DEDICACE
A mes parents AGBODJAN K. Gérard et TOGBEVI
Akoua,
REMERCIEMENTS
Nous témoignons toute notre reconnaissance et
notre gratitude à notre directeur de recherche, M. GNAKOU Ali
Pitaloumani pour nous avoir inculqué le goût de la recherche, de
la rigueur et de l'abnégation.
Nous remercions également M. GBEMOU KOKOU
ainsi que M. NAPO, membres du jury pour leur disponibilité.
Nous remercions vivement Mme. TSABA Adjo, M.
KOMLANVI Samuel, M. LACLE Adjé, M. GBETOUNOU Kossi, les soeurs AGBODJAN
(Aline, Solange, Aimée, Pierrette), M. DOGO Assém, M. NOUMON
Epiphane, le responsable du centre de documentation de l'O.M.S-Togo, et la
bibliothécaire du centre de documentation de la D.R.S.
Nous ne saurons rédiger cette rubrique sans
adresser nos remerciements à la famille APETOH-ANKOU pour le soutien
qu'elle nous a accordé, plus particulièrement à M.
APETOH-ANKOU Espoir.
Nous adressons également nos sincères
remerciements à la surveillante générale, au chef du
personnel du C.H.U et aux agents de santé, particulièrement
à l'infirmier FIANYO Hilaire qui a bien voulu sacrifier son temps en
acceptant de nous prodiguer d'utiles renseignements.
Nos remerciements vont aussi à tous ceux
qui, financièrement, moralement ou d'une autre manière, ont
contribué à la réalisation de ce travail, et dont nous
n'avons pas mentionné les noms. Qu'ils trouvent ici l'expression de
notre sincère gratitude.
SOMMAIRE
DEDICACE........................................................................................2
REMERCIEMENTS............................................................................3
SIGLES ET
ABREVIATIONS.................................................................5
INTRODUCTION.................................................................................6
PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE,
CONCEPTUEL, INSTITUTIONNEL ET
METHODOLOGIQUE............................................9
Chapitre I : cadres théorique et
conceptuel...............................................9
Chapitre II : cadres institutionnel et
méthodologique..................................28
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE DES
DONNEES ET INTERPRETATION DES
RESULTATS.................................................. 40
Chapitre III : présentation et analyse des
données.....................................41
Chapitre IV : interprétation des
résultats..................................................71
CONCLUSION...................................................................................91
BIBLIOGRAPHIE................................................................................94
ANNEXES........................................................................................99
TABLE DES
MATIERES....................................................................
106
SIGLES ET ABREVIATIONS
C.H.U : Centre Hospitalier Universitaire
C.M.C : Commission Médicale Consultative
C.T.P : Comité Technique Paritaire
D.G.S.C.N : Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité
Nationale
D.R.S : Direction Régionale de la
Santé
M.E.G : Médicaments Essentiels et
Génériques
O.M.S : Organisation Mondiale de la
Santé
O.R.L: Ortho-Rhino-Laryngologie
P.N.D.S : Plan National de Développement
Sanitaire
SYNPHOT : Syndicat National du Personnel
Hospitalier du Togo
U.N.F.P.A : Fonds des Nations Unies pour la
Population
V.I.H : Virus de l'Immuno Déficience
Humaine Acquise
INTRODUCTION
Pendant qu'à la maternité retentissent les
vagissements d'un nouveau né, au même lieu, dans le même
service ou dans un autre s'échappent les derniers souffles d'un autre
être humain, puéril ou mature. Compte tenu de certains facteurs
désavantageux indépendants du milieu de soins tels que la
redoutable létalité de certaines maladies, les
négligences des patients et de leur entourage dès les premiers
symptômes de maladie ou encore la vulnérabilité des sujets
trop vieux, l'hôpital devient souvent impuissant dans sa mission d'offre
de soins garantissant la sauvegarde de la vie des patients. Néanmoins,
au-delà de ces facteurs externes, une part de responsabilité
revient tout de même à l'institution de soins dans l'explication
du décès des patients hospitalisés :
« l'hôpital est tout autant un créateur de maladies
qu'une institution destinée à guérir »
(Steudler, 1974 : 32). Les vieux par exemple
« tendent à apparaître, quelque soit leur
état sur le plan médical, comme des hôtes abusifs,
inutilement coûteux, dont on souhaite le départ et dont la mort
n'émeut personne » (Herzlich, 1973 :
46).
En effet, l'institution de soins de par son organigramme
et son fonctionnement se présente sous la configuration d'une
mosaïque d'individus issus de couches sociale différentes avec
leurs moeurs, habitudes, valeurs et convictions. C'est dans cet ordre
d'idées que Strauss (1963) décrit l'hôpital comme
un lieu hautement professionnalisé où se côtoient des
personnes issues de différents horizons professionnels (médecins
et infirmiers) et des personnes issues du monde profane, (personnel
hospitalier non-soignant, malades et familles) , s'y trouvant
rassemblées afin de mener à bien leurs objectifs respectifs. Les
malades et leurs familles forment pour ainsi dire l'environnement
extérieur avec lequel l'hôpital est en interaction. Cet
environnement a des demandes, des besoins qui sont des exigences externes dont
l'hôpital doit tenir compte. Etant donné que ces exigences ne sont
pas immuables, l'hôpital doit s'adapter à leur évolution
à travers le temps, puisque « la pratique médicale
n'est pas une activité fixe » : (Honorat,
2006 :6). Sa définition et ses normes d'exécution
sont donc fonction des transformations qui affectent les moeurs, les habitudes,
les valeurs, la culture de la société (Ogrizek et alii,
1996).
En amont, la compatibilité des infrastructures,
la qualité et la disponibilité des ressources matérielles,
financières humaines, la motivation du personnel soignant, la
planification des activités et la gestion même de l'institution de
soin sont aussi des paramètres qui doivent nécessairement rentrer
dans le fonctionnement de l'hôpital. C'est aussi le point de vue
partagé par Shwartzenberg (1988) qui affirme que l'infrastructure,
c'est-à-dire les forces productives et les rapports de production,
détermine la superstructure, qui en est le reflet.
Outre la dotation en ressources, la planification des
activités, l'hôpital doit fonctionner selon une certaine
cohésion entre les soignants d'un même service, entre les
personnels des différents services, puis entre les soignants, les
patients et leurs familles dans la mesure
où « l'essentiel de l'activité est régi
par des négociations entre structure administrative et activité
soignante, entre catégories professionnelles, à
l'intérieur même d'une catégorie professionnelle, entre
monde professionnel et monde profane, entre le monde de l'hôpital et le
monde extérieur » : (Carricaburu et
Ménoret,2004 :31). En ce sens, Argyris (1985) stipule
que la santé d'une organisation se définit à partir du
degré d'intégration du système qu'elle représente.
Au sein même de chaque service, Kuty (1994) pense que c'est le type
d'orientation culturelle du chef, ses choix idéologiques, qui
influencent le type de relations entre le personnel et les patients, ainsi que
les relations entre les différentes catégories de personnel. Cela
se justifie dans la mesure où le savoir scientifique et médical
s'inscrit dans le cadre des représentations sociales, culturelles,
collectives et individuelles, conscientes et inconscientes qui existent
déjà sur la maladie, la mort et la bonne santé (Ogrizek,
1996)
Dans ces circonstances, la cohésion entre les
différentes catégories de personnel nécessite une
réciprocité des orientations, une adhésion totale aux fins
visés par l'hôpital et une certaine loyauté, donc un
engagement à travers des valeurs internes partagées par le
personnel, qui les accepte et qui s'y réfère. L'hôpital
doit donc tenir compte des valeurs fondamentales du personnel dans la
définition de ses normes, de sorte que celui-ci ne se sente pas en
insécurité, soumis à des contraintes excessives,
surexploité ou peu considéré. L'administration doit aussi
définir les normes de sorte qu'aucun membre du personnel
n'empiète sur les droits de l'autre dans l'exercice des rôles car,
l'hôpital a souvent tendance à devenir l'atelier du
médecin, c'est-à-dire que ce dernier utilise les ressources en
équipement et en personnel, avec des objectifs qui ne coïncident
pas forcément avec ceux de l'institution (Pauly, 1980).
Il ressort des lignes précédentes que la
létalité des maladies, la responsabilité du malade et de
son entourage ou encore la vieillesse ne suffisent pas pour rendre compte du
phénomène de la mortalité en milieu hospitalier. Comme le
souligne Chauvenet (1978), l'hôpital lui même devient le
siège d'une médecine sans médecins et sans soins
véritables. C'est dans la ligne de ces préoccupations que
s'inscrit le sujet de notre recherche. Il vise à élucider le
phénomène du point de vue des dysfonctions internes à
l'hôpital : ses déficits en ressources, ses
défaillances dans la planification des objectifs, la définition
des normes, la motivation du personnel et les problèmes relationnels.
Pour y parvenir, nous avons structuré notre travail en deux
parties :
· La première aborde les cadres théorique,
conceptuel, institutionnel et méthodologique
· La deuxième traite de l'analyse des
données et l'interprétation des résultats.
PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL,
INSTITUTIONNEL ET METHODOLOGIQUE
Chapitre I : cadre théorique et
conceptuel
1- Analyse de la situation
Le maintien et le rétablissement de la
santé constituent l'une des principales missions de l'hôpital
contemporain. Selon Lebeux(1996), l'hôpital a pour rôle la prise en
charge des patients et l'amélioration de leur état de
santé. C'est dans ce même ordre d'idées que
Foucault(1994) stipulait que l'hôpital doit fonctionner comme une
machine à guérir, c'est-à-dire comme un lieu
d'opération thérapeutique. Dès lors, les prestations de
soins dans les centres de santé devraient-elles se résoudre
à l'éradication des maux, des affections de l'espèce
humaine, dans la mesure du possible.
Dans cette perspective, l'hôpital doit
fonctionner comme une institution capable de maîtriser la
morbidité par la prévention et la mortalité par la
guérison des patients. C'est ce qu'exprime aussi Lumumba (2006), pour
qui l'hôpital doit assurer à la population des soins
médicaux complets, préventifs et curatifs ; il est
censé protéger les patients contre d'éventuels
décès en évitant que ceux-ci succombent à leurs
maux. Comme le soulignait bien le serment d'Hippocrate
(Adams,www.citations-se.net), l'agent de santé, dans toute la mesure de
ses forces et de ses connaissances doit conseiller aux malades le régime
de vie capable de les soulager et d'écarter d'eux tout ce qui peut leur
être contraire ou nuisible.
L'engagement de l'hôpital dans
l'élimination de la mortalité se révèle
bénéfique pour le malade, l'hôpital même, la
santé publique et la société en général dans
la mesure où, selon Gatef (1980), les dégâts de la maladie
sur la population sont évalués en termes de mortalité, de
morbidité, d'incapacité définitive ou temporaire. Adam et
Herzlich (1994) soulignent que la maladie empêche l'homme de
répondre aux exigences liées à son environnement, à
ses relations familiales et professionnelles. L'élimination de la
mortalité à travers la guérison des malades
hospitalisés permettra alors à ceux-ci de jouir à nouveau
d'un bon état en vue d'être réintégrés
à la société. Il va aussi dans l'intérêt de
l'institution de soins de s'engager dans la lutte contre la mortalité.
La maîtrise de la mortalité constitue en fait un indicateur de
performance dans la mission d'offre de soins des institutions sanitaires. Elle
témoigne de la réputation de l'hôpital et représente
pour le personnel un critère du devoir bien fait.
Il va sans dire que les avantages rejaillissent
également sur la santé publique, du fait qu'elle permettra
d'anéantir la force dévastatrice des affections
épidémiques sur la population. Selon Lemieux (1982), la mort est
synonyme de rupture ; à l'occasion d'un décès, une
place sociale est laissée vide. Le groupe des proches, la famille, le
réseau du disparu est appelé à se reconstituer. On en
déduit que la maîtrise de la mortalité hospitalière
contribue aussi à la cohésion de la collectivité
d'appartenance du malade et au maintien de l'ordre social existant.
Cependant, les statistiques selon UNFPA
(2008) montrent qu'au Togo, le taux de mortalité
hospitalière se situe autour de 6% au cours de ces dernières
années : 6,35% en 2003 contre 6,93% en 2004, 6,43% en 2005, 6,49%
en 2006 et 6,03% en 2007. Au CHU Campus, les statistiques les plus
récentes disponibles jusqu'alors remontent à 2008. Ainsi, le
rapport d'activité (2008) situe le taux de mortalité à
10,67% en 2008 contre 11,56% en 2007, 8,67% en 2006 et 8,36% en 2005. Le
tableau suivant présente la situation dans les services de soin au cours
des deux dernières années (2007-2008).
Tableau1 : variations du taux de
mortalité hospitalière dans les services du CHU Campus, bilans de
2007 et 2008
Services
|
Nombre d'hospitalisés
|
Nombre de décès
|
Taux de mortalité hospitalière
|
2007
|
2008
|
2007
|
2008
|
2007
|
2008
|
Médecine interne
|
552
|
616
|
112
|
74
|
20,29%
|
12,01%
|
Hépato gastro-entérologie
|
394
|
553
|
64
|
52
|
16,24%
|
9,4%
|
Cardiologie
|
317
|
302
|
17
|
25
|
5,36%
|
8,28%
|
Neurologie
|
876
|
940
|
213
|
240
|
24,32%
|
25,23%
|
Pédiatrie
|
710
|
794
|
14
|
15
|
1,97%
|
1,89%
|
Psychiatrie et psychologie
|
248
|
260
|
5
|
3
|
2,02%
|
1,15%
|
Maternité
|
384
|
376
|
0
|
1
|
0%
|
0,27%
|
Total
|
3481
|
3841
|
425
|
410
|
11,51%
|
10,67%
|
Source : rapport d'activité du CHU
Campus (2007-2008)
Il ressort de ce tableau que sur l'ensemble des services du
CHU, 6 ont connut le décès des malades qui y étaient admis
en 2007 contre 7 en 2008. En 2007, le service de neurologie avait connut le
taux de mortalité le plus élevé avec 24,32% contre 20,29%
en médecine interne, 16,24% en hépato gastro-entérologie,
5,36% en cardiologie, puis viennent la pédiatrie (1,97%) et la
psychiatrie (1,15%).
L'année 2008 a aussi enregistré des taux de
mortalité hospitalière sensiblement égaux à ceux de
2007, et obéissant au classement des services selon la gravité du
phénomène. Le service de neurologie a encore connut le taux de
mortalité le plus élevé avec 25,23% contre 12,01% en
médecine interne, 9,4% en hépato gastro-entérologie, 8,28%
en cardiologie, 1,89% en pédiatrie, 1,15% en psychiatrie et psychologie
médicale, et 0,27% en maternité.
Au vu des chiffres des bilans annuels du CHU campus, le taux
de mortalité hospitalière a augmenté de 2% et plus lors
des deux dernières années : 10,67% en 2008 et 11,56% en
2007, alors qu'il tournait autour de 8% en 2005 et 2006 (8,36% et 8,67%). A
cette allure, le CHU est en train de perdre au fil des années sa
capacité de sauvegarde de la vie des patients, par
référence aux exercices de 2005 et 2006.
Au niveau des quatre services les plus touchés
(neurologie, médecine interne, hépato gastro-entérologie,
et cardiologie), on compte 406 décès sur les 2139
hospitalisés en 2007 (soit un taux de mortalité de 18,98%) ;
contre 391 décès sur les 2411 hospitalisés en 2008, soit
un taux de mortalité de 16,28%. Si le phénomène se
maintient à ce rythme, les patients hospitalisés dans ces
services seront prédestinés à une issue fatale de leur
admission au CHU, alors qu'ils constituent la proportion la plus
élevée des malades avec 2139 patients sur un total de 3481 soit
61,44% en 2007 ; contre 2411 patients sur un total de 3841 en 2008, soit
62,77% du total des 7 services.
Dans ces circonstances, il va sans dire que les malades
hospitalisés en neurologie, en cardiologie, en hépato
gastro-entérologie et en médecine interne deviennent la cible
privilégiée de la chaine hospitalière sur laquelle la
mortalité fait le plus sensation. Il s'avère donc indispensable
de mener des investigations pour détecter les facteurs qui conduisent
à l'existence du phénomène et l'ordre auquel il
obéit dans les services respectifs.
La mortalité hospitalière étant un
phénomène qui se produit à l'intérieur du CHU, nous
estimons qu'elle est en relation avec le milieu médical et le
système dans lequel, il se produit. Elle relève
nécessairement des dysfonctions internes au CHU campus. Crozier
(1963) pense que tout ce qui est vécu organisationnellement comme une
dysfonction au CHU, trouve ses causes dans une rationalité qu'il
convient de reconstruire. Pour Petitbon (1993), la non-motivation des
soignants demeure l'une des principales causes des dysfonctionnements
observés. Abordant le sujet dans le même sens que cet auteur, nous
citerons en plus de la démotivation, des problèmes d'adaptation,
de planification et d'intégration, comme l'a suggéré
Parsons(1964).
2- Problématique
Les institutions sanitaires du Togo présentent des
handicaps énormes qui entravent l'équilibre de la fonction
d'offre de soins ; on constate ces dernières années
l'émergence de dysfonctions au sein du système hospitalier.
PNDS (2006) révèle que ces handicaps tiennent pour une
large part à des défaillances dans la planification, la gestion
et la formation des personnels de santé. Selon OMS (2008), le
système de soins au Togo est caractérisé par l'état
vétuste des bâtiments et équipements, l'insuffisance du
personnel qualifié et la non disponibilité permanente des
médicaments dans les formations sanitaires. D. Sambiani (2000)
souligne que les professionnels de santé sont entre eux-mêmes
confrontés à des conflits internes se traduisant par
l'embouteillage, les surcharges excessives, la mauvaise organisation des
services et le désordre qui en découle.
Dans la foulée, surgissent des problèmes
liés aux dysfonctions rencontrées dans les centres de
soins ; du coup, la mortalité hospitalière est devenue un
phénomène fréquemment observé ces dernières
années, observation essentiellement attestée par la DRS
(2008) qui confirme qu'au Togo, la mortalité en milieu hospitalier
est en hausse et a connu une progression en dents de scie de 2003 à
2007. L'amélioration et la dégradation des soins de santé
d'une année par rapport à une autre se trouvent à
l'origine de ces variations.
Le CHU campus n'échappe pas à cette situation.
De nombreuses études sur la mortalité hospitalière y ont
déjà été menées. Sans trop approfondir leurs
réflexions, certains auteurs considèrent la maladie d'origine qui
fût la raison d'hospitalisation des patients, sa gravité et les
aggravations qui concourent à sa létalité comme
étant les causes des décès (Latame 2008 ; Eklou
2003 ; Balogou et alii 2007). D'autres en font la résultante du
poids de l'âge ou des négligences de la part des malades et de
leurs familles (Agbéko 2005 ; Anani 1985 ; Améla 2005).
Pour justifier leur position Anani (1985) pense que la
détermination des causes de décès n'a pu souvent
être faite avec précision, compte tenu de la
non-réalisation d'autopsies. En fait, seul le CHU Tokoin dispose d'un
laboratoire d'anatomie pathologique susceptible de procéder à des
autopsies, mais, elles s'y font rarement malgré les dispositions
légales l'autorisant : article 88 du décret No
61-14, portant règlement intérieur du CHU Tokoin. Hors du
Togo, les études portant sur la mortalité hospitalière
abondent un peu partout dans les pays du tiers monde comme ceux du Nord.
Orientant leur réflexions dans le sens de notre étude, quelques
auteurs attribuent l'existence du phénomène aux dysfonctions de
l'institution de soin (Diby et alii 2004 ; Kohn et alii 1999 ;
Takongomo et alii 1993). Mais les insuffisances de ces études
résident dans le fait qu'elles se limitent trop à un service
particulier. En outre elles évoquent l'impact que produisent les
pratiques à risque pour les patients sur le phénomène sans
pour autant analyser les conditions dans lesquelles ces pratiques
s'observent.
Nous considérons que ce problème tel qu'il se
pose au CHU Campus, fait intervenir la pratique médicale et la vie
sociale dans laquelle cette pratique se produit. Il est par conséquent
indissociable du fonctionnement du système social à
l'hôpital. C'est pourquoi pour l'étudier, nous nous centrons sur
l'analyse du système social à partir des prérequis
fonctionnels, telle que l'a menée Parsons (1964) ; d'où la
question : quelle relation le fonctionnement du système social au
CHU Campus entretient-il avec la mortalité hospitalière ?
Cela suppose plus spécifiquement un bilan fonctionnel au niveau des
sous-systèmes économique, politique, social et culturel,
d'où les questions suivantes :
Quelles sont les déficiences en ressources
financière, matérielle ou humaine qui concourent au
décès des malades au CHU Campus ?
Quelles sont les défaillances des stratégies de
lutte contre le phénomène prédéfinies par le
CHU?
Quels sont les conflits interpersonnels qui empiètent
sur la guérison et la survie des malades ?
Comment la non-motivation des soignants concoure t- elle
à l'existence du phénomène ?
3 - Hypothèses et objectifs de
recherche
3.1 Hypothèses
Hypothèse générale
La mortalité hospitalière est un
phénomène interne à l'hôpital. Elle résulte
des dysfonctionnements dans l'activité médicale.
Hypothèses spécifiques
- la mortalité hospitalière s'accentue parce que
les ressources déployées par l'hôpital sont insignifiantes
face aux besoins des patients
- la mortalité hospitalière provient
également d'une défaillance dans la planification des buts
visés par le CHU
- la mortalité hospitalière émane aussi
de la détérioration des relations professionnelles pendant
l'offre de soins et de la négligence des valeurs communes qui motivent
les soignants
3.2- Les objectifs de la
recherche
· Objectif général
Mesurer l'impact des dysfonctionnements de l'institution
de soin sur la mortalité hospitalière.
· Objectifs spécifiques
- Identifier les pratiques médicales à risque
opérées par les soignants, qui sont susceptibles d'engendrer le
décès des patients
- déterminer les conditions de travail dans lesquelles
ces pratiques se produisent
- détecter les conduites de communications
bloquées qui concourent au décès des patients
- établir un lien entre la précarité
salariale et les problèmes familiaux que les soignants ressentent
jusqu'au travail
- mesurer les effets de ces problèmes sur
l'activité médicale
- relever les faiblesses des mesures préventives
adoptées par l'administration du CHU, et en dépit desquelles le
phénomène persiste
4- Intérêt de
l'étude
L'intérêt de notre étude se situe
à trois niveaux : scientifique, institutionnel, et social.
4.1 - Intérêt scientifique
La présente étude est une contribution
à la sociologie des organisations. A travers l'approche
structuro-fonctionnaliste, elle s'emploie à expliquer le
phénomène par les relations qu'il entretient avec les
sous-ensembles et les éléments constitutifs du système
hospitalier. Elle vise à étudier le problème de la
mortalité hospitalière sous divers aspects :
économique, politique, social et culturel.
Cette démarche permet une analyse plus approfondie
du phénomène et une spécification de ses origines par
rapport aux quatre principales fonctions qui s'y déroulent. Elle permet
en outre de dégager les responsabilités de chaque
catégorie du personnel dans les dysfonctionnements qui conduisent au
problème. Elle revêt aussi un intérêt
méthodologique, du fait qu'elle fait ressortir le lien entre les
défaillances fonctionnelles du CHU et les problèmes
socio-économiques individuels des soignants, puis l'influence
négative de ces problèmes sur les prestations de soin. Elle
représente par ailleurs un exemple d'analyse du fonctionnement des
systèmes vu l'organigramme même du C.H.U.
4.2 - Intérêt institutionnel
La connaissance des impacts des dysfonctionnements sur la
mortalité hospitalière se révèle indispensable pour
les garants de l'ordre au sein du C.H.U. Le directeur du C.H.U, ses adjoints,
le directeur du personnel et les chefs d'équipes en tireront profit face
aux défis de la gestion des ressources financières,
matérielles et humaines. Au-delà du management, la prise en
compte des différents jeux qui jalonnent le vécu quotidien des
agents de santé servira à adopter des mesures compensatoires
contre les conflits interpersonnels. Elle suscitera l'éveil de la
conscience professionnelle chez les agents trop enracinés dans les
pratiques informelles.
4.3 - Intérêt social
L'intérêt social de notre étude
réside dans les retombées positives de l'élimination de la
mortalité en milieu de soin sur la population. Chaque individu
détient en réalité, un rôle précis dans son
milieu social de provenance. De ce fait, la perte considérable des
malades hospitalisés constitue un obstacle à la dynamique
évolutive des sociétés. L'élimination de la
mortalité contribue alors à la cohésion des groupes
sociaux, à travers le maintien des forces engagées dans les
interactions quotidiennes, sur une période relativement
prolongée.
5- Les raisons du choix du sujet
Notre sujet de recherche nous est dicté par nos
penchants personnels pour les faits sociaux de santé, la
visibilité du problème à travers l'observation des cas et
l'engagement critique de la lecture ambiante de la mortalité
hospitalière.
5.1- Penchants personnels pour les faits sociaux de
santé
Le développement d'ensemble de la
société constitue l'une des préoccupations majeures du
sociologue. La santé étant l'une des dimensions essentielles de
ce développement, nous nous sommes résolus à jeter un
regard sociologique sur un phénomène de santé, en
focalisant notre attention sur une institution sanitaire. Une telle
résolution nous amène à une analyse des dysfonctionnements
qui sont à l'origine de la mortalité hospitalière au C.H.U
campus.
5.2- La visibilité du phénomène
à travers l'observation des cas
Le décès des malades en milieu hospitalier
est devenu un phénomène fréquemment observable ces
dernières années. Son ampleur s'étend à toutes les
couches sociales, et elle ne se résume pas à une affection
spécifique. Cette situation constitue un paradoxe dans la mesure
où la médecine réalise de jour en jour des progrès
considérables.
5.3- Engagement critique de la lecture ambiante du
phénomène
L'évidence de la mortalité
hospitalière a gagné de la place dans la conscience collective
des populations. Par ailleurs, une idée souvent préconçue
des négligences ou de l'ignorance du malade et de son entourage en
matière d'attitudes à adopter avant et pendant l'hospitalisation
se trouve reliée à la cause des décès en milieu de
soin. Notre étude remet en cause cette lecture du
phénomène pour rechercher plus loin ses origines dans les
dysfonctionnements de l'institution de soins.
6 - Analyse conceptuelle
D'après Durkheim (1986), tout discours
scientifique doit utiliser des concepts clairs et précis afin de se
démarquer de la confusion qui caractérise le sens commun. C'est
en ce sens que nous procédons à la définition
opérationnelle des deux concepts clés qui ressortent de
l'intitulé de notre thème d'étude : dysfonction et
mortalité hospitalière.
6.1 - Dysfonctions sociales
· L'analyse des dysfonctions selon Parsons
Parsons(1964) conçoit le
système social comme une pluralité d'acteurs individuels
inclus dans un processus d'interactions qui se déroule dans une
situation affectée de propriétés physiques. Cette
définition du système social s'applique aussi aux organisations
qui représentent de ce fait, des microsociétés au sein
desquelles on retrouve les mêmes caractéristiques : ensemble
d'individus réunis dans un cadre physique bien structuré, et
déployant leurs actions dans le sens d'un but commun. Dans cette
conception, comme un système d'action, toute organisation doit
être analysée sous l'angle des quatre catégories
fonctionnelles suivantes :
- l'adaptation aux besoins et aux changements de
l'environnement extérieur,
- la planification des objectifs à atteindre,
- l'intégration des individus engagés dans les
interactions,
- la motivation de ces individus
Il en ressort que le dysfonctionnement d'une organisation
se traduit par le déséquilibre entre les ressources disponibles
et les buts à atteindre, la mauvaise planification des activités,
la désintégration des relations socioprofessionnelles et la
non-motivation des individus impliqués dans les interactions.
· L'analyse des dysfonctions selon Radcliffe
Brown
Selon Brown (1972), un système social a une certaine
unité que nous pouvons appeler unité fonctionnelle. Cette
unité provient du fait que les éléments constitutifs du
système, loin d'être un simple assemblage forment plutôt un
tout intégré, comparable à un organisme au sein duquel les
rapports entre les divers éléments sont institutionnellement
définis et contrôlés.
Il s'ensuit de façon générale que la
fonction d'un usage social particulier est la contribution qu'il apporte
à l'existence et à la permanence de la vie sociale
considérée comme l'ensemble du fonctionnement de la
société. Dans la même foulée, la fonction d'une
pratique particulière au sein d'une organisation se traduit alors par la
correspondance entre cette pratique et les objectifs visés, puis
l'influence positive qu'elle exerce sur les résultats
escomptés.
De ce fait, il y a dysfonction dans une organisation
lorsqu'une ou plusieurs actions s'insurgent contre l'unité, la
cohésion, l'harmonieuse coopération entre les
éléments constitutifs de l'organisation, produisent des effets
contraires aux résultats attendus, ou demeurent improductives.
· L'analyse des dysfonctions selon R.K. Merton
Selon Merton (1965), dans une organisation, les actions
développées dans un but précis peuvent entrainer à
la fois des effets inattendus et néfastes tout comme des effets vitaux,
voulus par tout le personnel. De ce fait, quels que soient les motifs officiels
qui justifient le déploiement d'une action, ses conséquences ne
coïncident pas toujours avec les résultats escomptés. Ceci
traduit la dualité entre les phénomènes explicites
favorisant le fonctionnement de l'organisation et les phénomènes
implicites l'entravant.
Ce constat sous-tend l'existence de deux types de
fonctions : la fonction manifeste et la fonction latente. La
première conduit à des conséquences attendues,
espérées par les membres de l'organisation, et la seconde
mène à des conséquences inattendues, non
souhaitées, ce qui est synonyme de dysfonction.
6.2- La mortalité hospitalière
D'après le dictionnaire de l'académie
française (2008), la mortalité désigne la condition
de ce qui est sujet à mort ou de ce qui doit causer la mort. Sous un
autre angle, elle désigne le phénomène de la mort
envisagé du point de vue quantitatif. Dans cette perspective, elle
représente généralement chez l'espèce humaine la
quantité d'individus qui meurent annuellement sur un certain nombre de
vivants.
Elle traduit du point de vue sanitaire, la mort d'une
quantité plus ou moins considérable d'hommes ou d'animaux qui
sont emportés par la même maladie. C'est en ce même sens que
le dictionnaire médical Larousse définit la mortalité
comme le fait, pour un humain de mourir d'une maladie.
La mortalité s'exprime en pourcentage et
s'obtient par le rapport entre le nombre de décès et l'effectif
moyen de la population dans un lieu donné et pendant une période
déterminée.
La mortalité est dite hospitalière
lorsqu'elle survient en milieu de soin, à la suite d'une affection ou
d'un mal particulier qui se trouve à l'origine de l'hospitalisation de
la victime. Elle s'exprime aussi en pourcentage. Selon la D.R.S(2007), le taux
de mortalité hospitalière s'obtient par le rapport entre le
nombre total de décès dus à toutes les affections pendant
une période donnée et le nombre total d'admission à
l'hôpital au cours de la même période.
7- Analyse du phénomène selon la
théorie structuro-fonctionnaliste de T. Parsons
Le structuro-fonctionnalisme propose un modèle
normatif du fonctionnement de l'hôpital, fondé sur le maintient de
l'ordre existant. L'hôpital est alors défini comme un
système global composé d'un ensemble de sous-systèmes qui
se distinguent les uns des autres par les fonctions qu'ils remplissent. Sous
cet angle, on distingue les sous-systèmes, économique, politique,
social et culturel.
Le sous-système économique assure la fonction
d'adaptation du CHU à son environnement extérieur. Cette
adaptation passe par la satisfaction des besoins des patients et de leurs
accompagnateurs. Pour y parvenir, le CHU doit normalement mobiliser des
ressources financières, matérielles et humaines à la
hauteur des besoins ressentis. Au-delà de la disponibilité de
toutes les ressources, la compatibilité du matériel
médical, la compétence des soignants et l'ajustement de leurs
rôles conformément aux attentes des patients sont aussi des
conditions sine qua non au déroulement de l'activité
médicale.
Les ressources ainsi réunies, le CHU est censé
procéder à la planification des objectifs pour lesquels elles
seront déployées, les répartir en fonction de la demande
dans les services et procéder à leur renouvellement au fur et
à mesure qu'elles s'usent. Il doit aussi opérer de temps en temps
la remise à niveau des connaissances du personnel soignant, à
travers des sessions de formation, étant donné que le savoir
médical évolue au fil des jours.
Au sein même des équipes soignantes, une
certaine cohésion devait régner. Le CHU est censé
réguler le déroulement de ses activités au travers des
normes de conduite, orientant ainsi l'action de tous vers un but commun. Dans
cette perspective, il évitera aussi qu'un membre du personnel usurpe des
droits d'un autre dans l'exercice des rôles.
Par ailleurs, les valeurs humaines constituent aussi une
prérogative que le CHU a intérêt à intégrer
aux normes en vigueur en vue d'assurer l'équilibre et le maintien du
déroulement des activités. C'est au travers de ces valeurs que
les soignants retrouvent les attributs du travail, nécessaires à
leur motivation : la liberté face aux contraintes
organisationnelles excessives, la sécurité face aux risques du
métier, et la reconnaissance professionnelle vis-à-vis des
efforts fournis.
Toute irrégularité qui intervient au C.H.U
provient alors d'une défaillance au niveau de l'assurance des fonctions
inhérentes au quatre sous-systèmes. La mortalité
hospitalière perçue comme une anormalité, un
« effet pervers » comme le dirait Crozier (1963),
résulte alors des dysfonctions qu'il convient de rechercher aux niveaux
économique, politique, social et culturel.
Cela implique en premier lieu une insuffisance ou une
incompatibilité des ressources financières, matérielles et
humaines mises à la disposition des soignants et des patients.
Le problème se justifie aussi par une
défaillance dans la définition des buts à atteindre et une
mauvaise gestion des ressources disponibles.
Dans une autre mesure, une défaillance au niveau
des normes qui régulent la conduite des agents de santé constitue
un facteur de désintégration des liens interpersonnels, ce qui
peut être valablement à l'origine du problème.
Enfin, l'existence du problème est due au fait que
les valeurs fondamentales partagées par la majorité du personnel
ne sont pas prises en compte dans la définition des normes du C.H.U.
Cela constitue un obstacle à la motivation du personnel et au maintient
de l'équilibre de l'activité médicale.
8- Revue de la littérature
Les études qui abordent le thème de la
mortalité en milieu hospitalier ont été
réalisées par des auteurs formés en médecine. De ce
fait, les ouvrages que nous avons consultés présentent plus le
problème dans sa dimension médicale et clinique. Nous avons
néanmoins répertorié trois catégories
d'études : celles qui relient la cause de la mortalité
hospitalière à la maladie dont souffre la victime, celles qui en
font la résultante des négligences des patients et celles qui
attribuent la responsabilité aux institutions de soins.
8.1- Les études liant la mortalité
hospitalière à la maladie d'origine
- Dans la revue « journal of neurogical
sciences », Balogou et alii. ont publié un article sur la
mortalité des patients V.I.H positifs dans le service de neurologie du
C.H.U campus. L'objectif de l'étude était d'identifier les causes
de décès et mesurer la létalité des affections de
toute catégorie chez les personnes vivant avec le V.I.H sida. Une
analyse rétrospective transversale fût donc menée sur les
dossiers des malades hospitalisés dans ledit service du 1er
janvier 1996 au 31 Décembre 2005. Il ressort de cette analyse que
la toxoplasmose cérébrale se trouve essentiellement à
l'origine des décès avec 40,8% des cas. Cependant, les auteurs
émettent aussi la suggestion selon laquelle les principales affections
neurologiques associées à l'infection du V.I.H devraient
bénéficier d'une connaissance précise des signes
diagnostiqués et de la mise en place de protocoles de prise en charge
immédiate.
- Latame a travaillé sur la morbidité et la
mortalité des nouveau-nés de faible poids de naissance,
hospitalisés au CHU Tokoin de Lomé du 1er Juin 2006 au
31 mai 2007. Il constitue alors à partir des dossiers médicaux,
une population cible formée de 353 nouveau-nés de faible poids.
Dans cette population cible, 77 individus dont 37 de sexe féminin et 40
de sexe masculin sont décédés, soit un taux de
mortalité de 21,8%.
L'asphyxie est présentée comme la cause la
plus meurtrière avec 51,9% de décès. L'âge
gestationnel constitue aussi selon l'auteur, un facteur du décès
des nouveau-nés de faible poids. Le taux de mortalité a-t-il
souligné est très élevé pour les nouveau-nés
d'âge gestationnel inférieur à 32 semaines (70,1%). Les
infections représentent aussi l'un des facteurs de décès
avec 36,3% des cas. L'auteur pense qu'une meilleure prise en charge de la
grossesse et du nouveau-né constitue la solution à adopter pour
remédier au phénomène.
- Tumuinimo et alii. ont étudié la
mortalité hospitalière due au paludisme grave chez les enfants de
moins de 5ans. La population cible était constituée de 60
patients de moins de 5ans hospitalisés pour accès pernicieux
palustre durant une période comprise entre le 1er janvier
2007 et le 31 juillet 2007. Comme dans l'étude précédente,
les affections telles que les maladies respiratoires, la méningite,
l'anémie sont retenues comme les causes qui ont entrainé ensemble
avec le paludisme grave, une grande mortalité.
8.2- Les études liant la mortalité
hospitalière à l'âge avancé ou à une
négligence de la part des patients
- En vue d'évaluer la mortalité des
adolescents au CHU Tokoin, et en déterminer les principales causes,
Agbeko a mené une étude rétrospective portant sur 4170
adolescents au cours de deux périodes de 24 mois espacées de
10ans (1988-1989 et 1998-1999). Il constate que le taux de mortalité a
été de 5,56% sur les deux périodes et qu'il est plus
élevé chez les adolescents de 15 à 19ans (69%).
Selon l'auteur, la mortalité a été
essentiellement liée aux maladies infectieuses (33,08%). Les principales
causes furent le paludisme (14,83%), les méningites (12,53%), le sida
(9,13%). Par ailleurs, la mortalité maternelle des adolescents a
été considérable (20,42%).
Il dépasse ensuite le cadre des affections et
attribue également la cause des décès à une
sexualité précoce et mal contrôlée. Pour lui, la
solution au problème réside dans une mobilisation
impérieuse dans le domaine de l'éducation sexuelle des
adolescents et de la prévention des maladies tropicales infectieuses.
- Au centre Oscar Lambret de Lille, Amela a
étudié les facteurs de risque de mortalité
postopératoire en chirurgie carcinologique cervico-faciale lourde. Sa
recherche a couvert une période de 36 mois (1er janvier 1977
au 31 décembre 1999) et a porté sur 261 patients. La
mortalité postopératoire a été définie comme
tout décès survenu dans les 30 jours suivant l'intervention
chirurgicale. Les principales causes de décès ont
été liées à la complication des cas durant
l'hospitalisation ; mais 30% des malades étaient
décédés pour des causes indéterminées.
L'auteur retient en outre des facteurs comme la fragilité du sexe
féminin, l'âge supérieur à 70ans, une intoxication
alcoolique et la localisation tumorale.
- Pour l'obtention de sa thèse de doctorat en
médecine, Anani a travaillé sur la mortalité
hospitalière à la clinique médicale du CHU de Lomé.
Sur un échantillon de 574 patients, il enregistre 37 décès
au cours de la période du 1er Septembre 1982 au 31
Août 1983. Il insista sur une influence de l'âge sur la
mortalité, du fait que 42,9% des décès étaient
âgés de 55ans et plus. Il retient aussi entre autres les maladies
de l'appareil circulatoire, les tumeurs malignes, les maladies infectieuses et
de l'appareil digestif comme les principales causes de décès.
8.3- Les études qui attribuent la mortalité
hospitalière aux dysfonctions du milieu de soin
Dans l'article intitulé déclaration
d'incidents aux soins intensifs, Diby et alii (2004) analysent les causes de
décès des patients en milieu hospitalier, plus
particulièrement dans les services de soins intensifs.
Ils constatent que la fiabilité du système
de santé est aujourd'hui une demande sociale forte. Chaque incident
grave est médiatisé et l'erreur humaine évoquée. En
effet, dans le domaine de la santé, l'attention du public et des
professionnels a été renforcée sur les risques encourus
à l'hôpital, suite à la publication du rapport de
l'Institut de médecine (Kohn et alii, 1999). Ce rapport estimait
qu'entre 44 000 et 98 000 décès étaient liés
à des erreurs médicales pour le seul secteur hospitalier aux
Etats-Unis. L'erreur médicale se plaçant ainsi entre la
troisième et la huitième cause de mortalité
hospitalière. De ce fait, la sécurité représente la
dimension prioritaire sur laquelle la démarche qualité doit
porter ses efforts.
Si la complexité des activités de soins
est universellement admise, remarquent-t-ils, l'évolution des techniques
et des processus de soins, dans les services de soins intensifs participe
à ce système complexe. En effet, les services de soins intensifs
se caractérisent par une activité quantitativement et
qualitativement variable, nécessitant des capacités d'adaptation
importantes, aux flux et aux urgences. De plus dans chaque situation les soins
aux patients peuvent requérir des compétences multiples et
spécialisées. Dans les services de soins intensifs les incidents
sont courants. Un incident étant défini ici comme «tout
événement qui a diminué (ou aurait pu diminuer) la
sécurité des patients ou/et la qualité des soins et /ou
nuit au bon fonctionnement du service» (Runcimann 1993). Dans ce contexte,
l'élimination de la mortalité hospitalière passe par la
garantie de la sécurité du patient, et la sécurité
du patient interpelle les hôpitaux à éviter les incidents.
L'auteur suggère alors que face à l'ampleur du problème,
des efforts d'amélioration de la sécurité des patients et
de la qualité des soins sont à mettre en oeuvre.
- Dans une approche similaire, Takongomo et alii (1993)
ont étudié la mortalité hospitalière en milieu
chirurgical au CHU de Yaoundé. Cette étude vise à faire
une mise au point sur les principales causes de mortalité dans le
service de chirurgie en vue de proposer des améliorations dans la
gestion du personnel et du matériel et de donner des soins de meilleure
qualité.
Il s'agit d'une étude rétrospective
portant sur 6615 dossiers de malades admis de 1982 à 1992 dans le
service de chirurgie générale du CHU de Yaoundé. L'analyse
a montré qu'il y avait 208 décès, soit un taux de
mortalité de 3,14 % en moyenne, avec une évolution croissante
pendant la période de l'étude. Les principales causes initiales
de décès étaient entre autres les cancers pour 36,5 % et
les traumatismes pour 22,6 %. Cependant, partant du constat selon lequel 58,6%
des décès étaient survenus entre 18 h du soir et 8 h du
matin, les auteurs évoquent une insuffisance dans la continuité
des soins. La surveillance des malades doit donc être renforcée
par une sensibilisation du personnel infirmier. Quand, à la survenue de
58,6 % des décès entre la tombée de la nuit (18 h) et le
matin (8 h) s'ajoute celle de 22,5 % des décès moins de 24 heures
après l'admission, les auteurs évoquent une insuffisance dans la
qualité des soins.
Devant l'absence de description des circonstances
ultimes de décès dans les dossiers, la conclusion de cette
étude était l'institution d'un audit médical
régulier dans chaque service, ce qui permettra de faire un suivi plus
précis de la mortalité.
8.4- Critique de la revue de littérature
-Nous constatons que les études qui mettent en
cause les dysfonctions du milieu de soin se limitent à un service
particulier et ne permettent donc pas d'appréhender la totalité
des défaillances des centres de soin. Bien que ces études
évoquent l'erreur médicale, les problèmes d'adaptation,
d'insuffisance dans la continuité et une mauvaise qualité des
soins, elles n'ont pas fait le point des ressources matérielles,
financières et humaines sur lesquelles fonctionnent les institutions de
soin. Par ailleurs, les conditions de travail, l'aspect relationnel du
fonctionnement des hôpitaux et la motivation du personnel soignant ne
sont pas aussi pris en compte.
Nous constatons en outre que les études qui ne
tiennent pas compte des dysfonctions, approchent plus le
phénomène par rapport à une affection spécifique,
et empruntent une méthodologie monotone qui débouche sur des
conclusions retenant quasiment pour causes de décès, la maladie
originale qui est la raison première d'hospitalisation. La cause de
décès était celle définie par l'OMS (1997)
comme étant la maladie ou le traumatisme qui a déclenché
l'évolution morbide conduisant directement au décès, ou
les circonstances de l'accident ou de la violence qui ont entraîné
le traumatisme mortel.
Dans cette perspective, les conditions et les
réalités du milieu d'hospitalisation des malades
décédés sont négligées.
Chapitre II : cadres juridique,
institutionnel et méthodologique
1- Cadre juridique
Sur le plan national, les dispositions pénales
relatives à la responsabilité médicale dans le
décès des malades en milieu hospitalier sont quasiment
inexistantes. Le code de santé adopté le 14 Mai 2009 par les
députés à l'assemblée nationale demeure jusqu'alors
indisponible dans les institutions de soin, et ignoré par bon nombre
d'agents de santé.
Sur le plan international, c'est au lendemain de la
seconde guerre mondiale caractérisée par toutes sortes
d'atrocités que vit le jour, le code de Nuremberg (en Allemagne) en
1947. Les pays du Nord aussi bien que ceux du Sud sont appelés à
respecter la déontologie prônée par ledit code. Cependant,
bien que traitant de l'éthique médicale, le code de Nuremberg
s'est systématiquement penché sur l'expérimentation
médicale faite sur les sujets.
Il s'est agit de déterminer les principes
éthiquement acceptables d'actes biologiques et médicaux
situés entre l'expérimentation thérapeutique et
scientifique d'une part, et d'autre part entre les exigences médicales,
sociales et politiques d'institutions et d'états. Dans ce contexte, deux
questions émergent : celle de l'expérimentation et celle de
la mort l'une et l'autre posée face à la liberté et face
au crime.
Le tribunal de Nuremberg détermina alors 10
règles à partir desquelles l'expérimentation
médicale est autorisée. Les articles 5, 7 et 10 ont retenu notre
attention compte tenu du phénomène que nous étudions.
· Selon l'article 5, l'expérimentation
médicale ne doit pas être tentée lorsqu'il y a une raison
à priori de croire qu'elle entrainera la mort du sujet.
· l'article 7 stipule : « on doit
faire en sorte d'écarter du sujet expérimental toute
éventualité si mince soit-elle, susceptible de provoquer des
blessures, l'invalidité ou la mort ».
· l'article 10 s'inscrit dans le même
sens : « le scientifique chargé de
l'expérimentation doit être prêt à l'interrompre
à tout moment, s'il a une raison de croire que sa continuation pourrait
entrainer des blessures, l'invalidité ou la mort du sujet
expérimental ».
En amont, faut-il souligner que l'article 1 recommande le
consentement volontaire du sujet humain avant toute intervention
expérimentale.
Suite au code de Nuremberg, l'article 7 du pacte
international relatif aux droits civils et politiques, adopté par
l'assemblée générale des Nations-Unies le 16
Décembre 1966 détermina aussi les conditions des
expérimentations médicales et
scientifiques : « nul ne sera soumis à la torture,
ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant. En
particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre
consentement, à une expérience médicale ou
scientifique ». Le consentement du sujet expérimental sera
ensuite inscrit à l'article 8 de la déclaration d'Helsinki en
Juin 1964.
2- Cadre institutionnel
2.1- Situation géographique
Implanté sur le site universitaire de Lomé
dans sa partie septentrionale, le Centre Hospitalier Universitaire campus est
situé dans le district n°5, à 300m de la nationale n°1.
Il est limité au Sud par la faculté mixte
de médecine et de pharmacie, au Nord par la faculté des sciences
économiques et de gestion, à l'Est par la route nationale
n°1 et à l'Ouest par la bretelle de Bè Klikamé. Il
couvre une superficie de 80 000 m2.
2.2 - Historique
En vue de compléter la formation des
étudiants de la faculté mixte de médecine et de pharmacie,
et de faire face aux besoins de plus en plus croissants en matière de
soins médicaux, le décret N° 87-47/PR du 14 Mai 1987
crée sur le campus de l'Université de Lomé, un centre de
prestation de soins, de formation et de recherche en sciences de santé
dénommé CHU campus. Il est construit par la Banque Africaine de
Développement.
Le CHU campus a ouvert ses portes au public le 1er
Août 1988 avec pour premières activités, des
consultations externes et des hospitalisations en pédiatrie, en
cardiologie, en neurologie, en médecine interne et en hépato
gastro-entérologie. Au fil des années, le centre accueille et
offre ses services en ophtalmologie, en stomatologie, en O.R.L, en
dermatologie, en psychiatrie, en psychologie et en médecine de
travail.
Le CHU est un centre de référence du
système national de santé. A ce titre, il accueille des malades
venant de tous les coins du Togo. Il est donc ouvert à toute la
population togolaise (estimée à 5596 000 habitants en 2008).
2.3- Structures de contrôle de la pratique
médicale
a. La direction
La direction du CHU campus est un département qui
est dirigé par un directeur nommé par décret
ministériel ; il est aussi le directeur du CHU campus.
La direction se compose d'un directeur, de deux
directeurs adjoints, du chef du personnel, de l'économe et des
secrétaires.
Elle regroupe généralement les services
administratifs (le secrétariat, le service du personnel, le service des
admissions, le service des soldes, le service social, le service des archives
médicales, le service informatique et statistique sanitaire), les
services économiques et financier (le service de comptabilité et
la régie des recettes, le service économique) et les services
techniques.
La direction du CHU s'occupe de la gestion du CHU en
collaboration avec des organes d'administration.
b. Les organes administratifs
L'administration du CH.U campus est assurée par les
organes de décisions et les organes consultatifs.
b. 1les organes de décisions :
Ils sont composés de l'organe de
délibération et de l'organe d'exécution.
b.b. 1.1l'organe de
délibération :
C'est le conseil d'administration. Son rôle est
de :
- examiner et adopter le budget
- délibérer sur les prix des journées
d'hospitalisation, les problèmes d'organisation et de contrôle du
système de recouvrement des coûts des services de soin.
- se prononcer sur la gestion faite d'un exercice
budgétaire et de délivrer un quitus
- définir les conditions d'application des
critères nationaux d'indigence en vue de l'admission faite de certains
malades
- délibérer et statuer sur la
création de nouvelles unités, sur le projet de construction, de
grosses réparations, d'extension des bâtiments et du
renouvellement des équipements
- statuer sur la proposition d'engagement des
différentes catégories de personnel.
Il se réunit sur invitation de son président
et ses délibérations sont soumises au ministère de la
santé pour approbation.
b. 1.2 L'organe d'exécution
Il assure l'exécution des décisions prises au
conseil d'administration. Il est l'ordonnateur des dépenses et des
recettes de l'établissement. L'organe d'exécution est
dirigé par un directeur nommé par arrêté
ministériel. Il est assisté dans ses fonctions par :
- un directeur adjoint chargé du personnel et du
budget
- un directeur adjoint chargé de la gestion
financière et comptable
- un surveillant général qui est le
supérieur hiérarchique de tous les
surveillants. Il assiste la direction dans la planification et
dans la répartition du personnel de soins infirmiers dans les
unités. Il veille constamment à l'amélioration des
qualités de soins.
b. 2 Les organes consultatifs
Ils regroupent la commission médicale consultative,
le comité d'hygiène et de sécurité
hospitalière et le comité technique paritaire.
b.2.1 La commission médicale consultative
(C.M.C)
Elle doit donner son avis sur les constructions,
l'agencement et l'installation des équipements nouveaux. Elle
délibère sur l'hygiène, la salubrité et la
propreté des locaux, l'implantation technique des services, le
régime alimentaire des malades. La C.M.C se compose :
- du directeur du C.H.U
- des représentants du personnel
- des spécialistes de chaque département
- des surveillants de services.
b. 2.2 Le comité d'hygiène et de
sécurité hospitalière
Il est chargé de la surveillance, de la
salubrité, de la prévention des infections, des contaminations et
des accidents dans le centre. Il est composé des chefs de
différents services.
b. 2.3 Le comité technique paritaire (C.T.P)
Il donne obligatoirement son avis au conseil
d'administration et au directeur sur l'organisation et le fonctionnement du
service, les conditions de travail, le règlement intérieur du
centre, les règles concernant l'emploi des diverses catégories du
personnel, le tableau d'agencement des agents recrutés par le C.H.U
campus, le tableau d'effectif du personnel. Le C.T.P est formé :
- de quatre représentants de l'administration
- de quatre représentants du personnel
- du président du conseil d'administration
- du directeur du centre.
Les autres membres sont désignés par le
conseil d'administration.
c. les différents services de soins du CHU
campus
c.1 Les services médico-chirurgicaux
Il s'agit de la cardiologie, la dermatologie, la
gynécologie obstétrique, l'hématologie clinique,
l'hépato gastro-entérologie, la kinésithérapie, la
médecine interne, la médecine de travail, la neurologie,
l'ophtalmologie, l'O.R.L, la pédiatrie, la psychologie et psychiatrie,
le service porte, la stomatologie.
c. 2 La pharmacie
Elle détient des médicaments essentiels et
génériques (M.E.G) à la disposition des patients.
2.4 Les services d'aide aux diagnostics
· Les services de laboratoire
- le laboratoire de parasitologie
- le laboratoire de bactériologie
- le laboratoire d'hématologie
- le laboratoire de biochimie
· Le service de radiologie
3- Cadre méthodologique
3.1 Techniques de recherche
3.1.1 La pré-enquête
Selon Raymond Boudon (1969), la
pré-enquête permet au chercheur de se départir des
idées préconçues. Elle nous a permis de nous attacher des
services d'un agent de santé qui nous a servi de personne ressource
notamment dans la reconnaissance du milieu d'étude, les démarches
qui autorisent l'accès aux données statistiques puis certaines
informations susceptibles de nous guider dans notre recherche.
La pré-enquête nous a aussi permis d'anticiper
les réalités du CHU à travers les notes de service et les
discussions des accompagnateurs des patients.
3.1.2 La recherche documentaire
Elle s'est réalisée en dehors puis dans le
milieu d'étude. Elle s'est avérée nécessaire pour
mesurer la progression du phénomène au niveau national et au sein
du C.H.U Campus.
Elle nous a aussi permis de passer en revue les travaux
déjà réalisés sur le thème, de
dégager les méthodologies déjà empruntées,
et les théories sociologiques qui expliquent mieux le
phénomène, compte tenu du contexte dans lequel se situe le sujet.
Elle nous a permis en outre d'avoir un aperçu sur notre zone
d'étude, les différents services qui la composent, ceux qui sont
concernés par le phénomène et la répartition du
personnel soignant par service.
3.1.3 Choix et justification des variables et
indicateurs
3.1.4 Les variables de l'étude
Selon Grawitz (1969), il faudrait que les variables
soient en nombre suffisant et que les plus importantes soient retenues et
définies sans confusion pour que l'hypothèse soit
vérifiable. Dans le cadre de la présente étude, nous avons
retenu les variables suivantes :
· Variables indépendantes
Le sexe : il permet de mesurer les variations des
données selon que l'agent de santé soit du sexe masculin ou
féminin, et dans quelle mesure le genre influe sur les informations
recueillies.
L'âge : il renseigne sur la composition par
âge de l'échantillon. Il permet de mesurer les variations du
phénomène d'un groupe d'âge à un autre.
La situation matrimoniale : les problèmes
personnels que les soignants ressentent au travail varient, s'intensifient ou
s'amoindrissent selon qu'ils soient célibataires, mariés ou
divorcés. L'introduction de cette variable permettra de mesurer les
variations de ces problèmes en fonction de la situation matrimoniale des
enquêtés et leur impact sur le phénomène.
La catégorie professionnelle : cette
variable permet de situer les défaillances constatées par rapport
aux différentes catégories de personnel soignant.
L'expérience professionnelle : elle
renseigne sur l'ancienneté du soignant dans le métier et explique
certaines de ces attitudes ; elle conditionne aussi la facilité
avec laquelle le soignant exécute son rôle, étant
donné qu'à force d'effectuer les mêmes gestes, il finit par
s'y habituer au fil des années.
La qualification du soignant : elle traduit
l'aptitude intellectuelle et aussi la compétence du personnel soignant
à exercer son métier.
La fiabilité des ressources : les
ressources matérielles, financières et humaines sont des
conditions sine qua non au démarrage de l'activité
médicale. L'adéquation du matériel médical et du
budget associé à l'effectif et à la compétence du
personnel déterminent la qualité du soin et influencent donc la
mortalité.
La planification des buts : elle permet de
vérifier l'inscription de la lutte contre le phénomène
dans les préoccupations de l'administration du CHU ; autrement dit,
si le CHU fait de l'élimination de la mortalité
hospitalière un objectif à atteindre.
Le niveau d'intégration du personnel :
l'administration des soins fait appel à plusieurs catégories de
soignants. Chaque agent de santé doit alors jouer sa partition dans le
processus de guérison du patient. Une certaine cohésion des
équipes soignantes s'avère nécessaire pour un harmonieux
déroulement de la pratique médicale. La
désintégration des liens professionnels agit sur la promptitude
et l'intégrité de l'offre de soin et concoure aussi alors
à l'existence de la mortalité.
La motivation du personnel : l'engagement total
des soignants dans l'administration des soins contribue à la
guérison des patients. La non- motivation des agents est donc synonyme
d'inhibition du zèle, de désintéressement de ceux-ci
vis-à-vis de leurs rôles. Cette attitude engendre aussi la
mortalité hospitalière du fait de la négligence des
rôles par les soignants.
· La variable dépendante
Il s'agit de la variable qu'on cherche à mesurer
et qui fait l'objet de l'étude. Ici, elle est représentée
par la mortalité hospitalière
3.1.5 Les indicateurs
La pénurie de matériel : elle
témoigne de la difficulté pour les soignants d'exercer leurs
rôles avec plus de facilité et de perfection, et traduit la
moindre qualité des soins.
Le contenu explicite des notes de service : il
démontre l'existence des pratiques à risque pour les patients qui
s'opèrent au CHU.
Les grèves du personnel soignant : elles
traduisent la discontinuité des prestations de soins et remettent en
cause leur intégrité.
La lente évolution des files d'attente : elle
traduit la surcharge du personnel soignant, plus précisément les
médecins et implique donc l'insuffisance de l'effectif des soignants
face au flux de patients.
3.1.6 Recherche quantitative
3.1.6.1 Univers de l'enquête
C'est l'ensemble des individus concernés par
l'enquête. Il s'agit ici du personnel soignant des 7 services où
le phénomène s'observe régulièrement
(médecine interne, hépato gastro-entérologie, cardiologie,
neurologie, pédiatrie, psychiatrie et psychologie, maternité).
3.1.6.2 Le groupe cible prioritaire
Notre population cible se concentre dans les services
fréquemment touchés par le phénomène ; il
s'agit notamment des services de neurologie, cardiologie, médecine
interne et hépato gastro-entérologie.
Elle se compose particulièrement du personnel
soignant issu des services susmentionnés. Ils ont habileté
à fournir des informations relatives aux pratiques à risques qui
surviennent dans l'activité médicale et les conditions dans
lesquelles ces pratiques se produisent.
3.1.6.3 Méthode d'échantillonnage
Le taux de mortalité hospitalière varie
considérablement d'un service à un autre ; de ce fait, nous
nous sommes résolus à prélever un échantillon de la
population cible qui reflète proportionnellement cette variation. Nous
avons donc opté pour la méthode d'échantillonnage par
quota. Comme le souligne Berthier (2006 :
6) : « dans l'organisation de la collecte des
informations, on attache une attention particulière au mode de recueil
et au choix de l'échantillon ».
Vu donc l'écart considérable entre les
statistiques présentées dans l'analyse de la situation (cf
tableau1), et la taille de l'effectif du personnel soignant au niveau des 4
services concernés pendant la période de l'étude, nous
avons fixé un taux de sondage de 50% pour un effectif total de101
agents, d'où le tableau de répartition suivant.
Tableau 2 :
répartition de l'échantillon des soignants selon les
services respectifs
Services
|
Effectifs des agents
|
Echantillons prélevés (50%)
|
%
|
Médecine interne
|
20
|
10
|
20%
|
Hépato gastro-entérologie
|
23
|
11
|
22%
|
Cardiologie
|
26
|
13
|
26%
|
Neurologie
|
32
|
16
|
32%
|
TOTAL
|
101
|
50
|
100%
|
Remarque :
Exemple:
Ni = effectif de la strate
N1 = 20 (strate médecine interne)
ni = taille de l'échantillon de la strate
n1 = échantillon (médecine interne)
Ts = taux de sondage
Ts = 50%
On a donc ni =Ni * Ts
On a n1 = 20*50/100 = 10
3.1.6.4 Elaboration du questionnaire
Afin d'éviter de rendre le questionnaire long et
ennuyeux, et de susciter un quelconque jeu de refus des soignants à nous
accorder du temps pour la collecte des données, nous l'avons
rédigé en trois sections tout en faisant usage des questions
essentielles relatives aux dysfonctions et qui font appel aux pratiques et
attitudes du personnel soignant inclus dans la population cible, peu importe
les spécialités ou les catégories d'appartenance
professionnelles.
Nous avons donc eu recours tant aux questions ouvertes
que semi-fermées, afin de permettre aux soignants de pouvoir s'exprimer
sur tous les aspects du sujet.
3.1.6.5 Le test du questionnaire
Il a porté sur un groupe de sept soignants issus
de la pédiatrie, compte tenu du fait que ce service vient en
cinquième position selon l'ordre de classification
présenté dans le tableau1 et que ces soignants ne font pas parti
de la population cible. Il nous a permis de faire un réajustement des
questions mal comprises.
3.1.6.6 Administration du questionnaire
L'administration des questionnaires s'est faite dans
l'enceinte même du C.H.U, plus précisément dans les quatre
services retenus. Afin d'amener les soignants à pouvoir se prononcer sur
nos questions sans réticence, nous nous sommes faits passer pour un
chercheur désirant recueillir des informations sur les conditions de
travail qui conduisent aux grèves répétitives du personnel
soignant, et l'accès aux soins au CHU campus. Ce motif de recherche a
suscité l'engouement des soignants, voulant dévoiler les
difficultés accrues de leur métier aux yeux de tous, à
répondre aux questions.
Nous profitons du peu de temps libre qui sépare
les visites matinales des soignants aux malades des heures de pause pour
effectuer la collecte des données. Nous avons opté pour le mode
d'administration indirecte afin d'amener, les enquêtés à se
prononcer plus sur les questions ouvertes, enrichissant ainsi les
données recueillies.
3.2 Méthode de traitement des données
Le dépouillement des questionnaires s'est fait de
façon manuelle. Nous avons procédé à la
quantification des données qualitatives selon la fréquence des
réponses similaires, puis à la construction de tableaux simples
et de tableaux croisés montrant l'interaction entre certaines variables
et leur influence sur le phénomène étudié. Les
logiciels Word et Excel ont ensuite servi à la construction des
tableaux, aux opérations statistiques et à la saisie des
données.
3.3 Difficultés rencontrées
- Nous avons étés confronté à
l'absence aux postes du personnel administratif du C.H.U pendant les heures de
rendez-vous, ce qui nous a retardé dans la collecte des statistiques.
- Nous avons aussi noté la non-disponibilité
des statistiques récentes due à la mise à jour tardive des
statistiques annuelles, dans la mesure où le bilan des activités
de l'année précédente ne se publie qu'à la fin de
l'année en cours.
- Nous avons déploré l'attitude de certains
soignants qui réclament quelques sous avant de répondre au
questionnaire, tout en recommandant aux autres soignants de procéder
comme eux.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION, ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION DE
RESULTATS
Chapitre I : PRESENTATION ET
ANALYSE DES DONNEES
1- Caractéristiques
sociodémographiques et conduites de rupture de
rôle
1.1 Age et modalités de prise de
rôle
Tableau 3 : distribution des
enquêtés selon les pratiques à risque perçues pour
les malades
Pratiques à risque perçues pour les
malades
|
Répartition des observations
|
Effectif
|
Pourcentage
|
désertion du service au détriment des besoins
des patients sous traitement
|
11
|
22%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation
d'un instrument de soin
|
7
|
14%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
8
|
16%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
7
|
14%
|
administration précoce de remèdes palliatifs
|
14
|
28%
|
réutilisation d'un kit d'intervention à usage
unique
|
6
|
12%
|
refus d'administration de soins
|
21
|
42%
|
intervention tardive du soignant
|
15
|
30%
|
administration hâtive de soins
|
17
|
34%
|
diagnostic incomplet
|
12
|
24%
|
soins incomplets
|
11
|
22%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
N.B : (1) et (2) total et pourcentages
supérieurs à 50 et 100 : questions à choix multiples
(valables pour tous les tableaux similaires)
Les observations faites par les soignants sur le
déroulement de l'activité médicale dans les services du
CHU lèvent le voile sur une pluralité de conduites et pratiques
à risque pour les patients, qui s'y opèrent. Selon l'ordre de
grandeur des statistiques illustrées dans le tableau, 42% des
enquêtés ont observé le refus d'administration de soins,
34% en ont observé l'administration hâtive, et 30% ont
observé des interventions tardives de soignants.
A ces pratiques s'ajoutent l'administration précoce de
soins palliatifs (28%), les diagnostics incomplets (24%), les soins
inachevés (22%) et les désertions du service (22%). On notera que
la précocité des soins palliatifs va à l'encontre des
visions de l'OMS (2002) qui recommande que ces soins soient
exclusivement administrés aux sujets malades en fin de vie, dont la
pathologie dépasse toute tentative de guérison.
En dernier ressort, viennent le mépris des
règles d'hygiène (16%), les maladresses de manipulation
d'instruments de soin causant des lésions (14%), l'isolement du poste de
surveillance des patients (14%) et la réutilisation d'un kit
d'intervention à usage unique (12%). On remarquera que les
fréquences de ces dernières pratiques sont nettement
inférieures à celles des deux premières
catégories ; néanmoins, s'agissant de la vie humaine, ils
n'en demeurent pas moins négligeables.
Ce tableau récapitulatif des pratiques à risque
perçues par les soignants témoigne réellement de
l'influence des dysfonctions dans l'activité médicale sur le
décès des patients au CHU. Cependant, pour minimiser ces
observations, un soignant s'exprime en ces termes : «
il ne se passe rien du tout ici je vous assure. Allez voir au CHU Tokoin,
même un brancard se loue avant tout usage ».
Tableau 4 : répartition des pratiques
médicales à risque déclarées en fonction des
classes d'âge des soignants
pratiques médicales à risque
déclarées
|
Classes d'âge des soignants
|
total
|
20-25 ans
|
26-31 ans
|
32-40 ans
|
41-50 ans
|
51-59 ans
|
60ans et plus
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
eff
|
%
|
désertion du service au détriment des besoins des
patients sous traitement
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
14
|
28%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation d'un
instrument
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
1
|
1%
|
11
|
22%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
2
|
4%
|
1
|
2%
|
2
|
4%
|
3
|
6%
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
4
|
8%
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
10
|
20%
|
administration précoce de remèdes palliatifs
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
1
|
2%
|
4
|
8%
|
9
|
18%
|
refus d'administration de soins
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
4
|
8%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
23
|
46%
|
intervention tardive du soignant
|
3
|
6%
|
5
|
10%
|
3
|
6%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
20
|
40%
|
administration hâtive de soins
|
8
|
16%
|
3
|
6%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
1
|
2%
|
21
|
42%
|
diagnostic incomplet
|
1
|
2%
|
3
|
6%
|
4
|
8%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
2
|
4%
|
15
|
30%
|
soins incomplets
|
5
|
10%
|
8
|
16%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
2
|
4%
|
3
|
6%
|
24
|
48%
|
administration de produits en surdose
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
administration involontaire d'un produit contre-indiqué
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
réutilisation d'un kit d'intervention à usage
unique
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
4
|
8%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Les déclarations faites par les soignants sur les
pratiques à risque pour les patients qu'ils ont eut à commettre
individuellement n'est pratiquement que le reflet des pratiques à risque
perçues. Cependant, deux nouveaux genres de pratiques à risque
font agrandir la liste. Il s'agit notamment de l'administration de produits en
surdose et de l'administration de produit contre-indiqué.
La répartition de ces pratiques à risque
suivant les groupes d'âges des soignants montre que celle qui est
usuellement opérée (les soins incomplets) est
déclarée par 48% des enquêtés. Elle s'observe plus
chez les soignants âgés de 26 à 31 ans et ceux de 20-25
ans, représentant respectivement 16% et 10% des
enquêtés ; puis vient le refus d'administration de soins
déclaré par 46% des enquêtés, dont 12%
âgés entre 20-25ans et 8% pour chacune des catégories
d'âge de (26 à31 ans, 32 à 40 ans, 60 ans et plus).
L'administration hâtive de soins déclarée par 42% des
enquêtés s'observe majoritairement chez les soignants
âgés de 20 à 25 ans représentant 16% des
enquêtés, puis chez ceux âgés de 51 à 59 ans
représentant 8%. L'intervention tardive fût déclarée
par 40% des enquêtés, dont 10% appartiennent au groupe d'âge
de 26-31 ans et 8% appartenant au groupe d'âge des 60 ans et plus. On
remarque que les pratiques à risques que nous venons de mentionner sont
plus fréquentes chez les soignants de jeune âge.
Une seconde catégorie de pratiques à
risque de moindre fréquence que celles susmentionnées
émerge avec en tête, les diagnostics incomplets,
déclarés par 30% des enquêtés. Celle-ci s'observe
plus chez 8% des enquêtés âgés entre 32 et 40 ans.
Par ailleurs, 28% des enquêtés déclarent qu'ils quittent
souvent le service pendant les heures de travail pour s'occuper d'autres
activités génératrices de revenus hors de l'hôpital.
Parmi eux, on compte 10% appartenant au groupe d'âge des 51-59 ans, 8%
appartenant à celui des 60 ans et plus, 6% âgés entre 32 et
40 ans, puis 4% âgés entre 41 et 50 ans. On remarque ici que les
plus âgés ont plus tendance à déserter les lieux de
travail que les jeunes. Aucun des enquêtés appartenant aux groupe
d'âges des 20-25 ans et 26-31 n'adopte cette attitude. En revanche, ils
représentent majoritairement 8% sur les 22% d'enquêtés
ayant déclaré la maladresse de manipulation d'un instrument de
soins, provocant des lésions chez le patient. L'isolement des postes de
surveillance des patients a été déclarée par 20%
des enquêtés. Il est le plus pratiqué par 8% des
enquêtés âgés entre 41 et 50 ans, puis 6% des
enquêtés de chacun des groupes d'âges de 32-40 ans et 51-59
ans. Ensuite, 18% des enquêtés ont déclaré le
mépris des règles d'asepsie et de stérilisation
d'instruments de soin. Ils sont représentés respectivement par 6%
d'enquêtés âgés entre 41 et 50 ans, 4%
âgés entre 20 et 25 ans, 4% âgés entre 32 et 40 ans,
2% âgés entre 26 et 31 ans, et 2% âgés entre 51 et 59
ans.
En dernier ressort, se trouvent l'administration de
produits en surdose déclarée par 6% des
enquêtés dont 2% âgés entre 26-31ans, et 4%
âgés de 41-50 ans ; vient ensuite l'administration
involontaire de produits contre-indiqués déclaré aussi
par 6% des enquêtés, dont 2% pour chacun des groupes d'âges
de 26-31 ans, 32-40ans et 51-59 ans. Enfin, la réutilisation d'un kit
d'intervention à usage unique fût déclaré par 8% des
enquêtés, dont 4% âgés entre 20 et 25 ans, 2%
âgés entre 41-50 ans, et 2% âgés de 60 ans et
plus.
Tableau 5 : répartition des soignants en
fonction de leur âge, et du nombre de malades sous traitement
décédés qu'ils auraient pu sauver.
Classes d'âge des soignants
|
Nombre de malades sous traitement
décédés qui auraient pu être
sauvés
|
Nombre de soignants ayant déclaré les
décès
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
20-25 ans
|
3
|
7,14%
|
2
|
4%
|
26-31ans
|
7
|
16,67%
|
4
|
8%
|
32-40ans
|
5
|
11,9%
|
4
|
8%
|
41-50ans
|
10
|
23,81%
|
7
|
14%
|
51-59ans
|
9
|
21,43%
|
7
|
14%
|
60ans et plus
|
8
|
19,05%
|
5
|
10%
|
Total
|
42
|
100%
|
29
|
58%
|
Sur les 50 soignants de l'échantillon, 29
soient 58% ont affirmé avoir disposé de patients sous traitement
décédés (42 au total) qu'ils auraient pu sauver si les
conditions favorables avaient été réunies. Les soignants
appartenant aux catégories d'âge de 41-50 ans et 51-59 ans sont
les plus concernés par ce constat. Ils représentent chacun 14%
des enquêtés, soient en tout 28% de l'échantillon et
comptent respectivement 23,81% et 21,43% de décès sur les 42
déclarés. Ensuite, 10% des enquêtés
représentant la catégorie des 60ans et plus (retraités
actifs) déclarent 8 décès pour leur part, soient 19,05%
des 42 cas. Les soignants des groupes d'âge des 26-31 ans et 32-40 ans
représentant chacun 8% des enquêtés, soient en tout 16% de
l'échantillon comptent respectivement 16,67% et 11,9% de
décès déclarés. En dernier ressort, 4% des
enquêtés âgés de 20 à 25 ans ont
déclaré le décès de 7,14% de patients à qui
ils avaient administré des soins. Dans ces circonstances, les conditions
de travail des soignants méritent d'être éclaircies afin de
relever les déficits qui ont conduit au décès des
patients.
1.2 Sexe et modalités de prise de rôle
(pratique médicales à risque déclarées pour les
malades)
Tableau 6 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction du sexe des soignants
pratiques médicales à risque
déclarées
|
Sexe
|
total
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
désertion du service au détriment des besoins des
patients sous traitement
|
11
|
22%
|
3
|
6%
|
14
|
28%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation d'un
instrument de soin
|
7
|
14%
|
4
|
8%
|
11
|
22%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
7
|
14%
|
2
|
4%
|
9
|
18%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
10
|
20%
|
-
|
-
|
10
|
20%
|
administration précoce de soins palliatifs
|
8
|
16%
|
1
|
2%
|
9
|
18%
|
refus d'administration de soins
|
14
|
28%
|
9
|
18%
|
23
|
46%
|
intervention tardive du soignant
|
15
|
30%
|
5
|
10%
|
20
|
40%
|
administration hâtive de soins
|
17
|
34%
|
4
|
8%
|
21
|
42%
|
diagnostic incomplet
|
15
|
30%
|
-
|
-
|
15
|
30%
|
soins incomplets
|
18
|
36%
|
6
|
12%
|
24
|
48%
|
administration de produits en surdose
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
administration involontaire d'un produit contre-indiqué
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
réutilisation involontaire d'un kit d'intervention
à usage unique
|
3
|
6%
|
1
|
2%
|
4
|
8%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Ce tableau répartit les pratiques à risque
déclarées par les soignants en fonction de leur sexe. On remarque
qu'elles sont généralement plus fréquentes chez les
enquêtés de sexe masculin que ceux du sexe féminin. En
effet, sur les 50 soignants constituant l'échantillon, on compte 32 de
sexe masculin contre 18 de sexe féminin. Cet écart
considérable entre l'effectif des hommes et celui des femmes traduit la
composition même de l'effectif du CHU, nettement dominé par les
hommes.
La première catégorie de pratiques
à risque, celles qui sont les plus citées par les
enquêtés obéit aussi à cet ordre. Ainsi, sur les 48%
d'enquêtés qui déclarent avoir administré des soins
incomplets aux patients, 36% sont de sexe masculin contre 12% de sexe
féminin. De même, sur les 46% d'enquêtés ayant
déclaré le refus d'administration de soins, 28% sont de sexe
masculin contre 18% de sexe féminin. L'administration hâtive de
soins, déclarée par 42% des enquêtés concerne
précisément 34% d'hommes et 8% de femmes. A cela s'ajoute
l'intervention tardive de la part des soignants, déclarée par 40%
des enquêtés, dont 30% de sexe masculin et 10% de sexe
féminin.
Il ressort également du tableau que les
diagnostics incomplets (30%), l'isolement des postes de surveillance des
malades (20%), l'administration de produits en surdose (6%) et l'administration
de produits contre-indiqués (6%) sont des pratiques exclusivement
déclarées par des soignants de sexe masculin.
Comme dans le premier cas de pratiques à risque,
la désertion du service est pratiquée par 22% des
enquêtés de sexe masculin contre 6% de sexe féminin. De
même, les lésions causées par la maladresse de manipulation
d'un instrument de soin sont déclarées par 22% des
enquêtés, dont 14% d'hommes contre 8% de femmes. Par ailleurs, on
notera que 14% des enquêtés de sexe masculin méprisent les
règles d'asepsie et de stérilisation d'instruments, contre 4% de
sexe féminin. Il en est de même pour l'administration
précoce de remèdes palliatifs, déclarée par 16%
d'hommes contre 2% de femmes. Enfin, la réutilisation involontaire d'un
kit d'intervention à usage unique est pratiquée par 6% des
enquêtés de sexe masculin contre 2% de sexe féminin.
1.3 Situation matrimoniale et pratique
médicales à risque déclarées pour les
malades
Tableau 7 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction de la situation
matrimoniale des soignants
pratiques médicales à risque
déclarées
|
Situation matrimoniale des soignants
|
Total
|
célibataire
|
Marié
|
Divorcé
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
désertion du service au détriment des besoins des
patients sous traitement
|
-
|
-
|
14
|
28%
|
-
|
-
|
14
|
28%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation d'un
instrument de soin
|
3
|
6%
|
8
|
16%
|
-
|
-
|
11
|
22%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
2
|
4%
|
7
|
14%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
3
|
6%
|
6
|
12%
|
1
|
2%
|
10
|
20%
|
administration précoce de soins palliatifs
|
1
|
2%
|
8
|
16%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
refus d'administration de soins
|
8
|
16%
|
15
|
30%
|
-
|
-
|
23
|
46%
|
intervention tardive du soignant
|
8
|
16%
|
11
|
22%
|
1
|
2%
|
20
|
40%
|
administration hâtive de soins
|
5
|
10%
|
16
|
32%
|
-
|
-
|
21
|
42%
|
diagnostic incomplet
|
4
|
8%
|
11
|
22%
|
-
|
-
|
15
|
30%
|
soins incomplets
|
9
|
18%
|
15
|
30%
|
-
|
-
|
24
|
48%
|
administration de produits en surdose
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
administration involontaire d'un produit contre-indiqué
|
2
|
4%
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
réutilisation involontaire d'un kit d'intervention
à usage unique
|
-
|
-
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
4
|
8%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
La répartition des pratiques et conduites
à risque selon les situations matrimoniales des soignants
révèle qu'elles sont commises en grande partie par les
célibataires et les mariés : respectivement 18% et 30% pour
les soins incomplets, 16% et 30% pour le refus d'administration de soins, 10 et
32% pour l'administration hâtive de soins, 8% et 22% pour les diagnostics
incomplets,6% et 16% pour les lésions dues à la maladresse de
manipulation d'instrument, 2% et 16% pour l'administration précoce de
remèdes palliatifs, 4% et 14% pour le mépris des règles
d'asepsie et de stérilisation d'instruments, et enfin 4% et 2% pour
l'administration involontaire de produits contre-indiqués. Il ressort de
cette première analyse que les pratiques et conduites à risque
sont plus fréquentes chez les mariés que chez les
célibataires.
Dans cette logique, on notera aussi que la
désertion du service (28%), l'administration de produits en surdose
(6%), et la réutilisation involontaire de kits d'intervention à
usage unique (8%) demeurent des faits exclusivement attribués aux
mariés.
Par contre, l'isolement des postes de surveillance
des malades (20%) et l'intervention tardive des soignants (40%) sont des
conduites adoptées par les soignants célibataires, tout comme
mariés et divorcés. Dans cet ordre, ils représentent
respectivement 6%, 12% et 2% pour l'isolement ; puis 16%, 22% et 2% pour
l'intervention tardive. Là également, on remarque que ces
conduites sont plus fréquentes chez les mariés que chez les
célibataires, et les divorcés viennent en dernière
position. La situation matrimoniale des soignants constitue aussi un
déterminant non négligeable des pratiques à risques.
2- caractéristiques professionnelles et
modalités de prise de rôle
2-1 catégories professionnelles et pratiques
à risque déclarées
Tableau 8 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction des catégories
professionnelles des soignants
pratiques médicales à risque
déclarées
|
Catégories professionnelles
|
Total
|
Médecin
|
infirmier
|
Etudiant hospitalier
|
psychologue
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
désertion du service au détriment des besoins des
patients sous traitement
|
6
|
12%
|
8
|
16%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
14
|
28%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation d'un
instrument de soin
|
3
|
6%
|
4
|
8%
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
11
|
22%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
-
|
-
|
8
|
16%
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
10
|
20%
|
administration précoce de soins palliatifs
|
7
|
14%
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
refus d'administration de soins
|
9
|
18%
|
11
|
22%
|
2
|
4%
|
1
|
2%
|
23
|
46%
|
intervention tardive du soignant
|
8
|
16%
|
12
|
24%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
20
|
40%
|
administration hâtive de soins
|
6
|
12%
|
15
|
30%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
21
|
42%
|
diagnostic incomplet
|
14
|
28%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
15
|
30%
|
soins incomplets
|
6
|
12%
|
17
|
34%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
24
|
48%
|
administration de produits en surdose
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
administration involontaire d'un produit contre-indiqué
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
réutilisation involontaire d'un kit d'intervention
à usage unique
|
-
|
-
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
8%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Il ressort du tableau que le refus d'administration
de soins constitue la seule conduite à risque commune à toutes
les catégories professionnelles de soignants incluses dans notre
échantillon. Il est déclaré par 46% des
enquêtés, dont 22% sont infirmiers, 18% médecins, 4%
étudiants hospitaliers et 2% psychologue.
Ensuite, on remarque aussi que certaines pratiques
à risque s'observent seulement chez les infirmiers et les
médecins. Il s'agit notamment de la désertion du service
déclarée par 12 % de médecins et 16% d'infirmiers, de
l'administration précoce de remèdes palliatifs
déclarée par 14% de médecins et 4% d'infirmiers, de
l'intervention tardive du soignant déclarée par16% de
médecins et 24% d'infirmiers, de l'administration hâtive de soins
déclarée par12% de médecins et 30% d'infirmiers.
En revanche, d'autres pratiques demeurent
exclusivement des faits propres aux infirmiers. Il s'agit entre autres du
mépris des règles d'asepsie d'instruments déclaré
par 18% d'entre eux, de la réutilisation involontaire de kits
d'intervention à usage unique déclarée par 8%, de
l'administration de produits en surdose déclarée par 6% puis de
l'administration involontaire de produits contre-indiqués
déclarée aussi par 6%.
Les diagnostics incomplets représentent de
façon logique, la seule pratique non déclarée par les
infirmiers. Ils sont pratiqués par 28% de médecins contre 2% de
psychologue. Cependant comme dans la plupart des cas, les soins incomplets sont
pratiqués par 34% d'infirmiers contre 12% de médecins et 2% de
psychologue. De même, l'isolement des postes de surveillance est
déclaré par 16% d'infirmiers et 4% d'étudiants
hospitaliers. Enfin, les lésions dues à la maladresse de
manipulation d'instruments sont provoquées par 8% d'infirmiers contre 8%
d'internes et 6% de médecins.
On retiendra des lignes précédentes
que les pratiques et conduites à risque sont plus fréquentes chez
les infirmiers et les médecins que chez les autres catégories de
soignants. Cela paraît évident dans la mesure où le tandem
médecin-infirmier constitue normalement la chaîne de soin au
CHU.
2-2 années d'expérience
professionnelle et pratiques à risque
déclarées
Tableau 9 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction des années
d'expérience professionnelles des soignants
pratiques médicales à risque
déclarées
|
Années d'expérience
|
Total
|
0-5 ans
|
6-11ans
|
12-20 ans
|
21-29 ans
|
30 ans et plus
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
désertion du service au détriment des besoins des
patients sous traitement
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
14
|
28%
|
Lésions dues à la maladresse de manipulation d'un
instrument de soin
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
4
|
8%
|
2
|
4%
|
1
|
2%
|
11
|
22%
|
mépris des règles d'asepsie et de
stérilisation d'instruments
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
3
|
6%
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
isolement du poste de surveillance des patients
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
10
|
20%
|
administration précoce de soins palliatifs
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
5
|
10%
|
3
|
3%
|
9
|
18%
|
refus d'administration de soins
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
4
|
8%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
23
|
46%
|
intervention tardive du soignant
|
3
|
6%
|
5
|
10%
|
6
|
12%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
20
|
40%
|
administration hâtive de soins
|
8
|
16%
|
3
|
6%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
1
|
2%
|
21
|
42%
|
diagnostic incomplet
|
1
|
2%
|
3
|
6%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
2
|
4%
|
15
|
30%
|
soins incomplets
|
5
|
10%
|
8
|
16%
|
6
|
12%
|
2
|
4%
|
3
|
6%
|
24
|
48%
|
administration de produits en surdose
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
administration involontaire d'un produit contre-indiqué
|
-
|
-
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
réutilisation involontaire d'un kit d'intervention
à usage unique
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
1
|
2%
|
4
|
4%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
L'analyse de ce tableau montre que les soignants
enquêtés dont l'expérience professionnelle est comprise
entre 0-5 ans et 6-11 ans s'abstiennent à déserter leurs services
et à s'isoler des postes de surveillance des patients. La
désertion des services, est donc pratiquée par 12% des
enquêtés d'expérience professionnelle comprise entre 21 et
29ans, 8% expérimentés de 30 ans et plus, et 6%
d'expérience comprise entre 12 et 20 ans. De même, l'isolement des
postes de surveillance concerne 12% de soignants d'expérience
professionnelle comprise entre 12 et 20 ans, contre 8% d'expérience
comprise entre 21 et 29 ans. L'ancienneté dans le métier
constitue donc un facteur déterminant dans l'explication de ces
conduites.
Comme dans le tableau précédent, il ressort
également de ce tableau-ci que certaines pratiques et conduites sont
communes à tous les soignants, peu importe leurs années
d'expérience professionnelle. On y compte les soins incomplets,
déclarés majoritairement par 16% des expérimentés
de 6 à 11 ans, 12% de ceux de 12-20 ans et 10% de ceux de 0 à 5
ans. Ensuite, on note le refus d'administration de soins, plus fréquent
chez 12% d'expérimentés entre 0-5 ans, 10% de ceux d'entre 21-29
ans, contre 8% pour chacune des autres catégories restants.
L'administration hâtive des soins est plus fréquente chez 16%
d'expérimentés entre 0-5 ans, 10% de ceux d'entre 12- 20 ans et
8% de la catégorie des 21-29 ans. De même, 12% des
enquêtés d'expérience professionnelle allant de 12 à
20 ans déclarent une intervention tardive en faveur des patients contre
10% de ceux dont l'expérience est comprise entre 6 et 11 ans. Les
diagnostics incomplets sont plus fréquents chez les soignants
expérimentés de 12 à 20 ans, représentant 10% des
enquêtés contre 8% d'entre eux dont l'expérience
professionnelle va de 21 à 29 ans. Contrairement à la
désertion des services et à l'isolement des postes de
surveillance, on remarque dans ce cas-ci que les expérimentés de
30ans et plus constituent la catégorie d'enquêtés dont les
fréquences des pratiques déclarées sont les moins
élevées.
Cependant, l'administration de produits en surdose et
l'administration de produits contre-indiqués sont exclusivement
pratiquées par deux groupes d'expériences professionnelles :
4% appartenant au groupe des 12-20 ans contre 2% appartenant à celui des
6-11 ans pour le premier cas, et 2% appartenant au groupe des 6-11 ans contre
1% appartenant à celui des 21-29 ans pour le second cas. Concernant la
réutilisation involontaire d'un kit d'intervention à usage
unique, elle est plus pratiquée par 4% des enquêtés
expérimentés de 0 à 5 ans contre 2% pour chacune des
catégories de 21-29 ans et 30 ans en allant. Les lésions dues
à la maladresse de manipulation d'un instrument de soins sont plus
fréquentes chez 8% de chacun des groupes de soignants
expérimentés de 0-5 ans et 12-20 ans contre 4% pour le groupe des
21-29 ans et 2% pour les 30 ans et plus. Enfin, l'administration précoce
de soins palliatifs s'observe plus chez les enquêtés
expérimentés de 21 à 29 ans représentant 10% de
l'échantillon ; alors que le mépris des règles
d'asepsie et de stérilisation des instruments s'observe plus chez les
expérimentés de 12 à 20 ans et ceux de 0 à 5 ans,
représentant chacun 6% des enquêtés, contre 4% pour les
expérimentés de 6 à11 ans et 2% pour ceux de 21 à
29 ans.
3- les sources de conduites de rupture de
rôle
3.1 La situation de travail difficile et les
contraintes qui en découlent
Tableau 10 : répartition des conditions
difficiles de travail évoquées par les soignants.
Conditions de travail
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pénurie de matériel de soin
|
47
|
94%
|
Matériel vétuste
|
38
|
76%
|
Infrastructure inadéquat
|
21
|
42%
|
Insuffisance du personnel soignant
|
15
|
30%
|
Salaires irréguliers
|
45
|
90%
|
Salaires insignifiants
|
43
|
86%
|
Non paiement des primes de garde et de risque de contamination
|
39
|
78%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Les conditions de travail dans lesquelles se
déroule l'activité médicale constituent un des facteurs
qui sont à l'origine des pratiques à risque pour les patients. Ce
tableau illustre bien la situation. Il en ressort que la pénurie de
matériel évoquée par 94% des enquêtés,
l'irrégularité des salaires (citée par 90% d'entre eux),
leur insignifiance (évoquée par 86%), et le non paiement des
primes de garde et de risque de contamination (évoqué par 78% des
enquêtés) sont les situations qui indisposent le plus les
soignants. Le Syndicat National du Personnel Hospitalier du Togo (SYNPHOT,
2010), confirme le dernier point en ces termes : « la
prime de risque du personnel médical est fixée à 3000 F
CFA le mois contre 100 000 F CFA au Bénin voisin, et pourtant les
risques sont là, quotidiens ».
A propos des matériels, le chef du personnel
déclare : « la pénurie de matériel
est un point que presque tous les soignants que vous allez aborder
évoquerons sûrement ». Cependant, non seulement le
matériel de soin est insuffisant, mais aussi vétuste,
inadapté. 76% des enquêtés considèrent que le
matériel de soin est désuet, alors que leur renouvellement
constitue une véritable énigme pour le CHU. Dans le même
sens, l'effectif du personnel soignant demeure aussi insuffisant face aux
demandes des patients. 30% des enquêtés ont soulevé ce
point et 42% s'en prennent aux infrastructures, jugées
inadéquates. Les services de soin, en raison de la pénurie de
moyens, ne détiennent pas une autonomie en tant que telle ; ils se
trouvent dans l'obligation de procéder constamment au transfert des
malades afin de pouvoir leur procurer des soins complets, alors que certains
déplacements pouvaient normalement être évités. Un
infirmier déclare : « le lien entre les services
n'a pas l'air compliqué, mais il suffit de participer au transfert d'un
malade d'un service à un autre pour se rendre compte de
l'exigüité de l'espace par endroits ; il fût un temps
où nous exigeons une contribution d'environ 500 francs de la part du
malade pour son transfert avant que l'administration ne nous rappelle à
l'ordre, sous peine de sanction dorénavant ».
Tableau 11 : répartition des
contraintes (situations embarrassantes) découlant des conditions
difficiles de travail auxquelles les soignants se trouvent
confrontées
Contraintes ou situations embarrassantes
|
effectifs
|
Pourcentage
|
Limitation du déploiement des compétences
|
33
|
66%
|
Incertitudes sur le traitement à adopter
|
11
|
22%
|
Risque élevé d'infections nosocomiales
|
27
|
54%
|
Démotivation
|
43
|
86%
|
Surcharge
|
37
|
74%
|
Fatigue
|
32
|
64%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Les conditions difficiles de travail vécues au CHU
engendrent des contraintes dans l'activité médicale. 86% des
enquêtés affirment travailler sans la moindre motivation à
cause de l'irrégularité des salaires. Aussi, l'insuffisance du
personnel soignant soumet 74% d'entre eux à la surcharge. Dans la
foulée, 64% des enquêtés estiment être contraints
à travailler sous le coup de la fatigue. Par ailleurs, 33
enquêtés (66%) déplorent la limitation du
déploiement de leurs compétences, du fait de manque de
matériel de soin.
Dans cette perspective, les risques de contraction
d'infections nosocomiales s'accentuent. C'est ce que témoigne aussi le
secrétaire général du SYNPHOT, le docteur Walla
(2010) : «tous les jours que le bon Dieu fait, on se fait
piquer ; une fois je me suis fait piquer lors de l'opération d'une
personne séropositive connue comme telle et vous imaginez, je ne pouvais
pas faire le test parce qu'il n'y avait pas de réactifs et j'ai dû
sortir l'argent de ma propre poche pour payer les
médicaments ».
Au CHU campus, 54% des enquêtés affirment
endurer cela comme une contrainte qui empêche leur engagement total dans
le travail et 22% d'entre eux en rajoutent celle causée par des
incertitudes sur les traitements à adopter dans la mesure où les
analyses indispensables à leur réalisation sont
inachevées, faute de manque de réactifs.
3.2 Le milieu relationnel ou la situation de
communication
Tableau 12 : répartition des entraves
à la circulation de l'information pendant l'administration des soins.
Les entraves à la circulation de
l'information
|
Effectif
|
Pourcentage
|
La mésentente
|
5
|
10%
|
Les divergences d'opinions sur les traitements adoptés
|
11
|
22%
|
La sous-estimation des collaborateurs
|
8
|
16%
|
Les groupuscules informels
|
4
|
8%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Il ressort de ce tableau que 4 grands maux minent la
circulation de l'information et concourent à l'existence de la
mortalité hospitalière au CHU. Parmi ces maux, 16% des
enquêtés évoquent le fait que certains soignants
sous-estiment les collègues avec qui ils sont appelés à
collaborer. Un infirmier (28 ans, expérience professionnelle comprise
entre 0 et 5 ans) s'exprime ainsi : « ici, on sollicite
souvent avant vous, des gens avec qui vous partagez la même
expérience professionnelle, même s'ils sont occupés
à soigner d'autres patients ». 10% des
enquêtés évoquent aussi l'existence de mésentente au
sein des équipes soignantes ; le manque de convivialité
affecte en ce sens le climat de travail. Ensuite la divergence d'opinions
citée par 22% des enquêtés s'ajoute à la liste.
Selon les propos d'un médecin : « les
divergences d'opinions émergent surtout quand, en raison de
l'insuffisance du matériel et des produits de soin, les soignants sont
contraints à travailler avec les moyens de bord ».
Enfin 8% des enquêtés déplorent l'existence de
groupuscules informels de soignants partageant une vision commune de la
légitimité des négligences temporaires des méthodes
de soins, compte tenu des conditions difficiles de travail. Ces groupuscules,
véritables « cercles vicieux » dans les termes
de Crozier (1963) constituent également une entrave à la
circulation des informations.
Tableau 13 : répartition des conduites de
communication bloquée susceptibles d'engendrer des risques pour les
patients
Conduites de communication bloquée
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Evitement de collaboration avec des collègues
ciblés
|
7
|
14%
|
Monopolisation des décisions
|
12
|
24%
|
Disputes pendant l'offre de soins
|
7
|
14%
|
Non-information de la direction sur les pratiques à risque
pour les malades
|
5
|
10%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Ce tableau renseigne sur les conduites de communication
bloquée consécutives aux entraves à la circulation des
informations. On assiste dans cette perspective à la monopolisation des
décisions sur les traitements adoptés se traduisant par la
réticence et le refus de tenir compte des suggestions des autres, sans
en discuter préalablement. 24% des enquêtés ont
soulevé ce point qu'ils considèrent comme un manque de confiance
dans les aptitudes des autres. Le psychologue s'exprime en ces
termes : « il arrive que certains médecins
s'engagent à prendre le monopole des décisions sur les
traitements administrés sans l'avis des autres alors qu'il y a des cas
qui nécessitent la collaboration entre tous ». Par
ailleurs, la mésentente se traduit par le fait que des soignants
adoptent des attitudes d'évitement de collaboration avec des
collègues ciblés. Ce point-ci fût soulevé par 14%
des enquêtés.
Dans la foulée, les divergences d'opinion engendrent
également des disputes entre soignants pendant l'administration de
soins. Un infirmier
déclarait : « vis-à-vis de certaines
situation, la hiérarchie du soignant s'efface devant son
expérience professionnelle, et si d'autres ne l'entendent pas de cette
oreille, il va falloir qu'on laisse de côté nos connaissances
théoriques et que la pratique nous départage ».
Ces propos s'expliquent par le fait qu'au CHU campus, la promotion s'accorde
d'abord en fonction des performances des soignants, et en second lieu, selon
l'ancienneté dans le métier. Dans ces circonstances, les plus
expérimentés ne sont pas forcément les plus gradés.
Enfin, 10% des enquêtés déplorent également
la conduite de non information de la direction sur les pratiques à
risque pour les malades qui s'opèrent dans les services. Ils attribuent
cela à la complicité des chefs et des surveillants de service.
3.3 Évaluation de la gestion de la
situation par l'administration du CHU
Tableau 14 : répartition des
réponses des enquêtés sur les mesures correctives
adoptées par l'administration afin d'éviter le
décès des patients.
Mesures adoptées par
l'administration
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Exigence de rapport sur les circonstances de
décès des patients
|
50
|
100%
|
Eveil de la conscience professionnelle à travers des
sessions formations
|
43
|
86%
|
Renforcement des connaissances à travers des
séances de recyclage du personnel soignant
|
38
|
76%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Face au décès des malades hospitalisés,
l'administration du CHU adopte des mesures correctives en vue d'éviter
que la responsabilité des soignants ne soit engagée dans
l'existence du phénomène. Selon ce tableau, 86% des
enquêtés reconnaissent que le CHU contribue à
l'éveil de la conscience professionnelle des soignants à travers
des formations organisées à leurs endroits. 76% d'entre eux
affirment également bénéficier d'un renforcement des
connaissances à travers des séances de recyclage.
Par ailleurs, tous les soignants enquêtés (100%)
affirment que le CHU exige de leur part des rapports sur les circonstances de
décès des patients, ce qui devrait normalement constituer un
obstacle aux pratiques à risque adoptées, à cause des
sanctions disciplinaires auxquelles ils s'exposeraient. Au rang de ces
sanctions, on citera selon la gravité du comportement
répréhensible, la mise-à-pied ne pouvant excéder
sept jours, la mise-à-pied ne pouvant excéder un mois, la
radiation du tableau d'avancement, la réduction d'ancienneté
d'échelon, la rétrogradation, l'exclusion temporaire de fonction,
la révocation sans suspension des droits à pension et la
révocation avec suspension des droits à pension. Cependant, la
longue liste de pratiques à risque déclarées par les
soignants eux-mêmes, traduit les limites des mesures correctives
adoptées par le CHU et laisse présager l'existence d'obstacles
à leur éradication.
Tableau 15: répartition des obstacles
à l'éradication des pratiques à risque
Les obstacles à la l'éradication des
pratiques à risque
|
Effectif
|
Pourcentage
|
La lenteur des décisions correctives prises par
l'administration
|
28
|
56%
|
L'impunité des retraités actifs
|
19
|
38%
|
Le caractère provisoire des mesures correctives
|
24
|
48%
|
Absence de suivi rigoureux sur les rapports consécutifs au
décès des patients
|
7
|
14%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Si les pratiques à risque pour les malades
persistent, cela est dû d'une part à l'insuffisance des mesures
correctives adoptées. 56% des enquêtés déplorent la
lenteur des décisions compensatoires prises par l'administration et 48%
en déplorent leur caractère trop souvent provisoire. C'est ce que
confirme un médecin en ces
termes : « l'administration du CHU n'a jamais
trouvé satisfaction à toutes les lacunes qu'on rencontre dans ce
service ; on s'en tient toujours à des mesures provisoires en
fonction des maigres moyens de bord ».
Par ailleurs, 38% des enquêtés
dénoncent l'impunité des retraités actifs, ce qu'ils
estiment être aussi un obstacle à la correction des dysfonctions
observées. Cela provient du fait que les soignants âgés de
60 ans et plus sont en réalité des retraités, mais le CHU
continue toujours par les compter parmi l'effectif des soignants actifs, du
fait de manque de personnel. On note ainsi un absentéisme
récurrent de ceux-ci et une certaine marge de liberté
vis-à-vis des règlements du CHU tels que l'assiduité et la
ponctualité. Ils échappent en quelque sorte au contrôle de
l'administration.
Dans la foulée, les pratiques à
risque persistent et prennent le dessus sur les mesures compensatoires prises.
Pour expliquer ce fait, 14% des enquêtés affirment pour leur part
une absence de suivi rigoureux sur les rapports faisant suite au
décès des malades.
3.4 Les évènements personnels
ressentis pendant l'exercice des rôles
Tableau 16: répartition des
problèmes familiaux ressentis par les soignants au service, en fonction
de leur âge
Problèmes familiaux ressentis jusqu'au
service
|
Classes d'âge des soignants
|
Total
|
20-25 ans
|
26-31 ans
|
32-40 ans
|
41-50 ans
|
51-59 ans
|
60ans et plus
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Disputes conjugales
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
2
|
4%
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
1
|
2%
|
9
|
18%
|
Difficulté d'approvisionnement du ménage en biens
consommables
|
4
|
8%
|
11
|
22%
|
5
|
10%
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
4
|
8%
|
34
|
68%
|
Endettement pour subvenir aux besoins du ménage
|
5
|
10%
|
3
|
6%
|
6
|
12%
|
4
|
8%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
27
|
54%
|
Mise en suspens de la satisfaction de besoins urgents
|
2
|
4%
|
2
|
4%
|
7
|
14%
|
6
|
12%
|
5
|
10%
|
6
|
12%
|
28
|
56%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Hormis les disputes conjugales, tous les autres
problèmes mentionnés dans ce tableau s'observent chez toutes les
catégories d'âge. En fait, les enquêtés
âgés entre 20 et 25 ans sont exempts des disputes conjugales.
Cependant, sur les 18% d'enquêtés touchés par le
problème, 6% appartiennent au groupe d'âge des 41-50 ans, contre
4% pour le groupe des 32-40 ans, 4% également pour celui des 51-59 ans,
2% pour le groupe d'âge des 26-31 ans et 2% pour celui des 60 ans et
plus.
On remarque de façon générale que les
autres problèmes observés chez tous les groupes d'âge sont
de nature socio-économique. Parmi eux, prédominent les
difficultés d'approvisionnement des ménages en biens
consommables déclarées par 68% des enquêtés, dont
22% âgés entre 26 et 31 ans, 12% âgés entre 41et 50
ans, 10% âgés entre 32 et 40 ans, puis 8% pour chacune des
catégories d'âge restantes. Ensuite, 56% des enquêtés
sont confrontés à la mise en suspens de la satisfaction de
besoins urgents ; on notera qu'elle est plus fréquente chez les
plus âgés. On en compte 14% âgés entre 32 et 40 ans,
12% âgés entre 41 et 50 ans, 12% également
âgés de 60 ans et plus, 10% âgés entre 51 et 59 ans,
puis 4% appartenant à chacun des groupes d'âge des 20-25 ans et
26-31 ans. Par ailleurs, 54% des enquêtés affirment être
endettés afin de subvenir aux besoins de leurs ménages. Parmi
eux, 12% sont âgés entre 32 et 40 ans, contre 10% appartenant
à chacune des catégories d'âge de 20-25 ans et 51-59 ans,
8% âgés entre 41 et 50 ans, 8% également âgés
de 60 ans et plus, puis 6% âgés entre 26 et 31 ans.
Tableau 17: répartition des
problèmes familiaux en fonction du sexe des soignants.
Problèmes familiaux ressentis jusqu'au
service
|
Sexe
|
Total
|
Masculin
|
Féminin
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Disputes conjugales
|
9
|
18%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
Difficulté d'approvisionnement du ménage en biens
consommables
|
31
|
62%
|
3
|
6%
|
34
|
68%
|
Endettement pour subvenir aux besoins du ménage
|
27
|
54%
|
-
|
-
|
27
|
54%
|
Mise en suspens de la satisfaction de besoins urgents
|
23
|
46%
|
5
|
10%
|
28
|
56%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
L'analyse de ce tableau révèle que les
difficultés d'approvisionnement des ménages en biens consommables
et la mise en suspens de la satisfaction des besoins sont les deux types de
problèmes personnels que rencontrent les soignants de sexe masculin tout
comme ceux du sexe féminin. Cependant, ils se posent avec plus
d'acuité chez les hommes que chez les femmes.
En effet, 62% des enquêtés, tous de sexe masculin
sont confrontés à des difficultés d'approvisionnement de
leurs ménages en biens consommables contre 6% de sexe féminin. De
même, 46% des enquêtés, tous de sexe masculin sont
confrontés à la mise en suspens de la satisfaction de besoins
urgents contre seulement 10% de femmes.
En revanche, les endettements en vue de subvenir aux besoins
du ménage et les disputes conjugales demeurent exclusivement des
problèmes personnels des enquêtés de sexe masculin,
respectivement 54% et 18% de l'effectif total des enquêtés. Les
enquêtés de sexe masculin sont donc plus touchés par les
problèmes personnels que les femmes.
Tableau 18: répartition des
problèmes familiaux des soignants en fonction de leur situation
matrimoniale
Problèmes familiaux ressentis jusqu'au
service
|
Situation matrimoniale
|
total
|
Célibataire
|
marié
|
Divorcé
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Disputes conjugales
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
-
|
-
|
9
|
18%
|
Difficulté d'approvisionnement du ménage en biens
consommables
|
3
|
6%
|
12
|
24%
|
19
|
38%
|
34
|
68%
|
Endettement pour subvenir aux besoins du ménage
|
6
|
12%
|
9
|
18%
|
12
|
24%
|
27
|
54%
|
Mise en suspens de la satisfaction de besoins urgents
|
4
|
8%
|
9
|
18%
|
15
|
30%
|
28
|
56%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Il ressort du tableau que les difficultés
d'approvisionnement des ménages en bien consommables demeurent le
problème majeur auquel les soignants du CHU se trouvent
confrontés. Sur les 68% concernés par ce problème, les
soignants divorcés constituent la cible privilégiée avec
38% des cas, contre 24% vivant encore en couple et 6% de célibataires.
Ces derniers justifient leur cas par le fait qu'ils disposent des personnes
à charge, dont l'entretien constitue des dépenses
supplémentaires : le contexte de la famille élargie dans les
sociétés africaines explique bien cette situation.
Les endettements en vue de subvenir aux besoins du
ménage constituent aussi un second problème personnel qui
influence l'exécution des rôles par les soignants. 59% d'entre eux
affirment être concernés. Dans ce cas encore, les divorcés
sont les plus touchés. Ils représentent 24% de
l'échantillon, contre 18% de mariés et 12% de
célibataires.
Le troisième cas de problème que
représente la mise en suspens de la satisfaction de besoins urgents
obéit aussi au même ordre que les deux précédents.
Là également, les divorcés représentant 30% des
enquêtés demeurent les plus touchés. Cela s'explique par le
fait qu'ils endossent seuls les multiples dépenses de leurs
ménages, ce que d'autres gèrent en couple. C'est ce qui ressort
des propos d'une infirmière (37 ans,
divorcée) : « il n'est pas du tout facile pour
un divorcé de joindre les deux bouts surtout quand on a la garde des
enfants ». Les disputes conjugales viennent enfin en dernier
ressort. Seuls les mariés en sont logiquement concernés ;
ils représentent 18% des enquêtés.
3.5 Les effets des évènements
personnels sur la prise des rôles
Tableau 19 : variation des effets induits par
les évènements personnels sur l'activité médicale,
en fonction des expériences professionnelles des soignants
Effets induits par les problèmes personnels sur
l'activité médicale
|
Années d'expérience
|
total
|
0-5 ans
|
6-11ans
|
12-20 ans
|
21-29 ans
|
30 ans et plus
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Passivité dans l'exécution des rôles
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
3
|
6%
|
15
|
30%
|
Manque de concentration dans l'exécution des
rôles
|
7
|
14%
|
5
|
10%
|
5
|
10%
|
4
|
8%
|
2
|
4%
|
23
|
46%
|
Désintéressement vis-à-vis du travail
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
7
|
14%
|
2
|
4%
|
5
|
10%
|
17
|
34%
|
Nervosité notoire dans les relations professionnelles
pendant l'offre de soins
|
4
|
8%
|
2
|
4%
|
-
|
-
|
3
|
6%
|
2
|
4%
|
11
|
22%
|
Prédisposition aux disputes pendant l'offre de soins
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
2
|
4%
|
4
|
8%
|
8
|
16%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
Il ressort de ce tableau que le manque de concentration dans
l'exécution des rôles demeure le seul effet induit par les
évènements personnels sur l'activité médicale que
subissent tous les soignants enquêtés peu importe leurs
années d'expérience professionnelle. Il est plus fréquent
chez les enquêtés expérimentés entre 0 et 5 ans. Ils
représentent 14% des enquêtés contre 10% pour les
expérimentés d'entre 6 et 11 ans, 10% également pour ceux
de 12 à 20 ans, 8% pour ceux de 21 à 29 ans, et 4% pour ceux de
30 ans et plus.
On remarque ensuite un désintéressement
vis-à-vis du travail chez 34% des enquêtés et une
passivité dans l'exécution des rôles chez 30% d'entre eux.
Il est à noter que les enquêtés expérimentés
entre 0 et 5 ans ne sont pas concernés. Par contre, ils sont plus
fréquents chez ceux qui sont expérimentés entre 12 et 20
ans. Ces derniers représentent dans le premier cas 14% des
enquêtés contre 10% pour les expérimentés de 30ans
et plus, 6% pour ceux d'entre 6 et 11 ans, puis 4% pour ceux d'entre 21 et 29
ans. Dans le second cas, ils représentent 10% des enquêtés
contre 8% pour les expérimentés de 21 à 29 ans, 6% pour
ceux de 6 à 11 ans et 6% également pour ceux de 30 ans et
plus.
Dans la foulée, 22% des enquêtés affichent
une nervosité notoire dans les relations professionnelles pendant
l'offre de soins. Hormis les expérimentés de 12 à 20 ans,
les autres groupes d'expérience professionnelles en sont
concernés. 8% appartiennent au groupe des 0-5 ans, 6% à celui des
21-29 ans, 4% à celui des 6-11 ans, puis 4% à celui des 30 ans et
plus. De même, on observe chez 16% des enquêtés à
l'exception des expérimentés de 6 à 11 ans une
prédisposition aux disputes pendant l'offre de soins. On y compte 8%
des expérimentés de 30 ans et plus, 4% de ceux de 21 à 29
ans, et 2% pour chacun des deux autres catégories. Un soignant l'exprime
en ces termes : « des fois je suis de mauvaise
humeur ; il m'arrive de lancer certains mots agressifs à l'endroit
de mes collègues, ce que je regrette après ».
Tableau 20 : variations des effets induits par les
évènements personnels sur l'activité médicale, en
fonction des catégories professionnelles des soignants
Effets induits par les problèmes personnels sur
l'activité médicale
|
Catégories professionnelles
|
total
|
médecin
|
infirmier
|
Etudiant hospitalier
|
psychologue
|
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Passivité dans l'exécution des rôles
|
4
|
8%
|
7
|
14%
|
4
|
8%
|
-
|
-
|
15
|
30%
|
Manque de concentration dans l'exécution des
rôles
|
6
|
12%
|
11
|
22%
|
5
|
10%
|
1
|
2%
|
23
|
46%
|
Désintéressement vis-à-vis du travail
|
5
|
10%
|
8
|
16%
|
3
|
6%
|
1
|
2%
|
17
|
34%
|
Nervosité notoire dans les relations professionnelles
pendant l'offre de soins
|
3
|
6%
|
7
|
14%
|
1
|
2%
|
-
|
-
|
11
|
22%
|
Prédisposition aux disputes pendant l'offre de soins
|
2
|
4%
|
5
|
10%
|
-
|
-
|
1
|
2%
|
8
|
16%
|
BASE
|
(1)
|
(2)
|
TOTAL
|
50
|
-
|
On constate sur ce tableau que les deux effets
prédominants s'observent chez toutes les catégories
professionnelles incluses dans l'échantillon. Il s'agit entre autres du
manque de concentration dans l'exécution des rôles observé
chez 46% des enquêtés, dont 22% d'infirmiers, 12% de
médecins, 10% d'étudiants hospitaliers et 2% de psychologue.
C'est ce que reportent les propos d'un
médecin : « il arrive a tout le monde de
commettre des erreurs ; j'avoue que j'en commets, mais je pense que les
miens proviennent du manque de concentration. Cela arrive quand on se sent
débordé par les soucis ». Suit dans le même
ordre, le désintéressement vis-à-vis du travail
observé chez 34% des enquêtés, dont 16% d'infirmiers, 10%
de médecins, 6% d'étudiants hospitaliers et 2% de psychologue.
Cependant, la passivité dans l'exécution des
rôles et la nervosité notoire dans les relations professionnelles
pendant l'offre de soins demeurent propres aux médecins, infirmiers et
étudiants hospitaliers. La première obéit aussi à
l'ordre précédent, et s'observe chez 14% d'infirmiers, 8% de
médecins et 8% d'étudiants hospitaliers. Il en est de même
pour la seconde, observée chez 14% d'infirmiers, 6% de médecins,
et 2% d'étudiants hospitaliers. Enfin, 10% d'infirmiers, 4% de
médecins et 2% de psychologue affirment être
prédisposés aux disputes pendant l'offre de soins.
Chapitre III : INTERPRETATION DES
RESULTATS : les dysfonctions hospitalières et risques de
mortalité des malades
1- rupture entre statut, rôle et valeurs
1.1- les valeurs de la pratique
médicale
L'approche structuro-fonctionnaliste conçoit
l'hôpital tout entier comme une microsociété, incluse dans
la société globale environnante dans laquelle il se localise. De
ce fait, l'hôpital n'est pas socialement neutre ou différent car
il présente les mêmes caractéristiques que la
société, et partage alors les mêmes valeurs que celle-ci.
Dès lors, pour garantir sa fiabilité, la pratique
médicale devait-elle se conformer aux mêmes valeurs qu'on retrouve
dans la culture ambiante. Autrement dit, les motifs qui justifient les
modalités de prise de rôle par les soignants doivent être
élaborés à partir des caractéristiques
fondamentales propres à la société. Cependant, nous
constatons que l'activité médicale au CHU campus s'éloigne
de cette norme (tableau3).
Selon Arnaud (1968 :7) : « depuis
Hippocrate, le désintéressement et l'altruisme
représentent pour la profession médicale les deux plus grandes
valeurs qui soient. Au plan de la pratique, toutes les
générations de médecins les considèrent comme
absolument inaltérables : leur fonction essentielle, c'est de
justifier l'exercice de la médecine en tout lieu et à toute
époque ». C'est également le point de vue
partagé par Parsons (1951) pour qui les soignants, au
nom du désintéressement et de l'altruisme doivent placer le bien
être du malade au-dessus de leurs intérêts personnels et
exclure le mobile du profit.
Dans cette optique, les soignants sont appelés à
déployer, sans réserve aucune, toutes leurs compétences
techniques au service des patients (mais il ressort du tableau 11 que le
déploiement des compétences se trouve limité au CHU) et la
guérison de ceux-ci doit constituer leur préoccupation
primordiale. Ils doivent s'abstenir d'étendre leur intervention
au-delà du domaine de la santé et de la maladie, et bannir de
même toute attitude tendant à administrer des soins en fonction du
gain qui en découle. Les soignants doivent donc « traiter
les malades sans transactions ni pourboires » : (Echo de
Santé, 1996 : 10)
1.2- les conduites de rôle normativement
prescrites et attendues
Les progrès de la médecine à travers les
découvertes de remèdes, le renforcement de l'outillage technique,
l'organisation et la division du travail supposent une
« rationalisation » de l'activité médicale au
sens où l'entend Weber (1971). Le cadre dans lequel s'exerce la
pratique médicale constitue donc un préalable à cette
rationalisation. En d'autres termes, la dotation de l'hôpital en budget
compatible avec ses besoins, en équipements adéquats,
l'établissement des règles impersonnelles, le contrôle de
l'activité interne (tableau 14), devait amener les soignants à
poser des gestes professionnels uniformes à l'endroit des patients. Il
s'ensuit que les malades admis dans un même service sont censés
subir les mêmes traitements. Même s'il n'existe réellement
pas de processus standardisé de production de soins à
l'hôpital comme le souligne Souweine (2006), le soignant se doit de poser
ses gestes uniquement dans le sens de l'application des compétences
techniques inhérentes à sa spécialité.
C'est ce que Parsons (idem) désigne par
« l'universalisme du rôle ».
Selon lui, la culture moderne et sa médecine incitent
les soignants à universaliser leurs rôles, c'est-à-dire,
à adopter des attitudes professionnelles semblables devant chaque
patient. Ils doivent traiter les malades d'une manière égale en
raison exclusive de ce dont ils souffrent, et non en fonction de leur
catégorie sociale, d'autres formes de considérations ou des
idéologies personnelles et états d'âme des soignants
eux-mêmes (comme le montre si bien le tableau3).
Il en ressort que les soignants doivent faire preuve
de justice sociale, et se plier aux exigences de l'éthique
professionnelle. De même le médecin est censé donner de
bonnes instructions à l'infirmier, de même celui-ci, y compris les
éventuels collaborateurs hospitaliers (tableau 8) sont appelés
à les appliquer à la lettre, tout en se conformant aux
critères d'intégrité dans le métier.
1.3- Rupture entre statut et rôle social du
soignant
Le rôle du soignant sur le plan social
à l'hôpital s'inscrit ici dans le cadre de ses rapports avec les
patients. Il est constaté dans cette étude que la
désertion du service au détriment des besoins des patients sous
traitement, l'isolement des postes de surveillance, et le refus
d'administration de soins constituent entre autres les pratiques ou conduites
qui caractérisent les rôles des soignants au CHU campus (tableau
3).
Dans ce contexte, les négociations autour des
prestations de soins définies par Strauss (1992 : 88)
comme : « les processus de donnant-donnant, de
diplomatie, de marchandage qui caractérisent la vie d'une
organisation », deviennent inévitables. Comme le
soulignent Carricaburu et Ménoret (2004 :31)
: « l'hôpital doit faire face aux réalités
des négociations entre l'équipe soignante et les patients, mais
aussi entre l'équipe soignante et les familles ». En ce
sens, pour amener les soignants à se préoccuper d'eux, les
patients et leurs familles ont la possibilité d'exercer une certaine
influence sur ceux-ci à travers la mobilisation de leurs capitaux
économiques ou sociaux.
Ce principe de négociation s'éloigne
du cadre formel du rôle social du soignant. Selon Arnaud (op.cit), la
relation soignant-patient représente désormais une relation de
type secondaire où il va de soi que le soignant ne fasse intervenir que
les éléments indispensables à l'exercice de son rôle
professionnel. Si les soignants du CHU campus n'arrivent parfois à
adapter leurs rôles aux besoins des patients que sous l'influence des
liens sociaux, affectifs, ou des potentiels économiques de ceux-ci, ils
ne sont guère
« désintéressés », car une telle
attitude tend vers le clientélisme.
Dans cette perspective, les malades dépourvus
de liens sociaux et détenant juste l'essentiel, c'est-à-dire les
ressources financières normalement requises pour leur guérison,
deviennent en quelque sorte des cas sociaux circonstanciels. Nous retrouvons
là, un autre aspect de la reproduction des inégalités
sociales en milieu de soin. Carricaburu et Ménoret (idem :21)
pensent que : « l'injustice sociale relative aux soins ne
va pas disparaître, elle va perdurer au sein même de l'institution
hospitalière ».
1.4- Rupture entre valeurs et
rôle
Comme nous l'avons mentionné
précédemment, le
« désintéressement » et
« l'altruisme » représentent en tout lieu et en tout
temps, les deux valeurs fondamentales auxquelles la pratique médicale
doit se conformer (Parsons 1951 ; Arnaud 1968). Maurois (1967)
partage aussi ce point de vue ; selon lui, le rôle du soignant en
tout temps est de maintenir la vie et d'alléger la souffrance, tout en
tenant chaque patient pour une personne humaine qui doit être
respectée.
Compte tenu de la pérennité de ces deux
valeurs, elles demeurent également incontournables dans
l'évaluation de l'activité médicale au CHU campus. En
effet, il ressort de cette étude que 28% des soignants
enquêtés désertent les services de soin pour vaquer
à d'autres occupations hors du CHU, et ceci, au détriment des
patients sous traitement. De même, 20% d'entre eux ont tendance à
s'isoler des postes de surveillance des patients. Par ailleurs, 46% de ces
mêmes soignants affirment qu'il leur arrive de refuser d'administrer des
soins à des patients (tableau3). Cette attitude s'explique surtout par
les mouvements de grève reconnus légaux par le CHU.
Néanmoins, cela va à l'encontre de l'attitude
désintéressée et altruiste telle que l'entend André
Maurois (idem : 12) : « aujourd'hui comme hier,
l'action médicale ne doit être destinée qu'à servir
le malade, en dehors de tout amour propre et de tout souci de
carrière »
Sous cet angle, l'écart entre
l'activité des soignants et les valeurs de la pratique médicale
s'exprime aussi à travers les négociations éventuelles
autour de l'offre de soins, en cas de refus. On rappellera ici qu'il est dans
l'habitude du CHU campus d'assurer au moins le service minimum en
période de grève. Dans ces circonstances, comme nous l'avons
également mentionné, l'influence sociale ou économique du
malade et de son entourage, ou encore l'affectivité du dispensateur de
soins sont des paramètres qui déterminent l'accomplissement des
rôles. En ce sens, le désintéressement et l'altruisme ne
trouvent plus place dans l'activité médicale au CHU
campus : la pratique médicale se trouve dépourvue de ses
valeurs fondamentales.
2- Contradiction entre conditions objectives de
travail au CHU campus et poursuite des buts
2.1- Polémique des soins administrés
aux patients et risques d'infections nosocomiales
Loin de garantir la fiabilité des soins et le
rétablissement des malades, les pratiques à risque relevant de
l'activité des soignants au CHU campus sont en outre, susceptibles
d'engendrer l'aggravation des états de santé des demandeurs de
soin. Au rang de ces pratiques, qui peuvent directement provoquer des
complications, nous relèverons notamment le mépris des
règles d'asepsie et de stérilisation d'instruments de soin, la
réutilisation des kits à intervention unique, et les
lésions dues à la maladresse de manipulation des instruments de
soin (tableau 4). Elles sont plus fréquentes chez les infirmiers que
chez les médecins (tableau8).
Il va sans dire que de telles pratiques font
accroître les risques de contamination des malades hospitalisés,
ce qui est désigné dans le langage médical sous le terme
d'infections nosocomiales. Cette situation est vraiment inquiétante dans
la mesure où on sait effectivement que de nos jours, certaines
pathologies à l'instar du VIH-SIDA sont réputées
incurables et encore, faudra-t-il que les soignants s'aperçoivent
tôt de la réinfection des patients en question pour en tenir
compte dans les traitements adoptés.
Dans cette perspective, comme l'affirmait
(Steudler, 1974 : 32), le CHU campus devient effectivement
«autant un créateur de maladies qu'une institution
destinée à guérir ». La lecture
structuro-fonctionnaliste de cette situation nous amène à dire
que les soignants du CHU campus n'arrivent pas à adapter leurs
rôles aux besoins exprimés par les patients, ce qui concoure
évidemment au décès de ceux d'entre eux dont l'état
de santé s'aggrave pendant l'hospitalisation. Il se pose alors une
défaillance de la fonction d'adaptation au niveau de l'application des
rôles.
2.2- l'infrastructure et l'intégration
interne
La politique prônée par l'Etat, celle
qui à conduit à la création du CHU campus est de :
« faire face aux besoins de plus en plus croissants de la
population en matière de soins médicaux » :
(décret N° 87-47/PR du 14 Mai 1987). Cependant, cette
politique voit aujourd'hui ses limites dans l'incapacité du CHU à
prendre en compte les besoins des patients de façon autonome. Les
déplacements des malades du CHU campus vers d'autres structures de soin
pour des analyses complémentaires deviennent fréquents et au sein
même du CHU, les transferts de malades entre les services de soin
deviennent de durs labeurs pour les soignants. 42% des soignants
enquêtés déplorent cette situation qui ralenti la
promptitude des soins administrés aux patients (tableau 10).
Il en résulte que le CHU ne dispose plus
d'infrastructures nécessaires à l'accomplissement de la politique
prônée à l'endroit de son existence. Il ne s'est donc pas
adapté à l'évolution des besoins à travers le
temps. Aussi, l'espace dans lequel se déroule les activités de
soin rend difficiles les liens nécessaires entre les services. Or, le
cadre de la pratique médicale constitue un des premiers critères
selon Parsons (op.cit), à l'obtention des résultats
escomptés dans l'institution de soin. On en déduit que la
fonction d'adaptation connaît dans ce cas aussi une défaillance
due à la faiblesse de la mobilisation des ressources, plus
précisément des infrastructures adéquates.
2.3- division du travail et demande de
rôle
La rationalisation de la médecine moderne a
entrainé une division plus poussée du travail dans les
institutions de soin. Cela se traduit par la spécialisation des
praticiens et la spécification de leurs rôles (Parsons op. cit).
Le CHU campus se conforme à cette tendance, et la composition de notre
échantillon le démontre en partie : médecins,
infirmiers, psychologue et étudiants hospitaliers s'y retrouvent
(tableau 8). Il ressort aussi de notre enquête que tous les soignants
composant l'échantillon disposent des qualifications requises pour
l'exercice de leurs rôles ; la compétence technique n'y fait
donc pas défaut.
Toutefois, si la spécification des rôles y
est établie, il est à noter que l'effectif des soignants demeure
quantitativement insuffisant face à la demande de soin (tableau 10). Par
conséquent, 74% des soignants enquêtés affirment subir une
surcharge du travail, et cette situation amène 42% d'entre eux à
administrer des soins aux patients de façon hâtive, alors que 40%
se trouvent obligés de prendre le temps nécessaire pour les soins
et interviennent tardivement au chevet d'autres patients. Du coup, la fatigue
affecte 64% d'entre eux.
Mayo (1933) pense que la fatigue exprime l'incapacité
ressentie par le travailleur à continuer à exercer son
rôle. Cela explique la multiplication des erreurs médicales de la
part des soignants : administration de produits en surdose,
réutilisation d'un kit d'intervention à usage unique, maladresse
de manipulation des instruments (tableau 4).
On déduira essentiellement de ces observations
que le CHU campus connaît une pénurie des ressources humaines.
L'activité des retraités âgés de 60 ans et plus
(tableau 4) traduit bien ce manquement. Les lacunes de la fonction d'adaptation
se matérialisent ici sous l'angle de la défaillance quantitative
de la mobilisation des ressources humaines impliquées dans les
rôles.
2.4- incohérence entre fins collectifs et
fonction d'adaptation : biens et services
nécessaires
Dans son approche de l'institution de soin, Parsons
(1955) considère qu'à la différence de l'homme d'affaires
et des idéologies d'autres professions le rôle du soignant est
orienté vers la collectivité et non pas vers celui qui
l'exécute. Il en ressort que les fins collectifs que doivent viser les
acteurs de l'institution de soin se confondent à la satisfaction des
besoins de la collectivité que représentent les patients.
Dans le cadre de cette étude, les services
disponibles déployés à l'endroit des patients se trouvent
notoirement restreints, compte tenu de la pénurie et de la
désuétude accrues de matériel médical que signalent
94% des enquêtés (tableau 10). Les répercussions de cette
pénurie de matériel médical s'avèrent
néfastes pour les malades. Elle explique l'observation des diagnostics
incomplets, ce qui provoque l'administration des soins incomplets,
l'administration involontaire de produits contre-indiqués, et
l'administration précoce de soins palliatifs, alors que des
possibilités de guérison existent encore (tableau 4). Par
ailleurs, 27% des soignants se trouvent confrontés à
l'incertitude des soins à adopter. Parsons(op.cit) pense que l'exercice
de la pratique médicale dans une situation d'incertitude pose
particulièrement de grandes tensions pour le médecin.
D'une manière générale, on
constate ici que les ressources matérielles déployées par
le CHU campus sont insuffisantes et incompatibles par rapport aux services
à fournir. Ce constat traduit toujours une autre facette de la
défaillance de la fonction d'adaptation, et son impact sur le
décès des malades hospitalisés.
2.5- fins collectifs et fins individuels : les
entraves à la fonction d'intégration
Parmi les quatre fonctions sur lesquelles repose toute
organisation, la fonction d'intégration est celle-là qui,
à partir de normes et règles de contrôle, évite les
déviations, introduit l'harmonie au sein des individus impliqués
dans les rôles et oriente leurs attitudes professionnelles vers la
réalisation des buts que poursuit l'organisation (Parsons 1964).
Cependant, les entraves à la circulation de
l'information pendant l'offre de soins (tableau 12) et les conduites de
communication bloquée qui se développent autour du malade
(tableau 13) témoignent de la désintégration des relations
professionnelles et de la faible intériorisation des obligations de
loyalisme au sein des services de soin du CHU. Cette étude
révèle que la mésentente, la divergence d'opinion sur les
méthodes de soin à adopter, l'existence de groupuscules
informels (cercles vicieux) et la sous-estimation des collègues (tableau
12) constituent les entraves qui gangrènent les relations
professionnelles des soignants au chevet du patient. Elles se traduisent
manifestement par (tableau 13) l'évitement de collaboration avec des
collègues ciblés, les disputes relatives aux méthodes de
soins employées, la non-information de l'administration sur les
conduites et pratiques à risque pour les malades, puis la monopolisation
des décisions par un seul ou quelques individus de même
catégorie professionnelles (de même spécialité). Ce
dernier point survient surtout entre médecins et psychologues qui sont
normalement appelés à collaborer (tableau 13). Dans cette
optique, Steers et Rhodes (1978) soutiennent que dans une organisation, de
piètres relations professionnelles réduisent la satisfaction et
l'assiduité des employés au travail. Par extension, la moindre
qualité des relations professionnelles selon Quick (1997), contribue
à l'affaiblissement de l'institution à long terme.
En effet, la dégradation des relations
professionnelles porte également un coup à la collaboration,
à la complémentarité des rôles entre les
soignants ; elle amenuise la promptitude et l'intégrité des
soins : la défaillance de la fonction d'intégration
contribue donc au phénomène de la mortalité
hospitalière au CHU campus.
2.6- processus de désintégration
interne : crise des « valeurs internes » et rupture de
rôle
Pour le maintien, la pérennité de son
équilibre (de sa stabilité), l'activité médicale
doit se conformer aux attributs, aux valeurs du travail humain (Parsons 1964).
En ce sens, Mucchielli (1998) fait ressortir de l'analyse fonctionnelle de
Parsons que la liberté face aux contraintes organisationnelle, la
sécurité et la reconnaissance professionnelle constituent les
trois valeurs primordiales portées par les organisations.
Le rapprochement entre ces valeurs
référentielles et les traits caractéristiques de la
pratique médicale dans cette étude laisse entrevoir une crise des
« valeurs internes » au CHU campus. Comme l'illustrent
respectivement les tableaux 10 et 11, la pénurie et la
vétusté du matériel de soin soumet les soignants aux
risques permanents de contamination : leur sécurité n'est
pas alors garantie. Aussi, les primes de risque de contamination qu'ils jugent
dérisoires, comparativement à celles des pays voisins, se font
rares. A cela, s'ajoutent l'irrégularité des salaires,
jugés insignifiants par 86% des soignants (tableau 10).
Dans ces circonstances, la sauvegarde de la vie du
patient au CHU campus s'heurte au risque pour le soignant de perdre la sienne,
ou de se confronter à des dépenses inattendues pour sa propre
santé, et cela en absence d'une rémunération
conséquente. En dépit des promotions qui leurs sont
accordées, cette situation traduit une certaine ingratitude
vis-à-vis des soignants, et la non -reconnaissance de leurs efforts en
faveur des malades et des buts visés par le CHU en
général. En ce sens, Maslow (1954) estime que pour sa motivation
au travail, le soignant doit être défini comme un être
doté de besoins psychologiques « naturels » et
stables devant être satisfaits : besoins de sécurité,
d'estime de soi, et d'épanouissement personnel. Il doit aussi, selon Mc
Gregor (1960), être reconnu et traité comme responsable et
créatif.
L'absence de
« sécurité » au travail et de
« reconnaissance » des efforts fournis amènent les
soignants à se désengager du travail et à
s'intéresser à des activités rémunératrices
hors du CHU campus. Or, dans le même ordre d'idées que Parsons,
Porter et Steers (1982) précisent que le travailleur devait être
animé d'un sentiment d'engagement, synonyme de loyauté,
d'appartenance forte à l'organisation pour laquelle il décide de
faire un effort de plus. Ainsi, le désengagement se traduit ici par la
désertion du service au détriment des patients sous traitement,
l'isolement des postes de surveillance des patients et le refus
d'administration de soins faisant suite aux mouvements de grève (tableau
4).
Il ressort de ces lignes que la mortalité
hospitalière au CHU campus s'explique aussi par une défaillance
de la fonction de motivation ; le travail des soignants se trouve
déshumanisé, ce qui les amène à adopter des
attitudes de rupture de rôle au détriment des malades.
3- Conflit entre environnement professionnel
et milieu familial du soignant
3.1- Précarité salariale et
rôles parallèles
« Seuls peuvent sourire pendant leur
travail, ceux qui authentiquement, je veux dire physiquement et moralement,
éprouvent de la satisfaction à l'accomplir » :
disait Friedmann (1950 :185). Il s'ensuit que le travail, loin de
toute usure, devait permettre la réalisation de soi (Mc Clelland, 1961).
Mais, comme nous l'avons déjà mentionné, tel n'est pas le
cas au CHU campus. Nous rappellerons que la désertion des services de
soin pour d'autres occupations et le refus d'administration de soins faisant
suite aux grèves (tableau 4), caractérisent explicitement,
l'expression de la précarité salariale, et donc de
l'insatisfaction des soignants face à un travail qui ne favorise pas
leur épanouissement.
Dès lors, il paraît clair que les
pratiques et conduites à risque qui provoquent le décès
des patients hospitalisés trouvent également leur origine dans la
précarité salariale qui sévit au CHU. Cependant, si les
attitudes au travail dépendent aussi de « rapports du
travailleur avec les diverses collectivités dont il est
membre »: (Friedmann 1961 : 17), il convient ici
d'établir un prolongement de l'approche fonctionnaliste de Parsons hors
du cadre physique du CHU pour appréhender l'effet de boomerang entre
l'environnement intérieur et extérieur particulièrement
dans le contexte actuel de la précarité salariale. Cela nous
amène plus précisément à établir un rapport
entre la précarité salariale, sont influence sur les
problèmes familiaux des soignants et les effets de ces problèmes
sur l'exercice des rôles.
3.2- Précarité socioéconomique
et climat familial
L'étude démontre que les disputes conjugales,
les difficultés d'approvisionnement des ménages en bien
consommables, les endettements pour la satisfaction des besoins du
ménage et la mise en suspens de la satisfaction de besoins urgents
constituent les problèmes familiaux que les soignants ressentent
jusqu'au service (tableau 18). Parmi ces problèmes, ceux qui sont
d'ordre socioéconomique trouvent leur source réelle dans la
précarité salariale qui pèse sur les soignants du CHU.
D'ailleurs, il est à noter que généralement,
l'activité productive n'offre pas un moyen d'oublier les
problèmes familiaux, pour ceux dont le travail est peu valorisant
(Friedmann, 1964). Autrement dit, les difficultés d'approvisionnement
des ménages en biens consommables, les endettements, et la
non-satisfaction de besoins urgents proviennent de l'irrégularité
et de l'incommodité des salaires (tableau 10).
On soulignera que ces problèmes sont
différemment ressentis par les soignants dans leurs activités et
leurs intensités varient selon l'âge (tableau16), le sexe (tableau
17) et la situation familiale des soignants (tableau 18). Il est
remarqué dans ce dernier cas que les soignants mariés constituent
la cible privilégiée sur laquelle les problèmes personnels
font plus sensation au travail. Il s'ensuit généralement que la
précarité salariale agit également, d'une façon
indirecte sur l'offre de soin, par l'entremise des problèmes
socioéconomiques qu'elle crée dans l'environnement familial des
soignants.
3.3- Climat familial, effets ressentis et rupture
de rôle
La passivité dans l'exécution des
rôles, le manque de concentration, le désintéressement
vis-à-vis du travail, la nervosité dans les relations
professionnelles pendant l'offre de soins, et la prédisposition aux
disputes constituent les effets induits par les problèmes personnels des
soignants sur l'activité médicale (tableau 20). Effectivement,
toutes les tensions et les frustrations ne sont pas forcément imputables
au seul travail en lui-même, car des problèmes familiaux peuvent
produire les mêmes effets (G. Friedmann, idem).
Il va sans dire que ces effets se trouvent aussi en
partie, à l'origine des pratiques et conduites de rupture de rôle
qui émaillent l'activité des soignants au CHU. D'une part, le
désintéressement vis-à-vis du travail se
caractérise par l'isolement des postes de surveillance médicale,
le mépris des règles d'hygiène des instruments de soin et
les désertions du service (tableau4). D'autre part, le manque de
concentration se traduit par des erreurs médicales telles que la
maladresse de manipulation des instruments de soin, l'administration de
produits en surdose, et la réutilisation de kits à usage unique
(tableau 4). Aussi, le climat de travail se trouve
détérioré par la nervosité et la
prédisposition de certains soignants aux disputes.
De ce fait, la précarité salariale
reconnue également comme une défaillance de la mobilisation des
ressources financières par Parsons (op.cit) influe d'une autre
façon sur l'exercice des rôles, de par les problèmes
qu'elle crée dans le milieu familial des soignants. On retiendra
essentiellement que l'environnement professionnel et le milieu familial
s'interagissent ; la précarité salariale accentue les
problèmes socioéconomiques du milieu familial des soignants, ce
que ceux-ci ressentent jusqu'au travail et qui se répercute sur
l'exercice de leurs rôles. La figure suivante illustre bien le
mécanisme.
AIRE FAMILIALE
|
CHU
CAMPUS
|
(Précarité salariale, problèmes
socioéconomiques)
----------------------------------------------------------?
?----------------------------------------------------------
(Rupture de rôle, effets ressentis)
Figure 1 : conflit entre
environnement professionnel et milieu familial du soignant (contexte de la
précarité salariale).
4- Fonctionnement interne, régulation et
problème du changement
4.1- Le contrôle social des ruptures de
rôle et les changements normativement attendus
Le contrôle social à l'hôpital s'inscrit
généralement dans le cadre du maintien de l'ordre social
(Parsons, op.cit). Cela passe inévitablement par le contrôle des
pratiques et attitudes de rupture de rôle. Plus précisément
dans cette étude, il est question des actions entreprises par
l'administration du CHU campus, qui vont dans le sens de l'éradication
de la mortalité hospitalière causée par le milieu de soin
même.
C'est dans la ligne de ces préoccupations que se
situent l'exigence des rapports sur les circonstances de décès
des malades, et aussi l'organisation des séances de formation et de
recyclage du personnel soignant (tableau 14). Cette démarche vise le
renforcement des connaissances, l'éveil de la conscience professionnelle
des soignants, l'adoption de mesures disciplinaires ou sanctions
éventuelles vis-à-vis des manquements et
irrégularités constatés dans le décès des
patients hospitalisés. Ainsi, le contrôle va jouer dans
l'organisation hospitalière, ce rôle de limiteur de risques
(Souweine, op.cit).
Si cette initiative aboutit vraiment aux buts visés par
l'administration, on n'assisterait plus aux pratiques et attitudes hors norme
et l'activité médicale suivra alors son cours normal sans
obstacle. Le personnel soignant se conformerait alors à
« l'ajustement primaire », qui prend
effet « lorsqu'un individu collabore à une
organisation en participant à une activité demandée dans
les conditions requises, sous l'impulsion des motivations courantes, telles que
la recherche du bien-être qu'offre l'institution, l'énergie que
procurent stimulants et valeurs associées et la crainte de sanctions
prévues » :(Goffman, 1968 :245).
4.2- Les entraves au changement
Les mesures correctives prises par l'administration s'heurtent
d'abord à leur propre lenteur et à leur caractère trop
souvent provisoire. Le CHU éprouve du mal à répondre de
manière spontanée aux lacunes signalées au niveau des
services de soin (tableau 15). De même, on note une absence de suivi
rigoureux sur les rapports faisant suite au décès des
malades ; le CHU ne dispose d'aucun mécanisme pour vérifier
la véracité des contenus de ces rapports, et des détails
importants des réalités de l'activité médicale au
sein des services de soin échappent au personnel administratif.
En outre, la rétention en service des retraités
et la marge de liberté que s'octroient ceux-ci face à la
ponctualité et à l'assiduité (tableau 4) pèsent
aussi sur le contrôle normal des activités au sein des services du
CHU. Du coup, le reste des soignants interprète cela comme une
injustice, une application sélective des règlements du CHU
(tableau 15). On assiste plutôt à un ajustement secondaire, celle
qui « représente pour l'individu un moyen de
s'écarter du rôle et du personnage que l'institution lui
assigne » :(Goffman, idem:245). Dans cette
perspective, les faiblesses des stratégies de réajustement des
rôles des soignants traduisent aux yeux de Parsons (op.cit), une
incapacité d'organisation des activités et donc une
défaillance de la fonction de définition des buts
(réalisation).
4.3- Les mécanismes ou les conditions du
changement au CHU campus
4.3.1- Les conditions théoriquement
requises
Dans toute institution comme au CHU campus, les conditions
généralement requises pour la normalisation des activités
demeurent pareilles : il faut que les prérequis fonctionnels
(adaptation, réalisation, intégration et motivation) trouvent
à s'exprimer au moins d'une façon relative (Parsons,
op.cit). Autrement dit, il faut que le responsable de l'institution
produise les actions qui permettront la satisfaction des
« besoins nécessaires » que sont
l'adaptation, la réalisation, l'intégration et la motivation
(Rocher, 1972).
Etant donné que l'activité médicale au
CHU campus est sujette à des défaillances dans l'expression des
quatre prérequis fonctionnels, la réinstauration des quatre
fonctions inhérentes à ces prérequis s'y impose comme
condition sine qua non au changement.
De prime à bord, un réajustement des ressources
financières, matérielles et humaines s'avère indispensable
en vue de répondre aux défaillances d'adaptation qui ressortent
de cette étude : risque de réinfection des malades dû
à des erreurs techniques, pénurie et vétusté des
infrastructures et matériel médical, insuffisance des effectifs
de soignants dans les services de soin.
Ensuite, l'administration a intérêt à
mettre en place un procédé lui permettant d'avoir un
aperçu clair des réalités qui caractérisent la
prise des rôles dans les services de soin afin de pouvoir opérer
de temps en temps, les ajustements nécessaires à la production
des soins de qualité. Elle doit veiller à l'application de ses
règles et normes de conduite, et amener tous les soignants à s'y
conformer sans exception d'âge, de grade, d'ancienneté, de
catégorie professionnelle, pour une normalisation des liens
professionnels et l'instauration d'une certaine harmonie au sein des
équipes soignantes.
Enfin, l'activité des soignants au sein du CHU campus
doit se fonder sur les considérations éthiques du travail humain.
La valorisation du métier, la protection des soignants contre les
risques encourus sont des attributs que l'administration doit
nécessairement joindre au statut de soignant.
Vu l'ampleur des dysfonctionnements constatés par cette
étude, l'instauration d'un changement total au CHU campus constitue un
véritable défi et une initiative de longue haleine. Cependant,
elle paraît peu évidente compte tenu des difficultés
actuelles de l'état à assumer le financement des institutions de
soin du système national de santé. Dans cette perspective, il
convient plutôt de formuler des suggestions en se fondant sur les
conditions objectives de leur faisabilité.
4.3.2- Vérification des
hypothèses
A la lumière des résultats auxquels nous sommes
parvenus, il paraît clair que la pénurie des ressources
matérielles, financières et humaines, les mauvaises conditions de
travail et les contraintes consécutives qu'elle engendre concourent au
décès des malades hospitalisés. Notre première
hypothèse spécifique est donc vérifiée.
Nous avons aussi noté que les faiblesses des mesures
correctives adoptées par le CHU et la persistance des obstacles à
l'éradication des pratiques à risques pour les malades
témoignent incontestablement d'une défaillance dans
l'organisation des activités de soin et dans la planification des buts.
Notre deuxième hypothèse spécifique est aussi
vérifiée.
Dans la foulée, les entraves à la
circulation des informations pendant l'offre de soins, les conduites de
communication bloquée, associées à la
déshumanisation du travail justifient la confirmation de notre
troisième hypothèse spécifique. La mortalité
hospitalière est effectivement un phénomène interne
à l'hôpital. Elle résulte réellement des
dysfonctionnements constatés dans l'activité médicale.
4.3.3-Suggestions : les mécanismes d'un
changement objectif au CHU campus
Les dysfonctions du CHU campus qui ressortent de cette
étude nécessitent l'une comme l'autre, des apports de solution
certes, mais le recrutement du personnel de soin supplémentaire et la
réglementation de leur situation salariale s'avère primordiale
afin d'éviter les grèves répétitives et d'assurer
la permanence de l'offre des soins. Ensuite, la mobilisation de l'essentiel de
matériel de soin est obligatoirement requise pour un déploiement
plus aisé et accrue des compétences techniques des soignants.
Les problèmes d'organisation des activités, de
réglementation des conduites et de considérations
éthiques du travail au sein du CHU trouveront satisfaction seulement
après les deux premiers points que nous venons de citer. De ce fait, il
nous paraît raisonnable d'articuler nos suggestions de façon
concise autour de deux pôles d'intervention (l'extérieur et
l'intérieur).
· A l'extérieur du CHU
Nos suggestions vont à l'endroit de
l'état :
- procéder au recrutement du personnel soignant pour
rééquilibrer les effectifs dans les services de soin
après les départs à la retraite
- veiller à la régularité des salaires et
primes à défaut de les augmenter
- doter le CHU campus d'un budget susceptible de couvrir
les besoins en infrastructures et les limites du plateau technique (ensemble
des équipements)
- solliciter l'appui des coopérateurs internationaux
supplémentaires afin d'accroître les possibilités de
subventions de toute nature
Ainsi, l'état s'assurera d'avoir répondu aux
droits des soignants et peut alors exiger l'accomplissement des devoirs de
ceux-ci vis-à-vis du CHU.
· A l'intérieur du CHU
Nos suggestions vont à l'endroit de la direction du
CHU :
- une fois les revendications des soignants prises en compte
par l'état, la direction doit s'atteler à obtenir
l'adhésion des chefs et surveillants de service ainsi que de la
surveillante générale à la réalisation des
objectifs du CHU à travers des réunions ; cette action
visera à les amener à accomplir leurs rôles avec plus
d'honnêteté, sans négligence et sans parti pris. Ceux-ci
fourniront davantage les informations réelles, relatives au
déroulement des activités et aux lacunes rencontrées dans
les services de soin
- suite aux informations recueillies dans les services de
soin, la direction devra agir immédiatement pour palier les
déficits et appliquer les mesures disciplinaires contre les pratiques et
conduites déviantes
- le personnel administratif doit opérer des visites
impromptues dans les unités d'hospitalisation des services de soin pour
recueillir, les impressions des malades et de leurs familles sur les
traitements reçus, à travers de petites causeries. Cela permettra
à la direction de cerner les besoins réels des patients avec
exactitudes, et d'anticiper sur les pratiques et conduites à risque dont
ils font l'objet
Nos suggestions vont également à l'endroit
des soignants :
- même dans les conditions les plus difficiles, faire
davantage preuve de sacrifice et d'humanisme en évitant au maximum de
poser consciemment des actes susceptibles de provoquer la perte de vie des
patients.
CONCLUSION
Conclusion
Cette étude s'est
fixé l'objectif de mesurer l'impact des dysfonctionnements du CHU campus
sur la mortalité hospitalière, plus précisément aux
niveaux de la mobilisation des ressources, de la définition des buts, de
l'intégration du personnel et de leur motivation.
A la suite, nous avons émis l'hypothèse
selon laquelle, la mortalité hospitalière est un
phénomène interne au CHU, et qu'elle résulte des
dysfonctionnements dans l'activité médicale. D'une manière
plus précise, elle provient de l'incompatibilité des ressources
du CHU avec les besoins des patients, d'une défaillance dans la
définition des objectifs, de la détérioration des
relations professionnelles pendant l'offre de soins et de la non-motivation des
soignants.
Au terme de la recherche, nous estimons que nos
objectifs ont été atteints et que les hypothèses
énumérées ci-dessus se vérifient également.
Le CHU connaît effectivement des dysfonctions qui concourent à
l'existence de la mortalité hospitalière. La pénurie et la
vétusté des infrastructures et matériels de soin,
l'insuffisance du personnel soignant, l'irrégularité et
l'incommodité des salaires, ajoutées au non-paiement des primes
de garde et de risque de contamination ont contribué à la
dégradation de la qualité des soins ; les pratiques à
risque pour les patients qui s'y développent le témoignent
bien.
L'approche fonctionnaliste a été d'une
grande importance dans la réussite de cette étude. Cependant, il
convient de souligner que non seulement, les dysfonctions du milieu interne
(CHU) provoquent directement des pratiques et conduites de rupture de
rôle, mais aussi de façon indirecte à travers les
bouleversements qu'elles produisent dans la cellule familiale du soignant, et
les répercussions de ces bouleversements sur le travail. Le rapport
entre l'environnement intérieur (CHU campus) et le milieu familial du
soignant dans la production des ruptures de rôle est ainsi établi,
et rend cette recherche relativement complète.
Néanmoins, à l'image de toutes les oeuvres
humaines, cette étude ne peut exceptionnellement prétendre
à l'exhaustivité. Des brèches restent donc ouvertes pour
des analyses du phénomène sous d'autres dimensions que notre
recherche n'a pu aborder.
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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IV. REVUES, RAPPORTS D'ETUDES ET
ARTICLES
1. REVUES
Dits et écrits, vol. 3, Paris, Gallimard, 1994.
ECHO DE SANTE, n° 37, décembre 1996.
2. RAPPORTS D'ETUDES
Rapport d'activités du C.H.U campus, Lomé 2007.
Rapport d'activités du C.H.U campus, Lomé 2008.
Rapport du ministère de la santé, année
2005, Avril 2006.
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Larousse Médical, édition Larousse, 1995.
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2. MEMOIRES
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TUMUINIMO D., «Mortalité hospitalière due
au paludisme grave chez les enfants de moins de cinq ans »,
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VII. PUBLICATIONS NUMERIQUES (SITES
WEB)
www.ajns.paans.org (BALOGOUN
Agnon et al « african journal of neurogical science »,
2007, vol 26, n°1)
www.afriscoop.net
www.citations-ses.net
www.memoireonline.com
www.sciencedirect.com/science
(Dictionnaire de l'académie française 8e
édition)
ANNEXES
ANNEXE 1:
Questionnaire
destiné au personnel soignant
INTRODUCTION
THEME :
« dysfonctions de l'institution de soin et
mortalité hospitalière, cas du C.H.U Campus de
Lomé »
Service de :
.......................................
Questionnaire N° : ...............
SECTION 1 : IDENTIFICATION DE
L'ENQUETE
No
|
QUESTIONS
|
REPONSES ET CODES
|
Passez à
|
Q101
|
Sexe
|
M....................................1
F......................................2
|
|
Q102
|
Quel est votre âge ?
|
20-25 ans.......................1
26-31 ans.......................2
32-40 ans..........................3
41-50 ans...................... 4
51-59 ans.......................5
60 ans et plus ................6
|
|
Q103
|
Quelle est votre situation conjugale ?
|
Célibataire.......................1
Marié......................................2
Divorcé................................3
|
|
Q104
|
Quelle est votre catégorie professionnelle?
|
Médecin...............................1
Infirmier...........................2
Etudiant hospitalier.........3
Autres (préciser)..............4
|
|
Q105
|
Quelle est votre qualification ?
|
Doctorat...........................1
Diplôme d'infirmier.........2
Diplôme de psychologie
médicale............................3
BAC +5..............................4
Autres (préciser)..............5
|
|
Q106
|
De combien d'années d'expérience professionnelle
disposez-vous ?
|
0-5 ans...............................1
6-11ans..............................2
12-20 ans...............................3
21-29 ans...........................4
30 ans et plus....................5
|
|
SECTION 2 : REALITES DE LA PRATIQUE MEDICALE
AU C.H.U CAMPUS : CONDUITES ET PRATIQUES A RISQUE POUR LES
PATIENTS
No
|
QUESTIONS
|
REPONSES ET CODES
|
Passez à
|
Q201
|
D'après les observations faites du déroulement des
prestations de soin, quelles sont les pratiques à risque pour les
malades que vous percevez?
|
....................................................................................................................................................................................................
|
|
Q202
|
Partant des observations précédentes, on en
déduit que les soignants adoptent parfois des conduites à risque
pour les malades. Quelles sont les pratiques à risque pour les malades
qu'il vous est arrivé d'adopter personnellement malgré votre
amour du travail bien fait?
|
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
|
|
Q203
|
Combien de malades sous traitement auriez-vous pu soigner, mais
qui malheureusement sont décédés?
|
Préciser le nombre (estimation par défaut)
..............................................................................
|
|
SECTION 3 : LES SOURCES DES PRATIQUES ET
CONDUITES A RISQUE POUR LES MALADES
No
|
QUESTIONS
|
REPONSES ET CODES
|
Passez à
|
Q301
|
Quelles sont les conditions de travail qui constituent un
obstacle au déroulement de l'activité médicale au CHU
campus ?
|
Pénurie de matériel...........1
Manque de personnel........2
Irrégularité des salaires et
primes.................................3
Autres (préciser)............................4
|
|
Q302
|
Quelles sont les contraintes (situations embarrassantes) de la
pratique médicale qu'engendrent les mauvaises conditions de
travail ?
|
fatigue....................................1
surcharge............................2
démotivation.......................3
Autres (préciser)................4
|
|
Q303
|
Quelles sont selon vous, les entraves à la circulation de
l'information pendant l'administration de soins aux patients ?
|
................................................
................................................
................................................
................................................
|
|
Q304
|
Par quels moyens le CHU vous exhorte-t-il à éviter
le décès des malades hospitalisés ?
|
sensibilisation.....................1
recyclage................................2
autres(préciser)..................3
|
|
Q305
|
Quels sont selon vous les entraves à la correction des
dysfonctions ?
|
.................................................
................................................
................................................
................................................
|
|
Q306
|
Quels sont les problèmes personnels auxquels vous
êtes confrontés, et que vous ressentez jusqu'au service ?
|
................................................
................................................
................................................
................................................
|
|
Q307
|
Quels effets ces évènements produisent-ils sur
votre activité ?
|
Déconcentration ..................1
Manque de dynamisme...........................2
Désintéressement pour le
métier....................................3
Autres (préciser)...................4
|
|
ANNEXE 2 : ORGANIGRAMME DU CHU
CAMPUS
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES
DEDICACES.............................................................................................................................................2
REMERCIEMENTS..................................................................................................................................3
SOMMAIRE.............................................................................................................................................4
SIGLES ET
ABREVIATIONS....................................................................................................................5
INTRODUCTION.....................................................................................................................................6
PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE,
CONCEPTUEL, INSTITUTIONNEL ET METHODOLOGIQUE
..............................................................................................................9
Chapitre I : cadres théorique et
conceptuel.......................................................................9
1. Analyse de la
situation........................................................................................................9
Tableau 1 : variations du taux de mortalité
hospitalière dans les services du CHU Campus, bilans de 2007 et
2008...........................................................................................11
2.
problématique.....................................................................................................................13
3. Hypothèses et objectifs de
recherche.............................................................................15
4. Intérêt de
l'étude................................................................................................................16
5. Les raisons du choix du
sujet.............................................................................................17
6. Analyse
conceptuelle......................................................................................................18
6.1 Dysfonctions
sociales........................................................................................................18
6.2 La mortalité
hospitalière...................................................................................................20
7. Analyse du phénomène selon la théorie
structuro-fonctionnelle de T.
Parsons.......................................................................................................................................21
8. Revue de la
littérature........................................................................................................23
8.1 Les études liant la mortalité
hospitalière à la maladie
d'origine.....................................................................................................................................23
8.2 Les études liant la mortalité
hospitalière à l'âge avancé ou à une
négligence de la part des
patients.......................................................................................................................24
8.3 Les études qui attribuent la mortalité
hospitalière aux dysfonctions du milieu de
soin.............................................................................................................................................25
Chapitre II : cadres institutionnel et
méthodologique........................................................28
1. Cadre
juridique................................................................................................................28
2. Cadre
institutionnel.............................................................................................................29
2.1 Situation
géographique.....................................................................................................29
2.2
Historique............................................................................................................................29
2.3 Structures de contrôle de la pratique
médicale............................................................30
2.4 Les services d'aide aux
diagnostics .................................................................................33
3. Cadre
méthodologique......................................................................................................33
3.1 Techniques de
recherche.................................................................................................33
3.1.1 La
pré-enquête...........................................................................................................33
3.1.2 La recherche
documentaire...........................................................................................33
3.1.3 Choix et justification des variables et
indicateurs......................................................34
3.1.4 Les variables
d'étude......................................................................................................34
3.1.5Les
indicateurs..................................................................................................................35
3.1.6Recherche
quantitative...................................................................................................36
3.1.6.1Univers de
l'enquête ...................................................................................................36
3.1.6.2Le groupe cible
prioritaire .........................................................................................36
3.1.6.3Méthode
d'échantillonnage........................................................................................36
Tableau2 : répartition de l'effectif des
soignants selon les services respectifs.............37
3.1.6.4Elaboration du
questionnaire.....................................................................................37
3.1.6.5Le test du
questionnaire..............................................................................................38
3.1.6.6Administration du
questionnaire............................................................................38
3.2 Méthode d'analyse des données
................................................................................38
3.3 Difficultés
rencontrées....................................................................................................39
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE DES
DONNEES ET INTERPRETATION DES
RESULTATS......................................................................................................................40
Chapitre I : présentation et analyse des
données..............................................................41
1- Caractéristiques sociodémographiques et
conduites de rupture de rôle................41
1.1 Age et modalités de prise de
rôle................................................................................41
Tableau 3 : distribution des enquêtés
selon les pratiques à risque perçues pour les
malades....................................................................................................................................41
Tableau 4 : répartition des pratiques
médicales à risque déclarées en fonction des
classes d'âge des
soignants...................................................................................................42
Tableau 5 : répartition des soignants en
fonction de leur âge, et du nombre de malades sous traitement
décédés qu'ils auraient pu
sauver...........................................................45
1.2 Sexe et modalités de prise de rôle (pratique
médicales à risque déclarées pour les
malades....................................................................................................................................46
Tableau 6 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction du sexe des
soignants...................................................................................................................................47
1.3 Situation matrimoniale et pratique médicales
à risque déclarées pour les
malades.....................................................................................................................................48
Tableau 7 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction de la situation
matrimoniale des
soignants...................................................................................................49
2- caractéristiques professionnelles et
modalités de prise de rôle.................................50
2-1 catégories professionnelles et pratiques à
risque déclarée......................................50
Tableau 8 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction des catégories
professionnelles des
soignants..............................................................................................51
2-2 années d'expérience professionnelle et
pratiques à risque déclarées....................53
Tableau 9 : répartition des pratiques
à risque déclarées en fonction des années
d'expérience professionnelles des
soignants......................................................................53
3- les sources de conduites de rupture de
rôle....................................................................55
3.1 La situation de travail difficile et les contraintes qui
en découlent...........................55
Tableau 10 : répartition des conditions
difficiles de travail évoquées par les
soignants....................................................................................................................................55
Tableau 11 : répartition des contraintes
(situations embarrassantes) découlant des conditions difficiles de
travail auxquelles les soignants se trouvent
confrontées................................................................................................................................57
3.2 Le milieu relationnel ou la situation de
communication.............................................58
Tableau 12 : répartition des entraves
à la circulation de l'information pendant l'administration des
soins........................................................................................................58
Tableau 13 : répartition des conduites de
communication bloquée susceptibles d'engendrer des risques pour les
patients............................................................................59
3.3 Évaluation de la gestion de la situation par
l'administration du CHU.......................60
Tableau 14 : répartition des
réponses des enquêtés sur les mesures correctives
adoptées par l'administration afin d'éviter le
décès des patients.....................................60
Tableau 15: répartition des obstacles
à l'éradication des pratiques à
risque..................61
3.4 Les évènements personnels ressentis pendant
l'exercice des rôles..........................62
Tableau 16: répartition des
problèmes familiaux ressentis par les soignants au service, en fonction
de leur
âge............................................................................................................63
Tableau 17: répartition des
problèmes familiaux ressentis jusqu'au travail en fonction du sexe des
soignants...............................................................................................................64
Tableau 18: répartition des
problèmes familiaux des soignants en fonction de leur situation
matrimoniale.............................................................................................................65
3.5 Les effets des évènements personnels sur la
prise des rôles.......................................66
Tableau 19 : variation des effets induits par
les évènements personnels sur l'activité médicale,
en fonction des expériences professionnelles des
soignants...........................67
Tableau 20 : variations des effets induits par les
évènements personnels sur l'activité médicale, en
fonction des catégories professionnelles des
soignants..............................69
Chapitre II : INTERPRETATION DES RESULTATS : les
dysfonctions hospitalières et risques de mortalité des
malades........................................................................................................71
1- rupture entre statut, rôle et valeurs
........................................................................71
1.1- les valeurs de la pratique
médicale..........................................................................71
1.2- les conduites de rôle normativement prescrites et
attendues.............................72
1.3- Rupture entre statut et rôle social du
soignant......................................................72
1.4- Rupture entre valeurs et
rôle....................................................................................73
2- Contradiction entre conditions objectives de travail au CHU
campus et poursuite des
buts.............................................................................................................................................75
2.1- Polémique des soins administrés aux
patients et risques d'infections
nosocomiales.............................................................................................................................75
2.2- l'infrastructure et l'intégration
interne.........................................................................75
2.3- division du travail et demande de
rôle..........................................................................76
2.4- incohérence entre fins collectifs et fonction
d'adaptation : biens et services
nécessaires.................................................................................................................................77
2.5- fins collectifs et fins individuels : les entraves
à la fonction d'intégration...............78
2.6- processus de désintégration interne :
crise des « valeurs internes » et rupture de
rôle..............................................................................................................................................79
3- Conflit entre environnement professionnel et milieu
familial du soignant...............80
3.1- Précarité salariale et rôles
parallèles
..........................................................................80
3.2- Précarité socioéconomique et climat
familial..............................................................81
3.3- Climat familial, effets ressentis et rupture de
rôle......................................................82
Figure 1 : conflit entre environnement
professionnel et milieu familial du soignant (contexte de la
précarité
salariale).......................................................................................83
4- Fonctionnement interne, régulation et
problème du changement.............................83
4.1- Le contrôle social des ruptures de
rôle et les changements normativement
attendus.....................................................................................................................................83
4.2- Les entraves au
changement.........................................................................................84
4.3- Les mécanismes ou les conditions du changement au
CHU campus.......................85
4.3.1- Les conditions théoriquement
requises.....................................................................85
4.3.2-Vérification des
hypothèses..........................................................................................86
4.3.3- suggestions : les mécanismes d'un
changement objectif au CHU
campus.......................................................................................................................................87
CONCLUSION............................................................................................................................91
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................94
ANNEXES....................................................................................................................................99
Annexe 1 : questionnaires
d'enquête.................................................................................
100
Annexe 2 : organigramme du CHU
campus.....................................................................
104