La prévention, la gestion et le règlement des conflits armes en Afrique de l'ouest( Télécharger le fichier original )par Salamane YAMEOGO Université de Ouagadougou - Maà®trise de doit public 2004 |
Paragraphe II : Les obstacles liés à l'environnement international78. Les écueils propres à l'environnement international doivent être appréhendés dans le cadre général des relations internationales qui sont tantôt pacifiques tantôt belliqueuses101(*). Celles-ci influencent énormément les voies de recherche de la paix en Afrique de l'ouest (A ) et sacrifient le mécanisme sur l'autel des oppositions d'intérêts (B). A. Le poids sans cesse croissant des « relations verticales » 79. Les relations dites verticales sont d'ordre économiques, politiques et sécuritaires. Pour les questions d'ordre économiques la mondialisation néo-libérale a crée des réseaux de trafics et des espaces extra-territoriaux qui échappent aux Etats ou aux institutions. Ces trafics concernent surtout le commerce des armes légères, difficilement maîtrisables. Ainsi, M. Vincent ZAKANE remarque qu'en Afrique le commerce des armes est un domaine qui échappe le plus souvent allègrement à la maîtrise des pouvoirs publics. Dominé sur le plan international par des grandes puissances industrielles et conduites au plan local par des marchands d'armes peu soucieux de la sécurité des Etats, il apparaît comme un des facteurs majeurs de fragilisation des jeunes Etats africains101(*). Pourtant, le retour à une paix Ouest- africaine ne sera possible qu'avec leur maîtrise. Concernant les problèmes sécuritaires, c'est la géostratégie internationale qui rétrécie les voies de recherche de la sécurité commune. En effet, les pays Ouest-africains ont signé des accords de défense et de coopération avec les puissances du nord qui minent parfois les initiatives communautaires en faveur de la paix. 80. S'agissant des questions politiques, c'est précisément la géopolitique internationale qui produit les effets néfastes sur les efforts de paix. Les incursions françaises notamment dans ses ex-colonies ont toujours crée des différends latents, surtout entre elle et le Nigeria. Lors de la crise Sierra Léonaise la France et le Portugal ont voulu chacun créer leur zone d'influence. La création de certaines organisations répond à cet affrontement. Ces obstacles économiques, politiques et sécuritaires sont une entrave à la paix. B. Un mécanisme piégé par des oppositions d'intérêts.81. La course après les bénéfices économiques engloutit les efforts de mise en place d'une réelle stabilité ouest-africaine. L'Afrique de l'ouest est sujette de convoitises de la part des puissances du nord ; chacun voulant se frayer un chemin pour asseoir son emprise. La France tente de s'y maintenir par l'intermédiaire des pays francophones ; pendant ce temps, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Chine et les autres puissances veulent instaurer des relations étroites avec les Etats membres de la communauté. Ces rapprochements aux intérêts divergents parfois antagonistes ruinent souvent une réelle intervention de l'O.N.U. dans les opérations de maintien de la paix101(*). La course à l'enracinement de leur politique atteint le sommet avec l'institution d'interlocuteurs privilégiés. 82. Aussi, depuis plus d'une décennie, les pays occidentaux ont-ils abandonné les opérations de maintien de la paix en Afrique en les « africanisant »102(*). Cette africanisation est visible à travers les propos de M. Romano PRODI, « Notre objectif n'est pas d'envoyer des forces de maintien de la paix ici ou là. Mais d'appuyer une capacité africaine capable de traiter les situations de conflits et de renforcer les situations de paix. Le conseil de paix et de sécurité est crucial. Il fournira l'autorité politique et jouera un rôle centralisateur pour la coordination des efforts des partenaires »103(*). Ils se contentent de créer des institutions pour « africaniser les opérations de maintien de la paix ». Il s'agit du projet R.E.C.A.M.P., de l'A.C.R.I. et de l'African Peace Training Support Programm. Ces initiatives individuelles ruinent parfois la recherche de la paix, étant donné leurs divergences parfois ouvertes. Toutes ces initiatives, disparates et contradictoires président à la fragmentation des mesures ouest-africaines pour assurer une paix durable. 83. Au terme de ce premier chapitre, il convient de retenir qu'en dépit des obstacles, plusieurs actions ont été menées dans le cadre de la recherche de la sécurité. Il s'avère important de renforcer le mécanisme. * 101 Par exemple, avant le déploiement de la MUNCI en Côte d'Ivoire les USA avaient menacé de poser leur veto face à « l'entêtement »de la France à favoriser l'envoi de cette force. Il a fallu un ballet diplomatique pour finalement aboutir à l'adoption de la résolution 1464 le 3 février 2003. Pendant ce temps, les Etats-Unis présidaient la réunion des bailleurs de fonds à New York pour rassembler environ cinq cent millions de dollars US (500.000.000 $ US) pour la reconstruction du Liberia. * 102 La croissante réticence des pays pourvoyeurs de troupes s'explique par le fait qu'ils ont peur d'exposer leurs soldats bien souvent embourbés dans des opérations coûteuses en vies humaines et en ressources. Mais, en réalité, ce sont les fantômes de Mogadiscio où 18 soldats américains ( entre autres) furent tués en octobre 1993, ainsi que le cauchemar de Kigali où 10 casques bleus belges allaient être exécutés quelques mois après le début du génocide de 1994. 112 Disponible sur europa.eu.int/rapid/start/ 113 Etienne CEREXHE, cité par Luc Marius IBRIGA, L'évolution des systèmes d'intégration économique en Afrique de l'Ouest Francophone : le cas de la C.E.A.O., thèse de doctorat, Nancy II, 1991, p.404. |
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