CONCLUSION GENERALE
Le travail porté à notre étude qui
était celui de la critique existentialiste du rationalisme avait pour
but de montrer les limites du courant rationaliste face à sa
manière d'aborder et de considérer l'existant. Autrement dit, il
avait été question de montrer le primat de l'existence sur tout
objet ou sujet d'étude. Pour mener à bien ce travail, nous avons
voulu nous appuyer sur un philosophe à savoir Sören Aabye
KIERKEGAARD. Grâce à lui, nous avons élaboré notre
travail tout en nous appuyant également sur d'autres auteurs dont les
pensées pouvaient nous permettre de nourrir notre critique.
Notre travail s'est subdivisé en trois chapitres. Le
premier chapitre avait pour objectif de présenter de prime abord les
deux courants philosophiques afin de mieux cerner le noeud de la critique.
Durant cette étude conceptuelle des différents courants, nous
avons montré que ces courants n'étaient pas le fruit d'une
réflexion de notre époque. Utilisé déjà
depuis la période antique, le rationalisme comme nous l'avons vu a
toujours eu tendance à ramener tout à la raison, à vouloir
tout rationaliser. Pour tout rationaliste, la raison est la seule chose capable
de mener le sage et le savant à la vérité, et tout ce qui
ne relèverait pas de cette raison n'était que mensonge et
fausseté. Pour des philosophes comme PLATON, tout ce qui relevait
d'autre chose que de la raison, devait être considéré comme
pseudo-connaissance ou opinion. C'est pourquoi pour Descartes seul le sujet
pensant pourra prendre possession du monde par la science et la
technique ; limitant ainsi la valeur de l'existant à sa
capacité cognitive, au point où dans sa morale il donnera pour
recommandation d'employer toute sa vie non à cultiver la relation entre
existants mais à cultiver notre raison. Etant comme le catalyseur du
courant rationaliste, DESCARTES a été l'auteur de l'ascension
fulgurante de cette doctrine. Avec des penseurs rationalistes tels que SPINOZA,
le bonheur de l'homme se trouve conditionné par la réforme de
l'entendement à travers la découverte d'une méthode
capable de nous faire connaître la vérité sur toutes
choses. Et ce raisonnement le poussera à identifier le bonheur à
la vérité et la vérité à l'intelligence.
C'est fort de ces considérations de l'existant et de
son existence que l'existentialisme est né au XIXème
siècle mais ayant des origines visibles dans la période moderne
avec des philosophes tels que Pascal.
Subdivisé en deux courants principaux à
savoir : l'existentialisme athée et l'existentialisme
théiste, ce courant s'est formé pour s'opposer à l'effort
des rationalistes de systématiser l'existence humaine. Pour les
existentialistes, si l'esprit humain peut construire un système
rationnel pour expliquer notre réalité, les existentialistes en
général considèrent qu'un tel effort est inutile en ce
sens que la raison ne pourra jamais correspondre à la
réalité. Et pour HEIDEGGER seul l'angoisse pourra nous
révéler véritablement la condition humaine et non
l'étude de l'homme sous une forme conceptuelle et abstraite mais par une
sorte d'expérience métaphysique. Avec Karl JASPER le moi doit
apparaître comme un acte, un jaillissement de l'être et ne peut
être représenté par des concepts ni exprimé par des
mots car l'homme se dérobe de tout savoir qui viserait à le
déterminer.
Après cette représentation que nous avons faite
des deux courants, au second chapitre, nous avons fait une critique
existentialiste du rationalisme à la lumière du philosophe
danois. Par cette critique nous avons voulu mettre en lumière
l'importance ou mieux le primat de l'existence. Contre une philosophie qui se
veut systématique. Avec l'existentialisme nous avons proposé une
existence faite d'individu particulier. L'existentialisme s'est opposé
à toute spéculation creuse ne favorisant pas directement une
existence concrète au sens plein du mot. Car dans son approche de
l'existant, il ne montre jamais les difficultés de l'existant et de son
existence. C'est pourquoi face à tout ce qui concerne l'existant et ses
difficultés, la pensée abstraite se trouve butée. Dans sa
critique, KIERKEGAARD nous a montré que le rationalisme ne pourrait
jamais atteindre l'existant réel, confiner les concepts, car le
réel n'est pas formé de concept. En faisant appel à la
pensée subjective, l'intention de KIERKEGAARD est celle de
réapprendre aux hommes ce que c'est qu'être homme ou exister
humainement face à une pensée rationaliste qui a fait oublier
l'essentiel. En prônant la pensée subjective, KIERKEGAARD voulait
aller à l'encontre des penseurs objectifs qui sont des contemplateurs
d'abstraction et qui sont dans un état permanent de distraction à
l'égard de l'existence.
Cependant comme toute discipline, l'existentialisme n'a pas
été de reste en ce qui concerne les limites. Dans son effort de
critique du rationalisme, l'existentialisme a pris des positions discutables et
pouvant être remises en cause. En réfutant l'universel,
KIERKEGAARD l'emploie sans s'en rendre compte. Car en qualifiant des
êtres par un nom ou un terme tel que celui de l'existant, on se rend
compte qu'il l'utilise pour qualifier ou faire allusion à tous les
hommes. Sa conception de l'individu comme nous l'avons vu à travers ses
sphères d'existence, le pousse à prôner un individualisme
dans un monde où nous sommes appelés à vivre en communion
fraternelle. Et sa critique des concepts semble à un certain niveau
exagérée car les concepts, loin d'être le fruit de notre
imagination, représentent certains caractères du
réel ; ce que les hommes ont de commun entre eux : leur
essence. Il en va de même pour la raison qui ne fait qu'appliquer le
principe de raison suffisante pour expliquer les faits. La pensée
subjective que KIERKEGAARD nous a proposée semblait être
insatisfaisante en ce sens qu'elle nous éloignait de ce qui est vrai
pour nous conduire à prendre pour vraies des vérités
sujettes à nos sentiments et à nos états d'âmes
laissant de côté la vérité même des choses.
Pour finir, nous avons essayé à partir de sa
conception individualiste de montrer que l'existant saisit comme tel se saurait
être pris dans son ensemble puisque étant un être social, un
être de relation. Pour cela le personnalisme nous a permis de sublimer ce
manquement. Après l'avoir surmonté, nous nous sommes rendus
compte que pour avoir une considération entière de l'existant
dans toutes ses dimensions, il fallait prôner un humanisme
intégral. Prôner un humanisme intégral en ce sens qu'il est
le seul à prendre l'homme dans toute sa dimension à savoir dans
sa relation avec lui-même, dans sa relation avec autrui, et enfin l'homme
dans sa relation avec son créateur de qui il tient le mouvement
l'être et l'agir.
En somme, nous pouvons dire que de part cette critique
menée par l'existentialisme, nous avons pu voir que l'important pour
tout homme est de revenir à l'essentiel qui est l'existant
considéré dans toute sa dimension, et que le rationalisme nous a
fait perdre. Ainsi, l'humanisme intégral surgit comme dépassement
aussi bien du rationalisme que de l'existentialisme ; il se
présente comme promesse pour chaque existant créé qui ne
demande qu'à se transmuer en bonheur véritable.
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