UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de MAITRISE
THEME
Présenté par :
ALIOU WANE
Sous la direction de
Guilgane Faye
Maître Assistant
SOMMAIRE
AVANT PROPOS 3
ACRONYMES 4
INTRODUCTION GENERALE 6
I. PROBLEMATIQUE 9
1.1 Contexte et justification de l'étude 9
1.2 Analyse conceptuelle 12
1.3 Objectifs de l'étude 14
1.4 Hypothèses de recherche 15
II. METHODOLOGIE 15
2.1 Etat de la question 15
2.2 Le travail de terrain 17
2.3 Le traitement des données 19
PREMIERE PARTIE : LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES
PEDOLOGIQUES 21
I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE 21
II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 24
CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION 27
I. LE CLIMAT 27
II.LA VEGETATION 34
CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE 38
I. LES COURS D'EAU 38
II.LES RESSOURCES HYDRIQUES 39
DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES 46
I. L'HISTORIQUE DU PEUPLEMENT ET L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE 46
II.LA REPARTITION DE LA POPULATION 49
CHAPITRE II : L'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES 52
I.L'EXPLOITATION DES EAUX DE SURFACE PAR LA PECHE 52
II. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 55
III.L'EXPLOITATION DES RESSOURCES VEGETALES 63
CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DES CONTRAINTES 71
I.LES CONTRAINTES HYDRIQUES 71
II.LES CONTRAINTES PEDOLOGIQUES 73
III.LA DEGRADATION DES RESSOURCES VEGETALES 76
TROIXIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE GESTION DES
RESSOURCES
NATURELLES
CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES. 80
I.LES ACTEURS LOCAUX 80
II. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES 84
III.LES PARTENAIRES EXTERIEURS 87
CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE GESTIONS DES
RESSOURCES NATURELLES
ET LEURS IMPACTS DANS L'ARRONDISSEMENT 90
I.LES MODES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES 90
II.LES IMPACTS DES FORMES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
98
CONCLUSION GENERALE 103
BIBLIOGRAPHIE 105
TRADUCTION DES TERMES LOCAUX 108
LISTE DES CARTES 110
LISTE DES PHOTOS 110
LISTES DES GRAPHIQUES 110
LISTES DES TABLEAUX 110
ANNEXES 112
TABLE DES MATIERES 118
AVANT PROPOS
Au mois de septembre 2OOO la Déclaration
millénaire des Nations Unies établissait huit objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Ces objectifs visaient
à donner à la communauté internationale une vision
élargie du développement et un cadre référentiel
qui lui permettait de mesurer le progrès accompli en matière de
développement. Au premier rang de ces mesures, réduire
l'extrême pauvreté et la faim, par la gestion des ressources
naturelles.
Ce travail d'étude et de recherche (TER), notre
premier du genre sanctionne, d'une part des années d'apprentissage au
Département de Géographie de l'UCAD, d'autre part, il est une
modeste contribution à la recherche sur le développement rural,
développement qui rime avec sauvegarde de l'environnement par la
réhabilitation des écosystèmes et la gestion des
ressources naturelles.
Au Sénégal en général et
dans l'île à Morphil en particulier, l'espace rural est
caractérisé par une crise écologique compromettant tout
développement. L'exploitation des ressources naturelles est
exposée à une pression humaine agissant de concert avec les
aléas climatiques.
Dés lors, une étude sur la gestion des
ressources naturelles dans un tel contexte pour mieux gérer les
écosystèmes indispensables aux habitants de l `île
à Morphil, permet d'éclairer sur les enjeux actuels et de
contribuer à poser les jalons d'un développement durable.
La réalisation de cette étude a
été possible grâce à l'appui de Monsieur Guilgane
Faye. Nous lui adressons nos remerciements les plus chaleureux et les plus
sincères. A ces remerciements, nous associons l'ensemble des professeurs
du Département de Géographie. Ceux-là, qui ont
participé à notre formation par la qualité de leurs
enseignements. Nos remerciements vont également à l'ensemble des
personnes qui de prés ou de loin, ont contribué à la
réalisation de cette étude.
ACRONYMES
ANA : Agence Nationale de l'Aquaculture
ASC : Association Sportive et Culturelle
ASFO : Action Sanitaire pour le Fouta
AVD : Association Villageoise de
Développement
CADL : Centre d'Appui au
Développement Local
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal
CERP : Centre d'Expansion Rurale et
Polyvalent
COGEFOR : Comité de Gestion du
Forage
CPV : Chef de Poste
Vétérinaire
CR : Communauté Rurale
CRDI : Centre de Recherche pour le
Développement International
CSE : Centre de Suivi Ecologique
FED : Fonds Européen pour le
Développement
FNPJ : Fonds National pour la Promotion de
la Jeunesse
FUGIAM : Fédération des
Unions de GIE de l'Ile à Morphil
GIE : Groupement d'Intérêt
Economique
GMP : Groupe Motopompe
GOANA : Grande Offensive pour
l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance
GPF : Groupement de Promotion
Féminine
GRN : Gestion des Ressource Naturelles
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MARP : Méthode Active de la
Recherche Participative
MEPN : Ministère de l'Environnement
et de la Protection de la Nature
NEPAD : Nouveau Partenaire pour le
Développement de l'Afrique
OCB : Organisation Communautaire de Base
ODA : Organisation de Développement
Agricole
OMD : Objectifs du Millénaire pour
le Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAPFIM : Projet d'Appui aux Femmes de l'Ile
à Morphil
PAPEL : Projet d'Appui à
l'Elevage
PIP : Projet Intégré de
Podor
PIV : Périmètre
Irrigué Villageois
PNAE : Plan National d'Action pour
l'Environnement
PNAT : Plan National d'Aménagement
du Territoire
PNIR : Programme National d'Infrastructure
Rurale
POAS : Plan d'Occupation et d'Affection des
Sols
RADI : Réseau Africain de
Développement Intégré
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
RIAD : Réseau d'Initiative et
d'Appui au Développement
RN : Ressources Naturelles
SAED : Société
d'Aménagement des Eaux du Delta
SODEFITEX : Société de
Développement des Fibres Textiles
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
ZAPA : Zone Agro - pastorale à
Priorité Agricole
ZAPE : Zone Agro - pastorale à
Priorité Elevage
INTRODUCTION GENERALE
Le Sénégal, à l'instar des pays
sous-développés très vulnérable au changement
climatique mondial, est confronté depuis des décennies à
une crise environnementale, provoquée par des phénomènes
physiques :
· une dégradation des sols qui entraîne la
diminution de leur potentiel agronomique,
· un déficit hydrique qui favorise la
raréfaction des points d'eau et la baisse des niveaux des nappes
phréatiques,
· une régression progressive du couvert
végétal et une disparition de certaines espèces animales
(perte de biodiversité animale et végétale).
A ces phénomènes, s'ajoute l'action de l'homme.
En effet, la pression humaine, réduit d'une part, les terres cultivables
(diminution de 13,33% entre 1980 et 1990 d'après le PNAT de 1994),
d'autre part, elle entraîne une augmentation des besoins de consommation
et une surexploitation des terres. Ceux qui favorisent l'appauvrissement des
sols et un recul de la végétation.
Le Département de Podor, plus précisément
l'arrondissement de Cas-Cas, le plus sahélien du Sénégal
et qui forme une partie de l'île à Morphil, n'a pas
été épargné par cette situation. Il a
été fortement touché par les sécheresses
successives entraînant une dégradation des ressources naturelles.
La mise en service des barrages de Diama en 1986 et de Manantali en 1988, a
été perçue comme une nouvelle dynamique positive. Mais
l'écologie de la vallée est modifiée par le contrôle
des crues et la régulation du débit. La réduction
progressive des cultures de décrue et l'extension des
aménagements impliquent le recentrage des activités et des
économies familiales sur les cultures irriguées.
Par ailleurs, ces problèmes ont
déclenché des réactions de la part des populations, des
collectivités locales, de l'Etat et des partenaires au
développement pour une gestion intégrée. Ainsi, des
actions non pas ponctuelles mais pour un développement durable se
développent au niveau des trois collectivités locales
(Aéré lao, Madina Ndiathbé et Mboumba) que compose
l'Arrondissement. L'ile à Morphil est un espace particulier par rapport
au reste du Sénégal, où la permanence de l'eau
caractérise ce milieu. (Carte 1 : l'ile à Morphil).
Situé dans la région administrative de Saint
Louis et dans le département de Podor, l'arrondissement de Cas-Cas
s'étend sur une superficie de 3.089 hectares. Il est compris entre les
16°05 et 16°58 latitude nord et les 14°06 et 14°55 longitude Ouest avec les
limites suivantes :
· Au Nord par le fleuve Sénégal,
· A l'Est par la communauté rurale de
Pété
· A l'Ouest par les communautés rurales de Dodel
et de Gamadji Saré,
· Au Sud par la communauté rurale de Lougué
Thioly
Existant depuis le XVIII siècle, l'appellation Cas-Cas
serait une déformation du nom originel « kasga»
(utilisé par les villageois) par l'administration coloniale. En 1960
avec l'indépendance, l'ancien canton devient un
arrondissement, d'ailleurs, il est avec Saldé (arrondissement) et
Podor (commune) les seules structures administratives de l'île à
Morphil marquée par l'inaccessibilité pendant une partie de
l'année.
En effet, l'arrondissement de Cas-Cas a une vocation
essentiellement agricole en raison de ses importantes potentialités
hydriques et foncières. Les populations dépendent de
l'exploitation des ressources naturelles (eau, sol et végétation)
qui assure la couverture de l'essentiel de leurs besoins.
Les résultats de la recherche sont ainsi
présentés dans trois parties. La première partie est
consacrée au cadre physique pour faire une présentation de la
zone d'étude ainsi que le diagnostic de ses ressources naturelles. La
deuxième partie examine les caractéristiques
socio-économiques : la population, l'exploitation des ressources
naturelles et leurs contraintes ; les stratégies de gestion des
ressources naturelles font l'objet de la dernière partie.
I.
PROBLEMATIQUE
1.1 Contexte et justification de
l'étude
Les ressources naturelles ont une grande importance dans
le développement des sociétés et leur mise en valeur
constitue un véritable enjeu. En effet, ce sont des
éléments du milieu physique que les hommes utilisent pour
satisfaire directement ou indirectement leurs besoins alimentaires domestiques
et monétaires (Mercoiret, 1994)1(*).
Aujourd'hui, la question de l'environnement est
d'actualité en raison des menaces (érosion, sécheresse,
inondation ...) qui pèsent sur les ressources naturelles et les
populations qui en sont tributaires. En l'occurrence, elle se manifeste dans le
Sahel par une fréquence des années déficitaires en eau
météorique (déficit spatio-temporel) entraînant des
conséquences graves sur le milieu physique. Il s'y ajoute les actions
anthropiques notamment les activités, que sont : l'agriculture, la
pêche, la chasse et l'élevage contribuant à la destruction
du potentiel naturel selon le degré d'exploitation.
Le Sénégal, pays essentiellement agricole
du fait de, l'importance de la population occupée par le secteur
primaire (plus de 60 %) et la part importante de ce secteur dans le PIB
national, n'est pas épargné par cette crise environnementale.
Selon une étude faite en 1997 par le MEPN (Ministère de
l'Environnement et de la Protection de la Nature), l'état des ressources
naturelles est désolant. Le diagnostic révèle les
résultats suivants :
- un appauvrissement des sols lié aux cultures de
rente,
- une dégradation des forêts,
- une régression de la faune,
- une diminution en eau.
Entre autres, les espaces riverains du fleuve
Sénégal inclus dans le domaine climatique Sahélien ont
présenté depuis longtemps une situation similaire. Pendant la
période 1968 - 1985, la péjoration climatique qui s'accentue, se
traduit d'une part par une réduction de la pluviométrie, d'autre
part par une faiblesse de la crue. Ceci est à l'origine des
modifications perceptibles dans le fonctionnement du milieu naturel mais elles
ont affecté aussi les activités primaires par une
réduction de leur potentialité. D'ailleurs, c'est ce qui a
justifié l'édification des deux ouvrages hydrauliques à
savoir : le barrage de Diama (en 1986) et celui de Manantali (en 1988)
pour répondre aux préoccupations des populations et la
transformation des écosystèmes originels.
Seulement, cette mise en valeur a rendu la vie de bien
des habitants de la vallée plus précaire encore que par le
passé ; ceux que les coûts élevés des cultures
irriguées excluent des périmètres ne trouvent plus de
recours dans le Walo, alors que cultures, pâturages et reproduction des
poissons sont perturbés.
Cette dégradation dramatique de l'environnement
qui n'a fait qu'évoluer dans le temps, a progressivement
occasionné une prise de conscience de l'humanité dans ses
rapports avec la nature. L'homme se pose désormais des questions sur son
avenir et celles des ressources naturelles auxquelles, il dépend. La
préservation de l'environnement, la lutte contre la pauvreté et
le développement économique forment ensemble un
élément incontournable.
Ainsi, l'émergence des préoccupations
liées aux problèmes environnementaux se matérialise par de
multiples conventions et traités dont la finalité est de
promouvoir, non pas des actions ponctuelles mais un développement
durable. Parmi les conventions les plus significatives, on peut citer à
l'échelle planétaire :
- la Convention Internationale de Londres du 06 novembre 1933
suivit par celle d'Alger de 1968 qui avait longuement statué sur les
crises environnementales,
- le rapport de Brundtland publié en 1987 par la
commission mondiale sur l'environnement qui a défini la politique
nécessaire pour parvenir à un développement durable,
- récemment, la Conférence de la terre de Rio en
1992, l'Assemblée Générale de l'UICN en Mars 1997, la
signature du Protocole de Kyoto et le plan d'action sur l'environnement du
NEPAD (2002), sont un gage d'un équilibre entre l'homme et la nature.
Au plan local, la protection et la gestion des
ressources naturelles se traduisent, d'abord par une signature à ces
différents traités, ensuite par l'élaboration et
l'adoption de politiques nationales, pour une meilleure gestion des
problèmes environnementaux. On peut citer en exemple :
- le transfert des compétences en matière de
gestion des ressources naturelles avec la loi sur la décentralisation de
1996.
- des instruments ou documents de planification : le
PNAT, le PNAE, le PAN/LCD, le document d'orientation générale du
Ministère de l'environnement et de la protection de la nature.
Ces actions, projets ou programmes, conçus et mis
en oeuvre pour inverser la tendance, malgré quelques résultats
encourageants n'ont pu stopper ce processus de dégradations de
l'environnement d'une manière définitive. Dés lors,
l'adoption d'un processus participatif et décentralisé en
matière de gestion des ressources naturelles et de l'environnement, en
phase avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD), établi par les Nations Unies en vue de réduire la
pauvreté et l'amélioration des conditions de vie d'ici à
2015, s'impose.
C'est cela qui explique le choix du sujet de notre
mémoire d'étude intitulé :
« Exploitation et gestion des ressources
naturelles dans l'île à Morphil. Etude de cas :
l'arrondissement de Cas-Cas ».
Il se veut comme plusieurs études, une
contribution au combat pour la sauvegarde de l'environnement, par la
réhabilitation des écosystèmes. La gestion des ressources
naturelles de l'environnement est loin d'être une théorie encore
moins une option. Elle est la seule voie possible, tant les atteintes à
l'environnement aggravent la pauvreté et l'insécurité
alimentaire, les conflits d'accès et d'usages des ressources alimentent
l'instabilité sociale, politique et économique. Ainsi, la
Vallée du fleuve Sénégal a fait l'oeuvre des études
scientifiques tant des chercheurs et spécialistes que de disciplines
satellites (sociologie, histoire, géographie...). Toutefois, peu
d'auteurs ont accordé une importance particulière à
l'île à Morphil incluse dans la moyenne vallée.
Coeur historique du Fouta, enfermée entre le
fleuve Sénégal au nord et la rivière de Doué au
sud, l'île à Morphil est la plus grande île du
Sénégal avec une superficie de 1250 km2. Ainsi, le
Doué principal défluent (bras d'un cours d'eau) du
Sénégal, long de plus de 200km est un cours d'eau permanent
parallèle au cours du fleuve en aval de Kaédi, avant de le
rejoindre à Podor. La zone prise en tenaille entre les eaux douces
« hakkuddé majjé » est notre zone
d'étude. La toponymie « île à Morphil »
révèle d'ailleurs l'ancien commerce de l'ivoire signe d'une
grande diversité floristique et faunistique. Elle se distingue par la
disponibilité de deux ressources : la terre et l'eau. Mais la
pauvreté et la dégradation des ressources naturelles stagnent
l'essor de ce milieu.
Du point vue administratif, notre espace d'étude
se circonscrit à une partie de l'île localisée dans le
département de Podor et plus précisément l'arrondissement
de Cas-Cas formant même le coeur de ce milieu. Elle regroupe 88 583
habitants répartis en trois communautés rurales (carte 2) :
Aéré Lao (38 967 habitants), Mboumba (19 505 habitants)
et Madina Ndiathbé (30 113 habitants).
Carte 2: Situation de l'Arrondissement de
Cas-Cas
Source : CSE, 2009
Notre choix se porte volontairement aux villages situés
à l'intérieur de l'île pour prolonger ainsi, la recherche
et le débat sur le développement rural et ou local.
1.2 Analyse conceptuelle
La question de la gestion des ressources naturelles est
devenue l'axe central du débat sur le développement rural face
aux multiples mutations enregistrées durant ces deux dernières
décennies au Sénégal et plus particulièrement dans
la moyenne vallée du fleuve.
Cependant, les concepts et les définitions
utilisés en liaison avec le développement rural en
général et la gestion des ressources naturelles en particulier au
Sénégal, se trouvent en pleine mutation et peuvent se
prêter à des confusions, voire à des interprétations
différentes. C'est pourquoi dans le cadre de notre étude, nous
entendons les définir.
Dans un passé récent, la notion de
ressources naturelles (RN) retenait surtout la composante
végétale telle que la végétation arborée,
arbustive, ainsi que les plantes annuelles ou vivaces. Cette situation
était due à l'appropriation du terme par les forestiers.
Alors que, les économistes s'intéressant
plus à la notion de rentabilité et de productivité,
distinguent deux types de ressources naturelles en fonction des données
fondamentales de l'écologie : les ressources renouvelables (eau,
vent et soleil) et les ressources non renouvelables (gisement minier, sol...).
Mais cette distinction n'est pas toujours aussi nette. En matière
agricole, les récoltes peuvent se répéter d'années
en années, à condition que la fertilité des sols se
maintienne.
Ibrahim Nahal (1998)2(*) offre une vision plus globale qui englobe l'ensemble
des ressources naturelles d'un pays, qui sont :
- les ressources physiques : climat, sol, eau,
- les ressources biologiques : population humaine,
végétation, animaux,
- les ressources en énergie : humaine, solaire,
éolienne, hydraulique, géothermique, nucléaire et aussi
l'énergie de source minérale et la biomasse,
- les ressources humaines et institutionnelles.
La plupart des ressources naturelles sont, au moins en partie,
renouvelables. Les ressources minérales de la Terre sont
considérées comme non renouvelables.
Dans le cadre de notre étude, la notion des
ressources naturelles retient : la végétation, la faune,
l'eau et le sol qui composent les écosystèmes vivants. Ce sont
par essence, des ressources communes dont l'exploitation et surtout la
préservation, incombent à la communauté.
Le concept de gestion des ressources
naturelles fait davantage référence aux façons
dont les ressources sont utilisées par une communauté ou un Etat
pour des objectifs de productions forestières, agricoles, halieutiques
ou pastorales. Il s'apparente aux notions d'aménagement du territoire ou
d'organisation de l'espace, tout en ayant une portée plus vaste. Il
inclut toutes les formes d'interventions dans l'environnement ayant pour
finalité l'utilisation optimale d'un environnement donné, dans la
perspective d'un développement durable, qui permettra de satisfaire les
besoins actuels tout en préservant ceux des générations
futures.
L'expression « exploitation des
ressources naturelles » souvent employé au sujet de tout
un ensemble des ressources extraites de l'environnement naturel, désigne
ici les formes de mise en valeur développées dans l'île
à Morphil. En effet, l'exploitation des ressources naturelles constitue
à la fois un important levier pour l'amélioration des revenus des
familles pauvres, un enjeu d'aménagement du territoire et un défi
en termes de préservation des ressources renouvelables.
1.3 Objectifs de l'étude
A- Objectif général
Cette étude a pour objectif essentiel de
s'intéresser au savoir et savoir-faire des populations de cette
localité, en matière d'exploitation et de gestion des ressources
naturelles. Il s'agit d'analyser les stratégies qu'elles ont
élaborées en rapport avec leur situation économique et
leur mode de vie. Car la mise en valeur de ces ressources y demeure toujours un
des principaux enjeux de développement. Ce qui permettra de rendre
intelligibles les modes d'organisation de l'île à Morphil, de
mettre en évidence les logiques d'actions propres aux exploitants, ainsi
que les capacités de réactions et d'innovations des ruraux face
à des modifications environnementales, économiques et
socioculturelles.
B- Objectifs spécifiques
De façon spécifique, cette étude vise
trois objectifs :
- faire un diagnostic des ressources naturelles par un
inventaire et une évaluation à travers le processus de
dégradation et les contraintes qu'elles ont subies,
- montrer la relation qui existe entre les populations et les
ressources tout en tenant compte des modes d'exploitation
développés,
- dégager les stratégies de gestion
adoptées par les acteurs présents susceptibles de
s'insérer dans une orientation non seulement écologiquement mais
socialement durable.
1.4 Hypothèses de recherche
Pour atteindre ces objectifs, on a retenu les
hypothèses suivantes :
- l'île à Morphil a subi les effets
néfastes de la crise écologique liée aux changements
naturels et l'intervention de l'homme qui ont affecté les sols, la
végétation, la faune ainsi que la santé humaine et
animale,
- il existe des procédés traditionnels
d'exploitation des ressources qui ont survécu et se sont adaptés
à ces bouleversements,
- des actions de gestion ont nécessité une
approche participative en matière de gestion des ressources
naturelles.
Ces hypothèses ont conduit à la
méthodologie suivante.
II. METHODOLOGIE
En vue de réaliser ce travail, nous avons adopté
une méthodologie, une démarche en trois phases.
2.1 Etat de la question
Il s'est effectué dans les différents
centres de recherches comme : la Bibliothèque Universitaire, le
CRDI, le Centre Suivi Ecologique, le Laboratoire de géographie humaine,
l'Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie, la Direction
de la météorologie nationale et l'IRD (ex : ORSTOM). Au
cours de cette étape, nous avons consulté des documents se
rapportant à notre thème et zone d'étude.
Cette première phase, nous a permis de comprendre
l'état des ressources naturelles dans le monde en général
et au Sénégal en particulier, ainsi que la
nécessité de mettre en place une stratégie de gestion
concertée. La plupart des auteurs ont lancé un véritable
cri d'alarme face au stade avancé de la détérioration de
ce support des sociétés.
Le principal constat par rapport à cette question,
est l'abondance de la littérature sur les ressources naturelles. Cela
s'explique sans doute, par l'ancienneté de la question par la
dépendance des populations à ces ressources.
Les divers auteurs expliquent que les motivations pour la
gestion des ressources naturelles comme étant les principes fondamentaux
des populations rurales, il y va de leur survie (les ressources naturelles
assurent la satisfaction des besoins humains et animaux).
Ainsi, il existe des interactions dynamiques entre
l'être humain et la biosphère, qui sont en perpétuelle
évolution. C'est le cas notamment, des trois volumes sur la :
« Conservation et utilisation durable de la biodiversité
agricole », publié en 2005 par le
CIP-UPWARD. Dans le même ordre d'idée, nous
pouvons citer l'ouvrage de Baechler en 1996 :
« Recherche Sahélienne : analyse d'un monde en
mutation ».
D'une manière plus engagée, d'autres
évoquent la domination croissante de l'homme sur son environnement, qui
suscite de nombreux conflits entre les objectifs humains et les processus
naturels. Il arrive souvent que s'opposent des plans axés sur les
profits à court terme et des projets à long terme. A ce titre,
ces soucis ont été développés par Brian
Adams en 2000, dans son ouvrage :
« Quel avenir pour la Vallée ? », de
même que Philippe Engelhard et Taoufik ben Abdallah en
1986 dans : « Les enjeux de l'Après barrage :
vallée du Sénégal ». La mise en oeuvre des
barrages dans le fleuve Sénégal, loin de favoriser un
développement harmonieux des populations autochtones, a
déstabilisé le milieu et la complémentarité entre
les trois secteurs : agriculture, élevage et la pêche.
Les obstacles à la gestion de ces ressources ont
été abordés par la plupart des mémoires de
Maîtrise relatif à ce sujet, à l'instar de celui de
Thiao (2006) : « La gestion des
ressources naturelles dans la communauté rurale de
Ndiaffate » et de Diatta (2001) :
« Gestion des ressources naturelles dans la communauté
rurale de Kounkané ». Selon ces auteurs, le non prise en
compte des populations dans la gestion des ressources naturelles a
accentué leur dégradation.
Cependant, les auteurs ne se sont pas seulement
limités à l'identification des obstacles. Mieux, ils ont tenu
à proposer un certain nombre de solutions parmi lesquelles la prise en
compte de la dimension endogène dans les politiques de conservation de
la biodiversité. C'est ainsi que, Guy Bésette
(2007) prône la communication participative pour le développement
et la gestion des ressources naturelles. Les outils de communication tels
que : la radio, la télévision, le théâtre, le
sketch devraient relancer les processus de gestion des ressources par un
partage d'expérience. Abordant dans le même sens, en 2006,
Stephen Tyler dans : « La cogestion des
ressources naturelles : réduire la pauvreté par
l'apprentissage local » exige un accord de collaboration par
lequel les collectivités utilisatrices des ressources locales, les
instances gouvernementales supérieures et locales, d'autres intervenants
notamment de l'extérieur partagent la responsabilité et
l'autorité de la gestion des ressources naturelles en question par une
gamme d'entente, allant des accords juridiques officiels négociés
à l'échelon politique, aux engagements pragmatiques pris
à l'amiable.
Cette phase a aussi permis de comprendre la nature des
ressources et de mieux assurer leur protection sur ce point également la
littérature est très abondante et la plupart des ouvrages
consultés mettent l'accent sur la distinction entre ressource
renouvelable et ressource non renouvelable.
Par ailleurs, cet état de la question a permis
de faire une analyse conceptuelle. Et dans cet exercice. Les ouvrages
de Nahal (Ibrahim) en 1998 :
« Principes d'agriculture durable », de
Yves Colombel (1998) : « L'agriculture
dans le monde », ainsi que les encyclopédies et les
dictionnaires de géographies, dont ceux de Yves Lacoste
(2003) et de Pierre George (1993)
ont été d'un grand apport, car ils ont facilité la
compréhension de certains termes.
Il convient de souligner le manque d'ouvrage
spécifique, à notre zone d'étude. Cependant des
publications sur la moyenne Vallée sont assez nombreuses, ainsi les
ouvrages de : Bovin et al (1995) :
« Nianga : Laboratoire de l'agriculture
irriguée dans la Moyenne Vallée du Fleuve
Sénégal » ; Déme
(1991) : « Evolution climatique et processus de mise en
place du peuplement dans l'ile à Morphil », nous ont
permis d'avoir quelques informations sur notre localité.
La deuxième étape de cette étude a
été la collecte des données
2.2 Le travail de terrain
Nous l'avons scindé en deux étapes :
- La première étape est celle de la visite de
prospection et d'enquête en même temps qui s'est
déroulée en juillet 2009, ce fut l'occasion de prendre contact
avec les personnes ressources en particulier : le sous-préfet, le
chef de CADL, les présidents de communautés rurales et les chefs
de villages.
- La deuxième étape qui a eu lieu en Octobre a
permis de réorienter et de valider certaines questions.
ü La méthodologie d'enquête
En vue de réaliser ce travail sur le terrain, les
instruments de collecte de données que sont les outils de la
Méthode Active de la Recherche Participative (MARP), ont
été adoptés :
· L'interview semi structurée.
Il concerne directement les personnes ressources (chef de
village, sous-préfet, président de communauté rurale) de
la zone. Nous avons fait un échantillonnage au 1/5 pour choisir 15
villages parmi les 75 que polarise l'arrondissement de Cas-Cas. Ce choix fut
guidé par les critères tels que :
- Village se situant à l'intérieur de
l'île à Morphil,
- La taille de la population et sa situation
socio-économique,
- La présence d'une activité et ou d'une
ressource naturelle spécifique.
Tableau 1 : Les villages cibles pour le
guide d'entretien
Villages cibles
|
Population (habitants)
|
Aéré lao
|
9 039
|
Barangol
|
549
|
Boki
|
2009
|
Cas-Cas
|
3 324
|
Dioudé Diabé
|
1 743
|
Dounguel
|
1 452
|
Fondé Elimane
|
616
|
Madina Ndiathbé
|
3 503
|
Mboumba
|
4 376
|
Saré-Souki
|
636
|
Siouré
|
884
|
Souraye
|
421
|
Thioubalel lao
|
1 725
|
Wallaldé
|
2 071
|
Windou Boki
|
228
|
· L'enquête ménage
Elle a permis d'avoir des réponses sur la question des
ressources naturelles. Du fait que, les trois communautés rurales
(Aéré lao, Madina Ndiathbé et Mboumba) qui regroupent
l'Arrondissement de Cas-Cas sont situées en dehors de l'île
à Morphil, l'enquête ménage ne les concernent pas. Ainsi,
nous avons échantillonné dans les 12 villages cibles pour obtenir
le nombre de chefs de ménage à interroger. Sur 1 884 chefs de
ménage, nous avons choisi 1/12 soit : 157 chefs de ménages
répartis comme suit :
Tableau 2 : Les villages de
l'échantillon enquête ménage
Villages cibles
|
Nombre de chefs de ménages
|
Nombre de chefs de ménage à
interroger
|
Barangol
|
55
|
4
|
Boki
|
213
|
18
|
Cas-Cas
|
422
|
35
|
Dioudé Diabé
|
218
|
18
|
Dounguel
|
166
|
14
|
Fondé Elimane
|
71
|
6
|
Saré-Souki
|
80
|
7
|
Siouré
|
92
|
8
|
Souraye
|
63
|
5
|
Thioubalel lao
|
249
|
21
|
Wallaldé
|
233
|
19
|
Windou Boki
|
22
|
2
|
Total
|
1 884
|
157
|
Ces deux instruments sont complétés par le
diagramme de Venn, la pyramide des problèmes, la matrice de
classification des espèces végétales, le diagramme des
flux et des observations directes.
2.3 Le traitement des
données
Les données quantitatives recueillies sur le
terrain ont été traitées à l'aide du logiciel
SPHINX et du tableur EXCEL, notamment pour le calcul des pourcentages,
fréquences et moyennes. Ils ont également servi dans la
confection des graphiques et des tableaux. Pour la rédaction du
document, c'est principalement le traitement de texte WORD qui a
été utilisé.
La vallée du fleuve Sénégal est
caractérisée par une variété des paysages. Et
« l'île à Morphil » partie très
septentrionale, incluse dans ce milieu, apparaît comme une sorte
d'immense oasis au milieu du Sahel, Dans cette première partie,
nous traiterons le cadre physique pour faire un diagnostic des ressources
naturelles. Le relief et la géologie sont étudiés au
chapitre I, tandis que le chapitre II fait état du climat et de la
végétation. L'hydrographie est l'objet du chapitre III.
CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES
PEDOLOGIQUES
Le Quaternaire se caractérise par des
changements climatiques, des variations du niveau marin, plusieurs cycles
d'érosion pluviale et des dépôts alluvionnaires, qui ont
donné à de nombreux changements dans le cours du fleuve
Sénégal et dans la dynamique, qui distinguent la
morphogenèse de la moyenne vallée. L'évolution
géomorphologique de l'île à Morphil est strictement
liée aux paléoclimats et aux variations du niveau de la mer, qui
ont déterminé plusieurs épisodes morphoclimatiques.
Les conséquences de cette évolution ont
été étudiées par Pierre Michel (1973).Plus tard
M.Sall (1982), Sow (1984), récemment A.Diagne (1995) et Corréa
(2006) ont repris certaines conclusions de ces études
géomorphologiques pour caractériser l'écoulement dans le
bassin du fleuve Sénégal.
Ces différents travaux vont être nos
principales sources pour retracer l'histoire géomorphologique de cette
zone.
I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE
C'est durant le Quaternaire ancien que le fleuve a
creusé sa vallée et c'est surtout au cours du Quaternaire
récent que les différentes unités géomorphologiques
se sont individualisées pour donner à la vallée une
topographie très basse mais aussi très diversifiée.
1.1 L'évolution géomorphologique
ancienne
Le bassin versant du fleuve Sénégal
présente une diversité de roches, de natures et d'âges
différents. Il laisse apparaître deux ensembles définis par
l'âge et la mise en place des roches affleurantes : dans le haut
bassin (Fouta Djalon, Bakel) domine des roches du socle précambrien et
de sa couverture paléozoïque, dans la moyenne vallée les
roches sédimentaires du secondaire et du tertiaire sont souvent
masquées par des dépôts quaternaires.
Au cours du Quaternaire ancien, l'incursion de la mer
est assez limitée. L'épisode y est représenté par
des grès et des calcaires à stratification entrecroisée
riches en foraminifère. Il est caractérisé par une mer peu
profonde, chaude et agitée dans laquelle se développe une faune
abondante et variée (huître, oursins, balanes).
Le sommet du pléistocène (40 000 ans
BP - 14 000 BP) est marqué par la succession d'un pluvial et d'un aride.
La phase humide est intervenue entre 40 000 ans BP et 30 000 ans BP. Elle
accompagne la transgression Inchirienne. Le niveau marin se releva
jusqu'à - 20 m au cours de cette transgression (40 000 ans BP - 30 000
ans BP). Les dépôts sont de type margino-littoral, à faune
côtière. L'épisode aride correspond à la
transgression post-Inchirienne (20 000BP - 12 000BP), le fleuve
creuse son lit dans les grès du Continental Terminal. Durant cet
épisode climatique sec, l'entaille atteint - 28 m et se forme la nappe
alluviale et des graviers de sous berge.
1.2 Le Quaternaire récent
Le Quaternaire récent est de loin la période la
mieux connue. Il a été marqué par d'importants changements
climatiques associés à des variations du niveau marin
(holocène). L'évolution s'établit de la manière
suivante :
· La période aride de l'Ogolien (20 000 ans BP).
Des dunes longitudinales d'orientation nord-est / sud-ouest barrent la
vallée à la hauteur de Kaédi, rendant le régime du
fleuve endoréique. C'est le premier remblai sableux.
· La période plus humide du Tchadien (12 000
à 7 300 ans BP). Le climat redevient humide et favorise une formation
des lacs et des marécages. Dans les dépressions interdunaires, il
se forme des dépôts de tourbes ligneuses continentales. Le retour
de pluies favorise la ferrugination des sols, notamment sur les
dépôts Ogoliens et un second remblai sableux s'ensuit,
· La transgression Nouakchottienne (7 000 ans BP - 4 000
ans BP) va créer de nombreux golfes dans les vallées et les
interdunes. Elle déplacera et positionnera le littoral des fonds de -50
m jusqu'à des côtes voisines du niveau actuel. Les
matériels mis en place sont remodelés, formant ainsi les
dépôts des hautes levées et des terrasses du Nouakchottien.
Ces dépôts sont caractérisés par une faune avec en
particulier un développement important des mollusques tels que :
Anadara senelis, Dosinia isocardra, Cerasoderma edule. Le rivage est
bordé de mangroves dont le développement est favorisé par
des eaux troubles, faiblement agitées, par des températures de
l'ordre de 20°C et un bon ensoleillement. Durant cette période
marine, une importante terrasse de sable fin s'est mise en place dans la
vallée alluviale, que l'on rencontre vers 1 m de profondeur dans toute
la moyenne vallée avale. Le Tafolien (4 200 ans BP) édifie des
cordons littoraux riches en minéraux lourds sur le littoral du
Sénégal,
· Vers 2 500 ans BP le fleuve remplace la mer dans la
moyenne vallée aval et dans la basse vallée, tandis que des
dépôts fluvio-deltaiques se forment dans le delta qu'une lagune
occupe à l'ouest. La régression qui a suivi aurait à peine
abaissé le niveau marin en dessous du niveau actuel. Cette phase
sèche s'est manifestée aussi par une recrudescence de l'action
éolienne favorisant la formation des dunes littorales semi-fixes.
Simultanément, le fleuve a considérablement accru ses
sinuosités. Les dunes littorales sub-actuelles ont été
fixées par la végétation dans leur migration vers le
Sud-est lors d'une légère pulsation qui se serait produite au
Moyen Age. A l'actuel, une nouvelle donne modifie le fonctionnement du
fleuve : les barrages qui tempèrent les conditions de
sédimentation et l'érosion fluviale dans des proportions encore
difficile à évaluer. (Albert Diagne, 1995)3(*).
1. 3 Les modelés
actuels
Ces différents épisodes ont permis la mise en
place d'un micro-relief très enchevêtré qui compartimente
le lit majeur du fleuve en de multiples cuvettes plus ou moins vastes. Ces
changements climatiques et les comportements du fleuve qui leur ont
été associés, permettent de distinguer les unités
géomorphologiques suivantes :
- les cordons dunaires de Diéri, d'orientation NNE-SSW,
héritage de l'Ogolien. Ces formations dunaires sont entrecoupées
par de larges dépressions,
- les terrasses Nouakchottiennes ou
« Jéjégol », ce sont des bas glacis
désignant des formations de transition entre Diéri et Walo,
correspondant à des terres rarement inondées,
- les hautes levées anciennes ou
« fondé », elles ont été mises en
place pendant la période Tchadienne. Ce sont des bourrelets de berges,
c'est à dire des levées fluviatiles édifiées par le
fleuve,
- les levées récentes
ou « Diacré » et « Falo »,
elles correspondent respectivement à des formations sub-actuelles et
à des formations actuelles. Elles sont issues du sapement des
levées qui gainent les lits du fleuve Sénégal et de ses
défluents et se localisent généralement dans les parties
concaves des méandres.
- les cuvettes de décantation ou
« hollaldé », elles sont issues en contrebas des
hautes levées et occupent d'assez grandes superficies pouvant
dépasser des dizaines, voire des centaines de km2. Sur le
terrain, nous pouvons remarquer que les cuvettes ont des topographies
différenciées. C'est ainsi qu'il est possible de les subdiviser
en parties « basses » (centre de la cuvette),
« moyenne » et « haute »
(périphérie au contact avec les levées).
II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES
La différenciation des sols dans
l'arrondissement de Cas-Cas est essentiellement basée sur leur position
topographique (drainage, déflation, accumulation), elle se traduit
directement par des variations de texture illustrées par la carte des
sols (carte 2).
Carte 3 : Les sols de l'Arrondissement de
Cas-Cas
Source : CSE, 2009
2.1 Les sols hydromorphes à
pseudo-gley
Il s'agit des sols situés dans les petites
levées et les cuvettes de décantation que les habitants appellent
familièrement « Hollaldé ». Selon la
SAED4(*), ils renferment 70%
de la zone Walo (ensemble des terres inondables situés entre le fleuve
Sénégal et le Doué). Sièges de décantation
des sédiments apportés par la crue (sols saisonnièrement
soumis à l'inondation), les « hollaldé »
sont composés de vertisols. Le taux d'argile est très
élevé.
A cause de leur texture fine, leur comportement
hydrique est marqué par une rétraction à l'état sec
et un gonflement à l'état humide. Il existe également un
sol qui tire vers le « hollaldé »
dénommé « faux hollaldé », car
caractérisé par une texture limoneuse argileuse à
argileuse ferrugineuse avec une forte proportion de sables fins et de sables
grossiers.
2.2 Les sols bruns
subarides
Il s'agit de sols silico-argileux humifères (sols
de fondé) qui occupent 30 % de l'île à Morphil selon la
SAED. Bruns à bruns clairs, ces sols sont constitués de sable fin
et de limons. Le taux d'argile, qui est moyen en surface devient faible dans
les horizons médians et de profondeur.
2.3 Les sols bruns rouges
subarides
Ces terres se développent sur d'anciens cordons
dunaires, héritage de l'Ogolien. Ils représentent l'ensemble des
terres non inondables de la moitié sud du territoire de
l'arrondissement. Du fait de leur porosité et leur potentialité
en eau très faible, ces sols sont meubles et sableux.
2.4 Les autres types de sols
Il s'agit des sols moins représentés et
parfois dispersés dans l'espace. A ce titre, on note les sols
sablo-argileux localisés dans les « Diacré »
(formations subactuelles), ainsi que les sols sableux dans les
« Falo » (les berges de fleuve). Ces sols sont
particulièrement utilisés dans les constructions.
Par ailleurs, des sols un peu particuliers se distinguent
par taches dans l'espace : le « wakadjidiou » (sol
brun rouge), le « ndoudaldi » (brun clair), le
« korbalé » (sablo-argileux), le
« walléré » (sol noir clair). Ils ont un
caractère en commun : l'infertilité.
*
* *
La géomorphologie et la
pédogenèse de la vallée du Sénégal sont
intimement liées. Du Quaternaire ancien au Quaternaire récent, de
l'Ogolien (21 000 ans BP - 13 000 ans BP) au Tafolien (2 500 ans BP),
l'île à Morphil a connu des fluctuations climatiques
marquées par l'alternance de séquences arides et de
séquences humides.
Ces changements climatiques et les bouleversements du
régime hydrologique ont mis en place des unités
géomorphologiques (cordons dunaires, hautes levées, cuvette de
décantation), qui portent des sols variés adaptés à
certains systèmes et types de cultures. Le tableau 3 met en
corrélation ces différents éléments.
Tableau 3 : Sols et aptitudes culturales
Localisation
|
Topographie
|
Sols
|
Aptitude culturale
|
Bourrelet de berges (Fondé)
|
Hautes levées (topographie régulière
rarement inondée)
|
Fondé texture moyenne à légère
|
Polyculture
|
Zone intermédiaire entre les cuvettes et les hautes
levées
|
Topographie régulière moyennement haute parfois
inondée
|
Texture moyenne
|
Polyculture et riziculture
|
Cuvette de décantation
|
Terres basses topographies irrégulières
|
Hollaldé texture fine à très fine, argilo
limoneuse
|
Riziculture
|
Source : enquête de terrain 2009
En somme, l'île à Morphil est un milieu peu
contrasté de par sa géomorphologie et ses ressources
pédologiques, qui supportent une végétation variée
et un climat sahélien.
CHAPITRE
II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION
Le climat est une donnée fondamentale des
ressources naturelles. Il joue un grand rôle dans la vie des hommes et
sur l'évolution du milieu physique. Facteur écologique de grande
importance, le climat influence directement la végétation, ainsi
que les activités rurales. L'île à Morphil
insérée dans le domaine climatique sahélien, est
caractérisée par une pluviométrie
irrégulière.
Notre étude se portera en premier lieu sur le
climat et son évolution, et dans un second temps, sur les ressources
végétales de l'île à Morphil.
I. LE CLIMAT
« Le climat est un élément
variable dans le temps et dans l'espace ...Le climat est un
élément régulateur de la vie sur terre. Il favorise le
développement de plusieurs activités : agriculture,
élevage, pêche » (Sagna, 2005)5(*). Dés lors, il conditionne l'existence des
ressources naturelles. La moyenne vallée du Sénégal
où se localise l'arrondissement de Cas-Cas, se particularise par un
climat de type sahélien.
Ici, le climat se singularise par : l'alternance
d'une saison sèche de 9 à 10 mois et d'une courte saison
pluvieuse concentrée sur 2 à 3 mois (juillet - septembre), des
températures relativement élevées pouvant atteindre 40
° C et des précipitations annuelles faibles largement
inférieur à 500 mm.
1.1 Les mécanismes du climat
Trois centres d'actions déterminent ce
climat : les deux premiers (anticyclone des Açores et de Saint
Hélène) d'origine dynamique, se trouvent dans l'océan
Atlantique nord et sud, le troisième d'origine thermique et saisonnier
(anticyclone Saharo-libyen), se situe au-dessus du Sahara.
Au Nord-Ouest, l'anticyclone des Açores envoie un
vent frais et humide qui, au fur et à mesure, qu'il
pénètre dans le pays, devient chaud et sec, mais pendant l'hiver
grâce au renforcement de la circulation dans l'hémisphère
nord, le centre d'action s'active davantage et envoie de la fraîcheur
dans l'ensemble du pays. C'est ainsi que, pendant cette période de
l'année, le climat est dans l'ensemble frais et sec dans
l'Arrondissement.
Par ailleurs, à partir du mois de Mars, le climat
subit l'influence de l'anticyclone Saharo-libyen. Pendant cette période,
le climat se caractérise par la chaleur, et cela à cause de la
présence de l'harmattan, un vent chaud et sec en provenance de l'Est.
En plus, de la présence de l'harmattan, cet espace
est souvent balayé par des rafales de vent qui s'accompagnent de
poussières rouges rendant la visibilité très
délicate.
A partir du mois de Juin, le climat est sous l'influence
de l'anticyclone de Saint Hélène au Sud, qui avec les lignes de
grains provenant de l'Est, entraînent la pluie si toutes les conditions
sont réunies. Ces différents centres d'actions
caractérisent les éléments du climat.
1.2 Les éléments du climat
Les éléments qui déterminent le
climat sont : les vents, les températures, l'humidité
relative, l'évaporation et l'insolation.
1.2.1 Les vents
Les centres d'actions donnent naissance à deux
types de vents qui arrivent dans l'arrondissement selon deux secteurs :
Nord-est et l'Ouest.
Tableau 4 : Direction et vitesse moyenne
du vent à la station de Podor normale 1979 - 2008
Source : Direction Nationale de la
Météorologie
Il ressort de l'analyse du tableau 4, que les moyennes
les plus élevées se rencontrent en saison sèche. Le
maximum est étalé sur 5 mois (Décembre à Avril)
avec une moyenne supérieure à 2,8 m/s (période de
l'harmattan) où les vents de Nord à Nord-est dominent. Un maximum
secondaire est enregistré au début de la saison des pluies (juin
et juillet avec respectivement 3,1 et 3,4 m/s) avec le développement des
flux de la mousson. Le minimum se situe en Octobre, avec 2,1 m/s. Cependant,
deux flux d'air intéressent notre zone d'étude.
1.2.1.1 Les Alizés
Il s'agit de deux Alizés de natures
différentes : l'Alizé maritime issu de l'anticyclone des
Açores qui amène fraîcheur et humidité dans
l'arrondissement et l'Alizé continental qui est saisonnier. Mais
l'impact de l'Alizé continental, issu de l'anticyclone Saharo - libyen,
chaud et sec avec des températures élevées, est plus
déterminant. Dénommé, Harmattan ce vent est responsable
« des vents de sable » qui entraîne une intense
déflation éolienne.
1.2.1.2 La Mousson
Le flux de mousson originaire de Saint
Hélène, traverse notre zone d'étude chargée
d'humidité susceptible de déclencher des pluies. Cette masse
d'air détient une hygrométrie importante et c'est d'elle que
provienne la majorité des précipitations.
1.2.2 Les températures
Le tableau des températures moyennes mensuelles affiche
des valeurs élevées. Elles sont toujours supérieur
à la moyenne (22,5°C) de Mai à Octobre et atteignent des
maxima de 25°C à 27°C pour les mois d'Août et
Septembre : l'île à Morphil est un milieu de chaleur
constante.
De Novembre à Avril correspondant à la saison
sèche (minimum en Janvier et Février), la température
diminue pour connaître une hausse, au fur et à mesure, que la
saison pluvieuse s'installe. Cette chaleur permanente avec une
pluviométrie faible influent sur le milieu.
Tableau 5 : Température moyenne
mensuelle (en°C) à la station de Podor la normale
1979 à 2008
Périodes
|
Janv
|
Fev
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc.
|
Moyenne
|
1979/1988
|
17,7
|
17,7
|
21,5
|
24,5
|
27,1
|
27,4
|
27,3
|
27,7
|
27,9
|
26,9
|
22,7
|
18,7
|
23,9
|
1989/1998
|
16,5
|
18,8
|
20,0
|
21,4
|
24,3
|
24,9
|
24,9
|
25,1
|
25,4
|
24,5
|
21,0
|
17,6
|
22,0
|
1999/2008
|
15,8
|
17,5
|
20,2
|
22,4
|
23,8
|
24,6
|
24,9
|
25,1
|
25,5
|
24,7
|
20,9
|
17,7
|
21,9
|
Moyenne
|
16,6
|
18
|
20,5
|
22,7
|
25,0
|
25,6
|
25,7
|
25,9
|
26,2
|
25,3
|
21,5
|
18
|
22,5
|
Source : Direction de la
Météorologie nationale
1.2.3 L'humidité relative
L'humidité relative de l'air (figure 1) est
conditionnée par les vents et la température. Les variations sont
régulières dans l'année. Les valeurs les plus faibles se
situent en saison sèche, de Décembre (37%) à Mai (34%),
elles augmentent progressivement de Mai à Septembre coïncidant avec
l'arrivée de la mousson. On note que, la valeur la plus forte se trouve
en Septembre alors que le maximum pluviométrique se situe en Aout.
Figure 1 : Evolution de l'humidité
relative moyenne mensuelle à la station de Podor
normale 1979-2008
Source : direction de la
météorologie nationale
1.2.4 L'évaporation
Les valeurs de l'évaporation sont relativement
élevées. En fait, les variations moyennes mensuelles (tableau 6)
montrent un maximum en fin de saison sèche (323 mm à 355 mm
moyenne décennale en Avril et Mai). L'Alizé qui entre en
activité à partir de Mars, ainsi que la quasi-permanence du
soleil, peuvent expliquer cette forte évaporation.
En revanche, les faibles valeurs de l'insolation,
l'écran nuageux et les vents de mousson sont entre autres des facteurs
participant à la baisse des valeurs de l'évaporation, un minimum
est observé, de l'ordre 168 mm en Août à 153 mm en
Septembre.
Ceci ne manque pas de conséquences négatives sur
l'écosystème, en particulier sur les ressources en eau.
Tableau 6: La moyenne mensuelle de
l'évaporation (en mm) à la station de Podor
normale 1979 - 2008
Périodes
|
Janv
|
Fev
|
Mar
|
Avr
|
Mai
|
Juin
|
Jllt
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
Moyenne
|
1979-1988
|
244
|
272
|
306
|
331
|
351
|
293
|
240
|
181
|
170
|
252
|
254
|
243
|
261
|
1989-1998
|
261
|
265
|
358
|
359
|
407
|
310
|
241
|
183
|
163
|
230
|
251
|
260
|
274
|
1999-2008
|
222
|
240
|
274
|
280
|
307
|
241
|
189
|
140
|
127
|
185
|
206
|
206
|
218
|
Moyenne
|
242
|
259
|
313
|
323
|
355
|
281
|
223
|
168
|
153
|
222
|
237
|
236
|
251
|
Source : Direction de la
Météorologie Nationale
1.2.5 L'insolation
Elle est plus forte en saison sèche (ciel
dégagé) qu'en saison pluvieuse (écran nuageux). Les mois
de Mars et Avril sont plus ensoleillés de la période 1981 - 2000
avec respectivement 270 et 260 heures supérieurs à la moyenne
(238 heures). Enfin la décennie 1981 - 1990 connaît une insolation
plus élevée avec une moyenne mensuelle de 245 heures.
6(*)Tableau 7 : Moyenne mensuelle de
l'insolation (en heure) de la période 1981 à 2000
Périodes
|
Janv
|
Fev
|
Mar
|
Avr
|
Mai
|
Juin
|
Jllt
|
Aout
|
Sept
|
Oc
|
Nov
|
Déc
|
Moyenne
|
1981-1990
|
214
|
207
|
301
|
258
|
251
|
228
|
254
|
260
|
231
|
254
|
240
|
236
|
245
|
1991-2000
|
229
|
221
|
239
|
261
|
245
|
180
|
226
|
239
|
225
|
257
|
231
|
214
|
231
|
Moyenne
|
222
|
214
|
270
|
260
|
248
|
204
|
246
|
250
|
228
|
256
|
236
|
225
|
238
|
Source : Direction de la Météorologie
Nationale
1.2.6 Les
précipitations
L'arrondissement de Cas-Cas est situé climatiquement
dans le domaine Sahélien. Ici les pluies de Mousson (été)
représentent la quasi-totalité des précipitations du
milieu, même si des pluies « heug » peuvent survenir. La
quantité d'eau précipitée par année est variable
comme le tableau 8 permet de l'illustrer.
Tableau 8 : Moyenne annuelle des
précipitations (en mm) à la station de Aéré lao
période 1979-2008
Année
|
Moyenne annuelle
|
Nombres de jours de pluies
|
1979
7(*)
|
DM
|
DM
|
1980
|
DM
|
DM
|
1981
|
DM
|
DM
|
1982
|
226,6
|
14
|
1983
|
46,2
|
7
|
1984
|
91,1
|
10
|
1985
|
129,6
|
16
|
1986
|
368,9
|
17
|
1987
|
235,9
|
21
|
1988
|
361,4
|
18
|
Moyenne 1979-1988
|
209 mm
|
15 jours
|
1989
|
388,8
|
30
|
1990
|
212,8
|
22
|
1991
|
70,8
|
15
|
1992
|
132,1
|
18
|
1993
|
275,4
|
25
|
1994
|
199,4
|
13
|
1995
|
374,4
|
28
|
1996
|
244,9
|
22
|
1997
|
259,0
|
10
|
1998
|
340,5
|
18
|
Moyenne 1989-1998
|
250 mm
|
20 jours
|
1999
|
365,0
|
25
|
2000
|
337,8
|
25
|
2001
|
199,8
|
18
|
2002
|
105,2
|
18
|
2003
|
368,6
|
26
|
2004
|
273,3
|
23
|
2005
|
543,2
|
27
|
2006
|
231,7
|
20
|
2007
|
182,1
|
18
|
2008
|
204,3
|
22
|
Moyenne 1999-2008
|
281 mm
|
22 jours
|
Source : CADL de Aéré lao
La période 1988-1998 est marquée par un maximum
de précipitations de 388,8 mm en 1989 et un minimum de 46,2 mm en 1983,
alors que la moyenne décennale est entre 209 mm et 250 mm. Ce qui
illustre des variations interannuelles très marquées. Toutefois,
la décennie 1999-2008 offre une situation plus clémente avec une
reprise normale des précipitations. Ce qui est confirmé par une
légère hausse de la moyenne décennale qui plafonne
à 281 mm. Des pluies record ont été enregistrées en
2005 avec 543,2 mm soit le quintuple du minimum observé en 2002 :
105,2 mm.
Il apparaît que, dans cette zone comprise entre les
isohyètes 300 et 500 mm de pluies, certaines années enregistrent
des précipitations inférieures à 300 mm.
II. LA VEGETATION
L'Arrondissement de Cas-Cas s'inscrit dans le domaine
phyto-géographique sahélien distingué par une steppe
arbustive et arborée. Cette végétation ouverte, varie
selon les saisons et le type de sols, nous y rencontrons les strates
suivantes :
§ la strate arborée
§ la strate arbustive
§ la strate herbacée
Ces différentes strates définissent les
ressources végétales (tableau 9) du territoire et se
répartissent dans trois biotopes :
- sur les dunes sableuses du
« Diéri », les familles les mieux
représentées de la steppe arborée sont les
mimosacées parmi lesquelles s'imposent : Acacia raddiana
(Thillouky), Acacia seyal (boulbi), Acacia
Sénégal (patouki), Acacia albida (thiassky) et
Acacia nilotica (Gawdé). D'autres espèces subsistent
comme les capparidacées dominés par : Calotropis
procera (bamwami), Maerua crassifolia (déguéwi)
et Boscia senegalensis (guidjilé). Nous notons des
espèces moins représentées comme : Fovia
biolor (kélly), Mitragina inermis (koyli), Euphorbia
convolouloides (éry).
Le tapis herbacé est caractérisé par les
graminées : Aristida mutabilis (selbéré),
Schoenefeldia gracilis, Cenchrus biflorus, Brachiaria ramosa
(paguiri),
- sur les zones de transition (jéjégol),
nous relevons une forêt mixte très variée avec des arbres
tels que : Celtis integrifolia, Balatines aegyptica
(mourtodé), Tamarindus indica (diamoulé),
Faidherbia albida, des arbustes comme : Guiera senegalensis
(guéloki), Maytenus senegalensis et quelques
herbacées dont le vetiver (vetivera nigritana),
- dans la vallée humide (Walo) la
végétation herbacée est très clairsemée au
niveau des « fondé », alors que dans les
« falo », la strate herbacée est très fournie
et dominée par : Tribubus terrestris
(toupéré) et Ingofera oblongifolia (balboré) qui
apparaîssent souvent en formation exclusive de la disposition arbustive
du Walo. Les cuvettes de décantations sont colonisées par une
steppe arbustive où s'associent : Acacia nilotica et
Brachiara ramosa (paguiri). Les strates arborées plus
représentatives de ce terroir sont : Ziziphus mauritania
(diabé) - Piliostigma reticulata - Acacia nilotica - Tamarindus
indica.
Ces différentes ressources
végétales se scindent dans un domaine forestier de deux
types : le domaine forestier classé et le domaine forestier
protégé.
Tableau 9 : Liste des plantes
observées dans l'île à Morphil
Familles
|
Noms scientifiques
|
Noms vernaculaires
|
Biotopes
|
Asclépiadacée
|
Calotropis procera
|
Banwami(P),paftan(W)
|
Bord de fleuve
|
Bombacacée
|
Adansonia digitata
|
Boki (P),gouy (W)
|
Fondé
|
Capparidacée
|
Grataewa religiosa
|
Nayko (P)
|
Dépression
|
Capparidacée
|
Boscia senegalensis
|
Guidjildé(P),niandam(W)
|
Fondé
|
Capparidacées
|
Tamarindus indica
|
Diamoulé (P),dakhar(W)
|
Fondé
|
Capparidacées
|
Maeru crassifolia
|
Déguéwi(P),ndébarka(W)
|
Fondé
|
Celastracées
|
Maytenus senegalensis
|
Guialgoti (P),gengidek(W)
|
Fondé
|
Césalpianiacées
|
Bauhinia resfeaceus
|
Namaji(P)
|
Fondé
|
Césalpianiacées
|
Piliostigma reticulata
|
Barkédji (W)
|
Fondé
|
Combrétacée
|
Guiera senegalensis
|
Guéloki (P)
|
Fondé
|
composée
|
Senecio perottetu
|
Ganki (P)
|
Terre exondé
|
Euphorbiacée
|
Euphorbia convolouloides
|
Ery (P)
|
Fondé sablo-dunaire
|
Graminacée
|
Arista mutabilis
|
Selbéré (P)
|
|
graminacée
|
Brachia ramosa
|
Paguiri (P)
|
|
Méliacées
|
Azadirachta indica
|
Nim (W)
|
Reboisée
|
Mimosacées
|
Acacia nilotica
|
Gawdé(P),ngonakier(w)
|
Depression inondée
|
Mimosacées
|
Acacia seyal
|
Boulbi (P), sourour (W)
|
Dépression, fondé
|
Mimosacées
|
Acacia albida
|
Tiasski(P), kad(W)
|
Fondé,dépréssion inondé
|
Mimosacées
|
Acacia raddiana
|
Thilouki (P),seng (W)
|
Fondé, jéjégol
|
Mimosacées
|
Acacia senegal
|
Patouki(P),werek(W)
|
Fondé,jéjégol
|
Myrtacés
|
Eucalyptus
|
Hotouboutel (W)
|
Reboisée
|
Papilionacée
|
Aeschynomene indica
|
Goudi (P), pak (W)
|
Fondé
|
Papilionacées
|
Ingofera oblongifolia
|
Balboré (P)
|
Fondé
|
Rhamnacées
|
Ziziphus mucronata
|
Diabigouloum(P),démbouki(W)
|
Fondé
|
Rhamnacées
|
Ziziphus mauritania
|
Diabé (P),sidém (W)
|
Fondé
|
Rubiaceae
|
Verticilllata borreria
|
Tiamtarlé (P)
|
Dunes sableuse
|
Rubiacées
|
Mitragina inermis
|
Koyli (P)
|
Cuvette, berge de fleuve
|
Tiliacée
|
Fovia biolor
|
Kelly (P),kel (W)
|
Fondé
|
Zygophyllacées
|
Balinites aegyptiaca
|
Mourtodé(P),soump(W)
|
Fondé, jéejégol
|
Zygopillacée
|
Tribubus terrestris
|
Toupéré (P)
|
Sous bois acacia
|
Légende : P : puular, W : wolof
Source : enquête de terrain 2009
2.1 Le domaine forestier
classé
Avec la volonté de l'Etat du Sénégal
de préserver et de conserver un échantillon représentatif
de ces écosystèmes, certaines forêts sont ainsi
classées. L'arrondissement de Cas-Cas abrite deux forêts
classées reconnues officiellement depuis 1948 (tableau 10).
Ainsi, ces forêts classées d'une superficie de
1.330 ha sont des zones de terroirs non cultivés couvertes par des
formations boisées en voie de disparition. Elles appartiennent à
l'Etat (Wallaldé et Boki) et sont placées sous la tutelle du
service des Eaux et Forêts et de la brigade forestière de Cas-Cas.
Elles sont peuplées par des espèces
très sollicitées des populations dont les agents forestiers
(brigade forestière de Cas-Cas) tentent de sauvegarder les lambeaux. Les
essences les plus caractéristiques sont :
Acacia albida, Acacia raddiana, Acacia senegal, Acacia
nilotica, Ziziphus mauritania, Adan sonia digitata, Bauhinia resfeaceus et
Balanites aegyptiaca.
Tableau 10 : Les forêts
classées de l'Arrondissement de Cas-Cas
Forêts classées
|
Références de classement
|
Superficie (ha)
|
Observations
|
Wallaldé
|
4362 du 22 septembre 1948
|
200
|
Steppe arborée sur fondé
|
Boki
|
4361 du 22 septembre 1948
|
1 130
|
Steppe arborée sur fondé
|
Source : brigade forestière de
Cas-Cas
2.2 Le domaine forestier protégé
Ce domaine englobe les zones forestières non
classées couvertes ou non, pouvant être exploitées. Tous
les 15 villages de l'arrondissement enquêtés disposent d'une
forêt naturelle fortement dégradée parfois largement
dénudée surtout dans la zone Walo où l'espace cultural
s'étend ; seule la forêt naturelle de Dioudé est
fortement préservée.
Il s'y ajoute deux réserves
protégées (réserve protégée de Seydou yobou
Bâ à Barangol et réserve protégée de Seydou
Sy à Saré-Souki) qui sont des initiatives privées que les
agents des Eaux et Forêts ont encouragées. Il s'agit de
« Falo » présentant une végétation un
peu dense que les propriétaires ont défendue de la coupe.
Trois espèces sont surtout introduites par les
populations grâce aux activités de reboisement : prosepys
- azadirachta indica et eucalyptus. Toutefois, les
épineux et les arbustes dominent ces forêts, même si des
espèces aquatiques (plante hydrophile) sont observées telles
que : « kélélé mayo -djaldjalbè
-dubirubi et siwré ».
2.3 La faune
La toponymie « île à
Morphil » ou « île aux
éléphants », selon les premiers explorateurs
Européens, illustre l'ancien commerce de l'ivoire dans la vallée.
Certains auteurs évoquent à l'aube de notre ère, un
paysage boisé et fortement peuplé : de phacochères,
d'oryx, d'antilope, d'hippopotame, de lion, de girafes
...L'éléphant était encore répandu au siècle
dernier : en 1833 de nombreux individus étaient observés au
Lac de Guiers, à la limite Est du Fouta.
D'ailleurs, certains vieux rencontrés à
Thioubalel sont témoins de cette diversité faunistique dont la
présence de certains prédateurs (lions et léopards) y
était visible vers 1920. A Saré-Souki, on a mémoire de
cette faune dont l'extinction du zèbre
« sélaba » est récente.
Actuellement, la faune sauvage de l'Arrondissement
très décimée, n'est composée que de quelques
mammifères : loups, phacochères, écureuils, chacals,
singes ; des reptiles, d'oiseaux granivores et migrateurs :
« tioulou, cathia, guass... ».
*
* *
La distribution de la végétation est en
grande partie liée à celle de la pluviométrie dont la
répartition temporelle se distingue par une irrégularité
et une baisse significative au cours des dernières années. Les
ressources végétales correspondantes sont composées
essentiellement d'épineux, d'arbustes et de vastes espaces
dénudés. Aux Balanites aegyptiaca qui dominent sur les
vastes dunes sableuses, l'Acacia nilotica fortement sollicité,
se raréfie dans la vallée alluviale. La faune qui se
développe dans ces forêts, est faite d'espèces très
aléatoires.
Faible précipitation, végétation
dégradée, faune décimée tels sont les
caractères de l'île à Morphil dont la zonalité est
bouleversée par l'hydrographie.
CHAPITRE
III : L'HYDROGRAPHIE
A partir de ce que les Grecs disaient de l'Egypte,
à savoir que : « l'Egypte est un don du Nil »
(C.A.Diop, 1954).On peut dire de même, pour les Halpular de l'île
à Morphil que : « le Fouta est un don du fleuve
Sénégal ». Toute la vie économique, sociale et
culturelle est rythmée par la crue, qui a délimité la
topographie et la pédologie, où les hommes héritiers
d'une certaine culture ont inventé un mode spécifique
d'exploitation de la nature.
Dans cette partie, nous traiterons les cours d'eau
notamment le fleuve Sénégal doublé par un bras
secondaire important le Doué, qui forme avec lui l'île à
Morphil et constitue notre zone d'étude. Ce potentiel hydrique est
doublé par une diversité des ressources en eau.
I. LES COURS D'EAU
L'arrondissement de Cas-Cas est traversé par deux cours
d'eau permanents :
- le fleuve Sénégal qui longe le territoire de
l'arrondissement sur quelque 165km
- le Doué qui le traverse sur environ 175 km
Partant sur des facteurs hydrologiques généraux,
nous ferons un large emprunt aux études déjà
réalisées dans le fleuve Sénégal par
les géographes : A. Sow (1984), A. Diagne (1995) et
Corréa (2005). Cependant nous mettrons l'accent sur notre zone
d'étude.
1.1 Le fleuve
Sénégal
Le fleuve Sénégal, long d'environ 1.800 km,
formé de la jonction du Bafing avec le Bakoy, prend sa source des
hauteurs du Fouta Djallon. Dans l'île à Morphil enserré
dans la moyenne vallée, sa dénivellation n'est pas plane. A
partir de Kaédi, jusqu'à Richard-Toll, le fleuve décrit
une boucle d'orientation presque Est - Ouest marquant une frontière
naturelle avec la Mauritanie. Cette partie est typiquement alluvionnaire.
Cette zone est sujette à deux types de
crues : une crue naturelle « ilam » qui
n'apparaît que vers la première décade du mois d'octobre et
une crue artificielle réalisée par les barrages, souvent
dévastatrice (vidange de Manantali) dégradant les premiers semis.
Cependant, les barrages (Diama et Manantali) ont bouleversé le
régime hydrologique normal qui est devenu artificiel. Les étiages
ont disparu, constat général de tous les riverains du terroir.
1.2 Le Doué
Bras secondaire du Sénégal, c'est le second
cours d'eau qui délimite l'île à Morphil vers le Sud-Est.
Il serait né d'un épisode transgressif vers 2 000 ans BP, qui a
formé une énorme ria s'étendant jusqu'à
Bogué à 250 km de la côte (M.M Sall, 1982)8(*).
Le Doué, à la fois affluent et
défluent, est un bras parallèle au cours du fleuve
Sénégal sur prés de 200 km, avec lequel il délimite
l'île à Morphil. C'est un cours d'eau permanent très calme
et poissonneux. Il fournit également grâce aux pompages, l'eau
d'irrigation des périmètres rizicoles.
II. LES RESSOURCES HYDRIQUES
Le potentiel hydrique de l'île à Morphil est
formé par les eaux de surface, les eaux météoriques et les
eaux souterraines.
2.1 Les eaux de surface
C'est l'ensemble des eaux stagnantes en surface. Elles
sont constituées par le fleuve Sénégal limitant
l'île à Morphil au nord et au sud le Doué. Principal
facteur de concentration des populations au niveau de cet espace, ce potentiel
en eau de surface s'est accru depuis la mise en service des barrages de Diama
(1986) et de Manantali (1988). En effet, le débit interannuel du fleuve
est actuellement de 732 m3/s soit un volume correspondant à
23 milliards de m3 contre 432 m3/s pour un volume d'eau
correspondant à 13 milliards de m3 avant la mise en service
des barrages. L'eau de la crue qui dépend de la quantité d'eau
reçue, alimente les populations environ 4 à 5 mois.
Nous avons également des eaux douces de surface
constituées par des mares et marigots qui sont temporaires (tableau 11)
se remplissant en hivernage. Ils constituent une ressource vitale
convoitée surtout pour l'abreuvement du bétail pendant cette
période. Ils sont devenus aléatoires avec la baisse constante de
la pluviométrie.
Tableau 11 : Des mares et villages
polarisés
Villages polarisés
|
Noms des mares
|
Cas-Cas
|
Der, Mangou, Tioumangol, Daiwel mawdo, Barangol
|
Barangol
|
Barangol, Mawdou, Jongadé, Tialombi, Bari-talbé,
Mouttoul, Fidio wélli
|
Dounguel
|
Barangol
|
Dioudé-diabé
|
Lougué-laurel, Diamoul tokosel, Barangol, Diamoul mawdo
|
Thioubalel lao
|
Thioffol, Diacré, Khoya
|
Souraye
|
Windou diahré, Windou koumanti
|
Fondé Elimane
|
Hamadi bolla, Dianel
|
Saré- Souki
|
Bollel
|
Souraye
|
Thioffol, Bitouki, Guadiélol
|
Boki
|
Balérou, Koylel
|
Wallaldé
|
Vordé, Balal
|
Madina Ndiathbé
|
Mangol, Tokosel, Alkayrou, Sappéne, Horowel
|
Windou Ery
|
Dougué babayel
|
Source : enquête
de terrain, 2009
2.2 Les eaux météoriques
Elles sont ressources en ce sens qu`elles alimentent les
cours d'eau (eau de surface), les nappes (eaux souterraines), conditionnent la
régénération de la végétation ou
destinées à de multiples usages : consommation humaine,
animale, etc. La pluviométrie affiche un profil erratique, nous
assistons de plus en plus à des déficits pluviométriques
et à une irrégulière répartition spatio-temporelle
de la pluie (tableau 12).
Tableau 12: Pluviométrie moyenne
annuelle de la station de Aéré lao de 1999 à
2008
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
MOYENNE
|
Cumul (en mm)
|
365
|
368
|
200
|
105
|
369
|
273
|
543
|
231
|
182
|
204
|
281
|
Nombre de jour de pluie
|
25
|
25
|
18
|
18
|
26
|
23
|
27
|
20
|
18
|
22
|
22
|
Source : CADL de Aéré lao
La hauteur d'eau précipitée est
irrégulière (tableau 12) et le nombre de jour de pluies est
variable (minimum 18 jours et maximum 27 jours). Dans cette logique, sur la
période de la décennie (1999 à 2008), la
pluviométrie moyenne annuelle (281 mm) est un peu au-dessus de la
moyenne départementale (262 mm).
Figure 2 : Evolution de la
pluviométrie de 1999 à 2008
Source : CADL de
Aéré lao
La quantité d'eau précipitée par
année est variable (figure 2). Ces variations suivent une
évolution en dents de scie, avec des « pics »
très marquées des années excédentaires (2003 et
2005) et les « creux » des années
déficitaires (2002 et 2007).
Ainsi, avec une pluviométrie moyenne de 281 mm,
les cours d'eau, les mares et les marigots sont remplis pendant l'hivernage, le
fleuve Sénégal ainsi que le Doué connaissent une hausse de
leur niveau et les nappes se rechargent. Toutefois, une longue saison
sèche avec l'harmattan, vent chaud et sec, soufflant d'Est vers l'Ouest,
du Mars au Juin, en dehors des rares et irrégulières pluies
« heug », entraînent une forte diminution des eaux de
surface.
2.3 Les eaux souterraines
Les eaux souterraines sont dans l'ensemble, abondantes et
constituées de plusieurs types selon leur situation à
l'intérieur de la structure géologique et de leur position
même par rapport au cours d'eau.
2.3.1 La nappe superficielle
Elle est encore appelée nappe phréatique,
c'est une nappe alluviale liée à la crue du fleuve avec une
profondeur très faible. Le rapport EQUESEN (1993)9(*) distingue deux types de nappe
phréatique alluviale : « un modelé
aquifère multicouches » entre Bakel et Kaédi, un autre
« modelé aquifère mono- ou bicouches » pouvant
constituer des nappes perchées dans l'arrondissement.
La nappe aquifère s'accumule dans les alluvions
quaternaires de la vallée, argileuse à argilo-sableuse en
surface, sableuse à sablo-argileuse, en profondeur. L'épaisseur
de ces formations augmente de 15 m en bordure de la vallée (zone
île à Morphil) à 35 m au centre de vallée. La
profondeur des puits y varie entre 12 et 20 m mais à Saré-Souki
(village sur un Fondé) la profondeur de la nappe atteint 50 m selon le
gestionnaire.
2.3.2 La nappe profonde
Ce système occupe les sables du Mæstrichtien
(crétacé supérieur) présents sur l'ensemble du
bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien. Sa limite
supérieur est variable, entre 20 et 100 m et son épaisseur
moyenne est de 400 m. Il semble qu'elle soit alimentée par les eaux du
fleuve. Sur les 15 villages enquêtés 12 ont des forages qui
captent l'eau de cette nappe avec une profondeur variable. L'eau est de bonne
qualité avec une salinité et une teneur en fluor très
faible.
Ces nappes sont d'autant plus importantes que le cours
inférieur du fleuve se trouve dans des régions soumises à
un régime hydrologique sahélien.
*
* *
Les ressources hydriques de l'île à Morphil sont
formées par trois éléments : les eaux de la pluie,
les eaux de surface et les eaux souterraines. Le climat de type Sahélien
est marqué par le caractère aléatoire et insuffisant de
l'apport pluvial, quantité laquelle dépend les eaux de surface
constituées par le fleuve Sénégal et son réservoir
annexe (le Doué), ainsi que les nombreux mares et marigots temporaires.
Les eaux souterraines sont dans l'ensemble abondantes, elles sont
constituées de plusieurs types dont les nappes phréatiques peu
profondes et l'importante nappe du Mæstrichtien.
Ces eaux denrées rares dans le Sahel, sont des facteurs
de développement dans l'arrondissement de Cas-Cas.
Conclusion partielle
Au terme de cette première partie, le cadre
physique offre une entité géographique parfaitement
individualisée avec une interconnexion des ressources naturelles (eau,
sol et végétation).
Les mécanismes du climat sont bien connus, ils
permettent d'opposer « saison des pluies » et
« saison sèche ». L'influence de la Mousson
s'atténue du sud vers le nord, ce qui explique la diminution
générale des pluies (2 à 3 mois) et l'accroissement de la
durée de la saison sèche (9 à 10 mois) dans l'île
à Morphil. Ces précipitations irrégulières ont
fortement approuvé la diminution des ressources hydriques dont le fleuve
Sénégal et son artère le Doué, de même
que les eaux souterraines.
Partant, le paysage de l'arrondissement, entaillé
dans les grés du Continental Terminal, a subi les nombreux fluctuations
climatiques qui ont marqué le Quaternaire récent, notamment
pendant la période allant de l`Ogolien (21 000 ans - 13 000 ans BP) au
Tafolien (2 500 ans BP) avant d'acquérir sa configuration actuelle.
Il s'y ajoute, une étroite relation entre les
formes géomorphologiques, les formations pédologiques et les
ressources végétales.
Les terrasses Nouakchottiennes ou
« Jéjégol » constituées de sables fins
et grossiers supportent les acacias (environ 6 variétés se
distinguent). Dans les hautes levées ou
« fondé », sablo-limoneuses, la
végétation plus dense est colonisée par des arbustes alors
que les levées récentes ou « Diacré »
plus limoneuses, la végétation plus dense est dominée par
des acacias et le vetivera. Les cuvettes de décantation argileuses sont
parsemées par une végétation d'Acacias nilotica
très dégradée.
A la désolation de ce domaine Sahélien de
plus en plus aride, s'oppose l'île à Morphil qui est un espoir de
développement pour les populations insulaires. L'exploitation de ces
ressources autorise une double culture, associée à
l'élevage et à la pêche, ce qui fait de l'arrondissement un
grenier de la région.
L'île à Morphil est un milieu
différencié au regard de son environnement, ce terroir offre en
effet, des attraits remarquables avec des ressources végétales
variées, des réserves hydrauliques soutenables, une
sédimentation alluviale et un micro relief favorable à l'habitat.
Elle ne pouvait manquer d'attirer et de fixer des populations. Ce qui nous
impose à étudier les caractéristiques
démographiques de cette population. (Chapitre I).
Cette population tire parti de tout ce qui, dans la
nature, peut l'aider à atteindre son but car : « chaque
milieu possède des richesses potentielles, dont la mise en oeuvre
dépend du type de société, de son degré de
développement, et de ses possibilités d'intervention »
(Vidal de la Blache, 1922). Ainsi, l'analyse des systèmes de production,
par de là, de l'exploitation des ressources naturelles est une
nécessité. (Chapitre II).
Mais, l'homme par son action et ses pratiques, ainsi que
des facteurs physiques contribuent à la destruction du potentiel
naturel, nous poussant à faire un diagnostic des contraintes. (Chapitre
III)
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES
DEMOGRAPHIQUES
Ce chapitre permet de connaître la dynamique
démographique de l'arrondissement. Tous les chercheurs qui ont
travaillé sur la culture Halpuular de la moyenne vallée, ont eu
à noter l'importance accordée par ces populations à
l'histoire. (Ibrahima Dia, 1988)10(*).
Ce passé encore présent, parce que justifiant la
place de chacun dans le jeu social, continue de servir de repères au
niveau des relations inter-villageoises, entre les familles et entre les
groupes statuaires. L'accent sera alors mis particulièrement
sur :
· L'historique du peuplement et son évolution
démographique,
· La répartition de la
population :répartition spatiale et répartition
socioprofessionnelle
I. L'HISTORIQUE DU PEUPLEMENT ET L'EVOLUTION
DEMOGRAPHIQUE
L'île à Morphil fait parti de l'un des
foyers de peuplement les plus anciens du Sénégal. Vestige de
l'une des plus vieilles organisations sociales et politiques, elle est le
bastion du royaume de Fouta Toro, ancien Tékrour. Elle a connu une
rapide évolution démographique qui a vu plusieurs ethnies se
succéder sur son trône.
I.1 L'historique du peuplement
L'histoire de l'arrondissement de Cas-Cas est celle du
Tékrour, où les événements majeurs sont agraires,
d'ailleurs selon la tradition orale (Siré Abbas Soh) la capitale de
Tékrour se situerait prés de Cas-Cas et Abû Bakr qui aurait
islamisé Tékrour, serait enterré à Mboumba.
La terre et le fleuve impriment un cachet particulier
à l'économie, à la politique et à l'organisation
sociale des différentes dynasties, qui se sont succédées
sur le trône. Dés lors, l'île à Morphil de par son
inaccessibilité, fut le point de repli principal des populations
Halpular, d'après les travaux de Bocoum (en 2000)11(*) et de Chavane (1985), les
grands traits historiques de ce terroir se résument comme suit :
La première dynastie qui régna sur le Fouta
s'appelait les Dia-Ogo (508 - 720) en provenance de la vallée du Nil
(Egypte). Forgerons, ils mirent en place une organisation politique et
administrative. Puis le trône passe entre les mains des
pécheurs-agriculteurs Sérères les Tonjons (720 - 826) qui
forment la deuxième dynastie, ils sont les maîtres d'oeuvres de la
première civilisation agraire. Ensuite, le pouvoir revient à la
troisième dynastie les Manna (826 - 1082) : ce sont des
commerçants Sarakhollés qui font entrer la vallée dans un
circuit commercial international (le commerce transsaharien). Ce qui induit un
début d'islamisation du Tékrour par les Berbères qui
forment d'ailleurs la quatrième dynastie, celle des Laam Taga (102 -
1456). Le séjour de ces maures Almoravides fut écourté par
les Fulbés Jawbé, peuple venu du sud, qui forme la
cinquième dynastie, celle des Lam Termes (1122 - 1456). Ils ont
intégré les cultures de décrue aux cultures pluviales et
à l'élevage, entraînant ainsi, des phénomènes
de migrations pendulaires et un dédoublement de la toponymie entre la
vallée et ses bordures. Durant ce règne, le Farba Wallaldé
gouvernait toute l'île à Morphil. Mais le pouvoir fut affaiblit
par le Burba Djolof et le Tékrour devient vassal de son royaume. Vingt
ans d'anarchie s'ensuivirent avant l'arrivée de la dynastie Peul des
Déniyankobé (1512 - 1776) conduit par Koli Tenguella. C'est lui
qui changea la dénomination Tékrour en Fouta (en hommage à
son guerrier Fouta). Cependant les marabouts mécontents de ce
règne animiste se coalisèrent sous la direction de Thierno
Sileymane Baal pour effectuer la révolution Torodo (1778 - 1881).
L'Almamiyat instauré, Fouta fut divisé en six provinces
(feccéré Fouta) : lao, Ebiyabé, Yirlabé,
Damga, Ngenaar, et Bosséa gouvernées chacune par un Almamy et
accompagnées d'une modification importante à l`affectation des
terres. D'ailleurs, notre zone d'étude se situe entièrement dans
la province lao. Toutefois, en 1881, les Torobé perdent le pouvoir au
profit de l'expansion coloniale en cours. L'île à Morphil a
participé au commerce Atlantique, les villages de Dioudé, de
Wallaldé, de Thoiubalel et surtout de Cas-Cas étaient des escales
et des points de traite.
D'ailleurs, Cas-Cas fut chef de canton dépendant
du cercle de Podor (l'appellation Cas-Cas) serait une déformation du nom
originel Kasga par l'administration coloniale. A l'indépendance
en 1960, il devient un chef lieu d'arrondissement.
En somme, les origines du peuplement de l'arrondissement
sont diverses. Un fort métissage caractérise l'ethnie Halpular,
considéré comme « autochtone » et qui se
définit comme une société fortement
hiérarchisée, laquelle est organisée en familles et en
lignages regroupé au sein d'un village. Elle est répartie en
trois grandes catégories :
· Les rimbé ou hommes libres dirigent la vie
socio-économique: au premier rang ce sont
les Torobé qui dirigent les villages (Thioubalel,
Cas-Cas, Fondé) ou bien leurs alliés les Soubalbés (Boki,
Dioudé, Dounguel...) et les Sébbés (Wallaldé),
· Les nyéembé (artisans et griots) sont des
hommes de second rang,
· Les Jiyaabé (captifs) dépendent des
hommes libres.
Dans l'ensemble, la société fonctionne sur la
base d'une parfaite symbiose entre les différentes classes avec le
respect de l'individu.
I.2 L'Evolution démographique
Le village de Cas-Cas compte 3.324 habitants et est le
plus peuplé de l'île à Morphil en dehors de la ville de
Podor. Il est le siège d'un arrondissement qui compte trois
Communautés Rurales : Communauté rurale de
Aéré lao - Communauté rurale de Madina Ndiathbé et
Communauté rurale de Mboumba, érigées depuis 1980,
allongées perpendiculairement à la vallée, associant
à chaque fois une partie du Walo à une partie du Diéri.
La population de l'arrondissement connaît une
évolution rapide à l'image de la population
Sénégalaise. Le recensement de 1988 illustre, qu'elle
était de 44.942 habitants et celui de 2002 le plafonne à 75.552
habitants, ce qui laisse penser à une tendance au doublement de la
population tous les 20 ans. D'ailleurs, la projection en 2005 qui serait de
96.239 habitants concrétise cette dynamique (tableau 13).
Derrière ces chiffres, se cache la jeunesse de la population
caractérisée par une forte natalité et une
mortalité en baisse.
Tableau 13 : Répartition de la
population par communauté rurale
Arrondissement
|
Communauté Rurale
|
Populations issues des recensements
|
Population estimée
|
RGPH12(*)
1988
|
RGPH 2002
|
2004
|
2005
|
Cas-Cas
|
Aéré lao
|
23.047
|
33.081
|
40.501
|
42.206
|
Madina Ndiathbé
|
11.678
|
17.045
|
24.618
|
25.655
|
Mboumba
|
10.217
|
25.426
|
27.394
|
28.378
|
Total
|
44.942
|
75.552
|
92.513
|
96.239
|
Source : service régional de la
statistique
Selon le recensement de 2002, le département de
Podor plus rural de la région de Saint-Louis, présente une
pyramide des âges dont la base est large et les rebords concaves. La
population active ne représente que 32 ,5% de la population rurale
qui doit supporter 67,6% de la population (avec 48 % de moins de 15 ans et 59%
de moins de 20 ans). D'après nos enquêtes sur une population de
157 personnes les jeunes représentent 67,9%.
Le sex-ratio révèle une prédominance des
femmes sur les hommes, d'autant plus que cette zone est soumise à une
forte émigration.
II. LA REPARTITION DE LA POPULATION
La répartition spatiale de la population ainsi que
la répartition socioprofessionnelle révèlent des
disparités entre espace et activité.
2.1 La répartition spatiale
Avec une population totale de 75.552 habitants (RGPH 2002),
répartis dans 75 établissements humains parmi lesquels des
villages officiels et des hameaux rattachés, la taille moyenne des
villages est de 1007,3 habitants. Seulement, ce chiffre cache des
disparités. La plupart des villages ou hameaux dans la zone
Diéri, ont une population inférieure à 100 habitants. Par
contre, pour certains villages de l'île à Morphil, elle
dépasse 1.000 habitants (Cas-Cas, Wallaldé, Thioubalel,
Dioudé ...). La population est inégalement répartie dans
l'espace.
La densité de l'arrondissement est de 120
habitants/km2 avec la Communauté rurale de Mboumba qui
présente la densité la plus élevée (63 habitants /
km2). (Tableau 14). Cependant les villages de la zone Walo
(île à Morphil) concentre plus de 50% des habitants des
communautés rurales sur moins de 30% du territoire. La taille moyenne
des localités y est plus de deux fois supérieure à celle
du Diéri (moins de 1 habitants/km2).La convoitise des terres
de Walo explique la forte concentration aux abords du fleuve, l'habitation y
est plus concentrée du fait, de la pression foncière
exercée par les autres usages, agricoles principalement.
Tableau 14 : La situation
démographique par collectivités locales en 2007
Collectivités locales
|
Superficies
(ha)
|
Nombres de villages
|
Population en 2007
|
Population CL / par région
|
Densité
(hts/km²)
|
Hommes
|
Femmes
|
Totale
|
|
|
CR Aéré lao
|
1970
|
29
|
18.269
|
20.698
|
38.967
|
5%
|
20
|
CR Mboumba
|
309
|
18
|
8.922
|
10.583
|
19.505
|
2%
|
63
|
CR Madina Ndiathbé
|
810
|
28
|
14.401
|
15.712
|
30.113
|
4%
|
37
|
Totale
|
3.089
|
75
|
44.563
|
46.993
|
88585
|
11%
|
120
|
Source : ANDS, ARD, Saint Louis
2.2 La répartition socioprofessionnelle
Dans les villages constitutifs de notre
échantillon, trois activités (agriculture, pêche et
élevage) occupent les populations (tableau 15). En gros, la
majorité exerce soit l'agriculture associée à
l'élevage (47%), soit l'agriculture uniquement (34%). L'agriculture
demeure la principale activité d'occupation de l'espace. Elle concerne
la totalité des ménages ruraux soit 94% (151 / 157) de la
population du terroir.
Par ailleurs, dans toutes les maisons l'élevage
domestique est pratiqué alors que l'élevage de grande
transhumance (Walo et Diéri) ne concerne que 1% de la population car
dans la majorité des cas les populations confient leurs bovins aux
bergers recrutés dans la zone pour effectuer les déplacements
saisonniers des troupeaux.
La pêche est toujours exercée par certains
ménages ruraux comme seule activité génératrice de
revenus (3%). Outre cela, les trois activités primaires que sont :
l'agriculture, l'élevage et la pêche se pratiquent en
complémentarité 13% de la population l'exercent
simultanément.
Toutefois, cette zone est sous l'emprise d'importants
flux commerciaux du fait de sa position limitrophe avec la Mauritanie.
Tableau 15 : Répartition
socioprofessionnelle des ménages de l'île à
Morphil
|
Agriculteur
|
Eleveur
|
Pécheur
|
Agriculteur et Eleveur
|
Agriculteur et Pêcheur
|
Exerçant trois activités
|
Total
|
Populations
|
53
|
2
|
4
|
74
|
3
|
21
|
157
|
Pourcentage
|
34%
|
1%
|
3%
|
47%
|
2%
|
13%
|
100%
|
Source : enquête de terrain 2009
*
* *
Le contexte historique dans lequel, s'est formée la
population de l`île à Morphil permet de comprendre la formation de
l'organisation sociale et sa répartition dans l'espace. La dynamique du
peuplement (variation démographique) révèle une croissance
de cette population même si l'émigration y exerce une ponction
notable surtout au niveau des actifs.
Toutefois, les habitants de l'île à Morphil ont
tissé des liens avec le milieu, dont ils tirent profit par
l'exploitation des ressources naturelles. Et depuis le XII siècle, elle
se calquait sur les grandes divisions du paysage : élevage extensif
et culture pluviale dans le Diéri, culture de décrue et
pêche dans le Walo.
CHAPITRE II : L'EXPLOITATION DES RESSOURCES
NATURELLES
Le système de production des Halpular de
l'île à Morphil est le mode par lequel différents groupes
sociaux utilisent les facteurs écologiques à travers
d'activités primaires. Ces activités qui
caractérisent essentiellement l'économie de l'arrondissement,
sont tributaires des disponibilités en ressources naturelles que
sont : les sols, la biomasse et l'eau. Il convient ainsi, de faire
l'analyse de cette production dont les animateurs évoluent dans des
milieux presque cloisonnés mais complémentaires.
I. L'EXPLOITATION DES EAUX DE SURFACE PAR LA
PECHE
L'eau est un facteur de la production dont dépend
l'économie rurale (l'agriculture, l'élevage et la pêche),
mais en tant qu'activité nécessitant l'intervention de
l'élément liquide uniquement, la pêche occupe un point
focal dans l'arrondissement de Cas-Cas. Toutefois, elle est la troisième
activité productrice avec un système resté très
traditionnel.
I.1 Les caractéristiques de la pêche
dans l'île à Morphil
A l'instar, des autres activités traditionnelles, la
pêche constituait une source importante de revenus pour les
ménages ruraux. Son recul est lié à la baisse continue des
prises et à l'irrégularité du niveau de l'eau
consécutive à la mise en eau des barrages de Diama et de
Manantali.
Face à cette situation, beaucoup d'actifs se sont
progressivement tournés vers d'autres secteurs, en particulier
l'agriculture. A Boki, village de pécheurs par excellence trois maisons
continuent à le pratiquer comme l'unique activité du
ménage (Gallé Djibéri Abdoul, Gallé Daray Abdoul et
Gallé Seydou Ali).
Cependant, selon la répartition des ménages
ruraux engagés dans la pêche dans la communauté rurale
de Madina Ndiathbé (recensement national de l'agriculture, 2000),
elle concerne encore 570 ménages ruraux de l'ethnie Soubalbé
majoritairement, soit une proportion de 20%.
Son atout réside dans la diversité des lieux
de pêche que sont : le lit mineur du Sénégal, le
Doué, les eaux des cuvettes et des marigots (dont le Barangol, lieu de
pontes des poissons est le plus poissonneux).Les ressources pélagiques
sont variées : « Gaddial » (poisson chien),
« Thiddéré » (carpe),
« Guithier » (fretin),
« Balérou » (silure),
« Hoddandou », « Balla » et
« Besso » (Gymnarchus niloticus). (Voir photo 1).
Elles sont plus nombreuses en hivernage grâce à l'apport pluvial
et les moments de pêche demeurent surtout le matin ou le
crépuscule.
De l'avis des sages rencontrés à Dounguel,
les eaux de la crue remplies de nutriments sont plus poissonneuses, en effet
grâce au courant Est - Ouest, les poissons effectuent des migrations
latérales du lit mineur vers la plaine d'inondation pour y trouver des
lieux propices à la ponte. Par bonne prise, la quantité peut
atteindre 50 kg de poissons. La production étant essentiellement
destinée à l'autoconsommation avec des techniques
rudimentaires.
PHOTO 1 : Les types de poissons plus
répandus dans le terroir
I.2 Les techniques de pêche
La pêche se fait au sein des
« foyré » mais peut nécessiter une
coopération élargie, quelque fois jusqu'à plusieurs
villages. Différents appareils et techniques sont utilisés
conformément au cycle écologique de reproduction des poissons
(elle se pratique à plusieurs endroits selon les périodes de
l'année). Des procédés simples servent à
appâter les poissons : enduire du savon dans l'hameçon -
charcuter de la chaire fraîche des poissons ou répandre du son de
mil dans les eaux. Des instruments et techniques anciens sont toujours
d'actualité (tableau 16).
Tableau 16 : Instruments et techniques de
pêche dans l'île à Morphil
Noms de l'appareil de pêche
|
Caractéristiques techniques
|
Nombre de pécheurs
|
Technique de pêche
|
Impact écologique
|
Gubbol
|
Grand filet de mailles étroites et larges
|
10 à 20 personnes
|
Pratiqué sur le Sénégal et le Doué,
le filet est retiré après 4 heures de mise en eau.
|
Pratique qui ravage les eaux. Il était interdit dans les
lieux de reproduction des poissons.
|
Thiambal
|
Filets à mailles variables selon le type de poissons
recherché
|
Une personne
|
Filet fixé transversalement au cours d'eau, pendant 1
à 4 semaines, chaque jour le pécheur passe vérifier si le
piège a pris, relève le poisson et nettoie le filet.
|
Ne prends pas tous les poissons. Mais peut détruire
l'habitat des poissons.
|
Félé-félé
|
Même caractéristique que le Thiambal
|
1 à 2 personnes
|
Ce filet suit le courant d'eau que le pécheur ne perd pas
des yeux en pirogue et s'arrête aux intersections où le courant
change de direction pour relever les poissons capturés en chemin.
|
Est utilisé seulement pendant la période des hautes
eaux (crue) fleuve et marigots.
|
Mbaala (épervier)
|
Les mailles sont variables
|
1 à 2 personnes
|
Une seule personne située sur la rive peut lancer
l'épervier
|
Est utilisé surtout pendant la crue.
|
Mbakkal
|
Filet très long
|
2 personnes
|
Les deux personnes tiennent les extrémités de
chaque coté et survolent les eaux.
|
Pendant la crue mais dans les marigots de faible profondeur
|
Mbissou
|
Filet avec deux longs bâtons au deux bouts
|
1 à 2 personnes
|
Utilisé dans de petit cours d'eau
|
Prend tous genres de poissons.
|
Dolingué
|
Filet avec plusieurs hameçons 5 à 6 genres
variables
|
1 personne
|
L'engin est mis dans l'eau pendant plusieurs heures avant
d'être relevé.
|
Utilisé en toute période
|
Kotio-kotio
|
Très petit filet
|
Une personne
|
Procédé qui consiste à émettre des
cris pour attirer les poissons, ou allumer une lumière.
|
Utilisé pendant la crue mais peut déstabiliser le
milieu
|
Source : Enquête de terrain, 2009
L'île à Morphil étant essentiellement
une région de cuvette entourée par le fleuve
Sénégal et le Doué, le comportement de ces cours d'eau y
joue un grand rôle. C'est un terreau fertile pour le développement
de la pêche dans la mesure où les capacités de
renouvellement des poissons sont très importantes (un poisson peut
produire jusqu'à 500 alevins). A Saré-Souki, la pêche
assure la survie des populations alors que dans d'autres villages, elle est
associée à l'agriculture.
II. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES
PEDOLOGIQUES
L'utilisation des ressources pédologiques en vue
de la production des plantes destinées à la nourriture de la
population ou à la vente, constitue la principale activité
économique de l'île à Morphil. L'agriculture occupe
prés de 94% des populations du terroir (enquête de terrain). Elle
doit cette position à deux facteurs essentiels pour la production :
· L'eau : disponible grâce aux
différents cours d'eau malgré la pluviométrie
déficitaire,
· La terre : fertile et caractérisée
par une grande variété.
Les agriculteurs adoptent un système cultural sous
trois formes principalement qui tient compte des types de sols et de leurs
aptitudes agronomiques.
2.1 Les systèmes de cultures
traditionnels
Dans l'île à Morphil, nous assistons
à deux systèmes traditionnels de cultures : celui de
décrue (Walo) et celui pluviale (Diéri). Avec les
sécheresses persistantes de ces dernières années, la
culture sous pluie recule face à la culture de décrue qui reste
encore la pratique non négligeable.
2.1.1 La culture de décrue
Elle est étroitement dépendante de la crue
dont : l'amplitude qui détermine la superficie cultivable, la
durée de submersion et la date de retrait des eaux. Elle revêt
deux formes : le Walo et les Palle (culture de berges). Les
« hollaldé »sont des terres de prédilections
pour les cultures de Walo. La production dominante est le sorgho (Sorgum
cernuum) appelé « sammé » en Pular. La
couleur des graines et le cycle végétatifs (cycle de 130 à
160 jours) expliquent la variété des
« sammé » (sammé mbodéri : sorgho
rouge, sammé danéri : sorgho blanc, niédico). La
seconde céréale produite sur le Walo est le Maïs. Les
« Palé » portent « des cultures de
case » et le maraîchage. La patate y domine.
Constituant jadis la principale ressource vivrière,
elle garde encore une réelle importance, malgré la concurrence de
l'agriculture irriguée et la diminution de la superficie cultivable
consécutive à la mise en eau des barrages.
2.1.2 La culture sous pluie
Elle est pratiquée dans le Diéri
principalement mais ayant subi les effets de la sécheresse et la baisse
continue de la pluviométrie. En outre, la plupart des villages
enquêtés ont leurs champs de Diéri en Mauritanie dont les
incidents de 1989 ont interdit l'exploitation transfrontalière. Ce qui
explique que, les exploitants de l'île à Morphil ont adopté
une stratégie efficace qui consiste à réduire cette
activité sur les terres de Fondé, au niveau des
dépressions où l'eau est longtemps retenue.
Cette nouvelle forme de Diéri est appelée
« mballa »13(*), elle est complétée par d'autres
stratégies comme : « Aboji » (plaine à
forte pente), « Chaino » (plaine sableuse) ou
« Houddou » (petit barrage pour stagner les eaux
pluviales). Les champs de Diéri produisent surtout le sorgho blanc
(fêla), le niébé et le mil (sounna)
2.2 L'agriculture moderne
L'irrigation s'est développée dans ce
terroir durant la sécheresse des années 1970, qui a
dévasté les cultures pluviales, fortement rétrécie
les surfaces cultivables en décrue, éliminé une grande
partie du cheptel et des ressources halieutiques. Les cultures irriguées
sont alors pour les paysans de la zone la seule activité possible
(Adams, 2000).
Les aménagements hydro agricoles se sont
insérés dans l'espace des terroirs et des parcours traditionnels
sans rupture brutale avec l'organisation sociale de la production. Longtemps
resté modérée (1975), le rythme d'aménagement s'est
presque complètement stagné au milieu des années 1990 dont
trois formes se distinguent.
2.2.1 Les périmètres irrigués
villageois (PIV)
Ce sont des aménagements sommaires, au coût
de production peu élevé. Généralement d'initiative
villageoise, ils sont réalisés et financés par la SAED
avec l'appui de la mission Hollandaise et la participation de la main d'oeuvre
villageoise notamment dans le défrichage. Les périmètres
irrigués villageois se situent sur des terres de Walo que les villageois
ont accepté de donner (photo 3).
PHOTO 2 : GMP en panne à
Siwré PHOTO 3 : Pépinière de riz sur
les PIV à Thioubalel
La superficie moyenne des PIV est d'environ 20 hectares
(selon la SAED) et chaque « foyré » a droit à
une parcelle dont la taille varie entre 20 ares et 40 ares selon les villages,
Barangol est le seul village à disposer 40 ares.
Depuis 1984, une loi a transformé les PIV en GIE
(groupement d'intérêt économique) pour permettre aux
paysans d'avoir accès au crédit et la SAED de se
désengager progressivement. Actuellement une centaine de GIE se
dénombre dans le terroir avec une moyenne de trois GIE par villages. La
riziculture occupe une place de choix sur ces PIV avec deux
variétés : le sahel 108 (durée courte : 3 mois)
et le saya ou sahel 222 (durée longue : 4 à 5 mois).
Le principal handicap de ces GIE est la panne des groupes
motopompes ou un déficit d'intrants. (Photo 2).
2.2.2 Les jardins des Femmes
En marge des PIV, les femmes gèrent des jardins
organisés sous la forme d'un groupement de promotion féminine
(GPF). Tous les villages de l'île à Morphil enquêtés
ont leurs jardins des femmes dont les parcelles qui tournent autour de 5 ares,
sont attribuées uniquement aux femmes mariées.
Les rendements sont bons selon les exploitantes mais la
commercialisation reste l'obstacle majeur. En fonction des possibilités
des GPF, deux à trois campagnes s'effectuent : campagne hivernage
(piment et arachide), campagne contre saison froide (piment, choux, carotte et
oignons) et campagne contre saison chaude (piment, manioc et aubergines).
2.2.3 Les périmètres
privés
Il s'agit d'aménagements conçus en dehors
de toute structure administrative. Autrement dit, des individus
détenteurs de droit foncier traditionnel aménagent eux
mêmes leurs propres terres en ayant ou non recours à des
crédits. La communauté rurale accorde l'affectation dans tous les
cas. De nos enquêtes, il y'a huit aménagements de ces types dans
le terroir.
Les cultures sont différentes de celles choisies
dans les PIV avec un esprit d'innovation et d'expérimentation
agronomique de leur part. L'arboriculture est très
développée à Dioudé le GIE privé de Gory
présente plus de 250 espèces d'arbres fruitiers.
L'expérimentation de la culture du coton par le GIE privé
« Mbamtaré hakkundé majjé », en
partenariat avec la SODEFITEX à Dounguel a eu des résultats
positifs, d'ailleurs des ingénieurs de cette société ont
augmenté le planage du périmètre de 6 hectares.
Actuellement beaucoup de familles s'organisent pour mettre en valeur leur terre
sous cette nouvelle forme.
2.2.4 L'intervention de la SAED
La SAED (société d'aménagement des
eaux du delta) est l'acteur principal de l'irrigation dans la vallée.
Société créée depuis 1965 en remplacement de
l'Organisation Autonome de la Vallée (OAV), elle est la promotrice des
aménagements hydro-agricoles dans notre zone d'étude.
Après plusieurs décennies d'intervention, les actions de la SAED
perdent d'ampleur d'année en année à partir de 1984. La
SAED intervient dans l'arrondissement de Cas-Cas en trois zone : zone
Madina Ndiathbé - zone Cas-Cas et zone Thioubalel. Dans chaque zone, il
existe un bureau de la SAED avec un chef de zone, un mécanicien, un
intendant et quelques vulgarisateurs.
Actuellement, la SAED ne joue qu'un rôle d'appui -
conseillé, notamment :
· Indiquer des fournisseurs agrées par l'Etat
pour la vente de l'engrais subventionné,
· Appuyer dans la réhabilitation des PIV et la
réparation des GMP (dont les GIE ne contribuent qu'à la hauteur
de 10%),
· Donner des renseignements sur les semences et fixer le
calendrier agricole.
Dans l'ensemble, les agriculteurs du terroir apprécient
diversement cette intervention. Pour le GIE Dounguel 2, les paysans se
félicitent de la contribution de la SAED pour une valeur de 1.000.000
FCFA dans la réparation du GMP, de même qu'à Mboumba
l'extension des PIV a été fortement saluée alors que
d'autres se plaignent toujours d'être rangés dans les
oubliettes.
2.2 Méthodes culturales et productions
agricole
2.3.1 Les méthodes culturales
A l'image de la subdivision du secteur agricole dans
l'île à Morphil en deux parties entre agriculture moderne et
agriculture traditionnelle, les méthodes culturales adoptent la
même répartition.
Au niveau des cultures de décrue et pluviales, les
outils utilisés remontent à des temps reculés et n'ont
subi aucune modification : la hache (jambéré) sert à
nettoyer les champs (écorchage, abattage des arbres etc.), le pieu
plantoir (luugal) permet de faire des trous pour les semis alors que le houe
(njidangu) sert pour le semis et le sarclage. Le travail des terres de Walo
exige une collaboration et mobilise obligatoirement quatre personnes au
moins :
- le « diabbowo » qui écrase le sol
avec la houe,
- le « louhowo » le suit de prés et
perce des trous avec le pieu plantoir,
- le « hawoowo » vient en troisième
lieu pour semer les grains,
- le « béckowo » vient en dernier
lieu avec un seau remplit de sable dont il recouvre les trous avec quelques
poignées.
Les hommes effectuent, le travail le plus pénible
(défrichement et sarclage), les femmes et les enfants s'occupent du
semis direct et du gardiennage. Pour l'irrigation, des techniques modernes sont
utilisées : elle est d'abord conditionnée par un GMP (de 20
chevaux) géré par un pompiste puis la préparation des
pépinières et le repiquage mobilisent jeunes, adultes et femmes.
Enfin, l'épandage d'engrais, des produits phytosanitaires et le suivi
des rizières jusqu'à la récolte sont gérés
par les membres du GIE. Dans l'ensemble, l'agriculture mobilise les paysans
pendant toute l'année (Juillet à mi-Mai) et se fait grâce
à une parfaite intégration des calendriers de culture de
décrue, de Diéri et de l'irrigation (tableau 17 : le
calendrier agricole), qui permet aux différents membres du foyré
d'assurer leurs fonctions respectives.
Les cultures de Diéri mobilisent les paysans
dés le début des pluies, de Juillet à Novembre et quand la
crue commence à se retirer (Octobre à Novembre), ils ont
déjà fait le sarclage et récolté le Diéri,
ce qui laisse libre cours aux cultures de décrue (Octobre à
Décembre). Toutefois, la culture irriguée (maraîchage et
riziculture) apparaît comme le mode d'exploitation dominant, elle se
pratique 12 mois sur 12 avec trois campagnes (Doungou, Daboundé et
Tiédou) qui se succèdent dans certains villages : riz ou
Maïs en hivernage, maraîchage en contre saison fraîche et riz
en contre saison chaude.
Tableau 17 : Le calendrier
agricole
MOIS
|
Juillet
|
Août
|
Sept
|
Octobr
|
Novembre
|
Décem
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Spéculation
|
Activités agricoles
|
Culture de Diéri
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mil, pastèque, niébé et fêla
|
Culture de décrue
|
Walo
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sorgho et Mais
|
Pallé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Patate
|
Irrigation
|
Campagne doungou
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Riz
|
Campagne daboundé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Maïs
|
Campagne Tiédou
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Arachide et maraîchage
|
NB : campagne doungou : campagne hivernage,
campagne daboundé : campagne contre saison froide, campagne
Tiédou : campagne contre
Saison chaude
En gros, l'agriculture reste le moteur de la production
paysanne et le chevauchement des différentes campagnes de culture exige
de la part des producteurs un effort physique soutenu. La culture
irriguée gagne du terrain au détriment des systèmes de
culture de décrue qui sont devenus secondaires et la culture pluviale
risque d'être enrayée.
2.3.2 La production agricole
Les principales productions de l'île à Morphil
sont : le sorgho et le niébé dans le Walo, la patate et le
Maïs dans les Pallé, le mil (sounna) dans le Diéri, le riz
et la polyculture dans les PIV (photo 4 et 5).
PHOTO 4 : Production agricole dans les
champs PHOTO 5 : Production maraîchère
Par ailleurs, la décision concernant la date de la
récolte est prise en commun par les ménages du village, afin
d'éviter que la récolte ne se fasse très tôt sur
certains champs, laissant les autres devenir la proie des oiseaux et autres
ravageurs.
Sur les 148 chefs de ménages qui pratiquent
l'agriculture, seuls 114 ont été en mesure de fournir des
informations sur leur production. Les autres ont estimé soit, leurs
récoltes étaient insignifiantes, soit qu'ils n'ont rien
récolté : « les sauterelles ont tout
dévoré ». Le bilan céréalier
révèle que le riz, pratiqué par tous les ménages,
assure la part la plus importante de la production destinée à
l'autoconsommation, ce qui confirme la place de l'irrigation au niveau du
terroir. Les rendements varient entre 2 tonnes à l'hectare et 8 tonnes
à l'hectare, selon les villages et la réussite de la campagne.
Les cultures de décrue : maïs et patates restent toujours
d'actualité (figure 3).
La répartition de la récolte est
déséquilibrée mais nous constatons une relative
autosuffisance céréalière que permettent l'irrigation et
les cultures d'appoint en bonne campagne, mais son contraire peut provoquer le
sinistre et la disette, si les populations ne disposent pas d'autres
possibilités comme des transferts de fonds issus de l'émigration.
Figure 3 : Répartition de la
production céréalière dans l'île à
Morphil
III. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES
VEGETALES
Les ressources forestières sont d'usages multiples
au niveau du terroir. Au premier niveau, elles constituent un facteur
clé de l'élevage par la production du fourrage d'appoint. Au
second plan, elles participent largement à l'approvisionnement
alimentaire et vitaminique des populations rurales.
3.1 L'Elevage
Semi sédentaire car pratiqué en grande
partie en association avec l'agriculture, l'élevage constitue sans nul
doute la deuxième activité de l'économie rurale. Selon, le
dernier Recensement National de l'Agriculture, il concerne 2.449 sur les 2.637
ménages ruraux agricoles de la Communauté Rurale de Madina
Ndiathbé, soit une proportion de 93%.
Jadis, il s'intégrait harmonieusement avec
l'agriculture de décrue dans les zones inondables du Walo. Le
bétail pâturait dans les poches inoccupées, pendant la
saison des cultures et dans les champs, une fois ceux-ci
récoltés. Avec, le développement de l'agriculture
irriguée, cette harmonie a été rompue et la part de
l'espace pastoral s'est retrouvée fortement réduite dans le Walo.
En outre, la baisse constante de la pluviométrie a entraîné
l'appauvrissement progressif du potentiel fourrager du Diéri.
3.1.1 Les zones de concentration de
l'élevage
Le système de l'élevage n'admet pas ici une
occupation continue de l'espace, à la recherche de pâturage et
l'eau, les points permanents de concentration pastorale sont :
· Les ouvertures sur le fleuve et le Doué (au
niveau des Toufndé : rampes d'abreuvement) utilisées par le
bétail pour accéder à l'eau et les couloirs qui y
mènent.
· Les mares d'hivernage dont des centaines existent dans
le terroir (leur durée varie entre 1 et 3 mois), ils n'assurent
l'abreuvement du bétail que de Juillet à Novembre,
· Les forages dont 10 sont situés dans
l'arrondissement, fortement concurrencés par les autres usages,
· Les parcs de vaccinations dont deux existent dans la
zone (Cas-Cas et Thioubalel).
· Les forêts classées et naturelles restent
des bastions de l'élevage avec plusieurs variétés de
fourrages : Brachiara ramosa (paguiri), Bergia
suffuticosa (nippéré), Tamarix senegalensis
(belweldi), Tribubuc terrestris (toupéré)...
Hormis, les quelques poches exploitées en agriculture
pluviale environ 3 mois sur 12, tout l'espace du Diéri constitue une
vaste zone de pâturage naturel.
3.1.2 Les types d'élevage
Nous distinguons deux catégories d'élevage dans
l'île à Morphil : l'élevage domestique et
l'élevage de transhumance.
3.1.2.1 L'élevage
domestique
Il concerne surtout les ovins et caprins. La presque
totalité des « Gallé » ont des enclos dans
lesquels, nous pouvons compter une moyenne de 15 ovins et caprins. Cet
élevage sert de caisse d'épargne et à faire face aux
fêtes et cérémonies sociales. Toute la famille s'occupe de
cette activité. Très facile à gérer en
période de difficulté, ces ovins et caprins sont remis aux jeunes
bergers qui les font paître toute la journée. L'élevage
d'asins est aussi un fait remarquable dans le terroir où cet animal
assure les fonctions de transport, surtout pendant les récoltes. En vue
de développer ce petit élevage, un mélange de race est
pratiqué depuis quelques temps, à l'instar de l'introduction de
la chèvre « gouwayra », très productive ou du
mélange de race entre « toi-bir et balli-balli »
3.1.2.2 L'élevage de
transhumance
Il concerne le groupe statuaire Peul qui est
décomposé en deux sous groupes. Les uns sédentaires
appelés « Foulbé Saré » ou
« Foulbé Walo » et les autres
« Fulbé Diéri » dont le village de
résidence principal se trouve dans le Diéri. Dans la
réalité tous les groupes Fulbés éleveur sont
mobiles.
Cet élevage Peul concerne surtout les bovins.
L'objectif de production est le lait et ses dérivés et non la
viande. Dans ce système d'élevage : « la
bête est un capital, le lait est la production » (Santoir,
1983)
Le mouvement Walo - Diéri (transhumance) suit la
progression de la pluie et constitue une solution aux contraintes de fourrage.
Le jééjégol est d'abord le point de chute, si les
conditions ne s'améliorent pas, le berger prolonge jusqu'au Diéri
lointain : Ranérou ou Ourossogui. Depuis, l'érection de
Matam en région cette piste offre beaucoup de possibilités
(louma, foirails, boucherie...) au détriment des anciennes pistes
(Dahra, Labgar).
Ce secteur bénéficie des projets d'appui comme
le PAPEL (Programme d'Appui à l'Elevage), le soutien du CORAD et le
Féddé Aynabé (structure très dynamique dans la
zone).
Il convient de signaler une nouvelle forme d'élevage
intensive14(*)
développée par la GPF de Cas-Cas qui consiste à
l'embouche d'un veau en vue d'une haute productivité.
3.2 La valorisation des ressources
forestières
Naturels ou plantés, locaux ou introduits, l'arbre
et l'arbuste assurent des fonctions multiples et diversifiées au
bénéfice des populations rurales et particulièrement celle
de l'île à Morphil. L'exploitation forestière se fait
à l'heure actuelle dans les forêts classées et ou
naturelles autorisées par l'agent des Eaux et Forêts de
l'arrondissement, moyennant une redevance.
L'exploitation du bois villageois est assez
répandue dans la zone : les GPF et les GIE en sont les principaux
acteurs, le « jardin Béllé » à
Thioubalel fournit l'essentiel du bois d'oeuvre du village.
L'arbre présente un intérêt
particulier pour les riverains du terroir. Il joue un rôle de production
(bois, fourrage, aliments, gommes, produits pharmaceutiques) ou de
structuration de l'espace rural (délimitation foncière).Il
présente aussi une dimension économique (revenus, capitalisation)
et sociale (arbre à palabres). Les pratiques les plus visibles
demeurent :
· La consommation domestique : à travers la
cueillette et le ramassage du produit de certaines espèces ligneuses en
vue de l'alimentation. Plusieurs espèces sont domestiquées :
Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata, Zizyphus
mauritania
· Le bois de chauffe ou de construction : les
mimosacées ubiquistes sont particulièrement utilisées dans
le terroir pour leur charbon ou leur bois : Acacia raddiana, Acacia
Seyal, Acacia Senegal, Acacia nilotica.
· L'exploitation du gommier est pratiquée par
certaines femmes : une section anatomique est réalisée sur
les rameaux qui produisent un matériau gommeux (gomme arabique) plus ou
moins épais qui durcit progressivement au contact de l'air. La
production débute en Novembre après l'arrêt des pluies et
consécutivement à une chute brutale de l'humidité
relative. (Mamadou Dione et al, 1998)
Par leur racines, écorces et feuilles, les arbres sont
sollicités par la pharmacopée traditionnelle, aucune partie n'est
épargnée15(*) (tableau 18).
Tableau 18 : Matrice de classification de
quelques espèces végétales
Espèces / noms scientifiques
|
Noms en Puular
|
Parties utilisées
|
Usages
|
Racines
|
Troncs
|
Branches
|
Feuilles
|
Fruits
|
Ecorces
|
Domestiques
|
Pharmacopée
|
Autres
|
Adansonia digitata
|
Boki
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
+++
|
+
|
|
Eucalyptus
|
Kotoulbitel
|
|
+
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
+
|
Balanites aegyptiaca
|
Mourtodé
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
+++
|
|
|
Prosopis africana
|
Prosopis
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
++
|
+
|
Acacia albida
|
Tiasski
|
|
+
|
+
|
|
++
|
|
+++
|
++
|
|
Acacia nilotica
|
Gawdé
|
|
|
+
|
+
|
|
|
+++
|
++
|
|
Acacia raddiana
|
Thillouki
|
+
|
|
|
|
++
|
|
+++
|
++
|
|
Acacia senegal
|
Patouki
|
++
|
|
|
|
|
++
|
+++
|
+++
|
|
Acacia seyal
|
Boulbi
|
|
|
|
+
|
|
+
|
+++
|
+++
|
|
Bauhinia resfeacius
|
Namaji
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
+++
|
|
|
Piliostigma reticulatum
|
Barkédji
|
+
|
|
|
+
|
+
|
+
|
+++
|
+++
|
|
Tamarindus indica
|
Diamoulé
|
+
|
|
|
++
|
+++
|
+
|
+++
|
|
|
Azdirachta indica
|
Nim
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
++
|
+
|
Légende : + utilisation rare, ++
utilisation peu abondante, +++ utilisation abondante
Source : enquête terrain 2009
En somme, les possibilités d'approvisionnement en
produits ligneux à partir des peuplements naturels s'épuisent
d'autant plus que, l'Acacia nilotica, espèce la plus
adaptée au cloisonnement de la plaine alluviale, du fait de sa
localisation essentiellement dans les cuvettes et dépressions, demeure
l'espèce la plus exposée aux conséquences de l'irrigation.
Mais, l'intégration de l'arbre dans les systèmes de production
hydro-agricoles sous forme de brise-vent (Eucalyptus, Prosopis ...) assure un
double objectif de production de ligneux et de protection des cultures.
3.3 La commercialisation
Cette activité du secteur tertiaire occupe une
bonne place dans l'économie rurale de l'arrondissement. Elle doit son
importance à deux facteurs principaux : la route nationale (N2)
où le siége des trois Communautés rurales se situe et la
disponibilité des produits agricoles, forestiers, pastoraux,
halieutiques dans le milieu.
Une grande mobilité des personnes et des biens se
développe dans ce terroir suivant une double orientation : d'une
part, les villages du « jééjégol »
(Mboumba, Aéré lao et Madina Ndiathbé) situé sur le
goudron (nationale 2) exercent leurs activités commerciales sur les axes
routiers en relation avec les villages du Diéri. D'autre part, ceux de
l'île à Morphil très enclavés et
caractérisés par l'inaccessibilité (en voiture) pendant
deux mois de l'année, ont une orientation commerciale vers la
Mauritanie. Une véritable dynamique transfrontalière (relations
quotidiennes d'échanges) se réalise entre les villages de
l'île à Morphil respectivement : Boki - Wallaldé -
Dioudé avec ceux de l'autre rive : Boghé - Wothie -
Bababé.
Bien que, tous les gros villages disposent des
marchés quotidiens, les « dougguéré »
(marché hebdomadaire) sont de véritable lieu d'échanges et
d'interrelation spatiale (Diéri, Walo et Mauritanie). En effet
trois « dougguéré » se déroulent dans
l'arrondissement et permettent aux différentes populations
d'écouler leurs produits par troc ou en espèce : les Wolofs
en provenance de Dagana ou Richard Toll vendent des produits vestimentaires,
les Maures de Bababé ou Boghé achètent du riz en gros,
puis les Peuls et Halpular de l'île à Morphil vendent des produits
agricoles et pastoraux. A ce titre, le chef lieu de la communauté rurale
de Madina Ndiathbé exerce un attrait impressionnant sur les villages
environnants (figure 4 : diagramme de polarisation).
Depuis l'arrêt de la commercialisation du riz par la
SAED, ce marché hebdomadaire gagne de l'ampleur.
FIGURE 4 : Diagramme de
polarisation Wallaldé
Weldé béye Hothiéré
. Wothie
Saré-Souki
Madina Ndiathbé
Cas-Cas
Wala Bababé
Dounguel
Dioudé
Barangol
Thioubalel
LEGENDE
Chef lieu de CR Madina Ndiathbé
Villages environnants
Soins médicaux
Produits forestiers
Produits halieutiques
Produits agricoles et pastoraux
Produits Manufacturé
*
* *
L'exploitation des ressources naturelles assure la couverture
de l'essentiel des besoins des populations et dans l'arrondissement, elle
occupe une place centrale dans le fonctionnement du terroir. Les
systèmes de production des agricultures, pécheurs et pasteurs
s'articulent entre eux et forment ensemble la mise en valeur de l'île
à Morphil. Car « l'écologie de la vallée du
fleuve Sénégal a étroitement conditionné les
systèmes traditionnels » (Boutillier, 1962).
Cependant, cette exploitation est marquée par un
déséquilibre entre un secteur traditionnel en léthargie
(agriculture traditionnelle, élevage, pêche, et exploitation
forestière) et un secteur moderne (irrigation) orienté vers les
aménagements hydro agricoles.
La manière dont ces ressources sont utilisées
aboutit à un processus de dégradation.
CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DES CONTRAINTES
L'île à Morphil est un terroir
essentiellement rural caractérisé par une économie de
vallée, axée sur l'exploitation des ressources naturelles
dont : une culture traditionnelle pluviale et de décrue,
l'élevage et la pêche fluviale. Pendant des siècles, les
habitants ont vécu en équilibre avec la nature, mais depuis
quelques décennies, une crise environnementale dont la
dégradation de l'environnement est le symbole vivant, a durement
secoué cette zone.
Ces contraintes se manifestent par une disparition du
couvert végétal, un appauvrissement des sols, une diminution des
ressources en eau et l'extension de la déforestation. Ainsi des facteurs
physiques et humains sont indexés.
I. LES CONTRAINTES HYDRIQUES
La pluviométrie et l'écoulement fluvial sont les
deux sources essentielles d'approvisionnement en eau dans l'île à
Morphil. Ils constituent un important potentiel hydraulique, mais sujet
à la fois aux contraintes naturelles liées à la
variabilité des précipitations et aux contraintes
anthropiques.
I.1 La péjoration climatique
Depuis de longues années, la moyenne vallée,
à l'image du Sénégal a connu plusieurs grandes crises
pluviométriques dont les plus significatives sont celles de : 1913
- 1915, 1941 - 1945, 1968 et la dernière sécheresse qui a
débuté à la fin des années 1970 dont les effets se
font encore sentir. Le niveau pluviométrique présente dans la
zone un profil erratique. La courbe de la pluviométrie des années
1999 à 2008 montre que, l'arrondissement enregistre des déficits
pluviométriques fréquents d'autant plus que, les
précipitations irrégulières et insuffisantes se
concentrent sur 2 à 3 mois.
L'agriculture étant plus vulnérable à
cette contrainte climatique à travers les températures et
l'humidité relative de l'air. Trop basses en Décembre et Janvier,
elles peuvent entraîner une stérilité importante dans les
cultures du riz et de l'arachide. Respectivement trop élevées et
trop basses en période Harmattan, de Mars à Mai, elles
s'accompagnent de très fortes demande évaporatives. Trop
élevées au cours de l'hivernage, elles sont défavorables
à la mise à fruit de la tomate.
Par ailleurs, l'élevage étant le secteur le
plus affecté de cette baisse des eaux pluviales. Les fortes variations
saisonnières et interannuelles de la pluviométrie affectent la
recharge des nappes souterraines qui diminuent leurs potentialités,
alors que l'écoulement des cours d'eau qui dépend des
précipitations reçues, s'affaiblit.
I.2 Les impacts des aménagements hydro
agricoles
Pour palier aux contraintes hydriques, un vaste programme
d'aménagement hydro-agricole a été réalisé
afin de soutenir un débit d'écoulement intéressant. Ces
ouvrages hydrauliques (barrages de Diama et de Manantali) ont par de là
même bouleversé l'écologie de la vallée, de
l'île à Morphil, avec un développement des maladies
hydriques, la prolifération des plantes aquatiques nocives et une
importante invasion acridienne et aviaire.
· Dans cet environnement marqué par la
sécheresse, toute la population se tourne à un moment ou un autre
de l'année, vers le fleuve. Avec l'avènement des grands barrages,
il est patent que le risque sanitaire majeur soit lié aux maladies
à transmission hydrique. La présence de l'eau dans les
périmètres irrigués pendant toute l'année a
entraîné une endémicité du paludisme dans la zone,
qui est devenu la première cause de mortalité chez les enfants de
moins de 5 ans. Sur les 157 personnes enquêtées, 150
désignent le paludisme comme le premier facteur de la mortalité.
La bilharziose est la seconde maladie endémique parasitaire qui touche
particulièrement les enfants. Des foyers de bilharziose urinaires sont
localisés dans certains villages (Boki, Saré-Souki...), selon
l'avis des infirmiers de la zone.
· Ces aménagements ont développé
dans leur sillage des végétaux aquatiques envahissantes :
« kélélé - dubirubi -
jaljalbé ». Cet enherbement a stagné le
développement de la pêche et le pourrissement des tiges de
végétaux, ainsi que l'envasement altèrent aussi la
qualité de l'eau. Les zones de développement des
végétaux aquatiques constituent des lieux
privilégiés pour la prolifération des oiseaux
granivores.
· Depuis le développement des PIV, l'île
à Morphil est exposée à de fréquents
prédateurs et parasites. Les attaques d'oiseaux sur épis sont
fréquemment observées : la perruche, le tisserin et
l'ignicolore présentent un certain danger pour le riz. Les insectes
foreurs de tiges comme Scarabacidae et Malvidae (les
coléoptères) sont les principales familles attaquant les organes
reproducteurs du Maïs, sorgho et mil. L'action des acridiens est encore
plus sensible sur ce, le péril acridien de 2004 est toujours
d'actualité.
II. LES CONTRAINTES
PEDOLOGIQUES
Les ressources édaphiques supports des activités
agricoles présentent une grande variété dans
l'arrondissement. Mais, elles sont confrontées à une baisse
temporaire ou permanente de la productivité relative à des
facteurs physiques et anthropiques.
2.1 Les facteurs physiques
Les facteurs physiques jouent un grand rôle dans la
dégradation des sols et trois phénomènes sont
particulièrement constatés :
· L'érosion éolienne
Les vents de l'harmattan qui soufflent dans la zone
durant toute la saison sèche avec des vitesses comprises entre 2,5 et
4,29 m/s, exercent une forte dynamique sur les transformations morphologiques
des unités du paysage et accélèrent la dessiccation des
sols et le déchaussement des racines.
Les sols à texture sableuses (zone Diéri,
Fondé et Pallé) y sont plus sensibles, ainsi que les zones
dépourvues de végétation. La poussière et les
« vents de sables» sont les phénomènes climatiques
les plus fréquents de l'île à Morphil rendant la
visibilité délicate. En gros, ces vents augmentent
l'évaporation et l'évapotranspiration qui contribuent à
accentuer le déficit hydrique et l'assèchement des sols.
· L'érosion hydrique
L'érosion hydrique sévit de manière
importante dans l'île à Morphil et les berges des cours d'eau sont
les plus exposées. En raison de la faiblesse de la couverture
végétale et de la violence des précipitations, un
ravinement se déclenche escarpant les bordures de la vallée
(Photo 5).
L'extraction du sable pour la construction a
accéléré l'action du fleuve dont la variation est
très sensible dans le terroir. L'inondation est courante, d'ailleurs la
quasi-totalité des sites originels des villages de l'île à
Morphil se trouve actuellement sous les eaux. Le plus spectaculaire est
l'ancienne école primaire de Dounguel complètement
déchiquetée par les eaux, par suite du creusement des côtes
et l'élargissement du lit mineur, une partie témoin subsiste
encore. (Photo 6)
PHOTO 6 : Les effets du ravinement
PHOTO 7 : L'école primaire de
à Fondé Elimane
Dounguel emportée par l'érosion fluviale
· La dégradation chimique :
La salinisation et l'acidification constituent les
principaux processus qui animent la dégradation chimique. L'irrigation
dans l'île à Morphil place le sol dans une situation
différente du régime pluvial. La modification du régime
hydrique a changé les conditions de pédogenèse.
Une remontée des sels par percolation est
observée sur les PIV du constat des exploitants (tableau 19), dont les
aménagements mal planés, mal entretenus et sujets à de
fréquents débordements, ne disposent en général pas
de drains. Le manque de drainage entraîne une alcalisation des sols dont
l'acidification compromet le développement de la
végétation.
Tableau 19 : Nature et importance de la
dégradation des sols par biotope
Biotope
|
Erosion hydrique
|
Erosion éolienne
|
Dégradation chimique
|
Observations
|
Berges des cours d'eau
|
TE
|
M
|
F
|
Ravinement des sols
|
Bourrelets de berges
|
F
|
E
|
F
|
Harmattan et tempêtes de sable
|
Périmètres irrigués
|
E
|
F
|
E
|
Salinisation des sols mal drainés
|
Légende : F : faible, M :
modéré, E : élevé, TE : très
élevé
Source : enquête de terrain, 2009
2.2 Les facteurs anthropiques
L'utilisation des sols par l'homme est la
première origine de leur usure. Elle est accentuée par
l'épuisement conséquence de la répétition des
cultures. A Dioudé, l'érosion des terres est ostensible,
après 7 ans de monoculture du riz la récolte a
considérablement chuté la huitième année. A
Fondé Elimane sur les 20 hectares irrigués, les 5 hectares sont
abandonnés à cause de l'infertilité. En effet, cette
dégradation se manifeste par une baisse des capacités physiques
du sol (baisse de la teneur en argile sur les hollaldé).
Une forte pression foncière s'exerce sur les sols
des zones inondables : la quasi-totalité des interrogés
affirment que, le manque de terre est leurs soucis majeurs, la jachère a
complètement disparu de la zone. En outre, la transhumance a
aggravé l'érosion des berges. Le piétinement des troupeaux
a eu des effets néfastes sur les sols.
2.3 Les contraintes économiques
Des contraintes liées aux systèmes de
production sont manifestes. En effet, chaque famille dispose d'un PIV de 22
ares regroupant 5 à 12 personnes ou plus, la première
priorité du paysan est de produire du riz pour la nourriture de la
famille. La deuxième, liée à la précédente
est de financer la mise en place de ses cultures du riz : intrants parmi
lesquels : les engrais, les semences, l'eau, le gasoil ...et de
régler les dettes du ménage. Le reste, il le consacre à la
culture du Walo et du Diéri. Pour couvrir leurs besoins pendant toute
l'année, ils vendent le riz, le petit bétail ou
bénéficiers des revenus extérieurs.
Les contraintes macro-économiques sont beaucoup
plus importantes, l'économie rurale repose sur l'agriculture en
déclin et les revenus par tête sont faibles. (Figure 5). A
l'unanimité, jaloux des énormes possibilités qu'offre
l'île à Morphil les populations indexent les problèmes
d'intrants et de financement comme l'unique contrainte de l'exploitation des
ressources pédologiques.
FIGURE 5 : Pyramide des problèmes
agricoles
Source : enquête de terrain, 2009
III. LA DEGRADATION DES RESSOURCES
VEGETALES
Les ressources végétales conditionnent un
maintien des processus écologiques et constituent une source
substantielle de ressources alimentaires, énergétiques et
pharmaceutiques pour les populations de l'arrondissement. Mais sous l'emprise
de la pression anthropique et la péjoration climatique, ces formations
végétales ont beaucoup évolué.
3.1 L'impact des facteurs physiques sur la
végétation
L'île à Morphil est une partie du Sahel, qui
a sévèrement subi les effets des aléas climatiques. Ainsi,
se sont installées des conditions de semi aridité avec une longue
sécheresse annuelle, qui a abouti à la sélection du
peuplement végétal qui, du mésophile à l'origine,
est devenu de plus en plus xérophile. Plusieurs espèces ligneuses
ont disparu parmi lesquelles : Fovia biolor - Euphorbia convolouloides
- Acacia senegal - Mitragina inermis - Tamarindus indica ...
L'action de l'érosion éolienne participe
à la dégradation de la végétation par le
déchaussement des racines, alors que certaines espèces
reboisées (Eucalyptus - Prosopis et Azdirachta indica)
ont un système racinaire très développé qui
étouffe les plantes. Certaines espèces végétales
typiques de bas-fond, étroitement liées aux drainages et à
la durée de l'inondation, sont en voie de disparition suite au manque
d'eau. Beaucoup d'arbres morts sont rencontrés dans les forêts
classées.
3.2 Les actions anthropiques
Les effets néfastes de la crise climatique ont
été cependant exacerbés par l'action anthropique qui a
imprimé sa marque sur la physionomie du paysage actuel.
· La déforestation est l'effet le plus visible
dans le terroir avec deux causes majeures : d'une part, l'expansion
agricole responsable du quasi disparition des peuplements du Gonakier
(Acacia nilotica) par suite des aménagements hydro agricoles.
D'autre part, la pression foncière fait du défrichement de
nouvelles terres un mode d'utilisation des terres hautement prioritaire par
rapport à leur défense. Les forêts constituent dés
lors de véritable zone à risque. la coupe abusive des arbres (la
section des parties sensibles comme : le tronc et les racines) demeure une
pratique plus redoutable (Photo 6), d'autant plus que le bois est l'unique
combustible domestique des populations du milieu dont le niveau de
pauvreté et l'enclavement ne permettent pas d'accéder aux autres
formes d'énergies (seules les 3 CR et l'arrondissement disposent
l'électricité)
PHOTO 8 : La coupe abusive des arbres
PHOTO 9 : L'impact des caprins sur la
végétation
· Les pratiques pastorales sont marquées par la
réduction de l'espace de parcours qui restreint la mobilité du
bétail aboutissant à une surexploitation des ressources
forestières avec l'augmentation des charges animales. Le constat est
l'émondage sauvage des espèces ligneuses appétées
et le broutage des jeunes ligneux, qui provoquent la mortalité de
nombreux sujets et réduisent, voire annihilent la
régénération (Photo 7). L'action des caprins en
particulier y est plus sensible.
Par ailleurs, les feux de brousses constituent un autre
fléau de cet écosystème, la strate herbacée
étant la plus exposée avec le défrichement par le feu
très répandu.
*
* *
Au demeurant, les facteurs naturels de dégradation
des ressources naturelles les plus importants dans l'arrondissement sont
constitués par la sécheresse et la baisse de la
pluviométrie. Cependant, les facteurs anthropiques aggravés par
la situation de pauvreté dans le milieu risquent à long terme, de
provoquer une dégradation irréversible. Les activités
primaires étant plus exposées.
Conclusion partielle :
La proximité de l'eau conditionne l'implantation
humaine et l'île à Morphil partie du lit majeur, est une zone
inondable où la crue joue un grand rôle. Depuis le Moyen Age, elle
a été l'objet d'une cristallisation de l'habitat et la production
du territoire qui aujourd'hui est marquée par une population très
jeune en croissance rapide. Cette population vit d'activité primaire
à travers l'exploitation des ressources naturelles.
Par sa technologie adaptée à l'écologie,
par l'organisation de la production adaptée aux structures sociales et
par son autosuffisance en intrants agricoles (fertilisation naturelle par la
crue), le système de culture de décrue est resté longtemps
en dehors du système de productions monétaires dominant.
L'élevage et la pêche s'intégraient harmonieusement
à cette mise en valeur. Mais les aménagements hydro agricoles se
sont greffés à cette dynamique dont ils ont fini de devenir le
monopole.
Par ailleurs, depuis quelques décennies, ces supports
de la société sont confrontés à plusieurs
contraintes dont la croissance démographique et les facteurs physiques
qui compromettent la satisfaction des besoins alimentaires des populations.
Dés lors, le défi qui se pose dans l'île
à Morphil, consiste à trouver une meilleure articulation entre
les exigences des populations du terroir et les trajectoires de
développement au niveau national. Ce qui s'opère par une
dynamique organisationnelle et une gestion des ressources naturelles
Dans l'île à Morphil, où les
systèmes de production agricole et animale sont tributaires des
ressources naturelles et des systèmes fonciers en vigueur
(contrôle social et politique, accessibilité aux ressources), le
problème de la dégradation des ressources naturelles est au coeur
des débats sur le développement local. La dynamique
organisationnelle est perçue comme l'une des conditions de
succès des programmes d'aménagement et de gestion durable des
ressources naturelles.
Dans ce contexte, nous avons décelé ce que
les populations de l'arrondissement savent, vivent et sont capables de faire
pour une gestion non conflictuelle des ressources naturelles. Car, comme l'a
exprimé Jacques Weber : « les hommes font partie
intégrante de l'écosystème que l'on entend
préserver : on n'y arrivera pas sans eux ».
Il sera dès lors, question d'analyser les
structures s'affairant autour de la gestion des ressources naturelles (chapitre
I) pour identifier les modes mis en oeuvre dans la gestion des ressources
naturelles, ainsi que l'impact de ces éléments sur les ressources
(chapitre II).
CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE GESTION
DES RESSOURCES NATURELLES
Il s'agit de structures endogènes ou
exogènes fédérant diverses forces, mentalités ou
ressources pour faire face au défi du développement dans
plusieurs domaines, en particulier la gestion des ressources naturelles. Le
transfert de compétences en matière de gestion des ressources
naturelles et d'environnement a fini de responsabiliser les populations dont
les actions, dans la genèse et la mise en oeuvre d'activité de
préservation, sont d'une dimension incontournable.
Ainsi, les actions des organisations communautaires de
base appuyées par les structures administratives, en partenariat avec la
coopération décentralisée et des acteurs
extérieurs, sont les triptyques du développement local de
l'île à Morphil.
I. LES ACTEURS LOCAUX
Ce sont des organisations communautaires de base (OCB)
qui rassemblent les populations du même terroir. Elles sont bâties
en fonction des intérêts des paysans (GIE et GPF), d'un besoin
(association d'entraide) ou de développement sur tous les plans. Les
villages sont caractérisés par une dynamique organisationnelle
à tous les niveaux.
1.1 Les organisations de développement
agricole
Elles sont la charpente des activités de
développement économique et l'avenir des villages dépend
de ces structures très dynamiques au niveau de l'arrondissement. Elles
rassemblent pour la plupart du temps des « Jom
foyré » à l'exception du
« Féddé aynabé ». En
considérant, les objectifs, de ces organisations dans la production et
l'échelle de leurs interventions, nous pouvons procéder à
une typologie pour mieux les caractériser :
1.1.1 Les groupements d'intérêts
économiques de base
Ces GIE centrés autour des PIV, leurs objectifs
principaux et directs sont la production. Actuellement, prés de 36
groupements d'intérêts économiques se dénombrent
dans la zone d'études avec une réalité organisationnelle
(bureau composé de président, trésorier, secrétaire
général et les membres). Il s'agit de groupements pluri-acteurs
ayant, pour la plupart, adopté le statut juridique de GIE pour
accéder au crédit, ils servent de relais entre les exploitants et
la SAED ou les ONG. En principe, tout habitant des villages marié est
naturellement membre.
Ces groupements en partenariat avec le CADL assurent toutes
les activités de gestion en agriculture.
1.1.2 Les
groupements de promotion féminine
C'est un maillon important dans le domaine de
l'organisation, par la détermination des femmes, leur capacité
d'initiative, d'action et de présence dans la zone. Prés de 30
GPF sont recensés dans le terroir. Pratiquement chaque village en
dispose au moins un. Ces actrices du développement local investissent
dans plusieurs domaines comme : l'embouche bovine, le maraîchage, le
petit commerce, la teinture et la couture.
Le GPF de Cas-Cas (GIE Thierno Samba Amadou Bal) est la
plus dynamique de l'île à Morphil (figure 6) avec plus de 258
femmes réparties dans plusieurs volets : maraîchage,
élevage, pêche, commerce, teinture... En plus, de leur fonction de
production économique, les GPF jouent un rôle d'intégration
(regroupent toutes les catégories de la population), ils sont soutenus
par plusieurs partenaire dont : PIP, PAPFIM, CONTERPART International...
Figure 6 : La grappe des activités
du GPF de Cas-Cas
Source : Enquête de terrain, 2009
1.1.3 Les organismes fédératifs inter
villageois
Ces organisations sont l'aboutissement d'un effet de
coordination, pour répondre aux défis multiples que pose le
désengagement de l'Etat et la privatisation aux paysans de l'île
à Morphil. Ainsi, l'action de quatre groupements volontaristes se
distingue au niveau de l'arrondissement :
- FUGIAM (Fédération des unions
de GIE de l'île à Morphil).
Cette structure est née d'un constat d'une
floraison de GIE et de la nécessité de les unir en une
association. Basée à Wallaldé, elle regroupe tous les GIE
de l'île à Morphil et intervient uniquement dans l'agriculture
irriguée, par des dons de GMP et de semences. Grâce aux
partenaires, elle a récemment octroyé un GMP au GIE Dounguel
2.
- La fédération lao
C'est une puissante fédération qui existe
depuis 1984 et regroupe 37 villages (de Fondé Gandé à
Diomandou). Logée à Aram, elle fonctionne de façon
autonome (elle n'a pas de budget) grâce à un programme qu'elle
négocie avec des partenaires au développement (FNPJ, OXFAM,
Agence national de l'aquaculture). Elle intervient dans l'entreprenariat
féminin, le micro finance, la création de magasin de stockage, la
fourniture de GMP et d'intrants. Son résultat le plus satisfaisant est
la gestion des ressources halieutiques à Aram à travers le projet
de pisciculture.
- PAPFIM : (programme d'appui aux femmes
de l'île à Morphil)
C'est un programme qui existe depuis 2003 et regroupe la
quasi-totalité des GPF (on dénombre quelque 95 GPF membres).
L'intervention se déroule dans quatre domaines : agriculture,
élevage, teinture et activité de promotion féminine,
à travers des plans d'actions. Actuellement, nous sommes dans le
quatrième plan d'action qui consiste au renforcement des
capacités des GPF. Basée à Cas-Cas, il a réussi
à initier l'insémination artificielle avec l'appui du CORAD,
l'embouche bovine et la réalisation de petit financement.
- Le « Féddé
aynabé »
C'est un regroupement très actif qui défend
les intérêts des éleveurs. Actuellement, il regroupe 65
membres et l'adhésion se fait par l'achat d'une carte éleveur.
Cette structure à des partenaires comme le PAPEL et le service
vétérinaire. Mais, les actions se limitent à
l'emmagasinement d'aliments de bétail ou à l'achat de fourrage
(15 tonnes de fourrages ont été récemment
distribués entre les éleveurs), à la vaccination et
l'insémination artificielle récemment effectuée avec des
résultats mitigés.
En gros, ces organismes fédératifs sont
dynamiques et tentent de gérer efficacement les contraintes de la zone.
Ils sont fortement liés à des structures d'encadrement
étatiques et de crédit comme : SAED, FED, CNCAS...
1.2 Les associations villageoises de
développement (AVD)
Le phénomène d'émergence de
mouvements associatifs qui décident de prendre en charge eux-mêmes
certains aspects du développement de leur terroir, prennent depuis
quelques années une ampleur non négligeable dans
l'arrondissement.
Selon nos enquêtes, tous les villages du terroir
disposent de ces genres d'organisations qui tentent de couvrir toutes les
activités rurales, mais pour la plupart du temps, elles poursuivent des
objectifs surtout sociaux. Ces associations sont un instrument de
développement. Certaines ont cherché le statut juridique de GIE
pour accéder au crédit (cas de l'association pour le
développement de Cas-Cas ou de l'union pour le développement
économique et social de Thioubalel). Structures très dynamiques
dans la gestion des ressources naturelles, elles sont connectées
à des réseaux d'ONG (ressortissant en extérieur ou des
particuliers comme des politiciens) et des projets, à l'instar du projet
de la gestion des ressources naturelles (PROGRENA) qui a débuté
depuis 1998 avec le reboisement communautaire. Ce sont les forces vives des
villages qui interviennent dans les activités de sensibilisation, de la
création de digue de protection ou d'infrastructure (école,
route, puits ou forage).
Par ailleurs, nous intégrons dans cette mouvance,
les associations sportives et culturelles (ASC) axées essentiellement
sur le théâtre et le sport au début, mais actuellement
elles évoluent et se transforment en Association Villageoise de
Développement (AVD). Ce changement est lié au
désengagement de l'Etat, les villageois devant prendre en charge les
écoles, les dispensaires, leurs puits ou forages et leur
agriculture. Les ASC réorientent donc leurs activités dans le
domaine social et économique.
1.3 Les associations traditionnelles
La vie associative est très ancienne dans
l'île à Morphil, à l'exemple de
« Féddé Caisse » à Thioubalel qui date
de 1927. C'est une structure dont la gestion passe d'une classe d'âge
à une autre. Lieux d'apprentissage et de formation, ces associations
regroupent des jeunes filles ou garçons de même âge et leurs
domaines d'intervention sont particulièrement l'entraide et la
solidarité.
Ces associations traditionnelles revêtent de multiples
formes : classe d'âge, de caste, de lignage, de quartier.
II. LES STRUCTURES
ADMINISTRATIVES
Ce sont des structures étatiques
décentralisées ou pas, découpées en unités
territoriales. (Tableau 20). L'arrondissement de Cas-Cas demeure une
entité déconcentrée de l'Etat, scindée en trois
communautés rurales (entité décentralisée) qui
constituent une réponse aux carences de participation des ruraux aux
structures administratives.
Tableau 20 : La structure administrative
de l'arrondissement de Cas-Cas
Unité territoriale
|
Exécutif
|
Organe de coordination et de planification
|
Organe de délibération
|
Arrondissement
|
Sous-préfet (nommé)
|
Comité Local de planification
|
Conseil d'arrondissement
|
Communauté rurale
|
Président (élu)
|
CADL
|
Conseil rural
|
Villages
|
Chef de village
(nommé)
|
Notable
|
|
Source : Ministère de la
décentralisation
2.1 La sous -
préfecture
Pilier de l'administration locale et basée au
niveau du chef-lieu de l'arrondissement de Cas-Cas, elle coordonne toutes les
actions, motive la participation des populations aux activités de
développement et supervise toutes les activités de gestion des
ressources naturelles. Elle approuve la délibération du conseil
rural et appuie les communautés rurales sur le volet administratif. Dans
l'île à Morphil, elle est le plus souvent remplacée par le
CADL dont elle délègue la représentativité.
En effet, le CADL (Centre d'Appui au Développement
Local) basé à Aéré lao, est une transformation du
CERP (Centre d'Expansion Rural et Polyvalent) en 2005 par le décret 2005
- 575. Il est dirigé par le chef de CADL assisté par une
équipe pluridisciplinaire (service déconcentré de l'Etat)
avec notamment : un agent technique de l'agriculture, un agent technique
de l'élevage et un agent technique des Eaux et Forêts.
· Le service de l'agriculture
Il s'agit des agents de la SAED recrutés par l'Etat
en vue de renforcer les capacités des paysans. Nous avons deux agents
agricoles à Cas-Cas qui interviennent au niveau de l'arrondissement.
Leur action se limite à fixer le calendrier agricole dans les PIV, les
instructions dans l'utilisation des engrais et produits phytosanitaires, ainsi
que la variété de culture qui s'adapte à la campagne en
vue (après étude pédologique)
· Le service de l'élevage
Dans l'arrondissement, nous avons trois chefs de postes
vétérinaires (CPV) qui collaborent avec l'inspecteur de
l'élevage de Podor. Basé dans les sièges des
Communautés Rurales leurs interventions sont saisonnières et se
limitent dans les campagnes de vaccinations :
- Les bovins sont vaccinés en premier lieu contre le
bouthilisme et la maladie du charbon pendant la période d'Octobre
à Décembre. La zone de concentration demeure les deux parcs de
vaccination de l'île à Morphil (Thioubalel et Cas-Cas)
- Les ovins et les caprins sont les catégories
traitées en second lieu, mais de plus en plus délaissées
en raison de leurs effectifs pléthoriques. Ils sont surtout
préservés contre la trypanosomiase à cause de la crue.
- Les équins sont immunisés contre la peste
équine grâce à une communication dans les
« Dougguéré »
- La volaille est prémunie pendant l'hiver avec des
produits dilués dans leur breuvage.
Ce service est complété par les quatre cabinets
vétérinaires privés du terroir. Il existe une
étroite collaboration entre ces structures privées, l'inspecteur
d'élevage de Podor et les chefs de postes vétérinaires
(CPV).
· Le service des Eaux et Forêts
L'intervention de la brigade forestière
(basée à Cas - Cas) est très remarquable au niveau de
l'île à Morphil. En effet, le seul agent des Eaux et Forêts
de la zone effectue des patrouilles quotidiennes dans les différents
villages, en vue de parer à l'exploitation clandestine ou à la
divagation. Il est surtout épaulé par les deux techniciens
horticoles basés respectivement à Aéré lao et
à Mboumba où des pépinières de 2 hectares existent.
Ces techniciens travaillent avec l'agent forestier et les populations.
Cette équipe pluridisciplinaire accompagne et guide les
populations dans toutes les actions relatives à l'environnement, ce sont
des partenaires de la communauté rurale.
2.2 Les communautés
rurales
L'arrondissement de Cas-Cas est découpé en
trois communautés rurales (Aéré lao, Mboumba et Madina
Ndiathbé). Les CR sont des collectivités locales, personne morale
de droit public, dotée de l'autonomie financière. Elles
constituent un certain nombre de villages appartenant au même territoire
et gérés par des conseils ruraux.
Dans un élan de décentralisation, la loi 96-07
du 22 Mars 1996 consacre le transfert de 9 domaines de compétences aux
CR :
- Le domaine
- Environnement et gestion des ressources naturelles
- Santé, population et Action sociale
- Jeunesse, sport et loisirs
- Culture
- Education
- Planification
- Aménagement du territoire
- Urbanisme et habitat
Nous notons une réelle implication des populations (les
chefs de villages sont les premiers partenaires des CR) notamment à
travers les ateliers de formation. Les actions les plus concrètes,
exécutées par les CR sont : les parcs de vaccination,
création de puits ou forages, création de pistes de production,
appuyer les activités sportives et culturelles, la construction
d'écoles.
2-3 Les commissions de gestion des ressources
naturelles au niveau des CR
Pour une meilleur gestion des compétences
transférées spécifiquement dans le volet environnement et
gestion des ressources naturelles ainsi que les domaines, il existe au niveau
des conseils ruraux de chaque CR deux commissions essentielles :
2.3.1 La commission
environnement
Par elle, la collectivité locale entend
gérer l'environnement surtout dans son contexte actuel de
dégradation. C'est ainsi qu'en plus de prendre des mesures
réglementaires contre les auteurs d'actes tendant à
déstabiliser l'équilibre écologique, elle lutte contre la
coupe de bois dans les forêts grâce à l'intervention de la
brigade des Eaux et Forêts.
2-3-2 La commission
domaniale
Elle réglemente l'accès des populations aux
terres dites « zone de terroir » par la loi sur le domaine
national. Cette commission est la seule détentrice des
compétences en matière d'affectations et de désaffection
foncières.
Les difficultés d'intégration des
systèmes agricoles et pastoraux ont abouti à l'application du
Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) qui définit deux
zones de vocation des terres :
- la zone agro-pastorale à priorité agricole
(ZAPA) dans la zone Walo,
- la zone agro-pastorale à priorité
élevage (ZAPE) dans la zone Diéri.
Les territoires des CR se répartissent ainsi, en
fonction de ces deux types de zone et des commissions de suivi du POAS sont
créées avec les chefs de village de la zone, les conseillers
résidents, un représentant des agriculteurs et un
représentant des éleveurs.
III. LES PARTENAIRES
EXTERIEURS
Les communautés rurales du Sénégal
étant généralement pauvres et confrontées à
des problèmes de revenus financiers et de déséquilibre
écologique, l'Etat ou les populations sollicitent les bonnes oeuvres des
ONG et des projets.
Les communautés rurales de l'arrondissement de Cas-Cas
n'échappent pas à cette situation et sont le théâtre
d'un jeu pluri acteur parmi lequel l'intervention de plusieurs partenaires dans
le domaine de la GRN comme en atteste le diagramme de Venn (figure 7).
Ainsi, il existe des interrelations entre les structures
villageoises et les structures d'encadrement à plusieurs niveaux. Ce
diagramme illustre une dynamique organisationnelle entre les organisations
paysannes recentrées sur l'irrigation (GIE et GPF) et les organismes
fédératifs inter-villageois (FUGIAM, Fédération
lao...). Dans la majorité des cas des structures exogènes ont
collaboré avec les populations ou le conseil rural dans une ou des
actions ayant trait avec l'environnement et les ressources naturelles (forages,
reboisement, parcs de vaccinations...).
Dans cette collaboration aucune organisation locale n'est
épargnée, cependant les GPF et GIE ont beaucoup plus
bénéficié de l'appui des partenaires extérieurs,
tandis que les autres structures ne collaborent pas beaucoup entre elles.
Par ailleurs, la quasi-totalité des personnes
interrogées reconnaissent que les obstacles à la
décentralisation dans les CR sont liés :
- à l'incompréhension des populations
qui ne s'acquittent pas des taxes rurales ou des contre parties,
- l'enclavement est le second problème, le
siège des trois CR se trouve dans le Diéri sur la nationale 2 et
leurs effets ne sont apparents dans le Walo que pendant les campagnes
électorales.
Dans tous les cas, face à la dégradation
continue de l'environnement, plusieurs actions de GNR sont déjà
initiées par les populations. Celles-ci ne manquent pas d'impacts sur le
milieu physique et la société.
Figure 7 : Le diagramme de Venn de Cas -
Cas
Légende :
Structures internes
Partenaires au développement
*
* *
L'arrondissement de Cas-Cas est un pôle de
développement où s'imbriquent plusieurs échelons (du local
au global). Par conséquent, dans le cadre de la pérennité
du développement local, une solide interrelation entre les
différents acteurs, à la faveur d'une concertation et d'un
échange d'expériences, se crée pour favoriser une gestion
des ressources naturelles.
La diversité des organisations dans l'île
à Morphil est certainement une manifestation des stratégies des
différents acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais
aussi se positionner sur le champ de la gestion.
CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE GESTIONS
DES RESSOURCES
NATURELLES ET LEURS IMPACTS
DANS L'ARRONDISSEMENT
L'analyse des systèmes de production a
révélé que l'arrondissement de Cas-Cas subit de plein
fouet les effets néfastes de l'action anthropique et des facteurs
physiques sur les ressources naturelles. Ce constat a alerté les
populations, les collectivités locales et les partenaires au
développement pour l'application de mesures protectrices. Pour s'adapter
à ces changements, ils ont individuellement ou collectivement
adopté des modes de gestion pour sauvegarder
l'écosystème.
Ces actions constituent dés lors, des
réponses aux problèmes de dégradation de l'environnement
et ont des impacts sur le milieu.
I. LES MODES DE GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES
La gestion est un mode d'intervention tendant à
utiliser les ressources naturelles dans le but de les valoriser pour satisfaire
des objectifs (de survie) sans compromettre leurs possibilités et
capacités de renouvellement. Il s'agit des procédés qui
permettent de répondre aux besoins des populations et de garantir la
préservation de la base des ressources.
En fonction des acteurs, des moyens ou de la ressource,
les modes de gestion sont traditionnels ou modernes.
I.1 Les méthodes traditionnelles de gestion des
ressources naturelles
Elles sont initiées par les populations locales et
s'appuient généralement sur des techniques et valeurs
traditionnelles. En effet, les habitants de l'île à Morphil
dépendent essentiellement de l'exploitation des ressources naturelles
pour satisfaire leurs besoins vitaux. La dégradation de cet
écosystème leur a obligé de s'adapter en mettant en place
des stratégies pour mieux gérer l'espace de manière
durable. C'est ainsi que différents modes de gestions naturels sont
utilisés :
1.1.1 Action d'économie de l'eau
Dans cette logique de raréfaction des
précipitations et de la réduction des activités agricoles
surtout dans le système traditionnel, les paysans effectuent des actions
d'économie de l'eau, qui permettent une gestion de l'eau en vue des
cultures de Diéri. C'est ce qui explique l'émergence de
techniques particulières pour répondre aux exigences de
production. Nous avons noté à ce titre :
· Le « mballa », c'est une technique
qui consiste à recueillir les eaux pluviales dans les champs du
Diéri. L'exploitant crée ou cherche une dépression
où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture naturelle (photo
7). Actuellement le Diéri se résume à ces
« mballa ».
· Le « Houddou », c'est une pratique
similaire au « mballa » mais celui-ci se particularise par
la réalisation de petits barrages pour stagner l'eau pluviale. Il est
surtout effectué pendant les périodes de déficit
pluviométrique. Ainsi, la culture du mil est très répandue
avec ce système.
· Le « Aboji », cette pratique est
exercée dans les mares pour palier l'insuffisance en eau. Il se fait en
fin d'hivernage notamment sur le Walo pour profiter au maximum de
l'humidité du sol.
Ces procédés traditionnels permettent de
maintenir une agriculture pluviale même avec des années de
déficit pluviométrique. Ce technique de captage des eaux est
gratuite et n'exige guère d'investissement autre que le travail. C'est
un précieux recours pour des paysans pauvres.
Photo 10 : L'exemple d'un
« mballa » qui se remplit progressivement en fonction des
pluies
Dans cette lancée, des formes traditionnelles de
gestions des eaux de surface sont réalisées par les populations
du terroir. La pratique la plus répandue est le curage des cours d'eau
et puits que les associations villageoises de développement (AVD) et les
associations traditionnelles (Féddé wouro, légual...)
organisent fréquemment. Par delà, des mesures protectrices sont
adoptées pour éviter une pollution domestique : interdiction
de faire la lessive dans les cours d'eau, interdiction d'y jeter des ordures ou
d'y laver des ustensiles de cuisine.
I.1.1 Les actions de fertilisation des
terres
La logique paysanne, fondée sur une tradition
ancestrale et une expérience locale, développe des
stratégies pour s'adapter aux impératifs du milieu
physique :
· La fertilisation par le fumier organique
Il s'agit de l'usage du fumier animal pour enrichir les
sols appauvris par les cultures et le déficit d'eau ou l'érosion
éolienne. Cette fertilisation organique ne concerne que les
systèmes de cultures traditionnelles notamment la culture sous pluie
(Diéri) et les cultures de décrue. D'habitude, après les
récoltes du Walo ou Diéri le bétail pâture
régulièrement dans les champs (niayko) et de ce fait assure la
production de fumier.
Ainsi, au moment du défrichage (saison des pluies)
les déjections sont minutieusement remuées avec la terre. Du fait
que, la quasi-totalité des populations entretiennent un élevage
domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier
à l'épuisement des sols dans la mesure où l'engrais
chimique n'est pas utilisé dans ce type de cultures.
· Le paillage ou le maintien des résidus de
récolte sur les champs
Cette technique de conservation des sols, consiste
à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de
patates ou fanes d'arachides sur place. Ce qui protège le sol de la
forte insolation en saison sèche, des effets néfastes du
ruissellement ou de l'action destructrice de l'érosion éolienne.
Ces débris de végétaux laissés à la surface
des champs, constituent un apport important en humus.
· La subdivision culturale et l'alternance des
cultures
L'association de plusieurs cultures sur le même
champ (sorgho, niébé, pastèque...) assure la
stabilité du champ et permet une bonne couverture du sol en
réduisant l'érosion. En outre, l'alternance de cultures entre le
sorgho et le maïs dans le Walo ou la tomate et la patate dans les
Pallé, ou dans le Diéri : fêla, sounna et
niédico, vise à éviter qu'un type de culture unique
épuise à la longue la fertilité du sol.
I.1.2 Les actions de fertilisations par
l'intégration de la végétation et de l'élevage
aux cultures
· L'association des arbres aux cultures
Les paysans aménagent très souvent des arbres
comme : Acacia albida, Zizyphus mauritania ou Verticillata
borreria dans les champs de Diéri ou Walo. Ces arbres freinent la
vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière protège le
sol contre l'érosion. Dans les réserves protégées
(Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des falos), nous
observons une forte intégration de l'arbre aux cultures.
Par ailleurs, dans certains champs du Walo le recours à
la jachère est largement effectué au profit de l'agriculture
irriguée. Cette jachère permet la reconstruction naturelle des
éléments nutritifs du sol.
· La dépendance de l'élevage à
l'agriculture
L'élevage est un système qui s'intègre
harmonieusement dans la production agricole. Le premier
bénéficier des récoltes est le bétail. La
quasi-totalité des paysans interrogés affirment pratiquer
l'agriculture pour garantir une disponibilité de foins (fanes
d'arachides, épis de mil, paille de riz...) aux animaux.
Ainsi, après les récoltes l'herbe est
soigneusement stockée dans des abris alors qu'une partie est
abandonnée dans les champs pour la vaine pâture. La transhumance
constitue une alternative en cas de déficits d'herbes pour une gestion
rationnelle du pâturage.
I.2 Les formes modernes de gestions des ressources
naturelles
Elles sont généralement l'oeuvre des projets,
ONG et autres partenaires au développement ou structures d'encadrement
en matière de développement rural.
1.2.1 L'accès aux ressources en
eau
Les ressources en eau, sont gérées
principalement par le COGEFOR, cependant avec la raréfaction des
ressources halieutiques dans l'arrondissement, une nouvelle initiative (la
pisciculture) est développée dans le village de Aram sur le
Doué.
· La diversification des méthodes d'accès
à l'eau
La gestion des ressources en eau est une donnée
incontournable dans le terroir. Les forages occupent une place notable dans la
satisfaction des exigences hydriques.
C'est ainsi que, pour réglementer l'exploitation de
l'eau, un comité de gestion du forage (COGEFOR) est mis en place dans
tous les villages disposant cette infrastructure. Nous avons constaté
une extension du réseau avec chaque maison qui dispose un compteur
volumétrique. La distribution des eaux se fait par un pompage à
l'aide des groupes électrogènes dans les villages de l'île
à Morphil. Par un pompage électrique à Cas-Cas et les
trois villages sièges de CR qui disposent des stations
multifonctionnelles qui draine et recycle l'eau.
· La gestion des ressources halieutiques à Aram
Pour contrer la dégradation du milieu aquatique et
faire face à la raréfaction des ressources halieutiques durement
ressentie dans le village de Aram, la fédération lao en
partenariat avec l'agence nationale de l'aquaculture basée à
Richard-Toll, a initié la pisciculture dans ce village de
pécheurs.
Ainsi, 10 cages flottantes de 10m3 chacun
(carré de 2,5 m côté sur une profondeur de 1,65m) sont
aménagés sur le Doué avec une densité de 1.000
alevins par cage, constitué par une seule espèce
« Oréochromys niloticus » ou tilapia
(thiddéré ranéré) très résistant aux
conditions du milieu (température de l'eau et climat). En effet, le
technicien de pêche recruté et appuyé par un comité
de gestion, se charge de l'empoissonnement et de l'alimentation des alevins
avec de la farine de poissons quatre fois par jour. (Photo 11)
Photo 11 : Le projet de pisciculture
à Aram
Après 6 mois d'élevage (taille marchande
250g), la récolte de la phase test s'est réalisée en
Décembre 2008 avec 668 kg de poisons obtenus et commercialisés en
raison de 1.000 CFA / kg. Vu la réussite de cette première
campagne, actuellement une seconde est amorcée.
En somme, le projet de pisciculture d'Aram est la plus grande
activité de gestion des ressources naturelles dans l'arrondissement.
D'ailleurs la fédération lao envisage l'extension de ce projet
dans d'autres villages.
· L'assainissement
La canalisation des eaux de pluies est effectuée
dans certains villages. Pendant l'hivernage, les villages sont
caractérisés par l'insalubrité avec la stagnation des eaux
pluviales au niveau des quartiers, ce qui peut être vecteur de maladies.
Ainsi, à Thioubalel lao l'UDEST16(*) a réussi à effectuer un système
de canalisation rudimentaire mais efficace qui draine les eaux pluviales vers
le fleuve.
1.2.2 Les actions de gestion des
terres
1.2.2.1 Actions pour augmenter le rendement
des récoltes
Il s'agit des mesures appliquées dans la fertilisation
des sols principalement dans les aménagements hydro-agricoles soumis
régulièrement à la culture et l'utilisation de l'engrais
chimique.
La culture irriguée est actuellement la principale
préoccupation des agriculteurs de l'île à Morphil, deux
à trois campagnes agricoles sont régulièrement
pratiquées dans les PIV ou les jardins des femmes.
Dans ce cas, l'épuisement des sols est toujours
solutionné par la fumure minérale (engrais blanc ou urée).
Cette fertilisation chimique permet l'usage continu des
périmètres irrigués.
· Les cultures intercalaires ou cultures mixtes
La culture intercalaire désigne deux ou plusieurs
plantes cultivées en même temps dans le même champ. Elle est
l'apanage des GPF tournés vers le maraîchage, cultivant en
même temps : tomate, oseille, piment, gombo et aubergines pour la
campagne « Daboundé », légumes et arachides
pour la campagne « Ndougou ».
Cette culture mixte permet différentes
combinaisons : une rangée de piment et une rangée de gombo,
suivies d'une autre rangée de piment, sur les pourtours du
périmètre une rangée de tomate s'élabore. Ainsi,
ces différentes combinaisons diminuent le risque de perte des
récoltes : si la production de l'arachide est affectée, les
agricultrices peuvent compter sur les légumes pour assurer un
palliatif.
· La pratique de culture à cycle
végétatif adapté aux aléas climatiques.
Dans l'île à Morphil les agriculteurs adoptent
des variétés de cultures adaptées au climat. Ainsi, pour
la riziculture : une variété de riz de cycle court en saison
chaude (Tiédou) comme le Sahel 108 est cultivé alors qu'en
hivernage, une variété de cycle moyen (Jaya ou IRI 529) se
pratique. Dans les cultures traditionnelles de plus en plus, les paysans
adoptent des variétés peu exigeantes en eau notamment un choix de
mil, de sorgho dont le cycle végétatif est relativement court et
adapté aux manques de pluies.
1.2.2.2 La gestion dans l'occupation
des sols
L'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation
des sols (POAS) dans les trois CR est un instrument pour une
sécurisation du foncier. Il permet également la
réglementation et l'intégration des systèmes agricoles et
pastoraux.
Ce plan définit deux types de zones de vocation des
terres :
- la zone agro-pastorale à priorité agricole
(ZAPA) qui concerne la zone île à Morphil où l'agriculture
domine,
- la zone agro-pastorale à priorité
élevage (ZAPE) qui concerne la zone Diéri où
l'élevage est la forme de gestion qui régente l'espace.
Le territoire des CR se répartit en fonction de ces
types de zone. Ainsi la réglementation suivante est
adoptée :
- les points d'abreuvement du bétail : d'une part,
les ouvertures suivantes sur le fleuve Sénégal (Toufndé
Baydi à hauteur de Siouré, Tounfdé Tantaadji à
hauteur de Cas-Cas...), d'autre part sur le Doué (Tounfdé
Gokhiyel à hauteur de Aram, Tounfdé Diakel à l'Est de
Madina Ndiathbé...), de même que les mares d'hivernage sont des
lieux où l'accès du bétail est un droit reconnu et garanti
en toute saison.
- Les pistes de bétail (voies de passages reconnues
officiellement) comme celle qui arrive directement de Windou Boki, longe la
route qui relie la Nationale 2 à Madina et allant à
Tounfdé Diakel, ainsi que la piste qui arrive de Daka, passant par Wouro
Diabi et va à Tounfdé Sibiri... doivent respecter une largeur
d'au moins 100 mètre et la circulation du bétail y est
officiellement reconnue.
Le POAS constitue un solide moyen pour l'arbitrage des
conflits entre les différents usagers du sol.
1.2.3 Les actions de restaurations du
milieu
1.2.3.1 Le reboisement
Il est pratiqué dans l'arrondissement en
réaction contre la dégradation des sols et surtout des ressources
végétales. Nous avons deux pépinières (Mboumba et
Aéré lao) qui fournissent aux populations l'essentiel des
essences plantées dont trois formes se singularisent :
- les haies vives : elles sont reboisées par les
GPF et les GIE de riziculture. La création de haies vives permet un
quadrillage de l'espace cultivé et délimite les chemins de
circulation du bétail (la divagation) tout en brisant la vitesse du
vent. Constituées d'essences à croissance rapide :
Prosopis juliflora, Eucalyptus camaldulensis, elles
représentent une source importante de bois communautaire. Ainsi,
l'intégration de l'arbre dans le système de production
hydro-agricole sous forme de brise-vent a un double objectif : de
production ligneuse (production de perche pour le bois de service) et de
protection des cultures.
- le reboisement des rues et des axes routiers : c'est
une nouvelle forme initiée pendant les vacances 2009 grâce au
partenariat avec le RIAD. Cette structure travaille étroitement avec les
associations de développement villageois. Ainsi, une ligne qui suit
l'axe routier de Cas-Cas à Souballo Mboumba a été
reboisée.
- Le reboisement individuel : cette forme de plantation
d'arbre se développe timidement au niveau des CR, seul le GPF de Cas-Cas
pratique un système de parrainage d'arbres très efficace car
assurant l'entretien et le suivi. En revanche, le reboisement des arbres
fruitiers dans les maisons est très courant. Par ailleurs, les vergers
individuels offrent une meilleure illustration de ce type de reboisement,
d'autant plus que le code forestier revisité en 1993 fait des
populations des propriétaires de plantations.
Ces pratiques de reboisement sont renforcées par les
actions du programme en foresterie rurale. A ce titre, le projet gommier en
1984 a initié les populations dans la foresterie avant d'être
relayé par le projet de restauration du milieu naturelle (PROMINA) en
1991 et le projet de gestion des ressources naturelles (PROGRENA) en 1998
financé par le FED. Tous les villages de l'arrondissement étaient
cibles notamment les associations de développement.
1.2.3.2 Action de préservation des
forêts
La protection des forêts contre l'emprise humaine s'est
traduite par l'élaboration d'instruments juridiques qui ont
divisé le domaine forestier de l'arrondissement en deux zones : le
domaine protégé et le domaine classé.
Alors que, le domaine protégé existe dans tous
les villages et englobe les formations forestières naturelles non
comprises dans les terres de terroir aménagé à des fins
agricoles. Les forêts classées ne sont qu'au nombre de deux et
recouvrent des impératifs de constitutions des réserves de bois,
de conservation des sols et de préservation de la
végétation (code forestier)
Ces deux formations sont gérées par la brigade
forestière établie à Cas-Cas qui veille rigoureusement
à leur protection : tournée en moto, répression par
amende, délivrance d'un permis de coupe. (Tableau 21)
Tableau 21 : Les mesures de protection des
ressources naturelles
Ressources
|
Mesures préventives
|
Mesures curatives
|
Fonciers de types agricoles
|
- éviter de laisser les animaux en divagation,
- éviter de passer avec sa charrette ou ses animaux dans
la zone de culture,
- concertation dans l'utilisation des types de cultures.
|
- mise en fourrière des animaux (errant ou ayant
saccagé),
- paiement d'une amende de 20.000 CFA,
- application du POAS.
|
Ressources forestières
|
- Interdiction de couper les arbres sans autorisation de l'agent
forestier,
- Délivrance d'un permis de coupe pour exploiter les
branches mortes moyennant 2.000 CFA,
- Eviter le défrichage avec le feu.
|
- tournée quotidienne en moto,
- répression par une amende en fonction de la
gravité de la pénalité : 20 000 à 500.000
CFA,
- reboisement avec introduction de nouvelles espèces.
|
Ressources hydriques
|
- éviter la pollution des cours d'eau : par le lavage
des ustensiles de cuisine, la lessive,
- canalisation des eaux pluviales,
- création de digues de protection.
|
- implorer le pardon de Dieu par des séances de
prière, donner des offrandes pour espérer une pluie,
- création de dépressions pour recueillir les eaux
pluviales.
|
Source : enquête de terrain, 2009
II. LES IMPACTS DES FORMES DE GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES
Il s'agit des résultats ou des conséquences que
ces différentes formes de gestion ont provoquées. En effet, elles
sont fondées essentiellement sur la réduction des risques
d'insécurité alimentaire et de vulnérabilité des
populations, qui par la même centrent leurs efforts sur une meilleure
connaissance de l'état des ressources naturelles. Cette faculté
de réaction, que manifestent les habitants de l'île à
Morphil, a des impacts se traduisant sur le milieu physique et
socio-économique, de façon concrète ou abstraite.
2.1 Les impacts sur le milieu
physique
Les actions anthropiques en vue d'atténuer les effets
des conditions écologiques défavorables, ont des impacts sur
l'eau, le sol et la végétation.
2.1.1 Les impacts sur
l'eau
La gestion de l'eau dans l'île à Morphil
s'apparente au phénomène de résilience17(*), en effet la
réalisation de techniques efficaces permettant la rétention de
l'eau pluviales (mballa, Aboji, Houddou), a autorisé malgré les
aléas climatiques, vivement ressentis par les cultures de Diéri,
d'avoir un alternatif au coût de production élevé des
PIV.
En outre, le curage des cours d'eau ou puits et les mesures
protectrices, constituent une réponse à la pollution des eaux,
alors que la gestion des eaux des forages (COGEFOR) a aidé les
populations de l'arrondissement à avoir accès à l'eau
potable pendant toute l'année, et de constituer une solution aux
maladies liées à l'eau.
Enfin, le projet de pisciculture d'Aram est une condition de
régénération du peuplement aquatique car selon le
technicien de pêche, il a permis d'attirer plusieurs espèces de
poissons (à la recherche de proie) sur les abords des cages
flottants.
2.1.2 Les impacts sur sol
La gestion de la fertilité par : le fumier
organique, le paillage, la subdivision culturale, l'association de plusieurs
espèces culturales ou le recours à la jachère, ainsi que
l'utilisation de l'engrais chimique ont été susceptibles de
valoriser les sols et d'y accroître les rendements. Ils permettent aux
ménages d'utiliser leur terre de façon optimale.
2.1.3 Les impacts sur la
végétation
Les différentes formes de reboisement ont eu des
impacts positifs sur l'environnement : à l'instar de la
disponibilité de réserve en bois, la conservation des sols et la
préservation de la végétation.
La protection des forêts a également permis la
régénération de certaines espèces
végétales notamment dans les boisements privés, qui sont
une illustration de l'appropriation par les populations de la démarche
de la foresterie rurale.
La gestion des ressources forestières a apporté
divers avantages aux populations de l'arrondissement en même temps,
qu'elle contribue à l'équilibre écologique de la zone.
2.2 Les impacts sur le milieu socio -
économique
Ces différentes actions ont modifié les
comportements des populations envers les ressources naturelles dont elles sont
plus sensibles dans la dégradation. Désormais, les populations
sont conscientes que la racine du mal est d'abord l'homme. Par
conséquent, toute action de gestion doit prendre en compte l'homme.
Ainsi, les impacts les plus caractéristiques sont :
2.2.1 Une meilleure adéquation entre
agriculture et élevage
Le POAS, en est le plus important, par son implication directe
sur le système de tenure foncière, la délimitation des
zones de pâturages, le tracé des pistes d'accès à
ces pâturages, aux points d'eaux et l'équilibre entre agriculture
et élevage.
Une véritable symbiose des efforts s'est
réalisée dans l'élaboration de ce plan. Malgré que,
les PIV aient cloisonné l'accès aux cours d'eau, les
éleveurs disposent avec cette nouvelle législation, une ouverture
sur les eaux reconnues officiellement.
2.2.2 La restructuration
foncière
Les PIV qui sont devenus aujourd'hui un nouveau mode de
gestion des terres du terroir, s'accompagnent d'un bouleversement du
régime foncier. Alors que, dans les champs du Walo et du Diéri le
patrimoine foncier appartient toujours aux familles lignagères des
hommes libres (Rimbé), les aménagements hydro-agricoles
créent une démocratisation de la terre. Actuellement,
toutes les catégories sociales se retrouvent pour cultiver les
périmètres irrigués, côté à
côté sur un même pied d'égalité, avec les
mêmes droits et les mêmes devoirs. Ce qui explique le dynamisme de
cette activité regroupant la majorité de la population.
2.2.3 L'évolution de la
situation économique
Les différentes actions sur la GRN ont un impact
positif, du point de vue économique car la maîtrise de certains
facteurs physiques permet d'appuyer les moyens de subsistances et de production
agricole. Au-delà, les femmes de l'île à Morphil, à
travers les GPF, sont les premières à bénéficier de
ces impacts positifs dans la gestion rationnelle des ressources. Ces
différents projets de maraîchages leur aident à diversifier
la production et même d'innover de nouvelles activités
génératrices de revenus.
Etant les grandes utilisatrices des ressources naturelles,
leur influence à l'intérieur des foyré étant plus
large que généralement admise, elles pourraient être le
moteur visible, dans l'espace public, d'un changement culturel relatif à
la relation entre l'homme et la terre dans l'île à Morphil.
*
* *
D'une manière générale, les ressources
naturelles sont gérées selon les normes de conduite mises en
place depuis la nuit des temps dans cette aire culturelle. Et les techniques
traditionnelles relativement efficaces ne demandent qu'à être
améliorées puisqu'elles sont inféodées au
milieu.
Cependant, ces nouvelles actions de protection méritent
d'être encouragées dans l'optique de favoriser de nouvelles
dynamiques.
Au demeurant, ces multiples formes de GRN initiées et
exécutées par de nombreux acteurs ont eu un impact
généralement positif tant sur le plan physique que
socio-économique de l'arrondissement.
Conclusion partielle
L'arrondissement de Cas-Cas regroupe un ensemble d'acteurs
avec des ambitions, des importances et des objectifs différents. Mais,
aboutissant aux défenses des intérêts de chaque groupe. Par
conséquent, il est caractérisé par une dynamique
organisationnelle à plusieurs niveaux.
D'abord, les acteurs locaux sont très
hiérarchisés passant de l'échelle villageoise, à
travers les associations traditionnelles (classe d'âge, de caste, de
lignage, de quartier), les organisations de développement agricoles (GPF
et GIE) et les associations villageoises de développement (regroupant
les forces vives des villages), à l'échelle inter-villageoise
(FUGIAM, Fédération lao, PAPFIM, Féddé
aynabé). Ils sont au premier rang de la solution de leurs
difficultés.
Ensuite, l'Etat intervient à deux niveaux : par
ses structures déconcentrées (sous-préfet et CADL) et ces
structures décentralisées (les communautés rurales) qui
accompagnent les populations et fournissent des services de proximité.
Enfin, l'intervention des partenaires extérieurs appuie ces
différents échelons.
De cette manière, ces acteurs grâce au
développement participatif, parviennent à la gestion des
ressources naturelles. Et, les organisations communautaires de base ont une
claire perception des ressources du milieu et de leur évolution.
Malgré, les conditions climatiques défavorables,
un milieu fragile et hostile, les habitants de l'île à Morphil ont
réussi à faire face à ces contraintes et à
élaborer des stratégies de survie (technique de gestion
traditionnelle ou moderne) qui se sont adaptées à
l'écosystème.
Entre autres, assurer une utilisation continue des terres,
soit en intégrant l'agriculture à l'élevage, soit en
utilisant des produits de fertilisations chimiques, avec des
variétés de semences compatibles aux exigences du milieu.
Concernant le besoin en eau des plantes, ils ont su élaborer des
techniques de collecte des eaux pluviales qui augmentent l'infiltration de
l'eau et son stockage dans le sol. Et la pisciculture est une nouvelle
dynamique entreprenante qui réplique à la raréfaction des
ressources halieutiques.
La gestion des ressources végétales se traduit
par le reboisement mais surtout par la réalisation de 1.330 hectares de
forêts classées et la création de réserves
protégées.
En gros, les impacts de ces formes de gestions ont eu des
retombées positives tant au plan physique par la
régénération du milieu qu'au plan socio-économique
par l'amélioration des conditions de vie des populations.
Loin de faire partie du problème, ces habitants du
« dandé mayo » constituent une des solutions aux
contraintes de l'ile à Morphil.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette réflexion, l'île à
Morphil est un milieu particulier dont la diversité des ressources (eau,
sol et végétation) conditionne une exploitation, qui jadis
centrée autour de trois activités primaires (agriculture,
élevage et pêche) se résume actuellement en seul
domaine : l'agriculture irriguée.
Cette étude sur la gestion des ressources naturelles a
été pour nous l'occasion de faire un diagnostic de l'état
des différentes ressources du milieu et d'évaluer les exigences
environnementales qui pèsent sur elles. En effet, l'île à
Morphil est un milieu peu contrasté de par sa géologie et son
relief, mais ont été en mesure de fournir des sols adaptés
au système de culture. Le climat marqué par son
irrégularité qui conditionne une végétation
dégradée, est pallié par une diversité des
ressources hydrique.
Toutefois, les contraintes environnementales n'ont pas
épargné ce terroir aux multiples facettes dont plusieurs effets
agressent (inondation, sécheresse, érosion, disparition du
couvert végétal et de la faune). Ces problèmes sont
à l'origine d'une crise à caractère conjoncturelle qui est
une entrave au développement local avec des facteurs anthropiques et
physiques aidant.
Par ailleurs, tout n'est pas perdu, les acteurs locaux,
nationaux, et internationaux ont réussi à développer des
stratégies défensives, à travers différents modes
de GRN pour éviter une dégradation irréversible. Certaines
pratiques traditionnelles ont prouvé leur efficacité et ne
demandent qu'à être soutenues car bien propres au milieu (mballa,
protection des eaux). Dans cette lancée, des innovations modernes sont
une parfaite illustration, que cette population est ouverte à toute
forme de gestion, pourvu que les impacts soient positifs.
La symbiose de ces actions de développement
témoigne de la ferme volonté des populations locales d'être
au summum des activités de gestion de leur terroir. Elle a
favorisé l'émergence d'une nouvelle perception des
problèmes environnementaux qui tiennent compte à la fois de
l'évolution des écosystèmes et des systèmes de
production.
Notre recommandation en vers la GRN épouse
l'orientation suivante : tout appui (Etat, ONG) pour la sauvegarde de
l'environnement et des RN doit prendre en compte, d'abord toutes les
contraintes du milieu et associer les principaux concernés. Il faut donc
un diagnostic participatif et global de la situation à l'image de celui
du Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols qui a réussi à
réunir autour d'une table tous les acteurs.
Pour la réussite totale des actions de
développement, les populations locales doivent d'abord se sentir
responsable de la dégradation des RN, concernées par les
problèmes générés et les stratégies de
lutte.
Elles doivent en faire leur propre affaire et
« décréter la fin de l'Etat providence » et
ne plus conditionner leur implication dans une quelconque action par une
motivation financière. Les politiques de décentralisation et de
développement local l'exigent. Elles doivent en outre renforcer le
dynamisme des communautés.
L'Etat, pour sa part, a l'obligation d'accompagner la
collectivité locale par une hausse du fonds de concours de la
décentraliser tout en l'aidant à régler le problème
de recouvrement de la taxe rurale et autres taxes ou redevances. Les
partenaires au développement, devront alléger la contre partie
financière demandée aux populations locales
bénéficiaires et pauvres.
L'Etat, les populations et les partenaires doivent s'orienter
vers la mise en cohérence de l'ensemble des interventions et militer
pour une réduction de la pauvreté en milieu rural par la gestion
des ressources naturelles.
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naturelles dans la communauté rurale de Kounkané »
Mémoire de Maîtrise Géographie UCAD 93 p
20) Dione Mamadou et Jacques Vassal, 1998 « Gommose
et rythme de production gommiére chez Acacia seyal »,
Article 12 pages
21) DSRPII 2007 « Gestion des ressources naturelles
et environnement » in DSPR 2006-2010
22) ENEA, 2006 « Guide Méthodologie pour
l'élaboration d'un mémoire de fin d'études » 38p
23) Engelhard Philipe et Taoufik ben Abdallah, 1986
« les Enjeux de l'Après barrage : vallée du
Sénégal » Enda, 636p, Paris
24) Georges Pierre, 1993 « Dictionnaire de
Géographie », PUF, Paris, 268 pages
25) GIRI Jacques, 1983 « Le Sahel demain :
catastrophe ou renaissance ? » Paris Khartala 325p
26) Hamd Ait Amara et Bernard Founou-Tchirigoua, 1989
« L'agriculture Africaine en crise : dans ses rapports avec
l'Etat, l'industrialisation et la paysannerie » Harmattan, 318 p
27) Institut for Developpement Anthropology (IDA), 1994
« Suivi des activités du bassin du fleuve
Sénégal »phase I rapport définitif, Paris
28) Kerbout (M), 1996 « Condition et
problèmes de mise en valeur dans la moyenne vallée du
Sénégal : la région de Maghama » in Cahiers
d'Outremer
29) La grande encyclopédie Larousse - Librairie
Larousse 1976
30) Mané Landing, 1996 « La surface du sol de
la moyenne vallée du fleuve Sénégal : contribution
à l'étude de la dynamique actuelle des milieux naturels - du
terrain à la télédétection
satellitaire », Thèse de doctorat Géographie, 388
pages
31) Mercoiret (M.R), 1994 « L'appui aux producteurs
ruraux : guide à l'usage des agents de développement et des
responsables de groupements », Karthala, Paris, 464 pages.
32) Michel Pierre, 1973 « Les bassins des fleuves
Sénégal et Gambie - Etudes géomorphologiques »,
Thèse de doctorat d'Etat 3 tomes 753 pages ORSTOM
33) Ministère de l'environnement et de la Protection de
la nature : rapport sur « Le développement durable
», Conférence des Nations -Unies sur l'environnement et le
développement, Brésil, Rio de Janeiro 1992, 88p
34) Nahal Ibrahim, 1998 « Principes d'agriculture
durable » Edition ESTEM, Paris 121p
35) Pélissier Paul,1966 « Les paysans du
Sénégal », Thèse de Doctorat d'Etat es Lettres
939p
36) Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE),
2006 « Travaux de synthèse sur l'avenir de l'Environnement en
Afrique », 26p
37) Projet ECOSSEN, 2000 « Ecogéographie du
Sénégal subsaharienne et Developpement : dynamique des
espaces ruraux des années 1950 à 2015 » IFAN, Laboratoire de
Géographie 261p
38) Quiry Raymond et Luc Van Campenhoudt, 1989
« Manuel de recherche en sciences sociales », Bordas,
Paris, 271 pages
39) Sagna Pascal, 2006 « Dynamique du climat et
son évolution récente dans la partie Ouest de l'Afrique
occidentale », Thèse doctorat d'Etat en Géographie.
40) Sall Mamadou Moustapha, 1982 « Dynamique et
morphogenèse actuelle au Sénégal occidental »
Thèse de doctorat d'état, Strasbourg 2 tomes, 605 pages
41) Sow Amadou Abdoul, 1984 « Pluie et
écoulement fluvial dans le bassin du fleuve
Sénégal », Thèse Doctorat de 3éme cycle
en Géographie, 442 pages.
42) Thiao (A), 2006 « La gestion des ressources
naturelles dans la communauté rurale de Ndiaffate »
Mémoire de maîtrise Géographie 120 p
43) Tyler Stephen(R), 2006 « La cogestion des
ressources naturelles : réduire la pauvreté par
l'apprentissage local », CRDI 104p
44) Utting Peter, Jaubert (R), 1998 « Discours et
réalités des politiques participatives de gestion de
l'environnement : le cas du Sénégal », Rapport
UNRISD, 135 pages
45) Vidal de Blache (P), 1922 « Principes de
géographie humaine », Paris, colin
46) Yves Lacoste 2003 « De la
géographie aux paysages : dictionnaire de
géographie »
47) Zoundi (J.S), Butari (I), Ndikumana (J) et Adomafa (K),
2006 « Intégration agriculture - Elevage : alternative
pour une gestion durable des ressources naturelles et une amélioration
de l'économie familiale en Afrique de l'Ouest et du Centre » INERA,
Burkina Faso, 370pages Armand Collin, Paris 413p
SOURCES INTERNET :
www.gouv.sn
www.ird. Fr/ spip
www.Diapol.enda.sn
www.Idrc.ca/fr/ev
www.agripade.ml
www.meteo.msn.com/local
www.pdm-net.org
www.unpan1.un.org
TRADUCTION DES TERMES LOCAUX
Aboji : dépression où
l'eau stagne
Almamiyat : titre de noblesse
religieuse
Chaino : dune de sable Ogolien
Daboundé : saison froide
(novembre - février)
Diacré : dépression
inondée
Diéri : terre de la vallée
jamais inondée par la crue
Dougguéré : marché
hebdomadaire
Falo : berge du fleuve
Féccéré fouta :
division du fouta en province
Féddé aynabé :
fédération des éleveurs
Féddé : classe
d'âge, par extension, partisan
Fêla : sorgho blanc
Fondé : bourrelet de berge
rarement inondé
Foulbé diéri : peul
transhumant
Foulbé saré : peul
sédentaire
Foyré : ménage
Gallé : enclos familial, par
extension famille regroupant plusieurs foyré
Hakkundé majjé : zone au
milieu des eaux, île à Morphil
Halpular : les toucouleurs de la
vallée
Hollaldé : vertisols
inondé par les crues
Houddou : petit barrage pour stagner
l'eau
Ilam : crue annuelle
Jaya : variété de riz
Jéjégol : zone faisant
transition entre le walo et diéri
Jiyaabé : captifs
Jom foyré : chef de
ménage
Mballa : dépression où
l'eau stagne
Ndougou : saison des pluies,
hivernage
Niébé : haricot
Nyéenebé : artisans et
griots
Rimbé : homme libre
Sammé : sorgho, gros mil
Sébbés : caste
guerrière
Soubalbé : caste
pécheur
Sounna : petit mil
Thiatgol : marigots de petite
dimension
Tiédou : saison sèche
chaude
Torodo : homme libre propriétaire
terrien
Walo : lit majeur du fleuve, terres
inondables cultivées en saison sèche
LISTE DES CARTES
Carte 1 : l'ile à
Morphil...................................................................................7
Carte 3 : Les sols de l'Arrondissement de
Cas-Cas 24
Carte 2: Situation de l'Arrondissement de
Cas-Cas 12
LISTE DES PHOTOS
PHOTO 1 : Les types de poissons plus
répandus dans le terroir 53
PHOTO 2 : GMP en panne à Siwré
57
PHOTO 3 : Pépinière de riz sur
les PIV à Thioubalel 57
PHOTO 4 : Production agricole dans les champs
................................................ 61
PHOTO 5 : Production maraîchére
61
PHOTO 6 : Les effets du ravinement
à Fondé Elimane ... 73
PHOTO 7 : L'école primaire de Dounguel
emportée par l'érosion fluviale 73
PHOTO 8 : La coupe abusive des arbres
.............................................................76
PHOTO 9 : L'impact des caprins sur la
végétation 76
PHOTO 10 : L'exemple d'un
« mballa » qui se remplit progressivement
.......................90
PHOTO 11 : Le projet de pisciculture à
Aram 93
LISTES DES GRAPHIQUES
Figure 1 : Evolution de l'humidité
relative moyenne mensuelle la normale 1979-2008 30
Figure 2 : Evolution de la pluviométrie
de 1999 à 2008 41
Figure 3 : Répartition de la production
céréalière dans l'île à Morphil 62
Figure 4 : Diagramme de polarisation
....................................68
Figure 5 : Pyramide des problèmes
agricoles 74
Figure 6 : La grappe des activités du
GPF de Cas-Cas 80
Figure 7 : Le diagramme de Venn de Cas - Cas
87
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Les villages cibles pour le guide
d'entretien 18
Tableau 2 : Les villages de
l'échantillon enquête ménage 19
Tableau 3 : Sols et aptitudes culturales
26
Tableau 4 : Direction et vitesse moyenne du
vent à Podor normale 1979 - 2008 28
Tableau 5 : Température moyenne
mensuelle (en°C) à Podor la normale 1979 à 2008......
29
Tableau 6: La moyenne mensuelle de
l'évaporation (en mm) à Podor normale 1979 - 2008 .31
Tableau 7 : Moyenne mensuelle de l'insolation
(en heure) de la période 1981 à 2000 31
Tableau 8 : Moyenne annuelle des
précipitations (en mm) à Aéré lao période
1979-2008 32
Tableau 9 : Liste des plantes observées
dans l'île à Morphil 35
Tableau 10 : Les forêts classées
de l'Arrondissement de Cas-Cas 36
Tableau 11 : Des mares et villages
polarisés 40
Tableau 12: Pluviométrie moyenne
annuelle de la station de Aéré lao de 1999 à 2008
41
Tableau 13 : Répartition de la
population par communauté rurale 48
Tableau 14 : La situation démographique
par collectivités locales en 2007 50
Tableau 15 : Répartition
socioprofessionnelle des ménages de l'île à Morphil
51
Tableau 16 : Instruments et techniques de
pêche dans l'île à Morphil 54
Tableau 17 : Le calendrier agricole
60
Tableau 18 : Matrice de classification de
quelques espèces végétales 66
Tableau 19 : Nature et importance de la
dégradation des sols par biotope 73
Tableau 20 : La structure administrative de
l'arrondissement de Cas-Cas 83
Tableau 21 : Les mesures de protection des
ressources naturelles 97
ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN
Région: ...............................
Département :
...........................Arrondissement :
............................
Communauté Rurale :
................................. Village:
.......................................
I / OCCUPATION DE L'ESPACE ET RESSOURCES
HUMAINES
1- Profil historique
1- En quelle année est fondée le village / CR?
2- Quelle est l'ethnie fondatrice / premier occupant ?
3- Qui est le chef de village ou le PCR ?
4- Quelle activité s'est développée en
premier lieu dans ce village ?
5- Quel est le site originel ?
6- Quelles étaient les ressources exploitées
à l'époque ?
7- Y' avait-il des points d'eau permanent / localisation ?
8- La pluviométrie était - elle importante ?
9- Quels sont les événements les plus marquants en
rapport avec les ressources naturelles ?
2- Occupation de l'espace
1- Quelle est la superficie du village / de la communauté
rurale ?
2- Combien d'habitants compte le village ?
3- Quel est le nombre de quartiers du village ?
4- Quel est le nombre de ménages du quartier ? Nombre de
personnes par ménage ?
5- Quelle est l'ethnie la plus représentée ?
6- Quels sont les types de groupements dans le village ?
7- Quels sont les atouts et les fins des types
d'organisations?
8- Quelles sont les structures les plus dynamiques ?
9- Comment percevez-vous les aménagements hydro-agricoles
?
3- Niveau d'équipement en
infrastructures
1- Quel est le nombre d'écoles ? De classes ? De la
population scolaire ?
2- Quel est le nombre de structures sanitaires (case, poste,
maternité) ?
3- Quel est le nombre de marchés (journaliers,
hebdomadaire) ?
4- Quelles sont les autres infrastructures dont vous disposez
?
II / LES RESSOURCES NATURELLES : POTENTIALITES
ET CONTRAINTES
1- Les ressources hydriques
1- Quelles sont les ressources en eau dont vous disposez dans la
zone ? Donner leur nom ?
2- Quelle est l'importance de ces points d'eau ?
3- La pluie est - elle importante en quantité ? Quelle est
la durée de la saison des pluies ?
4 -Quelle remarque faites-vous de la pluviométrie des
trente dernières années ?
5- Quelle est la durée de rétention de l'eau ?
6- Quelle est la période de rétention des eaux ?
7- Quelle utilisation faites- vous des eaux du fleuve ?
8- Quelle est la qualité de l'eau ?
9- Quel est l'état de la nappe ?
10- Comment utilise t-on les eaux souterraines ?
11- Quelles sont les contraintes liées à l'eau ?
2- Les ressources
pédologiques
1- Quels sont les types de sols (noms locaux) ?
2- Quelle est la qualité des sols ? Répond- elle
à l'attente des agriculteurs ?
3- Y' a t-il une dégradation des sols ? Causes ?
4- Quelles sont les solutions aux problèmes de la
dégradation ?
3- Les ressources
végétales
1- Y 'a-t' il des forêts classées ou autres ?
2- Quels sont les types de forêts (classées-
naturelles - reboisées)?
3- Quels sont les principaux peuplements forestiers ?
4- Quelle utilisation fait - on de la végétation ?
5- Avez-vous constaté une diminution du couvert
végétal ? Y' a t-il des espèces qui ont disparu ?
6- Quels sont les causes de ces disparitions ?
7- Y' a t-il de nouvelles espèces ou des espèces
protégées ?
8- Y' a t'il des zones où les ressources sont
préservées ? Pourquoi le sont-elles ?
9- Quelles sont les espèces aquatiques rencontrées
dans la zone ?
10- Quelles sont les contraintes liées à ces
espèces ? Quelles sont les solutions à ces contraintes ?
4- Les ressources animalières
(faunistique)
1- Qu'est- ce qui explique la toponymie « ile à
Morphil » ou « hakkundé majjé »?
2- Comment était la brousse autrefois ? Avant les barrages
? Après les barrages ?
3- Quelles sont les différentes espèces sauvages ?
Où se trouvent ces animaux ?
4- Quelles sont les espèces les plus
représentées ?
5- Y' a t-il une diminution ? Quelles sont les causes ?
6- Quelles sont les solutions à ces problèmes ?
III/ EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
1- L'agriculture
1- Quels sont les types de cultures pratiquées (cultures
vivrières / commerciales) ?
2- Quel type d'agriculture pratiquez - vous (sous-pluie /
irrigation / maraichage) ? Pourquoi ?
3- La terre est - elle productive ? Quels sont les rendements
?
4- Combien de fois cultivez - vous par an ? (calendrier)
5- Quelle est la production à l'hectare pour chaque
spéculation ?
6 -Comment jugez-vous cette production au cours de ces
décennies ?
7- Utilisez- vous des intrants ? Si oui, quelles sont les
structures qui garantissent la distribution ?
8- Quel type de matériel utilisez-vous pour vos cultures
champêtres ? Quels sont les raisons ?
2- L'élevage
1- Qui pratique l'élevage dans cette zone ?
2- Quel type d'élevage pratique t- on dans la zone ?
3- Quel est l'effectif du cheptel ?
4- Quels sont les types d'animaux élevés dans cette
zone ?
5- Y' a t-il des zones de parcours pour le bétail ?
6- Comment est l'élevage avant et après les
barrages ?
7- Existe encore des mouvements du cheptel ?
8- Quel type de fourrages apprécie le bétail ?
9- Quels sont les problèmes ou les maladies qui menacent
le bétail ?
10- Y' a t-il des problèmes entre agriculteurs et
éleveurs ?
11- Est-ce que l'élevage bénéficie d'un
encadrement ?
12- Existe - il des structures d'exploitation des ressources
animalières ?
13- Quel est l'avenir de l'élevage dans la zone ?
3- La pêche
1- Comment se présente la pêche dans l'ile à
Morphil ?
2- Comment était la pêche avant le barrage ? Les
espèces capturées à l'époque ?
3- Comment est la pêche actuellement ? A qui sont
destinés les produits ?
4- La pêche occupe t- elle l'essentielle de vos
activités ? Quelles sont les revenues ?
5- Quelles sont les contraintes de la pêche ?
6- Y' a t-il une gestion des ressources halieutiques ?
7- Quel est l'avenir de la pêche dans la zone ?
4- La chasse
1- Quelle est l'aire de chasse de la zone ?
2- Comment se pratique la chasse ?
3- Quelles sont les espèces chassées et / ou mises
en défens ?
4- Quels sont les matériels de chasse (traditionnel /
moderne) ?
5- La chasse est- elle saisonnière ou annuelle ?
6- Quelles sont les contraintes et les solutions
préconisées ?
IV / GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES
1- Les activités de gestion des ressources
naturelles
1- Quelles sont les activités menées en vue de la
fertilisation des sols ? Citez - les ?
2- Comment faites - vous pour protéger vos sols ?
3- Que faites - vous pour gérer l'eau ?
4- Comment lutter contre le manque d'eau ?
5- Comment lutter contre la salinisation des eaux ?
6- Quelles sont les activités agro-forestières et
de reboisement ?
2- Cadre organisationnel
1- Quels sont les types de ressources naturelles en gestion dans
le village ?
2- Quelles sont les structures qui gèrent les ressources
naturelles ?
3- Comment sont- elles gérées ? Y a t-il une
coordination dans la gestion ?
4- Tout le village est-il concerné ?
5- Quelles sont les formes de gestion villageoises ?
6- Y' a t-il des structures traditionnels de gestion des
ressources naturelles ? Lesquelles ?
7- Quelles sont les structures ou personnes les plus dynamiques
dans la gestion des RN ?
8- Quels sont vos partenaires dans la GRN ? Dans quels domaines
interviennent - ils ?
9- Quelles activités alliant exploitation et gestion des
RN sont développées dans la zone ?
ENQUETE - MENAGE
1- Identification
Communauté Rurale : ..................................
Nom du village : .................................
Prénom et nom du chef de village :
..........................................................................
Age du chef de ménage : ............................
Sexe : masculin féminin
Ethnie : halpulaar wolof Sérére
Maure étranger autres
Taille du ménage :
Nombre d'enfants :
Nombre de personnes en charge :
Nombre d'actifs :
Quel type de maladie souffre t- on le plus dans la zone
?
Bilharziose Paludisme Fièvre jaune
Diarrhée Choléra Rougeole
2- Activités du
chef de Ménage
Agriculteur Éleveur Pécheur
Commerçant autres
Avez- vous des enfants en exode ? Oui
Non
Combien ? Dans quel pays ?
Quel est le revenu mensuel du ménage ?
Avez- vous d'autres sources de revenus ? Oui
Non
Citez - les par ordre d'importance
..................................................................................
Y' a t-il des revenus de transfert ? Oui
Non
Les revenus sont- ils suffisants ? Oui
Non
Quelle est la superficie de votre parcelle ?
Inférieur à 5 ha entre 5 et 10
ha supérieur à 10 ha
Comment avez vous obtenu ces terres ?
Héritage attribution CR
Échange Prêt Location
Quel est le mode de gestion des terres du village ?
Collectif individuel
Y' a t-il des conflits concernant la gestion des terres ?
Oui non
Citez par ordre d'importance les spéculations
pratiquées ?
Riz mil sorgho Mais
Maraichage Pastèque autres
Quels sont les animaux dont vous disposez ?
Bovins Ovins Caprins Équins
Asins autres
Quelles sont les contraintes de l'agriculture /de
l'élevage dans le village ?
Salinité des terres sécheresse
manque de terres érosion manque d'intrants
Autres
Pouvez - vous indiquer vos rendements ( t/ha) ?
Riz :......................... Mil :
...........................Sorgho :..................... Mais :................
Pastèque:................... Niébé
:.....................
Avez -vous perdu des terres à cause de la
salinité ? De l'érosion ?
Oui Non taille
(superficie en ha)
Où pratiquez- vous de l'irrigation ?
PIV Périmètre intermédiaire
périmètre privée autres
Y' a t-il une utilisation complémentaire entre le walo
, le Diéri, le Falo , le Fondé ?
Oui Non
La production agricole répond - t'elle au besoin en
nourriture de la famille ? Oui Non
Quelle eau consommez - vous ? Eau de forage Puits
fleuves mares autres
L'eau est -elle salée ? Oui non
Si oui quel est le niveau de salinité de l'eau ?
Trop avancé avancé faible
Que faites vous pour lutter contre la salinité ? Le
manque d'eau ? Le manque de fourrage ? La raréfaction des ressources
halieutiques ?
Quelle est la distance moyenne pour s'approvisionner en eau
? Km
Quelle est la distance moyenne pour s'approvisionner en bois
? Km
Quels sont les produits forestiers que vous exploitez ?
Appartenez - vous à un groupement ? Oui
Non
Lequel ?
Que fait votre groupement pour gérer les ressources
naturelles ?
Y' a t-il des partenaires qui vous appuient dans la GRN
?
Lesquels ?
Domaine d'intervention : eau sol
végétation
Quels sont les résultats des différentes
activités de GRN ?
Satisfaisant Peu
satisfaisant Pas satisfaisant
Limites ?
Quelles sont les OCB les plus dynamiques en matières de
GRN ?
Quelles sont les pratiques traditionnelles de gestions
toujours en vigueur dans la zone en ce qui concernent les eaux ? Le Sol
? L'agriculture ? L'élevage ?
Table des matières
I. PROBLEMATIQUE 7
CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES
PEDOLOGIQUES 12
I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE 12
II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12
CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION 14
I. LE CLIMAT 14
Périodes 15
II. LA VEGETATION 20
CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE 23
I. LES COURS D'EAU 23
II. LES RESSOURCES HYDRIQUES 23
Année 24
Table des matières 65
I. PROBLEMATIQUE 7
CHAPITRE I : LA
GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12
I. L'EVOLUTION
GEOMORPHOLOGIQUE 12
II. LES RESSOURCES
PEDOLOGIQUES 12
CHAPITRE II : LE CLIMAT ET
LA VEGETATION 14
I. LE CLIMAT 14
Périodes 15
II. LA VEGETATION 20
CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE
23
I. LES COURS D'EAU
23
II. LES RESSOURCES HYDRIQUES
23
Table des matières
65
* 1 _ Mercoiret (M.R), 1994
« L'appui aux producteurs ruraux : guide à l'usage des
agents de développement et des responsables de groupements »,
Karthala, Paris, 464 pages
* 2 _Ibrahima Nahal, 1998
« Principes d'agriculture durable », édition ESTEM,
Paris 121 pages
* 3 _Albert Diagne, 1995
« Les changements d'état d'un paysage de la moyenne
vallée du fleuve Sénégal (Podor) 1989-1990 »,
Thèse doctorat de 3éme cycle en géographie, 298
pages
* 4
_SAED : Société
d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du fleuve
Sénégal
* 5 _Pascal Sagna, 2005
« Dynamique du climat et son évolution récente dans la
partie Ouest de l'Afrique occidentale. », Thèse de doctorat
d'Etat en géographie.
* 6 _ Données non
disponible à partir de 2003
* 7 _ DM : données
manquantes
* 8 _Mamadou Moustapha Sall,
1982 « Dynamique et morphogenèse actuelle au
Sénégal occidental », Thèse doctorat d'Etat,
Strasbourg tome 1
* 9 _ EQUESEN, 1993
« Environnement et qualité des eaux du
Sénégal. » Rapport de synthèse de Gac et al
projet CEE
* 10 _Ibrahima Dia, 1988
« Socio-logiques et écologie dans la problématique des
aménagements hydro-agricoles dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal », ISE, Thèse doctorat 3éme
cycle, 281 pages.
* 11 _ Hamady Bocoum, 2000
« L'Age du fer au Sénégal » ,
Coopération française, IFAN
* 12 _ RGPH : Recensement
Général de la Population et de l'Habitat
* 13 _ Mballa : technique
de collecte des eaux pluviales qui augmentent l'infiltration de l'eau ainsi que
son stockage dans le sol.
* 14 _ Le GPF met à la
disposition d'un groupe de trois femmes un veau dont elles vont se charger de
l'entretien jusqu'à la maturité, ensuite le
bénéficie est partagé entre ces membres et le
groupement
* 15 _ Pour l'Acacia
nilotica par exemple : les feuilles et le jeunes rameaux sont
donnés en fourrage aux animaux, l'écorce est profondément
crevassée pour exsuder une gomme rougeâtre utilisée en
teinturerie. Les gousses sont employées dans le tannage des peaux. Le
bois est fortement utilisé dans la construction et comme charbon de
bois. Ses feuilles soignent la dysenterie.
* 16 _UDEST : Union pour
le Développement Economique et Social de Thioubalel lao
* 17 _ Résilience :
mot que les psychologues ont emprunté à la physique des
matériaux pour décrire la capacité de certains individus
à surmonter les épreuves auxquelles ils sont
confrontés.
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