Section 3 :
Les Effets de l'Elargissement de l'UE aux NM sur les
Exportations Tunisiennes.
Au Sommet de Copenhague des 12 et 13 décembre 2002,
l'UE a décidé d'admettre dix nouveaux membres (NM) le 1er mai
2004 dont 8 pays du groupe des PECO (35) (Hongrie, Pologne, République
Tchèque, Slovénie, Slovaquie, Estonie, Lettonie et Lituanie) et 2
pays méditerranéens (Malte et Chypre) ce qui représente
des enjeux pour l'économie tunisienne et notamment pour certains
secteurs exportateurs.
§1 - Meilleurs Accès des produits
Tunisiens sur le Marché des NM :
Par leurs Adhésions à l'UE, les NM seront
amenés à aligner leurs droits de douane grevant les marchandises
en provenance de la Tunisie sur les taux en vigueur dans l'UE, ce qui se
traduira par une baisse des tarifs douaniers supportés par les
exportations tunisiennes à destination de ces pays.
Dans telles conditions, les exportateurs nationaux auront la
l'attitude de mettre à profit les opportunités de conquête
des nouveaux marchés à la faveur d'un meilleur accès sur
ces marchés. Les principaux impacts détectés dans le cadre
de ce scénario sont les suivants :
Entre 1995 et 2000, les recettes des exportations tunisiennes
vers ce groupe de pays ont progressé de moitié en passant de 29
à 43 millions $ correspondant à un rythme annuel de croissance de
l'ordre de 8.6%, elles ne représentent cependant, que de faibles
proportions des exportations globales de biens de la Tunisie, soit autour de
0.5% en 1993, et 0.7% en 2000.
En termes de part de marché, ces exportations ne
constituent qu'une très faible part des importations totales des PECO-8,
soit 0.03%, qui s'est d'ailleurs stabilisée autour de ce niveau tout au
long de la période 1993 - 2000.
Leur structure par catégorie de produits
révèle une prédominance des équipements et des
produits primaires qui ont accaparé, en 2000, près de 70% des
exportations destinées aux PECO-8.
Une progression pour les biens de consommation est,
également, observée avec 5% en 1995, et 21% en 2000, tout comme
pour les intrants dont la part dans le total est passé de 0.7% à
3.6% pour ces deux années.
______________________________________________________________
(35) : Pays à Economie Communiste.
Les Exportations des produits primaires sont composées,
surtout de minerais qui ont, d'ailleurs, enregistré une tendance vers la
baisse avec 65% en 1995 et 32.4% en 2000, tandis que les biens de consommation
sont constitués, notamment, de vêtements de confection dont le
poids a accusé une hausse sensible avec 3.5% et 17% pour les mêmes
années.
Tableau 12 : Exportations de la Tunisie
vers les PECO-8 (Millions US $) :
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Primaires
|
19.2
|
20
|
25.6
|
15.5
|
19.1
|
14.7
|
Manufacturés
|
0.2
|
0.1
|
0.0
|
0.1
|
0.8
|
0.2
|
intrants
|
0.7
|
2.1
|
3.3
|
2.9
|
3.5
|
3.6
|
Equipements
|
0.9
|
0.7
|
2.4
|
3.8
|
6.1
|
14.3
|
Produits mixtes
|
5.8
|
0.3
|
1.1
|
1.7
|
1.2
|
1.1
|
consommation
|
1.4
|
3.3
|
3.9
|
9.4
|
10.3
|
9.2
|
NDA (36)
|
0.4
|
0.6
|
0.0
|
1.0
|
1.1
|
0.0
|
Total
|
25.8
|
27
|
36.4
|
34.3
|
41.5
|
43.1
|
Source : Eurostat-compilation IEQ
§ 2- Performance Relative des Exportations
Tunisiennes par rapport aux NM sur le marché de
l'UE :
1) Similarité des Exportations de la Tunisie
et des NM sur l'UE :
L'analyse de la structure des exportations des parties
concernées pour les années 1995 et 2001 montre que les
exportations Tunisiennes sont prédominées par les secteurs THC et
IME qui accaparent, à eux seuls, près de 78% du total des
exportations ; Les NM ont vu la part des IME se renforcer davantage
après l'entrée en vigueur des Accords d'Association avec l'UE-15.
Ce mouvement vers la concentration sur les IME qui s'est
effectué au détriment des THC risque de déboucher, en cas
de retournement de la conjoncture internationale, sur un choc sectoriel
susceptible de se transformer en un choc régional.
En effet, à côté du renforcement de
certains produits traditionnels que sont les échanges de
vêtements, d'acier et de meubles, on assiste à l'émergence
de nouveaux créneaux tels que l'informatique, l'automobile et
l'électronique grand public ; Les pays baltes (Estonie, Lituanie et
Lettonie) ont amélioré leur part dans le secteur des industries
diverses tout en continuant à se positionner favorablement dans les IME
et, à un degré moindre, dans le THC ; Les pays de la rive sud de
la Méditerranée (Malte et Chypre) semblent avoir choisi, à
l'instar des NM, de se spécialiser dans l'exportation des produits du
secteur des IME.
(36) : minéraux.
En outre, les investigations effectuées, a cet
égard, révèlent que la nature des exportations tunisiennes
et leurs structures diffèrent de celles des NM laissant, ainsi, penser
que ces derniers ne constitueront pas véritablement une source de
craintes pour la Tunisie dans la mesure où l'indice de similarité
entre ces deux parties s'est, non seulement maintenu constant entre 1995 et
2001, mais s'est stabilisé à un niveau relativement
élevé. Ce résultat global dissimule, toutefois, des
disparités entre pays.
Si la Lituanie, l'Estonie et Malte ont un indice de
similarité relativement faible, laissant entrevoir qu'ils sont en mesure
de concurrencer la Tunisie sur le marché communautaire, il n'en est pas
de même pour les autres candidats qui présentent, au contraire,
une structure d'exportations relativement différente de celle de la
nôtre.
Tableau 13 : Indice de similarité
entre les Exportations de la Tunisie et des pays
candidats :
Pays
|
1995
|
2001
|
Lituanie
|
0.56
|
0.48
|
Estonie
|
0.59
|
0.56
|
Lettonie
|
0.77
|
0.67
|
Tchèque
|
0.68
|
0.68
|
Hongrie
|
0.66
|
0.67
|
Slovénie
|
0.69
|
0.67
|
Slovaquie
|
0.68
|
0.63
|
Malte
|
0.66
|
0.57
|
Chypre
|
0.75
|
0.79
|
NM
|
0.61
|
0.61
|
Source : Eurostat-compilation IEQ
2) Part de Marché et Intensité de
Concurrence :
· Agriculture et Industries
Agro-alimentaires: IAA
Les parts de marché dans les IAA varient amplement
d'une année à l'autre dans la majorité des NM et sont
très élevées en Pologne, Hongrie et République
Tchèque. Ces trois pays n'exercent pas, cependant, de concurrence sur
les exportations de la Tunisie puisqu'ils exportent, surtout, du cheptel, de la
viande et abats comestibles et des dérivés
céréaliers alors que les exportations de la Tunisie, dans ce
secteur, sont concentrées, essentiellement, sur l'huile d'olive.
· Textile Habillement et Cuir:
THC
Le secteur THC a connu, quant à lui, de grandes
mutations à l'échelle mondiale (ATV, accession de la Chine
à l'OMC) qui ont entravé l'évolution des parts de
marché des pays méditerranéens et des PECO qui ont
enregistré des performances moindres durant la période de
transition. En revanche, les pays baltes dont les parts de marché sont
relativement faibles ont connu un essor remarquable en termes de croissance.
Il est à signaler que parmi les NM, 3 pays du groupe
des PECO concurrencent les exportations tunisiennes dans ce secteur mais que
cette perspective de concurrence ne devrait pas susciter de fortes craintes
comparativement à la situation par rapport à la Chine (17.7%), la
Turquie (8%), la Roumanie (6.7%), l'Inde (6%) et le Maroc (5.8%).
D'autres pays asiatiques, tels que, le Bengladesh et le
Vietnam sont en train de renforcer leur position sur le marché
européen et risquent de porter préjudice à la position de
compétitivité de notre pays.
Tableau 14 : Part de marché et
intensité de concurrence des THC :
Pays
|
Part de marché
|
Intensité de concurrence
|
|
1995
|
2001
|
2001
|
Tunisie
|
3.5
|
3.7
|
-
|
Pologne
|
3.7
|
3.2
|
2.8
|
Hongrie
|
2.1
|
1.9
|
2
|
Tchèque
|
1.9
|
1.9
|
1.5
|
Slovaquie
|
0.9
|
1.1
|
1
|
Slovénie
|
1.3
|
0.8
|
-
|
Lettonie
|
0.2
|
0.3
|
-
|
Lituanie
|
0.4
|
0.8
|
-
|
Estonie
|
0.3
|
0.8
|
-
|
Malte
|
0.3
|
0.2
|
-
|
Chypre
|
0.2
|
0.1
|
-
|
Source : Eurostrat -Compilation IEQ
· Industries Mécaniques et
Electriques : IME
Pour ce qui est du secteur des IME, l'analyse
révèle que ce sont la Hongrie, la République
Tchèque et la Pologne qui accaparent les parts les plus importantes
alors qu'en termes d'évolution, c'est plutôt l'Estonie qui a connu
un essor notable, suivie de la Hongrie et de la Slovaquie.
En outre, les PECO n'ont cessé d'exercer une
concurrence de plus en plus ardue sur les exportations de la Tunisie en ces
produits. Néanmoins, cette intensité de concurrence demeure
faible en comparant à celle qu'exerce actuellement la Chine (6.7%).
Dans ce contexte et comparativement aux NM, l'analyse de nos
exportations selon le degré de dynamisme 35 et le degré de
montée en gamme est cruciale. Les investigations empiriques montrent que
les NM, hormis la Lettonie et la Lituanie, ont mieux réussi à se
positionner sur les produits dynamiques et les marchés en expansion.
Tableau 15 : Part de marché des IME
et intensité de concurrence (%) :
Pays
|
Part de marché
|
Intensité de concurrence
|
|
1995
|
2001
|
2001
|
Tunisie
|
0.2
|
0.3
|
-
|
Pologne
|
2.1
|
3
|
3.2
|
Hongrie
|
1.7
|
4
|
3.5
|
Tchèque
|
1.9
|
3.7
|
3.5
|
Slovaquie
|
0.7
|
1.2
|
-
|
Slovénie
|
1.0
|
0.8
|
1.1
|
Lettonie
|
0.1
|
0.1
|
1.1
|
Lituanie
|
0.1
|
0.1
|
-
|
Estonie
|
0.1
|
0.3
|
-
|
Malte
|
0.3
|
0.2
|
-
|
Chypre
|
0.2
|
0.1
|
-
|
Source : Eurostat-Compilation IEQ
Tableau 16 : Intensité de
Concurrence :
Pays
|
Parts de marché
En 1995
|
Parts de marché en 2001
|
Intensité de concurrence
|
Tunisie
|
0.6
|
0.6
|
-
|
Pologne
|
2.2
|
2.6
|
2.3
|
Hongrie
|
1.4
|
2.4
|
1.9
|
Tchèque
|
1.7
|
2.4
|
1.9
|
Slovaquie
|
0.6
|
0.8
|
-
|
Slovénie
|
0.8
|
0.6
|
-
|
Lettonie
|
0.2
|
0.2
|
-
|
Lituanie
|
0.2
|
0.3
|
-
|
Estonie
|
0.2
|
0.3
|
-
|
Malte
|
0.2
|
0.1
|
-
|
Chypre
|
0.1
|
0.1
|
-
|
Source : Eurostat-Compilation
IEQ
En définitif, l'élargissement de l'UE
aux PECO implique pour certains secteurs exportateurs tunisiens comme THC, des
pertes non négligeables liées à l'émergence d'une
concurrence nouvelle sur le marché de l'UE.
Néanmoins, l'élargissement de l'UE pourrait
également se traduire par des effets positifs sur les secteurs
exportateurs de cette manière la Tunisie peut augmenter ses ventes sur
le marché européen et compenser les pertes dues à
l'élargissement.
Suite à la signature de l'accord avec l'UE, les
exportations Tunisiennes ont connu une évolution considérable
surtout au niveau du secteur des textiles, habillements et cuirs avec un taux
de accroissance annuel moyen de 8% et celui de l'industrie
métallurgique, mécanique et électrique passant d'une part
de 11,71% en 1993 pour atteindre 27,13% en 2007 du total des exportations
tunisiennes.
Une évolution appréciable dans la production des
ciments avec une augmentation de 35% et ce suite au développement du
secteur des matériaux de construction et la réalisation des
grands projets nationaux tout en enregistrant des valeurs importantes à
l'exportation 108,4 et 151,7 MDT en 2006-2007 contre 50,2 et 53,9 MDT en
2003-2004.
L'élargissement de l'Europe (de 15 à 25 pays) a
causé au secteur traditionnel (textiles, habillements et cuirs) beaucoup
de difficultés engendrées par la nouvelle concurrence de ces
nouveaux membres.
Cependant, l'accord signé en 1995 n'a pas donné
un avantage supplémentaire à la Tunisie puisqu'elle
bénéficie d'un régime préférentiel avec
l'UE depuis 1976 sauf pour quelques produits agricoles et de pêches
où la Tunisie n'est pas autosuffisante.
A travers les nouvelles stipulations de l'accord d'association
Tunisie-UE de 1995, la Tunisie a pu préparer un environnement
proportionnellement propice à la compétitivité et à
la concurrence internationale par l'intermédiaire de maintes
coopérations tel que :
Premièrement, la coopération économique
qui instaure une vaste zone de libre échange par la suppression graduel
des barrières tarifaires pour que les exportations tunisiennes puissent
conquérir le marché européen ; ce que nous avons
constaté au niveau de l'accroissement de ses exportations surtout vers
le marché européen au détriment du reste du monde
(détournement des exportations vers les pays hors UE) ce qui nous a
laissé dépendant de ces derniers pour en couler nos produits.
Dés l'entrée en vigueur de l'accord (ZLE) et
particulièrement la rubrique concernant l'aspect économique, on
remarque une évolution claire et dominante des exportations tunisiennes
dans le secteur des textile, habillement et cuirs avec une part avoisinant les
50%. Une évolution appréciable dans la production des ciments
avec une augmentation de 35% et ce suite au développement du secteur des
matériaux de construction et la réalisation des grands projets
nationaux tout en enregistrant des valeurs importantes à l'exportation
108,4 et 151,7 MDT en 2006-2007 contre 50,2 et 53,9 MDT en 2003-2004.
Il convient à souligner que la Tunisie est devenue le
cinquième fournisseur de l'UE pour ce secteur, suivi ensuite par celui
des industries mécaniques et électriques qui occupe
progressivement une part de plus en plus importante.
Mais, pour le secteur agro-alimentaire on observe une forte
influence des exportations de l'huile d'olive qui passe de 29,78% en 1987 pour
atteindre en 2006 et 2007 respectivement 44,38% et 36,86%.
Deuxièmement, la coopération financière
joue à coté de la coopération économique un
rôle suprême au niveau de la promotion des exportations par le
billet des mesures d'accompagnement, les prêts accordés par la
Banque Européenne d'Investissement et les différents capitaux
étrangers qui représentent des moyens de financements
nécessaires qui servent à mettre à niveau et
préparer un environnement adéquat à ces derniers. Ceci
affecte positivement les entreprises exportatrices Tunisiennes malgré
l'existence de certaines contraintes telles que les exigences en matière
de qualité, des délais et des services après vente ;
néanmoins l'élargissement de l'UE aux nouveaux membres
constituent des nouvelles contraintes et entrave les exportations tunisiennes
puisqu'ils constituent des concurrents potentiels de la Tunisie.
En effet, les exportations Tunisiennes ne tireront pas un
avantage supplémentaire du nouvel accord, puisqu'elles
bénéficient déjà du même régime
préférentiel instauré par l'ancien accord de 1976, sauf
pour quelques produits agricoles et de la pèche où la Tunisie
n'est pas autosuffisante dont les conditions viennent légèrement
d'être amélioré sous réserves de respecter des
normes très rigoureuses.
Toutefois, l'amélioration de la capacité
compétitive des produits est tributaire des résultats à
terme des opérations des restructurations des entreprises.
Raisonnablement, on ne peut retenir l'accroissement des
exportations comme un effet potentiel des nouvelles stipulations
économiques et financières de l'accord.
Une question se pose est ce que cet accord et
précisément la ZLE qui aura fin en 2010 ajoutera un
progrès à l'économie tunisienne, une amélioration
et évolution de ses exportations ? Aura-t-il un renouvellement de
l'accord pour que la Tunisie puisse se développer et conquérir le
marché européen pour mieux s'intégrer dans le bassin
méditerranéen en vue d'être un jour un pays
développé ?
|