INTRODUCTION
En cette aube du 3ème millénaire, les
pays africains tentent de relever de nombreux défis dont la lutte contre
la pauvreté, les pandémies telles que le sida et le paludisme,
la distribution rationnelle et équitable de l'eau potable et de
l'énergie, l'octroi à leur population d'une éducation
convenable et conforme aux normes internationales, la lutte contre le
chômage et autres. Cette situation se complique encore à cause de
l'urbanisation rapide et galopante que connaît le continent, avec un
taux de croissance démographique d'environ 5% par an (Onibokun, 2001).
Cette urbanisation incontrôlée, selon le rapport
d'activités du Relais pour le développement Urbain
Participé (RUP, 2003), est source de nombreux maux : violence,
dépravation des moeurs, installation anarchique des populations dans des
zones non viables, accroissement de la pauvreté. Elle pose
également des problèmes en ce qui concerne l'assainissement et la
salubrité qui, pour être tous deux
effectifs, nécessitent une bonne gestion des
déchets urbains. Le Bénin fait de nombreux efforts pour
résorber le problème, sans toutefois aboutir à des
résultats globalement satisfaisants. Le taux d'évacuation pour
tout le Bénin est de 17% avec 39% en milieu urbain et 3% en milieu
rural.
La ville de Cotonou, capitale économique du Bénin,
est un excellent exemple en ce qui concerne la mauvaise gestion des DSM.
Pendant que des populations dans les quartiers tels que les Cocotiers,
Cadjehoun ou la Haie-Vive vivent dans un environnement sain, grâce
à la pré-collecte régulière de leurs DSM, des
quartiers comme Tanto, Yagbé ou Ladji sont carrément
infestés par les DSM, qui gagnent de l'espace sur les
habitations (voir photos en annexe 2). L'origine du mal remonte à la
crise économique des années 80 qui s'est soldée par une
réduction du budget consacré à la gestion des DSM. La
voirie qui à l'époque, était la seule structure
chargée de la gestion des ordures dans la ville de Cotonou s'est donc
vue dans l'impossibilité d'assurer ce service qui lui incombait. A ce
problème est venu se greffer celui d'une croissance urbaine galopante
due à des migrations tant internes qu'externes. Suite à ces
événements, la quantité de déchets produits s'est
accrue et leur gestion est devenue malaisée. D'où la
qualification de la ville de Cotonou à l'époque de l'
« Himalaya des déchets ».
Face à l'ampleur des désagréments
qu'engendre cette situation et l'éventualité d'y gagner de
l'argent, les jeunes sans emploi se sont regroupés en ONG pour
suppléer la voirie. Le rôle de la mairie dans la gestion des DSM
s'est renforcé du fait de la décentralisation. Ainsi, avec
l'appui de quelques micros- entreprises privées et des ONG, la mairie
s'emploie à résoudre les énormes problèmes
qu'induit la mauvaise gestion des DSM. Des formations ont été
organisées à l'endroit des ONG principalement par
Oxfam-Québec grâce à l'Agence Canadienne pour le
Développement International (ACDI) afin d'améliorer la
qualité de leurs prestations. Leur service consiste à collecter
les ordures des ménages de porte à porte à un point de
regroupement. Cette opération a plus ou moins eu de succès dans
la ville de Cotonou, car de 48,38% en 2003, le taux d'abonnement des
ménages est passé à 64,86% pour toute la ville de Cotonou.
(Oxfam- Québec, 2007).
Cependant, des efforts restent encore à fournir. En effet,
jusqu'à ce jour les éboueurs vont déverser les DSM
collectés ailleurs dans certains quartiers sur la demande de leurs
propres habitants, de sorte qu'ils constituent le réceptacle de toutes
sortes de déchets. Cette situation est renforcée par
l'insuffisance de points de regroupement aménagés dans la ville
soit 6 sur 45 estimés par le guide pratique de la gestion des DSM
à Cotonou (Mairie de Cotonou, 2004.). Tous ces
comportements accroissent les risques de pathologie que provoquent les DSM. De
fait, l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) estime que dans le
tiers- monde, plus de 80% des maladies sont liées à un cadre de
vie malsain. Des études effectuées par Aïssi, (1992) ont
révélé que les puits de Cotonou sont infiltrés pour
la plupart par les lexiviats des déchets solides (enfouis dans le sol)
et par les déchets liquides et matières fécales; ainsi
étant donné la faible profondeur de la nappe phréatique
(oscillant entre 0 et 2 m), sa contamination par ces déchets est
immédiate.
En raison de tous ces désagréments, il est urgent
de déterminer une politique applicable et suffisamment pertinente pour
réduire efficacement la prolifération des DSM dans la ville de
Cotonou. Dans cette optique, la présente étude se propose
d'élaborer un cadre adéquat de planification de la
pré-collecte des DSM dans la ville de Cotonou afin d'aider la mairie
à atteindre ses objectifs en matière de gestion des DSM. Elle
comprend deux grandes parties subdivisées en chapitres.
La première partie donne un aperçu du cadre de
l'étude. Elle comprend deux chapitres, l'un portant sur le cadre
institutionnel de l'étude et l'autre sur son cadre théorique. La
deuxième partie est consacrée à l'analyse de la situation
de la pré- collecte des DSM à Cotonou. Elle est constituée
de la méthodologie de recherche et de l'analyse empirique de la
situation des déchets solides ménagers à Cotonou
.
PREMIERE PARTIE
CADRE DE L'ETUDE
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