SIGLES
ET ABREVIATIONS
· BM : Banque Mondiale
· CCT : Congo Chine Télécom
· CDB : China Development Bank
· CREC : China Railway Engineering Corporation
· CS : Conseil de Sécurité
· Exim Bank of China : Export-import Bank of China
· FCSA : Forum sur la Coopération
Sino-africaine
· FMI : Fonds Monétaire International
· FRPC : Facilité pour la réduction de la
pauvreté et la croissance
· GECAMINES : Générale des
Carrières des Mines
· IDE : Investissement Direct Etranger
· ONU : Organisation des Nations Unies
· OUA : Organisation de l'Unité Africaine
· PPTE : Pays Pauvre Très Endetté
(initiative)
· PVD : Pays en Voie de Développement
· RDC : République Démocratique du
Congo
· RPC : République POPULAIRE DE Chine
· SINOHYDRO
· SJV : Société de Joint-venture
· SNEL : Société Nationale
d'Electricité
· UA : Union Africaine
· UE : Union Européenne
INTRODUCTION
Selon le sens commun de l'après-guerre froide et de
l'ère libérale, le continent africain était destiné
à une marginalisation croissante. Or, on constate que depuis quelques
années, l'Afrique redevient un enjeu international de première
importance pour des raisons essentiellement sécuritaires,
énergétiques, migratoires ou sanitaires.
Elle est aussi redevenue un espace de compétition
économique entre les grandes puissances (notamment les Etats-Unis et la
Chine), dans une version globalisée du « scramble for
Africa » (ruée sur l'Afrique)... A côté de ces
raisons, il convient d'ajouter deux autres de taille, à savoir
l'approvisionnement en matières premières et la recherche des
débouchés pour les produits manufacturés.
« La Chine sera pour toujours un ami, un partenaire et
un frère de l'Afrique ». Ces propos du Président
Chinois HU JINTAO traduisent clairement le regain d'intérêt de la
Chine pour l'Afrique et l'importance que revêt le continent noir dans la
politique extérieure de l'Empire du milieu.
La Chine et l'Afrique inaugurent en effet une nouvelle ère
dans leurs relations et s'engagent dans un type nouveau de partenariat
stratégique. Sans passé colonial en Afrique et après
d'âpres luttes pour organiser son autodétermination,
s'étant engagée dans une expérience singulière et
réussie de développement, la Chine marque de plus en plus sur
tous les plans sa présence sur le continent africain.
Curieuse réalité pour les observateurs non avertis
habitués aux pré-carrés créés et entretenus
par les ex-puissances colonisatrices qui considèrent l'Afrique comme une
chasse gardée, le renouveau et le dynamisme de la coopération
sino-africaine provoquent enthousiasme, émerveillement et controverse de
la part des dirigeants africains et bien de spécialistes des relations
internationales.
Les domaines d'intervention de la Chine en Afrique sont aussi
multiples que variés et sa présence y est largement perceptible.
Que ce soit sur le plan diplomatique, commercial, économique, industriel
ou politique, la Chine noue et renforce ses liens de coopération avec
les pays africains qui voient en elle un modèle de
développement.
De fait, « la Chine est le plus grand pays en
développement du monde alors que l'Afrique est le continent qui regroupe
le plus grand nombre de pays en développement ». Il s'agit
donc là d'un prototype de coopération Sud-Sud. Bien que la Chine
s'appuie sur un discours tiers-mondiste fondé sur un passé
constamment rappelé de lutte commune contre l'impérialisme,
la réalité révèle qu'il existe de profondes
disparités entre elle et l'Afrique, disparités qui ne laissent
pas présager d'une coopération d'égal à égal
entre les deux parties.
De manière particulière, la Chine a
effectué un retour très remarqué sur le continent, 25% de
ses importations de pétrole proviennent déjà du golfe de
Guinée et du Sud-Soudan, où les firmes chinoises jouent un
rôle déterminant.
Les relations avec l'Angola et le Nigéria se sont
renforcées de manière spectaculaire. En 2005, l'Empire du Milieu
est devenu le troisième partenaire commercial du continent africain.
Pékin manifeste également une forte implication dans le
financement des actions de développement, notamment des infrastructures,
sans poser les mêmes conditionnalités que les bailleurs classiques
des pays du sud, c'est-à-dire les occidentaux.
S'il est vrai que la Chine entretient des relations
très remarquables avec les Etats susvisés pour des besoins
essentiellement énergétiques, il n'en demeure pas moins vrai que
sa présence, depuis un temps relativement récent en
République Démocratique du Congo est motivée par des
considérations plutôt d'approvisionnement en ressources
naturelles, notamment en ressources minérales.
Au regard de l'importance du montant débloqué
par la Chine et les entreprises chinoises dans leur coopération avec la
RDC (neuf milliards de dollars US), il est permis d'affirmer sans risque
d'être contredit, que celle-ci est devenue la cible numéro un de
la Chine en Afrique dans l'approvisionnement en matières
premières. C'est bien dans ce cadre que les accords portant sur le
financement, par la partie chinoise, d'infrastructures en RDC, en contrepartie
de l'exploitation des ressources naturelles congolaises, ont été
signés à Kinshasa, capitale de la RDC, en Août 2007 entre
celle-ci et un groupement composé de trois entreprises chinoises.
Ce protocole d'accord prend en ligne de compte les besoins en
infrastructures du Congo et la nécessité pour les entreprises
chinoises de garantir leur approvisionnement en métaux de base.
Depuis son accession à l'indépendance, la RDC
a conclu une multitude de contrats et/ou conventions, mais à travers
lesquels le peuple ne se retrouve pas du tout, mieux dont les traces positives
ne sont pas visibles, perceptibles dans la vie des congolais. Les ressources
naturelles ont toujours existé en RDC, mais son peuple n'en a jamais
bénéficié comme il se doit.
Les accords sino-congolais ont leurs faiblesses, il est vrai,
mais les congolais peuvent quand même s'en réjouir et se rassurer
que pour une fois l'exploitation de leurs ressources ne sera pas faite sans
contrepartie, minime soit-elle. On va certes exploiter le cuivre, le cobalt
etc., mais en retour on va leur laisser des routes, des hôpitaux, des
chemins de fer, des logements sociaux etc. Ils ne devront pas perdre de vue
que, depuis belle lurette, leurs ressources ont toujours été
exploitées et seuls les décideurs et les plus grands y trouvaient
leur part. Cette fois, avec les accords sino-congolais, même le plus
pauvre aura le loisir de se déplacer sur une bonne route, d'être
soigné dans un hôpital relativement bien équipé etc.
Mais ces belles phrases ne doivent pas faire illusion et laisser croire que
tout se passera comme nous l'écrivons ici. C'est ainsi que pour
matérialiser tout ce dont nous parlons plus haut, il faudra veiller
particulièrement à ce que la RDC assume sa part du fardeau,
plutôt que d'implorer la commisération de son partenaire
chinois.
Comme dit plus loin dans l'introduction, au-delà du cas
congolais, il est aujourd'hui de notoriété publique que les
« contrats modèles » Chinois, surtout le
« troc » contre les matières premières et
l'argent frais en milliards, essaiment vu peu partout en Afrique : dans
l'industrie pétrolière en Algérie, Angola, au Gabon, au
Nigeria, au soudan ; dans les mines au Niger, en Zambie, au Zimbabwe, au
Sénégal.
En réaction aux critiques des occidentaux, surtout celles
relatives à la transparence, à la concertation, aux règles
régissant les rapports économiques internationaux, à la
bonne gouvernance et au respect des droits de l'Homme ; les chinois disent
qu'en la matière les occidentaux n'ont pas de leçons à
donner pour les Congolais, parce que conscients du fait que la manifestation de
mauvaise humeur de leurs partenaires traditionnels est due au fait qu'on les
oblige aujourd'hui à partager le gâteau » il y a au
Congo de la place pour tout le monde. Les occidentaux n'ont donc pas à
s'inquiéter. Ils démontrent qu'aux termes de ces contrats,
l'argent frais des chinois ne circulera pas et donc ne pourra pas aggraver la
corruption, comme le prétendent les occidentaux.
Au delà de l'euphorie que suscite le renforcement des
relations entre la Chine et la RDC, il est tout à fait légitime
de se demander ce que les deux acteurs et beaucoup plus spécifiquement
la RDC, peuvent en tirer et les bouleversements qu'il provoque dans
configuration de la géopolitique mondiale. C'est là toute la
question des enjeux de la coopération sino-congolaise qui est le
thème de notre réflexion.
I. Choix et intérêt du
sujet
A. Choix du sujet
D'entrée de jeu, il sied de faire remarquer que la
problématique de reconstruction de la RDC devient de plus en plus une
réalité et, aujourd'hui plus qu'hier sur toute l'étendue
de ce pays, il n'y a plus qu'un seul leitmotiv : « les cinq
chantiers de la République. »
Il s'agit, en effet, d'un seul programme du gouvernement
fondé principalement sur les infrastructures de base et des voies de
communications (routes, voies ferrées, aéroports et ports, voies
fluviales, eau et électricité, santé et éducation,
habitat et emploi). C'est dans ce contexte bien précis que des besoins
prioritaires sont dégagés par rapport à la reconstruction
de ce pays ravagé par les années de guerre.
Actuellement, s'il est vrai que la dynamique des «
cinq chantiers » que la RDC entend matérialiser avec le
concours et la collaboration de la Chine est une question d'actualité et
tient toujours le haut du pavé dans l'arène aussi bien nationale
qu'internationale, il est d'autant plus vrai que ce thème
intéresse tout particulièrement le scientifique que nous sommes
au point d'y consacrer tout un mémoire de fin d'études, afin d'en
analyser les dimensions et les contours.
Voilà qui justifie le choix porté sur le sujet sous
examen.
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