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Contribution des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté en haiti : cas de la commune de port-au-prince

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par Magdala SUIRE
Université d'Abomey-Calavi : Institut National de la Jeunesse, du Sport et de l'Education Physique - Maitrise en Développement Communautaire 2009
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

Sur une population mondiale de 6 milliards d'habitants, plus de 1,2 milliard (soit un habitant de la planète sur cinq) survivent avec moins d'un dollar par jour, et près de 3 milliards d'individus avec moins de deux dollars par jour, c'est-à-dire à un niveau insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon décente1(*).

La Déclaration du Millénaire, adoptée en septembre 2000 par l'ensemble des États membres représentés à l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies, prescrit comme premier objectif, la nécessité de faire disparaître en 2015 l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour.

L'une des couches de la population les plus touchées par ce fléau social qu'est la pauvreté est la jeunesse. « Aujourd'hui, près de la moitié de la population mondiale (plus de 3 milliards de personnes) a moins de 25 ans. Les jeunes n'ont jamais été en si grand nombre, dans toute l'histoire de l'humanité, et ils sont bien trop nombreux à affronter des perspectives sombres, observe Kofi ANNAN, l'ancien Secrétaire Général de l'ONU. Où qu'ils soient nés, les jeunes voient leur vie façonnée par des forces qui leur échappent, qu'il s'agisse de la prévalence de la pauvreté, de l'incidence de la criminalité, de la possibilité d'étudier et d'apprendre, des perspectives de trouver un travail décent ou encore de l'accès à des services de santé abordables ».2(*)

En ce début du vingt-et-unième siècle, la République d'Haïti fait partie des pays qui n'arrivent toujours pas à satisfaire convenablement les besoins de sa population, notamment ceux des jeunes. Ces besoins ont trait notamment à l'éducation, à la santé, à l'emploi, au logement et à la sécurité sociale. En effet, « sur dix (10) personnes en âge de travailler, six sont au chômage ».3(*)

En Haïti le poids démographique de la jeunesse dépasse les 50% de la population globale4(*). En effet, un haïtien sur deux a moins de vingt (20) ans. C'est autour de cet âge qu'un haïtien, ayant fréquenté l'école « relativement tôt », achève ses études secondaires.5(*)

L'éducation est souvent considérée comme la solution première à la pauvreté. Cependant, la pauvreté est une barrière majeure pour la scolarité. En Haïti comme dans certains pays en voie de développement, beaucoup de jeunes doivent recourir à un entreprenariat forcé et au travail indépendant. Ils travaillent dès lors pour un salaire bas et dans des conditions dangereuses.

C'est dans le but de formuler des axes stratégiques visant à aborder avec plus de succès le phénomène de la pauvreté touchant la jeunesse que plusieurs programmes ont été pris aussi bien à l'échelle internationale que nationale (le Programme des Nations Unies pour la Jeunesse et la Politique Nationale de la Jeunesse en Haïti). Ces programmes permettent de constater que l'accent est mis sur la capacité des jeunes à s'organiser, se regrouper en association en vue de résoudre leurs problèmes. En effet, les Associations de Jeunesse permettent aux jeunes de s'auto-éduquer, d'organiser des activités qui les éloignent de certains vices pour une meilleure intégration dans la société.

En Haïti et plus précisément dans la Commune de Port-au-Prince plusieurs associations oeuvrent pour l'émergence de la couche juvénile. L'objectif de ce travail est d'analyser les Associations de Jeunesse à travers leurs activités afin de montrer leur contribution à la réduction de la pauvreté.

Cette recherche vise de façon spécifique à :

- Apprécier les fonctions des associations de jeunesse et leur niveau d'organisation ;

- Mettre en exergue la contribution des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince.

L'étude porte sur la commune de Port-au-Prince située dans le département de l'Ouest de la République d'Haïti. Les caractéristiques essentielles qui s'y dégagent permettront de saisir la portée théorique de notre thème de recherche.

I- PREMIERE PARTIE : CADRE DE L'ETUDE

1.1. Situation géographique et administrative de la République d'Haïti

Haïti est un des pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l'ile. Il est limité à l'Est par la République Dominicaine, au Nord par l'Océan Atlantique et au Sud et à l'Ouest par la mer des Caraïbes ou mer des Antilles. Sa superficie est de 27 750 km².

Il est divisé et subdivisé en dix départements, quarante-deux arrondissements, cent quarante-deux communes, cinq cent soixante-neuf sections communales.

1.2. Caractéristiques démographiques

Selon le dernier recensement de 2006, la population haïtienne est estimée à 8 924 553 habitants avec un taux de croissance de 2.3 % et une densité de 321,6 habitants par kilomètre carré.6(*)

1.3. Contexte économique et problématique de la pauvreté en Haïti

Ce contexte, présenté brièvement, se rapporte à la période 1987-2003 où l'économie Haïtienne a enregistré des modifications importantes dues entre autres à :

a) des raisons d'ordre politique, caractérisées par une instabilité qui a eu des conséquences néfastes sur l'investissement privé ainsi que l'exécution des programmes publics de développement ;

b) des raisons d'ordre économique, caractérisées par un changement notable de politiques économiques en 1986 et 1987 renforcé en 1996, politiques qui ont consisté pour l'essentiel à aménager l'ouverture très large de l'économie au commerce international et secondairement à libéraliser le marché financier. Ces changements, introduits dans le cadre de deux programmes d'ajustement structurel très partiellement appliqués, n'ont pas donné les résultats escomptés, notamment en matière d'accroissement du volume et du poids relatif des exportations dans ce petit pays surpeuplé. La réforme de la fonction publique et des entreprises publiques est restée dans un premier temps très partielle. Après 1999, les ressources financières et humaines du secteur public se sont même amenuisées par rapport à leur niveau des vingt années antérieures. La baisse de la production interne par habitant a été la conséquence logique des conditions politiques et économiques dans lesquelles ont dû évoluer les agents économiques depuis l'année 1981. Conséquemment, le rôle traditionnel de la migration internationale s'est renforcé. En effet, dans ce contexte morose marqué par des chocs exogènes négatifs, peste porcine et destruction du cheptel, propagande extérieure négative et ralentissement du tourisme au début des années 80, coup d'État et embargo économique en 1992/1994, maladies et baisse de production de nombreuses cultures agricoles dans les années 90, l'émigration de nombreux professionnels et techniciens qualifiés ainsi que le recours à la main-d'oeuvre semi et non qualifiée se sont intensifiés.7(*)

Parallèlement, des modifications importantes ont été enregistrées dans la structure de l'économie et dans son fonctionnement macro-économique.

1.4. Cadre juridique des Associations en Haïti

1.4.1. La Formation des Associations

Si les traditions imposent aux groupes sociaux la nécessité de mettre ensemble leurs connaissances, leur savoir-faire et savoir être en vue d'affronter les difficultés de la vie ou d'apporter des solutions à leurs problèmes de tous ordres, les textes juridiques haïtiens ne se sont pas beaucoup attardés là-dessus. La Constitution de 1987 reconnait Haïti comme une République coopérative, cela suppose que les Haïtiens ont le parfait droit de se mettre en association. Toute une série de lois et de décrets ont été pris et promulgués concernant les syndicats, les associations d'églises, les coopératives ou toutes formes d'associations ayant pour base la société coopérative. Cependant, aucun texte de loi n'avait porté une attention particulière aux associations de jeunesse.

Malgré l'envergure significative que connait le monde associatif en Haïti, ce secteur n'a pas pu pousser les autorités à mettre en place des structures juridico-institutionnelles adéquates en sa faveur. Aujourd'hui le monde associatif vit à la merci des priorités du moment ou des ordonnances institutionnelles propres.

Le projet de loi-cadre de 1997 fixant le statut général des associations serait le premier grand pas pour une organisation effective du monde associatif en Haïti.

1.4.2. La Reconnaissance des Associations

Si aucune ordonnance n'a été jusqu'à présent promulguée sur la formation des associations, un accent particulier a depuis longtemps été mis par certaines structures publiques sur la reconnaissance de celles-ci. Il faut préciser que cette reconnaissance émane tout simplement du plan d'action de ces institutions étatiques, entretenant des relations avec les associations ou des institutions s'occupant des autres organisations sociales (partis politiques, Syndicats, ONG, Coopératives, etc.) ou encore d'une acceptation particulière du projet de loi de 1997.

À cet effet, la reconnaissance est effectuée comme celle administrée par le projet de loi sur les Associations. Et les demandes d'enregistrement ou reconnaissance sont assurées par trois Institutions :

- Le Ministère de la Culture ;

- Le Ministère des Affaires Sociales ;

- Les Conseils d'Administration Communale.8(*)

1.5. Présentation de la commune de Port-au-Prince

Dans cette partie, nous allons présenter la commune de Port-au-Prince à travers ses cadres géographique, administratif et physique ainsi que ses caractéristiques démographiques et ses infrastructure sociocommunautaires ou secteurs sociaux. A cet effet, nous nous appuierons essentiellement sur les chiffres de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Information (IHSI, 2005).

1.6. Cadre physique et Administratif

Chef-lieu du département de l'Ouest, la commune de Port-au-Prince a un relief très accidenté. Ses principaux traits caractéristiques sont essentiellement des dépressions. Son climat est de type tropical. Elle est limitée au nord, par le golfe de la Gonâve et la commune de Delmas ; au sud, par les communes de Pétion-Ville et de Carrefour ; à l'est, par les communes de Pétion-Ville et de Delmas et à l'ouest, par la commune de Carrefour.

Port-au-Prince a une superficie de 36,04 km2, elle est ainsi la commune la plus dense du département.

Administrativement, la commune de Port-au-Prince est subdivisée en trois (3) sections communales et trente et une (31) localités.

1.7. Caractéristiques démographiques

Selon les résultats présentés par l'Institut haïtien de statistique et d'information (IHSI) en 2005, la population de la commune de Port-au-Prince est estimée à 801 566 habitants dont 54,5% de femmes. Elle est la plus peuplée des communes du département de l'ouest ; elle englobe 24,2% de la population totale du département de l'Ouest. Au cours de la période intercensitaire (1982-2003), la population de la commune de Port-au-Prince a connu un taux moyen d'accroissement annuel de 2,2%. La quasi-totalité (99,6%) de sa population vit en milieu urbain. La commune de Port-au-Prince accuse un taux de masculinité de 85 hommes pour 100 femmes. Ce déficit d'hommes est beaucoup plus prononcé en milieu urbain (85 hommes pour 100 femmes) qu'en milieu rural (94 hommes pour 100 femmes).

1.8. Infrastructures sociocommunautaires ou secteurs sociaux

La population de Port-au-Prince bénéficie de divers services dans différents domaines, que ce soit administratif, social, communautaire, sanitaire, etc. La commune de Port-au-Prince abrite de nombreuses institutions et infrastructures sociales, le Ministère de l'Éducation Nationale a son siège dans la commune. Ce ministère est renforcé par la Direction Départementale, la Secrétairerie d'État à l'Alphabétisation et l'Institut Pédagogique Nationale. Les infrastructures éducatives sont constituées de sept cent soixante onze (771) établissements scolaires, quarante et une (41) universités, cinquante-deux (52) écoles supérieures, cent quatre-vingt-douze (192) institutions techniques et professionnelles et cinq (5) centres d'alphabétisation. Les établissements scolaires inventoriés dans la commune se répartissent de la manière suivante : cent dix-sept (117) écoles préscolaires, trois cent une (301) écoles primaires, trois cent cinquante-deux (352) écoles secondaires. Il faut faire remarquer que, quel que soit le niveau considéré, le pourcentage d'établissements scolaires privés se révèle être plus important.

Le Ministère de la Santé a également son siège dans la commune de Port-au-Prince. En termes d'infrastructures sanitaires, la commune de Port-au-Prince est dotée de deux cent sept (207) établissements sanitaires. De ce nombre, on compte seize (16) hôpitaux, dont trois (3) publics, cent dix-huit (118) cliniques, quarante-trois (43) centres de santé sans lit et dix (10) centres de santé avec lit. Les établissements sanitaires inventoriés dans la commune sont en majorité (86,0%) privée. Le personnel médical des établissements sanitaires de la commune au nombre de mille trois cent quatre-vingt-deux (1382) est composé particulièrement de médecins (521), d'infirmières (302), d'auxiliaires (164), Technicien de laboratoire (68) et de dentistes (48).

Au plan religieux, deux cent soixante-douze (272) temples et églises ont été inventoriés dans la commune de Port-au-Prince. Les confessions ayant le plus grand nombre de temples ou églises inventoriés dans la commune sont les suivantes : pentecôtistes (90), églises de Dieu (57), baptistes (42), catholiques (33), adventistes (18).

Environ dix-neuf (19) représentations de partis politiques, vingt (20) représentations socio-politiques, vingt-cinq (25) organisations non gouvernementales et dix-sept (17) organisations internationales ont été inventoriées dans la commune de Port-au-Prince.

En termes de disponibilité en eau, en plus du réseau d'adduction d'eau potable qui alimente difficilement la commune, environ onze (11) sources, trente (30) fontaines publiques et un (1) puits ordinaire constituent les points d'eau qui ont été inventoriés. La quasi-totalité de la commune de Port-au-Prince est électrifiée. Les services téléphoniques sont assurés principalement par la Téléco et quelques bureaux annexes se trouvant dans certaines localités de la commune. Trois compagnies de téléphonie mobile (Haïtel, Voila et Digicel) fournissent des services aux habitants de la commune.

La Commune de Port-au-Prince dispose d'un (1) bureau central de postes et d'une annexe qui offre non seulement un service de distribution des courriers, mais aussi un service de boîtes postales. Près de six (6) autres institutions privées assurent les services postaux au sein de la commune de Port-au-Prince. Les infrastructures en communication de la commune sont complétées par une quinzaine de stations radio et de deux stations de télévision.

En termes de loisirs et de divertissements, la commune de Port-au-Prince est dotée d'une douzaine de bibliothèques dont une (1) seule est de type publique, de six (6) musées, d'une cinquantaine de night-clubs/bars-restaurants, de vingt-cinq (25) places publiques, de cinq (5) salles de cinéma et de quatre (4) salles de théâtre. Les sports les plus pratiqués par les habitants de la commune sont le football, le volleyball, le basketball et le tennis. Les monuments et sites de la commune de Port-au-Prince sont pour la plupart de type historique.

Il faut remarquer que la majorité des places publiques ou historiques, certains monuments et sites, se trouvent dans l'aire du Champ de Mars, aux alentours du Palais National. (Institut Haïtien de Statistique et d'Information, 2005).

1.9. Activités et infrastructures économiques et financières

Les activités économiques exercées dans cette Commune sont celles génératrices d'emplois et de revenus. Il s'agit du commerce, de l'artisanat, de l'industrie, du tourisme et de l'hôtellerie...etc. Mais la principale activité menée dans la commune est le commerce.

Le commerce et les services prédominent l'ensemble des activités économiques de la commune. Parmi les établissements commerciaux inventoriés dans la Commune, on trouve des grands magasins (498), des petites boutiques (552), des grandes boutiques (273), des centres de provisions alimentaires (429), de deux cent quatre-vingt-quatre (284) auto parts, des dépôts de boissons, d'aliments, de vêtements usagers (Pèpè) (351), des pharmacies (347), des stations d'essence (38), des établissements mortuaires (156), des studios de beauté/salons de coiffure (331). Il faut ajouter que trente-neuf (39) entreprises industrielles ont été également inventoriées dans la commune.

Les infrastructures économiques et financières de la commune sont constituées de cinquante-sept (57) hôtels, de neuf (9) pensions, de cent soixante-seize (176) centres d'accueil, de cinquante (50) banques commerciales (siège y compris succursales), de vingt-cinq (25) caisses populaires, de dix (10) bureaux de change, de vingt-deux (22) coopératives de commercialisation, de cent trois (103) maisons d'affaires et de trente (30) maisons de transfert (IHSI, 2005, op. cit).

II- DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATISATION

2.1. Revue de littérature

1 Notre sujet d'étude a fait l'objet de préoccupation de bon nombre d'auteurs qui l'ont abordé sous divers angles. Nous nous intéresserons, dans cette revue de littérature, aux travaux de quelques-uns d'entre eux qui nous paraissent particulièrement pertinents pour notre problématique.

2 Les Associations de Jeunesse sont souvent citées par les auteurs comme un dispositif qui accompagne les actions des pouvoirs publics dans le domaine de l'intégration sociale des jeunes. Pour ce faire, ces dernières dans la perspective de jouer pleinement leur partition élaborent des programmes d'orientations des Associations de Jeunesse vers les activités socio-éducatives.

À cet effet, TETARD (1996) a montré comment les mouvements de jeunes des années 60 se formaient en France et de quelle façon ils participaient aux actions sociales. Rapportant le fonctionnement des associations de jeunesse française à celles d'Haïti, on peut affirmer qu'elles participent à orienter les jeunes vers des activités saines. Les associations de jeunesse, de par leurs différents domaines d'intervention et les activités diverses qu'elles mènent, contribuent au développement économique d'un pays. Elles ont d'énormes potentialités et peuvent beaucoup participer à l'évolution d'un pays.

Selon le Forum de la Jeunesse de l'Union Européenne (2005), les organisations de jeunesse sont les principaux acteurs du travail pour le développement durable. Les jeunes sont l'une des clés qui permettront de matérialiser le développement durable, que ce soit au niveau mondial, national ou local, et que l'accent soit placé sur le social, l'économique, l'environnemental, le culturel ou sur toutes ces dimensions à la fois.

Pour AMIRSHAHI (2007), il y a un problème social et politique de la jeunesse. Pour le traiter, il faut reconnaitre pleinement l'émergence d'un nouvel âge de la vie en mettant en place un statut social de la jeunesse.

À cet effet, BAZIN (2008), pense que le soi-disant problème des jeunes est en réalité un problème national dont les risques sont extrêmement élevés. Il propose comme solution une politique de jeunesse qui fait face aux divers besoins de la jeunesse haïtienne. Ces besoins deviennent ainsi des enjeux dont la résolution passe par l'éradication de la pauvreté des jeunes, seul gage d'impulsion d'un développement durable.

Ainsi pour d'autres auteurs, les jeunes pourraient constituer un levier de développement. Mais ils sont confrontés à d'énormes difficultés dues à une pauvreté galopante qui prend diverses formes.

En effet, GAUTHIER (1987) pour sa part fait observer que la population la plus frappée par la pauvreté est celle des jeunes. Des analyses menées par des organismes s'intéressant aux problèmes des jeunes sans emploi comme population fortement atteinte par les problèmes de pauvreté, il ressort que le groupe d'âge des 15-24 ans et plus, particulièrement celui des 15-19 ans, présente les taux de chômage les plus élevés. La durée du chômage est fonction du niveau d'instruction et la tendance à abandonner la recherche d'emploi par désespoir d'en trouver ou pour retourner étudier, s'accentue chez les moins scolarisés.

En Haïti, selon MONTAS (2003), les déterminants du maintien de la pauvreté entre 1981 et 2000 sont liés à un contexte sociopolitique néfaste, une inflation persistante et aussi à une évolution négative du PIB. Les causes spécifiques de l'évolution de la pauvreté en Haïti sont donc dues à la faiblesse de l'économie, au contexte sociopolitique, aux chocs exogènes, à l'ajustement structurel et au marché international.

Chaque décennie a eu ses manières de définir la pauvreté, de décrire ses pauvres, de résoudre ses problèmes d'inégalité. La nôtre n'échappe pas à son devoir d'assistance et nul n'est besoin de fouiller longtemps pour déceler ce qui la caractérise (GAUTHIER 1987).

Autant d'auteurs, autant de définitions le plus souvent implicites de la pauvreté. C'est le propre de tous les phénomènes sociaux non institutionnalisés d'en avoir tant qu'on les évite toutes par crainte de se fourvoyer (LESSARD, 1987).

Néanmoins, la société définit la pauvreté et décide de qui est pauvre. Cela se fait de deux façons, l'une socioculturelle, l'autre politico-administrative. Certains auteurs ont senti le besoin d'insister sur le fait qu'il n'y a pas que la pauvreté matérielle, ou que la pauvreté n'est pas que matérielle. Ils s'opposent ainsi à la définition socioculturelle de la pauvreté qui est à leur avis trop centrée sur le moins-avoir. Par ailleurs, les jeunes sans travail et vivant d'assistance, refusent de se dire pauvres ou d'être appelés pauvres. Eux aussi s'opposent à la définition socioculturelle de la pauvreté qui implique selon eux la misère, le fatalisme, la déchéance ou d'autres traits négatifs, c'est-à-dire une définition trop centrée sur le moins-être (LESSARD, 1987).

La pauvreté en tant que problème social est un mal pénétrant qui affecte multiples aspects de la culture et de la société haïtienne. Par conséquent, elle est liée à plusieurs facteurs qui interagissent entre eux.

À cet effet, BARTLE (2007) distingue cinq grands facteurs de pauvreté en tant que problème social. Ces facteurs comprennent : l'ignorance, la maladie, l'apathie, la malhonnêteté et la dépendance. Selon lui, ces "plaies" contribuent à leur tour à d'autres facteurs secondaires tels que le manque de marchés et d'infrastructures, le manque de qualités de direction, l'incompétence des gouvernements, le sous-emploi, le manque de compétences, de capitaux et autres. L'on répond à un problème social de pauvreté par une solution sociale en éliminant les facteurs de pauvreté.

L'analyse des caractéristiques de ces cinq facteurs de pauvreté fait appel à la recherche de solutions idoines en ce qui concerne sa réduction.

À ce propos, NARAYAN (2004) préconise de faire appel à l'énergie et au savoir-faire des millions de pauvres de par le monde pour faire reculer la pauvreté. L'auteur montre comment on peut favoriser l'autonomisation des pauvres. Même s'il n'y a pas de modèle unique en la matière, l'expérience des praticiens de la Banque Mondiale enseigne quatre éléments clés qui président à toute entreprise réussie d'autonomisation des pauvres : l'accès à l'information (et sur ce point, les nouvelles technologies sont capitales) ; la participation des pauvres aux processus de décision ; la notion de responsabilité de la part des politiques (qui doivent être comptables de leurs actes) ; et la capacité des gens à s'organiser localement et à mobiliser leurs ressources pour résoudre un problème commun.

D'après la Banque Mondiale (2000), il existe une stratégie visant à combattre la pauvreté dans le monde sur trois fronts :

Le développement des opportunités, c'est-à-dire des opportunités matérielles et financières (emploi, crédit, routes, électricité, écoles, eau, services de santé, etc.) et des qualifications (éducation et formation professionnelle) ;

3 L'insertion : l'insertion des pauvres dans la société est déterminée en grande partie par les institutions publiques et sociales qui doivent être attentives à leurs besoins. Cette démarche est politique : elle implique un ensemble de réformes devant améliorer la responsabilité et l'efficacité de l'administration, des institutions juridiques et des services publics, ainsi que le renforcement de la participation des pauvres aux processus politiques et aux décisions locales ;

4 La sécurité matérielle : il est nécessaire, afin d'améliorer le bien-être et d'encourager les investissements dans le capital humain, d'atténuer la vulnérabilité aux chocs économiques, aux catastrophes naturelles, à la mauvaise santé, à la violence, etc. L'État doit tout mettre en oeuvre pour diminuer ces risques auxquels sont confrontés les pauvres.

5 Quant au document de stratégies nationales pour la croissance et la réduction de la pauvreté en République d'Haïti (2007), il vise en matière de jeunesse à améliorer le cadre de vie des jeunes en particulier par leur intégration socio-économique et socioculturelle et par la promotion des activités physiques et sportives.

MONTAS (2005) préconise d'adopter l'approche de l'économiste Graham Pyatt, pour qui le meilleur moyen d'élaborer des stratégies de réduction de la pauvreté consiste à adopter une approche structuraliste de l'analyse de la pauvreté. Cette approche comporte trois caractéristiques de base. Tout d'abord, elle repose sur le point de vue selon lequel le niveau de vie des ménages est lié à la création et au maintien des moyens de subsistance. L'élaboration d'une stratégie de réduction de la pauvreté devrait donc chercher d'abord à comprendre comment les ménages appartenant à différents groupes socioéconomiques obtiennent leurs moyens de subsistance. Deuxièmement, elle replace la création et le maintien des moyens de subsistance des différents groupes au sein de la structure de l'économie, qui englobe aussi bien la production que les relations institutionnelles entre ménages, secteur des entreprises et pouvoirs publics. Cela permet de mettre l'accent sur l'influence de facteurs tels que la structure sectorielle et régionale de l'économie, l'importance des secteurs formel et informel et des rapports entre les deux, la contribution du capital et du travail à la valeur ajoutée et l'influence des politiques macroéconomiques. Une fois la structure de l'économie et les interactions entre les différents groupes et secteurs établies, il est possible de comprendre comment sont déterminés les niveaux de vie et leurs variations. Troisièmement, l'approche examine les liens qui existent entre la structure de l'économie et le reste du monde ; ce qui permet de prendre en compte l'aide internationale, les flux de capitaux privés, les remboursements de dettes et les flux commerciaux dans l'analyse de la création et du maintien des moyens de subsistance au niveau national.

Cette approche implique l'adoption d'un cadre à plusieurs niveaux (micro, macro et méso économique) afin de localiser les causes de la pauvreté, qui vont des caractéristiques des ménages jusqu'aux conditions macroéconomiques et au contexte mondial en passant par la structure de la mésoéconomie. Elle débouche sur le rôle fondamental que doivent jouer la création d'emplois et les marchés de l'emploi dans les stratégies de réduction de la pauvreté. (Ibid.)

Notre recherche s'inscrivant dans le cadre de ces travaux ci-dessus présentés s'intéresse alors aux rôles joués par les associations de jeunesse dans l'amélioration des conditions de vie des jeunes de la commune de Port-au-Prince.

2.2. Cadre théorique

Le cadre théorique prend en compte les concepts utilisés qui donnent du sens à notre thème de recherche, et le modèle d'analyse.

2.2.1. Clarifications conceptuelles

2.2.1.1 Jeunesse

Du point de vue biologique, l'Organisation des Nations Unies (ONU) définit la jeunesse comme le groupe des personnes âgées de 15 -24 ans dans la population d'un pays. Mais, cette définition basée sur l'âge des personnes ne fait pas l'unanimité au sein des pays. Ainsi au Bénin et dans de nombreux autres pays africains par exemple, les jeunes représentent le groupe de personnes âgées de 15 à 35 ans.

En Haïti le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action civique (MJSAC) en a proposé la définition suivante : « La Jeunesse est la période allant de 15 à 35 ans où l'individu acquiert les capacités (biologique, sociale, juridico-politique et socio-économique) de l'Adulte et s'achemine progressivement, par le biais de l'expérimentation, vers l'application de ces capacités dans ses réalités quotidiennes.»9(*)

Selon THEVENOT (1979), la jeunesse est souvent définie à partir des qualités morales qui lui sont imputées. Elle est également appréhendée essentiellement à partir du critère « triomphant » de l'âge. L'âge est devenu ainsi le principal critère de mesure du temps social.

Une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique de la jeunesse basée sur la théorie des cycles d'existence. Cette approche est celle développée et étudiée depuis une cinquantaine d'années dans les pays anglo-saxons et au Québec. La jeunesse vue sous cet angle est un temps de transition, de passage marqué par des étapes repérables conduisant à l'âge adulte.

Ainsi GALLAND (1991), en faisant référence en matière de sociologie de la jeunesse en France, distingue quatre phases : la fin des études, le départ du domicile familial, l'insertion dans le marché du travail, la formation d'un couple ; chaque individu mettant en jeu ces différentes phases en fonction de son libre arbitre. Les différents moments marquent la réalisation de différentes indépendances. Pour BOURDIEU (1985), la jeunesse est une construction sociale qui relève de choix collectif.

Pour BLÖSS ET FERONI (1991), la jeunesse est une catégorie qui fait l'objet d'une multiplicité de représentations sociales et de définitions institutionnelles. Les discours de « sens politique » génèrent un processus d'étiquetage catégoriel de la jeunesse au centre duquel l'âge est un critère actif. Les politiques sociales définissent en effet couramment leurs publics d'intervention en termes d'âge. La définition politique de la jeunesse fait d'elle un groupe d'âge défini par des limites incertaines ou tout au moins variables selon les instances institutionnelles qui ont en charge la gestion de ses problèmes.

2.2.1.2 Association

En ce qui concerne les associations, la loi du 1er juillet de 1901 a contribué à la compréhension du concept. C'est ainsi que son article 1er définit l'association comme la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une façon permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicable aux contrats et obligations. Selon SOUSI (1985), cette définition repose sur trois critères (à savoir l'existence à travers un contrat, autour d'un but commun, la façon permanente et le but autre que de partager des bénéfices) qui permettent de distinguer une association. Néanmoins, les associations diffèrent les unes des autres par leur nature juridique et leur objet.

D'un point de vue juridique, on distingue les associations non déclarées, les associations déclarées et les associations reconnues d'utilité publique.

Les associations non déclarées sont celles qui se créent sans remplir les conditions administratives relatives aux dispositions légales.

Les associations déclarées accomplissent après leur création, les formalités de déclaration prévues par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Cette condition confère la capacité juridique.

Les associations reconnues d'utilité publique bénéficient quant à elles, des droits relativement plus étendus.

2.2.1.3 Pauvreté

Dans sa définition courante, la pauvreté désigne l'état, la condition d'une personne qui manque de ressources, de moyens matériels pour mener une vie décente. Selon CERQUEIRA et BRODIN (2004), ces considérations ont conduit les institutions internationales à donner différentes définitions de la pauvreté :

1 la pauvreté relative évoque un niveau de vie variable en fonction de l'époque et de la société. Elle correspond à la moitié du revenu médian d'une société ;

2 le seuil de pauvreté correspond à deux dollars par jour et par habitant ;

3 la pauvreté absolue ou extrême pauvreté correspond à moins d'un dollar par jour et par habitant.

Aujourd'hui, la pauvreté ne se limite pas à une simple insuffisance de revenu, mais englobe également des aspects plus qualitatifs de la vie sociale, politique et culturelle. SEN (1998) montre qu'elle ne se réduit pas au revenu, mais apparaît plus justement comme une privation de capacités.

Selon l'auteur, il est juste de considérer la pauvreté comme une privation de capacités de base plutôt que simplement comme un revenu faible, les capacités étant définies « en termes de libertés substantielles qui permettent à un individu de mener le genre de vie qu'il a raison de souhaiter ».10(*) Pour autant, SEN n'entend pas nier l'évidence, dans la mesure où il dit qu'un revenu faible constitue bien une des causes essentielles de la pauvreté pour la raison, au moins, que l'absence de ressources est la principale source de privation des capacités d'un individu. De ce fait, aucune condition ne prédispose autant à une vie de pauvreté qu'un revenu inadéquat.

A cet effet, les analyses récentes (CERQUEIRA et BRODIN, 2004) considèrent alors trois formes principales de pauvreté :

- la pauvreté monétaire prend en compte les ressources des individus. Elle est évaluée en fonction du revenu des individus ou de leur consommation (de biens alimentaires et non alimentaires) ;

- la pauvreté des conditions de vie résulte de l'incapacité de l'individu à satisfaire ses besoins essentiels. C'est une vision plus qualitative qui met en lumière l'exclusion par rapport à un certain mode de vie matérielle et culturelle. La pauvreté est ici perçue comme un manque ;

- la pauvreté de « capacités » traduit le fait que l'on ne dispose pas des moyens qui permettraient de se soustraire à la pauvreté par la mise en valeur de ses capacités individuelles ;

Ces différentes formes de pauvreté interagissent entre elles, de sorte que tout individu pauvre est confronté à un cercle vicieux. La pauvreté n'est plus perçue comme un état, mais s'assimile de plus en plus à un processus pluridimensionnel et protéiforme dans le cadre duquel richesse, savoir et pouvoir sont intimement liés.

Dès lors, il est possible de formuler une définition unique de la pauvreté comme étant un processus cumulatif dans lequel les déficits matériels, sociaux, éducatifs et culturels figent un individu dans une situation de manque qui entrave son épanouissement. (CERQUEIRA J. et BRODIN C. ,2004 op. cit.)

2.2.2. Modèle d'Analyse : la sociologie des organisations de Crozier et Friedberg (1977) l'analyse stratégique et l'ordre local de Friedberg (1993)

Les Associations de Jeunesse sont constituées d'un certain nombre d'acteurs qui interagissent entre eux pour le bon fonctionnement du système. Ces associations oeuvrent de plusieurs manières pour réduire la pauvreté au niveau de la couche juvénile de par leurs activités. En considérant ces associations de jeunesse comme un contexte d'action collective, il est possible d'utiliser le cadre théorique de la sociologie des organisations pour recueillir les informations nécessaires à la compréhension de son fonctionnement et de l'environnement qui l'entoure. Cependant, elles ne peuvent être considérées comme une organisation, au sens où Crozier et Friedberg (1977) utilisent cette notion, mais plutôt comme une action organisée, c'est-à-dire une forme plus diffuse d'action collective (Friedberg, 1993, 141)11(*).

Ce cadre théorique de la sociologie des organisations qui postule que « toute organisation a des objectifs propres, est structurée par un système formel, doublé d'un système informel, mais est influencée par l'environnement, et regroupe des individus divers mêlant en permanence leurs objectifs et stratégies propres à ceux de l'organisation ». Une telle définition de l'organisation nous amène à nous intéresser particulièrement aux concepts de système formel et informel pour comprendre les stratégies développées par les acteurs de chacune des associations de jeunesse dans la commune de Port-au-Prince. Ces acteurs concourent au fonctionnement de l'organisation en apportant leur contribution dans les conditions orientées par les règles (système formel), mais y mêlent leurs propres stratégies au regard de la représentation qu'ils se font des intérêts que poursuit l'organisation et de leurs propres intérêts (système informel).

Selon Crozier et Friedberg (1977)12(*), l'idée de système sous-entend qu'il existe une articulation des rôles de chacun dans un ensemble intériorisé par les acteurs, et dans lequel se construisent les rapports interindividuels. Si ces rapports sont structurés par des éléments du système formel (statut, objectif, règlement) qui réduisent les possibilités d'autonomie des membres, le système n'est pas une donnée intangible et extérieure à l'action des acteurs. Il est à la fois contenant et contenu, structure et processus, contrainte pour l'action humaine en même temps que son résultat. Il présente une face officielle, le système formel et une face adaptée, le système informel, c'est - à - dire les modalités de fonctionnement admises par tous, mais non prévues par les informations officielles. Cette définition du système nous permet de nous intéresser aux structures et aux processus qui contraignent l'action des différents acteurs des associations de jeunesse. Il s'agit de mettre en évidence le système formel et informel des différentes associations de jeunesse chargées d'assurer, puis d'analyser les stratégies développées par chacune d'elles dans la perspective d'une réduction de la pauvreté.

L'analyse stratégique distingue deux types d'acteurs : collectif et individuel. L'acteur comme un être actif, qui tout en s'adaptant aux règles de fonctionnement, les modifie à son tour par son action. Chaque membre de l'association est un acteur rationnel par rapport à ses intérêts. Mais l'analyse stratégique conçoit aussi l'existence d'acteurs collectifs, à condition « d'avoir montré non seulement les intérêts communs sur lesquels de tels acteurs collectifs se sont construits et qui les maintiennent, mais aussi les mécanismes empiriques d'intégration qui leur fournissent une capacité d'action en tant que groupe et qui contribuent à leur tour à la définition et au maintien des intérêts communs. » (Friedberg, 1993, 201) Elle démontre la capacité de ces acteurs à construire des échanges et exploiter les opportunités qu'offre le contexte dans une situation d'action commune. Cette capacité d'action des acteurs repose sur un ensemble de postulats.

Ces postulats de l'analyse stratégique posent la question de comprendre comment chacun de ces acteurs (collectif et individuel) des différentes associations de jeunesse agit sur le fonctionnement du système en vue d'apporter des solutions adéquates aux problèmes des jeunes de la commune de Port-au-Prince, et contribuent ainsi à réduire le taux de pauvreté.

2.3. Problématique

Contribuer à l'émergence d'une population, oeuvrer pour son émancipation serait dénué de sens tant que les populations intéressées demeureront dans un état de stagnation économique et de chômage.

En effet, au cours des vingt-cinq dernières années, le déclin de la production et la forte croissance démographique conjuguée à l'absence de politiques publiques appropriées ont entraîné la paupérisation de la population haïtienne (MANIGAT, 2005). Structurellement, cette paupérisation est attribuable à une situation de départ extrêmement défavorable vu la nature de son accès à l'indépendance, à un ensemble de facteurs d'ordre sociologique, politique, démographique, économique historiquement déterminés et à une combinaison de choix stratégiques et de politiques économiques explicites ou implicites qui ont inhibé le développement des forces productives. À cela, il faut ajouter un environnement économique et politique international souvent hostile engendrant d'importants manques à gagner ou pertes pour le pays.

Dans la plupart des pays en voie de développement, la pauvreté est surtout observée sur certaines couches de la société qui y sont plus sensibles que d'autres. Les jeunes sont souvent négligés dans les estimations de pauvreté nationale, parce qu'ils ne sont pas considérés comme des personnes à charge, comme le sont les enfants. C'est le cas de la couche juvénile en Haïti. Elle est confrontée à de graves problèmes de pauvreté caractérisé par le chômage, le sous-emploi, les maladies. Mais comment briser le cercle infernal dans lequel la jeunesse semble être prise. Les différentes stratégies mises en place par les gouvernants pour juguler cette crise semblent ne pas porter leur fruit.

En effet, la plupart des plans, programmes et projets de développement et d'insertion des jeunes dans la vie active n'ont pas eu les résultats escomptés en raison d'une quasi-absence de participation des jeunes dans les initiatives de développement les concernant. Les gouvernants n'ont pas tenu compte des besoins réels de la jeunesse, les associations de jeunesse ne sont pas impliquées dans les processus de développement à l'endroit de la couche juvénile. À cet effet, il n'existe pas une réelle synergie d'actions entre les différents acteurs.

À Port-au-Prince, la couche juvénile organisée en associations de jeunesse avec des objectifs bien définis pourrait constituer un atout considérable pour la réduction de la pauvreté et le développement du pays. Le gouvernement de la République d'Haïti, en fonction du nombre important que représentent les jeunes, doit compter sur eux pour la croissance économique car, les « jeunes constituent à la fois un capital humain et un facteur de développement durable pour le pays » 13(*)

Mais, jusqu'ici les diverses stratégies visant l'implication de la jeunesse dans la réduction de la pauvreté semblent ne pas être efficaces. De cette situation se dégagent les interrogations suivantes :

§ Comment les associations de jeunesse peuvent-elles contribuer au mieux à la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince ?

§ Quelles relations ces associations de jeunesse entretiennent-elles avec l'Etat dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ?

§ Quel est leur niveau d'implication dans les programmes/projets de lutte contre la pauvreté des jeunes ?

Autant d'interrogations qui suscitent les hypothèses suivantes.

2.4. Hypothèses

La réponse à ces interrogations suscite les hypothèses suivantes :

§ Les associations de jeunesse sont des creusets d'éducation non formelle et d'épanouissement pour les jeunes ;

§ Les actions menées par les associations de jeunesse contribuent réellement à la réduction de la pauvreté.

2.5. Objectifs

L'objectif principal de cette étude est de montrer comment les associations de jeunesse contribuent à la réduction de la pauvreté. Ce travail vise de façon spécifique à :

§ Identifier les fonctions des associations de jeunesse tout en appréciant leur niveau d'organisation ;

§ Mettre en exergue la contribution des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince ;

TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE

Après le choix du thème de recherche, il urge d'opter pour une démarche méthodologique qui permettra de démontrer l'objectivité et la rigueur qui caractérisent en général l'activité scientifique qui est menée. Cette méthodologie consiste dans le cadre de ce travail, à définir la nature de la recherche, la population d'enquête, à dégager l'échantillon requis en précisant sa taille, et à présenter les techniques et les outils de collecte des données.

3.1. Nature de l'étude et population d'enquête

3.1.1. Nature de l'étude

Le présent travail de recherche est une étude de type quantitatif et qualitatif dont l'objectif est d'identifier les actions menées par les associations de jeunesse contribuant réellement à la réduction de la pauvreté et aussi de proposer des stratégies et/ou des actions pour une implication des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté. Elle sera basée sur une analyse des données quantifiables et des données d'opinions.

3.1.2. Pré-enquête 

Elle a consisté à se rendre auprès de deux associations de jeunesse, en vue de recueillir des informations qui permettront d'évaluer nos outils d'investigations et de mieux orienter les questions de notre enquête. Ainsi, un questionnaire a été distribué à cinq membres d'associations choisis au hasard.

3.1.3. Population d'enquête

La population d'enquête se définit comme l'ensemble des sujets sur lesquels porte une étude, en fonction des informations à recueillir.

Dans le cadre de cette étude, nous avons considéré comme population d'enquête les associations dont les activités portent sur les problèmes des jeunes et sur des actions contribuant à réduire la pauvreté. Au regard de la spécificité des informations à recueillir, nous avons identifié deux cibles principales :

- les membres et les responsables d'associations/organisations de jeunesse ;

- les autorités politico-administratives du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action Civique (MJSAC) qui sont susceptibles de nous informer sur les actions menées par le MJSAC au bénéfice des jeunes et des associations de jeunesse de la commune.

C'est à partir de ces groupes cibles que nous allons déterminer notre échantillonnage.

3.2. Taille de l'échantillon

L'échantillon est l'ensemble des sujets auprès de qui les informations ont été collectées pour mener à bien cette recherche. Cent vingt et un (121) membres/responsables d'associations et sept (7) responsables du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action Civique (MJSAC) ont été retenus dans la phase active de l'enquête. Étant donné l'effectif élevé des membres des associations et leur non disponibilité, nous avons pu réunir le quota suivant :

- 1ère association : 8 personnes

- 2e association : 15 personnes

- 3e association : 10 personnes

- 4e association : 9 personnes

- 5e association : 11 personnes

- 6e association : 8 personnes

- 7e association : 60 personnes

Tableau : Tableau récapitulatif de la population d'enquête

Les unités d'investigation

Effectif

Pourcentage

Les responsables politico-administratives

7

5.46 %

Les membres et responsables d'associations de jeunesse

121

94.53 %

Total

128

100 %

3.3. Méthodes et technique d'échantillonnage

3.3.1. Méthodes

La méthode d'échantillonnage est l'ensemble des procédés qui aboutissent à l'identification de la fraction représentative de la population d'enquête. Ainsi, en fonction des différentes cibles composant notre population d'enquête, nous avons utilisé deux types de méthodes. Il s'agit de la méthode dite à choix raisonné et de la méthode probabiliste.

3.3.2. Technique d'échantillonnage

· Choix raisonné

Ici, les cibles sélectionnées le sont pour des raisons de fiabilité et de précisions des données à collecter. Ces cibles ont été retenues parce qu'elles peuvent fournir les informations désirées. Ainsi, les associations de jeunesse ont été choisies en raison de l'importance de leurs activités.

Cette méthode a été pratiquée également pour l'identification de la zone du déroulement de l'enquête. Cette commune a été choisie à cause des services concernés par l'étude à savoir le Ministère de la Jeunesse, du Sport et de l'Action Civique (MJSAC). Les raisons qui sous-tendent ce choix sont liées aux activités que développe le MJSAC pour la promotion du secteur de la jeunesse, et aussi en raison de la présence d'une forte concentration d'associations et d'organisations de jeunes dans la commune.

Pour les autorités politico-administratives, nous avons utilisé la même technique à savoir la technique du choix raisonné.

· Choix au hasard

La méthode probabiliste a permis de déterminer l'échantillon au niveau des membres des différentes associations enquêtées. En effet, ces personnes ne sont pas connues avant l'enquête. Pour les interroger, nous avons choisi d'aller d'associations en associations.

3.4. Outils d'investigation et techniques de collecte des données

3.4.1. Outils d'investigation

Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé un guide d'entretien et un questionnaire comme outils d'investigation pour recueillir les informations nécessaires auprès des différents acteurs concernés par le sujet d'étude.

Les modèles de ces outils se trouvent en annexes.

3.4.2. Techniques de collecte des données

Pour collecter les informations auprès de l'échantillon, nous avons utilisé les techniques suivantes à savoir : l'enquête par questionnaire, l'entretien, et l'analyse documentaire.

· Enquête par questionnaire

L'enquête par questionnaire a concerné les membres des différentes associations, car ils sont les premiers bénéficiaires des activités menées. Cette technique d'enquête nous a permis de recueillir des informations précises. Ce questionnaire comporte des questions à choix multiples, des questions fermées et quelques questions ouvertes. Ces questions ont été élaborées en fonction des objectifs, des hypothèses et des questions de recherche de cette étude. Le remplissage des questionnaires s'effectue par focus groupe dans les différentes associations enquêtées.

· Enquête par entretien

Il est utilisé pour les autorités politico-administratives de la commune de Port-au-Prince. Ce procédé leur a permis de s'exprimer et de donner des informations par rapport aux activités menées contribuant à la promotion et l'autonomisation de la jeunesse

Les entretiens réalisés nous ont permis de produire des données à partir des discours des enquêtés. Selon BLANCHET et GOTMAN (1992), l'enquête par entretien est un instrument privilégié de l'exploration des faits dont la parole est le vecteur principal. Ces faits peuvent concerner un ensemble organisé de représentations et/ou pratiques sociales.14(*) Ces propos s'accordent bien à la réalité de la présente recherche.

· Analyse documentaire

La documentation nous a aidés à mieux orienter notre étude. Elle a consisté à analyser les textes et documents relatifs à la pauvreté et sa voie de réduction et aussi des documents concernant les associations sur le plan international et national. Celles-ci nous ont permis de retenir la documentation pouvant être utile ; mais aussi de structurer l'arrière-plan théorique de travail. Ainsi, le recueil d'information s'est appuyé sur plusieurs sources dont les ouvrages en rapport direct avec la pauvreté, les associations, à la situation des jeunes, des articles, des revues, des publications et d'autres sources comme l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informations (IHSI) qui nous a permis d'obtenir des informations au sujet des caractéristiques de la commune de Port-au-Prince.

3.5. Méthodes de collecte et de traitement des données

3.5.1. Collecte des données

L'enquête proprement dite s'est déroulée dans la commune de Port-au-Prince avec l'échantillon précédemment défini. Au total, 121 questionnaires ont été administrés auprès de sept (7) associations de jeunesse et sept (7) entretiens ont été réalisés avec les autorités politico-administratives de la commune. Les questions contenues dans le guide d'entretien sont formulées en fonction des objectifs de l'étude. Les responsables qui ont accepté de donner leur opinion l'ont fait sans grande difficulté. Les entretiens, en ce qui les concerne, sont obtenus sur rendez-vous.

3.5.2. Traitement des données

Le traitement des données a consisté à dépouiller les informations recueillies qui représentent les points de vue des diverses personnes questionnées et interviewées sur ce thème de recherche, à procéder à leur catégorisation, à leur transcription et à leur analyse. Il s'agit de découper transversalement tout le corpus. L'unité de découpage est le thème qui représente un fragment de l'information. Chaque thème est défini par une grille d'analyse élaborée. Cette technique ignore la cohérence singulière des entretiens et recherche une cohérence thématique inter-entretien. La manipulation des thématiques consiste à attribuer à chaque thème les éléments signifiants qui lui correspondent. (BLANCHET et GOTMAN, 1992).

Cette grille d'analyse doit autant que possible être hiérarchisée en thèmes principaux, en thèmes secondaires ou sous thèmes et en unités de signification (informations utiles), de façon à décomposer au maximum l'information en séparant les éléments négligeables et les éléments de signification et minimiser les interprétations non contrôlées. La grille d'analyse est un outil explicatif visant la production de résultats de l'enquête par entretien. Une fois les thèmes identifiés, une fois la grille construite, il s'agit d'y insérer les énoncés correspondants en les classant dans chaque rubrique appropriée. Ces énoncés représentent les unités de signification complexes de longueurs variables (phrases et paragraphes).15(*) La construction de la grille d'analyse et l'identification des thèmes se sont effectuées à partir des hypothèses de l'étude. Elles procèdent donc à une itération entre hypothèses et corpus.

Toutes ces démarches nous ont mis directement en contact avec le milieu d'étude et les différents acteurs impliqués dans le fonctionnement des associations de jeunesse et dans la réduction de la pauvreté en Haïti et plus particulièrement à Port-au-Prince.

3.6. Difficultés rencontrées

Mise à part les difficultés inhérentes à toute investigation d'ordre scientifique, qui s'expriment en termes de moyens matériel et financier, le temps de recherche relativement court, nous avons été confrontés à d'autres situations lors de l'enquête sur le terrain.

Elles sont de plusieurs ordres :

· Par rapport à la documentation, elles concernent :

- les documents disponibles devraient être consultés sur place ;

- le quasi inexistence des documents précis relatifs aux associations de jeunesse de la commune de Port-au-Prince.

· Par rapport à l'enquête, elles concernent :

- le non disponibilité de certains responsables d'associations ;

- le refus de certains membres de collaborer sans l'intervention du comité organisateur ;

- des annulations répétées des rendez-vous avec certains responsables ;

- l'insuffisance de ressources financières.

Néanmoins, ces diverses contraintes n'ont pas eu d'influence significative sur nos résultats.

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ; SUGGESTIONS

Cette partie fait le point des enquêtes, présente, interprète et analyse les résultats recueillis.

4.1. Fonctionnement des associations de jeunesse : attributions, missions et domaines d'intervention

Tableau : Répartition des répondants par rapport à la mission et aux attributions de leurs associations

Missions et Attributions

Effectifs

Pourcentage

v Contribuer au développement intégral des Jeunes

32

26,44 %

v Contribuer au renforcement des capacités intrinsèques par l'éducation et la formation

38

31,40 %

v Assurer la promotion d'activités socio-culturelles et économiques

31

25,61 %

v Faire le plaidoyer auprès des pouvoirs publics concernés pour que la problématique des Jeunes soit prise en compte dans les politiques publiques

20

16,52 %

Total

121

100 %

La mission et les attributions des associations de jeunesse se présentent dans les statuts et les règlements mis en place par les membres fondateurs. Les résultats du tableau II montrent que 31,40 % des associations contribuent au renforcement de leurs capacités intrinsèques par l'éducation et la formation, et 26,44 % aident au développement intégral des Jeunes. 25,61 % se donnent pour mission d'assurer la promotion d'activités socioculturelles et économiques avec, pour et par les Jeunes, contre 16,52 % qui font le plaidoyer auprès des pouvoirs publics concernés pour que la problématique des Jeunes soit prise en compte dans les politiques publiques.

En Haïti, le fonctionnement des associations de jeunesse est régi par un certain nombre de textes de loi pris par les associations elles-mêmes. A cet effet, le projet de loi-cadre de 1997 indique les recommandations au sujet des associations de jeunesse. Il prend en compte leurs formations, la reconnaissance officielle et les objectifs assignés à ces associations. Ce projet de loi-cadre constitue le premier grand pas pour une organisation effective du secteur associatif en Haïti.

Ainsi, elles interviennent dans plusieurs domaines énumérés dans le tableau III ci-dessous cité :

Tableau : Répartition des répondants par rapport au domaine d'intervention de leur association

Domaines d'interventions

Effectifs

Pourcentage

v Le développement socio-organisationnel

 

20

16,52 %

v La santé sexuelle et la santé de la reproduction des Jeunes 

11

9,09 %

v La communication - Les Technologies de l'information et de la communication 

20

16,52 %

v Le développement communautaire axé sur la participation des jeunes

25

20,66 %

v La formation professionnelle et le développement d'opportunités d'emplois et de revenus pour les Jeunes

45

37,19 %

Total

121

100 %

Les Associations de Jeunesse s'investissent à 37,19 % dans la formation professionnelle et le développement d'opportunités d'emplois et de revenus pour les Jeunes et à 20,66 % dans le développement communautaire axé sur la participation des jeunes. Nous avons aussi 16,52 % qui oeuvrent dans le domaine de la communication - les Technologies de l'information et de la communication contre 9,09 % dans le domaine de la santé sexuelle et la santé de la reproduction des Jeunes.

Les Associations de Jeunesse s'investissent principalement dans le volet social. Analyser leur fonctionnement suppose que l'on prenne en compte d'une part le système formel qui est régi par des règles et d'autres part le système informel qui met en exergue le jeu des acteurs. Le mouvement associatif de jeunesse en Haïti est régi par des textes pris principalement par le Ministère des Affaires sociales, qui définissent les procédures officielles de formation et de reconnaissance des associations et organisations de jeunesse. Les Associations de Jeunesse au même titre que toutes les autres organisations ou associations ayant pour base le social sont régies par les mêmes procédures juridiques avec des différences non significatives.

Aujourd'hui, aucun texte de loi ne porte une attention particulière au vide juridique dans lequel les associations de jeunesse se retrouvent. La régulation du fonctionnement des Associations de Jeunesse est basée essentiellement sur les statuts et chartes internes des différentes associations.

À cet effet, le Ministère des affaires sociales s'assure que les Associations de Jeunesse remplissent les conditions de leurs créations à savoir :

- Premièrement, avoir un nom qui est disponible

- Deuxièmement, fournir un statut ou une charte qui permet leur fonctionnement

- Troisièmement avoir un comité directeur de 7 à 9 membres

- Enfin avoir au moins 10 membres.

Les Associations de Jeunesse disposent des statuts et chartes qui règlementent leurs activités et les fonctions des différents membres. Se référant aux différents statuts et chartes des associations de jeunesse, on constate qu'ils diffèrent d'une association à une autre. Ce qui suppose qu'il n'y a pas une certaine rigueur au niveau des conditions d'élaboration fixées par les instances officielles.

De l'analyse du fonctionnement réel des associations en ce qui concerne les modes de régulation (prise de décision, responsabilisation des membres, etc.), il ressort qu'il est pratiquement le même dans tout groupe de discussion et d'échange. La prise de décision au sein des associations est assez rationnelle, en ce sens que les responsables effectuent des choix cohérents et générant de la valeur dans la limite de certaines contraintes.

Tableau : Répartition des associations en fonction du temps d'ancienneté

Variable

Effectif

Pourcentage

(0 - 5)

2

28,57 %

(5 - 10)

3

42,85 %

(10 - 15)

1

14,28 %

(15 - 20)

1

14,28 %

(20 - 25)

0

0 %

Total

7

100 %

Dans ce tableau, nous avons tenu essentiellement compte du nombre des Associations de Jeunesse faisant partie de notre échantillon. Au total, notre enquête s'est porté sur sept (7) Associations de Jeunesse dans la commune Port-au-Prince en fonction de leur temps d'existence et l'importance de leurs activités. Nous avons remarqué que ces associations ont beaucoup d'expériences dans leurs domaines d'interventions. Ainsi, on retrouve 42,85 % de ces associations qui ont plus de cinq (5) ans et 28,57 % ont plus d'un an (1). Et enfin 14,28 % a vingt ans. Les Associations de Jeunesse ont une certaine ancienneté et déploient des efforts assez considérables pour répondre aux besoins des jeunes en leur offrant des activités variées favorisant leur autonomisation dans la société.

4.2. Rapport entre l'Etat et les associations de jeunesse

Figure : Répartition des répondants par rapport aux relations que leur association entretient avec l'Etat

Les résultats présentés par cette figure nous montrent en grande partie que les Associations de Jeunesse n'entretiennent pas de rapport avec l'État. De façon générale, il n'existe pas de lois qui définissent clairement les relations qui existent entre les Associations de Jeunesse et les institutions de l'État. Mais, de façon isolée le MJSAC sélectionne certaines Associations de Jeunesse de manière ponctuelle et travaille avec elles. D'où la différence réelle observée sur la figure : 10 % des associations sont en relation avec les institutions étatiques contre 90 %. L'Etat en tant qu'institution ne met pas en place un cadre favorisant l'émergence de ce secteur.

4.3. Sources de financement des associations de jeunesse

Les Associations de Jeunesse de la commune de Port-au-Prince ont plusieurs sources de financement.

Ainsi, conformément aux différents statuts et chartes des associations de jeunesse leurs financements proviennent essentiellement des membres. Néanmoins, l'État peut leur apporter des contributions techniques et matérielles pour la réalisation de leurs activités (si les activités menées coïncident avec un de ses programmes). Mais nos investigations sur le terrain nous ont permis de constater que les associations sont aussi financées par les ONG à un pourcentage de 23.14 %, les organismes internationaux à un pourcentage de 4.13 % et reçoivent aussi des dons et autres ressources de certaines personnalités soit 14.04 % de leur financement.

Figure : Répartition des répondants par rapport aux moyens de financement de leur association

Les résultats de cette figure nous ont permis de voir que les Associations de Jeunesse ne bénéficient pas d'un réel encadrement par l'État. La majorité des associations de jeunesse luttent elles-mêmes pour assurer leur survie.

La mise en oeuvre des activités des Associations de Jeunesse nécessite des moyens matériels, financiers et humains. Ainsi, pour mener à bien leurs activités, elles développent des stratégies permettant de trouver des moyens nécessaires pour leur fonctionnement. Elles disposent des ressources propres, provenant des cotisations des membres et des ressources externes qui proviennent essentiellement des ONG, des institutions internationales et aussi de l'État.

Les Associations de Jeunesse constituent en quelque sorte un appui au pouvoir public dans leur mission d'intégration socioculturelle et socio-économique des jeunes. À cet effet, les institutions étatiques concernées devraient mettre en place un cadre favorisant le développement de ce secteur.

4.4. Besoins d'encadrement par l'Etat

Figure : Répartition des répondants sur le besoin d'encadrement par l'Etat manifesté par les associations

La lecture de la figure 3 nous montre que toutes les associations nourrissent l'espoir de bénéficier de l'encadrement de l'État. Les répondants l'ont affirmé, car la totalité soit les 100 % des enquêtés ont répondu par l'affirmative à la question. En Haïti, les Associations de Jeunesse ne sont pas encadrées par l'État. Elles ne sont pas considérées comme un secteur important à prendre en compte dans les estimations officielles. Le MJSAC devrait être, le Ministère de tutelle des associations et organisations de jeunesse mais aucun texte officiel ne le mentionne. Les Associations de Jeunesse en Haïti et particulièrement celles de la commune de Port-au-Prince sont laissées pour compte dans leur noble mission à l'endroit de la couche juvénile. Elles attendent de l'État un bon encadrement pour donner une meilleure visibilité à leurs actions.

4.5. Perception de la pauvreté selon les acteurs du monde associatif

Selon les différents acteurs du mouvement associatif de jeunesse, la pauvreté est perçue comme un manque de ressources nécessaires pour répondre aux besoins les plus essentiels. Les acteurs de ces mouvements pensent que la pauvreté touche en majorité les jeunes.

Généralement, les parents de ces jeunes n'ont pas les moyens suffisants pour assurer leur éducation. Ils sont sujets à divers phénomènes comme le sous-emploi, la sous-alimentation, la prostitution et autres. Ces phénomènes font de quelques jeunes des personnes vulnérables à la maladie. Et aussi, contribuent à l'augmentation du risque de transmission du VIH. La pauvreté chez les jeunes est souvent liée à la pauvreté parentale. Les Associations de Jeunesse essaient de garder ces jeunes dans une ambiance qui leur fait oublier un tant soit peu leur état et en les aidant à avoir un métier en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie.

4.6. Activités menées dans le sens de la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince

Tableau : Répartition des répondants selon les activités menées

Activités menées par les associations de jeune

Effectifs

Pourcentage

v L'éducation et la formation

 

45

37,19 %

v L'insertion sociale et culturelle des jeunes 

15

12,39 %

v La promotion des activités culturelles, artistiques et sportives

27

22,31 %

v L'insertion socioprofessionnelle

 

12

9,92

v Le développement communautaire axé sur la participation des Jeunes 

22

18,18 %

Total

121

100 %

Les différentes activités menées par les Associations de Jeunesse dans la Commune de Port-au-Prince se résument à travers le tableau V. Au nombre des activités menées, nous avons remarqué que 37,19 % oeuvrent dans le domaine de l'éducation et la formation des jeunes. Il faut dire que la pauvreté est caractérisée par une préscolarisation non seulement plus faible, mais aussi plus tardive et aussi une sortie précoce du système éducatif et une forte proportion d'illettrés. Les Associations de Jeunesse mènent des activités en ce sens, telles que : la formation à l'artisanat, l'entreprenariat, l'informatique, la formation sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes adultes 22,31 % mènent des activités pour la promotion des activités culturelles, artistiques et sportives. Cette promotion se fait à travers les activités culturelles telles que les activités socio-éducatives, les activités récréatives, les concours d'excellence de chants et de danses, le théâtre, et la musique. Il s'agit ici de faire la promotion des jeunes talentueux en les aidant à avoir de financement pour se lancer dans le monde culturel. 18,18 % visent le développement communautaire axé sur la participation des Jeunes. A cet effet, les associations de jeunesse oeuvrent pour la protection de l'environnement à travers les activités telles que la création de parcs botaniques, le reboisement, les campagnes de plantations d'arbres et les journées de salubrité. Pour ce faire, elles organisent des conférences et séminaires, des séances de formations et de sensibilisation sur la déforestation et sur la gestion des déchets ménagers. 12,39 % mènent des activités d'insertion sociale et culturelle qui développent le civisme chez les jeunes et les aider à mieux s'insérer dans la société. Contre 9,92 % d'insertion socioprofessionnelle, les associations aident à la formation professionnelle et le développement d'opportunités d'emplois et de revenus pour les jeunes à travers des structures spécialisées. Et aussi à la création des ateliers artisanaux et des centres de formation et de dépistage de certaines maladies vénériennes.

Les actions menées par les associations de jeunesse revêtent une importance capitale à la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince ; en ce sens qu'elles permettent aux membres et aux jeunes de la Commune d'apprendre un métier professionnel qui leur permet d'acquérir un certain savoir-faire dans un domaine quelconque.

En effet, par l'intermédiaire des Associations de Jeunesse, les jeunes trouvent des opportunités d'emploi et participent à des séances de formation financées par les sponsors de ces associations. Ainsi, les jeunes développent le sens de responsabilité, l'esprit d'entreprise, la créativité en vue de se prendre en charge. Certains jeunes pensent que les activités menées par les associations de jeunesse sont du domaine des autorités étatiques. Si nous nous référons à BARTLE (2007) qui retrace de façon précise les différents facteurs de la pauvreté à travers le schéma ci-dessous, on peut affirmer que les Associations de Jeunesse font un travail non négligeable ; en ce sens qu'elles donnent des formations pour combattre l'ignorance, la malhonnêteté ou encore la maladie. Ces facteurs entravent le développement intellectuel, le civisme et la santé des jeunes.

Figure : Facteurs de pauvreté

En se référant à ces constats, on peut émettre l'idée que les Associations de Jeunesse constitueraient pour les jeunes, des structures favorables à leur éducation et formation à travers les échanges d'expérience et de connaissance, la prise d'initiative et de responsabilité, l'entraide, etc.

Les actions menées par les Associations de Jeunesse dépassent le cadre d'une acquisition de connaissances intellectuelles ou du savoir-faire pratique. Il s'agit d'une action globale. Pour ce faire, les autorités étatiques doivent mettre en place un cadre juridique adéquat leur permettant de mieux satisfaire les membres et bénéficiaires directs de leurs activités.

En somme, les Associations de Jeunesse ont des objectifs qui visent l'intégration des jeunes au plan social, économique et culturel. Ainsi, elles mettent en oeuvre des stratégies leur permettant d'atteindre leurs différents objectifs.

4.7. Les stratégies mises en place par les associations de jeunesse

Les différentes stratégies mises en oeuvre par les Associations de Jeunesse en vue d'une pleine réussite de leurs activités se traduisent par les résultats du tableau VI ci-dessous :

Tableau : Répartition des répondants selon les types de stratégies utilisées par leurs associations

Stratégies mises en oeuvre par les associations

Effectifs

Pourcentage

v Communication pour le changement de comportements 

21

17,35 %

v Formation 

36

29,75 %

v Projets de vie 

28

23,14 %

v Plaidoyer 

12

9,91 %

v Conseils et dépistage 

14

11,57 %

v Mise en place de maisons de jeunes

10

8,26 %

Total

121

100 %

La Communication pour le changement de comportements a un pourcentage de 17,35 %. Nous avons remarqué que la majorité des associations de jeunesse utilise la formation comme stratégies soit 29,75 % et 23,14 % optent pour les Projets de vie. Nous avons également 9,91% qui font le Plaidoyer auprès des instances officielles contre 11,57 % qui utilisent les Conseils et dépistages comme moyens pour prévenir les maladies vénériennes. Et enfin, 8,26% essaient de mettre en place des maisons de jeunes comme espace alternatif où les jeunes se rencontrent, se divertissent et apprennent.

Chaque association est régie par des principes formels qui facilitent l'atteinte des objectifs fixés par celle-ci. Néanmoins, on observe certains jeux des acteurs en vue d'atteindre leurs propres objectifs en dehors de ceux fixés par les associations. Le raisonnement stratégique vise à découvrir « quel calcul chaque acteur peut faire en fonction de son intérêt dans la négociation qu'il doit mener avec ses partenaires » (Crozier et Friedberg, 1977, 237). Ce sont les responsables et les membres d'association de jeunesse qui définissent les règles de leur coopération tout en cherchant à en tirer des profits. Selon Friedberg (1993)16(*) cet ordre repose sur des relations de pouvoir c'est-à-dire un échange négocié de comportement qui est structuré de telle sorte que tous les acteurs retirent quelque chose en permettant à quelques-uns d'en tirer davantage que d'autres.

La prise en compte de l'environnement permet également de cerner les apports possibles de certains acteurs qui sans appartenir aux associations de jeunesse, déterminent leur fonctionnement et les résultats qu'elles obtiennent.

4.8. Les groupes cibles

Les associations de jeunesse travaillent principalement avec:

ï Les Jeunes Adolescents de 10 - 14 ans

ï Les Adolescents de 15 -19 ans

ï Les Jeunes Adultes de 20 - 24 ans

ï Les Leaders communautaires

ï Les ONG et Institutions Internationales intéressées aux problèmes des Jeunes.

Il ressort de ce constat que les Associations de Jeunesse travaillent non seulement avec les jeunes, mais également élaborent des programmes pour les jeunes adolescents et les adolescents proprement dits en vue de détecter leur talent dans un domaine quelconque ou encore pour les aider à forger leur personnalité à travers certaines formations. Les Associations de Jeunesse ciblent pratiquement toutes les tranches d'âge de la jeunesse, leur travail mérite d'être apprécié à sa juste valeur par les autorités concernées.

4.9. Niveau d'appréciation des bénéficiaires

Figure : Répartition des répondants par rapport au niveau d'appréciation de la population bénéficiaire

La lecture de cette figure montre que la population bénéficiaire apprécie les différentes actions menées par les associations de jeunesse contribuant à la réduction de la pauvreté. 53 % de nos enquêtés pensent que les associations de jeunesse font un très bon travail avec les jeunes de la commune de Port-au-Prince. 30 % sont d'avis que le travail est bien et 17 % des enquêtés optent pour un travail assez bien. Les bénéficiaires, qu'ils soient directs ou indirects, pensent que les Associations de Jeunesse font un bon travail avec les jeunes et méritent d'être sérieusement encadrées.

4.10. Les difficultés rencontrées par les acteurs du mouvement associatif de jeunesse

Les résultats de nos recherches nous ont conduit à identifier les sources réelles des difficultés rencontrées par les associations de jeunesse dans la Commune de Port-au-Prince.

C'est ainsi que les acteurs du mouvement associatif de jeunesse nous ont fait part d'un certain nombre de difficultés qui entravent le bon fonctionnement de leurs associations. Ces difficultés sont de divers ordres :

ï difficultés liées au financement de leurs activités. En effet, les Associations de Jeunesse ont des difficultés financières qui les limitent dans certaines activités de grande envergure et nécessitant des ressources importantes.

ï difficultés liées à leur fonctionnement. A cet effet, certaines associations de jeunesse ne disposent pas de leurs propres locaux.

ï difficultés institutionnelles liées à leur nature juridique. Les associations de jeunesse n'ont pas de véritable partenariat stipulé par une charte avec l'Etat central.

De plus, elles sont confrontées à un manque de moyens matériels et logistiques qui restreint le champ de leurs actions à l'endroit de la jeunesse. Une autre difficulté rencontrée par les associations de jeunesse est celle relative à la participation des membres. En effet, on observe une participation non effective de tous les membres lors des phases opératoires de certaines activités qui nécessitent une pleine participation des membres. Malgré toutes ces difficultés rencontrées par les associations de jeunesse, elles arrivent quand même à réaliser leurs activités.

4.11. Propositions et suggestions faites par les acteurs du mouvement associatif de jeunesse à l'endroit des autorités de tutelle

Pour un meilleur fonctionnement des associations de jeunesse, il faudra une implication effective par les institutions étatiques concernées par la problématique des jeunes. Et aussi, des dispositions légales adéquates pour la régularisation du secteur associatif. En d'autres termes, il faut que des séances de travail soient organisées par les différents Ministères concernés par ce secteur.

4.12. Implication et participation des associations de jeunesse dans les programmes/projets visant la couche juvénile du MJSAC

Selon Mr ORMEUS, ancien Directeur du secteur jeunesse, le MJSAC a toujours prôné une approche inclusive et participative en ce sens que l'avis et la participation des jeunes est toujours sollicité. « Nous voulons pour preuve le processus d'élaboration des Politiques de jeunesse, de Sport et de Civisme dont les 1ères actions s'adressent aux jeunes des associations ». Par ailleurs, Mr MESGUERE actuel Directeur du Secteur Jeunesse, affirme que « le MJSAC s'organise autour de trois (3) Directions techniques (Jeunesse, APS et Civique). Les actions de ces dernières sont opérées sur le terrain par les techniciens des Directions et Coordinations départementales. Le MJSAC a toujours pensé aux associations favorisant la participation des jeunes dans ces différents projets ». Le MJSAC mise beaucoup sur le développement de partenariats local et national.

Au regard des développements précédents, nous retenons que la problématique de la gouvernance des associations de jeunesse en Haïti demeure encore un défi, dans la mesure où il y a un vide total en la matière. En effet, diverses Associations interviennent actuellement dans les champs du MJSAC sans qu'elles aient pour autant la vocation ou la mission. Ceci fragilise les relations avec le MJSAC. Actuellement cette question est en train d'être sérieusement posée notamment à travers un état des lieux devant aboutir à un recensement de toutes les organisations et associations intervenant auprès des Jeunes.

En Haïti, le budget accordé au Ministère de la Jeunesse représente 0.41% du budget global ; ce qui ne suffit pas pour répondre aux divers besoins de la jeunesse. Ces besoins sont de différents ordres à savoir :

- Le manque d'infrastructures adéquates pour permettre aux jeunes de disposer d'espaces pour des loisirs sains.

- Le manque d'encadrement et d'encouragement de la production artistique et culturelle chez les jeunes

- Les problèmes socio-économiques (problème d'éducation, chômage, sous-emplois) etc.

Très peu de données sont disponibles sur les besoins des jeunes et les problèmes auxquels les jeunes font face au quotidien. Il est opportun de noter que le poids démographique des jeunes est un élément important dans l'acuité des problèmes de ce groupe. Vu que la situation juridique n'est pas favorable à la prise en charge des associations de jeunesse, les instances officielles ne mettent pas un réel accent sur les associations de jeunesse. Elles les considèrent juste comme des agents facilitateurs auxquels elles peuvent faire appel pour l'exécution de certains projets sans pour autant les impliquer dans tout le processus. Les associations de jeunesse ne peuvent rien exiger du MJSAC sinon le considérer comme un potentiel partenaire pour leurs activités.

4.13. Vérification des hypothèses de l'étude

Nous avions émis les hypothèses suivantes :

1) Les associations de jeunesse constituent des creusets d'éducation non formelle et d'épanouissement pour les jeunes.

2) Les actions menées par les associations de jeunesse contribuent réellement à la réduction de la pauvreté.

L'ensemble des résultats obtenus et leur analyse révèlent d'une part que le fonctionnement des associations de jeunesse nécessite des moyens matériels et financiers des partenaires pour mener à bien leurs activités et d'autre part, les activités menées par les associations de jeunesse constituent l'un des moyens pour la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince.

Nous pouvons affirmer que nos hypothèses ont été vérifiées ; ce qui traduit la nécessité de donner une base juridique aux associations de jeunesse afin qu'elles puissent faire face aux divers problèmes.

SUGGESTIONS

L'analyse des différents résultats de nos investigations documentaires comme celles de terrain nous a permis de comprendre que, pour réduire la pauvreté au sein des jeunes dans la commune de Port-au-Prince, une refonte de la politique des associations de jeunesse s'impose. Particulièrement les actions de cette reforme doivent concerner les points indexés à travers la présente étude et les recommandations ci-après.

Recommandations à l'endroit de l'État

- Mettre en place un cadre juridique qui définit les fonctions et rôles des associations de jeunesse en Haïti ;

- Impliquer réellement les associations dans la résolution des problèmes des jeunes (programmes/projets visant les jeunes) ;

- Mettre en place un fonds d'aide pour subventionner les associations oeuvrant pour l'épanouissement des jeunes ;

- Réorganiser les structures chargées de la gestion des problèmes des associations de jeunesse ;

- Prendre de textes officiels qui redéfinissent le rôle de l'État dans le financement des activités et dans l'implication effective des associations de jeunesse dans les différents Ministères concernés par la problématique de la jeunesse particulièrement le MJSAC ;

- Faire un état des lieux en vue de connaitre les associations qui interviennent effectivement auprès de la jeunesse afin de mieux les impliquer dans les actions visant les jeunes ;

- Mettre en place un environnement propice aux initiatives des associations de jeunesse ;

- Mettre en place des structures de mobilité pour l'encadrement des jeunes ;

- Elaborer une politique d'insertion socio-économique afin réduire le taux de chômage des jeunes.

Recommandations à l'endroit des associations de jeunesse

- Diversifier leurs activités pour une meilleure visibilité auprès de la jeunesse et des sponsors;

- Tenir compte des besoins réels des jeunes pour élaborer leur programme ;

- Élaborer des projets et les soumettre au MJSAC ;

- Être actif ;

- Prioriser les différentes actions ou interventions ;

- Faire des propositions à l'État dans le sens de combler le vide juridique dans lequel ces associations de jeunesse évoluent ;

CONCLUSION

Cette étude qui vient d'être menée sur les contributions des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté nous a permis de découvrir les différents problèmes auxquels les associations de jeunesse sont confrontées dans l'exécution de leur mission, qui est d'aider la jeunesse à s'épanouir en créant des opportunités, en assurant une certaine sécurité matérielle et aussi en les aidant à s'insérer dans la vie sociale et professionnelle. L'objectif visé par ce travail de recherche est de montrer que les associations de jeunesse contribuent à la réduction de la pauvreté et d'analyser leur fonctionnement et leurs activités afin de mettre en exergue leur réelle contribution à la réduction de la pauvreté, et de proposer des stratégies ou des actions pour une implication des associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté dans une synergie gouvernementale.

Les résultats de cette analyse laissent entendre que le rôle joué jusqu'ici par les associations de jeunesse dans l'amélioration des conditions de vie des jeunes est plus ou moins satisfaisant en dépit de leur manque de moyens. A cet effet, il faut remarquer que les associations de jeunesse ont la possibilité d'aider les jeunes à faire face aux différents problèmes auxquels ils seront confrontés dans la vie sociale. Néanmoins, elles connaissent des difficultés organisationnelles, matérielles, financières et surtout institutionnelles qui relèvent des autorités étatiques.

Il parait donc évident que les associations de jeunesse doivent lutter pour assurer leur survie. Cette situation demeure assez préoccupante pour les acteurs concernés par cette problématique. Aujourd'hui, les institutions étatiques sont en train de se pencher sur la question afin de trouver des solutions adéquates aux problèmes de la jeunesse à travers les associations de jeunesse tant au niveau local que national.

En effet, les autorités tant locales que nationales doivent tenir comptent des propositions exprimées par les associations de jeunesse en vue d'une réelle implication des jeunes dans les politiques publiques de jeunesse.

En partant de cette analyse, nous sommes amenés, comme l'avait fait Pierre Bourdieu, à dire que la jeunesse est une construction sociale et en tant que telle elle relève de choix collectifs.

De l'avis des spécialistes, pour qu'Haïti puisse tirer partie de la jeunesse de sa population, elle doit accompagner celle-ci, en mettant en place des politiques appropriées dans les domaines de l'éducation, de la formation professionnelle, de l'emploi, etc.

De toute évidence, les associations de jeunesse ne peuvent jouer leur partition dans le développement économique et à la réduction de la pauvreté que si elles bénéficient d'un encadrement minutieux et d'un financement adéquat.

Dès lors pour concilier les associations de jeunesse à la réduction de la pauvreté dans la commune de Port-au-Prince, des efforts doivent être consentis aussi bien par l'État que par les associations de jeunesse. Dans ces conditions, nos suggestions et recommandations gardent tout leur sens et intérêt.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

1. BLANCHET, A. et GOTMAN, A. (1992). l'enquête et ses méthodes : l'entretien. Nathan, Paris. 125p

2. CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. (1977). L'acteur et le système. Le Seuil, Paris. 500p

3. FRIEDBERG, E. (1993). Le pouvoir et la règle. Le Seuil, Paris.

4. GAUTHIER, M. (1987). Les nouveaux visages de la pauvreté. Québec, les presses de l'imprimerie Gagné Itée. 258p

5. NARAYAN, D. (2004). Autonomisation et réduction de la pauvreté éditions Saint - Martin. 384p

6. SOUSI, G. (1985) Les associations. Dalloz, Paris. 524p

7. TETARD, F.  (1996). Des jeunes et des associations. Editions L'Harmattan. Paris.

MEMOIRES ET THESES

8. ABOUKY, E. (2007) «  la gestion des associations de jeunesse au Bénin : état des lieux et perspectives ». Mémoire de Maitrise en sciences et techniques en Animation Socio-Educative, INJEPS/UAC. 55p

9. ALANDE, P. B. (2002). « Associations Culturelles et Processus de Développement communautaire en Haïti : cas de la commune de Léogane ». Mémoire de Maitrise en JA, Institut National de la Jeunesse et des Sports, Cameroun. 96p.

10. BABA-MOUSSA, A. R. (2000). « Education et développement au Bénin : rôle des dispositifs d'éducation non-formelle : cas des associations de jeunesse ». Thèse de Doctorat de 3è cycle, Université de Grenoble II. 322p

ARTICLES

11. BARTLE, P. (2007) les facteurs de pauvreté/ www. SCN.org/gcad/

12. BAZIN, M. (2008). Des idées pour l'action. le nouvelliste, Port-au-Prince.

 

13. Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (2007). Frédéric Gérald Chéry in « La crise permanente (Société, économie et politique en Haïti) » et Fred Doura in « Economie d'Haïti, dépendance, crise et développement ». Port-au-Prince. 

14. MANIGAT, L. (2005) Réflexions sur la pauvreté Haïtienne et sa voie stratégique de réduction. Port-au-Prince.

15. ROSÉ, P. (1988) « Pauvreté et revenu minimum », in revue Recherche sociale, octobre-décembre, consacré au thème : Habitat et exclusion sociale.

16. ANDRIEU, P-J. et LABADIE, F. (2007). la Jeunesse dans la succession des générations ( www.cairn.info).

17. BLÖSS, T. et Isabelle FERONI, I. (1991). « Jeunesse : objet politique, objet biographique », Enquête, La socialisation de la jeunesse /enquetes.revues.org/document147/

18. THÉVENOT, L. (1979). « Une jeunesse difficile. Les fonctions sociales du flou et de la rigueur dans les classements », Actes de la Recherche en Sciences sociales. « Grandeurs et misère de la jeunesse : la qualité du jeune dans les jugements de grandeur », in Les jeunes et les autres, CRIV, 1985. Paris.

19. BOURDIEU, P. (1985). « De quoi parle-t-on quand on parle de la jeunesse ? », in Les jeunes et les autres, CRIV, Paris.

RAPPORTS ET ETUDES

20. Agence française de développement, (2003). Pauvreté, inégalités, croissance : quels enjeux pour l'aide au développement ? Groupe AFD, Paris.

21. Banque Mondiale, (2000). Rapport sur le développement dans le monde : Combattre la pauvreté, Editions ESKA, Paris.

22. CERQUEIRA J. et Claire BRODIN C. (2004) Pauvrete : Acteurs, Modalites, Enjeux, Haut Conseil de la coopération internationale, Paris 111p

23. Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) (2005). La Pauvrete En Haïti : Situation, Causes Et Politiques De Sortie. Port-au-Prince, Haïti. 59p

24. Document de Stratégies Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (2008-2010) de la République d'Haïti, novembre 2007

25. Rapport mondial des nations unies sur la jeunesse, 2005

 

AUTRES

26. Forum Jeunesse de l'Union européenne / Forum des Organisations européennes de la Jeunesse Conseil des Membres 11-12 novembre 2005, Bruxelles (Belgique) 

27. Journée mondiale de la population : les jeunes aux défis du développement.

28. PNUD/Haïti : Bilan économique et social en Haïti, 2005

29. Coordination Haïti-Europe : Vers une sortie de crise en Haïti, Septembre 2007

30. Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) (2005). Emploi et Pauvreté en milieu urbain en Haïti.

31. Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (2005) : Inventaires des ressources et potentialités d'Haïti.

WEBOGRAPHIE :

- www.wikipédia.org

- www.cairn.info

- www.alterpresse.org

- www.unige.ch/fapse/life

- www.lenouvelistehaiti.org

- www.memoireoline.com

- www. SCN.org/gcad/

- http://enquete.revues.org/document147.html.

TABLES DES MATIERES

1.1.SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE DE LA RÉPUBLIQUE D'HAÏTI 1

1.2.CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES 2

1.3.CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET PROBLÉMATIQUE DE LA PAUVRETÉ EN HAÏTI 2

1.4.CADRE JURIDIQUE DES ASSOCIATIONS EN HAÏTI 2

1.4.1.La Formation des Associations 2

1.4.2.La Reconnaissance des Associations 3

1.5.PRÉSENTATION DE LA COMMUNE DE PORT-AU-PRINCE 3

1.6. CADRE PHYSIQUE ET ADMINISTRATIF 3

1.7.CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES 3

1.8.INFRASTRUCTURES SOCIOCOMMUNAUTAIRES OU SECTEURS SOCIAUX 4

1.9.ACTIVITÉS ET INFRASTRUCTURES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES 4

2.1.REVUE DE LITTÉRATURE 6

2.2.CADRE THÉORIQUE 8

2.2.1.Clarifications conceptuelles 8

2.2.2.Modèle d'Analyse : la sociologie des organisations de Crozier et Friedberg (1977) l'analyse stratégique et l'ordre local de Friedberg (1993) 10

2.3.PROBLÉMATIQUE 10

2.4. HYPOTHÈSES 11

2.5. OBJECTIFS 11

3.1.NATURE DE L'ÉTUDE ET POPULATION D'ENQUÊTE 13

3.1.1.Nature de l'étude 13

3.1.2.Pré-enquête  14

3.1.3.Population d'enquête 14

3.2.TAILLE DE L'ÉCHANTILLON 14

3.3.MÉTHODES ET TECHNIQUE D'ÉCHANTILLONNAGE 15

3.3.1.Méthodes 15

3.3.2.Technique d'échantillonnage 15

3.4.OUTILS D'INVESTIGATION ET TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNÉES 16

3.4.1.Outils d'investigation 16

3.4.2.Techniques de collecte des données 16

3.5.MÉTHODES DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNÉES 17

3.5.1.Collecte des données 17

3.5.2.Traitement des données 17

3.6.DIFFICULTÉS RENCONTRÉES 18

4.1.FONCTIONNEMENT DES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE : ATTRIBUTIONS, MISSIONS ET DOMAINES D'INTERVENTION 19

4.2.RAPPORT ENTRE L'ETAT ET LES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 22

4.3.SOURCES DE FINANCEMENT DES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 22

4.4.BESOINS D'ENCADREMENT PAR L'ETAT 23

4.5.PERCEPTION DE LA PAUVRETÉ SELON LES ACTEURS DU MONDE ASSOCIATIF 23

4.6.ACTIVITÉS MENÉES DANS LE SENS DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ DANS LA COMMUNE DE PORT-AU-PRINCE 23

4.7.LES STRATÉGIES MISES EN PLACE PAR LES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE 24

4.8.LES GROUPES CIBLES 25

4.9.NIVEAU D'APPRÉCIATION DES BÉNÉFICIAIRES 25

4.10.LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR LES ACTEURS DU MOUVEMENT ASSOCIATIF DE JEUNESSE 26

4.11.PROPOSITIONS ET SUGGESTIONS FAITES PAR LES ACTEURS DU MOUVEMENT ASSOCIATIF DE JEUNESSE À L'ENDROIT DES AUTORITÉS DE TUTELLE 26

4.12.IMPLICATION ET PARTICIPATION DES ASSOCIATIONS DE JEUNESSE DANS LES PROGRAMMES/PROJETS VISANT LA COUCHE JUVÉNILE DU MJSAC 26

4.13.VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES DE L'ÉTUDE 27

SUGGESTIONS 27

CONCLUSION 29

BIBLIOGRAPHIE 31

* 1 _ Haut Conseil de la coopération internationale (2004). La lutte contre la pauvreté : acteurs, modalités, enjeux.

* 2 _ Journée mondiale de la pauvreté (2006). Les jeunes aux défis du développement.

* 3 _ Institut haïtien de statistique et d'informatique (2007). Frédéric Gérald Chéry in « La crise permanente (Société, économie et politique en Haïti) » et Fred Doura in « Économie d'Haïti, dépendance, crise et développement ».

* 4 _ Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (2008-2010)

* 5 _ Fonds des Nations Unies pour la population (2006)

* 6 _ IHSI, 2006

* 7 _ La pauvreté en Haïti : Situation, Causes et Politiques de Sortie. Port-au-Prince, Haïti. P. 2

* 8 _ALANDE, P.B. (2002). « Associations Culturelles et Processus de Développement communautaire en Haïti : cas de la commune de Léogane.» Mémoire de Maitrise en JA, Institut National de la Jeunesse et des Sports, Cameroun 96p.

* 9 _ Document de Cadrage de l'élaboration des politiques de jeunesse, de sport et du civisme en République d'Haïti (2008, 15)

* 10 _ Sen Amartya « Un nouveau modèle économique : développement, justice, liberté », p.p. 36 , 2003 cité par Montas (2005)

* 11 _ Friedberg, E. (1993, 141). Le pouvoir et la règle. Edition du Seuil. Paris.

* 12 _ Crozier, M. et Friedberg, E. (1979, 241). L'acteur et le système. Edition du Seuil. Paris.

* 13 _ BELIZAIRE F. (2006) Ministre de la Jeunesse, aux Sports et de l'Action civique.

* 14 _ BLANCHET et GOTMAN (1992) « l'enquête et ses méthodes : l'entretien.» Paris, Nathan. p 39.

* 15 _ BLANCHET, A. et GOTMAN, A. (1992) « l'enquête et ses méthodes : l'entretien. Paris, Nathan. p 41.

* 16 _ Friedberg (1993).  Le pouvoir et la règle. Edition du Seuil. Paris






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