UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FASTEF
***************
DEPARTEMENT D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE
***************
MEMOIRE DE SOCIALISATION
THEME
Présenté par
Sous la direction de
Cheikh FAYE
Amadou Abdoul SOW
Maître-assistant
Docteur d'Etat
PROBLEMATIQUE
Le lac de Guiers, situé dans la région naturelle
du Delta du fleuve Sénégal entre les latitudes 15°55' et
16°23' Nord et les longitudes 16°04' et 16°16' Ouest, est le
principal défluent au fleuve Sénégal sur sa rive gauche et
la principale réserve d'eau douce lacustre du Sénégal (350
km2 environ). Le lac se trouve dans la zone sahélienne ;
une zone caractérisée par un ensemble de contraintes. Son
régime connaît actuellement de très faibles fluctuations au
cours de l'année et sa limnimétrie de plus en plus soumise
à celle du fleuve.
Le lac de Guiers joue un rôle d'une grande importance et
s'est vu assigné, dans l'optique de son évolution plusieurs
fonctions. De réservoir pour l'alimentation en eau des
populations riveraines mais aussi de la faune et de la flore de la
zone, le lac permet actuellement :
- L'alimentation en eau de Dakar et sa banlieue (70% de l'eau
consommée) ;
- L'irrigation pour le développement de
l'agro-industrie dans la zone ;
- Une réserve importante d'eau douce;
.Dans le contexte du lac de Guiers, on note une modification
du régime, du bilan et de la politique de gestion. Les phases de
remplissage et de déversement qui se succédaient au
rythme des crues et des étiages du fleuve Sénégal
ont connu d'énormes modifications.
Le régime du lac jusqu'alors naturel a
été artificialisé. Les eaux du lac passent d'une phase
hydrologique à une phase hydraulique à partir de 1916.
L'évolution de la dynamique hydrologique s'est ainsi
faite en deux modes qui correspondent à deux grandes périodes
dont 1916 représente l'étape charnière (A Coly citant Gac
et al, 1996).
Cette évolution est rendue nécessaire par les
contraintes naturelles :
? L'extrême longueur de la saison non pluvieuse
(d'octobre à juin), la faiblesse des précipitations qui sont de
l'ordre de 200 à 250 mm en moyenne et les températures
élevées de la saison sèche ;.
? L augmentation de la salinisation de l'eau du lac
entraînée soit par le défoncement du seuil rocheux de Faff
à partir de 1890 (Gac et al, 1990 citant Bancal) soit par des
périodes de vives eaux de la mer, d'étiages sévères
et répétitifs du fleuve Sénégal.
A ces facteurs naturels s'ajoutent d'autres cette fois ci
anthropiques.
? L'augmentation des pompages de l'eau du lac :
pompages qui sont destinés d'une part à la consommation et
d'autre part à l'agro-industrie.
Le développement de l'ensemble de ces secteurs n a fait
qu'accroître les prélèvements sur le lac.
L'ensemble de ces facteurs physiques comme anthropiques ont
entraîné une réduction croissante des eaux du lac et de ce
fait une concentration des éléments chimique de ses eaux
(changement chimique des eaux).
C'est globalement dans un tel contexte défavorable
qu'un vaste programme d'aménagement a commencé depuis 1916,
corrigé, amélioré dans le but de mieux valoriser et de
contrôler la ressource.
Parmi cet ensemble d'ouvrages, nous pouvons citer les
barrages de Richard-Toll (1947) ; la digue de Keur Momar Sarr
(1956) ; celle de Ndombo (1982) mais aussi les barrages de Diama
(1985) et de Manantali (1987) sur la cour principal du fleuve.
Depuis lors, la permanence et l'adoucissement de l'eau sur
l'axe Diama Manantali ont entraîné un remplissage optimal du lac
de Guiers.
Les nouvelles conditions hydrologiques de la cuvette lacustre
ont entraîné :
- Un bilan positif du lac; les apports sont largement
supérieurs aux pertes ;
- Le renouvellement des eaux ;
- Un régime complexe et difficile à
caractériser avec probablement la succession de plusieurs minima et
maxima au cours d'une année.
Cette nouvelle dynamique a des incidences sur la composition
physico-chimique des eaux du lac de Guiers de même que sur son
environnement. L'abondance de l'eau douce, les nombreux aménagements, le
foisonnement des activités et la problématique du partage de
l'espace et de la gestion n'ont fait qu'accélérer une
prolifération des plantes aquatiques comme Typha australis et Pistia
stratiotes en lieu et place des cultures de
décrue, un développement de maladies
hydriques telles que la bilharziose. L'absence d'un système de drainage
adéquat avec toutes les pertes d'eau qui en découlent,
l'utilisation croissante et non maîtrisée des produits
phytosanitaires n'ont fait qu'accélérer la pollution des eaux du
lac.
Il se pose un problème de gestion des eaux du lac et de
son environnement. Ce qui rend nécessaire la connaissance :
- du régime du lac ;
- des bilans hydrologique et hydrochimique de l'eau ;
- de leurs incidences sur l'environnement.
En rapport avec le nouveau dispositif
fluvio-lacustre :
- pour enfin proposer une politique de gestion
intégrée en rapport avec les besoins et les utilisateurs de l'eau
du lac.
PARTIE 1 : LZ CADRE PHYSIQUE GENERAL
I : LE CADRE
PHYSIQUE DU LAC DE GUIERS
I.1 La présentation du lac
Le lac de Guiers (carte 1), vaste
dépression située en rive gauche à l'amont du barrage de
Diama est alimenté par les eaux du fleuve qui transitent par un canal
(la Taouey) au moment de la crue. Le lac occupe une dépression
tectonique orientée NNE-SSW (Trenneur et Michel, 1971), sur une longueur
d'environ 50 mètres pour une largeur variable d'environ 7 mètres.
Il couvre ainsi une superficie d'environ 350 kilomètres carrés
Il est relié au fleuve Sénégal par un
chenal naturel à l'origine un marigot long de 26 kilomètres avec
un tracé sinueux qui a été rectifié par la mise en
place d'un canal rectiligne de 17 kilomètres, qui le relie directement
au fleuve Sénégal. . Un système de portes barre ce canal,
de sorte à pouvoir isoler les eaux du Guiers dès que la cote de
celles ci devient plus élevée que celle du fleuve lors de la
décrue (sinon le lac se viderait).
Son régime connaît actuellement de très
faibles fluctuations au cours de l'année et sa limnimétrie de
plus en plus soumise à celle du fleuve.
Du point de vue physiographique ; le complexe
hydrologique de Guiers se subdivise en quatre principales unités comme
sur la carte ci-après :
- Le chenal de la Taouey qui alimente le lac à partir
du fleuve Sénégal ;
- Le système Ndiael - Niet Yone ;
défluent naturel du lac de Guiers ;
- La vallée « fossile » du Ferlo
dans la partie méridionale du lac ;
- La cuvette lacustre au sens propre du terme.
Carte : Situation de la zone d'étude dans
le Sénégal (source DGPRE)
I.2 La géologie
La zone du lac de Guiers appartient au bassin du
réseau aval du fleuve Sénégal. Ce dernier
bénéficie de conditions lithologiques favorables à la
formation de nappes qu'offrent les formations du bassin
mézo-cénozoïque et du Quaternaire.
Le lac de Guiers occupe une dépression allongée
entre les alignements de dunes rouges d'âge Ogolien de d'orientation
Nord-est - Sud-ouest. L'alternance de niveaux détritiques grossiers et
fins reflète aussi dans une certaine mesure les variations climatiques
quaternaires anciennes et moyennes. Ces niveaux surtout de débris de
cuirasses et de graviers ferrugineux correspondent à des climats
semi-arides. Les niveaux d'argiles de couleur verdâtre ou lits
témoigneraient au contraire de périodes plus humides (Michel,
1973).
I.3 L'évolution
géomorphologique
Le lac de Guiers est situé dans le bassin
sédimentaire sénégalo-mauritanien, avec des formations
marines ou continentales mises en place entre le Jurassique supérieur et
l'Eocène (Michel, 1978). Si le milieu bioclimatique a probablement
toujours été tropical dans la vallée, des phases humides
ont alterné sans doute avec des périodes sèches. Ainsi les
unités géomorphologiques représentées dans la
vallée du fleuve Sénégal et le lac de Guiers telles que
les dunes, les cordons littoraux, les dépressions, tout comme les glacis
sableux, les terrasses ferrugineuses et les levées
fluvio-deltaïques qui bordent actuellement ces zones sont des marques de
cette période.
Les étapes de la morphogenèse dans la zone du
lac de Guiers sont surtout marquées par deux épisodes : le
Nouakchottien et l'Ogolien, qui sont deux phases présentant des
caractéristiques différentes.
I.4 Les sols et la
végétation
Les sols et la végétation sont d'autres
paramètres de base de l'écoulement (Coly, 1996). Ils ont connu
des modifications dues à la sécheresse et depuis quelques
années aux aménagements. Ces deux facteurs associés
dépendent des conditions climatiques.
I.4.1 Les sols
La typologie des sols dans la zone du Guiers concerne deux
grands types de sols : les sols zonaux et les sols intra zonaux (tableau 1).
Tableau : Récapitulation des différents
types de sols dans la zone du lac de Guiers
Types de sols
|
Caractéristiques
|
Aptitudes Agropastorales
|
Contraintes
|
Milieux
|
Sols iso humiques tropicaux
(sols zonaux)
|
Pauvreté en matières organiques, sablonneux
(Dior)
|
Moyennes à faibles (culture de l'arachide, du mil, et
du niébé etc....)
|
Faible capacité de rétention, sensibilité
à l'érosion éolienne
|
Nord-ouest et ouest du lac
|
Sols ferrugineux tropicaux ou subarides tropicaux
(sols zonaux)
|
Mobilité de fer décelable, présence de
concrétions ferrugineuses
Sablo Argileux ou argileux (Deck Dior et Deck)
|
Moyennes à faibles (culture de l'arachide, du mil, et
du niébé etc....)
|
Sensibilité à l'érosion
éolienne
|
Diéri, Ouest de la rive orientale et le nord du lac
|
Sols hydromorphes
(sols intrazonaux)
|
Teneurs en matières organiques élevées et
assez bien humidifiées
Bon régime hydrique
|
Bon à moyen, sols de maraîchage
Bon pâturage de saison sèche
|
Ensablement, Réduction de leur surface par l'eau du
lac
|
Environnement immédiat du lac
|
Sols halomorphes
(sols intrazonaux)
|
Présence de sel
|
Culture aquatique du riz, parcours pour le bétail
|
Érosion hydrique, sel
|
Nord-est du lac
|
Source K A Sarr, 2004
I.4.2 La végétation
Les formations végétales sont étroitement
liées à la composition chimique des sols.et sur chaque type de
sols, on trouve une végétation particulière. La
fréquence et l'intensité de la submersion des terres, leur nature
physique, leur degré de salure, déterminent une
végétation spécifique.
Tableau : Végétation de la zone du lac
de Guiers
Zones
|
Végétation (Noms scientifiques)
|
Végétation (Noms wolofs)
|
Lac (zone inondée en permanence)
|
Typha australis
Pistia stratiotes
Potamogaton Schweinfurthis,
Scriptus maritimus
Cyperus articulatus
Vetivera sp
|
Barax
Xaliir
Tag
Sep
|
Walo (zone temporairement inondée)
|
Orysa barthii
Acacia senegal
Cyperus sp
Acacia radiana
Cyperus bulbosus
Scoparia dulcis
Acacia nilotica
Boscia senegalensis
Tamarix senegalensis
Calatropis procera
|
Njemm
Werek
Xeysol
Seung
Xeref
Belewelgel
Gonake
Ndiandou
Ngèj
Poftane
|
Diéri (zone jamais inondée)
|
Balanites aegyptiaca
Ziziphus mauritiana
Acacia tortilis
Andansonia digitata
Acacia nilotica var adansoni
Cocculus pendulus
Piliostigma sp
Schoenefeldia gracilis
|
Sump
Deem
Seng
Guy
Neb neb
Sangol
Ngingis
Ndew
|
Source Kane cité par K A Sarr, 2004
II LE CLIMAT DE LA ZONE DU LAC DE GUIERS
Nous étudions à travers le mécanisme de
la circulation atmosphérique générale qui se
réalise sur la zone et par une analyse des paramètres
climatologiques que sont : les vents, les températures, les
précipitations, l'humidité relative et enfin
l'évaporation. De ces paramètres dépend en partie le
volume d'eau stockée par le lac
II.1 Les
éléments du climat
Cette analyse est basée sur les stations de
Linguère et Saint Louis
Tableau : Données moyennes des
fréquences et directions de vents dominants et les autres
éléments du climat à Linguère
(1970-2000)
Linguère
|
N
|
NE
|
E
|
SE
|
S
|
SO
|
O
|
NO
|
Vents d'Est
|
Vents d'Ouest
|
TX
|
TN
|
TM
|
Am
|
INS
|
EV
|
UX
|
UN
|
UM
|
Pmm
|
janv.
|
|
47
|
41
|
6
|
|
|
|
|
94
|
|
32
|
17
|
25
|
15
|
250
|
230
|
46
|
17
|
32
|
0,2
|
fév.
|
12
|
29
|
53
|
|
|
|
|
|
94;00
|
|
35
|
19
|
27
|
16
|
245
|
263
|
46
|
16
|
31
|
0,8
|
mars
|
18
|
41
|
18
|
|
|
|
|
6
|
76
|
|
37
|
21
|
29
|
16
|
273
|
285
|
49
|
15
|
32
|
0,3
|
avril
|
41
|
12
|
18
|
|
|
6
|
|
12
|
70
|
6
|
40
|
21
|
31
|
17
|
281
|
280
|
56
|
16
|
36
|
0,1
|
mai
|
18
|
18
|
0,2
|
|
|
6
|
12
|
24
|
53
|
0,2
|
41
|
24
|
33
|
17
|
282
|
268
|
60
|
18
|
39
|
2
|
juin
|
|
|
|
|
|
29
|
41
|
18
|
|
70
|
39
|
25
|
32
|
15
|
255
|
197
|
76
|
28
|
52
|
26
|
juil.
|
|
|
|
|
|
35
|
47
|
6
|
|
0,8
|
36
|
25
|
31
|
11
|
257
|
134
|
87
|
42
|
65
|
84
|
aout
|
|
|
|
12
|
|
18
|
29
|
12
|
12
|
47
|
35
|
25
|
30
|
10
|
252
|
87
|
92
|
53
|
73
|
135
|
sept
|
|
|
|
|
6
|
24
|
29
|
|
|
59
|
35
|
24
|
30
|
10
|
242
|
87
|
94
|
51
|
73
|
105
|
oct.
|
6
|
|
41
|
6
|
|
6
|
|
6
|
53
|
6
|
37
|
23
|
30
|
14
|
271
|
162
|
83
|
30
|
57
|
47
|
nov.
|
|
24
|
65
|
|
|
|
|
|
88
|
|
36
|
21
|
28
|
16
|
255
|
211
|
56
|
19
|
38
|
0,9
|
déc.
|
6
|
35
|
41
|
6
|
|
|
|
|
88
|
|
33
|
18
|
26
|
15
|
241
|
211
|
50
|
22
|
36
|
1
|
AN
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
36
|
22
|
29
|
14
|
259
|
21
|
66
|
27
|
47
|
403
|
Températures moyennes mensuelles en °C:TX:
moyennes maximales; TN: moyennes minimales; TM: moyennes mensuelles; Amplitude
thermique moyenne en °C: Am Insolation moyenne en heures: INS;
Evaporation moyenne en mm: EV; humidité relative moyenne en %/ UX:
moyennes maximales; UN: moyennes minimales; UM: moyennes mensuelles;
Pluviométriques moyennes en mm: Pmm
D'après l'analyse des différents
éléments du climat mesurés aux stations de base :
Linguère et Saint Louis et aux stations d'illustration : Podor et
Matam, nous pouvons diviser l'année en deux grandes saisons : une
saison pluvieuse et une saison non pluvieuse.
Figure : Données moyennes des fréquences
et directions de vents dominants et les autres éléments du climat
à Linguère (1970-2004)
II.2 Les
différents types de saisons
· Une saison qui va
d'octobre à mai
durant laquelle nous constatons
que :
Les vents du quadrant N à E sont dominants. Ces vents
ont des températures élevées. Les maxima s y
réalisent : A Linguère : TX = 41°C ; TN =
24.8°C ; TM = 32.6°C. A Saint Louis : TX = 39°C :
TN = 25°C et TM = 29°C. L'amplitude thermique diurne annuelle est
élevée et connaît son maximum en avril à
Linguère et en novembre à Saint Louis. L'insolation a son maximum
en mai pour une valeur de 282 heures. Ces paramètres entrainant une
siccité de l'air, expliquent les valeurs relativement faibles de
l'humidité. A Linguère : UX = 46 % (en janvier et
février) : UN = 15 %( en mars), à Saint Louis : UX = 72
% (en février) ; UN = 28 % (en janvier et février) et
à Podor : UX = 51 % (en janvier) ; UN = 14 % (en
février et avril). Ces vents chauds et secs et très rapides sont
de l'alizé. On en distingue deux types : un alizé
continental et un alizé maritime.
Cette saison reçoit des précipitations
très faible à nulles ; ces précipitations ne
représentant que 0.6 % sur un total annuel de 403 mm à la station
de Linguère. Cependant, elles sont plus importantes aux stations de
Saint Louis, Podor et Matam. A Saint Louis elles sont de 1.4 % pour un total de
226 mm ; 3.1 % à Podor pour un total de 215 mm et 0.4 % à
Matam pour un total de 344 mm. Ces précipitations qui sont de nature
très faibles, sont communément appelées pluies de heug.
Elles sont dues aux incursions d'air polaire dans le domaine tropical et donc
à la remontée d'air chaud et de descente d'air froid. Cependant
il est à noter des cas exceptionnels tels que janvier 2002 où les
pluies hivernales étaient très importantes (la station de Podor a
enregistré 116 mm). C'est la période
« sèche » ou non pluvieuse.
· Une saison qui va
de juin à septembre
et qui est marqué
par :
La domination des vents du quadrant S à O qui sont des
vents chauds et humides. Il s'agit de la mousson :
- La mousson : est un vent qui domine pour les mois
de juin, juillet, août et septembre. La mousson est un vent de Sud, du
Sud-ouest et de l'Ouest. Elle provient de l'anticyclone de Saint
Hélène. La mousson est originairement un alizé qui
traverse l'équateur géographique. C'est un vent chaud et humide
qui est nécessaire pour les précipitations. La présence de
fortes rentrées de mousson est synonyme d'une pluviosité
importante. La mousson se caractérise par sa direction, sa trajectoire,
sa vitesse, son humidité et son extension.
Dans cette période, les températures sont moins
élevées, les minima secondaires s y réalisant le plus
souvent A Linguère, TX = 34.6°C, l'amplitude thermique diurne y
connaît sa valeur la plus faible dont le minimum en août :
10°C. A Saint Louis, TX = 31°C au mois de juillet ; TN =
23°C en Juin. A Podor : TX = 37°C en août et
septembre ; TN = 25°C.
L'insolation y connaît ses valeurs les plus
faibles ; elle est de 242 heures au mois de septembre à
Linguère.
Ces vents d'Ouest s'accompagnent de fortes rentrées
d'humidité et les valeurs des humidités relatives connaissent
durant cette période ses maxima avec des valeurs maximales
supérieures à 75 % et des valeurs minimales dès fois
supérieurs à 50%. A Linguère : UX = 94 % en
septembre et UN = 53 % en août ; à Saint Louis : UX
= 94 % en septembre et UN = 68 % en août ; à Podor UX = 97 %
en août ; UN = 43 % en août.
L'essentiel des précipitations se concentrant dans
cette période sont encore appelées précipitations
d'hivernage ou « estivales ».
- Ces précipitations estivales sont dominées
par les pluies de lignes de grains même si nous notons dès fois
des pluies liées à la ZIC1(*). Les lignes de grains sont des perturbations
pluvio-orageuses d'intensité forte et de durée relativement
faible. Ils sont très caractéristiques sur l'ensemble des
stations car constituant l'essentiel des précipitations. Les
précipitations liées à la ZIC sont dominantes dans les
stations des zones littorales comme Saint Louis alors que celles liées
aux lignes de grains, dominent dans les stations continentales comme Podor,
Linguère et Matam. Elles enregistrent des valeurs souvent
supérieures à 95 % du total annuel. A Linguère : P
(mm) > 97 %; à Saint Louis : P (mm) > 98 % ;
à Podor : P (mm) > 96 % et enfin à Matam : P (mm)
> 98 % des totaux annuels. Cette saison est communément
appelée « saison humide » ou saison des pluies.
Entre Ces deux périodes :
- Le mois de mai marque une rupture entrainant le balancement
d'une circulation d'alizé continental appelé harmattan (vent
chaud et sec) et maritime continentalisé à une circulation de
mousson.
- Le mois d'octobre marque lui aussi le passage d'une
circulation de mousson humide à la circulation des alizés.
- L'étude du climat dans la zone du lac de Guiers a
résulté donc de l'étude de l'ensemble des
paramètres étudiés à savoir les vents, les
températures, l'insolation, l'évaporation l'humidité
relative et les précipitations, Le lac se trouve dans le
domaine climatique sahélien.
- Cette analyse confirme la situation de la péjoration
climatique dans laquelle sévissent ce domaine sahélien en
général et la zone du lac de Guiers en particulier.
PARTIE 2 : LE REGIME ET LES BILANS DU LAC
I : LE REGIME HYDROLOGIQUE GENERAL DU LAC
Le régime du lac de Guiers est lié au
fonctionnement hydrologique général du système en rapport
avec le fleuve Sénégal, notamment avec l'ouverture et la
fermeture des vannes qui alimentent en partie le lac à partir du fleuve
Sénégal.
I.1 Le régime hydrologique du lac
de Guiers
L'étude du régime d'un réservoir est
l'étude de l'ensemble des fluctuations de niveaux que connaît ce
réservoir. Le régime du lac est un peu complexe. Il se
caractérisé par : le niveau moyen spécifique, la
position du minimum et du maximum et enfin le débit
caractéristique de crues et d'étiages.
Tableau :
Récapitulatif des différents acteurs, aménagements et
activités du système fluvio-lacustre (Faye C, 2007)
Descripteurs
|
Rejets
|
|
Prélèvements
|
Activités
|
|
lac
|
fleuve
|
lac
|
fleuve
|
|
CSS
|
?
|
?
|
?
|
?
|
irrigation
|
SONEES
|
-
|
-
|
?
|
-
|
adduction d'eau
|
SAED
|
-
|
-
|
?
|
?
|
irrigation
|
PIP
|
-
|
-
|
?
|
?
|
irrigation
|
Descripteurs
|
Aménagements
|
fleuve
|
Taouey
|
lac
|
Hauteurs du lac en cm
|
1947
|
Richard Toll (B1)
|
-
|
?
|
-
|
mesures absentes
|
1956
|
Keur Momar Sarr
|
-
|
-
|
?
|
mesures absentes
|
1970
|
Usine Ngnith
|
-
|
-
|
?
|
mesures absentes
|
1974
|
chenal rectifié
|
-
|
?
|
-
|
mesures absentes
|
1980
|
Ndombo (B2)
|
-
|
?
|
-
|
42,7
|
1985
|
Diama
|
?
|
-
|
-
|
84,3
|
1987
|
Manantali
|
?
|
-
|
-
|
142
|
Après barrages
|
|
|
|
209
|
(? : Rejets ; ? :
Prélèvements ; ? : lieu de manifestation ;
- : absence de manifestation : CSS :
Compagnie Sucrière Sénégalaise ; SONEES :
Société Nationale d'Exploitation des Eaux du
Sénégal : SAED : Société
d'Aménagement et d'Exploitation du Delta du fleuve
Sénégal ; PIP : Périmètres Privés
Individuels)
La figure 21 du schéma d'aménagement du
système fluvio-lacustre de Guiers, présente les différents
types d'aménagements, d'activités et d'acteurs. Il distingue les
prélèvements effectués dans le lac (en bleu) et les rejets
des eaux de drainage dans le lac (rouge)
I.2 Les régimes du lac
I.2.1 Le régime du lac avant 1916
Jusqu'aux alentours de 1916, le lac fonctionnait en
système naturel, fermé. La circulation de l'eau se faisait entre
le fleuve Sénégal, le chenal de la Taouey, le lac de Guiers et la
vallée du Ferlo. Le régime du lac était unimodal avec un
maximum (crue) et un minimum (étiage). L'année hydrologique se
divisait en deux phases : une phase de remplissage en période de
crue et une phase de déversement en période de d'étiage.
Le lac alimenté par le fleuve Sénégal et la pluie avait un
régime pluvio- fluvial tropical unimodal.
I.2.2 Le régime du lac de 1916 à 1985
Le fonctionnement du lac de Guiers durant cette période
a connu quatre situations successives liées à l'évolution
progressive de la mise en valeur de la région (Cogels et al 1990)
Tableau : Valeurs limnimétriques moyennes
mensuelles en cm du lac de Guiers entre 1977 et1985 à la station de
Ngnith (DGPRE)
Descripteurs
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J.
|
F.
|
M
|
A
|
AN
|
Moyenne
|
-18
|
-49
|
-70
|
-6,3
|
85,1
|
104
|
92,5
|
89,1
|
82,2
|
69,4
|
52
|
29,6
|
42,7
|
Ecart type
|
30,6
|
30,5
|
30,9
|
36,2
|
39,2
|
48,6
|
42,4
|
32,1
|
27
|
24,6
|
24,3
|
28,8
|
19
|
CV
|
-1,7
|
-0,6
|
-0,4
|
-5,7
|
0,46
|
0,47
|
0,46
|
0,36
|
0,33
|
0,35
|
0,47
|
0,97
|
0,44
|
Max
|
13,9
|
-18
|
-23
|
47,6
|
156
|
166
|
149
|
134
|
120
|
102
|
77,7
|
53
|
76,6
|
Min
|
-69
|
-97
|
-101
|
-52
|
35,6
|
46,5
|
46,5
|
46,5
|
46,5
|
30,1
|
2,22
|
-32
|
12,2
|
Med
|
82,5
|
78,8
|
78,6
|
99,2
|
121
|
120
|
102
|
87,8
|
73,6
|
72,2
|
75,5
|
84,6
|
64,4
|
A la station de Ngnith entre 1977 et 1985, la hauteur d'eau
varie entre - 69,9 cm en juillet et 104 cm en octobre pour une moyenne
annuelle de 42,7 cm. Les valeurs élevées de l'écart type
et du coefficient de variation témoignent du caractère
dispersé des hauteurs limnimétriques. Les maxima se concentrent
entre le mois de septembre et le mois de février alors que les minima se
localisent entre janvier et juin.
I.2.3 Le régime hydrologique de 1985 à nos
jours
Il s'agit de la quatrième phase dans la classification
faite par Cogels et al en 1990. Ici., il est question d'étudier le
comportement hydrologique du lac de Guiers après la mise en place des
barrages de Diama et de Manantali. Ce fonctionnement n'est pas semblable
à ce qu'il était dans la période antérieure
(régime naturel). Le niveau du lac est de plus en plus stabilisé
et les fluctuations de niveau faibles.
Le régime du lac est analysé à partir des
données obtenues à la station de Ngnith.
Depuis la mise en place des barrages de Diama et Manantali,
l'hydrologie du lac ne cesse de réagir à la nouvelle dynamique
caractérisée par des apports en eau plus importants. Le niveau du
lac de Guiers évolue vers une probable stabilité le long de
l'année hydrologique.
Tableau : Valeurs limnimétriques moyennes
mensuelles en cm du lac de Guiers entre 1985 et 2006 à la station de
Ngnith
1985-91
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
AN
|
Moyenne
|
26,7
|
1,73
|
1,68
|
70,2
|
142
|
158
|
140
|
126
|
111
|
99,3
|
80,1
|
56,6
|
84,4
|
Ecart type
|
15,9
|
15
|
35
|
32,2
|
22,3
|
13,8
|
10,7
|
9,15
|
10,7
|
9,49
|
12,2
|
14,7
|
16,8
|
CV
|
0,6
|
8,67
|
20,8
|
0,46
|
0,16
|
0,09
|
0,08
|
0,07
|
0,1
|
0,1
|
0,15
|
0,26
|
0,2
|
Max
|
43,2
|
24,1
|
53,8
|
111
|
165
|
173
|
153
|
137
|
122
|
111
|
93,1
|
69,9
|
105
|
Min
|
-2,1
|
-20
|
-36
|
30,8
|
115
|
137
|
127
|
110
|
92,1
|
90,2
|
58,8
|
29,5
|
61
|
IV
|
20,5
|
2,26
|
8,7
|
71
|
140
|
155
|
140
|
124
|
107
|
101
|
75,9
|
49,7
|
82,9
|
1991-95
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
AN
|
Moyenne
|
112
|
111
|
112
|
143
|
180
|
177
|
162
|
156
|
147
|
135
|
132
|
139
|
142
|
Ecart type
|
50,2
|
60,4
|
61
|
29,2
|
18
|
22,1
|
13,4
|
23,5
|
31,9
|
29,8
|
20,4
|
16,2
|
31,3
|
CV
|
0,45
|
0,54
|
0,54
|
0,2
|
0,1
|
0,12
|
0,08
|
0,15
|
0,22
|
0,22
|
0,15
|
0,12
|
0,22
|
Max
|
144
|
143
|
144
|
168
|
206
|
206
|
178
|
182
|
178
|
160
|
152
|
158
|
168
|
Min
|
38,1
|
20
|
20,8
|
101
|
166
|
159
|
145
|
127
|
109
|
94,9
|
103
|
119
|
100
|
IV
|
91
|
81,3
|
82,6
|
135
|
186
|
182
|
161
|
155
|
144
|
127
|
127
|
138
|
134
|
1995-00
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
AN
|
Moyenne
|
173
|
170
|
177
|
184
|
203
|
216
|
198
|
189
|
184
|
186
|
188
|
187
|
188
|
Ecart type
|
21
|
25,2
|
22,7
|
13,1
|
21,3
|
30,2
|
29
|
20,9
|
12,8
|
11,5
|
14,3
|
14,7
|
19,7
|
CV
|
0,12
|
0,15
|
0,13
|
0,07
|
0,1
|
0,14
|
0,15
|
0,11
|
0,07
|
0,06
|
0,08
|
0,08
|
0,1
|
Max
|
204
|
205
|
204
|
204
|
237
|
262
|
247
|
223
|
200
|
200
|
207
|
206
|
217
|
Min
|
8,22
|
6,75
|
7,8
|
13,1
|
9,53
|
7,15
|
6,83
|
9,03
|
12,8
|
11,5
|
13,1
|
12,7
|
9,88
|
IV
|
106
|
106
|
106
|
109
|
123
|
134
|
127
|
116
|
107
|
106
|
110
|
109
|
113
|
2000-06
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
AN
|
Moyenne
|
208
|
208
|
207
|
197
|
206
|
219
|
214
|
212
|
210
|
207
|
212
|
211
|
209
|
Ecart type
|
8,51
|
9,93
|
7,1
|
11,7
|
24,9
|
30,5
|
24,9
|
9,71
|
9,5
|
9,37
|
6,65
|
6,08
|
13,2
|
CV
|
0,04
|
0,05
|
0,03
|
0,06
|
0,12
|
0,14
|
0,12
|
0,05
|
0,05
|
0,05
|
0,03
|
0,03
|
0,06
|
Max
|
215
|
218
|
215
|
212
|
249
|
278
|
263
|
225
|
218
|
216
|
217
|
215
|
228
|
Min
|
196
|
193
|
195
|
183
|
183
|
197
|
195
|
196
|
193
|
194
|
199
|
199
|
193
|
IV
|
205
|
205
|
205
|
197
|
216
|
237
|
229
|
210
|
205
|
205
|
208
|
207
|
211
|
(CV : coefficient de variation; IV: intervalle de
variation
Il faudra attendre l'année 1991 et surtout 1992 pour
noter un véritable changement sur le plan hydrologique comme sur la
figure 27, le maximum étant à 1.80 m en septembre. Depuis cette
date, le niveau de l'eau n'a cessé de se relever et de tendre plus ou
moins vers une stabilité (figure 28). Tous les mois enregistrent une
valeur supérieure ou égale à 1.70 m, le maximum passant
à 2.16 m en octobre pour un minimum de l'ordre de 1.70 m en juin.
L'illustration la plus parfaite de cette situation, reste la
figure 29 qui montre un plan d'eau uniforme. Au cours d'une année
entière, le lac évolue avec une cote plus ou moins
supérieure à 2.00 m, tous les mois enregistrant une valeur
supérieure à 2 m excepté le mois d'août : 1.97
m, et le maximum étant à 2.19 m en octobre Les fluctuations de
niveau fréquentes dans le passé sont devenues des
phénomènes rares. Nous notons une diminution nette de l'amplitude
des fluctuations saisonnières du plan d'eau avec le niveau qui reste
constant et relevé durant presque toute l'année Une telle
situation est caractéristique de l'alimentation en continue du lac par
le fleuve durant toute l'année.
I.3 L'évolution
limnimétrique du lac
Le lac de Guiers a connu une évolution marquée
par un relèvement plus ou moins nette de son plan d'eau surtout depuis
la mise eau des barrages de Diama et Manantali.
L'évolution de la courbe limnimétrique de la
station de Ngnith montre une tendance à la hausse. De 1977 à
2006, la courbe des hauteurs moyennes annuelles a connu une
élévation progressive passant de 13 cm à 2.18 m.
Figure : Evolution annuelle du niveau du lac à
Ngnith en cm de 1977 à 2007 : traits rouges horizontaux
correspondant aux cotes moyennes du lac de Guiers
- De 1977 à 1985, les hauteurs d'eau étaient
faibles fluctuant entre 13 et 46 cm. Durant toute cette période, les
hauteurs sont inférieures à 0.5 m (sauf en 1981 où elles
atteignent 0.76 m).
- De 1985 à 1995, le lac a connu une cote moyenne de
1.10 m. Les hauteurs d'eau fluctuaient entre 0.85 m à 1.70 m. Cette
élévation du niveau d'eau s'explique par la mise en place des
barrages
- De 1985 à 2007, la permanence de l'eau au niveau du
lac est beaucoup plus manifeste. Les niveaux d'eau du lac varient de 1.70 m
à 2.17 m. La cote moyenne du lac est de 2.00 m, l'objectif 2 m
étant atteint durant cette période.
II :LE BILAN HYDROLOGIQUE GENERAL DU
LAC DE GUIERS
Le bilan hydrologique est la quantification de l'ensemble des
entrées et sorties d'eau défini dans un espace alimenté en
eau et dans un pas de temps qui peut être l'année hydrologique.
A l'échelle du bassin versant fluvial, le bilan est
déterminé par l'équation générale : P =
Q + E
P = précipitations ; Q =
écoulement ; E = Déficit
II.1 Les vecteurs
du bilan hydrologique
L'étude du bilan hydrologique du lac de Guiers
nécessite une analyse détaillée de l'ensemble des vecteurs
naturels et anthropiques c'est-à-dire la quantification des apports et
des prélèvements que connaît le lac pendant une
année hydrologique. Compte tenu de ces vecteurs, l'équation
générale du bilan intègre les paramètres
suivants.
Tableau : Vecteurs du bilan hydrologique du lac de
Guiers
Apports
|
|
Pertes
|
|
Vecteurs
|
Paramètres
|
Vecteurs
|
Paramètres
|
apports fluviaux
|
VF
|
évaporation
|
VE
|
apports des pluies
|
Vpo
|
pompages CSS (Ouest)
|
Vp1
|
rejets CSS (casier Ouest)
|
Vr
|
pompages CSS (Sud)
|
Vp'1
|
rejets CSS (casier sud)
|
Vr'
|
pompages SONEES
|
Vp2
|
transferts Ferlo - lac
|
Vfl
|
pompages SAED
|
Vp3
|
|
|
transferts lac - Ferlo
|
Vlf
|
|
|
transferts lac - fleuve
|
VlF
|
4.2.1-Le bilan total
Le bilan hydrologique du lac de Guiers oppose les apports
(apports du fleuve de la pluie et du ruissellement), et les pertes
(évaporation et infiltration). Il est ainsi affecté par des
changements dus aux activités humaines (barrage, irrigation) ou par des
changements climatiques. Le bilan est donc un indicateur sensible aussi bien du
climat que des ressources en eau à l'échelle du
Sénégal.
Tableau : Vecteurs du bilan
hydrologique en volume d'eau et en % (DGPRE)
Descripteurs
|
|
Années
|
|
|
|
1997
|
1997
|
1998
|
1998
|
|
Hauteurs moy
|
1,87 m
|
|
1,97 m
|
|
|
Niveau
|
1,8 m
|
|
1,93 m
|
|
APPORTS
|
Apports fluviaux: VF
|
703 Mm3
|
86%
|
715 Mm3
|
86%
|
|
rejets: Vr ; Vr'
|
44 Mm3
|
5%
|
44 Mm3
|
5%
|
|
Pluies : Vpo
|
54 Mm3
|
9%
|
72 Mm3
|
9%
|
|
Total apports
|
801Mm3
|
|
829 Mm3
|
|
PERTES
|
Irrigation: Vp1 ; Vp'1 ; Vp3
|
63 Mm3
|
8%
|
63 Mm3
|
8%
|
|
SDE: Vp2
|
15 Mm3
|
2%
|
15 Mm3
|
2%
|
|
Transferts Ferlo: Vlf
|
150 Mm3
|
19%
|
161 Mm3
|
19%
|
|
Evaporation: VE
|
567 Mm3
|
71%
|
588 Mm3
|
71%
|
|
Total pertes
|
795 Mm3
|
|
825 Mm3
|
|
Bilan volume
|
|
6 Mm3
|
|
4 Mm3
|
|
Volume moyen
|
|
547 Mm3
|
|
578 Mm3
|
|
Temps de séjour
|
|
182 jours
|
289 jours
|
La quantification du bilan nécessite une connaissance
au préalable du volume initiale caractérisé sur le tableau
par la hauteur moyenne et le volume du lac. Cela permet d'apprécier le
caractère positif, négatif ou équilibré du bilan
final après intervention des différents termes du bilan,
c'est-à-dire les variations.
Sur ce tableau, la hauteur moyenne est estimé à
1.87 m en1997 et 1.97 m en 1998. Le niveau quant à lui est noté
à 1.8 m en 1997 et 1.93 m en 1998.
D'après le tableau d'estimation I, nous pouvons
constater, la part importante des apports: fluviaux
- Les apports fluviaux (VF) constituent l'essentiel des
apports d'eau enregistrés dans la cuvette lacustre. Avec un volume de
703 Mm3 soit 86 % des apports pour l'année 1997, VF a connu
une augmentation de son volume qui est passé de 715 Mm3 soit
toujours 86 % pour l'année 1998.
Apports
Pertes
Figure : Bilan et évolution des vecteurs
d'eau dans le lac de Guiers entre 1997 et 1998 (DGPRE)
Si les apports fluviaux sont exclus du bilan, les autres
apports tels que les rejets dans le lac et la pluie ne comblent pas les pertes
excessives des prélèvements et de l'évaporation. Une telle
situation serait synonyme d'une baisse du niveau du lac qui, à la longue
entrainerait un tarissement des eaux du lac. C'est pourquoi les apports
fluviaux jouent le rôle le plus important de l'élévation
du niveau du lac et augmentent la possibilité de stockage du l'eau dans
la cuvette.
- L'évaporation constitue le facteur de pertes le plus
élevé entrainant l'essentiel des fluctuations du niveau du lac.
Cette évaporation dépend fortement du niveau du lac, et du volume
lié aux apports fluviaux. C'est pour cette raison qu'elle évolue
en fonction des apports fluviaux (donc du volume du lac) et qu'une augmentation
de ces derniers entraine une augmentation des pertes par évaporation.
L'évaporation du lac de Guiers est beaucoup plus
importante que les apports d'eau par la pluie. En 1997, VE est estimé
à 567 Mm3 soit 71 % des pertes d'eau du lac et 10 fois
supérieure à Vpo (volume pluvial : 54 Mm3). En
1998, VE connaît une hausse : 599 Mm3 soit 71 % des
pertes, soit 9 fois les apports par précipitation estimé pour
cette année à 72 Mm3.
Sans les pertes par évaporation, le niveau d'eau du lac
de Guiers se relèverait considérablement avec pour
conséquence une augmentation des pertes par déversement via les
exutoires.
Au-delà des apports fluviaux et des pertes par
évaporation, les autres vecteurs du bilan ont un impact moins important
sur le niveau d'eau du lac.
- Les rejets de la CSS sont quantitativement faibles
comparés à VF et VE car ne représentant que 6 % des
apports. Leurs impacts est beaucoup plus visibles sur le bilan salin. Il en est
de même pour les pertes d'eau dans la vallée du Ferlo.
- Les prélèvements (SDE et irrigation) sont le
vecteur le plus faible des pertes d'eau car ne représentant que 10 % des
pertes d'eau pour l'année 1997 et l'année 1998.
En 1997, la variation du bilan est estimée à 6
Mm3 pour un volume moyen de 547 Mm3 ;
En 1998, cette variation est estimée à 4
Mm3 pour un volume moyen de 574 Mm3.
Pour ces deux années, le bilan du lac est positif, le
niveau du lac s'élève et son volume augmente voire sa superficie.
Cette situation favorable est bénéfique pour la satisfaction de
l'ensemble des besoins en eau de la zone et des principaux acteurs. Elle
entraine aussi un accroissement de la charge hydraulique sur le seuil de sortie
du lac qu'est la vallée du Ferlo.
Avec la détermination du bilan, nous pouvons
caractériser le temps de séjour des eaux encore appelé le
temps de renouvellement théorique des eaux dans la cuvette lacustre car,
conditionnant son fonctionnement biogéochimique.
Temps de séjour = 2 fois le Volume moyen / bilan
Les fluctuations du volume du lac expliquent la
variabilité de ce temps de séjour qui est de 182 jours en 1997 et
289 jours en 1998. Les valeurs faibles du temps de séjour, toujours
inférieur à un an, témoignent de la faiblesse de la
profondeur du lac de Guiers (cote du lac < 3 m) et de l'importance des
apports d'eau (VF élevé). Le temps court de renouvellement des
eaux du lac qui correspond à un nettoyage rapide, constitue un facteur
de lutte contre l'eutrophisation car, facilitant l'oxygénation, le
brassage et la stratification des eaux du lac de Guiers.
En général, la variabilité du volume
traduit directement la variabilité des apports fluviaux et des pertes
par évaporation enregistrés sur le lac.
Le bilan du lac de Guiers est donc fluvial et
évaporatif ou « fluvio-évaporatif » parce que
dominé par le fleuve (VF) et l'atmosphère (VE) qui conditionnent
l'ensemble des fluctuations de niveau.
II.2 L'action
de l'homme sur les modifications du bilan
L'action de l'homme est très visible sur les
modifications du bilan du lac de Guiers. Avant la mise en eau des barrages
surtout Diama et Manantali, le lac enregistrait un bilan déficitaire
(comparée à la période actuelle),
caractérisé par la prédominance des pertes d'eau sur les
apports. Une telle situation de rareté de la ressource était
catastrophique pour l'ensemble des activités pratiquées et qui
sont en rapport avec l'eau du lac. C'est dans un tel contexte de stress
hydrique qu'est intervenu l'homme modifiant la dynamique hydrologique par la
mise en eau de barrages et de digues. La nouvelle dynamique hydrologique de
l'après barrages est caractérisée par une augmentation des
apports fluviaux avec comme corolaire la permanence de l'eau dans la cuvette
lacustre (figure 30). Depuis lors, le niveau du lac n'a cessé de
s'élever avec des valeurs souvent supérieures à 2 m. Les
apports fluviaux se produisent durant toute l'année du fait de la
permanence de l'eau dans le cours principal du fleuve
III :LE BILAN HYDROCHIMIQUE DU LAC
L'étude et le suivi de la qualité des eaux du
lac de Guiers sont nécessaires du fait que le lac dessert une grande
partie de la population du Sénégal en eau potable
III.1 Le bilan des entrées et des sorties
Le bilan hydrochimique du lac de Guiers est largement
dépendant de la qualité respective et de l'importance
volumétrique des différents éléments du bilan
hydrologique et de l'effet combiné de l'évaporation (SGPRE
2000).
Les développements du bilan hydrochimique sont
inspirés d'« Etudes bathymétrique, hydrologique et
hydrochimique du lac de Guiers » faites par la DGPRE et Carl Bro
International entre 1995 et 2000 ainsi que des enseignements de M Kane A,
(2007) sur la qualité des eaux et nous en faisons une synthèse
et un approfondissement à partir de nos connaissances pour la
compréhension des mécanismes
Tableau : Facteurs constitutifs du régime et de la
qualité des eaux du lac de Guiers
Apports
|
|
Pertes
|
|
Vecteurs
|
Paramètres
|
Vecteurs
|
Paramètres
|
apports fluviaux
|
VF
|
QF
|
évaporation
|
VE
|
-
|
apports des pluies
|
Vpo
|
Qpo
|
transferts lac - Ferlo
|
Vlf
|
Qlf
|
rejets CSS
|
Vr
|
Qr
|
prélèvements
|
Vp
|
Qp
|
Apports souterrains
|
?
|
?
|
infiltration
|
?
|
?
|
V : volume d'eau ; Q : quantité
de sel ; ?: non connu ; - absent
A chaque entrée ou sortie d'eau dans le lac, correspond
une quantité de sels bien déterminée. Le fleuve
Sénégal, la pluie et les rejets font entrer du sel dans le lac
alors que les prélèvements et les transferts vers la
vallée du Ferlo évacuent en partie ce sel contrairement à
l'évaporation qui y joue comme un facteur de concentration. V :
volume d'eau ; Q : quantité de se.
Tableau : bilan des entrées et sorties de sel
dans le lac de Guiers en tonnes (source DGPRE)
|
Vecteurs
|
|
|
Années
|
|
|
|
|
|
1996
|
1996
|
1997
|
1997
|
1998
|
1998
|
Entrées
|
Apports fluviaux
|
49783
|
60%
|
46729
|
59%
|
51601
|
61%
|
|
rejets
|
32850
|
40%
|
32850
|
41%
|
32850
|
39%
|
|
Pluies
|
|
|
|
|
|
|
|
sous total
|
82633
|
|
79579
|
|
84451
|
|
Sorties
|
Irrigation
|
15604
|
19%
|
20306
|
27%
|
23083
|
31%
|
|
SDE
|
2998
|
7%
|
2914
|
4%
|
2681
|
4%
|
|
Transferts Ferlo
|
60944
|
77%
|
51514
|
69%
|
48601
|
65%
|
|
sous total
|
79546
|
|
74734
|
|
74365
|
|
Bilan
|
|
3087
|
|
4845
|
|
10086
|
|
III.2 Le bilan hydrochimique total
C'est le solde des entrées et des sorties de sels
après la quantification de chaque terme du bilan. Nous pouvons constater
que : pour la période 1996-1998, le bilan de sels est positif, les
entrées étant supérieures aux sorties : en
1996 : 3087 tonnes ; 1997 : 4845 tonnes ; 1998 : 10086
tonnes.
Le caractère positif du bilan s'explique par :
- Le volume moyen d'eau et de sels, relativement
élevé, déversé chaque année dans la cuvette
lacustre avec une moyenne de 88 % des apports d'eau et 44 % de la
quantité de sels reçus par le lac.
- La quantité moyenne de sels des rejets des eaux de
drainage de la CSS très élevée malgré la faiblesse
de leur volume : 55 % des sels et 5 % de l'eau reçue par le lac
- Les pluies quant à elles, n'ont pas une grande
influence sur le bilan hydrologique et hydrochimique : 1 % de sels et 7 %
d'eau en moyenne.
Cependant le bilan salin reste faible comparé à
la quantité moyenne de sels entrés dans le lac et ceci en rapport
avec :
- Le volume moyen, d'eau et de sels, enlevé du lac et
transféré dans la vallée du Ferlo même si, la
quantité de sels reste très largement au dessus du volume
d'eau : 65 % des sels contre seulement 11 % de l'eau sortis du lac en
moyenne.
- Le volume d'eau et de sels prélevés
même si leur effet est moindre par rapport au Ferlo : 35 % des sels
et 21 % de l'eau.
L'évaporation contribue à la concentration du
total annuel des sels stockés dans le lac après intervention des
différentes entrées et sorties de sels dans le lac de Guiers.
Figure : Participation des différents termes
d'entrées et de sorties du lac dans les bilans hydrologique et chimique
(source DGPRE)
La quantité d'éléments dissouts dans le
lac varie en fonction de l'importance des apports annuels du fleuve, des
rejets, des transferts vers le Ferlo, de l'évaporation et les variations
interannuelles du niveau du lac. On est ainsi obligé d'admettre en
première approximation que la salinité de l'eau du lac varie peu
dans le temps du fait de la stabilité des apports et que le volume de
sels amené dans la cuvette est exporté vers la vallée du
Ferlo.
5.3 Le physico-chimie des eaux du lac de
Guiers
L'analyse de la qualité physique et chimique des eaux
du lac de Guiers est très importante du fait du rôle que joue le
lac dans l'alimentation en eau potable de Dakar et sa banlieue et le
développement agricole. Elle est ainsi basée sur des
critères de qualité : organoleptiques : - physico-chimiques,
microbiologiques :
Cette étude est spécifiquement basée sur
certains paramètres physiques et chimiques qui peuvent facilement
influencer la qualité de l'eau du lac de par leur concentration plus ou
moins élevée.
Tableau : Valeurs moyennes des éléments
chimiques sur plusieurs stations dans le lac de Guiers de 2001 à 2004
(DGPRE)
Station
|
Nom
|
N
|
O
|
Distance relative
|
T°C
|
pH
|
Cond
|
0P-P
|
Nitrates
|
Chlorures
|
Alkanité
|
CaCO3
|
Sulfates
|
|
|
|
|
de RT
|
|
|
uSlcm
|
mgIl
|
mgIl
|
mgIl
|
mgIl
|
mgIl
|
mgIl
|
|
|
|
|
(km)
|
|
|
|
P04-P
|
N03- - N
|
Cl-
|
CaC03
|
|
S042-
|
1
|
Richard TolI
|
16°2721»
|
15°4141»
|
00
|
25,6
|
7,26
|
87,5
|
0,08
|
0,1
|
5,6
|
38,9
|
12,2
|
4,5
|
2
|
Debouché Taouey
|
16°20'44»
|
15°47'05»
|
8
|
|
|
86
|
0,2
|
0,8
|
|
|
|
|
3
|
Large de Mbane
|
16°16'19»
|
15°48'26»
|
19
|
26,8
|
7,42
|
153
|
0,17
|
0
|
51,2
|
30
|
18,5
|
5,5
|
4
|
Diokhor
|
16°11'08»
|
15°50'44»
|
29
|
|
|
249
|
0,06
|
0,25
|
|
|
|
|
5
|
Foss/malia
|
16°07'54»
|
15°53'39»
|
31
|
|
|
203
|
0,01
|
0,18
|
|
|
|
|
6
|
Ngnith
|
16°11'05»
|
15°53'59»
|
33
|
28,2
|
8,41
|
71,25
|
0,02
|
0,75
|
68
|
96
|
44,4
|
0,5
|
7
|
Large de Syer
|
16°04'31»
|
15°54'01»
|
42
|
|
|
219,4
|
0,06
|
0,12
|
|
|
|
|
8
|
Diamenar sud
|
16°01'36»
|
15°55'06»
|
47
|
|
|
346,5
|
0,085
|
0,212
|
|
|
|
|
9
|
Keur Momar Sarr
|
15°56'18»
|
15°56'46»
|
57
|
26,3
|
6,94
|
419
|
0,16
|
0,7
|
41,65
|
65,65
|
40.7
|
14.5
|
10
|
Ferlo KMS
|
15°55'41»
|
15°56'19»
|
58
|
|
|
534
|
0,14
|
0,24
|
68
|
|
|
|
11
|
Ferlo Mboulki
|
15°51'58»
|
15°51'49»
|
60
|
|
|
778
|
0,17
|
0,21
|
|
|
|
|
12
|
Ferlo Diatmet
|
15°50'27»
|
15°51'48»
|
80
|
|
|
948
|
0,12
|
0,24
|
|
|
|
|
13
|
CSS 1
|
|
|
|
25,35
|
6,23
|
1751
|
|
|
126
|
28,5
|
141
|
|
14
|
C552
|
|
|
|
23,45
|
|
1580
|
2,51
|
0,7
|
65
|
35,7
|
85,1
|
18
|
III.2.1 Les
paramètres physiques de l'eau du lac
Nous étudions les paramètres suivants : la
Température, le pH et la Conductivité
? La température de l'eau du
lac
Dans le lac de Guiers, la dissymétrie thermique n'est
pas très apparente c'est pourquoi le mélange des eaux est le plus
souvent réalisé par le vent et la convection du fait de la
faiblesse de la profondeur. Dans les stations étudiées, les
températures maximales sont partout supérieures à 30
°C et les minimales tournent autour de 18 à 20°C
? Le potentiel Hydrogène
(pH)
Les eaux faiblement minéralisées comme celles du
lac de Guiers présentent des taux à cheval entre l'acidité
et l'alcalinité, elles sont plus ou moins neutres Dans les stations
étudiées, les valeurs moyennes oscillent entre 6 et 8.
Le pH maximum est enregistré à Ngnith : 9,3
et le pH minimum : 4 est observé à Témèye
(rejet CSS). La moyenne tourne autour de 7,2 et montre la neutralité de
la balance acide-alcaline.
? La Conductivité
La Conductivité ou conductance électrique permet
d'apprécier très rapidement le taux de minéralisation
d'une eau, elle dépend donc de la force ionique de l'eau liée
à la nature des différents éléments dissouts dans
cette eau, à leur concentration réelle et à la
température à laquelle elle est mesurée. Son unité
de mesure est le Siemens.
Dans la zone du lac de Guiers, la Conductivité diminue
lorsque le niveau d'eau du lac s'élève et diminue lorsque le
niveau s'abaisse.
Le lac de Guiers connaît une inégale
répartition spatiale de son plan d'eau, de sa superficie et de son
volume d'eau. Il en est de même pour la Conductivité qui
connaît un gradient Nord-Sud. Les normes de l'OMS sont établies
à 250 mg/l
Figure : Evolution de la Conductivité de l'eau
du lac de Guiers entre 2001 et 2004
Du Nord du lac au sud, la Conductivité augmente
progressivement et cela en rapport avec la diminution progressive de la hauteur
et du volume d'eau du lac.
Nous notons aussi le cas exceptionnel des stations qui se
trouvent dans les zones de rejets des eaux de drainage de la CSS, qui
présentent les valeurs les plus élevées de
Conductivité dans le lac de Guiers. Ceci est lié au taux
élevé d'éléments chimiques présents dans les
eaux de rejets et qui proviennent des produits phytosanitaires utilisés
par la CSS. La Conductivité est de l'ordre de 1751 uS/cm à CSS 1
et 1580 uS/cm à CSS 2.
III.2.2 Les
paramètres chimiques de l'eau du lac
Les paramètres chimiques de l'eau du lac concernent
à la fois les éléments chimiques, minéraux et
organiques
? L'oxygène dissous
D'après la DGPRE, l'oxygénation est acceptable
dans les couches superficielle et profonde du lac.
? Les éléments minéraux
majeurs
Les éléments minéraux majeurs sont
composés d'anions et de cations majeurs et parmi les anions que nous
retenons : les chlorures, les sulfates et les bicarbonates
- Les chlorures
Dans les eaux du lac de Guiers, les chlorures (Cl-)
proviennent généralement des rejets des eaux de drainage de la
CSS, mais aussi des eaux usées domestiques rejetées dans l'eau du
lac.
Figure : Evolution moyenne de la teneur en chlorures
en mg/l de l'eau du lac de Guiers entre 2001 et 2004 (source DGPRE)
Les valeurs de chlorures les plus élevées sont
enregistrées aux stations de CSS 1 : 126 mg/ et de CSS 2 : 65
mg/l et s'expliquent par l'emploi du gypse pour le dessalement des champs de
culture de la canne à sucre. Les valeurs les plus faibles sont
rencontrées à Richard-Toll avec seulement 5,6 mg/l. Ceci
obéit donc à la répartition géographique de son
plan d'eau et présente donc un gradient N-S.
- Les sulfates
Dans le lac de Guiers, les sulfates proviennent des rejets des
eaux de drainage avec 18 mg/l à la station de CSS 2 (valeur maximale).
Les autres stations présentent des teneurs faibles avec le minimum
à Ngnith : 5 mg/l. Les normes de L'OMS sont fixées à
400 mg/l.
- Les bicarbonates
Les bicarbonates (HCO3-) proviennent de
la dissolution de roches riches en carbone et sont dominants dans les eaux du
lac. Pour absence de mesures concernant les bicarbonates, il est difficile de
les étudier.
- Les cations majeurs
Les cations majeurs concernent le Calcium, le
Magnésium, le Sodium et le Potassium.
Le Calcium (Ca 2+) est l'élément
dominant dans les eaux potables et provient de la dissolution de roches riches
en calcaire. La concentration en. Calcium est fonction des conditions chimiques
et est estimée à 20,8 mg/l au lac de Guiers (DGPRE) alors que
pour les eaux naturelles elle est de 15 mg/l.
Le Magnésium (Mg2+) est indispensable
à la croissance des êtres et sa concentration dans l'eau du lac
est de 14,5 mg/l alors que pour les eaux naturelles il est de 8 mg/l.
Le Potassium (K+) présente des valeurs
très faibles comparées aux autres paramètres. Il est de
7,4 mg/l alors que pour les eaux naturelles il est de 10 à15 mg/l.
Ces trois paramètres n'évoluent pas avec le
volume d'eau du lac de Guiers
Le Sodium (Na2+) évolue en fonction de la
dilution ou de la minéralisation comme le Cl-. Dans le lac,
le Na2+ provient de formations géologiques contenant du Na
Cl, de décomposition de sels minéraux comme les silicates, de
sédiments marins, d'eaux salées provenant des nappes
aquifères et d'un usage industriel à proximité de l'eau du
lac (rejets). La teneur moyenne est 51,5 mg/l et est en étroite relation
avec le volume d'eau du lac.
III.2.3 Les
nutriments (Azote et Phosphore)
Les nutriments qui peuvent avoir des impacts sur la
qualité des eaux du lac de Guiers sont l'azote et le phosphore.
- L'azote
L'azote qui est un élément chimique
indispensable à la vie de tout organisme, subit des transformations
physiques et chimiques dans le cadre de son cycle biogéochimique.
Figure : Evolution moyenne de la teneur en nitrates en
mg/l de l'eau du lac de Guiers entre 2001 et 2004 (source DGPRE)
Dans le lac de Guiers, l'azote provient essentiellement des
précipitations du bassin versant par ruissellement mais aussi et surtout
des eaux de drainage des cultures de la CSS.
Selon son gradient d'oxydation ou de transformation on
distingue l'ammoniac (NH4), les nitrites, NO2 et les
nitrates NO3.
Dans le lac les fortes valeurs de nitrates proviennent des
eaux drainant des sols agricoles et des effluents domestiques.
Les fortes teneurs en nitrates comme à
Débouché Taouey : 0,77 mg/l ; Ngnith : 0,75 mg/l,
Keur Momar Sarr : 0,70 mg/l et CSS 2 : 0,70 mg/l sont nuisibles pour
la santé publique. Ces fortes concentrations dans le lac proviennent de
la pollution, des eaux des tributaires et rejets d'effluents d'engrais
provenant des eaux de culture. Dans les autres stations, les teneurs en
nitrates sont faibles avec un minimum à Large de Syer : 0,12
mg/l.
- Le phosphore
Au-delà de la production autochtone, le phosphore est
apporté dans les eaux du lac de Guiers par le bassin versant et les eaux
de drainage de la CSS. Ici, le phosphore étudié, concerne
l'orthophosphore (PO4) qui entre dans le métabolisme du
phytoplancton (algues)
Figure : Evolution moyenne de la teneur en
orthophosphore en mg/l de l'eau du lac de Guiers entre 2001 et 2004 (source
DGPRE
Les valeurs les plus élevées sont
enregistrées à la station de CSS 2 avec 2,51 mg/l ceci en rapport
avec les rejets des eaux très chargées en nutriments après
drainage des terres de culture. Au de là de cette station, les valeurs
sont faibles, et restent partout inférieures à 1 mg/l., le
minimum étant enregistré à Foss/Malia : 0,01 mg/l.
Somme toute, les nutriments dans le lac sont principalement
contrôlés par le flux d'eau du fleuve Sénégal et les
rejets des eaux de drainage de la CSS. Si les flux en provenance du fleuve et
des rejets sont limités, les taux de nutriments dans l'eau du lac
diminuent fortement, réduisant l'activité des algues. La
prolifération et le développement d'algues et macrophytes sont
liés au phosphore, il s'en suit une détérioration de la
qualité des eaux du lac (eutrophisation).
III.3 L'évolution de la qualité des eaux du lac
La salinisation de l'eau du lac de Guiers a fortement
baissée depuis la mise en eau du barrage de Diama et l'arrêt de la
remontée de la langue salée et de ce fait de l'entrée de
l'eau saumâtre dans la cuvette lacustre. Avant le barrage les valeurs de
la salinité étaient élevées allant même
jusqu'aux environs de 1375 mg/l en 1980 et 1983 ceci en rapport avec
l'entrée de l'eau de la mer dans le lac. Depuis 1985, les valeurs de la
salinité n'ont cessé de décroitre avec actuellement des
valeurs en dessous de 200 mg/l. Cela est lié à l'arrêt de
l'intrusion saline et de l'alimentation en continue du fleuve
Sénégal après la mise en eau du barrage de Manantali.
Figure : Représentation des oscillations
moyennes de la salinité du lac en mg/l entre 1972 et 1999 par Carl Bro
International (source DGPRE) ²
L'évolution hydrochimique des eaux du lac se fait
à deux niveaux :
- Au niveau temporel, la salinisation n'est pas
contrastée même si nous notons de faibles fluctuations au cours de
l'année, tout dépendant de la quantité et de la
qualité respective des apports qui sont plus ou moins stables chaque
année.
- Au niveau spatial, la salinité montre une
dissymétrie entre le Nord et le Sud marquée par une
évolution graduelle avec un gradient ascendant du Nord au Sud et une
évolution abrupte dans la partie méridionale surtout en saison
non pluvieuse.
La qualité actuelle des eaux du lac de Guiers a des
impacts sur l'environnement du lac qui sont perçus sous trois angles :
écologique, économique et social.
SUGGESTIONS ET QUESTION DE LA
SOCIALISATION
Au cours de la soutenance de la socialisation, sur le
thème qui portait sur mon sujet de maitrise dont le titre :
« LE LAC DE GUIERS/ ETUDE DU REGIME ET DES BILAN
HYDROLOGIQUE ET HYDROCHIMIQUE/ QUELLES INCIDENCES ENVIRONNEMENTALES ET
SOCIOECONOMIQUES DANS LA ZONE. »
Ainsi après la présentation, mes camarades m'ont
reprochés d'avoir trop développé les
éléments physiques et hydrologiques au détriment des
incidences qui pour eux seraient plus importantes.
Mais étant donné que l'objectif primaire de
cette étude était l'hydrologie du lac de Guiers (régime et
bilan), je suis contenté de réserver l'essentiel du
mémoire à cette partie. Sur ce, il m'a été
proposé (surtout par M Diallo) de modifier le titre en enlevant les
incidences.
Ainsi, nous l'avons enlevé conserver seulement la
partie physique et hydrologique. Le titre est devenu :
« LE LAC DE GUIERS/ ETUDE DU REGIME ET DES BILAN
HYDROLOGIQUE ET HYDROCHIMIQUE/ »
De même d'autres questions ont fait afférentes
à la façon de la présentation qui a ressemblé
beaucoup plus à une soutenance bis.
Mais étant donné que j'ai était le
premier à passer, on n'avait pas assez de méthodologie requise
pour la socialisation.
Enfin d'autres questions portant cette fois sur le continu de
l'exposé ont été posées, questions auxquelles, nous
avions essayées d'apporter des réponses. La plupart des questions
ont porté sur l'importance du lac de guiers pour les activités
socio-économiques.
CONCLUSION GENERALE
Le système du lac de Guiers occupe une
dépression allongée NNE à SSO, située dans une
zone généralement plane mis à part les zones de dunes et
de dépressions. . Le lac, avec une profondeur maximale de 3.00 m et une
profondeur moyenne de 0.62 m à la côte de 1 m IGN, couvre un
bassin versant d'une superficie moyenne de 350 km2 à la cote
de 4 m IGN. Les étapes de la morphogenèse dans la zone du lac de
Guiers sont surtout marquées par deux épisodes : le
Nouakchottien et l'Ogolien, qui sont deux phases présentant des
caractéristiques différentes.et marquant l'actuelle configuration
du paysage du lac de Guiers.
Au terme de notre étude sur le régime, les
bilans hydrologique et hydrochimique du lac de Guiers ainsi que de leurs
incidences sur l'environnement, il ressort que :
L'étude du climat dans la zone du lac de Guiers qui
résulte donc de l'étude de l'ensemble des paramètres
à savoir les vents, les températures, l'insolation,
l'évaporation l'humidité relative et les précipitations,
détermine deux saisons climatiques (pluvieuse et non pluvieuse) et
insère le lac dans le domaine climatique
sahélien. Cette analyse du climat confirme
aussi la situation de la péjoration climatique dans laquelle
sévit la zone du lac de Guiers. Cette péjoration a directement
modifiée l'hydrologie du lac, et est à l'origine du programme
d'aménagement dont a bénéficié et continue de
bénéficier le système fluvio-lacustre.
Avant la mise en eau des barrages, les eaux du lac de Guiers
étaient soumises à l'alternance de cycles de remplissage et
d'isolement, déterminant un régime naturel unimodal
caractérisé par un maximum en période pluvieuse
(d'août à octobre) et un minimum en période non pluvieuse
(de novembre à juin),
Depuis 1916, le régime du lac est artificialisé
avec la mise en eau des premiers barrages. Depuis Diama et Manantali le
remplissage du lac par le fleuve Sénégal est de plus en plus
continu. Il en a résulté des modifications sur le volume d'eau du
lac et sur la qualité des eaux.
Le bilan hydrologique du lac est tout à fait positif et
ceci en rapport avec un volume moyen annuel apporté de plus en plus
importante ; le bilan hydrochimique quant à lui est largement
liée à la qualité respective et aux volumes des
différents termes du bilan hydrologique et de l'effet combiné de
l'évaporation. L'étude et le suivi de la qualité des eaux
du lac de Guiers sont nécessaires du fait que le lac dessert une grande
partie de la population du Sénégal en eau potable. Dans le lac de
Guiers, le paradoxe est que la minéralisation faible, cache une
augmentation du stock de sels amené par le fleuve Sénégal
et les rejets de la CSS.
Cette accumulation des sels dans le lac (surtout des
nutriments) a provoqué durant les années passées (1991en
particulier), un grand risque d'eutrophisation ayant entrainé
l'apparition des salades d'eau douce (algues) d'après les études
de la SGPRE. Ces risques d'eutrophisation sont actuellement
relégués au second plan mais ne sont pas exclus à jamais
car, les apports en nutriments liés au fleuve Sénégal et
aux rejets sont toujours élevés.
La nouvelle dynamique hydrologique caractérisée
par la permanence et l'adoucissement de l'eau dans le lac a eu des incidences
perceptibles sous trois angles : écologique, économique et
social bien apparentes dans les villages de Témèye Toucouleur,
Témèye Wolof, Mbane, Samenthe Taque, Keur Djiby Sow sur la rive
orientale du lac et Colonat, Bountou Back, Pakh, Feuyeurou, Nieti Yone sur la
rive occidentale.
Elle s'articule autour d'enjeux environnementaux et
socio-économiques portant sur la qualité de l'eau, la
prolifération de la végétation aquatique (Typha
australis), la pollution (substance nutritives, pesticides, matière
organique...), le développement de l'agro-industrie, du maraichage et
l'alimentation en eau potable d'une grande partie du Sénégal.
La politique de gestion primaire du système
fluvio-lacustre était simplement basée sur les
possibilités de remplissage du lac et de satisfaction de ses
différents besoins sans aucune prévision sur les
conséquences négatives qui pourraient en découler. Le
cloisonnement des activités et des acteurs autour du lac à la
suite de la permanence et de l'adoucissement de ses eaux, sont
accompagnés de nombreux problèmes parmi les quels, on peut
citer : la santé publique, la prolifération de la
végétation aquatiques et les contraintes liées aux
activités.
Cette extrême élévation du niveau du lac
qui a en découlé, ne constitue pas totalement la base d'une
gestion fiable, parce qu'entraînant aussi une évaporation
élevée, une concentration chimique des eaux et des pertes
importantes. Cela semble contradictoire si on sait toute la
précarité de la ressource dans les zones sahéliennes.
Toute gestion de l'eau dans la zone devrait commencer par une
lutte contre les pertes d'eau inutiles. Cela sous-entend certes une nouvelle
gestion qui devrait donc commencer par une réduction des remplissages du
lac de Guiers afin de limiter les pertes par
évaporation. Mais avec une telle situation, l'ensemble des acteurs du
système pourront ils être satisfaits en eau ?
De ce fait, pourrons-nous prétendre une gestion
où les pertes sont limitées et les besoins en eau satisfaits
totalement. Telle est la problématique de la question de la gestion.
Quels doivent être les techniques de prévention
et les travaux de réhabilitation que l'on doit mener dans cette
entreprise de conservation et de gestion intégrée des eaux et du
milieu du lac de Guiers ?
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* 1 _ Zone Intertropicale de
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