CONTEXTE DE RECHERCHE
La question de la structure d'endettement des
entreprises a fait l'objet de débats depuis les travaux de Miller et
Modigliani (1958). Ces derniers ont été les premiers à
mener une analyse théorique sur l'incidence de la structure
financière, notamment sur le rapport dettes/fonds propres, sur la
valeur de la firme1(*). Jusque là il n'existe aucune
théorie consensuelle de l'endettement, car de nos jours le fossé
entre les conclusions des financiers (théoriciens et praticiens) reste
toujours grand (Carpentier, 2000).
Depuis 1958, les travaux concernant l'endettement des
entreprises se sont succédés, donnant naissance aux
multiples théories. Cependant, ces dernières ne sont que
validées dans des conditions hypothétiques2(*). La fin des années
cinquante marque également le début d'une pléthore
d'études empiriques sur l'endettement des entreprises. La plupart de
celles-ci cherchent à montrer les principaux déterminants de
l'endettement ne s'adressant qu'aux grandes entreprises et entreprises
cotées [Dubois (1985) ; Bourdieu & Colin-sedillot (1993);
Rajan & Zingales (1995); Carpentier & Suret (1999); Krem & Stoss
(2001); Gaud & Jani (2002); etc.].
Depuis plus d'une soixantaine d'année,
l'endettement des entreprises
s'est progressivement
inséré au coeur d'une problématique sans cesse
grandissante (Colot & Mélanie 2007). Plus les études
théoriques et empiriques fleurissent à son sujet, plus il se
mystifie. La difficulté d'expliquer l'ensemble de ses tenants et de
ses aboutissants résidant sans nul doute dans la complexité
des effets qu'il peut avoir sur ces entreprises. Tantôt positif,
tantôt négatif, l'endettement pourrait ainsi être
qualifié de feu sacré qui réchauffe et brûle
tout à la fois. Cependant, la frontière entre ses bienfaits et
ses méfaits pour les entreprises n'est pas des plus simples à
fixer comme peut l'attester l'abondante littérature concernant
les essais d'identification des variables explicatives de la structure
d'endettement. Toutefois ces études empiriques concernent, pour la
plupart, les grandes entreprises et non les petites et moyennes entreprises,
mieux connues sous l'appellation de PME. Ainsi, par exemple, seulement 06% des
recherches scientifiques sur le thème des PME familiales
traitent du problème de leur financement (Allouche & Amann
1995)3(*). Cette
constatation est également confirmée par Chua, Sharma et Chrisman
(2003)4(*) pour qui moins de
10% des recherches sont menées à ce sujet. Or en Belgique, ces
entreprises familiales, qui sont très souvent des PME,
représentent une majeure partie de l'économie [(Donckels &
Aerts (1993) ; Van Caillie & Denis (1996)5(*); Colot (2005)].
Ces auteurs mentionnent
qu'il y a une tendance à appliquer les préceptes
théoriques de la finance d'entreprise classique au cas des PME puisque,
en fin de compte, ces entreprises sont caractérisées par les
mêmes problèmes que les grandes entreprises et entreprises
cotées. Par mêmes problèmes, ils entendent surtout des
problèmes d'agence et des problèmes d'asymétries
informationnelles. Ce qui, selon eux, différencie les PME des autres
entreprises, c'est l'importance prise par ces deux problèmes
fondamentaux de la finance au sein de ces entreprises. Ainsi, d'après
Van Caillie & Denis (1996), l'objectif même poursuivi par la PME
diffère souvent de celui poursuivi par les grandes entreprises. A
l'objectif de maximisation de la valeur de l'entreprise est souvent
préféré par la PME l'objectif de la pérennisation
et de maintien du contrôle à long terme de l'entreprise (Colot
& Mélanie, 2007). Le maintien du contrôle de l'entreprise
passe inévitablement par la sauvegarde d'une certaine
indépendance de l'entreprise à l'égard de ses apporteurs
des fonds externes. De plus, au sein de la PME, il y a souvent concentration de
la propriété et de la gestion au sein d'une seule et même
personne. Pour cette raison, les problèmes d'agence sont peut-être
moins importants au sein d'une PME qu'au sein d'un autre type d'entreprise. De
même, en raison de la volonté de sauvegarder le contrôle et
l'indépendance à long terme de l'entreprise, les problèmes
liés à l'existence d'asymétries informationnelles
notamment entre l'entreprise et ses créanciers sont renforcés au
sein des PME. Cette présence accrue d'asymétries
informationnelles au sein des PME est également constatée par
Dietsch, (2003) qui parle même de la « pauvreté et de
l'opacité de la structure informationnelle des PME. Plusieurs
études ont été menées sur les variables qui
expliquent le niveau d'endettement des entreprises. D'abord, les études
empiriques non récentes étaient menées sur les
déterminants de la structure du capital, principalement sur le
marché américain, [(Taggart (1977) ; Marsh (1982) ;
Jalilvand et Harris (1984)]. Toutefois ce champ d'investigation s'est enrichi
ces dernières années. Rajan et Zingales (1995) ; Booth et
al. (2001), se sont penchés sur les déterminants de la structure
du capital dans une perspective internationale. Kremp et Stoss (2001) ; De
Miguel Pindado (2001)6(*) ; Ozkan (2001)7(*), ont utilisé des modèles
économétriques mieux spécifiés à
l'étude de comportement d'ajustement dynamique. Cependant, dans le
contexte tchadien, les études portant sur les PME et les variables qui
expliquent leur niveau d'endettement sont rares voire inexistantes. Il nous
convient donc à partir des constats des travaux des auteurs ci-haut de
mener notre recherche sur les déterminants des PME, pouvant expliquer
leur niveau d'endettement. Ainsi, notre sujet de recherche s'intitule:
« LES DETERMINANTS DE LA STRUCTURE
D'ENDETTEMENT DES PME AU TCHAD ».
PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
Pour pouvoir parvenir au bout de notre recherche,
il convient de préciser la portée de certains concepts de notre
thème de recherche. Cette recherche s'articule autour de deux concepts
à savoir, d'une part, les déterminants et, d'autre part, la
structure d'endettement des PME.
En effet, les déterminants des PME peuvent
être entendus comme les caractéristiques ou variables propres aux
PME et à leurs dirigeants. Nous nous sommes intéressés ici
aux facteurs qui peuvent influencer le niveau d'endettement des PME qui sont
par exemple la rentabilité, l'âge, la participation des dirigeants
dans le capital de l'entreprise, etc. Ces déterminants sont des
critères permettant d'obtenir le financement par endettement des PME.
Ils expliquent la variation de niveau de l'endettement. Ce qui fait que
certaines PME sont plus ou moins endettées que les autres. La structure
d'endettement des PME quant à elle exprime la manière dont les
PME se financent par endettement. Autrement dit, les procédures et
modalités selon lesquelles une catégorie de PME est
financée.
Le financement des PME a souvent constitué
une préoccupation majeure pour les différents responsables
d'entreprises et d'autorités politiques dans nos économies
modernes car leur contribution en matière d'emploi est
importante8(*). En effet, on
distingue deux modes d'endettement, à savoir : l'endettement formel
et informel. L'endettement formel réglementé, se fait
auprès des institutions financières comme les banques
commerciales. Ce sont des sources de financement officielles. Quant à
l'endettement informel, il est légal mais pas officiellement
enregistré et se caractérise par un phénomène de
proximité entre les pourvoyeurs et les emprunteurs. Pour ce cas,
l'endettement s'effectue par les tontines, les apports de famille et les
proches (parents, amis, etc.). Cependant, les PME sont beaucoup plus
rationnées du crédit bancaire par rapport aux grandes entreprises
lesquelles ont une certaine facilité d'accès. Cette
discrimination s'explique par le fait que les PME sont trop risquées car
ne disposant pas souvent de garanties qu'exigent les banquiers. Ainsi, le
problème d'asymétrie informationnelle entre les offreurs et les
demandeurs des fonds peut être aussi source de rationnement du
crédit. En effet, l'asymétrie d'information signifie que, par
exemple, les dirigeants de sociétés ont, du fait de leur
position, une information privilégiée sur la situation et les
perspectives de développement économique et financier de
l'entreprise. Cette asymétrie explique que, dans certaines
circonstances, le recours à des contrats de dette soit
privilégié. Selon Colot & Mélanie (2007), entre
l'entreprise et ses bailleurs de fonds, trois catégories
d'asymétries informationnelles peuvent être
distinguées :
-Des asymétries d'information apparaissent avant la
signature du contrat de prêt dans la mesure où les prêteurs
peuvent difficilement discriminer de manière efficiente parmi les
différentes demandes de projets de financement. Ces asymétries
d'information, que l'on peut qualifier d'ex ante, sont à l'origine du
phénomène de sélection adverse9(*) sur le marché du
crédit (Stiglitz, Weiss, 1981).Pour cette raison, le taux
d'intérêt ne constitue pas un bon mécanisme de
régulation sur ce marché. Une hausse des taux peut induire la
sortie du marché des emprunteurs les moins risqués, seuls les
plus mauvais risques demeurent.
-Des asymétries d'information apparaissent pendant
le déroulement du contrat. L'emprunteur peut choisir, parmi ses projets
d'investissement, un projet plus risqué que le projet effectivement
présenté au prêteur et sur la base duquel il avait obtenu
son crédit. Si le prêteur observe uniquement le revenu
réalisé par l'emprunteur, il ne connaît pas avec exactitude
la nature du projet effectivement réalisé. Il doit
déterminer si, par exemple, une réduction des revenus
réalisés résulte de la mauvaise gestion de la firme par le
dirigeant ou d'une réaction normale de l'entreprise aux variations
conjoncturelles de son environnement. Ces problèmes d'agence sont
qualifiés d'aléa moral10(*).
-Enfin, des asymétries d'information peuvent se
révéler ex-post. Le prêteur ne peut alors évaluer
avec exactitude le taux de rendement du projet réalisé par
l'emprunteur qui peut être incité, pour minimiser ses
remboursements, à déclarer un revenu inférieur au revenu
effectivement réalisé (Williamson, 1986), ce qui a
été qualifié d'opportunisme11(*).
L'ensemble de ces asymétries
génère des problèmes d'agence et donc des coûts de
contrôle. Le créancier perçoit un risque de politique
d'investissement sous-optimale qui peut se traduire par une capacité de
remboursement de la firme inférieure à sa dette
financière. Un tel risque est lié soit à une
stratégie de sous-investissement (Myers, 1977) due notamment aux
prélèvements en nature réalisés par l'entrepreneur
au détriment de la société, soit à une
stratégie de surinvestissement correspondant à une prise de
risque excessive de la part de l'emprunteur qui réalise ainsi un
transfert de richesse des créanciers aux actionnaires (Jensen, Meckling,
1976). Le problème de la non-incitation à investir de
manière optimale est supposé, dans la littérature
économique, particulièrement sensible chez les entreprises
présentant de fortes opportunités de croissance, qui peuvent soit
lancer des projets trop risqués, soit ne pas lever une option de
croissance. L'asymétrie d'information peut expliquer une organisation
spécifique de la relation entre prêteurs et emprunteurs visant
à réduire les coûts d'obtention de l'information.
La recherche académique en matière de la
structure financière s'organise
communément en trois approches
(Colot & Mélanie, 2007) complémentaires. On a d'abord
l'approche classique qui se base sur la notion d'effet de levier financier qui
tente de comprendre comment les décisions de financement se prennent au
sein de l'entreprise. Mais c'est véritablement à la fin des
années cinquante que les fondements d'une recherche scientifique
rigoriste sur le thème de la structure financière des entreprises
vont voir le jour avec les travaux novateurs de Modigliani & Miller (1958).
Ces travaux postulant que dans un marché financier parfait la structure
de financement des entreprises est neutre (ce qui revient à conclure
à la non-existence de déterminants de l'endettement) vont
être à l'origine de l'approche néo-classique de la
problématique de la structure financière des entreprises.
L'évolution consistera à lever consécutivement les
hypothèses à la base de raisonnement de 1958 de ces auteurs
[Modigliani & Miller (1963) ; Stiglitz (1969) ; Miller (1977)].
La levée de ces hypothèses conduira progressivement à
l'élaboration d'une approche de la structure mieux
appréhendée sous l'appellation « théorie
moderne de la firme ». Dans cette théorie nous retrouvons des
théories telles que la théorie d'agence [Jensen & Meckling
(1976)], la théorie de signal [Ross (1977) ; Leland & Pyle
(1977)] ainsi la théorie de la hiérarchie des
préférences de financement [Myers & Majluf (1984)].
D'après la littérature existante, nous
constatons une panoplie d'études menées sur les
éléments qui déterminent le niveau d'endettement des
grandes entreprises et entreprises cotées. Cependant, les auteurs ne
s'accordent pas sur le sens de l'influence de chacun de ces déterminants
sur le niveau d'endettement des entreprises (ce niveau d'endettement est, dans
la plupart des études empiriques, mesuré par le rapport fonds
propres/fonds de tiers). Il n'est pas inopportun de penser que ces
déterminants peuvent également être intégrés
dans une étude empirique traitant de la structure financière des
PME. Au Tchad, une telle étude est quasi-inexistante. Raison pour
laquelle il semble important d'apporter notre pierre à l'édifice
que représente la littérature scientifique propre à
l'étude de la structure d'endettement des PME et plus
précisément des PME Tchadiennes. C'est dans cet ordre
d'idée que nous nous proposons de mettre en évidence les
variables propres aux PME du Tchad et à leurs dirigeants qui permettent
d'expliquer leur niveau d'endettement. Ainsi, de cette
problématique découle notre principale question de recherche qui
est celle de savoir quelle influence peuvent avoir les variables comme
la rentabilité, l'âge, la participation de dirigeant dans le
capital etc. sur le niveau d'endettement des PME du Tchad? Pour
éclairer davantage notre problématique, nous formulons quelques
questions de recherche :
ü quels sont les différents modes d'endettement des
PME ?
ü quels sont la place et le rôle de l'endettement dans
le financement des PME?
ü quelles sont les variables qui permettraient d'expliquer
le niveau d'endettement des PME ?
ü quelle est l'influence des variables des PME sur leur
niveau d'endettement ?
Il convient maintenant de fixer les objectifs de notre
recherche à partir de questions posées ci-haut.
OBJECTIFS DE RECHERCHE
L'importance de l'enjeu de la problématique de
structure d'endettement dans nos économies doit nous convaincre de la
portée et de la pertinence de cette question. Ainsi notre objectif
principal est d'analyser la relation qui existe entre les variables
spécifiques des PME et de leurs dirigeants et leur niveau d'endettement.
De cet objectif principal découlent quatre objectifs spécifiques
ou secondaires. Il sera question pour nous :
ü d'identifier les différents modes d'endettement des
PME ;
ü de mettre en exergue la place et le rôle de
l'endettement au sein des différentes sources de financement ;
ü d'identifier ou de ressortir les variables qui
expliqueraient le niveau d'endettement des PME,
ü d'analyser l'influence des déterminants des PME du
Tchad sur leur niveau d'endettement.
Après avoir déterminé les
objectifs de recherche, nous situons l'importance et le bien fondé de
cette étude en présentant l'intérêt théorique
et managériale de cette dernière.
INTERET DE LA RECHERCHE
Cette recherche est importante à divers
niveaux. Elle permet de montrer les différentes variables des PME,
ensuite présenter leur influence sur le niveau d'endettement de ces
dernières. Ainsi, l'intérêt de cette recherche s'articule
autour de deux axes principaux :
- sur le plan théorique, elle nous permet de
mieux connaître les différentes sources de financement que
bénéficient les PME, l'importance de l'endettement dans les
sources de financement et les facteurs qui expliquent le niveau d'endettement
des PME. Les résultats auxquels cette recherche va aboutir viendront
compléter la littérature déjà existée sur la
problématique de la structure d'endettement et permettront d'adopter une
bonne démarche suivant laquelle les PME peuvent suivre pour assurer leur
croissance.
- sur le plan pratique, cette recherche permet aux
dirigeants des PME et éventuellement aux propriétaires de ces
dernières d'identifier les facteurs qui permettent aux PME de
bénéficier de financement externe pour leur croissance. Les
résultats auxquels nous parviendrons vont permettre aussi aux
responsables politiques et économiques de mettre en place les mesures
pouvant faciliter l'accès des PME au financement par endettement afin
d'assurer le développement de l'économie.
L'intérêt de recherche étant
défini, nous passons aux hypothèses de base de notre
recherche.
RESUME DES BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES
Suivant Myers (1977), la
rentabilité passée et présente joue un rôle dans la
détermination de la structure du capital. L'impact de la
rentabilité sur le niveau d'endettement fait l'objet d'une controverse
théorique entre les différents auteurs qui se sont
intéressés au sujet. Selon Myers & Majluf
(1984) dans la POT (Pecking Order Theory)12(*), les entreprises utilisent d'abord l'autofinancement,
puis la dette et en dernier lieu l'émission d'action pour financer leurs
investissements. Toutes choses égales par ailleurs, les firmes plus
rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une relation
négative entre la rentabilité et l'endettement. Cette
description est validée par l'un des résultats empiriques les
plus réguliers, par exemple la revue de littérature de Harris et
Raviv 1990, l'étude sur les pays membres du G7 de Rajan et Zingales 1995
et celles sur 10 pays en voie de développement de Booth et al. 2001 ont
toutes conclu à une relation négative entre la rentabilité
et l'endettement. Dans le cadre de la théorie de Trade-off Theory
(TOT)13(*), la relation
entre l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une
entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les
intérêts sont déductibles de son résultat fiscal.
Par ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne
approximation de la rentabilité future, une entreprise très
rentable aura une probabilité plus forte de rembourser ses dettes
(Shyam-Sunder et Myers 1999). La théorie statique prédite donc
une relation positive entre l'endettement et la rentabilité. Cette
prédiction constitue la grande contradiction du modèle de
Trade-off.
Toutefois des modèles théoriques
dynamiques qui supposent l'existence d'un niveau optimal d'endettement de type
Fischer et al. (1989), Leland (1998) montrent qu'il existe des coûts
d'ajustements pour s'ajuster vers le haut au ratio cible alors que les
entreprises remboursent naturellement leur dette avec l'autofinancement. Ces
coûts autorisent donc un comportement de type financement
hiérarchique à court terme dans un cadre de niveau de financement
optimal. Au bout de ce raisonnement, nous formulons notre première
hypothèse H1 qui indique l'existence d'une relation positive entre la
rentabilité et le niveau d'endettement.
H1 : la rentabilité de l'entreprise influence
positivement son niveau d'endettement.
De nombreuses études concluent qu'un grand nombre
de PME sont familiales, jusqu'à plus des deux tiers des entreprises dans
les pays occidentaux (Donckels, 1993; La porta et al., 1998). Ce
pendant, le concept d'entreprise familiale n'est pas clairement défini.
Toutefois, l'ensemble de la littérature nous fait savoir qu'il existe
trois critères permettant d'identifier l'entreprise familiale. Cette
dernière est caractérisée par la participation active de
la famille dans la gestion de l'entreprise, le contrôle de capital par la
famille et la transmission ou la volonté de transmettre l'entreprise
à la génération future. Dans la plupart des études
existantes traitant de la problématique de la structure d'endettement
des PME familiales, nous retenons celles d'Hirigoyen (1982) qui met en
évidence une stratégie financière prudente de la part des
dirigeants d'entreprises familiales de peur de perdre le contrôle de ces
dernières. Selon Donckels (1993), la famille souhaite maintenir
l'indépendance financière de son entreprise afin d'en conserver
le contrôle. A cet égard, l'entreprise va privilégier
l'autofinancement et éviter l'endettement à long terme.
D'après Allouche et Amann (1995)14(*), les entreprises évitent l'endettement et
optent pour des stratégies à long terme plutôt que de court
terme lié à un besoin de résultats rapides. Elles
pratiquent aussi plus facilement le réinvestissement des dividendes.
Ainsi nous émettons notre deuxième hypothèse.
H2 : le caractère familial des PME influence
négativement le niveau d'endettement
L'âge de dirigeants s'interprète par la
durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de
l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé
d'expérience. En effet, nous pensons qu'un dirigeant plus
âgé (ou une équipe dirigeante plus âgée) est
mieux à même de négocier des crédits bancaires
étant donné la confiance qu'il pourrait inspirer aux apporteurs
des fonds externes. Le risque de sélection adverse couru par ceux-ci se
trouve amoindri ou atténué du fait de l'expérience
managériale connue du dirigeant. A ce effet, on peut croire à
l'inexistence des informations asymétriques basées sur la
capacité ou l'incapacité managériale du dirigeant, dans
une certaine mesure, les résultats passés de l'entreprise peuvent
attester la capacité ou non à gérer correctement
l'entreprise et à dégager les résultats positifs. Ainsi,
l'âge de dirigeant pourrait être une fonction croissante de
l'endettement. Nonobstant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant est
âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est
grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de
l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il
dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise. De toute
ce qui suit, nous pensons tester une relation positive entre l'âge de
l'entreprise et son niveau d'endettement ; d'où l'hypothèse
H3 que nous formulons : H3 : l'âge du dirigeant
influence positivement le niveau d'endettement.
La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise se traduit par l'opération de rachat ou la détention
des actions par ce dernier de l'entreprise qu'il dirige. Ce rachat ou
détention des actions fait le propriétaire de l'entreprise en
plus de son statut dirigeant et lui confère le droit de vote à
l'assemblée et le droit d'être élu au conseil
d'administration.
En général, dans la plupart des PME et
particulièrement les PME familiales, le dirigeant est souvent
actionnaire majoritaire de l'entreprise qu'il gère. Etant donné
que le dirigeant dispose un double statut à savoir le statut de
directeur et celui d'actionnaire et bénéficie d'une double
rémunération (salaire et dividende), il doit avoir une main mise
sur l'entreprise et chercher à préserver l'intérêt
de cette dernière car son intérêt en dépend aussi.
Par contre, le dirigeant non actionnaire qui ne bénéficie que
d'une seule rémunération cherche à préserver ses
intérêts au détriment de ceux des actionnaires. A ce moment
des coûts seront engagés pour surveiller les actions opportunistes
du dirigeant (Williamson, 1985). Etant soucieux de son
intérêt de celui de l'entreprise, le dirigeant actionnaire va
refuser de dépendre de l'extérieur c'est-à-dire ne va pas
vouloir endetter pour ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon
la théorie de l'agence, la divergence d'intérêts entre les
dirigeants et les actionnaires peut être limitée par
l'accroissement de la part de capital détenue par les dirigeants. Cette
solution présente plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les
arbitrages des dirigeants en faveur de la maximisation de la valeur de la
firme, d'autre part, ce système incitatif permet de réduire le
coût du contrôle supporté par les actionnaires car il est
supposé réduire l'opportunisme des dirigeants à leur
égard. D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des
intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait
si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital.
Toutefois, nous croyons que le dirigeant qui détient une part importante
du capital dans une entreprise pourrait avoir une volonté d'aligner ses
intérêts et ceux de l'entreprise car dans tous les cas, à
cause de son double statut actionnaire et dirigeant, le succès de cette
dernière accroîtra ses revenus. Il aimerait avoir le
contrôle exclusif de son entreprise cause de son aversion à
l'endettement. Dès lors on peut s'attendre à une proportion de
dettes plus importantes dans une entreprise où le dirigeant n'est pas
actionnaire majoritaire, notamment suite aux coûts d'agence. De ce qui
précède, nous formulons notre quatrième
hypothèse.
H4 : la participation du dirigeant dans le capital
d'une entreprise influence positivement son niveau d'endettement.
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Il s'agit de l'ensemble des étapes par
lesquelles l'on doit passer pour mener une recherche scientifique. Il sera pour
nous de justifier nos options en matière de méthodes
scientifiques utilisées, des techniques de collecte des données
et les méthodes d'analyse des données. Pour la réussite de
notre recherche, nous avons adopté la démarche
hypothético-déductive. Cette démarche consiste, dans un
premier temps à une analyse documentaire (littérature existante
dans le domaine) et à émettre, dans un second temps, des
hypothèses qui seront testés à l'épreuve des faits,
à partir de cette analyse. Pour y parvenir, des données doivent
êtres collectées auprès des propriétaires et
dirigeants des entreprises Tchadiennes.
Ensuite, nous pouvons opter compte tenu des
difficultés pouvant se poser dans la constitution de notre
échantillon pour les méthodes appropriées dans
l'établissement d'un échantillon représentatif de la
population cible. L'instrument de collecte des informations est le
questionnaire. Le type de questionnaire administré est le face à
face pour avoir des informations fiables. Les données sollicitées
pour le calcule de la rentabilité et le niveau d'endettement doivent
être celles de trois dernières années (2007,2008 et 2009).
Les tests à utiliser pour le traitement de nos données seront la
corrélation et la régression linéaire étant
donné que nos données sont de nature métrique.
Enfin, les données collectées seront
analysées à base de logiciel SPSS (Statistical Package for Social
Sciences) pour confirmer ou infirmer nos hypothèses de recherche.
PLAN PROVISOIR DU TRAVAIL
Pour répondre à notre
problématique de recherche, nous organisons notre travail en deux
parties. La première partie, théorique, sera l'occasion de
présenter le cadre conceptuel de la recherche. Il s'agit de mettre en
évidence les différents modes d'endettement des PME et les
déterminants de la structure d'endettement de ces dernières.
Ainsi, nous aurons deux chapitres dans cette partie. Le premier, traitera des
différents modes d'endettement que bénéficient les
PME ; le deuxième sera consacré à l'étude de
déterminants des PME tout en montrant leur relation avec le niveau
d'endettement de ces dernières. La deuxième partie, empirique,
traitera essentiellement de l'influence des caractéristiques des PME
tchadiennes et de leurs dirigeants sur leur niveau d'endettement. En effet,
également nous aurons deux chapitres dans cette partie dont l'un (le
troisième), précisera l'approche méthodologique
adoptée pour identifier les déterminants des PME du Tchad et le
dernier (le quatrième), ferra l'analyse empirique de l'influence des
déterminants des PME du Tchad sur leur niveau d'endettement.
Dans la plupart de nos économies actuelles, la
problématique du financement des PME occupe une place importante. Les
responsables d'entreprises et les autorités politiques en font leur
préoccupation majeure, car les PME constituent un cadre important de
développement économique et de réduction de chômage.
D'après la littérature (Bernard Paranque et Hans Friderichs,
1999), il existe les modes de financement internes qui renvoient à
l'autofinancement et les modes de financement externes aux capitaux propres qui
constituent l'endettement. Cependant, compte tenu d'importants besoins
qu'éprouvent les PME, l'autofinancement parait d'une part insuffisant
pour faire face aux opérations financières et, d'autre part, les
couts du capital sont élevés et ne permettant pas à cette
catégorie d'entreprises de solliciter les fonds propres. Le recours
à l'endettement apparaît ici comme la seule alternative pour
répondre aux insuffisances des autres modes de financement. Cependant,
le niveau d'endettement n'est pas le même pour toutes les PME. Il varie
d'une PME à une autre en fonction de certaines variables qui leur sont
propres et à leurs dirigeants. Il convient donc d'étudier
l'influence de ces variables sur le niveau d'endettement des PME. Nous aurons
dans cette première partie à analyser au premier chapitre, les
différents modes d'endettement et, au deuxième, à
étudier la relation entre les déterminants des PME et leur niveau
d'endettement.
La structure d'endettement des entreprises, entendue
comme la répartition des dettes financières, a toujours
suscité beaucoup de réflexion et de controverses. Du fait de
l'insuffisance des autres moyens de financement qui ne permettent pas de
répondre efficacement aux besoins des PME, l'endettement est
considéré comme une issue à ce manquement. L'objet de ce
chapitre est de présenter en premier lieu les modes d'endettement des
PME pour, par la suite, situer la place qu'occupe l'endettement comme mode
alternatif de financement dans les sources de financement.
Section I : MODES D'ENDETTEMENT DES PME
La principale difficulté des petites
entreprises réside souvent dans une insuffisance initiale de
financement. Il est donc indispensable pour le créateur de bien
évaluer au préalable les besoins de son entreprise, et
d'envisager les différents modes de financement possibles. Etant
donné que les sources internes de financement (autofinancement) sont
insuffisantes pour répondre aux besoins importants, les PME doivent
chercher les sources externes qui sont l'endettement et les fonds propres.
L'augmentation des capitaux propres s'effectue notamment par apport de capital
social faisant appel aux actionnaires ou aux marchés financiers.
Cependant, les apports en capital ont été continuellement plus
élevés dans les grandes entreprises que dans les PME dont
l'accès aux marchés des capitaux demeure plus difficile.
L'endettement est une source de financement la plus appropriée aux PME
à cause de sa diversité de formes. Les PME peuvent ainsi choisir
celui dont le taux lui sera le plus abordable. Ainsi, nous passerons en revue
successivement dans cette section les modes d'endettement formels et
informels.
· I- MODES
D'ENDETTEMENT FORMELS
Cette catégorie de modes d'endettement provient de
sources de financement officielles faisant l'objet d'une certaine
réglementation. Il s'agit d'endettement par les banques et par les
établissements de micro finance. Nous analysons dans les lignes qui
suivent ces deux modes d'endettement.
A- Le mode d'endettement bancaire
Une entreprise peut financer ses investissements par
autofinancement, sans faire appel à des capitaux extérieurs.
Cette solution présente pour l'entreprise l'avantage de la rendre
indépendante des tiers, mais elle a pour inconvénient majeur de
limiter l'entreprise dans ses possibilités d'investissement. C'est
pourquoi, le recours aux concours bancaires est la solution la plus couramment
utilisée car elle est bien souvent la seule possibilité (ou
presque) pour la quasi-totalité des petites et moyennes entreprises.
Cependant, il faut reconnaître que ce mode de financement présente
des inconvénients pour l'entreprise qu'elle rend tributaire des
aléas de la distribution du crédit (montant, coût,
délais, etc.) et de la politique arrêtée par son banquier
(choix des risques, garanties, etc.). Les entreprises sollicitent les moyens de
financement en fonction de besoins qu'elles éprouvent. Parmi les
solutions proposées par les banques, il existe le crédit
classique à cour, moyen ou long terme.
1- Les crédits bancaires à court
terme
Encore appelés "crédits courants",
"crédits d'exploitation "ou "crédits de fonctionnement", les
crédits bancaires à court terme ont pour objet d'assurer
l'équilibre de la trésorerie de l'entreprise. Selon Rollande
(2010), ces crédits servent, par exemple, à couvrir un temps de
stockage, un délai de fabrication ou un délai de paiement
consenti aux clients et permettent ainsi de faire face aux dépenses
courantes de l'activité (salaires, loyers, etc.). La durée de ces
crédits est inférieure à l'exercice comptable, mais ils
peuvent être reconduits chaque année après réexamen
par la banque de la situation financière de l'entreprise. Ces
crédits ont un caractère de précarité : sauf en cas
de "confirmation" par écrit, (dans ce cas, la banque perçoit, en
principe, une commission de confirmation), ils peuvent être remis en
cause par le banquier sous un délai très bref : 1 ou 2 mois selon
le cas. De plus, si le débiteur commet une faute lourde, ils
peuvent être alors brutalement supprimés. Les PME utilisent plus
l'endettement à court terme, qui se compose surtout de crédit
commercial. Les emprunts bancaires sont significativement inférieurs
à ceux des grandes entreprises. Ainsi, d'après Rollande (2010),
il ya principalement deux catégories de crédits à court
terme: les crédits de trésorerie (facilité de caisse,
découvert, crédit de campagne) et les crédits de
mobilisation de créances (escompte, cessions Dailly, affacturage).
1.1. Les crédits de
trésorerie
Le financement des besoins
spécifiques de trésorerie peut faire intervenir trois
catégories de crédit. Nous présentons successivement la
facilité de caisse, le découvert et le crédit de campagne
en précisant simultanément les conditions dans lesquelles ces
formes de crédit sont octroyées aux entreprises.
a) La facilité de
caisse
C'est une autorisation donnée à
l'entreprise d'avoir son compte débiteur pour une durée
très courte (quelques jours) à l'occasion de grosses sorties de
trésorerie relevant du cycle normal de l'exploitation: paiement des
salaires, de la TVA, etc. Couvrant des décalages ponctuels et
très limités dans le temps entre dépenses et recettes, la
facilité de caisse peut être périodiquement reconduite
mais, comme tout crédit bancaire, doit faire l'objet d'un accord
préalable du banquier.
b) Le découvert
Ce crédit, de durée plus longue que la
facilité de caisse (quelques semaines voire quelques mois) est
destiné à compléter le fonds de roulement de l'entreprise
temporairement insuffisant : en aucun cas le compte ne peut se trouver
débiteur en permanence pour des durées excessivement longues.
Pouvant craindre de financer des pertes, en accordant ce crédit sans
échéance précise, le banquier se montrera exigeant pour
octroyer une autorisation de découvert : la situation de l'entreprise,
l'ancienneté des relations avec la banque, les garanties
proposées sont autant d'éléments qui seront
examinés. Le banquier peut donner son accord par écrit (pour une
durée en principe d'un an) et, dans ce cas, l'entreprise paie
généralement une commission de confirmation de 0,5 à 1,5 %
du montant autorisé. Comme la facilité de caisse, le
découvert présente l'avantage d'être un crédit ne
donnant lieu au paiement d'intérêts que sur les utilisations
réelles.
c) Les crédits de campagne
Ces crédits concernent les activités
saisonnières (soit approvisionnement massif puis fabrication et ventes
régulièrement étalées, soit approvisionnement et
fabrication réguliers puis ventes massives). Ces concours bancaires
permettant de combler des décalages importants de trésorerie
découlant du cycle d'exploitation ont une durée longue (souvent 7
à 9 mois, quelque fois plus) et portent sur de gros montants, eu
égard à la surface financière de l'entreprise
bénéficiaire. Ils nécessitent la présentation d'un
plan de trésorerie très précis faisant ressortir les
besoins mensuels de financement.
Pour le banquier il s'agit d'un crédit très
risqué car c'est la vente future (donc hypothétique) des
marchandises qui doit permettre la bonne fin du concours financier. Aussi,
celui-ci exigera une situation financière saine, très souvent le
nantissement15(*) du stock
de marchandises, objet de la campagne, et d'autres garanties
complémentaires.
1.2. les crédits de mobilisation de
créances
Depuis les débuts de l'industrialisation,
c'est-à-dire du XIXe siècle, la faculté de différer
le paiement par rapport à la date de la vente constitue un
élélment essentiel des rapports entre clients et fournisseurs (
Bied-Charreton et Raffegeau, 1993). Simultanément le
développement de la masse des créances commerciales a
justifié un moyen de financement. Il s'agit ici de montrer la pratique
de l'escompte commercial, l'affacturage, le
reverse factoring et la loi Dailly comme principaux services
offerts par le système bancaire aux entreprises.
a) L'escompte commercial
Cette procédure, très ancienne, peut
être définie comme un moyen pour l'entreprise de se procurer
immédiatement la contre-valeur d'une créance à terme
détenue sur un de ses clients et matérialisée par un effet
de commerce : traite, ou lettre de change, billet à ordre.
L'escompte est donc « l'opération par laquelle le banquier
met tout de suite à la disposition d'une entreprise le montant d'une
remise d'effets de commerce, sous déduction des agios calculés en
fonction du temps restant à courir jusqu'à
l'échéance desdits effets » (Rollande, 2010).
Avant d'accorder une autorisation d'escompte, le
banquier étudie la situation de son client (situation financière,
importance du chiffre d'affaires, proportion de chiffre d'affaires
confiée à la banque sollicitée, délais de paiement
consentis à la clientèle, délais en vigueur dans la
profession, type de clientèle sur lequel son client tire des traites,
nature de ces tirages, garanties pouvant être obtenues, etc.). Le
banquier qui, par l'escompte, devient propriétaire d'une traite, pourra
exiger de son client (le tireur de la traite) qu'elle lui soit remise
"acceptée", c'est-à-dire que le tiré (le client du client)
ait porté sur la traite la mention manuscrite "accepté" suivie de
sa signature. L'acceptation rend le tiré irréversiblement
débiteur du paiement de cette traite.
Bien souvent, le banquier n'escomptera que des effets de
commerce n'ayant pas plus de 90 jours à courir. Dans les remises que lui
fait son client, le banquier écarte les "signatures" qui ne lui
conviennent pas : refus d'escompter des traites sur des débiteurs pour
lesquels il a de mauvais renseignements, voire des incidents de paiements
antérieurs. En cas d'impayé, le banquier escompteur peut se
retourner contre son remettant (son client) en le débitant ou poursuivre
le tiré (le client de son client). Formule de financement lourde et peu
souple (une traite ne peut être mobilisée qu'en totalité),
l'escompte est beaucoup moins pratiqué que par le passé. Le taux
de l'escompte pratiqué par les banques est plus élevé
que ceux du marché monétaire. La banque le détermine
en prenant le taux de base bancaire qui est standard auquel elle ajoute une
prime de risque équivalente à quelques points qui varie en
fonction de la nature du débiteur.
b) L'affacturage
C'est une opération par laquelle un factor
(société financière spécialisée dans
l'affacturage) achète ferme et sans recours à une entreprise
(l'adhérent) une créance professionnelle en se chargeant de son
recouvrement. L'affacturage est : un procédé performant de
recouvrement, une technique de couverture contre l'insolvabilité des
clients (garantie à 100 %), une forme de mobilisation intégrale
du poste "clients " si l'entreprise demande au factor de lui avancer
immédiatement le montant des créances cédées. Le
factor gère les comptes-clients de l'entreprise, se charge des relances
et assume le contentieux de toutes les créances qu'il a
acceptées. Dès la facturation, l'affacturage permet
éventuellement un financement à 90 % des créances tant sur
le secteur privé que sur le secteur public, car le factor retient 10 %
du montant des factures jusqu'à constitution d'un dépôt de
garantie représentant 10 % du plafond d'encours qu'il a fixé. Le
factor oblige très souvent l'entreprise à lui confier la
totalité de son chiffre d'affaires ou au moins la totalité des
ventes réalisées dans un secteur d'activité ou un secteur
géographique. Technique utilisée aussi pour les ventes de biens
de consommation à l'étranger, l'affacturage est relativement cher
: son coût englobe la commission d'affacturage proprement dit (gestion
des créances et assurance) de 1 à 2,5 % du montant des factures
TTC, et en cas de mobilisation les intérêts payés au
prorata temporis16(*) sur
les avances faites (Rollande, 2010). Mais pour les nouvelles entreprises, les
factors proposent souvent un forfait d'affacturage en fonction du nombre de
factures émises. Cette forme de crédit convient aux jeunes
entreprises se développant vite et n'étant pas structurées
pour gérer correctement leur "poste clients." Il est
préférable d'approcher une société d'affacturage
qui a développé un type de prestations adapté aux
besoins d'une nouvelle entreprise.
c) Le reverse factoring
Le reverse factoring est une solution de financement
innovante du besoin en fonds de roulement, non seulement pour le
client mais aussi pour le fournisseur. Le reverse factoring s'articule autour
d'une relation triangulaire composée du client, du fournisseur
et du factor. Contrairement à l'affacturage classique qui finance le
poste clients, le reverse factoring permet de financer le poste fournisseurs.
Ce mode de financement revêt plusieurs avantages. D'abord, du
côté client, il permet de conserver les délais de paiement
fournisseurs à des conditions financières acceptables sans
utiliser la trésorerie du fournisseur, côté fournisseur, il
permet d'être payé comptant au moment de la livraison. Solution
de financement jeune, le reverse factoring est à ce jour essentiellement
utilisé par les acteurs de la grande distribution. Adapté
à la loi de modernisation de l'économie (LME) qui
impose aux entreprises depuis le 01 janvier 2009 de ramener ses délais
de paiement à 60 jours, le recours au reverse factoring devrait
croître rapidement (Olivier, 2010). Les sociétés
d'affacturage proposent, pour la plupart, des solutions de reverse
factoring.
d) La loi Dailly
La cession de créances professionnelles
(créances sur les particuliers exclues) dans le cadre de la loi Dailly
est un mode de financement qui consiste à transférer la
propriété d'une partie du poste "clients" de l'entreprise
à son banquier en échange d'une ligne de crédit à
court terme rémunérée généralement au taux
de l'escompte. C'est une formule adaptée aux entreprises qui ne peuvent
pas tirer de traites sur leurs clients (secteur public ou parapublic, grands
groupes interdisant les tirages sur eux, etc.). Au départ, l'entreprise
et la banque signent, une fois pour toutes, une convention définissant
les modalités de la procédure (quel type de créances ? Sur
quel pourcentage de créances se fera l'avance financière ? Etc.).
Ensuite, au coup par coup, l'entreprise remet à la banque un "bordereau
de cession" dûment rempli. Après vérification et
sélection, la banque crédite immédiatement le compte de
l'entreprise de la totalité de la remise (ou d'un certain pourcentage)
et prélève ses agios tout de suite ou en fin de trimestre.
Propriétaire des créances ainsi cédées, le banquier
exige souvent (mais pas toujours, cela dépend de la
négociation) de pouvoir notifier la cession des créances aux
débiteurs afin de vérifier l'existence de celles-ci et
d'être sûr que le règlement lui sera bien adressé. La
banque se réserve le droit de débiter son client du montant des
créances qui ne sont pas rentrées à
l'échéance comme prévu.
Cette forme de crédit peut se substituer à
l'escompte en offrant les avantages d'une plus grande rapidité
d'exécution et d'une plus grande souplesse (pas besoin d'attendre le
retour des effets envoyés à l'acceptation chez les tirés,
débiteurs finaux, pour pouvoir les mobiliser.)
Toutefois, les banques
restent actuellement assez réticentes à accorder ce genre de
crédit, surtout sans notification aux débiteurs.
2-Les crédits bancaires à moyen terme
D'une durée de 2 à 7 ans, les crédits
à moyen terme, destinés à financer les investissements,
sont accordés soit par une banque seule, soit par une banque en concours
avec un établissement spécialisé (Banque de
développement des PME, par exemple).
Il doit exister une liaison
entre la durée du financement et la durée de vie du bien
financé. Il faut éviter, dans tous les cas, que la durée
du financement soit plus longue que la durée d'utilisation du bien que
le crédit à moyen terme finance. Celui-ci s'applique donc
à des investissements de durée moyenne tels que véhicules
et machines, et de façon plus générale, à la
plupart des biens d'équipement et moyens de production de
l'entreprise.
La durée du prêt doit cependant tenir
compte des possibilités financières de l'entreprise ; celle-ci,
en effet, pendant cette période, doit pouvoir non seulement assurer le
remboursement du crédit, mais encore le paiement des
intérêts. Dans tous les cas, un financement par un crédit
à moyen terme ne doit pas couvrir la totalité de l'investissement
; il est logique que l'entreprise qui désire s'équiper fasse un
effort d'autofinancement. Le pourcentage du programme d'investissement
financé par un crédit à moyen terme est compris en
général entre 50 % et 75 % du montant TTC de l'investissement
(Rollande, 2010). L'octroi d'un crédit à moyen terme fait, de la
part du banquier, l'objet d'une étude poussée car le risque
provient de la durée et de l'importance du prêt. Il faut
étudier les incidences sur le marché de la mise en place de cet
équipement et prévoir la situation financière de
l'entreprise, compte tenu de son nouvel outil de production et aussi compte
tenu de ses charges nouvelles. Ceci nécessite de dresser un plan
prévisionnel de financement qui mettra en parallèle l'ensemble
des charges et ressources de l'emprunteur, afin de dégager les
possibilités futures de l'entreprise à faire face à ses
dettes et de là assurer un bon dénouement de l'opération
de crédit. Rollande (2010) précise que l'analyse d'une demande de
crédit à moyen terme repose principalement sur l'étude de
différents éléments:
- situation financière, et, plus particulièrement
rentabilité de l'entreprise avant l'opération, pendant et
après l'opération ;
- situation économique de l'entreprise ;
- garanties offertes (personnelles ou/et réelles choisies
en fonction des biens financés et de la situation de l'emprunteur).
3-Les crédits bancaires à long
terme
D'une durée de 7 à 20 ans, les
crédits à long terme pour l'investissement sont distribués
par les institutions financières spécialisées comme la
Banque de développement des PME, le Crédit Foncier, etc.
Bied-Charreton et Raffegeau (1993) précisent que dans l'organisation
française du crédit, les prêts à long terme pour le
financement des immobilisations sont le fait des etablissements financiers qui
utilisent les ressources de l'epargne longue. Sur la base des ressources dont
ils disposent et en fonction de leurs objectifs propres, chacun de ces
etablissements définit les procédures de crédit qu'il
offre à sa clientele. Pour ce type de financement, les banques ne
jouent, la plupart du temps, qu'un rôle de relais avec toutefois, dans
certains cas, une participation en risque avec l'établissement
prêteur.
Les institutions financières
spécialisées assurent le financement de ces crédits sur
ressources provenant principalement d'emprunts obligataires.
B- Les modes d'endettement par la
micro-finance
Parmi les structures de financement les plus actives en
matière de financement des petites unités de production dans le
monde et dans les économies pauvres en particulier, il ya celui de la
micro finance en général et celui de microcrédit en
particulier. Lorsque les mots micro finance et microcrédit sont souvent
utilisés de manière interchangeable, ils ont des
résonances différentes et sont vaguement attachés à
des croyances contrastées sur l'état de la finance rurale et de
la nature de la pauvreté. Le microcrédit est initialement
inventé pour désigner les institutions comme la Grameen Bank qui
sont focalisées sur l'offre de prêts aux plus pauvres (Sodokin,
2007). Le glissement du concept vers la micro finance vient de la
reconnaissance que les ménages peuvent bénéficier de
l'accès aux services financiers d'une manière
générale (en mettant premièrement l'accent sur
l'épargne) et non uniquement du crédit pour les micros
entreprises. Nous présentons d'une part, l'importance de
microcrédit et, d'autre part, l'importance de micro finance dans nos
économies.
1- Le microcrédit
Le microcrédit est une alternative
financière, pour les gens de la plus faible tranche de distribution du
revenu, qui permet de promouvoir le développement économique en
rompant le cercle de la pauvreté à travers l'accès au
crédit et en stimulant l'entrepreneuriat. Cependant, le
microcrédit ne peut être défini uniquement suivant la
nature et la taille des montants lors des transactions entre les institutions
de micro finances et les agents économiques qui
bénéficient de leurs services. La définition ne serait
alors pas complète. C'est pour cette raison que l'on peut
également définir le microcrédit par le critère de
la proximité qui se manifeste en particulier par l'intervention du
groupe qui rassemble des personnes qui se connaissent et qui se font confiance
les unes des autres, puisqu'elles peuvent être obligées de
rembourser ce qu'a obtenu un partenaire. Cette forme de crédit
représente une réelle innovation.
Selon la Banque Mondiale, le
microcrédit consiste à offrir à des
familles en situation de précarité économique un
crédit de faible montant pour les aider à s'engager dans des
activités productives. Dans ce contexte, le microcrédit
regroupe tout un ensemble de prêts à court terme permettant la
constitution d'un fonds de roulement et la constitution de petits
investissements, tout comme le financement des activités d'extension de
l'activité domestique.
Le microcrédit est aujourd'hui
considéré par l'Organisation des Nations Unies (ONU) comme l'un
des outils les plus efficaces pour améliorer les perspectives
économiques et lutter contre la pauvreté en Afrique. Dans le
cadre des Objectifs de Développement du Millénaire, la
réduction de la pauvreté, est devenue l'un des enjeux majeurs de
la mission de l'ONU. Vu l'importance de ces institutions, les Nations Unies ont
ainsi lancé en 2005 l'année Internationale du Microcrédit
afin de développer les secteurs financiers dans les pays en voie de
développement.
2- La micro finance
Le concept de la micro finance est un concept
nouveau dans la littérature économique consacrée aux pays
en développement. Son émergence est une illustration de la
transformation des pratiques financières populaires qualifiées
d'informelles. D'une manière générale, on peut
définir la micro finance comme étant la fourniture de
prêts, d'épargnes, de transferts d'argents, d'assurances et
d'autres services financiers aux populations à faibles revenus. En
suivant Lelart (2005), on peut définir la micro finance comme
étant un petit crédit, d'un montant peu élevé,
sensiblement inférieur au crédit qu'une entreprise ou un
ménage peut solliciter d'une banque. Ce crédit est demandé
par des personnes qui disposent d'un revenu relativement bas. Il est souvent
demandé pour développer une activité
génératrice de revenus, qu'il s'agisse d'une ancienne
activité que l'on voudrait étendre ou d'une nouvelle que l'on
voudrait créer.
D'après la Banque Mondiale (2006)17(*), la micro finance consiste
en l'octroi de services financiers à des personnes en situation de
précarité économique impliquant le développement
d'une activité productive (existante dans 90% des cas, nouvelle dans 10%
des cas), le plus souvent de l'artisanat et du commerce. Ainsi, un
milliard d'être humains vivent avec moins de 1 dollar par jour, seuil de
pauvreté extrême et 3 milliards avec moins de 2 dollars, seuil de
pauvreté généralement utilisé. 80 % de la
population mondiale n'a pas accès aux services financiers. En
parallèle, on estime à 500 millions le nombre d'individus qui
gèrent une entreprise rentable.
Plus particulièrement, en Afrique, la
pauvreté reste un défi crucial pour la région : sur les
936 millions de personnes vivant sur le continent, le nombre de
personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté national
s'élève à 411 millions.
Dans une volonté de
lutter contre la pauvreté, les acteurs du développement sont
à la recherche de nouveaux outils. La micro finance en est un.
D'une manière générale, la
micro finance est utilisée surtout par les micros entrepreneurs qui
créent et qui gèrent des activités économiques dans
le secteur économique populaire des pays en développement. Ces
activités économiques concernent les petites et moyennes
entreprises, les entreprises artisanales aussi bien que les activités
agricoles et les petits commerces.
L'étude des modes d'endettement formels n'est pas
exhaustive, nous avons juste énuméré ceux qui semblent
récurrents au financement des PME. Cependant, nous avons à
coté de ces modes formels les modes informels que nous analyserons dans
la partie qui suit.
· II- MODES
D'ENDETTEMENT INFORMELS
L'endettement informel provient de la finance
informelle. Cette notion de finance informelle est définie par Lelart
(2005) comme des mécanismes originaux qui permettent en effet de faire
circuler la monnaie en contrepartie d'une accumulation temporaire des
créances et des dettes. Ainsi, la finance informelle englobe tout
mécanisme non officiel qui permet de faire circuler temporairement des
créances et des dettes. La finance informelle regroupe donc l'ensemble
des transactions effectuées, en marge des règles établies,
par des intermédiaires non agréés et/ou non
enregistrés. Mais, on peut signaler que ces mécanismes ne sont
pas dans la majeure partie des cas illégaux car bien souvent les
autorités publiques les tolèrent. Les transactions
financières informelles échappent aussi à l'impôt.
On peut caractériser le secteur informel par la souplesse des
opérations et des conditions de prêt, ce qui lui confère un
certain nombre d'avantages comparatifs économiques sur le secteur
financier formel. Ainsi, quatre exemples caractérisent la finance
informelle à savoir Absence de conditions
préétablies, Absence de frais de gestion, Absence de
cadre fixe, Absence de contrôle.
Au regard de possibilités offertes aux
entreprises pour financer leurs activités, divers types de financement
informel sont à leur disposition pour répondre à leur
préoccupation. Nous mettrons en évidence quelques uns à
savoir les tontines et les apports de famille.
· A- Les
tontines
La tontine est une association de personnes qui,
unies par des liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de
région, se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou
moins variables afin de mettre en commun leur épargne en vue de la
solution des problèmes particuliers ou collectifs. Cette
définition est proche de celle donnée par Bouman (1977) qui
explique que « les tontines sont des associations regroupant des
membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des particuliers, qui
décident de mettre en commun des biens ou des services au
bénéfice de tout un chacun, et cela a tour de rôle ».
On peut distinguer trois types principaux de tontines:
les tontines mutuelles, les tontines commerciales, et enfin les tontines
financières (Bain, 2001).
1-les tontines mutuelles
Ces tontines sont les plus répandues. Elles
reposent sur la solidarité entre membres qui se connaissent bien. Les
tontines mutuelles peuvent être définies comme des fonds
d'épargne rotative ou les levées bénéficient
à chacun des sociétaires selon un ordre préétabli,
mais révisable. Chacun peut prêter et emprunter et remplacer une
créance par une dette. Ces créances et ces dettes ont plusieurs
caractéristiques particulières:
-Elles ne sont assorties d'aucun
intérêt. En effet, les créances ne rapportent rien, et les
dettes ne coutent rien non plus. Ainsi, l'épargne et le crédit
sont gratuits.
-Il n'y a pas d'intermédiaire. Tous les
adhérents ont certes des créances et des dettes, mais ils les ont
les uns envers les autres du fait que la tontine ne dispose pas d'une
personnalité juridique propre.
-Les créances et les dettes se compensent
parfaitement tout au long du cycle et s'annulent au dernier tour.
L'accumulation n'est ici que temporaire.
2-les tontines commerciales
Dans cette forme de tontine, les fonds sont
collectés par un tiers qui a pris l'initiative de la création du
groupe et qui joue le rôle de banquier, prélevant une commission
pour le service qu'il rend d'ajuster au mieux l'épargne collectée
et les prêts déboursés.
Ces tontines commerciales ne sont pas
véritablement des tontines au sens propre du terme, puisqu'il s'agit le
plus souvent d'un accord bilatéral entre le « banquier ambulant
» et son client qui n'a, comme seule initiative, que de mettre en
concurrence les banquiers ambulants au niveau des éventuels services
offerts et, notamment, du taux de garde réclame pour garder l'argent en
sécurité.
Dans cette forme de tontine, on peut
également parler de créances et de dettes. En effet, la
créance du client augmente au fur et à mesure qu'il dépose
son épargne chez le tontinier, qui lui, a l'inverse voit sa dette
augmentée d'autant. La créance des clients et la dette du
tontinier sont la contrepartie l'une de l'autre: elles progressent a chaque
versement et diminuent lors du remboursement. Les caractéristiques de
ces créances et de ces dettes sont les suivantes :
-Elles s'accompagnent, contrairement à
celles des tontines mutuelles, d'un intérêt. Mais cet
intérêt est un intérêt négatif puisque c'est
le client qui le paye pour que son argent soit en sécurité. Selon
Bain (2001), ce taux d'intérêt est de 3% en général.
-Il n'y a toujours pas d'intermédiaire.
Le tontinier ne prête pas aux uns ce qu'il a reçu des autres, mais
il y a un agent avec lequel tous les clients sont en relation, et sur lequel
ils ont tous une créance juridiquement identifiée. Cette
créance est d'ailleurs matérialisée par la carte,
émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client et dont
il coche une case à chaque versement. Elle est un titre de
créance dont la validité a déjà été
reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le
rembourser mais il a plutôt intérêt à garder la
confiance de ses clients.
-La dette du tontinier et la créance de
ses clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement. Ici
également, l'accumulation est temporaire, mais elle est
régulière car les versements s'échelonnent selon un
échéancier prévu d'avance. Ainsi, la détermination
de la valeur de ces créances et de ces dettes est plus facile car
très souvent, les clients qui viennent d'être remboursés
reprennent aussitôt leurs versements.
3-les tontines financières
Contrairement aux tontines commerciales, ou l'on
cherche au maximum à récupérer l'argent
déposé, les dépôts effectués ici par
l'ensemble des adhérents sont mis aux enchères selon des
modalités statutairement définies.
Le participant le plus offrant paie donc un
intérêt pour emprunter l'argent de la tontine. Le taux diminue
à mesure que les tours se succèdent puisque les candidats sont de
moins en moins nombreux et que la durée restant à courir est de
plus en plus courte. Le produit de ces enchères est ensuite reparti
entre les participants qui, quelle que soit leur propre enchère, se
trouvent rémunérés de leurs propres versements.
L'intérêt est négatif pour ceux qui ont besoin d'emprunter
rapidement, et positif pour ceux qui ont pu attendre. L'intérêt
n'est pas le prix d'équilibre de l'offre et de la demande de
liquidité à un moment donné, il résulte de
l'étalement pendant le cycle des besoins de chacun. La part de
cotisation varie d'une tontine à une autre en fonction du niveau des
revenus des membres et des objectifs qu'ils visent.
On peut signaler que cette forme de tontine est
très présente au Cameroun où elle est pratiquée par
les Bamilékés. Elle s'étend désormais à
plusieurs pays voisins comme le Benin, la Centrafrique ou le Burkina Faso. On
trouve également ce type de tontines en Chine et à Taiwan.
· B-Les
apports de famille
Il s'agit pour l'entrepreneur de faire recours à
ses parents et à ses amis pour obtenir de financement. Le recours aux
parents consiste à former un réseau ethnique qui comprend tous
les membres de la famille de l'entrepreneur. Ces membres de la famille en
l'occurrence le père, la mère, les frères, les cousins,
les oncles, etc. lui apportent des ressources financières
nécessaires pour le financement de son entreprise. L'importance des
apports de membres de famille varie d'une entreprise à une autre et en
fonction de lien ou de bonne relation existant entre les membres de famille et
de capacité financière que détient chaque membre de
famille. La pratique de cette forme de financement serait de nos jours de
proportion très faible.
Au terme de cette section, il serait important pour nous
de montrer les avantages de cette finance informelle et de mettre en
évidence quelques limites.
D'abord les avantages, Adams (1994) distingue quelques
raisons pour expliquer cet état de fait. En effet, la finance informelle
est aussi présente dans les pays en développement du fait qu'elle
résout souvent des problèmes que la finance formelle est dans
l'incapacité de résoudre. Le type de services rendus par ces
dernières sont extrêmement variés et montrent donc que
même les populations des pays a bas revenus sont demandeurs d'une large
gamme de services financiers. Ensuite, la finance informelle requiert de la
part de ses participants un comportement hautement discipline. Aussi, la
finance informelle entraine un certain nombre d'innovations financières
qui permettent de réduire les coûts de transaction, et notamment
pour les déposants et emprunteurs. Enfin, La finance informelle permet
de maintenir des coûts de transaction peu élevés pour les
emprunteurs et les épargnants en apportant les services financiers aux
endroits et aux moments qui conviennent à ses clients.
Cependant, le secteur financier non officiel
présente un certain nombre de problèmes auxquels il se heurte.
D'abord, l'absence de réelle intermédiation financière
dans le secteur financier qui le différencie des banques. Aussi, La
finance informelle ne finance que très peu l'acquisition de biens
d'investissement. Ses mécanismes et intervenants sont plus complexes et
plus nombreux (Tchouassi, 1996). Il faut noter enfin le caractère
usuraire18(*) des taux
d'intérêt pratiqués dans le secteur financier informel
proviendrait de ce que le risque prit par les prêteurs est plus
élevé par rapport au risque prit dans le secteur formel.
Nous venons de voir les différents modes
d'endettement mis à la disposition des PME. Il s agissait des modes
formels et informels. Il appartient à chaque entreprise de faire son
choix sur la base de taux de crédit fixé par les institutions de
financement. Etant donné que la plupart des PME sont rationnées
par les crédits bancaires, car considérées comme les plus
risquées par les banquiers, elles peuvent recourir à des modes
d'endettement informels pour leur financement dont le taux est faible. Nous
verrons dans la seconde section qui va suivre, la place qu'occupe l'endettement
dans le financement des PME.
Section II : PLACE DE L'ENDETTEMENT DANS LE
FINANCEMENT DES PME
La problématique de la structure de
financement des entreprises est d'une importance non négligeable et
interpelle tous les dirigeants, car l'existence et le succès de leurs
entreprises en dépendent. Cette structure de financement exprime les
différents modes de financement dont l'endettement occupe une place de
choix à la disposition de ces unités de production. Il appartient
donc aux dirigeants de ces dernières d'effectuer un choix à leur
convenance. Ainsi, de manière traditionnelle, le financement des PME
repose sur des capitaux personnels et l'autofinancement. Cependant,
ceux-ci sont souvent limités, l'entrepreneur doit alors recourir
à d'autres sources de financement telles que l'endettement ou
l'ouverture du capital. En général, après les
capitaux personnels et l'autofinancement, les PME se tournent vers l'emprunt
plutôt que vers les marchés financiers. Ce choix est
justifié pour au moins deux raisons : leur taille et la
crainte de la perte de contrôle. De par leur taille, les PME
sont rarement en mesure de recourir directement aux marchés des
capitaux ou quelque fois ces derniers sont absents. Mais la principale
raison est en fait la crainte des dirigeants propriétaires de
perdre le contrôle de leur entreprise. En effet, les nouveaux
actionnaires extérieurs disposeront d'un droit de regard sur la gestion.
Des conflits peuvent ainsi apparaître entre l'entrepreneur et les
nouveaux actionnaires, ce qui posera un problème de coûts
d'agence. Dans cette section, nous développons d'abord les principales
théories de l'endettement et nous terminons par mettre en
évidence le rôle que joue l'endettement dans le financement des
PME.
I- LES THEORIES DE L'ENDETTEMENT
La base de la finance d'entreprise moderne est
sans conteste l'article publié par Modigliani et Miller (1958) qui
leur permit de devenir des pionniers dans la tentative de
démystification de la problématique de l'endettement. Leurs
apports dans ce domaine particulier furent considérablement
conditionnés par le cadre théorique qu'ils se
fixèrent préalablement ; cadre théorique dont
l'hypothèse la plus forte est la perfection des marchés
financiers.
Cependant, cette conclusion théorique s'est
heurtée à de nombreuses critiques dont la plus importante
était sans nul doute le cadre théorique trop restrictif dans
lequel elle a été énoncée. A cet égard,
Modigliani et Miller (1963) ont enrichi leur étude
précédente en intégrant une imperfection de marché
qui n'est autre que la présence d'imposition sur les
bénéfices des entreprises. Dès lors, dans ce nouveau
cadre d'analyse, ces deux auteurs aboutissent à la conclusion
qu'il est nécessaire d'endetter l'entreprise pour profiter des
économies d'impôt dues à la déductibilité
fiscale des charges des dettes.
De plus, la levée des hypothèses d'absence
de coûts de détresse financière, d'absence de coûts
d'agence et d'absence d'asymétrie informationnelle va être
à l'origine de trois autres familles de théories concernant
les déterminants de l'endettement des entreprises. Ces trois
familles sont respectivement appelées Théorie de l'Agence,
Static Trade off Theory et Pecking Order Theory.
A- La théorie de l'agence
La remise en question de l'hypothèse d'absence
de conflits entre les différents acteurs de la vie économique
et financière de l'entreprise (dirigeant(s), actionnaire(s) et
créancier(s) pour la majorité des PME) relève de la
théorie dite de l'agence. Cette théorie, dont l'objectif est
de représenter les caractéristiques des contrats optimaux
qui peuvent être conclus entre le mandant et le mandataire Jensen et
Meckling, 1976), repose sur le principe néoclassique selon lequel
« chaque agent économique cherche à maximiser son
intérêt particulier avant l'intérêt
général, son comportement étant conditionné par la
structure économique et juridique dans lesquels il opère »
(Charreaux, 1987). La relation d'agence se définit donc comme un
contrat par lequel un mandant a recours au service d'un mandataire pour
accomplir en son nom et pour son compte une tâche, dans notre cas la
gestion de l'entreprise. Le mandant et le mandataire maximisant leur
utilité, leur relation est source de conflits (Ross, 1973). Nous
analysons successivement le conflit entre actionnaires et dirigeant(1) et le
conflit entre actionnaires et créanciers (2).
1- Le conflit d'agence entre actionnaires et
dirigeant
Si le dirigeant ne détient pas personnellement
la totalité des droits de propriété de l'entreprise, la
délégation de gestion qui en découle est source de
coûts d'agence. Les causes de conflits peuvent être le
détournement par le mandataire de richesses non financières de
l'entreprise, détournement lié au fait qu'il ne
bénéficie pas du gain total de son activité, mais en
supporte personnellement la responsabilité (Jensen et Meckling,
1976). Le désaccord peut aussi provenir du fait que le dirigeant
n'a de cesse de promouvoir la continuité de l'activité de
l'entreprise, alors même que du point de vue des actionnaires,
la liquidation est plus avantageuse en terme d'utilité (Harris et
Raviv, 1990)19(*). Le
phénomène de surinvestissement de la part du dirigeant
est aussi un facteur de conflit dans le sens ou l'actionnaire trouve
la distribution des cash flow disponibles plus efficace (Jensen, 1986). Selon
Jensen (1986), les coûts d'agence de la relation se décomposent de
la façon suivante :
- Les dépenses de contrôle qui sont
engagées par le mandant pour vérifier que la gestion du
mandataire est compatible avec la maximisation de son utilité.
- Les dépenses
engagées par le mandataire pour signaler au mandant la bonne
qualité de sa gestion.
- Enfin des coûts résiduels apparaissent et
proviennent de l'impossibilité d'exercer un contrôle total de
la gestion du mandant, notamment lorsque le coût marginal du
contrôle excède son revenu marginal.
L'endettement de l'entreprise peut être vu comme
un moyen efficace de résoudre une partie des coûts d'agence des
fonds propres puisque celui-ci favorise la convergence des
intérêts des actionnaires et du dirigeant. En effet, dans
le cadre d'un endettement de type bancaire, l'augmentation de la
proportion de dette aura pour conséquence une augmentation du
contrôle par la banque de l'activité de gestion du mandataire
(Diamond 1984)20(*). De
plus, le paiement à échéances fixes
d'intérêts de la dette réduira la possibilité
d'investissement sous optimal de la part du dirigeant en diminuant le
cash-flow disponible. Enfin, la nature du contrat de dette engendre
l'augmentation du risque de défaut et du risque de perte d'emploi du
dirigeant par le biais de l'option de liquidation par la banque. Toutefois, si
l'endettement réduit efficacement les coûts d'agence des fonds
propres liés aux conflits entre actionnaires et dirigeant, celui-ci
en créait d'autres puisque les relations entre actionnaires et
créanciers sont également sources de coûts d'agence.
2- Le conflit d'agence entre actionnaires et
créanciers
La relation qui s'établit entre un
bailleur de fonds (la banque) et l'entreprise est sujette à
l'asymétrie d'information. Cette hypothèse consiste à
considérer que le niveau et la qualité de l'information ne sont
pas identiques entre les agents et ceci durant la durée
totale de la relation de crédit. Ainsi, avant la signature du contrat,
l'existence de projets d'investissements de qualité différente
pose le problème de la « sélection adverse » (Akerlof,
1970). Durant la relation de crédit, la banque (le mandant) peut se
trouver, par manque d'information, dans l'impossibilité de
vérifier exactement les efforts fournis par le mandataire
(l'entreprise). Dans ce cas, le risque d'aléa moral est
défini par la possibilité pour l'entreprise de détourner
les fonds prêtés par les créanciers à des fins
plus risquées que prévu de façon à maximiser la
valeur de l'investissement au détriment du risque. Cette situation
pose le problème de la « substitution d'actifs » lié
à la nature de la rémunération contractuelle des
créanciers (Jensen et Meckling, 1976). De plus, le bailleur de
fonds peut être sujet, en raison de l'asymétrie
informationnelle, au détournement de la part de l'entreprise
d'une partie des gains liés à l'investissement. Il doit
donc rechercher, en cas de difficultés de remboursement de
l'entreprise, si cette situation provient effectivement d'une mauvaise
conjoncture ou d'un comportement opportuniste de l'entreprise
(Williamson, 1986). L'ensemble de ces phénomènes peuvent
ainsi pousser les prêteurs à procéder à des
ajustements avec rationnement des emprunteurs et possibilité
d'exclusion (Stiglitz et Weiss,1981). C'est la situation de
rationnement du crédit particulièrement importante sur le
marché du crédit des PME.
Dans cette optique, les dirigeants d'entreprises ayant
de bons projets d'investissement doivent se signaler auprès des
créanciers pour ne pas souffrir d'une trop forte
asymétrie d'information. Ainsi, la structure des capitaux de la
firme peut être un signal envoyé aux créanciers
(Ross 1977). Dans ce modèle, le dirigeant détenant
l'information sur la valeur de son projet d'investissement, engage une part
importante des fonds de l'entreprise dans le projet de façon à
se signaler auprès de la banque. Le degré de diversification du
portefeuille du dirigeant peut également signaler aux créanciers
la qualité des projets d'investissement de l'entreprise (Leland et Pyle,
1977). Ce raisonnement est particulièrement pertinent dans le cas de
petites et moyennes entreprises pour lesquelles la part de richesse personnelle
investie par le dirigeant s'avère révélatrice.
Ainsi, si l'endettement constitue un mode majeur de
résolution des conflits entre actionnaires et dirigeant, il
génère d'autres conflits avec les créanciers qui
engendrent eux même des coûts d'agence. Dans ces conditions, la
structure de capital optimale peut être obtenue par arbitrage entre les
avantages de l'endettement (réduction des coûts d'agence
entre actionnaires et dirigeant) et les coûts d'agence relatifs aux
relations avec les créanciers.
· B- Les
théories du static trade -off et du pecking order
La prise en compte de la fiscalité, du risque
et des conflits d'intérêts entre les différents agents
participant à la vie de l'entreprise a donné lieu à
deux analyses distinctes de la structure de capital de l'entreprise, les
modèles de « static trade off » et ceux de « pecking
order ».
1-La théorie de static
Trade-Off
Le premier modèle, dont le cheminement
théorique s'inspire de celui décrit ci-dessus, est un
raisonnement « par compromis ». Selon Ziane (2004), ce modèle
repose sur un principe méthodologique classique dans le raisonnement
économique : la maximisation sous contraintes. En supposant qu'il
existe implicitement une répartition optimale entre dettes et
fonds propres, le raisonnement marginaliste permet d'ajuster la structure
financière en fonction des avantages et des coûts des fonds
propres et de l'endettement. Non figée, la structure
financière est donc ajustée pour atteindre l'optimum. Ainsi,
une entreprise désireuse de maximiser sa valeur égalisera les
coûts et les bénéfices de l'endettement en opérant
à la marge. Cette théorie se transforme en hypothèse
empirique assez simplement, puisque supposant l'existence d'un ratio de
dette sur fonds propres optimal, elle prédit un « retour »
du ratio observé vers un ratio cible ou optimal. Ce ratio optimal
étant défini en fonction des caractéristiques propres
à l'entreprise en déficit de financement ou estimé comme
la moyenne observée sur une période souvent fixée à
la période d'échantillon.
2-La théorie de pecking
order
A l'opposé, l'hypothèse de
l'existence d'un ratio de dette sur fonds propres optimal au niveau individuel
est rejetée par les modèles de « hiérarchie
». Toujours en raison des asymétries d'information entre les
agents aussi bien à l'intérieur de l'entreprise
qu'à l'extérieur, l'entreprise suit une hiérarchie
des financements précise, dictée par la
nécessité de fonds externes, et non par une tentative de
trouver la structure de capital optimale. Cette hiérarchie s'exprime
toutefois différemment et ceci, en fonction de l'objectif poursuivi
par le dirigeant de l'entreprise. En effet, le dirigeant peut décider
d'agir, en fonction de son aversion pour le risque, soit pour maximiser la
richesse des actionnaires soit agir dans son propre
intérêt. Dans ces deux cas, le dirigeant agit pour
maximiser l'intérêt de certains membres de l'entreprise
(Myers et Majluf, 1984) :
- Dans le cas où le dirigeant agit dans
l'intérêt des actionnaires existants, celui-ci est
amené à établir une hiérarchie entre les
différentes sources de financement. En raison de la forte
asymétrie d'information et des problèmes de signalement
associés à l'émission de fonds propres, la
préférence en matière de financement va aux fonds internes
de l'entreprise sur les fonds externes, et ensuite de la dette sur les fonds
propres, avec une préférence pour la dette la moins
risquée possible (Myers et Majluf, 1984). La hiérarchie
financière décroissante définie est donc :
autofinancement, dette peu risquée, dette risquée et augmentation
de capital en dernier ressort.
- Dans le cas où l'objectif du dirigeant est de
maximiser son utilité, Myers (1984) définit un surplus
organisationnel composé d'attributs divers (salaire
élevé, consommation de biens et services à titre
personnel, gratifications...). Etant donné le caractère assez
contraignant, vis à vis du surplus organisationnel lié
à l'endettement, le dirigeant établira la hiérarchie
suivante : autofinancement, augmentation de capital puis endettement. Myers
souligne toutefois que ce genre de comportement peut être limité
par la vigilance plus ou moins stricte des actionnaires.
Dans le second type de modèles, le dirigeant
agit cette fois dans le but de minimiser les coûts de certains contrats,
notamment les coûts liés aux contrats implicites et explicites
dans le but unique de maximiser la valeur de la firme (Bultel,
1996)21(*).
En premier lieu, concernant les contrats implicites
(définis par un accord respecté dans la mesure où
les contractants s'accordent à reconnaître
l'intérêt de ce contrat pour chacun d'eux, ce qui suffit
à en déterminer les termes), Cornell et Shapiro
(1987)22(*) nous
apprennent que les entreprises garantissant de respecter les contrats
implicites devraient opter pour une hiérarchie privilégiant
l'augmentation de capital au détriment de l'endettement et de
l'autofinancement. Cette hiérarchie s'explique par le fait que
l'entreprise (pour maximiser sa valeur) doit préserver une source
de financement peu coûteuse (l'endettement) afin de pouvoir, le moment
voulu, honorer les contrats implicites liés a son activité.
En second lieu, dans le cadre de la minimisation des
coûts explicites, Williamson (1986), se basant sur la rationalité
limitée et le caractère opportuniste des cocontractants
montrent que ces derniers sont incités à modifier leur
comportement après la signature du contrat. Les ajustements
liés à ce comportement étant coûteux
(coûts de contrôle, de dédouanement, de
négociation pour adapter le contrat), il conclut que le
financement approprié pour entreprendre des investissements
spécifiques doit avoir une capacité à réaliser ces
ajustements à moindre frais. D'où une préférence
pour l'augmentation de capital sur l'endettement.
· II- LE ROLE
DE L'ENDETTEMENT
Depuis Modigliani et Miller (1958 et 1963), le
rôle de l'endettement est sujet à caution dans la
littérature financière. Il nous faut donc examiner ses effets sur
la valeur. Force est de constater que des effets bienfaiteurs et des effets
néfastes coexistent. Par ailleurs il conviendra de s'interroger sur la
relation de causalité entre les notions d'endettement et de valeur. En
d'autres termes l'endettement est-il à l'origine de la valeur ou en
est-il la résultante?
A- L'endettement source du processus de création
ou de destruction de valeur
La littérature financière a depuis
longtemps cherché à mesurer les vertus de l'endettement sur la
valeur. En se plaçant dans un cadre de symétrie
informationnelle, Modigliani et Miller ont montré que l'endettement, en
l'absence d'imposition, n'agissait pas sur la valeur (1958) mais que cette
neutralité disparaissait en présence d'imposition (1963).
L'endettement était alors source de création de valeur. A la
suite de ces travaux, de nombreux auteurs ont mis en évidence que
l'excès d'endettement conduisait à la fragilisation de la firme
et augmentait la probabilité de défaillance de la firme,
elle-même génératrice de coûts. Nous
présentons tour à tour l'influence de l'endettement sur la valeur
et son excès comme source de fragilisation de l'entreprise et de
faillite.
1- L'endettement source de création de
valeur
Modigliani et Miller (1958) ont montré que, sur un
marché parfait, la valeur d'une firme était indépendante
de son taux d'endettement. Les conditions de validité de cette fameuse
proposition reposent sur deux notions essentielles : celles de classes de
risque et de marchés purs et parfaits. Admettre que les marchés
sont purs et parfaits, c'est considérer que les actifs sont parfaitement
divisibles, que l'information est sans coût et disponible pour tous les
agents et qu'enfin il n'existe ni coût de transaction, ni
fiscalité. De plus, les auteurs supposent que les firmes soient
réparties en classes de risque à l'intérieur desquelles le
taux de rentabilité requis pour chaque société est le
même.
Le principe de raisonnement est simple et repose sur
des idées sur lesquelles il est aisé de s'accorder ou de se
séparer. Comme nous cherchons à bien les dégager, nous
insisterons sur la logique du raisonnement plutôt que sur la
formalisation mathématique. Comme le soulignent les auteurs, ce qui
détermine la valeur de la firme, ce sont ses cash flows futurs. Ces
derniers sont le fruit d'investissements. Ils dépendent donc des seuls
actifs de l'entreprise et non de la façon dont ils sont répartis
entre actionnaires et obligataires. Si l'entreprise est non endettée,
l'ensemble des cash flows ira aux actionnaires, dans le cas contraire, seule
une partie sera versée aux actionnaires après le remboursement
des créanciers. C'est donc l'importance du flux des cash flows qui
détermine la valeur de la firme.
Après avoir montré que la structure
financière n'a aucune incidence sur la valeur de l'entreprise,
Modigliani et Miller ont publié un article complémentaire en
1963. En partant du même contexte, mais en levant l'hypothèse
d'absence d'imposition, ils arrivent à la conclusion que l'avantage
fiscal provenant du caractère déductible des
intérêts d'emprunt doit conduire les entreprises à
s'endetter. L'effet de levier dû à l'endettement ne concerne pas
toute l'entreprise mais uniquement les capitaux propres. Lorsque le taux
d'endettement augmente, on constate une augmentation de l'espérance de
rendement des capitaux propres (ce qui est un avantage) et une augmentation du
risque (risque total et risque non diversifiable) des capitaux propres ce qui
est un inconvénient. En d'autres termes, lorsque le taux d'endettement
augmente, l'espérance du bénéfice par action augmente. La
littérature financière retient donc une relation positive entre
la dette et la valeur de l'entreprise, en raison de l'avantage fiscal que
représente la déductibilité des intérêts.
Cette relation n'est vérifiée que si le bénéfice
d'exploitation est supérieur aux intérêts d'emprunts, dans
le cas contraire l'effet de levier devient un effet massue. En présence
du marché financier, la dette apparaît comme une variable d'action
indirecte utilisée par les actionnaires pour s'approprier en interne la
valeur à travers la discipline qu'elle impose aux dirigeants (Wanda,
2001). Ce pendant, en tant que créance privilégiée, la
dette induit un risque additionnel pour la rémunération des
créances résiduelles que sont les capitaux propres. L'endettement
réduit le bénéfice par action. Ainsi le taux d'imposition
et le degré de déductibilité des intérêts de
la dette a un impact sur la valeur de la firme.
2-L'excès d'endettement source de
fragilisation de l'entreprise et de faillite
L'une des principales critiques faites à
Modigliani et Miller (1963) est la non prise en compte des coûts de
faillite. Si l'endettement peut, comme nous l'avons vu
précédemment, être créateur de valeur, son
excès est nuisible. D'autres auteurs dont Beaver (2002) ont
montré que l'insuffisance de la rentabilité d'exploitation et
l'endettement jouaient un rôle considérable dans la
défaillance des entreprises.
Il convient ici de bien distinguer d'une part la situation
de défaillance et de faillite et d'autre part la situation de
détresse (ou de difficulté) financière. Cette
dernière caractérise une entreprise dont la situation peut faire
craindre une faillite prochaine. La difficulté financière
pourrait être associée à la notion juridique de faillite
mais les auteurs qui se sont intéressés au problème ont
montré qu'une telle définition était trop restrictive. La
difficulté financière est un processus qui se manifeste par une
série de symptômes sans que l'on puisse dégager clairement
un sens de causalité. Ainsi, la difficulté financière est
souvent associée à la croissance de l'endettement, même si
on ne peut déterminer avec précision si ce dernier
phénomène en est une cause ou une conséquence. La faillite
d'une entreprise n'est autre que la procédure judiciaire qui suit la
défaillance, elle entraîne des coûts supplémentaires,
ces coûts comprennent des coûts explicites dits directs (frais
judiciaires d'administrations judiciaires, de liquidation) et implicites ou
indirects (perte de clientèle, perte de confiance des clients ou des
fournisseurs). Il faut noter que les coûts directs sont plus
coûteux, car ils dépendent de la situation du marché et de
dédommagement exigé par la loi et par les entreprises aux
employés comme indemnité de licenciement. Selon Malécot
(1984)23(*), les
coûts de faillite sont loin d'être négligeables. Le
coût de faillite a donc un impact négatif, d'où une
réduction de la valeur de l'entreprise par rapport au MM.
B- L'endettement outil de contrôle
Une relation d'agence apparaît dès qu'un
particulier ou une entreprise confie toute ou une partie de la gestion de ses
propres intérêts à autrui. Cette délégation
de pouvoir de gestion est à l'origine de conflit d'intérêt
entre les dirigeant et actionnaires. Dès lors, les dirigeants adoptent
un comportement qui consiste à rechercher l'intérêt
personnel au détriment de celui des actionnaires en recourant aux
différentes formes de tricherie. Ce comportement oblige les actionnaires
à contrôler les actions des dirigeants. Ce contrôle engage
des coûts appelés coûts d'agence. A cet effet, la
littérature nous indique qu'un des moyens de limiter ces
coûts d'agence est d'augmenter, au sein même de
l'entreprise, le niveau d'endettement dans le but de limiter le
caractère déviant des dirigeants. L'augmentation de la proportion
de dette a donc une double finalité : d'une part, permet aux
actionnaires d'obliger les dirigeants à prendre des décisions de
gestion permettant de dégager un résultat d'exploitation
suffisant que pour rembourser les charges des dettes et, d'autre part, de
renforcer le contrôle des banques au sein de l'entreprise.
1- L'endettement outil de contrôle pour les
actionnaires
L'endettement des entreprises est
considéré traditionnellement dans la littérature
financière comme un outil de contrôle des dirigeants (Jensen et
Meckling, 1976 ; Jensen, 1986). L'obligation de maintenir
l'échéancier des remboursements est censée réduire
l'autonomie des dirigeants par rapports aux actionnaires (Stulz,
1990)24(*). Les contrats
de prêts astreignent les dirigeants à des versements de fonds
réguliers aux créanciers indépendamment du niveau
d'activité. L'augmentation des rémunérations fixes de
facteurs de production, à valeur créée constante et
indépendante de la répartition des flux, réduit l'espace
discrétionnaire des dirigeants. Jensen (1986) souligne l'importance du
financement par dettes pour réduire les flux de liquidités
discrétionnaires. L'endettement de l'entreprise peut être vu
comme un moyen efficace de résoudre une partie des coûts d'agence
des fonds propres puisque celui-ci favorise la convergence des
intérêts des actionnaires et du dirigeant. Toutefois, si
l'endettement réduit efficacement les coûts d'agence des fonds
propres liés aux conflits entre actionnaires et dirigeant, celui-ci
en créait d'autres puisque les relations entre actionnaires et
créanciers sont également sources de coûts d'agence.
2- L'endettement outil de contrôle pour les
banquiers
Plusieurs travaux mettent en avant la qualité
du contrôle exercé par les banquiers, comparativement au
contrôle que peuvent exercer les actionnaires, sur la gestion de leurs
débiteurs (Diamond, 198425(*) ; Stulz, 199026(*) et Hoshi et al., 199127(*)). Ainsi les économies d'échelle dans
l'accès et le traitement de l'information, qui peuvent résulter
de leur spécialisation dans le métier de banquier ou de la nature
des incitations induites par la forme des contrats, constituent autant
d'arguments pour justifier de l'efficacité du contrôle bancaire.
Celui-ci est censé s'exercer dès que les banques anticipent un
comportement de l'entreprise remettant en cause l'occurrence du remboursement
(soit par les clauses contractuelles, soit par des pressions durant les
périodes économiquement difficiles). Le rôle
attribué à l'endettement dans la littérature
financière trouve un écho dans le financement observé des
entreprises françaises (Paquerot et Chapuis, 2006).
Au total, les créanciers sont supposés
être des contrôleurs de l'activité des dirigeants à
la tête des entreprises à condition de respecter une certaine
indépendance entre contrôleur et contrôlé. Or, un
risque de collusion peut apparaître entre la direction de l'entreprise et
ses créanciers, dont le coût serait supporté par les
actionnaires.
Pour finir, ce chapitre nous a permis
d'énumérer les différents modes d'endettement à la
portée des PME et de mettre en évidence la place et d'identifier
les théories qui ont expliqué le rôle de l'endettement dans
le financement de ces dernières. Le chapitre suivant nous permettra
d'étudier la relation entre les déterminants des PME et leur
niveau d'endettement.
De nos jours toutes les unités de production
en l'occurrence les PME ne peuvent vivre en autarcie. Compte tenu de
l'insuffisance de ses propres fonds propres pour s'autofinancer, ces
dernières sont contraintes de recourir à l'extérieur pour
leur financement. L'endettement s'avère un mode de financement
incontournable pour la plupart des PME car d'une part, ces entités de
production n'ont pas accès aux marchés financiers compte tenu de
leur taille, d'autre part, elles ont une aversion aux capitaux propres à
cause de leurs couts jugés importants exigés par les
investisseurs. Cependant, le niveau d'endettement des PME n'est pas le
même voire même inexistant chez certaines car la plupart de ces
dernières sont familiales dont les dirigeants ne préfèrent
pas l'endettement de peur de perdre le contrôle de leurs entreprises.
Néanmoins, l'endettement est fonction des variables qui leur sont
propres, des variables relatives à leurs dirigeants et de leur statut
familial. De ce qui précède, nous envisageons étudier dans
ce chapitre la relation entre les déterminants des PME et leur niveau
d'endettement après avoir identifié les difficultés de
leur financement et les variables qui leur sont spécifiques et celles
relatives à leurs dirigeants.
Section I : DIFFICULTES DE FINANCEMENT ET
IDENTIFICATION DES DETERMINANTS DE L'ENDETTEMENT DES PME
L'évolution a consisté à lever les
hypothèses à la base de raisonnement de 1958 de ces auteurs
(Modigliani & Miller, (1963); Stiglitz, (1969) ; Miller, (1977)). La
levée de ces hypothèses a conduit progressivement à
l'élaboration d'une nouvelle approche de la structure financière
connue sous le nom de « théorie moderne de la
firme » dans laquelle on retrouve la théorie la théorie
d'agence (Jensen & Meckling, 1976) ; la théorie de signal
(Ross, 1977 ; Leland & Pyle, 1977) ainsi la théorie de la
hiérarchie des préférences de financement (Myers &
Majluf, 1984). Sur base de ces théories d'endettement émises par
la réflexion académique, des auteurs se sont penchés sur
la question de savoir quels éléments déterminant le niveau
d'endettement des entreprises. C'est ainsi que la communauté
scientifique identifie d'une part, quelques déterminants
spécifiques importants de la structure financière des entreprises
à savoir la taille, l'âge, la rentabilité, la croissance,
la profitabilité, la composition de l'actif (niveau de garantie) et,
d'autre part, ceux traduisant le caractère familial des PME. En plus de
ces variables précitées, nous avons voulu mettre en
évidence les autres liées aux dirigeants. Il s'agit de leur
participation dans le capital de l'entreprise, leur nombre et leur âge.
Nous présentons dans un premier temps (I), les difficultés
liées au financement des PME et dans le second (II), nous identifions
leurs déterminants.
I- DIFFICULTES DE FINANCEMENT DES
PME
Malgré leur poids dans les économies locales et
en dépit de leur rôle moteur en termes de développement
économique, les PME ont un accès très limité au
marché des financements. Les difficultés d'accès aux
financements sont le premier obstacle au développement des PME, assez
loin devant les problèmes de corruption, de déficience des
infrastructures ou de fiscalité abusive. Les études menées
par Lefilleur (2009) estiment que 80 à 90 % des PME connaissent
des contraintes de financement importantes. Cette situation se
conçoit aisément si l'on considère la forte
réticence des banques vis-à-vis des PME qui transparaît
clairement dans les critères d'éligibilité et
d'accessibilité définis par celles-là. Sous l'influence
de leur actionnariat, de leurs méthodes de travail et de leurs
règles de gestion, autant que sous l'effet de réglementations
de plus en plus contraignantes, les banques sont à l'aise avec
des états financiers fiables et validés par des commissaires aux
comptes. Elles souhaitent en outre trouver chez leurs clients des
structures bien organisées et encadrées, requièrent en
permanence des entreprises qu'elles exposent une vision claire et
précise de leur avenir et demandent que celles-ci disposent de fonds
propres substantiels capables de faire face aux imprévus. Enfin, les
banques espèrent toujours appuyer leurs concours sur des garanties
solides leur permettant de satisfaire les exigences de leurs autorités
de tutelle. Ces nombreuses caractéristiques sont très difficiles
à réunir par la clientèle des PME, quels que soient les
secteurs d'activité et les pays que l'on considère.
D'après Derreumaux (2009), toutes les sociétés
privées à capitaux locaux, y compris celles de grande taille,
existant déjà de longue date, affichant un chiffre d'affaires
régulier et bénéficiant d'une bonne rentabilité,
sont dans l'incapacité de présenter l'ensemble des attributs qui
leur permettraient de respecter les critères classiquement requis
par les banques. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la
frilosité des banques à l'égard des PME :
l'insuffisance de ressources à long terme des banques,
l'asymétrie d'information entre entrepreneurs et banquiers, la
difficulté de sécurisation des crédits, le manque de
garantie suffisante, L'insuffisance de la structuration des entreprises, le
risque et l'insuffisance de moyens dédiés aux PME au sein des
banques (Lefilleur, 2009). Nous concentrons sur quelques facteurs ayant un
effet dissuasif conduisant les banques à surévaluer les
risques.
A- L'asymétrie d'information, l'insuffisante
sécurisation des crédits et le maque de garantie
Nous développons dans cette partie le
problème d'asymétrie d'information entre le banquier et
l'entrepreneur, l'insuffisante sécurisation des crédits et le
manque de garantie comme source de rationnement de crédits.
1- L'asymétrie d'information et
l'insuffisante sécurisation des crédits
Plusieurs éléments, spécifiques au
contexte africain, sont à l'origine de l'asymétrie d'information
entre entrepreneurs et banquiers (Lefilleur, 2009). Tout d'abord, la
majorité des PME évolue dans le secteur informel et n'est donc
pas en mesure de communiquer aux banques l'information minimum
habituellement requise par ces dernières (coordonnées, documents
légaux, états financiers, ...). De plus, pour les PME qui
évoluent dans le secteur formel, l'absence de normes comptables ou au
contraire le niveau excessif de l'information comptable exigée dans
le cas de l'Afrique centrale et de l'Ouest par les normes OHADA ainsi que
l'insuffisance de cabinets comptables indépendants, compétents
et crédibles ont un impact sur la qualité de l'information
financière transmise aux banques (Kaufmann, 200528(*) ; FMI, 200629(*)). Par ailleurs, les
entrepreneurs peuvent trouver un intérêt à diffuser une
information financière très restreinte, voire erronée,
afin d'échapper à la fiscalité. Enfin, il n'existe
souvent aucun outil permettant aux banques de connaître les
comportements de paiement de leurs nouveaux clients. Les centrales des risques
ou centrales des incidents de paiement sont soit inexistantes, soit
inopérantes.
Dans ce contexte, la communication informelle entre
la banque et l'entrepreneur doit permettre de pallier la
déficience des canaux classiques de communication. La
réputation de l'entrepreneur et sa proximité au banquier sont
des éléments au moins aussi importants que la qualité des
états financiers transmis à la banque.
Dans ce contexte de forte asymétrie
d'information, la prise de garantie devrait permettre d'atténuer le
risque encouru par la banque. Néanmoins, les sûretés
réelles ont en général une très faible valeur de
réalisation : les actifs corporels (hors terrains) ont une valeur
marchande quasi nulle car l'étroitesse des marchés fait qu'ils
trouvent difficilement des acheteurs tandis que les terrains (quand les titres
fonciers existent) ou baux (quand ils ont fait l'objet d'un contrat
dûment enregistré) ne peuvent être
généralement cédés sans l'obtention
d'agréments de la part des autorités publiques, ce qui est dans
la plupart des cas long et difficile. La présence d'un collatéral
apparaît donc souvent comme une condition nécessaire à
l'octroi d'un prêt (Africapractice, 2005)30(*), ce qui exclut une
majorité d'entrepreneurs ne disposant pas de ressources suffisantes.
Dans tous les cas, la complexité et les délais des
procédures d'enregistrement des sûretés et des
procédures de recouvrement, notamment par rapport aux montants mis en
jeu, ainsi que la faiblesse des systèmes judiciaires et l'incertitude
sur l'issue des procédures de recouvrement font que la prise de garantie
n'apparaît pas être un bon moyen pour atténuer le risque
de la banque (FMI, 2006)31(*).
2- le manque de garantie
Prêter aux PME est plus souvent fondé sur les
garanties que ce n'est le cas pour les grandes entreprises. Pour la plupart des
PME, les garanties sont nécessaires pour obtenir un financement
bancaire. Dans ce contexte il est nécessaire de définir quel type
d'actifs sont acceptés comme garanties du point de vue des banques. La
forme la plus courante de garanties est l'immobilier (soit détenu par
l'entreprise, soit détenu par l'entrepreneur lui-même). Il peut
aussi arriver que les PME affectent aux banques leur épargne
(privée/personnelle), en garantie des crédits bancaires
accordés à l'entreprise. D'autres actifs, comme les stocks, sont
normalement inadéquats en tant que garantie (par exemple à cause
de la rétention de la propriété par les fournisseurs et
des difficultés pour les réaliser).Toutefois, les PME manquent
généralement des garanties suffisantes, et un ralentissement
économique peut avoir un effet négatif sur la valeur des
garanties. Selon la commission (2003), une étude suédoise
à montré que, dans les zones défavorisées, par
exemple, une baisse de la valeur des propriétés a pour
résultat une plus faible chance d'emprunter de l'argent. La seconde
raison de ne pas obtenir un prêt est une faible performance
économique des PME. Une faible performance économique peut
s'apprécier suivant un critère tel qu'un faible ratio capital
propres/total bilan, des gains insuffisants avant les intérêts et
impôts, ou des pertes, et des liquidités insuffisantes. Le manque
de garanties suffisantes est le principal frein pour les micros et petites
entreprises, tandis que de faibles performances et un flux d'informations
insuffisant sont les raisons les plus importantes en ce qui concerne les
entreprises de taille moyenne. Le prêt fondé sur une garantie
devient moins important quand la taille de l'entreprise augmente, tandis
qu'augmente l'importance de bonnes performances économiques et d'un flux
d'informations convenable. De plus, les contrôles du crédit par
les banques sont plus complexes et détaillés quand les montants
de crédit concernés sont plus élevés.
Les systèmes de garanties sont un des instruments
utilisés pour faciliter l'accès des PME au financement. Dans de
tels systèmes, des garanties sont données au financeur en
échange d'une commission pour couvrir les risques, aussi bien que les
coûts administratifs et de traitement. La Commission Européenne
identifie deux principaux types de systèmes de garanties, qui montrent
certaines similitudes.
- Les fonds de garantie des emprunts sont habituellement
financés publiquement par des autorités régionales ou
nationales. Ils fournissent des garanties soit directement aux PME, soit
indirectement en contre-garantissant les engagements de prêt mis en place
par des associations de garantie mutuelle. Certains fonds de garantie proposent
également des prêts aux PME.
- Les associations de garantie mutuelle sont mises en place par
des PME, des fédérations professionnelles ou des Chambres de
Commerce, parfois en partenariat avec des banques. En se groupant ensemble sous
forme coopérative, les associations de garantie mutuelle sont à
même de négocier auprès des banques des prêts dans
des conditions financières préférentielles, et elles sont
aussi souvent capables de fournir des services professionnels d'appui à
leurs clients, en tirant partie de leurs connaissances
spécialisées et approfondies des secteurs d'activité dans
lesquels elles opèrent.
Les garanties fonctionnent sur le principe d'un partage
du risque entre la banque et l'association de garantie, réduisant ainsi
significativement le degré de risque pour la banque. Dans le contexte
d'une politique régionale, les systèmes de garantie peuvent jouer
un rôle important pour améliorer l'accès aux finances, en
créant un secteur privé de levé de fonds et en
encourageant le développement des PME. Les systèmes de garantie
sont spécialement adéquats pour les très petits
prêts aux micro-entreprises incapables d'apporter au prêteur les
garanties requises. Dans certains des systèmes, les projets
d'investissement doivent passer un contrôle de faisabilité pour
bénéficier des garanties. En conséquence, les entreprises
doivent délivrer de l'information aux organisations d'appui. Le but du
contrôle de faisabilité est que les garanties soient fournies
seulement aux projets réalistes et faisables.
B- Un manque de structuration, une insuffisance de
moyens dédiés aux PME au sein des banques
Un manque de structuration des entreprises et une
insuffisance de moyens dédiés aux PME au sein des banques sont
aussi d'autres facteurs qui limitent l'accès des PME aux crédits
bancaires.
1-Un manque de structuration des
entreprises
Du côté des entreprises, trois aspects
constituent une préoccupation prédominante pour les banques
(Lefilleur, 2009). La faiblesse généralisée des fonds
propres des PME apparaît comme le premier d'entre eux. Cette
faiblesse s'explique à la fois par les réticences des
promoteurs à rechercher d'autres actionnaires, la rareté des
trésoreries disponibles, les sous-évaluations fréquentes
des coûts de fonctionnement et d'investissement dans les budgets, ainsi
que la sous-estimation du capital nécessaire pour réaliser le
chiffre d'affaires envisagé. En conséquence, le poids des
emprunts dans les plans de financement apparaît souvent trop important,
ce qui d'une part conduit les banques à durcir une position
déjà naturellement réservée ou à multiplier
les demandes de garanties, et d'autre part, freine les entreprises dans
l'atteinte de l'équilibre financier, les faisant ainsi redoubler de
fragilité. Le deuxième obstacle important rencontré par
les banques est l'insuffisance d'organisation des PME, notamment en ce qui
concerne les ressources humaines, la comptabilité, la gestion
administrative et les fonctions de contrôle. Le chef d'entreprise, y
compris pour des PME de grande taille, est souvent le seul décideur de
la société. La formalisation modeste, voire parfois balbutiante,
favorise les erreurs, les fraudes et nuit à la
régularité des processus, ce qui peut particulièrement
pénaliser les entreprises du secteur manufacturier, notamment
celles destinées à l'exportation. L'action est trop rarement
précédée d'une réflexion qui permettrait de
garantir la stabilité des processus de production et de
commercialisation. Le contrôle, tant au niveau interne qu'au niveau des
auditeurs, est relégué au second plan. Cela empêche la
détection rapide des faiblesses de la société, facilite
les éventuelles velléités de non transparence de certains
promoteurs et amenuise la sérénité des banquiers face aux
PME. Enfin, le manque de vision du futur de l'entreprise constitue le
troisième principal obstacle.
2- Une insuffisance des moyens dédiés
aux PME au sein des banques
D'après Lefilleur (2009), il ya également au moins
trois insuffisances notables du côté des banques. La
première est la faiblesse du suivi des concours mis en place. La
fragilité normale des PME en termes d'organisation et de projection dans
le futur devrait contraindre les banquiers à surveiller de près
le fonctionnement quotidien de l'entreprise, la pertinence de ses
investissements et les difficultés qu'elle rencontre. Les PME
étant naturellement peu enclines à donner une vraie place de
conseiller à leurs banquiers, ceux-ci devraient prendre
systématiquement l'initiative. Or, ce rôle demeure mal
assumé. La récente intensification des exigences de suivi des
principales clientèles traditionnelles (grandes entreprises et
particuliers) imposées par les réglementations, le manque de
temps face aux nombreux dossiers de PME souvent tous différents les unes
des autres ainsi que la faible rentabilité de telles actions
d'encadrement par rapport à d'autres activités sont autant de
facteurs qui peuvent expliquer l'insuffisance de suivi de la part des
banques. Cela peut créer un cercle vicieux dans la mesure où
cette insuffisance de suivi est précisément à l'origine de
la dégradation de nombreux dossiers, ce qui renforce alors l'aversion
des banques aux PME. La deuxième insuffisance des banques, partiellement
responsable de la précédente, est la pénurie au sein des
équipes bancaires de cadres de référence
spécifiques ayant une expérience approfondie de la gestion des
dossiers de financement des PME. La diversité des PME, que ce soit en
termes de taille, de secteurs, de caractéristiques ou d'appuis requis,
est bien sûr à l'origine de cette situation. Elle explique les
difficultés rencontrées pour mettre au point des solutions. Les
efforts d'amélioration restent cependant insuffisants. Les banques
continuent dans la plupart des cas de souffrir d'une pénurie de
départements spécialisés sur les PME, d'un manque de
procédures bien adaptées à la modestie des
informations financières et des quelques indicateurs de suivi
disponibles, d'une faible capacité d'innovation en ce qui concerne les
garanties acceptables et de l'inexistence de formations spécifiques au
financement des PME pour les analystes de crédit et les chargés
de clientèle. Ces facteurs sont autant de handicaps pour que les banques
accroissent leur intérêt pour les PME. Enfin, la troisième
insuffisance des banques est liée à l'environnement
institutionnel dont les déficiences pénalisent l'action de ces
dernières. En effet, malgré les réels progrès
apportés par l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des
Affaires en Afrique (OHADA),certaines faiblesses persistantes du cadre
juridique(par rapport à la réalisation des garanties par exemple)
et les carences graves et généralisées des appareils
judiciaires rendent très difficile la récupération des
crédits défaillants. Ces difficultés, amenuisent
encore l'attrait des concours aux PME et poussent en même temps les
banques à durcir leurs conditions. De même, la
multiplicité, la complexité et le caractère parfois peu
orthodoxe des pressions de l'administration police économique, fisc,
sécurité sociale fragilisent encore davantage les PME
prêtes à intégrer le secteur formel sous la pression des
banques.
II- IDENTIFICATION DES DETERMINANTS DES
PME
Il s'agit pour nous ici de mettre en évidence
les variables propres aux PME et à leurs dirigeants ayant un impact sur
leur niveau d'endettement.
A- Les variables spécifiques des PME
Nous étudions ici les facteurs propres aux PME
pouvant définir leur aversion ou propension à l'endettement.
Ainsi, nous mettrons en évidence quelques variables suivantes.
1- La taille des PME
La taille de l'entreprise peut être
exprimée en termes de nombre de travailleurs oeuvrant au sein de
l'entreprise ou de son chiffre d'affaires. Les conditions d'accès aux
sources de financement externes varient selon la taille des entreprises. En
effet, les petites entreprises ont une probabilité de défaut plus
importante et l'information disponible à leur sujet est sensiblement
réduite, stigmatisant les conflits d'intérêt avec les
créanciers (Ziane, 2004). Par conséquent, la taille est
supposée être un facteur explicatif important dans le comportement
d'endettement des firmes. Nombreux sont ceux qui supposent (et prouvent
empiriquement) que la taille est l'un des facteurs les plus discriminants quant
aux choix financiers des différentes entreprises (Harris & Raviv,
1990)32(*).
Plusieurs arguments conduisent à supposer une
relation positive entre la taille et l'endettement. Tout d'abord la
probabilité de faillite est réduite dans les entreprises de
taille importante car la diversification des activités réduit la
volatilité des cash-flows et donc la probabilité de faillite
(Titman et Wessels, 198833(*) ; Rajan et Zingales, 1995). Par ailleurs, Ferri
et Jones (1979) notent que les grandes entreprises ont plus d'accès aux
marchés financiers et peuvent emprunter à de meilleures
conditions. Finalement, pour les petites entreprises, les conflits d'agence
entre actionnaires et obligataires peuvent être plus
sévères puisque les dirigeants sont souvent des actionnaires
importants et que ces firmes disposent de plus de souplesse dans leur choix
d'investissement (Titman, 1988). Ce problème peut être
limité en octroyant aux petites entreprises du crédit à
court terme.
Néanmoins une approche fondée sur les
asymétries d'information peut conduire à supposer une relation
négative entre la taille et l'endettement. Il se peut, comme le note
Rajan et Zingales 1995, que la taille serve de mesure inverse de l'information
obtenue par les investisseurs externes. Toutefois, ils n'observent pas que les
grandes entreprises émettent plus de titres sensibles aux
asymétries d'information. De plus, la relation négative entre la
taille et l'endettement reste spécifique à l'Allemagne. Kremp et
Stoss (2001) notent également l'importance du financement bancaire pour
les entreprises de petites tailles en Allemagne. Les caractéristiques du
droit de la faillite et du système de la banque principale (Hausbank)
allemand offrent une explication à l'exception allemande qui ne repose
pas sur les asymétries d'information avec tous les investisseurs
externes. Le cas allemand mis à part, la relation positive entre la
taille et l'endettement est confirmée dans un certain nombre
d'études (Rajan et Zingales 1995 ; Booth et al., 2001).
D'autres études trouvent des relations faibles (Ozkan 2001)34(*) ou non significative (Kremp et
Stoss, 2001) entre la taille et l'endettement et hésitent
à conclure.
2- L'âge des PME
L'âge de l'entreprise indique sa durée
de vie depuis sa création. En effet, l'âge permet de
renforcer la relation entre la banque et les PME. Une entreprise qui a
vécu pendant un temps est supposée avoir accumulé
d'expériences pendant son existence et disposait déjà des
informations sur sa santé. Ainsi, une entreprise qui a duré peut
disposer des documents de synthèse pouvant faciliter leur accès
aux crédits. Par contre, les jeunes entreprises ont souvent de
difficulté à constituer de dossiers de crédit car ne
disposant pas des informations complètes pour fournir leur demande.
Ainsi, la durée de vie de l'entreprise est considérée
comme représentative du capital informationnel dont peuvent disposer les
créanciers (Ziane, 2004). A ce titre, elle influence la
disponibilité du capital par le biais d'une réduction de
l'incertitude relative aux capacités de remboursement. D'après
Dietsch (2003), les PME doivent pouvoir constituer des relations durables avec
les banques pour renforcer leur confiance et ainsi faciliter leur accès
aux crédits. L'entreprise ayant une durée de vie importante
dispose déjà des informations sur son fonctionnement permettant
aux institutions financières d'avoir une connaissance parfaite sur sa
santé. Dans une telle option, l'âge de l'entreprise devrait
être corrélé positivement avec l'endettement, comme peut
l'attester Fischer (1989). Selon cet auteur, le sens positif de cet impact
s'explique, par l'intensification de la relation de confiance entre
l'entreprise et ses créanciers au fil du temps. Cependant, les auteurs
comme Bourdieu et Sedillot (1993) ainsi que de Johnson (1997) ont plutôt
démontré une relation négative entre l'âge de
l'entreprise et son degré d'endettement. Le signe négatif de
cette relation peut être expliqué par le fait qu'une entreprise
plus âgée a pu réussir à cumuler, au cours de son
existence, un montant important de fonds propres via autofinancement et que,
par conséquent, elle doit moins recourir à l'endettement.
3- La rentabilité des PME
La rentabilité d'une entreprise est entendue
comme sa capacité à produire un bénéfice net
satisfaisant par rapport au capital engagé. En effet, les avis sont
partagés quant à la relation entre la rentabilité et le
niveau d'endettement. Pour les auteurs de la POT, les entreprises les plus
rentables devraient avoir une aversion à l'endettement (Myers &
Majluf, 1984). Toute chose égale par ailleurs, les entreprises les plus
rentables ont alors plus de l'autofinancement par conséquent elles ont
une aversion à l'endettement. Au contraire, selon les tenants de la
théorie de signal, les banques utilisant la rentabilité
passée dans l'évaluation du risque des entreprises augmenteront
la capacité d'emprunt des firmes les plus profitables (Ross, 1977).
4- La croissance des PME
Selon Ziane (2004), la croissance est un
élément moteur dans l'activité d'un nombre important des
petites entreprises. Toutefois, des différentes significatives
apparaissent entre les firmes selon le niveau de croissance constaté
(Hutchinson et Ray, 1986)35(*). A nouveau, deux thèses sont en concurrence,
d'où l'hypothèse alternative : selon une approche
privilégiant les couts de faillite ou d'agence, les possibilités
de croissance sont une source de conflits et donc de réduction de niveau
d'endettement ; à l'inverse selon une perspective de financement
hiérarchie, l'endettement apparaît comme un moyen efficace de
financement et de préservation du contrôle pour le
propriétaire-dirigeant de l'entreprise.
5- La composition de l'actif
La composition de l'actif exprime le niveau de
garantie offert par l'entreprise en termes de disponibilité de fonds de
roulement net. C'est un élément important dans la décision
d'octroi de crédit aux PME les entreprises qui disposent des niveaux
élevés d'actifs corporels sont en mesure de réduire les
asymétries d'information et les coûts d'agence. Ainsi, toute chose
égale par ailleurs, l'importance des actifs corporels devrait se
traduire par un endettement supérieur.
6- Le caractère familial des
PME
Le concept d'entreprise familiale n'est pas clair
car il ne peut pas être défini à partir de formes
juridiques spécifiques ou des critères de tailles
spécifiques (Colot et Mélanie, 2007). Selon christensen
(1953)36(*), une
entreprise est familiale lorsqu'elle porte le nom de la famille et est
imprégnée de ses valeurs et traditions. La famille doit en outre
fournir des dirigeants et être (ou avoir été)
propriétaire d'une grande partie des actions. Quant aux Davis et Tagiuri
(1982) ; l'entreprise familiale est « une organisation dans
laquelle deux ou plusieurs membres de la famille élargie influence la
direction de l'entreprise à travers l'exercice de lien de
parenté, des postes de management ou de droit de propriété
sur le capital ». Les définitions de l'entreprise
familiale étant non exhaustives montrent qu'elles sont nombreuses et
hétérogènes. Cependant, d'après la
littérature, nous retenons qu'il ya trois critères qui permettent
de définir l'entreprise familiale. L'entreprise familiale est
caractérisée par la participation active de la famille dans la
gestion de l'entreprise, le contrôle du capital par la famille et la
transmission de l'entreprise à la génération future. De
tout ce qui précède, nous pensons que les dirigeants de cette
catégorie d'entreprise ne souhaiteraient pas l'endettement de peur de
perdre le contrôle de leur entreprise car l'endettement exprime la
dépendance de l'entreprise de l'extérieur. Par conséquent,
le caractère familial des PME devrait se traduire par une aversion
à l'endettement.
· B-LES
VARIABLES RELATIVES AUX DIRIGEANTS
Nous venons d'identifier les variables propres aux
PME permettant d'expliquer leur niveau d'endettement. Mais il n'ya pas
seulement que ces dernières qui ont été définies
par la communauté scientifique. A leur côté, nous avons
encore d'autres relatives aux dirigeants qui peuvent aussi expliquer le niveau
d'endettement. Nous analysons d'une part, le nombre de dirigeants ainsi que
leur âge et, d'autre part, leur participation dans le capital de
l'entreprise.
1- L'âge de dirigeants
L'âge de dirigeants s'interprète
par la durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de
l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé
d'expérience. En effet, nous pensons qu'un dirigeant plus
âgé (ou une équipe dirigeante plus âgée) est
mieux à même de négocier des crédits bancaires
étant donné la confiance qu'il pourrait inspirer aux apporteurs
des fonds externes. Le risque de sélection adverse couru par ceux-ci se
trouve amoindri ou atténué du fait de l'expérience
managériale connue du dirigeant. A ce effet, on peut croire à
l'inexistence des informations asymétriques basées sur la
capacité ou l'incapacité managériale du dirigeant, dans
une certaine mesure, les résultats passés de l'entreprise peuvent
attester la capacité ou non à gérer correctement
l'entreprise et à dégager les résultats positifs. Ainsi,
l'âge de dirigeant pourrait être une fonction croissante de
l'endettement. Nonobstant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant est
âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est
grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de
l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il
dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise.
2- Le nombre de dirigeants
On se situe ici dans le cadre des entreprises
présentant une direction plurielle. En effet, le nombre plus important
de dirigeants peut également être bénéfique dans les
relations entre l'entreprise et la banque. Ce nombre au sein d'une PME pourrait
diminuer la probabilité d'apparition des coûts de sélection
adverse liés à l'endettement. Nous pourrions donc nous attendre
à une proportion de dettes financières plus importantes dans une
entreprise où il y a plus d'un dirigeant. Un nombre important de
dirigeants peut signaler une hausse des capacités managériales au
sein de l'entreprise ce qui peut rassurer les apporteurs des fonds externes. La
relation de confiance banque-entreprise pourrait donc être
consolidée du fait de l'existence de plusieurs niveaux
d'expériences managériales au sein de l'entreprise.
3-La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise
La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise se traduit par l'opération de rachat ou la détention
des actions par ce dernier de l'entreprise qu'il dirige. Ce rachat ou
détention des actions fait le propriétaire de l'entreprise en
plus de son statut dirigeant et lui confère le droit de vote à
l'assemblée et le droit d'être élu au conseil
d'administration. En général, dans la plupart des PME et
particulièrement les PME familiales, le dirigeant est souvent
actionnaire majoritaire de l'entreprise qu'il gère. Etant donné
que le dirigeant dispose un double statut à savoir le statut de
directeur et celui d'actionnaire et bénéficie d'une double
rémunération (salaire et dividende), il doit avoir une main mise
sur l'entreprise et chercher à préserver l'intérêt
de cette dernière car son intérêt en dépend aussi.
Par contre, le dirigeant non actionnaire qui ne bénéficie que
d'une seule rémunération cherche à préserver ses
intérêts au détriment de ceux des actionnaires. A ce moment
des coûts seront engagés pour surveiller les actions opportunistes
du dirigeant (Williamson, 1985). Etant soucieux de son intérêt de
celui de l'entreprise, le dirigeant actionnaire va refuser de dépendre
de l'extérieur c'est-à-dire ne va pas vouloir endetter pour ne
pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon la théorie de
l'agence, la divergence d'intérêts entre les dirigeants et les
actionnaires peut être limitée par l'accroissement de la part de
capital détenue par les dirigeants. Cette solution présente
plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les arbitrages des dirigeants en
faveur de la maximisation de la valeur de la firme, d'autre part, ce
système incitatif permet de réduire le coût du
contrôle supporté par les actionnaires car il est supposé
réduire l'opportunisme des dirigeants à leur égard.
D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des
intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait
si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital.
Toutefois, nous croyons que le dirigeant qui détient une part importante
du capital dans une entreprise pourrait avoir une volonté d'aligner ses
intérêts et ceux de l'entreprise car dans tous les cas, à
cause de son double statut actionnaire et dirigeant, le succès de cette
dernière accroîtra ses revenus. Il aimerait avoir le
contrôle exclusif de son entreprise cause de son aversion à
l'endettement. Dès lors on peut s'attendre à voir une proportion
de dettes plus importantes dans une entreprise où le dirigeant n'est pas
actionnaire majoritaire, notamment suite aux coûts d'agence.
Nous venons d'énumérer dans cette
première section les déterminants des petites et moyennes
entreprises pouvant expliquer leur niveau d'endettement. Nous mentionnons d'une
part, les variables propres à ces entités de production et,
d'autre part, les variables relatives à leurs dirigeants. Etant
donné que ces variables sont nombreuses, nous n'avons pas pu identifier
la totalité, seulement quelques unes qui nous semblent essentielles.
Aussi parmi celles identifiées, nous pensons choisir certaines
spécifiques aux PME et à leurs dirigeants pour étudier
leur influence sur le niveau d'endettement. L'étude de relation entre
les déterminants des PME et leur niveau d'endettement constitue la
seconde section de notre deuxième chapitre.
Section II : RELATION ENTRE DETERMINANTS DES PME
ET LEUR NIVEAU D'ENDETTEMENT
Le développement ou l'évolution des
entreprises ne peut être possible que par financement dont l'endettement
occupe une place non négligeable pour ces unités de production.
Cependant, ces dernières n'ont pas le même niveau d'endettement.
Leur niveau d'endettement est fonction de certaines variables qui leur sont
propres. Ces variables peuvent être l'âge, la rentabilité,
le niveau de garantie, le caractère familial, la taille, la croissance,
etc. Compte tenu d'un nombre important de ces variables, nous ne pouvons pas
les présenter toutes. Nous analysons dans cette section la relation
existant entre quelques variables spécifiques aux PME et à leurs
dirigeants et leur niveau d'endettement.
I- L'INFLUENCE DES VARIABLES DES PME SUR LEUR
NIVEAU D'ENDETTEMENT
Nous nous proposons d'analyser tour à tour
l'influence de la rentabilité et le caractère familial des PME
sur leur niveau d'endettement.
A- L'influence de la rentabilité des
PME
La rentabilité est une capacité d'une
entreprise à produire un bénéfice net à partir d'un
capital employé à cet effet. Suivant Myers (1977), la
rentabilité passée et présente joue un rôle dans la
détermination de la structure du capital. L'impact de la
rentabilité sur le niveau d'endettement des entreprises fait l'objet
d'une controverse théorique entre les auteurs qui ont axé leur
recherche sur le sujet.
Selon Myers & Majluf (1984) dans la POT (Pecking
Order Theory), les entreprises utilisent d'abord l'autofinancement, puis la
dette et en dernier lieu l'émission d'action pour financer leurs
investissements. D'après cette théorie, une entreprise soumise
à l'asymétrie informationnelle avec ses apporteurs des fonds
choisira de préférence les modes de financement les moins soumis
à ces asymétries informationnelles à savoir
l'autofinancement, l'endettement et finalement l'ouverture du capital à
des actionnaires externes. Par conséquent, plus une entreprise est
rentable moins elle recourra à l'endettement comme moyen de
financement. Toutes choses égales par ailleurs, les firmes plus
rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une relation
négative entre la rentabilité et l'endettement. Cette description
est validée par l'un des résultats empiriques les plus
réguliers, par exemple la revue de littérature de Harris et Raviv
1990, l'étude sur les pays membres du G7 de Rajan et Zingales 1995 et
celles sur 10 pays en voie de développement de Booth et al. 2001 ont
toutes conclu à une relation négative entre la rentabilité
et l'endettement. Dans le cadre de la théorie de Trade-off Theory (TOT),
la relation entre l'endettement et la rentabilité devrait être
positive. Une entreprise rentable aura une préférence pour la
dette car les intérêts sont déductibles de son
résultat fiscal. Ainsi, d'après cette théorie entre les
avantages fiscaux de la dette et ses inconvénients en termes
d'accroissement du risque de faillite, si l'entreprise est rentable et que son
risque de défaillance financière n'est pas important alors, il
faudra recourir à l'endettement. La négociation du contrat
d'emprunt sera d'autant plus facile que l'entreprise est rentable. Par
ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne approximation de
la rentabilité future, une entreprise très rentable aura une
probabilité plus forte de rembourser ses dettes (Shyam-Sunder et Myers
1999). La théorie statique prédite donc une relation positive
entre l'endettement et la rentabilité. Cette prédiction constitue
la grande contradiction du modèle de Trade-off.
Toutefois des modèles théoriques
dynamiques qui supposent l'existence d'un niveau optimal d'endettement de type
Fischer et al. (1989), Leland (1998) montrent qu'il existe des coûts
d'ajustements pour s'ajuster vers le haut au ratio cible alors que les
entreprises remboursent naturellement leur dette avec l'autofinancement. Ces
coûts autorisent donc un comportement de type financement
hiérarchique à court terme dans un cadre de niveau de financement
optimal. Nous croyons que la PME rentable voudra utiliser l'endettement pour
augmenter le volume de ses activités afin de devenir demain une grande
entreprise. Le souci de la plupart des propriétaires des PME est de voir
leur entreprise grandir et pour ce faire, ils doivent fructifier l'argent des
autres. Au bout du raisonnement assorti de différentes études
menées sur le sujet et qui ne font d'ailleurs pas le consensus37(*) et de notre bon sens, nous
formulons notre première hypothèse H1 suivante qui indique une
relation positive entre la rentabilité et le niveau d'endettement.
H1 : la rentabilité de l'entreprise
influence positivement son niveau d'endettement.
·
B-L'influence du caractère familial des PME
Comme nous avons dû mentionner un
peu plus haut, la plupart des PME sont familiales. On peut voir avec Colot
(2005) dans ses recherches menées sur les PME belges qui dit que plus de
80% des PME belges sont des entreprises familiales. Ainsi, au Tchad ces
entreprises contribuent en grande partie au développement de
l'économie nationale.
Nous définissons l'entreprise familiale comme
une unité chargée de produire et d'écouler sur le
marché des biens et des services, unité appartenant à des
personnes unies par des liens de consanguinité directs ou indirects
usant de contrats non formalisés dont l'objectif prioritaire est
l'obtention d'un profit minimal permettant la sécurisation du capital
investi et la survie des membres de la famille.
Cependant, le concept des PME familiales n'est pas
clair car plusieurs auteurs l'abordent différemment. Il n'existe pas de
formes juridiques spécifiques ou de critères de tailles
spécifiques pour définir ce concept (Colot et Mélanie,
2007). Ainsi, pour christensen (1953)38(*), une entreprise est familiale lorsqu'elle porte le
nom de la famille et est imprégnée de ses valeurs et traditions.
La famille doit en outre fournir des dirigeants et être (ou avoir
été) propriétaire d'une grande partie des actions. Quant
aux Davis et Tagiuri (1982) ; l'entreprise familiale est
« une organisation dans laquelle deux ou plusieurs membres de la
famille élargie influence la direction de l'entreprise à travers
l'exercice de lien de parenté, des postes de management ou de droit de
propriété sur le capital ». Ainsi, Stern (1986) se
réfère à une entreprise détenue et dirigée
par les membres d'une ou deux familles. Ronoff et Ward (1990)39(*) ont choisit une
définition identique. Selon Handler (1989, l'entreprise familiale est
« une organisation dans laquelle les principales décisions
opérationnelles et les objectifs quant à la transmission sont par
les membres de la famille impliqués dans le management ou dans le
conseil d'administration ». Astrachan et Kolenko (1984)40(*) considèrent qu'une
entreprise est familiale si la famille détient au moins 50% du capital
pour les sociétés non cotées et 10% pour les
sociétés cotées, si l'entreprise existe depuis au moins 10
années ininterrompues, si au moins deux membres de la famille sont
impliqués dans l'entreprise et enfin, si le propriétaire a la
volonté de transmettre l'entreprise à la génération
future. Plus récemment, Floren (2002)41(*) définit qu'une entreprise est familiale si
elle satisfait à au moins deux des critères suivants : la
famille doit détenir au moins 50% des actions de l'entrepris ; la
famille doit avoir l'influence décisive sur la stratégie de
l'entreprise et sur les décisions de transmission de l'entreprise ;
la majorité ou au moins deux membres du conseil d'administration ou de
la direction doivent être des membres d'une famille. Les
définitions de l'entreprise familiale étant non exhaustives
montrent qu'elles sont nombreuses et hétérogènes.
Cependant, d'après la littérature, nous retenons qu'il ya trois
critères qui permettent de définir l'entreprise familiale.
Ainsi, l'entreprise familiale est caractérisée par la
participation active de la famille dans la gestion de l'entreprise, le
contrôle du capital par la famille et la transmission de l'entreprise
à la génération future. De ces trois critères, nous
pouvons analyser l'influence du caractère familial des entreprises sur
leur niveau d'endettement. Dans la plupart des études existantes
traitant de la problématique de la structure d'endettement des PME
familiales, nous retenons celles d'Hirigoyen (1982) qui met en évidence
une stratégie financière prudente de la part des dirigeants
d'entreprises familiales de peur de perdre le contrôle de ces
dernières. Ce comportement de prudence est confirmé dans
l'étude de Ward (1988) ; cette dernière montre que les
entreprises familiales ont recours à des stratégies de
défense de peur de perdre le contrôle familial de l'entreprise.
Cette crainte serait renforcée dans les entreprises familiales dans
lesquelles le dirigeant serait d'un âge déjà avancé
(Tufano, 1996). Selon Donckels (1993), la famille souhaite maintenir
l'indépendance financière de son entreprise afin d'en conserver
le contrôle. A cet égard, l'entreprise va privilégier
l'autofinancement et éviter l'endettement à long terme.
Cependant, une fois la capacité d'autofinancement atteinte, la PME
familiale va recourir plus facilement à l'endettement qu'à
l'ouverture du capital et ce, de manière à préserver le
contrôle familial de l'entreprise. Néanmoins, si le financement
par dettes évite la dilution de l'actionnariat, il engendre un
accroissement du risque de défaillance financière. Par
conséquent, le dirigeant doit réaliser un arbitrage entre la
conservation du contrôle et l'augmentation du risque. Pour Kalika (1988),
les différences structurelles en termes de différenciation, de
formalisation, de planification, de contrôle et centralisation qui
existent entre les entreprises familiales et non familiales peuvent s'expliquer
par le fait que la taille des PME familiales est généralement
plus petites que celles des PME non familiales et qu'au sein des PME
familiales, la direction est plus autodidacte que gestionnaire. D'après
Allouche et Amann (1995)42(*), les entreprises évitent l'endettement et
optent pour des stratégies à long terme plutôt que de court
terme lié à un besoin de résultats rapides et ont une
aversion à l'endettement. Elles pratiquent aussi plus facilement le
réinvestissement des dividendes. Cette aversion et cette crainte de
l'endettement sont confirmées par l'étude de Gallo et villaseca
(1996) qui constate la présence d'un faible ratio dette/fonds propres au
sein même de ces entreprises familiales. De tout ce qui
précède, nous remarquons donc que le caractère familial
des PME pourrait avoir une influence négative sur leur comportement
d'endettement du fait que leurs dirigeants ont une crainte de perdre leur
contrôle. Ce qui nous amène à émettre notre
deuxième hypothèse suivante qui vise à tester une
relation négative entre le caractère familial des entreprises et
leur niveau d'endettement.
H2 : le caractère familial des PME
influence négativement leur niveau d'endettement
II- L'INFLUENCE DES VARIABLES DU DIRIGEANT SUR LEUR
NIVEAU D'ENDETTEMENT
A- L'influence de l'âge du dirigeant de
l'entreprise
L'âge de dirigeants s'interprète par la
durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de
l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé
d'expérience. L'âge est un facteur révélateur
d'expérience. Même dans la société humaine, on doit
du respect aux personnes les plus âgées car ces dernières
sont souvent considérées comme les plus sages à cause de
leur espérance de vie menée. En effet, nous pensons qu'un
dirigeant plus âgé (ou une équipe dirigeante plus
âgée) est mieux à même de négocier des
crédits bancaires étant donné la confiance qu'il pourrait
inspirer aux apporteurs des fonds externes. Le risque de sélection
adverse couru par ceux-ci se trouve amoindri ou atténué du fait
de l'expérience managériale connue du dirigeant. A ce effet, on
peut croire à l'inexistence des informations asymétriques
basées sur la capacité ou l'incapacité managériale
du dirigeant, dans une certaine mesure, les résultats passés de
l'entreprise peuvent attester la capacité ou non à gérer
correctement l'entreprise et à dégager les résultats
positifs. Ainsi, l'âge de dirigeant pourrait être une fonction
croissante de l'endettement. Cependant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant
est âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque
est grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de
l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il
dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise.
Nonobstant, nous pensons plutôt que le dirigeant grâce à son
âge avancé aurait pu présenter son ou ses
remplaçants au banquier lorsqu'il doit aller à la retraite. La
banque aurait pris connaissance du nouveau dirigeant pour le maintien de la
confiance qu'elle avait avec l'ancien. Le dirigeant le plus âgé
aurait pu pendant son existence à la tête de l'entreprise tisser
de relation profonde avec son banquier. Ce qui fait que ce dernier lui accorde
plus de confiance que le jeune dirigeant. Ce qui retient notre attention c'est
que la relation parfaite entre le dirigeant et son banquier est basée
sur la confiance qu'il pourrait lui inspirer à cause de son âge
avancé exprimé par une relation longue. La durée
importante du dirigeant à la tête de l'entreprise permet au
banquier de connaître son comportement et là l'asymétrie
informationnelle entre les deux pourrait être réduite. Ce
raisonnement nous conduit à émettre notre troisième
hypothèse H3 qui nous permettra de tester une relation positive entre
l'âge du dirigeant et le degré d'endettement des
entreprises.
H3 : l'âge du dirigeant influence
positivement le niveau d'endettement d'une entreprise.
B- L'influence de la participation du dirigeant dans le
capital de l'entreprise
La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise se traduit par le rachat ou la détention d'une partie des
actions de l'entreprise qu'il dirige. Cette détention des actions par le
dirigeant fait de lui propriétaire de l'entreprise en plus de son statut
de dirigeant et lui confère le droit de vote à l'assemblée
et le droit d'être élu au conseil d'administration. En
général, dans la plupart des PME et particulièrement les
PME familiales, le dirigeant est souvent actionnaire majoritaire de
l'entreprise qu'il gère. Etant donné que le dirigeant dispose un
double statut à savoir le statut de directeur et celui d'actionnaire et
bénéficie d'une double rémunération (salaire et
dividende), il doit avoir une main mise sur l'entreprise et chercher à
préserver l'intérêt de cette dernière car son
intérêt en dépend aussi. Tandis que les dirigeants non
actionnaires ont tendance à privilégier leurs propres
intérêts au détriment de ceux de l'entreprise (ou
actionnaires). Ces deux parties vont chercher à engager des coûts
pour surveiller l'une et l'autre (Williamson, 1985). Dès lors on peut
s'attendre à voir une proportion de dettes plus importantes dans une
entreprise où le dirigeant n'est pas actionnaire majoritaire, notamment
suite aux coûts d'agence. Cependant, le dirigeant actionnaire qui veut
contrôler exclusivement son entreprise souhaiterait être
indépendant de l'extérieur c'est-à-dire ne souhaiterait
pas endetter pour ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon la
théorie de l'agence, la divergence d'intérêts entre les
dirigeants et les actionnaires peut être limitée par
l'accroissement de la part de capital détenue par les dirigeants. Cette
solution présente plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les
arbitrages des dirigeants en faveur de la maximisation de la valeur de la
firme, d'autre part, ce système incitatif permet de réduire le
coût du contrôle supporté par les actionnaires car il est
supposé réduire l'opportunisme des dirigeants à leur
égard. D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des
intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait
si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital. Selon
Albouy (1991), en tenant compte des risques réels de faillite, il n'y
aurait aucun intérêt pour des actionnaires à émettre
des dettes puisque dans ce cas la firme endettée serait
inférieure à celle financée uniquement par fonds propres.
De tout ce qui précède, nous croyons que le dirigeant qui
détient une part importante du capital dans une entreprise pourrait
avoir une volonté d'aligner ses intérêts et ceux de
l'entreprise, car dans tous les cas, à cause de son double statut
actionnaire et dirigeant, le succès de cette dernière
accroîtra ses revenus. Il aimerait donc avoir le contrôle exclusif
de son entreprise cause de son aversion à l'endettement. Ainsi, notre
quatrième hypothèse H4 qui consistera à tester une
relation négative entre la participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise et son niveau d'endettement peut être formulée de
manière suivante :
H4 : la participation du dirigeant dans le
capital de l'entreprise a une influence négative sur son niveau
d'endettement.
L'influence de la rentabilité de
l'entrepriseDegré d'endettement de l'entrepriseL'influence du
caractère familial de l'entrepriseL'influence de l'âge du
dirigeant de l'entrepriseL'influence de participation du dirigeant dans le
capital social de l'entreprise
H1+
H2-
H3+
H4-
|
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FIGURE 1 : Modèle de
recherche proposé
Cette première partie nous a permis de passer en
revue au premier chapitre les modes d'endettement à la disposition des
petites et moyennes entreprises et de situer la place de l'endettement dans les
modes de financement. En effet, nous avons fait mention de deux modes
d'endettement à savoir les modes d'endettement formels et ceux
informels. En raison des difficultés de financement que rencontrent les
entreprises de petite taille auprès des institutions de financement
formelles en termes soit de taux trop élevés par les banquiers
soit de l'asymétrie informationnelle entre les banquiers et les
entreprises, une autre alternative est possible celle de financement informel
qui se fait auprès des institutions informelles dont le contact avec les
entreprises est direct et dont le taux d'intérêt ne fait l'objet
d'aucune réglementation. Pour ce qui est de la place de l'endettement,
nous avons identifié d'abord les théories qui ont bien
expliqué l'endettement à savoir la théorie d'agence, la
théorie de financement hiérarchique (Pecking Order Theory) et la
théorie de financement optimale (Trade-off Theory) avant de faire un
point sur le rôle d'endettement. Ces théories ont expliqué
le bien fondé de l'endettement sans lequel le succès de la
plupart des entreprises est douteux. S'agissant de rôle, il faut noter
que le rôle de l'endettement n'est plus à démontrer.
L'endettement permet de créer de la valeur pour l'entreprise mais son
excès crée de la faillite. Au deuxième chapitre,
nous avons analysé la relation entre les variables propres aux PME et
à leurs dirigeants et leur niveau d'endettement après avoir
identifié quelques facteurs qui sont à l'origine des
difficultés de financement des PME. En effet, nous avons mis d'abord en
évidence ces différentes variables et leur explication du niveau
d'endettement. A cause de la multiplicité de ces variables ne pouvant
pas faire toutes l'objet de notre analyse, nous avons jugé choisir
quelques quatre qu'il faut mettre en relation avec les objectifs
spécifiques pour analyser leur relation avec le niveau d'endettement. Il
s'agit d'une part, deux variables propres aux PME qui sont : la
rentabilité et le caractère familial et, d'autre part, deux
variables propres à leurs dirigeants à savoir l'âge et la
participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise. Cela nous a permis
de formuler cinq hypothèses (H1, H2, H3 et H4) que nous
les soumettons à l'épreuve des faits dans le contexte tchadien
afin de les confirmer ou de les infirmer.
Enfin, nous avons établi notre modèle de
recherche qui permet de relier les variables indépendantes (ou variables
explicatives) au variable dépendante (ou variable à expliquer)
par des flèches. Les flèches indiquent l'influence des variables
indépendantes sur la variable dépendante et les signes indiquent
le sens de l'influence de ces variables.
Dans les précédents chapitres de notre
étude, nous avons passé en revue le cadre conceptuel des
déterminants de l'endettement des PME. Nous avons par la suite,
formulé des hypothèses à partir de la revue de
littérature existante. Pour confirmer ou confirmer ces
hypothèses, nous essayerons de soumettre la théorie à
l'épreuve des faits à partir des outils d'analyse des
données, puis de mettre en évidence les résultats qui
seront assortis.
Dans cette seconde partie, nous allons d'une part,
présenter la démarche méthodologique de notre étude
(Chapitre III) et, d'autre part, mettre en évidence l'influence des
déterminants des entreprises tchadiennes et ceux de leurs dirigeants sur
leur niveau d'endettement (Chapitre IV).
Ce chapitre permet de présenter la
démarche méthodologique adoptée dans le cadre de notre
recherche et les outils de traitement statistique appropriés (Section
I). Nous analyserons enfin, les caractéristiques des PME tchadiennes et
celles de leurs dirigeants (Section II).
Section I : DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE
RECHERCHE
La méthodologie peut être définie
comme l'ensemble des méthodes, des procédés et des
règles permettant de choisir les outils statistiques adaptés
à une analyse des données. Elle permet au chercheur de
contrôler la qualité de ses recherches et de répondre
à ses objectifs. Nous développerons dans les paragraphes
suivants, le processus qui nous a permis de choisir notre échantillon et
la technique de collecte des données après avoir
présenté les types de recherche. Nous finirons cette section par
les différents tests statistiques qui nous permettront d'analyser nos
données recueillies.
· I-CADRE DE
RECHERCHE ET PROCESSUS D'ECHANTILLONNAGE
Il s'agit ici de préciser le cadre de notre
recherche dans lequel nous choisirons une approche et le type de recherche et
de définir la méthode de collecte des données après
avoir décrit notre échantillon.
· A-CADRE DE
RECHERCHE
Le choix d'une méthodologie de recherche n'est pas
fortuit, elle dépend des concepts utilisés et des objectifs
fixés. En effet, le chercheur se base sur une approche et un type de
recherche en adéquation avec son étude. Ainsi, le
développement qui suit mettra en évidence le choix d'une approche
et d'un type de recherche.
1-le choix d'une approche
Il existe deux approches : l'approche inductive et
l'approche déductive.
L'approche inductive se base sur des observations
limitées et à partir de ces observations on inférera des
hypothèses et des théories. Elle constitue une base importante du
processus de recherche, surtout lorsqu'on est dans un domaine non
étudié. Il s'agit d'une démarche qui est donc courante
lorsque l'on est dans une étude ou une phase exploratoire. L'approche
inductive constitue d'ailleurs souvent une phase initiale pour aider à
formaliser des hypothèses dans le cadre d'un processus qui sera ensuite
déductif.
L'approche déductive, quant à elle,
consiste, à partir des connaissances, théories et concepts, et
à émettre des hypothèses qui seront ensuite testées
à l'épreuve des faits. C'est ce processus qui est appelé
démarche hypothético-déductive. Cette démarche
consiste à partir de la littérature existante à
émettre des hypothèses qui seront testés sur un
échantillon représentatif de la population étudiée.
Pour notre travail, nous avons opté pour cette dernière
démarche car, elle permet de vérifier les hypothèses en
utilisant les outils statistiques.
Après le choix de l'approche, il paraît
important de présenter les différents types de recherches.
2-le choix de type de recherche
Il en existe deux, à savoir la recherche causale
et la recherche non causale.
La recherche causale : cette recherche consiste
à mettre en évidence une éventuelle relation de cause
à effet entre les différentes variables. Compte tenu de sa vertu
à étudier le lien de causalité entre deux ou plusieurs
variables, cette recherche prend la forme d'une recherche empirique.
La recherche non causale: nous trouvons dans cette
catégorie la recherche exploratoire et la recherche descriptive.
La recherche exploratoire : dans ce type de
recherche, le chercheur doit aboutir à des propositions des
résultats théoriques novateurs, créer de nouvelles
articulations entre les concepts et d'entreprendre des nouveaux concepts dans
un champ théorique donné. Pour tout problème non encore
bien défini, on commence par la recherche exploratoire.
La recherche descriptive: comme son nom l'indique, elle a
pour objet de décrire un phénomène qui porte sur
l'étude. Elle est la plus simple et est basée sur des
études qui enregistrent la description systématique des faits,
des éléments qui composent les événements que l'on
veut étudier. Ici, le chercheur observe les phénomènes
tels qu'ils sont dans leur environnement.
Dans notre étude, nous avons opté pour la
recherche causale pour analyser les relations entre les variables de
différentes hypothèses de notre recherche. Toutes les variables
de notre étude sont de type causal. Il s'agit de la rentabilité,
le caractère familial des entreprises, l'âge du dirigeant et la
participation du dirigeant dans le capital de son entreprise qui sont des
variables indépendante ou explicatives. Nous voulons étudier
l'influence de ces dernières sur le niveau d'endettement qui est une
variable dépendante ou expliquée. Ces variables ont
été obtenues grâce à la revue de la
littérature à l'issue de laquelle nous étions
arrivés à formuler cinq hypothèses. Il existe une relation
de causalité entre les variables indépendantes (ou explicatives)
et une variable dépendante (ou expliquée). Dans une telle
relation, les variables indépendantes représentent la cause dont
l'effet se mesure sur la variable dépendante. Après avoir
présenté le cadre de notre étude, il convient de passer
à la description de l'échantillon de notre étude.
· B-
PROCESSUS DE L'ECHANTILLONNAGE
On appelle processus de l'échantillonnage,
une approche caractérisée par un ensemble d'opérations
servant à sélectionner un échantillon à partir
d'une population donnée sur lequel s'appuieront les tests statistiques.
Il s'agit en réalité d'un processus qui débute avec la
description de l'univers d'étude et se termine avec l'obtention de
l'échantillon (Djeumene, 2004). Nous allons tout d'abord, définir
la population de notre étude et l'échantillon qui sera extrait de
la population après avoir précisé le cadre de
l'échantillonnage.
1-La population visée
La population est l'ensemble de tous les individus
possédant des caractéristiques précises ayant une relation
avec les objectifs de l'enquête. C'est donc la totalité des
individus dont les caractéristiques répondent aux objectifs de
l'étude envisagée et qui servent de support à la
vérification de l'hypothèse de recherche. Dans le cas de notre
étude, la population visée est constituée de l'ensemble
des PME tchadiennes sans distinction de domaine d'activité. Les GE et
les TPE ne font pas partie de notre population cible.
2-Le cadre
d'échantillonnage
On entend par cadre d'échantillonnage, une liste
des entreprises à partir de laquelle on peut tirer un échantillon
d'étude. Dans notre cas, nous nous sommes rendus à N'Djamena la
capitale tchadienne où nous sommes tombés sur un
répertoire des opérateurs économiques publié chaque
année par la CCIAMA. Ce document nous a permis de tirer notre
échantillon d'étude dans les deux grandes villes du Tchad
à savoir N'Djamena et Moundou où sont concentrées la plus
grande partie des PME.
3-L'échantillon
L'échantillon est une partie de la population,
constituée d'un ou de plusieurs individus provenant de cette population.
Un échantillon est destiné à fournir des informations
qu'on pourrait généraliser à la population d'origine.
Il existe deux sortes d'échantillons : les
échantillons probabilistes et les échantillons non
probabilistes.
Un échantillon probabiliste suppose que les
individus sont choisis au hasard et que la probabilité d'appartenir
à un échantillon est connue. Sont entrés dans cette
catégorie, l'échantillon aléatoire ou de hasard simple,
l'échantillon de hasard stratifié, l'échantillon,
l'échantillon en grappes et l'échantillon systématique.
Quant à l'échantillon non probabiliste, le
choix des individus composant l'échantillon n'est pas basée sur
le hasard et que la probabilité de sélection d'un membre de la
population n'est donc pas connue. Les résultats issus d'un
échantillon non probabiliste ne sont pas représentatifs par
rapport à ceux d'un échantillon probabiliste. On peut aussi
trouver dans cette catégorie l'échantillon de convenance,
l'échantillon « boule de neige, l'échantillon
accidentel, l'échantillon par choix raisonné,
l'échantillon par quota et l'échantillon de volontaires.
Nous choisissons dans le cas de notre étude,
l'échantillon par choix raisonné. Cette technique obéit
à un choix raisonné du chercheur. Il s'agit très souvent
d'une situation où le chercheur voudrait sa recherche sur un genre de
phénomènes ou d'individus qui se distingueraient des autres selon
certaines caractéristiques. La pertinence de cette technique est
liée à la pertinence du choix raisonné du chercheur.
Ainsi, un bon échantillon doit être de
grande taille pour apprécier le degré de fiabilité de
résultat, et représentatif car très utile pour
l'extrapolation des résultats.
a)La taille de l'échantillon
Maintenant que le choix d'une technique d'échantillonnage
est fait, nous pouvons procéder à présent à la
détermination de la taille de notre échantillon. En effet, la
taille d'un échantillon renvoie au nombre d'individus que contient cet
échantillon. La taille d'un échantillon doit répondre
à un certain nombre de critères (Dépelteau, F.
2000)43(*). Selon
Dépelteau (2000), un échantillon doit représenter au moins
10% de la taille de la population mère et il doit se composer d'un
minimum de 30 individus. Dans notre cas, sur 620 entreprises que contient notre
population d'étude, nous dévons interroger au moins 62 individus.
Compte tenu de réticence de certains individus de répondre aux
questions, nous avons pu seulement administrer 115 questionnaires dont 30
à Moundou et 85 à N'Djamena. A la fin, nous n'avons
récupéré que 83 questionnaires dont 15 inexploitables. Le
tableau ci-dessous nous donne la répartition des questionnaires
administré dans les deux villes.
Tableau 1 : Répartition de
questionnaires administrés
Questionnaires
Villes
|
Questionnaires administrés
|
Questionnaires récupérés
|
Questionnaires non récupérés
|
Questionnaires non exploitables
|
Questionnaires exploitables
|
N'Djamena
|
85
|
61
|
24
|
11
|
50
|
Moundou
|
30
|
22
|
8
|
4
|
18
|
Totale
|
115
|
83
|
32
|
15
|
68
|
Pourcentage
|
18,55%
|
72,17%
|
27,83%
|
18,07%
|
81,93%
|
Source : nous-mêmes
A partir de ce tableau, on voit que les questionnaires
administrés représentent 18,55% de la population total de notre
étude. Ce pourcentage étant supérieur à 10 nous
rassure de l'importance de notre échantillon. On voit aussi 72,17% de
questionnaires sont récupérés contre 27,83% non
récupérés. Finalement 81,93% de questionnaires sont
exploitables contre 18,07% seulement inexploitables.
b) La représentativité de
l'échantillon
Un échantillon est représentatif quand on peut
le généraliser à la population mère. Dans l'absolu,
un chercheur devrait toujours travailler sur un échantillon
représentatif de sa population d'origine. Cela implique que :
- L'échantillon a exactement les mêmes
caractéristiques que la population de laquelle il est issu ;
- Par ailleurs les résultats issus de tests empiriques
effectués sur l'échantillon sont identiques à ceux qu'on
aurait obtenus après les tests empiriques effectués sur la
population d'origine.
Cependant, compte tenu de plusieurs facteurs qui
échappent souvent au contrôle du chercheur, il est difficile dans
la réalité, d'obtenir un échantillon disposant exactement
des mêmes caractéristiques que la population d'origine. Ce qui
signifie très exactement que la représentativité d'un
échantillon n'est pas toujours parfaite. Elle comporte presque toujours
une marge d'erreur, communément appelé « erreur
d'échantillonnage ». Cette marge d'erreur doit cependant
être la plus faible possible.
Ainsi, le processus d'échantillonnage étant
présenté, il convient maintenant de passer à la
méthode qui a permis de collecter les données.
· C-TECHNIQUE
DE COLLECTE DES DONNEES
Cette étape est celle qui nous a conduits sur le
terrain afin de collecter les informations relatives à notre
étude. Il s'agit pour nous ici de présenter l'outil de collecte
des données et son contenu, de codifier le questionnaire et de
préciser la méthode d'administration du questionnaire.
1-L'outil de collecte des données : le
questionnaire
Par définition, le questionnaire est un instrument
de collecte des données, caractérisé par un document
écrit, standardisé, comportant une série de questions
écrites, adressées aux sujets concernés par la recherche
en cours. Les questions prescrites sont retenues par les
indicateurs caractérisant les différents concepts constituant le
cadre théorique opérationnalisé. Les questionnaires ont
pour objectifs d'obtenir des informations précises sur un thème
particulier, comparer des informations, décrire une population et de
vérifier une hypothèse en traduisant les objectifs de la
recherche en question permettant de la confirmer ou de l'infirmer.
Le questionnaire est un outil de collecte des données primaires
en général dans la plupart de contexte africain et en particulier
dans le contexte tchadien dans lequel il n'existe pas de base des
données fiables. Dans le contexte tchadien, l'utilisation des
données primaires se trouvent comme une contrainte, ce qui fait que
l'utilisation d'un questionnaire est importante. C'est donc ce document qui
nous a permis de collecter les données auprès des entreprises
tchadiennes. Vu l'importance de cet instrument qui permet un contact entre les
chercheurs et les répondants, son élaboration doit faciliter ce
contact. Ainsi, il s'agit de commencer le questionnaire en posant des questions
générales relativement neutre et facile et centrer
progressivement l'interrogation sur des questions plus précises et plus
difficiles. Dans le cas de cas de notre étude qui porte sur l'influence
des déterminants des entreprises tchadiennes et de leurs dirigeants sur
leur niveau d'endettement, nous avons commencé nos questions par celles
relatives à l'endettement, suivi des celles liées aux
déterminants des PME et de leur dirigeants et nous avons fini par celles
axées sur l'identification de l'entreprise. La plupart de nos questions
sont des questions fermées. Pour ces dernières, le
répondant a le choix entre plusieurs modalités de réponse.
Certaines de nos questions sont ouvertes, lesquelles des questions dont les
modalités de réponse ne sont pas données.
L'enquêté peut répondre librement à ces
dernières. Maintenant, il paraît important de voir le contenu de
notre questionnaire.
· 2-Le
contenu du questionnaire
Notre questionnaire est composé de 25
questions et subdivisé en trois parties :
La première porte sur les modes et la structure
d'endettement qui va de Q1 à Q10. La deuxième concerne les
variables de nos hypothèses. Il s'agit des déterminants des
entreprises et de leurs dirigeants, allant de Q11 à Q17. La
troisième et la dernière, est axée sur l'identification de
l'entreprise et du répondant. Cette dernière va de question Q18
à Q25. Certaines de nos questions sont formulées à partir
de nos hypothèses d'étude, par contre, les autres le sont pour
décrire l'endettement et identifier les entreprises et les
répondants. Le tableau suivant donne le récapitulatif.
Tableau 2 : Répartition des
questions suivant les variables indiquées
Variables
|
N° Questions
|
Variables descriptives de l'endettement
|
Q1, Q2, Q3, Q4, Q5, Q6, Q7, Q8, Q10
|
Niveau de l'endettement
|
Q9
|
La rentabilité
|
Q11, Q12
|
Le caractère familial
|
Q13, Q14, 15
|
L'âge du dirigeant
|
Q16
|
La participation du dirigeant
|
Q17
|
Variables d'identification du répondant
|
Q23, Q24, Q25
|
Variables d'identification de l'entreprise
|
Q18, Q19, Q20, Q21, Q22
|
|
Source : nous-mêmes
3-La codification du
questionnaire
On entend par codification du questionnaire,
l'affectation ou l'attribution d'une note à chaque question par le
chercheur. La codification des questions fermées est simple car, les
modalités de réponse sont données. Dans le cadre de notre
étude, nous avons codé par avance seulement les questions
fermées. Les questions ouvertes seront codées après avoir
déterminé l'intervalle des données. La codification du
questionnaire répond au principe selon lequel, plus les chiffres sont
élevés par question plus, les réponses données par
le répondant vont dans le sens de valorisation de l'échelle.
Ainsi, notre questionnaire est composé des variables mesurées sur
une échelle à 2 points, 3 points, 4 points et 5 points.
Pour les questions à 2 points, le répondant
a le choix entre deux modalités de réponse. On a par exemple la
question Q1 qui s'intitule : « pensez-vous que l'endettement
soit important pour financer les activités de votre
entreprise » ? Il s'agit pour le répondant de
répondre Oui ou Non. Nous avons affecté la note 1 à Oui et
0 à Non comme indique le tableau suivant.
Tableau 3 : Exemple de codification de
question à deux modalités
Modalités de réponse
|
Oui
|
Non
|
Code
|
1
|
2
|
|
Source : nous-mêmes
Aussi les questions à 3 et 4 points sont
conçues pour que le répondant choisisse une réponse entre
3 et 4 modalités de réponse. Ce sont par exemple les questions Q6
et Q18 qui sont respectivement formulées de façon suivante :
« quelle est la structure d'endettement que vous
pratiquez» ? Et « quelle est la forme juridique de votre
entreprise » ? Nous pouvons voir les modalités de
réponse et les codes afférents dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4 : Codification de question
à trois modalités de réponse
Modalités de réponse
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
Code
|
1
|
2
|
3
|
Modalités de réponse
|
Entreprise individuelle
|
SARL
|
SNC
|
SA
|
Code
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
Source : nous-mêmes
Tableau 5 : Codification de question
à quatre modalités de réponse
Source : nous-mêmes
Aussi, pour les questions à 5 points,
l'enquêté a le choix entre cinq modalités de réponse
pour chaque item ou variable que compose la question. Ces variables sont
mesurées sur des échelles ordinales appelées
échelles de Likert. Les réponses sont codées en tenant
compte de degré de leur importance. Comme exemple, nous avons la
question Q10 formulée comme suit : « Quel est votre avis
sur les affirmations suivantes ? ». Les modalités de
réponse et les codes sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 6 : Codification de question
à cinq modalités de réponse
Modalités
|
Pas du tout d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Neutre
|
D'accord
|
Tout à fait d'accord
|
Codes
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
Nous essayons de voir maintenant le mode et les
difficultés liées à l'administration de nos
questionnaires.
4-Mode d'administration du questionnaire et
difficultés inhérentes
Il s'agit en ce point de préciser la méthode
qui nous a permis d'être en contact avec le répondant à qui
le questionnaire est administré et de présenter les
difficultés auxquelles nous nous sommes confronté lors de
l'administration de questionnaire.
a)Le mode d'administration du questionnaire
Plusieurs modes d'administration du questionnaire sont
possibles selon le temps et le moyen qu'on dispose pour avoir les informations.
Parmi ces différents modes, on peut citer le face-à-face, la voie
postale, le téléphone, l'auto-administré, l'ordinateur et
le Minitel (Tsapi, 1997). Pour notre cas, nous avons
préféré le face-à-face pour l'enquête faite
à N'Djamena et le téléphone pour l'enquête
effectuée à Moundou. Le choix de ces modes est dû au fait
que les autres sont couteux, à l'exemple de l'internet dont les
coûts sont chers au Tchad. Evidemment, notre présence
auprès des enquêtés de la ville de N'Djamena a permis de
leur apporter les explications sur des questions non ou mal comprises. Ce qui a
fait que certains répondaient surplace et d'autres donnaient de
rendez-vous compte tenu de leurs occupations. Avec cette méthode
directe, nous avons pu recouvrer un nombre important de questionnaires qui est
de 61 sur 85 soit 71,76% de questionnaires administrés dans la ville de
N'Djamena. Le choix de téléphone pour la ville de Moundou donne
une raison de distance et compte tenu de moyen financier pour y rendre. Pour ce
dernier, nous avons pu aussi récolter un nombre important de
réponse par rapport aux questionnaires administrés. Sur 30
questionnaires, 22 ont été recouvrés soit un taux de
73,33%. Il faut aussi signaler que l'administration du questionnaire a
été rendue facile grâce à la lettre de
recommandation signée par l'administration de l'Université.
Néanmoins, quelques difficultés restent à signaler.
b) Les difficultés de
l'enquête
Les difficultés de notre enquête sont
liées à l'insuffisance des moyens financiers et matériels
pour parcourir toutes les entreprises, au refus de certains
enquêtés de répondre à nos questions et au non
respect de rendez-vous.
S'agissant de la première difficulté de
l'enquête, les moyens financiers et matériels étaient
très insuffisants au point de ne pas nous permettre d'aller dans
plusieurs villes du Tchad. Ce qui a fait que nous n'avions enquêté
que dans deux villes. Ces dernières sont aussi distantes et même
les entreprises qui s'y trouvent sont éloignées les unes des
autres. La conséquence est que nous avions seulement
enquêté 115 entreprises dont 83 questionnaires ont
été récupérés.
La deuxième difficulté est que d'autres
enquêtés refuse catégoriquement de répondre à
nos questions. Malgré les explications qu'on leur donnait, ils ne
voulaient même pas voir le questionnaire. Nous comprenons que ce genre de
personnes ne sont pas instruits et ne sont pas habitués aux
recherches.
La troisième et dernière difficulté
est le non respect de rendez-vous pour ceux qui ne répondent pas
directement aux questions. A plusieurs reprises les enquêtés
n'honorent pas au rendez-vous qu'ils avaient donné eux-mêmes sous
prétexte qu'ils sont occupés. C'est pourquoi la plupart de ces
questionnaires ne sont pas recouvrés.
Ainsi la technique de collecte des données
étant présentée, il convient maintenant de passer aux
outils qui nous permettront d'analyser nos données collectées.
· II-LES
OUTILS D'ANALYSE DES DONNEES
Les données collectées sur le terrain
doivent être soumises aux tests appropriés et les résultats
qui en découleront vont servir à confirmer ou à infirmer
nos hypothèses de recherche. Nous allons donc définir ici les
différents tests statistiques qui vont nous servir d'analyser ces
données. Il s'agit entre autres le tri à plat, l'analyse par
correspondance principale, la corrélation et la régression
linéaire simple.
A- Les méthodes descriptives
Nous développons successivement ici ces
différentes méthodes qui ont permis de décrire nos
données. Il s'agit de tri à plat et de l'analyse en
correspondance principale (ACP).
1-Le tri à plat
Le tri à plat est un test statistique qui permet de
contrôler la qualité des données collectées, de
connaître le nombre de répondants pour chaque modalité de
réponse (variable), puis en indiquant le pourcentage des
répondants à cette variable (fréquence relative). On peut
également détecter les erreurs de codification, des erreurs de
saisie ou des erreurs de transcription des codes du questionnaire grâce
au tri à plat.
2-L'analyse en composantes principales
(l'ACP)
L'ACP est une méthode d'analyse des données
multivariées. Elle permet de décrire et d'explorer les relations
qui existent entre plusieurs variables simultanément à la
différence des méthodes bi-variées qui étudient les
relations supposées entre deux variables.
La procédure s'appuie sur un tableau
caractéristique (c.-à-d. variables) X individus. On cherche un
nombre plus réduit de variables pour décrire efficacement les
phénomènes structurant d'un groupe de données.
On cherche donc les corrélations qui existent
entre les différentes variables, pour rapprocher au sein de composantes
les variables les plus proches entre elles. On regroupe donc les variables pour
qu'elles composent les dimensions dans le but de réduire le nombre des
caractéristiques décrivant les individus afin de mieux
interpréter les données.
L'ACP répond à un certain nombre de
critères qui doivent être pris en compte pour factoriser les
données. D'abord, dans la matrice des corrélations, plusieurs
variables doivent être corrélées (supérieur à
0,50), ensuite, l'indice de KMO (Kaiser-Meyer-Olkin) doit tender vers 1 et
enfin, il faut examiner le test de Bartlett. Ce test cherche à
vérifier si la matrice des corrélations entre les variables ou
items est une matrice unitaire ou non.
Ainsi, pour vérifier la cohérence interne
des items, le recours au coefficient Alpha de Cronbach qui est un bon
estimateur de fidélité est sollicité. Ce coefficient varie
entre 0 et1 et l'échelle de bonne consistance interne doit être
supérieure ou égale à 0,6.
L'ACP permet donc de réduire des tableaux des
grandes tailles en un petit nombre des variables (2ou 3
généralement) tout en conservant un maximum d'information pour
faciliter l'interprétation d'un grand nombre des données
initiales et donner plus de sens aux données réduites.
B- Les tests explicatifs
Nous nous servirons de ces tests pour le traitement des
données. Ce sont la corrélation et la régression
linéaire simple. Ces tests seront appliqués concomitamment sur
toutes nos variables impliquées les hypothèses de recherche. En
effet, une analyse de corrélation sera d'abord effectuée pour
vérifier la liaison entre les variables et, ensuite, le test de la
régression linéaire donnera la pertinence de cette liaison.
1-La corrélation
Le coefficient de corrélation r est une mesure
d'association (d'indépendance) entre deux variables métriques.
Elle mesure l'intensité de la co-variation entre les deux variables.
Cette mesure est standardisée (c'est-à-dire, elle ne
dépend pas de l'unité utilisée pour chaque variable), et
est comprise entre -1 et +1.
Plus le coefficient est proche de 1 en valeur absolue,
plus les variables sont dites corrélées :
- Si r est proche de 1, ceci signifie que les deux variables
varient dans le même sens ;
- Si r est proche de -1, ceci signifie que les deux variables
dans en sens inverse l'une de l'autre ;
- Plus r est proche de 0, moins les variables sont
corrélées. 0 signifie absence de corrélation entre les
deux variables.
La mesure où l'on travaille sur un
échantillon (et non sur la population totale), SPSS teste, si le
coefficient obtenu est significativement différent de 0 (autrement dit,
si le coefficient obtenu est différent de 0 dans la population). Il
indique le risque d'erreur de première espèce (sig.), à
savoir le risque de rejeter à tort l'hypothèse de non
corrélation (ou ce qui revient au même l'hypothèse H0
suivant : r = 0) si H0 est rejeté, alors on conclut que les
variables sont corrélées. SPSS permet de représenter sur
un tableau croisé les mesures de corrélation deux à deux
d'un nombre illimité de variables (par rapport à des besoins
usuels s'entend).
Cependant, les corrélations ne mettent en
évidence qu'une association sans signifier qu'il ya entre les variables
concernée une relation de causalité. De plus, elle
présente d'inconvénient majeur de ne jamais raisonner sur plus de
deux variables à la fois (TSAPI, 1997).
2-La régression linéaire
simple
L'objectif de l'analyse de la régression est
de confirmer l'existence de relation entre deux ou plusieurs variables de
nature quantitative testée par la corrélation. Lorsqu'on veut
tester l'existence de relation entre plusieurs variables explicatives et une
variable à expliquer, on utilise la régression multiple. La
régression simple est consacrée au cas d'étude de relation
entre une seule variable explicative et la variable à expliquer. Ce
dernier cas sera utilisé dans le cadre de notre étude. Nous
présentons d'abord le modèle avant de donner
l'interprétation des résultats.
a)Présentation du
modèle
L'ajustement linéaire ou régression
consiste à rechercher la « droite des moindre
carrés », de type Y= aX1+ ... + aiXi +...+ b
(constante), qui passe « le plus près possible » de
toutes les observations dans la population.
Y = variable dépendante (ou variable à
expliquer)
Xi = variables dépendantes (ou explicatives)
b= constante = valeur de Y quand X est égal à 0
(tous les Xi sont nuls).
La régression simple est un cas particulier de
la régression multiple avec une seule variable X au lieu de plusieurs
variables X1 (régression multiple).
L'examen doit porter sur deux points. Il vise
à :
- D'une part, que la relation linéaire est significative
(c'est-à-dire que les coefficients de a1 de la droite sont
significativement différents de 0) ; autrement dit qu'elle n'est
pas due au hasard. ;
- D'autre part, que la droite de régression Y=
aX1+ ... + aiXi +...+ b résume bien l'ensemble des
observations, c'est-à-dire que la part de la variance de la variable
à expliquer Y résumé dans la droite, est
élevée. Autrement dit, on vérifie que les observations
sont proches de la droite des moindres carrés.
Il faut insister sur deux notions différentes (un peu
comme pour la corrélation) :
- A voir de coefficients significatifs, c'est-à-dire qui
ne sont pas dus au hasard, ceci est lié en partie à la taille de
l'échantillon (ceci invite à rechercher le seuil de signification
chaque coefficient) ;
- Avoir une part de variance importante, ceci est lié
à la distance entre les points et la droite des moindres
carrés.
Par rapport à une matrice de corrélation (test de
régression), non seulement on teste l'existence de relation, mais on
teste la nature de cette relation.
b) Interprétation des
résultats
Au niveau global, les indices qui permettent de juger la
qualité de la régression effectuée sont :
· Le coefficient de détermination
R2 : il est le carré du coefficient de
corrélation multiple et sert à mesurer la qualité de
l'ajustement entre les variables de l'analyse. Il s'interprète comme le
pourcentage de la variance de la variable à expliquer restitué
par le modèle. Plus il est proche de 1, plus les valeurs
observées calculées par le modèle sont proches.
· Le test de ficher dont la valeur calculée F, permet
d'apprécier l'influence de l'ensemble de variables explicatives. Il
permet de tester si le modèle linéaire rend compte de
manière significative le comportement de la variable dépendante.
Si on a n observations et p variables, F calculé est significatif au
seuil critique retenu et à (p, n-p-1) degré de liberté, si
sa valeur est supérieure à celle de F théorique pour les
mêmes références. Il permet ainsi de juger de la
validité des résultats, autrement dit, de la qualité des
modèles sélectionnés.
· Le coefficient de variation qui donne une idée de
la qualité globale de la régression. Le carré de la
variance résiduelle mesure l'erreur standard de la régression.
Elle donne une idée de l'imprécision de la régression
exprimée dans les unités de la variable à expliquer.
· Le test de student sur la signification individuelle des
coefficients de chaque variable explicative permet d'en apprécier la
valeur explicative et selon le cas, la faire ressortir du modèle. Il
permet de savoir si le coefficient du modèle est significativement
différent de zéro. Si (t) calculé est supérieur
à (t) théorique, on accepte que le coefficient soit
significativement différent de zéro.
· Le bêta quant à lui exprime le pouvoir
explicatif de chaque variable explicative.
Après avoir présenté la
démarche qui nous a permis de collecter les données sur le
terrain et les tests qui nous serviront à traiter ces données,
nous consacrons la prochaine section à la présentation des
caractéristiques de notre échantillon et à la description
de l'endettement.
Section II : LES CARACTERISTIQUES DE L'ECHANTILLON
ET DESCRIPTION DE L'ENDETTEMENT
Cette section ferra l'objet de présentation des
différents éléments que compose notre questionnaire de
recherche.
· I-LES
CARCTERISTIQUES DE L'ECHANTILLON
Les constituants de notre échantillon sont
repartis en caractéristiques des entreprises et en celles des
répondants (dirigeants et propriétaires). Nous commençons
par définir d'abord les caractéristiques des entreprises et
finiront par celles des répondants.
A- Les caractéristiques des entreprises
tchadiennes
Nous présentons en ce point les entreprises de notre
échantillon selon leur âge, leur forme juridique, leur taille,
leur secteur d'activité et leur capital social.
·
1-L'âge des entreprises
L'âge est le nombre d'années d'existence des
entreprises. Il permet de savoir depuis combien de temps l'entreprise
mène ses activités. Après avoir recensé
différentes années de création des entreprises de notre
échantillon, nous avions aimé les repartir en quatre tranches
d'âge suivant leur nombre. Le tableau ci-dessous présente cette
répartition.
Tableau 7 : Répartition des
entreprises par âge
Tranche d'âge
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
1-5
|
11
|
16,18
|
16,17
|
6-10
|
27
|
39,71
|
55,89
|
11-20
|
17
|
25
|
80,89
|
21-26
|
13
|
19,10
|
100
|
TOTAL
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Il ressort de ce tableau que 27 entreprises ayant un
âge compris entre 6 et 10 ans dont le taux est de 36,71% du total des
entreprises de notre échantillon. Une proportion élevée
suivie de 17 autres (soit 25%) qui ont un âge qui va de 11 à 20
ans. Ce qui montre qu'un grand nombre d'entreprises tchadiennes sont
âgées entre 6 et 20 ans contre un petit nombre c.-à-d. 13
entreprises dont l'âge varie entre 21 et 26 ans. Enfin, 11 entreprises
seulement ont une durée de 1 à 5 ans. On peut dire en somme que
la plupart des entreprises tchadiennes sont relativement jeunes. Nous allons
décrire maintenant leur forme juridique.
2-La forme juridique des
entreprises
La forme juridique exprime le statut d'une entreprise
défini par le législateur. La forme juridique peut
caractériser la réputation d'une entreprise quand elle
évolue d'un statut à un autre par exemple. Le législateur
OHADA a défini quatre formes juridiques que nous avons utilisées
pour classer les entreprises tchadiennes selon la forme adoptée. Le
tableau suivant récapitule ces quatre formes qui sont la SA, la SNC, la
SARL et l'entreprise individuelle. Le tableau ci-dessus nous donne les
détails.
Tableau 8 : Répartition des
entreprises selon leur forme juridique
Forme juridique
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
SA
|
7
|
10,29
|
10,29
|
SNC
|
25
|
36,76
|
47,05
|
SARL
|
29
|
42,65
|
89,71
|
Entreprise individuelle
|
7
|
10,29
|
100
|
TOTAL
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
La lecture du tableau nous fait comprendre que 29 entreprises
tchadiennes sur 68 au total (soit 42,65%) adoptent la forme de SARL suivies de
25 soit 36,76% des entreprises qui sont des SNC. La première et la
dernière classe nous font voir que 7 entreprises tchadiennes sont des SA
et 7 autres soit un taux de 10,29% sur le total des entreprises
enquêtées ont un statut d'entreprise individuelle. Cela nous fait
comprendre que la majorité d'entreprises tchadiennes est
constituée des SARL et des SNC d'après notre échantillon.
Nous essaierons de voir aussi leur taille en termes de nombre des
salariés dans le paragraphe qui suit.
· 3-La taille
des entreprises
La taille d'une entreprise est
caractérisée par l'ensemble des employés ou travailleurs
de cette entreprise. Etant donné que notre étude porte sur les
PME, notre échantillon ne doit comporter que des entreprises ayant entre
10 et 100 employés. Après le dépouillement, nous avions
regroupé les entreprises de notre échantillon en quatre classes
en fonction de nombre des salariés. Le tableau suivant nous donne cette
précision.
Tableau 9 : Répartition des
entreprises par taille
Nombre d'employés
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
10-30
|
25
|
36,76
|
36,76
|
30-50
|
25
|
36,76
|
73,52
|
51-70
|
3
|
4,41
|
77,94
|
71-95
|
15
|
22,06
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Ce tableau nous fait constater que 50 PME tchadiennes ont
des salariés dont le nombre est compris entre 10 et 50 soit un taux de
73,52% sur le total des entreprises enquêtées suivies de 15 qui
ont un effectif allant de 71 à 95 salariés (soit 22,06%). Enfin,
seulement 3 entreprises n'emploient que un nombre qui de 51 à 70
salariés (soit 4,41%). De ce qui précède, nous pouvons
dire que les PME tchadiennes emploient en majorité 50 salariés.
C'est donc un nombre moyen par rapport au maximum fixé à 100
salariés. Nous verrons dans le paragraphe suivant les différentes
activités exercées par les entreprises en fonction de leur nombre
dans le secteur.
4-Le secteur d'activités des
entreprises
Le secteur d'activité désigne
l'activité principale exercée par une entreprise. La nature
d'activité varie d'une entreprise à l'autre car, une entreprise
opte pour une activité en fonction de ses compétences en la
matière, des moyens qu'elle détient et de contraintes
environnementales. Ainsi, dans le cadre de notre recherche, nous avions reparti
les entreprises de notre échantillon en trois secteurs
représentés dans le tableau suivant.
Tableau 10 : Répartition des
entreprises par secteur d'activité
Secteur
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Commerce
|
37
|
54,41
|
54,41
|
Industrie
|
17
|
25
|
79,41
|
Service
|
14
|
20,59
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
L'analyse de ce tableau nous fait comprendre que 37
entreprises soit 54,41% sur le total des entreprises de notre
échantillon exercent dans le secteur commercial contre 17 soit 25% qui
sont dans l'industrie et 14 soit un taux de 20,59% seulement qui oeuvrent dans
la prestation des services. Nous pouvons dire à travers ces
résultats que l'environnement tchadien conviendrait beaucoup plus aux
activités commerciales que les activités industrielles ou bien,
les moyens ne leur permettraient pas de créer des industries ou encore,
elles seraient spécialisées dans le commerce que dans
l'industrie. Raison pour laquelle, la plupart des entreprises tchadiennes
exercent plus dans le commerce que dans les autres secteurs qui sont
l'industrie et le service. Toutefois, on peut dire que l'effort serait entrain
d'être fourni pour l'essor des industries car, 25% des entreprises
exercent dans ce domaine. C'est un taux non négligeable si
l'évolution peut être croissante dans les années à
venir. Il convient à présent de voir les montants de capital
social de ces entreprises.
· 5-Le
capital social des entreprises
Le capital social est l'ensemble de sommes et biens
apportés à une entreprise dans le but de produire des
intérêts ou des dividendes qui seront partagés entre les
apporteurs et de permettre à l'entreprise de fonctionner. Nous
représentons dans le tableau suivant les entreprises de notre
échantillon selon leur capital social.
Tableau 11 : Répartition des
entreprises selon leur capital social
Capital
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
10-30 Millions
|
7
|
10,29
|
10,29
|
30-50 Millions
|
28
|
41,18
|
51,47
|
50-100 Millions
|
29
|
42,65
|
94,12
|
Plus de 100 Millions
|
4
|
5,88
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
Source : nous-mêmes
A partir de ce tableau, on constate que 29 entreprises
soit 42,65% ont un capital social qui va de 50 à 100 Millions, tandis
que 4 seulement l'ont plus de 100 Millions. 28 entreprises soit 41,18% sur le
total possèdent un capital qui se situe entre 30 à 50 Millions et
7 autres soit 10,29% dont le capital est compris entre 10 et 30 Millions. Nous
pouvons dire ici que la majorité des PME du Tchad a un capital social de
plus de 30 Millions.
Une fois les caractéristiques des entreprises
tchadiennes étant arrivées à terme, nous allons
présenter dans les paragraphes qui vont suivre celles de
répondants (dirigeants et propriétaires).
B- Les caractéristiques des répondants
(dirigeants et propriétaires)
Les caractéristiques sont les variables qui
identifient et définissent. Il s'agit dans notre cas d'identifier les
dirigeants et les propriétaires qui ont répondu à nos
questionnaires. Nous notons ici le statut des répondants, leur niveau
d'étude, leur sexe et l'âge des dirigeants que nous aurons
à énumérer.
· 1-Le statut
des répondants
Le statut exprime la position que l'on occupe dans une
société. Dans le cadre de notre étude, nous avons
défini trois catégories de répondants qui sont les
dirigeants, les propriétaires et les dirigeants-propriétaires. Le
tableau suivant nous permet de présenter le nombre de ces
différentes personnalités suivant leur statut que compose notre
échantillon d'étude.
Tableau 12 : Répartition des
répondants par statut
Statut
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Dirigeant
|
28
|
41,18
|
41,18
|
Propriétaire
|
19
|
27,94
|
69,12
|
Dirigeant-propriétaire
|
21
|
30,88
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Ce tableau nous fait ressortir que 28 répondants
sont des dirigeants soit un taux de 39,71%, un taux élevé suivi
de 30,88% des répondants qui sont des dirigeants-propriétaires.
Les propriétaires représentent 27,94%. Ce qui veut dire que
beaucoup sont les dirigeants à répondre à nos questions
suivit des dirigeants-propriétaires et finis par les
propriétaires. Cela peut se justifier par le fait que les
propriétaires ne restent pas souvent dans l'entreprise comme les
dirigeants et que les entreprises dirigées par les
dirigeants-propriétaires sont moins nombreuses que celles
dirigées exclusivement par les dirigeants. Nous passons maintenant
à l'identification de sexe de nos répondants.
2-Le sexe des répondants
Cette variable nous permet de savoir le genre de personnes
qui dirigent les entreprises. L'important ici est de savoir si les femmes
requièrent les mêmes compétences en matière de
gestion des affaires. Ces compétences pourraient être
appréciées en termes de pourcentage des femmes exerçant
les mêmes tâches que les hommes. Le tableau ci-dessous nous donne
cet éclairage dans le contexte tchadien.
Tableau 13 : Répartition des
répondants par sexe
Sexe
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Masculin
|
60
|
88,24
|
88,24
|
Féminin
|
8
|
11,76
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Ce tableau nous montre que 88,24% des répondants
sont des hommes contre 11,76% qui sont seulement des femmes. Cela veut dire que
la quasi-totalité des entreprises du Tchad sont dirigées par des
hommes. Ce faible pourcentage des femmes suppose qu'elles ne sont pas tellement
prises en compte dans la gestion des affaires. La justification serait que les
femmes sont de sexe faible comme on le dit, qu'elles ne peuvent pas être
à la tête d'une entité de cette envergure ou elles
manqueraient des compétences pour assurer des telles
responsabilités ou encore elles seraient manquées d'idées
de créativité. Beaucoup reste donc à faire dans le
contexte tchadien pour motiver les femmes dans ce domaine. Nous verrons le
point suivant le niveau d'étude de nos répondants.
· 3-Le niveau
d'étude des répondants
On entend par niveau d'étude, le degré
de développement intellectuel acquis par une personne. Le niveau
d'étude permet de distinguer les catégories sociales des
individus et leur qualité en matière de gestion des affaires. On
peut dire qu'une personne de niveau d'étude supérieur ayant
appris les techniques de gestion requiert plus de compétence que celle
ayant un niveau d'étude inférieur. Toutefois, une bonne gestion
peut aussi découler de l'expérience résultante de la
routine en la matière. Après le dépouillement de notre
questionnaire, nous avons relevé certains ayant un niveau
élevé, moyen, bas et les autres n'en ont aucun. Voici ces
catégories représentées dans le tableau
ci-après.
Tableau 14 : Répartition des
répondants par niveau d'étude
Niveau
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Aucun
|
4
|
5,88
|
5,88
|
Primaire
|
18
|
26,47
|
32,35
|
Secondaire
|
30
|
44,12
|
76,47
|
Universitaire
|
16
|
23,53
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
D'après ce tableau, 30 entreprises sont
dirigées ou ont pour propriétaires ayant un niveau secondaire
soit un taux de 44,12% du total de nombre de notre échantillon. Un taux
élevé par rapport aux autres niveaux suivi de 26,47% soit 18
personnes sur le total ayant un niveau primaire. Les universitaires sont au
nombre de 16 soit un taux de 23,53% et ceux n'ayant aucun niveau sont au nombre
de 4 soit 5,88% de nombre total de l'échantillon. Dans l'ensemble, on
peut dire que la plupart des dirigeants et propriétaires des entreprises
tchadiennes sont instruits et ont de niveaux moyens. Néanmoins, il faut
mentionner un petit nombre des personnes n'ayant aucun niveau d'étude
qu'on peut quand même négliger. Nous bouclons les
caractéristiques des répondants par l'âge des dirigeants
dans le dernier paragraphe suivant.
Ainsi, nous venons de finir avec les
caractéristiques de différents éléments que compose
l'échantillon de notre étude, nous continuerons dans les
prochains paragraphes avec la présentation des différents
éléments contenus dans notre questionnaire de recherche à
vocation de décrire l'endettement.
II : DESCRIPTION DE
L'ENDETTEMENT
Dans cette partie, nous analysons toutes les autres
variables contenues dans notre questionnaire permettant de décrire
l'endettement des entreprises tchadiennes. Ainsi, après avoir
définit les modes et la structure de l'endettement, nous
procéderons à l'évaluation de son importance dans les
entreprises tchadiennes.
· A-Modes et
structure d'endettement des entreprises tchadiennes
Nous développons en ce point tour à tour les
modes d'endettement, ses types, ses structures et les différents
crédits à court terme sollicités par les entreprises
tchadiennes.
1-Modes d'endettement des entreprises
Le choix d'un mode d'endettement est fonction des
opportunités que les entreprises trouvent à son travers. Les
entreprises tchadiennes se financent à partir de deux
sources à savoir les sources de financement formel et les sources
de financement informel.
En effet, le financement formel répond à
une certaine réglementation au préalable qui peut être
traduite en termes de fixation de taux d'intérêt et de
délai de remboursement par exemple. Ce mode d'endettement est
crédible et important en vertu de l'existence des disponibilités
pouvant répondre à tout moment aux besoins des entreprises. Mais
il faut reconnaître que toutes les entreprises n'ont pas accès
à ce mode surtout les petites entreprises en raison de leur
incapacité de remboursement jugée par les institutions
financières formelles. C'est pourquoi le mode de financement alternatif
ou informel leur est préféré. Le financement informel est
donc un mode de financement qui n'est pas scrupuleusement
réglementé. Il permet de répondre aux besoins des autres
structures n'ayant pas accès au financement formel. Mais alors ce mode
de financement ne permet pas de répondre à tout moment aux
besoins importants en raison de ses moyens limités. Nous verrons dans le
cadre de notre étude la réaction des entreprises tchadiennes
à ces deux modes d'endettement à partir des données
consignées dans le tableau suivant.
Tableau 15 : Répartition des
entreprises selon leur mode d'endettement
Modes
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Formel
|
43
|
63,24
|
63,24
|
Informel
|
25
|
36,76
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
L'analyse du tableau nous donne un nombre de 43 (soit
63,24%) entreprises tchadiennes qui se financent par les institutions
financières formelles contre 25 (soit 36,76%) seulement qui
évoluent qans le secteur informel. On peut déduire de là
que les entreprises tchadiennes traitent de bonnes relations soit avec les
banques soit avec les EMF (Etablissement de Micro-Finance). Moins sont
nombreuses les entreprises tchadiennes qui se financent auprès des
tontines ou des amis et famille. Nous verrons tous ces détails dans les
types d'endettement sollicités par ces catégories
d'entreprises.
2-Types d'endettement des entreprises
Ici, nous faisons mention des types d'endettement formels
et informels auxquels les entreprises tchadiennes s'intéressent pour
leur financement.
Dans notre étude, nous avons distingué deux
types d'endettement formels qui sont les banques et les EMF. Ces institutions
de financement sont caractérisées par leur vertu de permanence
des disponibilités répondant à tout moment aux besoins des
entités de production. Aussi deux types d'endettement informels à
savoir les tontines et les apports des amis et de famille trouvent leur vertu
pour la possibilité qu'ils offrent aux petites structures en raison de
leur absence ou faible taux d'intérêt exigés. Le tableau
suivant nous donne un éclaircissement sur la répartition des
entreprises tchadiennes en fonction des types de financement.
Tableau 16 : Répartition des
entreprises selon leur type d'endettement
Type d'endettement
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Banque
|
38
|
55,88
|
55,88
|
EMF
|
5
|
7,35
|
63,23
|
Tontine
|
8
|
11,74
|
75
|
Apports des amis et famille
|
17
|
25
|
100
|
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Il ressort de ce tableau que 38 (soit 55,88%)
entreprises tchadiennes se financent par les banques suivies de 17 autres soit
un taux de 25% qui se financent par les amis et la famille. Cela veut dire que
la majorité d'entreprises tchadiennes évoluent dans le secteur
formel comme nous avions précédemment et
précisément dans les banques. Le faible taux de ceux
affiliés aux EMF (7,35%) pourrait être expliqué par le
nombre négligeable des ces institutions financières. Aussi, les
entreprises évoluant dans le secteur informel préfèrent
aller vers leurs proches (amis et famille) au détriment des tontines.
Les tontines étant une association d'individus qui s'engagent de mettre
en commun leurs biens afin de partager à tour de rôle. Ce tour
pouvant mettre de temps pendant qu'une structure a besoin de financement. C'est
ce qui expliquerait la réticence des entreprises à ce type de
financement.
3-Structure d'endettement des
entreprises
Plusieurs échéances sont possibles pour le
financement. On peut citer le court terme (en moyenne 2 ans), le moyen terme
(de 2 à 7 ans) et le long terme (qui va au de là de 7 ans). Les
entreprises choisissent leur structure en fonction de leurs besoins de
financement. Par exemple une entreprise peut choisir le court terme ou le moyen
terme pour ses besoins d'exploitation ou les besoins de fonctionnement et le
long terme pour ses besoins d'investissement. C'est donc la nature de besoin
qui varie la structure d'endettement. Nous examinons le cas des entreprises
tchadiennes qui est le cadre de notre étude. Pour ce faire, nous
préférons représenter dans le tableau ci-dessous les
entreprises en fonction de la structure d'endettement sollicitée pour
une bonne interprétation.
Tableau 17 : Répartition des
entreprises selon leur structure d'endettement
Structure d'endettement
|
Fréquence
|
pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Court terme
|
9
|
13,24
|
13,24
|
Moyen terme
|
35
|
51,47
|
64,71
|
Long terme
|
24
|
38,29
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Ce tableau explique que 35 (soit 51,47%) entreprises
tchadiennes sollicitent les crédits à court terme, 24 (soit
38,29%) préfèrent les crédits à long terme et 9
(soit 13,24%) seulement demandent les crédits à court terme. On
peut dire que plusieurs entreprises tchadiennes sollicitent les crédits
pour l'exploitation et le fonctionnement de leurs activités et moins
nombreuses sont celles qui sollicitent pour leurs besoins d'investissement.
4-Les différents types des crédits
à court terme
Les crédits à court terme définis
dans notre questionnaire sont : la facilité de caisse, les
découverts bancaires et l'escompte commercial. Ces crédits
sollicités en fonction de besoin précis. C'est ainsi que la
facilité de caisse est accordée à une entreprise pour
juste avoir son compte débiteur pour une durée très
courte, le découvert bancaire quant à lui, sert à
compléter le fonds de roulement d'une entreprise temporairement
insuffisant et l'escompte commercial permet à une entreprise de se
procurer de la contre-valeur d'une créance à terme détenue
sur un de ses clients. Le tableau ci-après présente le cas des
entreprises de notre échantillon face à ces crédits
à court terme.
Tableau 18 : Répartition des
entreprises selon les différents crédits à court terme
Crédits à court terme
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Facilité de caisse
|
22
|
32,35
|
32,35
|
Découvert bancaire
|
27
|
39,71
|
72,06
|
Escompte commercial
|
19
|
27,94
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Nous constatons à partir de ce tableau que 27
(soit 39,71%) entreprises tchadiennes préfèrent le
découvert bancaire, 22 (soit 32,35%) autres s'intéressent
à la facilité de caisse et 19 à l'escompte commercial.
Dans l'ensemble la plupart des entreprises tchadiennes s'orientent vers le
découvert bancaire pour relever le niveau de fonds de roulement. Les
autres quant à elles font recours à la facilité de caisse
pour avoir leur compte débiteur pour une courte durée afin de
faire face au paiement de salaire et de TVA par exemple. Enfin un petit nombre
d'entreprises s'intéressent à l'escompte commercial.
Ainsi quelques éléments descriptifs de
l'endettement étant présentés, nous tentons dans les
paragraphes qui suivent d'évaluer son importance appréciée
par les entreprises tchadiennes et de mettre en évidence les garanties
exigées à ces entreprises pour permettre leur accès aux
crédits.
·
B-Importance de l'endettement et types de garanties dans les entreprises
tchadiennes
L'importance de l'endettement dans les entreprises
tchadiennes est évaluée en termes de recours en masse que ces
dernières font à ce mode de financement pour répondre
à leurs différents besoins. Pour être clair, il suffit
simplement de lire les tableaux suivants pour voir quelle importance les
entreprises tchadiennes accordent à l'endettement et les besoins pour
lesquels elles demandent les crédits.
1-Importance de l'endettement
Il s'agit là de faire état de lieu de
l'acceptabilité et de l'importance de l'endettement dans les entreprises
tchadiennes. Les tableaux suivants nous donnent les détails.
Tableau 19 : Répartition des
entreprises selon l'acceptabilité ou non de l'endettement
Avis des entreprises
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Oui
|
68
|
100
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Le tableau ci-dessus nous montre que toutes les
entreprises tchadiennes acceptent l'endettement pour leur financement. Mais
jusqu'à quel degré acceptent-elles ? Le tableau ci-dessous
nous le dit.
Tableau 20 : Répartition des
entreprises selon l'importance accordée à l'endettement
Importance d'endettement
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Faible
|
21
|
30,88
|
30,88
|
Moyen
|
29
|
42,65
|
73,53
|
Fort
|
18
|
26,47
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
D'après le tableau, le constat est que 42,65% des
entreprises tchadiennes sollicitent moyennement l'endettement suivi de 30,88%
de celles qui souhaitent s'endetter faiblement et 26,47% seulement sont celles
qui aiment vraiment l'endettement. On peut traduire tout cela en disant que les
entreprises qui s'endettent faiblement sont celles qui n'aiment pas tellement
le risque car, en s'endettant beaucoup elles croient qu'elles perdront tout en
cas de déficit de résultat. Quant à la catégorie
des entreprises de l'endettement moyen, il faut s'endetter moyennement pour
qu'en cas de manque de résultat qu'on soit seulement à mesure de
rembourser la dette et le reste de fonds servira à faire fonctionner
l'entreprise pendant qu'on ait une autre issue. Cette deuxième
catégorie d'entreprises constitue celles qui aiment moyennement le
risque. La troisième catégorie est constituée des
entreprises qui aiment le risque car, en s'endettant fortement on accepte tous
les risques. Il arrive de fois qu'en s'endettant beaucoup on gagne aussi
beaucoup. Dans tous les cas, l'endettement est très important pour le
financement des activités. C'est ce qui nous a été dit sur
le terrain que de nos jours qu'il est difficile de vivre sans dette car, les
fonds propres ne sont pas souvent à la hauteur des projets qu'on pense
monter. Même si on a ses propres fonds quelque soit son niveau, on
préfère les investir dans certains projets et fructifier les
fonds des autres. Certes, les risques ne sont pas nuls, et comme on dit qui ne
risque rien n'a rien, on est obligé d'associer les fonds des autres
à ses propres fonds pour faire marcher ses activités. Tout
dépend donc de la manière avec laquelle on gère.
2-Besoins de financement
Les entreprises éprouvent différents
besoins de financement parmi lesquels on a les besoins d'investissement, les
besoins d'exploitation et les besoins de fonctionnement. Les besoins ne sont
pas les mêmes pour toutes les entreprises, ils varient d'une entreprise
à une autre. Les entreprises s'endettent donc en fonction de besoin
précis. Nous consignons dans le tableau qui suit les résultats de
notre recherche sur les entreprises tchadiennes en fonction de leur besoin de
financement.
Tableau 21 : Répartition des
entreprises selon leur besoin de financement
Besoin de financement
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Investissement
|
39
|
57,35
|
57,35
|
Exploitation
|
22
|
32,35
|
89,70
|
Fonctionnement
|
7
|
10,30
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : nous-mêmes
Dans ce tableau nous trouvons que 39 soit 57,35% des
entreprises tchadiennes sollicitent les crédits pour les besoins
d'investissement, 22 soit 32,35% autres pour les besoins d'exploitation et 7
seulement soit 10,30% de ces dernières s'intéressent aux
crédits pour leurs besoins de fonctionnement. De ce qui
précède, ces entreprises investissent plus dans des projets avec
les fonds des autres que pour l'exploitation et le fonctionnement courant de
leurs activités. Cela se justifie puisque l'investissement demande des
fonds importants que le niveau de fonds propres ne peut pas suffire par rapport
aux autres besoins.
A présent, nous allons voir les
différents types de garanties souvent exigées par les bailleurs
de fonds aux entreprises tchadiennes et le niveau d'endettement de ces
dernières.
3-Types de garanties
La garantie est un bien mis en jeu au moment de
l'emprunt dans l'éventualité d'une incapacité de
rembourser. En effet, pour couvrir le risque de non remboursement de leurs
fonds, les institutions financières mettent en place un système
de garantie. Dans le cadre de notre étude, nous avons distingué
trois types de garanties exigées aux entreprises du Tchad qui sont
appréciées différemment. Ce sont entre autres les fonds
propres, les informations comptables et les garanties immobilières. Nous
trouvons tous les détails en annexe.....
Dans l'ensemble, le constate est que les trois
types de garanties sont tous exigés aux entreprises de notre
échantillon mais dans de proportion différente. Dans les trois
cas l'exigence varie entre souvent et parfois. On trouve par exemple que les
fonds propres sont toujours demandés au grand nombre des entreprises de
notre échantillon, les informations comptables sont parfois et souvent
exigées et les immobilisations sont aussi parfois et souvent
exigées d'après les différents.
A travers ce chapitre, nous avons expliqué le
processus par lequel notre échantillon a été
constitué et montrer l'outil qui nous a permis de collecter les
données et son contenu. Nous avons présenté ensuite, les
différents tests statistiques qui nous permettront de traiter et
analyser nos données et les caractéristiques de notre
échantillon. Enfin, nous avons fini ce chapitre par la description du
concept de l'endettement et la mise en évidence de l'importance de
l'endettement dans les entreprises tchadiennes. Ainsi le cadre
méthodologique étant défini, nous procéderons dans
notre prochain chapitre à tester nos hypothèses formulées.
Mais avant cela, il convient d'abord de présenter les concepts
impliqués dans nos différentes hypothèses et les
indicateurs qui ont permis de les opérationnaliser dans le contexte
tchadien.
Ce chapitre nous servira dans un premier temps,
à analyser le comportement des variables relatives aux entreprises et
à leur dirigeant des entreprises tchadiennes et, dans un second temps,
nous allons étudier la relation entre ces variables et le niveau
d'endettement dont les résultats permettront de valider ou d'infirmer
nos hypothèses formulées.
Section I- PRESENTATION ET MESURE DES VARIABLES
D'ENDETTEMENT
Comme nous avons indiqué ci-haut, nous
présentons en ce point les variables relatives aux PME et à leurs
dirigeants qui expliqueraient leur niveau d'endettement et définir
éventuellement les indicateurs qui ont permis de les mesurer. Ces
variables nous ont permis de formuler nos hypothèses de recherche qui
seront testées à l'épreuve des faits.
· I-LES
VARIABLES CARACTERISTIQUES DES ENTREPRISES
Nous entendons par variables caractéristiques
des entreprises, les traits qui leur sont propres permettant de les
définir ou de les identifier. Ce sont, dans le cas de notre
étude, la rentabilité et le caractère familial des PME que
nous développerons successivement.
· A-La
rentabilité des entreprises
Ce qui caractérise la rentabilité d'une
entreprise c'est sa capacité à produire de bénéfice
à partir des capitaux propres employés à cet effet. Cette
variable est impliquée dans notre première hypothèse
H1 formulée de façon suivante :
« la rentabilité d'une entreprise influence positivement son
niveau d'endettement ». En effet, nous avons demandé à
chaque entreprise de donner ses résultats nets des trois derniers
exercices (année 2007, 2008 et 2009) et les capitaux propres de ces
mêmes années qui ont permis d'obtenir ce résultat. Note
prévision était d'avoir les données secondaires
(données de bilan et de compte de résultat de trois
dernières années), mais l'accès était difficile.
Raison pour laquelle, on s'est limité seulement aux données
primaires. Cependant, ces dernières doivent être
considérées avec prudence car elles ne traduiraient pas la
réalité. Comme le souligne Tsapi (1997)44(*), les données concernant
les indicateurs de performance tels que le chiffre d'affaires, le
résultat sont pratiquement inaccessibles et, dans le cas où ils
le sont, ils sont très loin de la réalité. Ainsi,
après le dépouillement nous avons calculé la
rentabilité financière de chaque entreprise en utilisant la
formule suivante :
RNij
RFij =
(rentabilité financière pour chaque entreprise)
CPij
68 3
RNij
RFij (moy.) = 1/3 ? ?
------------ (rentabilité moyenne pour tout
l'échantillon)
i=1 j=1 CPij
RFij = rentabilité
financière pour l'entreprise i et pour l'exercice j
RNij = résultat net pour
l'entreprise i et pour l'exercice j
CPij= capitaux propres pour
l'entreprise i et pour l'exercice j
i= 1, 2,3,.......68 j= 1, 2,3.
Le ratio calculé pour chaque entreprise nous
a permis d'avoir un niveau de rentabilité allant de 1,25 à 25%.
Le calcule de moyenne des rentabilités pour toutes les entreprises de
notre échantillon nous a donné un taux de 4,82%. Après
avoir déterminé la rentabilité minimale et maximale, nous
sommes arrivés à repartir la rentabilité dans trois
intervalles. Le premier intervalle met ensembles les entreprises dont la
rentabilité est inférieure à 4%, le deuxième
intervalle regroupe celles ayant une rentabilité égale à
4% et le troisième rassemble les entreprises de rentabilité
supérieure à 4%. C'est ainsi que nous donnons la note 1 aux
entreprises ayant une rentabilité inférieure à 4%
c'est-à-dire une rentabilité allant de 1,25 à 3%, la note
2 est attribuée aux entreprises dont la rentabilité est
égale à 4% et la note 3 à celles ayant une
rentabilité supérieure à 4% c'est-à-dire de 5
à 25% de rentabilité. Le tableau suivant nous donne la
fréquence des entreprises selon leur rentabilité.
Tableau 22 : Répartition des entreprises
selon leur rentabilité
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Valide
|
1,25-3%
|
24
|
35,3
|
35,3
|
|
4%
|
42
|
61,8
|
97,1
|
|
5-25%
|
2
|
2,9
|
100,0
|
|
Total
|
68
|
100,0
|
|
|
Source : nous-mêmes
D'après le tableau, 24 entreprises soit 35,3% ont de
rentabilité comprise entre 1,25 et 3%, 42 soit 61,8% autres
possèdent une rentabilité égale à 4% et 2 seulement
dont la rentabilité se situe entre 5 et 25%. De ces résultats,
nous pouvons dire que la plupart des entreprises au Tchad ont une
rentabilité moyenne de 4% durant les trois dernières
années.
B-Le caractère familial des
entreprises
Une deuxième variable relative aux entreprises
est son caractère familial. L'entreprise familiale est
caractérisée par l'importance de sa transmission à la
génération future par son propriétaire, par la
participation des membres de famille à la gestion et dans le capital
social.
Pour ce concept, nous avons formulé
l'hypothèse selon laquelle plus une entreprise est familiale, moins elle
a recours à l'endettement (hypothèse H2). En
effet, dans le cadre de notre travail, nous avons essayé
d'opérationnaliser le concept caractère familial et nous avons
obtenu trois indicateurs de mesure précités. En rappel, ce
sont : l'importance de la transmission de l'entreprise à la
génération future, le niveau d'implication des membres de famille
dans la gestion de l'entreprise et la proportion des parts ou des actions
détenues par les membres de famille. Avant d'effectuer le test, nous
cherchons d'abord à mesurer la cohérence interne entre les items
par la méthode d'ACP et le test de fiabilité.
Cependant la recherche de la cohérence interne
entre les items servant à mesurer le concept pour notre
échantillon nous a permis de trouver un alpha de cronbach égal
à 0,983 grandement supérieur à 0,6 donc satisfaisant.
Après analyse, l'ACP nous a retenu un seul item sur les trois au total.
La valeur d'alpha de cronbach supérieure à 0,6 signifie que la
cohérence interne est bonne et que l'unique variable V18 permet de
mesurer vraiment le concept. Le tableau suivant nous donne les résultats
de l'ACP.
Tableau 23 : Résultats de l'ACP du
concept de caractère familial des PME
Variables
|
Caractère familial des PME
|
V18 : Importance de transmission de l'entreprise à
la génération future
|
0,980
|
Valeur propre
|
2,907
|
% de variance expliquée
|
96,884
|
% de variance expliquée cumulée
|
96,884
|
Alpha de Cronbach
|
0,983
|
|
Source : Nos analyses
La valeur propre égale à 2,9884 est
supérieure à 1. Aussi, nous avons la restitution de l'information
de départ par le facteur qui est de 96,884. Ce qui veut dire la
cohérence est bonne. La factorisation nous a donné l'indice de
KMO qui est de 0,741 donc aussi acceptable car supérieur à 0,5.
Le test de Bartlett nous donne une valeur égale à 347,084 et est
significatif au seuil de 0,000 pour le degré de liberté 3.
Ainsi, viennent d'être présentées les
variables relatives aux entreprises. Nous poursuivons à présent
avec celles liées à leur dirigeant.
· II-LES
VARIABLES CARACTERISTIQUES DU DIRIGEANT
Nous faisons ici état de l'âge du dirigeant
et sa participation dans le capital de l'entreprise qu'il dirige.
·
A-L'âge de dirigeant
L'âge est caractérisé par le nombre
d'années d'existence d'un être. C'est un facteur très
important pour juger la qualité d'une personne par rapport à son
expérience. L'âge est une variable qui est impliquée dans
notre troisième hypothèse H3. Il sert à
tester l'hypothèse selon laquelle « l'âge du dirigeant
influence positivement le niveau de l'endettement de l'entreprise ».
Ainsi, nous avons donné des intervalles d'âge qui ont permis aux
répondants de préciser l'âge correspondant à chaque
intervalle. Nous avons regroupé en quatre classes l'âge dans le
tableau suivant.
Tableau 24 : répartition des
dirigeants par âge
Âge
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
25-35
|
4
|
5,88
|
5,88
|
36-45
|
37
|
54,41
|
60,29
|
46-55
|
25
|
36,76
|
97,05
|
Plus de 55
|
2
|
2,95
|
100
|
Total
|
68
|
100
|
|
|
Source : Nous-mêmes
Il ressort de ce tableau que 54,41% des dirigeants ont un
âge compris entre 36 et 45 suivis de 36,76% l'ayant entre 46 et 55. La
première classe reçoit 4 dirigeants soit un taux de 5,88% et la
dernière n'en a que deux. Donc 37 entreprises tchadiennes sont
dirigées par des individus ayant l'âge qui se situe entre 36
à 45 ans contre 25 dont l'âge va de 46 à 55 ans. Les
dirigeants ayant plus de 55 ans, ne dirigent que 4 entreprises
et ceux âgés de 25 à 35 ans dirigent 2 entreprises.
· B-La
participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise
La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise est une variable qui nous permet d'une part, de connaître
l'importance de détention des parts ou des actions par les dirigeants
et, d'autre part, d'évaluer leur réaction à l'endettement.
Nous avons opérationnalisé ce concept avec un seul item qui est
la proportion des parts du dirigeant dans le capital de son entreprise. Nous
voulons évaluer l'ampleur de décision du dirigeant sur la
structure financière d'une entreprise par rapport à la
détention d'une part importante des actions de cette dernière.
Cette variable est impliquée dans notre dernière hypothèse
(quatrième hypothèse) H4 : « la
participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise influence
négativement son niveau d'endettement ». En effet, nous avons
prédéfini les modalités de réponse parmi lesquelles
le répondant peut cocher la case correspondante. Ainsi, nous avons
prévu trois intervalles : de moins de 20%, de 20 à 50% et de
plus de 50%. Le tableau suivant nous donne la répartition des
entreprises selon la participation de leur dirigeant dans le capital social.
Tableau 25 : répartition des
entreprises selon la proportion des parts détenues par le dirigeant
Fréquence
|
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
16
|
Moins de 20%
|
23,5
|
23,5
|
113
|
20 à 50%
|
19,1
|
42,6
|
39
|
Plus de 50%
|
54,4
|
100
|
68
|
Total
|
100
|
|
|
Source : Nous-mêmes
Il ressort de ce tableau que les dirigeants participent
à moins de 20% des parts dans le capital de 16 (soit 23,5%) entreprises,
de 20 à 50% des parts dans le capital de 13 entreprises seulement soit
19,1% et plus de 50% des parts dans le capital de 39 (soit 57,4%) des
entreprises. D'après ces résultats, nous constatons que les
dirigeants possèdent à plus de 50% des parts au sein d'un plus
grand nombre d'entreprises tchadiennes. Autrement dit, les entreprises
tchadiennes sont pour la plupart des entreprises familiales.
Ces variables dont nous venons de faire l'inventaire
sont des variables explicatives du niveau d'endettement des entreprises. Le
niveau d'endettement étant notre seule variable à expliquer.
Avant de procéder à l'étude de relation entre ces
différentes variables (variables explicatives et variable à
expliquer), il est important de présenter le niveau d'endettement des
entreprises au Tchad.
· C-Niveau
d'endettement des entreprises tchadiennes
L'endettement est une source de financement pour toutes
les entreprises en général et en particulier pour toutes les
entreprises tchadiennes. Le tableau 20 nous a bien fait comprendre cela. Sur 68
entreprises que constitue notre échantillon, aucune entreprise ne
s'endette pas. Seulement le niveau d'endettement n'est pas le même pour
toutes ces entreprises. Le tableau 21 nous l'a dit aussi. Certaines entreprises
s'endettent faiblement et d'autres fortement. Le niveau d'endettement est le
rapport de fonds des tiers sur les fonds propres. C'est donc la proportion des
fonds des tiers dans l'actif total d'une entreprise. Pour connaître la
proportion des fonds des tiers, nous avons demandé à chaque
dirigeant ou propriétaire de nous donner le total des dettes
financières de son entreprise pour les années 2007, 2008 et 2009
et les montants de son actif total de ces trois années. Après le
dépouillement, nous avons évalué le pourcentage de ces
dettes par rapport aux fonds propres en calculant le ratio dettes sur actif
total dont la formule est :
68 3 DTij
E= endettement
E = 1/3 ? ? ------------
DTij= dettes totales pour l'entreprise i pour l'année j
i=1 j=1 ATij
ATij= actif total pour l'entreprise I et pour
l'année j
i=1, 2, 3, .......68 j= 1, 2, 3.
Après évaluation, nous sommes
arrivés à trouver la fréquence des entreprises ayant une
proportion de dettes inférieure à 50% et celle des entreprises
dont la proportion de dettes est supérieure à 50%. Nous
trouverons dans le tableau ci-dessous ces différentes proportions de
dettes dans les entreprises de notre échantillon.
Tableau 26 : Répartition des
entreprises selon leur niveau d'endettement
Niveau d'endettement
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
|
Moins de 50%
|
33
|
48,5
|
48,5
|
|
Plus de 50%
|
35
|
51,5
|
100,0
|
|
Total
|
68
|
100,0
|
|
|
Source : Nous-mêmes
Au regard de ce tableau, nous avons 35 entreprises
soit 51,5% ont un niveau d'endettement de plus de 50% contre 33 ayant un niveau
d'endettement de moins de 50% soit une proportion de 48,5%. Nous pouvons donc
dire que les entreprises tchadiennes ont un niveau d'endettement
élevé.
Ainsi, nous venons de présenter dans cette
première section les différents concepts impliqués dans
nos hypothèses de recherche et les indicateurs qui nous ont permis de
les opérationnaliser. La prochaine section sera consacrée
à tester leur relation.
Section II : ANALYSE DE L'INFLUENCE DES VARIABLES
RELATIVES AUX PME ETA LEURS DIRIGEANTS SUR LEUR NIVEAU
D'ENDETTEMENT
Cette seconde section nous servira de mettre en
évidence la relation qui existerait entre nos variables explicatives et
notre variable expliquée à partir de tests appropriés. Les
résultats qui sortiront de ces différents tests nous guideront
à valider ou à infirmer nos hypothèses formulées
et, ensuite, à partir de ces résultats nous dégagerons les
implications managériales pour les PME. Pour cela, nous avons quatre
hypothèses dont deux relatives aux entreprises et deux autres à
leurs dirigeants que nous procéderons successivement à l'analyse.
Pour chacune des hypothèses, nous pensons d'abord effectuer un test de
corrélation et après, un test de régression
linéaire.
I-TEST DES HYPOTHESES CONCERNANT LA RELATION ENTRE
LES VARIABLES PROPRES AUX ENTREPRISES ET LE NIVEAU
D'ENDETTEMENT
Nous avons formulé deux hypothèses
concernant l'existence d'une relation entre chacune des variables des PME et
leur niveau d'endettement. Il s'agit d'hypothèses relatives à la
relation pouvant exister entre la rentabilité et le niveau d'endettement
d'une part, le caractère familial des PME et le niveau d'endettement de
l'autre. Chacune de ces hypothèses seront testées par la
corrélation et la régression linéaire.
A-Présentation des résultats de l'analyse
de relation entre la rentabilité d'une entreprise et son niveau
d'endettement (H1)
Cette hypothèse stipule que,
plus une entreprise est rentable, plus son niveau d'endettement est
élevé. Elle établit donc une relation positive entre la
rentabilité d'une entreprise et son niveau d'endettement. Nous
vérifions d'abord l'existence de la relation avant de passer à la
régression pour évaluer la qualité de l'ajustement.
· 1-Etude de
corrélation entre la rentabilité et le niveau d'endettement d'une
entreprise
Il s'agit des tester ou de vérifier l'existence de la
relation entre ces deux variables (explicative et expliquée). Une
hypothèse nulle signifie l'absence de relation
caractérisée par un coefficient de corrélation égal
à 0 au seuil de signification bilatérale. Le tableau
ci-après nous résume les résultats.
Tableau 27 : Corrélations de pearson
entre la rentabilité et le niveau d'endettement
|
|
Rentabilité
|
Niveau d'endettement
|
Rentabilité
|
Corrélation de Pearson
|
1
|
,576(**)
|
|
Sig. (bilatérale)
|
|
,000
|
|
N
|
68
|
68
|
Niveau d'endettement
|
Corrélation de Pearson
|
,576(**)
|
1
|
|
Sig. (bilatérale)
|
,000
|
|
|
N
|
68
|
68
|
** La corrélation est significative au niveau 0.01
(bilatéral).
Source : Nos analyses
Comme nous montre le tableau, le coefficient de
corrélation de pearson entre la rentabilité et le niveau
d'endettement est r = 0,576 et significative au seuil p = 0,000. L'association
est donc confirmée. Une fois la relation vérifiée, nous
réalisons le test de régression entre ces variables pour
s'assurer de la pertinence de cette relation.
2-Le test de la régression entre la
rentabilité et le niveau d'endettement
Le modèle adopté dans cette mesure est
la régression linéaire simple puisqu'il s'agit ici d'une variable
unidimensionnelle. Les résultats sont donnés dans le tableau
ci-après.
Tableau 28 : Récapitulatif
du modèle de régression de l'hypothèse H1
Modèle
|
R
|
R-deux
|
R-deux ajusté
|
Erreur standard de l'estimation
|
Changement dans les statistiques
|
|
|
|
|
|
Variation de R-deux
|
Variation de F
|
ddl 1
|
ddl 2
|
Modification de F signification
|
1
|
,576(a)
|
,332
|
,322
|
,415
|
,332
|
32,846
|
1
|
66
|
,000
|
a Valeurs prédites : (constantes), Rentabilité
Source : Nos analyses
Le tableau ci-dessus nous affiche le coefficient de
corrélation multiple R entre la rentabilité et le niveau
d'endettement dont la valeur est de 0,576 soit R2 = 0,332. Le
modèle de régression est aussi satisfaisant puisque la
statistique de F nous donne une valeur de 32,846 significative au seuil P=0,000
pour 1 et 66 degré de liberté. Aussi le coefficient de
détermination bien que faible mais différent de zéro nous
précise que la variation de la rentabilité explique 33,2% de la
variation du niveau d'endettement. De tout cela, nous pouvons dire que notre
modèle est bon et acceptable. Le tableau ci-après nous donne
certaines valeurs explicatives de notre modèle et nous permet
d'établir l'équation du modèle.
Tableau 29 : Mise en évidence de
l'équation du modèle
Modèle
|
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Signification
|
Intervalle de confiance à 95% de B
|
|
|
B
|
Erreur standard
|
Bêta
|
|
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
1
|
(constante)
|
,598
|
,168
|
|
3,568
|
,001
|
,263
|
,933
|
|
Rentabilité
|
,547
|
,095
|
,576
|
5,731
|
,000
|
,356
|
,737
|
a Variable dépendante : Niveau d'endettement
Source : Nos analyses
Considérons l'équation de la droite de
régression : Ye = a1X1r + b +
å qui correspondant à l'équation de notre
modèle de l'hypothèse 1. L'équation du modèle de H1
se présente donc après avoir remplacé le coefficient et la
constante par leur valeur de façons suivante :
Ye= 0,547X1r +
0,598 avec Ye niveau d'endettement, X1 la
rentabilité
(5,731) (3,568)
La valeur de coefficient de régression de la
variable explicative qui est égale à 0,547 est positive au seuil
de 0,000 donc significative, la valeur de la constante est aussi positive au
seuil de significativité de 0,001. Les valeurs de (t) du coefficient et
de la constante sont bien élevées (5,731 et 3,568) et
significatives respectivement au seuil P = 0,000 et P = 0,001. Ce qui montre
que la rentabilité a un fort pouvoir explicatif du niveau
d'endettement.
Tous ces résultats nous amènent au
rejet de l'hypothèse nulle (H0) et d'accepter l'hypothèse
alternative (H1). Donc la rentabilité d'une entreprise influence
positivement son niveau d'endettement. H1
validée.
Ce résultat corrobore celui des auteurs de la
théorie de Trade-off Theory (TOT), selon lesquels la relation entre
l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une
entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les
intérêts sont déductibles de son résultat fiscal.
Ainsi, d'après cette théorie entre les avantages fiscaux de la
dette et ses inconvénients en termes d'accroissement du risque de
faillite, si l'entreprise est rentable et que son risque de défaillance
financière n'est pas important alors, il faudra recourir à
l'endettement. La négociation du contrat d'emprunt sera d'autant plus
facile que l'entreprise est rentable. Aussi, les tenants de la théorie
de signal abordent dans le sens de validation de l'hypothèse que les
banques utilisant la rentabilité passée dans l'évaluation
du risque des entreprises augmenteront la capacité d'emprunt des firmes
les plus profitables (Ross, 1977).
Nous voyons clairement que la PME rentable voudra
utiliser l'endettement pour augmenter le volume de ses activités afin de
devenir demain une grande entreprise. Le souci de la plupart des
propriétaires des PME est de voir leur entreprise grandir et pour ce
faire, ils doivent fructifier l'argent des autres. Donc, les PME rentables au
Tchad ont un niveau d'endettement élevé et ceci, pour devenir une
GE.
L'influence positive de la rentabilité d'une
entreprise sur son niveau d'endettement étant vérifiée, il
importe à présent de chercher à tester la relation
négative qui existerait entre le caractère familial d'une
entreprise et son degré d'endettement.
B-Présentation de l'analyse de relation entre le
caractère familial des PME et leur niveau d'endettement (H2)
Notre deuxième hypothèse cherche à
établir une relation négative entre le caractère familial
d'une entreprise et son niveau d'endettement. Plus l'entreprise devient
familiale, moins le niveau d'endettement est élevé. L'ACP
effectuée nous a retenu un seul facteur et ceci, après une
extraction des variables V19 etV20. Le caractère familial est donc une
variable unidimensionnelle. Nous testons d'abord la relation entre cette
variable et le niveau d'endettement par l'analyse de corrélation, et le
test de régression interviendra par la suite.
1-Test de corrélation entre le
caractère familial et le niveau d'endettement
Le tableau ci-dessous nous donne les résultats de
corrélations entre ces deux variables.
Tableau 30 : corrélations de Pearson
entre le caractère familial et le niveau d'endettement
|
|
Niveau d'endettement
|
Caractère familial de l'entreprise
|
Niveau d'endettement
|
Corrélation de Pearson
|
1
|
-,514(**)
|
|
Sig. (bilatérale)
|
|
,000
|
|
N
|
68
|
68
|
Caractère familial de l'entreprise
|
Corrélation de Pearson
|
-,514(**)
|
1
|
|
Sig. (bilatérale)
|
,000
|
|
|
N
|
68
|
68
|
** La corrélation est significative au niveau 0.01
(bilatéral).
Source : Nos analyses
La lecture du tableau nous donne un coefficient de
corrélations de Pearson r = -0,514 entre le caractère familial et
le niveau d'endettement. Ce coefficient est significatif au seuil P= 0,000. Ce
qui confirme l'association entre ces variables. Le signe négatif de ce
coefficient nous donne à priori le sens négatif de cette relation
allant dans le sens de notre hypothèse. Il convient à
présent d'effectuer le test de la régression pour éclairer
cette relation.
2-Test de la régression entre le
caractère familial et le niveau d'endettement
Nous adoptons le même modèle de la
régression linéaire simple étant donné qu'il s'agit
d'une variable explicative et une variable à expliquer. Le tableau donne
le récapitulatif des caractéristiques à expliquer.
Tableau 31 : Récapitulatif du
modèle régression de l'hypothèse H2
Modèle
|
R
|
R-deux
|
R-deux ajusté
|
Erreur standard de l'estimation
|
Changement dans les statistiques
|
|
|
|
|
|
Variation de R-deux
|
Variation de F
|
ddl 1
|
ddl 2
|
Modification de F signification
|
1
|
,514(a)
|
,264
|
,253
|
,435
|
,264
|
23,669
|
1
|
66
|
,000
|
a Valeurs prédites : (constantes), Caractère
familial de l'entreprise
Source : Nous-mêmes
L'analyse de régression montre que
l'ajustement est de bonne qualité. En effet, le coefficient de
corrélation multiple R a une valeur de 0,514 soit un coefficient de
détermination R2 = 0,264. Ce dernier bien que faible mais
acceptable car, la valeur de F = 23,669 est significative au seuil P= 0,000
pour 1 et 66 degrés de liberté. Ceci nous permet de dire que la
variation du caractère familial de l'entreprise explique à
hauteur de 26,4% de la variation du niveau d'endettement. Le tableau ci-dessous
apporte quelques éléments d'éclaircissement et nous
permettra d'établir l'équation du modèle.
Tableau 32 : Mise en évidence de
l'équation du modèle
Modèle
|
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Signification
|
Intervalle de confiance à 95% de B
|
|
|
B
|
Erreur standard
|
Bêta
|
|
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
1
|
(constante)
|
2,201
|
,151
|
|
14,616
|
,000
|
1,900
|
2,501
|
|
Caractère familial de l'entreprise
|
-,362
|
,074
|
-,514
|
-4,865
|
,000
|
-,510
|
-,213
|
a Variable dépendante : Niveau d'endettement
Source : Nos analyses
Nous considérons l'équation du modèle
de régression d'hypothèse 2 de la forme :
Ye = a2X2 + b +
å.
Notre modèle de régression entre le
caractère familial de l'entreprise et son niveau d'endettement se
présente par l'équation suivante :
Ye = - 0,362 X2 + 2,201 +
å.
(-4,865) (14,616)
Cette équation de régression fait
apparaître que les valeurs de t de sont positives en valeur absolue au
seuil de significativité de 0,000. Ce qui montre que le caractère
familial explique bien le niveau d'endettement. Le signe négatif du
coefficient de la variable explicative témoigne bien le sens
négatif de la relation. Cela va dans le sens de la formulation de notre
hypothèse. On peut en conclure que le caractère familial de
l'entreprise est une fonction décroissante de son niveau d'endettement.
Notre deuxième hypothèse H2 est donc validée.
Autrement dit, le caractère familial d'une entreprise influence
négativement son niveau d'endettement.
Ce résultat confirme celui de plusieurs
auteurs qui ont traité le même sujet. D'abord, celui de Donckels
(1993) selon lequel la famille souhaite maintenir l'indépendance
financière de son entreprise afin d'en conserver le contrôle. A
cet égard, l'entreprise va privilégier l'autofinancement et
éviter l'endettement à long terme. Allouche et Amann
(1995)45(*), rejoignent
aussi la même idée que les entreprises évitent
l'endettement et optent pour des stratégies à long terme
plutôt que de court terme lié à un besoin de
résultats rapides et ont une aversion à l'endettement. Elles
pratiquent aussi plus facilement le réinvestissement des dividendes.
Gallo et villaseca (1996) dans leur étude ont constaté la
présence d'un faible ratio dette/fonds propres au sein de ces
entreprises familiales. Evidemment, notre étude actuelle dans le
contexte tchadien rejoint celle de ces auteurs. Le caractère familial
d'une entreprise a donc une influence négative sur son niveau
d'endettement.
Nous venons d'analyser la relation entre les variables
relatives aux entreprises au Tchad et leur niveau d'endettement. Deux
hypothèses sont testées par le test de régression
linéaire et toutes sont validées. Nous procédons
maintenant au test d'hypothèses concernant la relation entre les
variables relatives aux dirigeants des entreprises tchadiennes et leur niveau
d'endettement.
II- TEST DES HYPOTHESES
CONCERNANT LA RELATION ENTRE LES VARIABLES PROPRES AUX DIRIGEANTS D'ENTREPRISES
ET LE NIVEAU D'ENDETTEMENT
Pour cette partie nous avons formulé aussi
deux hypothèses qui ont pour but de tester la relation entre les
variables relatives aux dirigeants des petites et moyennes entreprises au Tchad
et leur niveau d'endettement. Il s'agit d'analyser successivement la relation
positive entre l'âge du dirigeant d'une entreprise et le niveau
d'endettement d'une entreprise d'un côté, et de l'autre, une
relation négative entre la participation du dirigeant dans le capital
d'une entreprise et son niveau d'endettement. Nous utiliserons toujours ces
deux tests (la corrélation et la régression linéaire
simple) pour tester nos hypothèses étant donné que la
relation s'effectuera entre chacune des variables métriques
indépendantes et l'unique variable dépendante métrique.
A-Présentation des résultats de l'analyse
de relation entre l'âge du dirigeant et le niveau d'endettement d'une
entreprise : Hypothèse 3
Nous testons ici la relation positive entre l'âge
du dirigeant et le niveau d'endettement d'une entreprise. Ce qui signifie que
plus le dirigeant d'une entreprise est âgé plus le niveau
d'endettement de son entreprise va croissant. Nous testons avant tout
l'existence de relation entre ces variables et, ensuite, le test de
régression nous situera avec exactitude la nature de cette relation.
1-Test de corrélations entre l'âge du
dirigeant et le niveau d'endettement
Les résultats de la corrélation de Pearson sont
consignés dans le tableau suivant.
Tableau33 : Analyse de corrélation
entre l'âge du dirigeant et le niveau d'endettement.
|
|
Niveau d'endettement
|
Age du dirigeant de l'entreprise
|
Niveau d'endettement
|
Corrélation de Pearson
|
1
|
,052
|
Sig. (bilatérale)
|
|
,673
|
N
|
68
|
68
|
Age du dirigeant de l'entreprise
|
Corrélation de Pearson
|
,052
|
1
|
Sig. (bilatérale)
|
,673
|
|
N
|
68
|
68
|
Source : Nos analyses
Comme on peut le constater à partir de ce tableau,
il n'existe pas une corrélation significative entre l'âge et le
niveau d'endettement. Le coefficient de corrélation de Pearson nous le
prouve car, sa valeur égale à 0,052 se rapproche de 0 et sa
signification de 0,673 reste loin de 0. Nous chercherons à confirmer ce
résultat par la régression.
2-Test de la régression entre l'âge et
le niveau d'endettement
Au vu de résultat de l'analyse de
corrélation, on ne peut arriver à obtenir une régression
satisfaisante. Toutefois, pour affirmer cela, nous représentons dans le
tableau ci-dessous le résultat de la régression.
Tableau 34 : Récapitulatif du modèle
de régression de l'hypothèse 3
Modèle
|
R
|
R-deux
|
R-deux ajusté
|
Erreur standard de l'estimation
|
Changement dans les statistiques
|
|
|
|
|
|
Variation de R-deux
|
Variation de F
|
ddl 1
|
ddl 2
|
Modification de F signification
|
1
|
,052(a)
|
,003
|
-,012
|
,507
|
,003
|
,180
|
1
|
66
|
,673
|
a Valeurs prédites : (constantes), Age du dirigeant de
l'entreprise
Source : Nos analyses
Le tableau 34 représentant le modèle
de régression nous fournit les mêmes résultats que dans le
cas de corrélation de Pearson. Le coefficient de corrélation
multiple R se rapproche de zéro (0,052). Cela apparaît très
clairement que la relation entre nos variables est quasiment nulle bien que
positive. Ce qui traduit absence de corrélation entre ces variables. De
même, le coefficient de détermination R2 est presque
nul (0,003). Cela signifie que la variation de l'âge du dirigeant
n'explique que 0,3% de la variation du niveau d'endettement. Aussi, la valeur
de F de 0,180 et sa significativité de 0,673 n'est pas satisfaisante.
De toutes ces observations, nous pouvons dire que la qualité
d'ajustement n'est donc pas bonne par conséquent le modèle n'est
pas acceptable. Le tableau suivant nous précise davantage.
Tableau 35 : Mise en évidence de
l'équation du modèle
Modèle
|
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Signification
|
Intervalle de confiance à 95% de B
|
|
|
B
|
Erreur standard
|
Bêta
|
|
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
1
|
(constante)
|
1,418
|
,236
|
|
6,020
|
,000
|
,948
|
1,889
|
|
Age du dirigeant de l'entreprise
|
,041
|
,096
|
,052
|
,424
|
,673
|
-,151
|
,233
|
a Variable dépendante : Niveau d'endettement
Source : Nos analyses
A partir de ce tableau, nous établissons notre
modèle de régression suivant :
Ye = 0,041 X3 + 1,418 +
å.
(0,42) (6,020)
On voit dans le tableau ci-dessus que la valeur de (t) de la
variable explicative égale à 0,424 est faible et n'a pas une
bonne significativité (0,673) car, elle ne tend pas vers zéro.
De tout ce raisonnement, nous pouvons avouer que notre
troisième hypothèse H3 est infirmée. En
d'autres termes, l'âge du dirigeant n'a aucune influence significative
sur le niveau d'endettement d'une entreprise. Bien que cette relation soit
positive mais elle n'est pas significative. Ce résultat est
opposé à notre hypothèse formulée et rejoint celui
de Tufano (1996) qui, selon lui plus le dirigeant est âgé et
proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est grande. Ce qui veut
dire que plus le dirigeant de l'entreprise est âgé, moins il
voudra endetter l'entreprise qu'il dirige et ce, afin de ne pas augmenter le
risque de cette entreprise. Une autre raison pourrait être le refus de
bailleur de fonds d'accorder les crédits aux dirigeants
âgés de peur qu'ils ne soient remboursés en cas de
décès de ces derniers qui pourrait être survenu. Ce cas
pourrait être régulièrement constaté dans les
entreprises familiales où les dirigeants sont aussi
propriétaires. Pour cette catégorie d'entreprises, quand le
dirigeant meure il ya peu de chance que les entreprises survivent. C'est ce qui
est justifié dans le contexte tchadien où les entreprises
survivent rarement après la disparition de leurs dirigeants. Toutes ces
raisons expliquent vraiment l'invalidation de notre troisième
hypothèse.
Une fois notre troisième hypothèse testée,
nous allons cette fois ci passer à la quatrième qui testera la
relation négative entre la participation du dirigeant dans le capital
d'une entreprise et son niveau d'endettement.
B-Présentation de l'analyse de relation entre la
participation du dirigeant dans le capital d'une entreprise et son niveau
d'endettement (Hypothèse 4)
En ce point nous testons l'hypothèse 4 selon
laquelle plus le dirigeant possède des pats ou des actions dans le
capital d'une entreprise moins il s'endette pour son entreprise. Nous allons
donc analyser une relation négative entre ces deux variables.
Après avoir testé la corrélation, nous effectuerons la
régression.
1-Test de corrélation entre la participation
du dirigeant et le niveau d'endettement
Nous testons l'existence de relation entre le fait
que le dirigeant ait de parts dans le capital d'une entreprise et le niveau
d'endettement. Les résultats de l'analyse de corrélation se
trouvent dans le tableau ci-dessous.
Tableau 36 : Analyse de corrélation
entre la participation du dirigeant dans le capital et le niveau
d'endettement.
|
|
Niveau d'endettement
|
Participation du dirigeant dans le capital d'une
l'entreprise
|
Niveau d'endettement
|
Corrélation de Pearson
|
1
|
-,770(**)
|
Sig. (bilatérale)
|
|
,000
|
N
|
68
|
68
|
Participation du dirigeant dans le capital d'une l'entreprise
|
Corrélation de Pearson
|
-,770(**)
|
1
|
Sig. (bilatérale)
|
,000
|
|
N
|
68
|
68
|
** La corrélation est significative au niveau 0.01
(bilatéral).
Source : Nos analyses
Le coefficient de corrélation entre la
participation et le niveau d'endettement est r =-0,770 et significatif au seuil
P= 0,000. La liaison est par conséquent confirmée entre ces
variables. Nous continuons à analyser la pertinence de cette relation
par le test de la régression.
2-Test de la régression entre la
participation et le niveau d'endettement
Les résultats de test de régression se
trouvent dans le tableau ci-après.
Tableau 37 : Récapitulatif du
modèle de régression de l'hypothèse 4
Modèle
|
R
|
R-deux
|
R-deux ajusté
|
Erreur standard de l'estimation
|
Changement dans les statistiques
|
|
|
|
|
|
Variation de R-deux
|
Variation de F
|
ddl 1
|
ddl 2
|
Modification de F signification
|
1
|
,770(a)
|
,594
|
,587
|
,323
|
,594
|
96,422
|
1
|
66
|
,000
|
a Valeurs prédites : (constantes), Participation du
dirigeant dans le capital d'une l'entreprise
Source : Nos analyses
Il ressort de ce tableau que la valeur de coefficient de
corrélation multiple est R= 0,770 et le coefficient de
détermination R2 est de 0,594. Ce qui signifie que la
variation de participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise
explique à 59,4% de la variation du niveau d'endettement. On peut penser
à la bonne qualité d'ajustement. De plus, la valeur de F qui est
de 96,422 pour 1 et 66 degré de liberté est significative au
seuil de 0,000 explique également que notre modèle est
satisfaisant et acceptable. Le tableau 24 nous le dit plus.
Tableau 38 : Mise en évidence de
l'équation du modèle
Modèle
|
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Signification
|
Intervalle de confiance à 95% de B
|
|
|
B
|
Erreur standard
|
Bêta
|
|
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
1
|
(constante)
|
2,431
|
,101
|
|
24,012
|
,000
|
2,229
|
2,634
|
|
Participation du dirigeant dans le capital d'une l'entreprise
|
-,611
|
,062
|
-,770
|
-9,819
|
,000
|
-,735
|
-,487
|
a Variable dépendante : Niveau d'endettement
Source : Nos analyses
Ce tableau nous permet d'établir notre
équation du modèle suivant :
Ye = - 0,611 X4 + 2,431+ å.
(-9,818) (24,012)
Dans ce modèle, nous avons le coefficient de
régression de la variable explicative et la constante sont
différents de zéro. Les valeurs de (t) correspondant à ces
variables respectivement égales 9,819 et 24,012 en valeur absolue sont
aussi élevées et significatives au seuil de 0,000. Le signe
négatif du coefficient de régression de la variable explicative
traduit le sens négatif de la relation entre les variables. Le
modèle nous montre que si le dirigeant de la PME passe du statut de
non-actionnaire au statut d'actionnaire, le degré d'endettement diminue
de 77% de manière statistiquement significative au seuil de 0,000. Ce
qui nous amène à dire que la participation du dirigeant dans le
capital d'une entreprise est une fonction linéaire décroissante
du niveau de l'endettement.
Ainsi, on peut affirmer que l'hypothèse H4 est
confirmée. La participation du dirigeant dans le capital d'une
entreprise influence négativement son niveau d'endettement.
Une des raisons allant dans le sens de validation de cette
hypothèse est que l'endettement permet de résoudre le conflit
d'intérêts entre les actionnaires et les dirigeants qui ne
détiennent pas des actions d'une entreprise. Le sens négatif de
cette relation vient corroborer les résultats de la théorie
d'agence selon lesquels l'endettement est une façon d'aligner les
intérêts des actionnaires et ceux des dirigeants qui ne
posséderaient aucune part au sein d'une entreprise. Ce raisonnement
confirme également les études empiriques effectuées sur
l'endettement des PME (Hirigoyen, G.1982). Ces mêmes résultats
sont prouvés par les études menées par Colot et Croquet
(2007) sur les PME Belges. Selon ces derniers, les
dirigeant-propriétaires évitaient le plus souvent de s'endetter
afin de ne pas perdre le contrôle de leur entreprise.
Pour ce chapitre, nous avons dans un premier temps
présenté les différents concepts contenus dans nos
hypothèses de recherche et les indicateurs qui ont permis effectivement
de les mesurer au sein des entreprises au Tchad. Ceci nous a permis de savoir
les comportements des entreprises tchadiennes relatifs à ces concepts.
Nous avons déduit de là que les entreprises de notre
échantillon ont une rentabilité moyenne de 4,82% pour les
années 2007, 2008 et 2009. La plupart de ces dernières sont des
entreprises familiales et leurs dirigeants sont âgés en moyenne de
45 ans. Le niveau d'endettement des entreprises au Tchad est supérieur
à 50% dans les trois dernières années. Ensuite, nous
sommes amenés à analyser l'influence de ces variables sur le
niveau d'endettement d'une entreprise. Elles sont au nombre de quatre à
être analysées dont deux relatives aux entreprise et deux autres
à leur dirigeant. Enfin, les résultats de l'influence de ces
variables sur le niveau d'endettement nous ont permis de valider trois
hypothèses et infirmer une.
Au terme de cette deuxième partie, il a été
question de l'analyse empirique de relation entre les variables propres aux
entreprises et celles relatives à leur dirigeant.
Nous avons au troisième chapitre situé la
démarche méthodologique de notre recherche. Il s'agissait de
préciser les méthodes, les procédés et les
règles permettant de choisir les outils statistiques adaptés
à une analyse des données. Dans le cadre de notre étude,
nous avons choisi l'approche hypothético-déductive. Les
données ont été collectées grâce au
questionnaire. Les données ont été analysées par le
tri à plat, l'ACP, la corrélation et la régression
linéaire simple dans le logiciel SPSS. Ensuite, les
caractéristiques de notre échantillon ont été
présentées suivies de description de l'endettement. En effet,
notre échantillon a été caractérisé par les
entreprises tchadiennes et les répondants (Dirigeant et
Propriétaires). Aussi, l'endettement a été jugé
important dans des proportions différentes par les entreprises de notre
échantillon pour le financement de leurs activités et deux modes
leur sont possibles (formel et informel).
Dans le quatrième chapitre, nous avons
procédé au test de nos hypothèses. En effet, quatre
hypothèses ont été formulées à partir de la
littérature concernant le sujet dont deux issues des variables
caractéristiques de l'entreprise et deux autres relatives aux
dirigeants. Une enquête sur le terrain nous a permis de collecter les
données afin de les soumettre au test. Le teste nous a donné les
résultats selon lesquels trois hypothèses sont validées
dont deux relatives aux entreprises et une aux dirigeants. Une autre
hypothèse relative aux dirigeants n'est pas validée. Le tableau
suivant nous donne le récapitulatif.
Tableau 35 : Récapitulatif des
résultats des hypothèses
Hypothèses
|
Résultats de recherche
|
H1 : La rentabilité d'une entreprise influence
positivement son niveau d'endettement
|
Validée
|
H2 : Le caractère familial d'une entreprise influence
négativement son niveau d'endettement
|
Validée
|
H3 : L'âge du dirigeant influence positivement le
niveau d'endettement d'une entreprise
|
Infirmée
|
H4 : La participation du dirigeant dans le capital d'une
entreprise influence négativement son niveau d'endettement
|
Validée
|
Source : Nos analyses
Au terme de notre étude sur les déterminants de la
structure d'endettement des entreprises au Tchad, il est important de rappeler
toutes les articulations qui l'ont constituée. Avant d'apprécier
les résultats issus de notre recherche, il convient d'abord de rappeler
le contexte, la problématique, les objectifs poursuivis et les
hypothèses formulées. Nous terminons notre conclusion par les
limites et les axes futurs de recherche.
Ø Rappel du contexte et de la problématique
de recherche
La motivation qui détermine le choix de notre
thème de recherche intitulé «les
déterminants de la structure d'endettement des PME au
Tchad», est née de certaines observations faites au
cours des études antérieures portant sur le même sujet. En
effet, la plupart des études menées sur les déterminants
de la structure d'endettement ne s'intéressent qu'aux grandes
entreprises et entreprises cotées (Ziane, 2004). Cependant, les auteurs
ne s'accordent pas sur le sens de l'influence de chacun de ces
déterminants sur le niveau d'endettement des entreprises. Il n'est pas
inopportun de penser que ces déterminants puissent également
être intégrés dans une étude empirique traitant de
la structure financière des PME. Au Tchad, une telle étude est
quasiment inexistante. Nous avons donc souhaité, après avoir
effectué une revue de la littérature sur le sujet,
réaliser une étude empirique pour comprendre quel rôle
pouvaient jouer certaines variables propres aux PME et à leur dirigeant
sur le degré d'endettement des entreprises au Tchad. Pour cela, nous
nous sommes fixés des objectifs.
Ø Rappel des objectifs
Il était pour nous de chercher à
analyser la relation qui existerait entre les variables relatives aux PME et
à leur dirigeant et le niveau d'endettement des entreprises
tchadiennes. Nos objectifs de recherche visent à :
- identifier les différents modes d'endettement des
PME ;
- mettre en exergue la place et le rôle de l'endettement au
sein des différentes sources de financement ;
- identifier ou ressortir les variables propres aux PME et
à leur dirigeant qui expliqueraient leur niveau d'endettement,
- analyser l'influence de chacun de ces variables sur leur
niveau d'endettement.
A l'issue de la revue de la littérature
effectuée et de notre intuition sur le sujet, quatre hypothèses
ont été formulées.
Ø Rappel des hypothèses de
recherche
Dans le souci de répondre
à notre problématique de recherche, nous nous sommes servis de la
littérature existante et de l'observation dans l'environnement de notre
recherche guidée par notre intuition, nous avions formulé quatre
hypothèses suivantes :
- H1 : la rentabilité de
l'entreprise influence positivement son niveau d'endettement.
- H2 : le caractère
familial des PME influence négativement leur niveau d'endettement
- H3 : l'âge du dirigeant influence
positivement le niveau d'endettement d'une entreprise
- H4 : la participation du dirigeant dans
le capital d'une entreprise influence positivement son niveau d'endettement.
Ø Rappel de la démarche
méthodologique
Pour la réussite de notre recherche, nous
avions adopté la démarche hypothético-déductive.
Notre échantillon est constitué finalement de 68 entreprises
localisées dans les villes de N'Djamena et Moundou au Tchad. Les
données collectées sont uniquement primaires car, l'accès
aux données secondaires était difficile. L'outil qui nous a
permis de collecter les données est le questionnaire. Les
méthodes d'administration de questionnaire étaient le face
à face et le téléphone. La méthode d'investigation
était pour nous causale compte tenu de nos variables qui expriment une
relation de cause à effet. Nos données ont été
décrites par le tri à plat et l'ACP et testées par la
corrélation et la régression linéaire simple.
Ø Résultats de l'étude
Nous voulons rappeler ici les résultats de
test de nos différentes hypothèses de recherche. Notre
échantillon était constitué, pour rappel, de 68 PME
tchadiennes interrogées face à face et par voie
téléphonique. Après analyse, l'endettement s'est
révélé important pour le financement des entreprises au
Tchad car, toutes les entreprises de notre échantillon s'endettent, bien
que le degré d'endettement varie d'une entreprise à une autre.
Ainsi, nous avions dénombré 36 entreprises soit (52,9%) ont un
taux d'endettement d'au moins 50% contre 32 entreprises (soit 47,1%)
possèdent un taux d'endettement inférieur à 50% du total
de capital.
Parlant des déterminants de l'endettement,
nous avions quatre variables insérées dans le modèle dont
deux propres aux PME et deux autres à leur dirigeant. Parmi les quatre,
trois se sont avérées posséder une influence
statistiquement significative sur le degré d'endettement. Ces trois
variables sont, d'abord, la rentabilité d'une entreprise ensuite, le
caractère familial d'une entreprise et, finalement, la participation du
dirigeant dans le capital d'une entreprise. Par contre, l'âge du
dirigeant d'une entreprise qui est notre quatrième variable s'est
montré sans incidence.
En ce qui concerne la première
hypothèse, elle est validée dans le cadre de notre étude.
Ce qui signifie que, la rentabilité d'une entreprise augmente son niveau
d'endettement en ce sens qu'elle inspire de confiance aux détenteurs de
fonds de la possibilité de remboursement de leurs fonds. Ce qui traduit
au contraire l'incapacité des entreprises les moins rentables à
répondre aux exigences des institutions financières en termes de
garanties. Aussi, les PME rentables trouvent raison de s'endetter pour devenir
des grandes entreprises demain.
La deuxième hypothèse est aussi
validée dans cette étude. En effet, plus une entreprise est
composée en majorité des membres de famille, moins elle a recours
à l'endettement. Ce résultat explique au contraire l'existence de
conflits au sein des entreprises managériales où l'endettement
est sollicité pour résoudre ces conflits. Alors que dans les
entreprises familiales, la gestion est concentrée dans les mains d'une
personne traduisant l'absence des conflits d'intérêts. Aussi, dans
le souci de conserver le contrôle de son entreprise, la famille souhaite
ne pas s'endetter.
La troisième hypothèse qui stipulait que
l'âge du dirigeant a une influence positive sur le niveau d'endettement
est rejetée dans notre étude. Ce qui veut dire que le dirigeant
âgé étant sage, ne souhaite pas s'endetter pour plonger
l'entreprise dans le risque de non remboursement quand il sera à la
retraite étant donné qu'il n'est pas sûr de la
qualité de son remplaçant. Aussi, on peut croire que les
institutions financières refusent de donner de crédits au risque
de ne pas être remboursées en cas de décès de
dirigeant à cause de son âge avancé.
La quatrième hypothèse selon laquelle la
participation du dirigeant dans le capital d'une entreprise a une influence
négative sur son niveau d'endettement est validée dans notre
étude. Le raisonnement reste le même que dans le cas
précédent du caractère familial. En effet, le
dirigeant-propriétaire évite le plus souvent de s'endetter afin
de ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Aussi, il ya absence des
conflits dans une entreprise où le dirigeant détient des parts
importantes, donc disparition de coûts d'agence nés de
l'endettement.
Ø Implications managériales
Au vu des résultats que nous
venons de produire, il convient de faire de recommandations aux PME au
Tchad.
Sur le plan théorique, cette recherche
constitue un pas important pour le développement traitant les
déterminants de la structure d'endettement. Elle permet d'adopter une
bonne démarche suivant laquelle les PME peuvent assurer leur croissance.
Notre étude a montré de façon claire l'influence des
variables relatives aux PME et à leur dirigeant sur le niveau
d'endettement d'une entreprise.
Du point de vue pratique, notre étude situe
les dirigeants et propriétaires des PME au Tchad sur l'importance de
l'endettement en termes de création de la valeur. Ainsi, les managers
sont conviés à développer une relation avec les
institutions financières pour accéder aux crédits,
étant donné que toute structure comme la PME a besoin de croitre
pour devenir une GE. Nous recommandons particulièrement aux managers et
propriétaires des entreprises familiales que la croissance de leurs
structures ne peut être possible seulement en se repliant sur
eux-mêmes. Ils ont intérêt à s'ouvrir à
l'extérieur, car la vertu de l'endettement n'est pas seulement la
résolution des conflits d'intérêts mais aussi la
création de la valeur.
Etant donné que toute oeuvre humaine n'est parfaite, notre
étude présente des limites malgré les résultats
fournis de façon pertinente.
Ø Limites de la recherche
Les limites de notre étude tiennent à
notre échantillon et à la qualité des données
recueillies.
En effet, la taille de notre échantillon
n'est pas assez importante. Elle est limitée seulement aux deux villes
du Tchad à savoir N'Djamena et Moundou, ce qui ne nous a pas permis de
toucher un nombre important des PME. De plus, certains de nos questionnaires
n'ont pas été restitués du fait de non respect de
rendez-vous de la part des répondants et de leur indisponibilité.
En outre, nous n'avons pas eu accès aux
données secondaires pour affiner notre analyse, seulement les
données primaires ont été récoltées. Aussi,
l'influence de certaines variables propres aux entreprises et à leur
dirigeant devrait être étudiée sur le niveau d'endettement
d'une entreprise.
Cependant, les limites ne sauraient remettre en
cause nos résultats, ces derniers semblent tout de même probants.
Les réponses à ces limites ouvrent de nombreuses pistes futures
de recherche.
Ø Axes futures de recherche
La problématique de la structure
d'endettement reste encore un champ de recherche très large car, on ne
sait jusqu'à quel niveau il faut s'arrêter de s'endetter.
Des études peuvent être menées dans ce sens pour
clarifier ce problème.
Des chercheurs pourront mener une
étude aussi sur l'influence des autres variables caractéristiques
de l'entreprise et de son dirigeant sur le niveau d'endettement dans un secteur
d'activité précis. Une autre recherche pourra être
également orientée vers l'étude de l'influence d'un mode
d'endettement (formel ou informel) sur la performance financière des
entreprises. Enfin, une étude comparative de croissance entre les
entreprises dont le niveau d'endettement est élevé et celles
ayant un niveau d'endettement faible pourra aussi être faite.
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pp.237-314
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE....................................................................................................................................................... .....i
DEDICACE.......................................................................................................................ii
REMERCIEMENT..............................................................................................................iii
LISTE DES
TABLEAUX...................................................................................................... iv
LISTE DES
ABREVIATIONS............................................................................................ .....iv
INTRODUCTION
GENERALE................................................................................................1
PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL DES DETERMINANTS DE LA
STRUCTURE D'ENDETTEMENT DES
PME.........................................................................................................
13
CHAPITRE I : ANALYSE DES MODES D'ENDETTEMENT DES
PME..................................... .................... 15
Section I : modes d'endettement des
PME.....................................................................
16
I-Modes d'endettement
formels............... ;;.................................
.......................... 16
A-Le mode d'endettement
bancaire.....................................................................16
1-Les crédits bancaires à court
terme......................... ....................................17
1.1-Les crédits de
trésorerie................................ .......................................
17
a) La facilité des
caisses.......................................................................
17
b) Le
découvert...............................................................................
17
c)Les crédits de
campagne............................................................. 17
1.2-Les crédits de mobilisation des
créances.............................................. 19
a)L'escompte
commercial...............................................................
19
b)
L'affacturage....... .................................................................
20
c)Le reverse
factoring..................................................................
20
d)La loi
dailly.................................................................................20
2- Les crédits bancaires à moyen
terme............................ ........................21
3-Les crédits bancaires à long
terme......................................... .................22
B-Les modes d'endettement par la micro
finance.................. . ........................22
1-Le
microcrédit..................................................................................23
2-La micro
finance...............................................................................23
II-Modes d'endettement
informels................................................ ........................24
A-Les
tontines.............................................................................................25
1-Les tontines
mutuelles.............................................................................25
2-Les tontine
commerciales......................................................................26
3-Les tontines financières
.................................... ............................... 27
B-Les apports de
famille.................................................................................27
Section II : place de l'endettement dans le financement des
PME......................................28
I-Les théories de l'endettement
...........................................................................29
A-La théorie de
l'agence...................................................
................................30
1-Le conflit d'agence entre actionnaires et
dirigeant............................................30
2-Le conflit d'agence entre actionnaires et
créanciers..................... .............................31
B-Les théories du Static Trade-Off et du pecking
Order............... ................................32
1-La théorie du Static
Trade-Off.......................................
............................33
2-La Théorie de Pecking
Order......................................................................33
II-Le rôle de
l'endettement.................................................
...............................35
·
A-L'endettement source de création ou de destruction de
valeur............................... 35
1-L'endettement source de création de
valeur...................................................35
2-L'excès de l'endettement source de
fragilisation et de faillite ..............................36
B-L'endettement outil de
contrôle.......................................
...............................37
1-L'endettement outil de contrôle par les
actionnaires...................... ........... ........38
2-L'endettement outil de contrôle par les
banquiers........................................ ....38
CHAPITRE II : ETUDE DE RELATION ENTRE LES DETERMINANTS DES PME ET
LEUR NIVEAU
D'ENDETTEMENT..........................................................
...................... .40
Section I : Difficultés de financement et
identification des déterminants de l'endettement des
PME......... ......................................................................................................40
I-Difficultés de financement des
PME............................................................
............41
A-L'asymétrie d'information, l'insuffisante
sécurisation des crédits et le maque de
garantie..............................................................................................................42
1- L'asymétrie d'information et
l'insuffisante sécurisation des
crédits..... .............. .....42
2- Le manque de
garantie...............................................................................43
B- Un manque de structuration, une insuffisance de
moyens dédiés aux PME au sein des
banques............................................................................................................45
1-Un manque de structuration des
entreprises...................................................45
2- Une insuffisance des moyens dédiés
aux PME au sein des banques.........................46
II-Identification des déterminants des
PME...............................................................47
A-Les variables spécifiques des
PME...................................................................47
1-La
taille.................................................................
...............................47
2-L'âge..............................................................................
....................48
3-La
rentabilité...........................................................................................49
4-La croissance des
PME........................................................
.......................49
5-La composition de
l'actif...............................................................
.............49
6-Le caractère familial des
PME.....................................................................50
B-Les variables relatives aux dirigeants
................................................................50
1-L'âge de
dirigeant.......................................................................
.............50
2-Le nombre de
dirigeants.............................................................
...............51
3-La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise..................... ...............51
Section II : Relation entre déterminants des PME et
leur niveau d'endettement..........................52
I-L'influence des variables des PME sur leur niveau
d'endettement...................................53
A-Analyse de l'influence de la rentabilité des
PME sur leur niveau d'endettement................53
B-Analyse de l'influence de caractère familial
des PME sur leur niveau d'endettement .........54
II-L'influence des variables du dirigeant sur le niveau
d'endettement................................57
A- L'influence de l'âge du dirigeant de
l'entreprise.............................. ................... .57
B-L'influence de la participation du dirigeant dans le
capital de l'entreprise........... .........58
DEUXIEME PARTIE : ... ANALYSE EMPIRIQUE DES DETERMINANTS DE
LA STRUCTURE D'ENDETTEMENT DES PME AU
TCHAD................................................................61
CHAPITRE III : APPROCHE METHODOLOGIQUE DES DETERMINANTS
D'ENDETTEMENT DES
PME............................................................................................................63
Section I : Démarche méthodologique de
recherche.........................................................63
I-cadre de recherche et processus de
l'échantillonnage...............................................63
A-Cadre de
recherche....................................................................................64
1-Le choix d'une
approche................................................................64
·
2-Le choix de type de
recherche............................................... ..........64
B-Processus de
l'échantillonnage.......................................................................65
1-La population
visée............................................... ........................65
2-Le cadre d'échantillonnage
.............................................................66
3-L'échantillon...............................................................................66
a) La taille de
l'échantillon.............................................................67
b) La réprésentativité de
l'échantillon................................................68
C-la technique de collecte des
données.........................................................68
1-L'outil de collecte des
données.........................................................68
2-Le contenu du
questionnaire............................................................69
3-La codification du
questionnaire........................................................70
4-Mode d'administration de
questionnaire et difficultés
inhérentes...... ............72
a) Le mode d'administration du
questionnaire.....................................72
b) Les difficultés de
l'enquête.........................................................72
II-Les outils d'analyse des
données......................................................................73
A-Les tests déscriptifs
............................................................................ ...73
1-Le tri à
plat.........................................................................
.......73
2-L'ACP.......................................................................................74
B-Les tests
explicatifs......................................... ;.....................................74
1-La
corrélation..............................................................................74
2-La régression linéaire
simple............................................................75
a) Présentation du
modèle..............................................................76
b) Analyse des
résultats....................................................................76
Section II : Les caractéristiques de
l'échantillon et description de l'endettement...................77
I : Les caractéristiques de
l'échantillon..............................................................78
A-Les cactéristiques des entreprises
tchadiennes..............................................78
1-Age des
entreprises......................................................................78
2-La forme juridique des
entreprises...................................................79
3-La taille des
entreprise..................................................................79
4-Le secteur d'activités des
entreprises.................................................80
5-Le capital social des
entreprises.................................................... ...81
B-Les caractéristiques des
répondants..............................................................82
1-Le statut des
répondants................................................................82
2-Le sexe des
répondants..................................................................83
3-Le niveau d'étude des
répondants.....................................................84
II : La description de
l'endettement..................................................................85
·
A-Modes et structure d »endettement des entreprises au
Tchad............................85
1-Modes d'endettement des
entreprises................................................85
2-Types d'endettement des
entreprises..................................................86
3-Structure d'endettement des
entreprises.............................................87
·
4-Les différents types des crédits à
court terme......................................88
B-Importance de l'endettement et types de
garanties........................................89
1-Importance de
l'endettement.........................................................89
2-Besoin de
financement.................................................................90
3-Types de
garanties................................................................... ....91
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INFLUENCE DES DETERMINANTS
DES PME TCHADIENNES SUR LEUR NIVEAU
D'ENDETTEMENT............................................93
Section I : Présentation et mesure des concepts
d'endettement.........................................93
I : Les variables caractéristiques des
entreprises...................................................93
A-La rentabilité des
entreprises.......................................................................93
B-Le caractère familial des
entreprises...........................................................95
II : Les variables caractéristiques du
dirigeant......................................................96
A-L'âge du
dirigeant.................................................................................96
B-La participation du dirigeant dans le capital de
l'entreprise........................... ....97
C-Le niveau
d'endettement..........................................................................98
Section II : analyse de l'influence des variables relatives
aux pme eta leurs dirigeants sur leur niveau
d'endettement.....................................................................................................99
I : Test des hypothèses concernant la
relation entre les variables propres aux entreprises et le niveau
d'endettement...........................................................................................100
A- Présentation des
résultats de l'analyse de relation entre la rentabilité d'une
entreprise et son niveau d'endettement
(H1)...............................................................................100
1-Etude de corrélation entre la
rentabilité et le niveau d'endettement..................100
2-Test de régression entre la
rentabilité et le niveau d'endettement..................... 101
B- Présentation de
l'analyse de relation entre le caractère familial des PME et leur niveau
d'endettement
(H2)..............................................................................................102
1- Etude de corrélation entre le
caractère familial et le niveau d'endettement.....103
2- Test de régression entre le
caractère familial et le niveau d'endettement........103
II : Test des hypothèses concernant la
relation entre les variables propres aux dirigeants d'entreprises et le niveau
d'endettement...................................................................106
A- Présentation des
résultats de l'analyse de relation entre l'âge du dirigeant et le
niveau d'endettement d'une entreprise : Hypothèse
3............................................................106
·
1- Etude de corrélation entre l'âge et le niveau
d'endettement.......... .............106
2- Test de régression entre l'âge et le
niveau d'endettement............................106
B- Présentation de l'analyse de
relation entre la participation du dirigeant dans le capital d'une
entreprise et son niveau d'endettement (Hypothèse
4)..........................................108
1-Etude de corrélation entre la
participation du dirigeant et le niveau d'endettement..108
2- Test de régression entre la participation et
le niveau d'endettement..............109
Conclusion........................................................................................................113
Bibliographie
....................................................................................................118
Table des
matières................................................. ..............................................122
Annexes..........................................................................................................VII
* 1 _ Modigliani et Miller dans
l'hypothèse de transparence des marchés montrent que la structure
financière n'a aucun impact sur la valeur de l'entreprise. Laquelle
valeur est fonction de la nature des actifs.
* 2 _ Ces théories ne
font pas l'unanimité, elles abordent de façon différente
la question d'endettement. C'est ainsi que d'une part, la théorie
d'agence précise que dans un contexte d'asymétrie d'information,
l'endettement permet de converger les intérêts des actionnaires et
ceux du dirigeant. D'autre part, Macélot (1984) a fait mention de
l'existence des coûts de faillite au sein des entreprises sss dû
à l'endettement. Tout cela dépend du niveau d'endettement qu'on
se fixe.
* 3 _ Allouche J., Amann B.
(1995), « Le retour triomphant du capitalisme familial », in
« de Jacques Coeur à Renault : Gestionnaires et Organisations,
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Toulouse , cité par O. Colot & C. Mélanie ( 2007)
* 4 _Chua, Sharma et Chrisman
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* 7 _ Ozkan (2001) Determinants
of capital structure and adjustment to long run target: evidence from UK
company panel data. Journal of Business Finance and Accounting 28, pp.175-199,
Olivier C. & Mélanie C. (2007)
* 8 _Au japon par
exemple les PME représentent 99% du nombre des entreprises et emploient
environ 80% de main-d'oeuvre nationale, 90% de l'ensemble des entreprises
en Afrique subsaharienne et contribuent à moins 20% au PIB dans la
plupart des pays africains contre 60% dans les pays en voie de
développement.
* 9 _ La sélection
adverse désigne une situation dans laquelle, sur un marché, tous
les intervenants n'ont la possibilité d'observer toutes les
caractéristiques des biens échangés, certains intervenants
ont généralement d'informations plus que d'autres.
* 10 _ Le risque d'aléa
moral apparait dans les situations où une personne
(« agent ») dispose d'une information privée sur son
action tandis qu'une autre personne chargée de la
rémunérer (« principal ») ne possède
pas cette information. Dans ce cas présent, le risque d'aléa
moral est défini par la possibilité pour l'emprunteur de
détourner les fonds prêtés par le prêteur
à des fins plus risquées que prévu de façon
à maximiser la valeur de l'investissement au détriment du
risque.
* 11 _ L'opportunisme est un
comportement qui consiste à rechercher l'intérêt personnel
au détriment de celui des prêteurs en recourant aux
différentes formes de tricherie. Ici l'emprunteur peut faire
évoluer à son avantage les termes d'un contrat.
* 12 _ Théorie des
préférences de financement hiérarchisées
* 13 _ Modèle de ratio
de financement optimal ou théorie du compromis optimal
* 14 _ Allouche et Amann
(1995), op.cit. cité par O. Colot & C. Mélanie (2007)
* 15 _ Un contrat par lequel le
débiteur remet à son créancier un gage d'un bien mobilier
garantissant le paiement de sa dette.
* 16 _ C'est-à-dire
proportionnellement au temps consommé
* 17 _ Banque Mondiale (2006),
« Making Finance Word for Africa », Banque
Mondiale, cité par Rollande (2010)
* 18 _ Un taux
d'intérêt dont le montant fixé dépasse le montant
autorisé par la loi ou le montant généralement
pratiqué.
* 19 _ M.Harris,A.Raviv (1990),
« Capital structure and the international role of debt », Journal of
Finance, vol 45, n°2, pp 321-349, cité par Ziane (2004)
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* 25 _ Diamond (1984), Op.cit.
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* 26 _ Stulz (1990), Op.cit.
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* 31 _ FMI, 2006, op.
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* 32 _Harris & Raviv, 1990,
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* 33 _ Titman S. & Wessels
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* 34 _ Ozkan
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* 35 _ Hutchinson et Ray
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growth », cité par Ziane (2004)
* 36 _ christensen (1953),
cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)
* 37 _ D'après la
théorie de financement hiérarchisée, la rentabilité
est corrélée négativement avec l'endettement car, selon
elle l'entreprise s'endette quand les affaires vont mal, et dès qu'elle
le peut elle cherche à se désendetter afin de retrouver une
capacité de manoeuvre. Tandis que la théorie du compromis optimal
soutient une relation positive entre la rentabilité et le niveau
d'endettement.
* 38 _ christensen
(1953) , Op. Cit cité par Olivier C. & Mélanie
C. (2007)
* 39 _ Ronoff et Ward (1990),
cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)
* 40 _ Astrachan et Kolenko
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