L'économie informelle à Cotonou: intéractions institutions et groupements féminins( Télécharger le fichier original )par Ingrid Sonya M. ADJOVI Faculté des Arts Sciences Humaines / Université d'Abomey Calavi (République du Bénin) - Maitrise ès sociologie 2009 |
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LISTE DES PHOTOGRAPHIES
LISTE DES GRAPHIQUES
SOMMAIREINTRODUCTION Depuis les indépendances, les pays africains en général, et le Bénin en particulier ont assisté, impuissants, à la transformation du système économique traditionnel en une économie moderne semblable à celle des pays européens. Cette modernisation de la société traditionnelle s'est faite dans les pays africains selon un modèle occidental capitaliste du fait de la colonisation. Ce changement social et économique s'est effectué à un rythme plus soutenu dans les villes que dans les villages (VERON 1994 :68). Ainsi, Cotonou est en quelques années devenue une ville à économie hybride. L'économie informelle est constituée par un ensemble d'activités non réglementées par les normes administratives, législatives, comptables et fiscales de l'Etat. Au Bénin, la proportion d'actifs occupés dans le secteur informel est de 94,9% selon le RGPH3. Parmi ces personnes qui animent l'économie informelle, il y a les femmes qui constituent plus de 51% de la population béninoise selon le RGPH3. La situation des femmes dans la société préoccupe la plupart des institutions chargées de penser l'ordre social et le développement socio-économique des peuples. La position et les traitements infligés aux femmes, sont liés à des perceptions et des représentations socioculturelles millénaires traditionnelles qui rendent bien plus complexe leur situation malgré les nombreux rôles qu'elles jouent au sein de la société, dont entre autres, celui d'épouse et de mère. Ces dernières années, la situation de la femme s'est légèrement améliorée au Bénin grâce aux efforts conjugués des gouvernants et de la société civile (FOURN 2005 :316). Ces efforts consistent entre autres au renforcement des capacités des groupements féminins et au financement de leurs activités génératrices de revenus. S'il est reconnu que les femmes sont de véritables moteurs de l'économie béninoise puisqu'au Bénin la proportion de femmes actives occupées est de 99,3% selon le RGPH 3. De même, la proportion d'actifs occupés dans le secteur informel est de 94,9% au Bénin (RGPH3). Elles sont par conséquent fortement impliquées dans l'économie informelle du pays. Leur implication est d'autant plus forte que l'appui institutionnel aux groupements féminins à travers le financement des activités génératrices de revenus constitue une stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin. L'analyse proposée dans ce travail se focalise sur les femmes compte tenu de leur statut social et du rôle qu'elles jouent dans l'économie. Elle pose le problème des interactions entre institutions et groupements féminins dans l'économie informelle et par ricochet celui de la participation de l'Etat dans les interactions entre ces deux types d'acteurs en présence au Bénin, et, surtout à Cotonou. Cette recherche, en privilégiant une étude socio-anthropologique à la fois qualitative et quantitative, veut attirer l'attention sur l'ambiguïté des relations entre les institutions, les groupements de femmes et l'Etat dans l'économie informelle à Cotonou. Première partie : Cadre théorique, conceptuel, méthodologique et physique de la recherche Cette partie vise à exposer le cadre théorique de cette étude, à présenter l'itinéraire méthodologique suivi et à décrire le cadre physique de l'étude. Chapitre 1 : Cadre théorique et conceptuel Tout travail de recherche nécessite la formulation d'une problématique de recherche, la clarification des concepts clés, la justification du choix du thème et du cadre de l'étude et enfin, une revue de la littérature disponible sur le sujet. Vouloir réfléchir sur l'économie informelle, c'est s'engager sur un terrain très complexe où se mêlent inextricablement l'histoire, le contexte social, économique, politique et culturel. Cette perspective plurielle de l'économie informelle, caractéristique des pays pauvres voit éclore un certain nombre de difficultés liées aux relations entre les divers acteurs de la vie sociale. Au Bénin, le non développement du secteur économique formel constitue sans doute le principal échec des plans d'ajustement structurel et des programmes de privatisation mis en place dans la décennie quatre-vingt dix. Le démantèlement des entreprises publiques s'est plus souvent traduit, au bout de quelques années, par la disparition pure et simple desdites entreprises que par le renforcement du secteur moderne privé. Au lieu de l'épanouissement économique attendu, on a assisté à une régression au point que le secteur dit formel ne représente plus que 5% réparti entre le secteur public (2,6%) et le secteur formel privé (2,4%) selon le RGPH3. Cette situation a augmenté l'ampleur de l'informel dans la vie économique du Bénin dont la population travaille essentiellement dans ce secteur à raison de 95% d'actifs de 10 ans et plus selon le RGPH3. Les peuples africains, sociétés d'oralité fondent toutes leurs transactions sur la parole donnée et la confiance. Ces deux valeurs passent pour expliquer la circulation des personnes et des biens. Les opérations se font souvent sur la base de la parole donnée sans tenir compte d'aucune écriture comptable pouvant permettre à un tiers de tout contrôler. Pays très pauvre, le budget de l'Etat Béninois est essentiellement fiscal (GOUNOU 2004). Et par conséquent, il ne faut pas non plus négliger le poids que constituent les diverses taxes et impôts pour les populations dont les revenus sont peu élevés. Ces paramètres expliquent en partie la méfiance des populations à l'égard des documents légaux et en particulier vis-à-vis des documents comptables et donc leur participation à l'économie informelle. Le sociologue OLIVIER de SARDAN J.-P., en 1995 a étudié les processus de développement en Afrique. Par l'individualisme méthodologique, dans une approche interactionniste, il montre que dans tout dispositif de développement (projets, institutions de la société civile, animation rurale, réalisation d'infrastructures, etc.), il y a deux types d'acteurs de mondes différents qui sont en interactions dans un contexte social défini. Il s'agit d'une part des « développeurs » que représentent les institutions qui agissent dans le but de "développer" et d'autre part, des « populations à développer » ou « développés ». En rattachant cette idée à cette étude, on distingue d'une part les dispositifs de développement que sont les ONG et les IMF qui agissent dans le cadre de la réduction de la pauvreté à Cotonou, et d'autre part, les femmes membres des groupements qui constituent les « populations à développer » ou « développés ». Ainsi, la mise en oeuvre des plans de développement crée des interactions développeurs/développés d'une part et, d'autre part, des interactions dispositif de développement/contexte social. Car, les relations entre développeurs/développés s'effectuent dans un contexte social où se confrontent plusieurs facteurs (écologique, culturel, politique, fiscal, administratif, législatif, institutionnel, etc.) (.OLIVIER de SARDAN 1995 : 125-140). Il ne faut pas non plus négliger la place de l'Etat dans ces interactions. L'Etat est le seul garant de l'application des règles de droit et des sanctions applicables notamment en matière de réglementation fiscale, tout ceci l'implique directement dans la problématique de la persistance de l'économie informelle. Aussi, « l'idéal » serait que toutes les activités économiques soient formalisées. C'est d'ailleurs ce qui justifie l'existence de nombreux mécanismes de formalisation. Malheureusement, le « réel » est que malgré les multiples efforts déployés à la fois par l'Etat et les institutions de la société civile, les activités informelles persistent toujours au Bénin et en particulier dans la capitale économique Cotonou. Ainsi, toute réflexion sur les interactions entre les institutions, l'Etat et les groupements féminins dans l'économie informelle, conduit à s'engager sur un terrain très complexe où se mêlent inextricablement l'histoire, le contexte social, économique, politique et culturel de la société. C'est pour mieux appréhender la complexité de l'économie informelle, et pour répondre à l'ensemble de ces préoccupations qu'elle soulève que le thème de cette recherche s'est intitule : Economie informelle à Cotonou : interactions institutions et groupements féminins. L'informel est une dimension économique et sociale caractéristique des pays en voie de développement. Pour les économistes occidentaux ce secteur est un secteur non structuré, un secteur non formel. Or, l'économie informelle est une réalité sociale et économique des pays africains. Par conséquent, elle obéit à une logique de fonctionnement qui lui est propre et à des règles qui lui sont spécifiques. Le Bénin compte 6 769 914 habitants dont seulement 42,9% des personnes âgées de 15 à 24 ans sont alphabétisées (RGPH3). Les femmes représentent environ 51,5% de cet effectif donc plus de la moitié de la population béninoise. Elles constituent un pôle des activités économiques à travers les activités génératrices de revenus qu'elles pratiquent pour la survie de leurs familles. La femme béninoise ou la femme tout court est une ressource indispensable, mieux le partenaire de l'homme dans le processus du développement. En effet, dans le secteur formel, elles participent essentiellement au PIB à travers le commerce à hauteur de 85,2% contre 14,8% pour les hommes en 1997(MFPSS/ Bénin 2005 : 40). Tandis que dans le secteur informel en 2002, sur 100 femmes occupées, 97,2% exercent dans l'informel alors que seulement 1,3% exercent dans le secteur formel de l'Etat et 1,4% dans le secteur formel privé (RGPH3). Les femmes sont donc majoritaires dans l'informel et se retrouvent à 97% contre 93% pour les hommes soit 105 femmes pour 100 hommes (Ibidem 41). Les femmes forment des groupements qui sont appuyés par les ONG, les institutions de microfinance et les CeRPA à travers des activités génératrices de revenus qu'elles exercent pour la survie de leurs ménages. L'Etat central, (en tant qu'arbitre et gendarme), les institutions (agents de développement) et les groupements féminins (populations à développer) sont en interactions permanentes dans le contexte social. Alors, on se demande : comment les institutions de microfinance et les ONG appuient-elles les groupements féminins ? Quels sont les facteurs socioculturels qui fondent les rapports entre ces institutions l'Etat et les groupements ? Et, quelles sont les réactions des groupements de femmes aux multiples actions exercées sur eux par les institutions ? De ces interrogations, il ressort une certaine ambigüité: l'appui institutionnel vise à améliorer les conditions de vie des femmes et de leurs ménages dans le but de réduire la pauvreté. Cependant, les financements d'activités génératrices de revenus renforcent l'économie informelle qui est un reflet de la pauvreté puisque ces appuis institutionnels contribuent à son financement. Ainsi, l'appui institutionnel ne tendrait-il pas à maintenir les groupements dans la précarité des activités informelles au lieu de les formaliser ? La question de recherche qui se dégage de ces observations s'énonce comme suit : Quels sont les facteurs socioculturels qui expliquent les difficultés qu'ont les institutions à sortir les groupements de femmes de l'économie informelle à Cotonou ? Autrement dit, quels sont les facteurs socioculturels qui expliquent que les actions menées par les institutions partenaires des groupements féminins les laissent demeurer dans le cadre des activités informelles sans réellement pérenniser et sécuriser ces activités génératrices de revenus tout en réduisant les manques à gagner de l'Etat ? Les hypothèses suivantes sont émises pour répondre à cette préoccupation. Elles sont au nombre de trois : - les croyances, l'analphabétisme et la pauvreté sont des caractéristiques du contexte qui expliquent la persistance des activités informelles à Cotonou, - la persistance de l'économie informelle trouve son explication dans la régulation exercée par l'Etat sur les divers acteurs, - la persistance de l'économie informelle à Cotonou est la conséquence des logiques, des comportements et des stratégies d'acteurs (lesquels se regroupent autour d'enjeux : ressources et pouvoir). Il s'agira à travers cette recherche d'étudier les interactions qui existent entre les groupements de femmes, les institutions et l'Etat dans l'économie informelle de la ville de Cotonou tout en identifiant les facteurs qui entravent la réussite de la sortie des groupements féminins de l'informel. De façon spécifique, il s'agit de : - déterminer les caractéristiques sociales, culturelles et économiques du contexte qui expliquent la persistance des activités informelles à Cotonou, - identifier les formes de régulations exercées par l'Etat sur les acteurs de l'économie informelle, - étudier les logiques, les enjeux et les stratégies des acteurs dans l'économie informelle à Cotonou. Cette étude se justifie à travers le choix du cadre et celui du thème. Il serait excessif voire prétentieux de penser que les investigations sur le terrain pouvaient couvrir tout le territoire national. Pour des raisons toutes simples, le champ d'investigation a été limité à l'extrême Sud du Bénin, le département du Littoral c'est-à-dire la ville de Cotonou. C'est la capitale économique du Bénin, ce grand centre d'échanges qui a été parcouru et, précisons que le choix de cette dernière n'est pas le simple fait du hasard. Comme le montre la motivation objective qui justifie ce thème, les groupements féminins travaillant dans l'économie informelle constituent le principal centre d'intérêt. C'est par rapport à cela que la ville de Cotonou a été retenue du fait qu'elle est la première grande ville du Bénin à statut particulier : 665 100 habitants (RGPH3). Cet important centre urbain est le lieu par excellence d'observation et d'étude de l'entrepreneuriat féminin au Bénin, des différents acteurs sociaux impliqués ainsi que leurs relations. Le choix de cette ville s'explique également par le souci de faciliter l'accès à l'information tant du point de vue linguistique que du point de vue de la distance. En effet, on estime que sur environ 8 419 habitants par kilomètre carré à Cotonou, 82,9% vivent dans l'informel (RGPH 3). En somme, dans la ville de Cotonou, les groupements de femmes seront observés dans leur environnement immédiat, dans leur milieu familial et professionnel, bref, dans leurs activités quotidiennes. Le choix du thème se fonde sur des raisons d'ordre subjectif (opéré en fonction des sujets parlants) et objectif (opéré en fonction de l'histoire et de la réalité sociale). Ce choix est objectif parce qu'étant en fin de formation, le souci d'être employé ou de s'auto-employer ne peut que nous préoccuper. En se référant à l'épineuse question de l'emploi des jeunes et des femmes, nous nous interrogeons sur le nombre de jeunes diplômés sans emploi qui sont déversés sur le marché du travail sans parler du nombre de jeunes sans formation ou déscolarisés qui cherchent eux aussi des sources de revenus. Ces jeunes (hommes et femmes), pour subvenir aux besoins de leurs familles doivent se battre et exercer des petits métiers, des sous-emplois ou encore se regrouper à travers des associations et des groupements pour mener ensemble des activités génératrices de revenus. C'est la menace permanente qui pèse sur la survie de ces activités génératrices de revenus et l'insécurité professionnelle des femmes qui vivent des activités informelles qui ont motivé la volonté de comprendre les modalités du fonctionnement de ce système économique. Subjectivement, il nous a été donné d'entendre des femmes dire : « nous avons besoin du financement d'une microfinance mais les conditions imposées ne nous sont pas favorables », ou encore « l' ONG qui travaille avec le groupement ... fait une très bonne formation » ou encore, « ces initiatives ne sont pas appuyées par le CeRPA » (ex CARDER). Force est alors de constater que la vie des groupements féminins est liée à celle des institutions (microfinances, ONG, structures étatiques d'appui à la base, etc.). Autant de structures qui interviennent dans le financement, la formation et le fonctionnement des groupements féminins. Quelles sont alors les raisons qui justifient la persistance de l'économie informelle à Cotonou ? Pour mieux cerner le contenu de cette étude, il est indispensable de définir certains concepts clés et de les opérationnaliser. Il s'agit notamment des concepts : économie informelle et acteur social. L'économie informelle se perçoit en général comme l'ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge de la législation pénale, sociale, administrative, comptable et fiscale en vigueur dans un pays. C'est aussi « l'ensemble des activités qui échappent à toute politique économique et sociale et donc à toute régulation de l'Etat » (AGBOTA 2000). L'économie informelle peut être considérée comme un prolongement du système économique traditionnel dans un environnement sociologique marqué par de profondes mutations. Cependant, il faut distinguer l'économie informelle qui regroupe des petites activités de survivance qui ne peuvent s'offrir le luxe de la légalité des activités dites « souterraines ou clandestines ». « Les activités souterraines sont des activités qui, bien que très rentables enfreignent délibérément la réglementation afin de se soustraire au paiement d'impôts ou à la loi du pays » (AGBOTA 2000). L'économie souterraine ou clandestine regroupe trois (03) formes d'activités très différentes à savoir les activités générées par le travail au noir (non respect de la réglementation en matière de droit du travail : exemple du travail des enfants), celles générées par les délits économiques (exemple corruption, détournement de biens publics, escroquerie, etc.) enfin, celles générées par les activités criminelles (exemples la drogue et la prostitution). Pour le BIT, ces activités ne font pas partie de l'informel car elles ne sont généralement pas liées aux stratégies de survie des populations pauvres (OIT 2002 : disposition 5). Dans le cadre de cette étude, c'est l'approche de définition retenue par AGBOTA qui définit l'informel comme « l'ensemble des activités qui échappent à toute politique économique et sociale et donc à toute régulation de l'Etat » qui sera opérationnalisée. Ainsi la définition opératoire du concept d'économie informelle se rapporte à celle de la régulation exercée par l'Etat à la fois sur les institutions et sur les groupements de femmes. La régulation exercée par l'Etat est l'ensemble des actions exercées par lui pour organiser au plan juridique, administratif, comptable et fiscal les activités informelles. La régulation de l'économie informelle par l'Etat peut aller dans le sens où les actions de régulations exercées sont très fortes et accentuées ; dans ce cas on parlera d'informalisation stratégique car dans cette hypothèse les acteurs sociaux développent diverses stratégies et logiques pour s'adapter à l'environnement social et économique hostile. D'un autre côté, la régulation de l'économie informelle par l'Etat peut plutôt aller dans le sens où il y a un grand laisser-aller c'est-à-dire une dérégulation poussée ; dans ce cas, les acteurs sociaux ne développent pas de logiques mais subissent l'économie informelle : on parlera d'informalisation coercitive. Mais, dans l'hypothèse où la participation des acteurs à l'économie informelle n'est pas appréhendée sous l'angle de la régulation elle est plutôt fonction de l'effondrement des valeurs culturelles ; ainsi dans ce cas, on parlera d'informalisation atypique. L'acteur social est l'individu qui agit, c'est « celui qui change son environnement matériel et social, en transformant la division du travail, les modes de décision, les rapports de domination et les orientations culturelles » (FARRO 2000 :129). Ainsi, « le processus par lequel l'acteur agit en fonction de buts, de raisons ou d'intentions significatives pour lui est ce que nous appelons la capacité d'agir des acteurs [...]. Les acteurs agissent à l'intérieur d'un système d'action qu'ils contribuent à construire mais qui, tout en même temps les détermine » (DUPERRE 2004 : 14). .Aussi, existe-il l'acteur collectif et l'acteur individuel. Pour DUPERRE, « l'acteur collectif est un sujet (identité) engagé dans un rapport social (action collective) situé (par un projet dans un système d'action) ». En d'autres termes, dans cette étude, l'acteur collectif est un sujet doté d'une identité (c'est-à-dire un sujet qui a un rôle, qui a des droits et des devoirs, en un mot, c'est un sujet ayant un "moi" social) engagé dans un rapport social (action, réaction, rétroaction visibles à travers des logiques et des stratégies adoptées par les uns et les autres) situé dans un espace social défini. Dans le cas d'espèce, trois (03) catégories d'acteurs collectifs seront retenues par cette étude sur l'économie informelle à Cotonou. Il s'agit de l'acteur collectif de type décisionnel que constitue l'Etat, de l'acteur collectif de type développeur que constituent les dispositifs de développement tels que les microfinances, les mutuelles et les ONG, et, enfin l'acteur collectif de type développé que sont les groupements de femmes. Chaque acteur collectif étant un ensemble d'acteurs individuels en relations. Ainsi, les acteurs sociaux aussi bien collectifs qu'individuels entretiennent des relations et sont en situation d'interdépendance dans le social. Ces rapports doivent être compris comme des relations conflictuelles du fait que chacun tente d'imposer son point de vue aux autres par les actions qu'il pose. Pour opérationnaliser le concept d'acteur collectif, le terme de groupe stratégique sera utilisé. En effet, les divers groupes stratégiques impliqués dans l'économie informelle à Cotonou développent diverses stratégies par rapport aux enjeux en présence. Dans la littérature, l'économie informelle est aussi identifiée sous le vocable de « secteur informel », « activités informelles », « économie parallèle » ou « secteur non structuré ». Ces différentes appellations représentent sensiblement la même réalité. Jusqu'à présent, seuls les termes « économie informelle » et « activités informelles » ont été utilisés dans cette étude par respect pour la pensée des auteurs, mais aussi, dans le but de faciliter l'écriture. L'économiste égyptien CHARMES J. (1988), dans son article intitulé Débat actuel sur le secteur informel, désigne l'économie informelle comme un « secteur non structuré » car n'obéissant pas aux normes économiques. Il affirme que la facilité d'entrée est une caractéristique largement reconnue à l'informel. Cette caractéristique fait du secteur un débouché à la fois de l'exode rural et de la "pluriactivité" des salariés. Ce faisant, l'informel se présente comme un réservoir se remplissant de façon concomitante par la base et par le sommet. Pour VILLERS (de) G. (1992), dans Petite économie marchande et phénomènes informels en Afrique, on peut affirmer que le secteur informel n'est pas l'informe, c'est-à-dire ce qui n'a pas de forme, mais plutôt ce qui ne correspond pas à des formes reconnaissables, à des modèles établis. Et, dans ce cas précis, aux formes reconnaissables des économies traditionnelles et modernes. Il est un « phénomène social et culturel, celui du développement d'activités et pratiques à caractère atypique (ni traditionnelles, ni, modernes) ; il constitue une dimension fondamentale du processus de changement socioculturel en Afrique Noire » (de VILLIERS 1992 : 5). Or, selon LAUTIER B. (2004), socio-économiste, dans son ouvrage intitulé L'économie informelle dans le tiers monde, l'usage de l'expression "secteur informel" n'est pas fondé. Pour cet auteur, deux raisons s'opposent à cette conceptualisation sectorielle de l'économie informelle aujourd'hui. D'abord, il constate l'impossibilité de séparer les activités formelles des activités dites informelles dans la société globale, les actifs (ensemble des biens détenus par une entreprise) formels des actifs informels. Ensuite, pour lui, il n'existe aucune unité entre les différents segments du « secteur informel » qu'il qualifie « d'hétérogène. Par conséquent, l'informel ne peut pas constituer en lui-même un secteur. Sur le plan méthodologique, la contribution de BAILLY A. Mieux connaître le secteur informel dans les pays en développement : une approche anthropologique dans l'ouvrage collectif de BODSON P. et ROY P.-M. (2003) est d'un grand intérêt. En effet, pour lui, certains auteurs définissent le secteur informel par le fait qu'en son sein la législation du travail et les normes de la comptabilité sont ignorées. Cette perception occidentale de l'informel insiste sur ses carences sans prendre en compte le coût, le dynamisme et l'organisation de ce secteur. Ces paramètres constituent autant de qualités importantes qui contribuent à imposer ce dernier face aux rigidités des systèmes économiques et sociaux dans les pays en voie de développement. Pour BAILLY A., l'informel dans ces pays doit être étudié en tant que sous ensemble d'un système socio-économique global. L'émergence du circuit économique non reconnu exige d'autres outils et conduit le chercheur à se tourner vers les sources d'informations dites « qualifiées » d'anthropologie. Il s'agit plus précisément d'une observation directe et des contacts entre chercheurs et acteurs pour comprendre l'informel à partir du point de vue de ses intervenants. Le mémoire de MARCHAND G. (2005) portant sur L'économie informelle au Sénégal : Logique de fonctionnement de quelques entreprises informelles à Saint-Louis, éclaire fortement le concept en Afrique. L'auteur observe que les entreprises informelles de Saint-Louis au Sénégal ne répondent pas toutes aux définitions qualitatives et quantitatives élaborées par les auteurs. Cependant, la logique de fonctionnement des entreprises informelles est nettement plus « sociale » que ne l'est celle des entreprises modernes capitalistes, la solidarité y est plus forte. Pour MARCHAND, à Saint-Louis, la micro-entreprise informelle existe par et pour la famille. Dans cette même ligne de pensée, la publication du sociologue congolais MUSITU W. (2006) intitulée : La femme congolaise pilier de l'économie informelle en milieu urbain est essentielle. Il écrit que l'engagement déterminant de la femme congolaise dans l'économie informelle et dans les activités économiques en général vise moins son propre bien que celui de sa famille : de ses enfants et de son mari. Cependant, ce travail lucratif de la femme mariée hors du foyer est souvent la source de nombreuses crises. Crises engendrées par la négligence des enfants et du mari par la femme et parfois même son infidélité et pouvant la conduire au divorce. Pour sa part, MBAYA M. (2001), estime dans Aspects socioculturels de la pauvreté dans les micro-entreprises du secteur informel au Congo Kinshasa, que les micro-entreprises du secteur informel sont caractérisées par une logique à deux composantes : une composante qualitative et évolutive et une autre quantitative et involutive. La première composante fait que les micro-entreprises procèdent du souci de la rentabilité en même temps qu'elles répondent à une demande sociale et conduisent à l'expansion des unités économiques de production de biens et de services mieux organisées et donc, performantes ou prospères. La deuxième composante, la plus en vogue dans les milieux africains, fait que l'émergence des micro-entreprises relève du simple souci d'assurer la survie et la subsistance quotidienne du micro-entrepreneur et de son ménage en générant des unités économiques de production des biens et services de moindre importance et sans prospérité. Pour le sénégalais NDIONE E. S. (1994) dans son ouvrage intitulé : L'économie urbaine en Afrique : le don et le recours, les fonds alloués aux groupes de femmes pour financer des activités économiques sont souvent détournés de leurs usages pour financer d'autres investissements sociaux. Ces investissements sont : les offrandes, les dons, les cérémonies familiales, les tontines et le remboursement de certaines dettes. La mission de l'animateur de projet est de communiquer avec les populations aux fins de comprendre leurs habitudes socio-économiques qui souvent ne correspondent pas aux modèles économiques. Il découvre dans le quartier "Grand Yoff" de Dakar que les groupes de femmes fonctionnent suivant plusieurs logiques : la logique de réciprocité permanente des dons, la logique des réseaux de solidarité sociale, le souci de la diversification des placements seul gage selon elles de réduire les risques et les imprévus du portefeuille. C'est ainsi que le travail de la femme est diversement perçu dans le monde, dans le temps et l'espace. Pour la sociologue BOSERUP E. (1983) dans son ouvrage intitulé : Woman's role in economic development, la question du travail de la femme dans le secteur tertiaire en particulier celui du commerce est bien perçue par les peuples d'Afrique Noire tandis qu'il est impensable pour les arabes et les indiens de laisser le commerce aux femmes. Dans toutes les parties du monde, la participation de la femme au secteur industriel est très faible. Ceci non seulement à cause de la faiblesse de l'offre de travail mais également et surtout à cause de la femme elle-même qui ne souhaite pas trop s'éloigner de sa famille et de ses enfants. En Afrique, l'exode rural pousse de nombreuses familles à migrer vers les villes. Le passage d'une économie de subsistance à une urbanisation poussée des villes a fait émerger un nouveau secteur d'activités économiques. Ainsi, entre le palier constitué par les activités de subsistance d'usage familial et le second palier des activités économiques modernes (constituées par les services, les industries et les administrations), vient se greffer le secteur identifié comme celui « du commerce de micro-détail et de petit service » (BOSERUP 1983 : 204) animé essentiellement par les femmes. Au Bénin, deux études ont été retenues. Celle des géographes IGUE O. J. et SOULE G. B. (1992), L'Etat entrepôt au Bénin : commerce informel ou solution à la crise ? A travers cette étude historique de l'évolution du commerce informel au Bénin de la période précoloniale à la guerre du Biafra au Nigéria en passant par les indépendances, les auteurs montrent l'impact du commerce informel sur l'économie béninoise. Les échanges économiques entre le Bénin et le Nigéria datent de cette époque : les activités informelles revêtent bien souvent la forme de la contrebande entre les frontières terrestres des deux états. Malgré les multiples mesures prises par les dirigeants des deux pays pour diminuer son ampleur, l'informel est toujours activement animé par les commerçants Ibo, Yorouba et ceux d'origine arabe. Les principaux produits échangés sont les vêtements usagés, les pneumatiques, les voitures d'occasion et l'essence de contrebande communément appelée « kpayo ». La seconde étude de l'informel au Bénin est le chapitre « Bénin » de l'ouvrage de MALDONADO C. et GAUFRYAU B. (2001) intitulé L'économie informelle en Afrique francophone. Pour ces auteurs, seulement 1 établissement sur 100 est régulièrement constitué en société de façon juridique au Bénin. De plus, dans le paysage économique du pays, en dehors des établissements juridiquement constitués, il existe d'autres qui ont la forme associative ou coopérative, ils sont assimilés à des quasi-sociétés bien que n'ayant pas la personnalité juridique des sociétés, ils représentent 4,5% du paysage économique. Il ressort qu'au Bénin, 94,5% soit la majorité des unités économiques recensées relèvent du statut d'entreprises individuelles au sens d'établissements non constitués en société ( c'est-à-dire non enregistrés au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier) ,mais pouvant néanmoins engager des employés, salariés, aides familiaux et former des apprentis. Dans tous ces textes d'auteurs, il apparaît qu'il n'existe pas un secteur économique purement formel ou informel. Tous deux entretiennent des relations d'interdépendance notamment sur le plan des échanges : l'approvisionnement de la main-d'oeuvre, des matières premières et des produits finis. Ils constituent deux aspects complémentaires d'une même réalité économique et sociale. La contribution quantitative et qualitative de la femme est très remarquable dans l'économie informelle surtout en Afrique. De part les activités qu'elle mène pour assurer les besoins de sa famille elle constitue un acteur important et privilégié de l'économie informelle. La famille est donc la principale raison qui explique le travail de la femme dans ce secteur. Cependant, après ces lectures, la remarque est qu'aucun des auteurs n'a envisagé le problème de la participation des femmes dans l'économie informelle sous l'angle des interactions Etat - institutions - groupements de femmes. En effet, compte tenu de l'important appui institutionnel dont jouissent les groupements féminins, il est important de comprendre pourquoi cet appui ne provoque pas la disparition ou du moins une régression visible de la participation des groupements féminins dans l'informel. Si malgré les nombreuses actions qu'elles initient pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement, les institutions ne parviennent pas à réduire la participation des femmes dans l'informel, elles parviennent cependant à assurer une forte mobilisation autour des activités génératrices de revenus. Il paraît opportun de se pencher à la fois sur l'Etat, les institutions et les groupements féminins pour comprendre les raisons sociales et culturelles de la persistance de l'économie informelle à Cotonou au Bénin. Après l'explication du cadre théorique de la recherche, il est maintenant nécessaire de décrire le parcourt méthodologique suivi. Chapitre 2 : Itinéraire méthodologique A cette étape, il s'agira d'expliquer le parcours méthodologique de ce travail en indiquant les techniques, outils et approches retenus et d'en justifier les choix. Ce travail se fonde sur une démarche socio-anthropologique qualitative et quantitative vu le caractère sensible des questions qu'elle soulève et l'analyse du jeu des acteurs dans l'informel qu'elle impose. Selon GRAWITZ M., « quantifier signifie énumérer, compter les unités, dénombrer les objets à étudier ou à décrire, relever la fréquence d'apparition d'un phénomène. On ne peut compter, additionner que des unités rigoureusement semblables, ce qui implique des définitions précises et des catégories homogènes » (GRAWITZ 2001 : 366). DESLAURIERS J.-P. (1991), affirme que la recherche qualitative est une recherche qui produit et analyse des données telles que les paroles écrites ou dites et les comportements observables des personnes dans la société. L'approche socio-anthropologique qui circonscrit ces recherches à la fois qualitatives et quantitatives est comme le définit OLIVIER de SARDAN J.-P, « l'étude empirique multidimensionnelle de groupes sociaux contemporains et de leurs interactions, dans une perspective diachronique, et combinant l'analyse des pratiques et celle des représentations » (OLIVIER de SARDAN 1995 : 10). L'étude socio-anthropologique de l'économie informelle suppose des rôles, des fonctions sociales, des intérêts et donc des conflits entre les divers acteurs en présence. Ce travail fait suite à la soutenance du rapport de en Août 2008. Ce mémoire de maîtrise a débuté le 13 Octobre 2008 par le choix du sujet de recherche intitulé : « Economie informelle à Cotonou : interactions institutions et groupements féminins ». Après une phase d'exploration bibliographique faite de lectures, il a été aisé de reformuler une question de recherche et de revoir la problématique. Puis, dès le 3 Novembre 2008, il s'est agit de faire des entretiens exploratoires et de procéder à la construction des concepts et à l'élaboration des outils de terrain. Immédiatement après cette étape, le terrain proprement dit a commencé le 6 Novembre 2008 et a duré au total 24 jours jusqu'au 6 Décembre 2008. Les détails du travail de terrain se présentent comme il suit : - Enquête individuelle de repérage : deux (02) jours du 6 au 7 Novembre 2008. - Séminaire de préparation : deux (02) jours du 9 au 10 Novembre 2008. - L'enquête collective : douze (12 jours du 12 au 23 Novembre 2008. - Séminaire de bilan de l'enquête collective : deux (02) jours du 25 au 26 Novembre 2008. - Recherche individuelle sur chaque site : Ce travail individuel complémentaire a duré six (06) jours du 1er au 6 Décembre 2008. Enfin, ce fut la saisie des données recueillies grâce aux questionnaires, leur dépouillement et l'analyse des résultats. Dans cette rubrique, il est question des sources des recherches documentaires et des sources orales. Pour BEAUD S. et WEBER F. « s'engager dans une enquête de terrain, c'est se situer du côté de la fabrication des données et non du côté de la divulgation des résultats. Il faut donc vous mettre rapidement dans le bain et lire, [...] Votre première tâche sera de fureter à droite et à gauche pour vous constituer une bibliothèque personnelle » (BEAUD 1998 : 60-61). C'est sur cette base que les recherches documentaires ont été faites dans diverses bibliothèques et centres de documentations sur les axes thématiques suivants : développement/sous développement, les activités informelles, les femmes dans l'économie et la société civile au Bénin. Les sources de recherche documentaire sont synthétisées dans le tableau ci-après : Tableau I : Sources documentaires
Les personnes ressources avec lesquelles des entretiens ont été menés sont : des responsables d'ONG et d'institutions de microfinances, des responsables de diverses directions ministérielles, ainsi que des femmes membres de groupements féminins et des femmes gérantes de micro-entreprises. Il s'agit essentiellement du Ministère de l'Agriculture de l'élevage et de la Pêche (Direction Générale du CeRPA Atlantique-Littoral, Direction DPNR, Cellule Femme dans le Développement Rural et Agricole), du Ministère de la Famille et de la Solidarité (Direction de la Promotion de la Femme), du Ministère de la Microfinance de l'Emploi des Jeunes et des Femmes, du Ministère du Commerce et de l'Industrie (Direction du Commerce Intérieur), du Cadre Général de Gestion des Lignes de Crédits, l'INSAE, la microfinance AssEF, la microfinance VITALFINANCE, de l'ONG UMAD et de l'établissement de tontine « Guidadé & Fils ». Ces personnes ressources ont fourni, la base de leurs expériences culturelle, sociale et professionnelle dans l'informel ainsi que leur connaissance de ce secteur et de la problématique de l'appui des institutions aux groupements. La population « désigne un ensemble dont les parties sont égales les unes aux autres ; on présume que cet ensemble est homogène et composé de strates semblables. » (DESLAURIERS 1991 : 56) Les recherches de terrain s'articulent autour des points suivants : la définition de la population de l'étude, le groupe cible, l'échantillonnage et les techniques de collecte et d'analyse des données. L'étude portant sur les facteurs socioculturels responsables de la persistance de la forte participation des groupements de femmes dans l'économie informelle à Cotonou malgré les multiples actions de l'Etat et des institutions de la société civile, la définition de la population s'est faite suivant le critère suivant : sont intéressées par cette étude, toutes les personnes impliquées directement dans l'appui institutionnel aux groupements de femmes. Il s'agit entre autres de : - - personnes ayant une expérience effective des activités génératrices de revenus des groupements féminins (les femmes membres des groupements), - - personnes ayant directement à charge un ou plusieurs groupements (les animateurs des institutions auprès des groupements féminins), - - personnes impliquées de part leur fonction à entrer périodiquement en contact avec les groupements de femmes (responsables des divers départements ministériels impliqués), - - personnes défendant la cause de l'amélioration des conditions de vie des femmes au sein des groupements (responsables d'institutions). Dans cette population de l'étude ont été dégagés des groupes particuliers : les femmes réunies au sein de groupements d'activités génératrices de revenus, les responsables et agents des institutions de la société civile et enfin les responsables de structures étatiques. Pour faciliter la collecte des données, cinq (05) arrondissements de Cotonou ont été choisis à raison de deux (02) quartiers par arrondissement. De façon plus précise, les cibles sont : - les femmes des marchés des quartiers Avotrou et Dandji dans le 1er arrondissement, - les femmes au port de pêche et au marché des toffins au bord de la mer à Xlacodji dans le 5ème arrondissement, - les vendeuses de charbon au bord des rails du marché Gbégamey et les jardins maraîchers de Gbégamey le long des rails dans le 11ème arrondissement, - les deux (02) jardins maraîchers et le marché des produits maraichers de Cadjèhoun, les femmes de marché de Fidjrossè et les Toffins au bord de la plage de Fiyégnon dans le 12ème arrondissement, - et enfin, dans le 13ème arrondissement, les groupements de femmes du marché Agla, - les agents et responsables des institutions de la société civile en relation avec ces divers groupements de femmes dans chacun de ces arrondissements, - les responsables de divers départements ministériels. Compte tenu du caractère socio-anthropologique de cette recherche, l'échantillonnage non probabiliste sera retenu. Pour J.-P. DESLAURIERS, l'échantillonnage non probabiliste est celui « qui cherche à reproduire le plus fidèlement la population globale en tenant compte des caractéristiques connues de cette dernière » (DESLAURIERS 1991 : 57-58). Cette technique sera mise en oeuvre à travers la technique de l'échantillonnage par quotas. L'échantillonnage par quotas est une forme d'échantillonnage non probabiliste. Il s'effectue jusqu'à ce qu'un nombre précis d'unités (de quotas) pour diverses sous-populations ait été sélectionné. C'est par exemple ce qui se passe lorsque les enquêteurs se rendent dans le quartier Avotrou et interrogent la sous-population des femmes de marchés, celle des institutions (IMF et ONG) et celle des directions départementales qu'ils rencontrent ainsi de suite sur chacun des sites sélectionnés jusqu'à l'obtention du nombre d'enquêtés voulu. Selon les données recueillies dans le tableau IV, la population totale des cinq (05) arrondissements de Cotonou retenus est estimée à : Population = 28 337 + 16 700 + 18 768 + 39 026 + 32 385 = 135 216 individus Dans cette étude, c'est la proportion de un pour mille (10/00) de cette population qui sera étudiée. En d'autres termes, l'échantillon retenu est de 135 personnes et se résume par le tableau ci-après : Tableau II: Répartition des 135 enquêtés par catégorie et par arrondissement
Source : ADJOVI, 2009 Pour ce qui est des effectifs par catégorie, notons qu'il n'a pas été possible d'obtenir le nombre exact de femmes dans l'informel, ni celui des personnes travaillant dans les institutions et dans les ministères dans chacun des quartiers et/ou arrondissements retenus. Ainsi notre choix des différentes proportions par catégorie d'enquêtés repose sur le caractère qualitatif ou quantitatif des informations à recueillir et sur la fréquence des catégories sur les sites. Ainsi, puisque les informations qui seront collectées auprès des femmes sont essentiellement quantitatives, l'effectif de 100 a été retenu soit une proportion de 74% de l'échantillon. Et, comme on note une forte présence des institutions par rapport aux départements ministériels, la proportion d'enquêtés issus de la première catégorie est de 18,5% (soit 25 personnes) tandis que celle des enquêtés dans les départements ministériels est de 7,4% (soit 10 personnes). Le choix de ces arrondissements s'explique par le caractère démuni de leurs populations à l'exception des quartiers Gbégamey et Cadjèhoun dont le choix s'explique par le grand nombre d'institutions qui se retrouvent dans ces quartiers. « La théorie est une échelle dont les trois échelons sont : décrire, comprendre, expliquer. Décrire d'abord, c'est-à-dire identifier l'ensemble et les composantes d'un phénomène ; comprendre, en reconnaissant les relations qu'elles développent, entretiennent ou rompent ; expliquer, insérer ce phénomène dans un système plus général qui lui donne sa signification » (DESLAURIERS 1991 : 15). Dans le cas d'espèce, la construction de cette recherche repose sur la théorie de l'individualisme méthodologique et celle de l'interaction sociale. Le sociologue allemand Max WEBER (1864-1920) est le précurseur de l'individualisme méthodologique. C'est une approche sociologique qui soutient que les phénomènes sociaux résultent des actions individuelles. Ainsi, « l'action sociale est la résultante des décisions prises par les individus, chaque individu donnant un sens à son action » (BAILLY 2003 : 2). Tous les événements qui fondent la vie sociale et donc l'économique, le politique et le culturel sont toujours le produit de l'action individuelle et donc des actions, réactions et interactions entre les individus qui composent la société. La réalité sociale se présente à travers un « idéaltype » c'est-à-dire ce qui devrait être et un « réel » c'est-à-dire ce qui s'observe réellement dans la société. L'approche du sociologue OLIVIER de SARDAN J.-P., qui, en 1995 a étudié les processus de développement en Afrique est essentielle à cette recherche. Dans une perspective interactionniste, il montre que dans tout dispositif de développement (projets, institutions de la société civile, animation rurale, réalisation d'infrastructures, etc.), il y a deux types d'acteurs sociaux de mondes différents qui sont en interactions dans un contexte social défini. Il s'agit d'une part des « développeurs » que représentent les institutions partenaires des groupements et d'autre part, les femmes membres des groupements qui constituent les « populations à développer » ou « développés ». Ainsi, la mise en oeuvre des plans de développement crée des interactions développeurs/développés d'une part et, d'autre part, des interactions dispositif de développement/contexte social. Car, les relations entre développeurs/développés s'effectuent dans un contexte social où se confrontent plusieurs facteurs (écologique, culturel, politique, fiscal, administratif, législatif, institutionnel, etc.) (.OLIVIER de SARDAN 1995 : 125-140). Dans le cadre de cette étude, Cotonou est une ville cosmopolite où se côtoient les populations, les institutions et l'Etat dans le cadre des échanges économiques et surtout celui des échanges économiques informels. A Cotonou, « l'idéal » serait que toutes les activités économiques soient effectivement formalisées par l'Etat mais ce n'est pas ce qui s'observe dans la réalité. Aussi, le « réel » est que malgré les multiples efforts déployés à la fois par l'Etat et les institutions de la société civile, les activités informelles persistent toujours au Bénin et en particulier dans la capitale économique Cotonou. De plus, à Cotonou, les acteurs individuels et collectifs entretiennent des rapports conflictuels qui naissent autours d'enjeux divers. Les techniques adoptées et les outils de travail constituent l'ensemble des moyens nécessaires mis en oeuvre de façon systématique par un chercheur pour conduire la pratique du terrain sur un thème bien déterminé.
L'ECRIS est « une méthode de travail complémentaire du "terrain" classique, lequel reste indispensable et réclame une investigation individuelle relativement intensive et donc prolongée. La méthode ECRIS est simplement conçue pour précéder, impulser, et coordonner des enquêtes classiques ultérieures de chercheurs individuels dans le cadre d'une recherche comparative menée sur plusieurs sites. Mais à notre avis ECRIS permet d'améliorer considérablement le rendement et l'efficacité de ces recherches individuelles, ainsi que d'en raccourcir la durée » (BIERSCHENK 2007). Déroulement de la procédure ECRIS Phase 1 : Enquête individuelle de repérage Il s'est agi pendant deux (2) jours du 6 au 7 Novembre 2008 de sillonner les 13 arrondissements de Cotonou, et de sélectionner parmi eux cinq (05) arrondissements. Il s'agit des 1er, 5ème, 11ème, 12ème et 13ème arrondissements. Dans chacun de ces arrondissements, des quartiers ont été ciblés à travers des sites bien précis. Dans le 1er arrondissement, les marchés et les institutions des quartiers Avotrou et Dandji ont été ciblés. Dans le 5ème arrondissement, les femmes du port de pêche et du marché de Toffin à Xlacodji ont été ciblées. Dans le 11ème arrondissement à Gbégamey, les femmes du marché et les femmes du jardin maraîcher ont été ciblées. Enfin, aux 12ème et 13ème arrondissements, les femmes des marchés de Cadjèhoun, Fidjrossè, Fiyégnon et Agla ont été identifiées. Phase 2 : Séminaire de préparation Ce séminaire de deux (02) jours a permis de familiariser les trois enquêteurs avec la problématique de l'économie informelle. Elle s'est déroulée du 9 au 10 Novembre 2008. Phase 3 : L'enquête collective L'équipe constituée de nous-mêmes et des trois (03) enquêteurs a sillonné le terrain en faisant deux (02) jours de collecte des données par arrondissement. Ce travail a duré douze (12) jours du 12 au 23 Novembre 2008. Phase 4 : Séminaire de bilan de l'enquête collective Ce séminaire de deux (2) jours a servi à restituer les résultats obtenus à l'issu du terrain. Il a donné lieu à des échanges et des discussions entre les divers intervenants. Il a duré du 25 au 26 Novembre. Phase 5 : Recherche individuelle sur chaque site Désormais, grâce au travail abattu par la méthode ECRIS, les recherches individuelles de terrain furent sérieusement mises sur les rails. La technique ECRIS a fait place aux autres techniques (observation et entretiens) et outils de recherches. Ce travail individuel complémentaire a duré six (06) jours du 1er au 6 Décembre 2008.
L'observation directe retenue consiste à observer directement l'objet d'étude ou le milieu dans lequel le phénomène se produit dans le but d'en extraire des informations pertinentes à la recherche menée. Cette technique doit rendre possible l'observation directe de l'ambiance de travail des groupements féminins et des institutions. Cette descente sur le terrain a pour but de connaître le niveau d'organisation des groupements, d'évaluer la solidarité et le niveau des relations entre membres. Les outils retenus pour mettre en oeuvre cette technique sont : le guide d'observation des institutions et des groupements féminins. L'entretien de recherche est « une interaction limitée et spécialisée, conduite dans un but spécifique et centrée sur un sujet particulier » (DESLAURIERS 1991 :33). Dans la mise en oeuvre de cette recherche, deux formes d'entretiens ont été utilisées. Il s'agit de : l'entretien semi-directif et de l'entretien par questionnaire fermé.
L'entretien semi-directif est une technique de collecte des données qui permet de recueillir des informations suivant des grandes lignes d'orientations ou des thématiques prédéfinies. Cette technique se pratique par le biais des guides d'entretien. Un guide d'entretien est un document qui permet d'obtenir des informations quant aux connaissances, aux expériences ou encore à la manifestation d'une opinion. C'est une identification des thématiques destinées à conduire l'entretien. Des guides d'entretien semi-directifs ont été élaborés pour des raisons d'intimité et de confidentialité à l'endroit des : - responsables des institutions partenaires, - des animateurs sociaux des institutions auprès des groupements, - des personnes ressources et des autorités gouvernementales impliquées dans le fonctionnement des groupements féminins et des institutions. Ces guides d'entretien à l'adresse des divers intervenants ont été élaborés à partir d'indicateurs tels que : la formulation d'une bonne définition de l'économie informelle, les critères d'adhésion aux programmes d'appui, la place des institutions de la société civile dans cette problématique et la stratégie de l'Etat pour réduire l'ampleur de l'informel au Bénin. L'enquête par questionnaire est une technique qui doit être mise en oeuvre à travers l'utilisation d'un questionnaire standardisé qui répond aux mêmes exigences de confidentialité que le guide d'entretien. Il doit être administré aux groupes cibles (femmes membres des groupements). Les techniques d'analyse des données constituent les modalités d'interprétation des données d'investigations. Il s'agit de l'analyse descriptive par variable pour les données de l'enquête par questionnaire, de l'analyse comparative des variables dans l'explication de la tendance observée et de l'analyse des variables qualitatives issues des entretiens. Les logiciels EPI6 et Microsoft EXCEL 2007 sont performants pour cet usage. Les fréquences et autres statistiques descriptives permettront d'avoir les tendances dominantes par variable. Ces tendances vont révéler les caractéristiques fortes des variables étudiées.
A cette phase, il sera procédé essentiellement à des corrélations entre plusieurs variables.
Les idées marquantes des interactions existantes entre les institutions et les groupements de femmes dans l'économie informelle seront inscrites dans le contexte d'analyse précédent pour confirmer, compléter ou rejeter les tendances observées. La mise en oeuvre de tout travail de recherche s'effectue dans un espace géographique, dans un espace temps et se confronte à des difficultés.
Les différentes étapes de cette recherche se résument dans le tableau ci-après : Tableau III : Durée de l'étude
La recherche aura duré au total cinq (05) mois.
Durant cette recherche, plusieurs difficultés ont surgis à ses diverses étapes. La première et l'une des plus importantes survint au moment des prises de contact avec les institutions de la société civile et en particulier avec la microfinance AssEF. En effet, lors de la rédaction du rapport de , des contacts avaient été pris au niveau de cette institution avec la promesse de ses dirigeants de nous faciliter le contact avec les groupements de femmes qui y sollicitent des crédits. Malheureusement, en Août, lors de notre passage, les responsables nous ont appris que l'institution traversait une période de crise et était en pleine refondation et donc que tous les groupements de femmes avaient été dissouts. Cet imprévu nous a ralenti et amené à revoir en profondeur notre calendrier et nous a obligée à changer notre approche du terrain. La seconde difficulté qu'il convient de mentionner est le caractère limité de nos moyens qui nous a empêché de nous associer beaucoup plus d'enquêteurs ce qui nous aurait permis de gagner plus de temps sur le terrain et de couvrir un plus grand espace géographique. Il convient également de faire remarquer que notre enquête a suivi de quelques semaines celle organisé par l'INSAE sur le recensement économique au Bénin. Cette situation a entrainé beaucoup de réticence de la part des femmes qui estimaient avoir déjà répondu à des questions relatives à leurs activités. Enfin, lors de l'administration du questionnaire aux femmes, il faut souligner qu'il s'est présenté de nombreux problèmes en ce qui concerne la traduction en fon de certains termes. Après avoir présenté l'itinéraire méthodologique de ce travail, il importe à présent de présenter le cadre physique de l'étude : Cotonou. Chapitre 3 : Présentation de la ville de Cotonou et de son contexte social Dans ce chapitre, il s'agira de présenter le cadre physique de cette étude et de décrire la situation des divers intervenants dans l'économie informelle à Cotonou. Cotonou est la capitale économique du Bénin. Cet important centre d'échanges commerciaux et économiques est aussi le carrefour des services administratifs, des institutions de la société civile et des IMF. Il s'agira dans ce chapitre de présenter la ville de Cotonou, d'en décrire le contexte social particulièrement en ce qui concerne les activités informelles. Les origines de la ville de [kuTnu] communément appelée Cotonou remontent au mouvement migratoire le plus important de l'histoire de la portion de terres située dans la zone géographique ouest africaine actuellement connue sous le nom de Bénin. En effet, ce mouvement a concerné les [aladaxnu] de Tado au Sud-Est du Togo actuel. Ce groupe était conduit par trois frères initialement installés à Allada. Alors que le frère aîné devint Roi d'Allada, les autres s'en allèrent vers 1625 et créèrent deux autres royaumes : un royaume vers l'extrême Sud, le royaume de [xgbonu] dans l'actuelle région de Porto-Novo et un autre non loin d'Abomey. Vers 1645, le royaume d'Abomey conquit le royaume voisin de [dã] et devint ainsi [dãxomå]. Houégbadja, le roi de [dãxomå] à l'époque, déclara que le royaume continuerait de s'agrandir de génération en génération car chaque roi laisserait à son successeur plus de terre qu'il n'en a héritée. Par conséquent, le peuple du [dãxomå] s'est battu pour agrandir son territoire dont la capitale fut Abomey. En 1724, le [dãxomå] conquit le royaume d'Allada, puis Savi en 1727, sur la côte de Ouidah. Les Européens commencèrent par arriver dans la région au 18ème siècle. Les Portugais furent les premiers à débarquer, puis les Français et les Hollandais suivirent. Ces Européens furent d'abord accueillis par le roi de [dãxomå], étant donné qu'ils troquaient les armes contre les esclaves, permettant ainsi une plus grande expansion du royaume. Les comptoirs commerciaux étaient installés à Porto-Novo, Ouidah et Cotonou. Ces relations se poursuivirent jusqu'au milieu du 19ème siècle. Lorsqu'il atteignit son paroxysme, le royaume de [dãxomå] s'étendait de la côte Ouest de Ouidah à ses limites septentrionales de la ville actuelle de Savalou. Avec la fin de la traite négrière en 1848, le roi Guézo du [dãxomå] commença à développer l'agriculture comme source alternative de prospérité du royaume et à commercer avec les Européens. Le [dãxomå] devint un grand exportateur d'huile de palme et de tabac entre autres produits agricoles, mais ne pouvait plus, en l'absence de la traite négrière, maintenir le même niveau de supériorité militaire sur les autres royaumes. Ainsi, avant sa mort en 1858, Guézo signa un traité de protectorat français sur Cotonou et Ouidah. Tels furent les origines de la ville de Cotonou et du commerce dans le Bénin précolonial. La ville de Cotonou est le lieu où l'essentielle de l'étude s'est déroulée. C'est la capitale économique du Bénin, le lieu par excellence de commercialisation des produits provenant des quatre coins du pays, de la sous région et du monde. Cotonou est l'une des trois communes à caractère particulier du Bénin : c'est le département du Littoral. Avec ses 665 100 habitants (RGPH3) c'est-à-dire 9,82% soit près de 10% de la population totale du pays, Cotonou est la plus grande ville du Bénin avec ses fonctions multiples. Cotonou a une population active estimée à 302 221 personnes dont 142 452 femmes selon le RGPH3. La population de Cotonou est composée de divers groupes ethniques dont les plus dominants sont les Fons, les Gouns, les Yoruba, les Mina, les Adja et les Toffins. Ces divers groupes ethniques pratiquent diverses religions et sont soumis à diverses croyances. En dehors de ces groupes autochtones, on rencontre aussi à Cotonou des groupes sociaux des autres ethnies du pays et de diverses nationalités. La ville de Cotonou compte treize (13) arrondissements. Le tableau suivant les présente tout en indiquant leur ressort territorial. Les lignes coloriées en gris indiquent les zones concernées par la présente étude. Tableau IV : Les arrondissements de la ville de Cotonou (Les arrondissements en couleur grise sont ceux retenus dans le cadre de cette recherche)
Sources : 1- Recueil des lois sur la décentralisation - Loi N° 97- 028 du 15 Janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale de la République du Bénin 2- INSAE - Tableau présentant la population totale par arrondissement, commune et département en 2002 Pour mieux visualiser Cotonou, ses artères, ses quartiers, ses places publiques, voici une carte de cette ville. Figue 1 : Carte de Cotonou Source : Site internet de l'école Montaigne Comme le montre la carte ci-dessus, Cotonou est divisée en deux par une lagune. Les deux parties étant reliées les unes aux autres par des ponts (le troisième pont de Cotonou n'est pas représenté sur cette carte). Les photographies de quelques uns des marchés visités seront présentées dans les lignes qui suivent : Photo 1 : Le marché d'Agla Photo 2 : Le marché de Fidjrossè au bord des rails Source : Cliché ADJOVI, Source : Cliché ADJOVI, Ce cliché montre une vendeuse de condiments du marché Agla. Ce cliché présente une vendeuse de denrées alimentaires du marché Fidjrossè situé au bord des rails. Photo 3 : Le marché de Gbégamey Photo 4 : Le jardin maraîcher de Cadjèhoun
Source : Cliché ADJOVI, Source : Cliché ADJOVI, Cotonou 2009 Cotonou 2009 La photographie n°3 présente les vendeuses de charbon de Le cliché ci-dessus montre une femme travaillant dans le bois du marché Gbégamey. jardin maraîcher de l'ASECNA à Cadjèhoun.
La vie économique au Bénin et surtout à Cotonou est marquée par la présence de trois principaux intervenants : les populations, les institutions de la société civile, les IMF et l'Etat.
L'économie béninoise a une structure caractérisée par un fort déséquilibre entre les secteurs d'activités qui la composent. En effet, le secteur primaire (agriculture et pêche) est le plus dynamique de l'économie et fournit 47,1% des emplois (RGPH3). Le secteur secondaire quant à lui est caractérisé par une industrie embryonnaire (industrie extractive, manufacturière, électricité, gaz et BTP) ne représente que 13,0% des emplois (RGPH3). Enfin, le secteur tertiaire constitué par les services, le commerce, la restauration, les transports, la communication, les banques, assurances et autres services représentent seulement 39,8% des actifs occupés au Bénin (RGPH3). La conjoncture économique est fonction des termes de l'échange et surtout des prix à l'exportation des matières premières, principalement de la première exportation du pays : le coton. De plus, la flambée généralisée des prix et la crise économique actuelle n'épargne pas le Bénin.
La décennie qui a suivi les indépendances a vu l'établissement de l'Etat comme principal promoteur et gestionnaire du processus de développement économique et social en Afrique (CHEAKA, 1998 :80). Cependant l'échec enregistré par les Etats africains dans ce rôle qui leur avait été attribué a conduit les bailleurs de fonds plus de dix ans après à constater l'inadéquation de la planification aux réalités africaines. Ainsi la crise économique des années 80 a conduit les bailleurs de fonds à réduire les plans de développement de longue durée à des programmes sectoriels de plus courte durée. Désormais méfiants vis-à-vis de l'Etat, vers la fin des années 80, les bailleurs recherchent de nouveaux interlocuteurs non gouvernementaux : la société civile. Au Bénin, les réformes économiques et politico-institutionnelles adoptées à la faveur des Programmes d'Ajustement Structurel ont permis l'émergence du projet de constitution d'une société civile en libérant une main d'oeuvre directement mobilisable (PIROTTE, 2008). C'est ainsi qu'à Cotonou, les Programmes d'Ajustement Structurel et réformes de la fonction publique ont suscité un dégraissage des effectifs de la fonction publique générant ainsi une nouvelle catégorie sociale appelée : "déflatés" ou "compressés". Certains vont "se lancer" dans les associations de type ONG, rejoints par de nombreux "diplômés sans emploi". La création d'ONG faisait partie de l'arsenal stratégique de l'auto-emploi au même titre que l'insertion dans l'économie informelle qui s'est considérablement développée à la faveur de la transition politique. Ces ONG se sont lancées dans tous les domaines du développement du pays grâce aux financements des bailleurs de fonds. C'est ainsi que grâce aux partenaires étrangers, le rapprochement s'est fait entre l'Etat et les institutions de la société civile autour de la problématique du développement au Bénin et surtout à Cotonou. Dans les milieux défavorisés, l'économie informelle relève de stratégies de survie des populations. La principale stratégie des populations dans ce milieu « consiste à s'associer afin d'assurer une meilleure production et sortir de la pauvreté, ce qui justifie le développement du secteur associatif » (BA 2006 : 25). La femme, développe de nombreuses activités pour répondre aux besoins de sa famille. Elle est donc un interlocuteur de choix en ce qui concerne les mécanismes de production de biens et services dans l'économie informelle. Cette recherche s'intéresse particulièrement aux femmes réunies en groupements pour réaliser collectivement une activité économique. Aussi, les groupements féminins appuyés par les ONG, les microfinances, etc. sont particulièrement visibles à Cotonou. Ces groupements féminins doivent avoir des caractéristiques précises pour réussir leur mission d'assurer la survie des femmes. Selon BA H. (2006) il s'agit notamment de : - l'identité collective (appartenance à un groupe social soudé ou ayant un destin commun), - la démocratie (qui est un mode de régulation permettant aux membres d'exercer un pouvoir souverain pouvant conduire à des changements souhaités et significatifs pour l'organisation), - l'efficacité qui exprime la capacité de l'organisation à atteindre ses objectifs avec la plus grande économie possible des moyens à sa disposition. Dans ce cadre, le rôle joué par les dirigeants est prépondérant et la parfaite coordination des tâches est nécessaire. Aussi la bonne gestion des ressources financières de l'organisation ne saurait être oubliée. - la solidarité : elle désigne la relation d'échange entre membres. La solidarité dans les groupements a une double fonction sociale et économique. Sur le plan social, elle renforce les liens sociaux par le biais d'échanges entre personnes d'un même groupe ou celles d'origines différentes. Sur le plan économique, la solidarité permet à des familles d'échapper à la dépendance et à l'assistance par le système des dons et des recours comme le pense le sénégalais E. NDIONE. - la participation : elle renvoie aux attitudes favorables à l'action au sein du groupement. Elle se manifeste à différents niveaux dans les groupements féminins que sont : la fondation, l'adhésion, l'élection à un poste et la réalisation des tâches. A Cotonou, les populations participent à l'économie informelle à travers diverses activités économiques. Ces activités couvrent les trois grandes dimensions des activités économiques : le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche), le secteur secondaire (industrie) et enfin, le secteur tertiaire (les services). Tableau V : Les principales activités informelles pratiquées par les femmes à Cotonou
Source : ADJOVI, 2009 Le tableau ci-dessus présente le détail des activités informelles observées à Cotonou et pratiquées essentiellement par les femmes. Au Bénin comme dans tous les pays africains, les activités informelles sont intégrées à la culture qui existe à l'intérieur de la société. Or dans ces pays, c'est le schéma de l'économie moderne (modèle occidental) qui est appliqué par les gouvernants. L'économie moderne étant une structure dominante imposée de l'extérieur (par la mondialisation, les partenaires étrangers, etc.), elle existe indépendamment des populations qui ne se sentent pas très concernées par elle, par ses dispositions de formalisation des activités, sa règlementation, ses normes et ses instruments de mesure des valeurs. C'est ainsi que les populations se retrouvent confrontées aux réalités économiques importées et aux réalités économiques traditionnelles. Cette situation se présente aussi à Cotonou. Ainsi, de façon schématique, cette ville a une économie structurée de la façon qui suit : Figure 2 : La situation des activités informelles cotonoises La ville de Cotonou se présente comme un espace dont le centre ou le noyau est constitué par les valeurs traditionnelles auxquelles viennent se superposer les valeurs et normes modernes, lesquelles valeurs ont été importées des sociétés occidentales.
Source : ADJOVI, 2009 Après cette description de la ville de Cotonou et du cadre théorique de l'étude, il est temps de passer à la présentation, à l'analyse et à l'interprétation des résultats du terrain. Deuxième partie : Interactions Etat, institutions et groupements féminins dans l'économie informelle à Cotonou Cette partie vise à restituer les résultats obtenus après la collecte des données puis à les analyser. Chapitre 4 : La persistance de l'économie informelle à Cotonou : Quelques facteurs explicatifs La persistance de l'économie informelle est due à certains facteurs. Les premiers sont les facteurs sociaux se traduisant par la pauvreté des femmes, l'analphabétisme et la persistance d'une logique de prédétermination au commerce. Les autres sont respectivement les facteurs culturels (qui se traduisent par les croyances véhiculées par la culture) et les facteurs économiques. Mais avant tout ceci, il est nécessaire de mieux connaitre l'économie informelle à Cotonou
Parmi les différentes catégories d'activités informelles régulièrement observées à Cotonou, le graphique suivant montre la répartition des femmes interrogées selon l'activité menée. Graphique 1 : Répartition des femmes selon l'activité menée Source : ADJOVI, 2009 La grande majorité des femmes interrogées soit 72 femmes sur 100 pratique le commerce pur. On entend par commerce pur dans cette étude tout achat de produits, de denrées alimentaires, et de tout autre bien courant destiné à la revente à l'exception des produits pétroliers et des autres catégories de biens commercialisés différenciés. Ensuite viennent les activités énumérées dans les proportions respectives : cultures maraîchères 8%, la vente de crevettes et poissons 4%, le commerce du charbon de bois 4%, les professionnelles de la tontine 4%, la transformation des produits agricoles 4%, la pêche 3% et enfin, la couture 1%.Ainsi, la plupart des femmes font le commerce. Cependant, il faut comprendre que parmi les 72 femmes exerçant le commerce pur, 35 déclarent avoir appris un métier. Il s'agit essentiellement de la coiffure-tresse (18 femmes sur 35), la couture (12 femmes sur 35), du secrétariat informatique (1femme sur 35), la dactylographie (1 femme sur 35), la restauration (1 femme sur 35) et enfin, du tricotage (2 femmes sur 35).
Comme facteurs sociaux explicatifs de la persistance de l'économie informelle à Cotonou, peuvent être retenus :
La vulnérabilité socioprofessionnelle des femmes concerne non seulement leur situation professionnelle et familiale mais également la fréquence à laquelle elles changent d'activité. Graphiques 2 : Répartition des femmes selon leur situation matrimoniale et la charge du ménage Source : ADJOVI, 2009 A la question de savoir si elles sont mariées 97% des femmes interrogées affirment « oui », cependant, 53% des enquêtées affirment avoir la charge de plus de 50% des dépenses du ménage. Il ressort de ces observations que les femmes affirment dépenser plus que leurs maris en ce qui concerne les dépenses courantes de la famille car 94 d'entre elles ont des enfants scolarisés. Graphiques 3 : Répartition des femmes selon qu'elles ont appris ou non un métier et la perception d'un salaire Source : ADJOVI, 2009 La majorité soit 61% des femmes n'ont appris aucun métier. C'est ce qui explique leur forte présence dans le commerce qui, ne nécessite à priori aucune qualification professionnelle. C'est ce qui explique aussi la forte proportion de femmes (98%) dont les revenus ne proviennent ni d'un salaire, ni d'une pension de retraite. A la question « changez-vous régulièrement d'activité ? » 83 femmes sur 100 répondent « non » tandis que les 17 autres répondent « oui ». Ces dernières (les 17 femmes) qui changent régulièrement d'activités expliquent ce phénomène par le fait que l'activité menée n'est pas rentable. Par contre, les 83 qui affirment ne pas changer d'activités précisent qu'elles pratiquent la même activité mais qu'en plus elles font d'autres activités en parallèle ou soit, elles changent de produits en ce qui concerne les commerçantes.
L'analphabétisme est une caractéristique importante des populations des pays pauvres. Graphiques 4 : Répartition des femmes selon leur connaissance des langues et de l'écriture
Source : ADJOVI, 2009 Parmi les 100 femmes interrogées lors de cette recherche, seulement 41 savent lire et écrire dans les proportions suivantes selon la langue : le français (20 femmes sur 41), le fon (20 femmes sur 41) et l'arabe (1 femme sur 41). Graphique 5 : Répartition des femmes selon leur niveau d'instruction Source : ADJOVI, 2009 C'est ainsi que la plupart (55%) des femmes n'ont aucun niveau d'instruction et ne sont jamais allées à l'école. Celles d'entre elles qui savent néanmoins lire et écrire l'ont appris aux cours bibliques et à l'école coranique. Dans le même temps, certaines femmes ont abandonné l'école au primaire (27%), au secondaire entre la classe de 6ème et la 3ème (15%) et au secondaire entre la classe de seconde et la terminale (2%). Une seule femme affirme avoir effectué des études universitaires. L'alphabétisme et le faible niveau d'instruction des femmes conduisent souvent ces dernières vers l'informel. Cette situation limite leur accès à l'information quant aux dispositions règlementaires et législatives en vigueur pour l'activité qu'elles exercent. De plus, comme l'affirme l'une d'entre elles : « la femme qui n'a pas été à l'école n'a d'autre choix que le commerce ».
Comme annoncé ci-dessus, les femmes sont persuadées que le commerce est la seule issue professionnelle qu'elles ont une fois qu'elles n'ont pas fait des études. Ainsi, pour elles, il n'y a pas de possibilité de choix de carrière à la femme analphabète. Le commerce étant la seule activité possible. D'autres femmes affirment comme Mme G. L. une revendeuse de divers au marché de Dandji : « Je n'ai pas eu à choisir ce que je fais, c'est la seule activité que je sais exercer parce que depuis toute petite, j'aidais ma mère à vendre ses produits, je ne suis jamais allée à l'école ». Cette situation démontre l'existence à Cotonou d'une logique sociale qui prédétermine l'exercice du commerce par les femmes.
Pour comprendre l'impact du culturel sur la persistance de l'économie informelle à Cotonou, quelques points ont été retenus :
Lorsqu'on leur demande leurs croyances en relation avec l'argent, les femmes répondent de diverses manières. Pour les unes, « l'argent est un bien indispensable » c'est-à-dire nécessaire aux échanges économiques. Pour d'autres il est le symbole du pouvoir. Mais d'autres encore, font remarquer que aussi important soit-il, « l'argent n'est pas un gage de bonheur ». Ainsi, il ne faut pas trop en avoir sinon il peut « attirer le malheur et attiser des jalousies ». · Les sources de la richesse Graphique 6 : Répartition des femmes selon la source de la richesse Source : ADJOVI, 2009 Sur les 100 femmes enquêtées, 68 affirment que seul le travail est source de richesse. Pour d'autres, soit 24 femmes, le travail en lui-même n'est pas source de richesse mais c'est l'accomplissement de la volonté divine qui fait que l'homme devient un riche ou un pauvre. Pour d'autres encore (5 femmes) c'est la chance que l'on a qui détermine la richesse.
Graphique 7 : Répartition des femmes selon leur degré de confiance vis-à-vis de l'Etat et des institutions partenaires Source : ADJOVI, 2009 Autant les femmes sont réticentes envers les documents écrits autant elles sont réticentes vis-à-vis de la mairie (1%). Les premières institutions auxquelles elles affirment faire confiance à la suite de l'Etat (60%) sont respectivement les ONG/Microfinances à raison de 30% puis les CeCPA à raison de 6%. . Graphique 8 : Répartition des femmes selon le lieu choisi par elles pour y conserver leur argent Source : ADJOVI, 2009 La majorité (66%) des femmes interrogées préfèrent garder leur argent à la maison. C'est selon elles plus sécurisant et plus facile à utiliser ; d'autres, pour expliquer cette situation interrogent : « combien gagnons-nous pour déposer l'argent à la banque ? », « les sommes que nous utilisons sont trop petites pour aller quelque part ».
Graphique 9 : Répartition des femmes selon leur capacité à faire recours à un comptable Source : ADJOVI, 2009 Quand on leur pose la question de savoir si elles pourraient avoir recours à un comptable pour l'enregistrement de leurs opérations commerciales, seulement 36% des femmes répondent par l'affirmative mais, elles précisent que c'est à condition que ses prestations ne leurs coûtent rien. Les autres, 64% des femmes, refusent catégoriquenet de faire appel à des comptables par méfiance.
D'autres observations faites sur le terrain ont montré que la majorité des femmes identifiées vendent leurs produits à la criée dans les marchés. Graphiques 10 : Répartition des femmes selon les outils de transactions utilisés Source : ADJOVI, 2009 Les résultats obtenus montrent que 95% de ces femmes préfèrent effectuer leurs transactions sur la seule base de la parole donnée sans établir des factures ou des reçus. Les 5% qui utilisent des écrits (factures, reçus) font des ventes en grande quantité et souvent sur commande, produisent du jus d'ananas sur commandes et sont souvent amenées à délivrer des reçus à leurs clients. Cette situation est conforme à celle constatée par ASSABA C. qui affirme que : « Civilisations de l'oralité, les sociétés africaines le sont au point où la mémoire reste la clef de tout. » (ASSABA, 2002 : 22).
Graphique 11 : Répartition des femmes selon leurs stratégies de vente Source : ADJOVI, 2009 Plus de la moitié des femmes, soit 58% sont des vendeuses ambulantes. Certaines ont des étalages, des stands ou des boutiques, elles constituent 36% de l'échantillon ; d'autres encore, vendent sur commandes (6%) et enfin, aucune d'entre elles n'exportent leurs produits vers l'extérieur. Cette situation s'explique par la volonté des femmes d'aller à la rencontre des clients. De plus selon une vendeuse de bouillie : « si tu es une "gnonnou kpéto" alors si à ta sortie de la maison tu rencontres une femme tu vas bien vendre dans la journée si c'est un homme que tu rencontres, tu ne vas pas bien vendre ; mais si tu es dite " sounou kpéto", c'est seulement lorsque la première personne que tu rencontres en sortant de la maison est un homme que tu vas bien vendre durant ta journée ». Les expressions en langue fon "gnonnou kpéto" et " sounou kpéto" sont composées par la désignation du sexe de l'individu : "gnonnou" qui veut dire femme et "sounou" qui veut dire homme. Ces mots sont suivis de "kpéto" qui signifie "celui/celle qui va à la rencontre de ". Ainsi, étymologiquement, "gnonnou kpéto" signifie celui ou celle qui va à la rencontre d'une femme, et "sounou kpéto" est celui ou celle qui va à la rencontre d'un homme. En d'autres termes, est "gnonnou" toute personne qui, en sortant de chez elle doit rencontrer une personne de sexe féminin (la première personne vue) pour que sa journée lui soit bénéfique sinon, c'est la malchance et la mévente pour elle durant toute cette journée. Est "sounou" toute personne qui, en sortant de chez elle doit rencontrer une personne de sexe masculin (la première personne vue) pour que sa journée lui soit bénéfique sinon, c'est la malchance et la mévente pour elle durant toute cette journée. Pour déterminer si une personne est "gnonnou kpéto" ou " sounou kpéto", on utilise l'ordre des naissances dans sa famille. En effet, les personnes qui suivent immédiatement des hommes de part leur naissance sont des " sounou kpéto" et celles qui suivent immédiatement des femmes sont des "gnonnou kpéto". Les aînés déterminent eux même leur catégorie selon leurs propres observations. Ces croyances expliquent comment les femmes perçoivent la notion de chance en matière de commerce. En somme, pour les femmes de Cotonou, l'argent est indispensable et nécessaire pour toute personne. Cependant, l'excès d'argent fait plus de mal que de bien. Le travail est la principale source de richesse bien que selon elles la volonté de Dieu est aussi un élément déterminant.il ressort de ces croyance une certaine acceptation de la fatalité. Les femmes préfèrent garder leur argent à portée de mains à la maison. La majorité d'entre elles se méfie des comptables et préfère ne pas avoir affaires à eux. Les transactions se font essentiellement sur la simple base de la parole donnée avec une préférence pour la vente ambulante. Les deux facteurs économiques qui peuvent permettre de comprendre les activités informelles sont les suivants :
Graphique 12 : Répartition des femmes selon leur niveau de revenu Source : ADJOVI, 2009 Le graphique ci-dessus montre que la majorité (48%) des femmes travaillant dans l'économie informelle interrogées ont un revenu journalier moyen situé entre 1000F et 2000 FCFA à Cotonou. Ensuite viennent la proportion des 38% qui gagnent plus de 2000 FCFA chaque jour. Or au Bénin, le revenu mensuel moyen par habitant est estimé à US$ 50 (Source Banque Mondiale données de 2005) soit 25 000 FCFA environ, ce qui place les femmes de Cotonou à un niveau de revenu bien supérieur à la moyenne puisqu'elles gagnent en moyenne 2 000FCFA par jour et donc 60 000 FCFA par mois. Mais en tenant compte du coût élevé de la vie à Cotonou et de la situation économique marquée par la cherté de la vie, on peut conclure que la majorité des femmes travaillant dans l'économie informelle gagne un revenu insuffisant pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs familles. Il est important de rappeler que ces femmes affirment vendre moins bien aujourd'hui que par le passé. Pour expliquer cette situation, elles disent qu'il n'y a pas d'argent dans le pays. De plus selon elles, le bénéfice qu'elles gagnent sur leurs activités est si faible qu'elles couvrent à peine leurs dépenses. Graphique 13 : Répartition des femmes selon leur niveau d'épargne Sur 100 femmes interrogées, 9 seulement affirment constituer une épargne, les 91 autres disent que leurs revenus suffisent à peine pour leurs besoins. Les différentes formes d'épargne constituées par ces femmes sont : les dépôts sur le compte d'épargne ouvert auprès des institutions de microfinances et la tontine.
Il est important de voir le degré de corrélation qui existe entre le les facteurs sociaux, culturels et économiques identifiés et la persistance de l'économie informelle à Cotonou. Tableau VI : La corrélation entre les facteurs explicatifs et la persistance de l'économie informelle à Cotonou
En définitive, il existe une très forte corrélation entre la persistance de l'économie informelle et les facteurs sociaux, culturels et économiques du contexte malgré les actions des institutions pour sortir les femmes de l'informel. Ainsi, le contexte social de la ville de Cotonou à travers ses caractéristiques incite les femmes à exercer des activités informelles. Mais qu'en est-il de la régulation ? Chapitre 5 : L'Etat au coeur de l'économie informelle à Cotonou : la régulation Le Bénin, pays en voie de développement, a une économie dont les ressources sont essentiellement fiscales (GOUNOU 2004). Quelles sont les formes de régulation de l'Etat et quelles sont leurs conséquences sur les femmes et les dispositifs de développement (institutions de la société civile et institutions de microfinance) ? Ce sont ces préoccupations qui fondent le présent chapitre.
Les informations recueillies lors des entretiens avec les personnes ressources des différents départements ministériels impliqués dans l'économie informelle et les questions posées aux responsables d'institutions de la société civile et des institutions de microfinance ainsi que celles posées aux femmes constituent les sources des informations recueillies dans cette partie. Ces informations ont permis de comprendre que les institutions de la société civile sont des organisations à but non lucratif comme les associations, les ONG, les projets, les coopératives, et certaines IMF. En ce qui concerne les dispositions juridiques qui entourent les acteurs collectifs de type développeurs, les informations recueillies sont nombreuses. En effet, la Constitution béninoise ne traite pas de la liberté d'association mais se réfère, dans son préambule, aux principes de la démocratie et des droits de l'Homme tels qu'ils ont été définis par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Le texte fondamental, qui reste applicable au Bénin en matière d'association à but non lucratif, est la loi française du 1er juillet 1901 sur la liberté d'association, qui a été maintenue dans les dispositions juridiques interne du pays après les indépendances. Il a été complété sur certains points par l'ordonnance n°59 du 28/12/1966. L'ordonnance n°59/PR/MDRC du 28 décembre 1966 définit les coopératives et leurs unions. C'est le Ministre de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) qui accorde la personnalité juridique à ces coopératives. La loi n° 97-027 portant réglementation des Institutions Mutualistes ou Coopératives d'Epargne et de crédit décrit le cadre juridique des IMF. C'est le Ministère de la Microfinance qui accorde la personnalité juridique à ces institutions. Enfin, les conditions d'existence et les modalités de fonctionnement des ONG et leurs organisations faîtières ont été fixées par le décret n°2001-234 du 12 juillet 2001 Toutes les institutions enquêtées déclarent avoir effectué les formalités les autorisant à exercer leurs activités en République du Bénin. Voici un extrait d'entretien avec le responsable d'une ONG de la place : Q : Existence de dispositions réglementaires édictées par l'Etat pour régir l'activité de votre institution R : Pour créer une ONG, c'est une longue procédure qu'il faut suivre. Mais je vais vous la résumer en quelques mots il faut avoir des statuts, des règlements intérieurs et le procès verbal de l'Assemblée Générale Constitutive, ensuite, il faut faire l'enregistrement au niveau du Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité Publique. Ensuite, il faut procéder à la publication au Journal Officiel. [...] Naturellement l'ONG UMAD a rempli toutes ces formalités. Mais pour pouvoir financer les AGR des femmes, il faut avoir la renommée nécessaire pour attirer des financements. En ce qui concerne les IMF, voici un extrait d'entretien avec un employé d'une agence de l'IMF dénommée PADME : Q : Existence de dispositions réglementaires édictées par l'Etat pour régir l'activité de votre institution R : Oui l'Etat imposait aux IMF de remplir certaines conditions pour avoir l'agrément de l'ex-Cellule des Microfinances. Aujourd'hui, c'est le Ministère en charge de la Microfinance qui s'occupe de cela. Q : Votre IMF a-t-elle cette autorisation ? R : Oui bien sûr Q : Connaissez-vous d'autres dispositions dans ce sens ? R : La BCEAO s'occupe du contrôle du taux d'intérêt appliqué par les IMF. Certaines IMF peuvent être créées sous la forme de sociétés commerciales : c'est le cas par exemple de FINADEV. Voici un extrait d'entretien avec un agent de cette société de microfinance : Q : Existence de dispositions réglementaires édictées par l'Etat pour régir l'activité de votre institution R : Nous avons la convention de création et nous sommes la première société privée de droit commercial de microfinance au Bénin et dans la zone UEMOA grâce aux agences de FINANCIALBANK car nous sommes une entreprise du group FINANCIAL. Q : Si vous êtes une société commerciale, alors, vos prêts doivent revenir très chers aux femmes ? R : C'est relatif... [L'enquêté est très réticent] L'analyse de ces informations et des différentes réactions observées montre que tous les acteurs collectifs de type développeurs identifiés ci-dessus ne sont pas que des dispositifs de développement. En effet, certains sont attirés par le bénéfice qu'ils gagnent dans les microcrédits octroyés aux femmes. Ainsi, les microcrédits ne constituent pas pour ces derniers des stratégies de réduction de la pauvreté mais plutôt des stratégies pour rentabiliser leur capital et les femmes, des moyens de rouler leurs fonds. Néanmoins, le constat est que les personnels des ONG et des IMF enquêtés déclarent tous que leurs institutions sont en règle vis-à-vis de l'Etat en ce qui concerne les dispositions légales en vigueur pour l'exercice de leurs activités. Cependant le contrôle en matière de suivi et d'évaluation des activités de ces structures n'est pas réellement effectué par l'Etat.
En ce qui concerne les groupements féminins, la régulation peut être perçue diversement à travers les normes comptables, la perception qu'elles ont de l'impôt, le salariat et l'existence de documents légaux. Graphique 14 : Répartition des femmes selon l'existence d'une comptabilité régulière pour leurs activités Sur les 100 femmes enquêtées, seulement 10 affirment tenir une comptabilité régulière des dépenses et des achats effectués dans un cahier. Les 90 autres femmes affirment qu'elles ont en mémoire toutes ces informations et qu'il n'est donc pas important de les écrire dans un cahier. Ainsi, la mémoire tient lieu pour ces femmes de registre comptable. Graphique 15 : Répartition des femmes selon leur habitude de réinvestir les fonds générés par leurs activités Lorsqu'on leur demande si elles ont l'habitude de réinvestir les fonds générés par les AGR, seulement 34% des femmes affirment que oui tandis que la majorité de 66% d'entre elles disent non. Du fait que ces fonds de roulement proviennent de microcrédits, et doivent non seulement pourvoir aux charges du ménage, mais également servir au refinancement des AGR, les femmes sont souvent obligées de contracter d'autres microcrédits auprès d'autres institutions pour pouvoir rembourser les premiers crédits. Cette situation montre comment le crédit devient un cercle vicieux d'où les femmes sortent difficilement. Graphique 16 : Répartition des femmes selon leur connaissance des formalités à remplir par leurs groupements Le graphique ci-dessus montre que 53% des femmes ont connaissance des formalités que leurs groupements doivent remplir. Il faut faire remarquer que la plupart de ces femmes savent qu'elles doivent " faire des papiers" mais elles ignorent souvent comment rédiger ces "papiers" ou tout simplement comment faire pour les obtenir. Graphique 17 : Répartition des femmes selon le respect ou non des formalités par leurs groupements Parmi les femmes interrogées, seulement 33% reconnaissent avoir rempli les formalités légales dont elles ont eu connaissance. Ces formalités consistent aux dires de ces femmes entre autres à : se réunir chez le chef quartier pour faire une photographie de groupe qui sera remise à l'institution, à donner une photocopie de la carte nationale d'identité et/ou à donner ses noms et prénoms ainsi qu'une signature ou une empreinte digitale. Les quelques femmes qui ont pu décrire une procédure plus élaborée sont des membres de groupements féminins appuyés par le CeCPA car cette structure les aide à se doter de statuts et de règlements intérieurs. Quant aux femmes qui déclarent ne pas avoir rempli les formalités au niveau de leurs groupements, elles avancent plusieurs raisons pour justifier cette situation : « c'est à cause de la présidente car elle ne nous a pas informées » ; « la présidente a dit que c'est en cours » ; « la présidente a dit que c'est plus tard quand nous aurons les moyens que nous allons faire ces démarches à notre groupement » ou tout simplement « nous ne savons pas ». il ressort de ces informations que les femmes n'ont pas conscience de l'importance des formalités légales pour elles et pour leurs groupements. Pour mieux illustrer la situation, voici l'extrait d'un entretien avec une femme membre du groupement appuyé par une ONG de la place. Q : Savez-vous que les groupements de femmes sont des associations et doivent remplir des formalités légales (enregistrement) ? R : Non, de quoi parlez-vous ? Q : C'est une procédure d'enregistrement que vous devez accomplir auprès des CeCPA, des mairies, des préfectures ou du Ministère de l'Intérieur R : A bon ? Nous n'étions pas au courant. L'ONG nous a juste demandé des signatures et des photos et après on nous a remis l'argent. Les femmes sont d'autant plus peu soucieuses de faire enregistrer leurs groupements que les ONG et les IMF ne le leur demandent pas. Graphiques 18 : Répartition des femmes selon que leur groupement a ou non des statuts et règlements intérieurs et leur accès à ces documents Sur les 100 femmes enquêtées, 52 affirment que leurs groupements ont des statuts et des règlements intérieurs. Parmi elles, seulement 33 affirment avoir accès à ces documents, les 19 femmes restantes disent que les statuts et règlements intérieurs sont avec la Présidente du groupement. En ce qui concerne les femmes qui affirment que leurs groupements n'ont ni statuts ni règlements intérieurs, voici l'extrait d'un entretien avec une femme permettant de mieux comprendre la situation. Q : Le groupement possède-il des documents légaux (statuts et règlements intérieurs)? R : Non Q : Si non, pourquoi ? R : Les gens nous ont juste demandé de faire une photo chez le délégué du quartier. Les papiers dont vous parlez ne nous sont pas demandés par l'ONG ; donc ils ne sont pas importants. Graphique 19 : Répartition des femmes selon que leur groupement donne ou non des salaires à ses membres A la question de savoir si le groupement verse un salaire à ses membres, 87 femmes répondent que non en expliquant que chacune prend sa part du crédit et mène son activité de façon autonome. Les autres femmes (13 sur 100) affirment qu'elles exercent une AGR ensemble et que chacune perçoit un salaire dégagé du bénéfice. Il ressort des faits constatés que ce que les femmes appellent "salaire" ne correspond pas à un revenu régulier dont le montant constant est versé selon une périodicité régulière. Le salaire comme l'entendent les 13 femmes identifiées est plutôt la quote-part qui revient à chacune après avoir dégagé le bénéfice sur l'activité menée. Ce revenu n'est ni constant, ni régulier. Graphique 20 : Répartition des femmes selon leur connaissance de l'impôt La plupart des femmes (94%) connaissent l'impôt et le définissent comme : « l'argent que l'on donne à l'Etat, c'est un devoir que tout le monde doit accomplir ». Les autres femmes ne connaissent pas bien l'impôt car à travers leurs dires cette notion n'est pas bien maîtrisée par elles. Pour l'une « l'impôt c'est le devoir des hommes seuls, ça ne concerne pas les femmes » ; pour une autre « l'impôt ne concerne pas les groupements de femmes » ; pour une autre encore « c'est le paiement des boutiquiers, les vendeuses ambulantes ne sont pas concernées » enfin pour une autre « l'impôt, c'est quelque chose qui existait autrefois, aujourd'hui, c'est un mot qui ne doit plus exister ». Graphiques 21 : Répartition des femmes selon leurs habitudes de payer l'impôt Source : ADJOVI, 2009 La grande partie des femmes interrogées (59%) ne paie pas l'impôt. Pour se justifier, ces femmes avancent diverses raisons : « c'est mon mari qui paie l'impôt pour moi », « ça ne concerne que les gros commerçants et les boutiquiers » ou encore « les vendeuses ambulantes ne paient pas l'impôt ». Parmi les 41 femmes qui affirment payer l'impôt, 17 disent qu'elles le paient une fois par an et les 24 femmes restantes le payent de diverses façons : une fois par jour ou une fois par mois. Graphique 22 : Répartition des femmes selon qu'elles pensent que l'Etat a ou non raison de prélever l'impôt Source : ADJOVI, 2009 Les femmes interrogées pensent à raison de 81% que l'Etat a raison de prélever l'impôt. C'est ainsi que pour Mme D. E., « l'impôt est une obligation des adultes vis-à-vis de l'Etat. Quand tu mènes une activité et tu gagnes de l'argent, tu dois donner une partie de cet argent à l'Etat ».
On entend par régulation dans cette étude l'ensemble des dispositions légales fixées par l'Etat et dont il contrôle le respect et l'application par les populations cibles. Dans ce cadre, voici l'extrait d'un entretien avec un responsable d'une direction du commerce intérieur du Ministère du Commerce et de l'Industrie : Q : Comment caractérisez-vous les activités informelles de Cotonou ? R : Les activités informelles sont caractérisées par le non respect de la réglementation en vigueur, le non respect des procédures d'enregistrements, le non respect des circuits de distribution des produits - prenez par exemple le cas des produits pétroliers. Ces activités sont surtout caractérisées par leur petite taille. Q : Que savez-vous de la régulation exercée par l'Etat sur les institutions de la société civile et les IMF ? R : Les IMF et les institutions de la société civile sont assujetties à des lois. Mais, il y a beaucoup d'associations et d'ONG, qui, prennent la couverture d'organisation à but non lucratif et exercent des activités commerciales. Elles se réfugient dans leur statut de société civile pour ne pas payer d'impôts. Q/ Que pensez-vous de cet état des choses ? R/ Normalement, l'Etat devrait obliger ces institutions à séparer leurs activités commerciales de leurs activités à but non lucratif. Mais l'Etat Béninois n'en est pas encore là. En ce qui concerne la réglementation - j'entends par là les obligations de ces institutions vis-à-vis de l'Etat, on peut dire que tout va bien puisque ces institutions respectent la loi. Je peux dire qu'il y a au Bénin un vide juridique sur l'exercice des activités commerciales par les associations à but non lucratif. Comme le montre cet entretien et les résultats obtenus sur le terrain, les institutions de la société civile et les IMF sont respectueuses de la réglementation de l'Etat. Aussi, la régulation étatique est accentuée sur les IMF et les institutions de la société civile à Cotonou : c'est l'informalisation stratégique car la persistance de l'économie informelle est une stratégie globale qui rend indispensable les IMF et les institutions de la société civile dans le processus de développement au Bénin grâce à la dépendance que leurs appuis créent au niveau des femmes. Selon nos observations, ces acteurs collectifs de type développeurs ont diverses stratégies pour échapper aux règles à elles imposées par l'Etat : la première consiste à transformer leurs actions qui théoriquement devraient être dans le sens de promouvoir le développement en actions commerciales pour accroître le profit, la seconde est de créer au sein de chaque institution une procédure interne d'enregistrement des groupements de femmes. Ces procédures ne pouvant être considérées comme des mécanismes étatiques de formalisation des groupements féminins. Ainsi les groupements féminins demeurent dans l'économie informelle. La régulation de l'Etat en ce qui concerne les groupements féminins est pratiquement inexistante à l'exception des groupements de femmes appuyés par le CeCPA de Cotonou. Les groupements appuyés par les IMF et les institutions de la société civile enquêtés ne sont pas enregistrés auprès de structures étatiques. Il y a un « laisser-aller ». C'est la dérégulation ou laisser-aller des groupements féminins par l'Etat. Ainsi, on parlera d'informalisation coercitive car les acteurs sociaux ne développent pas volontairement de stratégies visant à pérenniser l'économie informelle mais la subissent comme une composante nécessaire de l'économie nationale et donc de la vie sociale. Les observations faites mettent en évidence les modèles de l'informalisation stratégique et de l'informalisation coercitive. Il n'a pas été possible d'observer un effondrement des valeurs culturelles. Main, on peut plutôt déduire des résultats obtenus que la vie sociale et économique de Cotonou et dynamique et non statique : car les valeurs traditionnelles se transforment au contact des valeurs importées d'occident. Ainsi, le modèle de l'informalisation atypique qui a été défini dans le cas où on observerait un effondrement des valeurs culturelles n'est pas vérifié à Cotonou. Pour mieux comprendre le mécanisme de la régulation exercée par l'Etat sur les acteurs de l'économie informelle à Cotonou, confère la figure ci-après : Figure 3 : La régulation exercée par l'Etat sur les acteurs de l'économie informelle à Cotonou Source : ADJOVI, 2009 Dans l'économie informelle à Cotonou, l'Etat occupe une place centrale à travers la régulation des activités des acteurs collectifs de type développeurs (ONG et IMF) et des acteurs collectifs de type développés (les groupements féminins). Pour les premiers, la régulation exercée par l'Etat est très forte ou accentuée. Ainsi, les ONG et les IMF sont obligés de développer des stratégies pour contourner les règles établies par l'Etat : c'est l'informalisation stratégique. En ce qui concerne les seconds, c'est-à-dire les groupements féminins, il y a un laisser aller ou dérégulation : c'est l'informalisation coercitive car la pratique des activités informelles s'impose à ces femmes à cause des facteurs sociaux, culturels et économiques évoqués dans le chapitre précédent. Mais quelles sont les logiques qui sous-tendent les comportements des divers acteurs de l'économie informelle à Cotonou ? Chapitre 6 : Les logiques, les stratégies et les comportements des acteurs de l'économie informelle à Cotonou L'économie informelle est un espace social dans lequel se confrontent les acteurs collectifs de type développeurs, les acteurs collectifs de type développés et l'Etat. Ce chapitre a pour objet de mieux comprendre ces confrontations, les enjeux qui les provoquent et les stratégies développées par chaque catégorie d'acteurs.
La compréhension de la persistance de l'économie informelle passe nécessairement par l'identification des contraintes liées aux actions et aux intentions des différents groupes d'acteurs en présence. C'est ainsi que l'existence des dispositifs de développement ne recouvre pas la même signification pour l'Etat, les institutions et les femmes. L'action de développer la ville de Cotonou et de réduire la pauvreté de ses habitants implique que l'Etat, les institutions et les groupements de femmes ont chacun une catégorie sémantique qui reflète leurs intentions. Ces catégories sémantiques suggèrent des concepts dont la compréhension est propre à chaque catégorie d'acteurs. C'est ainsi que les concepts de « développement » et de « pauvreté » sont des termes qui reviennent souvent dans le vocabulaire des institutions de la société civile, des IMF et de l'Etat et qui montrent leurs intentions d'agir sur les « populations à la base » aux fins de réduire leur niveau de pauvreté en leur octroyant par exemple des crédits. De même, les femmes, loin de rester passives devant ces terminologies qu'elles ne maîtrisent souvent pas ont recours à d'autres expressions : " l'argent de Boni YAYI" et "l'argent chaud". La signification de ces expressions pour elles diffère totalement de celle des dispositifs de développement et de l'Etat. Cette différenciation sémantique procède du fait que l'Etat, les « développeurs » et les « développés » viennent de mondes différents et de réalités distinctes. Ils ont des perceptions différentes de la réalité sociale, des buts, des intérêts et des moyens d'actions différents. Aussi, ce décalage sémantique, ou cette cohabitation de significations différentes suscitées par les intérêts divergents engendre des logiques, des tactiques et des stratégies de la part de chaque catégorie d'acteurs. Ces contraintes qui existent dans l'économie informelle délimitent le champ du possible, c'est-à-dire « l'idéaltype ». Le champ du « réel » quant à lui est délimité par les diverses logiques et stratégies permettant aux acteurs de contourner cette frontière sémantique.
Les différents acteurs collectifs identifiés dans l'économie informelle ont diverses logiques qui expliquent leurs comportements.
A Cotonou, plusieurs logiques empêchent l'extension par la taille des activités génératrices de revenus exercées par les femmes et, donc leur enregistrement comme unité économique de production de biens et de services auprès des structures étatiques compétentes. · La logique de subsistance et d'accumulation de l'argent par les femmes Les femmes se considèrent comme vulnérables et "pauvres" en référence à trois types de facteurs: - les risques et l'incertitude liés aux petites activités génératrices de revenus, qui poussent les femmes à privilégier les activités de petite ampleur (où les pertes éventuelles sont plus faibles) aux activités économiques de plus grandes ampleurs ; - la domination culturelle et économique des institutions et de l'Etat : l'Etat et ses représentations, les institutions de la société civile et les IMF imposent souvent leurs manières de voir et de faire aux femmes. Les mécanismes d'appuis et d'aides ne sont jamais l'occasion d'une véritable négociation entre l'Etat, les dispositifs de développement et les populations. Comme le dit le sociologue sénégalais NDIONE : « Quelque part, l'animateur croît qu'il a toujours raison » (NDIONE, 1994 :41). C'est par exemple le cas des conditions fixées pour accéder aux crédits; - la dépendance vis-à-vis du monde marchand qui, si elle varie d'intensité en fonction de la situation économique, reste omniprésente du fait des besoins d'argent liquide et de crédit des femmes. A travers les AGR, les femmes recherchent le profit. Ce profit immédiat et maximal est principalement lié aux stratégies de survie des femmes dans une conjoncture économique difficile. Ainsi, les femmes recherchent le profit immédiat et préfèrent la revente des produits préfabriqués à un recours à l'innovation à travers la transformation des matières premières, car plus lente à générer des bénéfices. Cette logique d'accumulation de l'argent rapide reflète le sentiment d'insécurité de ces femmes. · La solidarité et les obligations familiales A Cotonou comme dans toute société africaine, la famille est au coeur des rapports sociaux. On entend par famille un groupe de personnes liées par des liens de consanguinité ou de mariage. C'est la famille au sens élargi qui convient le mieux, elle peut donc s'étendre au clan. Les relations de parenté sont très fortes dans les groupements de femmes à Cotonou. En effet, dans un même groupement, les femmes sont souvent des soeurs, des cousines des coépouses, etc. La famille détermine aussi le choix de l'activité exercée par la femme, et donc, son appartenance à tel ou tel groupement. La famille, la parenté et même les réseaux d'affinités sont au coeur de la contribution des femmes dans l'économie informelle à Cotonou et ceci est d'autant plus vrai que les femmes le montrent dans le récit de l'historique de la création de leurs groupements. Néanmoins, la solidarité familiale est aussi une contrainte : puisqu'il a été possible pour une femme de la famille de bénéficier des microcrédits en adhérant à un groupement affilié à la famille, il lui revient de remplir ses obligations envers cette dernière. Ces obligations prennent souvent la forme de dons lors des manifestations et des cérémonies familiales : les baptêmes, les funérailles et les cérémonies familiales coutumières. Ces obligations peuvent aussi prendre la forme de prêts octroyés par la femme aux membres de sa famille. La femme peut aussi tout simplement aider son mari dans les dépenses quotidiennes du ménage. Voici l'extrait d'un entretien avec une mère de famille interrogée : Q : Les membres de votre famille interviennent-ils dans le fonctionnement du groupement? R : Oui, et c'est d'ailleurs le cas des autres femmes de mon groupement. Nos maris sont parfois invités à nous donner des conseils. Q : A quoi servent réellement vos recettes ? R : L'argent que je gagne me permet de subvenir aux besoins de ma famille. Avec le reste, je participe aux cérémonies familiales et je fais la tontine. Plus que le bien-être de son mari et de ses enfants, la femme recherche à travers ses AGR le bien-être de la grande famille. Ceci confirme les affirmations de MUSITU W. (2006) dans : La femme congolaise pilier de l'économie informelle en milieu urbain qui écrit que l'engagement déterminant de la femme congolaise dans l'économie informelle et dans les activités économiques en général vise moins son propre bien que celui de sa famille : de ses enfants et de son mari. · Les microcrédits et le politique Dans l'arrondissement de Xlacodji à Cotonou, sur les 20 femmes rencontrées, 14 affirment que la création de leurs groupements remonte aux élections législatives.de 2007. En effet, durant les campagnes électorales, ces femmes s'étaient constituées en groupes de militantes du parti FCBE (la majorité présidentielle) qui leur avait promis de l'argent pour financer des AGR. Après les campagnes, les groupes de militantes politiques se sont transformés en groupements féminins pour bénéficier du Programme de Microcrédits aux Plus Pauvres (crédit dont la première tranche s'élève à 30 000F). Pour marquer leur reconnaissance, les groupements de femmes ont gardé leurs dénominations initiales. C'est ainsi qu'à Xlacodji il y a le groupement « Yayi Boni Microcrédit aux Plus Pauvres N° 3 », « Yayi Boni Microcrédit aux Plus Pauvres N° 5 », « Yayi Boni Microcrédit aux Plus Pauvres N° 7 », etc.
L'une des conséquences de la différence sémantique entre le vocabulaire de l'Etat, des institutions de la société civile, des IMF et celui des groupements féminins est la provenance des fonds alloués en crédit. Pour la majorité des femmes enquêtées les fonds distribués en crédits proviennent tous de Boni Yayi. En effet, le Programme de Microcrédit aux plus Pauvres offre des conditions de remboursement des crédits très intéressantes aux femmes. Ainsi, elles sont plus attirées par les institutions qui offrent " l'argent de Yayi Boni " c'est-à-dire les trente mille francs (30 000 FCFA) quelle que soit la provenance des fonds. C'est ainsi que pour certaines femmes du quartier Fiyégnon dans le 12ème arrondissement, FINADEV, une société de microfinance leur prête " l'argent de Yayi Boni ". Or la microfinance FINADEV est une société commerciale. Cette situation illustre bien la signification que les femmes accordent au crédit de trente mille (30 000) francs.
L'une des réalités constatées dans cette étude est le faible niveau d'épargne des femmes. Pour expliquer cette situation, elles évoquent principalement la faiblesse de leur niveau de revenu face aux dépenses de leurs familles et à la cherté de la vie. Mais au-delà de cette explication, il faut comprendre que pour une femme qui fait de petites activités génératrices de revenus, déposer son argent sur un compte à la banque ou à la microfinance n'a pas de sens. Ce qui est important, c'est « la circulation » de l'argent c'est-à-dire les mouvements d'aller et retour des sommes d'argent dépensées à l'occasion des cérémonies familiales, des tontines, des prêts, des dons ou tout simplement au profit des activités génératrices de revenus : c'est l'argent chaud. Pour mieux illustrer cette observation, voici l'explication d'une commerçante interrogée dans le quartier Avotrou : Q : Quelles sont vos croyances en relation avec l'argent et la richesse ? R : L'argent qui est propre à soi et que l'on gagne soi-même est un début de richesse. Pour devenir vraiment riche, il faut faire travailler l'argent pour qu'il se fructifie.
Les groupes stratégiques sont des ensembles sociaux homogènes qui défendent des intérêts communs, en particulier par le biais d'actions qu'ils posent. Ces groupes stratégiques se forment lors des interactions entre les acteurs identifiés dans l'économie informelle à Cotonou. Il s'agit notamment du : - Groupe stratégique des groupements féminins : Ce premier groupe stratégique est constitué par les femmes membres des groupements. Ces femmes, pauvres pour la plupart travaillent dans l'économie informelle pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Les groupements de femmes en relations avec les institutions de la société civile et les IMF forment un bloc social homogène défendant un intérêt commun : l'accès aux ressources financières que constituent les microcrédits. Ces femmes développent diverses stratégies pour mobiliser et accroître les ressources financières et, générer des revenus en déployant des stratégies commerciales. Ainsi, face au problème récurrent de la pauvreté, ces femmes se réunissent en groupements pour accroître leurs chances d'accéder aux crédits à Cotonou. - Groupe stratégique des apporteurs de capitaux (institutions de la société civile et IMF) : Ce deuxième groupe stratégique diffère du premier car il est composé des personnes morales que sont les institutions de la société civile et les IMF qui sont appelées ici dispositifs de développement ou développeurs. Ces apporteurs de capitaux financent les AGR des groupements féminins de Cotonou et forment un groupe social homogène dont l'intérêt est de participer au processus de développement économique et social. Face au problème du développement, ces acteurs mettent en oeuvre des stratégies pour mobiliser les femmes et pour assurer leur propre survie (c'est-à-dire trouver les capitaux nécessaires pour les prêter aux femmes et s'assurer du renouvellement de ce capital sans qu'il ne s'épuise). - Groupe stratégique constitué par l'appareil étatique chargé du contrôle des activités informelles et/ou en relation avec les groupements de femmes et les dispositifs de développements : Ce groupe stratégique se confronte au problème du sous-développement et de la pauvreté au Bénin. L'appareil étatique développe diverses stratégies pour résoudre ce problème agissant sur les décisions en matière de politique de développement et en matière économique. Cet appareil étatique ainsi identifié forme un bloc homogène qui fonde et applique la politique gouvernementale c'est-à-dire les grandes décisions de l'Etat dont l'intérêt est d'assurer l'équité, la paix, la justice sociale et la concorde pour les femmes et les dispositifs de développement.
Ces différents groupes stratégiques se retrouvent autour d'enjeux. Il s'agit notamment des ressources économiques, sociales et du pouvoir. - Les ressources économiques Les ressources économiques ou encore capital économique constituent un important enjeu dans l'économie informelle. C'est ainsi que l'accès au crédit est souvent la raison qui justifie l'adhésion des femmes à certains groupements féminins. De la même manière, les dispositifs de développement mettent en oeuvre diverses stratégies pour s'attirer les sources de financement et/ou pour accroître leurs capitaux. L'Etat en tant que partenaire central des autres catégories d'individus mis en scène dans cette étude joue aussi sa partition. En effet, l'appareil étatique, pour fonctionner, a besoin de ressources financières. Ces ressources proviennent essentiellement des impôts et taxes prélevés sur les contribuables. - Le capital social Le capital social est l'ensemble des relations sociales, des liens de parenté, d'affinités, etc. Bref, tout ce qui constitue un atout en matière de relations sociales. Les dispositifs de développement ont divers réseaux de relations sociales au sein des structures étatiques et des organismes internationaux. La lutte pour gagner la confiance et l'amitié de ces réseaux de relations sociales représente un enjeu important. Le capital social des femmes sont les liens d'affinités, de parenté entre elles, entre elles et leurs entourages ou encore entre elles et les responsables ou agents d'institutions. L'Etat se bat pour gagner et conserver son capital social. Ce dernier est formé par ses relations avec ses partenaires nationaux et étrangers. - Le pouvoir La conquête du pouvoir est un enjeu tout aussi important pour les groupes stratégiques identifiés. Il s'agit surtout du pouvoir de décision. Aussi, les femmes se battent-elles pour occuper des postes de décision au sein de leurs groupements. Cette même lutte s'observe au niveau des dispositifs de développement et de l'appareil étatique quand, par exemple une institution veut gagner une position, une renommée et une reconnaissance plus importante qu'une autre. Pour mieux appréhender les enjeux et les groupes stratégiques de l'économie informelle à Cotonou, confère la figure ci-après : Figure 4 : Les groupes stratégiques de l'Economie informelle à Cotonou face aux divers enjeux Source : ADJOVI, 2009 Le schéma ci-dessus illustre la participation de chaque groupe stratégique dans l'économie informelle à Cotonou et leur positionnement par rapport aux enjeux. Les groupes ciblés dans cette étude à Cotonou peuvent se répartir selon trois (03) axes : ressources économiques (capitaux économiques et crédits), capital social (réseaux de relations sociales) et pouvoir de décision. L'action de formaliser les activités informelles et de les réglementer implique que l'appareil étatique a la plus grande autorité (la place de l'appareil étatique sur l'axe du pouvoir de décision) et dispose des plus importantes ressources économiques (voir l'axe des ressources économiques). De leur côté, les apporteurs de capitaux disposent de ces deux ressources plus que les groupements de femmes (voir la place des dispositifs de développement sur les axes). Enfin, les femmes, pour la plupart pauvres (voir le niveau peu élevé sur l'axe des ressources économiques) disposent du plus grand capital social (liens de parenté et d'affinités).
Les acteurs collectifs dans l'économie informelle développent diverses stratégies en relations avec leurs intentions et dont le but principal est la conquête des enjeux.
Les femmes se plaignent de ce que les crédits alloués sont insuffisants pour faire face à leurs besoins. L'une des solutions qu'elles ont trouvées pour pallier ce problème est l'adhésion à plusieurs groupements féminins simultanément. En effet, une femme interrogée au marché Agla affirme être la trésorière dans le groupement CeRPA de production de jus de fruits créé par son mari dans un autre quartier, et la secrétaire d'un groupement de femmes à Agla. Elle affirme que sa coépouse est dans la même situation qu'elle. Cette stratégie leur permet d'accroître et de diversifier leurs sources de financement. Pour cette femme, cette situation est normale, car selon elle, ce n'est pas interdit par la loi.
Lorsque les femmes reçoivent les crédits, la plus grande partie des sommes d'argent est utilisée pour les dépenses de la famille et les imprévus. Seule une petite proportion est affectée aux activités génératrices de revenus. C'est pour cette raison que les femmes n'arrivent souvent pas à honorer les échéances de remboursement des crédits. Pour résoudre ce problème, elles vont contracter d'autres dettes auprès d'autres institutions ou auprès de leurs proches et ainsi de suite. Les femmes se retrouvent souvent enfermées dans le cercle vicieux du crédit et de l'endettement.
Les groupements féminins sont les bénéficiaires et les clients des dispositifs de développement. L'argent prêté est remboursé avec un intérêt qui, aussi faible soit-il, constitue un plus pour ces institutions. Ainsi, les microcrédits en faveur des femmes représentent une assurance pour les institutions de rouler leurs capitaux et donc de survivre dans un environnement économique difficile dans lequel il y a beaucoup de concurrence. De plus, face au succès rencontré par le Programme de Microcrédit aux Plus Pauvres, la majorité des IMF, les sociétés de microfinance et les ONG rencontrées offrent des produits ayant les mêmes caractéristiques que le crédit communément appelé « crédit de trente mille francs ». Même si elles ne sont pas concernées par le programme gouvernemental de microcrédit, ces institutions créent la confusion dans l'esprit des femmes qui vont vers elles en pensant bénéficier de " l'argent de Yayi Boni ".
A la lumière des grands axes des Orientations Stratégiques de Développement du Bénin, 2006-2011, l'instauration d'une fiscalité de développement constitue l'un des leviers les plus importants sur lesquels le gouvernement béninois entend s'appuyer pour assainir le cadre macroéconomique en se servant de la fiscalité et d'une meilleure allocation des dépenses publiques pour atteindre un certain nombre d'objectifs de développement. Une fiscalité de développement est « une fiscalité qui contribue à la stimulation de la croissance économique, qui participe à la dynamique des pôles de développement identifiés, qui assure le développement de l'entreprenariat et de nouvelles entreprises, qui soutient la mise à niveau des entreprises existantes », explique le ministre d'Etat P. I. KOUKPAKI (AFANGBEDJI : 2008). La mise en application de cette fiscalité de développement a commencé et est déjà visible dans la loi de Finance exercice 2009 (MFE, 2009) à travers quelques dispositions : - des mesures d'exonération de la TVA sur certains biens ; - les entreprises béninoises sont exonérées de l'impôt BIC la première année d'exercice ; - les taux de l'impôt sur le résultat sont revus à la baisse (à raison de 25% pour les personnes physiques, 25% pour les personnes morales exerçant une activité industrielle et 30% pour les personnes morales autres que les entreprises industrielles.) - les impôts sur les salaires à charge des employeurs et des employés sont revus à la baisse. Ainsi, il y a révision à la baisse des taux appliqués en matière d'IPTS (réduction de 5% par tranche de revenu imposable) et exonération durant deux ans du VPS de tout employeur au titre du premier emploi du salarié. (à condition que l'agent soit déclaré à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale) et enfin, révision à la baisse du taux de VPS de 8% à 4% ; - la création d'une zone franche au Bénin, - etc.
Deux grandes catégories de conflits ont été identifiées : les conflits internes et les conflits externes.
Ils sont ceux qui s'observent au sein d'un même groupement de femmes. Ces conflits ont leur source dans les décisions pour commander le groupement et dans le non-remboursement des crédits par certaines femmes. Graphique 23 : Répartition des femmes selon l'existence de conflits au sein de leurs groupements Source : ADJOVI, 2009 Sur les 100 femmes interrogées, 59 affirment qu'il existe des conflits au sein de leurs groupements. Graphique 24 : Répartition des sources de conflits internes existants Source : ADJOVI, 2009 Les sources de conflits identifiées par les 59 femmes qui reconnaissent l'existence de conflits dans leurs groupements sont les suivantes : le pouvoir (49%), autres sources (40%), la répartition du bénéfice (7%) et l'organisation du travail (3%). Parmi les autres sources de conflits identifiées, il y a : le découragement, le mensonge, la gestion des cotisations des membres, le non remboursement du crédit, le non respect du règlement intérieur, le non paiement des cotisations, la jalousie, les insultes, le vol, l'incompréhension, des problèmes de vols de clients et l'irrespect. Aux dires des femmes, il existe diverses modalités pour le règlement de ces conflits. Graphique 25 : Répartition des modalités de règlement des conflits internes Source : ADJOVI, 2009 Sur les 59 femmes qui affirment qu'il y a des conflits dans leurs groupements, 36 estiment que c'est en consultant les autres membres que les conflits sont résolus. D'autres, soit 15 femmes, déclarent que c'est grâce à la médiation des agents des institutions ou des familles que les conflits trouvent leur résolution. D'autres encore, (7 femmes) disent que le membre mis en cause est tout simplement renvoyé.
Ils sont ceux qui s'observent entre groupements rivaux d'une part et d'autre part entre groupements et institutions ou entre groupements et agents administratifs chargés de la perception des impôts. Graphique 26 : Répartition des enquêtées selon l'existence de conflits entre groupements rivaux Source : ADJOVI, 2009 En ce qui concerne les conflits entre groupements rivaux, seulement 3 femmes d'un même marché (Gbégamey) affirment qu'il y a des rivalités entre leurs groupements et d'autres dans le même marché. Selon elles, les autres femmes sont jalouses parce que leur groupement a plus de ?moyens? que les leurs. Graphiques 27 : Répartition des enquêtées selon l'existence de conflits entre leur groupement et les institutions ou l'Etat Source : ADJOVI, 2009 Parmi les 100 femmes interrogées, seulement 11 déclarent qu'il existe un conflit entre leur groupement et les dispositifs de développement (institutions). Aux dires de ces femmes, l'unique source de conflit est le retard ou le non paiement des échéances de remboursement des crédits. En définitive, les conflits qui naissent entre les acteurs de l'économie informelle n'ont pas une très grande ampleur et disposent de modalités de règlement qui leurs sont spécifiques. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Bien qu'il soit vrai que les résultats obtenus dans cette étude ne puissent être extrapolés à toutes les unités économiques de l'économie informelle de la ville de Cotonou, certaines conclusions peuvent être tirées par rapports aux dispositifs de développement, aux groupements féminins et à l'Etat. Trois principaux facteurs permettent de comprendre la persistance de l'économie informelle à Cotonou malgré les multiples actions entreprises par l'Etat et les institutions de la société civile pour réduire son ampleur. Il s'agit des facteurs sociaux, des facteurs culturels et des facteurs économiques comme le montre la figure ci-dessous : Figure 5 : Les facteurs explicatifs de la persistance de l'économie informelle à Cotonou Source : ADJOVI, 2009 Les femmes participent activement à l'économie informelle à Cotonou par la pratique de diverses activités du secteur primaire, du secteur secondaire et du secteur tertiaire. La majorité de ces femmes est obligée de faire le commerce pur ou commerce du « micro-détail » comme l'appelle E. BOSERUP parce qu'elles n'ont reçu ni instruction, ni formation. Aussi, sont-elles très vulnérables. Il ne faut pas non plus négliger l'importance des croyances culturelles relatives à l'argent et à la richesse dans la société cotonoise. En effet, pour ces femmes le moyen de transaction le plus courant est la parole, elles ne comprennent pas l'importance des écrits comme les factures et les reçus. De plus, ces femmes sont convaincues que pour bien vendre durant une journée, il suffit que la première personne qu'elles rencontrent en sortant de la maison soit un homme pour les femmes dites « sounou kpéto » et, une femme pour les femmes dites « gnonnou kpéto ». Sur le plan économique, il est important de comprendre que les femmes qui pratiquent des activités informelles ont des revenus irréguliers et faibles et, par conséquent, l'épargne constituée par elle est très faible voire même inexistante. L'Etat occupe une place centrale dans la problématique de l'économie informelle. C'est lui qui fixe les règles administratives et juridiques, qui règlemente les activités des IMF, des institutions de la société civile et des groupements féminins. Les résultats obtenus sur le terrain, montrent que les institutions de la société civile et les IMF sont respectueuses de la réglementation de l'Etat. Aussi, la régulation étatique est accentuée sur les IMF et les institutions de la société civile à Cotonou : on parlera de l'informalisation stratégique car l'économie informelle devient une stratégie globale qui rend incontournable ces IMF et ces institutions de la société civile dans le processus de développement et de réduction de la pauvreté au Bénin. La régulation de l'Etat en ce qui concerne les groupements féminins est pratiquement inexistante à l'exception des groupements de femmes appuyés par le CeCPA de Cotonou. Les groupements appuyés par les IMF et les institutions de la société civile enquêtés ne sont pas enregistrés auprès de structures étatiques. Il y a un « laisser-aller ». C'est la dérégulation ou de laisser-aller des groupements féminins par l'Etat. Ainsi, on parlera d'informalisation coercitive car les acteurs sociaux ne développent pas volontairement de stratégies visant à pérenniser l'économie informelle mais la subissent comme une composante nécessaire de l'économie nationale. Diverses logiques fondent les rapports sociaux dans l'économie informelle. Les femmes, pour survivre, préfèrent le profit immédiat à un investissement plus durable. La solidarité familiale est très forte mais en même temps, la famille est une contrainte pour les femmes dans la mesure où elles ont des obligations envers leurs proches ; la participation aux diverses cérémonies, l'aide et les prêts aux membres de la famille et la contribution aux dépenses du ménage. A Cotonou, on observe dans certains quartiers l'immixtion du politique dans les programmes de microcrédits aux plus pauvres. Ce programme constitue pour les femmes, la matérialisation de la volonté du Chef de l'Etat de les sortir de leur situation de pauvreté, ce qui entraine leur engouement pour " l'argent de Yayi Boni ". De plus, pour ces femmes, déposer de l'argent sur un compte d'épargne n'a aucun sens : l'essentiel c'est de faire « circuler » l'argent : on parlera « d'argent chaud ». Les interactions entre les IMF, les institutions de la société civile, les groupements de femmes et l'Etat cachent des enjeux que ces divers types d'acteurs collectifs se disputent. Les principaux enjeux sont : les ressources économiques, le capital social et le pouvoir de décision. Quelques conflits naissent du fait des intérêts divergents du groupe stratégique des groupements féminins, des apporteurs de capitaux et de l'appareil étatique. La compréhension de cette étude peut être enrichie par une analyse du SWOT telle que voici présentée dans le tableau ci-dessous : Tableau VII : La matrice du SWOT ( Strenghts Weaknesses Opportunities and Threats)
Cette analyse SWOT de l'économie informelle au Bénin permet d'identifier les axes stratégiques à développer par l'Etat et les institutions de la société civile afin que ces stratégies constituent une réponse satisfaisante aux nombreux problèmes liés aux activités informelles. En faisant une projection dans le futur, deux scénarios sont possibles en ce qui concerne l'économie informelle à Cotonou. Le premier scénario est le plus optimiste : l'Etat parvient à concilier les habitudes économiques informelles aux normes et instruments de mesures modernes pour mieux formaliser l'ensemble de l'économie nationale. Le second scénario, le plus pessimiste voit l'Etat échouer dans son rôle de conciliateur des deux réalités économiques ce qui provoque un crash économique sans précédent pour le pays. Aussi, il convient de s'interroger : dans le contexte économique mondial actuel quel est le devenir de l'économie informelle ? Et quelle est la place des valeurs culturelles africaines ? Autant d'interrogations auxquelles il urge de répondre. Le fait économique n'est pas statique dans le temps. En effet, comme tout phénomène social et humain, il obéit aux règles de la dynamique sociale. Cette étude sur l'économie informelle à Cotonou est donc limitée dans le contexte social choisi et dans le temps.
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VILLIERS (de), G., 1992, « Petite économie marchande et phénomènes informels en Afrique ». In : Economie populaire et phénomènes informels au Zaïre et en Afrique. Collection Les cahiers du CEDAF-ASDOC STUDIES 3-4 : 1-14. ANNEXES Annexe 1 : Situation de la ville de Cotonou Annexe 2 : Les outils de travail 1- Guide d'observation
2- Guide d'entretien élaboré à l'endroit des responsables des institutions partenaires Première partie ; Identité de l'enquêté 1- Nom et prénom : 2- Poste occupé ou responsabilité au sein de l'institution Deuxième partie : La catégorie institutionnelle et la logique de l'intervention 1- Dénomination de l'institution 2- Adresse et téléphone de l'institution 3- Catégorie (ONG, Microfinance, CeRPA) ? 4- Activité principale 5- La mission 6- Les objectifs 7- Les résultats attendus 8- Les activités L'organigramme de l'institution 9- Existences de conflits au sein de l'institution 10- Existence de dispositions réglementaires édictées par l'Etat pour régir l'activité de l'institution et l'organe étatique qui est chargé de son contrôle 11- Existences de conflits avec les groupements de femmes 12- Existences de conflits avec l'Etat 13- Les modalités d'appui des groupements féminins (appui financier ou technique) 14- Les critères d'adhésion au programme d'appui 15- Le suivi des activités des groupements 16- Nombre de groupements en relation avec l'institution 17- Les activités génératrices de revenus de ces groupements conduisent à produire des biens et des services dont la vente va permettre aux femmes de subvenir aux besoins de leurs familles. Conséquences sur la pérennisation de l'économie informelle et responsabilité de l'institution. 18- Connaissance de l'économie informelle et sa définition 19- Les activités génératrices de revenus des groupements féminins étant menées dans l'informel, les solutions proposées pour leur formalisation. Perspectives pour le futur et la vie économique de la ville de Cotonou et le Bénin. Troisième partie : Guide d'entretien élaboré à l'endroit des animateurs sociaux des institutions auprès des groupements 1- Activités et espace couvert : - Raisons du choix des espaces couverts : - - Typologie d'activités à financer et d'initiatives à appuyer : - Inventaire des activités menées (nombre et types de groupements financés ou/et appuyés) - Les conditions d'accès :- - Le mécanisme de la mise en place du partenariat : - La signification du partenariat pour les groupements : 2- Mode d'intervention et modalité de l'appui : - Appui continu ou temporaire : - Appui standardisé ou personnalisé aux groupements : 3- Stratégies développées pour l'animation au sein des groupements : - Animation participative : - Animation par jeux de rôles : 4- Résultats obtenus : 5- Les stratégies utilisées pour rendre plus efficace les actions. 6- Les raisons d'un changement éventuel de stratégie. 7- Corrélation entre le cadre logique et l'action menée sur le terrain. 8- Actions menées pour la formalisation du groupement et la sensibilisation contre les dangers de l'économie informelle. 3- Guide d'entretien élaboré à l'endroit des personnes ressources et des autorités impliquées dans l'économie informelle à Cotonou 1- Nom et prénom : 2- Poste et structure : 3- Perception de l'économie informelle 4- Place de département ministériel dans la problématique de l'économie informelle au Bénin 5- Existence d'une régulation 6- Stratégies de l'Etat pour réduire l'ampleur de l'informel au Bénin 7- Contrôle de l'exécution des dispositions légales 8- Rôle des institutions de la société civile appuyant les groupements féminins dans la persistance du phénomène au Bénin 9- Stratégie pour réduire l'ampleur de l'économie informelle au Bénin 10- Nature des relations avec les institutions et les groupements de femmes 11- Existence de conflits 12- Suggestions et recommandations QUESTIONNAIRE - ENQUETE SUR LES GROUPEMENTS FEMININS DANS L'ECONOMIE INFORMELLE A COTONOU
Nom enquêteur: N°Enquêteur: Commune: Arrondissement: Quartier: Lieu précis de l'enquête: Date: Heure: Langue utilisée:
IDENTITE DE L'ENQUETE Nom du groupement :___________________________________________________ Adresse/Tél:___________________________________________________________ Activité principale :____________________________________________________ Institution partenaire : __________________________________________________ Historique du partenariat :________________________________________________ Cadre du partenariat :____________________________________________________ Nom et prénom du membre:_______________________________________________ Age :__________________________________________________________________ Ethnie :________________________________________________________________ Activité/Responsabilité du membre :________________________________ _____ __ NB : Ecrire la bonne réponse dans le cadre à côté de la question
CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE DU MEMBRE ET CROYANCES
1- Etes vous mariée ? 1-Oui 2-Non
2- Avez-vous des enfants? 1-Oui 2-Non
3- Vont-ils tous à l'école ? 1-Oui 2-Non
4- Avez-vous appris un métier ? 1-Oui 2-Non
5- Si oui, lequel? _________________________________________________________________________
6- Etes-vous salariée ou retraitée ? 1-Salariée 2-Retraitée 3-Néant
7- Quelles autres activités professionnelles avez-vous exercées avant d'adhérer au groupement ? 8- Changiez-vous régulièrement d'activité ? 1-Oui 2-Non
9- Depuis votre adhésion au groupement, quelle autre activité exercez-vous parallèlement ?________________________________________________________________________
10- Dans quelle proportion participez-vous aux charges de votre ménage? 1-Moins de 50% 2-Plus de 50%
11- Quel est votre revenu moyen journalier (par jour)? 1- De 0 à 500F 2- De 500F à 1000F 3- De 1000F à 2000F 4- Plus de 2000F
12- Savez-vous lire et écrire? 1-Oui 2-Non
13- Si oui, dans quelle langue ? a- Français 1-Oui 2-Non b- Arabe 1-Oui 2-Non c- Fon 1-Oui 2-Non d-Goun 1-Oui 2-Non e- Autre 1-Oui 2-Non
14- Si oui, quel est votre niveau d'instruction ? 1- Aucun 2- Primaire 3-Secondaire 1er cycle 3- Secondaire 2nd cycle 4- Universitaire
15- Quelles sont vos croyances en relation avec l'argent et la richesse? _________________________________________________________________________
16- Parmi les sources de richesse suivantes, laquelle est la plus juste selon vous? 1-Le travail 2-Dieu 3-Le destin 4-La chance
17- Par quel canal établissez-vous vos transactions? 1-La Parole 2-L'écrit 3-Autre
18- En laquelle de ces institutions avez-vous le plus confiance ? 1-L'Etat 2-La mairie 3-ONG/IMF 4-CERPA
19- Pensez-vous pouvoir confier l'établissement de vos recettes/dépenses à un tiers (un comptable) ? 1-Oui 2-Non
20- Où gardez-vous votre argent ? 1-A la maison 2-Dans une Banque 3-Dans une Microfinance
21- Pourquoi pensez-vous qu'il est plus sùur de garder son argent à la maison? _________________________________________________________________________
22-Pour vous, est-il important de garder ses opérations secrètes pour le succès en affaires? 1-Oui 2-Non
MAITRISE DE LA REGLEMENTATION EN VIGUEUR
1- Avez-vous une comptabilité régulière dans le groupement ? 1-Oui 2-Non
2- Réinvestissez vous parfois dans le groupement ses bénéfices ? 1-Oui 2-Non
3- Savez-vous que les groupements féminins sont des associations et doivent remplir des formalités légales (autorisation/enregistrement)? 1-Oui 2-Non
4- Avez-vous cette autorisation ? 1-Oui 2-Non
5- Si non, pourquoi ? _________________________________________________________________________
6- Comment définissez-vous l'impôt? _________________________________________________________________________
7- Payez-vous des impôts et taxes ? 1-Oui (A Préciser) _______________ 2-Non
8- Si non, dites pourquoi ? _________________________________________________________________________
9- Quelle est la fréquence du paiement de ces impôts ? 1-1 fois /an 2-Autre (A préciser) _____________________
10- Pensez-vous que l'Etat a raison de prélever ces sommes ? 1-Oui 2-Non
11- Pensez-vous que travailler dans le secteur formel pourrait transformer votre vie ? 1-Oui 2-Non
12- Si oui, pourquoi ? _________________________________________________________________________
FONCTION DU GROUPEMENT ET INTERACTIONS
1- Quelle est l'histoire de la création du groupement? _________________________________________________________________________
2- Quel est le motif du choix de l'activité principale? _________________________________________________________________________
3- Quels sont les critères d'adhésion à votre groupement? _________________________________________________________________________
4- Avez-vous des membres salariés dans votre groupement? 1-Oui 2-Non
5- Le groupement possède-t-il des documents légaux (Statut & règlement intérieur) ? 1-Oui 2-Non
6- Si non, pourquoi? _________________________________________________________________________
7- Si oui, les membres y ont-il accès? 1-Oui 2-Non
8- Que pensez-vous de l'entente et de la solidarité qui règnent dans le groupement ? Sont-elles: a- Bonne b-Moyenne c-Mauvaise
9- 9- Existe-il des sources de conflits ? 1-Oui 2-Non
10- Si oui, lesquelles ? 1-Le pouvoir 2-La répartition des bénéfices 3- L'organisation du travail 4-Autre (A préciser) __________________________________
11- Comment faites-vous pour résoudre les désaccords ? 1- Consultation des membres 2- Médiation 3- Renvoie du membre
12- Comment répartissez-vous les tâches dans le groupement ? 1- Chaque membre est autonome 2- Le groupement répartit les tâches
13- Comment fabriquez-vous vos produits ? _________________________________________________________________________
14- Où trouvez-vous vos fournisseurs de matières premières ? 1- A Cotonou 2- Dans une autre ville 3- Dans un village
15- Comment fixez-vous vos prix ? _________________________________________________________________________
16- Comment commercialisez-vous vos produits ? 1- Vendeuse ambulante 2- Local, Stand ou étalage 3- Sur commandes 4- Par exportation
17- Si vous êtes devenue une vendeuse est-ce parce que : 1- Les frais d'installation et de location sont trop élevés 2- Pour mieux aller à la rencontre du client 3- Par habitude
18- Qui sont vos clients habituels ? 1- Les ménages 2- Les petites entreprises 3- Les grandes entreprises 4- Autre ( A préciser ) ______________________
19- Comment répartissez-vous les revenus du groupement ? 1- Chaque membre garde les revenus issus de ses activités 2- Avec des salaires fixés 3- Le groupement répartit les revenus selon les recettes effectuées 20- Quelle est la hiérarchie au sein du groupement ? 1- Présidente, Secrétaire, Trésorière 2- Présidente, Secrétai 3- Présidente seule 4- Autre
21- Les membres des familles des femmes interviennent-ils dans le fonctionnement du groupement? 1-Oui 2-Non _( A préciser) _________________________________________________ 22- A quoi servent réellement les recettes? _________________________________________________________________________
23-Existe-t-il des conflits entre votre groupement et d'autres groupements? 1-Oui 2-Non 24- Si oui, préciser leurs source______________________________________________
25-Existe-t-il des conflits entre votre groupement et l'institution partenaire? Ou bien avec l'Etat? 1-Oui 2-Non
24- Si oui, préciser leurs source______________________________________________ Annexe 3 : Listes des enquêteurs et des enquêtés LISTE DES ENQUETEURS 1. ADJOVI Ingrid Sonya M. 2. VINANON Christiane 3. KODJOGBE Irette 4. GNIMAVO Iréné LISTE DES FEMMES ENQUETEES 5. GANDJO LAURE 6. AHISSOU PASCALINE 7. TOKPLO JERONIME 8. HOUNTI JEANNE 9. ANANI AFIAVI 10. MEKPATO VIRGINIE 11. AGOSSOU 12. EBA VIRGINIE 13. HOUANSSOU ANNE 14. CHABIBMAMANGUGA 15. DOSSOU EDWIDGE 16. MAMAN MONIQUE TIMOTE 17. KPATENON ANNE MARIE 18. HOUSSOU JULIETTE 19. AFFAKPENON LOUISE 20. MEHINTO DELPHINE 21. KPOGNO VERONIQUE 22. MAMAN PAULINE 23. AWANSSOU JUDITH 24. SEZOGBLIKPO SESIWEDE 25. AKUETE BERNADETTE 26. VIDEDOGBA FLORENTINE 27. KIKI CONFIDANTE 28. ATIGBE MOSSI 29. ADANME GUSSI 30. TOGBASSA LEONTINE 31. WABA 32. VINANDO CECILE 33. BOGNON ULRICHE 34. BABADJIDE MANDINAN 35. KESSIHOUEDE FRANCOISE 36. ALLOMAI HONORINE 37. DALODE VICTORINE 38. ADEBAYO VICTORINE 39. AZONNANOU EMMA 40. ESSE ABLA ODETTE 41. GANDEME GENEVIEVE 42. FATIMA ALIDOU 43. HOUNGUEVOU AKOUA 44. KAHOUNNON MADELEINE 45. KOBA MARIE 46. AFFACHAO BERNADETTE 47. DOSSOU JOSEPHINE 48. MAMA ALIMATOU 49. MELIHO JOCELYNE 50. NAGA JEANNE 51. HODONOU BRIGITTE 52. SOMÔ SIGNOLINE 53. TCHOPE ANNE-MARIE 54. CAKPO ALBERTINE 55. ASSOGBA LEONTINE 56. AYISSOU RALIMATOU 57. KAMAHOSSOU HONORINE 58. AVOSSETIN JOSEPHINE 59. N'FFI HENRIETTE 60. WAYOUê MARIE 61. KONATE EDITH 62. KPLAGBê ELISABETH 63. AGOYINON ESTELLE 64. LOKOSSOU CHRISTINE 65. DANGNIHOU AFIAVI 66. QUENUM ANAGOUMI 67. AKPONNON 68. AGBOSSOU LUCIE 69. MAMAN TANTAN 70. MAMAN TINE 71. MME BEATRICE 72. MAMAN AGATHE 73. AMOUSSOU ELISABETH 74. FABDY EDITH 75. TONUKOUIN ELISABETH 76. FANDY ELISABETH 77. QUENUM REINE 78. AGOYINON JUSTINE 79. BOKO ANNE 80. MAMAN 81. DA GBADJI 82. BALOGOUN ALINE 83. GNONLONFOUN LOUISE 84. MME LOKOSSOU 85. MARTINE 86. AKOSSIWA 87. FABDY ELISE 88. TONASSE ALINE 89. LONDJI AKUELE 90. AKOUAVI 91. EBAH AGATHE 92. AKUAVI ANANI 93. KPASSENON LINE 94. BERNADETTE AMOUSSOU 95. GANDAHO FLORE 96. CHABI ADAMA 97. AHOUNOU PASCALINE 98. MME TOKPLO 99. REFUS DE S'IDENTIFIER 100. REFUS DE S'IDENTIFIER 101. REFUS DE S'IDENTIFIER 102. REFUS DE S'IDENTIFIER 103. REFUS DE S'IDENTIFIER 104. REFUS DE S'IDENTIFIER LISTE DES GROUPEMENTS DE FEMMES ENQUETES 1. AMAZON NONVIGNON 2. DJLO MAHUTON 3. SOTIE DOTOE 4. WANGNIGNI 5. MAHUTIN 6. YAYI BON N°11 7. NOVIGNON 8. YAYI BONI N°29 9. AIDOTE 10. YAYI BONI N*3 11. YAYI BONI N10 12. YAYI BONI N°7 13. GBENONKPO 14. YAYI BONI N° 52 15. YAYI BONI° N 42 16. WANGNINAN 17. ENANGNON 18. YAYI BONI N°24 19. YAYI BONI N°5 20. YAYI BONI N°14 21. MAHUDJRO 22. LA JOIE 23. VIVOGBE 24. AEC CADJÔHOUN 25. AVM DE CADJEHOUN 26. NONWE 27. MAWUGNON 28. MAWUGNON 29. ASSOCIAT. GBêNONKPO 30. SEMEVO 31. DAMENDA 32. ECHEP 33. MAWUTON 34. GBêDêKPO 35. ECHEP 36. ZOBLIGBO 37. AEC GBEGAMEY 38. GBEDEKPO 39. CAISSE DES FEMMES 40. BUREAU NOIR 41. ECHEP 42. CAMUFE 43. ECO-TONTINE 44. ANIGBOKIN 45. MAWU MA WON MêEDE 46. JESU NAN ME 47. SEDJROGANDE 48. AYIDOTE 49. BEDONKPO 50. BEDONKPO 51. NON NA VA 52. GBIGBOTIN 53. IFE IDOU 54. NONVIGBE 55. DO HANMI 56. MIBLO NONVI MIFON 57. MIFON 58. BEDON KPO 59. NONVIDE 60. GFT 61. COFEMA 62. NON NA VA 63. NONVI GBE 64. G F POISSON-CREVETTE 65. G F POISSON-CREVETTE 66. MAHOUNA 67. DJLOMAHOUTON LISTE DES INSTITUTIONS PARTENAIRES 1. PADME 2. ONG MINONKPO 3. FIB 4. ONG BETHESDA 5. ONG NONVIGNON 6. MAIRIE DE COTONOU 7. VITALEFINANCE 8. BRS 9. ONG ALIDEE 10. AFPB 11. ASSEF 12. CECPA 13. MICROFINANCE ECHEP 14. CAMUFE 15. ACFB 16. ONG GRADH 17. ACEB 18. FINADEV (MCPP)
LISTE DES RESPONSABLES ET AGENTS D'INSTITUTIONS PARTENAIRES INTERROGES 1 TOYI Hyacinthe 2 EDOU Débora 3 Mme Christelle 4 SAGBO Alain 5 AYIDAHAN Lidvine 6 FANOU Gilbert 7 YANKPE Sophie 8 WANKPON Herbert 9 TOI Carlos 10 YADEDJI - GODONOU Julienne 11 DOSSOU-YOVO Mesmin 12 HOUSSOU Valère 13 YELLOU Paulin 14 AGUIAR Eunice 15 DOSSOU Serge 16 KONATE Edith épouse SAVI 17 KOUDEZIN Agapit 18 DEGNON Odette 19 OGOUNGBE Christian 20 DOSSOU Emile 21 HODONOU Eulogies 22 GUEDEGBE Gabin 23 KPOMAHOU Nathalie 24 NAGNONHOU S. 25 REFUS DE S'IDENTIFIER DES 5 STAGIAIRES ENQUETES 19. 20. 21. LISTE DES PERSONNES RESSOURCES DES DEPARTEMENTS MINISTERIELS INTERROGEES 22. 1. MIGUEL Virginie 2. ADDA Nicéphore 3. GUIDADE Gustave 4. SADO Nazaire 5. M. ALLAGBE 6. Mme DINE 7. M. LANTOKPODE 8. ADJANNA Marouf 9. Mme BEHANZIN-DJOGBENOU 10. SOVI Georges 26 27 28 TABLE DES MATIERES29 30 31
| "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots" |