La maltraitance dans le signalement et le placement le juge, l'éducateur et l'enfant en situation de placement( Télécharger le fichier original )par Philippe Martaguet Université de la Sorbonne nouvelle - D.H.E.P.S. Master 1 2009 |
1. L'observationDeux analyses distinctes vont être posées dans le cadre de l'observation. Mes années au sein de la M.E.C.S. me permettent de me positionner en «acteur de la situation». Je me suis donc mis en posture «d'observation participante complète», l'observateur s'immerge personnellement dans le quotidien, la vie et le travail des observés, et partage leurs activités. Dans le cadre de l'observation au sein du tribunal ma posture sera de l'ordre de l'observation participante: le chercheur considère qu'un certain degré d'implication est nécessaire pour obtenir la confiance des individus et comprendre ce qu'ils jouent, mais qu'il ne doit pas assumer de rôle trop important au risque de nuire à l'analyse. 1.1Observation sur mon lieu de travail Prendre la posture d'observateur chercheur au sein de la structure dans laquelle j'évoluais depuis plusieurs années fut très difficile, pour ne pas dire impossible. Le contexte institutionnel, déménagement sur le pavillon des petits avec une équipe sans expérience et qualification. Une direction absente des lieux a, je pense, aidé à laisser s'installer la violence au sein du pavillon. Mon rôle de délégué, ma non-acceptation de cette violence, et ma personnalité ont fait que j'ai dénoncé, que je me suis opposé à l'inertie de la direction. J'ai été écarté du foyer durant quatre mois. On m'a menacé de me licencié, on a cherché la faute...on ne l'a pas trouvée! L'ensemble des salariés (nous étions vingt personnes) a refusé de dénoncer, de se joindre à moi. Au contraire beaucoup me conseillait de me taire, ou posaient des phrases comme: «c'est toi qui va avoir tort! ....Il va te renvoyer! ... On ne peut rien y faire! ...Et s'ils nous renvoient! ...» Hormis deux collègues, auxquels j'ai demandé de ne pas intervenir mais de continuer à observer à ma place. C'est ainsi que m'est parvenue la photo (jointe en annexe) de la jambe du jeune brûlé au deuxième degré. Ainsi que j'ai été informé du déroulement des évènements. Je n'ai donc pu tenir cette posture d'observation participante entière tout au long du recueil des données. Ces données vont être classées entre trois catégories différentes, aux travers de trois tableaux: 1. Recueil des données écrites. Ce tableau reprendra tous les écrits concernant et/ou jugés mal traitants. Ces documents sont joints en annexe. 1. Recueil de données orales. Ce tableau reprendra toutes les informations orales jugées mal traitantes et retranscrites. Dans un premier temps au sein d'un recueil de données, et intitulé en annexe:«Situations de maltraitances» 2. Recueil de données visuelles. Ce tableau reprendra les situations que j'ai pu observer durant ma posture de chercheur sur mon lieu de travail et auprès des partenaires. La retranscription complète de ces observations est écrite en annexe toujours dans«situations de maltraitance» 1.2 Observations au sein du tribunal Les observations au sein du tribunal ont été faites de diverses manières. La première matinée fut consacrée à l'étude des dossiers des familles que nous allions rencontrer avec Madame le juge durant les trois jours où je devais être présent à ces cotés. Aux travers de la lecture de ces derniers, je me suis rendu compte que beaucoup de dossiers faisaient référence à la misère sociale des familles, et aucun à des violences. L'observation comprendra les moments durant lesquels j'attendais le juge avant les auditions et les moments ou nous étions seuls dans son bureau. Je tiens à remercier Madame le juge pour son accueil. Pour la grande liberté d'observation qu'elle m'a permis d'avoir au sein de son cabinet. Son accueil et son ouverture face à ma recherche m'ont permis d'adopter une posture de chercheur en observation participante. Je la remercie encore pour sa manière de me présenter aux familles et professionnels qui se présentaient et étaient convoqués dans son bureau. «Monsieur,est stagiaire dans mon cabinet. Cela ne vous gêne pas qu'il soit présent durant notre entretien?» Aucun participant n'a opposé un refus à ma présence. 2 Les entretiens Trois entretiens ont été effectués pour cette recherche. Ces trois entretiens n'ont pas été limités dans le temps et réalisés sous la forme d'entretiens libres ou plutôt définis entretiens d'explicitation comme les nomment VERMERSCH. Les entretiens d'explicitation visent l'accès à ce que VERMERSCH36(*) désigne sous le terme de vécu de l'action du sujet, c'est à dire le vécu expérientiel de la dimension procédurale de l'action, en grande partie pré réfléchi, que le sujet n'a pas conscientisé et qu'il ne peut donc pas évoquer sans un guidage lui permettant de l'expliciter. Il s'agit donc de guider l'interviewé pour le placer dans une position de parole incarnée (c'est-à-dire qu'il "revive" la réalisation d'une tâche réelle et spécifiée) en se focalisant sur l'action. Les questions doivent être principalement descriptives et ne jamais porter sur le conceptuel qui est, lui, déjà conscientisé (la question "Pourquoi ?" est à éviter, sauf cas particulier). Elles doivent aider l'interviewé à accéder à sa mémoire concrète sans être directives pour autant. * 36 _ Pierre VERMESCH (chargé de recherche au CNRS, psychologue et psychothérapeute de formation) |
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