4.4 Changements
opérés dans la zone
Le DCP est en train d'opérer des transformations dans
le mode de vie des marins pêcheurs. Qu'ils soient positifs ou
négatifs, la présence des DCPs a des conséquences sur bon
nombre de choses dont les suivantes :
v Les engins, techniques et stratégies de
pêche
Il est à noter que les marins pêcheurs DCP
n'utilisent à date que les lignes pour pêcher alors que pour les
autres types de pêche, ils utilisent les nasses et tout autre engin de
pêche. En plus, les marins pêcheurs DCP utilisent des bateaux
à moteur pour pêcher, c'est une condition irrévocable pour
la pêche sur DCP, puisque ils doivent aller jusqu'à 20000 m au
delà du plateau continental pour atteindre les DCPs.
Avant les DCP, l'acquisition des moteurs ne leur était
pas facilitée, maintenant ils bénéficient des programmes
leur permettant d'en avoir accès. Ce fut le cas avec le projet
Valorisation de la pêche dans les communes d'Anse d'Hainault, de
Dame Marie et des Irois en 2000. Ce projet financé par le
MARNDR et PADI contenait deux volets donc l'un dédié à la
vente à crédit à prix subventionné (50%) de moteur
hors-bord de 15 CV (environ 70 unités pour une valeur 100000 euros) et
l'autre à la formation. En outre avec le support de l'union
européenne en 2002, PADI a exécuté un projet de
renforcement de la pêche avec comme activités : mouillage et
montage de 10 DCPs, création d'un fonds de crédit 300.000 gourdes
pour les pêcheurs, formation de 150 pêcheurs et vente de 62 moteurs
de 10 à 15 CV aux pêcheurs d'Anse d'Hainault(CELESTIN, 2004).
v Le régime alimentaire
Les pélagiques océaniques de grande taille
(Balaous, Thons) très recherchés à l'extérieur sous
forme de filet de poissons ou de conserves appertisés par les industries
culinaires et touristiques quoique relégués au second plan dans
la capitale (prix Balou 60 gourdes/livres, prix poissons roses 160
gourdes/livres), commencent à être très
appréciés dans la communauté de pêche d'Anse
d'Hainault. On est à l'aube d'un changement du régime
alimentaire.
v Augmentation des distances parcourues
Les DCP à Anse d'hainault sont mouillés
à une profondeur de 1200 à 1400m. Plus la profondeur est grande,
plus la distance de la côte est importante car pour dépasser les
limites du plateau continental au large d'Anse d'hainault la distance est
d'à peu près 20 km. Il est évident que les pêcheurs
sont désormais obligés d'aller plus loin en mer que par le
passé, d'où une augmentation de leur frais de carburant.
v Augmentation de la flottille
Depuis l'apparition des DCP, le nombre de bateau de
pêche a augmenté dans la zone, passant de 120 en 1997 à 220
bateaux de pêche (DAMAIS et al, 2007). Les donnés relatives au
nombre de barques et de canot à moteur sont confinées dans le
tableau 4 ci-après.
Tableau 4 : La flotte par village de
pêche
Type d'embarcation
|
Village de pêche
|
Gaillard
|
Bouchure Malette
|
Ilet
|
Canot à moteur
|
55
|
15
|
6
|
Barque
|
69
|
45
|
30
|
Sources : enquête de l'auteur septembre
2007
Avec la technique de dispositifs de concentration de poissons,
des projets ont facilité également aux pêcheurs
l'acquisition de moteur hors-bord de 15 CV à crédit, prix
subventionné (50%). On peut conclure que les DCP contribuent à
moderniser le secteur qui était laissé à
lui-même.
v Modifications de la composition des
espèces
Habituellement, les pêcheurs exploitaient les poissons
démersaux du plateau continental. C'est la ressource la plus importante,
la plus variée et la plus ciblée. Cette ressource est pleinement
surexploitée. On y trouve des espèces vivement colorées
vers lesquelles penchent les goûts des consommateurs antillais
tels : Finfin (rose) Bodianus fulvus, Langouste Panulirus
argus, Lambi Strombus gigas etc....Aujourd'hui, les
différents poissons pélagiques capturés à
proximité des DCP sont les grands migrateurs océaniques.
On y trouve surtout les thons et les poissons à rostre,
espadon, marlin en particulier. Il s'agit de ressources extra-territoriales
circulant hors du plateau continental. Leurs longues migrations les
amènent dans plusieurs ZEE successives. Ils n'apparaissent donc dans une
zone donnée que de façon saisonnière. En Haïti, c'est
généralement d'octobre à mars. Le
captage de cette ressource permet d'augmenter le potentiel national de capture.
L'exploitation de cette disponibilité complémentaire
apparaît donc comme particulièrement intéressante. Le
tableau présentant les différentes espèces
capturées se trouvent en annexe C.
v Prises de grande taille
Par rapport à la taille des poissons habituellement
pêchés par les pêcheurs de la zone, celle des poissons DCP
est phénoménale. Un balaou peut peser plus de 550 livres ou 300
kg. Les figures 3 et 4 ci-contre représentent respectivement un balaou
(espadon) capturé en juin 2006, elle mesure 1,60 m de long et
pèse 109kg et un Thon de 2m.
Figure 3. Balaou capturé dans l'aire d'un DCP
à Anse d'Hainault
Courtoisie de Mr GOERGES Simon, maire d'Anse
d'Hainault
Figure 4. Thon de 2m pêché en 2006 par
les marins pêcheurs
Courtoisie du professeur CELESTIN
Wilson
|