III.3 L'évolution de la qualité des eaux du lac
La salinisation de l'eau du lac de Guiers a fortement
baissée depuis la mise en eau du barrage de Diama et l'arrêt de la
remontée de la langue salée et de ce fait de l'entrée de
l'eau saumâtre dans la cuvette lacustre. Avant le barrage les valeurs de
la salinité étaient élevées allant même
jusqu'aux environs de 1375 mg/l en 1980 et 1983 ceci en rapport avec
l'entrée de l'eau de la mer dans le lac. Depuis 1985, les valeurs de la
salinité n'ont cessé de décroitre avec actuellement des
valeurs en dessous de 200 mg/l. Cela est lié à l'arrêt de
l'intrusion saline et de l'alimentation en continue du fleuve
Sénégal après la mise en eau du barrage de Manantali.
Figure : Représentation des oscillations
moyennes de la salinité du lac en mg/l entre 1972 et 1999 par Carl Bro
International (source DGPRE) ²
L'évolution hydrochimique des eaux du lac se fait
à deux niveaux :
- Au niveau temporel, la salinisation n'est pas
contrastée même si nous notons de faibles fluctuations au cours de
l'année, tout dépendant de la quantité et de la
qualité respective des apports qui sont plus ou moins stables chaque
année.
- Au niveau spatial, la salinité montre une
dissymétrie entre le Nord et le Sud marquée par une
évolution graduelle avec un gradient ascendant du Nord au Sud et une
évolution abrupte dans la partie méridionale surtout en saison
non pluvieuse.
La qualité actuelle des eaux du lac de Guiers a des
impacts sur l'environnement du lac qui sont perçus sous trois angles :
écologique, économique et social.
SUGGESTIONS ET QUESTION DE LA
SOCIALISATION
Au cours de la soutenance de la socialisation, sur le
thème qui portait sur mon sujet de maitrise dont le titre :
« LE LAC DE GUIERS/ ETUDE DU REGIME ET DES BILAN
HYDROLOGIQUE ET HYDROCHIMIQUE/ QUELLES INCIDENCES ENVIRONNEMENTALES ET
SOCIOECONOMIQUES DANS LA ZONE. »
Ainsi après la présentation, mes camarades m'ont
reprochés d'avoir trop développé les
éléments physiques et hydrologiques au détriment des
incidences qui pour eux seraient plus importantes.
Mais étant donné que l'objectif primaire de
cette étude était l'hydrologie du lac de Guiers (régime et
bilan), je suis contenté de réserver l'essentiel du
mémoire à cette partie. Sur ce, il m'a été
proposé (surtout par M Diallo) de modifier le titre en enlevant les
incidences.
Ainsi, nous l'avons enlevé conserver seulement la
partie physique et hydrologique. Le titre est devenu :
« LE LAC DE GUIERS/ ETUDE DU REGIME ET DES BILAN
HYDROLOGIQUE ET HYDROCHIMIQUE/ »
De même d'autres questions ont fait afférentes
à la façon de la présentation qui a ressemblé
beaucoup plus à une soutenance bis.
Mais étant donné que j'ai était le
premier à passer, on n'avait pas assez de méthodologie requise
pour la socialisation.
Enfin d'autres questions portant cette fois sur le continu de
l'exposé ont été posées, questions auxquelles, nous
avions essayées d'apporter des réponses. La plupart des questions
ont porté sur l'importance du lac de guiers pour les activités
socio-économiques.
CONCLUSION GENERALE
Le système du lac de Guiers occupe une
dépression allongée NNE à SSO, située dans une
zone généralement plane mis à part les zones de dunes et
de dépressions. . Le lac, avec une profondeur maximale de 3.00 m et une
profondeur moyenne de 0.62 m à la côte de 1 m IGN, couvre un
bassin versant d'une superficie moyenne de 350 km2 à la cote
de 4 m IGN. Les étapes de la morphogenèse dans la zone du lac de
Guiers sont surtout marquées par deux épisodes : le
Nouakchottien et l'Ogolien, qui sont deux phases présentant des
caractéristiques différentes.et marquant l'actuelle configuration
du paysage du lac de Guiers.
Au terme de notre étude sur le régime, les
bilans hydrologique et hydrochimique du lac de Guiers ainsi que de leurs
incidences sur l'environnement, il ressort que :
L'étude du climat dans la zone du lac de Guiers qui
résulte donc de l'étude de l'ensemble des paramètres
à savoir les vents, les températures, l'insolation,
l'évaporation l'humidité relative et les précipitations,
détermine deux saisons climatiques (pluvieuse et non pluvieuse) et
insère le lac dans le domaine climatique
sahélien. Cette analyse du climat confirme
aussi la situation de la péjoration climatique dans laquelle
sévit la zone du lac de Guiers. Cette péjoration a directement
modifiée l'hydrologie du lac, et est à l'origine du programme
d'aménagement dont a bénéficié et continue de
bénéficier le système fluvio-lacustre.
Avant la mise en eau des barrages, les eaux du lac de Guiers
étaient soumises à l'alternance de cycles de remplissage et
d'isolement, déterminant un régime naturel unimodal
caractérisé par un maximum en période pluvieuse
(d'août à octobre) et un minimum en période non pluvieuse
(de novembre à juin),
Depuis 1916, le régime du lac est artificialisé
avec la mise en eau des premiers barrages. Depuis Diama et Manantali le
remplissage du lac par le fleuve Sénégal est de plus en plus
continu. Il en a résulté des modifications sur le volume d'eau du
lac et sur la qualité des eaux.
Le bilan hydrologique du lac est tout à fait positif et
ceci en rapport avec un volume moyen annuel apporté de plus en plus
importante ; le bilan hydrochimique quant à lui est largement
liée à la qualité respective et aux volumes des
différents termes du bilan hydrologique et de l'effet combiné de
l'évaporation. L'étude et le suivi de la qualité des eaux
du lac de Guiers sont nécessaires du fait que le lac dessert une grande
partie de la population du Sénégal en eau potable. Dans le lac de
Guiers, le paradoxe est que la minéralisation faible, cache une
augmentation du stock de sels amené par le fleuve Sénégal
et les rejets de la CSS.
Cette accumulation des sels dans le lac (surtout des
nutriments) a provoqué durant les années passées (1991en
particulier), un grand risque d'eutrophisation ayant entrainé
l'apparition des salades d'eau douce (algues) d'après les études
de la SGPRE. Ces risques d'eutrophisation sont actuellement
relégués au second plan mais ne sont pas exclus à jamais
car, les apports en nutriments liés au fleuve Sénégal et
aux rejets sont toujours élevés.
La nouvelle dynamique hydrologique caractérisée
par la permanence et l'adoucissement de l'eau dans le lac a eu des incidences
perceptibles sous trois angles : écologique, économique et
social bien apparentes dans les villages de Témèye Toucouleur,
Témèye Wolof, Mbane, Samenthe Taque, Keur Djiby Sow sur la rive
orientale du lac et Colonat, Bountou Back, Pakh, Feuyeurou, Nieti Yone sur la
rive occidentale.
Elle s'articule autour d'enjeux environnementaux et
socio-économiques portant sur la qualité de l'eau, la
prolifération de la végétation aquatique (Typha
australis), la pollution (substance nutritives, pesticides, matière
organique...), le développement de l'agro-industrie, du maraichage et
l'alimentation en eau potable d'une grande partie du Sénégal.
La politique de gestion primaire du système
fluvio-lacustre était simplement basée sur les
possibilités de remplissage du lac et de satisfaction de ses
différents besoins sans aucune prévision sur les
conséquences négatives qui pourraient en découler. Le
cloisonnement des activités et des acteurs autour du lac à la
suite de la permanence et de l'adoucissement de ses eaux, sont
accompagnés de nombreux problèmes parmi les quels, on peut
citer : la santé publique, la prolifération de la
végétation aquatiques et les contraintes liées aux
activités.
Cette extrême élévation du niveau du lac
qui a en découlé, ne constitue pas totalement la base d'une
gestion fiable, parce qu'entraînant aussi une évaporation
élevée, une concentration chimique des eaux et des pertes
importantes. Cela semble contradictoire si on sait toute la
précarité de la ressource dans les zones sahéliennes.
Toute gestion de l'eau dans la zone devrait commencer par une
lutte contre les pertes d'eau inutiles. Cela sous-entend certes une nouvelle
gestion qui devrait donc commencer par une réduction des remplissages du
lac de Guiers afin de limiter les pertes par
évaporation. Mais avec une telle situation, l'ensemble des acteurs du
système pourront ils être satisfaits en eau ?
De ce fait, pourrons-nous prétendre une gestion
où les pertes sont limitées et les besoins en eau satisfaits
totalement. Telle est la problématique de la question de la gestion.
Quels doivent être les techniques de prévention
et les travaux de réhabilitation que l'on doit mener dans cette
entreprise de conservation et de gestion intégrée des eaux et du
milieu du lac de Guiers ?
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