INTRODUCTION
Dans un environnement en perpétuelle mutation, les
entreprises sollicitent à tout moment auprès de leurs banques des
prêts à court, moyen et long termes pour financer leur cycle
d'exploitation ou renouveler leurs immobilisations. La libéralisation du
système bancaire, par la liberté faite aux banques de faire du
crédit à des taux variables confronte ces dernières
à des risques d'insolvabilité des consommateurs de crédit.
Pour limiter les risques encourus concernant le remboursement de leurs
créances. Les établissements de crédit apprécient
la situation des entreprises sur la base de critères financiers avant
d'octroyer le crédit sollicité. Cependant les banques et
établissements étant placés sous la supervision de la
Banque Centrale, celle-ci procède à son tour après
instruction des dossiers effectués par les banques commerciales,
à un examen des dossiers en tenant compte de certains critères
financier afin d'apprécier la qualité des signatures des
bénéficiaires de crédits bancaires et de déterminer
les créances susceptibles d'être mobilisées auprès
d'elle. Le système qui permet d'apprécier la qualité des
emplois bancaires est le dispositif des accords de classement.
L'appréciation de la situation des entreprises s'effectue
essentiellement sur la base des états financiers annuels adressés
à la Banque Centrale par les établissements de crédit.
Le dispositif des accords de classement a été
mis en place en 1990 et a remplacé le régime des autorisations
préalables d'octroie du crédit. Depuis sa mise en oeuvre les
établissements de crédit ont des difficultés, quant au
respect des règles et procédures de ce système, cette
situation met en exergue certaines limites du dispositif. C'est dans ce cadre
que nous avons jugé utile d'étudier le thème
ci-après : « Mise en oeuvre du
dispositif des accords de classements : résultats et
perspectifs au Bénin ».
Les objectifs poursuivis à travers notre étude
sont principalement de deux ordres :
ü Présenter le dispositif des accords de
classement ;
ü Mettre en exergue les insuffisances rencontrées
dans la pratique et faire des recommandations.
L'intérêt de cette étude peut se situer
à trois niveaux :
ü Pour la Banque Centrale, les résultats de nos
travaux pourront contribuer à l'actualisation des procédures du
système des accords de classement ;
ü Pour l'Université Polytechnique Internationale
du Bénin (UPIB), le présent mémoire pourra servir de
document de travail pour les futurs étudiants en fin de cycle, surtout
pour ceux qui désireront travailler sur le dispositif des accords de
classement de la BCEAO ;
ü Pour nous même, cette étude permettra
d'une part de rapprocher nos acquis et connaissances académiques de la
pratique et d'autre part, d'appréhender la mise en oeuvre de certains
instruments dans les banques.
Afin d'atteindre les objectifs que l'ont s'est fixé au
préalable, nous avons adopté une démarche
méthodologique conséquente. Cette démarche se
résume en trois points principaux, à savoir :
ü Le cadre théorique de l'étude ;
ü L'analyse du dispositif des accords de
classement ;
ü Les difficultés et perspectives du
système au Bénin.
Cette partie de notre mémoire sera consacré
à la présentation de l'institution au sein de laquelle nous avons
effectués nos travaux. Cette présentation déclinera
l'historique, les missions et l'organisation de la BCEAO au chapitre 1 et
aboutira à la méthodologie de l'étude en chapitre 2.
Chapitre I :
Présentation de la BCEAO
Ce chapitre est consacré à la
présentation de la BCEAO à travers son historique, ses missions,
ses activités, sa structure organisationnelle et fonctionnelle.
Section 1 :
Historique et Missions de la BCEAO
L'institution au sein de laquelle nous avons effectué
nos travaux, l'Agence Principale de la BCEAO pour le Bénin s'inscrit
dans un grand ensemble (sous-régional) qu'il convient de faire la
genèse de cette institution, présenter ses missions, ces
objectifs et son organisation.
Paragraphe 1 : Historique de la
BCEAO
L'ordonnance n°59-491 du 4 avril 1959 relative au
régime de l'émission des états de l'Afrique de l'Ouest
dispose en substance, que l'institut d'émission de l'AOF et du Togo,
établissement public géré selon les lois et usages du
commerce et doté de l'autonomie financière, prend la
dénomination Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (article
1er), en abrégé BCEAO.
Le 14 novembre 1973 le traité de l'Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été
révisé, et a décidé de transférer le
siège de la BCEAO de Paris en Afrique. Le 14 mai 1976, Monsieur Abdou
DIOUF, premier ministre du Sénégal, pose la première
pierre du siège de la banque Centrale. En juillet 1978, les services
sont effectivement transférés de Paris à Dakar et le
siège est inauguré le 28 mai 1979 en présence des six
Chefs d'Etats de l'UMOA.
L'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a
été créée par le traité du 12 mai 1962. Ce
traité a été modifié par la réforme de
novembre 1973. Dans cette organisation, tous les Etats membres ont une
même unité monétaire, le Franc de la Communauté
Financière Africaine (F.CFA) émis par une institution commune, la
BCEAO.
A partir de 1993, différents
déséquilibres macro économiques ont été
enregistrés au niveau des Etats membres de l'Union. Ces
déséquilibres n'étant plus soutenables, un ajustement
structurel externe de l'ensemble des économies de l'Union s'est
imposé : le franc CFA a été dévalué de 50%
le 10 janvier 1994. Au lendemain de cette dévaluation, les Chefs d'
Etats des pays de l'UMOA, conscients de la nécessité d'oeuvrer
pour une véritable intégration monétaire et
économique de la sous-région ont décidé de rajouter
un volet économique à leur union monétaire. C'est ainsi
que l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a
été créé en janvier 1994
L'UEMOA compte de nos jours, huit Etats membres (Bénin,
Burkina Faso, Côte d' Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger,
Sénégal et Togo). Son objectif principal est la mise en commun de
la souveraineté de ses Etats membres dans le cadre du
développement de leurs économies.
La BCEAO qui est l'institut d'émission commun des 8
Etats membres de l'UEMOA, participe activement à la réalisation
des objectifs de l'Union.
Paragraphe 2 : Missions de la
BCEAO
La BCEAO à l'image des Instituts d'Emission moderne a
pour principale mission la maîtrise de l'inflation et de ses effets
pervers sur les économies de l'union. L'atteinte de cette mission
essentielle requière la mise en place d'une politique d'émission,
monétaire, et l'organisation et la surveillance de l'activité
bancaire.
A-L'émission monétaire
La BCEAO jouit du privilège exclusif de
l'émission monétaire sur l'ensemble des états membres de
l'UEMOA. Elle émet des signes monétaires (billets et
pièces de monnaie) qui ont cours légal dans l'ensemble des Etats
membres de l'union. La création, l'émission et l'annulation des
signes monétaires sont décidées par le Conseil des
Ministres.
B-La politique monétaire
La Banque Centrale a également pour mission de
gérer la politique monétaire des Etats membres de l'union. Cette
politique monétaire vise à :
ü Ajuster la liquidité globale de
l'économie en fonction de l'évolution de la conjoncture
économique, pour assurer une stabilité des prix ;
ü Promouvoir la croissance économique.
C-L'organisation et la surveillance de
l'activité bancaire
La Banque Centrale définit la réglementation
applicable aux banques et établissements financiers et exerce à
leur égard des fonctions de surveillance. Dans ce cadre, la Commission
Bancaire, créée le 24 avril 1990 est chargée de veiller
à l'organisation et au contrôle du système bancaire dans
l'espace UMOA.
D-Autres activités
La Banque Centrale participe activement aux réflexions
menées avec les partenaires de la zone franc dans les domaines de la
réforme des assurances, de la prévoyance sociale, de la
mobilisation de l'épargne, du droit des affaires, ainsi que
l'observation économique de la zone franc et des pôles
régionaux de formation.
Section 2 : Structure
organisationnelle et fonctionnelle de la BCEAO
Paragraphe 1 : Structure
organisationnelle
Sous la direction et le contrôle du Conseil des
Ministres de l'Union, la Banque Centrale est administrée par un
Gouverneur, un Conseil d'Administration, un comité d'Audit, un
comité de Politique Monétaire et des Conseils Nationaux de
Crédits. Le Gouverneur de la BCEAO est nommé par la
Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement pour un mandat de six
ans, renouvelable. Il fait exécuter les décisions du Conseil des
Ministres ainsi que celles qui sont arrêtées par le Conseil d'
Administration qu'il préside. Il est assisté de deux
Vice-Gouverneurs nommés par le Conseil des Ministres de l'Union pour
une durée de cinq ans renouvelable. Le Gouverneur gère les
disponibilités extérieures de l'Union et il est, en outre,
responsable de l'organisation des services et de leurs activités.
Le Conseil d'Administration est composé
d'administrateurs, à raison de deux membres pour chacun des Etats
participants à la gestion de la banque, y compris la France, soit au
total dix huit (18) administrateurs.
Dans le cadre des directives données par le Conseil des
Ministres, le Conseil d'Administration :
· précise les opérations de la Banque
Centrale et fixe leur taux et conditions d'exécution, arrête les
règles qui s'imposent aux Conseils Nationaux du Crédit, dans
l'exercice de leurs compétences;
· autorise les opérations affectant le patrimoine
de la banque et arrête les comptes de cette dernière ;
· détermine les modifications aux statuts de la
banque devant être soumises à la ratification par le Conseil des
Ministres.
Dans chaque Etat membre, la BCEAO assure le secrétariat
d'un Conseil National du Crédit présidé par le Ministre
des finances. Ce Comité est composé des deux administrateurs du
Conseil d'Administration de la BCEAO et de quatre autres membres
nommés.
La BCEAO est représentée dans chaque Etat membre
par une Direction Nationale ayant sous sa responsabilité une Agence
Principale et un ou plusieurs Agences Auxiliaires. L'Agence Principale a,
à sa tête, un Directeur d'Agence qui est placé sous
l'autorité du Directeur National.
La Direction Nationale de la BCEAO pour le Bénin est
placée sous la supervision d'un Directeur National et comprend le
Contrôle des Opérations, une Agence principale (Cotonou) et une
Agence Auxiliaire (Parakou).
L'Agence Principale de Cotonou est structurée en
plusieurs services que sont :
? Le service des études et des statistiques ;
? Le service des opérations bancaires ;
? Le service de l'administration du patrimoine ;
? Le service des ressources humaines ;
? Le service de la comptabilité, du budget et du
contrôle de gestion ;
? Le service des établissements de crédit et de
microfinance ;
? Le service de l'informatique ;
? Le service de la caisse.
Chaque service est dirigé par un chef de service.
La structure organisationnelle est complétée par
une structure fonctionnelle qui renseigne sur les attributions des services de
la banque.
Paragraphe 2 : Structure
fonctionnelle
Les services de l'Agence Principale sont subdivisés en
sections qui ont plusieurs attributions :
Le service des études et des
statistiques
Ce service a en charge :
~ L'élaboration des programmes
monétaires annuels en collaboration avec le système bancaire et
le service des établissements de crédit et de microfinance ;
~ Le suivi de l'analyse du budget de l'Etat
et de l'application de la réglementation des changes ;
~ Le suivi des programmes conçus avec
les institutions monétaires et financières internationales,
l'établissement de la balance des paiements,
~ La collecte, le traitement et la
centralisation de toutes les activités économiques,
financières et monétaires ;
~ La recherche statistique et la
coopération avec les universités et les centres de recherches
;
~ La constitution et la gestion des bases de
données.
Le service des opérations bancaires
Ce service a en charge :
~ L'exécution de toutes les
opérations financières et le suivi de celles-ci avec le FMI ;
~ La surveillance des systèmes
d'échanges interbancaires ;
~ Le suivi et l'exécution des
modalités d'application de toutes les conventions financières et
des accords de consolidation conclue avec le gouvernement ;
~ La gestion des systèmes de paiement
;
~ Le suivi de l'application de la
réglementation relative aux instruments et aux systèmes de
paiement ;
~ La supervision des systèmes de
paiement ;
~ Le suivi des risques liés aux
systèmes de paiement et règlement.
Le service de l'administration et du
patrimoine
Ce service est chargé de :
~ La gestion et la maintenance du
matériel et du mobilier ;
~ La gestion et l'entretien du parc
automobile ;
~ La préparation des missions : (achat
de billet, réservation) ;
~ La mise en oeuvre de la politique et du
plan de sécurité ;
Le service des ressources humaines
Il s'occupe de :
~ La gestion administrative et
prévisionnelle du personnel ;
~ La gestion des actions et oeuvres sociales
;
~ L'application de la réglementation
du travail et règlements régissant le personnel, notamment le
règlement intérieur.
Le service de la comptabilité et du budget
Les attributions de ce service sont :
~ La tenue de la comptabilité
générale, analytique et hors bilan ;
~ La confection des arrêtés, des
situations comptables et le contrôle ;
~ L'analyse des statistiques comptables ;
~ La gestion des comptes ouverts par les
titulaires dans les livres de l'agence principale.
Le service de l'informatique
Ce service s'occupe essentiellement :
~ Des traitements informatiques ;
~ De la gestion et l'exploitation des
réseaux ;
~ De l'assistance et la formation des
utilisateurs.
Le service de la caisse
Il a en charge
~ L'émission et l'entretien de la
circulation fiduciaire ;
~ L'exécution des opérations de
caisse ;
~ La coordination des mouvements
d'approvisionnement du territoire national en signes monétaires.
Le service des établissements de crédit
et de microfinance
Il a en charge
~ L'élaboration en liaison avec le
service des études et des statistiques, les services nationaux et le
système bancaire des programmes monétaires annuels ;
~ La surveillance de la qualité des
crédits octroyés par le système bancaire ;
~ La gestion des interventions et du
portefeuille des titres de la Banque Centrale ;
~ La gestion du marché
monétaire ;
~ Le suivi et l'application de la
réglementation bancaire et du dispositif prudentiel ;
~ Le contrôle des concours à
l'Etat de la position extérieure des banques et des conditions de banque
;
~ La centralisation des risques ;
~ Les relations avec la commission bancaire
de l'UMOA, de la BOAD,
~ L'élaboration, la centralisation et
l'analyse des statistiques relatives aux interventions et opérations de
crédit et de financement.
Chapitre II :
Méthodologie de Recherche
La réussite de tout travail est subordonnée au
choix et à l'application d'une méthodologie en adéquation
avec les objectifs fixés. Dans le but d'atteindre ces objectifs, nous
avons adopté une démarche qui nous permettra de vérifier
les hypothèses formulées.
Section 1 : De la
problématique aux hypothèses de recherche
Paragraphe 1 : Problématique de
l'étude
La réforme de la politique de la monnaie et du
crédit mise en oeuvre par la Banque Centrale à compter de 1990 a
rompu avec l'orientation sectorielle du crédit au profit de dispositions
plus souples de marché. C'est ainsi que le Conseil d'Administration de
la BCEAO et le Conseil des Ministres de l'UMOA, en leurs sessions des 13 et 14
décembre 1990, ont approuvé le dispositif des accords de
classement en soulignant son importance dans le cadre de l'introduction de
mécanismes incitatifs de gestion du crédit.
Ce dispositif, institué par instruction du Gouverneur
n°1/AC/91 du 03 juin 1991, permet à la Banque Centrale d'exercer un
contrôle a postériori sur la qualité des signatures
détenues dans le portefeuille des banques et établissements
financiers et de déterminer ainsi l'encours susceptible d'être
mobilisé à ses guichets. Des critères financiers sont
utilisés pour apprécier la solvabilité, la
rentabilité, la liquidité, l'endettement et la capacité de
remboursement des entreprises bénéficiaires de crédits
bancaires.
La mise en oeuvre du dispositif a été
progressive. En effet, la situation financière fragile des entreprises a
conduit à l'application de dispositions particulières
d'assouplissement pour trois des cinq ratios de base (rentabilité,
indépendance financière et potentiel d'endettement). Après
une période dérogatoire, de 1992 à 1998, le dispositif n'a
connu une pleine application qu'à compter du 23 avril 1999.
La timidité observée dans l'appropriation de cet
outil par le système bancaire de l'UMOA, nous renvoi la question
suivante : le dispositif des accords de classement est-il adapté
à notre contexte économique?
Cette problématique suggère une analyse de ce
dispositif dans le temps. Pour ce faire l'étude du système des
accords de classement porte sur :
ü Sa mise en oeuvre dans le Système Bancaire
Béninois entre 2003 et 2005 ;
ü Les difficultés rencontrées quant
à sa mise en oeuvre ;
ü Les perspectives réservées à ce
dispositif.
Paragraphe 2 :
Objectif de l'étude
Cette étude tourne autour d'un objectif central
scindé en trois objectifs spécifiques.
Objectif Principal : notre
étude se propose de redynamiser l'outil de contrôle à
postériori des crédits distribués par le système
bancaire par des propositions concrètes visant l'amélioration du
dispositif.
L'atteinte de cet objectif passe par une contribution
adéquate à la dynamisation du dispositif des accords de
classement en apportant des idées nouvelles pour rendre plus attractif
et adapter le système au contexte économique Béninois.
Objectifs spécifiques de
l'étude
Il découle de l'objectif général
dévoilé plus haut trois objectifs spécifiques poursuivis
dans le cadre de cette recherche que nous formulons ainsi :
1. Analyser la mise en oeuvre du dispositif des accords de
classement dans le système Bancaire Béninois sur la
période d'étude
2. Cerner les difficultés d'application du
système des accords de classement.
3. Envisager les perspectives du dispositif des accords de
classement.
Paragraphe 3 :
Hypothèses de recherche
Hypothèse 1 : la mise en oeuvre du
dispositif des accords de classement dans le système bancaire
béninois n'a pas comblé les attentes des
autorités
Le dispositif des accords de classement est un outil de
contrôle à postériori des crédits distribués
par le système bancaire. En effet les banques et établissements
financiers octroient des crédits aux entreprises et aux particuliers et
soumettent ensuite les dossiers de ces crédits à la BCEAO pour
juger de l'éligibilité de ces dossiers au dispositif des accords
de classement.
Le système des accords de classement est apparu en
1990 en remplacement du régime des autorisations préalables
d'octroi du crédit, enfin d'assouplir la procédure initiale
d'octroi de crédit qui exigeait une autorisation préalable de la
BCEAO avant l'octroi du crédit.
Cette hypothèse se propose d'étudier la mise en
oeuvre du dispositif dans le système Bancaire Béninois entre 2003
et 2005.
La période d'étude a été choisit
compte tenu de la disponibilité des statistiques sur la
période.
Hypothèse 2 : la principale
difficulté inhérente à la mise en oeuvre du dispositif est
la faible adhésion des banques primaires, principales
intermédiaires entre la Banque Centrale et les consommateurs de
crédit bancaire.
La mise en oeuvre de cet instrument se confronte à
certaines difficultés que l'étude se propose de cerner à
travers l'analyse des données recueillies sur une période
d'étude et d'apporter une approche de solutions.
Hypothèse 3 : un avenir meilleur du
dispositif des accords de classement passe par une sensibilisation des acteurs
principaux, qui sont essentiellement les banques primaires.
Enfin d'apprécier l'avenir de cet instrument dans le
système Bancaire Béninois l'étude se propose de faire cas
des perspectives du dispositif.
La validation des hypothèses ci-dessus passera par une
étude de cas pratique.
Section 2 :
Démarche méthodologique et Revue de littérature
Paragraphe 1 : Démarche
méthodologique
Afin d'atteindre les objectifs fixés, nous avons
adopté une démarche méthodologique conséquente.
Elle se fonde sur l'analyse des faits réels constatés et des
recherches complémentaires.
La collecte des données nécessaires à la
réalisation de cette étude se fera par les canaux
suivants :
ü La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté à parcourir
la documentation disponible, notamment :
· L'Avis aux banques et établissements financiers
N°4/AC/02 relatif au dispositif des accords de classement.
· Différents mémoires de fin de formation
portant sur le dispositif des accords de classement.
· Le manuel descriptif des tâches du service du
crédit.
ü Les entretiens directs
Cette deuxième étape de notre approche
méthodologique nous a permis de recueillir auprès des cadres
chargés de l'instruction des dossiers d'accord de classement leurs
opinions sur les difficultés rencontrées dans l'exécution
de leurs tâches quotidiennes. Cette méthode nous a
également permis de partager avec les acteurs, les principales
préoccupations que nous avons par rapport à nos travaux de
recherche. Ces différents entretiens nous ont permis de recueillir des
informations très appréciables sur le traitement des dossiers
d'accord de classement.
ü L'exploitation des résultats des travaux
antérieurs ;
Cette étape a consisté à l'exploitation des
documents sur le Dispositif des accords de classement mis à notre
disposition.
ü Le traitement et l'analyse des informations
recueillies
Le traitement des données recueillies dans le cadre de
cette étude s'est fait sous forme de statistiques utilisant des tableaux
et des diagrammes en vue de faire des commentaires sur les résultats.
Paragraphe 2 : Revue
de littérature
Le dispositif des accords de classement est un ensemble de
dispositions permettant à la Banque Centrale d'apprécier la
qualité des crédits distribués par les banques et
établissements financiers. Il s'agira dans cette section,
premièrement de présenter théoriquement le Dispositif des
Accords de Classement et deuxièmement de présenter les
contributions antérieures à l'analyse de la problématique
de la mise en oeuvre du DAC.
A- Généralités sur le dispositif des
accords de classement
Le dispositif des accords de classement étant un
instrument mis en place par la BCEAO, la bibliographie utilisé dans le
cadre des recherches de cette étude provient essentiellement de cette
institution.
a-Genèse et Définitions
ü Genèse
L'évolution rapide des différents secteurs de
l'économie a engendré un besoin croissant de financement. Ce
constat a entraîné la réforme de la politique
monétaire et du crédit mise en place depuis 1989 par la Banque
Centrale pour rompre avec l'orientation sectorielle du crédit au profit
de dispositions plus souples du marché.
Le dispositif des accords de classement est né en 1990
et a remplacé le régime des autorisations préalables
d'octroi du crédit. Ainsi le Conseil d'Administration de la BCEAO et le
Conseil des Ministres de l'UMOA, lors de leur session du 13 et 14
décembre 1990 ont approuvé le dispositif des accords de
classement en soulignant son importance pour l'introduction d'un
mécanisme stimulateur de gestion du crédit.
ü Définitions
Ø Le Dispositif des accords de
classement
Le système des accords de classement est un dispositif
permettant à la Banque Centrale d'apprécier la qualité des
signatures détenues en portefeuille par les banques et
établissements financiers et de déterminer l'encours des
créances susceptibles d'être mobilisées auprès
d'elle.
Le dispositif des accords de classement vise principalement
à :
ü Assurer aux établissements de crédit, un
portefeuille de qualité en les incitant à détenir des
actifs sains et à veiller constamment à la qualité de leur
emplois et mettre en place un dispositif de cotation des signatures ;
ü Laisser aux établissements de crédit,
l'entière responsabilité de la mise en place d'un crédit,
en contrepartie du respect des ratios prudentiels ;
ü Amener les entreprises à assainir leur gestion
pour mieux assurer l'équilibre de leur situation
financière ;
ü Assurer dans le cadre des contrôles à
posteriori, l'information exhaustive de la Banque Centrale sur les entreprises
utilisatrices de crédit ;
ü Fournir au système bancaire, des normes permettant
de distinguer les actifs mobilisables de ceux qui ne le sont pas.
Depuis, sa mise en application en 1992, le dispositif des
accords de classement a connu certains réaménagements, lors de la
session du Conseil des Ministres de l'UMOA des 17 et 18 juin 1999. La
dernière version a été arrêtée par le Conseil
des Ministres de l'UMOA en sa session du 19 septembre 2002 conformément
aux dispositions des articles 22 du traité constituant l'UMOA et 38 des
statues de la BCEAO.
Ø Le ratio
Le ratio est un chiffre résultant d'une division
utilisé en analyse financière pour faire des comparaisons entre
sociétés, des comparaisons au cours du temps pour
apprécier la performance d'une entreprise. (Source :
VERNIMMEN.NET).
Ø Le ratio d'autonomie
financière
Le ratio d'autonomie financière (endettement net par
rapport aux capitaux propres) donne une indication sur le niveau d'endettement
de la société. Supérieur à un an, il peut traduire
un recours trop important à l'emprunt. (source : VERNIMMEN.NET).
Ø Le ratio de capacité de
remboursement
Le ratio endettement net / Excédent brut d'exploitation
exprime en nombre d'années d'excédent brut d'exploitation, la
capacité de l'entreprise à rembourser son endettement au moyen de
son excédent brut d'exploitation. Sauf exception, un ratio
supérieur à 5 années traduirait un endettement trop
important au regard de la création de richesse de l'entreprise.
(Source : VERNIMMEN.NET).
Ø Le ratio de rentabilité des capitaux
propres
La rentabilité des capitaux propres, ou
rentabilité financière, se mesure par le rapport résultat
net / capitaux propres. Elle est égale à la somme de la
rentabilité économique et de l'effet de levier. L'analyse de la
rentabilité des capitaux propres doit donc séparer nettement ces
deux composantes. En effet, si le recours à l'endettement peut permettre
d'obtenir une rentabilité des capitaux propres nettement
supérieure à la rentabilité économique, il fait
peser un risque financier plus lourd sur les actionnaires, dont l'exigence de
rentabilité croît d'autant. Sur le long terme, seule une
rentabilité économique élevée peut donc permettre
de créer de la valeur pour les actionnaires. (Source :
VERNIMMEN.NET).
Ø Le ratio de liquidité
générale
Le ratio de liquidité générale est
égale au rapport de l'actif circulant (à moins d'un an) à
l'exigible à court terme, il permet de vérifier que les actifs
à moins d'un an sont plus importants que les dettes à moins d'un
an et permettent donc de les rembourser. (Source : VERNIMMEN.NET).
b-Contenu des dossiers de demande d'accord de
classement
La composition du dossier à fournir à l'appui
d'une demande d'accord de classement est modulée en fonction de la
taille de l'entreprise concernée, conformément aux dispositions
de l'Acte Uniforme sur le Droit Comptable de l'OHADA.
Cet acte défini un système normal pour les
entreprises moyennes et grandes, un système allégé pour
les petites entreprises et un système minimal de trésorerie pour
les très petites entreprises.
Ø Le dossier de demande d'accord de classement
des grandes et moyennes entreprises
Il comprend les éléments
ci-après :
ü Les états financiers (bilan, compte de
résultat, tableau financier des ressources et des emplois
« TAFIRE », état annexé) des trois derniers
exercices certifiés par un commissaire aux comptes ou à
défaut établis ou audités par un expert comptable pour les
entreprises qui ne sont pas assujetties au commissariat aux comptes, lorsqu'il
s'agit de la première demande et états financiers du dernier
exercice en cas de renouvellement ;
ü Les résolutions de l'Assemblée
Générale ayant approuvé les comptes, rapport du
commissaire aux comptes et rapport d'activité du Conseil
d'Administration afférents au dernier exercice ;
ü Les états financiers prévisionnels sur
les trois années (Bilan, Compte de Résultat, TAFIRE) lorsque
l'accord de classement solliciter couvre une partie ou la totalité des
crédits à moyen et longs termes ;
ü Une fiche d'analyse financière
complétée par les observations du banquier présentateur.
Cette analyse devra tenir compte des critères financiers retenus par le
dispositif des accords de classement ;
ü Un plan de trésorerie sur les douze prochains
mois pour les cas de crédits à court terme et un tableau
d'amortissement pour les cas de crédits à moyen et long
terme ;
ü Une fiche de présentation des dirigeants
(suivant le modèle joint en annexe).
Ø Le dossier de demande d'accord de classement
des petites entreprises
Le dossier de demande d'accord de classement des petites
entreprises comprend les éléments ci-après :
ü Les états financiers des trois derniers
exercices certifiés par un commissaire aux comptes ou à
défaut, établis ou audités par un expert comptable ou un
comptable agrée pour les entreprises qui ne sont pas assujetties au
commissariat aux comptes (bilan, compte de résultat, état annexe)
lorsqu'il s'agit de la première demande et les états financiers
du dernier exercice en cas de renouvellement ;
ü Les résolutions de l'Assemblée
Générale ayant approuvée les comptes et rapport du
commissaire aux comptes ;
ü Le plan de trésorerie sur les douze prochains
mois pour les cas de crédit à court terme et tableau
d'amortissement des prêts à moyen et longs termes ;
ü Les états financiers prévisionnels sur
trois années (bilan, compte de résultat) pour les cas de
crédit à moyen et longs termes.
Ø Le dossier de demande d'accord de classement
des très petites entreprises
Le dossier constitutif des demandes d'accord de classement des
très petites entreprises est limité aux états financiers
des trois derniers exercices élaborés par un comptable
agrée ou par un centre de gestion agrée (bilan, compte de
résultat et variation de l'avoir net) lorsqu'il s'agit d'une
première demande ou états financiers du dernier exercice
élaboré par un comptable agrée ou par un centre de gestion
agrée en cas de renouvellement.
Ø Le dossier de demande d'accord de classement
des entreprises nouvellement créées
Le dossier constitutif des demandes d'accord de classement des
entreprises nouvellement constituées est composé des
éléments ci-après:
ü Le bilan d'ouverture ;
ü Les états financiers prévisionnels sur
trois ans ;
ü D'une étude de faisabilité (étude
de marché, environnement....).
Ø Le dossier de demande d'accord de classement
des salariés et groupements villageois
Les établissements de crédit introduisent les
demandes sous forme de listing et support magnétique. Les informations
requises pour l'analyse sont les suivantes :
· Dossier constitutif des demandes des
salariés
L'encours individuel des demandes d'accord de classement des
salariés doit être inférieur à 30 millions
au-delà, la demande est individualisée.
Le dossier doit préciser les renseignements
ci-après :
ü Nom et prénoms ;
ü Date de mise en place du crédit ;
ü Concours initial ;
ü Encours résiduels ;
ü Revenus des bénéficiaires ;
ü Quotité cessible ;
ü Durée du crédit ;
ü Montant et date de survenance des impayés
(chèque, effet de commerce, crédit) au cours du dernier
exercice.
· Dossier constitutif des demandes des
Groupements Villageois
Seuls les Groupements Villageois suivit par un organisme
d'encadrement et dont les productions sont vendues à une structure
officielle de commercialisation de produits agricoles ou en règle
vis-à-vis des autorités nationales, peuvent faire l'objet de
demande d'accord de classement. Les informations requises pour l'instruction de
leur demande sont les suivantes :
ü Nom du Groupement Villageois ;
ü Date de mise en place du dernier
crédit ;
ü Montant du crédit et encours des crédits
antérieurs ;
ü Montant des échéances de la
campagne ;
ü Coûts estimés des facteurs de
production ;
ü Revenus nets attendus (revenus bruts - coûts des
facteurs de production)
ü Impayés survenu au cours de l'exercice ;
ü Motifs des impayés
c- Obligations et Sanctions du Dispositif
ü Obligations du Dispositif
Les établissements de crédit sont tenus, pour au
moins les cinquante (50) plus grosses entreprises utilisatrices de
crédit, de fournir l'ensemble des documents exigés en
matière de demande d'accord de classement dans un délai maximum
de six (06) mois à compter de la date de clôture de l'exercice.
Les cinquante (50) plus grosses entreprises consommatrices de
crédit sont déterminées par l'établissement de
crédit sur la base des déclarations arrêtées au 31
décembre de l'année écoulée. Elles figurent sur les
déclarations des cinquante (50) plus gros engagements du mois de
décembre de l'année écoulée. Les états
financiers et comptables des cinquante (50) plus gros risques sont
complétés par une fiche individuelle dûment servie relative
notamment aux renseignements généraux sur l'entreprise, avant
d'être transmis à la Banque Centrale. Ces états financiers
complétés par la fiche individuelle peuvent être
envoyés au fur et à mesure à la Banque Centrale : il
n'est donc pas indiqué d'attendre un jeu complet relatif aux cinquante
(50) signatures avant d'envisager l'envoi. De même, si quelques
signatures permettent à un établissement de crédit de
respecter la norme du ratio de structure de portefeuille, ce dernier demeure
assujetti à la production de l'ensemble des documents exigés par
la Banque Centrale pour les cinquante (50) plus grosses entreprises
consommatrices de crédit.
En dehors des cinquante (50) plus gros risques pour lesquels
tout établissement de crédit est tenu de fournir les états
financiers et autres documents à la Banque Centrale comme en
matière d'accord de classement, tout établissement de
crédit a la faculté d'introduire, à leur entière
initiative, une ou plusieurs demandes d'accord de classement portant sur des
risques autres que ceux évoqués ci-dessus.
L'encours des crédits bénéficiant
d'accord de classement délivrés à l'établissement
déclarant doit représenter à tout moment au moins 60% de
l'encours total de ses crédits, sous peine d'être en infraction
par rapport aux normes de gestion du dispositif prudentiel applicable aux
banques et établissements financiers de l'UMOA. Un délai d'un (1)
mois maximum est retenu pour l'instruction des dossiers d'accord de classement,
à compter de la date de réception définitive des dossiers
complets. L'établissement présentateur dispose d'un délai
de huit (8) jours pour fournir les données complémentaires
requises dans le cas de dossiers incomplets. Au-delà, tout dossier
incomplet lui est retourné.
Les décisions d'accord de classement sont du ressort
des Directions Nationales de la BCEAO sans limitation du montant et sans visa
du Siège de la BCEAO, hormis les cas nécessitant la prise en
compte de mesures à la satisfaction de la Banque Centrale, à
savoir :
ü Le non-respect du ratio de rentabilité la
dernière année, avec une rentabilité moyenne positive sur
les trois derniers exercices ;
ü Le non-respect de la norme de la capacité de
remboursement la dernière année, la demande étant
toutefois sous-tendue par une garantie institutionnelle ;
ü Le non-respect de la norme du ratio de liquidité
générale la dernière année pour des raisons
conjoncturelles, la moyenne des ratios des trois (03) dernières
années étant inférieurs à la norme requise.
Le Siège de la BCEAO effectue un suivi à
posteriori de tous les dossiers qui lui sont transmis par les Directions
Nationales pour information, excepté ceux nécessitant la prise en
compte de mesure à la satisfaction de la Banque Centrale pour lesquels
son avis conforme favorable est requis. Par ailleurs, la mise à jour des
dispositions réglementaires et de l'application informatique, le
contrôle du respect des dites dispositions réglementaires, ainsi
que la conduite d'études spécifiques relèvent notamment du
siège.
ü Sanctions du Dispositif
Le non-respect des obligations assignées aux banques et
établissements financiers entraîne des pénalités qui
varient selon le retard accusé dans la réception des états
financiers. Les pénalités sont de l'ordre de :
Ø 10 000 FCFA par jour de retard pendant la
première quinzaine du mois de retard ;
Ø 20 000 FCFA par jour de retard pendant la
deuxième quinzaine de retard ;
Ø 50 000 FCFA par jour de retard après un
mois de retard jusqu'au respect des obligations.
Les sommes perçues comme pénalités sont
versées au trésor public.
Il est a noté que les crédits qui ne
bénéficie pas d'accord de classement ne sont pas mobilisables aux
guichets de refinancement de la Banque Centrale.
B- Contributions des études
antérieures
Les contributions antérieures à l'analyse de la
problématique de la mise en oeuvre du dispositif des accords de
classement ne sont pas nombreuses. Les quelques unes qui existent sont des
bilans de la mise en oeuvre du dispositif.
-DEGUENONVO T. et SOGLOHOUN C. (1997), dans leur étude
intitulée << la politique monétaire de l'UMOA, de
l'autorisation préalable aux accords de classement >> ont
montré que la politique monétaire de l'UMOA a connu un bon
qualitatif en passant de l'autorisation préalable aux accords de
classement. Toutefois, les aménagements sont nécessaires pour
mieux adapter les instruments de la politique monétaire, en l'occurrence
le régime des accords de classement aux besoins suivi des crédits
octroyés par les banques de l'Union et de l'admission de ces
dernières dans le portefeuille de la BCEAO.
- La BCEAO, dans une communication sur le dispositif des
accords de classement (2000), a fait le bilan de l'ouverture de ce dispositif
dans les pays de l'Union. Au Bénin, 12 dossiers ont été
reçus en 1996, 21 en 1997, 26 en 1998 et seulement un (1) pour le
premier trimestre de 2000. Le rapport entre le nombre de demandes introduites
et le nombre de demandes potentielles ressort à 14% en 1999. Ainsi,
après s'être établi à 42% en 1996, le taux de
dossiers retournés pour cause de dossiers incomplets ou comprenant de
états financiers non certifiés s'est inscrit à la baisse
les années suivantes se situant à 5% en 1997 et 8% en 1998.
Cependant, une relative évolution favorable est enregistrée en ce
qui concerne le respect des normes réglementaires notamment les fonds
propres des entreprises.
Cette partie de notre mémoire sera consacré
premièrement à la présentation de cas pratiques
illustratifs et deuxièmment à l'analyse des résultats de
la mise en oeuvre du dispositif des accords de classement sur un période
d'étude.
Chapitre I : Etude de
cas
Ce chapitre de l'étude se propose l'illustration du
dispositif des accords de classement par la présentation de deux (02)
cas pratiques.
Section 1 :
Préalables à l'étude de cas
Paragraphe 1 : Critères d'examen des dossiers
Deux (02) groupes de ratios financiers fondent l'examen des
dossiers de demande d'accord de classement, il s'agit :
ü Des ratios de décision qui conditionnent
l'accord ou le rejet de la demande ;
ü Les ratios d'observation utilisés le cas
échéant pour appuyer éventuellement des
recommandations.
Les ratios de décisions
La suite réservée aux demandes d'accord de
classement dépend de la situation des ratios de décisions. Les
ratios de décision sont au nombre de quatre (04), à
savoir :
ü L'autonomie financière ;
ü La capacité de remboursement ;
ü La rentabilité ;
ü La liquidité générale.
A-Le ratio d'autonomie financière
Ce ratio mesure l'effort de capitalisation des actionnaires,
à savoir l'importance des capitaux propres par rapport à
l'ensemble des ressources financières de l'entreprise. Il est
défini comme le rapport entre les capitaux propres corrigés et le
total du passif du bilan. Les capitaux propres corrigés sont obtenus
après déduction des non valeurs et des distributions de
dividendes décidées par l'Assemblée Générale
des Actionnaires.
Capitaux propres - non valeurs - dividendes à
distribuer
Ratio d'autonomie financière =
Total
passif
Cependant, il est possible d'intégrer les comptes
d'associés dans le calcul du ratio d'autonomie financière en les
assimilant à des quasi-fonds propres aux conditions suivantes :
ü Certification de l'existence de ces comptes courants
d'associés par un commissaire aux comptes ;
ü Production d'un acte notarié de blocage sur une
durée de 5 ans avec cession d'antériorité des
créances.
La norme minimale du ratio d'autonomie financière est
fixée à 20% pour toutes les entreprises.
B-Le ratio de capacité de
remboursement
Ce ratio permet de mesurer la capacité de l'entreprise
à faire face à ses échéances. Il se mesure par le
rapport entre les dettes financières et la capacité
d'autofinancement globale (CAFG).
Dettes financières
Capacité de remboursement =
Capacité d'Autofinancement Globale (CAFG)
La norme maximale de 4 années a été
retenue pour tenir compte notamment du fait que la CAFG doit couvrir certains
éléments, à savoir :
ü Le règlement des dividendes ;
ü Le paiement des dettes à
échéances ;
ü Le renouvellement des immobilisations.
C- Le ratio de rentabilité
Le ratio de la rentabilité mesure les performances de
l'entreprise et se détermine en rapportant le résultat net de
l'exercice au chiffre d'affaires hors taxes. Il est à noté que la
norme exige à ce que ce rapport soit positif.
Résultat net de
l'exercice
Ratio de rentabilité =
Chiffre d'affaires hors
taxes
D-Le ratio de liquidité
générale
Il permet d'apprécier les risques de faillite de
l'entreprise à partir d'éléments de son exploitation. Il
est défini par le rapport entre l'actif circulant et le passif
circulant. La norme minimale est fixée à 1 pour le ratio de
liquidité générale.
Actif circulant (y compris trésorerie actif)
Ratio de liquidité générale =
Passif circulant (y compris trésorerie passif)
Les ratios d'observation
Les ratios d'observation permettent d'approfondir l'analyse de
la situation financière des entreprises indépendamment de toute
décision d'accord de classement. Ils sont établis à titre
indicatif, il s'agit des ratios suivants:
ü La rotation des stocks qui est égale au rapport
(stock moyen X 360) et le chiffre d'affaires hors taxes ;
ü Le délai clients qui est égale au rapport
(poste clients X 360) et chiffre d'affaires toutes taxes comprises ;
ü Le délai fournisseurs qui est égale au
rapport (poste fournisseur X 360) et les achats toutes taxes
comprises ;
ü L'équilibre financier qui est égale au
rapport du fonds de roulement et le besoin de financement global.
Paragraphe 2 : Procédures de décisions
Les normes fondant la décision d'accord de classement
dépendent de la taille de l'entreprise conformément aux
critères retenus par l'OHADA qui permettent d'établir les
classifications ci-après :
ü Les moyennes et grandes entreprises ;
ü Les petites entreprises ;
ü Les très petites entreprises.
A- Cas des petites, moyennes et grandes entreprises
Plusieurs hypothèses peuvent se présenter en
fonction de la composition des demandes d'accords de classement :
Hypothèse 1 : respect des
quatre (04) ratios de décisions au cours du dernier exercice.
Lorsque l'analyse des états financiers de l'entreprise
révèle le respect des quatre (04) ratios de décisions au
cours du dernier exercice, l'accord de classement est délivré.
Hypothèse 2 : non respect
de la norme minimale du ratio d'autonomie financière au cours du dernier
exercice.
Lorsque l'analyse des états financiers de l'entreprise
révèle une situation de non respect de la norme minimale du ratio
d'autonomie financière la dernière année, deux situations
peuvent se présenter :
ü L'inexistence de comptes courants d'associés
dans cette entreprise entrainera le refus de l'accord de classement ;
ü L'existence de comptes courants d'associés
entrainera des analyses complémentaires, à savoir,
l'intégration des comptes courants d'associés aux fonds propres
de l'entreprise sous les conditions précisées dans la
détermination des critères financiers.
L'accord de classement ne serait délivré le cas
échéant que si le ratio d'autonomie financière ainsi
ajusté des comptes courant d'associés respecte la norme minimale
fixée à 20%.
Hypothèse 3 : non respect
du ratio de rentabilité la dernière année.
Lorsque l'analyse des états financiers de l'entreprise
révèle une situation de non respect du ratio de
rentabilité, deux situations peuvent se présenter :
ü Non respect jugé d'ordre conjoncturel
L'origine conjoncturelle du non respect de la norme de
rentabilité au cours de la dernière année sera
appréciée à travers les éléments
suivants :
- La tendance observée par rapport aux trois derniers
exercices ;
- L'identification précise de l'origine du fait (crise
énergétique, sociopolitiques ....) ;
- La quantification de l'impact du fait sur l'exploitation
(baisse de la production, augmentation des charges ...).
Une fois l'origine conjoncturelle du non respect de la norme
de rentabilité déterminée, la rentabilité moyenne
sur les trois derniers exercices est calculée. A l'issue de ce calcul,
deux cas de figure peuvent se présenter :
- La rentabilité moyenne est positive : l'accord
de classement sera délivré si les nomes des trois autres ratios
de décision sont respectées ;
- La rentabilité moyenne est négative :
l'accord de classement sera délivré que si l'entreprise
présente des mesures de redressement à la satisfaction de la
Banque Centrale.
ü Non respect jugé d'ordre structurel
Le non respect du ratio de rentabilité la
dernière année, jugé d'ordre structurel entrainera le
refus de l'accord de classement.
Hypothèse 4 : non respect de
la norme de capacité de remboursement la dernière
année.
Dans ce cas, l'accord de classement ne pourrait être
délivré que si la demande est sous-tendue par un crédit
bénéficiant d'une garantie institutionnelle ou de toute autre
garantie approuvée par la Banque Centrale. Les garanties susceptibles
d'être prises en compte sont celles dont la nature permet une
réalisation aisée en cas de défaillance du débiteur
principal. Ainsi, sont retenues les garanties :
- Des institutions financières
internationales ;
- Des fonds spécifiques ;
- Des banques et établissements financiers ;
- Des institutions financières
spécialisées dont la vocation première consiste à
garantir des concours bancaires obtenus par les entreprises ;
- Les administrations centrales et leurs
démembrements.
La garantie sera acceptée si après examen, la
BCEAO juge que la situation financière de l'institution garante est
satisfaisante. Le montant de l'accord de classement délivré ne
saurait excéder la marge maximale de remboursement (montant du
crédit couvert par la garantie).
Hypothèse 5 : non respect
de la norme du ratio de liquidité générale la
dernière année.
En cas de non respect du ratio de liquidité
générale la dernière année, un examen
complémentaire du dossier est effectué tenant compte :
- De son origine conjoncturelle ou structurelle ;
- Du cas des sociétés de commercialisation de
produits agricoles d'exportation.
ü Non respect conjoncturel
L'origine conjoncturelle du non respect du ratio de
liquidité générale au cours du dernier exercice est
appréciée à travers les éléments
ci-après :
- L'analyse de la liquidité générale au
cours des trois (03) exercices précédents révèle
que l'entreprise n'avait pas un problème particulier de
liquidité ;
- L'identification précise du fait conjoncturel :
événements imprévisibles notamment la fermeture de
frontières, embargos, défaillance de clients importants, crises
sociopolitiques ayant entraîné une détérioration des
produits rendant ainsi difficile la couverture du passif circulant
augmenté des crédits bancaires par l'actif circulant ;
- La quantification de l'impact de la conjoncture sur le bilan
de l'entreprise : augmentation des provisions sur stocks,
dépréciation important du poste client.
Une fois l'origine conjoncturelle du non respect du ratio de
liquidité générale déterminée, la
décision d'octroi d'un accord de classement est fondée suivant
les deux cas de figure ci-après :
- La moyenne du ratio de liquidité
générale calculée sur les trois dernières
années est conforme à la norme fixée ;
- La moyenne du ratio des trois dernières années
est inférieure à la norme requise mais l'entreprise
présente des mesures de redressement à la satisfaction de la
Banque Centrale.
Le non respect du ratio de liquidité
générale pour les motifs conjoncturels n'est pas un
critère de rejet définitif de la demande d'accord de
classement.
ü Non respect structurel
Au cas où la situation de non-respect est jugée
d'ordre structurel, l'accord de classement est refusé.
ü Cas des sociétés de commercialisation de
produits agricoles d'exportation
Il n'est pas tenu compte du ratio de liquidité
générale dans l'examen des demandes d'accord de classement des
entreprises de commercialisation de produits agricoles d'exportation.
B- Cas des très petites entreprises
La décision d'accord de classement est fondée
sur l'existence d'un résultat net positif et l'absence
d'impayés.
C- Cas spécifiques
I.a- Entreprises nouvellement
créées
Les règles de décision retenues pour les
petites, moyennes et grandes entreprises sont appliquées aux entreprises
nouvellement créées, les ratios étant calculés
à partir du bilan d'ouverture. Afin de permettre de s'assurer de la
bonne marche de l'entreprise nouvellement créée cette
dernière devra s'engager à produire une situation semestrielle
des réalisations. L'accord de classement peut être suspendu,
à tout moment si les réalisations analysées sur la base de
cette situation s'écartent sensiblement des résultats
prévisionnels. La non-production de la situation semestrielle est
également un motif de suspension de l'accord.
I.b- Salariés et Groupements
villageois
ü Cas spécifique des salariés
Les procédures de décision se fondent sur le
respect de la quotité cessible et au dénouement normal des
crédits antérieurs. Un rapprochement est effectué avec les
données de la centrale des incidents de paiement pour déterminer
la fréquence des impayés et la date de survenance du dernier
impayé. Une signature ne peut bénéficier d'accord de
classement si elle a enregistré plus de deux incidents de paiement au
cours de l'exercice.
ü Cas spécifique des groupements villageois
L'accord de classement est délivré pour tout
groupement dont le revenu brut excède le total des
échéances de la campagne et dont le total des
échéances à moyen terme est couvert par au moins le tiers
du revenu net.
L'accord de classement est délivré pour une
durée n'excédant pas un (01) an. La notification est
effectuée à l'aide d'un formulaire joint en annexe.
Paragraphe 3 : Système de cotation et
classification
Les conclusions de l'étude de dossier d'accord de
classement sont rendues sous-forme de code permettant une lecture rapide de la
décision de la Banque Centrale. La grille de cotation et de
classification qui synthétise ainsi lesdites conclusions prend en compte
la qualité de l'entreprise, le système d'information comptable
utilisé conformément aux dispositions du SYSCOA, la taille de
l'entreprise suivant le critère du chiffre d'affaires et les incidents
de paiement enregistrés. Elle se décompose en quatre (04)
éléments que sont : la cote, la classe, la division et la
rubrique.
A- Premier élément de la grille :
la cote
La cote est en première position dans l'affichage des
décisions d'accord de classement et indique soit la qualité de la
signature soit l'absence de demande. Les cinq (05) cotes retenues sont les
suivantes :
ü La cote A : elle concerne les agents
économiques, bénéficiaires de crédit bancaire qui
respecte les critères d'éligibilité au mécanisme
des accords de classement sans aucune condition particulière. La cote A
est la cote d'excellence, réservée aux
bénéficiaires de crédit méritant la meilleure
appréciation de la Banque Centrale ;
ü La cote B : elle est attribuée aux
utilisateurs de crédit qui ont bénéficié d'un
accord de classement du fait d'une tolérance pour non-respect d'un des
quatre (04) ratios de décision. Cette cote concerne les entreprises
bénéficiaires d'accord de classement dont la situation
financière appelle quelques améliorations ;
ü La cote C : elle concerne les
bénéficiaires de crédit dont les accords ont
été suspendus à la suite d'une interdiction bancaire ou
judiciaire et ceux dont les accords ont expiré et n'ont pas fait l'objet
d'une nouvelle demande ;
ü La cote D : cette cotation est
délivrée aux bénéficiaires de crédit n'ayant
pas obtenu un accord de classement à la suite d'une instruction du
dossier par la Banque Centrale ;
ü La cote E : elle regroupe les
bénéficiaires de crédit bancaire pour lesquels aucune
demande d'accord de classement n'a été introduite.
B- Deuxième élément de la
grille : la classe
La classe, affichée en deuxième position,
indique le système comptable utilisé par les
bénéficiaires de crédit bancaire conformément aux
dispositions de l'OHADA et du règlement d'exécution
n°02-2002 du 21 février 2002 de la commission de l'UEMOA ou
l'absence d'états financiers. Les cinq (05) classes ci-après ont
été définies :
ü La classe 1 : elle est attribuée aux
structures assujetties au système normal ;
ü La classe 2 : elle est attribuée aux
structures assujetties au système allégé ;
ü La classe 3 : elle concerne les entreprises
relevant du système minimal de trésorerie ;
ü La classe 4 : elle est attribuée aux
groupements villageois encadrés par une structure professionnelle
(existence ou non d'états financiers) ;
ü La classe 5 : elle regroupe les salariés
bénéficiaires de crédit bancaire (absence d'états
financiers).
C- Troisième élément de la
grille : la division
La taille de l'entreprise est le troisième
élément affiché dans la grille. Les entreprises sont
regroupées suivant le niveau de chiffre d'affaires qu'elles ont
réalisé, conformément aux seuils définis par
l'OHADA et le SYSCOA. Quatre (04) divisions sont retenues, à
savoir :
ü La division 1 : elle est attribuée aux
grandes et moyennes entreprises, c'est-à-dire celles dont le chiffre
d'affaires est supérieur à 100 millions de FCFA ;
ü La division 2 : elle recense les petites
entreprises c'est-à-dire celles dont le chiffre d'affaires est
supérieur à 30 millions mais n'excède pas 100 millions de
FCFA ;
ü La division 3 : elle regroupe les très
petites entreprises ou celles dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas
30 millions de FCFA ;
ü La division 4 : elle est attribuée aux
entreprises nouvellement créées.
D- Quatrième élément de la
grille : la rubrique
Pour préserver davantage la qualité des
signatures des bénéficiaires de crédit, il est pris en
compte les incidents de paiement à travers trois (03) rubriques,
à savoir :
ü La rubrique 0 est retenue pour exprimer
l'inexistence d'incident de paiement ;
ü La rubrique 1 symbolise la survenance d'un (01)
incident de paiement ;
ü La rubrique P est attribuée lorsque plus d'un
(01) incident de paiement a été enregistré au cours des
trois derniers exercices.
E- Exemple de Cotation
L'affichage A110 désignera :
ü Une entreprise bénéficiaire de
crédit bancaire qui respecte tous les critères
d'éligibilité au mécanisme d'accord de classement sans
aucune condition particulière (A) ;
ü Utilisant le système normal comme
référentiel comptable (1) ;
ü Réalise un chiffre d'affaires supérieur
à 100 millions de FCFA d'où classé parmi les moyennes ou
grandes entreprises (1) ;
ü Et n'ayant enregistré par ailleurs, aucun
incident de paiement (0).
De ce qui précède cet aperçu
théorique du DAC, nous allons procéder à son analyse par
une application pratique.
Section 2 : Etudes de
cas pratiques
Il sera procédé dans cette section à la
présentation du cas de deux entreprises : l'une
spécialisée dans la vente de véhicules et intervient
également dans le transport de marchandises et l'autre ayant pour
activité principale la distribution des produits
électroménagers.
Paragraphe 1 : Cas d'un dossier ayant
requis l'accord de classement
A-Présentation de la demande
a- Renseignements généraux
L'entreprise X est une société à
responsabilité limitée au capital de dix (10) millions,
entièrement détenue par les nationaux. Elle est
spécialisée dans la vente de véhicules et intervient
également dans le transport de marchandises. Elle a
réalisée un chiffre d'affaires de 1 203,7 millions en
2008.
La présente demande est introduite par la banque Y et
porte sur un montant de 118 millions dont 74 millions à court terme et
44 millions à moyen terme.
b- Pièces constitutives du dossier
Les pièces jointes par la banque à l'appui de la
demande se présentent comme suit :
ü Formulaire individuel portant renseignements
généraux sur les gros utilisateurs de crédit ;
ü Demande d'accord de classement en faveur des
entreprises ;
ü Fiche de présentation des dirigeants ;
ü Fiche d'analyse financière et observation du
banquier présentateur ;
ü Etats financiers des exercices comptables 2006, 2007 et
2008 certifiés.
B-Traitement de la demande
a- Examen du dossier
Le dépouillement de la demande transmise par la banque
Y fait ressortir que le dossier présente toutes les pièces
requises. Plus particulièrement, la demande est appuyée des
documents comptables des exercices 2006, 2007 et 2008 dûment
certifiés par un Commissaire aux comptes.
b- Etude de la demande
L'exploitation des états financiers fait ressortir que
les activités de la société ont évolués
comme suit sur la période 2006-2008 :
Tableau N°1 : Evolution du
chiffre d'affaires et du résultat net de l'entreprise X (En millions
de Francs CFA)
|
2006
|
2007
|
2008
|
Chiffre d'affaires
|
515,0
|
872,3
|
1203,7
|
Résultat net
|
25,1
|
-126,5
|
69,9
|
Source : Données extraites du
compte d'exploitation de l'entreprise X.
Le chiffre d'affaires de la société a connu une
croissance régulière au cours de la période d'analyse. Il
s'est notamment accru de 69,4% en 2007 et 38% en 2008(d'une année
à l'autre). Quant au résultat, il ressort une évolution en
dents de scie avec deux exercices bénéficiaires et un
déficit enregistré en 2007. La moyenne du résultat net sur
la période sous revue ressort déficitaire de 10,5 millions.
En outre, l'examen de la situation de la société
donne les résultats ci-après.
Tableau N°2 : Bilan
comparatif de l'entreprise X (En millions de FCFA)
|
2006
|
2007
|
2008
|
EMPLOIS
|
Actif circulant HAO
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Stock de marchandises
|
35,8
|
55,6
|
63,6
|
Stock de matières premières et autres
approvisionnements
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Produits en cours
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Produits fabriqués
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Fournisseurs avances versées
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Clients
|
11,2
|
17,8
|
54,1
|
Autres créances
|
3,4
|
2,0
|
0,0
|
TOTAL (A)
|
50,4
|
75,4
|
117,7
|
RESSOURCES
|
Dettes circulantes HAO et ressources assimilées
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Clients avances reçues
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Fournisseurs d'exploitation
|
14,8
|
5,2
|
9,6
|
Dettes fiscales
|
0,9
|
2,6
|
4,0
|
Dettes sociales
|
0,2
|
0,0
|
0,0
|
Autres dettes (charges à payer + Associés)
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Risques provisionnés
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
TOTAL (B)
|
15,9
|
7,8
|
13,6
|
BESOIN DE FINANCEMENT GLOBAL (BFG) : (C) = (A) -
(B)
|
34,6
|
67,6
|
104,1
|
Ressources stables (DG)
|
44,0
|
62,7
|
93,1
|
Actif immobilisé (AZ)
|
13,0
|
33,8
|
60,3
|
FR : (D) = DG - AZ
|
31,0
|
28,9
|
32,8
|
SITUATION DE LA TRESORERIE : (D) - (C)
|
-3,6
|
-38,7
|
-71,3
|
Source : Extraits des états
financiers de l'entreprise X.
Il ressort des éléments qui
précèdent que l'entreprise X présente une situation de
trésorerie déficitaire de 3,6 millions en 2006, de 38,7 millions
en 2007 et de 71,3 millions en 2008.
Par ailleurs, la situation financière de la
société sur la période de référence se
présente comme suit :
Tableau N°3 : Evolution des
ratios de décision de l'entreprise X.
|
2006
|
2007
|
2008
|
Normes
|
Observations
|
Ratio autonomie financière
|
-
|
55,5983
|
51,7243
|
= 20%
|
Bon
|
Ratio de capacité de remboursement
|
-
|
0,000
|
0,000
|
= 4 ans
|
Bon
|
Ratio de liquidité générale
|
-
|
1,5776
|
1,3779
|
> 1
|
Bon
|
Ratio de rentabilité
|
-
|
5,0248
|
5,8075
|
= 0%
|
Bon
|
Source : Calculs propres à
partir de la méthodologie adoptée par la BCEAO.
Il ressort de ce tableau que tous les ratios de
décision se situent à des niveaux conformes aux normes prescrites
par le dispositif des accords de classement. En effet, le ratio d'autonomie
financière ressort à 51,7243% en 2008 pour une norme de 20% et la
société affiche un ratio de capacité de remboursement de
0,00 donc de moins d'une année, ce qui est conforme au seuil maximal de
quatre années. En outre, le ratio de liquidité
générale est nettement supérieur à l'unité
(1,3779) et le ratio de rentabilité ressort positif (5,8075%).
Tableau N°4 : Evolution des
ratios d'observations de l'entreprise X.
|
2006
|
2007
|
2008
|
Normes
|
Observations
|
Equilibre financier
|
-
|
46,6403
|
40,2063
|
|
|
Rotation des stocks de marchandises
|
-
|
14,4678
|
12,5369
|
|
|
Durée moyenne des crédits à la
clientèle
|
-
|
6,2428
|
13,7156
|
|
|
Durée moyenne des crédits
fournisseurs
|
-
|
2,2062
|
3,0916
|
|
|
Source : Calculs propres à
partir de la méthodologie adoptée par la BCEAO.
C- Conclusion de l'étude de cas
Au total, la société respecte les normes
prescrites par le dispositif des accords de classement. Il s'agit par
conséquent, d'une bonne signature, cotée A110. Une notification
de l'accord est adressée à la banque Y.
Paragraphe 2 : Cas d'un dossier
rejeté
A- Présentation de la demande
I.c- Renseignements généraux
Créée en 1995, l'entreprise Z est une
société anonyme au capital de 417,45 millions de FCFA,
détenus à 28% par les nationaux et 72% par les étrangers.
Son activité principale est la distribution des produits
électroménagers. Elle dispose d'un effectif de cinquante huit
(58) employés et réalise un chiffre d'affaires de 10 272,45
millions de FCFA en 2008. La présente demande porte sur un montant de
1 897 millions de FCFA remboursable à court terme.
I.d- Pièces constitutives du
dossier
Les pièces jointes par la banque à l'appui de la
demande se présentent comme suit :
ü Formulaire individuel portant renseignements
généraux sur les gros utilisateurs de crédit
(Annexe) ;
ü Demande d'accord de classement en faveur des
entreprises (Annexe) ;
ü Fiche de présentation des dirigeants
(Annexe) ;
ü Fiche d'analyse financière et observation du
banquier présentateur ;
ü Etats financiers des exercices comptables 2006, 2007 et
2008 certifiés.
B- Traitement de la demande
IV.a- Examen du dossier
Le dépouillement de la demande transmise par la banque
Y fait ressortir que le dossier présente toutes les pièces
requises. Plus particulièrement, la demande est appuyée des
documents comptables des exercices 2006, 2007 et 2008 dûment
certifiés par un Commissaire aux comptes.
IV.b- Etude de la demande
L'exploitation des états financiers fait ressortir que
les activités de la société ont évolués
comme suit sur la période 2006-2008 :
Tableau N°5 : Evolution du
chiffre d'affaires et du résultat net de l'entreprise Z (En millions
de Francs CFA)
|
2006
|
2007
|
2008
|
Chiffre d'affaires
|
8196,2
|
9604,5
|
10272,5
|
Résultat net
|
288,2
|
163,7
|
273,3
|
Source : Données extraites du
compte d'exploitation de l'entreprise Z.
Le chiffre d'affaires de la société a connu une
croissance régulière au cours de la période d'analyse. Il
s'est notamment accru de 17,18% en 2007 et 6,95% en 2008 (d'une année
à l'autre). Quant au résultat, il ressort une évolution en
dents de scie au cours de la période sous revue avec une
légère chute en 2007. La moyenne du résultat net sur la
période ressort bénéficiaire de 241,7 millions.
En outre, l'examen de la situation de la société
donne les résultats ci-après.
Tableau N°6 : Bilan
comparatif de l'entreprise Z (En millions de FCFA)
|
2006
|
2007
|
2008
|
EMPLOIS
|
Actif circulant HAO
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Stock de marchandises
|
1925,4
|
2214,3
|
2133,9
|
Stock de matières premières et autres
approvisionnements
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Produits en cours
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Produits fabriqués
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Fournisseurs avances versées
|
10,8
|
145,7
|
25,1
|
Clients
|
774,0
|
801,6
|
926,7
|
Autres créances
|
32,3
|
133,7
|
345,0
|
TOTAL (A)
|
2742,5
|
3295,3
|
3430,7
|
RESSOURCES
|
Dettes circulantes HAO et ressources assimilées
|
44,1
|
0,45
|
14,4
|
Clients avances reçues
|
466,2
|
413,1
|
408,6
|
Fournisseurs d'exploitation
|
259,2
|
509,7
|
1576,2
|
Dettes fiscales
|
19,05
|
10,05
|
45,9
|
Dettes sociales
|
22,5
|
32,7
|
35,7
|
Autres dettes (charges à payer + Associés)
|
48,75
|
15,45
|
2,4
|
Risques provisionnés
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
TOTAL (B)
|
859,8
|
981,5
|
2083,2
|
BESOIN DE FINANCEMENT GLOBAL (BFG) : (C) = (A) -
(B)
|
1882,7
|
2313,8
|
1347,6
|
Ressources stables (DG)
|
900,8
|
911,0
|
964,7
|
Actif immobilisé (AZ)
|
368,4
|
441,6
|
429,0
|
Dividende distribué
|
125,3
|
208,8
|
208,8
|
FR : (D) = DG - AZ - Distribution de
dividendes
|
407,1
|
260,6
|
326,9
|
SITUATION DE LA TRESORERIE : (D) - (C)
|
-1475,6
|
-2053,2
|
-1020,6
|
Source : Extraits des états
financiers de l'entreprise Z.
Il ressort des éléments qui
précèdent que l'entreprise Z présente une situation de
trésorerie déficitaire de 1475,6 millions en 2006, de 2053,2
millions en 2007 et de 1020,6 millions en 2008.
Par ailleurs, la situation financière de la
société sur la période de référence se
présente comme suit :
Tableau N°7 : Evolution des
ratios de décision de l'entreprise Z.
|
2006
|
2007
|
2008
|
Normes
|
Observations
|
Ratio autonomie financière
|
22,80
|
17,60
|
18,72
|
= 20%
|
Mauvais
|
Ratio de capacité de remboursement
|
0,000
|
0,000
|
0,000
|
= 4 ans
|
Bon
|
Ratio de liquidité générale
|
1,27
|
1,165
|
1,83
|
> 1
|
Bon
|
Ratio de rentabilité
|
3,23
|
1,56
|
2,66
|
= 0%
|
Bon
|
Source : Calculs propres à
partir de la méthodologie adoptée par la BCEAO.
C-Conclusion de l'étude de cas
Il ressort des éléments qui
précèdent que le ratio d'autonomie financière ne respecte
pas la norme fixée de 20% requis par le dispositif des accords de
classement, contrairement aux trois autres ratios de décision. En effet,
le ratio d'autonomie financière se situe à 18,72 en 2008, 17,6 en
2007 et 22,8 en 2006.
Ainsi, la société Z ne respecte pas les normes
prescrites par le dispositif des accords de classement. Il s'agit par
conséquent d'une mauvaise signature faisant l'objet d'un rejet de la
demande de la banque Y.
Toutefois, un examen approfondi de la situation
financière révèle que la société Z aurait pu
bénéficier d'un accord de classement si elle disposait d'un
complément de capitaux propres d'au moins 49 931 889 FCFA.
En effet, le total du bilan s'élève à
3 889 629 791 FCFA. Ainsi, pour atteindre la norme de 20% du
ratio d'autonomie financière, il aurait fallu que l'entreprise Z dispose
en capitaux propres corrigés (capitaux propres - non valeurs -
dividendes) de 777 925 958 FCFA représentant le
cinquième du total bilan. Or, les capitaux propres corrigés
disponibles s'élèvent à 727 994 069 FCFA
inférieurs de 49 931 889 FCFA aux capitaux propres
exigés.
Par ailleurs, la société a distribué des
dividendes pour un montant de 208 725 000 FCFA en 2008, ce qui est
nettement supérieur au montant de 49 931 889 FCFA,
nécessaire pour atteindre le seuil de 20% requis par le dispositif.
En d'autres termes, la société aurait pu
bénéficier d'un accord de classement si l'Assemblée
Générale Ordinaire des actionnaires avait été
avisée pour limiter la distribution de dividendes à
158 793 111 FCFA, afin de dégager une réserve de
49 931 889 FCFA pour renforcer les fonds propres de la
société. Les actionnaires avaient également la
possibilité de mettre à la disposition de la
société un complément de 49 931 889 FCFA, par le
biais d'un compte d'associés certifié par un commissaire aux
comptes et bloqué sur une durée de cinq (05) ans.
Chapitre II : Mise en
oeuvre du dispositif des accords de classement
Ce chapitre de notre mémoire sera consacré
premièrement à l'analyse des résultats atteints par le
dispositif des accords de classement entre 2003 et 2005 et deuxiement nous
envisagerons une approche de solutions visant l'amélioration du
dispositif.
Section 1 : Bilan de la mise en oeuvre du
dispositif des Accords de Classement au Bénin au titre des exercices
2003 à 2005
A-Paysage bancaire au Bénin
Le paysage bancaire au Bénin comprenait douze (12)
banques au 31 décembre 2005, il s'agit de la Banque Internationale du
Bénin (BIBE), de la Bank of Africa (BOA), de Ecobank-Bénin, de la
Financial Bank (FBB), de la Continental Bank (CBB), l'African Investment Bank
(AIB), de la Banque Régionale de Solidarité (BRS), la Banque
Sahélo Saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC), la
Diamond Bank (DBB), la Banque Atlantique (BAB), la Société
Générale de Banques au Bénin (SGBBE), de la Banque de
l'Habitat (BHB).
Au regard de la spécificité de
l'activité, toutes les banques sont généralistes.
B-Le ratio de structure de portefeuille
Les établissements de crédit assujettis au DAC
sont tenus de respecter le ratio de structure de portefeuille qui est
défini par le rapport entre d'une part, l'encours des crédits
bénéficiant des accords de classement délivrés par
l'Institut d'émission à la banque déclarante, et d'autre
part le total de l'encours des crédits distribués (non compris
les concours à l'Etat, les crédits interbancaires et les
engagements par signature). Le ratio de structure de portefeuille doit
être, à tout moment, supérieur ou égal à 60%.
Cette disposition s'applique aux établissements de crédit
spécialisés dans la distribution de crédit.
Tableau n°8 : Ratio de
structure de portefeuille entre 2003 et 2005
|
2003
|
2004
|
2005
|
Banque 1
|
3,3
|
17,4
|
149
|
Banque 2
|
2,7
|
5,41
|
63
|
Banque 3
|
1,44
|
4,56
|
0
|
Banque 4
|
1
|
2,70
|
18
|
Banque 5
|
5,83
|
9,55
|
91
|
Banque 6
|
5,8
|
20,3
|
115
|
Banque 7
|
3,82
|
3,26
|
82
|
Banque 8
|
0
|
1,15
|
86
|
Banque 9
|
0
|
0
|
21
|
Banque 10
|
0
|
0
|
0
|
Banque 11
|
-
|
-
|
0
|
Banque 12
|
-
|
-
|
0
|
Moyenne
|
2,389
|
6,433
|
6,783
|
Source : BCEAO
Il ressort de ce tableau, qu'au cours de la période
sous revue aucune banque n'a atteint la norme de 60% requis pour le ratio de
structure de portefeuille. Cette situation relate la faible participation des
établissements de crédit à l'atteinte des objectifs du
dispositif.
C-Transmission des dossiers de 2003 à
2005
Tableau N°9 : Bilan de la mise en
oeuvre du dispositif des accords de classement au Bénin entre 2003 et
2005
|
2003
|
2004
|
2005
|
Dossiers de demandes d'accord de classement introduites
|
60
|
180
|
176
|
Nombre d'accords
|
20
|
39
|
44
|
Nombre de rejets
|
40
|
93
|
109
|
Nombre d'établissements relancés pour motif de
complément d'information
|
19
|
06
|
12
|
Nombre de rejets pour motif de non respect des critères
financiers
|
21
|
48
|
23
|
Pourcentage d'accord (%)
|
33,33
|
48,33
|
25
|
Pourcentage de rejet (%)
|
66,67
|
51,67
|
75
|
Source : Calculs propres à
partir du registre annuel des accords de classement
Eu égard aux informations ci-dessus, on peut dire qu'un
effort de demande d'accord de classement est noté de la part des banques
et établissements financiers sur la période d'analyse. En effet,
les demandes introduites en 2005 sont de cent soixante seize (176) soit trois
fois celles de 2003. De même, on note un effort d'assainissement de la
gestion financière des entreprises qui se traduit par une tendance
à la baisse du pourcentage des rejets au cours des années 2003 et
2004.
Toutefois, des efforts restent à fournir par les
établissements de crédit pour accroître le taux d'accord
obtenu sur l'ensemble des dossiers introduits auprès de la BCEAO.
En outre, l'exigence faite aux banques et
établissements financiers en matière d'accord de classement, de
fournir l'ensemble des documents pour au moins les 50 plus grosses entreprises
utilisatrices de crédit n'est pas respectée.
Malgré les dispositions prises par les
établissements de crédit pour mieux contrôler la
qualité de leurs emplois, le nombre de dossiers traités par la
Banque Centrale apparaît infime au regard de l'ensemble des risques
au-delà des seuils de déclaration retenus ; ce qui traduit
le bas niveau de leur ratio de structure de portefeuille.
L'analyse des résultats obtenus de l'évaluation
du dispositif des accords de classement a permis de constater que certaines
insuffisances restent liées à l'application du mécanisme
au sein du système bancaire.
Au nombre de ces insuffisances, on note :
· Un faible intérêt manifesté par les
banques et établissements financiers du fait de leur surliquidité
actuelle ;
· Une lourdeur de la procédure administrative
liée notamment aux exigences de production d'états financiers
certifiés et de documents prévisionnels sur trois ans ;
· Une méconnaissance de l'objectif de
qualité visé par le dispositif plutôt
considéré comme un moyen de refinancement de la Banque
Centrale ;
· L'inaptitude de certaines entreprises à
respecter les normes définies pour les critères financiers compte
tenu de la fragilité de leur situation financière.
Ces insuffisances expliquent donc la faible adhésion
des banques et établissements financiers au dispositif des accords de
classement, la présentation de dossiers incomplets de demande et le
non-respect des critères financiers par les entreprises
bénéficiaires de crédit, se traduisant tous par un non
respect général de la norme minimale du ratio de structure du
portefeuille.
D- Motif de rejet des demandes d'accord de
classement
Sans prétendre situer avec exactitude l'origine des
insuffisances afférentes aux dossiers relatifs aux accords de
classement, notre travail consistera plutôt à faire ressortir une
approche des données susceptibles d'entraver l'obtention d'un avis
favorable en matière d'accord de classement.
S'agissant des rejets des demandes d'accord de classement, la
principale cause est due au non respect des ratios de décision. En
effet, les entreprises béninoises se caractérisent par la
faiblesse de leur structure financière, essentiellement due aux facteurs
suivants :
ü Surendettement des entreprises ;
ü Inadéquation de la trésorerie des
entreprises ;
ü Difficultés liées aux
échéances de remboursement ;
ü Activité non rentable.
En sus de la faiblesse de la structure financière des
entreprises béninoises, les motifs suivants justifient le taux
élevé de rejet des demandes d'accord de classement :
ü La domination du secteur informel sur le marché
béninois ;
ü L'envoi de dossiers incomplets pour instruction
à la BCEAO ;
ü La non production des informations
complémentaires ;
ü L'absence d'états prévisionnels ;
ü Le déficit de culture comptable. Les
entrepreneurs béninois, du fait de leur faible niveau d'instruction,
n'ont généralement pas le souci de produire des informations
comptables. Parmi les entreprises qui produisent des informations comptables,
très peu sont celles qui se soucient de leur fiabilité. De ce
fait, les banques ont des difficultés pour réunir les documents
requis pour l'instruction des demandes d'accord de classement ;
ü A la faveur de la concurrence et des objectifs de
rentabilité poursuivie, les banques ne sont pas assez exigeantes sur les
dossiers de demande de crédit de la clientèle. Elles octroient le
plus souvent des crédits sans dossiers pour vu que le crédit
concerné soit soutenu par des garanties solides. Dans ce cas, lorsque la
banque relance son client pour avoir le document requis pour l'instruction du
dossier à l'accord de classement, l'entreprise est peu attentive
à la requête du banquier surtout si l'information n'est pas
disponible et que sa production entraîne des coûts (humains,
financiers....).
Section 2 : Approches de solutions
Au regard des faiblesses relevées au cours de la mise
en oeuvre du dispositif des accords de classement, nous formulons des
propositions en vue d'accompagner favorablement le dispositif et
d'accroître son efficacité. Ces suggestions concernent les banques
et établissements financiers, les entreprises, les Commissaires aux
comptes et la Banque Centrale.
ü A l'endroit des banques et établissements
financiers
Compte tenu de la faible adhésion des
établissements de crédit au dispositif des accords de classement,
matérialisée par le faible nombre de demandes d'accord de
classement introduites, nous suggérons :
· la mise en place au sein de chaque établissement
de crédit, d'une cellule de collecte et de traitement des états
financiers des entreprises clientes. Cette cellule se chargera de la
vérification des documents comptables envoyés par les entreprises
avant leur présentation aux accords de classement. Elle se chargera
également de conseiller et de sensibiliser les entreprises dans la tenue
et la présentation des états financiers ;
· la mise en place d'un système de
récompense des entreprises clientes les plus performantes. Ces
récompenses pourront consister à offrir à ces entreprises
des taux bonifiés ;
· la mise en place d'un réseau au niveau de
l'Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF)
qui permettrait à une banque lorsqu'elle a rassemblé les
documents comptables d'une entreprise, d'informer les autres
établissements de crédit afin de constituer une demande unique
pour cette entreprise. Cela permettra de réduire les coûts et les
délais de constitution des dossiers de demande d'accord de
classement ;
· l'instauration d'un partenariat avec les Centres de
Gestion Agréés (CGA), en vue de l'encadrement des clients qui
n'établissent pas d'états financiers ou qui ne tiennent pas de
comptabilité ;
· la tenue périodique (au moins une fois par an)
de séance de travail avec les entreprises utilisatrices de crédit
ou les associations nationales du Patronat aux fins de sensibilisation sur
d'une part, le dispositif des accords de classement et d'autre part, la
nécessité de produire les états financiers dans les
délais requis.
ü A l'endroit des entreprises
Il est ressorti que la plupart des entreprises ne fournissent
pas les pièces requises et présentent des ratios qui ne satisfont
pas les normes édictées par le dispositif des accords de
classement. Afin de pallier cette situation, nous suggérons :
· l'adhésion des entreprises qui ne tiennent pas
de comptabilité, aux Centres de Gestion Agréés ;
· la bonne gestion des ressources mises à leur
disposition afin de renforcer leur rentabilité et d'améliorer
leur capacité d'autofinancement.
ü A l'endroit des Commissaires aux comptes
Le dispositif assigne les Commissaires aux comptes, d'une
part, au respect d'un cahier de charge minimum comprenant l'évaluation
qualitative des cinquante (50) plus gros risques, et d'autre part à la
production d'un rapport y relatif qui indiquera notamment les renseignements
nécessaires pour chaque signature concernée. Aussi
suggérons-nous une forte implication des Commissaires aux comptes dans
le contrôle qualitatif du portefeuille des établissements de
crédit.
Par ailleurs, il serait souhaitable que les Commissaires aux
comptes jouent effectivement leur rôle de conseillers dans la gestion des
entreprises.
ü A l'endroit de la Banque Centrale
S'agissant de la Banque Centrale, nous lui suggérons de
poursuivre les séances de sensibilisation à l'endroit des
établissements de crédit en vue de les inciter à
solliciter davantage de demandes d'accord de classement. Dans le cadre de ces
sensibilisations, la BCEAO devra insister d'une part, sur les
opportunités qu'offre le dispositif et d'autre part, sur la
nécessité de produire des états financiers
certifiés dans des délais requis. Toujours pour apporter des
solutions à la faible adhésion des établissements de
crédit au dispositif, nous suggérons, que la BCEAO prenne des
dispositions d'assouplissement dans la constitution des dossiers de demandes
d'accord de classement. A cet effet, elle pourrait limiter la composition des
dossiers aux documents indispensables à leur examen. Par exemple, la
production des états prévisionnels sur trois (03) années
pourra être limitée à une année.
Par souci d'efficacité, la BCEAO devra élaborer
un répertoire des entreprises d'une certaine taille pour lesquelles
l'obtention des états financiers se heurte à des
difficultés, afin de leur réserver un suivi particulier. Il
appartient également à la BCEAO, d'appliquer de manière
uniforme aux établissements de crédit, toutes les sanctions
actuellement en vigueur et d'autres sanctions disciplinaires pour non
transmission de documents réglementaires.
En outre, la Banque Centrale pourrait mettre en oeuvre des
mesures incitatives pour accroître le nombre de demandes
bénéficiant d'accord. Cela peut se traduire par la diffusion
trimestrielle de la situation des entreprises ayant
bénéficié d'un accord de classement.
CONCLUSION
Dans le cadre de son activité traditionnelle qui
consiste à collecter l'épargne et à accorder des
financements à ses clients, la banque prend des risques notamment celui
de défaut de la contrepartie. Se prémunir contre ce risque,
demeure une préoccupation fondamentale pour le banquier. En effet, la
maîtrise de ce risque dépend de la qualité de son
portefeuille de crédit. Pour gérer ce risque, les
autorités de tutelles ont défini de nouveaux instruments de
contrôle de la qualité du crédit. Parmi ces instruments,
figure le dispositif des accords de classement qui est un mécanisme de
contrôle a posteriori mis en place par la BCEAO et ayant pour objectif de
veiller sur la qualité des crédits distribués par les
établissements de crédit.
Aussi les établissements de crédits sont-ils
obligés de présenter les dossiers des 50 plus grosses signatures
aux accords de classement pour connaître la qualité de leur
portefeuille de crédit, qui s'apprécie à travers le ratio
de structure de portefeuille dont la norme minimale est fixée à
60%. Malheureusement les résultats obtenus jusque là montrent
qu'aucun établissement de crédit au Bénin ne respecte la
norme requise. En effet, pour un grand nombre de demandes les dossiers sont
incomplets et pour les dossiers complets le taux de rejet est
élevé.
Pour remédier à cette situation, il urge
d'amener les établissements de crédits à mieux percevoir
les avantages liés au dispositif afin qu'ils introduisent le maximum de
demandes. Pour ce faire, la souplesse et l'indulgence
généralement constatées dans l'application des sanctions
devraient être révisées pour une plus rigueur afin que les
établissements de crédit et entreprises prennent leurs
responsabilités Toutefois, il est nécessaire pour la BCEAO
d'insister sur l'application effective des sanctions prévues par le
dispositif à l'endroit des établissements de crédit, afin
d'atteindre ses objectifs.
Au terme de nos recherches qui ont été à
tous points de vue très instructifs, nous avons pu améliorer nos
connaissances sur le dispositif des accords de classement et les
problèmes que pose sa mise en oeuvre. Nous ne pensons pas avoir
cerné tous les contours du thème de réflexion, aussi
restons-nous ouverts à toutes critiques et suggestions pour son
amélioration.
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