1.5. SOCIETE CIVILE
A. Notion de la société
civile
Comme tout concept, la société civile est
définie diversement par plusieurs auteurs. C'est ainsi que pour
définir ce concept, il est impérieux de recourir à
certains auteurs qui ont donné de ce concept prétendu
polysémique des définitions de diverses manières et dont
les idées semblent néanmoins expliquer la même chose.
La science politique et la sociologie définissent la
société civile comme l'ensemble des rapports individuels, des
structures familiales, sociales, économiques, religieuses qui se
déploient dans une société donnée, en dehors du
cadre et de l'environnement de l'Etat.
La société civile chez
HEGEL est la sphère où les hommes
cherchent à satisfaire leurs besoins par le travail dans un cadre
policé, où les corporations jouent un rôle essentiel sous
lequel, elles se dégraderaient dans une guerre de tous contre tous
c'est-à-dire un retour à l'état de nature.
C'est dans ce cadre que COLAS,
D. (1994, p. 338), soutient
que l'Etat est la condition de possibilité de la société
civile puis que sans l'Etat, la société civile
s'autodétruirait. Renversant la philosophie hégélienne,
MARX place la société civile en
infrastructure de la société et, l'Etat comme le droit ou la
religion, en position d'institutions nées d'une différenciation
et/ou d'une logique de l'illusion obligée.
A ce titre, l'Etat est un appareil tel que le
présente TOENGAHO, F.
(2005-2006), de violence, un instrument de la
dictature au service de la bourgeoisie. Cet État se présente
aussi comme tel que le souligne NGUMBI
(2003-2004, p. 15), un parasite
même qui menace la société civile.
Pour GRAMSCI, A.
(1975, p. 147), la
société civile constitue le contenu éthique de
l'État. Elle a pour fonction de défendre et de développer
l'idéologie de la classe dominante.
C'est ce que
ALTHUSSER a appelé par la suite les appareils
idéologiques de l'Etat (l'église, la mosquée,
l'école, l'université, etc.).
CHABAL et DALLOZ
(1994, p. 31), trouvent que, la
société civile renverrait à une sorte
d'intermédiaire entre l'Etat et les groupes fondamentaux, en entre-deux
plus au moins en voie d'affirmation qui serait susceptible de contrer les
velléités hégémoniques des pouvoirs centraux.
COLAS, D. (1994, p.
386), considère que, la formule tend à
désigner la revendication d'une vie sociale et/ou économique
organisée et qui trouverait sa dynamique en elle-même plus que
dans le rôle de l'Etat. L'expression sert aussi à la mise en cause
de la société politique ou classe politique parfois
présentée comme inefficace ou corrompue.
YAMBA YAMBA, N. (1998,
p. 5), définit la société civile, comme des
associations existantes dans le pays et qui n'ont pas pour but de
conquérir, d'exercer ou de garder le pouvoir ; et qui ne sont ni
des institutions publiques, ni des partis politiques, mais, elles
représentent différents groupes et associations de tout genre qui
défendent notamment les intérêts de leurs membres
auprès des autorités et sont enfin un lieu d'expression pour la
population.
De son côté, NGOMA,
B. définit la société civile comme
étant une organisation sociale formelle qui se donne une double
mission : celle de soutenir les citoyens dans leurs visées de bien
vivre, et celle d'épauler les pouvoirs publics dans leurs obligations de
fournir des bonnes conditions de vie à la population.
Selon TOURAINE, A.
(1994, p. 89), la société civile est
comprise comme étant une association des revendications pour la
défense de l'environnement, la marchandisation de tous les aspects de la
vie. Elle devient responsable de son propre sens, elle peut même se
transformer en partie et imposer ses priorités à un groupe
qu'elle tend à renforcer.
De tout qui précède, la société
civile peut être comprise comme un ensemble de toutes les forces sociales
qui ne sont pas des institutions de l'Etat. Elle est en même temps
unique, dans le sens qu'elle se trouve en face du pouvoir, face à
l'Etat, elle est très diverse dans ses préoccupations, ses
intérêts, ses idéologies. La société civile
est comme une organisation située entre l'individu et l'Etat, elle est
donc l'ensemble d'individus et de groupes (organisés ou pas) qui
agissent de manière concertée sur le plan politique,
économique, social et culturel administrés par des règles
et des lois formelles et informelles.
L'expression
`société civile' a eu, au cours de la réflexion politique,
des significations successives, parfois contradictoires. La
réalité qu'elle représente est multiforme. Selon le
contexte historique, les bases historique et politique, cette expression
renferme des significations différentes. Quand on cherche son origine,
le terme société civile ou société des citoyens, il
convient de remonter jusqu'à CICERON et aux
philosophes grecs. Mais quand ils parlaient de société civile,
ces derniers pensaient en général à l'Etat lui-même.
La conception moderne de la société civile est née
à la fin du dix-septième siècle avec la philosophie des
lumières, en Ecosse et sur le continent européen. Avec
l'expression société civile, plusieurs théoriciens
essayaient de cerner une sphère proche de l'Etat mais se distinguant de
celui-ci, un domaine où les citoyens se retrouvent en fonction de leurs
motivations ou de leurs intérêts.
Ainsi donc, la société civile est née
d'un désir croissant de liberté. Au vingtième
siècle lorsque les philosophes s'intéressèrent aux
conséquences politiques et sociales de la révolution
industrielle, la société civile perdit de son actualité.
Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale qu'elle redevient à
la mode, et l'on désignait sous le terme de société civile
le fondement spécifique d'une action politique indépendante et un
domaine important pour lutter contre la tyrannie.
De tout ce que peut contenir ce concept de
`société civile', il y a deux concepts importants à
considérer dans la société humaine :
1. La société politique, qui équivaut
à la société étatique. Elle inclut l'ensemble des
institutions régaliennes, et les autres collectivités politiques.
Elle représente donc la sphère dominée par le pouvoir
politique, par l'Etat et par ses représentants. (HAMULI, B.,
et al, 2003, p. 23).
2. La société globale, qui parmi les groupes
sociaux, constitue l'ensemble social le plus vaste réalisant le niveau
d'intégration le plus élevé ou encore l'ensemble social
constitué d'individus solidaires qui atteint par rapport à son
environnement, le plus haut degré d'autonomie.
Aujourd'hui, c'est la nation qui incarne le plus couramment
la société globale. La société globale est complexe
en ce sens qu'elle est une société des
sociétés : elle est constituée de sous-ensembles dont
certains relèvent de la société politique, d'autres de la
société civile, tels que la famille, l'entreprise, les
associations, les églises, etc.
|