Le rôle de la chine dans le processus de reconstruction en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Arsene MONGA Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2009 |
Paragraphe II. Sur le plan politique et diplomatiqueD'un strict point de vue politique et diplomatique, la diplomatie amorale de la part de la Chine (I) et le fait d'une « coopération asymétrique » entre la Chine et la RDC (II), fragilisent les relations sino-congolaises dans leur dynamique actuelle. I. Une diplomatie amorale de la part de la Chine Faisons remarquer que, la morale en relations internationales est liée à la « théorie de la défaillance de l'Etat ». En effet, cette théorie, miroir de l'expression « défaillance du marché » s'entend de l'échec dans l'allocation optimale des ressources économiques, des biens et services, et repose sur deux types d'arguments : les imperfections du marché d'un coté et l'existence des externalités de l'autre côté.40(*) Premièrement, les imperfections du marché constituent tout simplement les imperfections de l'action humaine, étant basée sur l'apprentissage et la découverte, elle est toujours perfectible, ce qui résume l'adage populaire « l'erreur est humaine ». Ainsi, les imperfections qui frappent les décisions décentralisées des agents économiques vont aussi caractériser les décisions décentralisées des organisations planifiées comme l'Etat et ses administrations. Deuxièmement, l'invocation des « externalités » frise l'escroquerie intellectuelle dans les sociétés humaines, tout est pratiquement générateur d'externalités, c'est-à-dire les résultats des actions d'un agent ayant des répercussions positives ou négatives sur autrui. Ce faisant, il faut être conscient que l'existence d'externalités est liée à l'exploitation du marché, la compétition étant par exemple une externalité positive issue de la division du travail. Partant de ce qui précède, il n'est donc pas surprenant de remarquer qu'au-delà de cet apport macro-économique de la Chine à la RDC, les investisseurs chinois font l'objet de plusieurs critiques sur le terrain, au niveau local où l'on devrait mieux évaluer l'apport réel des partenaires étrangers. Les chinois sont reprochés du fait qu'ils semblent ne pas respecter les règles de la législation du travail ; ils engagent des mineurs pour des travaux inlassables.41(*) Bien plus, lorsqu'on fait la chasse aux étrangers en situation irrégulière, on ramasse des illégaux et des clandestins originaires de la Chine. Toujours dans la chronique des entrées des clandestins en RDC, l'on se rappellera que les premiers clandestins étrangers tombés dans les filets de la Direction Générale des Migration (DGM) au Katanga sont des chinois. Par ailleurs, ils concourent non pas à l'assainissement du secteur minier en général, mais au contraire, ils introduisent des pratiques illicites comme l'utilisation des prête-noms, arrangement qu'ils font avec des congolais, en travaillant comme des négociants de manière à acheter des minerais bruts qu'ils s'arrangent pour exporter vers leurs usines en Zambie. Ils contribuent, par leurs pratiques, à faire disparaître les limites du formel et de l'informel.42(*) Si la Chine monte aujourd'hui en puissance, au point de faire peur aux grands de ce monde, il est cependant illusoire de croire qu'elle ne fasse que du bien, compte tenu du fait de l'existence des volontés contradictoires en relations internationales. La coopération sino-congolaise est encore fragilisée par le fait de cette « coopération asymétrique ». II. Une coopération asymétrique entre la Chine et la RDC Une coopération asymétrique est celle qui engage deux ou plusieurs partenaires(Etats) ayant des niveaux de développement différents, en vue de collaborer pour la réalisation des objectifs d'intérêts communs. Dans l'interface de la coopération sino-congolaise se situent deux Etats théoriquement du « Sud ». D'un coté, la Chine qui se trouve être un géant voulant donner l'image d'une puissance pacifique et responsable, disposant d'une place de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU43(*). De l'autre côté, la RDC présentant encore des faiblesses économiques, politiques et culturelles intrinsèques qui écornent sa chance de relever le défi de sa reconstruction. Il ressort à nos yeux que la coopération sino-congolaise est une forme de néo- colonialisme. A ce point de vue, ce n'est pas la faute de la Chine, mais celle de la RDC qui ne doit pas placer tout son espoir dans la coopération avec la Chine, car dans sa marche vers la croissance économique, la Chine se comporte quelque peu comme les puissances occidentales qui, dans la transition économique qu'elles ont connu aux 19ème et 20ème siècles se sont mises à coloniser certains territoires pour faire face aux exigences économiques de la croissance. Cependant, si jadis pour contrôler un Etat « faible », il fallait l'occuper physiquement, actuellement la donne géopolitique et géoéconomique a changé, il suffit d'injecter beaucoup de capitaux dans un Etat faible pour le contrôler. Si la Chine ne colonise pas la RDC, ce qu'elle fait n'en est pas loin. Comprenne qui pourra.
* 40 _ « Défaillance du marché et intervention de l'Etat », disponible sur www.vprbovis.com, consulté le 16/02/2010. * 41 _ NGOIE TSHIBAMBE, Op.cit., PP.617-618. * 42 _ Ibidem. * 43 _ MARCHESIN P., Introduction aux relations internationales, Paris, Ed. Karthala, 2008, P.162. |
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