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Apport des activités génératrices de revenus dans l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices de la commune de bambey. etude à partir de l'association féminine des handicapés moteurs de la commune de bambey

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par Léon Michel NDIONE
Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social / Dakar - Diplôme d'Etat d'Assistant Social 2007
  

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INTRODUCTION

L'un des problèmes les plus graves auxquels le monde est confronté aujourd'hui est l'augmentation du nombre de personnes qui sont privées de toute possibilité de participation véritable à la vie économique, sociale, politique et culturelle de leurs communautés. Dans de telles conditions, une société n'est ni efficace, ni sûre.

La prise en compte des Personnes Handicapées (PH) demeure un phénomène complexe. Victimes de préjugés socioculturels séculaires nourris à leur égard, notamment ceux liés à l'éducation, à la formation et à l'emploi, elles ont souvent des conditions de vie précaires.

Comme la plupart des handicapés du Sénégal, ceux de la commune de Bambey rencontrent plusieurs difficultés qui ont pour noms : prise en charge sanitaire, manque d'emploi, problèmes de déplacements, sans compter la pauvreté présente dans leurs familles à laquelle ils doivent faire face.

Si à Dakar les handicapés occupent les feux rouges pour mendier, leurs camarades des régions n'ont pas cette opportunité.

Un des principes des Droits de l'Homme c'est que ce sont des droits valables pour toutes les femmes, sans aucune discrimination, sans aucune exception. Or, une certaine catégorie qui reste particulièrement marginalisée est celle des femmes handicapées. Leur état les voue à la pauvreté et à la mendicité. Cette situation revêt les caractéristiques de véritable problème de société auquel communauté internationale tarde jusqu'à présent à trouver une solution adéquate. Car s'il est question aujourd'hui d'absence de discrimination sur la base du sexe, dans la distribution des rôles, des pouvoirs et dans l'accès et le contrôle des opportunités ou dans l'allocation des ressources, la question des femmes victimes de handicap est souvent occultée ou tout simplement ignorée lorsqu'il s'agit d'équité de genre. Elles sont les grandes oubliées. Les politiques les concernant sont rares et inappliquées. Pourtant, l'article 6 du Protocole Additionnel à la Charte Africaine affirme que conformément à l'article 18 de la Charte Africaine, les femmes ayant un handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques et moraux.

A des degrés divers, ces FHM (Femmes Handicapées Motrices) conscientes de leurs différences, tentent de lutter contre les déterminants socialement construits qui tendent à accentuer les discriminations dont elles sont victimes. Sous des bannières associatives, elles expriment leurs besoins et mettent en place des projets. Et très souvent, les pouvoirs locaux ne voient dans les Associations de Personnes Handicapées (APH) qu'un moyen de promotion politique ou, quand elles sont indépendantes, un élément de subversion.

Ces FHM sont donc laissées à elles-mêmes ; sans instruction, ni emploi, mais avec le soutien de proches, elles s'activent dans des Organisations d'Auto Promotion (OAP) où elles ont souvent l'opportunité d'exprimer leurs qualités à travers des Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Ces AGR leur permettent donc de prendre en charge les besoins qui leur sont spécifiques, mais aussi d'améliorer leurs conditions socioéconomiques et celles de leurs familles.

C'est pour appréhender l'apport de ces Activités Génératrices de Revenus (AGR) dans l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices de la Commune de Bambey, Département de Bambey, Région de Diourbel, que nous avons entrepris la présente étude sous le prétexte de l'Association Féminine des Handicapées Motrices de la Commune de Bambey (AFHMCB) Le plan s'articule ainsi qu'il suit :

dans le premier chapitre, nous abordons la problématique ;

le second chapitre concerne la recension des écrits ;

le troisième chapitre sera réservé à la méthodologie ;

le quatrième chapitre expose le cadre de l'étude ;

au cinquième chapitre, nous procéderons à l'analyse des résultats ;

enfin, le sixième chapitre, sera une proposition de suggestions et recommandations.

1.1 POSITION DU PROBLEME ET PERTINENCE DE L'ETUDE

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la plupart des pays sous développés ont connu une croissance démographique très rapide avec des répercussions directes sur l'économie et les programmes mis en oeuvre. Les Etats ont été ainsi confrontés à de sérieuses difficultés pour satisfaire les besoins des populations. Tous les efforts déployés jusque-là n'ont pas pu faire reculer la pauvreté. Une nouvelle approche de la lutte pour le développement s'imposait.

Ainsi, depuis prés de 50 ans, les acteurs de la mondialisation que sont la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), sont des arbitres en matière de politique de développement en Afrique. Leurs grands thèmes qui vont de l'Ajustement Structurel à la bonne gouvernance, en passant par la réduction de la pauvreté et le développement durable, ont suscité beaucoup de polémiques, orienté de nombreuses recherches et produit un savoir considérable comme en témoignent les rapports annuels de ces organismes. Se rendant compte des dégâts considérables causés par leurs Politiques d'Ajustement Structurel (PAS), notamment auprès des femmes qui représentent la grande majorité des pauvres, des Personnes Handicapées (PH) et autres couches défavorisées, la BM et le FMI proclament depuis quelques années que la priorité doit être l'éradication de la pauvreté, dans le cadre d'un développement durable.

Lors du sommet social de Genève en 2000, les Nations Unies ont formulé l'objectif de réduire de moitié, d'ici à 2015, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté. Cet engagement a été repris également par l'OCDE, le FMI et la BM et il a été énoncé lors de la Déclaration du Millénaire faite par les chefs d'Etat et de gouvernement des Nations Unies (GUPTA et al, 2000)

Le constat est que la majorité des 1,5 milliards de personnes qui vivent avec moins d'un dollar par jour sont des femmes. De plus, l'écart entre les femmes et les hommes s'est accentué au cours de la dernière décennie ; ce qui a remis en selle le fameux concept de « féminisation de la pauvreté ».

En Afrique, l'égalité des sexes en matière de droits et de participation à la vie sociale, culturelle, économique et politique est restée illusoire. Les femmes demeurent les principales victimes de la pauvreté, de l'exclusion sociale et du déficit d'accès aux services de santé et d'éducation.

Parmi ce nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, la personne handicapée reste une préoccupation majeure qui partage notre humanité et s'insère dans la société où nous vivons. Car de nos jours, des hommes et des femmes, simplement victimes d'une déficience motrice, sensorielle ou mentale, souffrent de marginalisation, d'exclusion, d'abandon, d'injustice sociale, entre autres. Malgrè les tentatives de solutions et les actions entreprises ces dernières décennies pour remédier à ce fléau, la situation socio-économique des Personnes en Situation de Handicap (PSH) et notamment des femmes handicapées motrices, demeure préoccupante. Car en plus de leur état de handicapée motrice, ces personnes sont aussi victimes de discriminations découlant des rapports de genre et qui freinent leur intégration dans les programmes de développement.

Si la question de genre domine l'actualité socio économique de ces dernières décennies, la place de la personne handicapée, et surtout de la femme handicapée est souvent laissée en rade dans les politiques et programmes d'intégration socioéconomique des femmes. Ainsi, l'articulation entre la question de genre et celle de handicap se retrouve à travers la problématique de l'intégration socioéconomique des femmes handicapées.

Au cours de l'Histoire, le statut social des handicapés a considérablement varié. En effet, l'évolution historique révélatrice de la situation actuelle, varie selon les continents, les pays, les traditions, les époques et le niveau de développement.

Dans la Grèce Antique, l'infirmité était vue comme un maléfice. Un nouveau-né difforme était un signe avertisseur des dieux adressé à un groupe social fautif et en risque de déviance. Le signifiant qu'est le nouveau-né mal formé doit être renvoyé à ses expéditeurs pour montrer que le message est reçu. La pratique qui s'ensuit est ce que les grecs appelaient l'exposition de ces enfants. Sur décision des responsables de la cité, les enfants présentant des anomalies étaient emmenés hors de l'espace social où ils mouraient. Non pas directement tués, mais laissés au bon vouloir des dieux. Ceux qui survivaient, au moins dans l'imaginaire social, devenaient sur-signifiants. Tel est le cas d'OEdipe par exemple. La " naissance difforme " est maléfique, mais en même temps, elle fait signe vers l'acceptation, impossible, de l'altérité. Il faut maintenir la répétition de l'espèce à l'identique et se protéger de la colère des dieux.

Au Moyen Age, la situation évoluait vers la création des oeuvres de bienfaisance, qui s'occupaient des personnes en situation de handicap rejetées par la société.

Mais au XIXe siècle, vu le nombre de PSH sans cesse croissant, ces oeuvres de bienfaisance se trouvèrent dans l'incapacité de satisfaire leurs besoins. Dès lors, l'idée de procurer des emplois à cette catégorie sociale est née. Et ce fut la création des ateliers des aveugles et sourds-muets en France.

Le début du XXe siècle marque un tournant décisif dans les consciences, les comportements et même la compassion des valides à l'égard des victimes de guerre. Ainsi une politique d'emploi, entre autres mesures, fut-elle adoptée, allant de l'emploi réservé en 1916, à l'emploi garanti en 1929, en passant par la réadaptation fonctionnelle en 1918.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les efforts en faveur d'une insertion ou d'une réinsertion professionnelle des handicapés se sont développés. Ils se sont progressivement accompagnés de mesures destinées à faciliter leur vie quotidienne.

Dans l'Afrique traditionnelle, la société avait une conception positive du handicap. Les personnes en situation de handicap étaient soit «craintes, soit vénérées» ; car les africains croyaient en leur pouvoir maléfique. Mais leur prise en charge était surtout favorisée par la conception de l'unité sociale, qui est la famille. Elle était conçue de sorte que tout individu y avait sa place et son rôle à jouer. Les fonctions de production et de consommation étaient collectives.

Aujourd'hui, l'incapacité ou l'invalidité en Afrique est un problème majeur de santé publique. Selon les estimations de l'OMS :

- 10% de la population mondiale sont handicapés et les 20% vivent dans les pays en voie de développement, dont 25% sont des handicapés moteurs, 15 à 16% des aveugles et 8% des sourds. (Chiffres datant de plus de 20 ans) ;

- on estime qu'au niveau mondial, il y a plus de 600 millions de personnes vivant avec un handicap, 400 millions d'entre eux dans les pays en voie de développement ;

- il y a, environs, 80 millions d'africains handicapés ;

- au moins 80% des personnes handicapées vivent en milieu rural, 90% n'ont pas accès aux services sociaux de base, 20% sont frappés par un taux d'analphabétisme élevé ;

- au Sénégal il y avait 800 000 personnes handicapées en 1988, année du dernier recensement publié.1(*)

Ainsi, des stratégies de prise en charge voient progressivement le jour. Mais elles sont loin de satisfaire les besoins sans cesse croissants. Les Nations Unies dans la tentative de solutions, ont déclaré 1981, année internationale des Personnes handicapées par la résolution 34154 en sa séance plénière du 17 décembre 1979, avec comme slogan «pleine participation et égalité».

Pour une application effective et efficiente de ces déclarations et résolutions, les périodes 1982 - 1993 et 1994 - 2005 ont été décrétées respectivement, première et deuxième décennie des personnes handicapées et le 3 décembre déclaré journée internationale des personnes handicapées.

Dans cette même perspective, l'OUA proclama 2000 / 2009 la décennie africaine des personnes handicapées. Cela vise à donner une nouvelle impulsion à la mise en oeuvre de ce programme d'action mondiale en Afrique au delà de 1993 et à renforcer la coopération régionale.

La prise en charge socioéconomique de cette couche sociale défavorisée a souvent été évoquée sous le vocable d'insertion ou de réinsertion. Car si le handicap apparaît à la naissance ou dans la petite enfance, il entraîne souvent un autre handicap majeur, c'est-à-dire l'inaccessibilité à l'éducation. Une fois adulte, la personne handicapée rencontre un autre handicap majeur qui ne favorise pas son épanouissement socioéconomique. Il s'agit du manque d'emploi ou des difficultés socio - professionnelles. Car même avec une formation professionnelle, des structures rechignent encore à recruter des personnes handicapées parce que doutant de leur productivité.

Ainsi, la principale activité de ces personnes demeure la mendicité dans les rues et artères des villes où elles arrivent plus ou moins à toucher l'âme généreuse de quelques personnes sensibles à leur situation.

Les politiques de prise en charge des personnes handicapées sont rares au Sénégal ou simplement inappliquées. Et quand il s'agit de femmes handicapées, il n'y a là aussi aucun dispositif spécifique pour cette couche particulièrement vulnérable. Et pourtant, ces politiques et programmes sont nombreux lorsqu'il s'agit de femmes.

Pendant la décennie de la femme, la division sexuelle du travail et l'impact des projets de développement sur les femmes sont largement étudiés. Les résultats de ces études et leurs répercussions sortent les femmes des niches sociales du développement en reconnaissant leur rôle productif.

Cette période a vu naître l'approche IFD (Intégration des Femmes dans le Développement) qui tentait comme l'indique son nom, d'intégrer les femmes dans le processus de développement existant, afin de rendre celui-ci plus efficient et efficace. A travers des projets pour femmes ou volets « femmes » dans des projets qui se voulaient intégrés, on visait à accroître la productivité et le revenu des femmes.

En revanche, l'approche genre qui succède à l'approche IFD vers les années 1990, tente de mettre l'accent sur les relations inégales de pouvoir comme étant un des facteurs majeurs qui conditionnent la situation des femmes .

Généralement, les questions de genre se fondent sur une forme de discrimination sociale qui se traduit, d'une certaine manière par une marginalisation de la femme qui ne peut jouir des même opportunités que les hommes (accès à l'éducation, à la formation et à l'emploi hors du foyer) parce que confinée aux taches domestiques et absente du processus de prise de décision, entre autre. Le manque de moyens et d'accès aux ressources qui naît de cette situation compromet l'épanouissement des femmes en tant qu'agents économiques pouvant se prendre en charge ; ce qui les rend plus vulnérables à la pauvreté.

Ce n'est pas un hasard si cette évolution des approches par rapport aux femmes dans le contexte du développement s'est produite parallèlement à l'évolution du concept de la pauvreté, retracée très sommairement ci-dessus. En effet, SEN (2000) a fortement insisté sur l'importance de la fonction d'agent (« agency ») des femmes : « elles ne sont plus les destinataires passives d'une réforme affectant leur statut, mais les actrices du changement, les initiatrices dynamiques de transformations sociales, visant à modifier l'existence des hommes aussi bien la leur ».

L'activité économique des pays africains reste marquée par un secteur informel très développé dans lequel souvent les acteurs se limitent à des AGR. Les entreprises représentent une minorité. Quand il s'agit d'entreprises de femmes, la minorité devient rareté. C'est pour cela que presque tous les pays de l'Afrique de l'Ouest ont mis en place des mécanismes et dispositifs institutionnels d'appui et de promotion de l'entreprise, en particulier des entreprises crées et dirigées par des femmes.

Conscient de ses limites par rapport à une prise en charge adéquate de la problématique femme, « l'Etat sénégalais a adopté une stratégie qui vise selon NDIAYE M T, cité par BA. P. A (1998) à faciliter la mise sur pied des Groupements de Promotion Féminine (GPF) qui semblent être un cadre privilégié pour une promotion adéquate des femmes dans un environnement pluridisciplinaire qui intègre la formation, l'éducation, la santé, leurs droits spécifiques et leurs activités économiques »2(*).

Malheureusement, ni les experts en développement, ni les grands chercheurs ne se sont véritablement penchés sur la question de stratégies d'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices. Ils se limitent le plus souvent à évoquer leurs situations difficiles.

Or, en plus des discriminations ou des conditions défavorables qui touchent également les hommes et les femmes (dues à l'ethnie, à la classe, à la caste, etc.), les femmes handicapées motrices pâtissent des relations inégales avec les personnes valides.

Les femmes handicapées motrices qui ne manquent pourtant pas de volonté, tentent de lutter contre ces discriminations en se regroupant en associations afin de répondre à l'impératif d'amélioration de leurs conditions de vie.

A ce titre, la contribution de l'Association Nationale des Handicapés Moteurs du Sénégal (ANHMS) à l'émancipation et l'autonomisation des personnes en situation de handicap, fut déterminante. Elle regroupe en son sein une section féminine.

Dans le contexte de pauvreté de la commune de Bambey, l'insuffisance des ressources financières contraint les personnes handicapées et en particulier les femmes handicapées motrices à mener des activités de promotion qui puissent assurer leur intégration économique et sociale. La faible capacité d'organisation des handicapés et la faiblesse en ressources financières et matérielles (logistiques, équipement) constituent un frein pour leur insertion et leur contribution au développement local.

La commune n'a pas à proprement parler, une stratégie ou un modèle d'appui et de prise en considération des personnes handicapées, reposant sur l'institutionnalisation et la spécialisation. Les femmes handicapées motrices sont confrontées à plusieurs limites telles que : la non existence de structures spécifiques de prise en charge, une prise en charge coûteuse, une marginalisation, ...

Au regard de tout ce qui précède, nous nous sommes posés la question suivante : quel est l'apport des Activités Génératrices de Revenus (AGR) dans l'amélioration des conditions socio-économiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey ?

1.2 JUSTIFICATION DE L'ETUDE

Le choix du thème de notre mémoire se justifie par deux raisons fondamentales :

1.2.1 Au plan personnel 

La commune de Bambey se trouve être parmi les communes les plus pauvres du sénégal. Cette pauvreté affecte surtout les couches les plus vulnérables de ses habitants, à savoir les jeunes, les personnes du troisième âge, les handicapés, mais surtout les femmes qui constituent plus de la moitié de sa population.

Touchés par ce constat, nous avons voulu à travers cette étude, explorer les opportunités qui s'offrent aux personnes vulnérables de la commune, particulièrement les femmes handicapées motrices qui s'impliquent dans les AGR.

1.2.2 Au plan professionnel

A ce niveau, la pertinence du thème de notre étude se justifie par notre position de mobilisateur, de médiateur et de technicien des relations humaines convaincu qu'un développement ne sera pas possible si plus de la moitie de la population subit une discrimination qui ne lui permet pas de participer au développement du pays.

Ainsi, il est de notre devoir en tant que travailleur social d'oeuvrer en faveur de la prise en charge effective des questions de genre, mais aussi de la prise en compte des femmes handicapées motrices pour stimuler le développement du pays.

Le travailleur social se basera donc sur le principe de la solidarité participative des associations, pour répondre à la satisfaction et des demandes utilitaires, en permettant la production de revenus intermédiaires. Ceci entre dans la visée de créer pour ces femmes handicapées motrices, des postes de travail véritables « marche - pied » vers l'intégration sociale.

1. 3 DEFINITION OPERATIONNELLE DES TERMES

1. 3 .1 Le Handicap

« Le handicap est une figure de mots, une image. » Le plus grand dictionnaire anglais (Oxford English Dictionnary) nous apprend qu'au XVIII ème siècle, existait un jeu : pour faire le troc entre deux objets, un arbitre fixait la différence de valeur à payer, mais ne l'annonçait qu'après avoir misé dans une casquette avec les deux propriétaires (hand in cap = main dans la casquette ou main dans le chapeau). Handicaper un concurrent, c'est diminuer ses chances de succès en le chargeant au départ d'un poids supplémentaire ou en l'obligeant à parcourir une distance plus longue : le but de l'opération étant, en handicapant les plus forts, d'égaliser les chances de tous les partants. Si les handicaps sont bien répartis, le résultat de la course devient si incertain que, pour parier, il est aussi simple de mettre les noms des chevaux sur des petits papiers au fond d'un chapeau, et d'y puiser à la main le nom d'un possible vainqueur.

Le mot est d'apparition relativement récente en langue française (1827) et a longtemps gardé exclusivement sa connotation hippique. Dans le langage courant, le terme handicapé a pratiquement remplacé tous les mots précédemment utilisés pour désigner une personne atteinte d'une déficience physique ou mentale. Les mots infirme, paralysé, mutilé, invalide, débile ne sont plus beaucoup utilisés dans le discours quotidien.

Le handicap est une notion aux contours très extensibles. C'est une gêne physique ou psychique, transitoire ou permanente qui empêche la personne qui en est affectée d'effectuer normalement les gestes de la vie courante (ex. : se nourrir, faire sa toilette, réaliser des activités domestiques, accéder au lieu de vie et y circuler pour ne citer que ceux-ci).

Le handicap affecte aussi toute la psychologie de la personne qui en est atteinte. Elle se perçoit comme un être à qui il manque quelque chose, et qui a besoin de combler ce manque. Et lorsque le manque ne peut être comblé, il entraîne des frustrations.

Le handicap est souvent associé à une dépendance à autrui, à une infériorité. Et pour nombre de personnes, cette infériorité transparaît dans le regard des autres lorsque ceux-ci se trouvent en face d'une personne handicapée, ils la perçoivent comme étant diminuée, différente, et dans bien des cas inférieure. Les causes de handicap sont multiples :

a) Les handicaps par malformation :

Une malformation est toujours congénitale même si ses conséquences peuvent ne se révéler qu'après. Ex: spina-bifida (malformation vertébro-médullaire).

b) Les handicaps traumatiques (ou par blessures traumatiques) :

Il s'agit de handicaps par blessures accidentelles (traumatismes extérieurs) sauf exception acquise. Ex: blessé médullaire, fractures, amputations.

c) Les handicaps par maladie :

Les maladies peuvent être congénitales ou acquises, héréditaires ou non. Ex. : infirmité motrice cérébrale, accidents vasculaires cérébraux, sclérose en plaques, poliomyélite, etc.

d) Les handicaps par le vieillissement :

Certains handicaps sont évolutifs, d'autres ne le sont pas. Mais aujourd'hui la déficience seule ne suffit plus à définir le handicap moteur. Un handicapé moteur est une personne qui en plus de sa déficience et / ou du fait de sa déficience (les deux facteurs sont concomitants) se trouve limitée dans ses activités ou restreinte dans sa vie sociale.

La vision du handicap en général et du handicap moteur en particulier s'est élargie pour tenir compte des facteurs environnementaux. La situation de handicap moteur induit une rupture d'égalité des chances, à bien des niveaux.

1. 3 .2 Le handicap moteur

Une déficience motrice est une atteinte (perte de substance ou altération d'une structure ou fonction, physiologique ou anatomique) de la motricité, c'est-à-dire de la capacité du corps ou d'une partie du corps à se mouvoir ou à se maintenir dans une position donnée de façon ordinaire, quels que soient le but et la fonction du mouvement produit ou du positionnement obtenu : déplacement (locomotion, transferts, etc), fonction posturale (se tenir debout, assis, etc).

Nous entendons ici par femme handicapée motrice, tout être humain de sexe féminin ayant perdu la totalité ou une partie de l'usage de ses membres inférieurs. Ce qui réduit considérablement sa capacité à se déplacer et à mener convenablement ses activités. Cette situation crée une dépendance vis-à-vis de l'entourage qui assure à la femme l'exécution de certaines tâches ou prend en charge les besoins socioéconomiques de ces femmes.

1. 3 .3 Amélioration des conditions socioéconomiques

Les femmes sont désignées comme étant la couche la plus touchée par la pauvreté. C'est ainsi que des concepts comme la « féminisation de la pauvreté » sont apparus pour caractériser l'ampleur de ce phénomène qui touche plus de la moitié de la population mondiale. C'est ainsi que l'idée de renverser cette tendance, a permis de développer des concepts tels que « l'amélioration des conditions socioéconomiques ».

Dans cette étude, nous entendons comme amélioration des conditions socioéconomiques, l'ensemble des facteurs qui font passer la femme handicapée motrice d'une situation de dépendance à celle de pleine actrice dans le développement socioéconomique de sa famille.

Ainsi, il s'agira de voir comment les AGR pourraient permettre aux femmes handicapées motrices de la commune de penser d'elles mêmes de décider d'elles mêmes et d'agir selon leurs moyens.

1. 3 .4 Genre

Le terme genre fait référence à la construction sociale des rôles féminins ou masculins. Ceux-ci ne sont pas seulement définis par le caractère biologique du sexe, mais sont le résultat des conditions de production et de reproduction propres à chaque société et en évolution constante.

Selon GRESEA (2000) : « les genres ont une base culturelle ; ils sont définis par la société qui en détermine les activités, les statuts, les caractéristiques psychologiques, culturelles et démographiques, dont le point de départ est la différence sexuelle, mais qui ne peuvent pas se résumer ou se justifier par cette seule différence sexuelle ».

Dans notre entendement, le genre inclut au delà de la différence sexuelle, les différences anatomiques résultants des handicaps. Car si les femmes sont désavantagées à cause de leur sexe, celles handicapées le sont beaucoup plus avec leur handicap physique. Il s'agit ici de les réintégrer dans le tissu économique au même titre que leurs soeurs valides.

1. 3 .5 Activités Génératrices de Revenus

Ce sont de petites activités économiques au profit des couches sociales pauvres, ne nécessitant pas un grand apport financier, mais rapportant des gains qui permettent la prise en charge des besoins biologiques et sociaux de la famille. Le micro crédit a permis le développement de ces AGR, d'autant plus que les institutions financières traditionnelles ne sont pas accessibles aux populations pauvres. Il s'agit d'activités comme le commerce, la transformation de produits, l'artisanat, ...

1. 3 .6 Association

En Droit, l'association désigne un groupement dont les membres poursuivent en commun un but autre que celui de partager des bénéfices.

Il est toujours permis, en principe, à ceux qui ont en commun un but de ce genre de se grouper en association pour l'accomplir : c'est le principe de la liberté d'association, qui a été mis en oeuvre par la loi du 1er juillet 1901.

Dans le contexte de notre étude, l'association des femmes handicapées motrices est une structure regroupant des femmes handicapées motrices ayant comme aspirations :

- d'unir toutes les femmes handicapées motrices de la commune ;

- de favoriser l'entre aide et la solidarité entre les femmes handicapées motrices ;

- de développer des Activités Génératrices de Revenus (AGR) pour la promotion socio économique des femmes handicapées motrices ;

- de lutter contre toutes les discriminations dont sont victimes les femmes handicapées motrices de la commune

Au cours de nos investigations, nous avons pu nous rendre compte de la rareté des données sur les conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices et les solutions préconisées à cet effet. Des études spécifiques et exhaustives portant sur ce sujet n'ont que peu été initiées jusque là, notamment dans les Pays en Voie de Développement.

Les conditions de vie des femmes en général et de celles handicapées motrices en particulier, dans les sociétés ont suscité quelques réflexions et investigations de la part d'auteurs à travers le monde. La situation de la femme surtout son statut, sa position sociale et ses conditions de vie socioéconomiques ont souvent été évoquées par les décideurs et les gouvernants.

Cet état de fait est à l'origine de recherches sociologiques, démographiques, ethnologiques, socioéconomiques visant à assurer une meilleure circonscription de la problématique « femme handicapée motrice».

Nous nous proposons ici de faire la revue de ce qui a été dit sur les conditions socio-économiques des femmes en général et de celles handicapées motrices, avant d'explorer les efforts consentis par ces dernières en milieu urbain, pour l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques.

2. 1 Les conditions socioéconomiques des femmes : la division sexuelle du travail

La pauvreté de la femme a souvent été considérée comme la résultante d'une discrimination dont elle a fait l'objet depuis l'avènement de l'homme sur terre. Si d'aucuns y voient une volonté divine ou la force de la nature, d'autres incriminent le rôle donné à la femme dans la division sexuelle du travail.

S. MOSCOVICI (2000)3(*), trouve le fondement de la dépendance socio-économique des femmes dans « l'organisation (lignage), dans la rationalisation et dans la représentation de chaque groupe humain ». Pour lui, « le statut et la place de la femme dans le processus de développement relèvent d'une superstructure sociale et des institutions qui traitent le genre féminin suivant une certaine hiérarchisation des normes préétablies. Ainsi, le statut de la femme ne peut être correctement appréhendé qu'à travers l'avènement de sa vie qu'est le mariage, avec ses trois problèmes fondamentaux : la dot, la polygamie et le matrilignage ».

Pour MENDRAS H. (1975), « la division sexuelle du travail est un phénomène "quasi- universel" qui traduit une certaine prééminence de l'homme sur la femme. C'est la question du pouvoir qui est au coeur des rapports de sexes. Ces rapports peuvent revêtir des formes différentes et se manifestent tant au niveau économique, politique que social »4(*).

EAGLY cité par MOSCOVICI (2000), accorde dans ce sens en affirmant que « la mise en place des rôles, notamment la division sexuelle du travail qui se traduit plutôt par le rôle sexuel agentif des hommes et le rôle plutôt communautaire des femmes, résulte de l'acquisition des compétences, des croyances et des attentes correspondant à chaque sexe ».5(*) Le modèle d'EAGLY repose sur le fait que le rôle attribué à chaque sexe est un ensemble d'attentes consensuelles fonctionnant comme une norme dans l'influence qu'elles exercent sur le comportement des membres du groupe concerné. Ces attentes portent non seulement sur le comportement de l'individu, mais aussi sur celui des autres. La conformité aux rôles liés à leur sexe exerce une influence significative sur le comportement des hommes et des femmes, donnant lieu à des différences quantifiables dans la moyenne de leurs performances.

MUNROE cité par MOSCOVICI (2000), affirme à la suite de EAGLY que « bien que les attributs communautaires et agentifs puissent être étroitement liés à la division du travail, dans le monde entier les femmes consacrent davantage de temps que les hommes à la famille, car elles sont souvent chargées de s'occuper des enfants et des tâches ménagères. Les attributs communautaires sont donc liés à la vie domestique tant comme les traits agentifs sont liés à la sphère publique ».

I. FALL (2005) renforce cette idée en faisant référence à « la notion de chef de famille qui pour elle, est une prérogative d'essence masculine fondée sur les constructions sociales et religieuses qui indiquent que les sociétés sont de natures patriarcales : l'autorité est masculine et la femme dépend sous ce rapport, de l'homme (le mari, le père ou le frère aîné) »6(*).

Cette suprématie des hommes suppose l'entretien et la prise en charge des femmes dans tous les domaines. Dés lors apparaît la division du travail : les hommes assurent les activités de production et les femmes les activités de reproduction et d'entretien du foyer.

Ces auteurs semblent s'accorder sur un point : la division sexuelle du travail désavantage l'épanouissement socioéconomique de la femme. Les effets de cette situation affectent directement sa capacité à participer pleinement aux activités économiques et politiques. Il en résulte que les rapports socioéconomiques fondés sur le genre sont en défaveur de la femme.

Ces considérations sur la division sexuelle du travail ne doivent cependant pas occulter le constat selon lequel les femmes (notamment celles urbaines) réussissent très souvent dans leurs entreprises d'auto promotion et d'insertion socioéconomiques. Aussi, il convient d'étudier la particularité des recherches sur la situation socioéconomique de la femme handicapée motrice.

2. 2 La particularité de la femme handicapée

La situation de la femme handicapée motrice n'est pas meilleure que celle de la femme en général, car en plus d'un désavantage lié à l'aspect genre, ces femmes sont aussi limitées par un handicap physique qui affecte leur motricité. Se déplaçant difficilement, elles voient leurs chances de participer à la vie socioéconomique très réduites, pour ne pas dire nulles.

En effet, MORROW M.7(*) traduisant la situation de la femme handicapée, dira que « le sexe et le contexte ont une incidence sur l'expérience sociale de vivre avec une maladie chronique et une incapacité ». Ainsi, pour cet auteur, les incapacités ont un contexte social et les déterminants comme le sexe, la race et les circonstances socio-économiques ont des effets par rapport au fait de développer et de vivre avec des incapacités. En effet, les discriminations à l'égard de la femme handicapée sont multiples et visibles dans plusieurs domaines :

- limitation dans le domaine de la mobilité ;

- l'accès à l'école est souvent très difficile, compromettant ainsi leur intégration au marché du travail ;

- de plus, elles sont confrontées à de graves difficultés à la fois pour trouver et pour conserver un travail. Et le « taux d'emploi des femmes handicapées est beaucoup plus faible ».

La prise en charge en matière de protection de la santé est insuffisante. Les services de santé sont en général peu accessibles aux personnes handicapées. Elles ont difficilement accès aux médecins.

SOW A. dira dans ce sens « qu'en matière de Santé, les femmes, au premier chef, constituent la couche de la population la plus exposée. Cette différence est encore plus accentuée chez les femmes handicapées qui souffrent doublement en raison de leur statut de femme et de leur handicap physique ou intellectuel ».

Concernant l'éducation, les filles handicapées n'ont pas la même chance d'y accéder que leurs consoeurs valides. Lorsque le choix sur la scolarisation des enfants se pose, les parents préfèrent investir chez l'enfant non handicapé. Par ailleurs, certains handicaps empêchent ou limitent les possibilités de l'enfant à fréquenter l'école. NDECKY H. (2004) souligne à cet effet que « une fois dans le circuit formel d'éducation, ces filles handicapées en ressortent très tôt à cause de difficultés telles que :

- l'inadéquation des moyens de transport ;

- l'inhibition des capacités intellectuelles de l'enfant du fait du sentiment d'infériorité né de la situation de handicap ;

- une mentalité de surprotection de l'enfant handicapé qui ne favorise pas son ouverture au monde ; ... 8(*)»

Sur le plan psycho - affectif, la femme handicapée motrice n'a pas aussi une assez large ouverture au monde. Si elle n'a pas la possibilité de mendier dans les rues et artères de la ville, elle reste souvent dans la cellule familiale de base où elle est a peine visible pour ne pas « être la honte de la famille ». Ses relations sociales sont restreintes. COURBEYE J. dira à cet effet que « l'apparition d'un handicapé dans une famille est souvent malvenue et mal acceptée par les parents. Elle est source d'humiliation et peut même provoquer la déchirure de certains couples ».9(*)

Aussi dans le contexte de la sexualité des femmes handicapées, le célibat semble dominer cette couche sociale. C'est ainsi que plusieurs recherches ont tenté de comprendre leur vie sexuelle.

COLOMBY P. et GIAMIA diront (parlant de relations socio-sexuelles), que « les personnes handicapées ont moins fréquemment des relations socio-sexuelles que les personnes valides. Sachant que la possibilité d'établir de telles relations varie selon les caractéristiques socio-démographiques des personnes concernées, telles que le sexe, l'âge, le niveau d'études, l'emploi, le statut juridique ou les revenus.

- la probabilité d'avoir des relations socio-sexuelles varie selon le type de déficiences (mentales, motrices, sensorielles et métaboliques).

- le degré d'incapacité associé aux déficiences exerce une influence sur la possibilité d'avoir des relations socio-sexuelles.

- la sociabilité des personnes, à savoir les contacts avec des membres de la famille, des voisins ou des amis, la participation à des activités de loisirs ou culturelles, la participation à des activités associatives, la fréquence des départs en vacances peut également contribuer à expliquer l'existence (ou l'inexistence) de relations socio-sexuelles.

- la possibilité d'avoir des relations socio-sexuelles dépend des conditions d'hébergement faites aux individus et des types d'institution dans lesquels ils sont placés ».10(*)

Sur le plan socioéconomique, les femmes handicapées motrices font les frais de leur faible instruction et de leur manque de qualification professionnelle. Ceci vient s'ajouter aux désavantages dont sont aussi victimes les femmes en générale. Leur ultime alternative reste souvent la mendicité.

Considérant « le travail comme essentiel à notre intégration sociale et à notre équilibre psychologique »11(*), FALL. A, (1997) pointera l'exclusion sociale des personnes handicapées et surtout des femmes handicapées. Ces personnes sont donc très souvent condamnées à une situation de dépendance.

SENGHOR. D, (1981) renforcera cette idée en soulignant le fait que « "ces déchets humains" pèsent sur l'économie ; constituent une partie des forces productives qui est amputée et un frein au développement de telle sorte que c'est la société toute entière qui se trouve handicapée 12(*)».

Ainsi, tous ces écrits semblent aller dans le sens d'un environnement socioéconomique défavorable pour la femme en général et surtout pour celle handicapée. Cependant, des actions ont été menées pour trouver une issue à la situation défavorable de la femme. Nous voulons ici étudier la particularité de la contribution de la micro finance dans l'amélioration de la situation de la femme et de celle handicapée en particulier.

2. 3 Les initiatives entreprises pour l'amélioration de la situation de la femme

La question genre a fait son apparition dans les politiques et stratégies de développement, après l'échec de plusieurs politiques et stratégies qui occultaient la prise en charge des groupes vulnérables.

Ainsi, les gouvernements et partenaires au développement se sont rendus compte qu'un développement ne pourrait être possible sans la participation de plus de la moitié de la population en terme quantitatif et une main hautement qualitative. Tous les acteurs du développement se sont rendus à l'évidence de l'urgence d'accorder une attention particulière à la condition de la femme. Entre autres stratégies, la micro finance est apparue comme un moyen d'impliquer la femme dans le processus économique dont elle constituait déjà un poids considérable.

GUERIN.I, voit en la micro finance un outil d'émancipation et de promotion de la condition féminine. Pour elle, les objectifs visés sont multiples : augmenter leurs revenus et faciliter leur indépendance financière, stabiliser et professionnaliser leurs activités entreprenariales, mais aussi, et peut être surtout, améliorer leur statut au sein de la famille, renforcer l'estime qu'elles ont d'elles-mêmes, ou encore favoriser leurs capacités d'auto organisation et donc d'expression et de revendication.

Dans la visée, SEN (1993) affirme que la micro finance apparaît en quelque sorte comme un moyen d'augmenter l'autonomie et la liberté réelle des femmes.

GUERIN.I, renforce en voyant en l'économie solidaire comme étant le seul moyen d'accéder à des droits économiques et sociaux de base pour les pays du Sud. Cependant, se voulant prudente, elle prévient que d'un point de vue individuel, on observe que la micro finance peut tout autant favoriser l'autonomie des femmes en leur permettrant de stabiliser une activité génératrice de revenus et de s'affranchir de certains liens de dépendance qu'alourdir le poids de leurs obligations, renforçant ainsi les inégalités entre hommes et femmes mais aussi entre femmes elles-mêmes. D'un point de vue collectif, on constate que la micro finance peut consolider les réseaux sociaux comme les déstabiliser, appuyant les compétences collectives d'organisation et de gestion comme susciter et encourager la création de groupes fictifs ou monopolistiques. Par conséquent, s'il semble nécessaire d'apprécier et de soutenir les potentialités de l'action collective via la micro finance, il convient donc également de reconnaître ses limites.

CLOUTIER, L et DIARRA, D (1993), constatent que « les femmes ont tendance à s'investir surtout dans le commerce (46% des activités occupées) et dans les affaires. Elles mettent en pratique différentes stratégies de lutte contre la pauvreté et la dégradation de leur milieu13(*) ».

Ainsi, les femmes semblent s'être parfaitement insérées dans le secteur informel qui leur apparaît alors comme un secteur d'accueil susceptible d'offrir du travail à presque toutes celles qui le désirent. D'où la nécessité de le formaliser en octroyant des financements aux femmes et leur permettre de s'insérer aisément dans le tissu économique.

La quasi-totalité de ces études et résultats de recherches ont montré des conditions de vie précaires pour la femme en général et pour celle handicapée en particulier. Celles-ci n'ont jamais cessé de se battre pour améliorer leur situation socioéconomique. Ainsi, ces écrits ont démontré que les femmes ont investi le secteur informel qui reste pour elles une source d'auto promotion.

Par ailleurs bien qu'ils aient insisté sur les initiatives entreprises par ces femmes, aucun d'entre eux n'a été orienté vers l'analyse de l'apport des Activités Génératrices de Revenus dans l'amélioration de la condition socioéconomique de la femme en général et plus particulièrement, de celle handicapée en milieu urbain.

C'est pour cette raison que nous essayerons dans cette étude d'analyser cet apport sous le prétexte d'une étude centrée sur le cas de l'AFHMCB.

3.1 CADRE D'ETUDE

Le Sénégal est situé à l'extrême ouest du continent africain et couvre une superficie de 196 722 km2. La population du pays est d'environ 10 852 147 habitants avec un taux de croissance de 2,52% et une densité de 57 habitants au km2 (estimations de 2004). La population urbaine s'élevait à environ 49% de la population totale en 2002.

Située à 14°42 de latitude Nord et 16°27 de longitude Ouest, la ville de Bambey appartient au département du même nom dont elle est le chef-lieu.

Ce département de la région de Diourbel, avec une superficie de 135 km2, est limité par ceux de Mbacké, Diourbel, Fatick, Tivaouane, Thiès et Mbour, et est situé dans une zone continentale qui ne dispose ni de cours d'eau, ni de ressources minières, ni de forêts classées.

Avec la présence de fonctions éducatives et de recherche dans les domaines sylvo - pastoral et de la foresterie, des équipements de santé, administratifs et marchands, la commune de Bambey centralise l'ensemble de son département. Au niveau national, Bambey est à 24 km de Diourbel, 55 km de Thiès, 40 km de Fatick et 123km de Dakar.

La ville de Bambey est au carrefour de l'inter régionale Méckhé-Fatick et de la Nationale III. Elle fut créée en 1886 à partir des hameaux qui s'étaient implantés autour du marigot. Cette affluence de populations s'est vue accentuée par le forage du puits de Kabe en 1906.

En 1907, l'ancien royaume du Baol fut érigé en cercle avec comme chef lieu Diourbel et comprenait trois subdivisions dont celle de Bambey qui renfermait les cantons de Tieppes, Ndadène , Guéaul et Lambaye ;

En 1926, Bambey fut une commune mixte et elle devient seulement commune en plein exercice en 1956. En 1976, la région de Diourbel fut divisée en deux avec la création de celle de Louga, et comprend depuis lors trois départements que sont : Diourbel, Mbacké et Bambey.

Le département de Bambey se trouve être l'un des plus pauvres du Sénégal. La majorité de sa population travaille dans le secteur agricole. Le niveau d'instruction des populations est relativement faible. Bambey présente une physionomie foncièrement rurale.

Les acteurs du développement local comprennent ;

- l'Etat et ses démembrements qu sont les services techniques, l'ISRA et l'ENCR ;

- la commune de Bambey qui fait partie des communes les plus pauvres du Sénégal ;

- les autres acteurs que sont la société civile ; les privés ; les associations ; etc.

Cette pauvreté se traduit par l'analphabétisme, la non accessibilité à l'eau, à l'électricité, au logement décent entre autres.

Dans le contexte de pauvreté de la ville de Bambey, les femmes et les handicapés se présentent comme les acteurs les plus vulnérables. Ils sont confrontés à l'insuffisance des moyens basiques pour satisfaire leurs besoins primaires.

Il existe une association des handicapés moteurs dans la commune, mais l'insuffisance des ressources financières contraint les membres à mener des activités de promotion qui puisse assurer leur intégration économique et sociale. La faible capacité d'organisation des handicapés et la faiblesse en ressources financières et matérielles (logistiques, équipement) constituent un frein pour leur insertion et leur contribution au développement local.

Il n'existe pas, à proprement parler, une stratégie ou un modèle d'appui et de prise en considération des personnes handicapées, reposant sur l'institutionnalisation et la spécialisation. Les handicapés sont confrontés à plusieurs limites telles que : la non existence de structures spécifiques de prise en charge, une prise en charge coûteuse, une marginalisation, ... Il n'y a pratiquement aucune relation entre le centre de santé et les personnes handicapées

Seuls quelques ONG, bonnes oeuvres et organes étatiques décentralisés tels que le SDAS s'occupent encore timidement des handicapés.

C'est dans ce cadre que l'Etat et des partenaires en collaboration avec le SDAS, ont mis en place un programme de Réadaptation à Base Communautaire (RBC). C'est une stratégie qui s'inscrit dans le cadre du développement communautaire pour la réadaptation, l'égalisation des chances et l'intégration de toutes les personnes handicapées.

Au niveau de la population, une certaine compassion à l'égard des handicapés est notée. Elle accepte de plus en plus et encourage l'émergence d'associations de personnes handicapées, mais ne traduit pas encore ce soutien en des actes concrets.

Cependant, beaucoup de préjugés et de stéréotypes subsistent encore. Nous avons même noté des cas d'abus sexuels sur des mineurs handicapés, des refus de paternité sur des grossesses de handicapées et des oppositions à des projets de mariages.

L'environnement est encore hostile à l'épanouissement des handicapés moteurs. Mais il faut reconnaître qu'avec le dynamisme croissant des associations de personnes handicapées, il y'a un début encore timide de prise en charge de cette couche de la population.

A ce titre, des formations ont été dispensées à certaines membres de l'AFHMCB et concernaient des domaines tels que la couture/broderie, la coiffure, l'art ménager et la transformation des fruits et légumes avec l'ITA. Les membres formés sont capables aujourd'hui de développer des AGR, de les gérer et s'autonomisent de plus en plus.

3.2 CHAMP D'ETUDE

Le nombre de personnes handicapées motrices recensé dans la commune s'élève à ce jour à 136. Dans ce nombre, 62 sont des femmes, soit 46% de la population totale de handicapés moteurs de la commune.

Le groupe sur lequel nous avons choisi de faire notre étude se nomme Association Féminine des Handicapées Motrices de la Commune de Bambey (AFHMCB). Elle a été créée en 1999, suite à des malversations financières ayant disloquées l'Association des Handicapés Moteurs de Bambey.

En effet, les femmes membres de ladite association, regroupées au sein de la section féminine, avaient décidé de créer leur propre association, après constatation des discriminations dont elles faisaient objet et des malversations financières continuelles.

L'AFHMCB a son siége social au quartier léona nord, sur la route de Gawane, chez le domicile du chef de quartier feu Salif NDIAYE.

La raison d'être de l'association est l'entre aide et la solidarité entre ses membres. Ce besoin d'entre aide découle du fait qu'elles se sont toujours senties laissées en rade par les autorités locales et les institutions, malgré les voeux pieux faits à l'endroit des handicapés.

Ce but a été traduit en trois objectifs majeurs que sont :

- regrouper toutes les femmes handicapées motrices de la commune, au sein d'une même association ;

- favoriser l'entre aide et la solidarité entre les femmes handicapées motrices ;

- développer des Activités Génératrices de revenus (AGR) pour la promotion socio économique des femmes handicapées motrices.

Le problème centrale des membres de l'association se trouve être les difficultés de déplacement de ses membres, du fait du handicap.

En effet, ces difficultés de déplacement se traduisent par un manque de moyens de locomotion spécifique à leur handicap, à savoir : des chaises roulantes et des béquilles. Cela entraîne beaucoup de retard dans leurs activités, des absences fréquentes lors des réunions et même des démissions.

L'AFHMCB est sous la tutelle de L'Association Nationale des Handicapés Moteurs du Sénégal (ANHMS)

L'ANHMS est une association à but non lucratif, officiellement reconnue le 06 MAI 1982 avec récépissé délivré par le Ministère de l'Intérieur sous le N°3882/MINT/DAGAT.

Elle regroupe des personnes handicapées motrices, les parents et les amis de celles-ci et est présente dans tout le territoire sénégalais. Sa structuration est modelée sur la décomposition géographique du pays.

Elle est composée d'un Bureau National, de 10 bureaux régionaux, de 31 bureaux départementaux et des comités de quartiers. Elle travaille à l'amélioration des conditions de vie des personnes handicapées en général et de ses membres en particulier.

La section féminine née de l'assemblée générale statutaire de 1998 a permis à l'association de faire un pas considérable dans sa structuration.

La femme handicapée, du fait de sa situation de marginale à plus d'un titre (en tant que femme et en tant que handicapée), méritait qu'on lui consacre un plan spécifique d'insertion.

La section compte à ce jour plus de 200 000 membres à travers le Sénégal et a suivi la structuration de l'association. Ainsi, elle a des filiales dans toutes les sections régionales et sous-sections départementales de l'association.

L'AFHMCB, depuis sa création en 1999, n'a pas poursuivi sa structuration. Elle ne disposait donc pas de texte organique, mais officiait surtout dans l'informel. Cependant bien que n'ayant pas de reconnaissance juridique, cette association avait toujours le soutien de partenaires tels que le SDAS/Bambey, AHDIS ou encore le CMS.

L'adhésion à l'association est libre et volontaire, pourvu que l'adhérant soit femme handicapée motrice. Le droit à l'adhésion s'élève à 2500F CFA. Pour prétendre à des financements et participer aux activités de l'association, le membre devra verser mensuellement, la somme de 500F CFA.

Le bureau de l'association est composé :

- d'une présidente ;

- d'une présidente adjointe ;

- d'une secrétaire générale ;

- d'une trésorière ;

- d'une trésorière adjointe ;

- de trois commissaires aux comptes.

Ce bureau a été mis en place en 1999, à la suite d'un vote. Les membres n'ont pas jugées nécessaire de le renouveler, puisque l'association na pas encore achevée sa structuration par une reconnaissance juridique.

Le consensus est de rigueur dans les prises de décision. A l'occasion, la présidente convoque tous les membres disponibles pour prendre une décision unanime. Cependant, il arrive parfois que l'acuité de la situation ne permette pas la réunion de tous les membres. La présidente reçois alors le plein pouvoir de décider pour et dans l'intérêt de l'association et ensuite de rendre compte aux membres.

Avec le problème de déplacement qui affecte la quasi-totalité des membres du bureau, sinon de l'association, les fonds ont été confiés à la présidente qui les gère et garde les documents et archives. Les autres membres lui font entièrement confiance et n'interviennent que lorsque la situation le demande : par exemple quand la signature de la trésorière ou de la secrétaire générale est demandée.

Jusque là, la seule sanction appliquée reste celle financière. En effet, l'association n'est pas encore confrontée à des fautes graves, outre des irrégularités notées sur le versement de la cotisation mensuelle de 500F CFA. Ainsi, pour prétendre à un quelconque financement, le membre devra d'abord s'acquitter du versement de toutes ses cotisations mensuelles, sinon de ses arriérées de cotisation. En cas de non paiement, son financement sera réparti aux autres membres ayant émis le désir d'acquérir une somme plus importante.

Avec l'imminence de la reconnaissance juridique, l'association passe progressivement de la gestion informelle à une structuration. Cependant, cette structuration devrait s'accompagner de la résolution d'un certain nombre de problèmes comme celui de la mobilité.

Les membres sont très motivés, malgré leur handicap moteur. La raison est à chercher certainement dans leur désir de trouver les ressources nécessaires leurs permettant de mener des activités socio - économiques afin de s'auto prendre en charge

Dans ce désir commun, tous les membres s'entendent parfaitement et entretiennent des relations d'amitié, de fraternité et de solidarité. C'est la raison pour laquelle les conflits et les clans sont inexistants au sein de l'association. Aussi, la présidente jouit d'une certaine notoriété à cause de ses qualités personnelles de conciliatrice, d'écoute et de gestion collégiale dans la transparence.

D'autres membres jouent aussi des rôles importants ; qui à cause de leurs dynamismes, qui d'autre à cause de leurs niveaux d'instruction.

La massification a fait naître en chacune des membres un dynamisme nouveau. Certaines étaient totalement inactives avant d'adhérer à l'association. L'esprit de solidarité et d'entre aide a réveillé en elles le goût de l'entreprenariat, l'ouverture à l'environnement qui semblait fermée pour elles et le développement de relations et de partenariats.

A ce jour, l'AFHMCB ne dispose d'aucun matériel de fonctionnement et ne compte à son affectif, aucune réalisation visible, hormis le compte au CMS. Les financements qu'elles acquièrent sont partagés entre les membres qui détermineront elles - mêmes les activités sur lesquelles elles vont s'investir ainsi que le mode de gestion des fonds alloués. Les seules exigences sont l'ouverture d'un compte d'épargne et le remboursement des fonds alloués.

Pour les finances, l'association possède un compte d'épargne au CMS. Les inscriptions et cotisations mensuelles y sont versées. Le compte qui s'élève aujourd'hui à hauteur de 150.000F CFA, sert parfois à financer les activités des membres en cas de non disponibilité de fonds de partenaires.

Les financements des partenaires pour chaque membre vont de 50.000F CFA à 100.000F CFA. Ces partenaires sont le SDAS, AHDIS, le PNUD, le PLCP et le CMS.

Le problème central de l'AFHMCB est celui de la mobilité de ses membres. En effet, étant handicapées moteurs, ces femmes ont besoins d'appareils spécifiques qui puissent leur permettre de se déplacer. Il s'agit de béquilles et de chaises roulantes. Malheureusement, ces appareils coûtent chers et ne sont pas à la portée de presque l'ensemble des membres de l'association. Les rares membres qui en possèdent sont confrontées à un autre problème: celui de l'entretien et de la maintenance des appareils.

En effet, les chaises roulantes ont besoin d'un bon entretien et des pièces de rechanges constamment disponibles pour des réparations. Malheureusement, ces pièces de rechanges ne sont parfois même pas disponibles sur le marché.

Il se trouve que la majeur partie des femmes handicapées a surtout besoin de chaises roulantes assez spécifiques, du fait de la nature et du degré de leur handicap, mais surtout à cause de leur âge avancé. Il s'agit de chaises roulantes motorisées et assez spacieuses pour le confort.

Ce problème de mobilité est la cause majeure des retards notés dans le déroulement des activités de l'association, notamment l'écoulement des produits issus de leurs activités.

L'association est aussi confronté à d'autres problèmes tels que l'insuffisance de l'appui technique, la non disponibilité de matériels pour le plein exercice des AGR, l'inadaptation des systèmes de crédits en cours qui font de petits prêts qui ne permettent pas de prendre en charge certaines activités et qui ne prennent pas en compte les besoins spécifiques du handicapé et les besoins primaires du foyer. Ainsi, les membres ne peuvent mener ensemble des activités communes et sont obligées de se partager les financements à cause de leur insignifiance

Au plan social, l'inadéquation du milieu de vie avec les discriminations, stéréotypes et marginalisations de la population et surtout des autorités locales, constituent un second handicap pour ces femmes. Nous pouvons affirmer que c'est même le handicap majeur pour ces femmes. Certaines se sont vues opposer des projets de mariage, d'autres ont subi des abus sexuels, des refus de reconnaissance de leurs enfants à cause de leur état de faiblesse. Malheureusement, elles ne disposent pas encore des armes nécessaires pour faire face à l'hostilité du milieu, malgré leur dynamisme et leur expertise dans certains domaines comme la coiffure, la couture et la transformation des fruits et légumes

4.1 Type de recherche

Nous avons choisi de faire une étude descriptive centrée sur une association. Il s'agit d'une investigation au sein d'un groupe (l'Association Féminine des handicapés moteurs de la Commune de Bambey), afin de répondre à la question de savoir ce que les AGR apportent à l'amélioration des conditions de vie des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey.

4.2 But

Le but de cette étude est de contribuer à l'amélioration des conditions socio-économiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey à travers les Activités Génératrices de Revenus (AGR).

4.3 Objectifs de recherche

4.3.1 Objectif général

Appréhender l'impact des Activités Génératrices de Revenus (AGR) dans l'amélioration des conditions socio-économiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey.

4.3.2 Objectifs spécifiques

- Décrire les caractéristiques sociodémographiques, sanitaires et socioéconomiques des femmes membres de l'Association Féminine des Handicapés Moteurs de la Commune de Bambey (AFHMCB);

- Analyser la nature et l'impact des Activités Génératrices de Revenus (AGR) pratiquées par les femmes membres de l'AFHMCB;

- Analyser la perception que les femmes membres de l'AFHMCB ont d'elles mêmes en terme de pouvoir de décision et d'autonomie d'action ;

- Recueillir les suggestions des femmes membres de l'AFHMCB, de leurs conjoints ou parents proches (ascendants, membres de la fratrie ou enfants) et des organismes de financement et partenaires ;

4.4 Population à l'étude

La population cible est composée de trois sous-groupes :

- les femmes handicapées motrices exerçant une AGR au niveau de la commune de Bambey ;

- les partenaires (associatifs ou institutionnels) ayant financé et/ou assuré la formation, l'accompagnement technique et le suivi des activités des femmes de l'association ;

- les conjoints ou parents proches (ascendants, membres de la fratrie ou enfants) des femmes handicapées motrices exerçant une AGR au niveau de la commune de Bambey.

Ainsi, la population observée est composée de trois (03) sous-groupes :

- les femmes membres de l'association féminine des handicapées motrices résidant dans la commune de Bambey et exerçant une Activité Génératrices de Revenus;

- les agents prestataires de services des structures ou services d'accompagnement ;

- les conjoints ou parents proches des femmes de l'association féminine des handicapées moteurs de la commune de Bambey.

4.5 Echantillonnage et échantillon

En raison de l'effectif assez réduit des membres de l'association (23) et compte tenu des besoins de représentativité de l'étude, la base de sondage retenue est une nomenclature

La nomenclature en question est la liste des femmes membres de l'Association Féminine des Handicapés Moteurs de la Commune de Bambey et exerçant une AGR.

Cette nomenclature nous fournit l'information sur l'identité et l'adresse, afin d'accéder facilement à la population à observer.

L'échantillonnage est de type non probabiliste. La méthode non aléatoire adoptée nous permet de disposer d'un échantillon dirigé selon les critères d'inclusion ci-après :

- être membre de l'Association Féminine des Handicapés Moteurs de la Commune de Bambey :

- avoir au moins 18 ans ;

- exercer une AGR..

Ainsi, l'échantillon enquêté est composé de onze (11) individus. Tous ces individus réunissent les critères d'inclusions retenus pour l'enquête.

- Unité d'échantillon 

L'unité d'échantillon est un individu qui fait partie de la base de sondage et qui peut être sélectionnée : il s'agit ici de l'unité « femme handicapée motrice exerçant une Activité Génératrices de Revenus (AGR) ».

- Unité déclarante 

C'est l'individu qui fournit l'information qu'exige notre recherche. Dans cette étude il y' a trois (03) unités déclarantes : les femmes handicapées motrices exerçant une AGR, les conjoints ou parents proches des femmes handicapées motrices exerçant une AGR et les partenaires, structures d'appui et d'accompagnement.

- Unité de référence 

C'est l'unité au sujet de laquelle l'information est fournie, unité qui sert de référence à l'analyse des résultats de la recherche : il s'agit ici de la femme handicapée motrice exerçant une AGR.

4.6 Techniques et instruments de collecte de données

4.6.1 Validation des instruments

La collecte des données et informations nécessaire au bon déroulement de notre recherche est axée sur deux phases principales : la recherche documentaire et l'enquête proprement dite sur le terrain.

Les différents instruments utilisés pour l'enquête seront l'administration d'un questionnaire, l'entretien et l'observation participante.

Auparavant une recherche documentaire permettra de cerner les axes du thème.

- La recherche documentaire

Pour cette étape du travail, nous avons procédé à la consultation de plusieurs documents relatifs à notre thème dans des centres documentaires tels que

- la bibliothèque de l'Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés (ENTSS) ;

- la bibliothèque de l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) ;

- la bibliothèque de l'Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS) ;

- la bibliothèque du Bureau International du Travail (BIT) ;

Il s'agit particulièrement de mémoires de fin d'études, d'ouvrages, de rapports de stage ou de séminaires, d'articles de journaux, de sites Internet abordant les questions de genre, de handicap et d'Activités Génératrices de Revenus.

- L'entretien

L'entretien est une technique de recueil de l'information qui se déroule dans une relation de face à face afin de recueillir des informations dans tous les domaines. Elle vise à :

- Obtenir des informations, perceptions, sentiments, attitudes ou opinion de la part de l'enquêté ;

- Comprendre ce que les personnes pensent ou peuvent penser sur un sujet

- Approfondir des points importants ;

- Initialiser une démarche participative.

Nous avons choisi cette méthode d'une part à cause du niveau d'instruction assez bas de notre population d'étude principale (les femmes de l'association féminine des handicapés moteurs de la commune de Bambey), d'autre part, elle assure la fiabilité à nos données car nous offrant la possibilité de contenir les écarts de réponses.

- Le questionnaire

Il sera élaboré pour les partenaires et organismes de financement et d'encadrement des femmes exerçant une AGR.

Il s'agira pour ces partenaires de financement et d'encadrement des femmes exerçant une AGR, de répondre à une liste de question qui leur sera livrée à domicile.

L'avantage de cette méthode est qu'ils prendront le temps (dans un délais raisonnable) de réfléchir aux différentes questions qui leur seront remises.

- L'observation participante

Il s'agira pour nous de participer aux activités menées par les femmes handicapées moteurs entrepreneurs, afin de pouvoir apprécier un certain nombre de facteurs liés à leur organisation et à l'intérêt qu'elles portent aux activités collectives.

Ainsi, nous avons trois (03) instruments de recueil de données :

- un (01) guide d'entretien à l'intention des femmes handicapées motrices exerçant une AGR, de l'association féminine des handicapées moteurs de la commune de Bambey ;

- un (01) guide d'entretien à l'intention des conjoints ou parents proches des femmes handicapées motrices de l'association féminine des handicapés moteurs de la commune de Bambey ;

- un (01) questionnaire à l'intention des organes de financement et partenaires des femmes handicapées motrices de l'association féminine des handicapés moteurs de la commune de Bambey.

Les informations recueillies avec ces trois (03) instruments seront complétées par celles consignées dans le carnet de recherche, grâce à l'observation participante au cours de la recherche.

4.6.2 Analyse critique des instruments

Les guides d'entretiens et le questionnaire d'enquête ont été soumis à notre encadreur de mémoire qui a vérifié la conformité des questions avec les objectifs de recherche, suggéré l'élimination ou la reformulation de certaines questions,

Ensuite, des entretiens avec des spécialistes en handicap moteur au bureau de Handicap International et avec un spécialiste de la micro finance à l'Ecole Nationale des Cadres Ruraux de Bambey, a permis la redéfinition de certains termes techniques concernant le handicap et l'entreprenariat féminin.

4.6.3 Le pré- test 

Par souci de vérifier la clarté et la précision des instruments confectionnés, nous avons fait le pré-test à Bambey qui se trouve être la zone de notre étude ; mais avec une cible différente de celle que nous devrons étudier. Il s'agit du GIE Pastef qui regroupe des femmes s'activant essentiellement dans le petit commerce. Cependant, cette cible ne regroupe pas des femmes handicapées motrices.

Ce pré-test nous a permis de réajuster les outils méthodologiques, certaines questions et de revoir la conformité des questions avec le thème de notre recherche.

4.7 Déroulement de l'enquête

L'enquête proprement dite sur le terrain, s'est déroulée du 27 décembre au 30 décembre 2006. D'emblé, nous avons soumis un questionnaire aux partenaires des femmes qui après information sur les objectifs de l'étude, ont pris trois (03) jours pour remplir ce questionnaire.

Sur le terrain, nous administrions quatre (04) guides par jours, à raison de deux (02) femmes handicapées motrices le matin et deux autres l'après midi. Les femmes qui devaient faire l'objet d'une enquête étaient averties la veille par téléphone et avaient ainsi le temps de se préparer. Les enquêtes auprès des femmes étaient complétées par celles administrées aux conjoints ou proches des femmes.

L'ambiance au début des entretiens était un peu crispée car les femmes avaient des réserves par rapport à l'objet de l'entretien. Au fur et à mesure que l'enquête se déroulait, elles prenaient confiance et se livraient totalement aux questions.

4.8 Aspects éthiques et déontologiques

Dans le but de garantir la confidentialité des données recueillies sur le terrain, nous avons préféré garder l'anonymat des personnes enquêtées.

De même, l'éthique dans le traitement des livres et revues a été respectée conformément au principe déontologique de la recherche.

4.9 Plan d'analyse des données

Après un dépouillement de nos enquêtes, nous avons analysé les réponses apportées par la population à l'étude par rapport au but de notre étude et par rapport à nos objectifs.

Les données sont analysées par rapport à la situation socio-économique de la femme avant la survenue du handicap et après la survenue du handicap, notamment avec l'exercice d'AGR.

Nous avons d'abord essayé d'analyser l'amélioration des conditions des femmes membres de l'association féminine des handicapés moteurs de la commune de Bambey, en procédant par une comparaison de leur situation avant et après le début de la pratique d'AGR. Pour arriver à cela, nous procéderons par déduction, à travers les réponses relatives à ce que les revenus des AGR leur ont permis de réaliser.

Le dépouillement des données recueillies auprès des conjoints des femmes et des partenaires sera un complément d'information sur la situation socio-économique des femmes handicapées avant et après le début de la pratique d'AGR, tout en mettant l'accent sur l'aspect qualitatif de l'amélioration des conditions socioéconomiques, c'est-à-dire en terme d'autonomie de décision et d'action.

4.10 Difficultés et limites de l'étude

La principale difficulté de l'étude réside dans l'impossibilité de trouver une documentation relative à la prise en charge spécifique des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices. Les écrits disponibles sont en général soit une évocation sommaire des conditions difficiles de la femme handicapée motrice, soit ses capacités à pouvoir jouir pleinement d'une vie sexuelle satisfaisante.

Il nous a fallu contourner cette difficulté en mettant une corrélation entre les conditions des femmes en générale et celles handicapées motrices, à travers les questions de genre

5.1 ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Dans ce chapitre, nous voulons développer les différents aspects relatifs aux données collectées en rapport avec les objectifs de la recherche.

La présentation des données relatives à une variable ou un groupe de variables sous formes de tableaux ou de graphiques (diagrammes en secteurs, courbes, histogrammes, ...) est suivie de l'analyse des informations ainsi fournies et de leur interprétation en référence au contexte global de la recherche et des réalités sociologiques, culturelles et économiques de la population.

5.1.1 Caractéristiques sociodémographiques des femmes handicapées motrices

Cette partie permet d'apporter des informations relatives au premier objectif spécifique de l'étude à savoir l'identification des caractéristiques sociodémographiques des femmes membres de l'Association Féminine des Handicapées Motrices de la Commune de Bambey. Cette identification s'est opérée sur la base des critères suivants: l'âge, la situation matrimoniale, le niveau d'instruction, le nombre d'enfants, ...

5.1.1.1. Relation âge - situation matrimoniale et situation matrimoniale - nombre d'enfants

Nous cherchons ici à faire une corrélation entre l'âge et la situation matrimoniale dans un premier temps et ensuite entre la situation matrimoniale et le nombre d'enfants.

Tableau 1 : Répartition des femmes handicapées motrices selon l'âge et la situation matrimoniale

 

Situation matrimoniale

 
 
 

Célibataire

Mariée monogame

Mariée polygame

 
 

Tranches d'âge

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

TOTAL

%

18 - 24

02

18,18

-

-

-

-

02

18.18

25 - 34

02

18.18

01

9.09

01

9.09

04

36,36

35 - 44

03

27,27

-

-

-

-

03

27,27

45 - 54

01

9.09

-

-

01

9.09

02

18.18

TOTAL

08

72.72

01

9.09

02

18.18

11

100

Source: Enquêtes sur le terrain

L'examen du tableau révèle une distribution quasi équitable des femmes handicapées motrices, avec une prédominance de la tranche d'âge 35 - 44 ans qui représente le ¼ de l'échantillon enquêté. La population enquêtée est essentiellement constituée d'adultes (30 - 55 ans) qui font ainsi ¾ de cette population totale.

Nous notons que la grande majorité des femmes handicapées motrices (3/4), sont des célibataires. Les tranches d'âge 18 - 24 ans et 35 - 44 ans sont beaucoup plus frappées par le célibat.

L'importance de la proportion de célibataires est révélatrice de la difficulté de ces femmes à se marier. Cette situation pourrait découler de certaines pesanteurs socioculturelles et des préjugés qui font que bon nombre d'entre elles ont des relations sociales restreintes.

Ainsi, si leurs soeurs valides de la même tranche d'âge arrivent à se marier, elles par contre trouvent difficilement un conjoint qui puisse les accepter avec leur handicap. Car selon NDECKY. H (2004), « le problème ne se situe pas au niveau des deux prétendants, mais c'est plutôt la famille du valide qui s'indigne de voir leur enfant épouser une femme handicapée qui ne saurait s'occuper convenablement de son ménage ».

Aussi, beaucoup de femmes handicapées motrices hésitent encore à contracter une relation amoureuse, pour ne pas être victimes de déceptions ou d'abus de la part de certains hommes, du fait de leur situation de handicap.

SOW. A14(*) (2006), citant DICK. S, présentera « une enquête menée sur 245 femmes handicapées en 1988 par le Réseau d'action des femmes handicapées du Canada, selon laquelle la violence et la crainte de la violence sont les questions les plus cruciales auxquelles sont confrontées les femmes handicapées. Ainsi, il y ressort que :

- le danger d'exploitation sexuelle des personnes handicapées semble être au moins de 150 % plus élevé que celui des personnes du même sexe et d'âge similaire mais sans handicap ;

- quarante pour cent (40%) de ces femmes avaient été violées, maltraitées ou agressées. »

Enfin, pour sortir du célibat, ces femmes n'ont pas en général de choix sur l'option (polygamie ou monogamie). Ce qui explique que beaucoup de celles mariées sont polygames.

Nous nous sommes aussi intéressés à la fécondité des femmes handicapées et les résultats obtenus sont récapitulés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 2 : Répartition des femmes handicapées motrices selon la situation matrimoniale et le nombre d'enfants

 

Situation Matrimoniale

 
 
 

Célibataire

Mariée monogame

Mariée polygame

 
 

Nombre d'enfants.

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

TOTAL

%

0

06

54,54

-

-

-

-

06

54,54

1

01

09,09

01

09,09

-

-

02

18,18

2

01

09,09

-

-

01

09,09

02

18,18

5

-

-

-

 

01

09,09

01

09,09

TOTAL

08

72,72

01

09,09

02

18,18

11

100

Source: Enquêtes sur le terrain

Le tableau ci-dessus nous montre que les femmes handicapées motrices ont une fécondité assez faible. En effet, seule une d'entre elles a eu plus de deux (02) enfants. Ce chiffre est plus bas que « l'Indice Synthétique de Fécondité (ISF) du Sénégal estimé en 1997 à 5,7 enfants par femme »15(*) (EDS III, 1997).

Cette situation serait due en partie au célibat qui touche ¾ de ces femmes. Et dans ce lot de célibataires, plus de la moitié (54,54%) n'ont pas encore d'enfants. Cependant, ces résultats pourraient être nuancés dans la mesure où 81,81% de ces femmes n'ont pas encore atteint l'âge de la ménopause (18 - 44 ans) et donc peuvent encore avoir des enfants.

Aussi, nous notons que 45% des femmes handicapées motrices ont au moins chacune un (01) enfant et ce, quelque soit la situation matrimoniale.

5.1.1.2. Provenance des femmes handicapées motrices

Ce point nous renseigne sur les lieux d'habitation des femmes handicapées motrices membres de l'AFHMCB et leurs positions par rapport au point focal des activités économiques de la commune de Bambey et par rapport au siége social de l'association. Ceci dans l'optique de circonscrire leurs rayons de déplacement.

Graphique n° 1: Diagramme de la provenance des femmes membres de l'Association Féminine des Handicapés Moteurs de la Commune de Bambey.

Source: Enquête sur le terrain

Nous avons constaté que 32% des femmes handicapées motrices membres de l'AFHMCB vivent prés du siège social de l'association qui se trouve dans le quartier léona nord sur la route de Gawane. Aussi, 41% sont à plus de 500 mètres du siège social et 27% résident à plus d'un (01) kilomètre du siège social.

Si le siège social constitue le point focal des activités de l'association, c'est donc 68% des membres qui sont beaucoup plus touchées par le problème de déplacement.

Les rayons d'habitation peuvent sembler insignifiant, mais avec le handicap, ces femmes éprouvent d'énormes difficultés pour se déplacer parce que la quasi-totalité d'elles n'a pas de moyens de locomotion. Les quelques témoignages recueillis ont permis de constater que ce problème de déplacement vers le siége social serait la cause de la non participation de plusieurs membres aux réunions et activités de l'association. Nous avons constaté aussi que 90% des membres non actives, résident à plus de 500 mètres du siège social.

Aussi, faut - il souligner que le marché qui constitue le point focal des échanges dans la commune ne se trouve pas à moins de trois cent (300) mètres de la résidence d'un membre de l'association. Avec le problème de déplacement, ces femmes pourraient avoir des difficultés d'approvisionnement en matières premières et d'écoulement de leurs produits ou services.

5.1.1.3. Age et niveau d'instruction

Selon l'Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages 16(*)(ESAM), l'alphabétisation est le fait, pour une personne de 15 ans et plus, de savoir lire, écrire et comprendre, dans une langue quelconque (y compris les langues nationales), un texte court et simple sur des faits ayant trait à la vie quotidienne.

La relation âge - niveau d'instruction permet d'apprécier le niveau d'instruction des femmes à travers les tranches d'âges et par rapport aux programmes gouvernementaux mis en place pour la scolarisation des filles et l'alphabétisation des femmes. Ceci dans le but de voir si ces programmes touchent les femmes handicapées motrices.

Tableau 3: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon l'âge, la nature et le niveau d'instruction

 

Nature et niveau d'instruction

 
 
 

Non instruite

Primaire

Secondaire

Coranique

Alphabétisation

 
 

Age

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

TOTAL

%

18 - 24

-

-

02

15,38

-

-

-

-

02

15,38

04

30,76

25 - 34

01

7,69

01

7,69

01

7,69

01

7,69

-

-

04

30,76

35 - 44

02

15,38

01

7,69

-

-

-

-

-

-

03

23,07

45 - 54

02

15,38

-

-

-

-

-

-

-

-

02

15,38

TOTAL

05

38,46

04

30,76

01

7,69

01

7,69

02

15,38

13

100

Source: Enquêtes sur le terrain

La lecture du tableau n° 3 nous montre un faible niveau d'instruction chez ces femmes handicapées motrices (61,53% ne fréquente pas l'école française) et une déperdition scolaire notable, vu le nombre de femmes ayant déclaré avoir arrêté leurs études au niveau primaire (un sur trois). Cependant, en considérant en plus de l'école française, l'école coranique et l'alphabétisation, 61,52% des femmes sont instruites, pour seulement 38,46% de non instruites. Donc la persistance de l'analphabétisme serait à nuancer.

Aussi, si certaines parviennent à atteindre le secondaire, cela peut être considéré comme une évolution vers une scolarisation des filles en général et des personnes handicapées en particulier.

Par ailleurs, toutes les femmes handicapées de la tranche d'âge 40 - 55 ans n'ont pas eu accès à un système formel d'éducation. Ceci serait dû à la conception jadis négative sur l'instruction des handicapés et plus particulièrement des filles handicapées. Si leurs consoeurs valides n'ont véritablement eu accès à l'école qu'après de multiples programmes tendant à motiver leur instruction (campagnes de scolarisation des filles), elles au contraire ont fait les frais de la gêne qu'ont souvent les parents à « exposer » devant la société un enfant infirme.

Un autre élément qui attire notre attention demeure le fort taux de déperdition scolaire. En effet, sur les 38,45% de femmes ayant suivi un cycle formel, 30,76% ont abandonné au primaire et 7,69% au secondaire. Aucune d'elles n'a pu accéder aux études supérieures.

Ce fort taux d'abandon scolaire se justifie par de multiples raisons :

- d'abord au niveau familial, les préjugés cultivent une mentalité de protection et d'assistance aux PSH à tel point que certains parents ne songent pas à envoyer leurs enfants handicapés à l'école ou à les soutenir à réussir comme tout enfant dit normal. Il y a aussi que le coût de la scolarité d'un enfant handicapé reste très élevé (appareillage adéquat, transport adapté...) ;

- ensuite, au niveau personnel, les préjugés défavorables de la société peuvent imprimer dans la conscience de l'enfant handicapé une situation de résignation qui fait qu'il se sente inférieur à ses pairs valides. Ce qui peut inhiber ses potentialités intellectuelles ;

- enfin, la législation sénégalaise n'a pas mis en place des mesures réglementaires de protection de la scolarité des PSH tels que :

* l'accessibilité des infrastructures scolaires aux PSH ;

* l'octroi d'un quart d'heure académique, c'est-à-dire, les accepter en classe après un quart d'heure de cours ;

* le recul des limites d'âge aux examens et concours ;

* la mise en oeuvre des moyens de transport adéquats ;

* l'accessibilité de l'appareillage à tout enfant à l'âge scolaire ou scolarisé.

Enfin, grâce à des programmes spéciaux d'alphabétisation, 15% des femmes handicapées ont pu être alphabétisées en langue wolof.

5.1.1.4. Niveau d'instruction et activité professionnelle

Nous considérons ici comme activité professionnelle toute activité capable de générer des revenus pour la femme handicapée.

Tableau 4: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon le niveau d'instruction et l'activité professionnelle

 

Niveau d'instruction des femmes handicapées motrices

 
 
 

Primaire

Second.

Coranique

Alphabétisation

Non instruite

 
 

Occupations

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Total

%

Couture/broderie

02

11,76

-

-

01

05,88

01

05,88

01

05,88

05

29,41

Petit commerce

03

17,64

-

-

--

-

02

11,76

02

11,76

07

41,17

Coiffure

01

05,88

-

-

-

-

-

-

02

11,76

03

17,64

Transformation de fruits & légumes

-

-

-

-

-

-

-

-

01

05,88

01

05,88

Enseignement

-

-

01

05,88

-

-

-

-

-

-

01

05,88

TOTAL

06

35,29

01

5,88

01

5,88

03

17,64

06

35,29

17

100

Source : Enquêtes sur le terrain

A la lecture des données ci-dessus représentées, nous notons que le niveau d'instruction n'a pas un impact réel sur l'activité professionnelle des femmes handicapées motrices. Ce qui démontre que le niveau d'instruction n'a pas un grand impact dans la pratique de certaines AGR. Cependant, la plupart d'entre elles ont appris un métier avec des proches de leurs familles ou à travers des amis, ou bien à la suite d'une session de formation.

Les filières exploitées par les femmes handicapées peuvent être regroupées en deux (02) grandes catégories :

- les filières agro-alimentaires (transformation de fruits et légumes) ;

- l'artisanat (production, art et services : coiffure, couture/broderie et petit commerce).

Les activités auxquelles s'adonnent généralement ces femmes ne demandent pas d'efforts physiques intenses.

Ces femmes handicapées moteurs travaillent dans le secteur informel où l'occupation qui prédomine reste le petit commerce. La forte concentration des femmes handicapées moteurs dans un petit nombre d'activités peut être également constatée pour les branches d'activités. On trouve d'ailleurs que c'est seulement dans les branches commerce et artisanat de services qu'elles sont présentent.

SARR, M (1994) dira  « qu'on ne doit pas s'étonner de cette présence massive des femmes dans ces deux branches, si l'on sait d'une part, que les difficultés d'accès des femmes au secteur moderne font naturellement du secteur informel une source privilégiée d'emploi pour elles, d'autre part que le commerce et les services divers constituent l'essentiel des activités de ce secteur »17(*).

5.1.2. Synthèse partielle

Les caractéristiques sociodémographiques, révèlent une distribution quasi équitable des femmes handicapées motrices dans toutes les tranches d'âge, mais avec une prédominance des adultes qui constituent ¾ de la population enquêtée. Ces femmes proviennent des divers quartiers de la commune, mais sont surtout concentré dans le quartier Léona nord, abritant le siège social de l'Association.

A cause de pesanteurs socioculturelles qui les jugent incapables de « s'occuper convenablement d'un ménage », ¾ de ces femmes sont encore célibataires et plus de la moitié d'entre elles n'ont pas d'enfants. 

En général, c'est en atteignant la majorité qu'elles sentent le besoin de sortir, de s'affirmer mais aussi et surtout d'aller à la rencontre des autres. Elles ont ainsi la possibilité de militer dans les associations de personnes handicapées où elles peuvent s'épanouir et apprendre des métiers ou développer des talents jusque là sous exploités.

Ce retard accusé par ces femmes pour découvrir le `'monde extérieur'', cumulé aux préjugés de toutes sortes qui les poussent à l'isolement et le repli sur soi, a pour principale conséquence une exclusion sociale qui ne favorise pas le mariage de ces femmes. Ainsi, le fait que les 3/4 de notre échantillon soient constitués de femmes célibataires se justifie. Cette difficulté à trouver un époux, cumulée au désir de vivre une certaine sexualité dans un contexte socioéconomique extrêmement précaire pour ces femmes handicapées motrices, les expose à des chantages sexuels, des grossesses non désirées voire à la prostitution clandestine.

Aussi, le niveau d'instruction de ces femmes est très faible, car si 1/3 d'elles n'ont pas pu accéder à un cycle formel d'éducation, la même portion a due sortir de ce cycle dés le primaire ou dans le secondaire.

Cependant, ce niveau d'instruction n'a pas un impact réel sur l'occupation des femmes handicapées motrices, car elles ont envahi le secteur informel, à travers le commerce et les services divers qui semblent être plus accessibles pour elles.

5.1.3 Caractéristiques socio- sanitaires des femmes handicapées motrices

Cette partie permet d'apporter des informations relatives au second objectif spécifique de l'étude, à savoir la nature du handicap, son impact sur le vécu de la femme, les contraintes et difficultés dans le vécu du handicap, les moyens de prise en charge du handicap, ...

5.1.3.1. Survenue et degrés du handicap

Dans cette sous partie, nous voulons appréhender les causes de handicap chez les femmes de la commune de Bambey et leur degré afin de mesurer le poids que le handicap a sur la vie de la femme, notamment sa capacité à se déplacer et éventuellement à s'activer.

Tableau 5: Répartition des femmes handicapées motrices selon la survenue et le degré du handicap

 

Survenue du handicap

 
 
 

A la suite d'une maladie

A la suite d'un accident

 
 

Degrés du handicap

Effectif

%

Effectif

%

TOTAL

%

Paralysie partielle

04

36,36

01

09,09

05

45,45

Paralysie totale

02

18,18

04

36,36

06

54,54

TOTAL

06

54,54

05

45,45

11

100

Source: Enquêtes sur le terrain

L'interprétation de ce tableau nous renseigne sur l'origine du handicap de notre population cible. Au regard des effectifs, l'on constate que plus de la moitié des femmes de l'échantillon enquêté sont victimes d'une paralysie totale, c'est-à-dire des deux membres inférieurs. Ce même pourcentage est aussi noté chez les sujets atteints de handicap à la suite d'une maladie.

La maladie serait donc la première cause de handicap dans la commune. Ces maladies seraient généralement contractées dans la petite enfance.

Ainsi, pour lutter contre le handicap moteur, un accent particulier doit être mis sur la sensibilisation contre les maladies handicapantes, dont principalement la poliomyélite.

Le pourcentage de handicaps contractés à la suite d'accidents est aussi non négligeable car 4/5 des cas de paralysie totale, le sont à la suite d'accidents qui surviennent en générale dans la petite enfance.

Si des efforts considérables ont été faits par le gouvernement depuis plus d'une décennie dans la prévention de la poliomyélite à travers les campagnes de vaccination, il reste que l'éducation de la population dans la prévention des accidents domestiques, pourrait éviter beaucoup de cas de handicap.

5.1.3.2. Relation entre le degré du handicap et son impact dans le vécu de la femme

Cette sous partie présente les conséquences du handicap dans le vécu des femmes handicapées motrices.

Tableau 6: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon le degré du handicap et son impact sur le vécu de la femme

 

Degré du handicap

 
 

Impact du handicap sur le vécu

Paralysie partielle

Paralysie totale

TOTAL

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Problème de déplacement

04

13,79

06

20,68

10

34,48

Problème de qualification

-

-

03

10,34

03

10,34

Problème de travail

03

10,34

02

6,89

05

17,24

Problème de mariage

-

-

02

6,89

02

6,89

Problème de santé

04

13,79

04

13,79

08

27,58

Problème d'éducation

01

3,44

-

-

01

3,44

TOTAL

12

41,37

17

58,62

29

100

Source: Enquêtes sur le terrain

Au regard de ce tableau, nous constatons que les femmes ayant une paralysie totale (54,54%) rencontrent plus de problèmes que celles avec une paralysie partielle. En effet, avec la perte de l'usage de leurs deux membres inférieurs, leurs difficultés semblent plus accrues, d'autant plus que la majorité d'entre elles ne dispose pas d'appareillages nécessaires pour leurs déplacements.

En plus des conséquences fonctionnelles (problème de déplacement et de santé), le degré de handicap permet d'appréhender son impact sur la réalisation des activités quotidiennes, l'exercice des rôles sociaux ; et donc, des conséquences sociales de l'incapacité.

Si l'opinion juge les femmes handicapées motrices incapables de « gérer convenablement un foyer » (problème de mariage), c'est parce que ces dernières vivent le plus souvent dans une situation de dépendance (légère, modérée ou forte, selon le degré de handicap) dans la réalisation des activités quotidiennes et domestiques (soins personnels, tâches ménagères, préparation des repas ...).

Au-delà de l'incapacité physique, ces femmes sont surtout handicapées par le manque d'instruction et par ricochet, de qualification et de travail. Ce qui expliquerait en grande partie leur situation de dépendance.

Cependant, cette dépendance est à relativiser, si on tient toujours compte du degré de handicap, mais aussi et surtout, de la motivation de la femme à vouloir se passer de cette dépendance. Car selon la définition des psychologues, la motivation est l'ensemble des comportements humains, volontaires, orientés vers un objectif.

Pour mesurer cette motivation, il serait intéressant d'appréhender ce qui la sous tend et comment elle se manifeste. Ainsi, nous allons voir tour à tour la relation entre le degré de handicap et l'occupation de la femme handicapée motrice, ainsi que le regard qu'elle porte sur sa situation de femme handicapée et son appréciation du regard porté sur elle par son entourage.

5.1.3.3. Degré de handicap et activité professionnelle de la femme handicapée motrice

Tableau 7: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon le degré de handicap et l'activité professionnelle

 

Degrés du handicap

 
 

Activité professionnelle exercée

Paralysie partielle

Paralysie totale

TOTAL

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Couture/broderie

02

15,38

02

15,38

04

30,76

Petit commerce

03

23,07

01

7,69

04

30,76

Coiffure

01

7,69

02

15,38

03

23,07

Transformation de fruits et légumes

-

-

01

7,69

01

7,69

Enseignement

01

7,69

-

-

01

7,69

TOTAL

07

53,84

06

46,15

13

100

Source : Enquêtes sur le terrain

On note à partir de ce tableau, que les principales activités des femmes handicapées motrices (84,59% des activités) restent le petit commerce, la couture/broderie et la coiffure. Cet intérêt pour ces types d'activités découlerait du fait qu'elles ne demandent pas d'efforts physiques intenses, notamment beaucoup de déplacements. En outre, BIT (1989), citant USAID (1988), signale que « cette présence massive des femmes dans ces branches d'activités, à savoir le commerce et les services divers, serait dû d'une part au fait que les difficultés d'accès des femmes au secteur moderne font naturellement du secteur informel une source privilégiée d'emploi pour elles, d'autre part que le commerce et les services divers constituent l'essentiel des activités de ce secteur ».

Aussi, nous remarquons que les femmes victimes de paralysie totale s'adonnent moins au petit commerce (pourtant activité la plus pratiquée avec 30,76%) que celles victimes de paralysie partielle. L'explication est à trouver certainement dans le fait que cette activité nécessite beaucoup plus de déplacement que les autres, notamment dans la recherche des matières premières et l'écoulement des produits. Cependant, la couture/broderie et la coiffure reste leur apanage.

5.1.3.4. Appréciation de la situation personnelle et avis sur le regard de l'entourage

Notre objectif ici est d'analyser l'état psychologique des femmes handicapées motrices par rapport au vécu du handicap et la relation avec l'entourage.

Tableau 8: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon l'appréciation de la situation personnelle et l'avis sur le regard de l'entourage

 

Appréciation de la situation personnelle

 

Volonté divine

Absence de soutien

Ne constitue pas un empêchement au travail

Difficultés dans l'exécution des tâches ménagères

Ne constitue pas un motif de dépendance

 

Avis sur le regard de l'entourage

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Soutien de l'entourage

03

12,5

-

-

02

12,5

01

6,25

03

18,75

Pas de discrimination

-

-

01

6,25

01

6,25

-

-

-

-

Compassion

01

6,25

-

-

01

6,25

-

-

01

6,25

Indifférence

01

6,25

-

-

-

-

-

-

01

6,25

Solidarité

01

6,25

-

-

-

-

-

-

-

-

TOTAL

05

31,25

01

6,25

04

25

01

6,25

05

31,25

Source: Enquêtes sur le terrain

Le tableau ci-dessus nous montre que beaucoup de femmes handicapées motrices refusent de voir dans leur situation « un motif de dépendance », puisqu'elles ont le « soutien de leur entourage ». Ce soutien semble être déterminant dans le vécu du handicap et dans la motivation pour l'exercice d'AGR, puisque 50% d'entre elles y comptent.

Un guide d'entretien adressé aux conjoints et /ou membres de la famille des femmes handicapées a permis d'analyser leurs perceptions sur la situation de handicap. Il importe de savoir que quel que soit le degré du handicap, il crée une souffrance familiale que les proches arrivent à surpasser plus ou moins avec le temps. Ainsi, 36,36% d'eux estiment que c'est une volonté divine. Aussi, ¼ des membres pense que le handicap ne devrait pas constituer une gêne aussi bien pour la femme que pour les membres de sa famille.

Ainsi, 81,81% des familles déclarent que le handicap n'a pas réduit les pouvoirs de décision et d'action des femmes handicapées motrices.

La famille et les proches jouent donc un rôle essentiel en assurant un soutien social à la personne ayant un handicap. En fait, les recherches ont démontré qu'il existe un lien entre l'entourage social d'une personne et sa santé : les individus ayant des relations intimes satisfaisantes offrent une meilleure résistance à la maladie.

L'entourage social fait donc partie des ressources environnementales immédiates dont la femme handicapée motrice bénéficie surtout dans le processus d'élaboration de l'AGR. Ce soutien se traduit par des encouragements synonymes d'empowerment18(*) pour la femme handicapée, une participation active dans la mise en oeuvre de l'AGR, mais aussi les moyens financiers de prise en charge de ses besoins personnels et ceux relatifs au handicap.

5.1.3.5. Moyens de prise en charge du handicap

Il s'agit ici de voir si les femmes handicapées motrices s'auto prennent en charge dans les frais relatifs à leur handicap; ceci dans le but d'analyser leur degré de dépendance et le soutien extérieur.

Tableau 9 : Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les moyens de prise en charge du handicap

Moyens de prise en charge du handicap

Fréquence

Pourcentage

Moyens personnels

07

44

Moyens de la famille

07

44

Moyens de l'AFHMCB

02

12

Total

16

100

Source : Enquêtes sur le terrain

Le soutien familial évoqué précédemment, se traduit entre autres par la mobilisation de moyens financiers pour la prise en charge des frais relatifs au handicap (déplacement, frais médicaux, prothèses, chaises roulantes, ...). Ainsi, le tableau ci-dessus nous montre que 88% des moyens financiers mobilisés pour la prise en charge du handicap, proviennent de la familleet de la femme handicapée elle - même. La femme handicapée motrice compte d'abord sur ses propres ressources et sur ceux de sa famille. Ceci met à nu la faiblesse du soutien extérieur qui n'est que de 12% et visible à travers les activités et programmes de l'AFHMCB. Les services sociaux de base seraient-ils donc encore inaccessibles pour cette couche vulnérable ?

SOW (A), 2006, souligne « qu'en matière de Santé, les femmes constituent la couche de la population la plus exposée et la plus défavorisée. Ceci est encore plus accentué chez les femmes handicapées qui souffrent doublement en raison de leur statut de femme et de leur handicap physique.

Elles bénéficient difficilement des prestations de santé à cause des difficultés d'accès aux structures et de la non prise en compte de leur spécificité.

Conscientes du défi de tous les jours qui les attend et voulant lutter contre leur exclusion sociale, les personnes handicapées se regroupent généralement en associations où elles partagent leurs expériences et leur savoir-faire. »

C'est ainsi que nous allons analyser le soutien de l'AFHMCB à travers les motivations qui ont poussé ses membres à y adhérer.

5.1.3.6. Durée d'adhésion à l'AFHMCB et motifs de cette adhésion

Tableau 10: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon la durée d'adhésion à l'AFHMCB et les motifs de cette adhésion

 

Durée d'adhésion à l'AFHMCB

 
 

Motifs de l'adhésion à l'AFHMCB

0 - 4 ans

5 - 9 ans

TOTAL

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Soutien financier pour la pratique d'AGR

01

7,69

01

7,69

02

15,38

Recherche de solidarité et d'entre aide

-

-

05

38,46

05

38,46

Recherche de travail

01

7,69

02

15,38

03

15,38

Appel de la présidente de l'AFHMCB

01

7,69

02

15,38

03

15,38

TOTAL

03

15,38

10

76,92

13

100

Source : Enquêtes sur le terrain

Si les résultats du guide d'entretien adressé aux conjoints ou membres de la famille de la femme handicapée motrice ont montré que 100% d'entre eux déclarent les soutenir notamment dans la pratique d'AGR, la recherche d'un soutien psychoaffectif à travers l'union, la solidarité et l'entraide est un facteur déterminant dans l'adhésion des femmes à l'AFHMCB. En effet, 38,46% d'entre elles affirment trouver une motivation considérable dans l'union avec leurs consoeurs ayant le même handicap.

C'est donc dans le vécu des mêmes réalités socioéconomiques et sanitaires et le partage des mêmes objectifs que les femmes handicapées motrices puisent l'énergie nécessaire pour s'en sortir. La présence de diverses aspirations traduites autour de l'association serait déterminant dans la décision de bon nombre d'entre elles qui ne s'activaient pas ou peu, de s'adonner à la pratique d'AGR.

5.1.4. Synthèse Partielle

Les caractéristiques socio sanitaires révèlent une population prédominée par les femmes ayant un handicap total. La première cause de ces handicaps reste la maladie contractée dans la petite enfance. C'est pourquoi les campagnes de vaccination contre la poliomyélite sont un moyen efficace de prévention contre le handicap dans la commune de Bambey.

Les conséquences de ces handicaps ne sont pas seulement d'ordre fonctionnel, mais ont des répercussions sur les aspects socioéconomiques de la femme, notamment sur l'exercice des rôles sociaux, l'éducation, la qualification et le travail. Ce qui installe ces femmes dans une situation de dépendance (soins personnels, tâches ménagères, préparation des repas ...) qui est cependant à relativiser, d'autant plus qu'avec le soutien psychoaffectif et financier de leurs proches et l'union et la solidarité avec leurs consoeurs dans la même situation de handicap, le vécu de ces dommages est atténué par la pratique d'AGR qui est une source de motivation considérable.

Ce soutien se traduit aussi par la mobilisation des ressources financières de la famille pour la prise en charge des frais relatifs au handicap. Mais, la femme handicapée compte d'abord sur elle - même pour gérer son problème de handicap. C'est ainsi qu'elle mène des AGR en vu de se rendre autonome.

Nous nous proposons dans la partie suivante, d'identifier la nature de ces AGR et d'analyser leurs apports dans l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey.

5.1.5. Caractéristiques Socio- économiques des femmes handicapées motrices

Cette partie permet d'apporter des informations relatives au troisième et quatrième objectif spécifique, à savoir, la nature des AGR pratiquées par les femmes handicapées motrices et leurs apports dans l'amélioration des conditions socioéconomiques de ces femmes.

5.1.5.1. Situation socioéconomique du ménage ou de la famille

Nous analyserons à ce niveau les caractéristiques socioéconomiques du ménage ou de la famille de la femme handicapée motrice à travers la taille du ménage ou de la famille, les charges, le principal soutien financier, le niveau de couverture des charges et les activités de subsistance.

5.1.5.1.1. Taille du ménage ou de la famille et place occupée dans la structuration du ménage ou de la famille

La place occupée par la femme handicapée motrice dans le ménage ou la famille nous renseigne sur son niveau d'autonomie par rapport aux autres membres du ménage ou de la famille.

La taille de la famille est considérée ici comme le nombre de personne que comprend la famille.

Tableau 11: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon la taille du ménage ou de la famille et la place de la femme handicapée motrice dans la structuration

 

Place occupée au sein de la famille

 
 

Taille de la famille

Enfant

Epouse ou mère

TOTAL

%

Fréquence

%

Fréquence

%

0 - 4

-

-

01

8,33

01

8,33

5 - 9

01

8,33

01

8,33

02

16,66

10 - 14

03

25

02

16,66

05

41,66

15 - 19

02

16,66

01

8,33

03

25

20 - 24

01

8,33

-

-

01

8,33

TOTAL

07

58,33

05

41,66

12

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

La famille des femmes handicapées motrices est à l'image de celles traditionnelles africaines qui sont assez élargies. En effet, la taille de ces familles est généralement comprise entre 10 et 14 membres et regroupe en son sein les ascendants directs et indirects, les descendants et condescendants, ...

La polygamie constituerait un élément justificatif de ce nombre puisque la plupart des familles des femmes handicapées motrices sont polygames. La taille de ces familles pourrait être un indice de pauvreté, vu que les revenus ne permettent pas de prendre en charge tous les besoins des membres. C'est pourquoi ces revenus sont essentiellement consacrés à la satisfaction des besoins biologiques et ceux sociaux qui sont incontournables (eau, électricité, téléphone).

L'analyse du tableau permet aussi de retrouver la place de la femme handicapée motrice dans la structuration de sa famille. Ainsi, nous remarquons que sa position dénote encore une situation de dépendance, d'autant plus que 58,33% d'entre elles vivent encore dans leurs cellules familiales de base où elles sont des enfants à la charge des parents. Le célibat de la plupart de ces femmes serait une explication de la présence de ces femmes encore dans la cellule familiale, car elles sont en attente d'un époux qui prendrait en charge leurs difficultés socioéconomiques.

Dans cette même dynamique, nous voulons évaluer les charges du ménage ou de la famille par rapport à sa taille.

5.1.5.1.2. Relations entre taille et charges du ménage ou de la famille

La situation socioéconomique de la famille pourrait être appréhendée dans la relation entre la taille et les charges du ménage ou de la famille.

Tableau 12: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon la taille du ménage ou de la famille et les charges

 
 

Taille du ménage

 
 
 
 

0 - 4

5 - 9

10 - 14

15 - 19

20 - 24

 
 
 
 

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Total

%

Nature des Charges du ménage

Nourriture

01

1,66

02

3,33

05

8,33

02

3.33

01

1,66

11

18,33

Habillement

01

1,66

01

1,66

03

05

01

1,66

-

-

06

10

Éducation

01

1,66

-

-

02

3,33

01

1,66

01

1,66

05

8,33

Soins

01

1,66

01

1,66

04

6,66

02

3.33

01

1,66

09

15

Eau

-

-

01

1,66

05

8,33

02

3.33

01

1,66

09

15

Électricité

-

-

02

3,33

05

8,33

02

3,33

01

1,66

10

16,66

Téléphone

-

-

-

-

05

8,33

01

1,66

01

1,66

07

11,66

Logement

-

-

-

-

-

-

-

-

01

1,66

01

1,66

Transport

-

-

-

-

01

1,66

-

-

-

-

01

1,66

Cérémonies familiales

-

-

01

1,66

-

-

-

-

-

-

01

1,66

 

TOTAL

04

6,66

08

13,33

30

50

11

18,33

07

11,66

60

100

Source : Enquêtes sur le terrain

Le tableau ci-dessus, nous présente la relation entre la taille et les charges du ménage ou de la famille. Ainsi, nous remarquons que plus la taille de la famille ou du ménage est grande, plus les besoins augmentent.

Ce rapport taille/charges ne pourrait - il pas constituer un indice de pauvreté du fait de l'accroissement des besoins par rapport aux revenus du ménage ou de la famille ?

D'autre part, l'expression des besoins donne la priorité à la nourriture qui est un besoin physiologique de base (18,33%) et aux besoins sociaux (l'électricité, l'eau, le téléphone). Cependant, nous nous étonnons que le transport soit la charge la moins exprimée, d'autant plus que ce sont des femmes handicapées motrices confrontées à des problèmes de déplacement du fait d'un manque de fauteuils roulants.

Cela pourrait être expliqué par le fait que les faibles revenus de ces familles sont essentiellement concentrés dans la satisfaction des besoins physiologiques.

Ainsi, il serait important d'identifier le principal soutien financier du ménage ou de la famille et son occupation, afin de pouvoir évaluer la capacité du ménage ou de la famille à pouvoir satisfaire ses besoins.

5.1.5.1.3. Occupation du principal soutien financier du ménage ou de la famille

Cette sous partie permet d'identifier le principal soutien financier du ménage ou de la famille et son occupation.

Tableau 13: Répartition des femmes handicapées motrices selon le principal soutien financier du ménage ou de la famille et son occupation

 

Principal soutien financier du ménage ou de la famille

 
 

Occupation du principal soutien financier

Membre de la fratrie utérine

Ascendant direct

Ascendant indirect

Conjoint

Soi-même

TOTAL

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Enseignant/professeur

01

9,09

-

-

-

-

01

9,09

-

-

02

18,18

Commerçant

-

-

02

18,18

01

9,09

-

-

01

9,09

04

36,36

Retraité

-

-

01

9,09

-

-

-

-

-

-

01

9,09

Chauffeur

-

-

-

-

01

9,09

-

-

-

-

01

9,09

Infirmier

01

9,09

-

-

-

-

-

-

-

-

01

9,09

Gérant de télécentre

-

-

01

9,09

-

-

-

-

-

-

01

9,09

Restauratrice

01

9,09

-

-

-

-

-

-

-

-

01

9,09

TOTAL

03

27,27

04

36,36

02

18,18

01

9,09

01

9,09

11

100

Sources : Enquêtes sur le terra

L'analyse de ce tableau montre que les principaux soutiens financiers du ménage ou de la famille sont les ascendants directs (Père et mère). Ce que traduit la situation de dépendance de ces femmes vis-à-vis de leurs ascendants.

Ceci s'expliquerait par le fait que ¾ de ces femmes sont encore célibataires et vivent sous le toit de leurs parents. Leurs ascendants directs s'activent le plus souvent dans le commerce parce que Bambey a la caractéristique d'être une ville essentiellement commerciale.

D'autre part les membres de la fratrie utérine qui ont pu accéder à une situation socioprofessionnelle, deviennent par là les principaux soutiens financiers de la famille.

Aussi, il est important d'analyser le niveau de couverture des charges du ménage ou de la famille par ces soutiens financiers.

5.1.5.1.4. Couverture des charges du ménage ou de la famille

Nous analyserons l'apport du principal soutien financier dans la couverture des charges du ménage ou de la famille

Tableau 14: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon la nature des charges du ménage ou de la famille et le niveau de couverture de ces charges.

 

Niveau de couverture des charges du ménage ou de la famille

 
 

Nature des charges

Jamais

Rarement

Occasionnellement

Assez souvent

Très souvent

TOTAL

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Nourriture

-

-

-

-

02

3,38

05

8,47

04

6,77

11

18,64

Habillement

02

3,28

02

3,38

-

-

01

1,69

-

-

05

8,47

Éducation

-

-

01

1,69

02

3,38

01

1,69

-

-

04

6,77

Soins

01

1,69

02

3,38

03

5,08

03

5,08

01

1,69

10

16,94

Eau

-

-

-

-

02

3,38

04

6,77

04

6,77

10

16,94

Électricité

-

-

-

-

02

3,38

04

6,77

04

6,77

10

16,94

Téléphone

-

-

-

-

01

1,69

03

5,08

01

1,69

05

8,47

Logement

01

1,69

-

-

-

-

-

-

-

-

02

3,38

Transport

01

1,69

-

-

-

-

01

1,69

-

-

01

1,69

Cérémonies familiales

-

-

01

1,69

-

-

-

-

-

-

01

1,69

TOTAL

05

8,47

06

10,16

12

20,33

22

37,28

14

23,72

59

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

A travers ce tableau, nous pouvons constater que 1/3 des femmes handicapées motrices trouvent que les charges de leurs ménages ou de leurs familles sont « assez souvent » couvertes et prés de ¼ trouvent que ces charges sont « très souvent » couvertes. Cette satisfaction notée dans la couverture des charges du ménage ou de la famille des femmes handicapées motrices seraient due au fait que prés de ¼ des soutiens financiers mènent des activités socioprofessionnelles avec des salaires qui peuvent prendre en charge les besoins habituels d'une famille. Aussi, d'autres soutiens financiers s'activent dans des domaines économiquement rentables tels que le commerce.

Cependant, 39% des femmes handicapées motrices affirment tout de même que ces charges sont « jamais », « rarement » ou « occasionnellement » couvertes. La taille de la famille pourrait être un facteur de non satisfaction des charges du ménage ou de la famille, mais aussi l'occupation du principal soutien financier qui ne génère pas assez de revenus.

C'est ainsi que le ménage ou la famille de ces femmes handicapées fait recours à d'autres activités ou d'autres membres de la famille pour couvrir le gap observé dans la couverture des charges du ménage ou de la famille.

5.1.5.1.5. Couverture du gap observé dans la satisfaction des charges du ménage ou de la famille

La non satisfaction de toutes les charges du ménage ou de la famille, fait recourir à des activités de subsistance pour couvrir le gap observé au niveau du revenu. C'est ainsi que d'autres membres de la famille exerçant une activité , apportent leur contribution dans la couverture des charges.

Tableau 15: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les activités de subsistance du ménage ou de la famille et le niveau de couverture du gap observé au niveau du revenu

 
 

Niveau de couverture du gap observé au niveau des revenus

 
 
 
 

Très peu

Moyennement

Entièrement

TOTAL

%

 
 

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Activités de subsistance

Enseignant

01

5,88

-

-

02

11,76

03

17,64

Informaticien

-

-

-

-

01

5,88

01

5,88

Plombier

01

5,88

-

-

-

-

01

5,88

Couturier

-

-

02

11,76

-

-

02

11,76

Commerçant

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Coiffeur

01

5,88

-

-

-

-

01

5,88

Mécanicien

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Tailleur

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Pharmacien

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Secrétaire

-

-

01

5,88

01

 

02

11,76

Apprenti chauffeur

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Bonne

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

Ouvrier

01

5,88

-

-

-

-

01

5,88

 

TOTAL

04

23,52

09

52,94

04

23,52

17

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

Il ressort de ce tableau que les ménages ou les familles des femmes handicapées motrices n'ont pas qu'un seul soutien financier, mais que tous les membres actifs contribuent dans la satisfaction des besoins. Ainsi, si le principal soutien financier contribue régulièrement dans la satisfaction de ces besoins, d'autres membres participent « moyennement » (une fois sur deux) dans la couverture du gap observé au niveau du revenu du ménage ou de la famille.

Dés lors, nous voulons analyser ici la contribution des femmes handicapées motrices dans le fonctionnement de leurs ménages ou familles, à travers les AGR qu'elles mènent. Cette analyse passera par l'identification des AGR exercées par elles.

5.1.5.2 Nature des Activités Génératrices de Revenus

Nous voulons identifier ici les différentes AGR, les conditions dans lesquelles elles sont pratiquées et le rôle de l'association dans leur essor et leur développement.

5.1.5.2.1 Nature et durée exercice AGR

L'ancienneté dans l'exercice d'AGR permet de voir le degré de motivation de la femme handicapée motrice entrepreneur.

Tableau 16: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon l'AGR exercée et la durée de sa pratique

 
 

Activités Génératrices de Revenus pratiquées par les femmes

 
 
 
 

Couture/Broderie

Petit commerce

Coiffure

Transformation de fruits et légumes

Enseignement

 
 
 
 

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Total

%

Durée d'exercice AGR

0 - 4 ans

01

8,33

03

25

-

-

-

-

01

8,33

05

41,66

5 - 9 ans

-

-

-

-

01

8,33

01

8,33

-

-

02

16,66

10 - 14 ans

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

15 - 19 ans

02

16,66

-

-

01

8,33

-

-

-

-

03

25

20 - 24 ans

-

-

-

-

01

8,33

-

-

-

-

01

8,33

25 - 29 ans

-

-

01

8,33

-

-

-

-

-

-

01

8,33

 

TOTAL

03

25

04

33,33

03

25

01

8,33

01

8,33

12

100

Sources: Enquêtes sur le terrain

Il ressort de ce tableau que la majeure partie des femmes handicapées motrices exerce une AGR jeune. En effet, 41,66% des femmes ont moins de cinq (05) ans dans la pratique de leur AGR. Ceci découlerait du fait que bon nombre de ces femmes sont victimes de paralysie totale ; ce qui a accrue leur situation de dépendance vis-à-vis de leur entourage. Aussi l'instinct de protection des autres membres de la famille vis-à-vis de ceux en situation de faiblesse, aurait développé en elle le sentiment de non productivité et de dépendance.

Cependant, nous notons que certaines de ces femmes s'activaient quand même depuis quelques années dans le petit commerce, la coiffure ou la couture. Mais ce ne fut en général que pour se rendre utile en rendant service à des proches, qu'elles menaient ces activités. Car ces femmes ont un certain don dans certaines activités comme la couture/broderie ou la coiffure. Ainsi, à l'occasion de certaines cérémonies religieuses ou familiales, c'est tout naturellement qu'elles rendaient service à des membres de la famille, puis à des amis et ainsi à beaucoup de gens du quartier qui au passage, les gratifiaient de petits cadeaux.

C'est avec le conseil de quelques proches et les actions sensibilisatrices de l'AFHMCB, qu'elles auraient pris conscience de l'opportunité d'en faire des activités génératrices de revenus.

5.1.5.2.2. Impact de l'AFHMCB dans l'exercice d'AGR

Il importe d'analyser la contribution de l'AFHMCB dans l'exercice d'AGR de ces femmes handicapées motrices.

Tableau 17: Répartition des femmes handicapées motrices selon la durée de l'adhésion à l'AFHMCB et la durée de l'exercice d'AGR

 

Durée adhésion à l'AFHMCB

 
 

Durée exercice de l'AGR

0 - 4 ans

5 - 9 ans

TOTAL

%

Effectif

%

Effectif

%

0 - 4 ans

-

-

04

36,36

04

36,36

5 - 9 ans

-

-

02

18,18

02

18,18

15 - 19 ans

01

9,09

02

18,18

03

27,27

20 - 24 ans

-

-

01

9,09

01

9,09

25 - 29 ans

01

9,09

-

-

01

9,09

TOTAL

02

18,18

09

81,81

11

100

Source : Enquêtes sur le terrain

L'AFHMCB a eu une influence déterminante dans la pratique d'AGR de ces femmes. En effet, la moitié de ces femmes ont commencé à développer une AGR après avoir adhéré à l'AFHMCB. La massification aurait fait naître chez ces femmes un esprit d'entreprenariat qui leur a permis de passer d'une situation de dépendance à celle d'actrice dans la prise en charge des besoins de la famille ou du ménage. L'association a donc permis à ces femmes de ne pas s'adonner à la mendicité.

Aussi, si certaines de ces femmes pratiquaient déjà une AGR avant d'adhérer à l'association, celle-ci leur a permis, à travers des financements, de gagner en confiance et d'en faire un levier de gain de ressources permettant de prendre en charge leurs besoins.

Ainsi, le sentiment d'appartenance à un groupe serait une motivation déterminante dans la pratique d'AGR de ces femmes handicapées motrices et donc dans l'amélioration de leurs conditions de vie. Aussi, voulons nous analyser le soutien des proches de la femme handicapées motrices dans le processus d'élaboration d'AGR.

5.1.5.2.3 Moment du soutien des proches dans l'élaboration d'AGR

Pour témoigner au membre de leur famille handicapée motrice leur soutien dans leur volonté manifeste de s'autonomiser, les proches s'impliquent très souvent dans le processus d'élaboration de l'AGR. Il s'agit ici de voir le moment où ce soutien est plus effectif.

Graphique 2: Diagramme circulaire des proches de la femme handicapée selon le moment du soutien dans le processus d'élaboration de l'AGR

Processus de transformation

18%

Ecoulement des produits

18%

Recherche de matières premières

64%

Sources: Enquêtes sur le terrain

Le soutien des proches se manifeste donc dans la première phase d'élaboration de l'AGR, c'est-à-dire dans la recherche de matières premières. La femme handicapée ne pouvant se déplacer au point focal de la commune qu'est le marché, 64% du soutien lui est donc témoigné par une aide dans l'acquisition de ces matières premières.

Dans cette même dynamique, l'Etat témoigne de son soutien à ces femmes à travers ces services déconcentrés comme le SDAS qui oeuvre dans l'assistance, l'insertion et la réinsertion socioéconomique et professionnelle des groupes vulnérables parmi lesquels les personnes handicapées.

Ce soutien se traduit par un encadrement et un appui technique, une orientation vers les Structures de Fonds de Développement (SDF) et des partenaires d'aide au développement.

Ainsi, il importe de voir les sources de financement de ces femmes dans l'exercice de leurs AGR.

5.1.5.2.4 Financement des activités génératrices de revenus

Le soutien à ces femmes entrepreneurs se traduirait surtout par un apport en financement pour leurs permettre de bien mener les AGR. Il s'agit ici d'analyser les sources et les modalités de ces financements.

Tableau 18: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les sources et les modalités de financements

 
 

Sources de financement

 
 
 
 

Fonds propres

AFHMCB

SDAS

TOTAL

%

 
 

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Modalités de financement

10000Fcfa/mois

-

-

03

20

-

-

03

20

20000Fcfa/3 mois

-

-

01

6,66

-

-

01

6,66

25000Fcfa/6 mois

-

-

02

13,33

-

-

02

13,33

75000Fcfa/an

-

-

-

-

04

26,66

04

26,66

Aucun financement

05

33,33

-

-

-

-

05

33,33

 

TOTAL

05

-

06

-

04

-

15

-

 

%

-

33,33

-

40

-

26,66

-

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

Pour mener une AGR, il faut un capital susceptible de permettre l'achat des matières premières, l'outillage nécessaire et un fond de roulement pour le processus de transformation et d'écoulement. Ceci n'est possible qu'avec un partenariat avec des institutions de micro finance, d'autant plus que les institutions conventionnelles (banques) restent encore inaccessibles pour une grande majorité des populations.

Si les institutions de micro crédits allouent de plus en plus des fonds aux associations, GIE et autres GPF, elles sont encore un peu réticentes vis-à-vis des personnes handicapées et notamment pour les femmes handicapées motrices qui à priori ne présentent aucune garantie de réussite dans leurs activités et surtout de remboursement. D'autres part les fonds qu'elles allouent sont encore trop faibles et ne permettent pas de tenir une AGR constante. Aussi, ces institutions ne tiennent pas compte des facteurs socioéconomiques de leurs clients qui sont le plus souvent très pauvres. C'est ainsi que des détournements d'objet sont très fréquents, car les clients utilisent ces financements soit pour les besoins vitaux de la famille, soit pour rembourser une dette contractée ailleurs. Il faut ajouter à cela des taux d'intérêt élevés qui ont comme conséquences des retards dans les délais de remboursement.

Ainsi, l'AFHMCB reste la première source de financement des femmes handicapées motrices, car 40% des femmes comptent sur ses financements pour mener à bien leurs AGR.

Cependant, ses financements sont très faibles. La raison en est que l'association compte sur les cotisations mensuelles de ses membres qu'elle redistribue sous forme de prêts. Il ressort que les cotisations sont irrégulières et les remboursement de prêts très tardifs.

Il faut aussi noter que 1/3 des femmes handicapées motrices utilisent leurs propres fonds pour mener leurs activités. Les institutions publiques contribuent dans le ¼ des cas dans le financement de ces femmes, à travers les services décentralisés de l'Etat tel que le SDAS qui développe des programmes au profit des personnes handicapées.

5.1.5.3. Apport des AGR dans l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées

Dans ce point, nous voulons analyser la contribution des AGR dans l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices. Ceci passe par une évaluation de l'apport en gain de chaque AGR et l'impact de ce gain sur les charges du ménage ou de la famille.

5.1.5.3.1. Gains générés par les AGR

Il s'agit ici de voir le poids économique de chaque AGR en terme de gains. L'objectif étant de voir l'AGR qui rapporte le plus.

Tableau 19: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon l'AGR pratiquée et les gains générés

 

AGR exercée

 
 

Gains générés par l'AGR dans le mois (en F cfa)

Couture

Petit commerce

Coiffure

Transformation de fruits et légumes

TOTAL

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

= 25000

02

16,66

02

16,66

03

25

01

8,33

08

66,66

[25000 - 50000[

-

-

01

8,33

-

-

-

-

01

8,33

[50000 - 75000[

-

-

03

25

-

-

-

-

03

25

TOTAL

02

16,66

06

50

03

25

01

8,33

12

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

L'analyse du tableau nous permet de constater que 2/3 des activités génèrent des gains en dessous de 25000F CFA. Ceci traduit leurs caractères peu rentables. Il n'y a que le petit commerce qui dans le 1/3 des cas, génère des revenus moyens compris entre 25000 et 75000F CFA.

A priori, ces activités ne constituent pas des créneaux porteurs dans la mesure où elles ne génèrent pas une rentabilité économique et/ou financière pouvant couvrir les besoins de ces femmes handicapées motrices. Car pour être porteur, un créneau devra permettre entre autres :

- la création de valeur ajoutée ;

- la rentabilité économique et /ou financière ;

- la création d'emplois durables et rémunérés ;

- l'économie et/ou l'apport en devises ; ...

Cependant, le problème de déplacement de ces femmes pourrait être un handicap pour la rentabilité de ces AGR, surtout dans les phases de recherche de matières premières et d'écoulement des produits et services.

Une autre difficulté rencontrée dans le processus d'élaboration de l'AGR, demeure l'absence ou la faiblesse des financements octroyés à ces femmes, ainsi que des taux d'intérêts élevés.

Il faut aussi souligner que certaines de ces activités (la coiffure et la couture), ne sont généralement rentables qu'à la veille de certains événements comme les fêtes religieuses et les cérémonies familiales. L'observation participante nous a permis de constater chez certaines de ces femmes, un problème de valorisation de soi et de son AGR. Car elles exercent souvent ces activités juste pour rendre service à leur entourage sans rien réclamer en contre partie. L'association a certes fait un pas dans la valorisation du savoir-faire de ces femmes mais il demeure encore des insuffisances dans la capacité de gestion de ces femmes.

Dés lors, il serait opportun de voir si les gains générés par ces AGR permettent de satisfaire les charges des ménages ou familles de ces femmes handicapées motrices.

5.1.5.3.2. Relation entre revenus des AGR et charge du ménage ou de la famille

La contribution des AGR est utilisée dans la satisfaction des charges du ménage ou de la famille. Il s'agit ici de voir si les revenus peuvent supporter toutes les charges.

Tableau 20: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les gains générés par l'AGR et les charges du ménage ou de la famille

 
 

Gains générés par l'AGR dans le mois

 
 
 
 

= 25000

[25000 - 50000[

[50000 - 75000[

Total

%

 

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Charges du ménage ou de la famille

Nourriture

07

12,06

01

01,72

03

05,17

11

18,96

Habillement

03

05,17

01

01,72

02

03,44

06

10,34

Éducation

02

03,44

01

01,72

01

01,72

04

06,89

Soins

06

10,34

01

01,72

02

03,44

09

15,51

Eau

06

10,34

01

01,72

02

03,44

09

15,51

Électricité

06

10,34

01

01,72

03

05,17

10

17,24

Téléphone

03

01,72

01

01,72

02

03,44

06

10,34

Transport

01

01,72

-

-

-

-

01

01,72

Logement

-

-

-

-

01

01,72

01

01,72

Cérémonies familiales

-

-

-

-

01

01,72

01

01,72

 

TOTAL

34

58,62

07

12,06

17

29,31

58

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

Il ressort de ce tableau que les bénéfices des AGR sont principalement utilisés dans la satisfaction des besoins biologiques et sociaux. En effet, la nourriture vient en première position et est suivie de l'électricité, l'eau et les soins.

Aussi, nous remarquons que les femmes qui gagnent des revenus compris entre 50000 et 75000F CFA font plus de dépenses. Ainsi, les dépenses augmenteraient avec l'accroissement des revenus.

5.1.5.3.3. Acquis et améliorations du fait de la pratique d'AGR

Tableau 21: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les gains et les acquis ou améliorations générés parla pratique d'AGR

 

Gains générés par l'AGR dans le mois (en F cfa)

 
 
 

[0 - 25000[

[25000 - 50000[

[50000 - 75000[

TOTAL

%

Acquis et améliorations

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Prise en charge des frais de la nourriture

02

13,33

01

6,66

01

6,66

04

26,66

Prise en charge des frais de l'habillement

02

13,33

01

6,66

01

6,66

04

26,66

Biens d'équipement

02

13,33

01

6,66

-

-

03

20

Occupation permanente

01

6,66

-

-

-

-

01

6,66

Prise en charge des frais de scolarité des enfants

01

6,66

-

-

-

-

01

6,66

Participation financière à des cérémonies familiale

-

-

-

-

01

6,66

01

6,66

Ne se prononce pas

01

6,66

-

-

-

-

01

6,66

TOTAL

09

60

03

20

03

20

15

100

La faiblesse des gains générés par les AGR fait que les femmes handicapées motrices ressentent difficilement des améliorations dans leurs conditions socioéconomiques.

Ainsi, les améliorations et acquis notés sont dans la plupart des cas, des contributions dans l'amélioration du menu et les frais d'habillement des femmes handicapées motrices. Les AGR pratiquées par les femmes handicapées motrices seraient encore peu rentables, dans la mesure où elles ne satisfont pas totalement les besoins de ces femmes et n'engendrent pas un nouveau capital permettant de renforcer leurs activités.

L'insuffisance des financements serait une des raisons de ces faibles revenus. Car ces femmes gagnent juste de quoi rembourser leurs prêts ; le surplus est destiné à la nourriture de la famille. C'est pourquoi un membre sur deux de la famille de la femme handicapée motrice estime que les AGR n'ont aucun impact sur les conditions socioéconomiques de la famille de la femme handicapée motrice. Tout juste, permet-elle à la femme de s'occuper, même si 18,18% reconnaissent qu'elle a sensiblement eu un impact dans l'amélioration du menu.

Cependant, 1/5 des femmes ont acquis des biens d'équipement grâce aux AGR et ¼ ont pu même épargner à travers les tontines ou le CMS. Cet argent épargné a constitué un fonds pour le développement de l'AGR.

Les partenaires des femmes tel le SDAS, estiment plutôt que les AGR ont procuré à la femme handicapée motrice une insertion dans la vie active, une auto prise en charge et une amélioration de leur situation matrimoniale.

Ceci démontre qu'avec un peu plus de soutien, ces femmes arriveraient à réaliser beaucoup de choses avec les AGR.

5.1.6. Synthèse Partielle

L'analyse de la situation socioéconomique de la femme handicapée motrice a permis de constater que celle-ci vit dans une famille élargie où sa position dans la structuration dénote une situation de dépendance.

Les besoins exprimés par les membres de leurs familles sont assez souvent pris en charge par le principal soutien financier qui est un ascendant direct de la femme handicapée motrice. Ce principal soutien financier est dans la plupart du temps soutenu par d'autres membres de la famille qui contribuent moyennement à la couverture du gap observé dans la satisfaction des besoins.

C'est ainsi que la femme handicapée motrice exerce une AGR pour apporter sa contribution dans la gestion du ménage ou de la famille. Cependant, si au début cette activité était juste une forme d'occupation ou bien un service rendu à des proches, elle a pu être valorisé grâce au soutien des membres de leurs familles et grâce à l'AFHMCB qui a développé chez ses membres, l'union, la solidarité, l'entreaide, l'esprit d'entreprenariat, mais aussi l'estime de soi.

Cependant, ces femmes rencontrent dans l'exercice de leurs AGR des difficultés comme l'absence ou la faiblesse des financements qui font que leurs AGR sont encore peu rentables et permettent juste de rembourser les prêts contractés et de contribuer à la satisfaction des besoins essentiels de leurs ménages ou familles.

Le handicap occasionnant souvent des problèmes d'estime et de valorisation de soi à cause de l'inactivité et la situation de dépendance, il serait opportun d'analyser l'apport des AGR dans la perception que les femmes membres de l'AFHMCB ont d'elles mêmes en terme d'autonomie de décision et d'action.

5.1.7. Perceptions des femmes handicapées motrices sur elles-mêmes

Nous analysons ici l'impact psychologique des AGR sur le vécu de la femme handicapée motrice, notamment sa capacité à se rendre autonome et à pouvoir décider et agir d'elle-même. Ceci passera d'abord par un diagnostic des contraintes et difficultés qu'elles rencontrent, afin de pouvoir jauger leurs capacités à les surmonter.

5.1.7.1. Contraintes et difficultés rencontrées

Tableau 22: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon les contraintes et difficultés rencontrées dans le vécu du handicap et dans l'exercice d'AGR

 
 

Contraintes et difficultés dans le vécu du handicap

 
 
 
 

Préjugés

Hostilité au travail des personnes handicapées

Abandon des études

Ne se prononce pas

TOTAL

%

 
 

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Contraintes et difficultés dans l'exercice AGR

Problème de déplacement pour l'écoulement des produits

01

7,14

01

7,14

01

7,14

05

35,71

08

57,14

Lenteurs dans le travail

-

-

-

-

-

-

02

14,28

02

14,28

Problème de santé

-

-

-

-

-

-

01

7,14

01

7,14

Ne se prononce pas

-

-

-

-

-

-

03

21,42

03

21,42

 

TOTAL

01

7,14

01

7,14

01

7,14

11

78,57

14

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

L'analyse du tableau nous montre que les femmes éprouvent une certaine gêne à parler de leurs difficultés. En effet, ¾ d'entre elles préfèrent ne pas se prononcer sur les difficultés qu'elles rencontrent en tant que femmes handicapées, mais aussi dans la gestion de leurs AGR. Cette situation serait due au fait que les femmes handicapées ne veulent pas paraître vulnérables devant l'opinion et ainsi susciter de la pitié.

Si plus de la moitié de ces femmes estiment que le problème de déplacement occasionne des difficultés dans l'écoulement de leurs produits, d'autres renforcent ces propos en parlant plutôt en termes de lenteurs dans le déroulement du travail.

En plus de confirmer les difficultés de déplacement, le SDAS évoque aussi des difficultés d'accès aux structures sociaux d'encadrement et de financement, une insuffisance des fonds attribués pour le financement de ces femmes, des procédures d'accès souvent lourd et des difficultés liées au délai de remboursement, différé, moratoire, ...

La mobilité semble donc être le principal frein au développement des AGR de ces femmes. Aussi, le passage de la situation d'inactivité à celui d'entrepreneur aura certainement un impact sur la perception de ces femmes sur elles mêmes mais aussi sur les rapports avec leur entourage.

5.1.7.2. Impact de l'AGR sur la perception de soi et sur les rapports avec l'entourage

Les AGR auront certainement un impact sur la confiance et la motivation de ces femmes à s'affranchir de la dépendance. C'est le sens de notre analyse sur l'influence de l'AGR sur le comportement de la femme handicapée motrice et son rapport avec son environnement familial.

Tableau 23: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon l'influence de l'AGR sur la perception de soi et les rapports avec l'entourage

 

Nature du changement dans la perception de soi

 
 

Nature de l'influence de l'AGR sur les rapports avec l'entourage

Prise en charge des besoins personnels

Contribution dans les charges de la famille

Réalisation de soi

Insertion socioéconomique

Ne se prononce pas

TOTAL

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Fréquence

%

Exploitation de l'entourage

-

-

01

5,88

-

-

01

5,88

-

-

02

11,76

Implication dans les charges de la famille

-

-

01

5,88

01

5,88

-

-

-

-

02

11,76

Moins de tolérances

-

-

-

-

01

5,88

-

-

-

-

01

5,88

Plus grande considération

01

5,88

-

-

02

11,76

-

-

-

-

03

17,64

Ne se prononce pas

03

17,64

01

5,88

02

11,76

01

5,88

02

11,76

09

52,94

TOTAL

04

23,52

03

17,64

06

35,29

02

11,76

02

11,76

17

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

L'analyse du tableau révèle que la « réalisation de soi » reste l'acquis majeur de ces femmes. En effet, plus de 1/3 d'entre elles estiment que leur AGR leur a permis de se réaliser. Cette réalisation de soi serait pour elles synonyme d'un sentiment d'appartenance à une société où elles reconnaissent leur valeur et leur place malgré un handicap physique majeur. Le fait de pouvoir contribuer activement et financièrement à la gestion de leurs ménages ou de leurs familles aurait un impact psychologique dans leur sentiment d'appartenance et d'utilité vis-à-vis de cette famille. Ainsi, elles passeraient d'un état psychologique de non productivité et de dépendance, à celui d'actrices dans la gestion de leurs familles. Ceci a un impact sur les relations avec leur entourage, puisque 17,64% ressentent une « plus grande considération » de leur entourage. En les affranchissant de la dépendance, le travail leur a procuré un statut social.

Ce statut social se caractériserait par une autonomie de décision et d'action qui donnerait à la femme le pouvoir de décider et d'agir pour elle-même.

(i) 5.1.7.3. Autonomie dans le pouvoir de décision et d'action

Tableau 24: Réponses des femmes réparties selon l'acquisition d'autonomie de décision et d'action

 

Autonomie de décision

 
 

Autonomie d'action

Prise en compte de mon avis dans la famille

Autonomie dans l'expression de mes besoins

Ne se prononce pas

TOTAL

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Satisfaction personnelle de mes besoins

02

15,38

02

15,38

-

-

04

30,76

Participation volontaire aux charges de la famille

01

7,69

01

7,69

01

7,69

03

23,07

Gestion personnelle de mon argent

-

 

01

7,69

01

7,69

02

15,38

Ne se prononce pas

01

7,69

-

-

03

23,07

04

30,76

TOTAL

04

30,76

04

30,76

05

38,46

13

100

%

-

 

-

 

-

 

-

 

Sources : Enquêtes sur le terrain

Nous constatons à travers ce tableau un pourcentage élevé de « non réponse ». Ceci traduit une incapacité pour ces femmes à évaluer leurs acquis en termes d'autonomie de décision et d'action. D'autre part, la femme sénégalaise dans son ménage ou sa famille n'a pas beaucoup droit à la parole et aux initiatives, même si c'est elle qui en général gère ce ménage ou cette famille et apporte les ressources financières qui satisfont les besoins biologiques des membres de la famille.

Cependant, 2/3 de ces femmes estiment que « leur avis est pris en compte dans les décisions de la famille » et qu'elles ont acquis « une autonomie dans l'expression de leurs besoins ». Ceci se traduirait en terme d'autonomie d'action par une « satisfaction aux charges de la famille ». Ainsi, les gains générés par les AGR ont permis à ces femmes de s'impliquer activement dans la gestion de la famille.

Leurs pouvoirs de décision et d'action se trouvent donc renforcés par l'exercice d'AGR qui leur procure un statut social que la situation de handicap leur avait privé.

Si 81 ,81% des proches des femmes handicapées déclarent avoir changé de perception sur le handicap depuis que les femmes handicapées motrices ont commencé à exercer une AGR, 72,72% de ces proches ont désormais accordé à ces femmes plus de pouvoir de décision et d'action.

Ces pouvoirs ont été traduits par les partenaires des femmes en termes de participation aux activités de développement (programme, réunions et autres manifestations,) et une implication dans les actions de développement socioéconomiques, culturelles et politiques.

Dés lors, nous avons essayé de recueillir leurs suggestions pour le développement de leurs AGR et l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques.

5.1.8. Synthèse partielle

Si la plupart des femmes hésitent à évoquer leurs contraintes et difficultés, elles s'accordent au moins à reconnaître le problème de déplacement comme un frein à l'épanouissement de leurs AGR. Cependant, d'autres difficultés qui ne sont pas des moindres empêchent l'essor de ces AGR. Il s'agit entre autres, de l'absence ou de la faiblesse des financements. Même avec toutes ces difficultés, les femmes se réjouissent d'avoir trouver dans les AGR, une réalisation de soi et un affranchissement de la dépendance.

Cet affranchissement se traduirait surtout à travers un accroissement des pouvoirs de décision et d'action de la femme au sein de sa famille.

5.1.8. Suggestions des femmes handicapées motrices pour le développement de leurs AGR et l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques.

Tableau 25: Réponses des femmes handicapées motrices réparties selon leurs suggestions pour le développement de leurs AGR et l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques

 

Suggestions pour l'amélioration des conditions socioéconomiques

 
 

Suggestions pour le développement des AGR

Amélioration des conditions de travail

Amélioration de l'état de santé

Toilettes intérieures

Travail pour les parents

Financements pour le travail

Ne se prononce pas

TOTAL

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréq

%

Fréqu

%

Renforcement du matériel de travail

-

-

01

6,66

01

6,66

01

6,66

-

-

-

-

03

20

Financements pour le travail

02

13,33

-

-

01

6,66

-

-

01

6,66

-

-

04

26,66

Prise en charge médicale du handicap

-

-

-

-

-

-

01

6,66

-

-

-

-

01

6,66

Acquisition d'un local pour les handicapés

03

20

01

6,66

-

-

-

-

-

-

-

-

04

26,66

Marché d'écoulement des produits

01

6,66

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

01

6,66

Ne se prononce pas

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

02

13,33

02

13,33

TOTAL

06

40

02

13,33

02

13,33

02

13,33

01

6,66

02

13,33

15

100

Sources : Enquêtes sur le terrain

Le tableau ci-dessus nous montre que 40% des femmes pensent que l'amélioration de leurs conditions de vie passerait par une amélioration de leurs conditions de travail. C'est donc le développement de leurs AGR qui pourrait leur assurer de meilleures conditions socioéconomiques.

Parallèlement, le développement des AGR passe selon ¼ des femmes handicapées motrices, par une allocation de financements consistants, leurs permettant de bien mener le travail, mais aussi par l'acquisition d'un local où toutes les femmes handicapées motrices pourraient exercer leurs AGR, selon 26,26% des réponses fournies. Les partenaires confirment ces propos en parlant plutôt de création de micro entreprise au détriment de l'approche individualiste.

Ainsi, les femmes comptent sur de meilleures conditions de travail pour améliorer leurs conditions socioéconomiques. Elles sollicitent donc l'appui des autorités locales et des partenaires pour sortir de leur principal handicap qui est la dépendance et ainsi s'auto prendre en charge à travers les AGR.

5.2. SYNTHESE GENERALE DES RESULTATS

La démarche que nous avons adoptée tout au long de notre étude a été soumise à un certain nombre d'orientations. Ainsi, la première d'entre elles a consisté à faire la présentation des caractéristiques sociodémographiques des femmes handicapées motrices membres de l'Association Féminine des Handicapées Motrices de la Commune de Bambey. Celle-ci a dévoilé les résultats suivants :

- une prédominance de femmes adultes célibataires ;

- un taux de fécondité largement au-dessous de la moyenne nationale ;

- un niveau d'instruction très bas, avec un taux élevé de déperdition scolaire ;

- et un investissement dans des AGR ne nécessitant pas beaucoup de déplacements vu leur situation de handicapée motrice.

Ainsi, même si ces femmes ont été souvent victimes des préjugés liés aux pesanteurs socioculturels qui ont restreint leurs rapports sociaux et les ont éloigné des cycles formels d'éducation, elles ont pû trouver une issue à travers les AGR qui leur épargnent la dépendance et leur révèlent une appartenance à une société où elles retrouvent leurs places dans le tissu socioéconomique.

Le second objectif aura consisté à décrire les conditions socio-économiques qui ont révélé les résultats suivants :

- une population dominée par des femmes avec un handicap total ;

- des conséquences sociales du handicap, notamment des contraintes dans l'exercice des rôles sociaux ;

- l'inaccessibilité aux services sociaux de base ;

- la volonté née de l'union et la solidarité de l'AFHMCB et visant à lutter contre les exclusions sociales ;

- un soutien psychoaffectif des proches et de l'AFHMCB qui procure à ces femmes une motivation à exercer une AGR avec ou sans moyens extérieurs.

Le troisième objectif qui consistait en l'analyse de la nature et de l'apport des AGR dans l'amélioration des conditions socioéconomiques donnera les résultats suivants :

- une famille élargie où la femme handicapée motrice est dans une situation de dépendance socioéconomique ;

- des charges dominées par les besoins biologiques et sociaux ;

- un ascendant souvent soutien financier de la famille mais ayant l'appui matériel et financier des autres membres dont la femme handicapée motrice ;

- des charges assez souvent couvertes, non sans quelques activités de subsistances pour couvrir le gap noté au niveau du revenu du principal soutien financier ;

- une valorisation des activités des femmes handicapées motrices ;

- des contraintes et difficultés dans l'exercice d'AGR liées au problème de déplacement et à l'absence ou la faiblesse des financements ;

- des revenus encore trop faibles pour constituer une contribution significative à l'amélioration des conditions socioéconomiques des ménages ou familles des femmes handicapées motrices.

Ces femmes estiment aussi que les systèmes de crédit en cours ne sont pas adaptés à leur situation. Les prêts contractés au niveau des structures de crédits, sont pour une grande part utilisés pour les besoins domestiques de base ou pour le remboursement de prêts contractés ailleurs (chez les commerçants) sous formes de produits alimentaires destinés à la nourriture de la famille. Les petits prêts ne permettent donc pas de prendre en charge certaines activités.

Aussi, l'insuffisance ou la faiblesse en ressources financières et matérielles (logistiques, équipements) constituent un frein pour leur insertion et leur contribution au développement local de la commune.

Cependant, en dépit des faibles revenus des AGR, le quatrième objectif qui analysait la perception que ces femmes handicapées motrices ont d'elles mêmes avec l'exercice d'AGR, a donné les résultats suivants :

- un sentiment de réalisation de soi et d'appartenance à une société ;

- la capacité à pouvoir décider dans la gestion personnelle de ses activités ;

- une implication dans les activités de développement et de gestion de la famille ;

- un sentiment de reconnaissance de sa valeur par l'entourage.

Ainsi, dans l'optique d'améliorer leurs conditions socioéconomiques, les femmes handicapées motrices formuleront dans le cinquième objectif, quelques suggestions visant à développer leurs AGR.

Nous voulons les rejoindre dans cette optique en formulant dans le prochain chapitre, quelques suggestions et recommandations pour l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey.

6.1 SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS

Les résultats auxquels nous avons abouti à travers cette étude ont révélé que les AGR pratiquées par les femmes handicapées motrices n'ont pas d'apports financiers considérables permettant leur développement. C'est pourquoi leurs contributions dans l'amélioration des conditions socioéconomiques de la femme handicapée ainsi que de sa famille ne sont pas bien ressenties ou significatives.

Par ailleurs, la pauvreté des ménages ou familles des femmes handicapées motrices rend difficile leur prise en charge au niveau de ces ménages ou familles.

Les suggestions et recommandations vont donc dans le sens de permettre un développement des AGR, en vue de susciter un impact assez considérable sur les conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices, ainsi que celles de leurs ménages.

Les femmes et leurs proches, ainsi que les partenaires, estiment que développer les AGR pratiquées par elles, c'est leur permettre l'accès au crédit. Cette condition assurerait à ces femmes des opportunités d'investissement dans d'autres secteurs plus rentables.

La mise à profit de la mobilisation et de la cohésion sociale de ces femmes autour d'activités créatrices de richesses s'exprimerait à travers leurs prise en compte en :

- renforcement des capacités de gestion financière et organisationnelle afin d'asseoir un esprit d'entreprise pour mieux s'insérer dans le tissus économique de la commune;

- un accès plus facile au crédit avec la réduction des taux d'intérêt et du montant des apports.

Sur le plan socio sanitaire, l'Etat et les collectivités locales devraient permettre à cette couche vulnérable, un accès plus facile aux services sociaux de base, notamment les structures de santé, les écoles, ...afin de réduire au minimum les « autres handicaps » qui freinent le développement socioéconomique des personnes handicapées.

L'avènement depuis un an du Centre National des Handicapés dans l'espace communal de Bambey devrait profiter en premier à la formation des handicapés de la commune, afin de combler le vide laissé par l'insuffisance notée dans leur scolarisation.

Enfin, dans le long terme, la mise à disposition pour ces femmes d'un local dans le point focal des activités économiques de la commune, permettrait la création de micros entreprises qui regrouperaient les femmes par types d'activités, favorisant ainsi une production plus importante et une meilleure visibilité dans l'espace communal. Ceci aura certainement pour effet de stimuler l'apport en devises et en revenus et ainsi, l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques.

6.1 RÔLE DU TRAVAILLEUR SOCIAL

Si à ses débuts le travailleur social faisait oeuvre de bienfaisance, jouant un rôle d'assistanat et correcteur des différents handicaps socioéconomiques, la tendance actuelle semble militer en faveur d'une intervention dynamique, promotionnelle et préventive.

L'objet du travail social est l'homme et son objectif est le bien être social, psychologique et économique de cet homme.

En tant que technicien pour la résolution des problèmes sociaux, le travailleur social doit constamment analyser les interactions et faire prévaloir l'intérêt de la population. Il doit mettre ses connaissances et sa technique au service de la population, en se faisant le garant des objectifs de travail déterminés en commun.

Dans le cadre de notre étude, le travailleur social pourra jouer un rôle important en amont, c'est-à-dire dans la prévention des maladies handicapantes, mais aussi en aval par l'amélioration des conditions socioéconomiques des groupes vulnérables tels que les femmes handicapées motrices.

Ainsi, il devra mener des actions à trois (03) niveaux :

- vis-à-vis des femmes handicapées motrices;

- vis-à-vis des structures de prise en charge des femmes handicapées motrices ;

- vis-à-vis de l'environnement.

Pour les femmes handicapées motrices il s'agira d'abord de leur apporter une relation d'aide psychoaffective, en étroite collaboration avec l'AFHMCB, en vue de leur permettre de se sentir pleinement membre de cette société en tant qu'actrices de développement.

Ce soutien psychoaffectif sera complété par une assistance et une insertion socioéconomique et professionnelle qui permettra à la femme handicapée motrice de sortir de la dépendance et de s'autonomiser. Cela consistera en la formation, l'encadrement, la recherche de partenaires financiers et le suivi/évaluation des activités individuelles et collectives de ces femmes. A ce titre, la promotion de l'approche participative et communautaire au détriment de celle individualiste pourrait aller dans le sens de la création de micros entreprises en vue de valoriser toutes les compétences et responsabiliser chacune des membres de l'association.

Pour en arriver là, les structures de prise en charge à savoir, les services sociaux de base devront être mis en contribution.

Ainsi, le travailleur social serra en collaboration avec les autorités locales, la possibilité de permettre aux handicapés un accès plus facile au centre de santé de la commune, notamment une subvention sur leurs tarifs de consultation et sur les frais des médicaments. La participation à une mutuelle de santé prenant en compte leurs spécificités serait un début de réponse à leurs problèmes de santé. Le problème de déplacement des personnes handicapées de la commune de Bambey ne pourra être pris en charge que dans un partenariat entre, la cible même, les autorités locales et les partenaires (ONG et associations de prise en charge de personnes handicapées), en vue de faciliter l'acquisition de prothèses et autres fauteuils roulants aux handicapés.

Le travailleur social pourrait aussi initier un plaidoyer pour un accès facile aux micro crédits (sans beaucoup de garanties ; avec un taux d'intérêt peu élevé et un délai de recouvrement raisonnable) pour les groupes vulnérables de la commune en général et les personnes handicapées en particulier.

Dans le but de rendre l'environnement plus favorable à l'insertion socioéconomique des personnes handicapées en général et des femmes handicapées motrices en particulier, une sensibilisation de l'opinion publique tendant à lutter contre les pesanteurs socioculturels et les préjugés véhiculés à l'encontre de ces personnes mettrait en contribution les autorités politiques, administratives, religieuses, les personnes influentes de la commune et les associations et autres oeuvres de bienfaisance. Pour matérialiser la capacité de ces personnes handicapées à pouvoir participer au processus de développement de la commune, le travailleur social pourra stimuler une meilleure visibilité des activités de ces personnes par une mise à leur disposition d'un local au coeur du point focal des activités économiques de la commune, afin que les populations puissent pleinement bénéficier de leurs prestations de services.

6.3 PLAN D'ACTION

But: Contribuer à l'amélioration des conditions socioéconomiques des femmes handicapées motrices de la commune de Bambey

Objectif Général

Objectifs Spécifiques

Activités à développer

Ressources à mobiliser

Indicateurs de progrès

Durée

Partenaire dans l'activité

PERMETTRE AUX FEMMES HANDICAPEES MOTRICES DE LA COMMUNE DE BAMBEY D'AVOIR DE MEILLEURES CONDITIONS SOCIOECONOMIQUES

Faciliter une prise en charge globale des problèmes de déplacement et de santé des femmes handicapées motrices

- Faire l'inventaire des besoins de santé ;

- Mobiliser et collecter des fonds;

- Trouver un fournisseur de chaises roulantes et béquilles ;

- former les membres de l'association pour l'entretien et la maintenance du matériel.

- RH (AFHMCB, partenaires, ...)

- RM (à déterminer) ;

- RF (fonds propres et fonds collectés auprès des partenaires)

- Chaque membre dispose d'une chaise roulante et des béquilles et est capable d'assurer l'entretien du matériel mis à sa disposition ;

- Accès aux structures de santé.

A moyen terme

- Préfecture;

- Mairie;

- SDAS ;

- ANHMS ;

- Centre de Santé ;

- ONG et partenaires ; ...

Redynamiser et mieux organiser les Associations de Personnes Handicapées

- Aider à une meilleure structuration des associations de personnes handicapées de la commune ;

- regrouper ces associations selon le type de handicap ;

Faire des formations/action et formation/développement pour mieux outiller ces PH.

- RH (AFHMCB, partenaires, ...)

- RM (à déterminer) ;

- RF (fonds propres et fonds collectés auprès des partenaires)

- les APH sont bien structurées avec une reconnaissance juridique ;

- elles ont une meilleure gestion de leurs activités

A court terme

- Préfecture;

- Mairie;

- SDAS ;

- Centre National des Handicapés

- ANHMS ;

- Centre de Santé ;

- ONG et partenaires ; ...

Favoriser une meilleure perception de la population sur les personnes handicapées

- sensibiliser et former des relais (sur l'importance de la prise en charge des handicapés ;

- Impliquer la société civile et les organismes de défense des femmes et des handicapés

- RH (AFHMCB, partenaires, relais et organismes de défense des femmes et personnes handicapées, ...)

- RM (à déterminer) ;

- RF (fonds propres et fonds collectés auprès des partenaires)

- La population est consciente des discriminations et marginalisations faites aux personnes handicapées et adopte une attitude plus positive à leur égard ;

- les handicapés participent de mieux en mieux au développement socio - économique de la commune.

A moyen et long terme

- Préfecture;

- Mairie;

- SDAS ;

- ANHMS ;

- Personnes influentes ( Religieux, délégués de quartiers , ...) ;

- Relais

Faciliter l'accès au crédit pour les femmes handicapées motrices

- Conscientiser les Institutions de micro finance sur la nécessité pour les personnes handicapées de pouvoir bénéficier des micro crédits ;

- Favoriser l'acquisition de montants assez importants avec un taux d'intérêt peu élevé et un délai de remboursement tenant compte de la spécificité de la cible.

- RH (AFHMCB, partenaires, relais et organismes de défense des femmes et des personnes handicapées, institutions de micro finance, ...)

- RM (à déterminer) ;

- RF (fonds propres et fonds collectés auprès des partenaires)

- les femmes handicapées motrices disposent de financements assez consistant pour mener leurs A.G.R. ;

- elles arrivent à rembourser dans les délais, les crédits qui leurs sont octroyés.

A court et moyen terme

- Préfecture;

- Mairie;

- SDAS ;

- ANHMS ;

- Personnes influentes (Religieux, délégués de quartiers, ...) ;

- Institutions de micro finance

 

Disposer d'un centre polyvalent permettant de développer ensemble des Activités Génératrices de Revenus (AGR) durables

- Faire l'étude d'un projet de centre polyvalent implanté au coeur du marché ;

- Acquérir un local qui servira de centre polyvalent ;

- Soumettre et faire suivre le projet auprès des autorités administratives et des partenaires ;

- Développer des A.G.R. plus rentables.

- RH (membres de l'association, autorités ONG et partenaires oeuvrant dans la commune, techniciens en étude de projet, ...)

- RM (moyens de locomotion,

- RF (moyens financiers consistant)

- Le projet est accepté ;

- Les fonds nécessaires sont mobilisés ;

- Le projet est mis en oeuvre ;

- L'association dispose d'un local où elle mène des activités de couture - broderie, de coiffure, de transformation de fruits et légumes, ...

Court et moyen terme

- Préfecture;

- Mairie;

- SDAS ;

- ANHMS ;

- AHDIS ;

- PLCP ;

- PNUD ;

- UNIFEM ;

- CMS ; - Préfecture;

- Mairie;

- RAPHA ;

- ENDA ;

- réseau Siggil Jigéen ; ...

 

Protection et promotion des personnes handicapées

- Application de textes législatifs protégeant l'ensemble des droits des personnes handicapées

- Elaboration d'une Stratégie Nationale de Promotion, d'Intégration socio-économique et de Protection des Personnes Handicapées et des femmes handicapées en particulier ;

- Elaboration d'un Plan d'Action National axé sur l'éducation, la santé et le travail des personnes handicapées

- Campagnes de sensibilisation sur les aptitudes des Personnes Handicapées à être productifs ;

- Appui aux Associations de personnes handicapées

- RH (ANHMS, Organismes nationaux et internationaux)

- RM (textes de lois, Conventions,...) ;

- RF (fonds propres et fonds collectés auprès des partenaires)

Les personnes handicapées, particulièrement les femmes handicapées jouissent de tous leurs droits et bénéficient de discriminations positives dans l'accès à l'éducation, à la santé et à l'emploi.

- Les personnes handicapées sont prise en compte dans toutes les décisions et actions concernant la population en général.

A long terme

- Etat du Sénégal ;

- Handicap International ;

- Organisations internationales de personnes handicapées ;

- ONG ;

- Associations nationales de personnes handicapées ;

- presse nationale et internationale,

- personnes influentes ; ...

CONCLUSION

Les hommes et les femmes présentant un handicap sont des membres à part entière de notre société. Comme tout le monde, ces personnes veulent avancer dans la vie, caresser des rêves, réaliser des projets, et, tout simplement, être heureuses. Plus que d'autres, elles ont toutefois besoin d'un soutien attentif et chaleureux : celui d'un père, d'une mère, d'un frère, d'une soeur, d'un proche, bien sûr, mais aussi celui de la collectivité tout entière.

La situation socioéconomique de la femme handicapée motrice de la commune de Bambey est à l'image de celle des femmes handicapées motrices du pays.

Elles sont victimes des pesanteurs socioculturels et des préjugés qui les handicapent au niveau de l'accès à l'éducation et à l'emploi, mais aussi limitent leurs rapports sociaux.

Si leur dynamique interne leur permet souvent de se regrouper en associations afin de lutter contre les discriminations qu'elles subissent, elles n'ont pas souvent le soutien qu'il faut pour pouvoir améliorer leurs conditions socioéconomiques.

Nous avons pu nous rendre compte du dynamisme dont font montre ces femmes doublement handicapées (en tant que femmes et en tant que personnes handicapées motrices) pour résoudre leurs difficultés, même si l'environnement leur est encore hostile. Le rôle du travailleur social est de les accompagner dans ce processus d'insertion sociale.

Pour cela, la prise en charge de leurs problèmes de santé et de déplacement serait un premier pas. Pour résoudre le problème de formation et d'emploi, le Centre Polyvalent des Handicapés du Sénégal construit dans la ville est une opportunité dont devrait bénéficier toutes les femmes handicapées motrices.

Enfin, l'accès au crédit viendrait appuyer les initiatives déjà prises par ces femmes à travers les A.G.R., pour leur permettre d'avoir de meilleures conditions socioéconomiques et de participer ainsi au développement du pays.

BIBLIOGRAPHIE

1. BA (PA), 1998, Contribution des ONG à la promotion socio-économique des femmes en milieu rural : Cas de l'ONG AFRICARE dans la région de Kaolack, Mémoire de fin d'études ENDSS ;

2. BIT (2003), Femme et économie solidaire ;

3. CLOUTIER, L ; DIARRA, D (1993), D'autres voix, d'autres perspectives, contribution à l'élaboration canadienne en Afrique de l'Ouest, Québec, Centre Sahel ;

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9. MENDRAS H (1975), Eléments de sociologie, Paris, A. Colin

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11. MORROW M, Les femmes handicapées d'âge mûr et leurs besoins en matière de santé. Centre d'Excellence pour la Santé des Femmes - Région de la Colombie-Britannique ;

12. MOSCOVICI, S. (2000), sous la direction de, Psychologie sociale des relations à autrui, Nathan/Her ;

13. NDECKY, H (2004), L'Union des Jeunes Handicapés de Dakar et la prise en charge socioéconomique des personnes en situation de handicap moteur, Mémoire de fin d'études, ENDSS,

14. COLOMBY, P et GIAMI, A : Relations socio-sexuelles des personnes handicapées vivant en institution - INSERM U 292

15. Plan de développement économique et social de Bambey, Mai 2003 ;

16. Quotidien « le Soleil » du 27 - 01 - 2005 ;

17. SARR M (1994), Emploi et travail des femmes au Sénégal, Bureau de l'OIT Dakar ;

18. SENGHOR (D). Handicapés ; les pots les plus mal classés du sous-développement, revue Famille et développement no 27 - Dakar - 1981.

ANNEXES

ANNEXE 1

Guide d'entretien à l'intention des femmes membres de l'Association féminine des handicapées motrices de la commune de Bambey

I. Caractéristiques sociodémographiques

1- Quel est votre âge ?

2- Quelle est votre ethnie ?

e.1) Wolof

e.2) Sérère

e.3) Poular

e.4) Diola

e.5) Autres (à préciser) .....................................

3- Quelle est votre religion ?

r.1) Musulmane

r.2) Chrétienne

r.3) Juive

r.4) Autres (à préciser) .....................................

4- Quelle est votre confrérie ?

x.1) Mouride

x.2) Tidjiane

x.3) Layène

x.4) Autres (à préciser) .....................................

5- Dans quel quartier habitez-vous ?

q.1) Léona nord

q.2) Léona sud

q.3) Wakhaldiam

q.4) DVF

q.5) Kayéne

q.6) Keur S. Badiane

q.7) Autres (à préciser) .....................................

6- Quelle est votre situation matrimoniale ?

m.1) Célibataire

m.2) Mariée monogame

m.3) Mariée polygame

m.4) Vivant maritalement

m.5) Divorcée

m.6) Veuve

m.7) Autres (à préciser) .....................................

7- Avez-vous des enfants ?

Oui 

Non 

8- Si Oui, indiquez le nombre d'enfants 

9- Avez-vous subi une alphabétisation ?

Oui

Non:

10- Si Oui, dans quelle langue ?

s.1) Wolof

s.2) Sérère

s.3) Poular

s.4) Diola

s.5) Autres (à préciser) .....................................

11- Quel est votre niveau d'étude ?

n.1) Aucun

n.2) Maternel

n.2) Primaire

n.3) Moyen

n.4) Secondaire

n.6) Enseignement technique et professionnelle

n.5) Supérieure générale

n.6) Ecole coranique

12- Exercez-vous une activité professionnelle ?

Oui

Non

13- Si Oui, laquelle (ou lesquelles) ?

Activités

Domaines d'activités

Activité 1

Activité 2

Activité 3

Secteurs d'activités

Primaire

 
 
 
 
 
 

Secondaire

Agroalimentaire

 
 
 
 
 

Tertiaire

Textile

 
 
 

Commerce

 

II. Caractéristiques socio-sanitaires

1- Depuis quand avez-vous subi ce handicap physique ?

d.1) A la naissance

d.2) Après la naissance

d.2.1) A la suite d'une maladie

d.2.2) A la suite d'un accident

2- Quel est la nature de votre handicap ?

h.1) Handicapée des membres supérieurs

h.2) Handicapée des membres inférieurs

3- Quel est le degré de votre handicap ?

p.1) Paralysie partielle

p.2) Paralysie totale

4- Comment se traduit l'impact du handicap sur votre vécu ?

i.1) Problème de déplacement

i.2) Problème de santé

i.3) Problème d'alimentation

i.4) Problème de qualification

i.5) Problème de travail

i.6) Autres problèmes (à préciser) ...............................................................................................

5- Quelles sont les contraintes et difficultés que vous pose votre handicap ?

...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

6- Quel regard portez-vous sur votre situation de femme handicapée ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

7- Quel regard votre entourage porte-t-il sur votre handicap ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

8- Par quels moyens prenez-vous en charge votre handicap ?

l.1) Moyens propres

l.2) Moyens de la famille

l.3) Moyens provenant de l'AFHMCB

l.4) Moyens provenant d'organes de soutien ou de partenaires

l.5) Autres moyens (à préciser) ................................................................................................

9- Quels sont les problèmes prioritaires dans l'affectation des moyens prévus pour la prise en charge de votre handicap ? (Classez les problèmes par ordre en les numérotant)

k.1) Problème de déplacement

k.2) Problème de santé

k.3) Problème d'alimentation

k.4) Problème de qualification

k.5) Problème de travail

k.6) Autres problèmes

III. Caractéristiques socioéconomiques

a) Situation socioéconomique de la famille

1- Taille de la famille : Combien de personnes compte votre ménage ou votre famille ?

2- Quelle place occupez-vous dans la structuration de la famille (ou du ménage) ?

f.1) Epouse ou mère

f.2) Enfant

f.3) Autres (à préciser) ............................................................................................................

3- Quelles sont les charges du ménage ou de la famille ?

c.1) Nourriture

c.2) Habillement

c.3) Education

c.4) Soins

c.5) Eau

c.6) Electricité

c.7) Téléphone

c.8) Logement

c.9) Transport

c.10) Autres (à préciser) ...........................................................................................................

4- Soutien financier : Qui est le principal soutien financier du ménage ou de la famille ?

.......................................................................................................................................

5- Quelle est son occupation ?

...............................................................................................................

6- Ses revenus couvrent-elles toutes les charges du ménage ?

 

Niveau de couverture des charges

Charges du ménage ou de la famille

Jamais

Rarement

Occasionnellement

Assez souvent

Très souvent

Nourriture

 
 
 
 
 

Habillement

 
 
 
 
 

Education

 
 
 
 
 

Soins

 
 
 
 
 

Eau

 
 
 
 
 

Electricité

 
 
 
 
 

Téléphone

 
 
 
 
 

Logement

 
 
 
 
 

Transport

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

7- Quelles sont les autres activités de subsistance du ménage ou de la famille ? (Cette question n'est pertinente que si les réponses à la question N°6 sont « Jamais, rarement, ou occasionnellement »)

a.1) Activité 1 ....................................................

a.2) Activité 2 ....................................................

a.3) Activité 3 ....................................................

8- Ces activités de subsistance couvrent-elles le gap observé au niveau du revenu ?

Couverture du gap

Très peu

Moyennement

Entièrement

Activités de subsistance

Activité 1

 
 
 

Activité 2

 
 
 

Activité 3

 
 
 

b) Nature des Activités Génératrices de Revenus (AGR)

1- Dans quel(s) domaine(s) vous activez-vous ?

...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

2- Depuis quand pratiquez-vous cette AGR ?

...............................................................................................................

3- Quel est la nature et le prix des produits ou services que vous proposez ?

Nature des produits ou services

Prix de vente

 
 
 
 
 
 

4- Quelles sont les ressources que vous utilisez dans l'exploitation de votre activité ?

Ressources

Nature

Nombre/Montant

Qualité/Etat

Humaines

 
 
 

Matérielles

 
 
 

Financières

 
 
 

5- Quelles sont vos sources et modalités de financement ?

Sources de financement

Modalités de financement

 
 
 
 

6- Quels sont les acteurs qui interviennent dans le processus d'élaboration de l'AGR ?

Processus d'élaboration de l'AGR

Acteurs

Recherche des matières premières

 

Processus de transformation

 

Ecoulement des produits ou services

 

7- Comment écoulez-vous vos produits ou services ?

Lieu

Coûts

Modalités
 
 
 
 
 
 
 
 
 

8- Combien gagnez-vous ?

- par jour : _________________________________________

- par semaine : ______________________________________

- par mois : _________________________________________

c) Apport des Activités Génératrices de Revenus (AGR)

1- Depuis quand avez-vous adhérée à l'association ?

...............................................................................................................

2- Quel est le motif de cette adhésion ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

3- Qu'avez-vous acquis ou amélioré depuis que vous pratiquez cette AGR ?

Acquisitions

Améliorations

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4- Participez-vous à un système d'épargne ?

Oui 

Non 

5- Si oui, lequel (ou lesquelles) ?

..............................................................................................................................................................................................................................................................................

IV. Perception des femmes handicapées moteurs sur elles-mêmes

1- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que femmes handicapées moteurs, dans la pratique de votre AGR ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

2- Votre AGR vous a-t-elle permis d'avoir une autre perception de vous même ?

Oui 

Non 

3- Si oui, laquelle (ou lesquelles) ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

4- L'exercice de cette AGR a-t-il eu une influence sur vos rapports avec votre entourage ?

Oui 

Non 

5- Si oui, de quelle nature ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

6- Avez-vous acquis une autonomie de décision grâce à l'exercice de cette AGR ?

Oui 

Non 

7- Si oui, dans quels domaines ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

8- Avez-vous acquis une autonomie d'action grâce à l'exercice de cette AGR ?

Oui 

Non 

9- Si oui, dans quels domaines ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

V. Suggestions

1- Selon vous, que faudrait-il pour vous permettre de développer votre AGR ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

2- Selon vous, que faudrait-il pour vous permettre d'améliorer vos conditions socioéconomiques ?

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ANNEXE II

Guide d'entretien à l'intention des conjoints ou parents proches des femmes handicapées moteurs

1- Quel est votre lien avec X ?

...............................................................................................................

2- Comment percevez-vous sa situation de handicapé ?

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

3- Ce handicap a-t-il réduit son autonomie de décision et d'action au sein de la famille ?

Oui 

Non 

4- Quelle(s) appréciation(s) faites -vous de son processus d'élaboration d'AGR ?

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

5- La soutenez-vous dans la pratique de son AGR ?

Oui 

Non 

6- Si oui, à quel moment du processus d'élaboration de l'AGR ?

Recherche de matières premières

Transformation

Ecoulement

 
 
 

7- Quelles appréciations faites-vous des conditions socioéconomiques du ménage ou de la famille ?

Périodes

Avant pratique AGR

Pendant et/ou après pratique AGR

Eléments d'appréciation de la situation socioéconomique

Revenus mensuels

 
 

Couverture des charges

 
 

Habitudes alimentaires

 
 

Equipements

 
 

Epargne

 
 

Autres

 
 

8- Ses activités ont-elles changé la perception que vous aviez de son handicap ?

Oui 

Non 

9- Lui avez-vous accordé depuis, une plus large autonomie de décision et d'action ?

Oui 

Non 

ANNEXE III

Questionnaire adressé aux partenaires et organes d'accompagnement

1- Nom et sigle

..............................................................................................................................................................................................................................................................................

2- Domaines d'intervention

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

3- Cibles

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

4- Motifs du partenariat avec l'association féminine des handicapées moteurs

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

5- Modalités du partenariat

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

6- Types d'AGR financées pour les femmes

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

7- Contraintes notées relevant de l'aspect genre

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

8- Contraintes notées relevant de l'aspect handicap

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

9- Contraintes notées relevant de l'aspect organisationnel

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

10- Formations dispensées aux femmes

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

11- Comment se fait le suivi des activités ?

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

12- Qu'avez-vous noté comme amélioration dans les conditions socioéconomiques des femmes ?

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

13- Acquis en terme d'autonomie de décision des femmes

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

14- Acquis en terme d'autonomie d'action des femmes

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

15- Perspectives envisagées avec les femmes

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

16- Suggestions et recommandations

............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

* 1 Quotidien « le Soleil du 27 - 01 - 2005. P. 10

* 2 BA (PA), 1998, Contribution des ONG à la promotion socio-économique des femmes en milieu rural : Cas de l'ONG AFRICARE dans la région de Kaolack, Mémoire de fin d'études ENDSS

* 3 MOSCOVICI, S. (2000), sous la direction de : Psychologie sociale des relations à autrui, Nathan/Her

* 4 MENDRAS (H), Eléments de sociologie, 1975, Paris, A. Colin

* 5 MOSCOVICI, S. (2000), sous la direction de : Psychologie sociale des relations à autrui, Nathan/Her

* 6 FALL, I (2005) : Genre et pauvreté en milieu rural : étude de cas sur l'intervention du Programme National d'Infrastructures Rurales (PNIR) dans le cadre de la réduction de la pauvreté des femmes de la communauté rurale de Ross Béthio ; ENDSS

* 7 MORROW Marina : Les femmes handicapées d'âge mûr et leurs besoins en matière de santé. Centre d'Excellence pour la Santé des Femmes - Région de la Colombie-Britannique

* 8 NDECKY, H (2004) : L'Union des Jeunes Handicapés de Dakar et la prise en charge socioéconomique des personnes en situation de handicap moteur, Mémoire de fin d'études, ENDSS, p. 64

* 9 COURBEYED (J) : Les handicapés moteurs et leurs problèmes, Paris, Robert Laffont, 1969, p. 184

* 10 COLOMBY, P et GIAMI, A : Relations socio-sexuelles des personnes handicapées vivant en institution - INSERM U 292

* 11 FALL (A) : La situation des personnes handicapées visuelles et motrices à Saint-Louis, mémoire ENTSS 1997

* 12 SENGHOR (D) . Handicapés ; les pots les plus mal classés du sous-développement, revue Famille et développement no 27 - Dakar - 1981.

* 13 CLOUTIER, L ; DIARRA, D (1993), D'autres voix, d'autres perspectives, contribution à l'élaboration canadienne en Afrique de l'Ouest, Québec, Centre Sahel, p. 59

* 14 SOW A. (2006) : Femmes handicapées motrices et santé de la reproduction : Niveau de connaissance, attitudes, pratiques en santé de la reproduction et accès aux prestations de services. Mémoire de DEA, Institut de Formation et de Recherche en Population, Développement et Santé de la Reproduction ; UCAD

* 15 MINISTERE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES, Direction de la Prévision et de la

Statistique : 3ème Enquête Démographique et de Santé du Sénégal (EDS III), 1997.

* 16 MINISTERE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES, Direction de la Prévision et de la

Statistique : Caractéristiques sociodémographiques des personnes handicapées,

* 17 SARR M (1994) : Emploi et travail des femmes au Sénégal, Bureau de l'OIT Dakar

* 18 Encouragements et motivations qui ont un effet de prise de conscience de ses aptitudes et capacités à surmonter des difficultés.






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote