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La pêche sur dispositif de concentration de poissons (DCP) à  Anse d'Hainault : contribution au revenu des marins pecheurs et marge des distributeurs

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par Marie Pascale G. SAINT MARTIN FRANà‡OIS
Universite d'Etat d'Haiti - Ingénieur Agronome 2009
  

Disponible en mode multipage

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    Université d'état d'Haïti

    (UEH)

    FACULTE D'AGRONOMIE ET DE MEDECINE VETERINAIRE

    (FAMV)

    DEPARTEMENT DES RESSOURCES NATURELLES ET ENVIRONNEMENT

    (DRNE)

    La pêche sur Dispositif de Concentration de Poissons (DCP) à Anse d'Hainault : Contribution au Revenu des Marins Pêcheurs et Marge des Distributeurs

    Mémoire de fin d'études agronomiques

    Présenté par : Marie Pascale Guinette SAINT MARTIN FRANÇOIS

    Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome

    Option : Ressources Naturelles et Environnement

    Juillet 2009

    DEDICACES

    Ce mémoire est dédié à :

    Mes parents : Mervela MICHEL et Benjamin Guy FRANCOIS

    Mon mari : Henriot SAINT-MARTIN

    Mes soeurs : Marie Line Daphnée et Nirva

    La FAMV, Amis et

    Aux générations futures qui s'intéresseront à ce domaine de recherche

    Remerciements

    Je ne saurais terminer ce travail sans remercier d'abord et avant tout mon Dieu tout puissant pour son amour et sa miséricorde et pour le courage et la détermination qu'il m'a donné pour faire face aux difficultés de la vie.

    Ensuite mon conseiller scientifique le professeur Wilson CELESTIN, pour ses corrections pertinentes, ses conseils et son esprit d'ouverture.

    Mes remerciements s'adressent également :

    Au Docteur Alix DAMEUS pour son support, ses orientations et ses conseils en rapport avec les calculs économiques

    Au Professeur Alix RICHMOND, Directeur du département, pour ses conseils

    A tous les professeurs de la FAMV pour leur contribution à ma formation

    Aux membres du jury

    A l'association des marins pêcheurs d'Anse d'Hainault pour les appuis techniques et pour m'avoir accueilli dans la zone de travail

    Aux membres de ma famille pour leurs aides, conseils et mots de motivation

    A mes camarades et amis de la promotion K_talòg en particulier ceux de l'option RNE

    A Monsieur Georges SIMON, maire d'Anse d'Hainault pour son accueil et Son aide

    A tous mes amis

    A tous ceux, qui d'une façon ou d'une autre, ont contribué à la réalisation de ce travail

    RÉSUMÉ

    La République d'Haïti dispose de ressources renouvelables d'origine marine et côtière très diverses et variées qui représentent un potentiel important dont la conservation et la mise en valeur rationnelle peut contribuer au développement global du pays. Sur le plan halieutique, la frange côtière protégée du département de la Grand' Anse notamment Anse d'Hainault côtoie l'une des zones les plus productives d'Haïti. Cette étude vise à mettre en évidence les changements et améliorations opérés dans la communauté des marins pêcheurs d'Anse d'Hainault avec la maîtrise de la technologie des DCP.

    Pour connaitre l'impact de la pêche sur DCP dans cette zone, une enquête a été réalisée sur la base de la méthode d'échantillonnage stratifié aléatoire (pour les pêcheurs) et l'échantillonnage raisonné (pour les distributeurs). Il est apparu que l'introduction des DCP dans la zone, dans le but de profiter du passage des bancs de poissons migrateurs, les grands pélagiques océaniques, ( thons, balaous, daurades) augmente la production halieutique. La maîtrise de la technique de pêche sur DCP, les formations, l'apprentissage acquis contribuent à cette augmentation des prises et des rendements de la pêche.

    La pêche au DCP contribue au revenu des marins pêcheurs de type I à 96.09%, 77.79% pour le type II et 39.15% pour le type III, Par contre la pêche côtière contribue à 3.14% pour le type I, 19.73% pour le type II et 56.40% pour le type III et l'agriculture respectivement de 0.79%, 2.48%, 4.45% pour les trois types.

    Les barques en grande partie ne sont pas motorisées, et la pêche demande des méthodes et des engins adéquats, capables de permettre aux pêcheurs d'aller loin de la côte et de gagner du temps. Pour les marins pêcheurs de types III qui doivent louer leurs moyens de production (moteur, barque) le revenu de pêche DCP est inférieur à celui de pêche côtière. Pour eux, les DCP sont moins efficaces.

    La pêche sur DCP rythme le fonctionnement des activités économiques dans la zone, surtout le commerce. Pour les agents distributeurs de produits halieutiques, la pêche procure une marge bénéficiaire satisfaisant aux grossistes, un taux de plus de 37% du prix de vente.

    Table des matières

    DEDICACES 3

    Remerciements 4

    RÉSUMÉ 5

    Liste des graphes et figures 7

    Liste des tableaux 8

    Liste des sigles et abréviations 9

    Liste des annexes 10

    CHAPITRE I 12

    I- INTRODUCTION 12

    I.1 Problématique 12

    1.2 Objectifs de l'étude 12

    1.2.1 Objectifs généraux 12

    1.2.2 Objectifs spécifiques 12

    1.3 Hypothèses 12

    1.4 Intérêt de l'étude 13

    1.5 Limitation de l'étude 13

    CHAPITRE II 13

    II- REVUE DE LITTERATURE 13

    2.1 Situation mondiale de la pêche 13

    2.3 Catégories de pêche 13

    2.4 Surpêche ou surexploitation 14

    2.5 Situation de la pêche en Haïti 14

    2.6 Rôle de la pêche dans l'économie nationale 14

    2.6.1 Demande 14

    2.6.2 Offre 14

    2.6.3 Commerce 14

    2.7 Notion d'effort de pêche 14

    2.8 Les différents engins de pêche utilisés en Haïti 15

    2.9 Dispositifs de Concentration de Poissons 15

    2.9.1 Description des DCP 15

    2.9.2 Explication de la colonisation des DCP par les poissons 15

    2.9.3 Importance des DCP relative à l'augmentation des captures 15

    2.9.4 DCP et environnement 16

    CHAPITRE III 16

    III-METHODOLOGIE 16

    3.1 Présentation de la zone d'étude 16

    3.1.2 La Grand' Anse 17

    3.2 Anse d'Hainault 17

    3.2.1 Localisation géographique 17

    3.2.2 Coordonnées Géographiques 17

    3.2.3 Les Sections Communales 17

    3.2.4 Topographie et sol 17

    3.2.5 Les ressources hydriques 17

    3.2.6 Climat 17

    3.2.7 Le système agro-écologique 17

    3.2.8 Caractéristiques Océanographiques 18

    3.2.9 Environnement socio-économique 18

    3.3 Méthodes 19

    3.3.1 Recherche bibliographique 19

    3.3.2 Enquête exploratoire 19

    3.3.3 Typologie 19

    3.3.4 Méthode d'échantillonnage 19

    3.3.5 Enquête approfondie 20

    3.3.6 Dépouillement des données 20

    3.3.7 Modèle Mathématique 20

    CHAPITRE IV 21

    IV- RESULTATS ET DISCUSSIONS 21

    4.1 Sites alternatifs d'exploitation 21

    4.2 Situation de la pêche sur DCP à Anse d'Hainault 21

    4.2.1 Type I 21

    4.2.2 Type II 21

    4.2.3 Type III 21

    4.3 Répartition de l'échantillon de marins pêcheurs et des distributeurs de produits de pêche 22

    4.4 Changements opérés dans la zone 22

    4.5 Impact des DCP sur les prises et les rendements 24

    4.5.1 Impact sur les prises ou nombre de poissons capturés 24

    4.5.2 Impact sur les rendements des pêcheurs 24

    4.6 Analyse corrélationnelle entre le nombre de formations des pêcheurs et les prises, le nombre de formations des pêcheurs et le rendement durant quatre ans. 25

    4.6.1 Nombre de formations et prises sur DCP 25

    4.6.2 Nombre de formations et rendement de la pêche 25

    4.7 Les indicateurs économiques 26

    4.7.1 Les coûts relatifs à la pêche autour des DCP 26

    4.7.2 Amortissement 26

    4.7.3 Cotisation ou contribution des pêcheurs pour l'entretien ou le remplacement des DCP 26

    4.7.4 Recettes annuelles 26

    4.7.5 Revenu moyen 27

    4.8 Impacts de la pêche de DCP sur les activités des pêcheurs 27

    Du point de vue économique, les activités agricoles, d'élevages, de pêches, de commerce des pêcheurs sont fortement influencés par la technique de pêche DCP dans la zone d'Anse d'Hainault. 27

    4.8.1 Revenu des branches d'activité et leur contribution 28

    4.9 Impacts des DCP sur les distributeurs de produits de pêche 28

    4.9.1 Les circuits de commercialisation 28

    4.9.2 Prix des produits au niveau de chaque acteur de la chaîne 29

    4.9.3 Comptes d'exploitation des agents de la commercialisation 30

    4.9.4 Avantages techniques et retombés des DCP 30

    4.9.5 Création d'emploi 31

    4.9.6 Captures et rendements pour l'année 2006 31

    4.9.7 Vérifications des hypothèses 31

    Chapitre V 32

    V-Conclusion et recommandations 32

    5.1 Conclusion 32

    5.2 Recommandations 32

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIES 33

    Liste des graphes et figures

    Figure 1. Vue satellite de l'Anse d'Hainault................................................16

    Figure 2. Carte de la région d'étude..........................................................16

    Figure 3. Balaou capturé dans l'aire d'un DCP à Anse d'Hainault........................30

    Figure 4. Thon de 1,50 m pêché en 2006 par les marins-pêcheurs..........................30

    Figure 5. Prises sur les DCP d'AMPAH (2003-2006)......................................32

    Figure 6. Évolution des rendements annuels entre 2003 et 2006 pour les marins

    Pêcheurs...........................................................................................33

    Figure 8. Relation entre frais fixes par sorties et le nombre de sorties effectuées......36

    Figure 5. Circuit de commercialisation des produits halieutiques d'Anse d'Hainault..42

    Liste des tableaux

    Tableau 1. Classification des marins pêcheurs.................................................26

    Tableau 2. Répartition de l'échantillon Marin Pêcheurs par type............................27

    Tableau 3. Répartition de l'échantillon Distributeurs par catégorie.........................28

    Tableau 4. La flotte par village de pêche........................................................29

    Tableau 5. Effort de pêche suivant les types et nombre de poissons capturés..............31

    Tableau 6. Formations reçues et/ou données par les Marins pêcheurs de l'année 2003 à 2006 ....................................................................................................34 Tableau 7. Tableau de données sur les corrélations calculées................................35

    Tableau 8. Recettes annuelles et frais d'exploitation (en gourdes)...........................38

    Tableau 9. Revenu moyen de la pêche sur DCP en gourdes et paramètres de dispersion

    .........................................................................................................38

    Tableau 10. Revenu moyen de la pêche côtière en gourdes et paramètres de disper-

    Sion...................................................................................................39

    Tableau 11. Revenu moyen agricole en gourdes et paramètres de dispersion..............39

    Tableau 12. Revenu des branches d'activité en gourdes et leur contribution

    par type.................................................................................................40

    Tableau 13. Variations de prix des produits de pêche au niveau des différents

    circuits (en gourdes/livre)...........................................................................43

    Tableau 14. Taux de marge commerciale selon le type de produit et la Caté-

    gorie d'acteur.........................................................................................44

    Liste des sigles et abréviations

    CV : Coefficient de variation

    FAMV : Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire

    IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique

    IICA : Institut Interaméricain de Coopération pour l'Agriculture

    MARNDR: Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement

    rural

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    BRH : Banque de la République d'Haïti

    CPA.SA : Compagnie de pêche antillaise SA

    DCP : Dispositif de Concentration de Poissons

    EDH: Electricité d'Haïti

    FAO: Food Agricultural Organization

    PADI : Projet pêche Anse d'Hainault/Dame-marie/Irois

    PADI : Plate forme pour l'amélioration de la pêche artisanale et du développement

    intégré

    PB : Produit brut

    CV : Chevaux vapeurs

    UE : Union Européenne

    DMS: Degrés, Minutes, Secondes

    ZEE : Zone économie Exclusive

    Liste des annexes

    Annexe A. Photo d'un DCP posé au large de Saint-Jean du Sud(le flotteur fait de bouées

    et le pavillon sont visibles.......................................................11

    Annexe B. Plan d'un DCP utilise couramment en Martinique...........................11

    Annexe C. Principales espèces capturées sur les DCP....................................30

    Annexe D. Tableau sur l'effort de pêche suivant les types...............................31

    Annexe E. Exemplaire d'un cahier de données statistiques d'AMPAH- rapport de

    Production (Mai 2005)...........................................................................32

    Annexe F. Tableau de données sur le nombre de prises et les rendements durant

    quatre ans........................................................................................33

    Annexe G. Tableau de données par type sur la pêche DCP...............................38

    Annexe H. Tableau de données par type sur la pêche côtière............................38

    Annexe I. Tableau de données par type sur les cultures..................................38

    Annexe J. Les principaux acteurs de la commercialisation des produits halieuti-

    que...............................................................................................41

    Annexe K. Fiche d'enquête........................................................................23

    CHAPITRE I

    I- INTRODUCTION

    I.1 Problématique

    Depuis des millénaires, la pêche a été toujours considérée comme une source importante d'aliments pour l'humanité tout en assurant des emplois et des bénéfices économiques à ceux qui la pratiquent. Toutefois les avancées scientifiques, l'enrichissement des connaissances et le développement dynamique du secteur démontrent au monde entier que les ressources maritimes halieutiques et côtières quoique renouvelables ne sont pas inépuisables. Celles-ci doivent être protégées et bien gérées pour contribuer de façon durable au bien être économique, nutritionnel et social de la population mondiale (FAO, 2002).

    La République d'Haïti est comptée parmi les territoires qui disposent des ressources renouvelables d'origine marine et côtière très diverses et variées. Celles-ci constituent un potentiel important dont la mise en valeur responsable peut contribuer au développement global du pays (CELESTIN, 2003). La pêche, bien qu'elle soit une activité artisanale, contribue fortement au revenu de ses pratiquants. Il y a environ 30.000 à 52.000 pêcheurs en Haïti (DAMAIS et al, 2007) et l'apport de la pêche au PIB était de 13.6% en 1999 (BREUIL, 1999). Le pays possède 1500 à 1700 Km de côte, pourtant le volume de capture n'avait presque pas évolué au cours des décennies de 1970 et 1980, pendant lesquelles les prises maritimes annuelles oscillaient autour de 5000 à 8000 tonnes (CELESTIN, 2004). Autrement dit, l'établissement de la nouvelle juridiction (ZEE=200 milles) ne suffit pas à améliorer l'offre de poisson (JUMELLE, 1984). De nos jours, elle est estimée à environ 15.000 tonnes/an (DAMAIS et al, 2007).

    Par ailleurs, en Haïti, la problématique de la pêche s'inscrit dans un contexte démographique et environnemental caractérisé par une population à la fois dense, pauvre, mal nourrie et peu éduquée. En outre, les techniques utilisées vieilles de plusieurs décennies sont transmises de génération en génération car il n'existe pas d'école de pêche. Le cercle vicieux du système halieutique : engins rudimentaires, embarcations à faible rayon d'action, forte pression sur les ressources des eaux néritiques et du plateau continental sous-jacent, faible rendement par effort de pêche etc...., entraîne une faible rentabilité et une sous-exploitation des ressources situées dans les eaux océaniques. Enfin le mauvais état du réseau routier, la faiblesse des investissements, l'absence des moyens adéquats de conservation empêchent un bon approvisionnement de l'intérieur du pays.

    Malgré tous ces handicaps qui renforcent le dysfonctionnement du système, les pêcheurs adoptent toutes sortes de techniques dans le but d'améliorer la pêche. A Anse d'Hainault (département Grand' Anse), une vieille technique, mais nouvelle pour la localité, fit son apparition au cours de la deuxième moitié des années 1980 et fut expérimentée par AMPAH (Association des marins pêcheurs d'Anse d'Hainault). Il s'agit de celle des DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) qui est actuellement maîtrisée de façon adéquate et est en phase de vulgarisation dans la plupart des régions côtières du pays. Cette technique permet aux pêcheurs de concentrer l'effort de pêche sur une zone où les poissons sont supposés être déjà rassemblés, ce qui pourra donner lieu à des captures relativement importantes. Ainsi la pêche aux DCP devrait occuper une place primordiale et générer un revenu considérable pour les pêcheurs.

    Il est donc évident que la pratique de la pêche sur DCP nécessite une analyse globale permettant d'identifier les impacts socio- économiques majeurs (BEN-YAMI et al, 1990). En outre, à une époque où le pays s'efforce d'atteindre les objectifs et priorités du millénaire (le développement durable), une étude approfondie pouvant contribuer à une meilleure compréhension de cette technique paraît plus que nécessaire en vue d'améliorer le système halieutique au niveau national. Certaines questions demandent en effet une attention soutenue. Que peut-il découler de la pratique de cette pêche sur les activités des marins pêcheurs? Quels sont ces impacts réels et potentiels ? Quelle est son importance dans la zone ?

    Pour élucider ces interrogations, le présent travail de recherche se propose de mettre en évidence les changements apportés par cette technologie de DCP au niveau des Marins Pêcheurs et d'évaluer la marge commerciale des Distributeurs de produits halieutiques de la commune d'Anse d'hainault.

    1.2 Objectifs de l'étude

    1.2.1 Objectifs généraux

    Ce travail s'articule autour de deux principaux objectifs :

    -Mettre en évidence les changements et améliorations enregistrés dans la communauté des marins pêcheurs d'Anse d'Hainault à partir l'application de la technologie des DCP.

    -Déterminer les marges commerciales des distributeurs de produits halieutiques de la commune d'Anse d'hainault.

    1.2.2 Objectifs spécifiques

    -Identifier les transformations opérées dans la communauté par la présence des DCP.

    -Déterminer les apports de la pêche sur DCP dans les revenus des marins pêcheurs.

    -Présenter le circuit de commercialisation

    -Evaluer les taux de marge commerciale des distributeurs de produits de pêche.

    -Préciser les avantages techniques et les retombées de la pêche sur DCP les Marins Pêcheurs et Distributeurs.

    1.3 Hypothèses

    Dans le cadre de cette étude, il nous parait approprié d'émettre les hypothèses suivantes :

    1- Les prises et le rendement de la pêche sur DCP dans cette zone connaissent une augmentation avec le temps dû aux formations des pêcheurs.

    2- La pêche sur DCP contribue fortement aux revenus des pêcheurs.

    3- La pêche procure un taux de marge commerciale plus élevée aux grossistes qu'aux autres agents distributeurs.

    1.4 Intérêt de l'étude

    Actuellement, un peu partout à travers le monde, la pêche sur DCP est pratiquée et apporte des bénéfices colossaux aux pêcheurs. A Anse d'Hainault si le système est bien géré, les programmes de DCP bien planifiés et les études d'impacts réalisées, on peut aboutir à une nette amélioration de la pêche et même moderniser ce secteur. C'est dans ce contexte que s'inscrit cette étude. La pêche sur DCP est relativement bien maîtrisée dans cette localité. On peut faire ressortir ses impacts, analyser les retombées socio- économiques, faire des recommandations bien fondées pour une meilleure orientation de la pêche. Cette étude est un travail de base qui apportera des données valides et des remarques pertinentes aux opérateurs du secteur et à d'autres chercheurs dans le cadre d'une étude plus approfondie.

    1.5 Limitation de l'étude

    L'étude réalisée a permis de reconstituer une image globale cohérente de la pêche sur DCP sans toutefois prétendre à un niveau de précision extrême. Vu le temps imparti et les moyens alloués à l'étude, il est notamment illusoire de considérer les données chiffrées comme tout à fait certaines. Ce sont davantage des ordres de grandeur qui sont fournis ici et qui doivent être utilisés avec prudence. Ceci concerne en particulier la reconstitution des comptes d'exploitation des pêcheurs et les marges des distributeurs de produits de pêche. La pêche étant une activité saisonnière et aléatoire, il est extrêmement difficile en effet, sans un suivi sur une période suffisamment longue, d'avoir par enquête une idée précise du volume des prises réalisées.

    Les différents produits de la mer n'ont pas tous été traités avec le même souci d'approfondissement et d'exhaustivité. De prime abord, On a mis l'accent sur les poissons DCP, les poissons nobles et sur les langoustes, puis dans une moindre mesure, sur les coquillages (lambi), les autres espèces n'ont pas été traitées.

    On dispose néanmoins, avec ces quelques 48 enquêtés, d'une base annuelle suffisamment large pour se faire une idée du système et prendre les décisions qui s'imposent.

    CHAPITRE II

    II- REVUE DE LITTERATURE

    2.1 Situation mondiale de la pêche

    Au cours des cinquante dernières années, la pêche mondiale a connu un essor exceptionnel avec une production débarquée qui est passée de 20 à 80 millions de tonnes entre 1950 et 1980 (FAO ,2002). Cet accroissement résulte de la mise en exploitation de ressources jusqu'alors inexploitées, ainsi que de l'augmentation des capacités de capture. Après cet accroissement, la production globale a plus ou moins stagné depuis deux décennies et la production par habitant a décliné. La production des poissons prédateurs (espèces de forte valeur comme la morue ou le flétan) est en chute. Le maintien du niveau global des prises résulte d'un transfert sur des espèces situées à des niveaux trophiques inférieurs (maquereaux, sardines, anchois etc.)

    D'après REYNALD et al (2000), le diagnostic suivant lequel la situation de la pêche n'est généralement pas bonne est incontestable et les manifestations les plus courantes de cette détérioration sont :
    - Le tassement de la production qui s'explique par la montée fulgurante du volume de débarquement en 1980 et du déclin depuis deux décennies.

    - La diminution des captures des stocks les plus nobles qui ont été les premiers à être surexploités. Au plan qualitatif, la production des espèces démersales est partout en déclin et le maintien (stagnation) des prises globales n'est lui même acquis que par une intensification de la pêche sur des espèces situées à des niveaux trophiques inférieurs.
    -Une baisse de l'emploi dans le secteur et un renforcement des inégalités sociales.
    -L'appropriation de fait des captures par un nombre de bénéficiaires qui se réduit.
    -L'accentuation des conflits entre pêcheurs à tous les niveaux (national, international).
    - La mauvaise application des réglementations, notamment en raison d'une politique de surveillance et de contrôle inadapté.

    2.2 La pêche durable

    L'homme a aujourd'hui une capacité d'extraction des ressources vivantes naturelles plus rapide que l'aptitude de celles-ci à se régénérer. La prise de conscience de ce phénomène a conduit à l'émergence du concept de développement durable, défini comme « devant répondre aux besoins du présent sans compromettre l'écosystème et la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins ».Pour assurer une pêche durable, il convient de contenir la mortalité par pêche de manière à maintenir les stocks à un niveau d'abondance qui garantit leur pérennité. Dans cette démarche sont associées la durabilité biologique (renouvellement de la ressource) et la durabilité économique (maîtrise de l'intensité de la pêche par la régulation de l'accès aux ressources).

    La qualité de l'environnement des ressources est aussi une condition de durabilité de la pêche. L'action des engins de pêche modifie les écosystèmes marins à différents niveaux d'organisation : modification de l'habitat des ressources, transformation de la structure des peuplements naturels, pression de sélection de certains traits démographiques de populations intensément exploitées. Combinées avec d'autres contraintes anthropiques (pollutions chroniques ou accidentelles) ainsi qu'aux effets des variations climatiques, la surexploitation peut durablement compromettre la production des stocks, tels que ceux de la Morue dans l'Atlantique nord (REYNAL et al, 2000).

    2.3 Catégories de pêche

    Les pêches maritimes mondiales présentent aujourd'hui des aspects très variés. Deux critères de classification peuvent êtres utilisés (ROMELUS, 2005).

    1. Suivant le mode de gestion des moyens de production, on distingue :

    a. Pêche artisanale (embarcation de petite taille avec équipage limité, sorties limitées à quelques jours à proximité de la zone de débarquement)

    b. Pêche industrielle (sorties de plus longue durée, pêcheries caractérisées par la capacité de stockage, de traitement à bord, l'autonomie des embarcations).

    2. Suivant le marché de destination, on distingue

    a. Pêche artisanale 

    La pêche se situe au niveau de subsistance avec une faible capacité d'investissement, la majeure partie des captures est donc consommée par le pêcheur et sa famille, le surplus est vendu au marché local.

    Pêche côtière à grande échelle

    Le pêcheur quitte le degré de subsistance, utilise des techniques relativement simples. La pêche offre une rentabilité économique raisonnable.

    b. Pêche hauturière 

    S'effectuant en haute mer, les exigences en matériels dans cette catégorie sont grandes, car plus on s'éloigne des côtes, plus le caractère périssable du poisson est important. La pêche hauturière est caractérisée par un volume beaucoup plus important de capture par rapport aux autres catégories.

    2.4 Surpêche ou surexploitation

    C'est le fait d'exploiter à un taux trop élevé une ou plusieurs classes d'âge d'un stock alors que sa biomasse, son potentiel reproducteur et les perspectives de captures sont réduits en deçà des niveaux de sécurité.

    2.5 Situation de la pêche en Haïti

    La plupart des ressources démersales du plateau continental d'Haïti font l'objet d'une forte exploitation du fait d'une augmentation de la pression exercée par un nombre croissant d'unités de pêche et de la détérioration de certains écosystèmes favorables à la reproduction des poissons et crustacés. Le processus de dégradation des écosystèmes côtiers qui augmente inexorablement en raison de l'absence de politiques environnementales effectives (eaux de ruissellement chargées de sédiments, polluants divers, destruction des mangroves, exploitations en masses de coraux) ne fait qu'aggraver la situation. Ceci se manifeste par une diminution du nombre et de la taille des prises. De ce fait, les pêcheurs tentent d'exploiter d'autres milieux, notamment la haute mer, mais la majorité d'entre eux manque de moyens pour cela ; les temps de déplacements élevés limitent la durée de pêche, la vétusté des embarcations augmente le risque en mer et réduit le nombre de jours de pêche, les outils disponibles limitent les types de pêche praticables.

    Il existerait en Haïti quelques 52 000 familles de pêcheurs répartis en 26 000 unités de pêche (pirogues, barques à fond plat, bateaux à voile) et plus de 420 localités de pêche. La production annuelle du secteur serait de l'ordre de 15 000 TM de poissons, 600 TM de langoustes, 200 TM de chair de lambi et 50 TM de crevettes, pour une valeur globale de plus de 3 milliards de gourdes et une valeur ajoutée annuelle de 2 milliards de gourdes (DAMAIS et al, 2007).

    2.6 Rôle de la pêche dans l'économie nationale

    Le secteur de la pêche et de l'aquaculture ne constitue pas à proprement un secteur stratégique de l'économie haïtienne, mais sa contribution est loin d'être négligeable en particulier en zones côtières où de manière considérable il permet de maintenir des emplois dans des zones où les opportunités économiques sont de plus en plus rares.

    2.6.1 Demande

    La consommation en produits de la mer peut être estimée à environ 2.6 kg/an/habitant, sur la base d'une disponibilité apparente de 21.300 t (en équivalent frais) et d'une population de 8 millions de personnes. Ce chiffre indique une consommation assez faible en produits de la mer, révélatrice de modes de consommation liés à la faiblesse du pouvoir d'achat des populations en général et est aussi souvent lié à la croyance religieuse des consommateurs. La plus forte consommation survient habituellement au cours de la période de fête de pâques où la tendance est à la hausse (FAO, 2005).

    2.6.2 Offre

    Selon une analyse menée par le Bureau de Nutrition du Ministère de la Santé Publique et de la Population, la consommation de produits carnés (poulet, cabri, boeuf, lapins, et autres) était de 12 kilogrammes par hab/an en 1987. La consommation de viande de poisson sous toutes ses formes était de 4 kilogrammes/hab/an. Avec un total de 16 kilogrammes/hab/an de consommation de produits carnés toutes catégories confondues, cela représentait un déficit de 7 kilogrammes/hab/an en fonction du seuil de carence mondiale pour la consommation des protéines d'origine animale qui est de 23 kilogrammes/ha/an. Mais l'offre des produits halieutiques varie au cours d'une période de l'année et stagne pendant une autre période. Les causes de ces variations et de cette stagnation peuvent être attribuées à des facteurs naturels : les conditions changeantes et inéluctables, la biologie et l'océanographie des sites de pêche (JUMELLE ,1984). L'offre est relativement plus volumineuse durant les périodes où il n'y a pas de perturbations climatiques.

    2.6.3 Commerce

    Selon DAMAIS et al. (2007), les exportations de produits de la mer sont principalement constituées de langoustes (285 tonnes/an), de crevettes (environ 50 tonnes/an) et de diverses espèces de forte valeur marchande. Cela représente au total entre 6 et 7 millions $EU par an en valeur chaque année (CELESTIN, 2004). Les importations sont principalement constituées de chinchard congelé (environ 15.000 t/an) et d'importations plus traditionnelles en Haïti comme le hareng-sel (environ 5.000 t/an), le hareng saur (environ 1.000 t/an) et diverses conserves (environ 2.000 t/an). Les importations représentent au total environ 8 millions Euros par an en valeur (BREUIL, 1999).

    2.7 Notion d'effort de pêche

    D'après FAUCHEUX ET NOËL (1995), cité par ROMELUS (2005), l'effort de pêche, est le nombre de bateau par unité de temps ou toutes informations plus détaillées de type : nombre de filets, de nasses, de lignes, ou d'hameçons utilisés par unité de temps dans l'activité de pêche. L'effort de pêche est exprimé en nombre de bateaux, en sorties de pêche, ou en ligne-heure.

    2.8 Les différents engins de pêche utilisés en Haïti

    Les différents engins cités ci-dessous sont ceux utilisés par les pêcheurs haïtiens. Ce sont: Les filets maillants fixes, les filets en mono filaments, les filets trémails, bouées orphies, pêche à la palangre, les sennes de plage, l'épervier, les nasses, les lignes simples et multiples, pêche à la lumière, pêche aux jorfilles, pêche canal. Cette dernière est une pêche au large, à la traîne ou à la ligne plombée, des grands poissons pélagiques ; on pratique également, depuis l'installation des DCP, une pêche similaire, au large, à la ligne (autour du DCP) pour capturer les grands pélagiques carnassiers. Il faut préciser que seulement les lignes simples et multiples sont actuellement utilisées sur les DCP en Haïti (ROMELUS, 2005).

    2.9 Dispositifs de Concentration de Poissons

    On constate souvent que les espèces pélagiques, comme les thonidés, s'assemblent, parfois en grandes concentrations, autour du bois qui flotte ou d'autres épaves à la dérive. Les pêcheurs, qui ont observé ce comportement, ont ainsi appris que leurs captures étaient bien meilleures lorsqu'ils pêchaient à proximité d'épaves flottantes. Certaines techniques de pêche industrielle s'appuient sur cette tendance qu'ont les thonidés à se rassembler autour des épaves naturelles à la dérive pour améliorer les prises. Il est ainsi arrivé que soient capturées des tonnes de poissons près d'objets flottants parfois de toute petite taille (BEN-YAMI et al, 1990).

    C'est au début du 21ème siècle que les pêcheurs de l`Indonésie et des philippines commencèrent à construire des radeaux de bambou pour attirer les bancs de poissons. Ils amarraient ces radeaux au fond au moyen de cordages en fibres naturelles attachés à des paniers de pierres qui tenaient lieu d'ancres. Ces structures artificielles furent les premiers dispositifs de concentration de poissons ou DCP traduit en anglais par Fish Agregating Devices (FAD). L'exploitation des DCP, tant par les petits pécheurs que par la flottille de pêche industrielle, est désormais très répandue. Aux philippines plus de 3000 DCP sont aujourd'hui en service et ils représentent le gros de la production de thon jaune (BEN-YAMI et al. ,1990).

    2.9.1 Description des DCP

    Installé par les pêcheurs, le DCP est une épave artificielle autour de laquelle se forme progressivement un écosystème. La chaîne alimentaire est constituée par des algues qui viennent s'accrocher sur les différentes parties composantes du DCP. Les huîtres sont attirées par les algues qui leur servent d'aliments primaires, viennent ensuite les petits poissons qui se nourrissent des huîtres. Les gros poissons prédateurs arrivent à leur tour pour chasser les petits poissons. Au bout de la chaîne se présente alors le pêcheur qui capture les gros poissons (BEN-YAMI et al. ,1990).

    2.9.1.1  DCP artisanal

    Le DCP comprend trois parties : un flotteur (bouées ou d'autres objets flottants), un attracteur (feuilles de palmier, bâche de matière plastic, nappe de filet à mailles fines), un ancre (corps mort). L'ancre est liée au flotteur par une ligne de mouillage. Les matériels utilisés pour le flotteur sont soit des pneus, des coques de petit bateau, radeau de bambou ou des bouées. Pour le mouillage (corps mort), on peut utiliser : des ferrailles, carcasses de voiture, blocs de béton. La ligne de mouillage est liée au flotteur par des lignes de chaines, au milieu des cordages se trouve des ports en nylon, et pour la partie liée à l'ancre des lignes de chaine à grande maille. Pour joindre les cordages, des manilles et des émerillons sont utilisés. Une partie au dessus de la mer comprenant un pavillon pour le jour et un feu de position pour la nuit permet d'identifier le DCP (Annexe A).

    2.9.1.2 DCP moderne

    Les DCP modernes sont parfois mouillés à des profondeurs allant jusqu'à 2000 m, équipés de réflecteurs radar et de système d'éclairage utilisant l'énergie solaire. Les radeaux auparavant fabriqués à partir de matériaux naturels sont devenus des DCP d'acier d'aluminium et de fibre de verre. Certains modèles récents peuvent être immergés sans danger sous l'effet de forts courants ou de tempêtes. Les combinaisons savamment étudiées de cordages synthétiques que l'on utilise désormais offrent des lignes de mouillages capables de résister à la condition hostile du milieu marin. Il demeure que l'idée d'ancrer une structure flottante en mer pour attirer les poissons reste fondamentalement la même qu'il y a un siècle.

    Le modèle de DCP moderne a été optimisé au fil des années, grâce aux expériences conjointes des pêcheurs et des scientifiques (Annexe B). Le but était de fabriquer des dispositifs relativement peu coûteux (environ 2000 US$) mais aussi faciles à mettre en place et à déplacer, car de nombreuses interrogations se posaient quant à la profondeur de mouillage ou l'éloignement à la côte. Les efforts ont ensuite porté sur la solidité des DCP dont la durée de vie n'excédait pas 2 ans. Des recherches doivent être menées afin de mieux connaître l'intensité des courants en fonction de la profondeur mais aussi le comportement du poisson en fonction des courants: savoir s'il résiste ou s'il se déplace vers des zones plus calmes, auquel cas rechercher l'insubmersibilité des DCP n'aurait pour effet que d'augmenter leur coût sans améliorer le rendement pour la pêche DAMAIS et al. (2007).

    2.9.2 Explication de la colonisation des DCP par les poissons

    Bien que les pêcheurs utilisent les DCP depuis près d'un siècle et que beaucoup d'informations soient disponibles sur le comportement et la biologie des thonidés et des autres espèces pélagiques, les raisons pour lesquelles les DCP attirent les poissons restent un mystère. Les recherches en la matière, qui consistent essentiellement à observer le comportement des poissons à proximité des DCP, ont permis d'avancer plusieurs hypothèses, dont les principales seraient que les poissons y trouvent soit un refuge et une protection, soit un moyen de s'orienter (BEN-YAMI et al. ,1990).

    2.9.2.1 Le refuge et la protection

    Selon cette théorie, la superstructure et la ligne de mouillage du DCP permettraient aux poissons de se mettre à l'abri des prédateurs. Les poissons en bancs pourraient ainsi demeurer à proximité des lignes de mouillage et des éléments immergés des DCP, voire se cacher derrière ou se grouper encore plus étroitement en cas de menace de la part d'un prédateur. Sur les DCP mouillés en faible profondeur, on a pu constater que les prédateurs semblent désamorcés par ce type de comportement, au point de ne pas passer à l'attaque (BEN-YAMI et al. ,1990).

    2.9.2.2 L'orientation

    Cette théorie reposerait sur le fait que les poissons utilisent le DCP comme point de référence physique dans un océan généralement dénué de tel repère. Il est observé que certaines espèces de thonidés quittent le DCP la nuit pour aller se nourrir et y revenait pendant la journée, alors que d'autres y demeuraient la nuit et partaient en chasse le jour. Il apparaît dans un cas comme dans l'autre que les poissons sont capables de retrouver le chemin du DCP lorsqu'ils le désirent. Bien qu'ils puissent ainsi passer des jours, voire des semaines, associés à un DCP, d'autres nécessités les poussent finalement à poursuivre leur chemin et ils sont remplacés par des nouveaux bancs.

    Selon une hypo thèse plus récente, la principale raison de la colonisation des DCP par les poissons est que la chaîne alimentaire chez ces derniers s'est créée à proximité des DCP. Lors des migrations, les frais (les poissons larvaires et juvéniles) forment des bancs qui viennent se nourrir des organismes du plancton se trouvant sur les DCP. Ils sont attaqués par des prédateurs plus grands et ces derniers deviennent des proies pour d'autres ainsi de suite (BEN-YAMI et al. ,1990).

    2.9.3 Importance des DCP relative à l'augmentation des captures

    Aucun élément ne permet d'établir que les DCP augmentent la quantité globale de thonidés présents dans une zone donnée d'océan. Ils permettent en revanche de rassembler dans une zone de faible dimension les poissons disséminés sur un espace plus vaste, d'où une plus grande facilité de repérage et de capture. Les DCP permettent aux pêcheurs de concentrer leur effort de pêche sur une zone où les poissons sont déjà rassemblés. Une fois qu'un banc de poisson a localisé un DCP, il peut rester là et tourner autour pendant des jours, des semaines et même des mois avant de le quitter. Cela signifie qu'en utilisant un DCP, il est possible d'exploiter davantage un même banc. Ainsi les marins pêcheurs ne perdent ni temps ni carburant à chercher les bancs de poissons puisqu'ils vont directement au DCP pour pêcher. C'est pourquoi les volumes totaux des prises et les taux de capture aux abords des DCP sont généralement plus élevés qu'en pleine eau. Ces dispositifs concentrent différentes espèces en fonction des profondeurs. Les Thons jaunes, les thons obèses et les germons de grande taille s'assemblent à des profondeurs allant de 50 à 300 m bien qu'ils remontent parfois, et notamment la nuit plus près de la surface (BEN-YAMI et al. ,1990). D'autres espèces sont aussi fréquemment attirées par les DCP :

    v Toutes les espèces de thons

    v Toutes les espèces de bonites

    v Quelques espèces de maquereaux

    v Quelques espèces de carangues

    v Les daurades coryphènes

    v Les requins

    2.9.4 DCP et environnement

    Une des conséquences de cette technique est la diminution des captures dans les parages éloignés des DCP. Si sur un DCP, la technique de capture la plus efficace est la dérive, dans les zones éloignées de celui-ci, la seule technique possible demeure la traîne. Il en résulte une diminution de cette pratique, encore utilisée majoritairement par les pêcheurs sportifs (pêche au gros), ne serait-ce que pour éviter aux clients d'être malades, la dérive étant difficilement supportable. Les DCP pourraient donc avoir en conséquence un effet négatif sur l'activité touristique (REYNAL et al, 2000).

    Outre l'accroissement des captures en espèces pélagiques, l'implantation des DCP peut soulager la ressource démersale de la pression trop forte exercée par la pêche littorale traditionnelle et facilite également la restauration des habitats du plateau continental. Ce rôle n'a été qu'en partie atteint. En effet, en raison d'investissements plus faibles, des possibilités de ventes assurées, les pêcheurs ont été quant à eux attirés par les possibilités de rentabilité qu'offrait la pêche sur DCP. Mais l'exploitation de la ressource démersale n'a pas été réduite par l'introduction des DCP. Le nombre de pêcheurs vivant de cette ressource s'est simplement stabilisé alors que le nombre de pêcheurs orientés vers la ressource pélagique a fortement augmenté. De plus en plus, les jeunes pêcheurs se tournent vers une activité diversifiée en essayant de concilier les possibilités de rendement élevé offertes par les DCP et les prix élevés de vente de poissons de fond, crustacés et mollusques (REYNAL et al, 2000).

    CHAPITRE III

    III-METHODOLOGIE

    3.1 Présentation de la zone d'étude

    Ce présent travail a été réalisé dans trois villages de pêche de la commune de d'Anse d'hainault. Cette dite commune est située sur la pointe Ouest du département de la Grand' Anse.

    3.1.2 La Grand' Anse

    « La Grand' Anse, c'est d'abord une rivière. Elle sinue entre des pans de falaises, vagabonde entre les berges hachurées de tiges, de bambous, de roseaux, de canne-à-sucre, s'alanguit dans des bassins bordés de concupiscents arbres véritables, repart, tourbillant d'innommées turbulences. La Grand' Anse, c'est ensuite un lieu géographique. Elle s'étire des presqu'îles des Baradères au cap de Tiburon, coincée entre un capricieux océan et des montagnes aux sommets mythiques. La Grand' Anse c'est enfin un lieu de mémoire, une fantasmagorie de cartes postales jetées au gré de nos impressions. Pestel, Corail, les îles cayemites, les stigmates de cayes, Anse d'Hainault y sont ses joyaux. Anse d'Hainault ville pittoresque reconnue pour la courtoisie de sa population, au delà de sa frange côtière d'une richesse éblouissante, on voit se dessiner des cocotiers et des mangroves d'une singulière beauté » (ROUMER, 2004).

    3.2 Anse d'Hainault

    3.2.1 Localisation géographique

    Anse d'Hainault, commune du département de la grand' Anse est bornée au Nord par la commune de Dame-Marie, au Sud par celle des Irois, à l'Est par les Communes de Chambellan et de Moron, à l'Ouest par la mer des Antilles à près de quarante kilomètres de l'île la Navase. (Figure 1)

    3.2.2 Coordonnées Géographiques

    Latitude (DMS) :18° 30' 0 N

    Longitude (DMS):74° 27' 0 W

    Figure 1. Vue satellite de l'Anse d'Hainault

    3.2.3 Les Sections Communales

    La commune de l'Anse d'Hainault comprend, outre la ville, un important espace rural formé de quatre sections communales : Grandoit, Bourdon, l'Ilet à Pierre Joseph, et Mandou qui s'étendent sur une superficie de 348.73km2 (figure 2). Deux sections sont considérées comme des zones intérieures (Grandoit et Bourdon) tandis que deux autres sections et la ville sont côtières. (IHSI, 2003).

    Figure 2. Carte de la région d'étude

    3.2.4 Topographie et sol

    Le relief dominant de trois (3) des sections communales est fait de montagnes et de collines à pentes relativement élevées de l'ordre de 30 à 50%. La ville et la 4ème section sont par contre dominées par un relief de plaine. Le basalte est le constituant dominant de la roche mère. Dans certaines zones on trouve des sols ferralitiques découlant de l'altération de la roche mère.

    3.2.5 Les ressources hydriques

    La commune d'Anse d'Hainault compte quatre (4) rivières, six (6) sources et un (1) étang. On y dénombre également vingt (20) puits et sept (7) fontaines publiques.

    3.2.6 Climat

    Suivant la période, la température de la commune d'Anse d'Hainault est soit élevée soit normale. Son climat est relativement normal durant les mois de Décembre à Mars, et chaude durant les autres mois. La pluviométrie avoisine les 1711.08mm/an. L'agriculture est soumise à un régime pluvial (IHSI, 2003).

    3.2.7 Le système agro-écologique

    Les systèmes agro-écologiques de la zone vont de la plaine humide arborée aux montagnes humides.

    a) Au niveau des plaines humides (zone côtière et intérieure) on trouve : l'arbre à pain et l'arbre véritable, les bananiers, des fruitiers : avocatier Persea americana, Manguier Mangifera indica, cocotier Coccos nucifera, canne à sucre Sacharum officinale.

    b) Au niveau des plaines et montagnes humides (Bourdon, Ilet- à -Pierre Joseph, Mandou) on cultive le café Coffea arabica, le gingembre, le cacaoyer Theobroma cacao, l'igname Dioscorea rotundata. La commune d'Anse d'Hainault demeure un important centre producteur de bananes Musa sp, de Gingembre Zingiber officinale, d'arbres fruitiers en abondance. Mais le manque d'encadrement en ressources humaines et matérielles, l'enclavement causé par le mauvais état des routes, la précarité du système de cabotage et le bas prix des denrées à l'exportation encouragent la diminution de la production et la baisse de la couverture végétale entraînant en conséquence l'érosion.

    L'élevage est rencontré dans toutes les aires agro-écologiques et comme presque partout en Haïti l'outillage est rudimentaire.

    3.2.8 Caractéristiques Océanographiques

    La zone océanique de cette commune présente les caractéristiques ci-dessous mentionnées.

    3.2.8.1 Ligne de côte et plateau continental

    La bande littorale du département de la Grand' anse s'étend de Pestel aux Irois et mesure environ 186 km (incluant les 29km du périmètre de grande Cayemite en face de Pestel) soit 11% de la longueur totale des côtes du pays estimées à 1700 km. Sa plateforme continentale est évaluée à une superficie de 87,968 ha, soit environ 17.6% du total de 50000 ha pour le pays. Elle est particulièrement élargie jusqu'à 13 à 27 km par rapport à la côte respectivement autour de l'archipel des Cayemites et à la pointe de la péninsule sud notamment au large de Tiburon, Irois, Anse d'hainault et Dame Marie. (CELESTIN ,2004).

    3.2.8.2 Température, stratification thermique et salinité

    La température ne connaît que de faible variation annuelle allant de 26°C en janvier à 29°C en septembre dans les eaux de surface. Néanmoins, des températures très élevées de l'ordre de 31°C peuvent être enregistrées notamment dans les baies, ou des zones à mangroves plus ou moins encaissées, très ensoleillées et moins exposées aux échanges avec les eaux océaniques. La thermocline est observée plus au large, à des profondeurs de l'ordre de 40 m en janvier et de 90 m en août avec une température d'environ 17°C en dessous. Cela implique que la stratification thermique des eaux ne concerne que des profondeurs situées dans l'intervalle correspondant à celui du plateau continental plafonné à 200m. Elle limite ainsi les échanges de bioéléments et éléments nutritifs entre la communauté benthique du talus et les autres constituants de la biocénose de la plate forme insulaire et de la province néritique situés au dessus de ce dernier. Ceci met en évidence une sensibilité particulière des peuplements littoraux qui est bien leur vulnérabilité à la surpêche (CELESTIN ,2004). Quant à la salinité, elle se situe en général autour de 36%o avec, comme pour la température et dans les mêmes conditions, des excédents de l'ordre de 4%o.

    3.2.8.3 Circulation des courants marins

    La productivité relativement élevée des eaux d' Anse d'Hainault est favorisée également par le passage des poissons migrateurs qui agrémentent saisonnièrement, le stock du plateau et du talus (les grands pélagiques océaniques :Thons, bonites, balaous ,dorades et les petits pélagiques côtiers :carangues, sardines, anchois ...), ces poissons sont transportés par une ramification importante du courant nord équatorial et de son contre-courant résultant, formé par effet Coriolis à partir des côtes de cuba. Ce courant part en direction ouest dans le canal du vent à quelques 20 milles marins de la côte nord d'Haïti. A la rencontre du contre-courant de cuba, il forme avec ce dernier un mouvement tourbillonnaire dans le golfe de la Gonâve, de novembre à Mars qui fait circuler les pélagiques grands et petits au large d'Anse d'Hainault (BRETHES et RIOUX ,1986).

    3.2.8.4 Ressources océanographiques

    La frange côtière de l'Anse d'Hainault a l'avantage d'être jusqu'ici protégée de la pollution outrancière, parce quelle est surplombée du bassin versant le moins déboisé du pays d'une part et non côtoyé de la route nationale No. 2 d'autre part. C'est l'une des zones les plus productives d'Haïti en raison des effets combinés des courants marins, de la dynamique des eaux et des peuplements autochtones de la plate forme. En outre la baie du village de pêche d'Anse d'Hainault est protégée au nord et au sud par deux importantes barrières coralliennes ainsi que deux cordons de sable formés par des récifs, et s'étendant presque de façon perpendiculaire à l'entrée de la baie (CELESTIN, 2002).

    Elle héberge une série de site enclavé dont les éléments conservent quasiment leurs caractéristiques primitives pour n'avoir pas été soumis aux impacts négatifs du développement côtier. Ce sont en particulier des baies à forte densité de palétuviers bien invaginés et bien abrités, des prairies étendues d'herbiers marins constituées de Thalassia testudinum entre 0 et 10 à 15 m de profondeur et de Syringodium filiforme au delà des formations coralliennes dispersées, des îlets, des marais et des systèmes lagunaires bien garnis ou bordés de mangroves et également une très grande biodiversité subaquatique (CELESTIN ,2004).

    3.2.9 Environnement socio-économique

    3.2.9.1 Démographie

    Toute activité économique nécessite la participation d'une certaine couche de la population. La portion active de celle-ci représente le moteur du processus de production. En fait c'est le niveau économique de la population qui définit la consommation de biens et de services au niveau d'un espace géographique donné. La population totale de la commune était de 31737 habitants en 2003 (IHSI, 2003). Le nombre approximatif de pêcheurs est de 950 soit 15.8% de la population pour tout ce département (BREUIL ,1999).

    3.2.9.2 Petites industries

    Cette commune ne possède aucun embryon industriel .Nous avons répertorié une guildiverie, un moulin à canne (Mandrou), quatre cassaveries et des unités de transformation artisanale.

    3.2.9.3 Marchés locaux

    Ils sont au nombre de quatre : marché Gaillard, Bord de mer, Boucan, Gabriel. Parmi ces marchés seulement celui de Gaillard est pourvu d'un abattoir. Ces marchés constituent les principaux centres d'approvisionnement des marchandes et des « madame Sara ».On y trouve surtout des produits de mer, poissons frais et poissons séchés, des crevettes etc.

    3.2.9.4 Voies de communication

    Les tronçons de routes menant à ces marchés sont quasi impraticables. Dans la majorité des cas le transport est assuré par des équins ou à dos d'homme. Seulement l'axe routier reliant la ville à Mandrou est facile d'accès. Un port ouvert au cabotage assure le transport des personnes et des marchandises entre Anse d'Hainault, Jérémie et Port -au- Prince. La fréquence de voyage aller-retour est d'une fois par semaine.

    3.2.9.5 Organisations

    Dans le cadre de l'initiative de l'implantation des DCP, l'Association des Jeunes d'Anse d'Hainault s'est convertie en une ONG appelée « Pêche Anse d'Hainaut Irois », ou PADI, et devient l'un des principaux prestataires de services techniques du secteur de la pêche en Haïti.

    Il existe dans la communauté une autre association, émergée de la dynamique même du milieu en réponse à des problèmes confrontés par les marins pêcheurs. AMPAH (Association des Marins Pêcheurs d'Anse d'Hainault) créé en Mars 2002 pour la gestion des acquis d'un projet d'encadrement mis en oeuvre par PADI avec les pêcheurs d'Anse d'Hainault, et financé par l'Union Européenne dans le cadre du PDR-GA : montage, installation, surveillance de DCP. Les objectifs formulés par cette organisation visent l'amélioration des conditions socio-économiques de ses membres et celle de l'activité de pêche.

    3.3 Méthodes

    Pour la bonne réalisation du travail, atteindre nos objectifs et tester nos hypothèses, nous avons adopté la méthodologie suivante :

    v Recherche bibliographique

    v Enquête exploratoire

    v Typologie

    v Méthode d'échantillonnage

    v Enquête approfondie (collecte des données auprès des opérateurs)

    v Dépouillement

    v Méthode d'analyse des données

    3.3.1 Recherche bibliographique

    La revue de la bibliographie existante a notamment permis de faire le point sur l'état des connaissances quant au niveau de la ressource estimée (ressource benthique et ressource pélagique). Nous avons consulté des documents, ouvrages et revues scientifiques qui fournissent des informations relatives à notre étude afin de présenter la pêche en Haïti et de comprendre la technique de Dispositif de Concentration de Poissons (DCP). On a notamment pu exploiter les statistiques de quatre années de pêche sur DCP de AMPAH.

    3.3.2 Enquête exploratoire

    Cette visite exploratoire a été réalisée en vue d'avoir une vue panoramique de la zone. C'était une première phase de collecte d'informations nécessaires à la connaissance des personnes ressources de la zone d'étude. Elle nous a permis de choisir notre échantillon et de définir une typologie.

    3.3.3 Typologie

    A partir de la visite exploratoire, nous avons établi une typologie. Il nous a paru, que les marins pêcheurs sont différents économiquement suivant qu'ils possèdent ou non les moyens de production nécessaires à la pêche aux DCP. L'objectif était de classer les marins pêcheurs de la zone suivant un critère déterminant « le nombre de jours consacré à la pêche à proximité des DCP ». Types I pour les Marins Pêcheurs à plein temps, type II pour les Marins Pêcheurs à mi temps, type III pour les Marins Pêcheurs occasionnels.

    3.3.4 Méthode d'échantillonnage

    L'enquête approfondie a été conduite sur la base de la méthode stratifiée aléatoire. Nous avons fait le choix des unités statistiques, Marins Pêcheurs, à l'intérieur des types de manière aléatoire. Avec l'aide de AMPAH, nous avons pu établir la liste des marins pêcheurs DCP de la zone et on leur a attribué un numéro chacun .Un tirage au hasard a été fait avec une calculatrice (randomisation) pour réaliser l'enquête. Dans le même ordre d'idée, pour les unités statistiques Distributeurs de produits de pêche, on a répertorié les différentes catégories de distributeur existant dans la zone et on a choisis au hasard les enquêtés dans chaque catégories tout en ayant soin d'avoir la meilleure distribution spatiale possible de la population échantillonnée.

    Nous avons enquêté au total 42 personnes dont vingt cinq (25) marins pêcheurs et dix sept (17) distributeurs de produits de pêche. Les informations concernant la répartition des enquêtés se trouvent dans les tableaux 2 et 3 du chapitre résultats et discussions.

    3.3.5 Enquête approfondie

    L'enquête exploratoire une fois terminée, nous avons procédé à l'enquête proprement dite. Elle a été faite par le biais des formulaires d'enquête (Annexe K) dans la perspective de recueillir des informations valides pour réaliser les analyses. Des enquêtes quantitatives et qualitatives ont été réalisées sur toute la zone, tant auprès des pêcheurs que des commerçants de produits de la mer.

    Au niveau des pêcheurs, les données ont été recueillies sur :

    · Le coût de la main-d'oeuvre

    · Le coût d'exploitation des DCP

    · La quantité de produits capturés par sortie en mer

    · Le nombre de sorties de pêche par semaine

    · Le prix de vente des produits

    Auprès des distributeurs, les informations collectées concernent :

    · Les conditions d'approvisionnement des produits

    · La quantité achetée

    · Le prix d'achat et de vente

    3.3.6 Dépouillement des données

    Le but de cette étape a été de présenter les données sous une forme synthétique et plus claire afin de les utiliser efficacement. Le dépouillement a été fait à l'aide d'une grille, en fonction de nos objectifs spécifiques.

    3.3.7 Modèle Mathématique

    En vue de réaliser les analyses, nous avons collecté toute une série de données, pour l'estimation des indicateurs, des calculs de corrélation ont été faits dont les critères de base correspondent à la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). Nous nous proposons de déterminer s'il y a une sorte de liaison entre le nombre de formation des pêcheurs(x1) et les prises (y1), le nombre de formations des pêcheurs (x2) et le rendement (y2) avec le temps. Selon BOURBONNAIS (2003) la statistique appelée coefficient de corrélation linéaire simple précise l'intensité de liaison entre deux variables.

    Il est déterminé par cette formule :

    Ce coefficient est compris entre -1 et 1. Un signe négatif indique que y varie en sens inverse de x et plus le coefficient est proche de 0, plus les deux variables sont linéairement indépendantes. Ce coefficient est notamment calculé par la fonction COEFFICIENT.CORRELATION d'Excel.

    J'ai noté ce coefficient r. Dans la mesure où il mesure le lien linéaire qui unit deux variables seulement, le coefficient de corrélation ne peut résumer la qualité d'une régression multiple. Toutefois, il a dans ce cadre son utilité : mesuré pour chaque paire de variables explicatives, il alimente la matrice des corrélations. Par conséquent, il permet de repérer les variables superflues. Plus le coefficient est proche de 1, meilleure est la corrélation .Plus précisément, c'est le nombre d'observations n, ou plutôt le nombre de degrés de liberté (n - 2 pour une régression simple), qui détermine une valeur limite, pour un niveau de risque d'erreur donné, et il existe pour cela des tables du r. Elles sont rarement reprises dans les manuels de statistiques. En revanche, on peut construire une statistique avec r et la comparer avec un t de Student :

    Règle de décision 

    Si t*>ta/2n-2 valeur lue dans la table de student au seuil de á=0.05 (5%) à n-2 degré de liberté, HO est rejeté, le coefficient de corrélation est donc significativement différent de zéro. Dans le cas contraire, l'hypothèse d'un coefficient de corrélation nul est acceptée.

    CHAPITRE IV

    IV- RESULTATS ET DISCUSSIONS

    4.1 Sites alternatifs d'exploitation

    Les axes caractérisés par des portions étendues de plateau continental dame-marie, Tiburon, Anse d'Hainault constituent les principales zones traditionnelles de pêche. Aujourd'hui, il est généralement admis que cet espace n'est plus en mesure de répondre à un effort de pêche plus ou moins intense en raison de la surpêche et de la dégradation rapide des habitats : (avis partagé par le principal opérateur privé de ce secteur en Haïti : la Compagnie de Pêche Antillaise-CPA.SA (CELESTIN, 2004).

    La reconstitution des stocks de la plate forme insulaire et des eaux néritiques associées est possible si la pression sur les sites de pêche diminue et si des mesures appropriées sont prises pour arrêter le processus de détérioration de l'environnement de la zone côtière. Dans l'intervalle, à Anse d'Hainault, la multiplication des DCP et l'apprentissage ainsi que le développement de techniques de pêche appropriées au niveau du talus continental offrent d'autres alternatives d'exploitation. Les marins-pêcheurs exploitent le système profond potentiellement riche et sous exploité. Ils y pêchent des pélagiques océaniques, erratiques et saisonniers (daurade, carangue, thon, balaou).

    4.2 Situation de la pêche sur DCP à Anse d'Hainault

    La pêche à proximité de DCP demeure l'une des activités les plus importantes pour les habitants d'Anse d'Hainault, soit comme exploitants directs soit comme bénéficiaires indirects. Elle permet à la population locale de s'approvisionner en poissons qui constituent en général des aliments de haute valeur biologique. Les trois DCP mouillés à Carcasse, Tiburon, Irois représentent en outre, l'une des principales sources de revenu permettant la prise de certaines décisions d'importance vitale, telle que l'augmentation de la taille de l'entreprise de pêche, l'extension des exploitation agricoles, l'éducation des enfants, ainsi que la possibilité de faire face aux débours financiers occasionnés par des évènements sociaux, comme des fêtes nationales et religieuses, un mariage, des funérailles.

    Le nombre de pêcheurs dans la zone est estimé à environ 900 soit 15% du nombre total de 6000 distribués dans tout le département. A peu près 60 à 70 % de l'effectif régional pratique la pêche à plein temps (BREUIL, 1995) et seulement 20% la pêche sur DCP, faute de moyen de production et de crédit. Les informations recueillies au terme de l'enquête exploratoire nous portent à classer les marins pêcheurs en trois groupes. Cette classification se justifie parce que les marins pêcheurs ne sont pas homogènes du point de vue socio-économique, ils sont différents suivant qu'ils possèdent ou non un moteur (moyen de production déterminant pour le nombre de jours qu'ils peuvent consacrer à la pêche sur DCP). Les trois types sont présentés dans le tableau 1 suivant :

    Tableau 1 : Classification des marins pêcheurs par type

    Types de Marin Pêcheurs

    Nombre de sorties/ semaine

    Nombre de sorties sur DCP/an

    Moyens de production par type

    I- Marin Pêcheurs DCP à plein temps

    5-7

    260-364

    5-6 barques

    1-2 moteurs

    8-10 lignes

    II- Marin Pêcheurs DCP à mi-temps

    3-4

    156-208

    1-2 barque*

    0 moteur

    6-8 lignes

    III- Marin Pêcheurs DCP occasionnels

    0-1

    0-52

    0-barque

    0-moteur

    3-4 lignes

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    (*Acquisition: souvent par prêts bancaires ou location entre les mains des types I)

    4.2.1 Type I

    Ce groupe rassemble des marins pêcheurs dont l'activité maritime surtout la pêche à proximité des DCP prédomine sur les autres activités. Il est caractérisé par les gens qui ont les moyens de production de la pêche sur DCP : barques, moteurs, engins de pêche nécessaires pour cette technique. Leur principal intérêt est de maximiser leur revenu. Ils pratiquent la pêche côtière seulement pour la capture des poissons de première classe, les queues de langoustes, les lambis qui sont les préférés des consommateurs. Ils vont pêcher essentiellement sur les DCP, 5 à 7 fois par semaine, soit 312 jours en moyenne par an.

    4.2.2 Type II

    Dans cette catégorie, on rencontre des marins pêcheurs qui pratiquent la pêche à proximité des DCP à mi-temps. Ils manquent les moyens de production exigés par la pêche sur DCP (barque, moteur). Alors ils pratiquent également la pêche côtière. Leur intérêt dans la pêche à proximité des DCP est qu'elle leur permet de minimiser les risques de très faibles résultats quand ils doivent travailler dans les conditions aléatoires et précaires de la pêche côtière. Ils contractent des prêts bancaires pour l'acquisition des matériels (engins de pêche, barque, moteur) et partagent les prises avec le propriétaire en nature ou en espèce. Ils vont pêcher à proximité des DCP 3 à 4 jours par semaine, soit 182 jours en moyenne par an.

    4.2.3 Type III

    Parmi ce groupe, on rencontre les petits marins pêcheurs qui ne pêchent sur DCP qu'en de rares occasions. Ils y vont une fois par semaine, embarqués comme membre d'équipage des autres types car ils ne possèdent pas de moteurs eux même pour aller sur les DCP. La pêche côtière qu'ils pratiquent 3 à 4 jours par semaine occupe la première place dans leurs activités. La pêche sur DCP leur permet de subsister.

    4.3 Répartition de l'échantillon de marins pêcheurs et des distributeurs de produits de pêche

    Les types de marins pêcheurs et les distributeurs de produits de pêche sont répartis comme suit dans les tableaux suivant.

    Tableau 2 : Répartition de l'échantillon marin pêcheurs par type

    Types de marin-pêcheurs

    Taille population de marins pêcheurs DCP estimées

    Taille échantillon enquêtée

    Pourcentage%

    I

    79

    13

    16.5

    II

    55

    8

    14.5

    III

    28

    4

    14.2

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    AMPAH compte au moment de l'enquête 40 pêcheurs. Ils posent, gèrent les DCP et permettent aux pêcheurs de la communauté de les utiliser moyennant une contribution de ces derniers à l'association. La population des marins pêcheurs DCP d'Anse d'Hainault est d'environ 162 pêcheurs.

    Tableau 3 : Répartition de l'échantillon distributeurs par catégorie

    Catégorie de distributeurs

    Échantillons enquêtés

    Agences (fournisseurs)

    5

    Marchandes

    8

    Grossistes

    4

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    4.4 Changements opérés dans la zone

    Le DCP est en train d'opérer des transformations dans le mode de vie des marins pêcheurs. Qu'ils soient positifs ou négatifs, la présence des DCPs a des conséquences sur bon nombre de choses dont les suivantes :

    v Les engins, techniques et stratégies de pêche

    Il est à noter que les marins pêcheurs DCP n'utilisent à date que les lignes pour pêcher alors que pour les autres types de pêche, ils utilisent les nasses et tout autre engin de pêche. En plus, les marins pêcheurs DCP utilisent des bateaux à moteur pour pêcher, c'est une condition irrévocable pour la pêche sur DCP, puisque ils doivent aller jusqu'à 20000 m au delà du plateau continental pour atteindre les DCPs.

    Avant les DCP, l'acquisition des moteurs ne leur était pas facilitée, maintenant ils bénéficient des programmes leur permettant d'en avoir accès. Ce fut le cas avec le projet Valorisation de la pêche dans les communes d'Anse d'Hainault, de Dame Marie et des Irois en 2000. Ce projet financé par le MARNDR et PADI contenait deux volets donc l'un dédié à la vente à crédit à prix subventionné (50%) de moteur hors-bord de 15 CV (environ 70 unités pour une valeur 100000 euros) et l'autre à la formation. En outre avec le support de l'union européenne en 2002, PADI a exécuté un projet de renforcement de la pêche avec comme activités : mouillage et montage de 10 DCPs, création d'un fonds de crédit 300.000 gourdes pour les pêcheurs, formation de 150 pêcheurs et vente de 62 moteurs de 10 à 15 CV aux pêcheurs d'Anse d'Hainault(CELESTIN, 2004).

    v Le régime alimentaire

    Les pélagiques océaniques de grande taille (Balaous, Thons) très recherchés à l'extérieur sous forme de filet de poissons ou de conserves appertisés par les industries culinaires et touristiques quoique relégués au second plan dans la capitale (prix Balou 60 gourdes/livres, prix poissons roses 160 gourdes/livres), commencent à être très appréciés dans la communauté de pêche d'Anse d'Hainault. On est à l'aube d'un changement du régime alimentaire.

    v Augmentation des distances parcourues

    Les DCP à Anse d'hainault sont mouillés à une profondeur de 1200 à 1400m. Plus la profondeur est grande, plus la distance de la côte est importante car pour dépasser les limites du plateau continental au large d'Anse d'hainault la distance est d'à peu près 20 km. Il est évident que les pêcheurs sont désormais obligés d'aller plus loin en mer que par le passé, d'où une augmentation de leur frais de carburant.

    v Augmentation de la flottille

    Depuis l'apparition des DCP, le nombre de bateau de pêche a augmenté dans la zone, passant de 120 en 1997 à 220 bateaux de pêche (DAMAIS et al, 2007). Les donnés relatives au nombre de barques et de canot à moteur sont confinées dans le tableau 4 ci-après.

    Tableau 4 : La flotte par village de pêche

    Type d'embarcation

    Village de pêche

    Gaillard

    Bouchure Malette

    Ilet

    Canot à moteur

    55

    15

    6

    Barque

    69

    45

    30

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Avec la technique de dispositifs de concentration de poissons, des projets ont facilité également aux pêcheurs l'acquisition de moteur hors-bord de 15 CV à crédit, prix subventionné (50%). On peut conclure que les DCP contribuent à moderniser le secteur qui était laissé à lui-même.

    v Modifications de la composition des espèces

    Habituellement, les pêcheurs exploitaient les poissons démersaux du plateau continental. C'est la ressource la plus importante, la plus variée et la plus ciblée. Cette ressource est pleinement surexploitée. On y trouve des espèces vivement colorées vers lesquelles penchent les goûts des consommateurs antillais tels : Finfin (rose) Bodianus fulvus, Langouste Panulirus argus, Lambi Strombus gigas etc....Aujourd'hui, les différents poissons pélagiques capturés à proximité des DCP sont les grands migrateurs océaniques. On y trouve surtout les thons et les poissons à rostre, espadon, marlin en particulier. Il s'agit de ressources extra-territoriales circulant hors du plateau continental. Leurs longues migrations les amènent dans plusieurs ZEE successives. Ils n'apparaissent donc dans une zone donnée que de façon saisonnière. En Haïti, c'est généralement d'octobre à mars. Le captage de cette ressource permet d'augmenter le potentiel national de capture. L'exploitation de cette disponibilité complémentaire apparaît donc comme particulièrement intéressante. Le tableau présentant les différentes espèces capturées se trouvent en annexe C.

    v Prises de grande taille

    Par rapport à la taille des poissons habituellement pêchés par les pêcheurs de la zone, celle des poissons DCP est phénoménale. Un balaou peut peser plus de 550 livres ou 300 kg. Les figures 3 et 4 ci-contre représentent respectivement un balaou (espadon) capturé en juin 2006, elle mesure 1,60 m de long et pèse 109kg et un Thon de 2m.

    Figure 3. Balaou capturé dans l'aire d'un DCP à Anse d'Hainault

    Courtoisie de Mr GOERGES Simon, maire d'Anse d'Hainault

    Figure 4. Thon de 2m pêché en 2006 par les marins pêcheurs

    Courtoisie du professeur CELESTIN Wilson

    4.5 Impact des DCP sur les prises et les rendements

    Ces paragraphes montrent l'évolution des prises et des rendements depuis 1984 et surtout l'augmentation fulgurante de ces derniers avec la technique de DCP.

    4.5.1 Impact sur les prises ou nombre de poissons capturés

    Avant l'apparition des DCP, la quantité de poissons capturés n'était pas aussi nombreuse qu'aujourd'hui. Elle était d'environ 25000 - 27000 tonnes par an, la pêche stagnait du fait de manque de technique et d'engin de pêche (JUMELLE, 1984). La situation de la pêche était loin d'être bonne, le processus de dégradation des écosystèmes côtiers augmentait inexorablement en raison de l'absence de politique environnementale efficace ce qui se manifeste par une diminution de la taille des prises (FAO, 2002). L'exploitation des ressources halieutiques posait certains problèmes, elles étaient sous-exploitées dans les mers profondes par manque d'équipements nécessaires à la pêche et surexploitées au niveau du plateau continental (BREUIL, 1999).

    Pourtant la mise en place des DCP à Anse d'Hainault commence à changer la situation de la pêche. La production halieutique évolue lentement mais surement (DAMAIS et al, 2007). Elle n'a cessé d'augmenter durant ces quatre dernières années. Les nouvelles techniques permettent aux marins pêcheurs d'exploiter des bancs de thonidés qui circulent au large. Les DCP entrainent également l'évolution de l'effort de pêche. On constate un essor dans toutes les unités d'effort notamment une augmentation des barques, des nombres de sorties, des lignes.

    L'unité d'effort le plus fréquemment utilisé pour la pêche aux DCP est la ligne-heure, celle-ci est le produit du nombre de lignes pêche mouillée et du temps effectivement passé à pêcher (Annexe D). Le tableau 5 suivant présente l'effort de pêche des différents types de marins pêcheurs et le nombre de poissons capturés.

    Tableau 5 : Effort de pêche suivant les types et nombre de poissons capturés

    Types de pêcheurs

    Effort en lignes-heures/an

    Nbre moyen de poissons capturés/an*

    Volume de poissons capturés/an (en livre)

    I

    49812

    900

    460350.0

    II

    26981.5

    487

    249100.5

    III

    3276

    156

    74794

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Ce tableau montre également que pour les catégories de pêcheurs, le niveau de capture augmente avec celui de l'effort de pêche. Donc, le volume de poissons capturé varie en fonction de l'effort de pêche. Plus le pêcheur dispose des moyens de production, plus ses prises ont tendance à augmenter.

    NB : *Par sortie, les pêcheurs débarquent environ deux à quatre poissons pesant entre 90 livres à 550 livres.

    v Les Prises

    L'Association des Marins Pêcheurs d'Anse d'Hainaut, AMPAH, tient des statistiques assez complètes de l'utilisation des DCP, en enregistrant quotidiennement le nombre de bateaux qui prennent au moins un poisson sur les DCP exploités (Annexe E). On a pu exploiter dans le cadre de cette étude, les données des débarquements de l'année 2003 à 2006 et montrer indéniablement que les prises ont augmenté avec le temps.

    Figure 5. Prises sur les DCP d'AMPAH (2003-2006)

    Le nombre de poissons capturé par an est passé en effet de 1463 en 2003 à 1832 en 2006. Cependant, il y a lieu de constater une diminution significative des prises aux mois août -septembre surtout pour les années 2003 et 2004. Ce phénomène est peut être dû aux aléas cycloniques qui sévissent dans cette zone durant cette période. Le territoire d'Anse d'Hainault forme le front de la côte ouest de la Grand' Anse, c'est là que passent très souvent les cyclones.

    Par ailleurs, pour les mois de mars et Avril, on a observé un pic, en raison peut-être des courants marins qui forment un mouvement tourbillonnaire dans le golfe de la Gonâve, de Novembre à Mars. Ces courants font circuler des bancs de poissons migrateurs grands et petits au large d'Anse d'Hainault (BRETNES et Rioux ,1986).

    4.5.2 Impact sur les rendements des pêcheurs

    Les fluctuations des taux de capture dans le temps révèlent l'évolution du rendement des pêcheurs individuels ou encore les variations de la productivité dans le temps. En établissant une comparaison entre les rendements obtenus par les marins pêcheurs en 2003 et 2006, on constate que les rendements ont nettement progressé. En 2003, le rendement était de 46084 livres pour un effort de 100 sorties de pêche par an. En 2006, il est de 815000 livres pour un effort de 250 sorties de pêche par an (Annexe F).

    Figure 6. Évolution des rendements annuels entre 2003 et 2006 pour les marins pêcheurs.

    Cette augmentation des prises et du rendement de la pêche vient peut être du fait que les projets de formations acquis par les marins pêcheurs ont au fil des années affiné leurs techniques de montage, de mouillage et de pêche autour des DCP. En plus, certains projets ont facilité également aux pêcheurs l'acquisition de moteur hors-bord de 15 CV à crédit prix subventionné (50%).

    4.6 Analyse corrélationnelle entre le nombre de formations des pêcheurs et les prises, le nombre de formations des pêcheurs et le rendement durant quatre ans.

    Les marins pêcheurs de cette commune excellent dans l'art de pêcher sur DCP. Depuis l'introduction des DCP, ils ont pu acquérir des apprentissages logistiques, affiner les techniques de pêche sur DCP, bénéficier et faire bénéficier aux autres pêcheurs des formations. Ici, le terme Formation est employé comme la disposition prise par un groupe, une troupe pour l'instruction, la manoeuvre. C'est l'action d'organiser, de façonner, d'entrainer pour devenir plus habile.

    4.6.1 Nombre de formations et prises sur DCP

    Notre enquête a révélé que les marins-pêcheurs bénéficient souvent de formations, séminaires et bien d'autres appuis techniques donnés par les formateurs étrangers ou nationaux dans le cadre de plusieurs projets notamment PADI, CPA-SA, UE (Union Européenne) dans le cadre du projet PDR-GA, FAES etc. De 2003 à 2006, ils ont reçu et/ou donné environ 28 séances de formations réparties comme suit dans le tableau 6 ci-après.

    Tableau 6 : Formations reçues et/ou données par les Marins pêcheurs de 2003 à 2006

    Nbre de formations reçu et/ou donné

    Année

    6

    2003

    5-6

    2004

    7

    2005

    10

    2006

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Nous avons déterminé la liaison entre le nombre de formations reçu et/ou donné par les marins pêcheurs et les prises sur DCP.

    T tabulé = 2.069, avec n-2 degré de liberté (23).

    r étant égal a 0.66, ces deux variables ont une coévolution moyenne. Puisque t*= 3.696 >2.069, au seuil de 5 % (á=0.05) à n-2 degré de liberté, la corrélation est significative. Il y a une corrélation positive entre le nombre de formations reçu ou donné par pêcheur et les prises sur DCP.

    4.6.2 Nombre de formations et rendement de la pêche

    Nous avons déterminé la liaison entre le nombre de formations reçu et/ou donné par les marins pêcheurs et le rendement de la pêche. Le coefficient r étant égale à 0.66, le nombre de formation et rendement de la pêche ont une coévolution moyenne. Puisque t*=3.294 >2.069, au seuil de 5 % (á=0.05) à n-2 degré de liberté, la corrélation est significative. Il y a une corrélation positive entre le nombre de formations reçu et/ou donné par pêcheur et les rendements sur DCP. Le tableau 7 présente les résultats des corrélations calculées.

    Tableau 7 : Tableau de données sur les corrélations calculées

    Année

    Nombre de prises/an Y1

    Nombre

    de formations

    /an X1

    Coefficient de corrélation nbre de formations et prises

    Ren-

    dement Y2

    Nombre de formations/an X2

    coefficient de corrélation nbre de formations et rendement

    2003

    1463

    6

    0.61

    46084

    6

    0.56

    2004

    1709

    5

     

    592130

    5

     

    2005

    1725

    7

    641183

    7

    2006

    1832

    10

    815000

    10

    4.7 Les indicateurs économiques

    4.7.1 Les coûts relatifs à la pêche autour des DCP

    Pour pêcher aux abords des DCP, les pêcheurs prennent généralement du crédit le plus souvent pour acheter un moteur hors-bord et des matériels de pêche, pour couvrir des dépenses de carburant, d'entretien du bateau et des engins de pêche. Il s'agit là de frais directement encourus par les pêcheurs que l'on peut classer en deux catégories : les coûts variables et les coûts fixes.

    4.7.1.1 Coûts variables

    Les coûts variables ne sont encourus que lorsque les pêcheurs vont effectivement pêcher. Il s'agit des dépenses de carburant, dépenses pour la nourriture, du salaire versé à l'équipage en espèces ou en pourcentages des captures (20%). Les coûts variables sont fonction de la durée des sorties de pêche.

    4.7.1.2 Coûts fixes

    Par coûts fixes, on entend les coûts systématiquement encourus par les pêcheurs qu'ils sortent en mer ou non par exemple, les dépenses régulières de maintenance, les intérêts payés sur les prêts bancaires. (Les prêts sont contractés à un taux de 20 % dans la caisse populaire locale).

    La figure 3 illustre la relation entre les coûts fixes par sortie de pêche et le nombre de sorties effectuées sur les DCP par année.

    Figure 7. Relations entre frais fixes par sorties et le nbre de sorties effectuées

    Sur l'année, les coûts variables fluctuent en fonction de l'importance des activités de pêche. Plus il y a de sorties de pêche, plus les coûts variables s'accumulent au cours de l'année. Alors que, comme on peut le voir, les coûts fixes par sortie, et donc le total des coûts par sortie, chutent rapidement dès que le nombre de sorties augmente. Pour un nouveau pêcheur (les pêcheurs de type III) qui a dû acheter un bateau et des matériels de pêche, les coûts fixes seront élevés (de l'ordre de 156 à 609 gourdes). Pour un pêcheur qui a simplement réorienté ses activités et qui possède déjà un bateau (Pêcheurs de type I et II), ces frais seront de moindre importance et son entreprise sera d'entrée de jeu plus rentable.

    4.7.2 Amortissement

    L'amortissement est un prélèvement sur les résultats d'exploitation d'une entreprise, destiné à compenser la dépréciation subie par certains éléments de son actif. Pour les marins-pêcheurs, on ne prend pas en compte l'amortissement des dispositifs de pêche car leur durée de vie est inferieure à une année. Leur coût est pris annuellement. Les amortissements sont plus élevés pour le premier et le deuxième type, on retrouve plus de barques motorisées dans ces deux catégories.

    4.7.3 Cotisation ou contribution des pêcheurs pour l'entretien ou le remplacement des DCP

    La durée de vie d'un DCP peut varier de 3 à 5ans, mais il peut arriver que certains noeuds d'attache entre les différentes parties du dispositif soient défaits le lendemain du jour où ils ont été mouillés. Dans ce dernier cas, il n'y a pas de production et l'investissement est complètement perdu. Pour contrecarrer l'incidence d'une telle éventualité, les règlements internes d'AMPAH font obligation aux pêcheurs utilisateurs des DCP de fournir à la caisse une cotisation pouvant aider à la réparation ou la reconstruction des DCP. Cette contribution est de 5% pour les marins pêcheurs membres de l'association et 15% pour les autres. Ce taux est fixe, c'est comme une taxe prélevée sur les pêcheurs.

    4.7.4 Recettes annuelles

    Le produit brut (PB) est la somme de la valeur de la production totale de chaque activité réalisée au cours de l'année. Pour la pêche, la production totale est la recette annuelle. Le tableau 8 ci-après contient les résultats annuels :

    Tableau 8. Recettes annuelles et frais d'exploitation (en gourdes)

    Types de pêcheurs

    Nbre de sortie/an

    Recette moyenne/an

    (Gdes)

    Coûts annuels

    (Gdes)

    Cotisation

    (Gdes)

    Amortissement

    (Gdes)

    I

    260-364

    2198250.0

    840346.9

    109912.5

    2404.307692

    II

    156-208

    582958.3

    94824.0

    87443.7

    479.25

    III

    0-52

    192866.6

    24955.0

    28930.0

    40.5

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    4.7.5 Revenu moyen

    Le Revenu moyen est la somme monétaire qui reste après avoir retranché du produit brut toutes les charges réelles liées à la production du bien ou service en question ( Annexes G, H et I). Dans les tableaux 9, 10, 11 ci-dessous nous présentons les montants du revenu moyen par type ainsi que les paramètres de dispersion tels l'écart-type qui permet d'apprécier comment les valeurs se repartissent autour de la moyenne et le coefficient de variation qui exprime la variabilité par rapport à la moyenne afin de bien apprécier la réalité. Ces tableaux montrent les variations du revenu moyen des pêcheurs par type d'activité.

    Tableau 9 : Revenu moyen de la pêche sur DCP en gourdes et paramètres de dispersion

    Types de pêcheurs

    Nbre de sorties/an

    Revenu moyen pêche DCP

    Ecart-type

    coefficient de variation

    I

    260-364

    1247990.6

    243862.9

    0.195

    II

    156-208

    400690.6

    156571.4

    0. 391

    III

    0-52

    139249.6

    456.5

    0.032

    Tableau 10: Revenu moyen de la pêche côtière en gourdes et paramètres de dispersion

    Types de pêcheurs

    Nbre de nasse /an

    Revenu moyen pêche Côtière

    Ecart-type

    coefficient de variation

    I

    8

    40725

    15304.1

    0. 375

    II

    12

    101640.5

    37155.3

    0 .365

    III

    28

    200590

    10941.0

    0.545

    Tableau 11 : Revenu moyen agricole en gourdes et paramètres de dispersion

    Types de pêcheurs

    Nbre de sortie/an

    Revenu moyen agricole

    Ecart-type

    Coefficient de Variation

    I

    260-364

    10200

    2143.36

    0.210

    II

    156-208

    12760

    1994.69

    0.156

    III

    0-52

    15824

    5777.80

    0.36

    4.8 Impacts de la pêche de DCP sur les activités des pêcheurs

    Du point de vue économique, les activités agricoles, d'élevages, de pêches, de commerce des pêcheurs sont fortement influencés par la technique de pêche DCP dans la zone d'Anse d'Hainault.

    4.8.1 Revenu des branches d'activité et leur contribution

    Par ailleurs, le tableau 12 indique les résultats en rapport avec chaque branche d'activité des pêcheurs et le niveau de contribution de chacune d'elles pour chaque type de marin pêcheur.

    Tableau 12 : Revenu des branches d'activité en gourdes et leur contribution par type

    Types de pêcheurs

    Revenu moyen de pêche Côtière

    revenu moyen de

    pêche DCP

    Revenu moyen agricole

    Revenu total

    % pêche côtière

    % DCP

    % agricole

    I

    40725

    1247990.6

    10200

    1298915.6

    3.14

    96.09

    0.79

    II

    101640.5

    400690.6

    12760

    515091.1

    19.73

    77.79

    2.48

    III

    200590

    139249.6

    15824

    355663.6

    56.40

    39.15

    4.45

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Une analyse du tableau ci-dessus nous fait remarquer que la pêche DCP génère beaucoup plus de revenu pour les pêcheurs de type I et II que la pêche côtière et l'agriculture. Elle contribue dans le revenu des marins pêcheurs de type I à 96.09%, 77.79% pour le type II et 39.15% pour le type III. La pêche côtière apporte 3.14% dans le revenu au niveau du type I, 19.73 au niveau du type II mais dégage un pourcentage de revenu relativement important pour les marins pêcheurs du type III soit 56.40%. Alors que la pêche DCP génère de gros revenu pour les types I et II, le pourcentage de revenu apporté par cette pêche pour le type III est moindre. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'ils n'ont pas les moyens pour produire sur les DCP alors qu'on leur demande également une contribution de 15 %. On remarque qu'au niveau de tous les types, le revenu agricole est moins de 5 %.

    De par ces résultats, on déduit que l'agriculture pour les marin- pêcheurs est une activité secondaire, pratiquée surtout pour produire des vivres alimentaires.

    Tenant compte de ces résultats nous pouvons dire que la pêche au DCP constitue une activité importante dans la zone. Par ailleurs, le pourcentage du revenu moyen de la pêche DCP comparé au revenu engendré par les autres secteurs d'activité met en évidence la part de la pêche aux DCP dans la prospérité de la communauté d'Anse d'Hainault. Car, de toutes les activités, elle génère le revenu le plus important (dans le cas, bien sur, où les marins pêcheurs ont tous les moyens de production dont ils ont besoin).

    4.9 Impacts des DCP sur les distributeurs de produits de pêche

    Les distributeurs de produits de pêche voient leur marge commerciale augmenter avec la technique de pêche sur DCP.

    4.9.1 Les circuits de commercialisation

    La pêche étant corollairement signalée antérieurement comme occupation de premier ordre de la côte d'Anse d'Hainault, la commercialisation des produits résultants représente l'une des principales transactions au niveau des communautés locales .Celle-ci met en scène un ensemble d'agents économiques qui tissent entre eux des relations complexes permettant l'injection d'un flux monétaire considérable dans le système. Les transactions commerciales à l'intérieur des communautés concernées et vers l'extérieur font intervenir les agents suivants : les pêcheurs, Secrétaires-agences ou Zombis, les agences ou fournisseurs ou spéculateurs, les grossistes ou compagnie, les marchandes locales, les madame Sara, les consommateurs c'est-à-dire les particuliers, les hôtels et les restaurants (Annexe J). La figure 4 ci-après présente le schéma du circuit de commercialisation.

    Figure 8. Circuit de commercialisation des produits halieutiques d'Anse d'Hainault Sources enquête de l'auteur septembre 2007

    4.9.1.1 Premier circuit de commercialisation des produits halieutiques (poissons de la pêche côtière et poissons DCP)

    Une fois les captures effectuées, celles-ci sont vendues en mer ou sur le rivage par les pêcheurs à des agences, des grossistes ou des marchandes.

    Les agences, par l'intermédiaire des « secrétaires ou Zombi » (en cas de distances plus ou moins importantes entre leurs résidences et les débarcadères) ou directement (quand ils habitent à proximité des points de débarquement) achètent et prennent livraison entre les mains des pêcheurs. Ils revendent à des grossistes de Port-au-prince ou fonctionnent en partenariat avec eux. La plupart d'entre elles jouent aussi le rôle de fournisseurs directs à certains grand hôtels et restaurants.

    Les Grossistes quant à eux disposent pour la plupart d'équipements de conservation (chambres froides, congélateurs à gaz) et s'approvisionnent au moins une fois par semaine à partir des agences et aussi directement des pêcheurs.

    Au débarquement, une partie est livrée en gros directement aux hôtels et restaurants de haute gamme (type Montana, El Rancho....et aux supermarkets). Ce sont : les langoustes, les poissons de 1ère classe, une bonne partie de ceux de la 2e classe et de lambis ainsi qu'une quantité limitée de crevettes. Ces produits sont achetés aux poids essentiellement par les grossistes et les agences. L'acheminement de ces marchandises vers Port-Au-Prince se fait par bateau. L'autre partie la plus importante est entreposée dans une installation frigorifique. De celle-là, une portion est destinée à l'exportation tandis que celle devant être consommée par le marché local est vendue en gros et en détail aux consommateurs et aux marchandes. Les poissons les plus gros, sont en général réservés par les agences pour la vente aux supermarchés et aux restaurants de moyenne gamme (CELESTIN, 2004).

    Les Marchandes achètent les poissons de taille plus ou moins réduites (toutes catégories confondues), les stockent avec de la glace dans des contenants isothermes et les écoulent 2 à 3 jours par semaine dans les différents marchés publics de la capitale.

    4.9.1.2 Deuxième circuit de commercialisation des produits halieutiques (poissons de la pêche côtière et poissons DCP)

    Cette fois, les prises débarquées par les pêcheurs sur le rivage sont achetés par les marchandes locales ou les madanm sara au lot. Le prix négocié est généralement aux désavantages des pêcheurs compte tenu de la non-possession de moyens de conservation par ces derniers. Ces produits sont de tailles confondues (petits, moyens, gros), une faible quantité peut être revendue sur place et au frais à des consommateurs locaux par les marchandes locales mais en grande majorité, ils sont conservés par salage et séchage pour être écoulés par voie maritime vers les marchés de Port-Au-Prince, de Jérémie, des communes continentales du département de la Grand' anse par les madame sara.

    4.9.2 Prix des produits au niveau de chaque acteur de la chaîne

    Le prix des poissons de la pêche côtière et des poissons DCP varie suivant les catégories des produits, la complexité du processus d'approvisionnement dans le réseau de distribution (ex. une compagnie achète en même temps du pêcheur et d'une agence à des prix différents), le nombre de spéculateurs présents. Les prix moyens pratiqués en septembre 2007 à chaque étape de la commercialisation sont présentés dans le tableau 13 ci-après.

    Tableau 13 : Variations de prix des produits de pêche au niveau des différents circuits (en gourdes/livres)

     

    Circuit

    Acteurs

    Poissons frais -circuit long

    Produits noble -circuit court (supermarché)

    Poissons séché

    Poissons DCP

    Pêcheur

    60

    75

    30

    40

    Marchande locale

    80

    /

    60

    45

    Madame sara

    100

    /

    75

    75

    Agence

    120

    130

    /

    90

    Grossiste cx des bossales

    150

    175

    /

    120

    Détaillante Salomon

    160

    /

    /

    130

    Supermarchés

    /

    190

    /

    /

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Pour un agent donné, ces variations présentées dans le tableau 13 ne sont autres que les montants reçus à la vente du produit au prochain intermédiaire du circuit. Les opérations d'achat et de vente sont effectuées par lot pour le circuit pêcheur-marchande. Ceci dit, les variations des prix de ventes indiquées par les marchandes sont des estimations auxquelles il faut attribuer une valeur indicative.

    4.9.3 Comptes d'exploitation des agents de la commercialisation

    Les enquêtes réalisées dans le cadre de l'étude permettent de réaliser une analyse plus approfondie de trois catégories d'acteurs majeurs de la commercialisation des produits de la mer : les marchandes locales, agences et grossistes. L'analyse porte sur les taux de marge pratiqués.

    4.9.3.1 Les taux de marge commerciale

    Les taux de marge commerciale varient entre 12% et 40%. Ils sont plus faibles pour les produits séchés et salés. Le tableau 14 présente ces résultats.

    Type de produit

    Produits

    Marchande locale

    Agences

    Grossiste

    DCP

    Daurade

    14%

    17%

    28%

    Mère balaou

    14%

    15%

    26%

    Thon

    16%

    23%

    33%

    Côtière

    Lambi

    /

    35%

    37%

    Langouste

    /

    37%

    40%

    1ereclasse (rose)

    19%

    21%

    30%

    2emeclasse

    28%

    30%

    34%

    Transformé

    Salé/séché

    12%

    /

    /

    Tableau 14 : Taux de marge commerciale selon le type de produit et la catégorie d'acteur

    Sources : enquête de l'auteur septembre 2007

    Ils sont relativement plus élevés pour les produits plus nobles comme les lambis et langoustes par rapport aux poissons DCP. Enfin, ils sont relativement plus élevés au stade grossiste par rapport aux autres agents, ce qui peut traduire une concurrence plus forte à ce dernier niveau des filières de commercialisation.

    4.9.4 Avantages techniques et retombés des DCP

    Du point de vue technique la pêche au DCP permet à un grand nombre de pêcheurs de la zone d'avoir accès à la pêche hauturière et de diminuer la pression sur le littoral. Sur le plan organisationnel, le milieu des pêcheurs et la filière pêche sont mieux structurés, ce qui facilite la communication et l'écoulement des fruits de mer vers les marchés. Les DCP permettent de donner aux pêcheurs l'assurance de réaliser régulièrement des prises importantes. Sur le plan environnemental, l'utilisation des bateaux à moteur réduit le nombre de pirogues (bois fouillés), utilisateurs de nombreuses essences végétales en voie de disparition notamment le « Dame Marie » même si on continue encore à fabriquer les bateaux en bois. En plus, les jeunes pêcheurs se tournent vers une activité diversifiée en essayant de concilier les possibilités de rendement élevé offertes par les DCP et les prix élevés de vente de poissons de fond, crustacés et mollusques.

    Le développement et la modernisation de la flottille de pêche deviennent évidents, près de 68% des marins pêcheurs possèdent une barque à moteur donc la pêche au DCP produit une diversification de l'effort (nombre de bateaux, de lignes, de jours de pêche etc....). Dans la zone, le plus grand rêve d'un marin pêcheur est d'acquérir un moteur, cela améliore les conditions de travail et la sécurité en mer. Enfin, les DCP engendrent le développement commercial et la création d'emploi. L'augmentation des prises consécutives au mouillage de DCP à Anse d'Hainault donne lieu en aval à la création de petites entreprises de production d'articles à valeur ajoutée, tels que le thon séché destiné à l'exportation (surtout vers la République Dominicaine) et à la consommation locale. Ces nouvelles activités constituent une source d'emploi pour les personnes ne participant pas directement à la pêche et surtout pour les femmes. Donc, cette nouvelle technique favorise l'importance des femmes dans la zone et leur donne une place dans l'activité de pêche.

    Les DCP présentent également des problèmes de parcours, tels que les risques inconsidérés des pêcheurs en barque pour atteindre les DCP, la non garanti des économies de carburant. En outre, les pêcheurs réorientés sur les DCP doivent obtenir le crédit nécessaire à l'achat des bateaux, engins et matériels de pêche. L'accroissement des captures entraîne la chute des prix, ce phénomène ne se produit pas souvent (grâce à la régularisation mise au point par AMPAH en garantissant du crédit auprès de la caisse populaire locale pour de nouvelles marchandes) mais profite aux consommateurs et pénalise les pêcheurs qui auront investi.

    4.9.5 Création d'emploi

    Le secteur de la pêche à Anse d'hainault pourrait directement employer 3000 à 5000 pêcheurs professionnels et occasionnels. Elle rythme avec le fonctionnement des autres activités de la zone en particulier le petit commerce. Le nombre d'emplois induits en amont (vente, fabrication d'engins, formations) et en aval de la filière (transformation, commerce) semble relativement important. Les principaux emplois créés par les pêches sont :

    dans le secteur primaire, ceux de marins, de pêcheurs, de capitaine de bateaux. On peut estimer le nombre dans ce secteur à 800 emplois.

    dans le secteur secondaire, ceux de fabricants d'engins (nasses, filets, etc.), de vendeurs de matériels et engins de pêches, etc. On peut valablement estimer le nombre dans ce secteur à 1000 emplois (FAO, 2005).

    4.9.6 Captures et rendements pour l'année 2006

    D'après une estimation du volume total des débarquements des pêcheurs DCP en 2006, 1832 poissons appartenant à 6 espèces ont été capturés soit un volume de 957.088 livres. La valeur totale de la production inclut autoconsommations, appâts, alimentation, poisson donné à l'équipage est de 77.634.268,8 gourdes. Le Rendement moyen (en livre) d'un pêcheur par jour de pêche est de 1534.5 livre par jour. Le Rendement moyen/jour de pêche en gourdes est de12863.8 gourdes.

    4.9.7 Vérifications des hypothèses

    Après calculs et analyses des données de l'enquête et celles disponibles dans les registres de AMPAH, on déduit que:

    v Les connaissances acquises au cours des formations contribuent effectivement à l'augmentation des prises et du rendement de la pêche aux DCP.

    v La pêche au DCP contribue au revenu des marins pêcheurs de type I à 96.09%, 77.79% pour le type II et 39.15% pour le type III, contre 3.14% à 56.40% pour la pêche côtière. Nous pouvons déduire que la pêche aux DCP contribue fortement aux revenus des marins pêcheurs si ces derniers disposent des moyens de production efficaces leur permettant de pêcher sur DCP.

    v Les marges bénéficiaires des grossistes sont bel et bien supérieures à ceux des autres agents distributeurs. Ils bénéficient de plus de 37% du prix de vente.

    Chapitre V

    V-Conclusion et recommandations

    5.1 Conclusion

    La réalisation de cette étude a permis de comprendre l'organisation de la pêche sur les DCP et de faire ressortir ses impacts sur le volume d'activités des marins pêcheurs et des distributeurs de produits de pêche à Anse d'Hainault. Les résultats obtenus permettent d'aboutir aux conclusions suivantes :

    -Anse d'Hainault connaît un renouvellement de l'activité de la pêche grâce au mouillage des DCP notamment dans les villages de Gaillard, Bouchure Mallette, Ilet à Pierre Joseph.

    - Les résultats de l'étude prouvent clairement une augmentation considérable de la production halieutique qui sont d'ailleurs attendus de tout programme de mise en place de DCP. Cette augmentation des prises et des rendements s'explique en grande partie par l'apport de la formation des pêcheurs c'est-à-dire l'acquisition d'une maîtrise des techniques de mise en place des structures et de capture. La pêche DCP relève le revenu individuel des pêcheurs. Les DCP sont très efficaces et offrent une rentabilité supérieure à celle de la pêche côtière. Elle contribue en effet au revenu des marins pêcheurs de type I à 96.09%, 77.79% pour le type II et 39.15% pour le type III, contre 3.14% à 56.40% pour la pêche côtière et 0.79% à 4.45% pour l'agriculture. Néanmoins, on a constaté que les DCP demandent des moyens de production exigeants, moteurs, barques, engins...à ceux qui la pratiquent. Par conséquent, les marins-pêcheurs (type III) équipés de manière archaïque, ne possédant pas de barque motorisée et qui sont dans l'obligation d'en louer une, moyennant le paiement de 20% de la prise (en volume ou en valeur) ne pourront l'utiliser efficacement et ne verront pas leur revenu augmenter. Donc, le paiement de la cotisation pour le remplacement ou la réparation des DCP diminue considérablement le revenu pour ce type.

    En aval du secteur, les agents de distributions de produits de pêche madame sara, Marchande locale, agences, grossiste organisent tout le système de commercialisation pour créer des emplois. Les marges bénéficiaires des grossistes sont supérieures à ceux des autres agents de distribution, soit 40% pour les produits nobles plus précisément les langoustes.

    5.2 Recommandations

    Les décisions en matière d'amélioration du secteur halieutique doivent reposer sur une vision prospective de l'avenir. Ainsi, de par les résultats de ce travail, la pêche devait être très largement tributaire de ces mesures cohérentes :

    v Les décisions prises devraient favoriser la mise en place de conditions adéquates pour stabiliser l'érosion et les différentes formes de pollution et protégeant ainsi les constituants du système de support de vie aquatique.

    v On devrait fabriquer et installer des DCP loin des zones soumises à une forte pression d'exploitation pour favoriser la régénération et le recrutement adéquat des espèces côtières et exploiter les eaux océaniques où circulent les grands pélagiques.

    v Du point de vue technique, le choix doit porter sur les matériaux robustes et peu coûteux, comme les pneus usagés et d'autres matériels locaux pour diminuer le coût des DCP.

    v Dans le domaine public et privé, le renforcement des projets de mouillage des DCP doit être accentué et les programmes de suivi et d'évaluation mis en place.

    v Mettre en place un système continu pour renforcer la capacité de participation des pêcheurs dans l'activité de pêche sur DCP en priorisant, l'exécution d'un programme de formation et des projets visant à faciliter l'accès des marins pêcheurs à des moyens de production adéquats (moteur, barque, matériel de pêche, subvention du carburant) et de mettre l'emphase également sur le renforcement organisationnel dans le domaine de la pêche.

    v Mettre en place des moyens de communication et d'autre service de base pour faciliter l'approvisionnement en intrants et la distribution des produits et garantir également la sécurité en mer.

    v On devrait développer la capacité du secteur pour la création d'emplois, de richesse, l'amélioration de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté et améliorer les conditions de valorisation des produits en les soumettant aux méthodes traditionnelles et modernes de transformation et de conservation dans de meilleures conditions sur le plan hygiénique et technique afin de donner une valeur ajoutée à ces produits.

    v On devrait établir des structures de crédit pour le secteur pêche en vue de permettre aux marins pêcheurs et aux distributeurs d'acquérir des moyens de production et d'écoulement plus performants et plus durables leur permettant d'augmenter leur rayon d'action, de gagner plus de temps et aux petites marchandes d'augmenter leur fonds de roulement.

    v Il faudrait également envisager les interventions futures en matière de technologie des DCP suivant une approche filière intégrant notamment les aspects : production, collecte, transport, transformation, conservation et commercialisation afin d'éviter la déperdition de l'effort, les goulots d'étranglement et garantir ainsi la durabilité des acquis concernant cette technique dans le milieu halieutique en Haïti.

    v Enfin, il y a urgence pour la mise en place d'une unité recherche/action en vue de mieux adapter la technologie des DCP aux conditions socio-économiques du pays.

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIES

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams