UNIVERSITE GASTON BERGER DE
SAINT-LOUIS
UFR DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
SECTION DE SOCIOLOGIE
|
Mémoire de
Master 1
PARCOURS : FAMILLE ET EDUCATION
THEME : EDUCATION FORMELLE ET
LANGUES NATIONALES
SUJET : Analyse des blocages de
l'introduction des langues nationales dans l'enseignement
élémentaire formel au Sénégal : étude dans
la commune de Fatick.
Présenté par :
Sous la
direction de :
Pape samba GUEYE
Dr Fatou DIOP
SALL
pape_samba2005@yahoo.fr
Chargée
d'enseignement
Année académique 2009-2010
|
Dédicaces
Je dédie ce travail à :
Mes parents et ma famille qui m'ont tant encouragé et
soutenu durant tout mon cursus scolaire et universitaire.
Aux regrettés Joseph KI-ZERBO et cheikh Anta DIOP pour
leur ferme dessein d'une éducation endogène basée sur les
langues africaines.
A tous les étudiants africains conscients que le devenir
de l'Afrique est entre nos déterminations cognitives et citoyennes.
Remerciements
Je remercie plus particulièrement ma directrice, Madame
Fatou DIOP SALL pour son attention particulière pour la
réalisation de ce document.
Je remercie également le Docteur Aly TANDIAN qui m'a
inspiré certaines bases méthodologiques depuis ma licence.
Je remercie tous les professeurs de la section de sociologie qui
m'ont donné une formation sociologique sans remords.
Mes remerciements aussi à tous les professeurs de
l'université Gaston Berger qui m'ont fait part de leurs remarques ou
suggestions pour une bonne finesse de cette recherche.
Je remercie très sincèrement ma personne
ressource, l'inspecteur Mass DIEYE et sa famille, qui étaient
insensibles aux dérangements de mes visites méthodologiques.
Je remercie très obligatoirement ma famille qui, sans
elle, je pourrai ne pas avoir l'occasion et la volonté de
fréquenter la sphère de l'enseignement supérieur.
En fin, mes remerciements loyaux à toutes les personnes
qui, consciemment ou inconsciemment, ont participé à la
réalisation de cette recherche.
Sommaire
Dédicaces et remerciements
Introduction générale ....
....................................................................... 4
Première partie : cadre d'analyse
théorique et démarche méthodologique ..........
7
Chapitre 1 : cadre d'analyse théorique
................................................... 7
Chapitre 2 : démarches
méthodologiques ................................................ ...
36
Deuxième partie : présentation du
champ de l'étude ................................. 41
Chapitre 3 : présentation de la commune de
Fatick...................................... 41
Troisième partie :
présentation des résultats obtenus
...................................53
Chapitre 4 : analyses et
exégèses des résultats de la
pré-enquête..................... 53
Conclusion générale :
perspectives de recherche en Master 2.......................... 60
Bibliographie générale
...........................................................................62
Table des matières
Annexes
Introduction générale
L'objet de notre recherche consiste à analyser les
facteurs de blocages liés à l'introduction des langues
nationales dans le système éducatif formel du
Sénégal. En d'autres termes, nous nous proposons de
décrypter, les « goulots d'étranglement »,
les facteurs ou les éléments empêchant la
modélisation de l'introduction des langues nationales dans le
système éducatif sénégalais.
Ainsi, de prime abord, nous nous sommes posé la
question de savoir : pourquoi nos langues nationales ne sont
jusqu'à présent introduites à l'école formelle
malgré toutes les politiques linguistiques et éducatives faites
à leur égard.
Le Sénégal, `'indépendant'' depuis
cinquante ans a, à son sein une multitude de langues dites vernaculaires
et une langue officielle. Son comportement éducatif et administratif
reste depuis toujours déterminé par cette dernière,
synonyme d'asphyxie pour les autres qui semblent être d'importants
vecteurs de transmission de connaissance.
C'est dans ce sens que des politiques de codification et
d'introduction des langues autochtones dans l'enseignement étaient
entreprises depuis le début des indépendances par l'Etat du
Sénégal. Ainsi, de la période des six(06) langues
codifiées (1960-1971) jusqu'à celle de la massification avec dix
neuf (19) langues codifiées (1971-2001), le Sénégal n'est
pas parvenu à intégrer les langues déjà
codifiées dans l'enseignement formel ; qu'il s'agisse dans
l'éducation élémentaire comme dans l'enseignement moyen
secondaire et universitaire.
Dans les années 1977-1984, cette politique
d'introduction est entreprise par une mise à l'essai des classes dites
`'télévisuelles'' qui se sont vouées à
l'échec. Dans les années 2000, une nouvelle posture
d'expérimentation, avec les `'classes expérimentales'', a
été mise en oeuvre pour introduire formellement les langues
nationales de l'enseignement primaire. Mais aussi cette deuxième et
dernière tentative est remise aux calendes grecques pour plusieurs
motifs.
En effet, suivant notre problème de recherche
consistant à analyser les blocages structurels liés à
l'introduction de nos langues dans l'enseignement primaire formel dans un
contexte où lesdites langues sont, pour la plupart, usitées
informellement (et avec atouts) dans tous les secteurs ou instances
éducationnels et administratifs sénégalais, nous
avons comme objectif de déterminer et d'analyser les blocages
structurels qui empêchent le Sénégal de les introduire dans
le système d'enseignement formel afin que les politiques
prévues soient plus revues, sérieuses et renforcées. Nous
voulons par ailleurs, éveiller les `'consciences scientifiques'' sur la
dynamique d'un enseignement via nos langues nationales afin qu'elles puissent
analyser scrupuleusement l'enjeu de nos valeurs linguistiques pour un
développement socioéducatif capable de nous enraciner dans nos us
et de nous permettre ensuite de s'ouvrir au monde.
C'est pourquoi nous avons émis comme hypothèses
de recherche : les causes de la non-introduction des langues nationales
dans l'éducation formelle au Sénégal ne sont pas
uniquement liées à des problèmes socioculturels,
économiques ou didactiques, mais plutôt à
une velléité politique linguistique des
décideurs politiques sénégalais qui reproduisent la
violence symbolique linguistique hélas
véhiculée par l'administration coloniale. Et selon les
représentations faites sur langues nationales par la
société sénégalaise, leur usage dans
l'enseignement formel apparait comme une régression
socioéducative.
En fait, pour la vérification de nos conjectures de
travail nous avons entrepris une démarche qualitative pour comprendre,
analyser et interpréter les discours de certains professionnels de
l'éducation (enseignants, inspecteurs de l'éducation,
syndicalistes de l'enseignement...) de la commune de Fatick.
La commune de Fatick qu'est notre cadre physique est dans le
département de la région situé à 42
kilomètres de la région de Kaolack et à 62
kilomètres du département de Mbour (région de
Thiès).La commune, à l'instar du reste du Sénégal,
est déterminée par la présence de plusieurs langues
locales /nationales et son comportement éducationnel de base
reste marqué par le truchement uniquement de la langue
française même si quelques écoles élémentaire
franco-arabes privées y ont vu le jour.
En effet, notre étude s'articulera autour de trois
grands axes pour répondre à ses préoccupations. Elle part
du cadre d'analyse théorique à l'analyse et
l'exégèse des résultats de l'enquête, via la
démarche méthodologique.
Toutefois, cette étude comme toute autre n'est pas
réalisée sans difficultés. Celles-ci sont d'ordre
épistémologique et méthodologique.
La complexité du fait étudié nous a
bercé de biais épistémologiques et méthodologiques
dans la mesure où les langues nationales dans l'enseignement formel
posent une problématique dont les solutions ne sont pas encore à
la portées des populations.
D'abord, le thème a un caractère sensible et peu
préoccupant ; sensible dans le fait qu'il laisse remarquer
certaines valorisations particulières d'une langue vernaculaire au
détriment des autres par nos enquêtés ;peu
préoccupant parce que nombres de sénégalais n'ont ni la
volonté ni la conviction que ce thème soit un objet
d'étude ou une question de recherche :est-il nécessaire de
signaler le désaveu de certains intellectuels qui, après
sollicitation de notre part pour leurs suggestions sur le thème ,
affichent leur désintéressement presque total?
Aussi, durant notre observation nous avons noté dans
le discursif de nos cibles, un certain amalgame redondant entre scolarisation
en langues nationales et alphabétisation.
Par ailleurs, se posait la difficulté de joindre nos
cibles ou de les faire parler dans le fond des choses en vue de
démasquer le sens codé.
Aussi, il faut rappeler que la relation d'enquête
n'était pas du tout facile à établir dans la mesure
où la quasi-totalité de nos répondants avait un âge
très avancé que nous, d'ou la présence d'une pudeur de
poser le débat et d'insister sur les non dits.1(*)
En fin, notre guide méthodologique pour les entretiens
n'est pas trop fiable pour capter toute l'intelligibilité des
réponses fournies du fait qu'il prenait seulement en compte les
professionnels de l'éducation, or le discours de tous les acteurs
socioéducatifs(parents d'élèves, élèves,
infirmier...) pourrait être des bases heuristiques.
Mais, quelles que délicates qu'elles eussent
été, ces difficultés ont été
contournées en adoptant quelques modalités de résolution
afin d'apporter des éléments de réponse à notre
objet de recherche. Il s'agissait plus particulièrement de canaliser
nos enquêtés dans le vif de notre sujet.
Première partie : cadre d'analyse
théorique et démarche méthodologique
Chapitre 1 : cadre d'analyse théorique
I-1.Construction de l'objet de recherche
L'éducation est et a toujours été un
enjeu majeur dans la vie des sociétés humaines. En cela, elle
est selon Durkheim : « l'action exercée par les
générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres
pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez
l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux
que réclament de lui et de sa société politique dans son
ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement
destiné » (Durkheim, Education et Sociologie
(1922)).Par l'éducation, l'homme approfondit ses connaissances sur son
environnement et transforme le savoir ainsi acquis en aptitudes
professionnelles, donc en capacité de maitrise sur ses propres
conditions matérielles d'existences.2(*) Par elle, l'homme est capable de retracer son
passé, de revitaliser son présent et d'orienter son futur. C'est
à ce titre que depuis 1948, avec la déclaration universelle des
droits de l'Homme, il y est mentionné :
« Toute personne a le droit à
l'éducation .L'éducation doit être gratuite, au moins en
ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental.
L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement
technique et professionnel doit être généralisé,
l'accès aux études supérieures doit être ouvert en
pleine égalité à tous en fonction de leur
mérite.
L'éducation doit viser au plein
épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du
respect du droit de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit
favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre
toutes les nations et les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le
développement des activités des Nations Unies pour le maintien de
la paix.
Les parents, ont par priorité, le droit de choisir
le genre d'éducation à donner à leurs enfants. »
(Article 26).
Ainsi, cette dernière sentence semble être peu
prise en considération dans les pays africains qui, par leurs politiques
gouvernementales et socioprofessionnelles, incitent les populations à
se conformer, parfois contre leur gré au système éducatif
formel au moyen de la langue de l'ancienne métropole au détriment
des langues maternelles africaines (nationales ou locales).Ainsi comme le
rappelle Gerbi HESSELING: « on parle beaucoup
actuellement de violations des droits de l'homme. Mais il me semble qu'une
des violations les plus fondamentales de ces droits est d'imposer à
ceux qui veulent s'instruire l'utilisation d'une autre langue que la leur
(...)on peut avancer de nombreux arguments pour soutenir que l'enseignement
dans la langue maternelle doit - ou devrait - constituer un droit
fondamental » 3(*).Ce qui laisse voir un forçage de
système aux populations qui devraient orienter leur choix selon les
modalités et les capacités linguistiques appropriées
à leur contexte sociohistorique. C'est dire qu'il existe un
déphasage entre le système éducatif africain et son
contexte sociohistorique dans la mesure où l'expertise africaine est
incapable de se dévoiler au moyen des langues empruntées ou qui
nous ont été imposées. C'est à ce titre que
beaucoup de chercheurs africains, depuis les indépendances, ont eu le
sentiment voire le sacerdoce de repenser le statut des langues africaines,
leur considération, leurs impacts sur le comportement
sociétal...
La question des langues nationales africaines et de leur
enseignement, voire de leur officialisation sont une problématique qui
implique le continent dans son ensemble. Depuis la colonisation jusqu'à
nos jours les pays africains sont marqués par une hybridité
linguistique concernant d'une part les langues des colons (britannique,
portugais, français..) et d'autre part les langues endogènes ou
locales. Ainsi, depuis les indépendances, beaucoup de chercheurs et de
penseurs africains ont le réel sentiment de procéder à une
sensibilisation pour le recours à nos langues sans lesquelles il n'y
aura point de repères vers le progrès. Mais cette situation tant
souhaitée est remise aux calendes grecques. A la fin de la colonisation,
la plupart des pays africains ont compris que le recours aux langues
autochtones africaines peut constituer un enjeu majeur pour le comportement
éducatif, socioculturel et économique de l'ensemble des pays de
l'Afrique. Pour ce faire, il requiert donc pour certains d'incorporer en fond
les langues locales dans le système éducatif formel, pour
d'autres il nécessite d'adopter un système éducatif
basé sur les langues nationales.
Dans les années 1990, cette perspective est
soulevée par Joseph KI ZERBO lorsqu'il
mentionne : « l'éducation est une fonction de
reproduction et de dépassement social indispensable au progrès de
tout pays. Quand cette fonction est abolie, il se produit un
dépérissement profond dans le métabolisme de base de la
société. C'est le cas en Afrique, où l'école, au
lieu de reproduire les sociétés à un niveau
supérieur contribue à les mettre en pièces
détachées. L'appareil éducatif, au lieu d'être un
moteur, est une bombe à retardement qui, compte tenu de la
flambée démographie, épuise les ressources
économiques sans contre partie suffisante, désintègre les
structures sociales et stérilise les cultures »4(*).voilà donc
comment KI ZERBO a analysé l'école africaine dans son ensemble
qui, vu son déphasage avec nos réalités sociales, ne
reflète guère notre identité
socioéconomique.
Au Sénégal, depuis l'indépendance, des
politiques sur les langues nationales ont été, avec contraste,
avancées en vue de leur `'promotion'' dans un
système éducatif.
Dans cette optique, l'Etat s'engage dans une perspective de
consolidation de l'unité nationale, de construction nationale et
ambitionne de prendre en charge l'ensemble des impératifs politiques et
socio éducatifs (`'Etat -providence'') en vue de l'instauration d'un
`'Etat fort''.
Au plan éducatif, surtout l'école, l'Etat
sénégalais avait jugé suffisant au moment de son accession
à l'indépendance l'héritage colonial d'un enseignement
prétendu moderne avec taux de scolarisation satisfaisant. Il omettait
cependant la valeur du contenu de l'école prise sous l'angle
socioculturel avec ses impacts dans la société, en reproduisant
les valeurs de l'école blanche dont le dessein était d'effacer
progressivement les cultures sociales des colonisés. En effet, comme le
pense Abdou SYLLA, l'Etat a manqué au début des
indépendances :
« Une politique éducative
définissant de manière précise les principes et les
finalités (....) de l'école sénégalaise, un plan de
développement de l'école qui détermine avec
précision les phases de son développement avec des projections
à cout, moyen et long terme(...) ; il était remarquable que
l'école nationale sénégalaise post indépendante
soit une simple excroissance, un appendice de l'école
française ».5(*)
L'analyse de SYLLA suggère que les langues nationales
étaient hors programme en ce qui concerne leur insertion dans
l'enseignement dans la mesure où l'élite
sénégalaise a maintenu l'enseignement avec la langue occidentale.
Mais ce n'est qu'à partir des contestations de Mai 1968 que l'exigence
de réforme de l'école se note.
Dans le domaine linguistique, des programmes de revitalisation
des langues nationales, avec notamment les décrets des transcriptions,
ont vu le jour. En 1968 , le décret n°68-871 relatif à
la transcription des langues nationales a été abrogé puis
remplacé par celui du 21 mai 1971(n°71-566) et
complété par le décret n°72-702 du 16 juin 1972. Le
gouvernement a décidé de l'abroger pour les motifs tels que les
suggestions adressées au chef de l'Etat par les linguistes,
grammairiens ou simples particuliers. Bien avant cette période,
SENGHOR6(*), jeune
professeur en 1937, réclamait l'introduction des langues nationales dans
l'enseignement. Ce qui sera à l'endroit des nombres de critiques venant
de certains cadres africains et de l'administration coloniale.7(*)Mais notons que ces litiges ne
découragent guère les chercheurs et politiques qui croient aux
valeurs de nos langues nationales. Ainsi les politiques envers elles sont
renforcées de gouvernement en gouvernement, c'est-à-dire à
l'arrivée de chaque nouveau Chef d'Etat. Cependant, malgré cet
engouement, nos langues restent davantage au plus bas niveau à
l'échelle planétaire. Comment sommes-nous arrivés
à ce stade ? Quelles politiques ont subies nos langues
nationales ? Quels atouts économiques et socioculturels peuvent
-elles regorger si elles sont prises en considération dans
l'enseignement formel?
Ces interrogations si lapidaires nous permettent de faire
recours à un diagnostic situationnel des langues nationales depuis la
période coloniale jusqu'à nos jours.
Comme nous le savons, la colonisation est un processus de
domination politique, d'exploitation économique et d'assimilation
culturelle d'un pays par un autre. En Afrique, ce processus était
dûment assuré par les colonisateurs qui
orientaient leur politique de domination et d'assimilation le plus
souvent sur la sphère culturelle dont le point de départ
constitue la langue. Ainsi l'Afrique francophone était plus
exposée à cette forme de politique coloniale (le `'direct
rule'').Cette période de l'expansion française, appelée
par KI-ZERBO, « l'âge d'or des étrangers »,
consistait en une mainmise par les colons sur l'économie, les
structures politiques, la culture et l'éducation.
Sur le plan économique, il s'agit de tirer le maximum
de terres conquises, de rentrer dans ses fonds ; c'est en fait la
`'doctrine `'coloniale d'Albert Sarraut en 1923 qui présente les
colonies comme le recours décisif qui relèvera la France des
misères de la guerre.8(*)Cette politique économique coloniale a
changé le comportement intellectuel et socioéconomique des
populations africaines. Rappelons ces propos de
KI-ZERBO : « En générale, la colonisation
a mis en train un processus de transformation intérieure. Des
sociétés closes et repliées sur elles -mêmes sont
déjà travaillées par le levain de l'argent et des
idées nouvelles. La propreté privée connue
jusque-là s'implante surtout dans les zones côtières et
dans les villes. La dot versée à la fiancée,
jusque-là symbole et lien, se transforme surtout dans les villes en un
prix comme les autres ».
Sur le domaine sociopolitique, la France contrôlait
l'Afrique de l'Ouest qui égalait neuf fois sa propre superficie, soit
cinq millions de kilomètres carrés. Deux ensembles composaient
les territoires français : les territoires de l'A.O.F
(Sénégal, Mauritanie, Guinée, Cote d'Ivoire, Niger,
Dahomey, Soudan et Haute Volta) et ceux de l'A.E.F (Congo, Gabon,
Oubangui-Chari et Tchad).A la tête de ce système il y'avait le
ministre des colonies, responsable de l'administration coloniale devant
l'assemblée nationale.il était représenté dans
chaque fédération par un gouverneur général,
ordonnateur du budget fédéral, maître des forces
armées et chef des services administratifs centraux de la
fédération. Le gouverneur conduisait le travail pratique par un
réseau de commandants de cercle, ultérieurement secondés
par des chefs de subdivision.
Par ailleurs, la société africaine
colonisée connaît une hiérarchisation mettant en oeuvre
deux classes sociales :''les citoyens'' et les `'indigènes''.Les
premiers étaient favorisés par rapport à leur statut
social et intellectuel. C'est le cas par exemple des natifs de quatre communes
du Sénégal (Saint Louis, Gorée, Dakar et Rufisque) qui ont
la citoyenneté française.
L'éducation ou plutôt l'enseignement des peuples
africains colonisés demeure oppressif dans la mesure ou le
système éducatif était inégalement réparti
et asservissait les valeurs africaines. L'enseignement laïque avait
été crée par Faidherbe. Il est organisé en A.O.F
par l'arrêt de 1903 prévoyant l'école de village,
l'école régionale pour la préparation du C.E.P.E. et
l'école urbaine pour les fils de citoyens. L'enseignement professionnel
était donné à l'école Pinet-Laprade de
Gorée. L'école normale et l'école primaire
supérieure de Saint-Louis (école Faidherbe) deviendra le premier
lycée d'Afrique noire, suivi par le cours secondaire Van Vollenhoven de
Dakar. Le contenu de cet enseignement fait partie intégrante du
système colonial. Il s'agit d'éviter que l'enseignement des
indigènes ne devienne un instrument de perturbation coloniale
d'où le malthusianisme culturel, les programmes tronqués
sacrifiant la culture générale et l'histoire africaine
authentique. Les petits wolofs apprenaient à connaître leurs
« ancêtres les gaulois » et les Toucouleurs
récitaient des leçons présentant EL-Omar comme sinistre
agitateur. Les langues africaines sont prohibées dans ces écoles
et leur utilisation entraine la mise à genoux dans un coin avec les
oreilles d'ânes...9(*)
Rappelons nous du fameux `'symbole'' à l'école primaire qui
permettait de sanctionner négativement l'élève qui serait
le dernier à parler une langue nationale. Il était
symbolisé soit par un gros os, soit par un gros bois pour montrer ou
faire savoir à la communauté que cet élève n'a pas
les aptitudes à manier le français ;et ça devenait
une vexation pour ce dernier. Par conséquent, la langue française
demeurait à l'égard des colonisés francophones `'une
contrainte sociale'' suivant la conception durkheimienne dans la mesure
où, ces derniers étaient libres de ne pas parler le
Français mais ils ne pouvaient pas faire autrement. En effet, est-il
inutile de rappeler que la langue française est imposée à
toute l'Afrique francophone sous domination coloniale ? Il nous est
possible alors de rappeler le processus d'aliénation, de substitution et
d'institutionnalisation des langues coloniales eu égard aux langues
autochtones africaines.
Au Sénégal, à l'instar des autres pays
d'Afrique francophone, la colonisation a battu son plein durant des
siècles. Les recherches scientifiques témoignent de la
présence humaine sur le territoire du Sénégal depuis des
milliers d'années. L'apparition des métaux date d'au moins 500
ans avant notre ère, mais la fondation de royaumes
sénégalais est plutôt récente, soit avant le
VIIème siècle. L'islam est alors apparu dans la région
occasionnant de nouveaux royaumes musulmans. Aux IXème siècles,
les toucouleurs s'installèrent dans le Fouta-Toro et la vallée du
Sénégal. Le puissant royaume du Tekrou, pour sa part, domina
l'est du pays à partir du XIème jusqu'au XIVème
siècle.
Les premiers Européens à fréquenter la
région furent les portugais qui, en 1444, atteignent l'embouchure du
Sénégal et l'archipel du cap -vert. Ce fut le début des
relations commerciales avec les Européens. Les portugais
s'installèrent à Gorée, une petite ile à trois
kilomètres au large de Dakar, qui, pendant très longtemps,
constituera l'entrepôt principal de la traite négrière.
Après 1600, les portugais furent chassés par les hollandais et
les français, ces derniers dominèrent vers 1700 le commerce de la
région côtière. Un premier comptoir français,
fortifié, fut installé en 1959 sur l'île de Ndar, à
l'embouchure du fleuve Sénégal : ce fut la ville de
Saint-Louis fondée par Louis Caullier, agent de la compagnie du Cap-Vert
et du Sénégal, en hommage au roi de France, Louis XIV, alors
souverain régnant. Malgré la rivalité franco-britannique
et de nombreux conflits à la fin du XVIIème siècle et
durant tout le XVIIIème siècle, l'influence française
s'étendit dans toute la région, hormis la Gambie. Après
une brève occupation britannique (1758-1779 et de 1809-1814), le
Sénégal redevint français. Saint-Louis resta un centre
actif du commerce des esclaves durant tout le XIIIème siècle.
Autour de 1789, la ville de Saint-Louis comptait au moins 10 000 habitants
(6000 Noirs ; résidents permanents ,1200 mulâtres, 300
esclaves et quelques 600 Européens, y compris la garnison).Il y eut de
nombreux mariages mixtes, car il était interdit aux européens qui
se rendaient en Afrique d'amener leur femme et leurs enfants. Plusieurs
commerçants et trafiquants blancs laissèrent un héritage
important à leur femme et leurs enfants, qui prirent le nom
d' « enfants du pays ».La France n'abolit l'esclavage
qu'en 1848.
Le général Louis Faidherbe (1818-1889) fut
nommé gouverneur du Sénégal en 1854.Il entreprit la
réunification du pays10(*) en repoussant les Toucouleurs à l'Est du Haut
Sénégal (1855-1863), rejeta les maures au nord du fleuve, puis en
1858 il annexa le pays des wolofs (à l'époque : Yolofes).De
retour à Saint-Louis, il décida de relier cette ville au
Cap-Vert. En 1895, le Sénégal devint officiellement une colonie
française administrée depuis Saint-Louis.
Après la seconde guerre mondiale, une assemblée
territoriale fut crée au Sénégal, Léopold
Sédar Senghor, l'un des députés du parlement
français, domina la vie politique locale de son pays. Le français
avait été choisi comme langues officielle durant toute la
colonisation française. Donc, force nous est de comprendre que durant
toute la période coloniale, les langues africaines en
générales et sénégalaises en particulier n'avaient
guère d'envergure. Et la politique coloniale a fortement
contribué à l'effacement de nos langues dans les secteurs
administratifs de l'époque.
En effet, quelle est la situation de nos langues
nationales dans un Sénégal indépendant ?
Le Sénégal obtint son indépendance le 18
juin 1960.Après une éphémère
fédération sénégalo-malienne, le
Sénégal est dirigé par Léopold Sédar Senghor
(1906-2001) qui laissera la place à son ancien premier ministre Abdou
Diouf. Ce dernier dirigea, en outre, la confédération
sénégambienne de 1982 à 1989. Au moment de son
indépendance, le Sénégal, comme la plus part des Etats
africains francophones nouvellement indépendants, a choisi le
français comme langue officielle. Cette clause constitutionnelle
signifiait que le français devenait la langue de présidence de la
république, de l'assemblée nationale, de l'administration
publique, des cours de justice, des forces armées et policières,
de l'enseignement à tous les niveaux, de l'affichage, des medias etc.
Les dirigeants ont ainsi privilégié la langue qui leur parait la
plus immédiatement disponible et opérationnelle. Toute la
politique linguistique écrite du Sénégal, à cette
époque tenait essentiellement de l'article1 de la constitution qui
faisait du français la langue officielle. Par conséquent, le
français prenait toute la place dans l'espace politique et socio
-économique.
Cependant, le français demeure une langue
étrangère parlée par 15% à 20% des
sénégalais et par 1% à 2% des sénégalaises.
Il est la langue maternelle d'une minuscule élite tout au plus 0,2% de
la population du pays.11(*)Ainsi, se demander pourquoi le Sénégal
compte un si fort taux d'analphabètes en langue française,
revient à se rappeler que 55% des jeunes sénégalais vivent
dans les régions rurales et que très peu d'entre eux
fréquent l'école ;les enfants étaient
considéraient comme des bras supplémentaires aux travaux
champêtres. C'est ce qui pourrait expliquer que 80% à 90% des
jeunes ne parlent pas français. Par ailleurs, 82% des
sénégalais vivant en milieu rural ne savent ni lire ni
écrire aucune langue.
La politique linguistique du Sénégal peut
être caractérisée en deux volets : d'une part,
promouvoir les principales langues nationales pour en faire des langues de
culture, d'autre part, maintenir le français comme langue officielle et
comme langue de communication internationale. D'ailleurs l'article 1 de la
constitution du 7 janvier 2007 le reconnaît officiellement.
Jadis, Léopold Sédar Senghor, dans le
décret de 1971, rappelait que la langue officielle est le
français et aussi comme langue d'enseignement car, selon lui, vouloir
faire des langues nationales un instrument efficace pour l'enseignement des
sciences et des techniques peut constituer un retard au rendez-vous de l'An
2000.
Plus tard, en 1991, la loi n°91-22 du 16 février
définit les principes généraux de l'éducation
nationale mentionnés dans l'article 6 qui stipule :
1-« L'Education nationale est
sénégalaise et africaine : développant l'enseignement
des langues nationales, instruments privilégiés pour donner aux
enseignés un contact vivant avec leur culture et les enraciner dans leur
histoire, elle forme un sénégalais conscient de son appartenance
et dans son identité ».
2-« Dispensant une connaissance approfondie de
l'histoire et des cultures africaines, dont elle met en valeur toute les
richesses et les apports au patrimoine universel, l'Education nationale
souligne les solidarités du continent et cultive le sens de
l'unité africaine ».
3-l'Education nationale reflète également
l'appartenance du Sénégal à la communauté de
culture des pays francophones, en même temps qu'elle est ouverte sur les
valeurs de civilisations universelles et qu'elle inscrit dans les grands
courants contemporains ,par là, elle développe l'esprit de
coopération et de paix avec les hommes ».
En effet, nous remarquons que cet article est axé
nuancement sur la langue française et les langues nationales.
Qu'en est-il en réalité ? En d'autres termes, que
revêt l'éducation africaine en générale et
sénégalaise en particulier face à la domination des
langues des anciennes métropoles ?
Nous savons évidement que dans la plupart des pays
africains comme au Sénégal, la langue du colon reste toujours
officielle. Selon les recherches, seuls un petit nombre de pays ont
officialisé leur langue autochtone. Il s'agit de l'Ethiopie
(amharic), de la somalie (somali), de la Tanzanie (kiswahili)
du Burundi (kirundi), du Rwanda (kinyarwanda) et du
Centre-Afrique (sango).Pour sa part, le Mali est doté de plus
de huit mille centres d'alphabétisation répartis en six mille
cent treize villages dont les alphabétisés participent dans les
efforts de développements de leurs milieux (relevés
pluviométriques, traitements des champs, enregistrements des
décès et des naissances etc. Il a aussi mieux à
l'épreuve une « Pédagogie
Convergente »(PC) qui consiste à commencer à
enseigner en langues nationales tout en introduisant progressivement le
Français. Par ailleurs, le Sénégal reste loin eu
égard à cette volonté de promouvoir nos langues dans les
instances administratives et socio-économiques.
Quelle est la politique linguistique menée par
le Sénégal depuis son indépendance jusqu'à
maintenant ? Quelles théories ou analyses ont fait les penseurs
dans le domaine des langues nationales ? Autrement, comment sont
analysées les langues nationales par rapport à leur
introduction /adoption dans le système d'enseignement formel
sénégalais ?
Ces interrogations ci-dessus requièrent de faire le
tour de la question en revisitant l'ensemble des théories ou
écrits faits sur le domaine de ces dites langues. Cela nous permettra en
outre de positionner la cadre actuel des choses.
I-2.Position du problème
Par leurs langues, beaucoup de pays africains se sont
communiqués pour se libérer de la colonisation. Ainsi, depuis ce
moment, certains des penseurs africains remarquent la nécessité,
la pertinence et l'éminence d'un recours aux langues
africaines ; c'est-à-dire leur prise en compte pour une analyse
sociolinguistique ou de leur adoption dans un système d'enseignement
durable. Pour ce faire tant d'analyses théoriques sont effectuées
depuis longtemps par la communauté des scientifiques africains afin de
montrer le déphasage existant entre nos langues officielles et
l'identité des sociétés africaines.
Notons des penseurs qui ont fait des théories
générales pour une éducation endogène africaine
s'appuyant sur les langues africaines. A cela, rappelons la vaillante
préoccupation de KI-ZERBO lorsqu'il fait savoir que
l'Education endogène est absente en Afrique. En d'autres termes, la
crise de la société et de l'économie est fondamentalement
une crise culturelle. Les cultures doivent être évolutives
préparant le changement dans les perceptions, les concepts, les valeurs,
les progrès scientifiques et techniques que les sociétés
doivent s'approprier et intégrer au point de devenir à leur tour
créatrices de ces domaines. S'il veut vivre, notre continent doit
considérer qu'il doit entrer dans le `'temps de l'Education'' dont il
faut redéfinir la finalité et le rythme en procédant
à une réflexion permanent entièrement tendue vers la
recherche d'un mieux-vivre pour le plus grand nombre. Le système
d'enseignement africain d'aujourd'hui, inadapté et élitiste,
alimente la crise en produisant des inadaptés économiques et
sociaux et en dédaignant des pans entiers de la population active. Pour
ce constat, il parle de `'déculturation linguistique'' faite par les
politiques scolaires coloniales.
Ainsi ,cette posture de Ki-ZERBO est bien comprise par
Abdoulaye NIANG12(*) qui
le cite dans son article `'l'Afrique dans la renaissance
africaine''(2009), lorsqu'il confesse : « nous
devons, nous même, essayer d'inventer nos modèles nos concepts et
nos stratégies d'attaque... il nous faut faire confiance à nous
face aux confiscations qui nous menacent et risquent de compromettre nos
efforts »13(*).En d'autres termes, il est obligatoire,
nécessaire et possible pour le continent africain, par le truchement de
ses propres outils linguistiques, de s'affirmer et de s'auto affirmer au
fronton des communautés scientifiques du monde.
Comprenant la pensée de KI-ZERBO nous remarquons qu'il
montre que le type d'Education formelle faite en Afrique, au moyen des langues
des ex puissances coloniales, constitue un retard pour les
sociétés africaines dans la mesure où il favorise des
impacts nocifs sur la culture et la société :l'école
arrache trop souvent les jeunes à leur milieu social, elle aggrave
fréquemment les inégalités sociales et contribue à
l'effacement des cultures autochtones. En cela il
déclare : « c'est une éducation nouvelle
bien enracinée qui peut rendre le sens d'une confiance en soi
productrice d'imagination »14(*).Tout compte fait l'analyse de Ki-ZERBO sur
la situation linguistique de l'Afrique dans le cadre éducatif
était globale pour toute l'Afrique. Il ne prend pas, par ailleurs, en
compte les facteurs qui peuvent empêcher sa réalisation.
Par ailleurs, au Sénégal, depuis très
longtemps, des analyses ont été au rendez-vous concernant les
langues nationales ou locales, l'alphabétisation etc. Au moment
même de l'occupation coloniale Lat Dior (1842-1886) dixit en
wolof : `'assuma sopp ku naan bonsuur'' (« je n'ai
jamais aimé ceux qui disent bonjour »).Ces propos du
grand résistant sénégalais laissent comprendre
l'opiniâtre refus de l'oppression culturelle voire linguistique par
nombres d'africains.
En outre, nous pouvons noter les théories de Cheikh
Anta DIOP qui a tant cogité sur la sociolinguistique des langues
africaines et le choix unique d'une langue nationale officielle au
Sénégal, et ensuite une langue unique pour toute l'Afrique. Ainsi
il s'est focalisé le plus souvent sur les valeurs du wolof et de son
avantage comme choix pour son intrusion dans les champs de formation. Sur ce,
il a fustigé la politique velléitaire de l'Etat du
Sénégal eu égard à sa non prise en
considération des langues nationales dans le système
éducatif formel et de sa réticence dans le cadre des choix
théoriques et politiques qui se concrétise par l'absence d'une
méthodologie d'alphabétisation clairement définie. Pour sa
part, l'alphabétisation touche peu de gens et que les résultats
sont médiocres. Depuis les indépendances nous constatons que la
langue française et aussi la littérature d'expression
française, hors de l'Europe, n'ont jamais été promues,
nationalement et internationalement en locuteurs comme en auteurs. Aussi, nos
langues nationales sont dans nos pays à des degrés divers et
sous formes multiples l'objet :
Soit d'une politique de sollicitude ouverte en vue de
l'alphabétisation et de la scolarisation du plus grand nombre dans la
plus part.
Soit d'une politique de tolérance
délibérée et dynamique dans certains de nos Etats
membres.
Soit politique d'étude et de recherche scientifique de
tous ou de celle de promotion globale chez encore une minorité.
En effet, que faire suivant cette situation
malencontreuse de nos langues nationales ?
A cette interrogation, en découlent des
éléments de réponse à travers la théorie
toujours, de Cheikh Anta Diop pour qui, il est nécessaire et idoine de
développer les langues nationales. A ce titre, il rappelle :
qu' « il est plus efficace de développer une langue
nationale que de cultiver une langue étrangère ; un
enseignement qui serait donné dans une langue maternelle permettrait
d'éviter des années de retard dans l'acquisition de la
connaissance. Très souvent l'expression étrangère est
comme un revêtement étanche qui empêche notre esprit
d'accéder au contenu des mots qui est la réalité. Le
développement de la réflexion fait alors place à celui de
la mémoire. (...).On pourrait objecter la multiplicité des
langues en Afrique Noire .on oublie alors que l'Afrique est un continent au
même titre que l'Europe, l'Asie, l'Amérique, or sur aucun de
ceux-ci l'unité linguistique n'est réalisée ;
pourquoi serait-il nécessaire qu'elle le fût en
Afrique ? ».15(*).Ainsi, la volonté de C.A.DIOP est de
voir les écoles africaines en générale et
sénégalaises en particulier livrer ses enseignements par le biais
des langues nationales sans lesquelles le développement de l'expertise
africaine est sans lendemain meilleur. C'est ce que l'Etat
sénégalais, depuis la décolonisation, `'tente d'adopter''
dans sa politique de `'promotion des langues nationales''
(l'alphabétisation) ou `'d'introduction des langues nationales dans le
système éducatif formel''.
Ainsi, Abdou Sacor MBOUP 16(*) accorde une place déterminante aux langues
nationales dans l'acquisition et la transmission du savoir.
« L'école africaine aurait tout à gagner à
faire la promotion des langues nationales, non à des fins d'une
simple alphabétisation s'adressant plutôt à l'adulte, mais
comme un véritable instrument », prêche
l'éducateur, qui soutient que l'enfant doit d'abord apprendre à
lire, à compter et à écrire dans sa langue maternelle
avant d'apprendre une langue étrangère.
« L'apprentissage d'une langue
étrangère ne devrait, dès lors, intervenir qu'entre 9 et
10 ans, c'est-à-dire dès que l'enfant sera capable de
dépasser son égocentrisme dès les premiers moments de
scolarité ».17(*) Quid en réalité de l'usure
constatée de nos langues nationales ?
Les approches mises au point par l'ensemble des gouvernements
que le Sénégal ait connus sont remises aux calendes grecques dans
la mesure où les résultats des politiques linguistiques
connaissent des blocages incessants qui permettent guère l'adoption
voire l'intrusion des langues nationales dans l'enseignement formel.
Devenu chef d'Etat du Sénégal en 1960,
Léopold Sédar SENGHOR multiplie les déclarations
officielles soulignant la nécessité de recourir aux langues
nationales du pays. Il s'est mis lui-même à la tache en
participant pendant 20 ans aux travaux de différentes commissions
chargées d'élaborer les alphabets officiels et les terminologies
sénégalaises .Ainsi les six langues les plus importantes( Wolof,
Peul, Sérère, Diola, Malinké, et Soninké) sont
codifiées et se sont dotées d'un
alphabet.(Cf. :décret du 21 mai 1971).
L'école sénégalaise est marquée
par l'enseignement du français. Ce dernier débute à
l'âge de six ans ou sept ans pour les écoles publiques
laïques et à l'âge de trois ans pour les écoles
privées confessionnelles catholiques et protestants .Le Français
constitue la langue d'enseignement pour toute la durée des
études. Par ailleurs, il faut noter la forte présence de d'autres
langues dans l'enseignement secondaire et universitaire au détriment de
nos langues ; d'où le point de rappeler que nos langues nationales
sont absentes au niveau de l'éducation formelle.
Dans le rapport remis le 06 juin 1984 au Président de
la République, la CNREF (commission nationale de la reforme de
l'éducation et de la formation) expose 906 pages la politique
générale de l'éducation et ses propositions concernant
d'une part le personnel de l'école et d'autre part les moyens de''
l'école nouvelle''.Cette nouvelle politique générale de
l'école a consacré son chapitre 7 à l'introduction des
langues nationales dans le système éducatif. Elle visait une
école nationale démocratique, conçue et fonctionnant dans
l'intérêt du peuple, ouverte sur la vie...il s'agit entre autres
un cycle fondamental qui reçoit les enfants de 03 à 16 ans
suivant une éducation préscolaire et de l'enseignement
polyvalent, l'enseignement moyen général obligatoire et gratuit
qui prend en compte l'apprentissage de la langue du milieu, l'enseignement des
mathématiques, de l'Art, de la religion etc.18(*)
Ses états généraux d'une école
nouvelle proposée par la CNREF ne seront appliqués qu'en
1995-1996.Mais, on note d'emblée que le chapitre qui consistait
à introduire les langues nationales dans l'enseignement formel n'est
guère pris en considération, or certaines langues étaient
déjà transcrites pour leur éventuelle entrée dans
le système d'enseignement.
Toujours, on note des décrets abrogeant les uns les
autres en vue de faire des langues nationales des `'langues de culture'' et de
leur insertion à l'école sénégalaise.
A l'occasion de la 29éme semaine nationale de
l'alphabétisation le décret n° 85-1232 du 20 novembre 1985
a été revu, complété et remis à jour, lors
des ateliers des 7et 8 septembre 2004.L'objectif est de faire des langues
nationale sénégalaises des langues de culture et, par la
même occasion ,de donner plus de moyens et d'efficacité à
l'éducation la modernité et aux efforts de développement,
exige que ses langues soient écrites, introduites dans le système
éducatif et utilisées dans la vie officielle et
publique.19(*)
Ce présent décret atteste que le wolof, par
exemple, régisse tous les attributs linguistiques pour être
utilisé dans l'enseignement dans la mesure où, il est doté
dés lors d'un alphabet (27 lettres dont 21 consonnes et 6 voyelles),
d'une phonologie, de nom et ses déterminants, de verbe et ses
modalités, de dérivation et de composition ,ainsi que des signes
et des ponctuations dont l'ensemble est illustré par un texte transcrit
en français.(Cf. Rapport de présentation du décret
2005-992).
Par ailleurs, le gouvernement sénégalais avait
annoncé que, au plus tard en 2003, l'ensemble des
dispositifs sera mis en place pour que les langues nationales soient
réellement introduites à l'école. Un plan d'action a
été élaboré posant les premiers jalons de cette
introduction des langues nationales dans le système éducatif
sénégalais. Ainsi neuf langues nationales codifiées
devraient être enseignées ''bientôt'' dans le système
formel de l'éducation. L'introduction des langues nationales dans
l'école fondamentale de base fait partie des objectifs du programme
décennal de l'éducation et de la formation(PDEF).
En conséquence, tant de décrets et de programmes
sur les langues vernaculaires sénégalaises se sont
succédé depuis 1968 à 2005, mais on note toujours leur
absence dans l'enseignement primaire et secondaire formel demeure toujours une
triste réalité dont les motifs sont à rechercher dans la
totalité de la structure sociétale du Sénégal. Cela
revient à poser ces suivantes interrogations :
Comment expliquer cette totale absence d'une ou des
langues nationales dans l'enseignement formel ? Comment, malgré
nombres de politiques linguistiques, d'analyses théoriques,
scientifiques et expérimentales sur les langues nationales, celles-ci ne
sont pas encore introduites dans le système éducatif
formel ? Autrement, comment expliquer, à l' instant où la
quasi-totalité des sénégalais reconnaissent les atouts des
langues nationales, leur inexistence dans l'enseignement formel ? Comment
expliquer l'absence de nos langues dans l'enseignement formel au moment
où elles sont plus usitées (informellement) dans tous les
secteurs administratifs sénégalais ?
A ces interrogations, des chercheurs ont
présenté une panoplie de blocages qui semblent être sur la
voie de notre objet d'étude. Il s'agit en quelque sorte de blocages
socio économiques et culturels analysés comme suit :
Pour certains penseurs, la langue maternelle
déjà parlée ne peut pas être apprise à
l'école car c'est une trivialité d'apprendre ce qu'on assimile
à priori. « La majorité des parents
n'approuvent pas que l'on enseigne à l'école une langue (sa
langue maternelle) que l'on parle déjà. En effet 80% des
sénégalais analphabètes veulent apprendre le
français pour avoir une bonne situation ».
Par ailleurs, le plurilinguisme pris en compte dans son
ensemble dans le système éducatif formel peut constituer une
source de blocage dans la mesure où l'introduction de la plupart des
langues dans ce dit système requiert une mutation profonde de ce
dernier.
« Un enseignement intensif des langues
sénégalaises entrainerait une reforme complète et trop
coûteuse du système d'enseignement ».
En outre, d'autres chercheurs ont argué sur''
l'insuffisance'' didactique des langues sénégalaises en ce qui
concerne « les recherches terminologiques en wolof qui ne sont
pas achevées et devant être élaborés en
quantité de manuels et grammaires scolaires, dictionnaires monolingues,
études sociolinguistiques sur les variétés du wolof
et les recherches terminologiques dans les autres langues sont à peine
amorcées ».20(*)
Dans son article, Dominique ROLLAND, rappelle que
« Des expériences nombreuses ont été
menées pour introduire les langues nationales à l'école.
Elles se sont heurtées à des résistances
considérables : difficultés d'élaboration de
matériel didactique, de conceptualisation, sentiment de créer une
école à deux vitesses en favorisant l'émergence d'un
secteur privé »21(*)En d'autre termes les causes du blocage de
l'introduction des langues nationales dans l'enseignement sont à
recherche, comme nous l'avions dit en haut, dans l'élaboration d'un
cadre linguistique regroupant toutes les normes éducatives tant sur le
plan pédagogique que sociopolitique.
Dans un autre cadre, notre objet de recherche semble
être effleuré par Souleymane GOMIS qui, sur sa remarque du statut
de la langue française dans les écoles
sénégalaises, stipule : « Alors on
s'interroge sur la réelle volonté des politiques
et des intellectuels ,bien qu'ils connaissent les limites de l'usage du
français dans l'enseignement pour la transmission des valeurs
culturelles locales, ils ne décident pas à joindre à cette
langue du colonisateur certaines langues nationales dans la formation du jeune
citoyen »22(*)
Ainsi « la seule réponse que les
décideurs politiques sénégalais affichent et qui reste
purement politique consiste toujours à dire que le choix du
français permet d'éviter des tensions entre les
différentes composantes linguistiques de la nation
sénégalaise » considère Lilyan
KESTELLOT.
Dans ce même registre, S.GOMIS précise
que : « beaucoup de discours d'hommes politiques
sénégalais portaient déjà cette volonté de
prise en compte des langues nationales. Mais jamais la classe politique n'a
réussi à dépasser cette étape du discours pour
arriver à concrétiser l'idée d'enseignement des langues
nationales »
Pour toutes ces raisons, selon certains chercheurs, la
perspective d'introduire comme langue d'enseignement l'une des langues
nationales, voire les six, paraît bien lointaine. Jusqu'a maintenant
toutes les politiques de valorisation des langues nationales a porté
exclusivement sur l'éducation ; les résultats sont
piètres même si des progrès considérables ont
été faits depuis une vingtaine d'année.
C'est à ce titre que je me propose, par un souci de
complémentarité des thèses ci-dessus, de rechercher les
véritables causes de la non- introduction des langues nationales de
l'enseignement formel après l'échec des « classes
expérimentales »23(*) dont le but consistait à permettre
l'introduction `'formelle'' de nos langues dans l'enseignement
élémentaire formel .
I-3. Motivations
La langue est souvent le giron d'une
identité culturelle. Sans une langue bien définie et
clairement nourrie grâce à son enseignement et
son apprentissage, il est quasi impossible de s'imposer sur la scène
internationale. Ainsi, par souci de voir disparaître nos langues
nationales comme le cas du grec, du latin ... à l'heure actuelle, nous
sommes motivé à décrypter les facteurs qui pourront
permettre leur probable disparition.
En outre, la plupart des intellectuels africains et notamment
sénégalais sont pessimistes eu égard au pragmatisme de
nos langues dans un système éducatif formel dans la mesure
où, à travers certains comportements, nombres de
sénégalais manifestent une croyance de l'inefficacité de
nos langues. C'est ce qui fait que les politiques linguistiques de l'Etat tant
décrites ne sont guère poursuivies intensément.
En fin, ce qui nous motive se justifie aussi du fait que, le
Sénégal à l'heure actuelle incorpore dans son
système d'enseignement formel plus d'une dizaine de langues extra
africaines (anglais, espagnol, portugais...) en omettant les miennes. Par
ailleurs, on note même l'émergence de l'enseignement de la langue
chinoise dans certains temples de savoir.24(*)
C'est dans ce sillage que je me propose de saisir les
causes efficientes de l'absence d'une ou des langues nationales dans
l'éducation formelle afin que mes résultats obtenus puissent
être pris en compte par les décideurs politico éducatifs
afin de pouvoir solutionner durablement les écueils de cette insertion
de nos langues dans l'enseignement formel.
I-4.Intérêt du sujet
Notre réflexion sur ce thème n'est pas une
construction ordinaire. Elle doit être une participation dans le domaine
scientifique. Etant donné que les sciences sociales, surtout la
sociologie, se proposent d'expliquer ou de comprendre les activités
sociales, alors il serait intéressant pour nous, de se départir
des pensées naïves pour mieux se rendre compte des enjeux de
l'Education par rapport aux langues nationales.
Ainsi, travailler sur ce sujet peut permettre à
l'intelligentsia de la société sénégalaise en
particulier et africaine en général d'avoir un aperçu sur
les facteurs qui galvaudent les langues africaines et leur participation
formelle et scientifique aux secteurs administratifs.
En outre, l'étude peut susciter des recherches futures
capables de mieux cerner les goulots d'étranglement que connaissent les
langues nationales africaines pour leur adoption dans un système
éducatif formel.
Cette question qui, aujourd'hui, se pose en termes
complexes, mérite compréhension, explication et
éventuellement solutions. Dés lors, notre étude
n'atteindra son enjeu que lorsqu'elle réussi à répondre
cette triple exigence. Cette dernière est une des raisons les plus
valables pour justifier l'intérêt que porte notre étude.
I-5. Question spécifique de recherche
Comment expliquer les blocages liés à
l'introduction de nos langues nationales dans l'enseignement
élémentaire formel au Sénégal, nonobstant toutes
les politiques linguistiques entreprises depuis la fin de la colonisation
jusqu'à nos jours ?
I-6.Objectifs de recherche
-Déterminer et analyser les blocages structurels
qui empêchent le Sénégal d'introduire les langues
nationales dans le système d'enseignement formel.
-Analyser aussi la pertinence de nos langues nationales
dans le système éducatif afin que les politiques prévues
soient plus revues, renforcées et sérieuses.
1-7.Hypothèses de la recherche
L'usage du français comme langue d'enseignement dans
les écoles du Sénégal de la colonisation jusqu'à
nos jours, est demeurée un instrument administratif d'un poids
décisif. L'ensemble des l'appareil étatique reste régi
par des textes en français. P.DUMONT précise à ce sujet
que : « le français demeure la langue
privilégiée de la diplomatie et de la politique
sénégalaise : c'est la langue de l'autorité, celle de
l'Etat »
Ainsi, pour être mieux considéré ou se
valoriser dans certains milieux administratifs ou professionnels, il faudrait
faire « preuve d'une bonne élocution en français
».certains sénégalais continuent à croire que la
bonne maitrise de la langue française est synonyme `'d'éveil'',
de `'progression'' ou de `'civilisation''25(*).
C'est à cet état de fait et de croyance que mon
objet de recherche s'oriente en partant sous les hypothèses
ci-dessous :
-- Les causes de la
non-introduction des langues nationales dans l'éducation
formelle au Sénégal ne sont pas uniquement
liées à des problèmes socioculturels, économiques
ou didactiques, mais plutôt à une
velléité politique linguistique des
décideurs politiques sénégalais qui
reproduisent la violence symbolique linguistique
hélas véhiculée par l'administration
coloniale.
-- Selon les représentations
faites sur langues nationales par la société
sénégalaise, leur usage dans l'enseignement formel apparait
comme une régression socioéducative.
En effet, dans la perspective de vérifier nos
hypothèses nous nous proposons, par le biais de l'empirie, de recueillir
la conception des professionnels de l'éducation tels que les inspecteurs
de l'enseignement, les actuels et anciens enseignants, les parents
d'élèves, les chefs d'établissement, les maitres
expérimentateurs, les membres de syndicat de l'enseignement etc.).
I-8.Analyse conceptuelle
Cette partie sera le point de procéder à une
définition des concepts de nos hypothèses qui font l'objet de
notre etude.ils'agit des concepts suivants : Education formelle,
politique linguistique, reproduction, violence symbolique linguistique
et représentation.
*Education formelle
Le mot éducation vient du latin `'e-deucere `'
qui signifie conduire à partir de ; c'est-à-dire tirer d'un
état pour conduire à un autre.
Pris dans son sens le plus large, le terme
`'éducation'' recouvre toute activité visant à transmettre
à des individus l'héritage collectif de la société
où ils s'insèrent .son champ de compréhension inclut tout
autant la socialisation du jeune enfant par la famille, la formation
reçue dans des institutions ayant une visée éducative
explicite (écoles, mouvement de jeunesse) ou dans le cadre de
groupements divers (associations sportives, culturelles, des mass-médias
etc.
Selon DURKHEIM, elle est : « l'action
exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont
pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de
développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques,
intellectuels et moraux que réclament de lui et de sa
société politique dans son ensemble et le milieu spécial
auquel il est particulièrement destiné »
(Durkheim, Education et Sociologie (1922).
Par ailleurs, lorsqu' elle est suivie du qualificatif
`'formel'', elle devient alors un champ plus spécifique et restreint.
Ainsi l'éducation formelle concerne plusieurs niveaux et types
d'enseignement. Elle est composée de l'éducation
préscolaire, de l'enseignement élémentaire, de
l'enseignement moyen et secondaire général, de l'enseignement
technique et de la formation professionnelle et de l'enseignement
supérieur.
A chacun de ces niveaux, on retrouve à
côté de l'enseignement public, un enseignement privé. De
même, l'éducation spéciale occupe une place de plus en plus
importante dans le système.
Pour sa part, la Classification Internationale Type de
l'Education (CITE) définit ainsi l'éducation
formelle : « enseignement dispensé dans le
système des écoles, des collèges, des universités
et d'autres établissements éducatifs formels.ils constituent
normalement une `'échelle'' continue d'enseignement à plein temps
destinés aux enfants et aux jeunes, commençant en
général entre cinq et sept ans et se poursuivant jusqu'à
vingt ou vingt cinq ans... »26(*).
Appelée également `'scolaire'',
l'éducation formelle a pour cadre une organisation nationale relevant du
domaine de l'Etat. Elle est dispensée dans les institutions dûment
mandatées (écoles), par des professionnels (formés et
rémunérés par l'Etat), selon un processus
pédagogique déterminé (objectifs, contenus,
méthodes et outils)
Les principales caractéristiques de l'éducation
formelle sont :
*l'unité et la normativité :
l'éducation formelle est prédéfinies dans un cadre
législatif applicable pour tous sur l'ensemble du territoire
national ;
*la hiérarchisation des enseignants(en programme et
cycles) et des entités éducatives suivant une organisation
verticale ;
*la cohérence et la permanence des enseignants à
travers des programmes et des cycles allant du préscolaire à
l'enseignement supérieur ;
*le paradigme d'une éducation gratuite,
égalitaire, globale et universelle : l'éducation formelle
s'adresse à tous les citoyens « scolarisables »,
elle est censée leur offrir des chances égales de réussite
et d'intégration sociale à travers un enseignement prenant en
compte les besoins essentiels d'éducation et de formation.27(*)
Cependant, il semble plausible pour nous, d'évoquer
succinctement, pour plus de distinction, les caractéristiques de
l'éducation non formelle qui permettent de mieux se rendre compte des
deux concepts. Pour sa part, l'éducation non formelle se passe dans le
cadre extrascolaire, intègre tous les âges et ne suit pas
nécessairement une `'échelle''.
Le secteur de l'éducation non formelle comprend
l'alphabétisation, les écoles communautaires de base et les
« écoles du 3e type ».
*Politique linguistique
Par politique linguistique, il la comprendre selon HALAOUI
comme étant « la conception théorique qui
préside à la réalisation des actions entreprises ou
à entreprendre sur la langue » (HALAOUI,
2003 :7).Elle désigne alors une orientation qui sous-tend
l'ensemble des activités qui caractérisent ou favorisent
l'utilisation de la langue. Elle apparaît ainsi comme une dimension de
l'aménagement linguistique considérée comme plus large
puisqu'il intègre la totalité des actions de l'homme sur une
langue.
La politique linguistique du Sénégal, à
l'instar de celle de beaucoup de pays africains, n'est pas clairement
définie. Mais, la nature des débats autour des langues nationales
et les activités menées dans le cadre de promotion des langues
nationales, permettent de la classer dans le groupe des politique de
« facilitation de communication ». (HALAOUI, 1991,
2002,2003 :9).28(*)
Sous ce rapport, la politique linguistique apparaît,
à notre égard, comme la capacité d'une synergie de la
volonté et des moyens mobilisée en vue de développer une
langue sur le plan socioéducatif. Par elle, la langue peut se hisser au
rang des langues traductrices de sciences et par là de se maintenir face
à `'la guerre des langues''.
*Violence symbolique linguistique
Le concept de symbolique a en anthropologie une acception
restreinte et un sens large. Dans son acception restreinte ou
spécialisée, il sert à qualifier des oeuvres de cultures
qui ont pour caractéristiques d'être pourvues d'une valeur
perçue comme immédiatement expressive : mythes, rites,
croyances, etc.
Dans son acception large le symbolique renvoie donc à
ce processus constitutif de l'état de culture qu'est l'attribution de
sens au monde. Chaque société sélectionne des
significations ; chacune classe, réunit, oppose et
hiérarchise les objets de la réalité selon la
manière propre qui est à la fois le cadre
d'intelligibilité qu'elle se donne de la communication entre ses
membres.
Au sens sociologique, il importe de mentionner la conception
bourdieusienne de la `'violence symbolique'' .BOURDIEU entend
souligner que la capacité des agents en position de domination à
imposer leurs productions culturelles et symboliques joue un rôle
essentiel dans la production des rapports de domination.
Ainsi, il définit la violence symbolique comme
« la capacité à faire méconnaitre
l'arbitraire de ces productions symboliques, et donc de les faire admettre
comme légitime »s, est d'une importance majeure dans son
analyse sociologique. Par violence symbolique il faut entre aussi comme
« mécanisme premier d'imposition des rapports de
domination .Elle renvoie à l'intériorisation par des agents de la
domination sociale inhérente à la position qu'ils occupent dans
un champ donné et plus généralement à leur position
sociale. Cette violence est infra-consciente et ne s'appuie pas sur une
domination intersubjective (d'un individu sur un autre) mais sur une domination
structurelle (d'une position en fonction d'une autre) ».
Cette structure qui est fonction des capitaux
possédés pas des agents, fait violence car elle est non
perçue par les agents .Elle est source d'un sentiment
d'infériorité ou d'insignifiance qui est uniquement subi puisque
non objectivé.
La violence symbolique trouve son fondement dans la
légitimité des schèmes de classement inhérent
à la hiérarchisation des groupes sociaux.
En effet, dans l'esprit de notre problématique de
recherche, nous plagions BOURDIEU dans sa théorie de
la violence symbolique en y conjuguant l'adjectif ''
linguistique'' dans le but de décrire la manière dont
nos langues sont confrontées à une stigmatisation consciente ou
inconsciente sur le plan éducatif par les pouvoirs administratifs.
Ainsi, par violence symbolique linguistique nous entendons la
capacité ou l'attitude des élites d'une part et des acteurs
sociaux sénégalais d'autre part, à reléguer
symboliquement, c'est-à-dire par pure représentation, nos valeurs
linguistiques au plus bas niveau à l'échelle
planétaire.
Cet imaginaire collectif ; `'nos langues valent moins
que les langues extra africaines'', est ancré dans la conscience
collective sénégalaise et extra sénégalaise.
En effet, ces dires existant depuis la période
coloniale ne cessent de se perpétuer tant sur le plan national comme
international.
Rappelons la sarcastique affirmation de L.V.THOMAS lorsqu'il
dixit : « les négres sont des primitifs
...L'africain n'a pas de langue mais tout au plus des idiomes ou des
dialectes ,pas d'histoire mais à la rigueur des chronologies ,pas d'art
mais seulement un folklore...Il n'est pas capable de science ou de philosophie,
son seul savoir était magique ou empirique ;ni de morale puisqu'il
obéit, singulièrement à celle du
sexe »29(*)
Cette sournoise et insultante pensée de L.V.THOMAS a et
continue de dominer certaines mentalités africaines qui, sans
raisonnement, pensent que nos langues sont loin de pouvoir être vecteurs
de développement socioéducatif.
*Reproduction
Selon BOUDON et BOURRICAUD dans Dictionnaire critique de
la sociologie, le concept de reproduction dans son acception sociologique
est dû à MARX. Les processus économiques qualifiés
par MARX de processus de reproduction simple sont caractérisés
par la constance de la reproduction et de stabilité des relations de
production : les individus sont remplacé dans le temps mais le
système se reproduit à l'identique. Un processus est dit par MARX
de reproduction élargie lorsque la production est croissante mais que
l'organisation économique ou, pour par comme MARX, les rapports de
production demeurent stables : la production augmente, mais les relations
entre les classes comme les relations des individus à
l'intérieur des clases (par exemple la concurrence entre les
capitalistes) demeurent constante30(*).
Cependant, rappelons que MARX oriente sa conception de la
reproduction sous l'angle de l'économie. Ce qui nous permet de faire
recours à la conception bourdieusienne qui semble être plus
adéquate à notre problématique. Ainsi, BOURDIEU a
opéré une conception plus sociale de la reproduction prenant
dans ses analyses le facteur enseignement en compte.
Selon lui, la reproduction sociale est
« le principe dévoile l'illusion de l'indépendance
et de la neutralité des structures sociales ». Elle
légitime un arbitraire culturel, reproduit la structure de la
distribution du capital culturel et met à nu les contradictions qui
affectent le système d'enseignement présentant les agents
à la fois comme produits et reproducteurs des structures. La
reproduction de la domination s'effectue par le biais de la violence
symbolique, c'est à dire la capacité à faire
méconnaître l'arbitraire de ces productions symboliques, et donc
à les faire reconnaître comme légitimes.
En effet, nous entendons par `'reproduction'', dans l'esprit
de notre étude, la répétition globale et incalculée
du système d'enseignement légué par nos maitres d'hier(les
colonisateurs) qui demeure oppressif et anesthésiant pour nos visions du
monde, c'est-à-dire nos capacités à véhiculer nos
identités intellectuelles.
*Représentation
L'expression « système de
représentation » désigne d'une manière
générale les ensembles d'idées et de valeurs propres
à une société. Ces données traitées par la
sociologie comme des réalités autonomes existant
indépendamment de ce les psychologues appellent des
« représentations » ou des
« images » mentales .Toute société
élaborait ainsi plusieurs systèmes de représentations
spécialisées : du cosmos, de la totalité sociale, de
la magie et de la sorcellerie, etc. Dans l'esprit des individus, de tels
systèmes ne sont présents que de façon
généralement incomplète et particulièrement
conscient : on parlera de représentations collectives, qui
témoignent d'attitudes intellectuelles du groupe et non de dispositions
mentales individuelles. Cette conception antipsychologique a principalement
été défendue par DURKHEIM et par ses
continuateurs.31(*)
Par ailleurs, « la représentation sociale
comme un objet mental,' une forme de savoir pratique'', consistant
à une intégration spécifique des informations
possédées sur un fait .c'est une base de connaissance
`'socialement élaborée'' concourant à la construction
d'une réalité commune à un ensemble
sociale » (JODELET, 1989, p39.)
Ce savoir sert essentiellement `'à l'ajustement
pratique du sujet à son environnement (DOISE, 1989, p228).
Il s'agit donc d'un concept plus large que celui d'attitude
car l'attitude ne permet qu'un positionnement par rapport à un seul
objet. La représentation sociale, par ailleurs, fonctionne comme un
`'système d'interprétation régissant notre relation au
monde et aux autres, orientant et organisant les conduites et les
communications sociales''.Elle fonctionne comme un système cognitif
(avec ses interprétations affectives et sociales normatives)
d'interprétation et d'action sur le monde. Les représentations
sociales d'un groupe prennent appui sur la mentalité du groupe,
c'est-à-dire reliées à son système de valeurs et
à sa vision du monde.'' Une représentation s'inscrit toujours
dans un cadre de pensée préexistant''
Une représentation sociale est le résultat de la
transformation d'une série d'expérience concrètes
vécues en une sorte de `'théorie spontanées'' à
propos des expériences. Cette `'théorie spontanée' est le
résultat d'une sélection des informations, dune
`'neutralisation'' de certaines d'entre elles (c'est-à-dire, de
transformation en choses concrètes).
Les représentations sociales interviennent ensuite dans
la perception de la réalité en proposant des schémas touts
faits. Elles sont alors à l'origine de préjugés. Elles
exercent sur tous les membres du groupe une influence qui les poussent
à adopter la représentation sociale dominante et, plus s'y
conformer, orque cette représentation sociale concerne leur
identité.32(*)
Ainsi, dans le cadre de notre objet d'étude, notre
conception de la Représentation peut prendre à la fois le sens
durkheimien et celui des psychologues dans la mesure les représentations
faites sur les langues nationales sont à caractère collectif et
individuel.
A ce titre, nous concevons que le terme
`'représentation'' désigne tout simplement un ensemble de
comportements psychiques et mentaux collectifs et/ou individuels qui
orientent la façon de voir les choses dans une société
donnée. Elle peut être, selon le comportement du groupe, une
bonne ou mauvaise représentation qui peut être sous-tendue par le
contexte sociohistorique de ce groupe. C'est pour dire, par exemple comment le
sénégalais individuellement ou /et les
sénégalais collectivement voient les langues nationales et leur
comportements moraux qu'ils entretiennent à l'égard d'elles
après un contexte marqué par la colonisation.
1-9.Construction du modèle
d'analyse
Selon Jean Michel BERTHOLOT : « il ne
peut avoir en science sociale de constations fructueuses sans
l'élaboration d'un cadre théorique de
référence »33(*)
Par ailleurs, un fait social doit être
« conquis, construit et constaté », voila trois
instances que la sociologie en particulier et la science en
générale ne peuvent aucunement laisser en rade. En effet
après avoir conquis notre fait, il est alors le moment de le construire.
C'est ce qui fera l'objet de cette partie. Il nécessite, en substance,
de mobiliser nos hypothèses de recherche à travers les
schèmes d'intelligibilité du social en vue de mieux les cerner.
Pour ce faire, grâce à la nature de notre étude, nous nous
referons aux schèmes causal et herméneutique.
1-9-1. le schème causal
Comme le précise, en substance,
DURKHEIM dans Les règles de la méthode
sociologique(1895) : la cause déterminante d'un fait
social doit être recherchée parmi les faits sociaux
antécédents .En d'autres termes, le fait social s'explique
par le fait social c'est-à-dire qu'un fait de société doit
être expliqué par un autre fait de société. Donc ce
schème causal a pour but de faire ressortir les relations de
causalité, les rapports d'indépendance ou
d'interdépendance d'un phénomène particulier à un
autre.
Sa formule mathématique est : :(ApB)=B=
(A)).
Elle s'explique ainsi :
A est la cause de B et l'on ne puisse avoir B sans A qui
est chronologiquement et logiquement antérieur à B.
Appliqué à notre objet, nous aurons :
A= velléité politique linguistique de l'Etat du
Sénégal
B= blocages de l'introduction des langues nationales dans
l'enseignement formel.
Ainsi, la non-introduction des langues
sénégalaises dans l'enseignement formel (B) est produite par un
fait qui lui est antérieur, à savoir un manque de volonté
politique linguistique des décideurs politiques de l'Etat du
Sénégal (A).
En effet, nous pouvons envisager que la cause
déterminante de des blocages de l'introduction des langues nationales
est en grande partie liée à l'absence d'une politique
linguistique ferme et durable de l'Etat du Sénégal.
1-9-2. Le schème
herméneutique
Ce schème est utilisé pour visibiliser un fait
social complexe qui n'est pas possible à être facilement
appréhendé ou compris.
Sa formule mathématique
est :(ApB)=BS{B /A}).Elle signifie :
B renvoie à un A qui est son sens ; B est
l'expression, la manifestation de A. Ce rapport a lieu dans un champ
sémantique représenté par S.
Appliqué à notre objet, nous aurons :
A= mauvaise représentation des langues nationales par
la société sénégalaise
B= un facteur de blocage concernant leur introduction dans
l'enseignement formel.
S= société des individus concerné par le
fait, la société sénégalaise
Dans le cadre (S) caractérisé par la
société sénégalaise dans son symbolisme, le sens
de(B) ou les facteurs de blocages de l'introduction des langues nationales dans
l'éducation formelle est (A) c'est-à-dire la
considération symbolique des sénégalais eu égard
à ces dites langues.
Chapitre 2 : démarches
méthodologiques
« Les faits sociaux consistent en
représentation » mais « il faux
traiter les faits sociaux comme des choses »34(*).Pour ce faire donc, il
nécessite d'élaborer une méthodologie pour le traitement
de ces faits. Ainsi, le fait de définir une méthodologie est un
principe unanime à toutes les sciences sociales à l'instar de la
sociologie. Ces dernières se caractérisent par une
pluralité de méthodes et l'utilisation de chacune d'entre elles
est guidée par la nature de l'objet à étudier.
En effet, en raison de la complexité du
phénomène que nous voulons étudier en voulant saisir son
sens que lui donnent les acteurs, nous nous sommes inscrits dans une
perspective de recherches qualitative.
Celle-ci va être le point d'un ensemble d'entretiens
formels et informels au après des personnes ciblées.
Ce travail a connu plusieurs moments tels que la phase
exploratoire, la pré- enquête, les entretiens flottants, semi
directifs etc.
2-1.Etape exploratoire
Cette phase a été le point
de deux moments forts. Il s'agit de l'étude documentaire et de la
pré-enquête.
Notre recherche documentaire, qui consistait, essentiellement,
à analyser la production livresque portant sur notre thème. Dans
ce contexte, nous avons recouru alors aux ouvrages généraux, aux
mémoires d'étude, aux revues, aux sources électroniques
les plus souvent conseillés par notre encadreur. Nous avons
exploré notre objet par le biais de la culture locale (jeux
radiophoniques sur /avec les langues nationales, téléfilms,
etc.) Ou /et des émissions (débats) radiophoniques ou
télévisées insistant sur le thème.
Le but de ce premier moment était de parcourir la
pluralité des théories sur le thème et de pouvoir ensuite
nous positionner eu égard à notre préoccupation. Et c'est
après un bon temps de tout ceci que nous avons procédé
à la pré-enquête.
Cette dernière consiste à des entretiens
exploratoires que nous avons opérés auprès des personnes
qui réfléchissent sur le rapport du système d'enseignement
formel et les langues nationales.
C'est ainsi que nous nous sommes reprochés
fréquemment et avons échangé des idées avec un
inspecteur de l'éducation de la région qui a été
notre personne ressource. Ceci nous a permis de mieux préparer nous
entretiens empiriques proprement dits.
2-1.1.Etude documentaire
Pour que cette étude soit inscrite dans les
règles scientifiques, nous avons eu recours à une recherche
documentaire qui consistait essentiellement à analyser la production
livresque portant sur le thème. Nous avons ciblé des ouvrages
généraux, des thèses et mémoires d'études,
des rapports d'études publiés par certains organismes ou services
administratifs de l'Etat du Sénégal concernés par la
question.
Le but de cette étude documentaire était de se
construire une première représentation et de déterminer
avec plus de précision les lignes de forces de notre travail.
Elle consistait, en plus, d'avoir un aperçu assez
global sur la question pour une approche multidimensionnelle capable de mieux
expliciter les principaux aspects relatifs à notre problématique.
De facto, la durée de l'étude documentaire peut être
assimilée à celle de notre travail car elle est achevée
qu'au terme de l'étude. C'était en quelque sorte des aller et
retour entre la lecture et l'empirisme. En, effet, ces lectures ont plus
souvent guidé notre pré-enquête.
2-1.2.La pré-enquête
Elle consiste en des entretiens exploratoires
réalisés auprès des personnes ressources. Lesquelles sont
témoins du comportement du système éducatif
sénégalais pendant au moins une décennie. C'est ainsi que
nous nous sommes rapprochés de Massamba DIEYE et Pape NDIAYE qui sont
respectivement inspecteur de l'éducation et enseignant en retraite.
Ainsi ces personnes nous ont permis de mieux peaufiner nos pistes
d'enquête. Cette posture méthodologique, conjuguée
à la recherche documentaire a permis de retenir une problématique
définitive et de mieux préciser et vérifier nos
hypothèses de recherche.
2.2. Les entretiens
Cette étape consiste l'empirisme au niveau de notre
champ d'étude qui
Est la commune de Fatick pour la collecte des informations.
Elle s'est déroulée sous divers procédés à
savoir le recours aux entretiens semi directif, flottant etc.
Concernant les entretiens semi directifs, nous avons pris le
soin de les faire en se basant sur des thèmes de recherche moyennant un
guide d'entretien. Ce dernier nous a permis de canaliser notre cible, en
s'appuyant souvent sur des blagues, des effets de halo et /ou des
relances... afin qu'il parle avec aisance de ce qu'il pense sur la
question.
Pour leur part, nos entretiens flottants ou informels se sont
passés suivant une perspective d'observations dissimulées dont
les moments forts ont été autour du tour du thé, devant le
petit écran et dans la rue par des séries de contingence
d'interactions avec tiers personnes. Celles-ci comportaient le plus souvent
d'enseignants de notre génération ou de mes anciens professeurs
ou maitres qui n'hésitent pas à m'indexer des pistes
d'enquête. C'est en quelque sorte ce que d'aucuns appellent
l'enquête par'' boule de neige''.
En effet, ces stratégies tant citées nous ont
permis d'établir un climat de confiance avec nos cibles par le fait que
nous sommes mis en rapport (les enquêtés et moi) par des doyens de
l'enseignement.
Une fois ce climat de confiance établi, nous nous
sommes arrangé à prendre rendez-vous avec la cible pour que la
situation d'enquête réponde aux critères de
subtilité.
2.2.1. Les entretiens semi-directifs
Une fois les cibles repérés, nous nous sommes
muni d'un guide d'entretien comme outil d'enquête. Ce dernier est
structuré suivant un ensemble de thèmes qui animera le moment
de l'entrevue. Notons aussi que les entretiens semi-directifs étaient
des entretiens armés ; c'est- à- dire par l'utilisation
d'appareil enregistreur qui nous permet de mieux saisir
l'intégralité du discours de notre enquêté.
2.2.2. Les entretiens informels
Conscients du fait que l'objectivité recherchée
n'est pour la plupart logée dans les discours officiels, il nous
était ingénieux de recourir à ce type d'entretien, pour
assouvir notre désir de recherche des logiques profondes des blocages de
l'introduction des langues nationales dans l'enseignement
élémentaire formel.
Ces entretiens consistaient à des discussions non
averties et spontanées résultantes de questions
dissimilées posées au tour du thé.
Les lieux de causerie habituelle ou de fréquentation
routinière (« banc
diaxlé »)35(*) avec des enseignants, étudiants et autres, ont
servi d'espace de réalisation de ces discussions non
structurées.
Par ailleurs, le devant de la boutique « sunu
shop » gérée par un enseignant en retraite, sis au
quartier HLM 1 a abrité beaucoup de nos causeries informelles eu
égard aux langues nationales et de leur prise en compte dans
l'enseignement formel.
2.3 Échantillonnage et choix des zones
d'enquête
Compte tenu de l'option qualitative dans laquelle s'inscrit
notre recherche et de la difficulté de lister tous les acteurs à
interroger (tout professionnel de l'éducation de la commune) afin de
s'offrir une base de sondage fiable, j'ai opéré la technique que
j'appelle l'enquête idéal-typique36(*).Celle-ci est le lieu d'un choix porté sur des
professionnels de l'éducation devenus des prototypes, de par leur
ancienneté dans le système éducatif ou de par leur
réflexion sur question des langues nationales.
2.4. Modalité de transcription et d'analyse
des données
Ce sous titre consiste à exposer la manière dont
nous avons traité les résultats de notre enquête et de
décliner quelle technique nous avons usité pour analyser ces dits
résultats.
2-4-1.Classification des données
Pour être traitées, nos données empiriques
ne pouvaient être regroupées en catégories. Ainsi, leur
classification est indispensable. Comme l'a enseigné MACE, cette
étape consiste à « classer les faits à
l'intérieur de catégories préalablement
déterminées par les références
empiriques »37(*)
Ainsi, la référence à cet enseignement
nous a permis de mesurer le poids de chaque dimension sur le terrain. En effet,
la vérification de nos hypothèses s'est faite à partir de
la grille thématique issue de cette classification.
Par conséquent, pour une exploitation efficace des
discours des enquêtés, nous avons fait usage de l'analyse de
contenu.
2.4.2. L'analyse de contenu
Cette technique est utilisée pour étudier les
motivations ou les intentions manifestes des acteurs concernés par nu
phénomène à travers leur discours. «
Elle permet de décrire objectivement, systématiquement et
quantitativement le contenu manifeste des communications (entretiens,
discours, articles etc.) ».(BERELSON, 1971).
Par ailleurs, elle a servi à la description et à
l'interprétation des récits produits par nos répondants
pour en extraire la quintessence.
En outre, elle nous a permis d'avoir une idée de la
rationalité et des logiques d'actions des professionnels de
l'éducation choisis dans nos enquêtes.
Ainsi, un premier travail consiste à élaborer
une grille d'analyse adéquate à l'ensemble des entretiens
réalisés pour se rendre compte des tendances catégorielles
dominantes. Cela fut le moment de se focaliser sur la
prépondérance de certaines idées.
De ce fait, suivant les stratégies
préconisées par A.MUCHIELLI, il a été le moment de
ranger d'abord les discours en questions des catégories retenues. A cet
effet, des unités thématiques servant de grille d'analyse, ont
été définies pour noter la fréquence avec laquelle
certaines idées apparaissent. Il s'agit : De l'insuccès des
classes expérimentales.
Introduire les langues nationales dans le système
éducatif formel : y a t-il une volonté politique
réelle ?
Entre absence de formation de maitres en langues nationales
et faible élaboration de supports didactiques.
Le français comme langue de
référence : un sérieux facteur de blocage.
Deuxième partie :
présentation du champ de l'étude
Chapitre 3 : présentation de la commune de
Fatick
3.1. Caractéristiques physiques
La commune de Fatick, capitale régionales et
départementale, est située sur l'intersection de la route
nationale N°1 et de la route départementale N°61.elle se situe
à 42 km de Kaolack, à 62 km de Mbour, à 82 km de Gossas
et de Guinguinéo et à 25 km de Foundiougne. La région
occupe donc une position centrale et stratégique dont le
développement influe sur les trois régions centrales de Kaolack,
Diourbel et Thiès.
Fatick est limité au nord par la communauté
rurale de Niakhar, au sud et à l'ouest par la communauté rurale
de Diouroup et à l'est par le bras de mer ; le sine.
D'une superficie de 7935 km2, avec une population
respectivement de 639100 et 692700 habitants en 2001 et en 2004, la ville est
bâtie sur les bords du sine qui, à l'origine a été
déterminant dans la définition de ses fonctions. Avec les
années de sécheresse, le sine rejoint le Saloum au niveau de
Foundiougne après de nombreuses sinuosités, se présente
aujourd'hui comme une vallée asséchée ou viennent
s'accumuler chaque année les eaux de pluie.
Cette situation géographique constitue une contrainte
physique à l'évolution spatiale de la ville dont le site originel
est entouré de zones inondables.
A l'intérieur de la ville, avec l'urbanisation
progressive et la sécheresse, la plupart des zones marécageuses a
tendance à dissiper.
Cependant certains endroits dans le Peulgha, le Darel et le
Loganém, demeurent toujours des zones de prédilection des eaux
stagnantes.
Par ailleurs, les tannes (sols nus salés) occupant une
grande partie dans la ville, constituent aussi un facteur limitant à
l'urbanisation et à l'agriculture.
Au nord de la route nationale, l'urbanisation s'est faite
autour des services des eaux et forêts et des travaux publics avec la
mise en pace du sous quartier `'Saigon''.
En effet, l'intégration de Poukhoum comme quartier de
la commune ouvre également des perspectives d'extension.
3.2. Historique et organisation de la
commune
3.2.1. Aspects historiques
L'histoire de Fatick se confond avec celle du royaume du sine
dont Diakhao, situé à 15 km, était la capitale .le
peuplement de la contrée par les sérères venus du Fouta
Toro remonterait au 12éme et 13éme siècle, et serait
antérieur à l'envahissement de la zone au 16éme
siècle par les guerriers Mandingues venus du Gabou, dans l'actuelle
Guinée Bisseau.
Fatick est lié au mythe de Val Pal NDIAYE .ce dernier
venu du Diolof s'installa à un lieu dénommé
« Jugamen » sur la rive droite du fleuve sine. Contemporain
du Bour sine Wagane A MASSA, ce dernier lui accorda un droit de fait sur les
terres d'une partie de l'actuelle commune de Fatick. Le village d'origine a
été brûlé en 1859 par Pinet LAPRADE après la
défaite du Bour.
La région a joué un rôle important dans la
vie du royaume du sine .En effet, elle sera la résidence du Diaraf
Thiagoune NDIAYE, commandant la zone allant de Fatick à Palmarin.
Fatick a aussi été le lieu sacré du culte
de Mindiss38(*) qui se
déroulait régulièrement en présence du Bour sine,
ce jusqu'à la conquête française de 1859.C'est à
cette date, à la suite des combats du 25 mai sur l'actuel site du
marché centre, que l'emprise française sur le royaume fut
effective .alors, la localité de Fatick fut cédée en
pleine souveraineté à la France en 1888.
L'intérêt de Fatick aux yeux de l'administration
coloniale résidait dans le fait que la région était une
position stratégique .En effet, ,la position géographique
idéale en faisant un port sur le bras de mer ;le sine ,constituant
aussi une porte d'entrée pour la France dans le royaume ,pour y asseoir
solidement sa domination tant sur le plan économique, socio -politico
culturel, administratif...C'est donc à partir de 1888 que
l'escale de Fatick commença à s'organiser comme un
véritable centre dont le développement s'appuyait sur la
production d'arachide avec la présence de quartier Maisons de fleuve.
A cette période, l'Escale comptait environ 1608
habitants répartis des trois quartiers `'indigènes''
(ndiaye-ndiaye, Loganém, Ndouck) et dans le quartier commercial
appelé Escale. Les maisons commerciales tenues pour l'essentiel par des
Européens, n'étaient que des succursales des comptoirs de
Foundiougne .Le commerce qui a contribué à la promotion des
divers métiers (manutention des arachides, commerce de détails,
artisanat), traitant déjà trois à quatre mille tonnes
d'arachides évacuées vers Niam Diarokh à l'embouchure du
Saloum.
En 1891, la signature du traité de protectorat entre le
Bour sine. Macké Ndiaye et la France et le transfert du poste du
commandant français de Niakhar à Fatick en 1898, ont
été des étapes décisives dans la promotion des
fonctions administratives, politique set économiques de la cité
de Fatick. Alors, fut construite la résidence du commandant
français.
Le rapprochement de l'autorité coloniale en vue de la
protection des négociants des européens, et la position de
l'escale sur le fleuve ont largement contribué au développement
de la ville. C'est ainsi qu'une esquisse d'urbanisation et de modernisation fut
lancée avec :
-l'ouverture en 1903 d'un bureau de poste ;
-l'ouverture d'une école primaire
élémentaire en 1908 ;
-la création d'un dispensaire ;
La création d'un dispensaire de l'enceinte de la
résidence du commandant ;
-la création en 1911 d'un premier lotissement.
Puis, successivement, des mesures législatives et
juridico-politiques vont marquer l'évolution de l'organisation et le
mode de gestion de la ville, notamment.
-l'arrêté du 31 décembre 1917 du
gouvernement général de l'AOF créant la commune mixte de
Fatick en même temps que Foundiougne, Kaolack et Gossas. Ce statut est
maintenu jusqu'en 1957.
-le décret du 17 Août 1957 érigea Fatick
en commune de moyen exercice.
-la ville accède au statut de commerce de plein
exercice en Février 1960 avec l'élection d'un conseil municipal
au suffrage universel.
-en1984, avec la création de région et
l'élection de la ville en chef lieu de région, Fatick devient
commune à statut spécial à l'instar des autres capitales
régionales du pays ;
- à partir de 1990, la commune retrouve le statut de
droit commun avec la suppression du statut spécial.
3.2.2 Organisation de la ville
La commune compte officiellement huit (08) quartiers car
l'érection du neuvième(Poukhoum) n'est pour le moment qu'un
village satellite situé dans la communauté rurale de Diouroup.
La présentation des quartiers selon le rapport de l'ADM
(agence de développement municipal) s'est conçue comme
suit :
*Le quartier Escale :
Il est le noyau originel de la ville. Le premier lotissement
en damier a été réalisé en 1911.Le quartier couvre
une superficie de 65,2hectares dont 23,2 pour l'habitat, 31,4 pour la voirie et
les espaces libres et 11,6 pour les équipements. Il a une faible
densité de population qui s'explique par la présence de plus de
3 /5 des équipements de la ville.
*Le quartier de Ndouck :
Il fait parti du noyau originel et traditionnel de la ville.
Il constitue en fait le prolongement du quartier Escale vers le nord. Son
extension ne peut se faire que vers la zone de Saigon. Moyennement
équipé qu'Escale, il couvre une superficie de 93,7 hectares dont
4,1 hectares occupés par les équipements, 33,5 hectares par
l'habitat et 56,6 hectares par la voirie et les espaces libres.
*Le quartier Loganém
L'évolution spatiale de ce quartier traditionnel peut
être considérée comme définitive. C'est le
prolongement de l'Escale vers l'ouest. Sa superficie est de 30,4 hectares et
est occupé par l'habitat 14, 8 hectares, les équipements
(1,2hectares) et la voirie et les espaces libres (14,4hectares).Il
présente la plus forte densité de population à cause de
son ancienneté, de son sous -équipement et de l'occupation quasi
intégrale de son périmètre.
*Le quartier Ndiaye -ndiaye 1 :
Il est constitué d'un tissu ancien et de son extension
réalisée dans le lotissement de Fatick 1 : son
évolution est bloquée au sud par les tannes et est compromise au
sud -ouest par les verges et la présence de sources d'eau douce .Sa
superficie de 51,5 hectares .L'habitat occupe les 25,6 hectares, les
équipements (0,9hectares), la voirie et les espaces libres
(25hectares).
*Le quartier Ndiaye-ndiaye 2 :
Un quartier traditionnel dont la seule possibilité
d'extension au sud est bloquée aussi par les tannes, il couvre une
superficie de 24,1 hectares .C'est un quartier dortoir (habitat 9,1 hectares)
et les équipements sont de 0,9 hectare.
*Le quartier de Peulgha :
Sa partie ancienne constitue l'extension de Ndouck et de
Loganém, la zone récente est en cours d'occupation. Le quartier
connait des problèmes d'inondation durant les saisons de pluies. Selon
les limites considérées comme définitives, sa superficie
est de 82,3 hectares dont 4,4 hectares d'équipements sont
réalisés.
*Le quartier Darel :
Il constitue la zone d'extension naturelle actuelle et future
de ville. Dans sa configuration actuelle, son tissu urbain n'est pas encore
bien défini.les limites esquissées donnent une superficie de 78,8
hectares dont 2,4 hectares d'équipements réalisés.
*Le quartier Darou Salam :
Il présente les mêmes caractéristiques que
le quartier Darel. L'esquisse de son périmètre donne une
superficie de 198 hectares. Il devra abriter le second pole
d'équipements de la ville dont 10,4 hectares sont déjà
occupés.
3.3 Les données de la commune
3.3.1. Les données
géographiques
Le périmètre commercial défini par le
décret de février 1960 couvrait une superficie de 1582
hectares environ. Les extensions qui ont marqué l'évolution de la
ville ont poussé les autorités municipales à repousser
les frontières de la commune qui atteint actuellement une superficie de
9000 hectares.
La commune est située au centre -ouest du
Sénégal 30 kilomètres des iles du Saloum et à 60
kilomètres de la station balnéaire de Mbour-saly Portugal.
Bâtie sur les bords du sine (bras de mer qui lui est donné son
nom), la ville se trouve sur la nationale°1 à 157 kilomètres
de l'est de Dakar, 42 kilomètres à l'ouest de Kaolack et
60kilométres du nord de la Gambie. La chronique et la salinité
des eaux de surface ont vu les zones marécageuses
asséchées être remplacées par des sols salés
ou tannes.
La structure urbaine de Fatick est caractérisée
par son manque d'homogénéité. L'absence de
cohérence avec le schéma de développement et
d'aménagement urbain(SDAU) de 1974, montre un tissu urbain en faible
densité. La ville compte huit quartiers et peut être
divisée en trois parties :
-villages très anciens regroupant les quartiers de
ndiaye -ndiaye 1, et 2, Escale, Loganém et Ndouck ;
-les lotissements les plus récents(1992) :
Peulgha, Darel et Darou Saloum ;
-les lotissements inoccupés.
L'occupation de l'espace en est lui même disparate.
C'est ainsi les zones périphériques donnent l'impression d'un
aménagement mi-urbain, mi-rural avec l'existence de grands vides
à l'intérieur du tissu urbain des quartiers.
Cette commune exerce une faible polarisation pour les
communautés environnementales qui sont plutôt tournées vers
Kaolack (enseignement, santé, services, commerce écoulement des
produits agricoles etc.).
Les paysans urbains de cette commune sont marqués par
u habitat peu dense dans un environnement de savane de mangrove et des tannes
sur les berges du sine.
Les conditions géographiques sont favorables à
différentes activités économique :
Agriculture, arboriculture, pèche extraction du sel qui
est l'une des principales sources de revenues de la commune.
3.3.2. Aspects démographiques
La population de Fatick est assez faible par rapport à
son statut de capitale régionale. Sa population est passée de
18416habitants au général de la population et de l'habitat(RGPH)
de 1988 à 23149 pour celui de 2002, soit une augmentation de 4433
habitants en quatorze ans (14 ans).
La population de la commune est estimée en 2003
à 4500 habitants et est composée majoritairement des
sérères, de wolofs et de peulhs. Le tableau ci-dessous permet de
suivre l'évolution de la ville. De 7190 habitants en 1961, la population
est passée à 3 /4 en 1988.Ce qui consacre à la
population un taux de tendanciel estimé à 5,4%.En quarante ans la
population de la commune a triplé deux fois de suite.
1976
|
1988
|
Taux.1976/1988
|
1997
|
2002
|
200751033
|
2012
|
9478
|
20491
|
5,2%
|
32450
|
40990
|
|
65775
|
Tableau d'évolution de la population de la
ville-prévisions.
Sources : projection de la direction de la
prévision et de la statistique(METP).
La répartition de la population en 1997 en groupes
d'âges est la suivante :
48% pour les enfants de 0 à 4 ans ; 29% pour les
jeunes de 15 à 35 ans, 23% pour les adultes de plus de 35 ans.
Les immigrants proviennent beaucoup plus de Kaolack, pour les
migrations récentes soit 8,3% de la population urbaine, c'est aussi la
destination de prédilection des Fatickois, soit 3,1% des habitants de al
ville.
La répartition par sexe donne 11051 hommes et 12098
femmes.
La répartition d'habitants par quartier est la
suivante :
Quartiers
|
Effectifs en 2002
|
Effectifs en 1998
|
Darel
|
2254
|
_
|
Darou Salam
|
1976
|
_
|
Escale
|
1845
|
2423
|
Logandém
|
2446
|
3025
|
Ndiaye -ndiaye 1 et 2
|
5025
|
4229
|
Ndouck
|
4846
|
4339
|
Peulgha
|
4757
|
4400
|
3.3.3. Les données socio-économiques et
culturelles
La commune de Fatick est administrée par un conseil
municipal de quarante (40) membres élus, avec à leur tète
le maire. La population active représente 16200 habitants, soit 47,6 %
des petits commerçants, 23% de travailleurs du secteur primaire ,19%
d'employés de l'administration, 12% d'artisans et 0,4% d'actifs du
secteur du transport.
Dans la plupart de ces activités, les femmes sont en
première ligne .A travers leurs groupements d'intérêt
économique (GIE), elles interviennent dans divers domaines
d'activités financières sur fonds propres ou par des
intermédiaires. Mais la modicité des moyens dont elles disposent
limitent leur contribution.
En effet, il n'existe pas à Fatick ni d'entreprises
importantes ni d'industries à fort de main d'oeuvre. Les principales
unités industrielles sont fermées .Les établissements
touristiques sont pratiquement inexistants ou non fonctionnels. La
capacité hôtelière est estimée à 08 lits.
Cependant la ville dispose d'une gamme de services et
d'équipements nécessitant un dimensionnement. Ce qui permettant
de jouer un pleinement son rôle de capitale régionale et de pole
d'intègre spatiale, économique et social par rapport à son
environnement.
L'eau douce n'est accessible qu'à une partie de la
population, sans compter les difficultés liées aux conditions
d'hygiènes plutôt défectueuses qui caractérisent sa
commercialisation. L'autre partie de la partie ne dispose que d'eau
saumâtre, chargée de quantité excessive de sel et de fluor.
Les conséquences de sa consommation sont d'ordre dentaire et
cardiovasculaire.
La bonne occupation des quartiers (nouveaux lotissements)
devrait aller de pair avec une réelle politique de salubrité,
d'aménagement d'espaces verts et d'assainissement de la commune de son
ensemble.
Par ailleurs, le réseau culturel compte sur un
piètre équipement : une grande mosquée, une
église, un centre culturel, quatre dancings, un stade de deux cent
places seulement, un parcours sportif etc.
Jadis très animée sur le plan culturel, Fatick,
malgré la diversité des coutumes, les activités
culturelles sont quasi inexistantes : pas de théâtre, pas
d'ensemble instrumental, pas de cinéma, pas de salle de
conférence.
Sur le plan ethno linguistique, on note la présence, en
très grande partie, de sérères. Mais, se trouvent aussi
les autres ethnies comme les peulhs, les wolofs, les diolas etc.
L'insuffisance des infrastructures sportives, la
vétusté et l'inadaptation des locaux constituent des obstacles
pour le développement du sport dans la commune. Le besoin d'organiser la
jeunesse de Fatick est réelle pour permettre une éclosion de ses
potentialités sportives et de hisser le sport fatickois au sommet.
3.3.4. Les données éducatives avant
2008
L'éducation dans la commune de Fatick concerne les
secteurs suivants :
-l'éducation de base formelle (le préscolaire et
l'élémentaire) et informelle (essentiellement composée de
l'alphabétisation).
-l'enseignement moyen-secondaire
-l'enseignement technique féminin
En effet, le préscolaire présente une faible
couverture, passé de 187 à 307 soit une progression de 120
enfants en quatre ans.
L'élémentaire constitue un million important du
système éducatif de la commune. Le nombre total de classes est 72
avec un ratio de 65 élèves par classe, soit 4641
élèves dont 2240 filles. Le taux de scolarisation se situe autour
de 80% avec 53% de garçons et 47% de filles.
Le privé compte 12 classes avec une ration de 32
élèves par classes, soit 389 élèves dont 183
filles.39(*)
Population scolarisable
Année
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Garçons
|
2079
|
2086
|
2178
|
2273
|
2374
|
Filles
|
1837
|
2003
|
2091
|
2184
|
2280
|
Total
|
3916
|
4089
|
4269
|
4457
|
4654
|
Taux de scolarisation
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Garçons
|
126,11
|
134,18
|
133,74
|
127,54
|
123,33
|
Filles
|
137,12
|
134,34
|
132,71
|
128,70
|
119,86
|
Total
|
131,28
|
134,26
|
133,23
|
128,11
|
121,63
|
Evolution des effectifs
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Garçons
|
2622
|
2799
|
2913
|
2899
|
2928
|
Filles
|
2519
|
2691
|
2775
|
2811
|
2733
|
Total
|
5141
|
5490
|
5688
|
5710
|
5661
|
Ces tableaux ci-dessus ne donne l'occasion de remarquer la
carence en classes spéciales dans la commune de Fatick ne couvre que
13,9% sur le taux national estimé à 30%.
Le secteur de l'alphabétisation connaissait un
dynamisme certain avec l'intervention de différents programmes y
afférent, cependant son émoussement est actuellement notoire.
Au niveau du moyen secondaire, on note un déficit de
mobilier scolaire, une insuffisance des moyens alloués, une quasi
inexistence d'équipements informatiques, une pénurie de manuel et
de matériel didactiques et une très faible implication des
collectivités limant les possibilités d'amélioration de la
qualité de l'enseignement. Le lycée de la commune est l'un des
lycées du Sénégal qui forment moins de scientifiques.
Par ailleurs, le taux d'abandon est un phénomène
jouant négativement sur le taux brut de la scolarisation et à
terme sur l'objectif de l'Etat d'assurer `'l'éducation pour tous''.Ce
taux d'abandon concernant les deux sexes est plus remarquable chez les filles
dont les causes efficientes se résument en terme de manque de moyens, de
difficultés d'hébergement des élèves venant du
rural dépourvu pour la plupart d'enseignement moyen-secondaire et
l'inadéquation des structures scolaires au maintien des filles à
l'école.
3.3.5. Les données éducatives en
2008
Par rapport à l'éducation, en 2008 la
région dans son ensemble compte 97 structures de prise en charge de la
petite enfance. (Maternelle, case des touts petits, garderies)(Contre 85 en
2007) ,665 écoles d'enseignement élémentaire, 74
collèges d'enseignement moyen ,10 établissement d'enseignement
général dont 8 lycées, 7 centres de formation
professionnelle.
Le taux brut de scolarisation qui était de 77,49% en
2006 est passé de 88% en 2007 puis à 106,8 en 2008.La
région de Fatick à un taux d'alphabétisation de l'ordre
de 34,4% selon la RGPH (recensement général de la population et
de l'habitat).Il est plus élevé chez les femmes (50,3%) que chez
les hommes (36,4%).
Selon les dernières statistiques on compte au niveau
régional 59 centres d'animation et de lecture pour un effectif de 1530
apprenants et 20 écoles communautaires de base pour un effectif de 430
apprenants.
Concernant l'enseignement élémentaire, les
écoles publiques de la région sont passées de 583 en
2006 à 625 en 2007 et à 665 en 2008.Dans la même
l'effectif des élèves a connu une progression en passant de
118655 élèves en 2006,126372 élèves en 2007
à 127479 en 2008.40(*)
Par ailleurs, l'enseignement élémentaire
communal, enregistre un nombre important en matière d'effectif,
d'infrastructure et de genre.
Posons le tableau suivant opéré par l'inspection
d'académie de Fatick.
Type d'infrastructures, statuts et effectifs en
2008
Structure
|
type
|
publique
|
Privé
|
total
|
garçons
|
filles
|
total
|
|
Elémentaire
|
224
|
12
|
236
|
32293
|
32115
|
64408
|
|
Ecole de 3é type
|
|
12
|
12
|
451
|
350
|
801
|
Total IDEN /Fatick
|
|
224
|
24
|
248
|
32744
|
32465
|
65209
|
|
Elémentaire
|
215
|
2
|
217
|
17498
|
17195
|
34693
|
|
Ecole de 3è type
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : inspection d'académie de
Fatick
Troisième partie : présentation
des résultats obtenus
Chapitre 4 : analyses et exégèses
des résultats de la pré-enquête
Cette partie constitue le moment de faire le point sur les
données du terrain afin de procéder à leur analyse et
interprétation sociologiques pour visibiliser le fait
étudié. Ainsi, dans le cadre de notre étude, par sa
nature, il nous est important de recourir à l'herméneutique des
acquis empiriques dans le but de décoder les sens caché du
fait.
Notre observation s'est portée exclusivement sur
certains anciens et actuels professionnels de l'éducation (inspecteurs,
enseignants, syndicalistes ...) de la commune de Fatick. Pour nous, ces
derniers, témoins des temps forts et faibles du système
éducatif, sont les mieux placés pour discourir sur le
comportement lié aux politiques de non ou d'introduction des langues
nationales dans l'enseignement élémentaire formel.
En effet, les résultats obtenus sont d'ordre
structurel, ce qui nous permet dans le cadre de l'analyse de contenue, de les
interpréter sous forme de thèmes.
4.1. Synthèse générale des
résultats collectés
4.1.1. De l'insuccès des classes
expérimentales
Mises en application en 2002 par le Sénégal, les
« classes expérimentales » sont des classes
bilingues consistant à l'enseignement du français et des langues
locales du territoire donné. Le but était de permettre la
formalisation de l'introduction des langues nationales dans l'enseignement
élémentaire formel.
Ainsi, dans le site de notre étude, où ces
classes étaient au nombre de 15, selon nos enquêtes (01 classe en
wolof, 01 classe en mandingue ,02 classes en puular et 11 classes en
sérère), les facteurs bloquants étaient d'ordre divers.
De la gestion politique jusqu'aux mesures d'accompagnement
didactique, via la carence communicationnelle avec les populations,
receveuses de ce projet, les écueils ont été notoires sur
tous les plans.
Ainsi, souligner ou décrire les contraintes concernant
le dynamisme que devraient connaitre ces classes expérimentales, point
de départ vers la formalisation des langues nationales à
l'école formelle, constitue en amont le décodage ou l'analyse
des blocages de l'introduction de nos langues dans l'élémentaire
formel.
En effet, à travers notre empirie, les classes
expérimentales prises comme une relance vers ce programme d'introduction
des langues nationales dans le primaire, sont vouées à la
faillite.
En tout état de cause, c'est ce qu'un de nos
enquêtés, un inspecteur de l'éducation chargé des
classes bilingues nous a confessé :
« là aussi c'est une expérience qui
rapidement, a été pratiquement abandonnée même si,
dans quelques zones des gens ont eu tant bien que mal à le faire. Elle
n'est plus ce qu'elle devrait être. Nous par exemple à Fatick,
nous avons pratiquement abandonné cette année, nous avions cinq
classes dans cinq villages différents qui fonctionnaient jusqu'à
l'année passée mais, en raison de plusieurs difficultés
nous avons été amenés à les laisser
tomber. Maintenant c'est fini, on a
arrêté» (P.FAYE, Fatick, avril 2010.)
Ces propos stipulés par notre répondant
signalent tout simplement l'insuccès du programme
d'expérimentation navigué pendant huit années (2002-2010)
dont l'objectif final était l'introduction des langues nationales dans
l'enseignement élémentaire formel.
Les motifs d'un tel échec sont à rechercher dans
les paragraphes qui suivent.
4.1.2. Introduire les langues nationales dans le
système éducatif formel : y a t-il une réelle
volonté politique?
En cette année, le Sénégal, à
l'instar de beaucoup de pays africains, a passé cinquante ans `'sans
domination coloniale''.Donc libre de choisir ou de redorer le blason du
comportement son système éducatif et de son identité
linguistique.
Ainsi, des `'classes télévisuelles'' (1979-1984)
aux `'classes expérimentales'', le Sénégal n'arrive
guère à introduire même pas une seule langue nationale dans
le système éducatif de base. Quelle part de responsabilité
ont les décideurs politiques ? A cette interrogation, nos
enquêtes empiriques nous permettent d'en avoir une analyse plus
raisonnée.
Intuitivement et logiquement, nous savons que si les
décideurs avaient le ferme dessein de formaliser une, des ou les
langues nationales dans le système, ils l'auront déjà
réalisé dans la mesure où il est incompréhensible
d'avoir mené un véridique combat pendant plusieurs
décennies sans en avoir gain de cause.
Par ailleurs, il sied de reconnaitre qu'introduire une, des
ou les langues nationales est loin d'être difficile que tant d'autres
projets politiques asociaux réalisés pour des fins quasiment
inutiles à l'endroit de la totalité sociale.
Un des enquêtés a pu
confesser : « il y a un manque d'engagement
politique parce que si l'Etat voulait introduire les langues, il l'aurait fait.
Par exemple, il a réalisé et inauguré la statue de la
renaissance » (Anonyme, Fatick, avril 2010).
En outre, cette carence d'engagement, est analysée, en
d'autres termes comme le fruit d'un `'secret d'état'' qui fait que nos
langues ne peuvent être insérées dans le système
éducatif actuel formel.
Tout compte fait, c'est l'avis d'un ancien éducateur
en retraite qui laisse entendre : « je ne sais
pas pourquoi les langues nationales ne sont pas introduites dans
l'enseignement (...), peut être c'est une raison d'Etat »
(M. LY, Fatick, avril 2010.)
En d'autres termes, la `'raison d'Etat'' évoquée
par notre répondant, s'analyse comme une silencieuse
velléité d'engagement à l'endroit de nos
décideurs politiques dans la mesure où ces derniers ne se donnent
pas le sacerdoce de viabiliser les projets d'éducation linguistique
qu'ils murmurent depuis des décennies.
Dans un autre angle, la pusillanimité de l'Etat
constitue aussi un facteur de blocage de la politique d'introduction des
langues sénégalaises à l'école formelle dans le
fait que le non suivi des politiques linguistiques est une
réalité bien existante. Signalons certains propos de nos
enquêtés disant : « l'Etat n'a pas du
tout suivi parce que les conclusions même de l'évaluation (des
classes expérimentales) n'ont pas été
exploitées (...) bon, il n' y a pas un engagement ferme de la part
de l'Etat, c'est vrai il y a l'option politique mais il n'y a pas
d'accompagnement », « le gouvernement prend cette
introduction à la légère dans la mesure où les
enseignants (expérimentateurs) suivaient une formation de trois (03)
jours »
Ces propos quasi similaires énoncés par
beaucoup de nos enquêtés mettent en exergue la grande part de
responsabilité de l'Etat sénégalais face à ce
problème socioéducatif.
En effet, cette remarque tant clamée est, par
ailleurs, sous-tendue par la passivité de l 'Etat eu égard
à la formation d'enseignants en langues nationales, à leur
mobilité professionnelle et à l'élaboration de supports
didactiques.
4.1.3. Entre absence de formation de maitres en
langues nationales et faible élaboration de supports
didactiques.
Si nous partons toujours des classes expérimentales,
les facteurs de blocages de l'introduction des langues nationales dans
l'élémentaire formel, sont à rechercher par ailleurs sur
le plan professoral et didactique. Mise en corrélation avec la
volonté politique stérile de l'Etat, la carence d'accompagnement
de ressources humaines et de matériels pédagogiques ou
didactiques, constitue un des facteurs de blocage les plus remarquables. Citons
des extraits de nos enquêtes réalisées mettant en exergue
cette problématique :
« L'Etat a mis la charrue avant les
boeufs dans la mesure où il y a une absence d'investigation
préalable pour savoir quelle langue introduire dans quelle
localité », « il y a une carence de maitres
formés du fait de la non généralisation de la formation,
de son accélération », « il ya des
problèmes de supports, de matériels didactiques(support en calcul
et en lecture)d'accompagnement .Il y a des livres au programme par exemple
`'le référentiel de compétence'' traduit en wolof, en
sérère...(les six premières langues codifiées) mais
depuis que le ministère de la structure des langues nationales a
commencé à codifier d'autres langues, il s'est posé un
problèmes d'équité( ...).On a traduit certains livres
comme `'Sidi et Rama'' en mettant `'Sidi ak Rama'',et on s'est rendu compte que
c'était pas ça, on devrait prendre des textes purement locaux du
vécu quotidien des élèves »
Selon les propos de nos répondants et lorsque nous
poussons notre analyse jusqu'à son terme, il nous est force de stipuler
que la politique de l'Etat d'introduire les langues locales /nationales
à l'école, est velléitaire sur toutes les dimensions et
structures requises pour une politique éducative. Ainsi, c'est une
lapalissade d'admettre que l'accompagnement didactique ou pédagogique,
la formation de professionnels en la matière etc., est en grande partie
le rôle et le devoir de l'Etat en l'occurrence les décideurs.
Au demeurant, même si de piètres mesures
d'accompagnement ont été notées, il apparait qu'il
existait un déphasage entre manuels de procédures et
environnement socioculturel (d'après les remarques sur les classes
expérimentales) du fait que les manuels constitués en langues
nationales n'étaient qu'une reformulation reproductive du contexte
socioculturel de la société de la langue officielle(la
société occidentale). En somme, les manuels traduis ont
manqué de refléter le vécu social quotidien des
usagers.
4.1.4. Le français comme langue de
référence : un sérieux facteur de
blocage
La domination du terrain linguistique par le français
est le fruit d'un long processus opéré par l'administration
coloniale. Depuis cette période jusqu'à nos jours, l'imaginaire
collectif sénégalais considère en somme que nos langues
sont loin d'être vecteur de promotion intellectuelle et sociale. Nos
langues sont, tout au moins, représentées par la
société comme des langues qui, en usage dans l'enseignement,
constituent un facteur de régression socio intellectuelle. La
société sénégalaise, dans son symbolisme
linguistique, a le sentiment que seulement la langue officielle et les
langues extra africaines peuvent être des médiums d'enseignement
formel. Cette croyance intériorisée en la société
et extériorisée par elle-même, est sans doute
véhiculée et manifestée par des propos de ce
type : « j'ai pas inscrit mon enfant à
l'école pour qu'il apprenne le wolof ou le
sérère », « a Fatick le problème
se pose autrement ;beaucoup d'enseignants refusent ,en tout cas on a
l'impression, de parler la langue du milieu qui est le sérère ou
en tout cas ils ne font pas beaucoup d'effort pour comprendre la langue et la
parler (...) ,il y a aussi le rejet des parents :il y en a certains qui
trouvent que la promotion de leur enfant va se faire non pas par la langue
maternelle mais par la langue française ;ils se disent qu'ils n'ont
rien à gagner en apprenant cette langue »
Ces discursifs venant de certains de nos enquêtés
sont en général tirés des écueils liés aux
classes expérimentales. C'est pour faire, en quelque sorte, le point sur
l'ancrage des valeurs linguistiques occidentales dans la conscience collective
sénégalaise qui, à son tour ignore les leurs. Ceci est
notoire à l'endroit des parents comme chez les enseignants. Les premiers
détestent un enseignement pour leurs enfants en langue maternelle, les
derniers n'ont guère l'envie et le devoir identitaire de vouloir
transmettre la connaissance via nos langues. En fait, nous avons l'impression
que la clôture de la promotion linguistique41(*) (des langues nationales) a vue
le jour au Sénégal. Cette clôture semble y être, une
croyance fortifiée voire une idéologie.
Combien de fois ai-je entendu ces suivantes expressions lors
de mes observations : « Mais boy ! Est- ce
que si on introduit les langues à l'école, est- ce ça ne
va pas appauvrir le système éducatif ? »
.Voilà une question à laquelle ceux même qui la
posent ou la suggère ne trouvent jamais dans leur discours des arguments
et preuves convaincants dans la mesure où leurs dires constituent un
simple mauvais sentiment.
Cette attitude de clôture en l'endroit des enseignants
se prouve par les réponses tirées d'un inspecteur de
l'éducation, sis au pole régional et de formation de Fatick (PRF)
qui confesse : « il y a un manque de volonté
de la part de certains enseignants chargés des classes bilingues du fait
que d'aucuns, à l'absence de contrôle d'inspecteurs, enseignaient
seulement en français (...) ,au Sénégal on a tenté
une fois ,on a abandonné, puis une deuxième fois et on a
abandonné et maintenant tout le monde a peur de recommencer, c'est
ça (rire) » .(M.BA, Fatick, avril 2010).
Cette clôture de la promotion linguistique est
caractérisée en grande partie par la « peur de
recommencer », c'est-à-dire l'absence d'enthousiasme ou
d'audace en ce qui concerne les politiques linguistiques mises en rapport avec
l'enseignement élémentaire formel.
De cette clôture, est notée à l'endroit
des sénégalais une certaine volonté affichée de
recours aux valeurs de la langue de l'ethnie mais, il se trouve que cette
volonté est contrastée avec une trop grande
référence aux valeurs des langues occidentales. C'est ce que
j'appelle le paradoxe de l'occidentalocentrisme et de
l'ethnocentrisme de la société
sénégalaise.
Ainsi, par occidentalocentrisme, j'entends un cercle de
légitimation des valeurs (linguistiques) occidentales qui se
présentent comme de bons prêts - à -porter
nécessitant pas de diagnostic préalable. En fait, c'est
l'attitude de concevoir que tout viens de l'Occident et tout y va. Il
constitue le centre du monde, son dénominateur commun ou son noyau dont
le contournement est impossible. Cela revient à remarquer que le
marché linguistique est dominé par l'Occident avec ses langues.
Est -il nécessaire de rappeler les valeurs accordées à la
langue française dans et par la société
sénégalaise ? Comment comprendre l'attitude de certains
individus qui se contentent, à tout moment, de rappeler ou de corriger
les gens commettant des fautes de français ? Qu'en est-il avec les
fautes commises en langue nationale ?
Paradoxalement, l'importance tant accordée aux langues
extra sénégalaises, n'exclut pas ce que j'appelle
l'ethnocentrisme c'est-à-dire la conduite à faire valoir ses
valeurs ethniques au détriment des autres. Cet ethnocentrisme est le
plus souvent sous-tendu par la langue de l'ethnie qui marque chez certains un
élément de repère ou d'identité par rapport aux
langues. Au Sénégal, cet ethnocentrisme est mis en oeuvre par
concurrence ou par rivalité avec les autres langues nationales mais se
heurte (l'ethnocentrisme) face aux langues extra africaines. Il n'est pas rare
de voir, par exemple un sérère ou un peulh s'irriter pare ce que
son frère ethnolinguistique ne communique pas avec lui par le truchement
de leur langue ethnique.
En effet, dans nos observations nous avons pu remarquer que
l'ensemble des enquêtés, pour discourir sur les blocages de
l'introduction des langues nationales dans l'élémentaire formel,
ne se focalisaient que sur les valeurs de leur langue ethnique. C'est ce qui
nous permet de pousser notre analyse pour arguer que la volonté de
chacun à vouloir primer, parfois uniquement, sa langue vernaculaire,
constitue en grande partie un argument de taille pour les décideurs
politiques à consolider leurs dires lorsqu'ils mettent en exergue le
plurilinguisme comme principal obstacle à la mise en application d'une
langue sénégalaise comme langue officielle.
Conclusion générale : perspectives
de recherche en Master 2.
En somme, cette étude dont l'objet consiste à
analyser les facteurs de blocage de l'introduction des langues nationales dans
l'enseignement élémentaire formel nous a permis d'aboutir
à un certain nombre de résultats.
Rappelons que le Sénégal, à l'instar des
autres pays d'Afrique, a longtemps entrepris la bataille de la promotion
linguistique qui se traduit par un essai d'utilisation des langues nationales
comme médium de communication et outils d'apprentissage scolaire dans
le système éducatif formel de base .Cependant cette vision,
présente depuis les indépendances dans les politiques
socioéducatives et linguistiques de l'Etat du Sénégal,
n'est jusque là appliquée. Les motifs de l'insuccès sont
d'ordres divers dont notre étude avait l'objet de les visibiliser et de
les analyser.
Notre question de recherche était de savoir :
Comment expliquer les blocages liés à l'introduction de nos
langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel au
Sénégal, nonobstant toutes les politiques linguistiques
entreprises depuis la fin de la colonisation jusqu'à nos jours ?
Pour ce faire, nous avons par un truchement empirique,
réussi à répertorier quelques blocages majeurs parmi
lesquels il faut se rappeler :
D'abord il faut reconnaitre une absence de volonté
à l'endroit des décideurs politique qui sont passifs à
suivre les projets ou programmes d'introduction des langues nationales dans
l'élémentaire formel. Il ya dans ce cas rien d'autre qu'un
comportement velléitaire à l'endroit des décideurs.
A coté de ce blocage, réside celui dû
à la représentation sociale de nos langues qui sont
considérées comme des éléments de
régression tant dans le domaine de la promotion sociale que dans celui
du développement intellectuel.
En effet, après l'analyse des données obtenues
il apparait que nos hypothèses de départ sont confirmées
mais il faut signaler que d'autres facteurs de blocages sont
découverts. Cependant, les blocages sont structurels mais selon nous ils
sont toujours déterminés par les facteurs majeurs qui ont
constitué nos hypothèses.
La non- présence de nos langues dans l'enseignement
formel est interprétée comme une carence de volonté
politique et une mauvaise représentation sociale. Mais il faut
reconnaitre que ses deux facteurs sont l'effet ou le reflet de d'autres
facteurs explicatifs à savoir la formation de maitres et
l'élaboration de supports didactiques en langues nationales,
l'imaginaire collectif à propos d'une langue française plus
valable que les miennes etc.
En fin, pour une sociologie critique, rappelons que notre
étude est loin d'être scientifiquement parfaite dans la mesure
où elle décèle des insuffisances ou imperfections
théoriques, méthodologiques et empiriques.
Ainsi, notre cadre théorique n'est pas très bien
articulé du fait de la faible élaboration théorique eu
égard à notre thème, ce qui justifie par ailleurs une
carence de pertinence scientifique majeure de notre problème et question
de recherche.
Ensuite, notre approche méthodologique, nos outils de
collecte et le planning des enquêtes ne sont pas totalement
réunies pour saisir l'essence du fait étudié.
Cependant, pour corriger ces lacunes des recherches futures
sont projetées dans le but d'intégrer certains
éléments qui nous semblent éminents.
Dans notre prochaine recherche nous allons intégrer
l'analyse des discours des non professionnels de l'éducation (parents
d'élèves, élèves...), des enseignants ou maitres
expérimentateurs qui ont vécu le moment des classes
expérimentales.
Nous pensons important aussi de procéder à une
analyse comparative des facteurs de blocage dans deux localités
différentes. Par exemple faire une analyse comparative entre les
facteurs blocage dans le département de Fatick et dans celui de Saint-
louis.
En fin, il serait opportun de notre part de nous
intéresser aux stratégies d'introduction et de maintien durable
des langues nationales dans l'enseignement élémentaire et du
moyen-secondaire.
Bibliographie générale
1- Alain GRAS, 1974, sociologie de l'éducation.
Textes fondamentaux.
2- Joseph KI ZERBO, 1990, éduquer ou
périr, éd L'harmattan, 116p
3- Section Maison d'Afrique, Francophonie et
néo-colonialisme. Le combat linguistique dans la lutte de
libération du peuple sénégalais. Paris, Août
1979.
4- Armelle MABON, 2000, L'exemple de l'Afrique
occidentale française et du front populaire la veille des
indépendances. L'Harmattan, 196p
5- Banque mondiale, l'éducation en Afrique
sub-saharienne : pour une stratégie d'ajustement, de revitalisation
et d'expansion.
6- BELLONCLE (C), 1984, La question éducative en
Afrique noire, paris Karthala.
7- HAZOUNE, (A. T), 1988, l'Afrique, un avenir en
sursis, paris l'Harmattan.
8- Lilyan KESTELOOT, 2004, Histoire de la lutte
négro-africaine, éd Karthala.
9- Pathé DIAGNE, 1971, Grammaire du wolof
moderne, Paris, Présence africaine.
10- Cheick Anta DIOP, 1979. Nations nègres et
cultures. De l'antiquité nègre égyptienne aux
problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui.
Troisième édition, TOME II, Présence Africaine.
11- Christian ROCHE, 2001, Le Sénégal
à la conquête de son indépendance 1939-1960, Editions
KARTHALA, 286p.
12- Joseph KI-ZERBO, 1978, Histoire de l'Afrique
noire, HATHIER Paris, 731p.
13- René DUMONT, 1993, Pour l'Afrique,
j'accuse, Librairie PLON, 488p.
14- Cheick Anta Diop, 1960, Les fondements
économiques et culturels d'un état fédéral
d'Afrique noire, Présence africaine, 124p.
15- Muriel DARMON, 2007, La socialisation, Armand
Colin, 127p.
16- Momar. C.DIOP et Mamadou DIOUF, 1990, Le
Sénégal sous Abdou DIOUF, éditions
KARTHALA ,436P.
17- Tableau de bord de la situation sociale du
Sénégal, édition 2000.
18- Papa Mangoné BASAL, 1998-1999, « la
crise de l'éducation au niveau du moyen-secondaire : causes et
situations des responsables. Quelles perspectives de reforme pour la ville de
Saint-Louis », mémoire de maitrise.
19- Dominique COLAS, 1994, Sociologie politique,
Presse Universitaire de France ,564P
20- Jean-Léopold DIOUF, 2003, Dictionnaire
wolof-français et français -wolof, Edition
KARTHALA ,591p
21- Gill FERREOL et ali, 1995, Dictionnaire de
sociologie, 2é édition, Armand Colin, 315p.
22- BONTE et IZARD, 1991, Dictionnaire de l'ethnologie et
de l'anthropologie, QUADRIGE /PUF ,830p.
23- Gerti HESSELING, 1985, Histoire politique du
Sénégal. institution, droit et société,
éd KARTHALA, 437p.
24- El hadji Mamadou NGUER, « le
français comme langue officielle : véritable facteur de
blocage au développement du Sénégal » dans
le journal AL BICHRU, n°17, février 2008.
25- Marie DURU-BELLAT et Agnès VAN ZANTEN, 1999,
sociologie de l'école, Armand Colin ,252p.
26- Jean-Claude COMBESSIE, 2001, La méthode en
sociologie, 3e éd, La découverte, paris, 123p.
27- Raymond BOUDON, 1969, Les méthodes en
sociologie, PUF, 126p
28- Yéro DIA Abdoulaye BOUSSO et
ali, « l'introduction des langues nationales dans
l'éducation formelle. Entre medium de communication et outils
d'apprentissages scolaires », Programme de subventions ROCARE
pour la recherche en éducation /ERNWACA research grants programme,
édition 2008, 37p.
29- Emmanuel seyni NDIONE et ali, 1994, Réinventer le
présent. Quelques jalons pour l'action, éd ENDA Graf sahel
collections de recherches populaires,131p.
30- P.BOURDIEU ,2002 ,Questions de
socilogie,Les Editions de Minuit,269p.
Web graphie
http:// w.w.w.fr/ annees/ me 1998.htm
http:// w.w.w.Sénéweb.com
http: //w.w.w.au-Sénégal.com/ decouvry/ cart/-sen
htm
http: // w.w.w. interieur.gouv.sn: Site official du
Ministère de l'intérieur du Sénégal.
www.pambazuka.org/fr/categiry/features/610501
www.sudlangue.com
www.dialangue.com
Encarta 2009
Table des matières
Dédicaces et remerciements
Introduction
générale..................................................................................
4
Première partie : cadre d'analyse
théorique et démarche méthodologique..................
6
Chapitre 1 : cadre d'analyse
théorique..............................................................
6
I-1.Construction de l'objet de
recherche............................................................... 6
I-2.Position du
problème................................................................................
16
I-3. Motivations
..........................................................................................23
I-4.Intérêt du sujet
.......................................................................................24
I-5. Question spécifique de recherche
................................................................25
I-6.Objectifs de
recherche..............................................................................
25
1-7.Hypothèses de larecherche
.......................................................................25
I-8.Analyse conceptuelle
...............................................................................26
1-9.Construction du modèle d'analyse
...............................................................34
1-9-1. le schème causal
.................................................................................34
1-9-2. Le schème herméneutique
......................................................................35
Chapitre 2 : démarches
méthodologiques
.........................................................36
2-1.Etape exploratoire
...................................................................................36
2-1.1.Etude documentaire
..............................................................................37
2-1.2.La pré-enquête
....................................................................................37
2.2. Les entretiens
.......................................................................................38
2.2.1. Les entretiens
semi-directifs....................................................................
38
2.2.2. Les entretiens
informels.......................................................................
39
2.3 Échantillonnage et choix des zones d'enquête
................................................39
2.4. Modalité de transcription et d'analyse des
données......................................... 39
2-4-1.Classification des données
.....................................................................40
2.4.2. L'analyse de
contenu...........................................................................
40
Deuxième partie : présentation du
champ de
l'étude...........................................41
Chapitre 3 : présentation de la commune de
Fatick............................................41
3.1. Caractéristiques
physiques........................................................................41
3.2. Historique et organisation de la
commune..................................................... 42
3.2.1. Aspects historiques
..............................................................................42
3.2.2 Organisation de la
ville..........................................................................
44
3.3 Les données de la
commune......................................................................
46
3.3.1. Les données
géographiques.....................................................................46
3.3.2. Aspects
démographiques.........................................................................47
3.3.3. Les données socio-économiques et
culturelles...............................................48
3.3.4. Les données éducatives avant
2008........................................................... 49
3.3.5. Les données éducatives en 2008
..............................................................51
Troisième partie : présentation
des résultats obtenus
........................................53
Chapitre 4 : analyses et exégèses
des résultats de la pré-enquête..........................
53
4.1. Synthèse générale des
résultats
collectés.................................................... ...53
4.1.1. De l'insuccès des classes
expérimentales................................................... 53
4.1.2. Introduire les langues nationales dans le
système éducatif formel : y a t-il une volonté
politique réelle ?
................................................................................54
4.1.3. Entre absence de formation de maitres en langues
nationales et faible élaboration de supports
didactiques......................................................................................56
4.1.4. Le français comme langue de
référence : un sérieux facteur de
blocage................ 57
Conclusion générale : perspectives
de recherche en Master 2.............................. 60
Bibliographie
générale.................................................................................
62
Annexes
Annexes
Guide d'entretien
Ø Guide d'entretien- anciens
enseignants
Thème 1 : blocages et politique linguistique
de l'Etat
Thème 2 : blocages et massification des
langues occidentales dans le système d'enseignement
Thème 3 : blocages et plurilinguisme de la
société sénégalaise
Thème 4 : blocages et mesures
d'accompagnement (finance, matériels didactiques...)
Ø Guide d'entretien - enseignants
Thème 1 : blocages et politique linguistique
de l'Etat
Thème 2 : blocages et massification des
langues occidentales dans le système d'enseignement
Thème 3 : blocages et plurilinguisme de la
société sénégalaise
Thème 4 : blocages et mesures
d'accompagnement (finance, matériels didactiques...)
Ø Guide d'entretien-inspecteurs de
l'éducation
Thème 1 : blocages et politique linguistique
de l'Etat
Thème 2 : blocages et massification des
langues occidentales dans le système d'enseignement
Thème 3 : blocages et plurilinguisme de la
société sénégalaise
Thème 4 : blocages et mesures
d'accompagnement (finance, matériels didactiques...)
Ø Guide d'entretien-syndicalistes de
l'enseignement
Thème 1 : blocages et politique linguistique
de l'Etat
Thème 2 : blocages et massification des
langues occidentales dans le système d'enseignement
Thème 3 : blocages et plurilinguisme de la
société sénégalaise
Thème 4 : blocages et mesures
d'accompagnement (finance, matériels didactiques...)
Ø Guide d'entretien -chefs
d'établissement
Thème 1 : blocages et politique linguistique
de l'Etat
Thème 2 : blocages et massification des
langues occidentales dans le système d'enseignement
Thème 3 : blocages et plurilinguisme de la
société sénégalaise
Thème 4 : blocages et mesures
d'accompagnement (finance, matériels didactiques...)
* 1 _ Je fais
référence à la pudeur (kérsa en wolof)
qui constitue un élément de socialisation très
fondamental dans la société sénégalaise. Le
« kérsa »est une attitude de certaines
règles de politesse le plus souvent adoptées par le moins
âgé à l'égard du plus âge.
* 2 _ Abdoulaye NIANG,
2007, « la jeunesse africaine et le changement
social » in Regard sur la jeunesse en Afrique
subsaharienne, presse universitaire de Laval.
* 3 _ Gerti Hesseling, 1985,
Histoire politique du Sénégal. Institutions, droit et
société. Editions KARTHALA, p327.
* 4 _ KI ZERBO(J), 1990,
Eduquer ou périr, éd l'Harmattan.
* 5 _ Sylla. A, 1992,
L'école : quelle réforme ?in
Sénégal, trajectoire d'un Etat, Dakar, CODESRIA
* 6 _Premier président
du Sénégal (1960-1980)
* 7 _ AEST (association des
étudiants sénégalais en France), UGEESS (union
générale des étudiants élèves et stagiaires
du Sénégal), 1979, Francophonie et néo-colonialisme.
Le combat linguistique dans libération du peuple
sénégalais.
* 8 _ .Ki-Zerbo, 1978,
Histoire de l'Afrique Noire, HATHIER Paris, p429.
* 9 _ Ki-Zerbo, 1978, op.cit, pp
441-442
* 10 _ Le pays était
divisé en petits royaumes rivaux.
* 11 _ Sources : internet
(www.google.com).
* 12 _ Abdoulaye NIANG est
professeur de sociologie à l'université Gaston Berger de
Saint-Louis(Sénégal)
* 13 _ Ki Zerbo, 1992, la natte
des autres. Pour un développement endogène en Afrique, paris,
Karthala, 494p
* 14 _ Ki-Zerbo, 1990, op cit,
p116
* 15 _ Cheick Anta Diop, 1979,
Nations, Nègres et Cultures, Tome 2, Présence Africaine,
P415
* 16 15 Inspecteur de l'Education
* 17 _Idrissa SANE,
« Système éducatif sénégalais :
Une réforme ancrée sur les valeurs africaines
préconisée », Le Soleil Multimédia.
* 18 _ Papa
mangoné BASAL, 98-99, « La crise de
l'éducation au niveau du moyen-secondaire : causes et situation
des responsabilités. Quelles perspectives de reforme pour la ville de
Saint-Louis, » mémoire de maitrise.
* 19 _ Décret n°
205 992 du 21 octobre 2005, relatif à l'orthographe et la
séparation des mots en wolof, journal officiel du Sénégal,
Dakar 25 octobre 2005.
* 20 _ Sources : internet
* 21 _ Dominique
ROLLAND, Français langue étrangère ou
français langue seconde : un grand écart, juillet,
2000.
* 22 _ Souleymane GOMIS,
2003, La relation famille-école, l' Harmattan, pp99.
* 23 _ Une classe
expérimentale est une classe bilingue(en expérimentation depuis
2002) qui consiste à l'enseignement de la langue officielle et de la
langue du territoire.
* 24 _ Enseignement gratuit de
la langue chinoise à l'université Gaston berger de Saint-Louis,
année académique 2009-2010.
* 25 _ Souleymane GOMIS, 2003,
op.cit, p18.
* 26 _ CITE, 1997, UNESCO,
p41.
* 27 _ DIOUF (A) et Alli,
Dakar, Mars 2001, L'Education non formelle au Sénégal.
Description, évaluation et perspectives, UNESCO
* 28 _ Yéro Dia
Abdoulaye BOUSSO et ali, 2008, « l'introduction des langues
nationales dans le système éducatif formel .Entre medium de
communication et outils d'apprentissages scolaires »p8.
* 29 _ L.v.THOMAS,
1974, « acculturation et nouveaux milieux socioculturels en
Afrique Noire », Bulletin de l'IFAN, série B, T.XXXI, p172.
* 30 _ Boudon et Bourricaud,
1982, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, pp500-504.
* 31 _ Bonté -Izard,
2000, Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, QUADRIGE /PUF,
pp 626-627.
* 32 _ Alex MUCCHIELLI, 2001,
La psychologie sociale, Hachette, p92-93.
* 33 _ Berthelot, 1990,
L'intelligence du social, paris, PUF, p39.
* 34 _ COMBESSIE.J.C,
2001, La méthode en sociologie, éditions La Découverte,
3èm édition, p3 (Cit. .de DURKHEIM dans Les règles de la
méthode sociologique, 1895)
* 35 _ Autrefois, des bancs
publics fréquentés par des personnes
`'étonnées'', les chômeurs le plus souvent.
* 36 _ Je suis inspiré
dans ce cas par Max Weber dans sa théorie de `'l'idéal-
type''.
* 37 _ Gordon MACE,
1991, « Guide d'élaboration d'un projet de
recherche », Laval, PUL, 2éd, p21.
* 38 _ Ancêtre
totémique et mythique de la région de Fatick
* 39 _ Sources : audit
urbain, organisationnel et financier de la commune de Fatick/ groupe
NDETEC-SA.
* 40 _ Situation
économique et sociale de la région de Fatick, Agence nationale de
la statistique et de la démographie(ANSD), édition 2008.
* 41 _ Je veux dire par cette
expression que la société sénégalaise semble clore
le débat sur la promotion de nos langues dans les secteurs
socioéducatifs dans la mesure où, on ne peut plus, selon
les fausses croyances, faire d'elles des langues de science ou de
développement socioéducatif.
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