INTRODUCTION
Sur une population mondiale de 6 milliards d'habitants, plus
de 1,2 milliard (soit un habitant de la planète sur cinq) survivent avec
moins d'un dollar par jour, et près de 3 milliards d'individus avec
moins de deux dollars par jour, c'est-à-dire à un niveau
insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon
décente1(*).
La Déclaration du Millénaire, adoptée en
septembre 2000 par l'ensemble des États membres
représentés à l'Assemblée Générale de
l'Organisation des Nations Unies, prescrit comme premier objectif, la
nécessité de faire disparaître en 2015 l'extrême
pauvreté et la faim en réduisant de moitié la proportion
de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par
jour.
L'une des couches de la population les plus touchées
par ce fléau social qu'est la pauvreté est la jeunesse.
« Aujourd'hui, près de la moitié de la population
mondiale (plus de 3 milliards de personnes) a moins de 25 ans. Les jeunes n'ont
jamais été en si grand nombre, dans toute l'histoire de
l'humanité, et ils sont bien trop nombreux à affronter des
perspectives sombres, observe Kofi ANNAN, l'ancien Secrétaire
Général de l'ONU. Où qu'ils soient nés, les jeunes
voient leur vie façonnée par des forces qui leur
échappent, qu'il s'agisse de la prévalence de la pauvreté,
de l'incidence de la criminalité, de la possibilité
d'étudier et d'apprendre, des perspectives de trouver un travail
décent ou encore de l'accès à des services de
santé abordables ».2(*)
En ce début du vingt-et-unième siècle, la
République d'Haïti fait partie des pays qui n'arrivent toujours pas
à satisfaire convenablement les besoins de sa population, notamment ceux
des jeunes. Ces besoins ont trait notamment à l'éducation,
à la santé, à l'emploi, au logement et à la
sécurité sociale. En effet, « sur dix (10) personnes en
âge de travailler, six sont au chômage ».3(*)
En Haïti le poids démographique de la jeunesse
dépasse les 50% de la population globale4(*). En effet, un haïtien sur deux a moins de vingt
(20) ans. C'est autour de cet âge qu'un haïtien, ayant
fréquenté l'école « relativement
tôt », achève ses études secondaires.5(*)
L'éducation est souvent considérée comme
la solution première à la pauvreté. Cependant, la
pauvreté est une barrière majeure pour la scolarité. En
Haïti comme dans certains pays en voie de développement, beaucoup
de jeunes doivent recourir à un entreprenariat forcé et au
travail indépendant. Ils travaillent dès lors pour un salaire bas
et dans des conditions dangereuses.
C'est dans le but de formuler des axes stratégiques
visant à aborder avec plus de succès le phénomène
de la pauvreté touchant la jeunesse que plusieurs programmes ont
été pris aussi bien à l'échelle internationale que
nationale (le Programme des Nations Unies pour la Jeunesse et la Politique
Nationale de la Jeunesse en Haïti). Ces programmes permettent de constater
que l'accent est mis sur la capacité des jeunes à s'organiser, se
regrouper en association en vue de résoudre leurs problèmes. En
effet, les Associations de Jeunesse permettent aux jeunes de
s'auto-éduquer, d'organiser des activités qui les
éloignent de certains vices pour une meilleure intégration dans
la société.
En Haïti et plus précisément dans la
Commune de Port-au-Prince plusieurs associations oeuvrent pour
l'émergence de la couche juvénile. L'objectif de ce travail est
d'analyser les Associations de Jeunesse à travers leurs activités
afin de montrer leur contribution à la réduction de la
pauvreté.
Cette recherche vise de façon spécifique
à :
- Apprécier les fonctions des associations de
jeunesse et leur niveau d'organisation ;
- Mettre en exergue la contribution des associations de
jeunesse à la réduction de la pauvreté dans la commune de
Port-au-Prince.
L'étude porte sur la commune de Port-au-Prince
située dans le département de l'Ouest de la République
d'Haïti. Les caractéristiques essentielles qui s'y dégagent
permettront de saisir la portée théorique de notre thème
de recherche.
I- PREMIERE PARTIE : CADRE DE L'ETUDE
1.1. Situation géographique et administrative de la
République d'Haïti
Haïti est un des pays des Grandes Antilles occupant le
tiers occidental de l'ile. Il est limité à l'Est par la
République Dominicaine, au Nord par l'Océan Atlantique et au Sud
et à l'Ouest par la mer des Caraïbes ou mer des Antilles. Sa
superficie est de 27 750 km².
Il est divisé et subdivisé en dix
départements, quarante-deux arrondissements, cent quarante-deux
communes, cinq cent soixante-neuf sections communales.
1.2. Caractéristiques démographiques
Selon le dernier recensement de 2006, la population
haïtienne est estimée à 8 924 553 habitants avec
un taux de croissance de 2.3 % et une densité de 321,6 habitants par
kilomètre carré.6(*)
1.3. Contexte économique et problématique de la
pauvreté en Haïti
Ce contexte, présenté brièvement, se
rapporte à la période 1987-2003 où l'économie
Haïtienne a enregistré des modifications importantes dues entre
autres à :
a) des raisons d'ordre politique, caractérisées
par une instabilité qui a eu des conséquences néfastes sur
l'investissement privé ainsi que l'exécution des programmes
publics de développement ;
b) des raisons d'ordre économique,
caractérisées par un changement notable de politiques
économiques en 1986 et 1987 renforcé en 1996, politiques qui ont
consisté pour l'essentiel à aménager l'ouverture
très large de l'économie au commerce international et
secondairement à libéraliser le marché financier. Ces
changements, introduits dans le cadre de deux programmes d'ajustement
structurel très partiellement appliqués, n'ont pas donné
les résultats escomptés, notamment en matière
d'accroissement du volume et du poids relatif des exportations dans ce petit
pays surpeuplé. La réforme de la fonction publique et des
entreprises publiques est restée dans un premier temps très
partielle. Après 1999, les ressources financières et humaines du
secteur public se sont même amenuisées par rapport à leur
niveau des vingt années antérieures. La baisse de la production
interne par habitant a été la conséquence logique des
conditions politiques et économiques dans lesquelles ont dû
évoluer les agents économiques depuis l'année 1981.
Conséquemment, le rôle traditionnel de la migration internationale
s'est renforcé. En effet, dans ce contexte morose marqué par des
chocs exogènes négatifs, peste porcine et destruction du cheptel,
propagande extérieure négative et ralentissement du tourisme au
début des années 80, coup d'État et embargo
économique en 1992/1994, maladies et baisse de production de nombreuses
cultures agricoles dans les années 90, l'émigration de nombreux
professionnels et techniciens qualifiés ainsi que le recours à la
main-d'oeuvre semi et non qualifiée se sont intensifiés.7(*)
Parallèlement, des modifications importantes ont
été enregistrées dans la structure de l'économie et
dans son fonctionnement macro-économique.
1.4. Cadre juridique des Associations en Haïti
1.4.1. La Formation des Associations
Si les traditions imposent aux groupes sociaux la
nécessité de mettre ensemble leurs connaissances, leur
savoir-faire et savoir être en vue d'affronter les difficultés de
la vie ou d'apporter des solutions à leurs problèmes de tous
ordres, les textes juridiques haïtiens ne se sont pas beaucoup
attardés là-dessus. La Constitution de 1987 reconnait Haïti
comme une République coopérative, cela suppose que les
Haïtiens ont le parfait droit de se mettre en association. Toute une
série de lois et de décrets ont été pris et
promulgués concernant les syndicats, les associations d'églises,
les coopératives ou toutes formes d'associations ayant pour base la
société coopérative. Cependant, aucun texte de loi n'avait
porté une attention particulière aux associations de jeunesse.
Malgré l'envergure significative que connait le monde
associatif en Haïti, ce secteur n'a pas pu pousser les autorités
à mettre en place des structures juridico-institutionnelles
adéquates en sa faveur. Aujourd'hui le monde associatif vit à la
merci des priorités du moment ou des ordonnances institutionnelles
propres.
Le projet de loi-cadre de 1997 fixant le statut
général des associations serait le premier grand pas pour une
organisation effective du monde associatif en Haïti.
1.4.2. La Reconnaissance des Associations
Si aucune ordonnance n'a été jusqu'à
présent promulguée sur la formation des associations, un accent
particulier a depuis longtemps été mis par certaines structures
publiques sur la reconnaissance de celles-ci. Il faut préciser que cette
reconnaissance émane tout simplement du plan d'action de ces
institutions étatiques, entretenant des relations avec les associations
ou des institutions s'occupant des autres organisations sociales (partis
politiques, Syndicats, ONG, Coopératives, etc.) ou encore d'une
acceptation particulière du projet de loi de 1997.
À cet effet, la reconnaissance est effectuée
comme celle administrée par le projet de loi sur les Associations. Et
les demandes d'enregistrement ou reconnaissance sont assurées par trois
Institutions :
- Le Ministère de la Culture ;
- Le Ministère des Affaires Sociales ;
- Les Conseils d'Administration Communale.8(*)
1.5. Présentation de la commune de Port-au-Prince
Dans cette partie, nous allons présenter la commune de
Port-au-Prince à travers ses cadres géographique, administratif
et physique ainsi que ses caractéristiques démographiques et ses
infrastructure sociocommunautaires ou secteurs sociaux. A cet effet, nous nous
appuierons essentiellement sur les chiffres de l'Institut Haïtien de
Statistique et d'Information (IHSI, 2005).
1.6. Cadre physique et
Administratif
Chef-lieu du département de l'Ouest, la commune de
Port-au-Prince a un relief très accidenté. Ses principaux traits
caractéristiques sont essentiellement des dépressions. Son
climat est de type tropical. Elle est limitée au nord, par le golfe de
la Gonâve et la commune de Delmas ; au sud, par les communes de
Pétion-Ville et de Carrefour ; à l'est, par les communes de
Pétion-Ville et de Delmas et à l'ouest, par la commune de
Carrefour.
Port-au-Prince a une superficie de 36,04 km2, elle
est ainsi la commune la plus dense du département.
Administrativement, la commune de Port-au-Prince est
subdivisée en trois (3) sections communales et trente et une (31)
localités.
1.7. Caractéristiques démographiques
Selon les résultats présentés par
l'Institut haïtien de statistique et d'information (IHSI) en 2005, la
population de la commune de Port-au-Prince est estimée à 801 566
habitants dont 54,5% de femmes. Elle est la plus peuplée des communes du
département de l'ouest ; elle englobe 24,2% de la population totale
du département de l'Ouest. Au cours de la période intercensitaire
(1982-2003), la population de la commune de Port-au-Prince a connu un taux
moyen d'accroissement annuel de 2,2%. La quasi-totalité (99,6%) de sa
population vit en milieu urbain. La commune de Port-au-Prince accuse un taux de
masculinité de 85 hommes pour 100 femmes. Ce déficit d'hommes est
beaucoup plus prononcé en milieu urbain (85 hommes pour 100 femmes)
qu'en milieu rural (94 hommes pour 100 femmes).
1.8. Infrastructures sociocommunautaires ou secteurs
sociaux
La population de Port-au-Prince bénéficie de
divers services dans différents domaines, que ce soit administratif,
social, communautaire, sanitaire, etc. La commune de Port-au-Prince abrite de
nombreuses institutions et infrastructures sociales, le Ministère de
l'Éducation Nationale a son siège dans la commune. Ce
ministère est renforcé par la Direction Départementale, la
Secrétairerie d'État à l'Alphabétisation et
l'Institut Pédagogique Nationale. Les infrastructures éducatives
sont constituées de sept cent soixante onze (771) établissements
scolaires, quarante et une (41) universités, cinquante-deux (52)
écoles supérieures, cent quatre-vingt-douze (192) institutions
techniques et professionnelles et cinq (5) centres d'alphabétisation.
Les établissements scolaires inventoriés dans la commune se
répartissent de la manière suivante : cent dix-sept (117)
écoles préscolaires, trois cent une (301) écoles
primaires, trois cent cinquante-deux (352) écoles secondaires. Il faut
faire remarquer que, quel que soit le niveau considéré, le
pourcentage d'établissements scolaires privés se
révèle être plus important.
Le Ministère de la Santé a également son
siège dans la commune de Port-au-Prince. En termes d'infrastructures
sanitaires, la commune de Port-au-Prince est dotée de deux cent sept
(207) établissements sanitaires. De ce nombre, on compte seize (16)
hôpitaux, dont trois (3) publics, cent dix-huit (118) cliniques,
quarante-trois (43) centres de santé sans lit et dix (10) centres de
santé avec lit. Les établissements sanitaires inventoriés
dans la commune sont en majorité (86,0%) privée. Le personnel
médical des établissements sanitaires de la commune au nombre de
mille trois cent quatre-vingt-deux (1382) est composé
particulièrement de médecins (521), d'infirmières (302),
d'auxiliaires (164), Technicien de laboratoire (68) et de dentistes (48).
Au plan religieux, deux cent soixante-douze (272) temples et
églises ont été inventoriés dans la commune de
Port-au-Prince. Les confessions ayant le plus grand nombre de temples ou
églises inventoriés dans la commune sont les suivantes :
pentecôtistes (90), églises de Dieu (57), baptistes (42),
catholiques (33), adventistes (18).
Environ dix-neuf (19) représentations de partis
politiques, vingt (20) représentations socio-politiques, vingt-cinq (25)
organisations non gouvernementales et dix-sept (17) organisations
internationales ont été inventoriées dans la commune de
Port-au-Prince.
En termes de disponibilité en eau, en plus du
réseau d'adduction d'eau potable qui alimente difficilement la commune,
environ onze (11) sources, trente (30) fontaines publiques et un (1) puits
ordinaire constituent les points d'eau qui ont été
inventoriés. La quasi-totalité de la commune de Port-au-Prince
est électrifiée. Les services téléphoniques sont
assurés principalement par la Téléco et quelques bureaux
annexes se trouvant dans certaines localités de la commune. Trois
compagnies de téléphonie mobile (Haïtel, Voila et Digicel)
fournissent des services aux habitants de la commune.
La Commune de Port-au-Prince dispose d'un (1) bureau central
de postes et d'une annexe qui offre non seulement un service de distribution
des courriers, mais aussi un service de boîtes postales. Près de
six (6) autres institutions privées assurent les services postaux au
sein de la commune de Port-au-Prince. Les infrastructures en communication de
la commune sont complétées par une quinzaine de stations radio et
de deux stations de télévision.
En termes de loisirs et de divertissements, la commune de
Port-au-Prince est dotée d'une douzaine de bibliothèques dont une
(1) seule est de type publique, de six (6) musées, d'une cinquantaine de
night-clubs/bars-restaurants, de vingt-cinq (25) places publiques, de cinq (5)
salles de cinéma et de quatre (4) salles de théâtre. Les
sports les plus pratiqués par les habitants de la commune sont le
football, le volleyball, le basketball et le tennis. Les monuments et sites de
la commune de Port-au-Prince sont pour la plupart de type historique.
Il faut remarquer que la majorité des places publiques
ou historiques, certains monuments et sites, se trouvent dans l'aire du Champ
de Mars, aux alentours du Palais National. (Institut Haïtien de
Statistique et d'Information, 2005).
1.9. Activités et infrastructures économiques et
financières
Les activités économiques exercées dans
cette Commune sont celles génératrices d'emplois et de revenus.
Il s'agit du commerce, de l'artisanat, de l'industrie, du tourisme et de
l'hôtellerie...etc. Mais la principale activité menée dans
la commune est le commerce.
Le commerce et les services prédominent l'ensemble des
activités économiques de la commune. Parmi les
établissements commerciaux inventoriés dans la Commune, on trouve
des grands magasins (498), des petites boutiques (552), des grandes boutiques
(273), des centres de provisions alimentaires (429), de deux cent
quatre-vingt-quatre (284) auto parts, des dépôts de boissons,
d'aliments, de vêtements usagers (Pèpè) (351), des
pharmacies (347), des stations d'essence (38), des établissements
mortuaires (156), des studios de beauté/salons de coiffure (331). Il
faut ajouter que trente-neuf (39) entreprises industrielles ont
été également inventoriées dans la commune.
Les infrastructures économiques et financières
de la commune sont constituées de cinquante-sept (57) hôtels, de
neuf (9) pensions, de cent soixante-seize (176) centres d'accueil, de cinquante
(50) banques commerciales (siège y compris succursales), de vingt-cinq
(25) caisses populaires, de dix (10) bureaux de change, de vingt-deux (22)
coopératives de commercialisation, de cent trois (103) maisons
d'affaires et de trente (30) maisons de transfert (IHSI, 2005, op. cit).
II- DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATISATION
2.1. Revue de littérature
1 Notre sujet d'étude a fait l'objet de
préoccupation de bon nombre d'auteurs qui l'ont abordé sous
divers angles. Nous nous intéresserons, dans cette revue de
littérature, aux travaux de quelques-uns d'entre eux qui nous paraissent
particulièrement pertinents pour notre problématique.
2 Les Associations de Jeunesse sont souvent citées par
les auteurs comme un dispositif qui accompagne les actions des pouvoirs publics
dans le domaine de l'intégration sociale des jeunes. Pour ce faire, ces
dernières dans la perspective de jouer pleinement leur partition
élaborent des programmes d'orientations des Associations de Jeunesse
vers les activités socio-éducatives.
À cet effet, TETARD (1996) a montré
comment les mouvements de jeunes des années 60 se formaient en
France et de quelle façon ils participaient aux actions sociales.
Rapportant le fonctionnement des associations de jeunesse française
à celles d'Haïti, on peut affirmer qu'elles participent à
orienter les jeunes vers des activités saines. Les associations de
jeunesse, de par leurs différents domaines d'intervention et les
activités diverses qu'elles mènent, contribuent au
développement économique d'un pays. Elles ont
d'énormes potentialités et peuvent beaucoup participer à
l'évolution d'un pays.
Selon le Forum de la Jeunesse de l'Union Européenne
(2005), les organisations de jeunesse sont les principaux acteurs du travail
pour le développement durable. Les jeunes sont l'une des clés qui
permettront de matérialiser le développement durable, que ce soit
au niveau mondial, national ou local, et que l'accent soit placé sur le
social, l'économique, l'environnemental, le culturel ou sur toutes ces
dimensions à la fois.
Pour AMIRSHAHI (2007), il y a un problème social et
politique de la jeunesse. Pour le traiter, il faut reconnaitre pleinement
l'émergence d'un nouvel âge de la vie en mettant en place un
statut social de la jeunesse.
À cet effet, BAZIN (2008), pense que le soi-disant
problème des jeunes est en réalité un problème
national dont les risques sont extrêmement élevés. Il
propose comme solution une politique de jeunesse qui fait face aux divers
besoins de la jeunesse haïtienne. Ces besoins deviennent ainsi des enjeux
dont la résolution passe par l'éradication de la pauvreté
des jeunes, seul gage d'impulsion d'un développement durable.
Ainsi pour d'autres auteurs, les jeunes pourraient constituer
un levier de développement. Mais ils sont confrontés à
d'énormes difficultés dues à une pauvreté galopante
qui prend diverses formes.
En effet, GAUTHIER (1987) pour sa part fait observer que
la population la plus frappée par la pauvreté est celle des
jeunes. Des analyses menées par des organismes s'intéressant aux
problèmes des jeunes sans emploi comme population fortement atteinte par
les problèmes de pauvreté, il ressort que le groupe d'âge
des 15-24 ans et plus, particulièrement celui des 15-19 ans,
présente les taux de chômage les plus élevés. La
durée du chômage est fonction du niveau d'instruction et la
tendance à abandonner la recherche d'emploi par désespoir d'en
trouver ou pour retourner étudier, s'accentue chez les moins
scolarisés.
En Haïti, selon MONTAS (2003), les déterminants du
maintien de la pauvreté entre 1981 et 2000 sont
liés à un contexte sociopolitique néfaste, une
inflation persistante et aussi à une évolution négative du
PIB. Les causes spécifiques de l'évolution de la pauvreté
en Haïti sont donc dues à la faiblesse de l'économie, au
contexte sociopolitique, aux chocs exogènes, à l'ajustement
structurel et au marché international.
Chaque décennie a eu ses manières de
définir la pauvreté, de décrire ses pauvres, de
résoudre ses problèmes d'inégalité. La nôtre
n'échappe pas à son devoir d'assistance et nul n'est besoin de
fouiller longtemps pour déceler ce qui la caractérise (GAUTHIER
1987).
Autant d'auteurs, autant de définitions le plus souvent
implicites de la pauvreté. C'est le propre de tous les
phénomènes sociaux non institutionnalisés d'en avoir tant
qu'on les évite toutes par crainte de se fourvoyer (LESSARD, 1987).
Néanmoins, la société définit la
pauvreté et décide de qui est pauvre. Cela se fait de deux
façons, l'une socioculturelle, l'autre politico-administrative. Certains
auteurs ont senti le besoin d'insister sur le fait qu'il n'y a pas que la
pauvreté matérielle, ou que la pauvreté n'est pas que
matérielle. Ils s'opposent ainsi à la définition
socioculturelle de la pauvreté qui est à leur avis trop
centrée sur le moins-avoir. Par ailleurs, les jeunes sans travail et
vivant d'assistance, refusent de se dire pauvres ou d'être appelés
pauvres. Eux aussi s'opposent à la définition socioculturelle de
la pauvreté qui implique selon eux la misère, le fatalisme, la
déchéance ou d'autres traits négatifs, c'est-à-dire
une définition trop centrée sur le moins-être (LESSARD,
1987).
La pauvreté en tant que problème social est un
mal pénétrant qui affecte multiples aspects de la
culture et
de la société haïtienne. Par
conséquent, elle est liée à plusieurs facteurs qui
interagissent entre eux.
À cet effet, BARTLE (2007) distingue cinq grands
facteurs
de pauvreté en tant que problème
social. Ces facteurs comprennent : l'ignorance, la maladie, l'apathie, la
malhonnêteté et la dépendance. Selon lui, ces "plaies"
contribuent à leur tour à d'autres facteurs secondaires tels que
le manque de marchés et d'infrastructures, le manque de qualités
de direction, l'incompétence des gouvernements, le sous-emploi, le
manque de compétences, de capitaux et autres. L'on répond
à un problème social de pauvreté par une solution sociale
en éliminant les facteurs de pauvreté.
L'analyse des caractéristiques de ces cinq facteurs de
pauvreté fait appel à la recherche de solutions idoines en ce qui
concerne sa réduction.
À ce propos, NARAYAN (2004) préconise de faire
appel à l'énergie et au savoir-faire des millions de pauvres de
par le monde pour faire reculer la pauvreté. L'auteur montre comment on
peut favoriser l'autonomisation des pauvres. Même s'il n'y a pas de
modèle unique en la matière, l'expérience des praticiens
de la Banque Mondiale enseigne quatre éléments clés qui
président à toute entreprise réussie d'autonomisation des
pauvres : l'accès à l'information (et sur ce point, les
nouvelles technologies sont capitales) ; la participation des pauvres aux
processus de décision ; la notion de responsabilité de la
part des politiques (qui doivent être comptables de leurs actes) ;
et la capacité des gens à s'organiser localement et à
mobiliser leurs ressources pour résoudre un problème commun.
D'après la Banque Mondiale (2000), il existe
une stratégie visant à combattre la pauvreté dans le monde
sur trois fronts :
Le développement des
opportunités, c'est-à-dire des opportunités
matérielles et financières (emploi, crédit, routes,
électricité, écoles, eau, services de santé, etc.)
et des qualifications (éducation et formation professionnelle) ;
3 L'insertion : l'insertion des pauvres dans
la société est déterminée en grande partie par les
institutions publiques et sociales qui doivent être attentives à
leurs besoins. Cette démarche est politique : elle implique un ensemble
de réformes devant améliorer la responsabilité et
l'efficacité de l'administration, des institutions juridiques et des
services publics, ainsi que le renforcement de la participation des pauvres aux
processus politiques et aux décisions locales ;
4 La sécurité matérielle
: il est nécessaire, afin d'améliorer le bien-être
et d'encourager les investissements dans le capital humain, d'atténuer
la vulnérabilité aux chocs économiques, aux catastrophes
naturelles, à la mauvaise santé, à la violence, etc.
L'État doit tout mettre en oeuvre pour diminuer ces risques auxquels
sont confrontés les pauvres.
5 Quant au document de stratégies nationales pour la
croissance et la réduction de la pauvreté en République
d'Haïti (2007), il vise en matière de jeunesse à
améliorer le cadre de vie des jeunes en particulier par leur
intégration socio-économique et socioculturelle et par la
promotion des activités physiques et sportives.
MONTAS (2005) préconise d'adopter l'approche de
l'économiste Graham Pyatt, pour qui le meilleur moyen d'élaborer
des stratégies de réduction de la pauvreté consiste
à adopter une approche structuraliste de l'analyse de la
pauvreté. Cette approche comporte trois caractéristiques de base.
Tout d'abord, elle repose sur le point de vue selon lequel le niveau de vie des
ménages est lié à la création et au maintien des
moyens de subsistance. L'élaboration d'une stratégie de
réduction de la pauvreté devrait donc chercher d'abord à
comprendre comment les ménages appartenant à différents
groupes socioéconomiques obtiennent leurs moyens de subsistance.
Deuxièmement, elle replace la création et le maintien des moyens
de subsistance des différents groupes au sein de la structure de
l'économie, qui englobe aussi bien la production que les relations
institutionnelles entre ménages, secteur des entreprises et pouvoirs
publics. Cela permet de mettre l'accent sur l'influence de facteurs tels que la
structure sectorielle et régionale de l'économie, l'importance
des secteurs formel et informel et des rapports entre les deux, la contribution
du capital et du travail à la valeur ajoutée et l'influence des
politiques macroéconomiques. Une fois la structure de l'économie
et les interactions entre les différents groupes et secteurs
établies, il est possible de comprendre comment sont
déterminés les niveaux de vie et leurs variations.
Troisièmement, l'approche examine les liens qui existent entre la
structure de l'économie et le reste du monde ; ce qui permet de
prendre en compte l'aide internationale, les flux de capitaux privés,
les remboursements de dettes et les flux commerciaux dans l'analyse de la
création et du maintien des moyens de subsistance au niveau national.
Cette approche implique l'adoption d'un cadre à
plusieurs niveaux (micro, macro et méso économique) afin de
localiser les causes de la pauvreté, qui vont des
caractéristiques des ménages jusqu'aux conditions
macroéconomiques et au contexte mondial en passant par la structure de
la mésoéconomie. Elle débouche sur le rôle
fondamental que doivent jouer la création d'emplois et les
marchés de l'emploi dans les stratégies de réduction de la
pauvreté. (Ibid.)
Notre recherche s'inscrivant dans le cadre de ces travaux
ci-dessus présentés s'intéresse alors aux rôles
joués par les associations de jeunesse dans l'amélioration des
conditions de vie des jeunes de la commune de Port-au-Prince.
2.2. Cadre théorique
Le cadre théorique prend en compte les concepts
utilisés qui donnent du sens à notre thème de recherche,
et le modèle d'analyse.
2.2.1. Clarifications
conceptuelles
2.2.1.1 Jeunesse
Du point de vue biologique, l'Organisation des Nations Unies
(ONU) définit la jeunesse comme le groupe des personnes
âgées de 15 -24 ans dans la population d'un pays. Mais, cette
définition basée sur l'âge des personnes ne fait pas
l'unanimité au sein des pays. Ainsi au Bénin et dans de nombreux
autres pays africains par exemple, les jeunes représentent le groupe de
personnes âgées de 15 à 35 ans.
En Haïti le Ministère de la Jeunesse, des Sports
et de l'Action civique (MJSAC) en a proposé la définition
suivante : « La Jeunesse est la période allant de 15 à
35 ans où l'individu acquiert les capacités (biologique, sociale,
juridico-politique et socio-économique) de l'Adulte et s'achemine
progressivement, par le biais de l'expérimentation, vers l'application
de ces capacités dans ses réalités
quotidiennes.»9(*)
Selon THEVENOT (1979), la jeunesse est souvent définie
à partir des qualités morales qui lui sont imputées. Elle
est également appréhendée essentiellement à partir
du critère « triomphant » de l'âge.
L'âge est devenu ainsi le principal critère de mesure du temps
social.
Une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique
de la jeunesse basée sur la théorie des cycles d'existence. Cette
approche est celle développée et étudiée depuis une
cinquantaine d'années dans les pays anglo-saxons et au Québec. La
jeunesse vue sous cet angle est un temps de transition, de passage
marqué par des étapes repérables conduisant à
l'âge adulte.
Ainsi GALLAND (1991), en faisant référence en
matière de sociologie de la jeunesse en France, distingue quatre phases
: la fin des études, le départ du domicile familial, l'insertion
dans le marché du travail, la formation d'un couple ; chaque
individu mettant en jeu ces différentes phases en fonction de son libre
arbitre. Les différents moments marquent la réalisation de
différentes indépendances. Pour BOURDIEU (1985), la jeunesse est
une construction sociale qui relève de choix collectif.
Pour BLÖSS ET FERONI (1991), la jeunesse est une
catégorie qui fait l'objet d'une multiplicité de
représentations sociales et de définitions institutionnelles. Les
discours de « sens politique » génèrent un
processus d'étiquetage catégoriel de la jeunesse au centre duquel
l'âge est un critère actif. Les politiques sociales
définissent en effet couramment leurs publics d'intervention en termes
d'âge. La définition politique de la jeunesse fait d'elle un
groupe d'âge défini par des limites incertaines ou tout au moins
variables selon les instances institutionnelles qui ont en charge la gestion de
ses problèmes.
2.2.1.2 Association
En ce qui concerne les associations, la loi du 1er
juillet de 1901 a contribué à la compréhension du concept.
C'est ainsi que son article 1er définit l'association comme
la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une
façon permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un
but autre que partager des
bénéfices. Elle est régie, quant à sa
validité, par les principes généraux du droit applicable
aux contrats et obligations. Selon SOUSI (1985), cette définition repose
sur trois critères (à savoir l'existence à travers un
contrat, autour d'un but commun, la façon permanente et le but autre que
de partager des bénéfices) qui permettent de distinguer une
association. Néanmoins, les associations diffèrent les unes des
autres par leur nature juridique et leur objet.
D'un point de vue juridique, on distingue les associations non
déclarées, les associations déclarées et les
associations reconnues d'utilité publique.
Les associations non déclarées sont celles qui
se créent sans remplir les conditions administratives relatives aux
dispositions légales.
Les associations déclarées accomplissent
après leur création, les formalités de déclaration
prévues par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat
d'association. Cette condition confère la capacité juridique.
Les associations reconnues d'utilité publique
bénéficient quant à elles, des droits relativement plus
étendus.
2.2.1.3 Pauvreté
Dans sa définition courante, la pauvreté
désigne l'état, la condition d'une personne qui manque de
ressources, de moyens matériels pour mener une vie décente. Selon
CERQUEIRA et BRODIN (2004), ces considérations ont conduit les
institutions internationales à donner différentes
définitions de la pauvreté :
1 la pauvreté relative évoque
un niveau de vie variable en fonction de l'époque et de la
société. Elle correspond à la moitié du revenu
médian d'une société ;
2 le seuil de pauvreté correspond
à deux dollars par jour et par habitant ;
3 la pauvreté absolue ou extrême
pauvreté correspond à moins d'un dollar par jour et par habitant.
Aujourd'hui, la pauvreté ne se limite pas à une
simple insuffisance de revenu, mais englobe également des aspects plus
qualitatifs de la vie sociale, politique et culturelle. SEN (1998) montre
qu'elle ne se réduit pas au revenu, mais apparaît plus justement
comme une privation de capacités.
Selon l'auteur, il est juste de considérer la
pauvreté comme une privation de capacités de base plutôt
que simplement comme un revenu faible, les capacités
étant définies « en termes de libertés
substantielles qui permettent à un individu de mener le genre de vie
qu'il a raison de souhaiter ».10(*) Pour autant, SEN n'entend pas nier l'évidence,
dans la mesure où il dit qu'un revenu faible constitue bien une des
causes essentielles de la pauvreté pour la raison, au moins, que
l'absence de ressources est la principale source de privation des
capacités d'un individu. De ce fait, aucune condition ne
prédispose autant à une vie de pauvreté qu'un revenu
inadéquat.
A cet effet, les analyses récentes (CERQUEIRA et
BRODIN, 2004) considèrent alors trois formes principales de
pauvreté :
- la pauvreté monétaire prend
en compte les ressources des individus. Elle est évaluée en
fonction du revenu des individus ou de leur consommation (de biens alimentaires
et non alimentaires) ;
- la pauvreté des conditions de vie
résulte de l'incapacité de l'individu à satisfaire ses
besoins essentiels. C'est une vision plus qualitative qui met en lumière
l'exclusion par rapport à un certain mode de vie matérielle et
culturelle. La pauvreté est ici perçue comme un manque ;
- la pauvreté de « capacités »
traduit le fait que l'on ne dispose pas des moyens qui permettraient
de se soustraire à la pauvreté par la mise en valeur de ses
capacités individuelles ;
Ces différentes formes de pauvreté interagissent
entre elles, de sorte que tout individu pauvre est confronté à un
cercle vicieux. La pauvreté n'est plus perçue comme un
état, mais s'assimile de plus en plus à un processus
pluridimensionnel et protéiforme dans le cadre duquel richesse, savoir
et pouvoir sont intimement liés.
Dès lors, il est possible de formuler une
définition unique de la pauvreté comme étant un processus
cumulatif dans lequel les déficits matériels, sociaux,
éducatifs et culturels figent un individu dans une situation de manque
qui entrave son épanouissement. (CERQUEIRA J. et BRODIN C. ,2004 op.
cit.)
2.2.2. Modèle
d'Analyse : la sociologie des organisations de Crozier et Friedberg (1977)
l'analyse stratégique et l'ordre local de Friedberg (1993)
Les Associations de Jeunesse sont constituées d'un
certain nombre d'acteurs qui interagissent entre eux pour le bon fonctionnement
du système. Ces associations oeuvrent de plusieurs manières pour
réduire la pauvreté au niveau de la couche juvénile de par
leurs activités. En considérant ces associations de jeunesse
comme un contexte d'action collective, il est possible d'utiliser le cadre
théorique de la sociologie des organisations pour recueillir les
informations nécessaires à la compréhension de son
fonctionnement et de l'environnement qui l'entoure. Cependant, elles ne
peuvent être considérées comme une organisation, au sens
où Crozier et Friedberg (1977) utilisent cette notion, mais plutôt
comme une action organisée, c'est-à-dire une forme plus diffuse
d'action collective (Friedberg, 1993, 141)11(*).
Ce cadre théorique de la sociologie des organisations
qui postule que « toute organisation a des objectifs propres, est
structurée par un système formel, doublé d'un
système informel, mais est influencée par l'environnement, et
regroupe des individus divers mêlant en permanence leurs objectifs et
stratégies propres à ceux de l'organisation ». Une
telle définition de l'organisation nous amène à nous
intéresser particulièrement aux concepts de système formel
et informel pour comprendre les stratégies développées par
les acteurs de chacune des associations de jeunesse dans la commune de
Port-au-Prince. Ces acteurs concourent au fonctionnement de l'organisation en
apportant leur contribution dans les conditions orientées par les
règles (système formel), mais y mêlent leurs propres
stratégies au regard de la représentation qu'ils se font des
intérêts que poursuit l'organisation et de leurs propres
intérêts (système informel).
Selon Crozier et Friedberg (1977)12(*), l'idée de
système sous-entend qu'il existe une articulation des rôles de
chacun dans un ensemble intériorisé par les acteurs, et dans
lequel se construisent les rapports interindividuels. Si ces rapports sont
structurés par des éléments du système
formel (statut, objectif, règlement) qui réduisent les
possibilités d'autonomie des membres, le système n'est pas une
donnée intangible et extérieure à l'action des acteurs. Il
est à la fois contenant et contenu, structure et processus, contrainte
pour l'action humaine en même temps que son résultat. Il
présente une face officielle, le système formel et une face
adaptée, le système informel, c'est - à - dire les
modalités de fonctionnement admises par tous, mais non prévues
par les informations officielles. Cette définition du système
nous permet de nous intéresser aux structures et aux processus qui
contraignent l'action des différents acteurs des associations de
jeunesse. Il s'agit de mettre en évidence le système formel et
informel des différentes associations de jeunesse chargées
d'assurer, puis d'analyser les stratégies développées par
chacune d'elles dans la perspective d'une réduction de la
pauvreté.
L'analyse stratégique distingue deux types
d'acteurs : collectif et individuel. L'acteur comme un être actif,
qui tout en s'adaptant aux règles de fonctionnement, les modifie
à son tour par son action. Chaque membre de
l'association est un acteur rationnel par rapport à ses
intérêts. Mais l'analyse stratégique conçoit aussi
l'existence d'acteurs collectifs, à condition « d'avoir
montré non seulement les intérêts communs sur lesquels de
tels acteurs collectifs se sont construits et qui les maintiennent, mais aussi
les mécanismes empiriques d'intégration qui leur fournissent une
capacité d'action en tant que groupe et qui contribuent à leur
tour à la définition et au maintien des
intérêts communs. » (Friedberg, 1993, 201) Elle
démontre la capacité de ces acteurs à construire des
échanges et exploiter les opportunités qu'offre le contexte dans
une situation d'action commune. Cette capacité d'action des acteurs
repose sur un ensemble de postulats.
Ces postulats de l'analyse stratégique posent la
question de comprendre comment chacun de ces acteurs (collectif et individuel)
des différentes associations de jeunesse agit sur le fonctionnement du
système en vue d'apporter des solutions adéquates aux
problèmes des jeunes de la commune de Port-au-Prince, et contribuent
ainsi à réduire le taux de pauvreté.
2.3.
Problématique
Contribuer à l'émergence d'une population,
oeuvrer pour son émancipation serait dénué de sens tant
que les populations intéressées demeureront dans un état
de stagnation économique et de chômage.
En effet, au cours des vingt-cinq dernières
années, le déclin de la production et la forte croissance
démographique conjuguée à l'absence de politiques
publiques appropriées ont entraîné la paupérisation
de la population haïtienne (MANIGAT, 2005). Structurellement, cette
paupérisation est attribuable à une situation de départ
extrêmement défavorable vu la nature de son accès à
l'indépendance, à un ensemble de facteurs d'ordre sociologique,
politique, démographique, économique historiquement
déterminés et à une combinaison de choix
stratégiques et de politiques économiques explicites ou
implicites qui ont inhibé le développement des forces
productives. À cela, il faut ajouter un environnement économique
et politique international souvent hostile engendrant d'importants manques
à gagner ou pertes pour le pays.
Dans la plupart des pays en voie de développement, la
pauvreté est surtout observée sur certaines couches de la
société qui y sont plus sensibles que d'autres. Les jeunes sont
souvent négligés dans les estimations de pauvreté
nationale, parce qu'ils ne sont pas considérés comme des
personnes à charge, comme le sont les enfants. C'est le cas de la couche
juvénile en Haïti. Elle est confrontée à de graves
problèmes de pauvreté caractérisé par le
chômage, le sous-emploi, les maladies. Mais comment briser le cercle
infernal dans lequel la jeunesse semble être prise. Les
différentes stratégies mises en place par les gouvernants pour
juguler cette crise semblent ne pas porter leur fruit.
En effet, la plupart des plans, programmes et projets de
développement et d'insertion des jeunes dans la vie active n'ont pas eu
les résultats escomptés en raison d'une quasi-absence de
participation des jeunes dans les initiatives de développement les
concernant. Les gouvernants n'ont pas tenu compte des besoins réels de
la jeunesse, les associations de jeunesse ne sont pas impliquées dans
les processus de développement à l'endroit de la couche
juvénile. À cet effet, il n'existe pas une réelle synergie
d'actions entre les différents acteurs.
À Port-au-Prince, la couche juvénile
organisée en associations de jeunesse avec des objectifs bien
définis pourrait constituer un atout considérable pour la
réduction de la pauvreté et le développement du pays. Le
gouvernement de la République d'Haïti, en fonction du nombre
important que représentent les jeunes, doit compter sur eux pour la
croissance économique car, les « jeunes constituent à
la fois un capital humain et un facteur de développement durable pour le
pays » 13(*)
Mais, jusqu'ici les diverses stratégies visant
l'implication de la jeunesse dans la réduction de la pauvreté
semblent ne pas être efficaces. De cette situation se dégagent les
interrogations suivantes :
§ Comment les associations de jeunesse peuvent-elles
contribuer au mieux à la réduction de la pauvreté dans la
commune de Port-au-Prince ?
§ Quelles relations ces associations de jeunesse
entretiennent-elles avec l'Etat dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté ?
§ Quel est leur niveau d'implication dans les
programmes/projets de lutte contre la pauvreté des jeunes ?
Autant d'interrogations qui suscitent les hypothèses
suivantes.
2.4. Hypothèses
La réponse à ces interrogations suscite les
hypothèses suivantes :
§ Les associations de jeunesse sont des creusets
d'éducation non formelle et d'épanouissement pour les
jeunes ;
§ Les actions menées par les associations de
jeunesse contribuent réellement à la réduction de la
pauvreté.
2.5. Objectifs
L'objectif principal de cette étude est de montrer
comment les associations de jeunesse contribuent à la réduction
de la pauvreté. Ce travail vise de façon spécifique
à :
§ Identifier les fonctions des associations de
jeunesse tout en appréciant leur niveau d'organisation ;
§ Mettre en exergue la contribution des associations de
jeunesse à la réduction de la pauvreté dans la commune de
Port-au-Prince ;
TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE
Après le choix du thème de recherche, il urge
d'opter pour une démarche méthodologique qui permettra de
démontrer l'objectivité et la rigueur qui caractérisent en
général l'activité scientifique qui est menée.
Cette méthodologie consiste dans le cadre de ce travail, à
définir la nature de la recherche, la population d'enquête,
à dégager l'échantillon requis en précisant sa
taille, et à présenter les techniques et les outils de collecte
des données.
3.1. Nature de l'étude et
population d'enquête
3.1.1. Nature de l'étude
Le présent travail de recherche est une étude de
type quantitatif et qualitatif dont l'objectif est d'identifier les actions
menées par les associations de jeunesse contribuant réellement
à la réduction de la pauvreté et aussi de proposer
des stratégies et/ou des actions pour une implication des associations
de jeunesse à la réduction de la pauvreté. Elle sera
basée sur une analyse des données quantifiables et des
données d'opinions.
3.1.2.
Pré-enquête
Elle a consisté à se rendre auprès de
deux associations de jeunesse, en vue de recueillir des informations qui
permettront d'évaluer nos outils d'investigations et de mieux orienter
les questions de notre enquête. Ainsi, un questionnaire a
été distribué à cinq membres d'associations choisis
au hasard.
3.1.3. Population d'enquête
La population d'enquête se définit comme
l'ensemble des sujets sur lesquels porte une étude, en fonction des
informations à recueillir.
Dans le cadre de cette étude, nous avons
considéré comme population d'enquête les associations dont
les activités portent sur les problèmes des jeunes et sur des
actions contribuant à réduire la pauvreté. Au regard de la
spécificité des informations à recueillir, nous avons
identifié deux cibles principales :
- les membres et les responsables d'associations/organisations
de jeunesse ;
- les autorités politico-administratives du
Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action Civique (MJSAC) qui
sont susceptibles de nous informer sur les actions menées par le MJSAC
au bénéfice des jeunes et des associations de jeunesse de la
commune.
C'est à partir de ces groupes cibles que nous allons
déterminer notre échantillonnage.
3.2. Taille de l'échantillon
L'échantillon est l'ensemble des sujets auprès
de qui les informations ont été collectées pour mener
à bien cette recherche. Cent vingt et un (121) membres/responsables
d'associations et sept (7) responsables du Ministère de la Jeunesse, des
Sports et de l'Action Civique (MJSAC) ont été retenus dans la
phase active de l'enquête. Étant donné l'effectif
élevé des membres des associations et leur non
disponibilité, nous avons pu réunir le quota suivant :
- 1ère association : 8 personnes
- 2e association : 15 personnes
- 3e association : 10 personnes
- 4e association : 9 personnes
- 5e association : 11 personnes
- 6e association : 8 personnes
- 7e association : 60 personnes
Tableau : Tableau
récapitulatif de la population d'enquête
Les unités d'investigation
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Les responsables politico-administratives
|
7
|
5.46 %
|
Les membres et responsables d'associations de
jeunesse
|
121
|
94.53 %
|
Total
|
128
|
100 %
|
3.3.
Méthodes et technique d'échantillonnage
3.3.1. Méthodes
La méthode d'échantillonnage est l'ensemble des
procédés qui aboutissent à l'identification de la fraction
représentative de la population d'enquête. Ainsi, en fonction des
différentes cibles composant notre population d'enquête, nous
avons utilisé deux types de méthodes. Il s'agit de la
méthode dite à choix raisonné et de la méthode
probabiliste.
3.3.2. Technique d'échantillonnage
· Choix raisonné
Ici, les cibles sélectionnées le sont pour des
raisons de fiabilité et de précisions des données à
collecter. Ces cibles ont été retenues parce qu'elles peuvent
fournir les informations désirées. Ainsi, les associations de
jeunesse ont été choisies en raison de l'importance de leurs
activités.
Cette méthode a été pratiquée
également pour l'identification de la zone du déroulement de
l'enquête. Cette commune a été choisie à cause des
services concernés par l'étude à savoir le
Ministère de la Jeunesse, du Sport et de l'Action Civique (MJSAC). Les
raisons qui sous-tendent ce choix sont liées aux activités que
développe le MJSAC pour la promotion du secteur de la jeunesse, et aussi
en raison de la présence d'une forte concentration d'associations et
d'organisations de jeunes dans la commune.
Pour les autorités politico-administratives, nous avons
utilisé la même technique à savoir la technique du choix
raisonné.
· Choix au hasard
La méthode probabiliste a permis de déterminer
l'échantillon au niveau des membres des différentes associations
enquêtées. En effet, ces personnes ne sont pas connues avant
l'enquête. Pour les interroger, nous avons choisi d'aller d'associations
en associations.
3.4. Outils d'investigation et
techniques de collecte des données
3.4.1. Outils d'investigation
Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé un
guide d'entretien et un questionnaire comme outils d'investigation pour
recueillir les informations nécessaires auprès des
différents acteurs concernés par le sujet d'étude.
Les modèles de ces outils se trouvent en annexes.
3.4.2. Techniques de collecte des données
Pour collecter les informations auprès de
l'échantillon, nous avons utilisé les techniques suivantes
à savoir : l'enquête par questionnaire, l'entretien, et
l'analyse documentaire.
· Enquête par
questionnaire
L'enquête par questionnaire a concerné les
membres des différentes associations, car ils sont les premiers
bénéficiaires des activités menées. Cette technique
d'enquête nous a permis de recueillir des informations précises.
Ce questionnaire comporte des questions à choix multiples, des questions
fermées et quelques questions ouvertes. Ces questions ont
été élaborées en fonction des objectifs, des
hypothèses et des questions de recherche de cette étude. Le
remplissage des questionnaires s'effectue par focus groupe dans les
différentes associations enquêtées.
· Enquête par
entretien
Il est utilisé pour les autorités
politico-administratives de la commune de Port-au-Prince. Ce
procédé leur a permis de s'exprimer et de donner des informations
par rapport aux activités menées contribuant à la
promotion et l'autonomisation de la jeunesse
Les entretiens réalisés nous ont permis de
produire des données à partir des discours des
enquêtés. Selon BLANCHET et GOTMAN (1992), l'enquête par
entretien est un instrument privilégié de l'exploration des faits
dont la parole est le vecteur principal. Ces faits peuvent concerner un
ensemble organisé de représentations et/ou pratiques
sociales.14(*) Ces propos
s'accordent bien à la réalité de la présente
recherche.
· Analyse documentaire
La documentation nous a aidés à mieux orienter
notre étude. Elle a consisté à analyser les textes et
documents relatifs à la pauvreté et sa voie de réduction
et aussi des documents concernant les associations sur le plan international et
national. Celles-ci nous ont permis de retenir la documentation pouvant
être utile ; mais aussi de structurer l'arrière-plan
théorique de travail. Ainsi, le recueil d'information s'est
appuyé sur plusieurs sources dont les ouvrages en rapport direct avec la
pauvreté, les associations, à la situation des jeunes, des
articles, des revues, des publications et d'autres sources comme l'Institut
Haïtien de Statistique et d'Informations (IHSI) qui nous a permis
d'obtenir des informations au sujet des caractéristiques de la commune
de Port-au-Prince.
3.5. Méthodes de collecte et de
traitement des données
3.5.1. Collecte des données
L'enquête proprement dite s'est déroulée
dans la commune de Port-au-Prince avec l'échantillon
précédemment défini. Au total, 121 questionnaires ont
été administrés auprès de sept (7) associations de
jeunesse et sept (7) entretiens ont été réalisés
avec les autorités politico-administratives de la commune. Les questions
contenues dans le guide d'entretien sont formulées en fonction des
objectifs de l'étude. Les responsables qui ont accepté de donner
leur opinion l'ont fait sans grande difficulté. Les entretiens, en ce
qui les concerne, sont obtenus sur rendez-vous.
3.5.2. Traitement des données
Le traitement des données a consisté à
dépouiller les informations recueillies qui représentent les
points de vue des diverses personnes questionnées et interviewées
sur ce thème de recherche, à procéder à leur
catégorisation, à leur transcription et à leur analyse. Il
s'agit de découper transversalement tout le corpus. L'unité de
découpage est le thème qui représente un fragment de
l'information. Chaque thème est défini par une grille d'analyse
élaborée. Cette technique ignore la cohérence
singulière des entretiens et recherche une cohérence
thématique inter-entretien. La manipulation des thématiques
consiste à attribuer à chaque thème les
éléments signifiants qui lui correspondent. (BLANCHET et GOTMAN,
1992).
Cette grille d'analyse doit autant que possible être
hiérarchisée en thèmes principaux, en thèmes
secondaires ou sous thèmes et en unités de signification
(informations utiles), de façon à décomposer au maximum
l'information en séparant les éléments négligeables
et les éléments de signification et minimiser les
interprétations non contrôlées. La grille d'analyse est un
outil explicatif visant la production de résultats de l'enquête
par entretien. Une fois les thèmes identifiés, une fois la grille
construite, il s'agit d'y insérer les énoncés
correspondants en les classant dans chaque rubrique appropriée. Ces
énoncés représentent les unités de signification
complexes de longueurs variables (phrases et paragraphes).15(*) La construction de la grille
d'analyse et l'identification des thèmes se sont effectuées
à partir des hypothèses de l'étude. Elles procèdent
donc à une itération entre hypothèses et corpus.
Toutes ces démarches nous ont mis directement en
contact avec le milieu d'étude et les différents acteurs
impliqués dans le fonctionnement des associations de jeunesse et dans la
réduction de la pauvreté en Haïti et plus
particulièrement à Port-au-Prince.
3.6. Difficultés
rencontrées
Mise à part les difficultés inhérentes
à toute investigation d'ordre scientifique, qui s'expriment en termes de
moyens matériel et financier, le temps de recherche relativement court,
nous avons été confrontés à d'autres situations
lors de l'enquête sur le terrain.
Elles sont de plusieurs ordres :
· Par rapport à la documentation, elles
concernent :
- les documents disponibles devraient être
consultés sur place ;
- le quasi inexistence des documents précis relatifs
aux associations de jeunesse de la commune de Port-au-Prince.
· Par rapport à l'enquête, elles
concernent :
- le non disponibilité de certains responsables
d'associations ;
- le refus de certains membres de collaborer sans
l'intervention du comité organisateur ;
- des annulations répétées des
rendez-vous avec certains responsables ;
- l'insuffisance de ressources financières.
Néanmoins, ces diverses contraintes n'ont pas eu
d'influence significative sur nos résultats.
QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS ; SUGGESTIONS
Cette partie fait le point des enquêtes,
présente, interprète et analyse les résultats
recueillis.
4.1. Fonctionnement
des associations de jeunesse : attributions, missions et domaines
d'intervention
Tableau :
Répartition des répondants par rapport à la
mission et aux attributions de leurs associations
Missions et Attributions
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
v Contribuer au développement intégral des
Jeunes
|
32
|
26,44 %
|
v Contribuer au renforcement des capacités
intrinsèques par l'éducation et la formation
|
38
|
31,40 %
|
v Assurer la promotion d'activités socio-culturelles et
économiques
|
31
|
25,61 %
|
v Faire le plaidoyer auprès des pouvoirs publics
concernés pour que la problématique des Jeunes soit prise en
compte dans les politiques publiques
|
20
|
16,52 %
|
Total
|
121
|
100 %
|
La mission et les attributions des associations de jeunesse se
présentent dans les statuts et les règlements mis en place par
les membres fondateurs. Les résultats du tableau II montrent que
31,40 % des associations contribuent au renforcement de leurs
capacités intrinsèques par l'éducation et la formation, et
26,44 % aident au développement intégral des
Jeunes. 25,61 % se donnent pour mission d'assurer la promotion
d'activités socioculturelles et économiques avec, pour et par les
Jeunes, contre 16,52 % qui font le plaidoyer auprès
des pouvoirs publics concernés pour que la problématique des
Jeunes soit prise en compte dans les politiques publiques.
En Haïti, le fonctionnement des associations de jeunesse
est régi par un certain nombre de textes de loi pris par les
associations elles-mêmes. A cet effet, le projet de loi-cadre de 1997
indique les recommandations au sujet des associations de jeunesse. Il prend en
compte leurs formations, la reconnaissance officielle et les objectifs
assignés à ces associations. Ce projet de loi-cadre constitue le
premier grand pas pour une organisation effective du secteur associatif en
Haïti.
Ainsi, elles interviennent dans plusieurs domaines
énumérés dans le tableau III ci-dessous cité :
Tableau :
Répartition des répondants par rapport au domaine d'intervention
de leur association
Domaines d'interventions
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
v Le développement socio-organisationnel
|
20
|
16,52 %
|
v La santé sexuelle et la santé de la
reproduction des Jeunes
|
11
|
9,09 %
|
v La communication - Les Technologies de l'information et de
la communication
|
20
|
16,52 %
|
v Le développement communautaire axé sur la
participation des jeunes
|
25
|
20,66 %
|
v La formation professionnelle et le développement
d'opportunités d'emplois et de revenus pour les Jeunes
|
45
|
37,19 %
|
Total
|
121
|
100 %
|
Les Associations de Jeunesse s'investissent à
37,19 % dans la formation professionnelle et le
développement d'opportunités d'emplois et de revenus pour les
Jeunes et à 20,66 % dans le développement
communautaire axé sur la participation des jeunes. Nous avons aussi
16,52 % qui oeuvrent dans le domaine de la communication - les
Technologies de l'information et de la communication contre 9,09
% dans le domaine de la santé sexuelle et la santé de la
reproduction des Jeunes.
Les Associations de Jeunesse s'investissent principalement
dans le volet social. Analyser leur fonctionnement suppose que l'on prenne en
compte d'une part le système formel qui est régi par des
règles et d'autres part le système informel qui met en exergue le
jeu des acteurs. Le mouvement associatif de jeunesse en Haïti est
régi par des textes pris principalement par le Ministère des
Affaires sociales, qui définissent les procédures officielles de
formation et de reconnaissance des associations et organisations de jeunesse.
Les Associations de Jeunesse au même titre que toutes les autres
organisations ou associations ayant pour base le social sont régies par
les mêmes procédures juridiques avec des différences non
significatives.
Aujourd'hui, aucun texte de loi ne porte une attention
particulière au vide juridique dans lequel les associations de jeunesse
se retrouvent. La régulation du fonctionnement des Associations de
Jeunesse est basée essentiellement sur les statuts et chartes internes
des différentes associations.
À cet effet, le Ministère des affaires sociales
s'assure que les Associations de Jeunesse remplissent les conditions de leurs
créations à savoir :
- Premièrement, avoir un nom qui est disponible
- Deuxièmement, fournir un statut ou une charte qui
permet leur fonctionnement
- Troisièmement avoir un comité directeur de 7
à 9 membres
- Enfin avoir au moins 10 membres.
Les Associations de Jeunesse disposent des statuts et chartes
qui règlementent leurs activités et les fonctions des
différents membres. Se référant aux différents
statuts et chartes des associations de jeunesse, on constate qu'ils
diffèrent d'une association à une autre. Ce qui suppose qu'il n'y
a pas une certaine rigueur au niveau des conditions d'élaboration
fixées par les instances officielles.
De l'analyse du fonctionnement réel des associations en
ce qui concerne les modes de régulation (prise de décision,
responsabilisation des membres, etc.), il ressort qu'il est pratiquement le
même dans tout groupe de discussion et d'échange. La prise de
décision au sein des associations est assez rationnelle, en ce sens que
les responsables effectuent des choix cohérents et
générant de la valeur dans la limite de certaines contraintes.
Tableau :
Répartition des associations en fonction du temps d'ancienneté
Variable
|
Effectif
|
Pourcentage
|
(0 - 5)
|
2
|
28,57 %
|
(5 - 10)
|
3
|
42,85 %
|
(10 - 15)
|
1
|
14,28 %
|
(15 - 20)
|
1
|
14,28 %
|
(20 - 25)
|
0
|
0 %
|
Total
|
7
|
100 %
|
Dans ce tableau, nous avons tenu essentiellement compte du
nombre des Associations de Jeunesse faisant partie de notre échantillon.
Au total, notre enquête s'est porté sur sept (7) Associations de
Jeunesse dans la commune Port-au-Prince en fonction de leur temps d'existence
et l'importance de leurs activités. Nous avons remarqué que ces
associations ont beaucoup d'expériences dans leurs domaines
d'interventions. Ainsi, on retrouve 42,85 % de ces
associations qui ont plus de cinq (5) ans et 28,57 % ont plus
d'un an (1). Et enfin 14,28 % a vingt ans. Les Associations de
Jeunesse ont une certaine ancienneté et déploient des efforts
assez considérables pour répondre aux besoins des jeunes en leur
offrant des activités variées favorisant leur autonomisation dans
la société.
4.2. Rapport entre
l'Etat et les associations de jeunesse
Figure : Répartition
des répondants par rapport aux relations que leur association entretient
avec l'Etat
Les résultats présentés par cette figure
nous montrent en grande partie que les Associations de Jeunesse n'entretiennent
pas de rapport avec l'État. De façon générale, il
n'existe pas de lois qui définissent clairement les relations qui
existent entre les Associations de Jeunesse et les institutions de
l'État. Mais, de façon isolée le MJSAC sélectionne
certaines Associations de Jeunesse de manière ponctuelle et travaille
avec elles. D'où la différence réelle observée sur
la figure : 10 % des associations sont en relation avec
les institutions étatiques contre 90 %. L'Etat en tant
qu'institution ne met pas en place un cadre favorisant l'émergence de ce
secteur.
4.3. Sources de
financement des associations de jeunesse
Les Associations de Jeunesse de la commune de Port-au-Prince
ont plusieurs sources de financement.
Ainsi, conformément aux différents statuts et
chartes des associations de jeunesse leurs financements proviennent
essentiellement des membres. Néanmoins, l'État peut leur apporter
des contributions techniques et matérielles pour la réalisation
de leurs activités (si les activités menées
coïncident avec un de ses programmes). Mais nos investigations sur le
terrain nous ont permis de constater que les associations sont aussi
financées par les ONG à un pourcentage de 23.14
%, les organismes internationaux à un pourcentage de
4.13 % et reçoivent aussi des dons et autres ressources
de certaines personnalités soit 14.04 % de leur
financement.
Figure :
Répartition des répondants par rapport aux moyens de financement
de leur association
Les résultats de cette figure nous ont permis de voir
que les Associations de Jeunesse ne bénéficient pas d'un
réel encadrement par l'État. La majorité des associations
de jeunesse luttent elles-mêmes pour assurer leur survie.
La mise en oeuvre des activités des Associations de
Jeunesse nécessite des moyens matériels, financiers et humains.
Ainsi, pour mener à bien leurs activités, elles
développent des stratégies permettant de trouver des moyens
nécessaires pour leur fonctionnement. Elles disposent des ressources
propres, provenant des cotisations des membres et des ressources externes qui
proviennent essentiellement des ONG, des institutions internationales et aussi
de l'État.
Les Associations de Jeunesse constituent en quelque sorte un
appui au pouvoir public dans leur mission d'intégration socioculturelle
et socio-économique des jeunes. À cet effet, les institutions
étatiques concernées devraient mettre en place un cadre
favorisant le développement de ce secteur.
4.4. Besoins
d'encadrement par l'Etat
Figure :
Répartition des répondants sur le besoin d'encadrement par l'Etat
manifesté par les associations
La lecture de la figure 3 nous montre que toutes les
associations nourrissent l'espoir de bénéficier de l'encadrement
de l'État. Les répondants l'ont affirmé, car la
totalité soit les 100 % des enquêtés
ont répondu par l'affirmative à la question. En Haïti, les
Associations de Jeunesse ne sont pas encadrées par l'État. Elles
ne sont pas considérées comme un secteur important à
prendre en compte dans les estimations officielles. Le MJSAC devrait
être, le Ministère de tutelle des associations et organisations de
jeunesse mais aucun texte officiel ne le mentionne. Les Associations de
Jeunesse en Haïti et particulièrement celles de la commune de
Port-au-Prince sont laissées pour compte dans leur noble mission
à l'endroit de la couche juvénile. Elles attendent de
l'État un bon encadrement pour donner une meilleure visibilité
à leurs actions.
4.5. Perception de
la pauvreté selon les acteurs du monde associatif
Selon les différents acteurs du mouvement associatif de
jeunesse, la pauvreté est perçue comme un manque de ressources
nécessaires pour répondre aux besoins les plus essentiels. Les
acteurs de ces mouvements pensent que la pauvreté touche en
majorité les jeunes.
Généralement, les parents de ces jeunes n'ont
pas les moyens suffisants pour assurer leur éducation. Ils sont sujets
à divers phénomènes comme le sous-emploi, la
sous-alimentation, la prostitution et autres. Ces phénomènes font
de quelques jeunes des personnes vulnérables à la maladie. Et
aussi, contribuent à l'augmentation du risque de transmission du VIH. La
pauvreté chez les jeunes est souvent liée à la
pauvreté parentale. Les Associations de Jeunesse essaient de garder ces
jeunes dans une ambiance qui leur fait oublier un tant soit peu leur
état et en les aidant à avoir un métier en vue de
l'amélioration de leurs conditions de vie.
4.6.
Activités menées dans le sens de la réduction de la
pauvreté dans la commune de Port-au-Prince
Tableau : Répartition
des répondants selon les activités menées
Activités menées par les associations de
jeune
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
v L'éducation et la formation
|
45
|
37,19 %
|
v L'insertion sociale et culturelle des jeunes
|
15
|
12,39 %
|
v La promotion des activités culturelles, artistiques
et sportives
|
27
|
22,31 %
|
v L'insertion socioprofessionnelle
|
12
|
9,92
|
v Le développement communautaire axé sur la
participation des Jeunes
|
22
|
18,18 %
|
Total
|
121
|
100 %
|
Les différentes activités menées par les
Associations de Jeunesse dans la Commune de Port-au-Prince se résument
à travers le tableau V. Au nombre des activités menées,
nous avons remarqué que 37,19 % oeuvrent dans le
domaine de l'éducation et la formation des jeunes. Il faut dire que la
pauvreté est caractérisée par une préscolarisation
non seulement plus faible, mais aussi plus tardive et aussi une sortie
précoce du système éducatif et une forte proportion
d'illettrés. Les Associations de Jeunesse mènent des
activités en ce sens, telles que : la formation à
l'artisanat, l'entreprenariat, l'informatique, la formation sur la santé
sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes adultes 22,31
% mènent des activités pour la promotion des
activités culturelles, artistiques et sportives. Cette promotion se fait
à travers les activités culturelles telles que les
activités socio-éducatives, les activités
récréatives, les concours d'excellence de chants et de danses, le
théâtre, et la musique. Il s'agit ici de faire la promotion des
jeunes talentueux en les aidant à avoir de financement pour se lancer
dans le monde culturel. 18,18 % visent le développement
communautaire axé sur la participation des Jeunes. A cet effet, les
associations de jeunesse oeuvrent pour la protection de l'environnement
à travers les activités telles que la création de parcs
botaniques, le reboisement, les campagnes de plantations d'arbres et les
journées de salubrité. Pour ce faire, elles organisent des
conférences et séminaires, des séances de formations et de
sensibilisation sur la déforestation et sur la gestion des
déchets ménagers. 12,39 % mènent des
activités d'insertion sociale et culturelle qui développent le
civisme chez les jeunes et les aider à mieux s'insérer dans la
société. Contre 9,92 % d'insertion
socioprofessionnelle, les associations aident à la formation
professionnelle et le développement d'opportunités d'emplois et
de revenus pour les jeunes à travers des structures
spécialisées. Et aussi à la création des ateliers
artisanaux et des centres de formation et de dépistage de certaines
maladies vénériennes.
Les actions menées par les associations de jeunesse
revêtent une importance capitale à la réduction de la
pauvreté dans la commune de Port-au-Prince ; en ce sens qu'elles
permettent aux membres et aux jeunes de la Commune d'apprendre un métier
professionnel qui leur permet d'acquérir un certain savoir-faire dans un
domaine quelconque.
En effet, par l'intermédiaire des Associations de
Jeunesse, les jeunes trouvent des opportunités d'emploi et participent
à des séances de formation financées par les sponsors de
ces associations. Ainsi, les jeunes développent le sens de
responsabilité, l'esprit d'entreprise, la créativité en
vue de se prendre en charge. Certains jeunes pensent que les activités
menées par les associations de jeunesse sont du domaine des
autorités étatiques. Si nous nous référons à
BARTLE (2007) qui retrace de façon précise les différents
facteurs de la pauvreté à travers le
schéma ci-dessous, on peut affirmer que les Associations de
Jeunesse font un travail non négligeable ; en ce sens qu'elles
donnent des formations pour combattre l'ignorance, la malhonnêteté
ou encore la maladie. Ces facteurs entravent le développement
intellectuel, le civisme et la santé des jeunes.
Figure : Facteurs de
pauvreté
En se référant à ces constats, on peut
émettre l'idée que les Associations de Jeunesse constitueraient
pour les jeunes, des structures favorables à leur éducation et
formation à travers les échanges d'expérience et de
connaissance, la prise d'initiative et de responsabilité, l'entraide,
etc.
Les actions menées par les Associations de Jeunesse
dépassent le cadre d'une acquisition de connaissances intellectuelles ou
du savoir-faire pratique. Il s'agit d'une action globale. Pour ce faire, les
autorités étatiques doivent mettre en place un cadre juridique
adéquat leur permettant de mieux satisfaire les membres et
bénéficiaires directs de leurs activités.
En somme, les Associations de Jeunesse ont des objectifs qui
visent l'intégration des jeunes au plan social, économique et
culturel. Ainsi, elles mettent en oeuvre des stratégies leur permettant
d'atteindre leurs différents objectifs.
4.7. Les
stratégies mises en place par les associations de jeunesse
Les différentes stratégies mises en oeuvre par
les Associations de Jeunesse en vue d'une pleine réussite de leurs
activités se traduisent par les résultats du tableau VI
ci-dessous :
Tableau :
Répartition des répondants selon les types de stratégies
utilisées par leurs associations
Stratégies mises en oeuvre par les
associations
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
v Communication pour le changement de comportements
|
21
|
17,35 %
|
v Formation
|
36
|
29,75 %
|
v Projets de vie
|
28
|
23,14 %
|
v Plaidoyer
|
12
|
9,91 %
|
v Conseils et dépistage
|
14
|
11,57 %
|
v Mise en place de maisons de jeunes
|
10
|
8,26 %
|
Total
|
121
|
100 %
|
La Communication pour le changement de comportements a un
pourcentage de 17,35 %. Nous avons remarqué que la
majorité des associations de jeunesse utilise la formation comme
stratégies soit 29,75 % et 23,14 %
optent pour les Projets de vie. Nous avons également
9,91% qui font le Plaidoyer auprès des instances
officielles contre 11,57 % qui utilisent les Conseils et
dépistages comme moyens pour prévenir les maladies
vénériennes. Et enfin, 8,26% essaient de
mettre en place des maisons de jeunes comme espace alternatif
où les jeunes se rencontrent, se divertissent et apprennent.
Chaque association est régie par des principes formels
qui facilitent l'atteinte des objectifs fixés par celle-ci.
Néanmoins, on observe certains jeux des acteurs en vue d'atteindre leurs
propres objectifs en dehors de ceux fixés par les associations. Le
raisonnement stratégique vise à découvrir « quel
calcul chaque acteur peut faire en fonction de son intérêt dans la
négociation qu'il doit mener avec ses partenaires » (Crozier
et Friedberg, 1977, 237). Ce sont les responsables et les membres d'association
de jeunesse qui définissent les règles de leur coopération
tout en cherchant à en tirer des profits. Selon Friedberg
(1993)16(*) cet ordre
repose sur des relations de pouvoir c'est-à-dire un échange
négocié de comportement qui est structuré de telle sorte
que tous les acteurs retirent quelque chose en permettant à quelques-uns
d'en tirer davantage que d'autres.
La prise en compte de l'environnement permet également
de cerner les apports possibles de certains acteurs qui sans appartenir aux
associations de jeunesse, déterminent leur fonctionnement et les
résultats qu'elles obtiennent.
4.8. Les groupes
cibles
Les associations de jeunesse travaillent principalement
avec:
ï Les Jeunes Adolescents de 10 - 14 ans
ï Les Adolescents de 15 -19 ans
ï Les Jeunes Adultes de 20 - 24 ans
ï Les Leaders communautaires
ï Les ONG et Institutions Internationales
intéressées aux problèmes des Jeunes.
Il ressort de ce constat que les Associations de Jeunesse
travaillent non seulement avec les jeunes, mais également
élaborent des programmes pour les jeunes adolescents et les adolescents
proprement dits en vue de détecter leur talent dans un domaine
quelconque ou encore pour les aider à forger leur personnalité
à travers certaines formations. Les Associations de Jeunesse ciblent
pratiquement toutes les tranches d'âge de la jeunesse, leur travail
mérite d'être apprécié à sa juste valeur par
les autorités concernées.
4.9. Niveau
d'appréciation des bénéficiaires
Figure :
Répartition des répondants par rapport au niveau
d'appréciation de la population bénéficiaire
La lecture de cette figure montre que la population
bénéficiaire apprécie les différentes actions
menées par les associations de jeunesse contribuant à la
réduction de la pauvreté. 53 % de nos enquêtés
pensent que les associations de jeunesse font un très bon travail avec
les jeunes de la commune de Port-au-Prince. 30 % sont d'avis que le travail
est bien et 17 % des enquêtés optent pour un travail assez bien.
Les bénéficiaires, qu'ils soient directs ou indirects, pensent
que les Associations de Jeunesse font un bon travail avec les jeunes et
méritent d'être sérieusement encadrées.
4.10. Les difficultés rencontrées par les
acteurs du mouvement associatif de jeunesse
Les résultats de nos recherches nous ont conduit
à identifier les sources réelles des difficultés
rencontrées par les associations de jeunesse dans la Commune de
Port-au-Prince.
C'est ainsi que les acteurs du mouvement associatif de
jeunesse nous ont fait part d'un certain nombre de difficultés qui
entravent le bon fonctionnement de leurs associations. Ces difficultés
sont de divers ordres :
ï difficultés liées au financement de leurs
activités. En effet, les Associations de Jeunesse ont des
difficultés financières qui les limitent dans certaines
activités de grande envergure et nécessitant des ressources
importantes.
ï difficultés liées à leur
fonctionnement. A cet effet, certaines associations de jeunesse ne disposent
pas de leurs propres locaux.
ï difficultés institutionnelles liées
à leur nature juridique. Les associations de jeunesse n'ont pas de
véritable partenariat stipulé par une charte avec l'Etat central.
De plus, elles sont confrontées à un manque de
moyens matériels et logistiques qui restreint le champ de leurs actions
à l'endroit de la jeunesse. Une autre difficulté
rencontrée par les associations de jeunesse est celle relative à
la participation des membres. En effet, on observe une participation non
effective de tous les membres lors des phases opératoires de certaines
activités qui nécessitent une pleine participation des membres.
Malgré toutes ces difficultés rencontrées par les
associations de jeunesse, elles arrivent quand même à
réaliser leurs activités.
4.11. Propositions et suggestions faites par les acteurs du
mouvement associatif de jeunesse à l'endroit des autorités de
tutelle
Pour un meilleur fonctionnement des associations de jeunesse,
il faudra une implication effective par les institutions étatiques
concernées par la problématique des jeunes. Et aussi, des
dispositions légales adéquates pour la régularisation du
secteur associatif. En d'autres termes, il faut que des séances de
travail soient organisées par les différents Ministères
concernés par ce secteur.
4.12. Implication et participation des associations de
jeunesse dans les programmes/projets visant la couche juvénile du
MJSAC
Selon Mr ORMEUS, ancien Directeur du secteur jeunesse, le
MJSAC a toujours prôné une approche inclusive et participative en
ce sens que l'avis et la participation des jeunes est toujours
sollicité. « Nous voulons pour preuve le processus
d'élaboration des Politiques de jeunesse, de Sport et de Civisme dont
les 1ères actions s'adressent aux jeunes des
associations ». Par ailleurs, Mr MESGUERE actuel Directeur du
Secteur Jeunesse, affirme que « le MJSAC s'organise autour de
trois (3) Directions techniques (Jeunesse, APS et Civique). Les actions de ces
dernières sont opérées sur le terrain par les techniciens
des Directions et Coordinations départementales. Le MJSAC a toujours
pensé aux associations favorisant la participation des jeunes dans ces
différents projets ». Le MJSAC mise beaucoup sur le
développement de partenariats local et national.
Au regard des développements précédents,
nous retenons que la problématique de la gouvernance des associations de
jeunesse en Haïti demeure encore un défi, dans la mesure où
il y a un vide total en la matière. En effet, diverses Associations
interviennent actuellement dans les champs du MJSAC sans qu'elles aient pour
autant la vocation ou la mission. Ceci fragilise les relations avec le MJSAC.
Actuellement cette question est en train d'être sérieusement
posée notamment à travers un état des lieux devant aboutir
à un recensement de toutes les organisations et associations intervenant
auprès des Jeunes.
En Haïti, le budget accordé au Ministère de
la Jeunesse représente 0.41% du budget global ; ce qui ne suffit
pas pour répondre aux divers besoins de la jeunesse. Ces besoins sont de
différents ordres à savoir :
- Le manque d'infrastructures adéquates pour permettre
aux jeunes de disposer d'espaces pour des loisirs sains.
- Le manque d'encadrement et d'encouragement de la production
artistique et culturelle chez les jeunes
- Les problèmes socio-économiques
(problème d'éducation, chômage, sous-emplois) etc.
Très peu de données sont disponibles sur les
besoins des jeunes et les problèmes auxquels les jeunes font face au
quotidien. Il est opportun de noter que le poids démographique des
jeunes est un élément important dans l'acuité des
problèmes de ce groupe. Vu que la situation juridique n'est pas
favorable à la prise en charge des associations de jeunesse, les
instances officielles ne mettent pas un réel accent sur les associations
de jeunesse. Elles les considèrent juste comme des agents facilitateurs
auxquels elles peuvent faire appel pour l'exécution de certains projets
sans pour autant les impliquer dans tout le processus. Les associations de
jeunesse ne peuvent rien exiger du MJSAC sinon le considérer comme un
potentiel partenaire pour leurs activités.
4.13. Vérification des hypothèses de
l'étude
Nous avions émis les hypothèses
suivantes :
1) Les associations de jeunesse constituent des creusets
d'éducation non formelle et d'épanouissement pour les jeunes.
2) Les actions menées par les associations de jeunesse
contribuent réellement à la réduction de la
pauvreté.
L'ensemble des résultats obtenus et leur analyse
révèlent d'une part que le fonctionnement des associations
de jeunesse nécessite des moyens matériels et financiers des
partenaires pour mener à bien leurs activités et d'autre
part, les activités menées par les associations de jeunesse
constituent l'un des moyens pour la réduction de la pauvreté dans
la commune de Port-au-Prince.
Nous pouvons affirmer que nos hypothèses ont
été vérifiées ; ce qui traduit la
nécessité de donner une base juridique aux associations de
jeunesse afin qu'elles puissent faire face aux divers problèmes.
SUGGESTIONS
L'analyse des différents résultats de nos
investigations documentaires comme celles de terrain nous a permis de
comprendre que, pour réduire la pauvreté au sein des jeunes dans
la commune de Port-au-Prince, une refonte de la politique des associations de
jeunesse s'impose. Particulièrement les actions de cette reforme doivent
concerner les points indexés à travers la présente
étude et les recommandations ci-après.
Recommandations à l'endroit de
l'État
- Mettre en place un cadre juridique qui définit les
fonctions et rôles des associations de jeunesse en Haïti ;
- Impliquer réellement les associations dans la
résolution des problèmes des jeunes (programmes/projets visant
les jeunes) ;
- Mettre en place un fonds d'aide pour subventionner les
associations oeuvrant pour l'épanouissement des jeunes ;
- Réorganiser les structures chargées de la
gestion des problèmes des associations de jeunesse ;
- Prendre de textes officiels qui redéfinissent le
rôle de l'État dans le financement des activités et dans
l'implication effective des associations de jeunesse dans les différents
Ministères concernés par la problématique de la jeunesse
particulièrement le MJSAC ;
- Faire un état des lieux en vue de connaitre les
associations qui interviennent effectivement auprès de la jeunesse afin
de mieux les impliquer dans les actions visant les jeunes ;
- Mettre en place un environnement propice aux initiatives des
associations de jeunesse ;
- Mettre en place des structures de mobilité pour
l'encadrement des jeunes ;
- Elaborer une politique d'insertion socio-économique
afin réduire le taux de chômage des jeunes.
Recommandations à l'endroit des associations de
jeunesse
- Diversifier leurs activités pour une meilleure
visibilité auprès de la jeunesse et des sponsors;
- Tenir compte des besoins réels des jeunes pour
élaborer leur programme ;
- Élaborer des projets et les soumettre au
MJSAC ;
- Être actif ;
- Prioriser les différentes actions ou
interventions ;
- Faire des propositions à l'État dans le sens
de combler le vide juridique dans lequel ces associations de jeunesse
évoluent ;
CONCLUSION
Cette étude qui vient d'être menée sur les
contributions des associations de jeunesse à la réduction de la
pauvreté nous a permis de découvrir les différents
problèmes auxquels les associations de jeunesse sont confrontées
dans l'exécution de leur mission, qui est d'aider la jeunesse à
s'épanouir en créant des opportunités, en assurant une
certaine sécurité matérielle et aussi en les aidant
à s'insérer dans la vie sociale et professionnelle. L'objectif
visé par ce travail de recherche est de montrer que les associations de
jeunesse contribuent à la réduction de la pauvreté et
d'analyser leur fonctionnement et leurs activités afin de mettre en
exergue leur réelle contribution à la réduction de la
pauvreté, et de proposer des stratégies ou des actions pour une
implication des associations de jeunesse à la réduction de la
pauvreté dans une synergie gouvernementale.
Les résultats de cette analyse laissent entendre que le
rôle joué jusqu'ici par les associations de jeunesse dans
l'amélioration des conditions de vie des jeunes est plus ou moins
satisfaisant en dépit de leur manque de moyens. A cet effet, il faut
remarquer que les associations de jeunesse ont la possibilité d'aider
les jeunes à faire face aux différents problèmes auxquels
ils seront confrontés dans la vie sociale. Néanmoins, elles
connaissent des difficultés organisationnelles, matérielles,
financières et surtout institutionnelles qui relèvent des
autorités étatiques.
Il parait donc évident que les associations de jeunesse
doivent lutter pour assurer leur survie. Cette situation demeure assez
préoccupante pour les acteurs concernés par cette
problématique. Aujourd'hui, les institutions étatiques sont en
train de se pencher sur la question afin de trouver des solutions
adéquates aux problèmes de la jeunesse à travers les
associations de jeunesse tant au niveau local que national.
En effet, les autorités tant locales que nationales
doivent tenir comptent des propositions exprimées par les associations
de jeunesse en vue d'une réelle implication des jeunes dans les
politiques publiques de jeunesse.
En partant de cette analyse, nous sommes amenés, comme
l'avait fait Pierre Bourdieu, à dire que la jeunesse est une
construction sociale et en tant que telle elle relève de choix
collectifs.
De l'avis des spécialistes, pour qu'Haïti puisse
tirer partie de la jeunesse de sa population, elle doit accompagner celle-ci,
en mettant en place des politiques appropriées dans les domaines de
l'éducation, de la formation professionnelle, de l'emploi, etc.
De toute évidence, les associations de jeunesse ne
peuvent jouer leur partition dans le développement économique et
à la réduction de la pauvreté que si elles
bénéficient d'un encadrement minutieux et d'un financement
adéquat.
Dès lors pour concilier les associations de jeunesse
à la réduction de la pauvreté dans la commune de
Port-au-Prince, des efforts doivent être consentis aussi bien par
l'État que par les associations de jeunesse. Dans ces conditions, nos
suggestions et recommandations gardent tout leur sens et
intérêt.
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TABLES DES MATIERES
1.1.SITUATION GÉOGRAPHIQUE
ET ADMINISTRATIVE DE LA RÉPUBLIQUE D'HAÏTI 1
1.2.CARACTÉRISTIQUES
DÉMOGRAPHIQUES 2
1.3.CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET
PROBLÉMATIQUE DE LA PAUVRETÉ EN HAÏTI 2
1.4.CADRE JURIDIQUE DES
ASSOCIATIONS EN HAÏTI 2
1.4.1.La Formation des
Associations 2
1.4.2.La Reconnaissance des
Associations 3
1.5.PRÉSENTATION DE LA
COMMUNE DE PORT-AU-PRINCE 3
1.6. CADRE PHYSIQUE ET
ADMINISTRATIF 3
1.7.CARACTÉRISTIQUES
DÉMOGRAPHIQUES 3
1.8.INFRASTRUCTURES
SOCIOCOMMUNAUTAIRES OU SECTEURS SOCIAUX 4
1.9.ACTIVITÉS ET
INFRASTRUCTURES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES 4
2.1.REVUE DE LITTÉRATURE
6
2.2.CADRE THÉORIQUE
8
2.2.1.Clarifications
conceptuelles 8
2.2.2.Modèle
d'Analyse : la sociologie des organisations de Crozier et Friedberg (1977)
l'analyse stratégique et l'ordre local de Friedberg (1993)
10
2.3.PROBLÉMATIQUE
10
2.4. HYPOTHÈSES
11
2.5. OBJECTIFS 11
3.1.NATURE DE L'ÉTUDE ET
POPULATION D'ENQUÊTE 13
3.1.1.Nature de l'étude
13
3.1.2.Pré-enquête
14
3.1.3.Population
d'enquête 14
3.2.TAILLE DE L'ÉCHANTILLON
14
3.3.MÉTHODES ET TECHNIQUE
D'ÉCHANTILLONNAGE 15
3.3.1.Méthodes
15
3.3.2.Technique
d'échantillonnage 15
3.4.OUTILS D'INVESTIGATION ET
TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNÉES 16
3.4.1.Outils d'investigation
16
3.4.2.Techniques de collecte
des données 16
3.5.MÉTHODES DE COLLECTE ET
DE TRAITEMENT DES DONNÉES 17
3.5.1.Collecte des
données 17
3.5.2.Traitement des
données 17
3.6.DIFFICULTÉS
RENCONTRÉES 18
4.1.FONCTIONNEMENT DES
ASSOCIATIONS DE JEUNESSE : ATTRIBUTIONS, MISSIONS ET DOMAINES
D'INTERVENTION 19
4.2.RAPPORT ENTRE L'ETAT ET LES
ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 22
4.3.SOURCES DE FINANCEMENT DES
ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 22
4.4.BESOINS D'ENCADREMENT PAR
L'ETAT 23
4.5.PERCEPTION DE LA
PAUVRETÉ SELON LES ACTEURS DU MONDE ASSOCIATIF 23
4.6.ACTIVITÉS MENÉES
DANS LE SENS DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ DANS LA COMMUNE DE
PORT-AU-PRINCE 23
4.7.LES STRATÉGIES MISES EN
PLACE PAR LES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 24
4.8.LES GROUPES CIBLES
25
4.9.NIVEAU D'APPRÉCIATION
DES BÉNÉFICIAIRES 25
4.10.LES DIFFICULTÉS
RENCONTRÉES PAR LES ACTEURS DU MOUVEMENT ASSOCIATIF DE JEUNESSE
26
4.11.PROPOSITIONS ET SUGGESTIONS
FAITES PAR LES ACTEURS DU MOUVEMENT ASSOCIATIF DE JEUNESSE À L'ENDROIT
DES AUTORITÉS DE TUTELLE 26
4.12.IMPLICATION ET PARTICIPATION
DES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE DANS LES PROGRAMMES/PROJETS VISANT LA COUCHE
JUVÉNILE DU MJSAC 26
4.13.VÉRIFICATION DES
HYPOTHÈSES DE L'ÉTUDE 27
SUGGESTIONS
27
CONCLUSION
29
BIBLIOGRAPHIE
31
* 1 _ Haut Conseil de la
coopération internationale (2004). La lutte contre la pauvreté :
acteurs, modalités, enjeux.
* 2 _ Journée
mondiale de la pauvreté (2006). Les jeunes aux défis du
développement.
* 3 _ Institut haïtien
de statistique et d'informatique (2007). Frédéric Gérald
Chéry in « La crise permanente (Société,
économie et politique en Haïti) » et Fred Doura in
« Économie d'Haïti, dépendance, crise et
développement ».
* 4 _ Document de
Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la
Pauvreté (2008-2010)
* 5 _ Fonds des Nations Unies
pour la population (2006)
* 6 _ IHSI, 2006
* 7 _ La pauvreté en
Haïti : Situation, Causes et Politiques de Sortie. Port-au-Prince,
Haïti. P. 2
* 8 _ALANDE, P.B. (2002).
« Associations Culturelles et Processus de Développement
communautaire en Haïti : cas de la commune de Léogane.»
Mémoire de Maitrise en JA, Institut National de la Jeunesse et des
Sports, Cameroun 96p.
* 9 _ Document de Cadrage de
l'élaboration des politiques de jeunesse, de sport et du civisme en
République d'Haïti (2008, 15)
* 10 _ Sen Amartya «
Un nouveau modèle économique : développement, justice,
liberté », p.p. 36 , 2003 cité par Montas (2005)
* 11 _ Friedberg, E. (1993,
141). Le pouvoir et la règle. Edition du Seuil. Paris.
* 12 _ Crozier, M. et
Friedberg, E. (1979, 241). L'acteur et le système. Edition du Seuil.
Paris.
* 13 _ BELIZAIRE F. (2006)
Ministre de la Jeunesse, aux Sports et de l'Action civique.
* 14 _ BLANCHET et
GOTMAN (1992) « l'enquête et ses méthodes :
l'entretien.» Paris, Nathan. p 39.
* 15 _
BLANCHET, A. et GOTMAN,
A. (1992) « l'enquête et ses méthodes :
l'entretien. Paris, Nathan. p 41.
* 16 _ Friedberg
(1993). Le pouvoir et la règle. Edition du Seuil. Paris
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