CHAPITRE I
CONCEPTUALISATION DE DEUX
COURANTS :
RATIONALISME ET
EXISTENTIALISME
Le rationalisme se définit de plusieurs
manières selon qu'on est dans le domaine épistémologique,
historique, théologique, moral ou que l'on appartienne à un
courant allant à l'encontre de celui-ci.
Rationalisme, du latin rationalis,
c'est-à-dire raisonnable, doué de raison, dérive du mot
rationnel qui montre l'appartenance d'une chose à la nature de la
raison, qui est conforme à elle. Du mot rationnel dérive aussi
raison qui vient du latin ratio.
La « raison est la faculté de juger propre
à l'homme et commun à tous les hommes »4(*). Cette faculté
est unique et propre aux hommes en ce sens que seul l'homme « a
la puissance de bien juger, de distinguer le vrai d'avec le faux qui est
proprement ce qu'on nomme le bon sens »5(*). Et c'est cette
capacité de juger, de raisonner qui le distingue des animaux et fait de
lui, comme le dit Aristote, « un animal
raisonnable ». C'est dans le souci d'éclairer,
d'expliquer et d'élargir cette notion de la raison qu'on a pu aboutir au
rationalisme.
I.1. APPROCHE
CONCEPTUELLE DU RATIONALISME
I.1.1. Approche pluridisciplinaire
I.1.1.a.
Définition épistémologique
Au plan épistémologique, on peut définir
le rationalisme comme une doctrine qui pose la raison comme indépendante
de l'expérience sensible et qui affirme que la raison est innée,
a priori, immuable chez tous les hommes. Elle est cette
capacité de connaître, d'établir la vérité et
de n'admettre dans le domaine cognitif que l'autorité unique de la
raison. C'est pourquoi Emile GOBLAT affirme : « Il faut
aller vers la vérité avec la seule
intelligence »6(*).
I.1.1.b. Définition
théologique
Le rationalisme est défini selon la théologie,
comme la doctrine qui récuse toute révélation et tout ce
qui relève du surnaturel pour n'admettre que la raison. Il ne permet la
crédibilité de ce qui concerne la foi et les dogmes religieux,
que ce que la lumière de la raison tient pour satisfaisante. Car, comme
le dit André GIDE, « la foi comporte un certain
aveuglement où se complaît l'âme croyante; quand elle
échappe aux entraves de la raison, il lui semble qu'elle bat son plein.
Elle n'est que dévergondée »7(*). Toute
révélation que nous pouvons avoir et qui ne peut être
explicitement expliquée et prouvée, par la raison, n'a pas de
place dans la connaissance et ne peut être objet d'étude.
I.1.1.c. Définition
morale
La morale définit le rationalisme comme une doctrine
selon laquelle les principes et les maximes dans la conduite morale sont
posés a priori par la raison par opposition à
l'hédonisme, l'eudémonisme ou l'utilitarisme.
Au vu de toutes ces différentes définitions du
concept rationalisme, nous devons rappeler que, comme tous les mots se
terminant en « isme », le rationalisme,
de par sa texture, nous permet de voir l'expression d'une certaine majoration
du rôle de la raison dans la vie de l'homme. Exagération de la
raison suite au débat l'opposant à l'empirisme qui récuse
la raison en s'attachant à la seule expérience.
En remontant à l'origine du rationalisme, nous verrons
que ce courant bien que prenant forme à partir de la controverse
l'opposant à l'empirisme, est bien plus ancien et a des racines
lointaines auxquelles nous allons nous attarder dans une étude
historique quoi que concise et sommaire.
* 4 _ L-M. MORFEAUX,
Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Paris,
Librairie Armand Colin, 1980, p. 303.
* 5 _ R. DESCARTES, Discours
de la méthode suivi des méditations, Paris,
Garancière, 1951, p. 29.
* 6 _ Ibidem, p.
306.
* 7 _ A. GIDE,
« Athéisme, l'homme debout », in
http/athéisme.free.fr/index.html.
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