PARAGRAPHE1 : LA
GESTION DES DÉCHETS SOLIDES MÉNAGERS
Selon Maystre et al. (1994), une bonne gestion des déchets
nécessite qu'on ait des informations sur la nature, les
caractéristiques et la taille des déchets produits. Leur livre
propose alors une classification complète des déchets urbains,
avant de s'intéresser spécifiquement aux Déchets Solides
Ménagers pour lesquels les modes de pré -collecte et collecte, de
transport et de traitement sont analysés. Il ressort de cette
étude que :
ü il est préférable d'effectuer une
séparation à la source des déchets selon leur nature
(biodégradable ou non),
ü il est important d'avoir des points de regroupement
aménagés pour éviter de nuire à l'environnement,
ü la pré-collecte et la collecte doivent se faire
régulièrement et être accessibles à toute la
population. Pour apprécier l'accessibilité des services de
pré-collecte et collecte, le taux de collecte est proposé. Cet
indicateur est le pourcentage de déchets effectivement collectés,
par rapport à la production effective de déchets.
Hebette (1996), dans son étude de la gestion des
déchets solides urbains en Afrique sub-saharienne, reprend le principe
d'utilisation du taux de collecte comme indicateur. Contrairement à
Maystre et al. (op. cit.) qui l'utilisaient pour apprécier uniquement
l'accessibilité, elle l'utilise pour mesurer l'efficacité de
toute la filière de gestion des déchets. Selon elle, la gestion
des déchets urbains est dite partielle ou inadéquate
lorsque :
ü le taux de collecte est faible et que par
conséquent d'importantes quantités de déchets non
collectés s'accumulent ça et là dans les terrains
libres ;
ü le taux de collecte est encourageant (par exemple 70%),
mais les déchets sont déposés à proximité,
dans les dépôts sauvages, au lieu d'être acheminés
vers des décharges ou centres appropriés.
Elle propose également dans son ouvrage des schémas
techniques de mise en oeuvre de la gestion des déchets solides urbains,
et plus particulièrement des DSM. Elle y ajoute une liste exhaustive
des équipements adéquats pour la collecte et le transport, et
pour finir des fiches techniques de suivi et évaluation du
système.
Son étude a servi d'appui aux séminaires
organisés par le Partenariat pour le Développement Municipal
(PDM) à Abidjan en 1996, travaux à l'issue desquels il a
été retenu que plusieurs éléments sont à
prendre en compte pour développer une bonne filière de gestion
des DSM. Il s'agit entre autres :
ü de l'étendue territoriale de la zone
concernée, de la population et de son taux de croissance,
ü des caractéristiques des déchets et du taux
de génération par habitant,
ü de l'organisation générale et l'état
de la voirie, de la localisation de la décharge et sa capacité,
des conditions hydrogéologiques et physiques, du niveau des ressources
et des capacités.
En dehors de tous ces critères, les auteurs s'accordent
sur le principe du pollueur-payeur, car il est indispensable que les
ménages contribuent financièrement à la gestion des DSM
selon Maystre et al. (1994b). Si ces derniers ne le peuvent, Cointreau
(1996), propose qu'ils contribuent en temps et en effort, car il est
obligatoire que tous les acteurs concernés par les DSM interviennent
dans leur gestion. Pour ce faire et pour mieux situer les
responsabilités, Maystre et al. suggèrent qu'il y ait un cadre de
concertation pour satisfaire toutes les parties (ménages, entreprises,
communes). Thuy (1998a), abonde dans le même sens en soutenant que la
concertation entre les intervenants et la planification stratégique sont
incontournables et permettent non seulement de délimiter les
rôles, mais aussi d'assurer la pérennité de la
filière par une forme durable de financement. L'auteur fait remarquer
ensuite qu'il n'existe pas de schémas-types de gestion des DSM. Le
schéma s'élabore en tenant compte de tous les critères
ci-dessus énumérés, et surtout évolue en fonction
de la taille des populations.
Bien gérer les DSM n'est pas toujours une tâche
aisée, et la défaillance du système de gestion à
divers niveaux a des impacts néfastes non négligeables sur les
populations et sur l'économie. Certains auteurs se sont donc
penchés sur les inconvénients de la mauvaise gestion des DSM,
comme le résument les paragraphes suivants.
Paragraphe 2 : Les
inconvénients d'une mauvaise gestion des DSM
Gomez (2004), a effectué ses recherches sur la
problématique de l'assainissement et de la santé dans les villes
moyennes du Bénin. Il a testé l'hypothèse suivante :
« le manque d'assainissement a des implications sur la santé
des populations.». Les résultats de ses travaux ont confirmé
son hypothèse, et nous permettent de dire qu'un environnement insalubre,
c'est-à-dire dans lequel prolifèrent les déchets et
particulièrement les DSM est nuisible à la santé des
populations.
Migan (1993), a été plus spécifique dans ses
travaux en s'intéressant aux nuisances résultant d'une mauvaise
gestion des DSM. Il a répertorié les différentes
catégories de déchets rencontrés dans la ville de Cotonou
et énuméré les effets néfastes que provoque leur
mauvaise gestion sur la nappe phréatique. De même, Odoulami (1999)
ont étudié la qualité des eaux dans certaines villes du
Bénin et ont conclu que les eaux des sources renferment des rejets
générés par les activités humaines et des germes
fécaux qui sont responsables de plusieurs maladies dont le
choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde, les
gastroentérites et les parasitoses intestinales. Les DSM bouchent
également les marécages et par conséquent favorisent
l'inondation. En ce qui concerne le cas particulier des sacs plastiques, les
Docteurs Guendehou et Agodokpessi, cités par Inter Press Service
(Ahotondji, 2009), précisent qu'ils peuvent être à
l'origine de la stérilité, du cancer de la peau, de la gorge et
des poumons.
Outre les nuisances sanitaires qu'ils génèrent,
les DSM dégradent l'aspect esthétique de la ville et influent
négativement sur l'économie. En effet, selon Diop (1996b), une
ville jonchée d'ordures, avec une décharge mal localisée,
des caniveaux bouchés en permanence par les ordures, n'est
agréable ni pour l'épanouissement de la santé ni pour le
cadre de vie. Par contre, une ville propre améliore le cadre de vie de
ses habitants en les mettant à l'abri des effets nocifs qu'ont les
déchets jetés dans la nature sur la santé, favorise
également le développement de l'activité touristique -
source de devises - et de l'activité agricole urbaine et
périurbaine - source de revenus et d'approvisionnement de la ville en
vivres comme le précise Sotamenou, (2005).
Il faut donc trouver des méthodes de gestion des DSM qui
permettent d'éviter les nuisances qu'ils engendrent sur le cadre de vie.
Les études effectuées en ce sens se sont conclues par des
propositions parmi lesquelles nous avons l'éducation environnementale et
la valorisation des DSM.
Paragraphe 3 :
Propositions pour une gestion efficiente des DSM
Comment faire pour aboutir à une gestion efficiente des
DSM ? Les chercheurs qui se sont intéressés au sujet pensent
qu'il faut d'abord avoir un comportement qui tende à sauvegarder
l'environnement et à l'assainir quotidiennement. Ces aptitudes
s'acquièrent à travers l'Education Environnementale (EE). A cette
prise de conscience, certains auteurs pensent qu'il faille ajouter la
valorisation des DSM, afin d'aboutir à une réduction
considérable des déchets à éliminer.
a- L'éducation
environnementale
Le sommet de Rio en 1992 a été un tournant
décisif en ce qui concerne la gestion de l'environnement. A partir de
la déclaration faite à ce sommet, il s'est
développé un courant de plus en plus soucieux de protéger
l'environnement, qui souhaite que les déchets soient traités en
vue de minimiser leur impact sur l'environnement naturel (Thuy, 1998b).
Adhérant à ce courant, le Canada a mis en oeuvre
des stratégies de gestion et de réduction des DSM. En effet, ce
pays dépensait plus de 1,5 milliards de dollars chaque année
pour le ramassage et l'élimination d'environ 30 millions de tonnes de
déchets (Meyronneinc, 1993). Le gouvernement a donc pris de nombreuses
dispositions parmi lesquelles un programme d'éco-civisme et de
sensibilisation de toute la population en matière des DSM. Il montre
donc que l'éducation environnementale est fondamentale quand on veut
effectuer une gestion efficiente des DSM, et vivre dans un environnement
sain.
Par ailleurs, d'autres conférences et symposiums ont
été tenus sur l'environnement où il a été
question de la nécessité d'une éducation environnementale.
Ce sont entre autres la 1ère conférence des Nations-Unies pour
l'environnement en 1972 à Stockholm, la 1ère conférence
intergouvernementale du monde sur l'éducation relative à
l'environnement organisée par l'Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) en coopération avec le
PNUE à Tbilissi en 1977. Ces conférences ont permis à des
pays comme l'Inde de prendre conscience de la nécessité de
l'éducation environnementale, au niveau de tous les âges et de
toutes les parties de la société, par le biais de l'enseignement
dans les écoles et les collèges. Plusieurs séminaires
interrégionaux relatifs à l'éducation sur l'environnement
se sont également tenus en Afrique (Dakar en 1976, Nairobi en 1982).
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a conduit des
projets d'éducation environnementale au Kenya, au Botswana et en Ouganda
en 1993. Ces actions portaient surtout sur l'hygiène et
l'assainissement, et les résultats obtenus ont été
spectaculaires (Initiative PHAST, 1993). Au Burkina Faso, l'éducation
environnementale est incluse dans les programmes d'études primaire,
secondaire et supérieure (Tohmé, 1991).
L'efficacité du système de la gestion des DSM peut
donc être renforcée par l'éducation environnementale. En
effet, si tous les acteurs du système ont pour objectif non seulement
d'éliminer les ordures, mais aussi de préserver leur
environnement, ils parviendront à de meilleurs résultats. Selon
les propos de Giolitto recueillis lors d'une conférence sur
l'environnement et l'EE en 1992, l'action directe et personnelle de chaque
être vivant sur le milieu où il vit est importante, qu'elle soit
bénéfique ou néfaste. Il ajoute que dans notre monde qui
crée une mentalité, des comportements de consommateur, des
attitudes, il faut faire naître des valeurs, car il s'agit d'une
éthique avec une solidarité dans l'espace et dans le temps.
b- La Valorisation des
DSM
La valorisation des DSM est la seconde option proposée par
les experts pour en assurer une gestion efficiente. En effet, Diop (1996c),
suggère que la gestion des déchets soit considérée
comme une activité rentable, génératrice de revenus et
créatrice d'emplois à intégrer dans le contexte
économique des villes africaines. Pour ce faire, les ordures ne doivent
plus être considérées comme une nuisance, mais comme une
ressource.
Gbedo (2002), dans ses travaux sur les pratiques endogènes
de valorisation des DSM à Cotonou a essayé d'identifier et
de décrire les pratiques endogènes de valorisation des DSM
à Cotonou ainsi que leurs effets sur le système actuel de gestion
des déchets. Il existe deux types de valorisation des DSM, la
valorisation énergétique et la valorisation matière. Dans
le rapport final de ses activités, le Projet d'Appui à la Gestion
des déchets à la Décentralisation (Lawson et al., 2008),
de l'ONG Bethesda fait l'inventaire des diverses techniques de valorisation
mises en oeuvre au Bénin, où la valorisation de la matière
est la plus utilisée. Ce sont le recyclage, le compostage, la
réutilisation.
Ainsi, l'ONG « Qui dit mieux » est
citée pour son action en ce qui concerne le recyclage des déchets
plastiques, mais il existe également de nombreux artisans qui utilisent
les métaux usagés, les vieux vêtements pour produire leurs
oeuvres, ainsi que des artistes qui se servent d'objets usagés pour
réaliser leurs objets d'art. D'autres ONG exploitent les DSM pour la
fabrication de compost utilisé par les maraîchers. La collecte des
DSM sous forme de bouteilles et de boîtes se fait à travers
l'activité des femmes récupératrices, communément
appelées « Gohotos », avec le soutien de l'ONG
Oxfam-Québec. Ainsi, la valorisation est une activité
génératrice d'emplois et de revenus.
Certains auteurs proposent d'anticiper la valorisation
effectuée à la fin du processus de gestion en donnant aux ordures
une valeur marchande depuis la poubelle de leurs producteurs. Les ordures
valorisables sont cédées par les ménages à ceux qui
en font la collecte moyennant une rémunération forfaitaire, et
ces derniers les revendent aux entreprises de valorisation Cointreau,
(1996) ; Adegnika, (2004). La redevance directe pour l'enlèvement
des ordures n'est pas supprimée, mais le système permet de
rétrocéder aux ménages une partie de leur paiement. De
cette manière, les ménages sont incités à faire
eux-mêmes le tri de leurs déchets, les ordures
éliminées sont réduites, les coûts de transport vers
la décharge sont réduits, et le Lieu d'Enfouissement Sanitaire
(LES) a ainsi une plus longue durée de vie.
En somme, il apparaît que pour améliorer la gestion
des DSM, de nombreuses solutions pertinentes ont été
développées. Cependant, force est de constater que la plupart des
travaux et études effectués ont proposé des solutions
générales, qu'il serait utile de repenser dans l'espace et dans
le temps, en tenant compte des particularités de chaque ville, et des
exigences et contraintes de sa population. En outre, mises à part les
études de planification spécifiques effectuées par le
cabinet DESSAU, il n'existe pas de document de planification de la gestion des
DSM qui puisse servir de canevas pour une meilleure organisation de la gestion
des DSM dans la ville de Cotonou. Notre étude va donc porter sur les
moyens de réduction de la prolifération des DSM en
élaborant un cadre de planification approprié de la
pré-collecte.
DEUXIEME PARTIE
ANALYSE DE LA SITUATION DE LA PRE- COLLECTE DES DSM A
COTONOU
CHAPITRE
3 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Cette partie du document est consacrée à la
présentation du modèle d'analyse des données et de la
démarche utilisée pour obtenir les informations
nécessaires à la réalisation de l'étude. La
collecte des données est effectuée suivant trois techniques que
sont : la recherche documentaire, les observations et entretiens sur le
terrain ainsi que les enquêtes d'opinion auprès des ONG et des
ménages.
SECTION1 :
MODELE EMPIRIQUE D'ANALYSE
Les hypothèses de notre étude ont été
testées et analysées à partir du modèle
économétrique Probit des variables qualitatives, à l'aide
du logiciel Eviews 5.0. Cette méthode d'analyse a été
jugée pertinente, parce que nous traitons de variables qualitatives dans
notre étude et aussi parce que la revue documentaire a
révélé que c'est le moyen le plus utilisé pour
réaliser les études environnementales et celles des comportements
des populations. Cette section est consacrée à la
présentation des variables utilisées et du modèle suivant
chaque hypothèse puis aux critères de vérification.
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