La prévention, la gestion et le règlement des conflits armes en Afrique de l'ouest( Télécharger le fichier original )par Salamane YAMEOGO Université de Ouagadougou - Maà®trise de doit public 2004 |
Section II : Les difficultés rencontrées dans l'application dumécanisme73. La poursuite de la « Pax Ouest Africana » est jonchée de moult obstacles rendant parfois tout espoir de sortie de crise mince. Ces pièges sont liés non seulement à l'environnement interne de la sous-région (Paragraphe I) mais aussi à l'environnement international (Paragraphe II). Paragraphe I : Les obstacles propres au contexte ouest- africain74. L'Ouest du continent est une sous-région complexe. Il comprend des pays qui, quoique siégeant au sein des organes communautaires ont des rapports divergents parfois antagonistes. Cette ampleur des relations horizontales porte préjudice aux efforts déployés en faveur d'une sécurité commune (A), et paralyse au pire les institutions du mécanisme (B). A. L'influence grandissante des « relations horizontales »75. Le résultat des actions de l'organisation en faveur de la paix est mitigé si bien que l'on doute de sa capacité à édifier la paix. Ainsi, selon l'A.I.P., « Les points forts et les points faibles de la C.E.D.E.A.O. et de l'ECOMOG sont que ces organes reflètent, en dernier ressort, les problèmes de gouvernements et d'instabilité de leurs Etats constitutifs »93(*). Ce constat traduit les difficultés rencontrées par l'organisation dans la recherche d'une sécurité commune. Dans presque toutes les crises, la tendance générale est à la rivalité de personnalités étatiques. Des conflits larvés opposent certains chefs d'Etat et de gouvernement qui, chacun de son côté déclenche un mécanisme pour résoudre les conflits94(*). Ces conflits atteignent le paroxysme lorsque des soutiens sont apportés aux parties en conflit rendant leur résolution complexe et minant les opérations de l'ECOMOG95(*). Faute de régler ces oppositions, la sous-région restera pendant longtemps prise dans ses propres pièges. En outre, une autre caractéristique de la sous-région est la multitude des organisations inter gouvernementales qui entravent parfois la résolution des conflits. Ainsi, selon M. Daniel BACH, « L'existence de près de quarante organisations intergouvernementales, dont beaucoup poursuivent des objectifs similaires gène les initiatives en faveur de l'unité. Le fossé linguistique et culturel entre les Etats anglophones et francophones continue d'entraver les progrès économiques et politiques de la sous-région. A bien des égards, le régionalisme et la tentative d'intégration en Afrique de l'ouest sont devenus un mirage »96(*) . L'opposition entre les Etats francophones et anglophones est ressentie clairement dans la mesure où la nation nigériane est critiquée sévèrement dans ses interventions en faveur de la paix. Elle est perçue parfois même comme un fauteur de trouble.97(*) A ces problèmes exposés, s'ajoutent ceux relatifs au financement, à la mobilisation du personnel, de la logistique ; toutes choses qui paralysent les institutions. * 93 V. Rapport A.I.P./ C.E.D.E.A.O., septembre 2001, P.14. * 94 C'est le cas par exemple du conflit entre les Présidents togolais et sénégalais au début de la crise ivoirienne. * 95 V. Meledje DJEDJRO, « La guerre civile du Liberia et la question de l'ingérence dans les affaires intérieures des Etats », R.B.D.I., 1993/2, P.393-436. V. également, Cyril MUSILA, « Les facteurs d'instabilité et d'insécurité », conférence donnée lors du 4ème forum de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale sur le continent africain, du 12 au 27 juin 2003. * 96 Daniel BACH, « ECOWAS : Trade, Security and Regionalization in West Africa, Supranationalisme Hegemony and Multilateralism. », communication présentée au séminaire AIP/CEDEAO, Abuja, 27-29 septembre 2001 * 97 Paul YAMEOGO, op. cit. P.26. |
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