CONCLUSION GENERALE
La question de la sécurité alimentaire et de
développement rural occupe une place fondamentale dans la
stratégie de réduction de la pauvreté dans le monde. A
l'heure actuelle avec une crise pétrolière qui secoue la
sphère économique mondiale dans sa globalité .les
populations des pays non producteurs de pétrole sont exposées
à une crise sans précédent, surtout celles de l'Afrique de
l'Ouest. De ce point de vue le retour actif vers l'agriculture domine les
discours des dirigeants politiques .En effet l'agriculture est un instrument de
fondamental pour la réalisation de l'objectif de développement
du millénaire qui consiste à réduire de moitié
d'ici 2015 la proportion de la population vivant dans l'extrême
pauvreté et souffrant de la faim chronique. Puisque les trois quarts des
habitants pauvres des pays en développement surtout ceux de l'Afrique
de l'Ouest, vivent dans les espaces ruraux, et la plupart d'entre eux tirent,
directement ou indirectement, leur subsistance de l'agriculture. Le rapport
entre agriculture et monde rural offre des directives aux gouvernements qui
peuvent les aider de manière à avoir un réel effet sur la
vie de centaines de milliers de ruraux pauvres.
Etant donné le rôle déterminant du secteur
agricole la sécurité alimentaire et le développement ne
peuvent être cernés en dehors de celui-ci. L'hypothèse le
pus plausible qui se dégage de cette analyse est que le secteur agricole
reste le point focal, aussi bien sur le plan alimentaire et sur le financement
des autres secteurs et il est également un moyen d'allocation des
ressources et aussi de freinage de l'exode rural.
Ainsi les réflexions, les propositions d'orientation et
des solutions avancées ne suffisent pas ; il faut que nous
comptons sur nous-mêmes, de s'avouer de nos faiblesses pour tirer
meilleure parti de nos abondantes richesses. Il s'agit pas de constater les
maux et de disposer des potentialités et d'espérer mais il faut
que chacun (paysans, ingénieurs agronomes, gouvernement, organisations
internationales, ONG, partenaires...) ait la volonté d'éliminer
la racine du mal.
SECTION 1 : HISTORIQUE DE LA CRISE ALIMENTAIRE ET LES
PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST.
INTRODUCTION
Près d'un demi-siècle maintenant après
l'avènement des indépendances, il est clair que la situation de
l'Afrique n'est pas brillante. Les pays de l'Afrique de l'Ouest font tous
partis presque des pays les plus pauvres de la planète. La
sous-alimentation et la malnutrition y sont fréquentes et se font
ressenties plus et particulièrement dans le monde rural où les
capacités d'adaptation au nouvel rythme du monde moderne (mondialisation
avec suppression des entraves commerciales) y sont très faibles voire
inexistants d'une région à une autre. Celles-ci
occasionnées par une agriculture qui ne répond plus aux attentes
et des difficultés de financement des agriculteurs accusés par
une baisse de leur revenu, combinées avec la répartition mal
orientée des crédits et intrants agricoles.
Ainsi nous allons aborder en premier lieu la crise alimentaire
avec ses débuts, et qui continue à entériner les
économies Ouest Africaines et l'ensemble des facteurs qui favorisent sa
persistance. Ensuite nous parlerons en deuxième lieu les
problèmes en milieu rural avec la reconversion des paysans sur les
produits de rentes au détriment de ceux vivriers et des tendances
démographiques explosives.
I. L'origine de la crise vivrière
L'insécurité de l'approvisionnement et de la
consommation alimentaire est un problème sérieux en Afrique de
l'Ouest surtout depuis le début des années 70. Depuis cette date
le déficit alimentaire de la région n'a fait qu'augmenter. Les
importations de biens alimentaires, y compris l'aide alimentaire, ont
augmenté rapidement alors que les exportations de biens alimentaires ont
régressé. Donc l'origine de l'insécurité
alimentaire réside dans les problèmes de l'offre et de la
demande.
En outre les projets développements se complexifient de
plus en plus avec les menaces de sécurité alimentaire .Cela
prolonge la question fondamentale de la survie humaine. Sur le plan mondial,
jusqu'en 1985, la production céréalière augmentait plus
vite que la population. Mais depuis cette date elle augmente moins vite :
les stocks diminuent, les prix du riz et du blé (produit importes pour
l'Afrique de L'Ouest) s'envolent. Ces excédents de
céréales qui fournissaient les aides alimentaires, diminuent
vîtes. Du point de vue démographique, la croissance de la
population dépasse celle des progrès agricoles. Les quels sont
contraints par manque d'eau suffisant et surtout la dégradation des
climats dont les pauvres enregistrent des externalités négatives.
Les sécheresses, les inondations, ainsi que les feux de brousse se
multiplient dans pratiquement toute la région Ouest africaine. De
là, on peut parler d'une menace de crise alimentaire sans
précèdent surtout dans nos pays où on a de faibles
avantages comparatives dans la production vivrière. Celle-ci donne un
surcroît d'intérêts aux projets de développement et
oblige à leur donner une priorité grande encore.
Il serait normal que les paysans puissent vendre leurs produits
alimentaires, céréales, viandes, légumes etc. dans les
villages à des prix raisonnables. Cela est d'autant plus important que
la proportion de population urbanisée augmente rapidement. Au
début du XX ème siècle, en Afrique de l'ouest, la
population représentait moins d'une personne sur vingt et en 2000 on a
dépassé une personne sur trois. Pour que chaque pays parvienne
à l'autosuffisance, alimentaire, il faudrait que les paysans vendent
dans les villes des tonnages considérables, et en croissance rapide de
céréales, de produits maraîchers, de viande etc. cela est
nécessaire aussi pour que les paysans puissent accéder à
un niveau de vie meilleur et disposer en plus de nourriture de chaque jour de
ressources financières pour acheter en ville des articles industriels et
artisanaux. C'est normalement la paysannerie qui sera demain le meilleur
marché pour les produits de l'industrie et de l'artisanat ouest africain
or, pendant des années et dans certains pays, jusqu'à maintenant,
les paysans se sont trouvés pour vendre leurs produits vivriers ,
devant une très grande difficulté, qui était, et qui reste
un problème majeur de la sous région ouest africaine :
plusieurs produits alimentaires essentiels notamment le riz, la viande, le
maïs, le blé arrivaient en Afrique à des prix
extrêmement bas, et cela en raison de deux phénomènes
simultanées : la politique commerciale agricole des Etats Unis et
de l'U.E, et les politiques monétaires de la sous région.
En Afrique, l'agriculture devrait être prioritaire et ou
les paysans sont nombreux, ils sont subi pendant des années des
ponctions financières excessives. Par contre, dans les pays occidentaux
très industrialisés où les paysans sont une infime
minorité, ils bénéficient de subventions variables,
souvent très fortes. D'où les prix bas (dumping) pratiqués
sur le marché mondial pour défier la concurrence.
Or à peu près à la même époque,
la plupart des monnaies de nos pays Ouest africain étaient
surévaluées d'environs 75% par la Banque Mondiale, surtout le
FCFA entre 1974 et 1984 alors que les monnaies asiatiques étaient sous
évaluées environs de 25%.
Pour toutes ces raisons, les céréales du monde
extérieur arrivaient en Afrique de l'ouest à des prix
extrêmement bas en monnaie locale. Cela constitue une dés
incitation à la culture locale vivrière et un recours massif
à l'importation.
I-2- Effets des facteurs exogènes et
endogènes à la production agricole : (sols,
climats, érosions...)
« Le tiers monde tropical pourrait être le
grenier du Monde. A condition que le développement et ses
méthodes soient repensés. » Pierre Gourou (Terre de
bonne espérance, op.cit., 1982, 4 ème page de
couverture).
Quelque fois les effets peuvent s'agir de problèmes
causés par un évènement précis comme le
déclenchement d'un conflit, mais bien souvent, il s'agit de
problèmes persistants, chroniques et structurels, qui exacerbent les
difficultés existantes liées à la fragilité des
écosystèmes et à la sévérité des
conditions climatiques. Ceux-ci constituent une influence considérable
sur la capacité de la population d'un pays à assurer
elle-même son approvisionnement en denrées alimentaires.
Les climats sont très variés surtout en Afrique de
l'ouest. Ils vont de l'extrême sécheresse avec de très
fortes variations des températures. Ils sont tout de même
marqués partout par rudesse, une violence dans les
phénomènes : averses très brutales,
sécheresses excessives avec des taux d'humidité de l'air qui
descendent souvent au Sahel en dessous de 15%, vents très forts en
pleine sécheresse. Et naturellement chaque climat a des incidences sur
les possibilités de végétation, de culture et de
fructification dans la zone considérée. D'abord le volume de
récolte a diminué parfois d'un quart et parfois d'une
moitié et cela remonte de la sécheresse éprouvée
par le Sahel depuis les années 70. Des pâturages jusqu'alors
prospères ont disparus et de nombreuses bêtes ont du être
abattus faute de nourriture. Des nappes d'eau peu profondes ont baissées
et des puits ont taris. Ainsi des populations surtout rurales ont souffert de
la faim, et vu leurs ressources diminuer ou disparaître ; des
centaines de milliers de personnes ont péri et d'autres biens plus
nombreux auraient péri sans l'aide alimentaire internationale. A cela
s'ajoute également l'érosion pluviale par le ruissellement qui
agresse les sols. C'est un phénomène d'entraînement par la
pluie d'une partie de la terre qui recouvre le sol. L'importance cette
érosion dépend de plusieurs facteurs, la pente du sol,
l'intensité de la pluie par heure ou par minute le couvert
végétal. Il faut donc noter que l'intensité
instantanée de la pluie pendant les grandes averses est sensiblement
plus forte dans les régions surtout équatoriales avec des
hauteurs d'eau deux à trois fois plus fortes pour les averses d'au moins
trente minutes et une force de frappe de la pluie cinq à dix fois plus
grande. A cet égard les climats entraînent une très forte
agressivité contre les sols.
Cette érosion est d'autant plus nuisible que la pluie
entraîne les particules les plus fines et notamment celles d'argile qui
sont les plus utiles pour la qualité des sols et pour leur
fertilité. Sur les terrains en faible pente, l'érosion diminue la
fertilité, le couvert végétal se dégrade ;
cela entraîne une augmentation du ruissellement, donc de
l'érosion, et on se trouve dans cercle vicieux de production
alimentaire.
- Le lessivage
Le lessivage résulte aussi des pluies, mais c'est un
phénomène différent de l'érosion pluviale. C'est en
somme le transport de certains aliments solubles du sol verticalement vers le
bas lorsque l'eau traverse les couches superficielles du sol. Sa force et ses
inconvénients dépendent naturellement de l'intensité de la
pluie et de la nature du sol et de la saison où la pluie se produit.
Des expériences précises avec mesures de
quantité faites dans le centre du Sénégal ont
montré qu'il peut emporter dans ces régions, par an et par
hectare 5 à 30 kg d'azote, 10à 20kg de potasse. C'est dire que
le lessivage peut être vraiment désastreux pour les sols, d'autant
plus que ces pertes importantes en éléments très utiles
pour l'équilibre du sol le rendent plus perméable et augmentent
encore le lessivage futur. Il y a encore là un véritable cercle
vicieux.
- L'érosion éolienne
Il s'agit de l'arrachement par le vent des particules du sol, et
du transport vers d'autres zones ; comme cette érosion
enlève l'argile, elle laisse en place dans les régions
sèches du sahel des sables plus ou moins grossiers.
Des mesures faites vers 1952 par le professeur Portières
au Sénégal avaient montré que le pourcentage de sable
grossier (0,2mm à 2mm) était plus de 60% au nord de Louga et de
l'ordre de 30% au sud de la ligne Thiès- Diourbel là où
les vents sont moins forts. Et ces régions sont actuellement en perte de
vitesse de leur puissance agricole d'où la persistance de la
pauvreté de la sous-alimentation. Un effet très visible et
même spectaculaire de l'érosion éolienne existe au
Sénégal : la longue période de sécheresse qui
à frappé le pays de 1970 à 1983 à très
fortement réduit dans tout le pays l'importance du couvert
végétal, arbres, arbustes, herbes. Du coup, les vents trouvaient
moins d'obstacle transportent plus facilement les sables fins ou moyens et les
particules d'argile. En pleines saisons sèches dans certaines
localités de décembre à mars, l'air est parfois
chargé de sable créant une sorte de brume de sécheresse
qui n'existait jusque vers les années 70. (Aménagement de
l'économie agricole et rurale au Sénégal, par le
professeur Portières ; centre de recherches agronomiques de Bambey,
Sénégal 1952).
Les agressions liées à des
activités humaines
La culture extensive
La culture extensive traditionnelle ou culture itinérante,
telle qu'elle était pratiquée, jadis, n'était
enrichissante pour les sols. Laissé à lui-même pendant
vingt à trente ans, le sol se reconstituait ; la
végétation, d'abord les herbes puis les arbustes, puis les
arbres, recréaient l'humus structure teneur normale en azote. Mais
l'augmentation de la population, en réduisant la durée de la
jachère, perturbe complètement ce processus, dès l'instant
où la culture extensive est accélérée, elle
constitue pour le sol un très grave danger quand le cultivateur revient
sur son champ après seulement trois ou cinq ans de jachère, le
sol n'est pas reconstitué, il n'a pas retrouvé les
qualités nécessaires pour une culture normale, en structure,
humus et en azote, et outre dans le cercle vicieux appauvrissement des sols,
baissent des rudiments, augmentation des surfaces cultivées et
réduction du temps de jachère se succédant et s'aggravant
mutuellement.
L e surpâturage
Ce type d'agression des sols concerne les zones où il ne
pleut pas beaucoup mais où des hauteurs de 100, 300 ou 400mm
créent de vastes pâturages propices à la circulation et au
stationnement des troupeaux. Dans les années 50 et 60 il y avait un
certain équilibre entre fourrage et nombre de bêtes qui les
consommaient mais depuis lors cet équilibre est bouleversé par
une augmentation de la population générale qui entraîne une
augmentation parallèle des éleveurs avec la conservation des
habitudes ancestrales d'élevage. Dans celui-ci, le but est non pas de
vendre le plus possible de viande mais de d'augmenter le nombre de têtes
de son troupeau, lequel est le trésor du pasteur et le symbole de sa
richesse. Les bêtes nombreuses con sommes les fourrages dès que
cela est possible et finissent par tondre l'herbe au ras du sol,
empêchant une pousse normale. Dès lors le sol est
dénudé et devient plus vulnérable devant l'érosion
éolienne et pluviale, là encore le cercle vicieux est ainsi
créé.
Le feu de brousse
Il est incontestable que sur un plan général, ces
feux de brousses sont une catastrophe car ils détruisent à
vitesse à accélérée le couvert
végétal, diminuent la résistance de sols aux
érosions qui les menaces et finalement les tuent. Donc c'est un
phénomène qui nécessite une campagne de sensibilisation
à l'endroit des agriculteurs. Ils emploient, en effet, des
méthodes de défrichage ou de déboisement qui
détruisent l'humus.
II. Faible accès au crédit
agricole
Pour accomplir l'indispensable passage à la culture
stabilisée, le paysan à besoin de quelques moyens dans la plupart
des cas, il devra passer à la culture attelée et à la
fumure animale ou compost végétal ; il lui faudrait bien
acheter une paire de boeufs, une charrue, une charrette, un semoir. Si pour
diverses raisons (impossibilité d'élevage des bovins du fait de
la présence de tsé-tsé, terre excessivement lourde,
excès d'herbes) il est obligé d'adopter la culture
motorisée, il devra acheter un motoculteur ou un petit tracteur. Dans
toutes les régions, maintenant ou un peu plus tard, il faudra se
procurer des engrais chimiques et des produits phytosanitaires.
Or, en culture extensive, le paysan n'a pas d'argent devant
lui. On se trouve devant un cercle vicieux : il faudrait de l'argent pour
cultiver mieux ; et il faudrait cultiver mieux pour avoir de l'argent.
On est malheureusement obligé de constater que dans
plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, le dispositif de crédit agricole
s'est effondré et cela pour plusieurs raisons.
D'abord et avant tout à cause du volume
élevé des crédits impayés. Les organismes de
crédit agricole qui avaient au départ des disponibilités
relativement importantes les ont vues fondre rapidement parce que les paysans
ne remboursaient pas les emprunts qu'ils avaient souscrits, ou ne les
remboursaient que partiellement.
De façon générale, on observe que les
paysans sont peu enclins à rembourser l'argent qu'ils doivent aux
banques ou aux organismes importants de crédit ou aux
coopératives. Comme l'écrit Claude Guillemain «
Pourquoi le paysan rembourse -t-il peu ? L'argent qu'on lui prête
vient de loin, il ne sait d'où, c'est de l'argent
étranger ».
En outre le remboursement de dette de ce genre de
caractère administratif, ne fait pas parti des impératifs de la
morale villageoise ancestrale et le fait de ne pas rembourser apparaît
comme une véritable faute morale.
Enfin, il y a un certain laxisme des gouvernements. Dans
plusieurs cas, par le billet des coopératives ou par le canal des
sociétés de développement ou à travers des banques
de crédit agricole trop liées à l'Etat, des gouvernements
ont accepté, plus ou moins ouvertement, que les paysans ne remboursement
des dettes qu'ils avaient contractées auprès des organismes. Au
Sénégal par exemple, le Gouvernement avait décidé,
quatre reprises au cours des années 70 d'annuler les dettes de
cultivateurs.
Devant les mesures de ce genre, les cultivateurs ont pris
l'habitude de considérer que les emprunts contractés par eux
pouvaient ne pas être remboursés. Les réserves des
organismes de crédit agricole se sont taries et ceux-ci n'ont plus du
tout d'argent ; dans plusieurs Etats de la sous région, il n'y a
plus vraiment de possibilités de crédit.
Actuellement, instruits par des expériences ainsi faites u
n certain nombre d'Etats sont entrain de reconstituer des systèmes de
crédit agricole sur des bases entièrement nouvelles.
II. PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT DU MONDE
RURAL
II 2. UNE AGRICULTURE DEPASSEE PAR LA REVOLUTION
DEMOGRAPHIQUE
Un fait fondamental, l'Afrique de l'Ouest a vécu depuis
quelques dizaines voire vingtaines d'années une véritable
révolution démographique. Historiquement c'est une population
stable. Puis s'est instaurée une croissance qui s'est peu à peu
accélérée pour atteindre environ 2% /an (Banque Mondiale)
vers 1960 et 3% depuis les années 80. Et depuis 1940 la population a
triplé dans presque tous les pays de la sous région.
Comme, pendant cette période, les rendements n'ont
pratiquement pas augmenté, il a fallu, bien sur pour vivre,
tripler aussi la surface cultivée. Cela rejoint la démarche de
RICARDO pour expliquer son pessimisme. Car l'augmentation de la population
entraîne la culture des terres de moins en moins fertiles ; ce qui
réduit les rendements. De ce fait, dans de nombreuses localités
la durée de la jachère est maintenant réduite. Là
où la rotation de la culture se fait par exemple permet une
reconstitution et la culture recommence normalement. Mais la culture recommence
sur un sol moins performant que le précédent, ce qui limite le
rendement. Cette baisse de productivité accompagnée par une
augmentation forte de la population ne procure pas une situation alimentaire
favorable.
Une des conséquences les plus notées est le
phénomène d'exode rural ; les populations se
déplacent vers les régions les plus rentables (exemple des
burkinabés dans les plantations ivoiriennes) ou vers les centres urbains
où l'insertion sociale pose des difficultés. Et plus intense
encore avec le phénomène de l'émigration clandestine, les
jeunes, bras valides de l'Afrique de l'Ouest, bravent les océans pour
atteindre les pays de l'Europe.
II 2.CAUSES DE LA BAISSE DU REVENU DES PAYSANS
Apres les indépendances, le rythme, des économies
Ouest Africaine, en terme de croissance, était proportionnelle aux
normes de progression des cultures d'exportation (arachide, cacao, coton, bois,
banane etc.).Mais cela s'est détruit depuis les années 70. En
effet, la morosité de l'économie mondiale avec une baisse des
cours mondiaux des matières premières combinées aux deux
chocs pétroliers (1974 et 1978) affectent le bien être de
l'agriculture africaine. Ainsi les prix proposes aux paysans deviennent de plus
en plus faibles ce qui réduit leur pouvoir d'achat.
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