B.2) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS NON AGRICOLS
Le corollaire évident de l'analyse du marché est
l'appui à la commercialisation, à l'organisation à la
vente et à sa promotion. On retrouve ici, à des échelles
diverses suivant les contextes, les activités classiques de cette
fonction :
- démarrage directe de la clientèle ;
- recherche d'intermédiaire fiable ;
- création d'un label
- utilisation des médias
- recherche et utilisation des circuits informels ;
- présentation sur les marchés locaux
périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations,
concours etc.
- halls d'exposition permanant organisés par les
groupements ou les professionnels ;
- élaboration de la fiche techno-commerciale
- édition de catalogue
Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou
commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'où la
nécessité de susciter une organisation professionnelle des
artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de
production.
2) DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES NON AGRICOLES
Le développement rural a souvent été compris
comme un développement purement agricole. Or, il faut bien
considérer que la vie économique ne se limite pas à la
seule production agricole. Artisans ruraux, marchands, transformateurs de
produits contribuant, au même titre que les agriculteurs, au bien
être global de la société. Dans un projet de
développement, la prise en compte du secteur non agricole est
essentielle à plusieurs titres :
- d'abord au bénéfice du développement
agricole lui-même. Les agriculteurs ont besoin de charrettes, des
harnais, des houes, de paniers, bref des moyens de production. La production de
ces outils est parfois réalisée sur place, mais les productions
locales sont de plus en plus concurrencées par des productions
extérieurs, voire étrangères, qui
bénéficient d'une meilleure réputation(ou d'un meilleur
rapport qualité/prix)
Ils ont besoin d'écouler une partie de leur production,
donc de marchés actifs et de commerçants dynamiques.
- Les agriculteurs ont besoin de l'entretien et de la
maintenance des équipements individuels et collectifs soient
assurés. S'agissant de matériels de plus en plus
sophistiqués, le recours à des artisans spécialisés
devient indispensable.
- Les revenus non agricoles sont de plus en plus souvent
indispensables pour maintenir les agriculteurs sur place et éviter leur
émigration définitive vers les villes.
- Enfin, un plan de développement équilibré
doit, pour être complet, concerner tous les acteurs de production. A
titre d'exemple nous prenons une filière comme celle de
l'oignon :
CULTURE OIGNONS
Moyens d'exhaure
semences
Grillage
produits phytosanitaires
Arrosoir
fumure compost
Binettes
Outils aratoires
TIGES
CONDITIONNEMENT
BULBES
Presse à levier
PRESSAGE
VENTE ET AUTO-CONSOMMATION
Séchoir
SECHAGE
EXPORTATION
Silo de stockage
STOCKAGE
STOCKAGE
Silo de stockage
SECHAGE
Séchoir
STCKAGE
Silo de stockage
EXPORTATO
CONS-LOCALE
2.1)UNITES DE PRODUCTION DE STATUTS TRES DIVERS
Les secteurs non agricoles du développement local
recouvrent à notre sens, les activités de commerce (magasins de
gros et de détail, boutiques, échoppes, étals de
marché ...) et les activités de production de biens et services
(métalliers, forgerons, menuisiers, boulangers, tanneurs,
réparateurs en tous genres, gargotes, photographes, etc.)
En milieu villageois, la petite unité de service ou de
transformation de type artisanal est évidemment la catégorie la
plus rependue. Dans les petits centres et semi-urbains, difficilement
indissociables du monde rural, existent des unités de production plus
importantes, aux activités plus régulières et plus
stables.
La configuration des unités qui relèvent de ce
secteur est extrêmement diversifiée. Il peut s'agir
d'unités tenues par un individu, un groupe familial, un groupement
extra-familial, à structure coopérative ou autre. Elles peuvent
être permanentes, comme c'est généralement le cas dans les
petits centres ruraux semi-urbains, ou saisonniers, car dépendantes
d'occupations liées à la production agricole ou à des
emplois salariés périodiques.
Les moyens de production(le fond de commerce, l'atelier, les
outils)et les stocks de matière première peuvent ou non la
propriété du producteur .Les unîtes de production
peuvent utiliser la main d'oeuvre salariée ou au contraire se
satisfaire de la force de travail familiale éventuellement
complétée par des apprentis.
2.2) LES ATOUTS DU SECTEUR NON AGRICOLE
Les atouts de ce secteur illustrent le rôle que le secteur
joue, ou a vocation de jouer, dans le développement des populations
rurales.
- Le faible montant du capital à investir et la
quasi-absence d'obligations réglementaires confèrent au secteur
non agricole une grande souplesse d'implantation (facilitation à
l'entrée)
- Ce secteur est étroitement relié à la
production agricole :
*il permet l'écoulement tout au long de l'année,
des surplus agricoles souvent cédés par de très petites
quantités et à mesure des besoins monétaires des
familles.
* il approvisionne de la même façon les familles en
bien de consommation essentiels (huiles, sels, savon)
* il assure localement la fabrication et la maintenance de
l'outillage et les équipements qui lui sont nécessaires.
*il contribue aussi à abaisser les couts de
production.
Ses faibles couts de production lui permettent de satisfaire les
besoins domestiques (équipement des ménages, amélioration
d l'habitat) d'une population à faibles revenus.
*il peut absorber et valoriser une part non négligeable de
la main d'oeuvre disponible et contribuer ainsi, de façon significative,
à freiner l'exode rural.
* pas ses systèmes diversifiés d'apprentissage, il
a sa part (qui, dans certains pays, peut d'être capital) dans la
formation des jeunes.
*L'environnement institutionnel lui est de plus en plus
favorable.
Porté par le courant général qui, en
matière de développement tend à privilégier la
petite production, sa dimension et sa flexibilité le destinent à
être intégré de plus en plus aux politiques et aux plans
d'aménagement des territoires.
-La commercialisation des produits non agricoles
· Création d'un label
· Utilisation des médias
· Recherche et utilisation des circuits informels
· Présentation sur les marchés locaux
périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations,
concours etc.
· Halls d'exposition permanents organisés par les
groupements ou les professionnels ;
· Elaboration de la fiche technico-commerciale
· Edition de catalogue
Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou
commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'ou la
nécessité de susciter une organisation professionnelle des
artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de
production.
2.3) LES INTERVENTIONS AUPRES DES PRODUCTEURS NON
AGRICOLES
Dans des conditions où le secteur connait certaines ;
limites ; sa faible capacité à innover, les faibles
capacités de l'artisan ou du commerçant à la gestion,
l'inorganisation du circuit de vente et de promotion des produits etc.
La question fondamentale qui se pose à ce niveau est de
savoir sur quels leviers peut-on imaginer s'appuyer pour une intervention de
développement concernant le secteur non agricole ?
L'expérience conduit à mettre en garde contre la
solution de facilité qui consiste le cycle d'approvisionnement,
fabrication vente, à ne privilégier que la seule fabrication. Le
plus souvent c'est en matière de fabrication que le potentiel des
ressources pouvant être mie en oeuvre par l'artisan lui-même le
plus grand ; c'est donc là qu'il est moins urgent d'intervenir
Pourtant les caractéristiques du secteur conduisent
à bien s'appuyer sur les individus qui sont au centre de la
production.
L'un des paramètres de la réussite d'une petite
entreprise et peut être la condition fondamentale, est la
personnalité du commerçant, de l'artisan, ou du patron.
Créer vivifier un tissu artisanal impose de créer ou de
perfectionner des unités qui servent de modèle, donc qui
réussissent. D'ou l'importance à accorder à
l'identification des hommes dont les compétences, en tant que patron
d'unités, actuelles ou potentielles, s'évaluent par rapport non
seulement aux capacités techniques, mais tout autant, sinon, d'avantage,
aux motivations et à la volonté de réussir.
L'expérience montre aussi qu'il doit se garder de tout vouloir produire
sur place. Certains besoins peuvent plus facilement être couverts par des
artisans urbains, mieux équipés et bénéficiant d'un
marché plus important, que par des producteurs ruraux.
Quoi qu'il en soit toute intervention à l'endroit des
unités artisanales, quelle qu'elles soient, se fonde d'abord sur la
connaissance du système qu'elles constituent avec leur
environnement .L'appui à la petite entreprise artisanale ou
commerciale ne se conçoit donc pas de connecter des problèmes
posés à cet ensemble.
De cette connaissance découlera l'identification des
besoins, la mise en évidence des opportunités, le choix de
priorités et en fin la sélection des formes d'appui les plus
adaptés. Les interventions elles-mêmes porteront soit directement
sur les unités de production de biens et services, soit sur leur
environnement socio-économique.
2.4) CREDIT DES ACTIVITES NON AGRICOLES POUR LE DEVELOPPEMENT
RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST
Le crédit est un besoin vital pour le petit producteur,
qu'il s'agisse d'une création d'activité ou de son
développement. Le point de vue des banques à l'égard des
petits prêts à la petite entreprise est bien connu ;
crédits sollicités souvent trop faibles, donc insuffisamment
rentable pour la banque, cout disproportionné de la gestion des
dossiers, secteur à haut risque garanties, garanties
aléatoires.
L'inéligibilité des artisans au crédit
bancaire impose bien souvent aux projets d'intervention en milieu rural
qu'ils se substituent au système défaillant et qu'ils
conçoivent et mettent en oeuvre des dispositifs mieux adaptés et
plus flexibles. En effet il est indispensable, pour que le crédit
accordé soit pleinement valorisé, d'accompagner les
bénéficiaires dans la création ou l'extension de leur
activité. Ce suivi indispensable et les comportements
nécessaires à la maitrise de leurs affaires, apparait en outre
aux financeurs comme un surcroit de garantie dans le recouvrement du montant
des crédits.
Le dispositif d'accompagnement implique :
- La rigoureuse sélection des demandes ou projets, sur le
critère de leur recevabilité au regard du marché, de la
personnalité de celui qui veut entreprendre, de ses compétences
et de ses motivations.
- L'appui à la mise en forme de la demande et au montage
du dossier commercial, technique et financier qui doit être
présenté au financeur ;
- L'appui au lancement de l'activité processionnelle qui a
fait l'objet de prêt et le suivi rapproché, individualité
de son fonctionnement.
Accompagner le petit patron dans l'obtention et le remboursement
de sont crédit est une forme particulièrement concrète et
efficace d'intervention au titre de formation à la gestion. En effet
celle-ci devient pour lui nécessitée quand il découvre
que lui sont fournis, par le canal, l'élément qui lui est
indispensables pour maitriser le processus contraignant dans lequel il se sait
engager. S'appliquant ainsi très directement à ses
préoccupations, le conseil et la formation sont infiniment mieux
perçus et leurs apports davantage intégrés.
3) TRANSFORMER LES VILLAGES
Parce que l'urbanisation coute cher et parce qu'une augmentation
trop rapide de la population des villes pose de très grands
problèmes financiers, économiques, techniques, et sociologiques.
Il est évidemment souhaitable de ne pas accélérer l'exode
rural et même de le contenir dans des limites acceptables.
Pour cela, il est nécessaire de faire la promotion du
développement rural par nos Etats et mettre fin aux politiques
économiques et sociale qui ont jusqu'à présent beaucoup
trop favoriser les citadins au dépens des paysans.
De ce point de vue la première chose à faire et
d'assurer aux paysans des revenus normaux .Quand les cours mondiaux des
matières agricoles exportables sont élevés, il faut
laisser aux paysans les recettes qui leur reviennent normalement et de
maintenir les subventions, ce qui n'est pas toujours fait. Par ailleurs des
taxes à l'importation des céréales et de la viande
devraient être mises en place si à l'avenir l'importation des
subventions accordées par certains pays étrangers à
l'exportation de ces produits le justifie.
· DOTATION EN EQUIPEMENT
Un immense effort d'équipement et d'animation des villages
devrait être désormais prioritaire. Mais pour que cela soit
possible dans de bonnes conditions, il y'a un préalable, car la plupart
des équipements donnent lieu à des frais d'entretien et de
fonctionnement qui doivent nécessairement être couvert par les
villages. La présence dans chaque village dune sorte de groupement est
donc indispensable, qui prendra en charge par exemple l'entretien d'une pompe
de forage, le fonctionnement éventuel d'un moteur s'il y'a distribution
d'eau, les frais de production d'électricité etc.
Il y'a heureusement maintenant dans très nombreux villages
de l'Afrique de l'Ouest des groupements de ce genre .Pour faire
bénéficier un village, de certains équipement, l'existence
d'un tel groupement devrait être une condition rigoureusement
exigée par tous les bailleurs de fonds extérieurs, Etat,
Régions ou ONG.
· MESURES
Une fois ces préalables résolus, la première
des mesures à prendre est l'extension d'urgence à tous les
villages de l'enseignement primaire ou à défaut de
l'éducation de base avec l'alphabétisation, car cela est
nécessaire pour que les villages puissent promouvoir eux même leur
développement économique et social, créer et faire
fonctionner les groupements villageois et mieux se défendre au sien de
la société .
Deuxième action fondamentale, car répondant
à l'un des besoins essentiels des hommes, fournir à chacun l'eau
de chaque jour, en quantité suffisante et d'une qualité
convenable.
En général, les villages ne sont pas encore
à l'heure des réseaux de distribution, chaque famille ne pouvant
assumer la charge financière de l'abonnement et de la consommation. La
politique actuelle pour encore des années à venir et dans
plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, est celle de la construction de points
d'eau, dans le cadre de ce que l'on appelle maintenant l'hydraulique
villageoise.
C'est une question largement traitée dans la question de
la politique de l'eau pour les programmes d'investissement aux travaux
hydraulique villageoise.
Un problème très important est celui de
l'hygiène et notamment de l'évacuation des eaux usées, des
déchets humains et des eaux pluviales stagnantes. Normalement un village
peut se passer en la matière d'ouvrages couteux, tuyaux, collecteurs,
etc. Mais il est indispensable que les villages acquièrent des notions
d'hygiène pour éliminer les eaux stagnantes, construire des
latrines correctes, etc. Et sur ce point l'éducation de base devrait
être profondément utile. Le problème
d'électricité au village est délicat. Il serait
évidemment plus gai pour les villageois d'avoir, au moins sur place du
village et dans deux ou trois ruelles, un petit éclairage public et
ensuite si possible d'avoir d'électricité chez eux. Mais
l'opération est difficile à réaliser et à faire
fonctionner, faut de techniciens sur place et de ressources financiers des
villageois.
Il peut être promû dans les villages de zones de
cultures riches comme le café ou le cacao. Ailleurs elle pourrait mise
en place grâce à la formule des paiements anticipés.
Un point essentiel pour le développement des villages est
celui des services aux entreprises ou plus précisément celui de
la présence d'artisans, mécaniciens et électriciens
pouvant entretenir et réparer les pompes de forage, les moulins à
céréales (mil, maïs...), les charrues, les semoirs,
éventuellement les motoculteurs etc. Il s'agit ou il doit s'agir
d'artisans privés, mais l'Etat a un rôle de former des jeunes
à ces métiers dans les zones rurales ; un enseignement
technique bien adapté devrait leur être donné, de plus il
serait utile de leur rendre pour eux possible de bénéficier des
prêts bonifiés, pour le démarrage de leurs activités
comme artisans.
Les services au particuliers, porte, école, dispensaire,
téléphone, sont également une des formes de
l'agrément de l'habitat de la localité. On ne peut bien sur pas
demander qu'ils existent dans chaque village, mais on devrait au moins les
trouver dans une bourgade voisine, ce qui permet un accès relativement
facile à pied, en charrette ou à cheval ou à dos
d'âne ou à bicyclette ou à vélomoteur ;
lorsqu'il y'a des pistes pas trop sableuses .Les responsables de divers
services publics devraient veiller de façon très attentive
à cette déserte rapprochée des villages. Il faut des
études plus systématiques.
Enfin un point essentiel est de remédier à
l'insuffisance du réseau de transport qui peut empêcher ou
ralentir le développement de certaines régions et de certaines
activités. Mais avant tout investissement dans ce domaine il faut une
très bonne connaissance de l'économie locale et des perspectives,
de l'agriculteur, de l'industrie, du système des prix, des tendances de
déplacements personnels de la population, des comportements des groupes
socio-économiques. Car les erreurs coutent cher pendant long temps dans
ce domaine parce que les infrastructures sont fort durables.
Pour résoudre ce genre de problème il faut
évaluer avec soin les potentialités de chaque zone, nombre
d'habitants, nature des sols, climat, genre de cultures possibles, prix
probable pays aux producteurs etc. et tenter ainsi de prévoir ce
qui se passera si l'on résout les problèmes de transport. Pour
certains pays le désenclavement des zones rurales isolées est
très important, car c'est tout le développement agricole de
nombreuses localités qui est en cause. Dans un premier temps, on
résout habituellement le problème par des justes
améliorations peu couteuses ; bien entendu, si le trafic se
développe on passe au besoin à des routes en terre modernes, et
même plus tard à des routes bitumées.
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