EPIGRAPHE
« Ce travail libère mon peuple de la
servitude de l'ignorance. »
Arsène MONGA KASONGO
DEDICACE
A ma famille qui m'a toujours soutenu et qui fait de moi ce que
je suis ;
A mon très cher père qui est mon maître
à penser Pierre Damas KASONGO MADINDA ;
A ma très chère et tendre mère qui
représente pour moi plus que je ne saurai l'exprimer par des mots
Cresentia MANDE NGOY ;
A mes frères aînés que j'aime bien et qui
m'adorent Trésor MADINDA KASONGO et Patrick KASONGO MADINDA ;
Ainsi qu'à tous ceux qui m'aiment et m'aident ;
A vous tous je dédie ce travail.
Arsène MONGA KASONGO
AVANT
PROPOS
Ce travail est le fruit non seulement des recherches
menées au cours de cette année académique, mais aussi de
cinq années de dure labeur passées à l'Université
de LUBUMBASHI, entendez par là la formation scientifique reçue
depuis le début de nos études universitaires. Laquelle formation
n'aurait pu porter ce fruit sans le concours et la collaboration de tous ceux
qui de loin ou de près se sont dépensés pour nous y
aider.
Comme à tout seigneur tout honneur, nous remercions
l'Eternel Père tendre de gloire qui nous a donné et ne cesse
à nous donner force, intelligence et sagesse utiles, tout au long de nos
études et durant l'élaboration de ce travail.
Nos remerciements vont tout particulièrement à
celui qui a dirigé de main de maître ce mémoire
malgré ses multiples occupations, nous avons cité le Professeur
Ordinaire Florent KABONGO MAKANDA, qu'il trouve ici l'expression de notre
gratitude.
Nos remerciements s'adressent également à celui
qui par ses encadrements et ses conseils salutaires, nous a permis d'enrichir
ce travail, nous avons cité l'assistant Jean NGUZ A KARL I BOND, qu'il
trouve également l'expression de notre gratitude.
Une pensée particulière à toutes les
autorités académiques de notre alma mater en
général, ainsi qu'au corps académique et scientifique de
la faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives en
particulier , qui par les savoirs pratiques qu'il nous a transmis, nous a
beaucoup élaboré et aménagé dans le cadre de notre
formation.
Nous ne saurons clore notre propos sans pour autant
témoigner notre reconnaissance à celles et ceux qui nous ont
toujours été d'un énorme secours à travers leur
soutien matériel, moral et spirituel ; nous pensons là
à nos tantes Auxiliatrice MWEMA NGOY et Wivine SENGELWA NGOY, à
nos oncles Aubin Vital MALOBA et Augustin Sabin MONGA, à notre
très chère grand-mère Chérie mère, à
notre petite cousine GODE MERVELLOUS, au Professeur Docteur Liévin
KAPEND A KALAL , au Docteur Serge MATANDA KAPEND, à Monsieur
Elisée KABWITA, à nos cousins le Rév. Père Marcel
NDALA, Benjamin MBUY A KAPEND, Caresse SONG A KAPEND, ainsi qu'à ceux
qui en plus d'être des amis sont devenus des frères Noël
FATAKI et Landry KAHYA.
Enfin, nous pensons à tous ceux avec qui nous avons
fait ce chemin de combattant sur le campus, Hussein SESELE LUEMBA, Gaylord
ZUNGA DI ZUNGA, Guelord MPONGO NGAMAKE, Pierrot KAYOKO MBERE, Christian FALA
KIDIAMPONGO, Yannick TSHIMBOMBO KANYINDA, Fabrice TENDAY MALU et les
autres.
A tous donc un grand merci et puisse l'Eternel Dieu vous
être propice.
SIGLES
ET ABREVIATIONS
· BM : Banque Mondiale
· CCT : Congo Chine Télécom
· CDB : China Development Bank
· CREC : China Railway Engineering Corporation
· CS : Conseil de Sécurité
· Exim Bank of China : Export-import Bank of China
· FCSA : Forum sur la Coopération
Sino-africaine
· FMI : Fonds Monétaire International
· FRPC : Facilité pour la réduction de la
pauvreté et la croissance
· GECAMINES : Générale des
Carrières des Mines
· IDE : Investissement Direct Etranger
· ONU : Organisation des Nations Unies
· OUA : Organisation de l'Unité Africaine
· PPTE : Pays Pauvre Très Endetté
(initiative)
· PVD : Pays en Voie de Développement
· RDC : République Démocratique du
Congo
· RPC : République POPULAIRE DE Chine
· SINOHYDRO
· SJV : Société de Joint-venture
· SNEL : Société Nationale
d'Electricité
· UA : Union Africaine
· UE : Union Européenne
INTRODUCTION
Selon le sens commun de l'après-guerre froide et de
l'ère libérale, le continent africain était destiné
à une marginalisation croissante. Or, on constate que depuis quelques
années, l'Afrique redevient un enjeu international de première
importance pour des raisons essentiellement sécuritaires,
énergétiques, migratoires ou sanitaires.
Elle est aussi redevenue un espace de compétition
économique entre les grandes puissances (notamment les Etats-Unis et la
Chine), dans une version globalisée du « scramble for
Africa » (ruée sur l'Afrique)... A côté de ces
raisons, il convient d'ajouter deux autres de taille, à savoir
l'approvisionnement en matières premières et la recherche des
débouchés pour les produits manufacturés.
« La Chine sera pour toujours un ami, un partenaire et
un frère de l'Afrique ». Ces propos du Président
Chinois HU JINTAO traduisent clairement le regain d'intérêt de la
Chine pour l'Afrique et l'importance que revêt le continent noir dans la
politique extérieure de l'Empire du milieu.
La Chine et l'Afrique inaugurent en effet une nouvelle ère
dans leurs relations et s'engagent dans un type nouveau de partenariat
stratégique. Sans passé colonial en Afrique et après
d'âpres luttes pour organiser son autodétermination,
s'étant engagée dans une expérience singulière et
réussie de développement, la Chine marque de plus en plus sur
tous les plans sa présence sur le continent africain.
Curieuse réalité pour les observateurs non avertis
habitués aux pré-carrés créés et entretenus
par les ex-puissances colonisatrices qui considèrent l'Afrique comme une
chasse gardée, le renouveau et le dynamisme de la coopération
sino-africaine provoquent enthousiasme, émerveillement et controverse de
la part des dirigeants africains et bien de spécialistes des relations
internationales.
Les domaines d'intervention de la Chine en Afrique sont aussi
multiples que variés et sa présence y est largement perceptible.
Que ce soit sur le plan diplomatique, commercial, économique, industriel
ou politique, la Chine noue et renforce ses liens de coopération avec
les pays africains qui voient en elle un modèle de
développement.
De fait, « la Chine est le plus grand pays en
développement du monde alors que l'Afrique est le continent qui regroupe
le plus grand nombre de pays en développement ». Il s'agit
donc là d'un prototype de coopération Sud-Sud. Bien que la Chine
s'appuie sur un discours tiers-mondiste fondé sur un passé
constamment rappelé de lutte commune contre l'impérialisme,
la réalité révèle qu'il existe de profondes
disparités entre elle et l'Afrique, disparités qui ne laissent
pas présager d'une coopération d'égal à égal
entre les deux parties.
De manière particulière, la Chine a
effectué un retour très remarqué sur le continent, 25% de
ses importations de pétrole proviennent déjà du golfe de
Guinée et du Sud-Soudan, où les firmes chinoises jouent un
rôle déterminant.
Les relations avec l'Angola et le Nigéria se sont
renforcées de manière spectaculaire. En 2005, l'Empire du Milieu
est devenu le troisième partenaire commercial du continent africain.
Pékin manifeste également une forte implication dans le
financement des actions de développement, notamment des infrastructures,
sans poser les mêmes conditionnalités que les bailleurs classiques
des pays du sud, c'est-à-dire les occidentaux.
S'il est vrai que la Chine entretient des relations
très remarquables avec les Etats susvisés pour des besoins
essentiellement énergétiques, il n'en demeure pas moins vrai que
sa présence, depuis un temps relativement récent en
République Démocratique du Congo est motivée par des
considérations plutôt d'approvisionnement en ressources
naturelles, notamment en ressources minérales.
Au regard de l'importance du montant débloqué
par la Chine et les entreprises chinoises dans leur coopération avec la
RDC (neuf milliards de dollars US), il est permis d'affirmer sans risque
d'être contredit, que celle-ci est devenue la cible numéro un de
la Chine en Afrique dans l'approvisionnement en matières
premières. C'est bien dans ce cadre que les accords portant sur le
financement, par la partie chinoise, d'infrastructures en RDC, en contrepartie
de l'exploitation des ressources naturelles congolaises, ont été
signés à Kinshasa, capitale de la RDC, en Août 2007 entre
celle-ci et un groupement composé de trois entreprises chinoises.
Ce protocole d'accord prend en ligne de compte les besoins en
infrastructures du Congo et la nécessité pour les entreprises
chinoises de garantir leur approvisionnement en métaux de base.
Depuis son accession à l'indépendance, la RDC
a conclu une multitude de contrats et/ou conventions, mais à travers
lesquels le peuple ne se retrouve pas du tout, mieux dont les traces positives
ne sont pas visibles, perceptibles dans la vie des congolais. Les ressources
naturelles ont toujours existé en RDC, mais son peuple n'en a jamais
bénéficié comme il se doit.
Les accords sino-congolais ont leurs faiblesses, il est vrai,
mais les congolais peuvent quand même s'en réjouir et se rassurer
que pour une fois l'exploitation de leurs ressources ne sera pas faite sans
contrepartie, minime soit-elle. On va certes exploiter le cuivre, le cobalt
etc., mais en retour on va leur laisser des routes, des hôpitaux, des
chemins de fer, des logements sociaux etc. Ils ne devront pas perdre de vue
que, depuis belle lurette, leurs ressources ont toujours été
exploitées et seuls les décideurs et les plus grands y trouvaient
leur part. Cette fois, avec les accords sino-congolais, même le plus
pauvre aura le loisir de se déplacer sur une bonne route, d'être
soigné dans un hôpital relativement bien équipé etc.
Mais ces belles phrases ne doivent pas faire illusion et laisser croire que
tout se passera comme nous l'écrivons ici. C'est ainsi que pour
matérialiser tout ce dont nous parlons plus haut, il faudra veiller
particulièrement à ce que la RDC assume sa part du fardeau,
plutôt que d'implorer la commisération de son partenaire
chinois.
Comme dit plus loin dans l'introduction, au-delà du cas
congolais, il est aujourd'hui de notoriété publique que les
« contrats modèles » Chinois, surtout le
« troc » contre les matières premières et
l'argent frais en milliards, essaiment vu peu partout en Afrique : dans
l'industrie pétrolière en Algérie, Angola, au Gabon, au
Nigeria, au soudan ; dans les mines au Niger, en Zambie, au Zimbabwe, au
Sénégal.
En réaction aux critiques des occidentaux, surtout celles
relatives à la transparence, à la concertation, aux règles
régissant les rapports économiques internationaux, à la
bonne gouvernance et au respect des droits de l'Homme ; les chinois disent
qu'en la matière les occidentaux n'ont pas de leçons à
donner pour les Congolais, parce que conscients du fait que la manifestation de
mauvaise humeur de leurs partenaires traditionnels est due au fait qu'on les
oblige aujourd'hui à partager le gâteau » il y a au
Congo de la place pour tout le monde. Les occidentaux n'ont donc pas à
s'inquiéter. Ils démontrent qu'aux termes de ces contrats,
l'argent frais des chinois ne circulera pas et donc ne pourra pas aggraver la
corruption, comme le prétendent les occidentaux.
Au delà de l'euphorie que suscite le renforcement des
relations entre la Chine et la RDC, il est tout à fait légitime
de se demander ce que les deux acteurs et beaucoup plus spécifiquement
la RDC, peuvent en tirer et les bouleversements qu'il provoque dans
configuration de la géopolitique mondiale. C'est là toute la
question des enjeux de la coopération sino-congolaise qui est le
thème de notre réflexion.
I. Choix et intérêt du
sujet
A. Choix du sujet
D'entrée de jeu, il sied de faire remarquer que la
problématique de reconstruction de la RDC devient de plus en plus une
réalité et, aujourd'hui plus qu'hier sur toute l'étendue
de ce pays, il n'y a plus qu'un seul leitmotiv : « les cinq
chantiers de la République. »
Il s'agit, en effet, d'un seul programme du gouvernement
fondé principalement sur les infrastructures de base et des voies de
communications (routes, voies ferrées, aéroports et ports, voies
fluviales, eau et électricité, santé et éducation,
habitat et emploi). C'est dans ce contexte bien précis que des besoins
prioritaires sont dégagés par rapport à la reconstruction
de ce pays ravagé par les années de guerre.
Actuellement, s'il est vrai que la dynamique des «
cinq chantiers » que la RDC entend matérialiser avec le
concours et la collaboration de la Chine est une question d'actualité et
tient toujours le haut du pavé dans l'arène aussi bien nationale
qu'internationale, il est d'autant plus vrai que ce thème
intéresse tout particulièrement le scientifique que nous sommes
au point d'y consacrer tout un mémoire de fin d'études, afin d'en
analyser les dimensions et les contours.
Voilà qui justifie le choix porté sur le sujet sous
examen.
B. Intérêt du sujet
Il ressort à nos yeux que, vu l'importance que revêt
la question relative à la reconstruction de la RDC à l'heure
actuelle, le présent travail est enclin de présenter un double
intérêt.
Un intérêt scientifique qui se fonde sur
l'idée qu'en élaborant ce travail, nous espérons poser les
jalons nécessaires à l'élaboration d'autres travaux et
faire ainsi avancer d'autres recherches quant à l'implication de la
Chine dans le processus de reconstruction en RDC.
Un intérêt pratique et social lié avant tout
à la maxime selon laquelle « il n'ya point d'effort sans
intérêt ». De ce point de vue cet intérêt
réside dans la capacité de ce travail, de proposer à
l'élite congolaise quelques savoirs pratiques relatifs à la
problématique de reconstruction de son pays.
II. Problématique du travail
Nous admettons avec le professeur WENU BECKER que la
problématique d'un travail s'entend de l'expression majeure qui
circonscrit de façon précise et détermine avec l'absolue
clarté les dimensions essentielles de l'objet d'étude que le
chercheur se propose de mener. 1(*)
En considérant les accords sur le financement du
développement des infrastructures de la RDC par l'exploitation des
ressources minières que le gouvernement de la RDC a signé
respectivement le à 09 Août 2007 avec la SINOHYDRO, le 16
Août 2007 avec l'EXIM BANK et le 17 Août 2007 avec la CREC, ainsi
que les accords conclus par elles sur la reconstruction de la RDC ; notre
problématique consiste à étudier, analyser la contribution
du consortium de sociétés chinoises à la reconstruction
des infrastructures de base de la RDC.
Il s'agit en fait d'en examiner le contexte, la philosophie et
les moyens, afin d'en déceler les avantages réciproques de
chacune des parties et les incidences sur l'appareil économique de la
RDC.
III. Méthodologie du travail
Tout travail qui se veut scientifique doit obéir à
une certaine méthodologie dans la présentation des jugements et
préciser les méthodes et techniques auxquelles on fait recours.
2(*)
A.
Méthode
Pour Roger PINTO et Madeleine GRAWITZ, la méthode est
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
scientifique cherche à atteindre des vérités qu'elle
poursuit, les démontre et les vérifie.3(*) Aussi, étant entendu que
la dynamique des relations entre Etats se fonde essentiellement sur la
dialectique des volontés contradictoires, il nous a semblé
plausible de recourir à la méthode dialectique, compte tenu du
fait qu'elle table sur : l'interdépendance des faits sociaux et le
caractère dialectique des liens qui unissent les faits sociaux les uns
aux autres.4(*)
B. Techniques de recherche
Les techniques sont les outils mis à la disposition de la
recherche et organisés par la méthode dans ce but.5(*) Elles impliquent l'utilisation
des outils, des machines, des gestes et des étapes comportant des
procédés opératoires rigoureux, définis,
transmissibles et susceptibles d'être appliqués à nouveau
dans les mêmes conditions, adaptées au genre de problème et
de phénomène en cause. 6(*)
Ceci dit, la technique documentaire nous permettra de collecter
les données afin d'étudier les faits en rapport avec le sujet
sous examen, et ce en analysant : les documents écrits (documents
officiels, documents rendus publics, documents privés etc.) et les
documents non écrits (récits, discours, radio,
télévision etc.) ; à la quelle sera jointe la
technique d'interview instituant une communication verbale entre interviewer et
interviewé.
IV. Délimitation du sujet
Tout travail scientifique porte des limites
spatio-temporelles. Ainsi, la délimitation du présent travail
circonscrit son champ d'étude dans la sphère d'interactions
sino-congolaise, et, place comme borne inférieure l'année 2006
ayant marqué le début du processus de reconstruction en RDC, et
comme borne supérieure l'année 2009 étant entendu que
ledit processus est encore en cours.
V. Subdivision du travail
En effet, le présent travail s'article autour de quatre
chapitres, précédés d'une introduction et suivis d'une
conclusion.
Ainsi, le premier chapitre porte sur les fondements de la
coopération sino-congolaise. Il aborde successivement le contexte
historique et les principes sur lesquels se fonde ladite coopération.
Le deuxième chapitre se penche sur les motivations et les
moyens des acteurs de la coopération sino-congolaise. Il étudie
les motivations de la chine en RDC, d'un coté, et les moyens de
l'implication chinoise en RDC, de l'autre.
Le troisième chapitre se consacre au bilan de la
coopération sino-congolaise. Il tâche d'analyser les atouts et les
faiblesses de ladite coopération.
Enfin le quatrième et dernier chapitre examine les
perspectives de la coopération sino-congolaise, en explorant les
possibilités de la relance économique de la RDC et les
défis à relever par elle.
CHAPITRE Ier LES FONDEMENTS DE
LA COOPERATION SINO-
CONGOLAISE
En effet, les origines de la coopération sino-congolaise
peuvent être contextualisées dans le cadre de l'amitié
sino-africaine qui plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne
cesse de s'approfondir au fil des ans.7(*) Dans ce même ordre d'idées, devoir
s'impose à nous d'en déceler le contexte historique (section I)
et la dynamique, laquelle repose sur des principes directeurs pour les deux
parties (section II).
Section I. Le contexte
historique de la coopération sino-congolaise
L'histoire nous renseigne que la Chine et RDC partagent un
passé commun : celui d'avoir subi à une période de
leurs histoires respectives, une influence exogène (Paragraphe I), ce
qui naturellement nous fonde d'évoquer ici leur éveil en tant que
tels (Paragraphe II).
Paragraphe I. De leur
appartenance au Tiers-Monde
Faisons remarquer que la Chine a été sous
l'occupation occidentale et celle du Japon (I), et la RDC a été
sous le joug de la colonisation belge(II).
I. L'occupation de la Chine par le Japon
L'histoire nous renseigne que la chine et la RDC ont eu en commun
d'avoir été, à un moment de l'histoire, dominées
et/ou colonisées.
La Chine attirait pendant le premier tiers du vingtième
siècle, les convoitises financières des puissances, de même
qu'elle avait éveillé déjà au dix-neuvième
siècle, leurs ambitions commerciales si bien que l'accroissement massif
et soudain des investissements occidentaux en Chine impliquait essentiellement
un contrôle financier et politique plus poussé de l'Etat
Chinois.8(*) La Chine a
surtout été convoitée par le Japon.
En effet, à la fin du dix-neuvième siècle,
l'empire du milieu était entre les mains de six puissances de
l'époque : l'Angleterre, la France, l'Allemagne, la Russie, les
Etats-Unis et le Japon, qui le contrôlaient et y imposaient leurs
traités.
Cependant, parmi toutes les puissances qui dominaient la Chine,
c'est le Japon qui avait une plus grande ambition d'invasion et
d'inféodation de celle-ci, si bien que le 18 Septembre 1931 il avait
attaqué la Mandchourie. Notons que sa puissance économique et
militaire lui assurait les moyens de cette conquête.
II. La colonisation de la RDC par la
Belgique
D'entrée de jeu, faisons remarquer que l'histoire de la
colonisation de la RDC par la Belgique fut émaillée par trois
grandes périodes.
La période de l'Etat Indépendant du Congo, allant
de 1885 à 1908 a marqué l'entrée officielle en
colonisation, et s'est réalisée par l'affirmation d'un Etat
indépendant. C'est seulement vingt-trois ans plus tard qu'il a acquis le
statut officiel de colonie.9(*) Cette formule a été le génie du
Roi des belges LEOPOLD II, et fut consacrée en marge de la
conférence de Berlin, par la déclaration de neutralité du
1er Août 1885, qui a fixé l'appellation
d' « Etat Indépendant du Congo » (EIC). Il
s'est agi d'une colonie sans métropole.
La période du Congo belge, de 1908 à 1960. En
effet, au début du vingtième siècle, il s'est
avéré que le Congo ne pouvait plus longtemps demeurer une colonie
sans métropole. Il fallait envisager autrement la suite de
l'évolution de l'Etat, réformer le système d'exploitation.
La conclusion qui s'imposait était de transférer la gestion du
Congo à la Belgique. L'acte juridique de ce transfert est intervenu en
1908, et le nouvel Etat avait désormais une personnalité
distincte de celle de la Belgique.10(*)
La période de la République du Congo, née le
Jeudi 30 juin 1960, à la suite de la déclaration officielle de
l'indépendance du Congo belge. Cependant, le Congo a commencé sa
marche vers la décolonisation au milieu des années 50.
Paragraphe II. L'éveil
des pays du Tiers- Monde
Ayant donc eu une histoire semblable la Chine et l'Afrique se
sont témoignées une sorte de solidarité dans le malheur et
ont eu la commune volonté de rompre avec l'impérialisme et
travailler ensemble en vue de promouvoir leur développement. Cette
solidarité s'est exprimée pour la première fois à
la conférence de Bandung(I) et s'est réaffirmée à
travers les trois sommets Chine-Afrique (II)
I. La conférence de Bandung
La conférence de Bandung tenue du 18 au 24 Avril 1955
à Bandung, en Indonésie, réunissant pour la
première fois les représentants de 29 pays africains et
asiatiques, a marqué l'entrée sur la scène internationale
des pays du Tiers-Monde.11(*) Elle a tout de même offert un cadre
d'établissement des relations entre la Chine et l'Afrique, quand bien
même elle n'a accueilli que six pays africains : l'Egypte, le Ghana,
l'Ethiopie, le Libéria, le Soudan et la Libye ; ce qui
reflète le fait que la plus grande partie de ce continent était
encore sous le joug de la colonisation, y compris la
« RDC ». Elle a néanmoins rapproché de la
Chine des pays africains dont certains venaient de se libérer, comme
elle, de longues années de domination extérieure.
Cette conférence peut être placée dans le
contexte d'une rencontre déterminante dans les relations sino-africaines
étant entendu qu'elle s'est refermée par un appel des pays d'Asie
à aider l'Afrique. C'est dans cette perspective que nous inscrivons la
coopération sino-congolaise.
II. Les trois sommets Chine
Afrique
En effet, trois sommets ont marqué le raffermissement des
relations entre la Chine et l'Afrique.
Le premier sommet s'est tenu du 10 au 12 Octobre 2000 à
Pékin, il rassembla 45 pays africains. La Chine y a exposé son
principe « gagnant-gagnant », autrement dit, les deux
parties y trouvent leurs intérêts. Au cours de ce sommet, la Chine
s'est engagée à annuler ou réduire la dette de 32 Etats
africains pour un montant global de 10 milliards de dollars. L'Afrique en
contrepartie a permis à 600 sociétés asiatiques de
s'installer sur son territoire. Notons que ce sommet n'a reçu que 4
chefs d'Etat africains : GNASSIMGBE EYADEMA, ABDELAZIZ BOUTEFLIKA,
Frederick CILUBA et Benjamin MKAPA. Le secrétaire général
de l'OUA, SALIM AHMED SALIM aussi était présent.12(*)
Le second sommet s'est déroulé à ADDIS ABEBA
du 15 au 16 Décembre 2003. Cinq présidents, trois
vice-présidents, deux premiers ministres ainsi que le président
de la commission de l'U.A. Alpha OUMAR KONARE y avaient pris part. Là
encore l'économie était omniprésente avec la ratification
du plan d'action 2004-2006. La coopération était au centre des
négociations, dans les domaines de : l'exploitation des ressources
naturelles, l'agriculture, le transport, le tourisme, la formation etc., avec
les investissements bilatéraux. Mais, la politique était cette
fois là abordée avec la signature par la Chine d'un engagement
pour la paix régionale tout en réaffirmant sa volonté de
ne pas pratiquer l'ingérence dans les affaires intérieures des
Etats.13(*)
Le troisième forum sino-africain tenu du 3 au 5 Novembre
2006 à Beijing, accueillît 48 chefs d'Etat et
délégations. Celui-ci pourtant similaire aux
précédents fut très médiatisé. La banderole
de 18Km, de l'aéroport au Palais du peuple, où l'on pouvait
admirer les quarante années de relations sino-africaines ne fut pas
étrangère à cet engouement médiatique. C'est tout
de même le plus important évènement diplomatique depuis la
révolution de 1949.14(*)
Ce forum a adopté le « plan d'action
2007-2009 ». Globalement, deux milliards de dollars furent
attribués pour mener à bien les accords de financement,
signés entre la Chine et les pays africains.
Ce sommet placé sous le
thème « amitié, paix, coopération et
développement » présage donc une nouvelle organisation
des relations sino- africaines, basées essentiellement sur la
coopération.
Section II. Une
coopération bilatérale fondée sur des principes
Il est reporté que la Chine se trouve être à
l'heure actuelle au coeur des enjeux à l'échelle mondiale. Et le
réchauffement des relations entre l'empire du milieu et la RDC fait
actuellement couler beaucoup d'encres. Si la coopération sino-congolaise
préoccupe tant les grandes puissances, c'est qu'elle bouleverse les
relations internationales. Il reste également évident que les
pays d'Europe, les Etats-Unis d'Amérique et les institutions de BRETTON
WOOD, regardent avec méfiance, crainte et beaucoup de critiques
l'intérêt que porte la Chine à la RDC.
Cependant, on ne devrait pas être surpris outre mesure par
la redynamisation de la coopération sino-congolaise compte tenu du fait
qu'elle repose sur des fondements historiques et aussi, sur des
intérêts et des motivations que poursuit chacune des parties.
Depuis la signature des accords sur le financement du
développement des infrastructures de la RDC par l'exploitation des
ressources minières, que le gouvernement de la RDC a signé
respectivement le 09 Août 2007 avec la SINOHYDRO, le 16 Août 2007
avec l'EXIM BANK et le 17 Août 2007 avec la CREC ; la Chine n'a
cessé d'affirmer son souci d'entretenir une relation de
coopération fondée essentiellement sur des principes (paragraphe
I), en vue d'en assurer la pleine évolution(paragraphe II).
Paragraphe I. Les principes fondamentaux de la
coopération Sud-Sud
En effet, toujours au regard des accords ci-haut cités, la
Chine a déclaré s'engager à veiller à
établir et à développer un nouveau type de partenariat
stratégique caractérisé par l'égalité et la
confiance réciproques sur le plan politique(I) et une coopération
conduite dans l'esprit gagnant-gagnant sur le plan économique et assurer
les avantages réciproques en vue d'un développement
partagé(II).
I. Les principes de non-ingérence dans les
affaires intérieures et du respect de la Souveraineté, et de
l'intégrité nationale (territoriale)
Ce qui caractérise la coopération sino-congolaise
et la distingue de la coopération entre la RDC et ses partenaires
traditionnels, c'est que la Chine se garde d'intervenir dans les affaires
intérieures de cette dernière. Depuis la signature des accords de
financement entre le gouvernement de la RDC et le consortium d'entreprises
chinoises, la Chine n'a pas tenté d'imposer à la RDC, une
quelconque voie à suivre. Elle a laissé à la RDC la
liberté de définir ses priorités en fonction de ses
besoins et ses réalités sociales. Notons aussi que la Chine s'est
toujours opposée à toute forme d'ingérence dans les
affaires intérieures des pays pauvres. Ceci s'est affirmé par les
propos de monsieur Jiang Zemin, ex-Président de la République
Populaire de Chine, qui déclarait ce qui
suit : « aucun pays n'a le droit d'imposer aux autres son
système social et son idéologie et encore moins, de les accuser
à tort et à travers pour ce qui est de leurs affaires
intérieures.15(*)
Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et elle
n'hésite pas à placer son respect comme un préalable dans
ses rapports avec l'étranger, notamment l'Afrique.
II. Le principe d'égalité et des
avantages réciproques (gagnant -gagnant)
Le principe d'égalité en droit de tous les Etats
est consacré par la Charte de l'Organisation des Nations Unies, au
deuxième paragraphe de son article premier. L'égalité en
droit de tous les Etats signifie que, tous les Etats, qu'ils soient grands ou
petits, riches ou pauvres, puissants ou faibles, ont tous le droit d'intervenir
librement sur des questions intéressant le système
interétatique et de pouvoir gérer leurs affaires
intérieures sans subir l'influence des autres. Cependant, si ce principe
est souvent évoqué à toutes les grandes symphonies
diplomatiques, la réalité est toute autre pour les pays pauvres
qui sont souvent victimes de la volonté impérialiste et
interventionniste des grandes puissances.
Nonobstant ce qui précède, le respect du principe
d'égalité par la Chine dans ses rapports avec l'Afrique veut
garantir aux divers pays de cette région le droit de participer, sur un
pied d'égalité, aux affaires internationales.
Les accords de financement entre la Chine et la RDC s'inscrivent,
ainsi dans une approche gagnant-gagnant, qui permet à chacun des
partenaires d'escompter des avantages mutuels et réciproques.
Notons que le livre blanc sur la politique africaine de la Chine,
publié au mois de Janvier 2006, précise que la Chine oeuvre
à établir et développer un nouveau type de partenariat
stratégique marqué par l'égalité et la confiance
mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit
gagnant-gagnant. Cette vision paraît propice au développement
rapide de la coopération sino- congolaise.16(*)
Paragraphe II. Une
coopération agissante, en pleine évolution
L'évolution de la coopération sino-congolaise se
manifeste principalement sur le plan politique et diplomatique (I) et sur le
plan économique et commercial (II).
I. Sur le plan politique et
diplomatique
La gestion de la dépendance de la Chine envers les
matières premières de la RDC pour soutenir sa forte croissance
constitue le défi majeur de son offensive politico-diplomatique. Pour ce
faire, elle met le paquet pour éviter l'asphyxie dans cette situation de
dépendance et de vulnérabilité. Comme la RDC est une terre
bien pourvue en matières premières, elle devient le terrain
prioritaire des initiatives politico-diplomatiques de la Chine.
Bien plus, en RDC où la « culture de
l'aumône » semble prédominante dans les politiques
officielles de développement, la Chine est le bon samaritain qui donne
sans compter. Elle pratique de ce fait une politique de
pénétration qui la conduit à être proche des routes
qui mènent aux réserves minières.
Un autre indice de la forte centralisation des décisions
concernant les efforts diplomatiques qui se déploient entre Pékin
et Kinshasa, est le ballet diplomatique des hauts dignitaires des deux pays. On
notera par exemple : la visite du Président Joseph Kabila à
la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Pékin en
Août 2008 ; la visite du ministre Chinois des affaires
étrangères, YANG JIECHI, à Kinshasa, en Janvier
2008 ; la visite du gouverneur de la China Development Bank (CDB), CHEN
YUAN, à Kinshasa en juillet 2008 ; La visite du ministre congolais
de la défense nationale MWANDO NSIMBA , à Pékin dans le
cadre de la coopération militaire, en Octobre 2009 ; la visite du
président de l'Assemblée Nationale de la RDC à
Pékin Evariste BOSHAB, dans le cadre de la diplomatie parlementaire, en
juillet 2009 etc.
II. Sur le plan économique et
commercial
La Chine est la centrale électrique de l'économie
du monde.17(*) Depuis
l'établissement des relations diplomatiques en 1992, la Chine et la RDC
ont approfondi leurs relations économico-commerciales. En 1992, le
volume commercial était inférieur à 5 milliards de
dollars, et ce chiffre atteignit 134,3 milliards de dollars en 2006.
Aujourd'hui la Chine est devenue le plus grand partenaire commercial
d'importation de la RDC. Si la tendance est maintenue, le volume commercial
atteindra 200 milliards de dollars en 2012, date du 20ème
anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les
deux pays. La RDC a investi un total de 34,9 milliards de dollars en Chine fin
2006, contre 0,2 milliard en 1992. La Chine se trouve être le premier
pays destinataire de l'investissement de la RDC.18(*)
Un autre lieu de visibilité de la coopération
sino-congolaise est le secteur de la téléphonie cellulaire
représenté par la compagnie Congo Chine Télécom,
CCT en sigle, qui est en passe de couvrir tout le pays. Aussi, le secteur
minier est celui dans lequel les chinois se pressent en investissant de gros
moyens pour se faire une place. Au Katanga par exemple, le secteur minier
connaît la participation remarquable des chinois avec une série de
sociétés chinoises, dont deux importantes entreprises publiques
et un nombre incontrôlable de compagnies et entrepreneurs
privés.19(*) Cette
présence chinoise dans le secteur a concouru à l'augmentation des
exportations de la RDC vers la Chine. Selon Global Witness, qui se fonde sur
les statistiques de pays importateurs de minerais congolais, la Chine est de
loin le plus grand importateur de cuivre et de cobalt katangais. La valeur des
importations chinoises de la RDC était estimée à plus de
160 millions de dollars en 2007.20(*)
CHAPITRE IIème LES
MOTIVATIONS ET LES MOYENS DES
ACTEURS DE LA COOPERATION SINO-
CONGOLAISE
La Chine est actuellement un pays qui monte comme une puissance
économique et la RDC n'a pas ignoré et/ou négligé
ce géant dont l'intérêt pour elle ne s'explique que par ses
motivations (section I), elle doit par conséquent user des moyens dont
elle dispose pour faire de cette coopération un levier pour sa
reconstruction ( section II).
Section I. Les motivations de
la Chine en RDC
En effet, pour soutenir sa croissance économique,
boulimique en matières premières, la Chine a
développé une offensive diplomatique vis-à-vis de la RDC
qui est une terre bien pourvue en matières premières. Par voie de
fait, la RDC est devenue un pays stratégique pour la Chine (paragraphe
I), elle nourrit en revanche de grandes attentes de cette coopération
(paragraphe II).
Paragraphe
I. La RDC, un scandale géologique, stratégique pour la Chine
L'offensive diplomatique de la Chine en RDC est essentiellement
axée sur deux objectifs : l'approvisionnement en matières
(I) et la recherche des débouchés pour les entreprises Chinoises
(II).
I. La RDC, un réservoir de matières
premières, utiles pour la Chine
La dépendance de la Chine envers les matières,
particulièrement de la RDC constitue le défi majeur de sa
diplomatie, et est l'une des raisons, si ce n'est la raison principale de sa
présence en RDC. Notons que la Chine est marquée par une relative
rareté des matières premières sur son sol et se place dans
une position de forte dépendance pour ses approvisionnements à
l'étranger. Cette situation la contraint à aller chercher
ailleurs pour éviter l'asphyxie de son appareil économique. C'est
ainsi que sa quête de matières premières l'a conduit en
RDC.
Comme nous l'avons indiqué dans le précédent
chapitre, la Chine est à l'heure actuelle de loin le plus grand
importateur du cuivre et du cobalt katangais. Cet appétit pour les
matières premières de la RDC se lit également dans les
accords de coopération signés entre le gouvernement de la RDC et
le consortium d'entreprises chinoises, à travers son protocole portant
sur la fixation des modalités de coopération de financement pour
le développement des infrastructures en contrepartie de «
l'exploitation des ressources naturelles de la RDC ».21(*)
Cependant, la RDC n'est pas qu'un réservoir de
matières premières, elle est aussi et surtout un
débouché pour les entreprises et les produits chinois.
II. La RDC, un débouché, propice
pour les entreprises chinoises
Au-delà de la sécurisation des sources
d'approvisionnement en matières premières, la RDC
intéresse la Chine sur un autre plan : son marché. En effet,
la RDC compte beaucoup dans la politique économico-commerciale de la
Chine. Des appareils électroménagers aux moyens de locomotion, en
passant par les produits vestimentaires et agricoles,
marqués « MADE IN CHINA » ; les produits
chinois foisonnent dans les établissements commerciaux de la RDC, au
grand bonheur des consommateurs locaux. De ce point de vue, il ressort à
nos yeux que les produits chinois de consommation simple et bon marché
excluent la concurrence occidentale.
Aujourd'hui la Chine est devenue le plus grand partenaire
commercial et d'investissement de la RDC, et la coopération entre les
deux pays s'élargit de l'industrie de fabrication à
l'énergie si bien que la Chine voit en la RDC un marché lui
permettant de tester ses produits industriels et de les présenter
à une clientèle moins exigeante. Bien plus, les entreprises
chinoises oeuvrant dans le domaine du bâtiment et des travaux publics
sont devenues les rivales des groupes d'entreprises occidentales au point de
leur rafler des marchés importants.
Toutefois, il serait erroné de penser que la RDC n'est que
perdante de cette coopération car elle y fonde de grandes attentes.
Paragraphe II. Les attentes de
la RDC
Dans le cadre de la coopération sino-congolaise, la chine
et la RDC ont des intérêts partagés. Si à
première vue la Chine semble gagner beaucoup de cette
coopération, la RDC n'en attend pas moins. Cette coopération a
pour socle la signature du contrat « Chine-RDC » (I), et vise la
matérialisation des « cinq chantiers de la
République »(II).
I. De la signature du contrat
Chine-RDC
D'entrée de jeu, il sied de faire remarquer que la
convention de collaboration entre la RDC et le Groupement d'Entreprises
chinoises : China Railway Engineering Corporation LTD (CREC) en sigle,
SINOHYDRO corporation et EXIM Bank of china relative au développement
d'un projet minier et d'un projet d'infrastructures en RDC, est un troc argent
contre minerais.
Cette convention de collaboration a été
signée entre le gouvernement de la RDC, représenté par son
Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction, Monsieur
Pierre LUMBI OKONGO et respectivement avec la SINOHYDRO, ayant son siège
social à n °1 ERTIAO, BAIGUANG Road, XUANWU District ;
Beijing, Chine, représentée par, Monsieur FAN JIXIANG son
représentant légal, le 09 Août 2007 ; l'EXIM Bank of
China, le 16 Août 2007 et la China Railway Engineering LTD (CREC), ayant
son siège social à n°1 Xinghuo Road, Fengtai District,
Beijung, Chine, représentée par son président du conseil
d'administration, Monsieur Shi Dahua, son représentant légal, le
17 Août 2007.
Conformément à la convention de collaboration
susmentionnée, il a été convenu et arrêté les
objectifs de trouver les ressources financières nécessaires
à la réalisation des projets d'infrastructures nationales
estimées importantes et urgentes, pour la RDC et d'investir dans le
domaine des métaux non-ferreux dans les territoires de la RDC, pour le
Groupement d'Entreprises chinoises.22(*) Les deux parties ont convenu de coopérer comme
suit pour réaliser, à la satisfaction de chacune d'elles, les
objectifs susmentionnés. Le groupement d'Entreprises chinoises s'engage
à mobiliser et mettre en place le financement pour la construction des
infrastructures en RDC. Ce financement sera remboursé par les revenus de
l'exploitation minière des gisements cupro- cobaltifères
situés dans la région de Kolwezi au Katanga (RDC), dont
l'entreprise publique la Générale des Carrières et des
Mines (GECAMINES) en sigle, est titulaire des droits et titres miniers qui s'y
rapportent. Les modalités concrètes de remboursement de ce
financement sont définies dans le titre IV de ladite convention de
collaboration.23(*)
En clair, le contrat Chine RDC est un accord de troc, diminuant
la circulation d'argent (enveloppe) : deux entreprises chinois China
Railway Engineering Corporation LTD(CREC) et SINOHYDRO se sont engagées
à construire, entre autre 3000 km de routes, autant de voies
ferrées, 31 hôpitaux de 150 lits, 145 centres de santé, 4
universités etc. La contrepartie congolaise s'élève
à 10 millions de tonnes de cuivre et de cobalt. Notons que le total des
prêts consentis par l'EXIM Bank of China s'élève à 9
milliards de dollars, mais ce montant pourrait encore augmenter.
Bien plus, ce contrat «
public-privé » est conclu sur une base commerciale, sur le
principe « gagnant-gagnant » ; il s'agit de
prêts et non de dons et les éventuels litiges seront
tranchés par la « Cour d'Arbitrage de Paris ». Et,
conformément au principe de non-ingérence chinois, ce contrat
n'est assorti d'aucune conditionnalité de gouvernance, de respect des
droits de l'homme et confirme le Congo dans sa vocation d'exportateur des
matières premières.
Par ailleurs, à première vue et à court
terme la RDC assure les moyens de son redressement rapide : les routes
permettront la circulation des personnes et des biens, le désenclavement
des provinces etc. Cependant, les entreprises chinoises exonérées
d'impôts, ne contribueront pas au budget de l'Etat congolais.
Les parties ont convenu de constituer dans le cadre de
l'exploitation minière, une société de joint-venture (SJV)
sous forme de société mixte de droit congolais regroupant d'une
part les entreprises chinoises du groupement et d'autre part les entreprises
congolaises désignées par le gouvernement. La participation des
parties au capital social de la société de joint-venture
s'établit comme suit : partie chinoise 68% et partie congolaise
32%.
La répartition du résultat d'exploitation se fera
en trois étapes : la première étape dite
d'amortissement d'investissement minier, durant laquelle la totalité du
résultat d'exploitation servira au remboursement et à
l'amortissement de l'investissement minier extractif et industriel y compris
les intérêts ; la seconde étape dite de remboursement
ou de paiement des travaux d'infrastructures, durant laquelle 66% du
bénéfice net du résultat d'exploitation de la
société de joint-venture seront utilisés pour le paiement
et le remboursement des travaux d'infrastructures réalisés,
tandis que 34% seront distribués proportionnellement entre parties, le
montant total du paiement des travaux est prévu à 3milliards de
dollars ; la troisième étape dite d'exploitation
commerciale, soit le remboursement et l'amortissement de la totalité des
investissements de l'exploitation minière au développement
d'infrastructures, pendant cette étape la société de
joint-venture se soumettra à la législation congolaise en vigueur
en matière fiscale et douanière, en l'occurrence le code des
investissements et le code minier.
Sur le long terme, la Chine jouira d'un accès
privilégié à toutes les ressources congolaises (y
compris le pétrole et l'agriculture) tandis que le principe de
« troc » rend difficile « toute évaluation
en termes monétaires ».
Il est néanmoins à noter que la reconstruction et
le développement économique de la RDC sont avant tout une affaire
nationale. Toutefois, pour que cette politique réussisse, il faut
qu'elle bénéficie de la coopération internationale et
d'une aide économique des pays industrialisés, surtout au cours
des premiers stades de sa reconstruction24(*), car pour son développement économique
la RDC comme nul autre Etat ne peut compter que sur son génie
intrinsèque, étant donné qu'il n'existe pas de nation
ayant bâti sa puissance sur ses seuls savoirs endogènes.
D'où la collaboration et le concours de la Chine.
Nonobstant cette aide économique, l'efficacité de cette
coopération dépendra, avant tout, des efforts
déployés par le pays bénéficiaire
c'est-à-dire la RDC. La coexistence de ces deux facteurs : efforts
nationaux et coopération internationale conduira progressivement
à la solution la plus satisfaisante de la reconstruction et du
développement économique.25(*)
La RDC entend faire de cette coopération un levier pour sa
reconstruction, notamment dans la matérialisation des « cinq
chantiers de la République ».
II. De la matérialisation des «
cinq chantiers de la République »
Au sortir des élections libres et démocratiques
tenues en 2006, le Président élu de la RDC a eu l'idée de
proposer au peuple congolais une vision dynamique pour le Congo :
« les cinq chantiers de la République ». Il s'agit
en fait d'un seul programme du gouvernement fondé principalement sur les
infrastructures de base et les voies de communication (routes, voies
ferrées, aéroports et ports, voies fluviales, eau et
électricité, santé et éducation, habitat et
emploi). C'est dans ce texte bien précis que les besoins prioritaires
sont dégagés par rapport à la reconstruction de ce pays
ravagé par les années de guerre.
Ce programme ambitieux nécessitait un nouvel apport
important de capitaux frais, de l'argent, que les partenaires traditionnels
déjà mobilisés dans les programmes des institutions de
BRETTON WOOD pour amener la RDC au point d'achèvement de l'initiative
« Pays Pauvres très Endettés » (PPTE) en
sigle, ne pouvaient malheureusement pas y injecter.
Pour le Président Joseph Kabila, le financement
additionnel à trouver afin de lancer les cinq chantiers pour changer et
moderniser la RDC devait être susceptible d'un décaissement rapide
et s'obtenir à des conditions qui n'accroissent pas l'endettement et
mettent en danger le point d'achèvement. D'où le recours aux
institutions financières chinoises disposant de liquidité et dont
le pays (Chine) a des besoins importants en ressources minières dont la
RDC est généreusement nantie.26(*)
Cependant, le financement chinois à la RDC a la
particularité suivante : les fonds ne sont pas directement
prêtés au gouvernement de la RDC, mais le gouvernement chinois a
mandaté des entreprises chinoises de construction, en l'occurrence China
Railway Engineering corporation (CREC) et SINOHYDRO, recevant le soutien de
l'EXIM Bank of China, la plus importante banque d'investissement de Chine, pour
réaliser des projets d'infrastructures avec l'accord du gouvernement de
la RDC. En contrepartie de la provision d'infrastructures la RDC accorde aux
entreprises chinoises d'extraire les ressources naturelles (minerais) à
travers l'acquisition des parts dans les entreprises nationales ou des
licences.
Ce programme de reconstruction concerne : les
infrastructures qui constituent un besoin fondamental de la vie tant sociale
qu'économique et qui affectent de ce fait l'environnement social et
économique d'une contrée humaine ; la santé et
éducation qui assurent une vie saine pour être socialement et
économiquement productif ; l'eau et l'électricité qui
constituent des nécessités aussi bien pour la vie humaine que
pour la vie économique ; le logement qui constitue un
élément de dignité humaine, et contribue de ce fait
à l'amélioration des conditions de vie de la population, une
personne sans logement est en proie à l'instabilité de tout
genre, disposer d'un logement propre est une assurance pour sa vie et pour sa
progéniture ; et la création des emplois étant
entendu que c'est le travail qui assure l'indépendance de la nation.
Faire de la RDC une terre d'investissement ou il fait beau vivre ne
relève nullement de l'utopie lorsqu'on considère les atouts dont
elle dispose. Toutefois, cela requiert de la part des dirigeants et des
dirigés une vision aussi ambitieuse que réaliste, soutenue par
une détermination irréversible et animée par l'amour de la
partie.
Cependant, que ceci soit d'ores et déjà bien
compris, les cinq chantiers ne vont pas se réaliser complètement
dans les cinq années ayant constitué la présente
mandature. Les jalons sont certes posés, et les actions sont
amorcées, mais comme il ne s'agit que d'un «
processus », celui ci se situera dans la durée.27(*)
Ainsi, au-delà d'un simple programme
gouvernemental, « les cinq chantiers » incarnent en effet,
le vécu quotidien, par le peuple et pour le peuple, des
générations en générations.
Section II Les moyens de
l'implication chinoise en RDC
Nous admettons avec Jean BARREA que la coopération ne
consiste pas à agir pour l'autre, mais bien avec lui, en vue de la
satisfaction d'intérêts communs ou
complémentaires.28(*)
Dans le cadre de la coopération sino-congolaise, la
Chine utilise d'importants moyens économiques et financiers d'une part
(paragraphe I) et politiques et diplomatiques d'autre part (paragraphe II) pour
matérialiser ses visées.
Paragraphe I. Les moyens
économiques et financiers
La Chine déploie une diplomatie d'aide financière
au développement (I) et de construction d'infrastructures de base (II),
pour gagner la confiance de la RDC.
I. La diplomatie d'aide financière au
développement
De toute évidence, une diplomatie qui se veut efficace
doit avoir les moyens de sa politique, et la Chine en a. Nantie de 1900
milliards de dollars de réserves de change à la fin 2008, la
Chine concurrence désormais le Fonds Monétaire International
(FMI) et la Banque Mondiale (BM).29(*)
Ainsi, la Chine s'est présentée en RDC brandissant
sa banque d'investissement l'EXIM Bank of china pour financer les
infrastructures. L'utilisation de la manne financière est devenue un
moyen capital dans la stratégie diplomatique de la Chine en RDC. A en
juger les actes, la diplomatie du « paquet ficelé ou package
deals » donne des résultats tangibles. Elle permet à la
Chine de remporter d'importants contrats commerciaux. Au-delà de l'aide
financière au développement qui permet à la Chine de
gagner la confiance des dirigeants congolais, la Chine accorde des bourses
d'études et de stage aux étudiants congolais, forme les
fonctionnaires congolais dans divers secteurs et envoie des experts en RDC.
Outre les prêts, dons et autres appuis financiers, la Chine s'affirmer
à travers la construction d'infrastructures.
II. La construction d'infrastructures de
base
La force de la Chine tient dans la mise en oeuvre et la
réalisation concrètes des projets selon une formule imbattable. A
ce jour, la Chine est le seul Etat capable de projeter en quelques semaines
plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'ouvriers en n'importe quel
point du continent, afin d'y achever un chantier géant en un temps et
à des prix records.30(*)
La construction d'infrastructures est l'un des moyens
utilisés par la Chine dans sa politique de rapprochement de la RDC. Par
le passé, la RDC a eu à bénéficier d'importants
édifices, tels que : le stade des martyrs et le palais du peuple
abritant le parlement, à Kinshasa ; lesquels édifices ont
symbolisé en leur temps l'amitié entre la Chine et la RDC, jadis
Zaïre. La particularité de ces réalisations de la Chine
réside dans leur durée de vie. Elles rappellent aux
générations futures l'amitié entre la Chine et la RDC. La
Chine continue à construire au profit de la RDC, l'hôpital de
l'amitié sino-congolaise à N'djili, à Kinshasa en est une
illustration.
L'expertise Chinoise en matière du bâtiment et des
travaux publics n'appelle pas débats, c'est en cela que la construction
d'infrastructures constitue un véritable moyen utilisé par la
Chine dans sa stratégie de pénétration en RDC. Elle use
également des moyens politiques et diplomatiques.
Paragraphe II. Les moyens
politiques et diplomatiques
De toute évidence, les occidentaux regardent avec
méfiance, crainte et critiques l'intérêt que porte la Chine
à la RDC (I). Nonobstant cela, le statut de membre permanent du conseil
de sécurité de l'ONU est sans doute une arme dont la Chine se
sert pour protéger ses relations avec la RDC (II).
I. Un soutien au régime
décrié par les puissances occidentales
Si la coopération sino-congolaise préoccupe tant
les puissances occidentales, c'est parce que du fait de son principe
sacro-saint de non-ingérence dans les affaires intérieures, la
Chine n'impose pas des exigences relatives à la démocratie
et /ou la bonne gouvernance. Partant, la RDC, pays décrié
par la communauté internationale, parce que na répondant pas aux
normes de la démocratie et/ou de la bonne gouvernance, se tourne vers la
Chine pour s'assurer le soutien et la protection d'un géant.
Enfin, si la Chine a réussi à résister aux
tentatives des puissances occidentales de lui imposer un système de
gouvernement, c'est surtout grâce à son statut de membre permanent
du conseil de sécurité de l'ONU, statut qui rassure son
partenaire, la RDC.
II. La disposition du droit de veto au Conseil de
Sécurité de l'ONU
Le principe de l'égalité de droit des Etats est
largement admis et proclamé en droit international public. Cependant, de
facto il est observé des disparités entre eux. C'est ainsi que
tous les Etats n'ont pas la même capacité d'influer dans les
enjeux internationaux. Même parmi les pays développés, ceux
qui sont membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU ont
plus d'influence.
La Chine fait partie des cinq Etats disposant du droit de veto,
ce statut de la Chine confère sans nul doute à la RDC une
certaine assurance quant aux sévices diplomatiques des puissances
occidentales, suite à certains de ses choix.
Les faits nous ont démontré que les prises de
positions des puissances occidentales ont plus pour but la protection de leurs
intérêts, plutôt que de répondre aux exigences d'une
morale internationale. La Chine par son statut de membre permanent du Conseil
de Sécurité serait à mesure d'assurer une protection
diplomatique à son partenaire, la RDC, ce qui ne fait que renforcer son
attrait vis-à-vis de cette dernière.
La coopération sino-congolaise est à l'heure
actuelle dans un processus évolutif. Ceci dit, il sied d'en faire un
bilan en vue de déceler ce qu'elle réserve à la RDC en
termes de développement.
CHAPITRE IIIème LE BILAN
COOPERATION SINO- CONGOLAISE
Le nouvelle dynamique de la coopération sino-congolaise
suscite, d'une part, de l'espoir qui se fonde sur les atouts qu'elle
présente (section I) et, d'autre part, des controverses
évoquées au regard des faiblesses qu'elle laisse
transparaître (section II).
Section I. Les atouts de la
coopération sino-congolaise
La coopération sino-congolaise offre des atouts qui
tiennent au fait qu'elle est plutôt bien appréciée en RDC
(paragraphe I) et qu'elle est pressentie comme stimulus à la croissance
économique de la RDC (paragraphe II).
Paragraphe I. Une
coopération bien appréciée en RDC
De toute évidence, si le gouvernement de la RDC
apprécie hautement son partenaire qu'est la Chine, c'est sans nul doute
d'abord parce qu'elle est un pays qui monte comme en puissance (I) ensuite,
parce que la coopération sino- congolaise est, dans une certaine mesure,
jugée sincère et équitable (II).
I. L'attrait de la montée en puissance de
la Chine
Aujourd'hui plus qu'hier, l'envolée spectaculaire
qu'à pris « l'Empire du milieu » suscite des
émois dans l'arène internationale. Le développement
industriel et la croissance économique ont permis à ce pays,
jadis « sous- développé » de rattraper son
retard économique, si bien qu'en 2007, la Chine a accédé
au rang de troisième puissance économique mondiale
derrière les Etats Unis et Japon.31(*) Le développement économique actuel de
la Chine est l'un des plus rapides au monde,32(*) puisque l'on y enregistre une croissance dont la
moyenne, depuis dix ans, se situe entre sept et huit pourcent par an,
frôlant parfois les dix pour cent. Ce développement
effréné des activités économiques est dû aux
investissements et aux exportations, mais un peu à la consommation
intérieure. Les points les plus forts des exportations chinoises
sont : les tracteurs, les montres et les jouets (85% du marché
mondial), les appareils photographiques et les ordinateurs portables (55% du
marché mondial) les téléviseurs et les machines à
laver (30% du marché mondial) et 15% pour l'acier.33(*) La présence des
entreprises étrangères sur le sol chinois est en grande partie
à l'origine de la forte accélération des exploitations.
De tous points de vue, l'émergence de la puissance
économique de la Chine est extraordinaire,34(*) si bien que même les
grandes puissances se montrent courtoises et attentionnées
vis-à-vis d'elle.
Il n'est donc pas surprenant que les dirigeants de la RDC, qui
cherchent les voies et moyens pour la reconstruction de leur pays, se tournent
vers ce géant, surtout que les fonds alloués jusque là par
les partenaires traditionnels, par le biais de leurs relais technocratiques que
sont les institutions de BRETTON WOOD, n'ont pas conduit au décollage du
pays.
A la lumière de ce qui précède, retenons que
l'attrait qu'exerce la Chine sur la RDC a des conséquences sur leurs
interactions. Il favorise la percée chinoise en RDC et influence les
négociations au point que la coopération sino- congolaise soit
jugée sincère et équitable.
II. Une coopération jugée
sincère et équitable
Comme nous l'avons évoqué dans les
précédentes lignes, la coopération sino-congolaise suscite
à la fois espoir et controverses. Mais, des deux appréciations,
les dirigeants de la RDC semblent s'être prononcés pour la
première, en avançant que la Chine, qui est très
attachée au principe de l'égalité en droit des Etats et au
respect de la souveraineté, ne passe pas par des moyens de nature
à fragiliser son partenaire (menace de suspension de financement, de
déstabilisation de régime, pressions diverses etc.) pour obtenir
des marchés. Elle discute cartes sur table avec son partenaire ;
elle ne cache pas ses ambitions à son partenaire et exprime clairement
son intérêt pour les matières premières de la RDC,
en prônant une coopération équitable qui procure à
chaque partenaire des avantages réciproques.35(*) C'est en cela que la
coopération sino-congolaise est pressentie comme propice à la
croissance économique de la RDC.
Paragraphe II. Une
coopération propice à la croissance économique de la RDC
Les investissements (I) et la construction d'infrastructures de
base (II) peuvent servir le levier à la croissance économique de
la RDC.
I. Le bénéfice basé sur les
investissements chinois
La RDC a besoin d'importants moyens financiers pour investir dans
son programme de reconstruction, en vue de relancer son appareil
économique que les programmes d'ajustement structurel imposés par
la Banque Mondiale et le Fonds monétaire International n'ont pas pu
redresser. Ce faisant, les investissements chinois en RDC ne peuvent
qu'être bien accueillis, d'autant plus qu'ils constituent une alternative
et/ou un complément de l'aide occidentale.
C'est ainsi qu'en 2007 l'EXIM BANK of China a consenti de
financer la réalisation d'une série de projets en RDC, à
exécuter par des entreprises chinoises, en partenariat avec des
sociétés congolaises, à hauteur de 9 milliards de dollars
pour la première tranche. Le crédit pourrait monter
jusqu'à 11 milliards de dollars dans la phase finale.
Au-delà de ce financement, la Chine qui s'est
imposée comme un grand partenaire apporte son assistance à la
RDC dans divers domaines : militaires, techniques, éducationnels,
sanitaires etc.
En somme, les investissements chinois en RDC, bien qu'ils ne
soient pas trop considérables, jouent un rôle non
négligeable. Et, la rénovation ou la construction
d'infrastructures est très importante en ce sens qu'une économie
sans infrastructures routières et ferroviaires ne peut pas bien
fonctionner.
II. Les retombées de la politique de
construction d'infrastructures de base
La politique de construction d'infrastructures de base de la
Chine en RDC aura une incidence positive et sera bénéfique pour
l'économie congolaise si et seulement si elle est bien mise en
oeuvre.
En effet, sur le plan social les infrastructures adéquates
améliorent les conditions de vie de la population, laquelle peut
aisément se mouvoir et faire circuler ses biens, vivre dans un
environnement assaini, s'informer et communiquer avec ses semblables. De fil en
aiguille, les infrastructures constituent des opportunités de
création d'emplois et représentent par conséquent une
stratégie efficace de lutte contre la pauvreté.
Economiquement, le rôle des infrastructures est fondamental
et évident. Elles affectent les circuits économiques, de la
production à la consommation des biens et services en favorisant
l'approvisionnement et la distribution aux consommateurs. Même
l'installation des investissements requiert l'existence des infrastructures
adéquates, qui constituent un facteur important du climat
d'investissement.
Fondé sur le principe
« gagnant-gagnant », l'accord de financement des
infrastructures conclu entre le gouvernement de la RDC et le Groupement de
Sociétés chinoises prévoit la rénovation et la
construction des routes, des hôpitaux, des chemins de fer, des
universités, des ports et aéroports, et l'aménagement
urbain. Toutes ces réalisations sont susceptibles d'améliorer le
niveau de vie de la population et constituent un élément
clé de la croissance économique régionale et nationale.
Toutefois, un Etat mieux géré demeure plutôt une
nécessité et une condition sine qua non pour faire un bon usage
de toutes les réalisations prévues.
Section II. Les faiblesses de la
coopération sino-congolaise
Les faiblesses de la coopération sino-congolaise se
remarquent aussi bien sur le plan économique et commercial (paragraphe
I) que sur le plan politique et diplomatique (paragraphe II).
Paragraphe I. Sur le plan
économique et commercial
Du point vue économique et commercial, les faiblesses de
la coopération sino-congolaise résident essentiellement sur la
faible compétitivité de l'économie congolaise (I) ;
à cela s'ajoute l'absence de transfert de technologie chinoise à
la RDC (II).
I. La faible compétitivité de
l'économie congolaise
L'insuffisance du revenu national est à la fois la cause
et la conséquence de la faible compétitivité de
l'économie congolaise, et ses caractéristiques sont : le
chômage et sous-emploi chroniques ; l'accroissement
démographique accéléré ; les
déficiences dans l'infrastructure et les insuffisances dans
l'industrialisation ; l'épargne et l'investissement limités
et la faible accumulation du capital ; les ressources naturelles
inexploitées, une forte dépendance de l'étranger, un
faible revenu et un très bas niveau de vie etc. ; cette faible
compétitivité de l'économie de la RDC a réduit
sensiblement sa capacité à peser sur les relations
internationales. Bien plus, les facteurs négatifs ci-haut
énumérés engendrent des distorsions et des
déséquilibres qui, aggravés par la dépendance
économique vis-à-vis de l'étranger, aboutissent au
« cercle vicieux de la pauvreté »,
caractéristique du sous-développement.36(*)
Que la RDC soit un pays économiquement faible n'est plus
à démontrer. Force est de constater qu'après un demi
siècle d'indépendance, la RDC se situe encore dans une
économie de rente exclusivement tournée vers l'exportation de ses
matières premières n'ayant subi aucune transformation, donc sans
réelle valeur ajoutée. La RDC ne semble pas vouloir s'engager sur
la voie du développement parce qu'elle ne produit pas assez.
De la coopération sino-congolaise naissent des
intérêts réciproques. Il serait donc illusoire de penser
que le principal objectif de la Chine est de reconstruire la RDC.
Pour que la coopération sino-congolaise soit profitable
à l'appareil économique de la RDC, elle doit
nécessairement s'accompagner d'un véritable transfert de
technologie. Ce qui n'est pas le cas, du moins pour le moment.
II. L'absence du transfert de
technologie
La technologie qui est l'application systématique de la
science et des connaissances concernant l'organisation et l'administration des
ressources nationales a toujours été pour l'homme un moyen
efficace d'accélérer le développement
économique.37(*) La
science apparaît aujourd'hui comme un instrument puissant pour la
réalisation du progrès. Les progrès technoscientifique
jouent un rôle extrêmement important dans la croissance
économique en ce sens qu'ils introduisent des innovations
technologiques dans l'équipement en vue d'accroitre la
productivité.38(*)
La coopération sino-congolaise n'induit pas un transfert
de technologie en faveur de la RDC, et ce pour deux raisons.
D'un coté, les disparités culturelles entre la
Chine et la RDC se caractérisant par la langue, rend difficile la
communication, canal par la quel se fait le transfert de technologie. Aussi, il
faut relever la difficulté d'assimiler la langue chinoise, n'utilisant
pas les mêmes caractères graphologiques que le français de
la RDC.
De l'autre côté, il est à noter le manque de
volonté de la part des chinois d'assurer un transfert de technologie en
faveur des congolais. Les chinois ont la manie de tenir en secret leur
savoir-faire. Ceci se justifie par le fait de la présence des
entreprises chinoises sur le sol congolais en vue de réaliser des
travaux de grandes envergures. Que ce soit dans les travaux de génie
civil, d'informatique ou d'électronique, les chinois font venir leurs
sociétés en vue de réaliser les travaux demandant une
grande technicité.
Cette manie chinoise de cacher son savoir-faire contredit les
discours des dirigeants chinois prônant un partenariat sincère,
aussi et surtout, nuit à la RDC qui en réalité ne profite
pas de la suprématie technologique de son partenaire. S'il est vrai que
la force des nations et des empires vient de la combinaison des
créations endogènes et exogènes39(*), il est d'autant plus vrai que
la RDC ne peut pas compter que sur les savoirs endogènes, étant
donné qu'il n'y a pas de pays ayant forgé sa puissance rien que
sur son génie intrinsèque.
Les faiblesses de la coopération sino-congolaise sont
à trouver aussi dans le volet politique et diplomatique.
Paragraphe II. Sur le plan
politique et diplomatique
D'un strict point de vue politique et diplomatique, la diplomatie
amorale de la part de la Chine (I) et le fait d'une
« coopération asymétrique » entre la Chine et
la RDC (II), fragilisent les relations sino-congolaises dans leur dynamique
actuelle.
I. Une diplomatie amorale de la part de la
Chine
Faisons remarquer que, la morale en relations internationales est
liée à la « théorie de la défaillance de
l'Etat ». En effet, cette théorie, miroir de
l'expression « défaillance du marché »
s'entend de l'échec dans l'allocation optimale des ressources
économiques, des biens et services, et repose sur deux types
d'arguments : les imperfections du marché d'un coté et
l'existence des externalités de l'autre côté.40(*)
Premièrement, les imperfections du marché
constituent tout simplement les imperfections de l'action humaine, étant
basée sur l'apprentissage et la découverte, elle est toujours
perfectible, ce qui résume l'adage populaire « l'erreur
est humaine ». Ainsi, les imperfections qui frappent les
décisions décentralisées des agents économiques
vont aussi caractériser les décisions
décentralisées des organisations planifiées comme l'Etat
et ses administrations.
Deuxièmement, l'invocation des «
externalités » frise l'escroquerie intellectuelle dans les
sociétés humaines, tout est pratiquement générateur
d'externalités, c'est-à-dire les résultats des actions
d'un agent ayant des répercussions positives ou négatives sur
autrui. Ce faisant, il faut être conscient que l'existence
d'externalités est liée à l'exploitation du
marché, la compétition étant par exemple une
externalité positive issue de la division du travail.
Partant de ce qui précède, il n'est donc pas
surprenant de remarquer qu'au-delà de cet apport macro-économique
de la Chine à la RDC, les investisseurs chinois font l'objet de
plusieurs critiques sur le terrain, au niveau local où l'on devrait
mieux évaluer l'apport réel des partenaires étrangers. Les
chinois sont reprochés du fait qu'ils semblent ne pas respecter les
règles de la législation du travail ; ils engagent des
mineurs pour des travaux inlassables.41(*) Bien plus, lorsqu'on fait la chasse aux
étrangers en situation irrégulière, on ramasse des
illégaux et des clandestins originaires de la Chine. Toujours dans la
chronique des entrées des clandestins en RDC, l'on se rappellera que les
premiers clandestins étrangers tombés dans les filets de la
Direction Générale des Migration (DGM) au Katanga sont des
chinois.
Par ailleurs, ils concourent non pas à l'assainissement du
secteur minier en général, mais au contraire, ils introduisent
des pratiques illicites comme l'utilisation des prête-noms, arrangement
qu'ils font avec des congolais, en travaillant comme des négociants de
manière à acheter des minerais bruts qu'ils s'arrangent pour
exporter vers leurs usines en Zambie. Ils contribuent, par leurs pratiques,
à faire disparaître les limites du formel et de
l'informel.42(*)
Si la Chine monte aujourd'hui en puissance, au point de faire
peur aux grands de ce monde, il est cependant illusoire de croire qu'elle ne
fasse que du bien, compte tenu du fait de l'existence des volontés
contradictoires en relations internationales. La coopération
sino-congolaise est encore fragilisée par le fait de
cette « coopération asymétrique ».
II. Une coopération asymétrique
entre la Chine et la RDC
Une coopération asymétrique est celle qui engage
deux ou plusieurs partenaires(Etats) ayant des niveaux de développement
différents, en vue de collaborer pour la réalisation des
objectifs d'intérêts communs.
Dans l'interface de la coopération sino-congolaise se
situent deux Etats théoriquement du « Sud ». D'un
coté, la Chine qui se trouve être un géant voulant donner
l'image d'une puissance pacifique et responsable, disposant d'une place de
membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU43(*). De l'autre côté,
la RDC présentant encore des faiblesses économiques, politiques
et culturelles intrinsèques qui écornent sa chance de relever le
défi de sa reconstruction.
Il ressort à nos yeux que la coopération
sino-congolaise est une forme de néo- colonialisme. A ce point de vue,
ce n'est pas la faute de la Chine, mais celle de la RDC qui ne doit pas placer
tout son espoir dans la coopération avec la Chine, car dans sa marche
vers la croissance économique, la Chine se comporte quelque peu comme
les puissances occidentales qui, dans la transition économique qu'elles
ont connu aux 19ème et 20ème siècles
se sont mises à coloniser certains territoires pour faire face aux
exigences économiques de la croissance. Cependant, si jadis pour
contrôler un Etat « faible », il fallait l'occuper
physiquement, actuellement la donne géopolitique et
géoéconomique a changé, il suffit d'injecter beaucoup de
capitaux dans un Etat faible pour le contrôler. Si la Chine ne colonise
pas la RDC, ce qu'elle fait n'en est pas loin. Comprenne qui pourra.
CHAPITRE IVème LES
PERSPECTIVES DE LA COOPERATION SINO-
CONGOLAISE
Aucune coopération n'est a priori avantageuse ou
désavantageuse. Tout dépendant des ambitions de chacun des
acteurs, des moyens qu'il met en oeuvre pour atteindre ses objectifs et surtout
de sa capacité à concevoir et à mener une politique
efficace dans les négociations.44(*)
La République Démocratique du Congo espère
de son partenariat avec la Chine, les possibilités d'une relance de son
économie (section I). Cependant, il lui faut également relever un
certain nombre de défis afin de ne pas retomber dans les erreurs du
passé (section II).
Section I. Les
possibilités d'une relance économique de la RDC
Il est possible que les années qui viennent voient une
promotion, sur l'étendue de la RDC, du modèle de
développement chinois (paragraphe I) et un renforcement de la Chine
à l'industrialisation de la RDC (paragraphe II).
Paragraphe I. La promotion en
RDC du modèle de développement chinois
Coopérer, c'est aussi copier les valeurs de son
partenaire, et ce qui caractérise le modèle de
développement chinois, c'est qu'il est d'abord authentique et
endogène (I) ; et il est ensuite basé sur le travail et la
discipline (II).
I. Un développement authentique et
endogène
Force est de constater que la Chine, qui était
jusqu'à la fin des années 1970 un pays
sous-développé, est devenue, aujourd'hui la centrale
électrique de l'économie du monde.45(*) Pendant ce temps, la RDC
semble faire du sur place, incapable de se mouvoir à la vitesse des
exigences de sa situation catastrophique.46(*)
Par ailleurs, l'envolée qu'a pris la Chine donne sans nul
doute l'espoir à la RDC et l'incite à croire à son propre
développement, au point de vouloir copier le modèle de
développement chinois.
Le caractère authentique du développement
chinois réside dans le fait qu'il se fonde sur des options purement
chinoises, quand bien même il est caractérisé par
l'ouverture et la modernisation.47(*) En effet, à partir de 1978, la Chine a rompu
avec le communisme classique pour pratiquer ce que l'on a appelé
« un Etat, deux systèmes » : l'Etat demeurait
fondamentalement communiste, tandis que l'économie devenait
essentiellement libérale. Ainsi, elle a pu bénéficier
massivement de l'apport des capitaux et des technologies étrangers mais
a su rester fidèle à ses propres orientations et à ses
valeurs. La Chine a réussi à être maîtresse de son
changement sans se laisser influencer, comme les pays d'Afrique en
général et la RDC en particulier, par des recettes de
développement pensées et élaborées
ailleurs.48(*) Son
expérience prouve à suffisance que le développement reste
un phénomène endogène.
L'autre caractéristique essentielle du modèle de
développement chinois est sa nature endogène. Durant la
période de leur transition économique, les chinois ont plus
compté sur eux-mêmes que sur les autres, à la
différence de la RDC qui, par exemple, a entamé en Avril 2002 un
programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et
la croissance (FRPC) avec le FMI ( 2002-2005), doté de six tranches de
prêts de 37 millions de dollars pour un montant total de 207 millions,
le versement de chaque tranche étant conditionné par le
« respect des critères de performance contrôlés
tous les six mois par le staff FMI.49(*) Le modèle de développement chinois est
également nourri par les valeurs de travail et de discipline.
II. Un développement basé sur le
travail et la discipline
Les faits ont démontré que la culture chinoise est
principalement caractérisée par les valeurs de travail et de
discipline. On peut se remémorer l'époque de la «
révolution culturelle » où, sous la houlette de son
leader MAO ZEDONG, le peuple chinois s'était mobilisé comme un
seul homme pour mettre en valeur les terres, construire les routes et les
ponts, parfois avec des outils rudimentaires.50(*)
Point n'est besoin de rappeler ici qu'aucun développement
ne peut se faire sans le travail et la discipline. Pourtant, ces deux valeurs
semblent faire cruellement et dangereusement défaut en RDC. La RDC
regorge des atouts inexploités, susceptibles de fournir des emplois aux
jeunes et de contribuer incidemment à la croissance économique.
Cependant, nombreux sont les jeunes désoeuvrés, oisifs, qui
flânent le long des rues prétextant le chômage. Comment
comprendre que l'on importe des produits alimentaires dans un pays où
90% des terres sont cultivables et où la population est composée
d'une très grande proportion de jeunes ? N'est-il pas temps pour la
RDC de rompre avec la « diplomatie de l'aumône »,
pour se mettre résolument au travail ?
Le travail sans discipline ne donne pas de résultats
satisfaisants et la discipline passe par le respect des principes et des normes
établies. Sur ce point, la RDC a encore du fil à retordre. Que ce
soit sur le plan économique, politique ou social, elle se distingue par
l'indiscipline : corruption, clientélisme, magouille, concussion
etc., qui dans une large mesure n'a pas été de nature à
stimuler sa croissance économique. La mauvaise gestion de la chose
publique et l'instabilité politique et sociale ne sont
généralement pas ce qu'il ya de propice au décollage
économique. Il va sans dire que, pour tirer profit de sa
coopération avec la Chine, la RDC devra s'inspirer des valeurs chinoises
et non pas les copier servilement, en vue de se frayer une voie de
développement authentique et autonome, avec le concours de la Chine,
disposée à l'accompagner dans son processus de reconstruction.
Paragraphe II. L'accompagnement
de la Chine au processus de reconstruction de la RDC
L'accompagnement de la Chine au processus de reconstruction de la
RDC passe par l'appui de la Chine à l'industrialisation de la RDC (I) et
le renforcement de la cooperation dans le domaine agricole (II).
I. L'appui de la Chine à
l'industrialisation de la RDC
L'observation statistique indique une corrélation entre
espace pauvre et espace non-industrialisé, entre espace riche et espace
industrialisé. Ceci dit, on peut déduire une relation de cause
à effet entre industrialisation et développement. Aussi,
l'industrialisation constitue un indice de développement en ce sens que
dans tous les pays où elle s'est réalisée, la
révolution industrielle a coïncidé avec une augmentation
rapide et forte du taux de croissance. Il y va sans dire que le pouvoir de
l'industrialisation d'assurer le développement
accéléré est évident.51(*)
L'industrialisation de la RDC doit être l'horizon de son
partenariat stratégique avec la Chine. L'intérêt
supérieur et les priorités de la reconstruction de la RDC
commandent que les investissements directs chinois soient orientés vers
l'industrie lourde (transformation des matières premières),
l'industrie d'équipement, l'industrie légère
(transformation des produits de l'industrie lourde en produits finis ou
semi-finis), l'industrie électrique et électrotechnique
etc. , d'autres secteurs prioritaires sont l'énergie ( barrage
d'Inga et les micros barrages sur les rivières, le pétrole de
Moanda et du lac Albert et le gaz du lac Kivu.
Par ailleurs, cette mobilisation des investissements chinois, ne
peut être couronnée de succès que si la RDC assume sa part
du fardeau. Au lieu de se présenter les mais vides et d'implorer la
commisération de son partenaire, les dossiers doivent être bien
préparés et bien ficelés, les petites et moyennes
entreprises congolaises mobilisées, les gouvernements des provinces et
la société civile associés.
Outre cet appui industriel, les deux partenaires renforceront
leur coopération dans le domaine agricole.
III. Le renforcement de la coopération
sino-congolaise dans le domaine agricole
Les agro-centristes affirment que l'agriculture est la condition
préalable de l'essor industriel et ce pour trois raisons : les
progrès de l'agriculture sont nécessaires pour dégager un
surplus alimentaire permettant de subvenir aux besoins de la population
industrielle ; le développement agricole, en augmentant le revenu
des paysans permet d'une part de dégager une épargne qui
contribue au financement des investissements industriels et, d'autre part,
d'entraîner une augmentation de la demande des produits industriels,
atténuants les inconvénients dus à l'étroitesse du
marché intérieur, et les exportations des produits agricoles
permettent de financer l'importation des biens d'équipement
nécessaires au développement industriel.52(*)
A l'issue de la huitième session de la commission mixte
RDC-Chine tenue à Kinshasa en Août 2009, la Chine a affirmé
par son vice-ministre du commerce, ZONG CHAN, vouloir intensifier son
assistance technique et investir davantage dans le domaine agricole en RDC.
Lequel domaine reste encore marqué par l'utilisation des outils
oratoires et rudimentaires, n'ayant connu aucune amélioration depuis des
siècles, où l'autosuffisance alimentaire ne relève que des
discours et la politique agricole nationale laisse à désirer.
Pour en effet aboutir à des résultats satisfaisants dans ce
domaine et rattraper ce retard accusé par la RDC, devoir s'impose aux
dirigeants de ce pays de faire de ce secteur un véritable levier de
développement en élaborant des politiques volontaristes y
relatives.
D'autres défis sont encore à relever par la RDC, en
vue de tirer profit de sa coopération avec la Chine.
Section II. Les défis
à relever par RDC
Les défis à relever par la RDC vont de la
nécessité d'opérer des mutations sur le plan interne
(Paragraphe I) à la nécessité de s'imposer dans un monde
multipolaire conflictuel (paragraphe II).
Paragraphe I. De la
nécessité d'opérer des mutations sur le plan interne
La RDC d'aujourd'hui doit être une société
en mutation, en grande mutation pour réussir cette envolée
transformationnelle, les priorités de nos jours alignent deux
préalables majeurs : la promotion de la bonne gouvernance (I) et la
promotion des droits de l'homme (II)
I. La promotion de la bonne
gouvernance
Le savant tchèque Josef KHOL a consacré plusieurs
de ses ouvrages à l'analyse du rôle décisif de l'homme dans
la gestion et a montré que l'efficacité de celle-ci
dépendait directement de la qualité du travail de gestion et des
actions du gestionnaire.53(*)
Le problème de la RDC est un problème d'hommes et
non de style d'organisation. Il faut d'urgence former les hommes aux techniques
d'organisation et de gestion des structures administratives de l'Etat, capables
de concevoir les plans d'actions de leurs services conformément aux
aspirations de la population et à la promotion de l'Etat de droit.
En effet, quelle que soit l'importance de l'aide chinoise, elle
ne pourra être utile que si elle est bien gérée, dans
l'intérêt de tous.
La RDC est souvent indexée par la communauté
internationale à cause de la mal gouvernance et l'absence de
transparence dans la gestion des affaires publiques. Ceci explique la
présence et les interventions fréquentes des pays occidentaux en
RDC, voire dans ses affaires intérieures.
Le Gouvernement, les partenaires en développement et
toutes les bonnes volontés préoccupées par la gestion
efficace et efficiente de l'Etat et du patrimoine national sont ici
priés à collaborer en vue d'instituer la culture de la bonne
gouvernance en RDC, culture sans laquelle l'avenir de son peuple et de sa
nation restera sombre sur tous les plans. Bien plus, il faut que la promotion
de la bonne gouvernance s'accompagne de celle des droits de l'homme.
II. La promotion des droits de
l'homme
S'il est vrai que tous les peuples aspirent à la
liberté et au respect de leurs droits, il est d'autant plus vrai que
l'objectif de tout gouvernement est de créer les conditions
nécessaires au plein épanouissement de la population. Par
conséquent, tout système de gouvernement qui se démarque
de cette vérité est inique et condamnable. « L'homme
est né libre ; et partout il est dans les fers. Tel se croit
maître des autres, qui ne laisse pas d'être plus esclave
qu'eux », disait Jean Jacques Rousseau dans son « Contrat
Social ». Des études sur les droits de l'homme en RDC, il se
dégage un constat : les droits de l'homme sont
systématiquement bafoués dans l'ensemble du territoire de ce
pays.
Depuis des années, la situation des droits de l'homme est
au plus bas, et suscite des inquiétudes, s'agissant des droits humains
fondamentaux, des droits reconnus à certains groupes sociaux (enfants,
femmes, refugiés...) etc.
A l'heure actuelle, le système de défense et de
promotion des droits de l'homme qui émerge en RDC se présente
dans toute son ambigüité. Alors qu'il se construit progressivement
en se dotant chaque jour qui passe de plus en plus d'acteurs (service publics,
associations) et de moyens d'actions, ce système formellement
défenseur et promoteur des droits de l'homme coexiste avec des
violations graves de ces droits. Lesquelles violations sont
considérables et peuvent être réparties de la
manière suivante : les violations politiques classiques
(arrestations arbitraires, détentions dans des conditions
inhumaines...) ; les violations dues aux conflits intergroupes (de type
ethnique, régional...) ; les violations dues à la justice
« inégalitaire », à la justice qui se laisse
corrompre et corrompt, à la justice liée, bref à la
justice détournée ; les atteintes aux aspirations
légitimes des masses laborieuses (en matière d'emploi, de
salaire, de syndicalisme...) et des masses populaires (en matière de
développement économique et social).
Cela dit, il faut dépasser l'hiatus actuel entre le
discours sur les droits de l'homme et le contexte social des ces droits, il est
nécessaire d'exercer une attitude critique poussée et une
vigilance épistémologique accrue sur les pratiques relatives
à la défense et à la promotion des droits de l'homme.
Ainsi, la RDC ne suscitera plus de critiques de la communauté
internationale qui, du coup, n'aura plus de motif pour intervenir dans ses
affaires.
Outre ces défis au plan interne, la RDC devra travailler
à la redynamisation de son statut international.
Paragraphe II. De la
nécessité pour la RDC de s'imposer dans un monde
multipolaire conflictuel
L'expression monde multipolaire fait référence aux
nombreuses puissances économiques, en opposition au monde bipolaire
définissant l'opposition entre les Etats Unis et L'URSS comme seules
puissances mondiales de la deuxième moitié du 2Oème
siècle. Au rang de ces puissances actuelles, on distingue les Etats
Unis, l'union Européenne, la Chine, le Japon, la Russie ainsi que des
puissances régionales comme l'Inde, le Brésil, l'Egypte,
l'Afrique du Sud et l'Argentine. Ainsi, l'émergence de nouveaux Etats
industrialisés et l'accroissement de leur influence sur la scène
internationale tendent de plus en plus à instaurer un monde multipolaire
où de nombreux acteurs essayent de s'imposer les uns dépens des
autres.54(*) La RDC, pour
faire face à cette nouvelle configuration du système
interétatique, doit renforcer, en dehors de sa coopération avec
la Chine, sa capacité de gérer les enjeux conflictuels entre, la
Chine, l'Union Européenne et les Etat Unis, dont elle est la plaque
tournante (I) et sa coopération avec les pays émergents (II).
I. La capacité de gérer la dialectique
des enjeux conflictuels entre la Chine, l'Union Européenne et les
Etats Unis
De toute évidence, la présence de la Chine en RDC
suscite des réactions controversées de la part des puissances
tutélaires de ce pays. Aujourd'hui plus qu'hier, la RDC est en train de
devenir le théâtre des enjeux conflictuels entre, d'un
coté, les pays développés, notamment l'Union
Européenne et les Etats Unis, qui se sentent menacés dans leur
hégémonie, et de l'autre, la nouvelle venue : la Chine. Au
coeur de ces enjeux se trouvent les ressources stratégiques comme le
pétrole et le gaz naturel, mais aussi les minéraux
stratégiques, dont chacune des puissances compte avoir si possible, le
monopole.
La critique qu'émettent les pays de l'Union
Européenne vis-à-vis de la politique congolaise de la Chine est
la question de l'aide liée. En fait, l'aide chinoise est doublement
liée, d'une part, les projets financés par la Chine font
essentiellement appel à des entreprises et à la main d'oeuvre
chinoises, au détriment de la main d'oeuvre locale, et d'autre part, les
financements de projets d'infrastructure sont systématiquement
liés à l'octroi de concessions minières. Cependant, l'aide
de l'Union Européenne est aussi liée à un ensemble de
conditionnalités visant à reformer l'économie congolaise
dans un sens libéral.
Par ailleurs, il sied de faire remarquer que la nouvelle
diplomatie congolaise de la Chine ne laisse pas indifférents les
Etats-Unis. La visite de la Secrétaire d'Etat américaine Hillary
Clinton en Août 2009, s'est sans nul doute inscrite dans cette logique.
Le principal but de la visite de la Secrétaire d'Etat américaine
en RDC est d'établir de nouveau l'hégémonie
américaine dans ce pays, hégémonie qui est de plus en plus
contestée par l'Union Européenne et la Chine. La place de la RDC
dans la stratégie des Etats-Unis reste en substance la même, avec
une Chine plus coriace, les Etats-Unis n'ont pas d'autre choix que de
reconsidérer cette approche selon laquelle « les Etats n'ont
pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ».
En somme, dans la configuration géopolitique actuelle, la
RDC semble subordonnée aux pays développes, d'où le besoin
pour elle de savoir se mouvoir dans un système où les plus forts
marchent sur les plus faibles. Aussi, elle doit resserrer la coopération
avec les pays émergents.
II. La nécessité pour la RDC de
resserrer la coopération avec les pays
émergents
L'acronyme « BRIC » a été
inventé pour désigner les quatre principaux pays émergents
(Brésil, Russie, Inde Chine) qui sont appelés à jouir un
rôle de premier plan dans l'économie mondiale.55(*) On ajoute parfois à ce
groupe le Mexique ou l'Afrique du Sud. Ces pays connaissent dans leur ensemble
un accroissement de leur revenu par habitant et donc l'augmentation de leur
part dans le revenu mondial. Ils se caractérisent par leur
intégration rapide à l'économie mondiale d'un point de vue
commercial (exportations) et financier (ouverture des marchés financiers
aux capitaux extérieurs). Ainsi ces pays investissement de plus en plus
à l'étranger.56(*)
La RDC se doit d'explorer toutes les pistes qui peuvent lui
apporter des capitaux, de la technologie et les nouveaux pays émergents
peuvent les lui assurer, à condition qu'elle définisse clairement
une stratégie à leur égard. Bien plus, le commerce avec
eux peut profiter à la RDC et contribuer ainsi à la
diversification de ses partenaires commerciaux.
A titre d'exemple, la RDC a obtenu une ligne de crédit
de 263 millions de dollars de la part de l'Inde, en date du 10 Novembre 2009,
pour financer la construction du Barrage de KATENDE, celui de KAKOBOLA et du
chemin de fer urbain de la capitale Kinshasa ; la firme sud-africaine
« CONNECT AFRICA TECHNOLOGIES » a remis à la
Société Nationale d'Electricité (SNEL) un lot de 2040
compteurs à prépaiement pour le projet pilote prévu dans
plusieurs quartiers de Kinshasa et de Lubumbashi, en date du 06 Novembre 2009
etc.
CONCLUSION
Somme toute, en considérant les accords sur le financement
du développement des infrastructures de la RDC par l'exploitation des
ressources minières que le gouvernement de la RDC a signé avec le
consortium d'entreprises chinoises, à savoir la SINOHYDRO, l'EXIM Bank
et la CREC, respectivement le 09 Août, le 16 Août et le 17
Août 2007 ; notre travail s'est consacré à
étudier ce partenariat entre la Chine et la RDC, en examinant son
contexte, sa philosophie et les moyens mis en oeuvre par chacune des parties
quant à ce, afin d'en déceler les avantages et/ou les dividendes
de chacune des parties, et les incidences qu'il pourrait avoir sur l'appareil
économique de la RDC en phase de reconstruction.
En vue d'atteindre les vérités poursuivies, et
étant entendu que la dynamique des relations internationales se fonde
essentiellement sur la dialectique des volontés contradictoires, nous
avons recouru à la méthode dialectique, compte tenu du fait
qu'elle table sur l'interdépendance des faits sociaux et le
caractère dialectique des liens qui les unissent les uns aux autres. A
cette méthode se sont jointes les techniques documentaires et
d'interview en vue de faciliter la collecte des données.
En effet, pour bien asseoir l'objet de notre étude, nous
avons estimé nécessaire de subdiviser notre travail en quatre
grands chapitres. Ainsi, le premier chapitre a porté sur les fondements
de la coopération sino-congolaise, nous y avons évoqué le
contexte historique de ladite coopération qui plonge ses racines dans
l'appartenance de la Chine et la RDC au Tiers Monde et justifie leur
éveil en tant que telles, et les principes sur lesquels elle est
fondée, lesquels principes sont susceptibles d'en assurer
l'évolution. Le second chapitre s'est penché sur les motivations
et les moyens des acteurs de ladite coopération, ici nous avons
porté un regard sur les motivations de la Chine en RDC, lesquelles
motivations sont essentiellement basées sur les dimensions
géoéconomiques de cette dernière qui en revanche y fonde
des attentes, dans ce même ordre d'idées, nous avons
esquissé les moyens économiques et financiers, et politiques et
diplomatiques de l'implication chinoise dans le processus de reconstruction en
RDC. Le troisième chapitre s'est consacré à faire le bilan
de ce partenariat sino-congolais, à ce niveau de notre travail, notre
préoccupation a été d'analyser les atouts et les
faiblesses dudit partenariat, ainsi que leurs incidences sur chacune des
parties. Le quatrième et dernier chapitre s'est préoccupé
de dégager les perspectives de cette collaboration, dans lequel nous
avons étudié les possibilités d'une relance
économique de la RDC par la promotion sur son territoire du
modèle de développement chinois et l'accompagnement de la Chine
à son processus de reconstruction, et la nécessité pour la
RDC de relever quelques défis tels qu'opérer des mutations sur le
plan interne et s'imposer dans un monde multipolaire conflictuel.
Aujourd'hui plus qu'hier, la Chine fait montre de sa
capacité d'assumer son rôle de puissance émergente. A
l'heure actuelle, l' « Empire du milieu » est un
acteur important de la mondialisation. Dans ses relations avec la RDC, la Chine
use d'une des armes les plus redoutables de l'après guerre-froide :
la puissance économique.57(*)
Par ailleurs, s'il est vrai que la RDC peut s'appuyer sur sa
coopération avec la Chine pour relancer son processus de reconstruction,
il est d'autant plus vrai qu'elle ne pourra toutefois y parvenir que si elle se
donne les moyens conceptuels et programmatiques pouvant lui permettre de
dégager une perspective concrète pour éviter que le
partenariat sino-congolais ne soit une relation fortement
déséquilibrée au profit de la Chine. A ce point de vue,
devoir s'impose aux gouvernants de la RDC de mettre en oeuvre une
stratégie efficace face au partenaire chinois afin que ce partenariat
qui se veut « gagnant-gagnant » ait de résultats
concluants.
Le partenariat sino-congolais peut être pour la RDC une
occasion historique d'évoluer et de décider de la nouvelle
orientation de ses relations avec les partenaires au développement.
Au-delà des émois qu'il suscite dans l'arène
internationale, le partenariat sino-congolais interpelle la RDC sur sa
capacité à prendre en charge son destin et à
considérer l'aide extérieure comme un appoint et non le principal
pivot de sa reconstruction, partant de son développement.
L'exemple chinois devrait rappeler aux congolais que le
développement est avant tout une affaire de volonté qui se fait
à domicile, autrement dit les ressorts du développement sont
internes.
Rappelons tout de même que dans les accords de financement
des infrastructures de la RDC par l'exploitation des ressources minières
d'Août 2007, les parties signataires sont, d'un côté, l'Etat
congolais et, de l'autre, le groupement d'entreprises chinoises. Cependant,
dans le Protocole d'accord lui-même et dans la Convention de
collaboration signée entre les entreprises Chinoises, il est fait large
référence aux Etats chinois et congolais.
Bien plus, lorsqu'un Etat conclut des contrats avec des personnes
privées, on est en présence de ce qu'on appelle
« contrat d'Etat ».58(*) En effet, la notion de contrat d'Etat a
été inventée par la doctrine pour rendre compte du
développement d'une pratique contractuelle venant régir les
rapports entre une partie étatique et une partie privée(en
l'occurrence une ou plusieurs entreprises).59(*) Plus précisément, la notion de contrat
d'Etat s'est développée à propos des contrats
d'investissement pétrolier entre Etats et concessionnaires
pétroliers dans les années 1950-1960. (60)
Nonobstant ce qui précède, il est à relever
que dans le contrat sino-congolais les parties ne sont pas clairement
déterminées. Il est dit à la page 4 de la Convention de
collaboration que celle-ci est conclue entre la RDC, représentée
par Monsieur Pierre LUMBI OKONGO, Ministre en charge des Infrastructures,
Travaux Publics et Reconstruction, d'une part, la China Railway Engineering
Corporation LTD, représentée par son Président du Conseil
d'Administration, Monsieur SHI DAHUA, son représentant légal et
la SINOHYDRO Corporation, représentée par Monsieur FAN JIXIANG,
son représentant légal, d'autre part. Mais plus loin, les
articles 5, 13 et 17 reviennent sur le rôle d'importance capitale qu'est
appelé à jouer le gouvernement chinois dans la réalisation
des projets convenus au terme de la Convention de collaboration. (59) Il
ressort de ce qui précède que ces accords concernent par ricochet
le gouvernement chinois car l'article 6.2 dit clairement que l'étude de
faisabilité devra être... « Avalisée par le
gouvernement chinois et la RDC ».60(*)
Aussi, il s'agirait d'un contrat
déséquilibré dans la mesure où il est prévu
la création d'une Société de Joint-venture dans le cadre
de l'exploitation minière, dans laquelle la RDC ne participera qu'en
raison de 32%, lorsque la part de la Chine sera de 68%. Cette disposition dans
les apports peut déjà présager la suite quant aux
décisions qui seront prises dans le cadre de cette
société.
En définitive, ne pouvant pas esquisser tous les aspects
de la problématique du « rôle de la Chine dans le
processus de reconstruction en RDC », nous pensons néanmoins
avoir posé un jalon nécessaire à l'élaboration
d'autres travaux touchant des questions telles que : la reconstruction de
la RDC par l'exploitation de ses ressources naturelles (pétrole, gaz,
biodiversité etc.),l'exploitation des ressources minières brutes
de la RDC, la diversification du partenariat du type
« Chine-RDC » avec d'autres partenaires etc.
Par où saurons- nous mieux finir ?
BIBLIOGRAPHIE
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1. GRAWITZ M., Lexique des sciences sociales, Paris,
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2. « Les cinq chantiers de la RDC » in
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3. NGOIE TSHIBAMBE, « Les relations
sino-africaines » in Congo-Afrique n°418, Octobre
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1. AMANI CIRIMWAMI, Analyse critique des accords
sino-congolais, mémoire de licence en droit, Université
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www.cinqchantiers-rdc.com
2. www.congoforum.be
3. www.ena.tg
4.
www.french.xinhuanet.com
5. www.vprbovis.com
6.
www.wikipedia.org/conférence de bandung
7. www.wikipedia.org/pays
émergents
8.
www.wikipedia.org/république populaire de chine.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
1
DEDICACE
3
AVANT PROPOS
4
SIGLES ET ABREVIATIONS
5
INTRODUCTION
7
I. CHOIX ET INTÉRÊT
DU SUJET 7
A. Choix du sujet
8
B. Intérêt du
sujet 8
II. PROBLÉMATIQUE DU
TRAVAIL 8
III. MÉTHODOLOGIE DU
TRAVAIL 8
A.Méthode
8
B. Techniques de recherche
9
IV. DÉLIMITATION DU SUJET
9
V. SUBDIVISION DU TRAVAIL
9
CHAPITRE IER LES
FONDEMENTS DE LA COOPERATION SINO- 10
CONGOLAISE
10
SECTION I. LE CONTEXTE
HISTORIQUE DE LA COOPÉRATION SINO-CONGOLAISE 10
Paragraphe I. De leur
appartenance au Tiers-Monde 10
Paragraphe II.
L'éveil des pays du Tiers- Monde 11
SECTION II. UNE
COOPÉRATION BILATÉRALE FONDÉE SUR DES PRINCIPES
12
Paragraphe I. Les
principes fondamentaux de la coopération Sud-Sud 12
Paragraphe II. Une
coopération agissante, en pleine évolution 13
CHAPITRE IIÈME LES
MOTIVATIONS ET LES MOYENS DES 14
ACTEURS DE LA COOPERATION
SINO- CONGOLAISE 14
SECTION I. LES MOTIVATIONS DE
LA CHINE EN RDC 14
Paragraphe I. La RDC, un
scandale géologique, stratégique pour la Chine
14
Paragraphe II. Les attentes
de la RDC 15
SECTION II LES MOYENS DE
L'IMPLICATION CHINOISE EN RDC 19
Paragraphe I. Les moyens
économiques et financiers 19
Paragraphe II. Les moyens
politiques et diplomatiques 20
CHAPITRE IIIÈME LE
BILAN COOPERATION SINO- CONGOLAISE 21
SECTION I. LES ATOUTS DE LA
COOPÉRATION SINO-CONGOLAISE 21
Paragraphe I. Une
coopération bien appréciée en RDC 21
Paragraphe II. Une
coopération propice à la croissance économique de la RDC
22
SECTION II. LES FAIBLESSES DE LA
COOPÉRATION SINO-CONGOLAISE 23
Paragraphe I. Sur le plan
économique et commercial 23
Paragraphe II. Sur le plan
politique et diplomatique 25
CHAPITRE IVÈME LES
PERSPECTIVES DE LA COOPERATION SINO- 27
CONGOLAISE
27
SECTION I. LES
POSSIBILITÉS D'UNE RELANCE ÉCONOMIQUE DE LA RDC 27
Paragraphe I. La promotion
en RDC du modèle de développement chinois 27
Paragraphe II.
L'accompagnement de la Chine au processus de reconstruction de la RDC
28
SECTION II. LES DÉFIS
À RELEVER PAR RDC 29
Paragraphe I. De la
nécessité d'opérer des mutations sur le plan interne
29
Paragraphe II. De la
nécessité pour la RDC de s'imposer dans un monde
30
multipolaire conflictuel
30
CONCLUSION
32
BIBLIOGRAPHIE
34
TABLE DES MATIERES
36
* 1 _ WENU BECKER,
Recherche scientifique, théorie et pratique, Lubumbashi, PUL,
2006, PP.13-14.
* 2 _ WENU BECKER,
op.cit. , P.9.
* 3 _ PINTO R. et GRAWITZ
M., Méthode s des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1971,
P.289.
* 4 _ MULUMBATI NGASHA,
Introduction à la science politique, Lubumbashi, Africa, 2006,
P.18
* 5 _ PINTO R. et GRAWITZ
M., Op.cit., P.289.
* 6 _ GRAWITZ M., Lexique
des sciences sociales, 7ème Ed., Paris, Dalloz,
P.396.
* 7 _ « Discours
du Président HU JINTAO à la cérémonie d'ouverture
du forum de coopération sino-africain, le 4 Novembre 2006 »,
disponible sur
www.french.xinhuanet.com,
consulté le 10/12/2009.
* 8 _ CHESNEAUX J.,
L'Asie orientale aux XIXème et XXème siècles,
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* 9 _ NDAYWEL è NZIEM
I., Nouvelle historique du Congo, des origines à la République
Démocratique du Congo, Bruxelles et Kinshasa, Le Cri et Afrique
Editions, 2008, P., 296.
* 10 _ NDAYWEL è
NZIEM., Op.cit., P.350.
* 11 _
« Conférence de Bandung », disponible sur
www.wikipedia.org/conférence
de Bandung, consulté le 03/01/2010.
* 12 _ « Sommet
Beijing et troisième conférence ministérielle sur le forum
de coopération sino-africain », disponible sur
www.french.xinhuanet.com,
consulté le 05/01/2O1O.
* 13 _ Ibidem.
* 14 _ www. french.
xinhuanet.com, op.cit.
* 15 _
« Allocution du Président JIANG ZEMIN, lors de la
cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération
sino-africaine à Beijing, le 10 octobre 2000 », disponible sur
www.french.xinhuanet.com,
consulté le 03/01/2010.
* 16 _ NGOIE TSHIBAMBE,
« Les relations sino africaines », in Congo Afrique,
n° 418 octobre 2007, P.613.
* 17 _ Bruno Philippe
cité par NGOIE TSHIBAMBE, Op.cit., P. 601.
* 18 _ www.
french.xinhuanet.com, Op.cit.
* 19 _ Global Witness
cité par NGOIE TSHIBAMBE, Op.cit., P.617
* 20 _ Ibidem.
* 21 _ Voir
préambule du contrat RDC-Chine, signé avec la SINOHYDRO,
l'EXIMBANK et la CREC.
* 22 _ Voir article I du
contrat Chine RDC, signé avec la SINOHYDRO, l'EXIM BANK et la
CREC.
* 23 _ Ibidem.
* 24 _ ANGELOPOULOS A.,
Le Tiers-Monde face aux pays riches, Paris, PUF, 1972, P. 84
* 25 _ Ibidem.
* 26 _ « Les
cinq chantiers de la RDC » in Jeune Afrique magazine n°
2545 - 2546, du 18 au 31 octobre 2009, PP. 111-112.
* 27 _ « Les cinq
chantiers de la RDC », disponible sur www.cinqchantiers
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* 28 _ BARREA J.
cité par LABANA LASAY ABAR, La coopération internationale
Kinshasa, Médiaspaul, 2006, P.13.
* 29 _ BEURET M. et MICHEL
S. « La Chine a-t-elle un plan en Afrique ?» in Afrique
contemporaine n° 228, P.50.
* 30 _ BEURET M. et MICHEL
S. Op.cit. , P.56.
* 31 _ « La
République Populaire de Chine », disponible sur
www.wikipedia.org/république
populaire de chine, consulté le 02/02/2010.
* 32 _ Ibidem.
* 33 _
www.wikipedia.org/république
populaire de chine, Op.cit.
* 34 _ DUROSSELLE J.B. et
KAPSIE A., Histoire des relations internationales de 1945 à
nos jours, Paris, Armand Collin, 12ème Ed., 2002,
P.446.
* 35 _ «
Allocution du ministre congolais des Infrastructures, Travaux Publics et
Reconstruction, Pierre LUMBI OKONGO, à l'occasion de la
présentation à l'Assemblée Nationale des accords
signés entre la RDC et le Groupement d'Entreprises chinoises, le 09 Mai
2008 », disponible sur
www.french.xinhuanet.com,
consulté le 10/02/2010.
* 36 _ ANGELOPOULOS A.,
Op.cit. , P.14.
* 37 _ Ibidem P.
166.
* 38 _ Ibidem, P.
167.
* 39 _ KABOU A., Et si
l'Afrique refusait le développement, Paris, L' Harmattan, 1994,
P.178.
* 40 _
« Défaillance du marché et intervention de
l'Etat », disponible sur
www.vprbovis.com,
consulté le 16/02/2010.
* 41 _ NGOIE TSHIBAMBE,
Op.cit., PP.617-618.
* 42 _ Ibidem.
* 43 _ MARCHESIN P.,
Introduction aux relations internationales, Paris, Ed. Karthala, 2008,
P.162.
* 44 _ AWUVE KOFFI
AFETOGBO, « Les enjeux de la coopération
sino-africaine », mémoire de l'Ecole Nationale
d'Administration du Togo, Lomé P. 28, disponible sur www.ena.tg,
consulté le 19 /12/2009.
* 45 _ Bruno Philippe
cité par NGOIE TSHIBAMBE, Op.cit, P.601.
* 46 _ AWUVE KOFFI
AFETOGBO, Op.cit. , P.28.
* 47 _ Ibidem.
* 48 _ Ibidem.
* 49 _ « Dette et
développement de la RDC », disponible sur
www.congoforum.be,
consulté le 09/02/2010.
* 50 _ AWUVE KOFFI
AFETOGBO, Op.cit., P.30.
* 51 _ VANHAEVERBEKE A.,
Problèmes économiques des pays en voie de
développement, Bruxelles, Ed. AGCD, 2004, P.27.
* 52 _ VANHAEVERBEKE A.,
Op.cit., P.28.
* 53 _ Josef KHOL
cité par MUPINGANAYI KADIAKUIDI dans, Les défis de la nouvelle
RDC, Kinshasa, Ed. FCK, 2003, P.27.
* 54 _ AWUVE KOFFI
AFETOGBO, Op.cit., P.33.
* 55 _ « Les pays
émergents », disponible sur
www.wikipedia.org/pays
émergents, consulté le 13/02/2010.
* 56 _ Ibidem.
* 57 _ AWUVE KOFFI
AFETOGBO, op.cit., 35.
* 58 _ AMANI CIRIMWAMI,
Analyse critique des accords sino-congolais, mémoire de licence
en droit, Université Officielle de Bukavu, 2008, P.20.
* 59 _ Ibidem.
* 60 _ Ibidem.
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