INTRODUCTION
En cette aube du 3ème millénaire, les
pays africains tentent de relever de nombreux défis dont la lutte contre
la pauvreté, les pandémies telles que le sida et le paludisme,
la distribution rationnelle et équitable de l'eau potable et de
l'énergie, l'octroi à leur population d'une éducation
convenable et conforme aux normes internationales, la lutte contre le
chômage et autres. Cette situation se complique encore à cause de
l'urbanisation rapide et galopante que connaît le continent, avec un
taux de croissance démographique d'environ 5% par an (Onibokun, 2001).
Cette urbanisation incontrôlée, selon le rapport
d'activités du Relais pour le développement Urbain
Participé (RUP, 2003), est source de nombreux maux : violence,
dépravation des moeurs, installation anarchique des populations dans des
zones non viables, accroissement de la pauvreté. Elle pose
également des problèmes en ce qui concerne l'assainissement et la
salubrité qui, pour être tous deux
effectifs, nécessitent une bonne gestion des
déchets urbains. Le Bénin fait de nombreux efforts pour
résorber le problème, sans toutefois aboutir à des
résultats globalement satisfaisants. Le taux d'évacuation pour
tout le Bénin est de 17% avec 39% en milieu urbain et 3% en milieu
rural.
La ville de Cotonou, capitale économique du Bénin,
est un excellent exemple en ce qui concerne la mauvaise gestion des DSM.
Pendant que des populations dans les quartiers tels que les Cocotiers,
Cadjehoun ou la Haie-Vive vivent dans un environnement sain, grâce
à la pré-collecte régulière de leurs DSM, des
quartiers comme Tanto, Yagbé ou Ladji sont carrément
infestés par les DSM, qui gagnent de l'espace sur les
habitations (voir photos en annexe 2). L'origine du mal remonte à la
crise économique des années 80 qui s'est soldée par une
réduction du budget consacré à la gestion des DSM. La
voirie qui à l'époque, était la seule structure
chargée de la gestion des ordures dans la ville de Cotonou s'est donc
vue dans l'impossibilité d'assurer ce service qui lui incombait. A ce
problème est venu se greffer celui d'une croissance urbaine galopante
due à des migrations tant internes qu'externes. Suite à ces
événements, la quantité de déchets produits s'est
accrue et leur gestion est devenue malaisée. D'où la
qualification de la ville de Cotonou à l'époque de l'
« Himalaya des déchets ».
Face à l'ampleur des désagréments
qu'engendre cette situation et l'éventualité d'y gagner de
l'argent, les jeunes sans emploi se sont regroupés en ONG pour
suppléer la voirie. Le rôle de la mairie dans la gestion des DSM
s'est renforcé du fait de la décentralisation. Ainsi, avec
l'appui de quelques micros- entreprises privées et des ONG, la mairie
s'emploie à résoudre les énormes problèmes
qu'induit la mauvaise gestion des DSM. Des formations ont été
organisées à l'endroit des ONG principalement par
Oxfam-Québec grâce à l'Agence Canadienne pour le
Développement International (ACDI) afin d'améliorer la
qualité de leurs prestations. Leur service consiste à collecter
les ordures des ménages de porte à porte à un point de
regroupement. Cette opération a plus ou moins eu de succès dans
la ville de Cotonou, car de 48,38% en 2003, le taux d'abonnement des
ménages est passé à 64,86% pour toute la ville de Cotonou.
(Oxfam- Québec, 2007).
Cependant, des efforts restent encore à fournir. En effet,
jusqu'à ce jour les éboueurs vont déverser les DSM
collectés ailleurs dans certains quartiers sur la demande de leurs
propres habitants, de sorte qu'ils constituent le réceptacle de toutes
sortes de déchets. Cette situation est renforcée par
l'insuffisance de points de regroupement aménagés dans la ville
soit 6 sur 45 estimés par le guide pratique de la gestion des DSM
à Cotonou (Mairie de Cotonou, 2004.). Tous ces
comportements accroissent les risques de pathologie que provoquent les DSM. De
fait, l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) estime que dans le
tiers- monde, plus de 80% des maladies sont liées à un cadre de
vie malsain. Des études effectuées par Aïssi, (1992) ont
révélé que les puits de Cotonou sont infiltrés pour
la plupart par les lexiviats des déchets solides (enfouis dans le sol)
et par les déchets liquides et matières fécales; ainsi
étant donné la faible profondeur de la nappe phréatique
(oscillant entre 0 et 2 m), sa contamination par ces déchets est
immédiate.
En raison de tous ces désagréments, il est urgent
de déterminer une politique applicable et suffisamment pertinente pour
réduire efficacement la prolifération des DSM dans la ville de
Cotonou. Dans cette optique, la présente étude se propose
d'élaborer un cadre adéquat de planification de la
pré-collecte des DSM dans la ville de Cotonou afin d'aider la mairie
à atteindre ses objectifs en matière de gestion des DSM. Elle
comprend deux grandes parties subdivisées en chapitres.
La première partie donne un aperçu du cadre de
l'étude. Elle comprend deux chapitres, l'un portant sur le cadre
institutionnel de l'étude et l'autre sur son cadre théorique. La
deuxième partie est consacrée à l'analyse de la situation
de la pré- collecte des DSM à Cotonou. Elle est constituée
de la méthodologie de recherche et de l'analyse empirique de la
situation des déchets solides ménagers à Cotonou
.
PREMIERE PARTIE
CADRE DE L'ETUDE
CHAPITRE 1 : CADRE
INSTITUTIONNEL DE L'ETUDE
Le but de ce chapitre est de donner d'une part, un bref
aperçu des lois et réglementations en matière de gestion
des DSM et d'autre part, de présenter le milieu d'étude.
SECTION 1 : CADRE
LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE DE LA
GESTION DES
DECHETS SOLIDES MENAGERS A COTONOU
Dans cette section, il est donné un aperçu du cadre
législatif et réglementaire de la gestion des DSM à
Cotonou et des acteurs qui y interviennent.
PARAGRAPHE 1 : ASPECTS
LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE DE LA GESTION DES DSM
à Cotonou
Le code de l'hygiène publique de 1987 est le document de
base juridique par rapport à la gestion des Déchets Solides
Ménagers. Depuis 1997, le cadre juridique de la gestion des DSM au
Bénin se compose des textes suivants :
ü La loi N°87-015 du 21 septembre 1987 portant code de
l'hygiène publique en
République du Bénin.
Les articles 4 ; 6 ; 7 et 9 de cette loi indiquent les conditions
de manipulation des déchets sur les voies publiques ou en dehors des
maisons. Ce décret n'apporte cependant aucune information
complémentaire sur les pénalités encourues en cas
d'infraction.
ü La loi n°97-029 du 15 janvier 1999, portant
organisation des communes, confère aux communes à travers son
chapitre III, des compétences en matière d'environnement,
d'hygiène et de salubrité.
En son article 93, elle stipule clairement que la commune a la
charge entre autres, de la collecte et du traitement des déchets solides
autres que les déchets industriels.
Concernant la gestion des DSM, un décret est
particulièrement applicable dans le cadre de la présente
étude ; il s'agit du décret N°2003-332 du 27 août 2003
portant gestion des déchets solides en République du
Bénin. Ce décret s'intéresse entre autres à la
prévention et la limitation des déchets et leur nocivité
lors de leur production et lors de leur gestion en mettant un accent
particulier sur la promotion de leur valorisation.
PARAGRAPHE 2:
APERÇU SUR LES ACTEURS
Au bénin, plusieurs institutions interviennent dans la
gestion des DSM. Ce sont entre autres :
ü Le Ministère de l'Environnement et de la Protection
de la Nature (MEPN), qui
a la charge de proposer les politiques nationales dans les
secteurs de l'environnement et de la protection de la nature au
Bénin ;
ü La Direction Générale de l'Environnement en
collaboration avec d'autres directions, chargée de l'élaboration
de la politique et de la stratégie de gestion de l'assainissement
notamment la gestion des déchets solides ménagers. Elle
élabore également la réglementation et les normes de
pré-collecte, de collecte, de traitement et d'élimination des
déchets ;
ü L'Agence Béninoise pour l'Environnement (ABE),
chargée de la mise en oeuvre de la politique définie par le
Gouvernement dans le cadre du plan général du
développement ;
ü La Direction de l'Hygiène et de l'Assainissement de
Base (DHAB) qui assure la mise en application de la politique sanitaire
nationale en matière d'hygiène et d'assainissement de base. A cet
effet, elle est chargée, entre autres, de l'élaboration et de
l'actualisation de la politique relative à l'hygiène et
l'assainissement de base et de la mise en oeuvre du volet assainissement de
base de la Politique Nationale d'Assainissement du Bénin ;
ü La commune qui, au sens du chapitre III de la loi
n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes au
Bénin, dispose des compétences entre autres en matière
d'environnement, d'hygiène et de salubrité. Dans les communes, la
gestion des déchets est partagée entre les producteurs des
déchets (populations, ménages, commerce, etc.) et la mairie
(conseil communal et administration communale) ;
ü Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) : elles sont
organisées en
Collectif national des Organisations Non Gouvernementales de
Gestion de l'Environnement et de l'Assainissement (COGEDA), elles contribuent
à l'assainissement du cadre de vie à travers la
pré-collecte, la collecte et la valorisation des déchets solides
ménagers ;
ü Les Partenaires Techniques et Financiers : ils apportent
une assistance technique et financière aux acteurs nationaux à
travers la mise en oeuvre des projets et des activités de recherches
-actions ;
ü Les acteurs informels : les récupérateurs et
les artisans utilisant les déchets récupérés comme
matières premières secondaires.
Ce sont ces différents acteurs sus-
énumérés qui assurent la gestion des DSM dans la ville de
Cotonou, chacun jouant son rôle dans la filière.
SECTION 2 :
PRESENTATION DE LA VILLE DE COTONOU ET DE
LA
DIRECTION DES SERVICES TECHNIQUES (DST)
Le cadre de l'étude est la mairie de Cotonou et plus
particulièrement la Direction des Services Techniques (DST). Nous allons
au premier abord faire une brève description de la ville de Cotonou
avant de passer à la présentation de la DST.
PARAGRAPHE 1 :
PRÉSENTATION DE LA VILLE DE COTONOU
Créée sur l'initiative du roi Guézo en 1830
et aujourd'hui capitale économique du Bénin, la ville de Cotonou
est située sur le cordon littoral qui s'étend entre le lac
Nokoué et l'océan Atlantique. Le site est coupé en deux
par le chenal appelé « lagune de Cotonou ». Ce
chenal creusé par les français en 1894 relie le lac et la mer au
moyen de trois ponts.
La surface du sol de Cotonou est d'une perméabilité
élevée et sa proximité d'avec la nappe phréatique
accélère l'infiltration des eaux pluviales et usées.
Cette situation est source de grands risques de pollution et
subséquemment de maladies.
Ex- circonscription urbaine devenue département du
littoral d'après l'article premier de la loi n°97- 028 du 15
janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale en
République du Bénin, Cotonou compte aujourd'hui une population
d'environ 1 million d'habitants Elle est divisée en 13 arrondissements
qui s'étendent sur une superficie de 79km2.
Commune à statut particulier, Cotonou est régie par
un conseil municipal ayant à sa tête un maire. C'est à ce
dernier qu'échoit la responsabilité de gérer les affaires
de la ville bien qu'elle partage quelques compétences avec l'Etat.
L'organisation administrative de la commune est de type fonctionnel avec la
classification des différentes activités en trois grandes
rubriques à savoir :
ü Les Directions Opérationnelles (OP) qui fournissent
directement les services à la population. Il s'agit de la Direction des
Services à la Population (DSAP) et de la Direction des Services
Techniques (DST) ;
ü Les Directions Fonctionnelles qui s'occupent de la gestion
des moyens et du développement des activités purement
fonctionnelles. Ce sont la Direction des Services Economiques et Financiers
(DSEF) et la Direction des Services Administratifs et Juridiques
(DSAJ) ;
ü La Direction de la Prospective et du Développement
Municipal (DPDM) qui comme l'indique son nom, fait des prospectives en vue
d'assurer le développement de la commune.
L'une des forces de la mairie de Cotonou réside dans le
fait qu'elle dispose d'un organigramme adéquat. De plus, il existe une
volonté politique de développement de la ville. Cependant
certains éléments freinent la bonne marche de cette structure. Ce
sont entre autres :
ü la non utilisation des cadres à leur juste
valeur;
ü le manque de formation qualifiante pour le
personnel ;
ü la lenteur et la lourdeur administrative ;
ü l'inexistence d'une procédure de gestion du
personnel et d'un manuel de règlement intérieur ;
ü le retard dans la gestion des dossiers.
A cela, il faudrait ajouter le non transfert des ressources par
l'Etat ainsi que la forte pression exercée par le volume
d'activités qui menacent le bon fonctionnement de la mairie de Cotonou.
(Mairie de Cotonou, 2008)
PARAGRAPHE 2 : LA
DIRECTION DES SERVICES TECHNIQUES
La Direction des Services Techniques (DST) est l'organe de la
mairie de Cotonou où s'est déroulé notre stage. C'est
à elle que revient la gestion du Département des Voies
Réseaux et Divers (DVDR), et du Département des Services de
l'Urbanisme et de l'Environnement Urbain (DSUEV). Le département des
voies et réseaux abrite le service de l'eau, de
l'électricité et de l'éclairage public, le service de
l'assainissement et des voies urbaines ainsi que le service de la
propreté urbaine où nous avons effectué le stage. Le
département des services de l'urbanisme et de l'environnement urbain
regroupe quant à lui les différents services que sont :
ü le service de l'urbanisme, de l'architecture et de la
construction ;
ü le service de la circulation urbaine et des
transports ;
ü le service de la prévention des risques de
l'environnement et espace vert.
La DST est l'une des directions les plus opérationnelles
de la mairie en ce sens que l'exécution et le suivi des travaux
nécessite que les agents soient régulièrement sur le
terrain. Au niveau du service de la propreté urbaine, il y a des
superviseurs et des contrôleurs qui s'assurent du respect des engagements
pris par les ONG et entreprises impliquées dans la gestion des DSM de la
ville de Cotonou. Deux agents de ce service sont chargés de recevoir les
appels sur la ligne verte et d'en référer aux autres agents de la
mairie ayant la compétence de satisfaire les doléances des
ménages.
Malgré l'existence d'un cadre législatif et
réglementaire et d'une filière de gestion des DSM, le dynamisme
de cette direction est néanmoins réduit. Ceci est le fait de
l'insuffisance des équipements d'assainissement et de la gestion non
concertée des déchets solides. D'autres facteurs comme
l'incivisme des ménages et les intempéries sont à prendre
en compte.
La DST est la seule direction de la mairie réellement
engagée dans la gestion des DSM à Cotonou. Par conséquent,
des mesures adéquates doivent être prises afin de lui permettre
d'accroître son rendement.
CHAPITRE
2 : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Ce chapitre est consacré au cadre théorique de
l'étude. Il s'agit de présenter dans un premier temps,
l'état des lieux de la gestion des DSM à Cotonou, ainsi que les
objectifs que vise l'étude et nos hypothèses de recherche. La
seconde partie est consacrée au résumé des études
et travaux ayant traité de la gestion des DSM puis à
l'exposé de la démarche suivie pour mener à bien notre
recherche.
SECTION1 :
PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES
DE RECHERCHE
Le premier paragraphe de cette section met en exergue quelques-
uns des éléments qui nous ont motivés à choisir le
présent thème. Le second paragraphe quant à lui regroupe
les objectifs et hypothèses qui sous-tendent notre étude.
Paragraphe 1:
Problématique
Le développement économique et l'urbanisation ont
généralement pour corollaire une augmentation de la consommation
et de la production des déchets par habitant (Programme des Nations
Unies pour l'Environnement, 2004). Le Bénin, comme la plupart des pays
en développement de l'Afrique de l'Ouest n'a pas échappé
à cette réalité. En effet, l'inexistence notoire d'une
politique cohérente d'aménagement du territoire a engendré
une urbanisation non contrôlée et une explosion
démographique jusque-là ingérable dans ces grandes villes
et plus particulièrement à Cotonou, sa capitale
économique. De 78300 habitants en 1961, l'effectif de sa population est
passé à 665100 habitants en 2002 et serait de 874961 habitants en
2012 (RGPH3, 2002). Cette croissance effrénée se traduit
notamment par l'installation abusive des populations dans les zones non
viables, la concentration de diverses infrastructures, ainsi que l'installation
de la quasi-totalité des ministères de la république dans
cette ville.
En outre, la ville de Cotonou est un grand centre
d'activités commerciales et à ce titre, elle draine beaucoup de
monde. D'après le Plan de Développement Communal (PDC, 2008a),
elle concentre plus de 45% des actifs des dix principales villes du
Bénin contre 14,5 % et 7,2% respectivement pour les villes de Porto-Novo
et Parakou. Toutes ces activités de production et de consommation
favorisent la production massive de déchets dont la gestion constitue un
problème crucial pour les autorités municipales et
gouvernementales.
La ville de Cotonou produit environ 718 tonnes de déchets
solides par jour, et la mairie, compte tenu de ses moyens, n'arrive à
collecter qu'environ 500 tonnes. Il y a donc en moyenne, 218 tonnes de
déchets solides soit 30,4% de déchets qui restent
entassés dans la ville chaque jour (Mairie de Cotonou, 2008b). Cela
suppose qu'en une année, environ 79 788 tonnes de déchets
demeurent non collectées. A cela s'ajoute l'absence de poubelles
publiques au niveau des principales artères de la ville, ce qui explique
en partie le fait que les usagers jettent les déchets sur la
voie ; même les places publiques servent parfois de dépotoirs
d'ordures. Par ailleurs, les caniveaux préalablement conçus pour
le drainage de l'eau sont pour la plupart obstrués par les
déchets que la population y déverse.
Ces comportements traduisent l'incivisme des ménages et
leur insouciance vis-à-vis des conséquences inhérentes
à leurs actes. En effet, 49% des ménages de Cotonou ignorent les
risques sanitaires liés aux ordures. Les Déchets Solides
Ménagers (DSM) sont sources de nombreuses maladies telles que les
gastro-entérites, le choléra, la dysenterie, les parasitoses
intestinales, la bilharziose, la fièvre jaune, les infections des yeux,
la salmonellose, le typhus murin, l'histoplasmose et la leptospirose. Les
espaces où sont concentrés les déchets sont des zones
propices au pullulement des agents pathogènes que sont les moustiques,
les mouches, les rongeurs etc. En ce qui concerne les moustiques et les
mouches, ils sont vecteurs de divers maux dont le paludisme et la maladie du
sommeil. Remarquons qu'outre ces maladies, les enfants peuvent contracter le
tétanos en jouant avec les morceaux de métaux rouillés que
l'on retrouve parfois mêlés aux DSM. Les objets tranchants tels
les lames et ciseaux usagés présentent aussi d'énormes
risques d'infections. L'obstruction des caniveaux par les DSM empêche
l'écoulement des eaux pluviales et usées augmentant ainsi les
risques d'inondation.
Conscient de l'enjeu que représente une bonne gestion de
l'environnement, le gouvernement béninois a institué un certain
nombre de textes et lois en la matière. La Constitution du 11
Décembre 1990 à travers son article 27, la création du
Ministère en charge de l'Environnement, l'adoption en 1993 d'un Plan
d'Action Environnemental (PAE), l'adoption d'une loi-cadre sur l'environnement
et la création de l'Agence Béninoise de l'Environnement (ABE)
sont autant d'éléments qui attestent de l'importance qu'accorde
le Bénin à la gestion de l'environnement. En outre, l'article 93
de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 confère aux
municipalités la gestion de l'environnement, de l'hygiène et de
la salubrité de leurs communes. La mairie de Cotonou s'y attelle par le
biais de sa Direction des Services Techniques (DST). Cette dernière a
pour tâche d'assurer divers services publics dont la gestion des DSM et
s'y adonne au mieux de ses capacités. On en veut pour preuve, sa
coopération étroite avec l'ONG Oxfam-Québec qui lui
apporte une contribution très importante via l'octroi des
équipements, la construction de points de regroupement
aménagés et la formation des agents éboueurs en vue d'une
meilleure prestation de leurs services. La création au sein de cette
direction d'une ligne verte permettant aux ménages de s'abonner
directement et d'exposer leurs plaintes par rapport à la mauvaise
gestion des DSM témoigne aussi de leur volonté à
résorber le problème que pose la gestion des ordures. Par
ailleurs, le partenariat de la Mairie avec six entreprises privées (le
Manoir, les A.S, la Béninoise de l'Environnement, Aviansou & Fils,
Xilos et Omonloto) et sa collaboration avec les ONG de pré- collecte
vont dans le sens d'une meilleure gestion des DSM dans la ville.
Malgré les efforts consentis, la situation ne semble pas
s'améliorer. Des tas d'ordures jonchent les abords de la voie
ferrée située derrière la mosquée de Zongo et le
boulevard de l'Europe. Le terre- plein central situé en face de la
pharmacie les Quatre Thérapies à Dantokpa sert souvent de
réceptacle d'ordures. De même, les quartiers comme
Gbégamey, Ste Rita, Ste Cécile pour ne citer que ceux-là,
présentent un aspect très dégradant pour la ville de par
le nombre de dépotoirs sauvages qu'on y décompte. Dans les
quartiers marécageux, tels que Dandji dans le 1er arrondissement, les
ordures ménagères servent souvent de remblai et les ONG de
pré-collecte, compte tenu de leurs moyens de transport (charrettes
à traction humaine) rencontrent des difficultés pour y
accéder. Le constat est le même à Agla dans le 13ème
arrondissement. Certains individus indélicats y soudoient les
pré-collecteurs afin que ces derniers déversent les ordures
collectées dans les bas-fonds où se situent leurs parcelles. En
résumé, 70% des déchets ménagers sont jetés
dans les rues, soit enfouis dans le sol ou utilisés comme remblais dans
les zones marécageuses de la ville de Cotonou (Soclo, 1999). Cette
situation suscite en nous plusieurs questions dont la principale est :
Par quelle politique peut-on réduire efficacement
la prolifération des DSM dans la ville de Cotonou ?
Les interrogations susceptibles de nous aider à
répondre à la question sus- citée se formulent comme
suit:
ü Quelles sont les causes de la défaillance
observée en matière de pré-collecte à
Cotonou ?
ü Quels sont les déterminants de l'incivisme des
ménages en matière de gestion des DSM à Cotonou?
ü Quels sont les facteurs justificatifs du recours aux
dépotoirs sauvages observé chez les agents pré-collecteurs
des DSM dans la ville de Cotonou?
Paragraphe 2 : Objectifs
de l'étude et hypothèses de recherche
Les objectifs sont appréhendés d'un point de vue
général puis d'un point de vue spécifique.
a- Objectif
général
L'objectif général de notre étude est de
proposer un cadre approprié de planification de la pré-collecte
des DSM dans la ville de Cotonou.
b- Objectifs
spécifiques
Afin de parvenir à l'objectif global ci-dessus
défini, nous allons de façon spécifique:
ü Déterminer des moyens d'augmentation du niveau de
pré- collecte,
ü Identifier les déterminants de l'incivisme des
populations,
ü Déterminer les facteurs justificatifs du recours
aux dépotoirs sauvages observé au niveau des agents
pré-collecteurs des DSM.
De ces objectifs spécifiques découlent les
hypothèses énumérées ci-dessous.
c- Hypothèses de
recherche
Les différentes pistes que nous nous proposons d'explorer
pour mieux cerner les contours du problème précédemment
énoncé sont les suivantes :
ü Le faible niveau de pré-collecte des DSM à
Cotonou est dû à
l'insuffisance
des moyens financiers dont disposent les ONG, à la faible demande
effective des ménages et à l'inaccessibilité de certaines
agglomérations ;
ü La non application de sanctions, l'absence de poubelles
publiques, et l'ignorance des dangers liés à la
prolifération des DSM expliquent l'incivisme des
ménages ;
ü Le recours aux dépotoirs sauvages observé au
niveau des agents pré-collecteurs des DSM s'explique par l'insuffisance
des points de regroupements aménagés, par la proximité de
dépotoirs sauvages et par l'incivisme des agents de
pré-collecte.
SECTION2 : REVUE DE
LITTERATURE
Une bonne gestion des Déchets Solides Ménagers vise
entre autres deux objectifs :
ü Promouvoir la santé et le bien-être de toute
la population urbaine,
ü Protéger l'avenir de l'environnement urbain (Diop,
1996a).
Afin de permettre aux acteurs de la filière de mieux
coordonner leurs activités et atteindre les buts ci-dessus, de nombreux
ouvrages et travaux de recherches se sont penchés sur la
problématique de la gestion des DSM. Certains auteurs ont abordé
l'aspect technique du sujet, partant de la catégorisation des
déchets à des propositions pour une meilleure collecte des DSM.
D'autres se sont plutôt intéressés aux nuisances
générées par la prolifération en milieu urbain des
DSM. D'autres encore ont proposé des options pour renforcer le
système actuel de gestion des DSM à savoir
l'éducation environnementale et la valorisation des déchets.
PARAGRAPHE1 : LA
GESTION DES DÉCHETS SOLIDES MÉNAGERS
Selon Maystre et al. (1994), une bonne gestion des déchets
nécessite qu'on ait des informations sur la nature, les
caractéristiques et la taille des déchets produits. Leur livre
propose alors une classification complète des déchets urbains,
avant de s'intéresser spécifiquement aux Déchets Solides
Ménagers pour lesquels les modes de pré -collecte et collecte, de
transport et de traitement sont analysés. Il ressort de cette
étude que :
ü il est préférable d'effectuer une
séparation à la source des déchets selon leur nature
(biodégradable ou non),
ü il est important d'avoir des points de regroupement
aménagés pour éviter de nuire à l'environnement,
ü la pré-collecte et la collecte doivent se faire
régulièrement et être accessibles à toute la
population. Pour apprécier l'accessibilité des services de
pré-collecte et collecte, le taux de collecte est proposé. Cet
indicateur est le pourcentage de déchets effectivement collectés,
par rapport à la production effective de déchets.
Hebette (1996), dans son étude de la gestion des
déchets solides urbains en Afrique sub-saharienne, reprend le principe
d'utilisation du taux de collecte comme indicateur. Contrairement à
Maystre et al. (op. cit.) qui l'utilisaient pour apprécier uniquement
l'accessibilité, elle l'utilise pour mesurer l'efficacité de
toute la filière de gestion des déchets. Selon elle, la gestion
des déchets urbains est dite partielle ou inadéquate
lorsque :
ü le taux de collecte est faible et que par
conséquent d'importantes quantités de déchets non
collectés s'accumulent ça et là dans les terrains
libres ;
ü le taux de collecte est encourageant (par exemple 70%),
mais les déchets sont déposés à proximité,
dans les dépôts sauvages, au lieu d'être acheminés
vers des décharges ou centres appropriés.
Elle propose également dans son ouvrage des schémas
techniques de mise en oeuvre de la gestion des déchets solides urbains,
et plus particulièrement des DSM. Elle y ajoute une liste exhaustive
des équipements adéquats pour la collecte et le transport, et
pour finir des fiches techniques de suivi et évaluation du
système.
Son étude a servi d'appui aux séminaires
organisés par le Partenariat pour le Développement Municipal
(PDM) à Abidjan en 1996, travaux à l'issue desquels il a
été retenu que plusieurs éléments sont à
prendre en compte pour développer une bonne filière de gestion
des DSM. Il s'agit entre autres :
ü de l'étendue territoriale de la zone
concernée, de la population et de son taux de croissance,
ü des caractéristiques des déchets et du taux
de génération par habitant,
ü de l'organisation générale et l'état
de la voirie, de la localisation de la décharge et sa capacité,
des conditions hydrogéologiques et physiques, du niveau des ressources
et des capacités.
En dehors de tous ces critères, les auteurs s'accordent
sur le principe du pollueur-payeur, car il est indispensable que les
ménages contribuent financièrement à la gestion des DSM
selon Maystre et al. (1994b). Si ces derniers ne le peuvent, Cointreau
(1996), propose qu'ils contribuent en temps et en effort, car il est
obligatoire que tous les acteurs concernés par les DSM interviennent
dans leur gestion. Pour ce faire et pour mieux situer les
responsabilités, Maystre et al. suggèrent qu'il y ait un cadre de
concertation pour satisfaire toutes les parties (ménages, entreprises,
communes). Thuy (1998a), abonde dans le même sens en soutenant que la
concertation entre les intervenants et la planification stratégique sont
incontournables et permettent non seulement de délimiter les
rôles, mais aussi d'assurer la pérennité de la
filière par une forme durable de financement. L'auteur fait remarquer
ensuite qu'il n'existe pas de schémas-types de gestion des DSM. Le
schéma s'élabore en tenant compte de tous les critères
ci-dessus énumérés, et surtout évolue en fonction
de la taille des populations.
Bien gérer les DSM n'est pas toujours une tâche
aisée, et la défaillance du système de gestion à
divers niveaux a des impacts néfastes non négligeables sur les
populations et sur l'économie. Certains auteurs se sont donc
penchés sur les inconvénients de la mauvaise gestion des DSM,
comme le résument les paragraphes suivants.
Paragraphe 2 : Les
inconvénients d'une mauvaise gestion des DSM
Gomez (2004), a effectué ses recherches sur la
problématique de l'assainissement et de la santé dans les villes
moyennes du Bénin. Il a testé l'hypothèse suivante :
« le manque d'assainissement a des implications sur la santé
des populations.». Les résultats de ses travaux ont confirmé
son hypothèse, et nous permettent de dire qu'un environnement insalubre,
c'est-à-dire dans lequel prolifèrent les déchets et
particulièrement les DSM est nuisible à la santé des
populations.
Migan (1993), a été plus spécifique dans ses
travaux en s'intéressant aux nuisances résultant d'une mauvaise
gestion des DSM. Il a répertorié les différentes
catégories de déchets rencontrés dans la ville de Cotonou
et énuméré les effets néfastes que provoque leur
mauvaise gestion sur la nappe phréatique. De même, Odoulami (1999)
ont étudié la qualité des eaux dans certaines villes du
Bénin et ont conclu que les eaux des sources renferment des rejets
générés par les activités humaines et des germes
fécaux qui sont responsables de plusieurs maladies dont le
choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde, les
gastroentérites et les parasitoses intestinales. Les DSM bouchent
également les marécages et par conséquent favorisent
l'inondation. En ce qui concerne le cas particulier des sacs plastiques, les
Docteurs Guendehou et Agodokpessi, cités par Inter Press Service
(Ahotondji, 2009), précisent qu'ils peuvent être à
l'origine de la stérilité, du cancer de la peau, de la gorge et
des poumons.
Outre les nuisances sanitaires qu'ils génèrent,
les DSM dégradent l'aspect esthétique de la ville et influent
négativement sur l'économie. En effet, selon Diop (1996b), une
ville jonchée d'ordures, avec une décharge mal localisée,
des caniveaux bouchés en permanence par les ordures, n'est
agréable ni pour l'épanouissement de la santé ni pour le
cadre de vie. Par contre, une ville propre améliore le cadre de vie de
ses habitants en les mettant à l'abri des effets nocifs qu'ont les
déchets jetés dans la nature sur la santé, favorise
également le développement de l'activité touristique -
source de devises - et de l'activité agricole urbaine et
périurbaine - source de revenus et d'approvisionnement de la ville en
vivres comme le précise Sotamenou, (2005).
Il faut donc trouver des méthodes de gestion des DSM qui
permettent d'éviter les nuisances qu'ils engendrent sur le cadre de vie.
Les études effectuées en ce sens se sont conclues par des
propositions parmi lesquelles nous avons l'éducation environnementale et
la valorisation des DSM.
Paragraphe 3 :
Propositions pour une gestion efficiente des DSM
Comment faire pour aboutir à une gestion efficiente des
DSM ? Les chercheurs qui se sont intéressés au sujet pensent
qu'il faut d'abord avoir un comportement qui tende à sauvegarder
l'environnement et à l'assainir quotidiennement. Ces aptitudes
s'acquièrent à travers l'Education Environnementale (EE). A cette
prise de conscience, certains auteurs pensent qu'il faille ajouter la
valorisation des DSM, afin d'aboutir à une réduction
considérable des déchets à éliminer.
a- L'éducation
environnementale
Le sommet de Rio en 1992 a été un tournant
décisif en ce qui concerne la gestion de l'environnement. A partir de
la déclaration faite à ce sommet, il s'est
développé un courant de plus en plus soucieux de protéger
l'environnement, qui souhaite que les déchets soient traités en
vue de minimiser leur impact sur l'environnement naturel (Thuy, 1998b).
Adhérant à ce courant, le Canada a mis en oeuvre
des stratégies de gestion et de réduction des DSM. En effet, ce
pays dépensait plus de 1,5 milliards de dollars chaque année
pour le ramassage et l'élimination d'environ 30 millions de tonnes de
déchets (Meyronneinc, 1993). Le gouvernement a donc pris de nombreuses
dispositions parmi lesquelles un programme d'éco-civisme et de
sensibilisation de toute la population en matière des DSM. Il montre
donc que l'éducation environnementale est fondamentale quand on veut
effectuer une gestion efficiente des DSM, et vivre dans un environnement
sain.
Par ailleurs, d'autres conférences et symposiums ont
été tenus sur l'environnement où il a été
question de la nécessité d'une éducation environnementale.
Ce sont entre autres la 1ère conférence des Nations-Unies pour
l'environnement en 1972 à Stockholm, la 1ère conférence
intergouvernementale du monde sur l'éducation relative à
l'environnement organisée par l'Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) en coopération avec le
PNUE à Tbilissi en 1977. Ces conférences ont permis à des
pays comme l'Inde de prendre conscience de la nécessité de
l'éducation environnementale, au niveau de tous les âges et de
toutes les parties de la société, par le biais de l'enseignement
dans les écoles et les collèges. Plusieurs séminaires
interrégionaux relatifs à l'éducation sur l'environnement
se sont également tenus en Afrique (Dakar en 1976, Nairobi en 1982).
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a conduit des
projets d'éducation environnementale au Kenya, au Botswana et en Ouganda
en 1993. Ces actions portaient surtout sur l'hygiène et
l'assainissement, et les résultats obtenus ont été
spectaculaires (Initiative PHAST, 1993). Au Burkina Faso, l'éducation
environnementale est incluse dans les programmes d'études primaire,
secondaire et supérieure (Tohmé, 1991).
L'efficacité du système de la gestion des DSM peut
donc être renforcée par l'éducation environnementale. En
effet, si tous les acteurs du système ont pour objectif non seulement
d'éliminer les ordures, mais aussi de préserver leur
environnement, ils parviendront à de meilleurs résultats. Selon
les propos de Giolitto recueillis lors d'une conférence sur
l'environnement et l'EE en 1992, l'action directe et personnelle de chaque
être vivant sur le milieu où il vit est importante, qu'elle soit
bénéfique ou néfaste. Il ajoute que dans notre monde qui
crée une mentalité, des comportements de consommateur, des
attitudes, il faut faire naître des valeurs, car il s'agit d'une
éthique avec une solidarité dans l'espace et dans le temps.
b- La Valorisation des
DSM
La valorisation des DSM est la seconde option proposée par
les experts pour en assurer une gestion efficiente. En effet, Diop (1996c),
suggère que la gestion des déchets soit considérée
comme une activité rentable, génératrice de revenus et
créatrice d'emplois à intégrer dans le contexte
économique des villes africaines. Pour ce faire, les ordures ne doivent
plus être considérées comme une nuisance, mais comme une
ressource.
Gbedo (2002), dans ses travaux sur les pratiques endogènes
de valorisation des DSM à Cotonou a essayé d'identifier et
de décrire les pratiques endogènes de valorisation des DSM
à Cotonou ainsi que leurs effets sur le système actuel de gestion
des déchets. Il existe deux types de valorisation des DSM, la
valorisation énergétique et la valorisation matière. Dans
le rapport final de ses activités, le Projet d'Appui à la Gestion
des déchets à la Décentralisation (Lawson et al., 2008),
de l'ONG Bethesda fait l'inventaire des diverses techniques de valorisation
mises en oeuvre au Bénin, où la valorisation de la matière
est la plus utilisée. Ce sont le recyclage, le compostage, la
réutilisation.
Ainsi, l'ONG « Qui dit mieux » est
citée pour son action en ce qui concerne le recyclage des déchets
plastiques, mais il existe également de nombreux artisans qui utilisent
les métaux usagés, les vieux vêtements pour produire leurs
oeuvres, ainsi que des artistes qui se servent d'objets usagés pour
réaliser leurs objets d'art. D'autres ONG exploitent les DSM pour la
fabrication de compost utilisé par les maraîchers. La collecte des
DSM sous forme de bouteilles et de boîtes se fait à travers
l'activité des femmes récupératrices, communément
appelées « Gohotos », avec le soutien de l'ONG
Oxfam-Québec. Ainsi, la valorisation est une activité
génératrice d'emplois et de revenus.
Certains auteurs proposent d'anticiper la valorisation
effectuée à la fin du processus de gestion en donnant aux ordures
une valeur marchande depuis la poubelle de leurs producteurs. Les ordures
valorisables sont cédées par les ménages à ceux qui
en font la collecte moyennant une rémunération forfaitaire, et
ces derniers les revendent aux entreprises de valorisation Cointreau,
(1996) ; Adegnika, (2004). La redevance directe pour l'enlèvement
des ordures n'est pas supprimée, mais le système permet de
rétrocéder aux ménages une partie de leur paiement. De
cette manière, les ménages sont incités à faire
eux-mêmes le tri de leurs déchets, les ordures
éliminées sont réduites, les coûts de transport vers
la décharge sont réduits, et le Lieu d'Enfouissement Sanitaire
(LES) a ainsi une plus longue durée de vie.
En somme, il apparaît que pour améliorer la gestion
des DSM, de nombreuses solutions pertinentes ont été
développées. Cependant, force est de constater que la plupart des
travaux et études effectués ont proposé des solutions
générales, qu'il serait utile de repenser dans l'espace et dans
le temps, en tenant compte des particularités de chaque ville, et des
exigences et contraintes de sa population. En outre, mises à part les
études de planification spécifiques effectuées par le
cabinet DESSAU, il n'existe pas de document de planification de la gestion des
DSM qui puisse servir de canevas pour une meilleure organisation de la gestion
des DSM dans la ville de Cotonou. Notre étude va donc porter sur les
moyens de réduction de la prolifération des DSM en
élaborant un cadre de planification approprié de la
pré-collecte.
DEUXIEME PARTIE
ANALYSE DE LA SITUATION DE LA PRE- COLLECTE DES DSM A
COTONOU
CHAPITRE
3 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Cette partie du document est consacrée à la
présentation du modèle d'analyse des données et de la
démarche utilisée pour obtenir les informations
nécessaires à la réalisation de l'étude. La
collecte des données est effectuée suivant trois techniques que
sont : la recherche documentaire, les observations et entretiens sur le
terrain ainsi que les enquêtes d'opinion auprès des ONG et des
ménages.
SECTION1 :
MODELE EMPIRIQUE D'ANALYSE
Les hypothèses de notre étude ont été
testées et analysées à partir du modèle
économétrique Probit des variables qualitatives, à l'aide
du logiciel Eviews 5.0. Cette méthode d'analyse a été
jugée pertinente, parce que nous traitons de variables qualitatives dans
notre étude et aussi parce que la revue documentaire a
révélé que c'est le moyen le plus utilisé pour
réaliser les études environnementales et celles des comportements
des populations. Cette section est consacrée à la
présentation des variables utilisées et du modèle suivant
chaque hypothèse puis aux critères de vérification.
PARAGRAPHE 1 :
PRÉSENTATION DU MODÈLE
Le modèle probit est un modèle dichotomique
utilisé en économétrie des variables qualitatives. Par
modèle dichotomique, on entend un modèle statistique dans lequel
la variable à expliquer encore appelée variable endogène,
ne peut prendre que deux modalités. Il s'agit alors
généralement d'expliquer la survenance ou non d'un
événement.
Pour tout individu i d'échantillon donné, si Y
est la variable endogène associée à
l'évènement considéré, alors on a :
Yi = 1 si l'évènement s'est
réalisé pour l'individu i et
Yi = 0 si l'évènement ne s'est pas
réalisé pour l'individu i
Le modèle Probit admet pour variable endogène,
non pas un codage quantitatif associé à la réalisation
d'un événement (comme dans le cas de la spécification
linéaire), mais la probabilité d'apparition de cet
événement, conditionnellement aux variables exogènes.
Paragraphe 2 : Tests de
vérification des hypothèses
Les valeurs numériques des coefficients n'ont pas
vraiment d'intérêt dans ce modèle, mais leur signe
constitue l'information véritablement interprétable. Il indique
si la variable associée influence à la hausse ou à la
baisse la probabilité de réalisation de l'événement
étudié.
Ø Significativité des
paramètres
Pour tester individuellement la significativité des
variables explicatives, on regarde les probabilités respectives (ou
p-value) des coefficients qui les précèdent. Nous avons
décidé de faire le test avec un risque d'erreur de 5% et de 10%.
Par conséquent, toutes les variables dont le coefficient a une
probabilité inférieure à ces seuils sont
significatives.
Ø Significativité globale du
modèle
Deux choix s'offrent à nous pour effectuer ce test.
Lorsque le modèle est estimé avec la constante, on compare la
probabilité du (LR stat) à 5%. Le modèle est jugé
globalement significatif lorsque cette probabilité (LR stat) <5%.
Lorsque l'estimation du modèle est effectuée sans
la constante, on utilise le test de Wald. Il permet d'obtenir la
probabilité du Khi- deux. Lorsque cette dernière est
inférieure à 5%, on conclut que le modèle est globalement
significatif.
Paragraphe 3 :
Définition des variables
Cette section indique selon chaque hypothèse, quelles
variables sont utilisées et quel est le modèle qui y est
appliqué.
- Cas de l'hypothèse 1
Les variables utilisées dans l'hypothèse H1sont
décrites de la manière suivante :
NPC= Niveau de pré-collecte ;
MF= Moyens financiers ;
AA= Accessibilité des
agglomérations ;
DEM= Demande effective des ménages.
NPC est la variable endogène et MF, AA puis DEM sont les
variables explicatives ou exogènes.
Ces variables sont mesurées chacune suivant le
critère dichotomique ci-après :
Le modèle Probit se présente comme suit :
Prob (NPC=1)= á0+
á1MF + á2AA +
á3DEM+ä
(1)
(+) (+) (+)
où Prob (NPC=1) exprime la
probabilité que le niveau de pré-collecte soit faible.
L'insuffisance des moyens financiers est supposée
augmenter la faiblesse du service de pré-collecte offert par les ONG
d'où l'attente d'un signe positif. En effet, partant du fait que la
source principale de revenu des ONG est la redevance des ménages, moins
ceux-ci sont abonnés, moins l'ONG a de ressources financières et
moins elle arrivera à satisfaire sa clientèle. D'autre part, la
demande effective des ménages exprime le nombre de ménages qui
sont réellement abonnés à un service de
pré-collecte et qui sont prêts à payer la redevance
exigée. Il s'agit de montrer qu'une faible demande effective
accroît le risque que le niveau de pré-collecte soit faible
d'où la positivité du coefficient y relative. De même, en
ce qui concerne l'accessibilité des agglomérations, la
difficulté d'accès à certaines zones peut empêcher
l'ONG de satisfaire correctement ses abonnés ; ceci va donc
accroître le risque que le niveau de pré-collecte soit faible.
- Cas de l'hypothèse 2
Les variables utilisées sont celles
énumérées ci-après:
CM= Incivisme des ménages
SA = Sanctions,
PB = Poubelles publiques
DDSM = Dangers liés à la mauvaise
gestion des DSM
LHAB= Lieu d'habitation
NIVETU= Niveau d'études
Les variables sont mesurées comme suit :
Ici, la variable expliquée est CM
et les variables explicatives sont SA, PB, DDSM, LHAB et
NIVETU.
Prob (CM=1) = â0 + â1SA
+ â2PB + â3DDSM + â4 LHAB +
â5NIVETU +å (2)
(+) (-)
(+) (+) (-)
où Prob (CM=1) exprime la probabilité que les
ménages soient inciviques.
Les signes positifs attendus se justifient par le fait que la
non-application des sanctions ainsi que l'ignorance des nuisances
causées par les DSM sont supposées accroître le risque que
l'individu ait un comportement incivique. Il y a également de fortes
chances que l'individu vivant dans une zone non viable développe des
comportements inciviques en matière de gestion des DSM. Il semble aussi
évident qu'un individu dont le niveau d'études est
élevé aura tendance à adopter des comportements civiques.
Nous supposons que l'absence de poubelles publiques inciterait les
ménages à s'abonner à une ONG de pré- collecte des
DSM pour éliminer convenablement leurs ordures.
A ce niveau, nous avons essentiellement focalisé notre
attention sur les variables explicatives retenues dans notre hypothèse.
Les coefficients dont les signes ont été étudiés
sont donc ceux de ces variables à savoir SA, PB et DDSM. Les autres
variables ont été ajoutées pour augmenter la
qualité du modèle.
- Cas de l'hypothèse 3
L'hypothèse 3 fait intervenir quatre variables :
RDS= Recours aux dépotoirs sauvages qui
est la variable expliquée,
PRA = Points de regroupements
aménagés,
PDS= Proximité de dépotoirs
sauvages et
CONG = Incivisme des agents de
pré-collecte qui sont les variables explicatives.
Ces variables sont mesurées de la manière
suivante :
Le modèle se présente alors comme suit :
Prob (RDS=1) = ä0 + ä
1PRA + ä 2PDS+ ä 3CONG + å
(3)
(+) (+) (+)
où Prob (RDS=1) exprime la
probabilité que l'ONG ait recours aux dépotoirs sauvages.
L'insuffisance de points de regroupements aménagés
est censée accroître le risque que l'ONG ait recours aux
décharges sauvages pour des raisons d'éloignement, d'engorgement
ou d'inexistence de point de regroupement aménagé dans la zone
d'intervention. L'incivisme des ONG pourrait augmenter le risque qu'elles aient
recours à la décharge sauvage.
· Critères de base
- Le niveau de pré- collecte des DSM est jugé
élevé lorsque l'enquêté (e) estime que l'ONG qui
s'occupe de la pré-collecte des ordures parvient à satisfaire
tous ses abonnés.
- Il est admis que les moyens financiers des ONG sont
satisfaisants lorsque l'enquêté affirme que l'ONG dont il est
membre ou responsable dispose de tous les matériels dont il a besoin et
en quantité suffisante et que la rémunération est
satisfaisante pour le travail effectué.
- Une agglomération est considérée comme
accessible lorsqu'elle ne pose aucune difficulté d'accès aux
éboueurs et ce, quelle que soit la saison.
- Dès que le nombre d'abonnés dans les secteurs
confiés à une ONG représente au moins les 2 /3 du
nombre total de ménages dans ces secteurs, on estime que la demande
effective des ménages est importante.
- Un ménage est jugé civique s'il évacue ses
DSM par le biais des ONG de pré-collecte des ordures et incivique sinon.
Par conséquent, tout ménage réticent à l'abonnement
est considéré comme incivique dans notre étude.
- Il y a absence de sanctions lorsque l'enquêté (e)
trouve qu'il n'y en a pas du tout ou lorsqu'il ou elle estime qu'elles existent
mais ne sont pas appliquées.
SECTION 2 :
MOYENS D'INVESTIGATION
Nous présentons dans cette partie de notre étude la
méthode de collecte de données suivie pour mener à bien
notre étude : la revue documentaire, les entretiens, les
enquêtes d'opinion effectuées auprès des ménages et
des ONG.
Paragraphe 1 :
Recherche documentaire, observations et entretiens
La recherche documentaire nous a permis de faire le point des
connaissances relatives à la gestion des DSM et d'élargir notre
niveau de connaissance dans le domaine. Elle a consisté en la lecture
des ouvrages du centre de documentation du Ministère de l'Environnement
et de la Protection de la Nature (MEPN) y afférent. Cela nous a permis
d'avoir une idée plus précise de la problématique de la
gestion des DSM et des solutions proposées par divers auteurs.
Dans l'optique d'approfondir les informations ci-dessus
collectées, nous avons visité les bibliothèques de :
ü l'Ecole Polytechnique d'Abomey-Calavi (EPAC)
ü l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
(ENAM)
ü la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
(FASEG)
Nos lectures ont été complétées par
la consultation de nombreux ouvrages téléchargés sur
internet.
Afin d'avoir une plus large vision de la situation qui
prévaut en matière de gestion des DSM dans la ville de Cotonou,
quelques-unes de ses rues ont été sillonnées. Au cours de
ces observations, des photographies ont été prises et jointes au
présent document (voir annexes 1)
Quant aux entretiens, ils ont eu lieu avec quelques cadres
techniques de la DST et des formateurs du Projet de Gestion des Déchets
Solides et Ménagers (PGDSM).
Le reste de nos investigations a porté sur les
enquêtes auprès des ONG de pré-collecte et des
ménages.
Paragraphe 2 : Les
enquêtes
Des enquêtes de perception ont été faites
pour recueillir les avis des ménages et des ONG de pré-collecte
par rapport à la gestion des DSM. Trente (30) ONG ont été
choisies sur les 77 qu'on dénombre à Cotonou. Ces ONG ont
été choisies suivant un tirage aléatoire. (Voir le tableau
1ci-dessous).
Tableau 1 : Liste des ONG enquêtées
ONG
|
arrondissement
|
ONG
|
arrondissement
|
DPT
|
1
|
MVP
|
10
|
GP
|
1
|
AFH
|
11
|
OVP
|
2
|
EAV
|
11
|
PEI
|
2
|
PrAPE
|
11
|
SPT 2000
|
2
|
REPRONEB
|
11
|
ASV
|
5
|
ALDE
|
12
|
CEBFES
|
5
|
AJVES
|
12
|
ADA3
|
6
|
AMAZONE
|
13
|
AJDVP
|
6
|
BAB
|
13
|
PPGO
|
7
|
EPS
|
13
|
SICOP
|
7
|
IRADM
|
13
|
SRE
|
8
|
OPPB
|
13
|
BAFGOM-C
|
9
|
ALES
|
12et 13
|
EVP
|
9
|
BALEM
|
9 et 13
|
ZAC
|
9
|
UPAGE
|
13
|
Source : réalisé par nous
à partir des données du rapport PGDSM 2007
Concernant les ménages, nous avons ciblé quatre
arrondissements sur les treize que compte la ville de Cotonou pour effectuer
l'enquête. Le critère de sélection a été le
taux d'abonnement dans chaque arrondissement. Ainsi, les quatre arrondissements
choisis regroupent les deux dont le taux d'abonnement est le plus
élevé (le 6ème et le 7ème) et les deux dont le
taux d'abonnement est le plus faible (le 1er et le 13ème). (Voir le
tableau 2 ci-après).
Tableau2 : Répartition des ménages
à enquêter suivant les arrondissements
Arrondissement
|
Taux d'abonnement
|
Nombre de ménages de
l'arrondissement
|
Nombre de ménages
enquêtés
|
1
|
54,29
|
5688
|
29
|
6
|
78,43
|
4590
|
24
|
7
|
81,63
|
2901
|
15
|
13
|
41,45
|
6290
|
32
|
|
TOTAL
|
19469
|
100
|
Source : Réalisé par
nous-mêmes à partir des données du rapport du PGDSM
2007
Nous avons interrogé 100 ménages en tout dont 29
dans le 1er arrondissement, 24 dans le 6ème, 15 dans le 7ème puis
32 dans le 13ème. Ces effectifs ont été calculés
par quota afin de respecter l'équilibre entre le nombre de
ménages questionnés par arrondissement et le nombre total des
ménages de cet arrondissement. Nous avons donc considéré
que les 100 ménages représentaient le nombre total de
ménages à interroger dans les quatre arrondissements
réunis. La formule utilisée est la suivante :
NMIj = (NMAj*100) /N ;
(4)
NMIj étant le nombre de ménages à interroger
dans l'arrondissement j, NMAj le nombre de ménages dans cet
arrondissement et N le nombre total de ménages dans les quatre
arrondissements réunis.
CHAPITRE 4 : ANALYSE
EMPIRIQUE DE LA SITUATION
DES DECHETS SOLIDES
MENAGERS A COTONOU
Ce chapitre est constitué des résultats des tests
des hypothèses et des ébauches de solutions. Ces dernières
sont présentées en deux volets. Dans le premier volet, nous avons
présenté les cadres logiques de deux projets pouvant concourir
à l'assainissement du cadre de vie à Cotonou. Le second volet est
rédigé sous la forme d'une liste de recommandations.
SECTION 1 : SYNTHESES
DES RESULTATS DES INVESTIGATIONS
Dans cette partie, nous avons présenté les
résultats des tests d'hypothèses et procédé
à leur interprétation.
PARAGRAPHE 1 :
ANALYSE DES RÉSULTATS DE L'ESTIMATION RELATIVE AU NIVEAU
de
pré- collecte
Tableau 3 : résultats de l'estimation du
modèle pour l'hypothèse 1
|
Variables explicatives
|
Coefficients
|
Probabilité
|
Prob (NPC)=1
|
MF
|
0.719932*
|
0.0495
|
DEM
|
1.217542*
|
0.0216
|
AA
|
1.381564
|
0.2116
|
Constante
|
C
|
-2.192115
|
0.0094
|
Source : nous-mêmes.
* : le coefficient est significatif à 5%
Probabilité (LR stat)= 0.030482<5% ; le
modèle est donc globalement significatif.
L'inaccessibilité des agglomérations n'affecte pas
la probabilité que le niveau de pré-collecte soit faible,
même si le signe attendu est vérifié. La faible
demande effective des ménages accroît également la
probabilité que le niveau de pré-collecte soit faible. De
même, l'insuffisance des moyens financiers accroît le risque que
le niveau de pré-collecte soit faible. L'hypothèse 1 est donc
partiellement vérifiée. Ces résultats pourraient
s'expliquer par le fait que même quand les zones à desservir sont
difficiles d'accès, les éboueurs font l'effort de faire la
pré-collecte, même si ce n'est pas avec des moyens
adéquats. En effet, les ONG enquêtées ont
précisé qu'elles y vont parfois à pied, un sac au dos pour
contenir les ordures.
PARAGRAPHE 2: ANALYSE DE
L'ESTIMATION DE L'INCIVISME DES MÉNAGES
Tableau 4 : résultats de l'estimation du
modèle pour l'hypothèse 2
|
Variables explicatives
|
Coefficients
|
Probabilité
|
Prob (CM)=1
|
DDSM
|
0.574282
|
0.1634
|
SA
|
0.980020**
|
0.0942
|
PB
|
-0.492336
|
0.2636
|
LHAB
|
1.480344*
|
0.0000
|
NIVETU
|
-0.506242
|
0.1008
|
Constante
|
C
|
-1.057485
|
0.1644
|
Source : réalisé par
nous-mêmes.
* : le coefficient est significatif à 5%
** : le coefficient est significatif à 10%
Probabilité (LR stat)=
9,62.10e-08<0,05 : le modèle est donc globalement
significatif à 5%.
L'ignorance des dangers liés à la mauvaise gestion
des DSM n'affecte pas le risque que le ménage adopte des comportements
inciviques, et ceci justifie pleinement le constat effectué sur le
terrain. Les ménages enquêtés, savent pour la plupart qu'il
est nuisible de vivre à proximité des déchets ou de les
enfouir, mais adoptent néanmoins ce comportement. L'absence de poubelles
publiques n'a pas d'influence sur la probabilité que l'individu ne
s'abonne pas à une ONG de pré-collecte, de même que le
niveau d'études, même si les signes attendus sont
vérifiés. La non-application des sanctions augmente la
probabilité que l'enquêté ne s'abonne pas à une
ONG de pré-collecte, tout comme le fait qu'il réside dans une
zone marécageuse. L'hypothèse 2 est donc partiellement
vérifiée.
Paragraphe 3 : Analyse
de l'estimation du recours aux dépotoirs sauvages
Tableau 5 : résultats de l'estimation du
modèle pour l'hypothèse 3
|
Variables explicatives
|
Coefficients
|
Probabilité
|
Prob (RDS)=1
|
PRA
|
0.253347
|
0.5275
|
PDS
|
1.172730**
|
0.0714
|
CONG
|
0.177380
|
0.8345
|
Source : réalisé par
nous-mêmes.
** : le coefficient est significatif à 10%
La probabilité du Khi deux =0.0370<5% (voir tableau
n°10), donc le modèle est globalement significatif.
La proximité des dépotoirs sauvages accroît
le risque que les ONG y aient recours, tandis que l'incivisme et l'insuffisance
de points de regroupements aménagés n'influent pas sur cette
probabilité, malgré la confirmation des signes attendus. Ces
résultats confirment les observations du terrain, car les ONG
enquêtées estiment pour la plupart que la proximité des
dépotoirs sauvages dans les bas-fonds et les terrains non bâtis
constituent une solution de facilité pour leurs
congénères, qui ne disposent pas en général de
points de regroupement proches ou non engorgés. L'Hypothèse 3 est
donc partiellement vérifiée.
Nous retenons de cette analyse que pour effectuer une bonne
pré-collecte, il nous faut surtout agir sur les variables que
sont :
ü La demande effective des ménages,
ü Les moyens financiers dont disposent les ONG,
ü La proximité des dépotoirs sauvages :
étant donné que les dépotoirs sauvages se créent
par l'action des populations, et parfois des ONG elles-mêmes, on pourrait
agir ici en détruisant ces dépotoirs sauvages ou en
empêchant qu'ils soient créés.
SECTION 2 :
RECOMMANDATIONS
Cette partie de notre étude se propose de présenter
un cadre logique de la pré-collecte des DSM qui servira de canevas aux
actions et activités à mener pour collecter efficacement les DSM.
Il permettra de monter deux projets, l'un pour relever le niveau de la
pré-collecte, l'autre pour remédier de façon
considérable au recours aux dépotoirs sauvages observé
chez les ONG de pré-collecte. Quelques recommandations sont ensuite
faites, toujours dans l'objectif de contribuer à une meilleure mise en
oeuvre de la gestion de la pré-collecte des DSM.
Paragraphe 1 : Cadre logique
Le cadre logique est une vision systémique de
l'environnement d'un projet, visant à identifier le motif pour lequel le
projet est réalisé ainsi que la finalité à laquelle
il contribue. Ensuite, il permet de définir d'une façon
précise ce à quoi le projet devrait ressembler une fois
terminé ainsi que l'ensemble des conditions critiques devant être
réalisées pour que le projet atteigne les différents
niveaux d'objectifs pour lesquels il a été conçu. Notre
cadre logique se réfère à un programme d'assainissement.
Il est scindé en deux projets. Le premier concerne vise à
améliorer le niveau de la pré- collecte. Le deuxième a
pour but d'amenuiser le recours aux dépotoirs sauvages, que ce soit par
les ménages ou les ONG de pré- collecte. Aux
éléments classiques du cadre logique que sont les objectifs, les
indicateurs, les activités à mener, les hypothèses de
réalisation, les sources de vérification et les résultats
attendus, nous avons joint les responsables et partenaires potentiels de
réalisation du projet.
PROJET 1 : AMELIORATION DU NIVEAU DE PRE- COLLECTE
DES DSM
Cadre logique
|
Logique d'intervention
|
IOV
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectif Global
|
Augmenter le niveau de pré- collecte des DSM à
Cotonou
|
Les ONG de pré- collecte de DSM parviennent à
satisfaire tous les ménages qui leur sont abonnés entre 2011 et
2021
|
-Statistiques du PGDSM sur le niveau de pré- collecte des
DSM à Cotonou
-rapports des ONG y relatifs
|
Les matériels utilisés par les ONG permettent
d'effectuer la pré- collecte même en cas d'intempéries
|
Objectif spécifique 1
|
Définir une politique de mobilisation optimale des moyens
financiers des ONG
|
Les moyens financiers des ONG leur permettent de disposer de tous
les matériels qui leur sont nécessaires pour bien effectuer la
pré-collecte des DSM
|
-Enquêtes annuelles auprès des responsables d'ONG de
pré- collecte des DSM
-Enquêtes auprès des éboueurs.
|
Des organismes nationaux et internationaux sont prêts
à apporter leur aide financière aux ONG de pré- collecte
des DSM
|
Résultats anticipés
|
1.Une bonne prestation de services est proposée par les
ONG
2.Les ONG de pré-collecte sont techniquement
informées sur les outils adéquats à la pré-
collecte en cas d'intempéries
3.une formation de qualité est donnée aux
éboueurs
|
1. Nombre de ménages satisfaits par les prestations des
ONG de pré- collecte des DSM
2.Nombre d'ONG disposant des informations techniques sur les
outils de pré- collecte des DSM
3. Qualité de la prestation de service des
éboueurs
|
1.Interviews et/ou enquêtes auprès des
ménages abonnés
2.Documentations disponibles auprès des ONG sur les outils
de pré- collecte des DSM
3.idem qu'au #1(sources de vérification pour l'objectif
spécifique 1)
|
- Les responsables et autres agents des ONG de pré-
collecte des DSM ont une conscience professionnelle développée
|
Activités (tâches à accomplir)
|
1.1 Former les responsables et agents des ONG à une
meilleure gestion financière et à l'entreprenariat
1.2Procéder à leur suivi et contrôle
2.1Acquérir du matériel d'information sur les
outils adéquats de pré- collecte des DSM
2.2 Acquérir des guides d'entretien de ces outils
|
1.Les coûts de formation des responsables et agents des
ONG
2. Les coûts de leur suivi- contrôle
3. Les coûts d'acquisition de la documentation sur les
outils adéquats de pré-collecte des DSM
|
1.1 Rapports de formation
1.2 Rapports de suivi des moniteurs
2.1Guides d'entretien des outils de pré-collecte des
DSM
|
1.Les formateurs des et autres agents des ONG de pré-
collecte ont une bonne pédagogie d'enseignement
2.Les agents chargés du suivi et du contrôle des
responsables et agents des ONG sont compétents
3.L'augmentation du niveau de pré- collecte des DSM fait
partie des priorités du ministère de l'environnement et de la
mairie
|
Acteurs (partenaires potentiels)
|
La DST, Le PGDSM, Autres partenaires
|
Objectif spécifique 2
|
Renforcer le dynamisme des ONG de pré- collecte des DSM
|
Accroissement de l'efficacité de l'organisation des ONG de
pré-collecte des DSM
|
Rapports annuels de la COGEDA (Coordination des ONG de gestion de
l'environnement et de l'assainissement)
et /ou de la DST
|
- Les ONG sont plus préoccupées par les questions
de l'assainissement que par les bénéfices résultant de
l'activité de pré- collecte
- les responsables des ONG ont un niveau d'études
intéressant
|
Résultats anticipés
|
1. La majorité des ménages de Cotonou est
abonnée à une ONG de pré- collecte des DSM
2. La COGEDA (Coordination des ONG de gestion de l'environnement
et de l'assainissement) est plus opérationnelle
|
1. Nombre de ménages abonnés
2. Dynamisme des ONG
3. La fréquence de collecte des ordures est
régulière et respectée
|
- Enquêtes et interviews des responsables des ONG
|
1. La sensibilisation des ménages sur l'hygiène et
l'assainissement du cadre de vie est fructueuse
2. La COGEDA (Coordination des ONG de gestion des déchets
solides ménagers et de l'assainissement) a un programme
d'activités bien conçu
|
Activités (tâches à accomplir)
|
1.Mener une campagne d'IEC (Information Education susceptible de
rendre les ménages civiques.
2.1Définir une meilleure politique de pré- collecte
des DSM
2.2Renforcer la compétence des responsables et autres
agents d'ONG de pré- collecte des DSM en gestion entrepreneuriale
|
1.Les coûts requis par la campagne d'IEC
2-1 Les coûts requis pour la définition des
critères de choix des candidats au poste de responsable d'ONG
2-2 Les coûts de formation des responsables et autres
agents des ONG
|
1- Les agents sensibilisateurs
2.1 Les critères d'acceptation au poste de responsable
d'ONG
2.2 Disponibilité des agents compétents pour former
les responsables et autres agents d'ONG de pré- collecte des DSM
|
- L'insistance des agents sensibilisateurs sur les
nuisances générées par les DSM va alarmer les
ménages
- Il n'y a pas de favoritisme lors de l'attribution du poste de
responsable d'ONG
- Les moyens de renforcement des compétences des
responsables et autres agents d'ONG sont disponibles
- le ministère de l'environnement et la mairie ont entre
autres priorités celle de renforcer le dynamisme des ONG de pré-
collecte des DSM
|
Acteurs /partenaires potentiels
|
Le ministère de l'environnement, La mairie, La DST, La
COGEDA
|
PROJET 2 : REDUCTION DU RECOURS AUX DEPOTOIRS
SAUVAGES PAR LES MENAGES ET ONG DE PRE-COLLECTE DES DSM
Cadre logique
|
Logique d'intervention
|
IOV
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectif Global
|
Restreindre le recours aux dépotoirs sauvages par les
ménages et ONG
|
Diminution de moitié du nombre de dépotoirs
sauvages à Cotonou entre 2011 et 2016
|
- Rapports annuels de la DST ou de la COGEDA
|
- Une sensibilisation plus poussée sur les nuisances
générées par les DSM va alarmer les ménages de
Cotonou
|
Objectif spécifique 1
|
Mettre sur pied une réglementation rigide en
matière de gestion des DSM
|
- Les ménages de Cotonou qui ont des comportements
inciviques sont moins nombreux
|
- Observations sur le terrain
- enquêtes sur les comportements des ménages
|
- Les lois établies sont respectées
|
Résultats anticipés
|
1.les sanctions en cas d'infractions des lois en vigueur sur la
gestion des DSM sont appliquées
2.le laxisme qui règne en matière de gestion des
DSM est corrigé
|
1.2 Nombre de ménages sanctionnés par rapport
à une mauvaise gestion des DSM
1.2 Nombre de dépotoirs sauvages à Cotonou
2. Rapport du nombre de ménages abonnés à
Cotonou sur la population totale de la ville
|
- Rapports du ministère de l'environnement
- Enquêtes auprès des ménages
sanctionnés
- Enquêtes auprès des agents de salubrité
- Visites sur le terrain
|
-Les populations de la ville de Cotonou sont sensibles aux
sanctions
-Les ménages abonnés ne recourent plus aux
dépotoirs sauvages
|
Activités (tâches à accomplir)
|
1- Recruter d'un nombre suffisant d'agents de salubrité
2- Former des agents de salubrité
3- Renforcer le rôle de la police municipale dans la
gestion des DSM
4- Collecter des ordures des dépotoirs sauvages
|
- Coûts nécessaires au recrutement des agents de
salubrité
- Coûts nécessaires à la formation des agents
de salubrité
|
-Disponibilité des agents de salubrité
- Qualité de la prestation des agents de
salubrité
- Disponibilité des agents des polices municipale et
sanitaire
- Présence des instruments de collecte des ordures au
niveau des dépotoirs sauvages disparus (conteneurs ou bacs à
ordures)
|
- Les moyens de recrutement des agents de salubrité
existent
- les agents de salubrité sont bien
rémunérés
-Les ressources existent pour assurer une bonne formation des
agents de salubrité
- Il est possible d'élargir le champ d'action des polices
municipales et sanitaire en matière de gestion des DSM
- Le ministère de l'environnement a élaboré
une politique visant le respect de l'application des lois en matière de
gestion des DSM
4- La collecte des ordures au niveau des dépotoirs
sauvage est possible
|
Acteurs (partenaires potentiels)
|
la DST , Entreprises privées s'occupant de la collecte
des DSM, Le ministère de la santé, Le ministère de
l'environnement
|
Objectif spécifique 2
|
Doter la ville de Cotonou d'un nombre suffisant de bacs à
ordures
|
- Augmentation graduelle du nombre de bacs à ordures dans
la ville de Cotonou
|
- Rapports de la mairie de Cotonou
|
- La présence de bacs à ordures diminue le
recours aux dépotoirs sauvages observés au niveau des
ménages de Cotonou et des ONG de pré- collecte des DSM
|
Résultats anticipés
|
1- Les bacs à ordure sont rendus disponibles
2- les bacs à ordures sont convenablement répartis
dans la ville de Cotonou
|
1.nombre de bacs à ordures dans la ville de Cotonou
2. Qualité de la répartition des bacs à
ordures dans la ville de Cotonou
|
1- Rapports de la mairie de Cotonou
2- Enquêtes et visites de terrain
|
- Il n'a pas de détournement des fonds
- Les informations obtenues sur agglomérations sont
correctes
|
Activités (tâches à accomplir)
|
1 .Etablir un plan concis de recherche de financement
2.Rechercher des sources de financement sur la base de ce plan
3.Déterminer les besoins de chaque agglomération
de la ville de Cotonou en bacs à ordure
4.Répartition des bacs à ordures dans la ville de
Cotonou
|
- Coûts d'établissement du plan de recherche de
financement et de détermination des besoins individuels des
agglomérations de Cotonou
|
- Planificateurs qualifiés pour l'élaboration des
programmes et plans
- Plans de chaque agglomération de Cotonou avec le nombre
des ménages
|
Le ministère de l'environnement et la mairie est soucieux
de la réduction de la prolifération des DSM à Cotonou
|
Acteurs (partenaires potentiels)
|
- L'Etat béninois, Le ministère de l'environnement,
La mairie, Les partenaires au développement
|
Paragraphe 2 : Autres recommandations
Dans ce paragraphe, nous formulons des recommandations qui
permettront de mieux gérer la pré- collecte des DSM et
favoriseront la réalisation des projets que sous- tend le cadre logique
précédemment défini.
Ø Sensibiliser les ménages de manière
à ce qu'ils prennent vraiment conscience de ce qu'ils gagnent en
adoptant de bons comportements en matière de gestion des DSM et ce
qu'ils perdent ou ceux à quoi ils s'exposent dans le cas
contraire ;
Ø Réaliser la déconcentration effective de
la ville de Cotonou afin de contribuer à la diminution de la
quantité de déchets produite ;
Ø Sensibiliser à la substitution des sacs en
plastique par des «conteneurs » plus résistants et moins
polluants ;
Ø Répertorier les systèmes
d'élimination et de traitement des DSM adaptés au contexte
géologique et environnemental de la ville de Cotonou et favoriser le
recyclage ;
Ø Pour ce qui concerne les régions d'accès
difficile, installer une benne sur un terrain accessible à la
communauté et en déterminer l'emplacement après
consultation de cette dernière.
L'objectif est d'inciter les résidents de ces
agglomérations à déposer leurs déchets dans la
benne afin que les structures compétentes puissent passer les vider
périodiquement sans trop de difficultés. A charge pour les chefs
de quartier de veiller à la propreté de ces points et au
versement effectif des ordures par les ménages à ces
points ;
Ø Organiser par quinzaine une journée de
salubrité dans la ville de Cotonou (samedi de préférence).
Il sera clairement défini ce qui doit être fait au
cours de ces journées : balayage des rues, voies et lieux publics.
Chaque chef de quartier aura la responsabilité de superviser les travaux
de balayage et autres dans son quartier. Afin d'éviter les conflits, une
rotation des ménages est souhaitable. Ainsi, à chaque quinzaine
les ménages auxquels sera échu le travail d'assainissement seront
connus d'avance. Dans le cas où certains d'entre eux ne
s'exécuteront pas, ils se verront infliger des sanctions
préalablement établies ;
Ø Elaborer des projets à soumettre aux bailleurs de
fonds afin d'attirer les investisseurs dans la construction des points de
regroupements ;
Ø Intensifier l'apport de l'Etat en matière de
gestion des DSM.
Ø Renforcer la réglementation en matière de
gestion de l'environnement et prévoir des sanctions très
sévères qui seront réellement appliquées.
Cela aura l'avantage non seulement d'amener les ménages
à être plus civiques mais également d'augmenter pour
quelque temps les recettes de la mairie, ce qui vu ces besoins financiers ne
serait pas superflu.
Ø Inciter la population à effectuer le tri des
déchets à la source.
La procédure est la suivante : les ménages
vont vendre des déchets recyclables aux pré- collecteurs qui
à leur tour les cèderont aux entreprises qui en font usage. Le
paiement va inciter les ménages à ne plus jeter de façon
insouciante les DSM afin d'augmenter la quantité de déchets
recyclables et partant de là diminuer ceux qui ne le sont pas. Ainsi, la
valorisation permettra de réduire la quantité de déchets
dans la ville et subséquemment le nombre de dépotoirs sauvages.
Elle permettra de créer des emplois et par ce biais de diminuer le taux
de chômage. Elle induira également une augmentation des revenus de
certains ménages (ceux qui s'adonnent à la valorisation des DSM).
Etant donné que seuls les déchets non recyclables seront
collectés par les éboueurs, la redevance va diminuer parce que la
quantité de DSM aurait baissé. Et vu que la redevance est
principalement fonction du volume des DSM et de la fréquence de
ramassage, elle sera à son tour revue à la baisse.
C'est à la mairie qu'incombe la gestion de la
collecte/transport des DSM. Puisque le tri à la source contribue
à la réduction de la quantité de DSM, le coût de
leur transport reviendra moindre à la mairie. En effet, la
quantité de DSM est évaluée lors du passage des camions
d'ordures sur le pont péage qu'ils franchissent avant d'aller à
Ouessè. Ainsi, compte tenu du fait que c'est sur la base de la
quantité de DSM ramassée que les entreprises privées sont
rémunérées par la mairie, la somme que cette
dernière paiera sera moins importante. Dans le même temps, les
entreprises privées chargées de la collecte des DSM chercheront
à ramasser le plus d'ordures possible dans les conteneurs de la ville
afin de rentabiliser leur activité. Comme précédemment, la
quantité de DSM dans la ville s'en trouvera amoindrie. A cela s'ajoute
le fait que la durée de vie du Lieu d'Enfouissement Sanitaire (LES) sera
plus longue et son entretien moins difficile. La mairie n'aura donc pas
à se préoccuper trop tôt de rechercher les fonds
(très élevés) nécessaires à
l'édification puis à l'entretien d'un nouveau LES.
CONCLUSION
La collecte et le traitement des DSM dans la ville de Cotonou
sont sujets à de nombreuses défaillances. Bien que les
réflexions menées en vue de leur gestion efficiente datent de
longtemps, les résultats obtenus jusqu'à ce jour sont loin
d'être satisfaisants. Néanmoins, aucun effort n'est
ménagé par les structures compétentes que sont la DST, les
ONG de pré-collecte et les entreprises privées de
collecte/transport. De notre travail de recherche, il ressort que le niveau de
pré-collecte peut être renforcé en augmentant les
ressources financières des ONG et en incitant plus de ménages
à s'abonner et à payer leurs redevances. Nos enquêtes sur
le terrain nous ont révélé également que la plupart
des pré-collecteurs ont recours aux dépotoirs sauvages parce
qu'il en existe presque toujours dans les zones qu'ils desservent, et que cela
leur permet de ne pas se rendre au point de regroupement, souvent trop
éloigné ou engorgé quand il n'est pas inexistant. Ils ne
le font pas forcément par incivisme comme nos résultats l'ont
démontré, mais plutôt parce qu'ils ne peuvent faire
autrement, et ne disposent pas à proximité de conteneurs ou
d'infrastructures adéquates.
D'autre part, nous avons constaté lors de nos
enquêtes que les ONG de pré-collecte ne sont pas toujours bien
organisées : certaines d'entre elles ne disposent pas de
siège, et d'autres sont injoignables, leur adresse et numéro de
contact étant erronés ou vétustes. Cette situation ne
permet pas aux structures que sont la DST et l'ONG Oxfam-Québec
d'effectuer un suivi et un contrôle efficaces des activités des
acteurs de la pré-collecte, qui pour la plupart, font passer leurs
intérêts financiers avant l'objectif de protéger et
d'assainir l'environnement.
Il faut donc dynamiser la pré-collecte des DSM, non
seulement en y mettant les moyens matériels, financiers et humains
adéquats, mais aussi motivant la conscience professionnelle des agents
pré-collecteurs.
Les ménages sont inciviques, donc refusent de s'abonner
pour deux raisons principales : la première est l'absence de
sanctions et la deuxième est relative à leur lieu d'habitation.
Selon les constats effectués lors de nos enquêtes, les
ménages les plus réticents à l'abonnement sont ceux qui
vivent dans des quartiers où les ONG viennent déverser les
ordures. En effet, ils trouvent qu'il est inutile de s'abonner à une ONG
de pré-collecte qui viendra tout simplement déverser les ordures
du quartier derrière leurs habitations, dans l'objectif de s'en
débarrasser ou de remblayer le terrain avoisinant. La valorisation des
DSM constitue une alternative pour remédier à leur
prolifération dans la ville. Il s'agira de la renforcer par la
sensibilisation des ménages sur son utilité, et surtout, en
cherchant des marchés locaux et internationaux sur lesquels peuvent
être écoulés les résidus, afin qu'ils soient
efficacement transformés et réutilisés.
Nous sommes conscientes que notre étude n'a pas
été exhaustive en ce sens que tous les aspects du problème
de la gestion des DSM n'ont pas été abordés. Les
résultats auraient pu être meilleurs si la taille de
l'échantillon avait été importante. En effet, compte tenu
des contraintes de temps et de budget, nous n'avons interrogé que 100
ménages sur les 58509 dénombrés à Cotonou. Il
serait donc souhaitable que l'étude soit faite sur un échantillon
de taille plus importante afin de mieux percevoir l'influence des variables
exogènes considérées dans la présente étude
sur celles endogènes. Nonobstant, l'application de nos propositions
pourra sûrement contribuer à la réduction de la
prolifération des DSM dans la ville de Cotonou. Elle ouvre
également des perspectives et pourra servir de base à des
études plus poussées en matière de gestion des DSM.
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