1.1.2. L'INFLATION
DANS L'ENTREPRISE
1.1.2.1. Nature du problème
L'inflation fausse complètement la gestion des
entreprises en leur donnant l'illusion de réaliser des profits, alors
que ceux - ci ne sont pas nominaux, en déformant les calculs de
rentabilité et en faisant asseoir les impôts sur des gains
fictifs. Elle fausse également l'estimation de leur valeur
patrimoniale.
Dans cet état de choses, il se pose un problème
d'évaluation du patrimoine de l'entreprise, parce que l'unité de
mesure change constamment de valeurs dans le temps. Ainsi, il faut trouver
comment mesurer les ressources, les coûts et les revenus en
période de forte inflation tant que les distorsions qu'elle provoque
sont importantes au niveau micro et macroéconomique.
Selon A. SENETERE (1980, p.1), les effets néfastes de
l'inflation imposent la nécessité de procéder à des
corrections des informations comptables pour aboutir à des
résultats, à une valeur patrimoniale reflétant d'une
manière plus sincère la réalité contrairement au
système comptable classique qui comptabilise les biens non -
monétaires à leurs coûts historiques d'acquisition.
Cette comptabilité d'inflation vise non seulement
à améliorer l'information financière, mais
également à reconnaître un résultat qui tient compte
des effets de l'inflation. Le résultat calculé sur base des
coûts historiques est également plus élevé que celui
des charges dues aux ajustements.
Les répercussions de l'inflation sur l'évolution
du patrimoine de l'entreprise ont des effets sur la dépréciation
monétaire dont :
- La sous-évaluation des valeurs immobilisées
amortissables, le calcul des amortissables et les calculs des amortissements
à leurs coûts historiques, ceci paraît insuffisant pour
permettre leur remplacement ;
- La dépréciation des créances en monnaie
nationale et les pertes de changes des dettes contractées en devises
étrangères ;
- L'évaluation des stocks par le choix de la
méthode qui donne de bons résultats ;
- La situation de trésorerie est faussée dans la
mesure où les liquidités obtenues des opérations
antérieures deviennent insuffisantes pour assurer le financement du
cycle d'exploitation.
1.1.2.2. Effets de l'inflation dans une entreprise
Les effets de l'inflation qui affectent le comportement des
entreprises peuvent être classées comme suit : ceux qui
affectent le management comme un tout, ceux qui concernent la planification,
l'information et processus de contrôle, et enfin ceux qui visent les
transactions.
a. Le mangement est principalement affecté par les
incertitudes causées par l'inflation et se traduisent par une
augmentation du nombre de variables requérant une analyse constante. Les
activités des entreprises doivent être menées dans le cadre
à haut risque marqué et très marqué par
l'intervention du gouvernement.
b. La planification, le système d'inflation et les
procédures de contrôle exigent les meilleurs instruments pour
mesurer l'impact de l'inflation. Plusieurs décisions doivent être
prises, plusieurs alternatives doivent être évaluées et
plusieurs difficultés sont à identifier par la
compréhension et l'interprétation de l'information
reçue.
Selon P. BEZBAKH et al. (2006, p. 61), les effets
principaux de l'inflation se font sentir sur la valeur réelle de
créances et de dettes, sur la rentabilité économique et
financière des entreprises et sur les échanges
extérieurs.
1°) Les transferts liés à l'endettement
et au placement
L'existence d'un endettement important fait apparaître
des transferts de revenus entre créanciers et débiteurs qui
peuvent devenir considérables en période de montée de
l'inflation. Celle-ci diminue en effet le coût réel de
l'endettement en fonction de la différence entre la hausse du niveau
moyen des prix et le taux d'intérêt débiteur.
Le phénomène qui explique la collaboration de
l'entreprise avec l'extérieur est que le circuit de circulation des
stocks est toujours lié aux dettes en amont et aux créances en
aval.
- Les créances : sont composées
d'éléments d'actifs monétaires (clients, prêts
à moins d'un an) sous rubrique de réalisations.
Pour bien gérer les créances, il faut les
indexer pour ne pas subir des pertes lors de la hausse de prix. Dans le cas
contraire, elles lui seront payées en une monnaie à pouvoir
d'achat faible. La perte que l'entreprise peut subir dans ce cas sera
enregistrée dans le compte 64 « Charges et pertes
divers » lesquelles charges et pertes viendront raboter le compte 82
« Résultat brut d'exploitation ».
- Les dettes : sont réparties en dette
à long, moyen et court terme et constituent des éléments
du passif.
Les dettes à long terme durent plus ou moins longtemps
dans l'entreprise. Pour que leur valeur soit gardée en pouvoir d'achat,
il faut les actualiser à l'aide d'un coefficient d'inflation ou
d'utilisation. Autrement, elles perdent leur valeur et seront
remboursées ou payées en monnaie ayant un pouvoir d'achat faible.
Dans ce cas-là, c'est le prêteur qui va perdre au profit de
l'entreprise.
En ce qui concerne les dettes à court terme, la logique
est la même, sauf que l'effet est moindre étant donné que
leur âge est inférieur ou égal à un an. Le gain que
l'entreprise réalise dans ce cas sera enregistré dans le compte
74 « Produits et profits divers », lesquels produits et
profits gonflent le compte 82 « Résultats brut
d'exploitation ».
2°) L'inflation et la rentabilité des
entreprises
Il est difficile d'apprécier l'effet de l'inflation sur
la capacité des entreprises à « faire du
profit », et sur leur taux de rentabilité (profit
rapporté du capital mis en oeuvre). Cet effet est pourtant d'une
importance considérable, car il détermine en grande partie le
volume des investissements et, par conséquent, le niveau de
l'activité.
En longue période, la hausse des prix est
généralement associée à des phases d'expansion, car
elle permet une stabilité, voire une hausse de la rentabilité des
investissements. « Mais après le premier choc
pétrolier, la montée de l'inflation s'accompagna d'une
dégradation de la rentabilité économique des entreprises,
et à la désinflation récente correspond, au contraire
à son redressement » (BEZBAKH, 2006, p.62).
3°) L'effet de levier et la rentabilité
financière
L'inflation exerce une action d'un autre ordre sur la
rentabilité des entreprises. En effet, comme elle réduit le poids
de la dette, les entreprises sont d'autant plus incitées à
recourir au financement externe que le taux de profit interne est
supérieur au taux d'intérêt des capitaux empruntés,
car une telle situation élève la rentabilité de leurs
fonds (ou capitaux) propres : c'est ce que l'on appelle « effet
de levier ».
4°) L'inflation et le commerce extérieur
Un effort différentiel entre un pays et ses concurrents
commerciaux tend à dégrader le solde de ses échanges
extérieurs puisque ses produits deviennent moins attractifs pour les
acheteurs étrangers par les produits importés.
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