- - CHAPITRE 2
- ANALYSE DES EFFETS INFLATIONNISTES SUR LA CONSOMMATION DES
PRODUITS PETROLIERS
- - Sous ce chapitre, nous allons présenter et
interpréter les résultats de notre étude qui avait comme
objet de montrer comment la consommation de produits pétroliers a
évolué ces huit dernières années face à
l'inflation ainsi que les causes et les effets d'entrainements de cette
dernière.
- 2.1. L'INFLATION ET SON COMPORTEMENT
-
- La perte du pouvoir d'achat étant un des
éléments qui caractérise l'inflation, il est donc
important de comprendre les conséquences qu'elle entraîne sur les
revenus et sur la production. La hausse des prix se traduit par des effets
négatifs comme la détérioration des conditions de vie des
personnes à revenus fixes, ainsi que l'inefficacité des
prévisions économiques. Cependant il faut noter que l'inflation
conduit également à des modifications sociales en favorisant
certaines catégories des personnes dont les revenus sont indexés
et pénalise les autres.
- 2.1.1. Evolution de l'inflation de 2000 à 2007
- Généralement, le délabrement du tissu
économique observé en République démocratique du
Congo en général, particulièrement dans la ville de Bukavu
ces dernières années ; pousse la plupart des
opérateurs économiques à se spécialiser dans
d'autres créneaux pour minimiser les dégâts relatifs
à la baisse de leurs recettes réelles. Les politiques
macro-économiques ont une incidence réelle sur les
activités des circuits formel et informel. L'inflation affecte toutes
les couches de la population mais les conséquences sont insoutenables
pour les individus démunis.
- Le taux d'inflation a beaucoup entraîné
l'incertitude dans la détermination du prix réel et a
entravé la compétitivité de l'économie du pays. Les
données qui nous ont permis de tracer la courbe de tendance relatives au
taux d'inflation durant les huit ans considérés sont
présentées au tableau 5.
- Tableau 5 : Evolution du taux d'inflation de 2000
à 2007.
- Année
|
- 2000
|
- 2001
|
- 2002
|
- 2003
|
- 2004
|
- 2005
|
- 2006
|
- 2007
|
- Taux en %
|
- 451,44
|
- 357,0
|
- 20,28
|
- 9,97
|
- 31,74
|
- 6,46
|
- 34,18
|
- 9,90
|
- Source : Banque centrale du Congo
-
- La figure 3 présente la courbe de l'évolution
du taux d'inflation de l'année 2000 à l'année 2007.
- Graphique 1 : Evolution du taux d'inflation de 2000
à 2007
- - 2.1.2. Approche évaluative de l'inflation
année par année
- a. Pour l'année 2000
- - Cette année a été essentiellement
marquée par une dépréciation de l'inflation, soit de
526,61% en 1999 contre celui de 451,44% en 2000. Ceci serait dû à
la guerre du RCD qui prévalait dans l'Est du pays à
l'époque. Selon la Banque Centrale (Rapport annuel, 2000, p. 21), la
situation politique du pays n'a pas permis aux autorités
monétaires de bien contrôler la masse monétaire. Pendant ce
temps, toutes les activités étaient paralysées suite
à l'instabilité qui régnait dans la partie Est de la
République et qui n'a pas permis aux opérateurs
économiques d'effectuer de nombreuses sorties pour ravitailler la ville
en produits de consommation courante. Vu cette absence sur le marché,
chaque acteur, s'il ne quitte pas le marché, développait ses
propres moyens de sécurité, ce qui aurait conduit à terme
à une implication de l'instabilité de la conjoncture
économique.
- Il faut souligner en outre ; que la mise en
circulation des Franc Congolais a coïncidé avec
l'éclatement de la guerre du 2 Août 1998. Comme conséquence
immédiate, les mesures d'encadrement éditées par
l'autorité monétaire pour assurer la stabilité de cette
nouvelle unité monétaire n'ont pas pu être
appliquées à cause de cette crise. D'où la tendance
haussière généralement remarquée dans la fixation
des prix et des cours de change pendant la période sous étude.
- b. Pour l'année 2001
- - L'année 2001 a été marquée par
l'instauration par la Banque Centrale du Congo d'un programme de stabilisation
macroéconomique dénommé Programme Intérieur
Renforcée en sigle ``PIR''. Ce dernier a été
élaboré avec l'assistance des services du Fonds Monétaire
International ``FMI'', et avait une double finalité à
savoir : stabiliser le cadre macroéconomique en vue de
préparer les conditions de la relance économique et favoriser la
reprise de la coopération internationale. Au plan
macroéconomique, le PIR avait pour objet ultime de casser
l'hyperinflation.
- Pendant ce temps, le taux est passé de 451,44 % en
2000 à 160,04 % en 2001. Cette dépréciation était
destinée à rétablir les conditions de rentabilité
des investissements par la mise en place d'un cadre légal susceptible de
sécuriser les biens et les personnes. De même, il a
été retenu la centralisation de toutes les recettes fiscales et
parafiscales à la Banque Centrale ainsi que l'abolition du
système de compensation des taxes dues à l'Etat avec ses
dépenses de consommation en bien et services (Banque Centrale du Congo,
Rapport annuel 2001, p. 22).
- c. Pour l'année 2002
- - Comparativement à l'année 2001, cette
année a été meilleure sur le plan conjoncturel, le taux
d'inflation est passé de 160,04 % à 20,28 % ; ce taux
était de deux chiffres contre trois pour l'année
précédente, suite à deux événements majeurs
qui sont la fin de l'exécution du PIR et le démarrage du
programme triennal 2002 - 2005 à partir du premier avril 2002. Le PIR a
été exécuté de manière satisfaisante et a
permis à la République Démocratique du Congo de
bénéficier des retombées importantes. Parmi celles-ci il y
a lieu de relever :
· La reprise de la coopération avec la
Communauté Financière Internationale après plus d'une
décennie de rupture ;
· L'apurement des arriérés envers les
principales créancières multilatérales grâces
essentiellement à un mécanisme de crédit relais consentis
à la RD Congo par la Belgique, la France, la Suède ainsi que
l'Afrique du Sud ;
· La restructuration de la dette envers le club de
Paris.
- Après l'exécution satisfaisante du PIR et dans
le but d'en consolider les acquis, le gouvernement a mis en place, depuis le
mois d'avril 2002 et avec le concours des partenaires extérieurs, le
programme triennal soutenu par la Facilité pour la Réduction de
la Pauvreté et pour la Croissance ``FRPC'', le crédit de la
relance économique et le crédit d'appui au programme
Multisectoriel d'Urgence de Reconstruction et de Réhabilitation
``PMURR'' de la Banque Mondiale ainsi que les ressources d'autres bailleurs
tels que la BAD, l'UE et le PNUD.
- Un autre élément important ; est que
pendant ce temps le vent de la réunification a commencé à
soufflé dans le pays, ce qui aurait permis aux autorités
monétaires d'avoir accès au contrôle de la masse
monétaire lentement mais sûrement.
- d. Pour l'année 2003
- - Cette année a été aussi
marquée par un recul de taux d'inflation qui passait de 20,28% en 2002
à 9,97 % en 2003. Au cours de cette année, le gouvernement a
poursuivi l'exécution de l'ensemble des mesures retenues dans le cadre
du Programme Economique du Gouvernement ``PEG''. Ce programme s'est
exécuté dans un contexte marqué par des progrès
notables au plan politique, avec la promulgation le 04 Avril 2003 de la
nouvelle constitution de transition et la mise en place, le 11 Juillet de cette
même année du Gouvernement d'Union Nationale (Banque Centrale du
Congo, Rapport annuel 2002 - 2003, p. 9).
- e. Pour l'année 2004
- - Pour ce qui est de l'année 2000 jusqu'en 2003, la
courbe du taux d'inflation était toujours descendante. On observe une
reprise d'inflation, soit de 9,97 % en 2003 à 31,74 % en 2004. Cette
hausse est due à des contre performances qui ont été
observées au niveau de la DGRAD. Lesquelles s'expliqueraient notamment
par la rupture des stocks des passeports ordinaires et autres imprimés
des valeurs.
- Néanmoins, au huitième mois, l'indice de prix
renseigne un ralentissement de l'inflation suite notamment à la
révision de la hausse de prix des produits pétroliers
opérés au cours de la première semaine du mois de
septembre 2004 où la monnaie a connu une stabilité relative.
- f. Pour l'année 2005
- - Par rapport à l'année
précédente, cette année a connu un recul du taux
d'inflation, soit de 31,74 % en 2004 à 6,46 % en 2005. Dans les premiers
mois, il y a eu une hausse brusque du taux de change au marché
parallèle, et progressive à l'officiel qui a eu fortement une
influence sur les prix des différents produits de première
nécessité et de consommation courante. En plus de cette hausse du
taux de change, d'autres faits peuvent expliquer cette flambée des prix,
il s'agit entre autres :
- Des conditions sécuritaires précaires, surtout
dans l'Est de la République ; dans les milieux ruraux qui
approvisionnent la ville ;
- De la brève inactivité des opérateurs
économiques après les festivités de fin
d'année ;
- La carence en carburant faisant passer le prix d'un litre
d'Essence et du Gasoil à 2 $ au marché parallèle à
la mi-janvier 2005 à Bukavu.
- Mais vers décembre, on a constaté une
diminution des prix de plusieurs biens de consommation courante suite à
la baisse du taux de change appliqué au marché parallèle,
taux influencé par celui pratiqué à l'officiel et à
l'appel lancé par l'autorité politique aux opérateurs
économiques (Banque Centrale du Congo, Rapport annuel des
activités économiques, 2005, p.14).
- g. Pour l'année 2006
- Par rapport à l'année 2005, le taux
d'inflation a connu une croissance, qui a conduit à une variation de
6,47 % en 2005 à 34,18 %. Cependant, de 2004 à 2006, le taux
d'inflation annuel en République Démocratique du Congo
connaît une remontée fulgurante qui perturbe le cadre
macroéconomique et risque de compromettre la croissance
économique attendue dans les prochains jours, le développement
humain de la population congolaise et, bien entendu, le point
d'achèvement et les chances de la République Démocratique
du Congo de voir sa dette extérieure réduite de plus de 90%.
(Banque Centrale du Congo, Rapport annuel des activités
économiques, 2006, p. 14).
h. Pour l'année 2007
- - Comparativement à l'année
précédente, cette année va encore connaître un recul
de l'inflation, soit de 31,18 % en 2006 à 9,90 % en 2007. Selon la
Banque Centrale du Congo (Rapport annuel, 2007, p. 14), la tendance la plus
dominante a été caractérisée sur le marché
de Bukavu par la stabilité des prix suite à la diminution du taux
de change, et qui cette dernière résulterait de l'accroissement
de l'offre des plusieurs produits sur le marché. Ceci montre que le taux
d'inflation demeure dans les limites du tolérable malgré les
effets d'une inflation importée causé par la hausse des prix du
pétrole.
|