique du Congo
|
205
|
9
|
|
|
Burkina Faso
|
|
204
|
10
|
|
|
Guinée-Bissau
|
|
200
|
11
|
|
|
Nigéria
|
|
191
|
12
|
|
|
Zambie
|
|
182
|
13
|
|
|
Burundi
|
|
181
|
14
|
|
|
République Centrafricaine
|
175
|
15
|
|
|
Swaziland
|
|
164
|
16
|
|
|
Guinée
|
|
161
|
17
|
|
|
Rwanda
|
|
160
|
18
|
|
|
Cameroun
|
|
149
|
19
|
|
|
Bénin
|
|
148
|
20
|
|
|
Somalie
|
|
145
|
21
|
|
|
Mozambique
|
|
138
|
22
|
|
|
Ouganda
|
|
134
|
23
|
|
|
.
|
|
.
|
.
|
|
|
.
|
|
.
|
.
|
|
|
.
|
|
.
|
.
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Rapport sur la situation
des enfants dans le monde 2008, P.113
Les pays et territoires sont énumérés par
ordre décroissant de leur taux de mortalité des enfants de moins
de 5 ans (TMM5), évalué pour 2006. Ce taux est l'un des
indicateurs les plus importants du bien-être des enfants
Figure :
Présentation des 60 pays prioritaires pour la survie de l'enfant
jusqu'en 2015
Figure : Avantages
qu'offre la réalisation du 4ème OMD et les
conséquences de l'échec
Source : Estimations de l'UNICEF
fondées sur les données mentionnées dans les Tableaux
statistiques 1 et 10, pp.114 et 150 du rapport sur la situation des enfants
dans le monde en 2008
Ce graphique montre que si l'objectif N° 4 des OMD n'est
pas réalisé en 2015, le monde connaîtra 4,3 millions de
décès d'enfants supplémentaires. Par contre s'il est
atteint on aura une réduction de 5,4 millions des décès
d'enfants de moins de cinq ans dans le monde.
BIBLIOGRAPHIE
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socio-économiques et culturelles devant la mort » in
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[9] CALDWELL J. (1986).
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[11] CHEN L.C. - MOSLEY W. H. (1984), «
Will primary health care reduce infant and child mortality. A critique of some
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[12] DESGREES DU LOÜ Annabel
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[14] GREENE W. H. (2003) « Econometric
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[15] GUBRY Françoise.
(1984) « Analyse de la Nuptialité »,
Institut de Formation et de Recherche Démographique (IFORD-Cameroun)
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[16] Le nouvel Observateur,
Atlaséco 2009, PP. 48-49
[17] Magali BARBIERI1 (1981),
« Les déterminants de la mortalité des enfants
dans le tiers-monde », in les dossiers du CEPED N° 18, Paris
PP.17-26
[18] MASUY-STROOBANT Godelieve (1997),
« Les déterminants de la santé et de la
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[19] MBACKE Cheikh et Van Walle Etienne.
(1989), « Les facteurs socio-économique et
l'influence de la fréquentation des services de
santé », in mortalité et société et
société en Afrique, sous la direction PISON Gilles, Van de Walle
Etienne et SAL-DIAKANDA Mpembele, Travaux et Documents, Cahier n° 124,
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[20] MONNIER Alain. (1985),
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direction de PRESSAT Roland, OMS/INED, PP 47-59.
[21] MOSLEY Henry et CHEN Lincoln.
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and development review n°10, PP. 25-45.
[22] NGATCHOU DACKAM Richard.
(1990), « L'éducation de la mère et la
mortalité des enfants », les cahiers de l'IFORD, N° 2,
PP. 55-120.
[23] PRESSAT Roland. (1979),
« Dictionnaire de démographie », Presse
universitaire de France
[24] RAKOTONDRABE FARANIAINA
P. « Les facteurs de la mortalité des enfants à
Madagascar », Cahier de L'IFORD, n°10, Yaoundé,
1996,85p.
[25] TABUTIN D.
(éd). « Population et sociétés en Afrique
au sud du Sahara », Paris
[26] UNICEF (2007), « La situation des
enfants dans le monde », PP 3-45
[27] UNICEF (2008), « La situation des
enfants dans le monde », PP 1-32
[28] UNICEF (2003),
« Rapport de l'atelier sur le suivi technique du forum vision
2010 »
L'Harmattan, 1988.
[29] WAKAM J. 2005
« Méthodes indirectes d'analyse
démographiques », notes de cours, Yaoundé.
* 1 _ MISC III, 2006
* 2 _ Le nombre d'enfants qu'une
femme a déjà mise au monde
* 3 _ Rapport annuel 2007 de
l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde
* 4 _ Rapport de l'UNICEF sur la
situation des enfants dans le monde 2008
* 5 _ Tiré du rapport sur
la situation des enfants dans le monde en 2008, P.viii.
* 6 _ Nombre moyen
d'années de vie d'une personne à la naissance.
* 7 _
La
mortalité infantile dans le monde,
2005,
Institut
national d'études démographiques France
* 8 _ Masuy-Stroobant Godelieve
(1997). op. cit.
* 9 _ Mortalité due aux
circonstances de l'accouchement, à des défauts de constitution
interne et au vieillissement de l'organisme. (Tiré du dictionnaire de
démographie, Roland PRESSAT, p.128)
* 10 _ Mortalité due aux
contacts avec le milieu extérieur. Sont en cause ici, les
décès occasionnés par les maladies infectieuses et les
accidents. (Tiré du dictionnaire de démographie, Roland PRESSAT,
p.128)
* 11 _ Composante essentielle
de l'Indice de Développement Humain
* 12 _ Probabilité
à un âge x de décéder avant l'âge x+a. C'est
un indice de génération, qui mesure le complément à
l'unité de la probabilité de survie.
* 13 _ Naissances = Naissances
Vivantes + Mort-nés
* 14 _ On ne prendra plus
seulement les décès infantils de l'année t mais ceux de la
génération t rapportés aux naissances de la
génération t.
* 15 _ Voir
Références, page 104 de la situation des enfants dans le monde
2008.
* 16 _ La situation des enfants
dans le monde 2008
* 17 _ Cité par Nunzio
MASTROROCCO et Roberta PACE, Université de Bari
* 18 _ Cité par Nunzio
MASTROROCCO et Roberta PACE, « déterminants de la
mortalité infantile à travers quelques parcours
causaux »
* 19 _(MASUY-STOOBANT, 1997)
* 20 _ Cité par
LARMARANGE Joseph (2003), « Représentativité des
monographies des villages », P.48
* 21 _ Cité par Tao
Vridaou (2005), « les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile au Tchad »
* 22 _ Enquête
Démographique et de Santé
* 23 _ période
(2000-2005)
* 24 _ Le grand Nord fait
référence ici aux régions de l'Extrême Nord, du Nord
et de l'Adamaoua
* 25 _ Le Nouvel Observateur
Atlaséco 2009 PP.48-49
* 26 _ Nouvel Observateur
Atlaséco 2009
* 27 _ ECAM, 2008
* 28 _ François Katerd,
dans le Monde Hors série, Bilan du monde 2009, P.107
* 29 _ Cette enquête a
déjà été menée à Yaoundé en
1978. Elle portait sur 9774 enfants nés des mères habitant
à Yaoundé, à travers des visites à 1, 4, 8, 12, 16,
20, et 24 mois de la vie de l'enfant.
* 30 _ Extrait du rapport de
l'enquête
* 31 _ Institution de
coopération américaine en charge du programme international des
Enquêtes Démographiques et de Santé
* 32 _ C'est cette section qui
nous servira de cadre d'analyse pour l'étude
* 33 _ Extrait du rapport de
l'enquête page 211
* 34 _ Il s'agit des quotients
de mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile.
* 35 _ C'est notre variable
dépendante avec deux modalités : mort et vivant
* 36 _ Tiré de
l'ouvrage de Magali BARBIERI sur les déterminants de la mortalité
des enfants dans le tiers monde (1991), page 24.
* 37 _ Extrait de la situation
des enfants en Afrique 2008, P.9
* 38 _ C'est une méthode
d'analyse factorielle due à Guttman (1941) et à Benzecri
(1973).
* 39 _ Qui consiste à
évaluer le risque associé à un facteur. Elle permet de
mesurer, l'effet net de chaque variable candidate à l'explication de la
mortalité des enfants.
* 40 _ Le modèle
prédit 65 % d'enfants réellement décédés au
seuil de 14,4 %
* 41 _ Receiving Operating
Curve.
* 42 _ Si aire ROC = 0.5 il n'y
a pas de discrimination
Si aire 0,7 < ROC < 0,8 la discrimination est
acceptable
Si aire 0,8 < ROC < 0,9 la discrimination est
excellente
Si aire ROC > 0,9 la discrimination est exceptionnelle
* 43
* 44
* 45 _ Puisque l'erreur suit
une loi binomiale, sa variance est donnée par la relation ci -dessus
|