Les conditions professionnelles du journaliste de la presse privée au Cameroun ( enquête)( Télécharger le fichier original )par Miriam Aurélie Fogoum Mawa Siantou Supérieur sous couvert IFASIC KINSHASA - Graduat III 2009 |
2- conditions matériellesBeaucoup entendrons par conditions matérielles des journalistes celles d'ordre : · Rédactionnel, qui consistent à posséder - Des locaux avec salle de rédaction - Des Desktops ou des Laptops avec connexion Internet «Si on en possède pas ou pas assez, cela peut avoir une certaine influence notoirement bénéfique sur le deadline, mais ça peut aussi avoir une influence sur la production. Parfois les journalistes n'exprime pas entièrement leur potentiel dans les salles de rédaction»21(*) - Des appareils photos qui se font rares dans les rédactions de certains quotidiens bien connus tels que : le quotidien Mutations et La Nouvelle Expression : « Il n'en reste plus qu'un seul du fait d'un certain nombre de malentendus imputables à la négligence des rédacteurs »22(*) chez les mutants : « Chacun s'équipe personnellement et place parfois ces équipements à la disposition de la rédaction »23(*) - Des voitures de service qui serviraient aux déplacements permanents des reporters. Pour le rédacteur en chef du Quotidien Mutations Xavier Messe « Ce n'est pas un luxe de nos jours que de mettre à la disposition d'un journaliste un véhicule de service »24(*). En raison de l'insuffisance de moyens techniques et financiers, les entreprises de média sont de plus en plus dépendantes des nouvelles obtenues dans Internet et par les agences internationales. Depuis peu, ces entreprises utilisent d'autres tabloïds ou des radios comme principales sources d'informations pour leurs nouvelles. Au Cameroun, les agences de presse ne font pas partie du paysage médiatique. Même l'agence gouvernementale CAMNEWS parait anachronique dans son fonctionnement. Mais l'homme des médias dans l'exercice de sa profession a besoin d'un autre type d'épanouissement matérielle tel que prévu par les dispositions encore récentes de la convention collective de 2008, dont la source émane du droit du travail. Des conditions qui ont pour ambition d'assainir l'environnement actuel du travail (actuel) des journalistes. Les exigences matérielles25(*) dont doit bénéficier le « travailleur de presse», c'est d'abord et avant tout : · Son contrat de travail pleinement élaboré dans le fond et la forme et conformément aux dispositions énoncées dans le code du travail en vigueur au Cameroun. Mais dans le cas spécifique du journaliste, on ne parlera pas de contrat à durée déterminée ou indéterminée. on définira plutôt le journaliste professionnel en tant que celui qui fait de l'exercice de sa profession son occupation régulière, dont il tire le principal de ses sources. Mais aussi le pigiste définit comme celui qui n'est soumis qu'à un contrat d'ouvrage et n'est soumis à aucun état de soumission à l'entreprise dans laquelle il travaille, il est maître de son temps et de son travail. · Quant à la durée de travail, elle doit respecter celle précisée par le code du travail qui est de 40 heures par semaine. Mais même si la durée légale du travail doit autant s'appliquer aux autres salariés qu'aux journalistes, certaines nécessités propres à la profession ne permettent pas de déterminer la répartition des heures de travail, certains horaire de travail peuvent être aménagés dans la mesure où il peut exister des dérogations exceptionnels amenant l'homme des médias à travailler de jour, comme de nuit voire le dimanche ou pendant les jours fériés. L'on doit donc faire preuve d'une certaine flexibilité. Cela va sans dire qu'une majoration ainsi que prévu par le code du travail*et la convention collective*doit être appliquée. L'augmentation intervient entre 10 heures du soir et 6 heures, ce qui n'est actuellement pas le cas aujourd'hui. A La Nouvelle Expression le journaliste Lindovi NDJIO déclare : «On peut vous donner des frais de déplacement lorsque c'est un travail de nuit mais je n'ai jamais eu de majoration particulière». Cette règle s'applique également à trois de ses collègues présents, qui hoche du bonnet lorsque la question leur est posée. La convention collective camerounaise a malgré tout limité le taux des heures supplémentaires à 20% sur la base d'un SMIG de 28 320 FCFA. Un taux que certains pourraient qualifier d'excessif alors qu'en France ce dernier s'élève à 15% sur un SMIG de 650.000 F.CFA selon la convention collective nationale de travail des journalistes du 1er novembre 1976, relevé le 27 octobre 1987, repris en parti par la convention collective des journalistes camerounais. Tableau de la majoration des heures supplémentaires fixé par la convention collective des journalistes
(Source : la Convention Collective des Journalistes) A noter toutefois que la mise en oeuvre de cette disposition se fait dans le cadre des aménagements internes des horaires de travail dans l'entreprise. · Les congés sont une autre condition matérielle importante. Précisé dans l'article 60 de la convention collective qui confirme que les dispositions du code du travail relatives au « chapitre 5 : congés et transport » sont applicables aux journalistes : « Les congés sont répartis sur toute l'année. Les dates en sont fixées par l'employeur en tenant compte des nécessités de service d'une part et des désirs des travailleurs, d'autre part » (cf. annexes). Au Cameroun la durée de congé est de un (01) mois minimum. Ces derniers qui se sont inspirés de la convention collective française n'ont pas intégré le principe de la semaine de cinq jours avec deux jours de repos hebdomadaire ainsi que contenu dans ladite convention. Cette convention légitime le fait qu'un journaliste doit au moins avoir un jour de repos par semaine et d'un congé annuel payé, ceci depuis 1935. De plus, ils sont les premiers à bénéficier de cinq semaines de congés. Pour le cas du Cameroun, la convention collective, mentionne certains privilèges dont devraient jouir les journalistes après une durée bien déterminée ainsi qu'énoncé dans l'article 63 intitulé de la majoration des congés : Tableaux de la majoration des congés du journaliste au Cameroun selon la convention collective 1. Pour le Travailleur âgé de plus de dix huit (18) ans ayant droit au congé dans les conditions définies ci-dessus, ce congé est augmenté de :
(Source : Convention Collective des journalistes) 2. La mère de famille bénéficie de deux (2) jours supplémentaires de congé par an pour chacun de ses enfants à charge, enregistré à l'état civil, vivant au foyer et âgé de moins de six (6) ans. Ce congé est d'un (1) jour seulement si le congé principal n'excède pas six (6) jours. 3. Le Travailleur titulaire de distinctions honorifiques nationales bénéficie d'un (1) jour supplémentaire par an, et ceci dès notification de l'attribution quelle que soit la distinction. Il peut également y avoir des congés de circonstances :
(Source Convention Collective des journalistes) Selon, les journalistes signataires de la convention collective ces congés devraient également être payés La rémunération du journaliste comprend le salaire ou autres différentes primes. Les salaires sont fixés en fonction de l'emploi occupé par le travailleur, conformément à la classification professionnelle et à la grille des salaires de la présente convention. Une rémunération qui se doit d'être mensuelle. CLASSIFICATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES ET DES PROFESSIONNELS DES METIERS CONNEXES DU CAMEROUN (Source : Convention Collective des journalistes)
GRILLE DES SALAIRES (source Convention Collective des journalistes)
· Pour les primes, le travailleur ayant effectué deux (02) ans dans la même Entreprise bénéficie à la fin de la deuxième (2e) année d'une prime d'ancienneté de 4% et de 2% par année supplémentaire sans plafonnement suivant la réglementation en vigueur dans l'article 79 de la convention collective. Des efforts sont encore à faire, surtout quand on sait qu'en France un journaliste professionnel débutant touche en moyenne entre 1700 € (relativement 1.105.000Cfa) et 2 300€ (1.495.000cfa). Les salaires sont très souvent fixés en fonction du coût de la vie en occident. Lorsque nous rentrons dans notre contexte camerounais le journaliste devrait également être assez bien rémunéré ou toute fois en fonction du coût de la vie et surtout de manière régulière. Le tableau ci-dessous montre ce que devrait être la rémunération de base d'un journaliste au Cameroun. La convention collective des journalistes met également propose des formations internes pour les travailleurs. Selon la dite convention, les formations que l'employeur accorde aux employés sont en partie à la charge de l'état et les coûts sont défalqués sur les charges salariales de l'entreprise. Ces cours et ces programmes de perfectionnement ont pour but d'améliorer la vie et la qualification professionnelles, mais assurent la promotion à des emplois supérieurs du personnel en place. À noter tout de même que pendant la durée d'une telle formation, le travailleur est maintenu à sa catégorie d'emploi, sans perte de rémunération26(*). En contrepartie le travailleur se doit d'être à l'entière disponibilité de son employeur. La norme voudrait également que le journaliste ait un avancement tous les deux (2) ans par décision de l'employeur. Cependant, après quatre (4) années d'ancienneté dans un même échelon, le passage à l'échelon supérieur est de droit pour le travailleur. Le titre 6 du chapitre deux du code du travail sur la Santé, suivi de l'article 39 de la convention collective intitulée : de la prise en charge des accidents du travail et maladies professionnelles, précise que le travailleur perçoit une indemnité complémentaire, calculée de manière à lui maintenir son salaire. A l'exclusion des heures supplémentaires, de l'indemnité de transport, des primes de quart et de toute autre indemnité liée aux conditions de travail. L'employeur prend toutes mesures en son pouvoir pour éviter une interruption dans le versement de l'indemnité journalière. Mais si l'accident de travail ou la maladie professionnelle entraîne une incapacité permanente totale de la part du travailleur, il est recommandé à l'employeur de prendre des mesures nécessaires pour faciliter l'installation de la victime dans son lieu de résidence. Et si le contrat doit être résilié, l'indemnisation du travailleur est assurée en fonction de l'ancienneté du travailleur dans l'entreprise au moment de la suspension du contrat conformément au tableau ci-dessous :
(Source : Convention Collective des journalistes) Le journaliste entrant dans une entreprise à le devoir de se mettre à l'entière disposition de son employé sauf cas constaté de maladie attesté en plus par un certificat établi par un médecin. Lorsque le travailleur est muté il a droit au « logement ou l'indemnité de logement, dans les conditions prévues par la législation et la réglementation en vigueur. Le transport pour lui-même, sa famille et ses bagages de manière à couvrir les frais réels du déplacement. Le maintien du salaire en l'état ou sa révision à la hausse selon la pratique en vigueur dans l'établissement de mutation. Une prime unique et forfaitaire dite prime de changement de résidence égale à : Célibataire : ½ mois de salaire catégoriel échelonné. Marié sans enfant : 1 mois de salaire catégoriel échelonné. Marié avec enfants : 1 ½ mois de salaire catégoriel échelonné ».27(*)Hormis quelques adaptations, liées à la nature de la profession, le droit et engagements des journalistes ne diffèrent plus entièrement du droit des médias. * 21 _ Entretien avec Valentin Siméon Zinga Rédacteur en chef de La Nouvelle Expression * 22 _ idem * 23 _ Entretien avec Léger Ntiga Rec adjoint au quotidien Mutations * 24 _ Entretien avec Xavier Messe, Rédacteur en chef du quotidien Mutations * 25 _ Emmanuel Derieux, Droit de la communication, exercice de la profession du journaliste, éd. L.G.D.J page 343-344 * 26 _ Convention Collective, art 26 : de l'apprentissage, de la formation et du perfectionnement professionnel, p. 15 * 27 _ Convention Collective, art 24 : De la Mutation, p.14 |
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