UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Année universitaire
Unité de Formation et de Recherche
2003-2004
En Sciences Juridiques et Politiques
(U.F.R./S.J.P.)
LA PREVENTION, LA GESTION ET LE
REGLEMENT DES CONFLITS ARMES
EN AFRIQUE DE L'OUEST
MEMOIRE
Présenté et
soutenu publiquement par :
Salamane
YAMEOGO
Pour l'obtention du
diplôme de
MAITRISE ès SCIENCES
JURIDIQUES
Option :
Droit Public
.
Octobre 2004
Directeur de mémoire
M. Luc Marius IBRIGA
Maître assistant
de Droit public
Enseignant à l'U.F.R./S.J.P.
AVERTISSEMENT !
« L'Unité de Formation et de Recherche
en Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Ouagadougou
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les mémoires qui doivent être considérées comme
propres à leur auteur ».
DEDICACE
Ceux à qui je dois ce travail :
Ø Mon père YAMEOGO Koudougou,
arraché à mon affection en
février 2004 ;
Ø Mes mamans chéries pour tout ce que je
leur dois ;
Ø Tous mes frères et soeurs.
EPIGRAPHE
« L'Afrique ne pourra rattraper les autres continents
sur le chemin du progrès que si elle jouit de la paix, paix à
l'intérieur, paix avec le monde extérieur ».
Félix Houphouët BOIGNY, Propos extrait du discours
à la conférence de l'O.U.A. à Addis-Abeba, mai 1963.
« Nous devons être capables de nous réunir
sans que l'un quelconque d'entre nous n'ait de doutes sur la
sincérité et l'intention de son voisin. Nous devons être
capables de parler d'une seule voix à l'intérieur et hors de
notre région pour que le reste du monde nous prenne au mot ; nous
devons apparaître comme un groupe ayant vaincu la peur et les menaces en
notre sein pour que le reste du monde puisse croire à ce que nous
disons ; nous devons être résolus dans nos engagements pour
que le reste du monde nous respecte ; nous devons être perçus
comme un groupe fidèle à ses décisions et protocoles pour
que le reste du monde nous prenne au sérieux ».
Capitaine Valentine STRASSER, chef d'Etat
de
la Sierra Leone.
Déclaration faite à la cérémonie
d'ouverture du
16ème sommet de la C.E.D.E.A.O.,
à Cotonou du 22 au
24 juillet 1993.
« Gouverner, c'est savoir énoncer une vision
à long terme destinée à améliorer le niveau de
rentabilité et la qualité de vie du plus grand nombre et savoir
choisir les combats que l'on veut mener. La guerre est un facteur
d'appauvrissement et un moyen bien médiocre d'obtenir une place dans
l'histoire ».
Blaise Pascal TALLA, Jeune Afrique Economique,
n°263 du 1er
au 14 décembre 1997.
REMERCIEMENTS
· A mon directeur de mémoire, monsieur Luc Marius
IBRIGA pour ses indications fort pertinentes et pour ses
encouragements ;
· A monsieur COULIBALY Abou Saïb ;
· Aux enseignants de l'U.F.R./S.J.P. pour leur
disponibilité constante ;
· Au Colonel Paul YAMEOGO pour son aide
précieuse ;
· Au Colonel Dominique DJIENDJERE, au commandant DIABATE et
à messieurs Mamadou BARRY, Jean-Marc Domba PALM, René BAGORO
pour leur soutien ;
· A monsieur Sylvain THIOMBIANO pour ses conseils ;
· A mes oncles Salif YAMEOGO et Dramane YAMEOGO et leurs
familles pour leurs encouragements et leur assistance infaillible ;
· A Alphonse YAMEOGO et sa famille et à
Souleymane YAMEOGO;
· A mes oncles Francis et Emmanuel KIEMDE ;
· A GNIENHOUN Abdoulaye Nazaire et ses frères Salia,
Ahmed et Salif pour la bonne fraternité de tout temps ;
· A RAMDE Wandebkienga pour son amitié et ses
pertinents conseils ;
· A KOLOGO Oumarou et à ZONGO Zoany ;
· A KABORE Baowendsongré pour sa grande confiance et
sa compréhension ;
· A la famille ZONGO Pascal ;
· A TRAORE Mariam ;
· A KONOMBO Elisabeth et sa famille ;
· A tous mes amis pour leur appui inestimable.
SIGLES ET ABREVIATIONS
A.F.D.I. :Annuaire Français de Droit International
A.I.P. : Agence Internationale pour la Paix.
Al. : Alinéa.
A.N.A.D. : Accord de Non-Agression et de Défense.
Art. : Article.
C.C.E.G. : Conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement
C.D.S. : Comité de Défense et de
Sécurité.
C.E.A.O. : Communauté Economique de l'Afrique de
l'Ouest.
C.E.D.E.A.O. : Communauté Economique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
Cf. : Confère
C.I.C.R. : Comité International de la Croix Rouge
C.I.J. : Cour Internationale de Justice
C.M.S. : Conseil de Médiation et de
Sécurité
D.I.G : Droit International Général
D.O.M.P./A.H. : Département des opérations, du
Maintien de la Paix, et des
Affaires Humanitaires
ECOMOG : Groupe de Contrôle et du Cessez-le-feu de la
C.E.D.E.A.O.
Ed. Edition
MUNCI : Mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire
P.M.A.D. :Protocole en matière d'Assistance Mutuelle
et de Défense
P.N.A. : Protocole de Non-Agression
P.N.U.D. : Programme des Nations Unies pour le
Développement
O.I.G. : Organisation Intergouvernementale
O.N.G. : Organisation Non Gouvernementale
O.N.U. : Organisation des Nations Unies
Op. cit. Opere citato
O.U.A.: Organisation de l'Unité Africaine
O.T.A.N. : Organisation du Traité Atlantique Nord
P. Page
R.A.D.I.C. : Revue Africaine de Droit International et
Comparé
R.B.D.I. : Revue Belge de Droit International
R.J.P.I.C. : Revue Juridique et Politique,
Indépendance et Coopération
S.A.D.I.C. : Société Africaine de Droit
International et Comparé
Tom. : Tome
U.A.: Union Africaine
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la
Culture
U.S.A. : United States of America
V. Voir
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
Titre I: L'organisation du mécanisme C.E.D.E.A.O.
Chapitre I : Le mécanisme C.E.D.E.A.O., une
architecture renforcée
Section I: Un contenu presque exhaustif
Section II : Un cadre juridico-institutionnel
élargi
Chapitre II : Le mécanisme C.E.D.E.A.O., une
réglementation de mise
en oeuvre quelque peu rigide
Section I : Les conditions de mise en oeuvre
Section II : Les ressources permettant la mise en oeuvre
Titre II: Le fonctionnement du mécanisme C.E.D.E.A.O.
Chapitre I : Un mécanisme quasi-effectif
Section I : Les interventions en faveur d'une Paix
Ouest-africaine
Section II : Les difficultés rencontrées dans
l'application du mécanisme
Chapitre II : Un mécanisme à renforcer
Section I : La nécessité de lever les
obstacles internes
Section II : La nécessité de
résoudre les obstacles externes
CONCLUSION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
1. « L'Afrique d'aujourd'hui est
menacée par des conflits meurtriers, qui se caractérisent par une
implosion interne des Etats et des nations. Des guerres internes nous ont
permis de découvrir avec horreur et stupéfaction les moyens
barbares d'extermination massive des populations »1(*).
2. Ces propos traduisent fidèlement la
situation chaotique dans laquelle vit le continent africain, pris aujourd'hui
dans un tourbillon de conflits, surtout armés, qui mettent tout le
peuple africain dans un état
d' « afro-pessimisme » sans égal. L'engrenage
conflictuel n'a pas épargné les différentes
sous-régions du continent, dont la sous-région Ouest-africaine.
Ainsi, pour M. Mohammed Ibn CHAMBAS, « L'un des défis majeurs
auxquels la région Ouest-africaine s'est trouvée
confrontée au cours des dix dernières années a
été la multiplication des conflits »2(*).
En réalité, les questions de paix, de
sécurité et de stabilité n'ont perdu ni de leur
actualité ni de leur acuité, encore moins de leur urgence dans
cette partie du continent. C'est précisément l'une des raisons
ayant motivé le choix de ce thème : « La
prévention, la gestion et le règlement des conflits armés
en Afrique de l'Ouest ». Mais avant tout, il convient de
s'interroger sur les origines véritables des conflits armés qui
compromettent tout espoir de développement durable, car ils
viennent perturber le renouveau réel constaté dans de nombreux
pays.
3. Les facteurs des conflits armés
sont diversifiés et complexes. Ils résultent entre autres des
séquelles de la colonisation, du contexte
géopolitico-stratégique international, de la mondialisation et de
la mal gouvernance.
Parlant des séquelles de la colonisation, M. Abdou
Yéro BA souligne que, la colonisation et le partage du continent ont
détruit le bel ordonnancement des organisations politiques et sociales
africaines d'antan3(*), pour
faire place à des entités sous influences diverses4(*) et les obligeant à
intégrer des valeurs à l'opposé de leurs traditions et
coutumes impliquant une rupture de leur entité culturelle et
l'évolution de chaque rameau dans des cadres différents.
Les leaders africains, reprenant à leur compte ces
rassemblements divers, variés et complexes, semblaient transcender ces
divergences. Ainsi, pour prévenir les difficultés futures,
l'O.U.A. a posé comme un de ses principes fondamentaux,
« l'intangibilité des frontières5(*) héritées de la
colonisation » qui allait très vite être battu en
brèche6(*).
Concernant l'économie politique des conflits
armés, ce sont les effets pervers de la mondialisation7(*) accentués par la
cupidité des dirigeants ouest-africains qui sont à l'origine des
guerres sanglantes. Les restrictions imposées par les contraintes et
mécanismes mondiaux ont des répercussions assez fortes sur les
économies, notamment celles des pays pauvres. En effet, la
mondialisation néo-libérale se fait souvent sur des
paramètres décidés par des superstructures et des
superpuissances qui créent des réseaux de trafics divers8(*) et des espaces
extra-territoriaux échappant aux Etats et aux institutions. Faute de
les régler, ces réseaux et espaces constituent des entraves
à la paix et à la sécurité. En outre,
l'interpénétration croissante des économies nationales,
favorisée par le processus de la mondialisation, met à mal les
économies des pays peu développés9(*). Les populations, exclues ou
marginalisées dans la gestion et l'accès aux ressources, trouvent
une légitimité à revendiquer, pire encore, à
prendre les armes, pour traduire leur opposition contre la nation à
géométrie variable, contre « l'Etat prébendaire
». A la faiblesse des institutions, à la faillite et à
l'impuissance de l'Etat, s'ajoutent les différentes instrumentalisations
opérées par les hommes politiques, d'affaire et de la
sécurité qui veulent assouvir leur intérêt
personnel.
Le contexte géopolitico-stratégique
international constitue une des origines non négligeables des conflits
armés. En effet, le début de la décennie 1990 a
marqué un tournant décisif dans les relations internationales. La
plupart des pays africains ont été soumis au respect de certaines
conditions afin de bénéficier de l'aide occidentale10(*). Des sanctions
économiques, politiques et autres sont prévues en cas de leur
non-respect11(*).
Une telle prescription est de nos jours quasi-ensevelie,
travestie par une minorité désireuse de faire carrière au
pouvoir12(*). Ce sont des
frustrations et des blessures difficilement cicatrisables qui en
résultent.
Le dernier facteur, la mal gouvernance, se situe à la
fois au niveau politique, économique et sécuritaire. La mauvaise
gestion des affaires publiques est un élément causal des
conflits. Le manque de bonne gouvernance, la dégradation de la
situation sécuritaire constituent aussi les soubassements des guerres
qui secouent la zone ouest du continent africain13(*).
La situation économique est plus que jamais morose, les
armées sont « clochardisées », la
pauvreté s'accentue14(*). Ce sont ces différentes causes
imbriquées et variées qui constituent les facteurs
déclencheurs des conflits armés. Il convient cependant de
s'interroger sur les mesures prises pour enrayer ces fléaux
anthropiques.
4. La prolifération de ces genres de
conflits a suscité la mise en place de tout un arsenal de dispositions
pour leur prévention et leur résolution. Ces actions entreprises
sont anciennes et actuelles, car existant depuis la création de la
C.E.A.O. (Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest) et de la
C.E.D.E.A.O. (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest)15(*).
5. Dans le cadre du premier organisme, la
quête de la paix, de la sécurité et de la stabilité,
conditions sine qua non à tout processus de développement a valu
l'adoption de l'Accord de Non-Agression et de Défense
(A.N.A.D.)16(*) le 9
juillet 197717(*) qui
malheureusement a fini par montrer ses limites rendant son fonctionnement
difficile, à la limite inefficace18(*).
6. Dans le cadre de la C.E.D.E.A.O.,
plusieurs accords de sécurité ont été
signés : le Protocole relatif à la Non-Agression (P.N.A.),
le Protocole en matière d'Assistance Mutuelle et de Défense
(P.M.A.D.)19(*) et le
mécanisme C.E.D.E.A.O. qui constitue l'objet de la présente
étude.
Le P.M.A.D. dans son préambule, renforce l'engagement
de l'organisme dans la résolution pacifique des conflits20(*). Cependant, à
l'instar de l'A.N.A.D., ces deux dernières structures n'ont pu
être fonctionnelles, à cause des mêmes difficultés.
Il fallait dès lors envisager de nouvelles mesures efficaces pour aider
l'Ouest-africain à sortir de ses « abcès
régionaux »21(*). L'adoption du mécanisme C.E.D.E.A.O. entre
dans ce cadre. C'est ce mécanisme, cadre juridico-politique de
prévention, de gestion et de règlement des conflits qui constitue
le support de base de la présente étude.
7. Tout compte fait, l'intérêt
de la présente étude se pose. La réflexion sur ce
thème est à la fois essentielle et urgente. Essentielle, parce
que la persistance des conflits armés et la difficulté des Etats
Ouest-africains, des organisations internationales et des divers acteurs
à leur apporter une solution satisfaisante invitent à une
réflexion sur les moyens prévus pour y faire face. Cette
réflexion est aussi urgente dans la mesure où, dans cette zone,
les crises, les guerres, les massacres, les rébellions, les putschs sont
nombreux22(*). L'on
oscille depuis quelques années en effet, entre l'espoir et le
découragement. En un mot, l'époque présente est celle
où les problèmes relatifs à la paix occupent plus que
jamais l'agenda de tout pays, de toute organisation. Cette actualité
commande de dégager les pistes de compréhension du
mécanisme C.E.D.E.A.O. Mais il ne faut pas non plus ignorer les
mécanismes hors C.E.D.E.A.O.
8. Vu la poussée de ces maux qui
minent la sous-région, malgré l'adoption de ce mécanisme,
n'y a t-il pas lieu de s'interroger d'une part sur son effectivité et
d'autre part sur son efficacité ? Le contenu d'un tel
mécanisme permet-il de faire face à ces conflits d'un type
nouveau ? En tout état de cause, quelles solutions
préconiser? Dans cette logique, le mécanisme sera
examiné à travers son organisation (titre I) et son
fonctionnement (titre II).
TITRE I : L'ORGANISATION DU MECANISME C.E.D.E.A.O.
9. Le mécanisme C.E.D.E.A.O. est le
produit direct des relations intra et extra-ouest- africaines et le
résultat de l'effort et de la volonté des autorités sous-
régionales d'instaurer une « Pax Ouest
Africana ». Ses grandes lignes ont été tracées
lors de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement (C.C.E.G.),
tenue à Abuja le 6 juillet 1991, qui a adopté la
Déclaration de Principes Politiques de la C.E.D.E.A.O.23(*). C'est suite à la
fragmentation des notions de paix et de sécurité que le
Traité C.E.D.E.A.O. a été révisé en 1993
leur accordant une plus large place.
Selon le Président Olusegun OBASANJO, il s'agit de
mettre sur pied une « nouvelle C.E.D.E.A.O. » qui puisse
faire face aux nouveaux défis posés par le nouveau monde24(*). Ainsi, en accord avec
l'article 58 du nouveau Traité, les Etats membres réunis en
sommet extraordinaire en décembre 1997 à Lomé ont
décidé de créer un mécanisme pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits.25(*) Le document final a
été entériné par la décision du 31 octobre
1998. 26(*)
10. S'inscrivant résolument dans la
recherche de la paix, de la sécurité et de la stabilité
Ouest-africaines, le mécanisme présente une architecture
renforcée ( Chapitre I). Mais sa mise en oeuvre requiert le respect
d'une réglementation quelque peu rigide (Chapitre II).
CHAPITRE I : LE MECANISME C.E.D.E.A.O., UNE
ARCHITECTURE RENFORCEE
11. La fin des années 90 a
laissé l'Ouest africain dans une spirale de violence. Les
autorités politiques de cette zone ont très vite compris qu'elles
devaient se prendre en charge. Dès lors, une conscience collective s'est
formée afin de pallier la situation. Soucieux de combler le
déficit structurel et normatif des mécanismes
préexistants, le mécanisme C.E.D.E.A.O. présente un
contenu presque exhaustif (Section I) et un cadre juridico-institutionnel
élargi (Section II).
Section I : Un contenu presque exhaustif
12. La C.C.E.G., convaincue de la
nécessité de la paix, s'est efforcée de donner au
mécanisme une teneur à la hauteur de sa préoccupation qui
prend en compte les principes fondamentaux (Paragraphe I) et les objectifs
(Paragraphe II).
Paragraphe I : Les principes fondamentaux
13. Le mécanisme conserve des
principes classiques (A) en même temps qu'il consacre de nouvelles
règles de conduite (B).
A. Les principes dits classiques
14. Ces principes sont nombreux. Il s'agit
ici de : l'égalité des Etats souverains,
l'intégrité territoriale, l'indépendance politique des
Etats membres et enfin la liberté des peuples à disposer
d'eux-mêmes27(*).
Ces règles, reconnues et véhiculées par le D.I.G. sont
appelées principes généraux de droit. Cependant, il
convient de les distinguer des principes généraux du droit
international. Ces derniers sont déduits de l'esprit des coutumes et des
conventions en vigueur28(*). Ceux employés dans le mécanisme
répondent au souci de préservation de l'indépendance
politique des Etats. Ils constituent toutefois des obstacles à leur
action politique, car confinés dans leurs frontières au nom de
leur souveraineté, les Etats refusent toute intervention
étrangère dans la résolution de certaines crises
jugées internes29(*) .
15.Or, dans la sous-région
Ouest-africaine semble être de plus en plus approfondie, le maintien de
tels principes pourrait entraver les actions communes pour résoudre les
conflits qui menaceraient la paix et la sécurité
sous-régionales. L'obstacle est très net lorsqu'en cas de crise
interne particulièrement, l'accord des parties en conflit est
nécessaire pour une éventuelle intervention extérieure.
Ces dispositions, comme on peut bien le constater retardent l'application du
mécanisme. Ces principes, cependant, trouvent leur atténuation
à travers la consécration de nouvelles règles de
conduite.
B. L'intégration de nouvelles
règles de conduite
16. Le mécanisme opère une
innovation non négligeable par la prise en compte de nouveaux principes
aux termes de l'article 2(b), (c) et (d). Il s'agit du principe sur la
promotion et le renforcement de la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d'établissement, qui « contribuent au
renforcement des liens de bon voisinage »,le principe concernant
la promotion et la consolidation d'un gouvernement et d'institutions
démocratiques dans chaque Etat membre, et le principe relatif à
la protection des droits humains fondamentaux, des libertés et des
règles de droit international.
17. Le premier principe répond,
même s'il n'est pas toujours suivi d'actes concrets30(*), au souci de
l'intégration économique31(*). Quant aux deux derniers, ils constituent une
réponse aux exigences des puissances étrangères qui,
depuis les années 1990 conditionnent leur aide à leur respect.
Ces nouvelles règles semblent régir le comportement des
Etats, même si la démocratie reste toujours fragile. Ce sont
des normes qui bien que difficilement appliquées permettraient
d'atteindre une situation de paix entre les communautés et les Etats
ouest-africains32(*). Ces
principes reflètent une certaine volonté d'assouplissement de
ceux dits classiques33(*).
Aussi, le respect de telles règles permet-il d'atteindre les objectifs
fixés par la C.E.D.E.A.O.
Paragraphe II : Les objectifs
18. La recherche de la
sécurité commune a conduit à un infléchissement des
objectifs originaires communautaires. Cette mutation confère une
primauté aux objectifs sécuritaires (A). Les objectifs
économiques n'ont toutefois pas été ignorés (B).
A. La primauté des objectifs
sécuritaires
19. « Le défi de la paix
semble être le premier des défis régionaux qu'il convient
de relever. Sans paix, comment pourrait-on s'attaquer aux autres défis,
notamment économiques, sociaux et politiques ? »34(*). Cette remarque fort
pertinente exprime la place plus grande réservée à la
recherche de la paix en Afrique de l'ouest. S'inscrivant dans cette même
logique, la conférence a consacré un champ plus large à
cette quête. Ainsi, en accord avec l'article 58 du Traité
Révisé35(*),
l'article 3 du mécanisme se veut quelque peu exhaustif. Pour atteindre
leurs objectifs sécuritaires, tout un arsenal de règles et
d'institutions sont mises en place.
20. La coopération dans plusieurs
domaines doit être renforcée entre les pays signataires36(*). La communauté semble
même avoir perdu son objectif ultime en consacrant d'abord la quête
de la paix qui forge ensuite les pistes de développement
économique. Ainsi, lors du vingt septième sommet de la
C.E.D.E.A.O. à Accra en 2003, la session a mis à nu la faillite
de la communauté à faire face à son objectif premier,
à savoir la grande mobilisation autour des questions liées
à l'économie et au développement.
Cependant, dans cette poursuite effrénée de la
paix, les objectifs socio-économiques n'ont pas été
enterrés. Ces objectifs survivent.
B. La survivance des objectifs
socio-économiques
21. Cette survivance se manifeste à
deux points de vue37(*) : d'une part, elle est tacite. En effet, le
relèvement des défis politiques, économiques et
socio-culturels actuels et futurs, et la mise en commun des ressources des
peuples dans le respect de leurs diversités en vue d'une expansion
rapide et optimale de la capacité de production de la sous-région
ne sont et ne seront effectifs que dans un climat de paix, de
sécurité et de stabilité. La recherche permanente de ce
triplet conditionne la prospérité et le devenir de la
communauté. L'issue de ce combat onéreux dira si les pays
ouest-africains sont dans l'économie mondiale en pleine expansion et des
partenaires dans le développement mondial ou s'ils sont condamnés
à la pauvreté, au chaos et donc relégués à
la périphérie du système international38(*).
22. Ce combat, s'il ne constitue pas en
lui-même une activité économique ou sociale n'en comporte
pas moins une dimension économique, ne serait ce que par le coût
financier car toutes les activités humaines ont nécessairement
une dimension économique et partant, visent l'amélioration des
conditions de vie de l'homme ; d'autre part, des dispositions expresses
concernent les domaines socio-économiques. La création d'un cadre
approprié pour la gestion rationnelle et équitable des ressources
naturelles appartenant en commun à des Etats partageant les mêmes
frontières, la sauvegarde du patrimoine culturel des Etats
membres39(*), la promotion
de la coopération et de l'intégration régionale en vue
d'améliorer le niveau de vie des peuples, de maintenir et
d'accroître la stabilité économique sont autant d'objectifs
qui ne s'écartent pas des buts socio-économiques. Il va sans dire
qu'un cadre juridico-institutionnel élargi est indispensable pour la
réalisation de tels objectifs.
Section II : Un cadre juridico-institutionnel
élargi
23. L'amorce d'un système
sous-régional de sécurité collective a connu une
évolution qui lui a permis de combler certaines lacunes en
perfectionnant le système de prévention, de gestion et de
règlement des conflits. Cette évolution est le fait des
institutions (paragraphe I) et du cadre normatif (paragraphe II).
Paragraphe I : Le cadre institutionnel
24. Les institutions (A) et les organes
d'appui (B) travaillent en symbiose pour assurer la cohérence du
mécanisme.
A. Les institutions du
mécanisme
25. Selon l'article 4, les institutions sont
la C.C.E.G., le Conseil de Médiation et de Sécurité
(C.M.S.) et le Secrétariat Exécutif (S.E.)40(*).
26. D'abord, la C.C.E.G. se présente
comme l'organe suprême et plénier regroupant les chefs d'Etat et
de gouvernement de la communauté41(*). Elle se réunit aussi souvent que
nécessaire. Disposant de compétences larges, elle est responsable
de la direction générale et du contrôle de la
communauté et prend toutes les mesures pour le développement des
initiatives de l'organisme et la réalisation de ses objectifs
conformément à l'article 7(3) a. j.
L'article 6 prévoit que la conférence est
habilitée à prendre toute décision dans le cadre des
questions se rapportant à la prévention, à la gestion et
au règlement des conflits, au maintien de la paix et de la
sécurité. Sans préjudices, la conférence peut
déléguer ses pouvoirs au C.M.S.
27. Le C.M.S. doit être composé
de neuf Etats membres de l'organisme de base42(*), chacun ayant un mandat de deux ans renouvelables. Le
conseil est appelé à remplir de multiples fonctions43(*). Les discussions et les
décisions du conseil doivent passer par la commission44(*) avant que la mise en oeuvre
soit effective45(*). Au
moment de prendre les décisions, le conseil se basera sur les rapports
de la commission de défense et de sécurité, lui-même
basé sur le rapport de la commission. Les décisions sont prises
à la majorité des deux tiers.
28. Cette situation comporte en
elle-même des éléments de son blocage et de son
inefficacité. Il suffit de prendre une situation de conflit dans
laquelle les Etats membres de droit sont directement impliqués. Les
décisions issues du C.M.S. seront sans force réelle et, en plus,
elles seront difficilement appliquées. Un autre élément
tient aux enjeux politiques, économiques et sécuritaires
liés aux conflits armés qui risquent de sacrifier ce conseil sur
l'autel des oppositions d'intérêts. A long terme, cette
institution risque d'être sans force et par conséquent peut
paraître inutile.
29. Enfin, le Secrétariat
Exécutif est chargé entre autres missions de commander la
nomination du représentant spécial et du commandant de la force
du C.M.S., de nommer les membres du conseil des sages46(*). Mais à y voir de plus
près les marges de manoeuvre du Secrétaire Exécutif sont
virtuelles et réduites. Il est assisté par un adjoint
chargé des affaires politiques, de défense et de
sécurité47(*). Ce poste comporte des départements qui
peuvent se subdiviser en cas de besoin, en divisions, et en sections48(*). Les institutions ne sont pas
les seules à pouvoir assurer une réelle mise en oeuvre du
mécanisme, il existe aussi des organes d'appui.
B. Les organes d'appui aux
institutions
30. Ces organes sont : la
Commission de Défense et de Sécurité (C.D.S.), le conseil
des sages et le groupe de contrôle du cessez- le- feu de la C.E.D.E.A.O.
(ECOMOG).
31. La C.D.S. est composée des
représentants des Etats membres49(*). Il est un organe consultatif du C.M.S. appelé
à définir et à formuler les mandats et les termes50(*). Elle donne un avis sur les
exigences dans le domaine de la logistique et de l'administration des
opérations de maintien de la paix51(*). Se réunissant une fois par trimestre et
chaque fois que la nécessité l'oblige, la commission fait des
recommandations au C.M.S.52(*) à travers les décisions prises par ses
représentants53(*).
32. Le second organe est le conseil des
sages. Il est inspiré de « la riche tradition africaine
consistant à respecter le rôle des anciens dans la
société ». Il réunit des
personnalités reconnues et expérimentées de la
sous-région Ouest-africaine54(*). Ce sont des responsables politiques, religieux, des
représentants de la tradition ainsi que des responsables de
femmes55(*). Le conseil
des sages est soumis au Secrétaire Exécutif56(*). Les membres sont
sensés tenir le rôle de médiateurs, de conciliateurs et
d'arbitres. Ils rendent compte au Secrétaire Exécutif.
33.Le troisième organe d'appui est
l'ECOMOG57(*), bras
armé du mécanisme. L'ECOMOG créée en 1990 en
pleine guerre civile libérienne, a fait l'objet de débats houleux
entre les Etats membres. Bien que crée pour la résolution de la
crise au Libéria, cet organe a été au départ
jugé irrégulier58(*). L'ECOMOG est selon l'article 21 une structure du
mécanisme composé de plusieurs modules polyvalents (civils et
militaires) en attente dans leurs pays d'origine et prêt à
être déployés dans les meilleurs délais. Il est
chargé entre autres missions des opérations d'observation et de
suivi de la paix, du maintien, du rétablissement et de consolidation de
la paix, des actions et appui aux actions humanitaires59(*). Ces activités
dévolues à l'organe, ne sont pas toutes remplies (le
déploiement préventif par exemple). Il y a malgré tout des
actions fort louables accomplies.
Paragraphe II : Le cadre normatif
34. Le cadre normatif concerne les sources
normatives communautaires (A) et le mécanisme de règlement
juridictionnel des différends (B).
A. Les sources normatives
communautaires
35. Les règles régissant
l'organisation et le fonctionnement du mécanisme s'appellent
« décisions ». Le sens de ce terme n'a pas
été expressément donné ; mais il peut renvoyer
aux résultats des discussions d'un organisme collectif60(*). Selon l'article 6, la
conférence est la grande instance de décision du
mécanisme. L'article 9 (1) du Traité Révisé dispose
que « Les actes de la conférence sont
dénommés décisions ».
36. Un flou demeure autour de ces
sacrés actes. Le paragraphe 2 du même article dispose que les
décisions de la conférence sont adoptées, selon les
matières, à l'unanimité, par consensus, à la
majorité des deux tiers des Etats membres61(*). Les décisions de la
conférence ont force obligatoire à l'égard des Etats
membres et des institutions de la communauté, sous réserve des
dispositions du paragraphe (3) de l'article 15 du Traité62(*). Le cadre normatif prend en
compte l'organe de règlement juridictionnel des conflits.
B. Le mécanisme de règlement
juridictionnel des différends
37. Le mécanisme ne prévoit
aucune disposition en matière de règlement juridictionnel des
conflits. L'article 46 (11) du mécanisme prévoit que la
C.E.D.E.A.O. met en place un Centre de Prévention et de Justice
Criminelle (C.P.J.C.) qui servira de point focal pour l'entraide
judiciaire63(*). Si cette
absence de juridictions, notamment des tribunaux chargés de
connaître les crimes de guerre et de régler les conflits
frontaliers peut être perçue comme un des défauts majeurs
du mécanisme, il faut reconnaître que ce vide est comblé
par la mise en place de la Cour Pénale Internationale (C.P.I.), de la
Cour Internationale de Justice (C.I.J.) et la Cour de Justice de la
C.E.D.E.A.O64(*). Mieux,
il serait souhaitable que cette cour puisse être directement saisie par
les individus victimes des méfaits des conflits armés.
38. Au terme de ce chapitre, il est à
retenir l'existence d'une certaine volonté pour mener le combat de la
paix à travers le contenu et le cadre juridico-institutionnel du
mécanisme. Cette volonté ne devrait cependant pas éluder
la réglementation quelque peu rigide dans son application.
CHAPITRE II : LE MECANISME C.E.D.E.A.O., UNE
REGLEMENTA-
TION DE MISE EN OEUVRE
QUELQUE PEU RIGIDE
39. Véritable monument
juridique65(*), le
mécanisme est sensé apporter une amélioration par rapport
aux autres tentatives infructueuses dans la recherche de la
sécurité commune66(*). Ses conditions de mise en oeuvre et les moyens
prévus ne semblent pas cependant être une révolution
véritable. Pour s'en apercevoir, il suffit d'examiner les conditions
d'application (section I) et les moyens pour y accéder (section II).
Section I : Les conditions de mise en oeuvre
40. La nature des crises (paragraphe I), les
organes investis de pouvoir d'initiative et la procédure de mise en
oeuvre (paragraphe II) entrent dans les conditions d'application du
mécanisme.
Paragraphe I : La nature des conflits exigeant
l'application du
mécanisme
41. Diverses circonstances appellent
l'application du mécanisme. Il s'agit des conflits internes et
internationaux (A), mais d'autres circonstances exigent sa mise en branle
(B).
A. Les conflits armés internes et
internationaux
42. L'article 25 (a), (b) et (c) dispose
que : « Le mécanisme est mis en oeuvre dans les
conditions ci-après : en cas d'agression ou de conflit armé
intervenu dans un Etat membre ou de menace d'un tel conflit ; en cas de
conflit entre deux ou plusieurs Etats membres ; en cas de conflit interne
menaçant de déclencher un désastre humanitaire,
constituant une menace grave à la paix et à la
sécurité dans la sous-région ». Cette
disposition illustre clairement la catégorie de conflits qui
nécessite des actions
43. Les conflits armés internes sont
ceux qui se déroulent à l'intérieur des Etats. Les
troubles intérieurs67(*) ou les tensions internes semblent faire partie de
cette catégorie. Le mécanisme s'applique en cas de conflits de
cette nature pouvant entraîner un déséquilibre
socio-politique de la sous-région. Le conflit armé international
est celui qui oppose deux ou plusieurs Etats. Cette classification
traditionnelle est loin d'être acceptée partout. En effet, on
pourrait avancer sans risque de se tromper que les actuels conflits
armés sont internationaux ou des conflits armés internes
internationalisés. Les guerres intra-étatiques
s'internationalisent plus que jamais67(*) .
44. Le mécanisme C.E.D.E.A.O. semble
cependant ignorer cette nouvelle catégorie de conflits armés.
Pourtant, la grande majorité des conflits auxquels l'Ouest-africain est
confrontée sont bien des conflits armés internes
internationalisés. Des Etats sont directement impliqués dans des
guerres sanglantes et honteuses. La communauté gagnerait à
institutionnaliser cette catégorie de conflits en prenant des
décisions courageuses. C'est le prix de la paix. Une autre faille du
mécanisme est de ne pas régir les conflits armés dans
lesquels une des parties n'est pas membre de la communauté.
Comment gérer, régler, et prévenir de
tels conflits si le mécanisme reste muet en la matière. N'y a
t-il pas lieu d'intégrer cet aspect ? D'autres circonstances
nécessitent l'application du mécanisme.
B. Les autres crises exigeant l'application
du mécanisme
45. L'article 25 (d) et (e) dispose que le
mécanisme est mis en oeuvre dans l'une des conditions
ci-après : en cas de violations graves et massives des droits de
l'homme ou de remise en cause de l'Etat de droit ; en cas de renversement
ou de tentative de renversement d'un gouvernement démocratiquement
élu. Cette dernière disposition pourrait constituer un temps soit
peu une dissuasion pour les auteurs de putschs intempestifs67(*).
46. Cependant, la disposition concernant
« les violations graves et massives de droits de l'homme »
est aussi sujette à de multiples interprétations. Qu'appelle t-on
violations graves de droits de l'homme ? A partir de quand ou de quel
degré peut-on se situer dans un tel cas de violation ? Une autre
question mérite d'être posée ; en effet, n'assiste
t-on pas à des violations graves et massives de ces droits même
en temps de paix ? Autant d'interrogations auxquelles les
autorités ouest-africaines devraient apporter des réponses
claires pour un éventuel réaménagement de l'article 25 (d)
du mécanisme. La mise en oeuvre obéit à une
procédure qu'il convient d'analyser.
Paragraphe II : Le pouvoir d'initiative et la
procédure
47. Certains organes sont dotés de
prérogatives d'initiative (A). Aussi une telle entreprise requiert-elle
le respect d'une procédure (B).
A . Les organes investis du pouvoir
d'initiative
48. La C.C.E.G., le C.M.S., un Etat membre,
le Secrétaire Exécutif, l'U.A., et l'O.N.U. sont les organes
pouvant mettre ou demander la mise en oeuvre du mécanisme. L'examen du
rôle de chacun de ces organes laisse transparaître une
classification en deux groupes : la conférence et les organisations
internationales. Ce découpage en deux organes tient au fait que l'organe
administratif (le Secrétaire Exécutif) n'est pas
réellement investi d'un pouvoir décisionnel autonome. L'Etat
membre ne peut prendre une décision d'application du mécanisme,
mais peut demander sa mise en oeuvre. En réalité, le pouvoir
d'initiative est très réduit voire inexistant pour les Etats
membres pris individuellement. Il suffit d'examiner l'article 9 du
Traité Révisé pour s'en convaincre car les
décisions de la conférence sont prises selon les matières
à l'unanimité, par consensus ou à la majorité des
deux tiers des Etats membres. Le pouvoir d'initiative semble être donc
accaparé par la conférence.
49. Toutefois, quoique cette disposition
traduise une certaine complexité de mise en oeuvre du mécanisme
qui devrait être rapide dans la mesure où en temps de conflit, les
actions tardives ne sont pas de nature à favoriser la sortie de crise,
néanmoins, les guerres étant si complexes, toute
précipitation pourrait envenimer la situation.
50. Pour ce qui concerne les organisations
internationales (U.A et O.N.U), ces pouvoirs s'inscrivent dans un cadre normal.
La charte de l'O.N.U dans son chapitre VIII réglemente la
coopération entre cet organisme et les accords régionaux. En tant
qu'institution internationale chargée d'assurer la paix et la
sécurité internationales, elle peut demander l'application du
mécanisme. L'U.A. instituant le Conseil de Paix et de
Sécurité, entretient des rapports dans le cadre du maintien de la
paix et de la sécurité africaine. C'est également dans ce
contexte qu'elle bénéficie du pouvoir d'initiative. Cette mise en
branle est encadrée par une procédure.
B. La procédure
51. La procédure est prévue
par l'article 27. Le Secrétaire Exécutif informe les Etats
membres du C.M.S. et en concertation avec le président en exercice,
prend toute mesure d'urgence. Le C.M.S. envisage plusieurs options et
décide de celle la plus appropriée en matière
d'intervention. Ces options peuvent porter sur le recours au conseil des sages,
sur l'envoi de mission d'enquête, de missions politiques et de
médiation ou sur l'intervention de l'ECOMOG. Le C.M.S. délivre un
mandat autorisant le Secrétaire Exécutif à mettre sur pied
la mission, et définit ses termes de référence. Il nomme
en cas de besoin les principaux responsables, à savoir le
représentant spécial du Secrétaire Exécutif et le
commandant de la force de l'ECOMOG. Le président du C.M.S. adresse
à l'U.A. et aux Nations Unies un rapport sur la situation. Le
Secrétaire Exécutif mobilise les ressources nécessaires
aux opérations.
Section II. Les ressources permettant la mise en oeuvre
du mécanisme
51. Les moyens favorisant l'application du
mécanisme sont de plusieurs ordres. Il s'agit des ressources humaines et
matérielles (paragraphe I) et les ressources financières
(paragraphe II).
Paragraphe I : Les moyens humains et
logistiques
52. Le fonctionnement de la machine
bureaucratique et l'accomplissement des différentes opérations
nécessitent une réelle exploitation de ces ressources qui
regroupent les moyens humains (A) et les moyens logistiques (B).
A . L'apport en moyens
humains
53. « Pour mener à bien ses
activités de maintien de l'ordre, la communauté Ouest-africaine
doit se doter de moyens nécessaires »67(*). Parmi ceux-ci, l'apport en
moyens humains est d'une importance capitale. Cet apport concerne le personnel
administratif chargé d'assurer les tâches administratives et le
personnel militaire chargé des fonctions de gestion militaire. Il ne
peut être ignoré les personnes commises aux tâches
humanitaires. Il reste le personnel militaire dont la formation et la
préparation sont régies aux termes du chapitre VI du
mécanisme68(*).
Lorsque la force est déployée, ses effectifs, son mandat et les
missions de ses unités évoluent en fonction des facteurs sur le
terrain. Cette formation concerne le personnel civil et militaire susceptible
de faire partie des unités en attente dans les différents
domaines, notamment en droit international humanitaire et en droits de l'homme.
Les articles 31, 32, 33, et 34 traitent des questions relatives aux missions
d'observation, la nomination et les attributions du commandant de la force de
l'ECOMOG, du rapport hiérarchique entre le Secrétaire
Exécutif, le représentant spécial, le commandant de la
force, les commandants des contingents et les unités civiles et les
responsabilités des Etats membres. Ces ressources à elles seules
ne sauraient être fonctionnelles et efficaces si on n'y adjoint pas les
moyens logistiques.
B .L'apport en moyens
logistiques
54. Le matériel en matière de
prévention, de gestion et de règlement est occulté par le
mécanisme. Le chapitre VI traite de la logistique. Les Etats membres
conviennent de mettre à la disposition de l'ECOMOG, des unités
dotées de moyens adéquats. L'article 38 concernant l'appui
logistique relève que : « L'organisation de la
logistique y compris le transport des troupes est mise au point par le
Secrétaire Exécutif, le pays hôte et les Etats qui
fournissent les unités ». Dans la pratique, les pays ne
participant pas aux opérations de l'ECOMOG sur le plan militaire
fournissent des aides en matériels pour faciliter les missions
militaires. Cependant, les difficultés économique,
financière et, partant sociale auxquelles les Etats font face ne
permettent pas un meilleur acheminement de ces moyens. Tout compte fait, le
financement revêt un aspect incontournable pour la conduite des
activités.
Paragraphe II : Le financement du
mécanisme
55. Les contributions de la
communauté (A) et d'autres soutiens (B) sont les principales sources de
revenus communautaires.
A. Les contributions
communautaires
56. L'article 36 relatif au financement du
mécanisme semble traduire la complexité de la question. Le
Secrétariat Exécutif prévoit au niveau de son budget
annuel des fonds pour financer les activités du mécanisme.
Dès l'entrée en vigueur du protocole régissant les
conditions d'application du prélèvement communautaire, un
pourcentage dudit prélèvement est consacré à ces
activités.
L'article 69 alinéa 1 du Traité
Révisé, dispose qu' « Il est établi un
budget pour une institution déterminée de la
communauté ». Aux termes de l'article 70, les budgets
ordinaires de la communauté, et de ses institutions sont
alimentés par le prélèvement communautaire. En attendant
cependant l'entrée en vigueur du prélèvement
communautaire, les budgets de la communauté et de ses institutions sont
alimentés par les contributions annuelles des Etats membres69(*). De ce qui
précède, on peut noter la difficulté d'application du
mécanisme. Un système de contribution spéciale serait d'un
grand apport. On pourrait par exemple augmenter le taux du
prélèvement communautaire pour engranger des moyens afin de faire
face aux conflits. La communauté a recours à d'autres types de
contributions.
B . Le recours à d'autres types
de contributions
57. L'article 71 du Traité
Révisé prévoit qu'en cas de besoin, des budgets
spéciaux sont établis pour subvenir aux dépenses
extrabudgétaires de la communauté70(*). L'article 36 (2) du mécanisme prévoit
qu'une demande de financement sera adressée à l'O.N.U. et
à d'autres agences internationales. Un financement des opérations
peut également provenir de l'U.A., de contributions volontaires, de
subventions, ainsi que de la coopération bilatérale et
multilatérale. Le recours à ces financements crée souvent
une dépendance de l'organisation envers ses partenaires. Toute
situation qui parfois met en échec les voies de sortie de crise dans la
mesure où les puissances fournitrices ne vont jamais s'engager tant que
leurs intérêts ne sont pas menacés.
58. Ce chapitre a servi à dresser la
réglementation de mise en branle du mécanisme. Tout compte fait,
on peut retenir que malgré les indécisions, les
imprécisions et les inquiétudes, qu'un arsenal organisationnel
est tout de même formalisé pour permettre son fonctionnement.
TITRE II : LE FONCTIONNEMENT DU MECANISME
C.E.D.E.A.O.
59. Depuis son
entrée en vigueur, ce mécanisme tend à devenir le cadre
juridico-politique qui encadre les voies de recherche de la paix
sous-régionale en témoignent les actions diverses menées
dans ce sens. Toutefois, de multiples difficultés ont marqué et
marquent encore ces actions faisant de cette institution un instrument
quasi-effectif (Chapitre I). Pour toutes ces raisons, l'affermissement du
mécanisme devrait passer par la résolution de tous ces obstacles
(Chapitre II).
CHAPITRE I : UN MECANISME QUASI-EFFECTIF
60. L'application du mécanisme a
permis de prévenir, de gérer et de régler certaines crises
(Section I). Cette entreprise, menée singulièrement par la
C.E.D.E.A.O. et conjointement avec ses partenaires a cependant connu et
connaît des difficultés (Section II ).
Section I : Les interventions en faveur d'une Paix
Ouest -Africaine
61. L'aperçu de ces entreprises prend
en considération celles effectuées en matière de
prévention (Paragraphe I) et celles concernant la gestion et le
règlement des conflits armés (Paragraphe II).
Paragraphe I : La diplomatie préventive
face aux conflits armés
62. La diplomatie préventive s'entend
de toutes mesures prises pour éviter que des différends ne
surgissent entre les parties, d'empêcher qu'un différend existant
ne se transforme en conflit ouvert et, si le conflit éclate, de faire en
sorte qu'il s'étende le moins possible70(*). Elle exige la prise de mesures en vue d'instaurer la
confiance et implique un dispositif d'alerte rapide reposant sur le
rassemblement d'informations ainsi que sur des procédures formelles ou
informelles d'établissement des faits ; elle peut comprendre le
déploiement et, dans certaines situations, la création de zones
démilitarisées. Cette technique est utilisée par la
C.E.D.E.A.O., singulièrement dans sa tâche de prévention
des conflits (A) que dans ses rapports avec ses partenaires (B).
A. Le système préventif
C.E.D.E.A.O.
63. Un arsenal de dispositions
préventives existe dans le cadre du mécanisme.
Celui-ci prévoit aux termes du chapitre IV le
système d'observation de la paix et de la sécurité sous-
régionales71(*). Il
comporte un centre d'observation et de suivi au siège du
secrétariat et des zones d'observation et de suivi72(*) dans la sous-
région73(*). Le
centre d'observation et de suivi est chargé de la collecte des
informations, de leur traitement, et de l'élaboration des rapports qu'il
adresse au Secrétaire Exécutif74(*). Les bureaux rassemblent les données
collectées dans chaque Etat relevant de leur «
territorialité » au jour le jour sur la base des indicateurs
susceptibles d'affecter la paix et la sécurité de la zone et de
la sous- région75(*). A partir des données collectées,
chaque bureau élabore un rapport qu'il communique au secrétariat
de l'organisation. Le Secrétaire Exécutif est le premier
à prendre une décision76(*).Le Secrétaire Exécutif adjoint aux
affaires politiques, de défense et de sécurité se
prépare pour une éventuelle intervention armée en alertant
le D.O.M.P. / A.H.77(*).
Le C.M.S. se réunit, examine les rapports de missions et décide
d'un éventuel déploiement préventif78(*).
64. Malheureusement, ce bel ordonnancement
du déploiement préventif n'a été, sans se tromper,
mis en branle en réalité. Ce système qui est
« l'oeil et l'oreille » du mécanisme manque
crucialement de moyens79(*). En outre, dans le cadre de la prévention des
conflits armés, la C.E.D.E.A.O. a adopté un Moratoire sur
l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères.
Dans la lutte contre la prolifération de ces armes, trois mille (3000)
d'entre elles ont été détruites en 1999, trente cinq
mille (35000) en 2002. Cependant, ces efforts sont vite engloutis par rapport
au chiffre de huit millions (8.000.000) d'armes légères
présentes en Afrique de l'Ouest80(*). D'autres mesures sont également
prévues pour assurer la sécurité sous-
régionale81(*) Aussi, pour consolider son mécanisme de
prévention, la communauté a adopté un protocole sur la
Démocratie et la Bonne Gouvernance, additionnel à celui de 1999.
La prévention des conflits est menée conjointement par la
C.E.D.E.A.O. et ses partenaires.
B. La C.E.D.E.A.O. et ses partenaires dans
la prévention des conflits armés
65. Cette coopération est régie
par l'article 52 (1) du mécanisme82(*). Ainsi, selon M. Mohammed Ibn
CHAMBAS : « Une grande importance est (...) accordée
à la création de partenariat avec la communauté
internationale et à la collaboration avec les acteurs de la sous-
région et autre pour s'assurer d'un vaste soutien et garantir la mise
en oeuvre du mécanisme »83(*). Dans la logique de cette coopération, le
C.M.S. et l'O.N.U. avaient décidé de déployer une mission
de l'E.C.O.M.O.G. le long des zones côtières à la
frontière des pays de l'Union du Fleuve Mano pour mettre fin aux
incursions et attaques réciproques; toutes mesures visant à
éviter une extension dans la crise84(*).
66. La coopération entre
l'Ouest-africain et les Organisations Internationales est très
dynamique. Suite à une mission inter agences des Nations Unies en
Afrique de l'Ouest et des consultations bilatérales, un bureau de
l'O.N.U. a été ouvert à Dakar en 2001 et prévoit le
traitement conjoint des situations déclencheurs de crises afin de les
désamorcer. De plus, les relations entre l'Ouest- africain et l'U.A.
sont pertinentes dans la diplomatie préventive85(*). Cependant, de tels rapports
sont parfois disparates et lacunaires. Illustration en est faite avec la crise
ivoirienne86(*).
Néanmoins, il est à espérer que la création du
Conseil de Paix et de Sécurité au sein de l'U.A. pourra organiser
et encadrer les entreprises futures dans la prévention et la
résolution des conflits et partant, renforcer les relations entre la
sous -région et le reste du continent.
67. Enfin, la C.E.D.E.A.O. collabore avec la
société civile au plan intra et extra Ouest- africain pour
empêcher la naissance de crises87(*). C'est le cas du rôle
prépondérant qu'a joué le conseil de sages au Burkina Faso
en 1998 après l'assassinat du journaliste Norbert ZONGO88(*). La recherche de la paix
nécessite aussi des mesures de gestion et de règlement des
conflits armés au cas où ils viendraient à
éclater.
Paragraphe II : Les voies de gestion et de
règlement des conflits armés
68. Les voies de gestion et de
règlement englobent des opérations de maintien et de
rétablissement de la paix. Elles touchent également aux
opérations de consolidation de la paix. Le rétablissement de la
paix vise à rapprocher des parties hostiles, essentiellement par des
moyens pacifiques tels que ceux prévus au chapitre VI de la Charte des
Nations Unies89(*). Le
maintien de la paix consiste à établir une présence de
forces sur le terrain. Quant à la consolidation, c'est une action
menée en vue de définir et d'étayer les structures propres
à raffermir la paix afin d'éviter une reprise des
hostilités. Ces actions sont réalisées par la
C.E.D.E.A.O. (A) mais aussi avec ses partenaires (B).
A. Les stratégies de gestion et de
règlement de la C.E.D.E.A.O.
69. L'Ouest- africain a prévu tout un
dispositif de mesures pour régir la gestion et le règlement des
conflits. La gestion prend en compte les volets armé et humanitaire qui
sont le plus souvent effectués en même temps. Les
opérations de maintien de la paix de la C.E.D.E.A.O. sont faites par
l'envoi de l'ECOMOG et des acteurs civils sur le terrain. De telles
interventions ont été menées au Libéria, en Sierra
Léone, en Guinée Bissau et en Côte d'Ivoire. Concernant ce
dernier, diverses mesures ont été prises depuis le début
de la crise le 19 septembre 2002. Avec la poursuite des combats après
que les tentatives de règlement ont échoué, une force de
la C.E.D.E.A.O. appelée ECOFORCE a été
déployée dans le pays89(*). Cette force travaillant en étroite
collaboration avec les troupes françaises installées dans cet
Etat a contribué tant bien que mal à préserver la
stabilité. Des missions humanitaires y ont été
menées. Dans la logique du règlement du conflit ivoirien, la
diplomatie politique a été d'un grand apport. Par exemple, la
médiation togolaise en octobre 2002 et les négociations de
l'organisation avec ses partenaires ont aboutit le 24 janvier 2003 à la
signature des Accords de Linas Marcoussis90(*). Plusieurs autres efforts ont été
consentis dans le règlement de cette crise dont le dernier sommet
d'Accra III91(*).
70. Dans le cadre de la consolidation de la
paix, des actions ont été réalisées au
Libéria, en Guinée Bissau et en Sierra Leone. Dans ce pays, la
fin du conflit a été marquée par les opérations de
désarmement, de démobilisation et de réinsertion des
ex-combattants92(*). Il
arrive que dans la gestion et le règlement des conflits, la C.E.D.E.A.O.
bénéficie du concours de ses partenaires.
B. La C.E.D.E.A.O. et ses partenaires dans
la gestion
et le règlement des
conflits
71. Selon le Secrétaire
Exécutif de la C.E.D.E.A.O., c'est dans le domaine de la gestion et du
règlement des conflits que le besoin de collaboration entre la
C.E.D.E.A.O. et les Nations Unies notamment le Conseil de
Sécurité se fait le plus clairement sentir. On peut citer
à cet égard, les manoeuvres communes de ces deux institutions
dans la crise ivoirienne où les Accords de Linas Marcoussis ont
été entérinés par la C.C.E.G. de l'organisation et
par le Conseil de Sécurité dans sa Résolution 1464 du 4
février 2003 ; résolution qui a approuvé l'envoi de
la force ouest-africaine. Elle a été renforcée par l'envoi
en mars-avril 2004 d'environ 6442 casques bleus et par la nomination d'un
représentant spécial du Secrétaire Général
des Nations Unies.
Dans cette coopération, la Belgique, les Pays Bas, le
Royaume Uni et les USA ont fourni une aide en matière de transport, de
logistique ainsi que des moyens financiers. Le dernier sommet de l'U.A., tenu
du 6 au 8 juillet 2004 participe de ces relations93(*). 72.
Concernant les rapports entre la C.E.D.E.A.O. et les organisations de la
société civile, un renforcement est à remarquer avec le
Réseau Ouest-Africain pour la Construction de la Paix (WANEP)93(*). Tous ces
éléments témoignent de l'engagement de la
communauté et de ses alliés pour la gestion et le
règlement des conflits. Toutefois, de tels rapports connaissent parfois
des écueils.
Section II : Les difficultés rencontrées
dans l'application du
mécanisme
73. La poursuite de la « Pax Ouest
Africana » est jonchée de moult obstacles rendant parfois tout
espoir de sortie de crise mince. Ces pièges sont liés non
seulement à l'environnement interne de la sous-région
(Paragraphe I) mais aussi à l'environnement international (Paragraphe
II).
Paragraphe I : Les obstacles propres au contexte
ouest- africain
74. L'Ouest du continent est une
sous-région complexe. Il comprend des pays qui, quoique siégeant
au sein des organes communautaires ont des rapports divergents parfois
antagonistes. Cette ampleur des relations horizontales porte préjudice
aux efforts déployés en faveur d'une sécurité
commune (A), et paralyse au pire les institutions du mécanisme (B).
A. L'influence grandissante des « relations
horizontales »
75. Le résultat des actions de
l'organisation en faveur de la paix est mitigé si bien que l'on doute de
sa capacité à édifier la paix. Ainsi, selon l'A.I.P.,
« Les points forts et les points faibles de la C.E.D.E.A.O. et de
l'ECOMOG sont que ces organes reflètent, en dernier ressort, les
problèmes de gouvernements et d'instabilité de leurs Etats
constitutifs »93(*). Ce constat traduit les difficultés
rencontrées par l'organisation dans la recherche d'une
sécurité commune. Dans presque toutes les crises, la tendance
générale est à la rivalité de personnalités
étatiques. Des conflits larvés opposent certains chefs d'Etat et
de gouvernement qui, chacun de son côté déclenche un
mécanisme pour résoudre les conflits94(*). Ces conflits atteignent le
paroxysme lorsque des soutiens sont apportés aux parties en conflit
rendant leur résolution complexe et minant les opérations de
l'ECOMOG95(*). Faute de
régler ces oppositions, la sous-région restera pendant longtemps
prise dans ses propres pièges.
En outre, une autre caractéristique de la
sous-région est la multitude des organisations inter gouvernementales
qui entravent parfois la résolution des conflits. Ainsi, selon M. Daniel
BACH, « L'existence de près de quarante organisations
intergouvernementales, dont beaucoup poursuivent des objectifs similaires
gène les initiatives en faveur de l'unité. Le fossé
linguistique et culturel entre les Etats anglophones et francophones continue
d'entraver les progrès économiques et politiques de la
sous-région. A bien des égards, le régionalisme et la
tentative d'intégration en Afrique de l'ouest sont devenus un
mirage »96(*)
. L'opposition entre les Etats francophones et anglophones est ressentie
clairement dans la mesure où la nation nigériane est
critiquée sévèrement dans ses interventions en faveur de
la paix. Elle est perçue parfois même comme un fauteur de
trouble.97(*) A ces
problèmes exposés, s'ajoutent ceux relatifs au financement,
à la mobilisation du personnel, de la logistique ; toutes choses
qui paralysent les institutions.
B. La quasi-paralysie des institutions
76. La configuration institutionnelle et
normative, les écueils financiers, le déficit de personnel, le
manque de moyens logistiques sont entre autres difficultés dont le cumul
atrophie le mécanisme.
S'il est vrai que les institutions prévues pour son
fonctionnement offrent une large et précise répartition des
missions, il n'en demeure moins que cette architecture occasionne des
handicaps. En effet, cette pléthore d'organes rend le processus de mise
en oeuvre du mécanisme lourd à cause des nombreux couloirs
administratifs.
77. En outre, le quorum exigé pour la
prise de décision, notamment l'unanimité, confère à
chaque Etat un droit de veto. Cet état de fait n'est pas de nature
à faciliter la prise d'engagements supranationaux face aux guerres.
Cette pluralité d'organes ne peut être financée par la
C.E.D.E.A.O. composée de pays à faible performance
économique98(*),
contribuant difficilement aux activités de l'organisation surtout celle
relative à la paix. Ainsi, pour le Président ghanéen John
AGYEKUM KUFFOR, « Nous devons admettre que la plupart des Etats
membres contribuent peu et avec souvent du retard ou ne contribuent même
pas aux efforts de maintien de la paix »99(*). Le manque de moyens a des
incidences sérieuses sur les apports en hommes et en logistiques lorsque
les opérations de maintien, de rétablissement et de consolidation
de la paix sont lancées100(*). Le cumul de toutes ces insuffisances rend difficile
la poursuite de la paix. Cette même quête connaît
également des obstacles liés à l'environnement
international.
Paragraphe II : Les obstacles liés à
l'environnement international
78. Les écueils propres à
l'environnement international doivent être appréhendés dans
le cadre général des relations internationales qui sont
tantôt pacifiques tantôt belliqueuses101(*). Celles-ci influencent
énormément les voies de recherche de la paix en Afrique de
l'ouest (A ) et sacrifient le mécanisme sur l'autel des oppositions
d'intérêts (B).
A. Le poids sans cesse croissant des
« relations verticales »
79. Les relations dites verticales sont
d'ordre économiques, politiques et sécuritaires.
Pour les questions d'ordre économiques la
mondialisation néo-libérale a crée des réseaux de
trafics et des espaces extra-territoriaux qui échappent aux Etats ou aux
institutions. Ces trafics concernent surtout le commerce des armes
légères, difficilement maîtrisables. Ainsi, M. Vincent
ZAKANE remarque qu'en Afrique le commerce des armes est un domaine qui
échappe le plus souvent allègrement à la maîtrise
des pouvoirs publics. Dominé sur le plan international par des grandes
puissances industrielles et conduites au plan local par des marchands d'armes
peu soucieux de la sécurité des Etats, il apparaît comme un
des facteurs majeurs de fragilisation des jeunes Etats africains101(*). Pourtant, le retour
à une paix Ouest- africaine ne sera possible qu'avec leur
maîtrise. Concernant les problèmes sécuritaires, c'est la
géostratégie internationale qui rétrécie les voies
de recherche de la sécurité commune. En effet, les pays
Ouest-africains ont signé des accords de défense et de
coopération avec les puissances du nord qui minent parfois les
initiatives communautaires en faveur de la paix.
80. S'agissant des questions politiques,
c'est précisément la géopolitique internationale qui
produit les effets néfastes sur les efforts de paix. Les incursions
françaises notamment dans ses ex-colonies ont toujours crée des
différends latents, surtout entre elle et le Nigeria. Lors de la crise
Sierra Léonaise la France et le Portugal ont voulu chacun créer
leur zone d'influence. La création de certaines organisations
répond à cet affrontement. Ces obstacles économiques,
politiques et sécuritaires sont une entrave à la paix.
B. Un mécanisme piégé par des
oppositions d'intérêts.
81. La course après les
bénéfices économiques engloutit les efforts de mise en
place d'une réelle stabilité ouest-africaine. L'Afrique de
l'ouest est sujette de convoitises de la part des puissances du nord ;
chacun voulant se frayer un chemin pour asseoir son emprise. La France tente de
s'y maintenir par l'intermédiaire des pays francophones ; pendant
ce temps, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Chine et les autres puissances
veulent instaurer des relations étroites avec les Etats membres de la
communauté. Ces rapprochements aux intérêts divergents
parfois antagonistes ruinent souvent une réelle intervention de l'O.N.U.
dans les opérations de maintien de la paix101(*). La course à
l'enracinement de leur politique atteint le sommet avec l'institution
d'interlocuteurs privilégiés.
82. Aussi, depuis plus d'une décennie,
les pays occidentaux ont-ils abandonné les opérations de
maintien de la paix en Afrique en
les « africanisant »102(*). Cette africanisation est visible à travers
les propos de M. Romano PRODI, « Notre objectif n'est pas d'envoyer
des forces de maintien de la paix ici ou là. Mais d'appuyer une
capacité africaine capable de traiter les situations de conflits et de
renforcer les situations de paix. Le conseil de paix et de
sécurité est crucial. Il fournira l'autorité politique et
jouera un rôle centralisateur pour la coordination des efforts des
partenaires »103(*). Ils se contentent de créer des institutions
pour « africaniser les opérations de maintien de la
paix ». Il s'agit du projet R.E.C.A.M.P., de l'A.C.R.I. et de
l'African Peace Training Support Programm. Ces initiatives individuelles
ruinent parfois la recherche de la paix, étant donné leurs
divergences parfois ouvertes. Toutes ces initiatives, disparates et
contradictoires président à la fragmentation des mesures
ouest-africaines pour assurer une paix durable.
83. Au terme de ce premier chapitre, il
convient de retenir qu'en dépit des obstacles, plusieurs actions ont
été menées dans le cadre de la recherche de la
sécurité. Il s'avère important de renforcer le
mécanisme.
CHAPITRE II : UN MECANISME A RENFORCER
84. « Toute intégration
résulte, en effet, de tension entre des facteurs d'intégration et
des facteurs de désintégration, internes aussi bien
qu'externes »103(*).
Paraphrasant cette citation, il ne fait l'ombre d'aucun doute
que l'avenir du mécanisme, partant le renforcement de la paix
dépendra de la capacité de la communauté à
désamorcer les facteurs de désintégration et à
mobiliser les facteurs d'intégration tant au plan de la dynamique
interne (Section I) qu'au plan de l'environnement international (Section
II).
Section I : La nécessité de lever les
obstacles internes
85. La levée des obstacles internes
passe par le renforcement des capacités du mécanisme (Paragraphe
I) et la coordination des efforts politiques (Paragraphe II).
Paragraphe I : Le renforcement des
capacités du mécanisme
86. Affermir les capacités du
mécanisme, requiert non seulement la rationalisation des structures et
des activités (A) mais également la mobilisation des ressources
(B).
A. La rationalisation des structures et des
activités
87. Soucieux de combler le
déficit structurel et de prendre en compte un large
éventail d'activités, plusieurs organes ont été
crées. Toutefois, s'il est vrai que cette oeuvre participe à la
décentralisation, il n'en demeure pas moins que ces institutions
entravent en partie le déroulement normal et efficace des
activités, d'où la nécessité de leur
réorganisation. En effet, à bien lire le rôle de ces
structures, on pourrait suggérer que certains organes soient
combinés pour éviter un double emploi. Pour ce faire, le C.M.S.
et la C.D.S. pourraient être fondus pour former une structure unique et
plus solide qui rendra leur tâche plus encadrée et efficace. Cela
permettra d'éviter les couloirs administratifs qui constituent des
blocages à l'efficience du mécanisme.
De plus, le nombre de Secrétaires Exécutifs
adjoints pourrait être revu à la baisse. On pourrait en retenir
deux : l'un sera chargé des activités concernant les
affaires économiques, financières et administratives et l'autre
des affaires politiques, de défense et de sécurité. Ceci
permettra d'éviter les dépenses supplémentaires
intervenant dans le fonctionnement de ces structures.
88. En outre, les divisions
opérées dans le cadre de la D.O.M.P./ A.H. ne sont pas de nature
à favoriser une coordination des activités qui nécessitent
énormément de moyens. Ces structures seraient encore plus
efficaces si elles étaient combinées. De même, des apports
en personnels et en matériels devraient être apportés aux
centres d'observation et de suivi qui constituent la cheville ouvrière
du mécanisme. D'ailleurs, le découpage des zones devrait
être revu dans la mesure où certains pays sans frontière
commune font partie de la même zone103(*). Enfin, un tribunal des crimes de guerre devrait
être crée pour permettre aux citoyens C.E.D.E.A.O., victimes des
crises de saisir la cour de justice104(*) car la prévention passe également
par la dissuasion dans le cadre de ces juridictions. L'impunité devrait
être combattue car on ne saurait instaurer la paix sans la justice. Ce
combat ne sera possible que si des ressources soient mobilisées.
B. La mobilisation des
ressources
89. Le manque criard de moyens bloque
l'efficience et l'effectivité du mécanisme. Les apports devant
être mobilisés sont humains, matériels et financiers. Les
hommes sont d'un apport inestimable et incontournable pour mener à bien
les activités relatives à la paix. Ainsi, des études
rigoureuses de postes devraient être faites afin de pourvoir à ce
manque. Il importe aussi de s'investir activement dans la formation et la
préparation des troupes en attente car le niveau de formation du
personnel de l'ECOMOG est un facteur déterminant du succès ou de
l'échec de ces missions.
En somme, la prévention, la gestion et le
règlement des conflits passe par une meilleure formation et une
véritable préparation des troupes105(*). Pourtant, il y a lieu de
s'inquiéter car les circonstances qui prévalent dans certains
Etats peuvent être préjudiciables au bon fonctionnement des
écoles de formation des forces106(*).
90. Dans la logique de cette formation, trois
puissances occidentales y participent. La France a mis en place le projet de
Renforcement des Capacités pour le Maintien de la Paix en Afrique
(R.E.C.A.M.P.) en 1997 ; les USA ont développé l'Initiative
de Réaction aux Crises Africaines (A.C.R.I. ) ; la Grande Bretagne
quant a elle, a crée l'African Peace Training Support Programm.
Cependant, ces solutions quoique nobles doivent être prises avec
réserve, car comme le dit le professeur Albert BOURGI quand
l'extérieur s'occupe de quelque chose, c'est toujours bancal. Au
Président Blaise COMPAORE de renforcer, « La paix ne
saurait être imposée de l'extérieur »107(*).
Outre les problèmes humains et logistiques s'ajoutent
ceux financiers. Ces difficultés devraient être
solutionnées en créant un fonds spécial consacré
aux opérations en faveur de la paix. Ce prix à payer passe aussi
par la coordination des efforts politiques.
Paragraphe II : La coordination des efforts
politiques
91. Cette coordination passe d'une part par
une investigation approfondie des causes des conflits armés (A) et
d'autre part par une réelle implication des acteurs publics et
privés (B).
A. Une investigation approfondie des
causes des conflits armés
92. Les origines des conflits armés
sont multiples et variées. Ainsi, pour M. Boutros Boutros-GHALI,
« Les guerres et les conflits ont de profondes racines. Pour les
atteindre, il nous faudra déployer tous les efforts dont nous sommes
capables en vue de renforcer le respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales, favoriser le développement
économique et social durable, si nécessaire à une
prospérité plus grande, soulager la misère et
réduire les arsenaux d'armes de destruction massives ou, au moins, en
restreindre l'emploi »108(*) . En réalité, la
méconnaissance de ces facteurs amoindrit les chances de sortie de crise.
Ainsi, lorsqu'une crise déclenche, il s'avère important de
démasquer les acteurs impliqués et les causes, faute de quoi les
efforts de bons offices, de conciliation, de négociation, de
médiation seraient voués à l'échec. Un examen
sérieux de l'environnement et du contexte politique et social dans
lequel se déroulent les événements mérite
d'être opéré pour faciliter la tâche aux
opérations de gestion et de règlement. La mise à nu de ces
facteurs devrait prendre en compte les aspects psychologiques dans la mesure
où les drames et les incertitudes socio- psychologiques constituent des
origines non négligeables de ces crises. Sans une autopsie réelle
des paramètres qui entourent les guerres, les accords de paix
signés souvent de manière hâtive ne pourront produire les
effets attendus. Enfin, les pays ouest-africains devraient ratifier le
protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance
additionnel au mécanisme C.E.D.E.A.O.
B. La réelle implication des acteurs
publics et privés face aux conflits
93. Il s'agit d'une coordination d'efforts
entre les autorités investies de missions de gestion et de direction des
affaires publiques et des particuliers à travers les associations, les
organisations et les syndicats.
94. La multiplicité des
médiateurs devrait être abandonnée au profit d'un choix
communautaire objectif pour éviter que ceux-ci ne retardent la
résolution des crises. Aussi, pour éviter la dispersion des
efforts, il faudrait-il qu'une fois pour toutes un cadre de gestion et de
règlement soit établi pour éviter la multiplication des
initiatives concurrentes. C'est dans cette même logique que M. Kofi ANNAN
propose la désignation d'envoyés et de représentants
spéciaux pouvant faciliter la conciliation par la mise en commun des
informations et des décisions. Les acteurs publics doivent être de
bonne foi car on ne saurait alimenter les hostilités et prétendre
les résoudre en même temps.
95. Enfin une réelle implication de la
société civile s'impose. A ce sujet M. Jean Marc PALM souligne
que « La C.E.D.E.A.O. devrait oeuvrer à associer plus
étroitement la société civile à ses missions de
sécurité en travaillant à faire tomber la méfiance
mutuelle qu'entretiennent les gouvernants et les organisations de la
société civile »109(*). En réalité, les rapports entre ces
deux sont conflictuels110(*). Une collaboration véritable s'avère
importante pour aider la sous-région à se libérer des maux
qui l'assaillent. Cela ne sera possible que par une formation citoyenne, par la
création de liens avec tous les acteurs intervenant dans le
développement des peuples. Aussi, la prévention et la
résolution des guerres ne sera-t-il possible que par le
désamorçage des obstacles externes.
Section II : La nécessité de
résoudre les obstacles externes
96. L'instauration d'un climat de paix, de
sécurité et de stabilité et partant d'un climat de
prospérité et de développement durable passe par
l'aptitude de la communauté à rassembler ses forces pour
affronter sans détours les écueils liés à
l'environnement international. La résolution de tels obstacles
recommande une coopération intra- africaine forte et concertée
(Paragraphe I) et l'adoption d'un cadre stratégique d'intervention des
acteurs extra-africains (Paragraphe II).
Paragraphe I : Une coopération intra-
africaine forte et concertée
97. Une collaboration intra-africaine forte
et concertée ne sera envisageable que par l'harmonisation des
politiques africaines (A). De même, un réel cadre d'intervention
des acteurs publics et privés au plan africain s'impose (B).
A. L'harmonisation des politiques africaines
face aux conflits armés
98. En Afrique, les efforts de paix achoppent
souvent sur l'incapacité des principaux acteurs à définir
des voies communes face aux crises d'un type nouveau. Cette incapacité
ne plaide pas en faveur de la paix d'où une harmonisation des
initiatives et l'assainissement des cadres de prévention et de
résolution des conflits. Cette coopération pourra permettre
d'éviter les initiatives superposées et parfois parallèles
qui sapent les voies de sortie de crise. En Afrique de l'Ouest par exemple, le
processus de paix n'a vraiment commencé au Liberia que le jour où
les pays de la C.E.D.E.A.O. ont décidé d'harmoniser leur
politique face au conflit.
Aussi, étant donné qu'un pays, une
communauté ou un peuple qui sort d'un conflit a des besoins particuliers
il conviendrait, de poser les bases solides de développement qui
nécessitent des efforts. D'autres actions devraient être
menées dans le cadre de cette harmonisation111(*). Tous les acteurs au niveau
africain doivent s'impliquer.
B. La définition d'un réel cadre
d'intervention des acteurs publics
et privés au plan
africain
99. L'appel de feu le Dr Kwamé
NKRUMAH trouve ici sa pertinence. Peuples des colonies, disait-il,
unissez-vous ! Paraphrasant cette assertion, on peut lancer un appel aux
peuples africains à une union véritable. En effet, les Africains
doivent impérativement s'unir pour endiguer les guerres successives et
honteuses. Cette union requiert l'abandon des conflits de personnalités
facilement transposés au niveau des instances continentales. La
méfiance entre les dirigeants, les accusations et les oppositions de
personnes ne plaident pas en faveur de cette implication réelle. Pour y
parvenir, la coopération entre l'U.A. et les sous-régions dont la
région ouest-africaine devrait être renforcée. Il serait
donc souhaitable que le Conseil de Paix et Sécurité crée
au sein de l'U.A. soit doté de troupes. Il serait souhaitable aussi que
l'U.A. crée les zones d'observation et de suivi pour collecter les
informations susceptibles de déclencher un conflit. Il faudrait adopter
une approche cohérente face aux conflits, mobiliser l'appui de la
communauté internationale aux efforts de paix et harmoniser les
politiques des acteurs extérieurs112(*). Toutes ces dispositions nécessitent la
mobilisation d'une volonté politique africaine.
100. La prévention et la
résolution des crises devraient intégrer la société
civile au niveau du continent. Cette coopération ne sera possible que si
les méfiances entre les dirigeants et les différentes
organisations s'estompent au profit d'une véritable entente. Il est
alors à souhaiter le renforcement des cadres d'échange pouvant
contribuer à l'amélioration de la sécurité car les
organisations de la société civile sont de véritables
leviers dans la résolution des conflits dans la mesure où elles
sont liées aux réalités dans lesquelles vivent les
populations. Elles ne devraient pas être ignorées dans les
instances au niveau du continent, vu leur apport considérable dans la
prévention et la résolution de certaines guerres113(*).
Paragraphe II. L'adoption d'un cadre
stratégique
d'intervention des acteurs
extra africains
101. L'intervention de ces acteurs passe
par l'organisation des traités de défense (A) et aussi par
l'aménagement du cadre des O.I.G. et des O.N.G. (B).
A. L'organisation des traités de défense
avec les puissances
étrangères
102. De nombreux accords surtout
bilatéraux lient les puissances occidentales aux pays
Ouest-africains.
103. La France a établi des accords
militaires avec les pays Francophones et Anglophones114(*). De telles relations doivent
être rénovées. Le Président français a
même reconnu cette nécessité en 1997 lorsqu'il
déclarait : « L'oeuvre de réforme de notre
politique de coopération passe par l'énoncé clair de ses
missions et de ses objectifs ; elle passe aussi par une simplification de
ses instruments, et de ses structures de gestion. Complexe et
désarticulé, notre dispositif est aujourd'hui inadapté,
coûteux et inefficace »115(*). Cette déclaration politique, même si
elle offre une lueur d'espoir, est à prendre avec assez de
précaution. C'est pourquoi les Ouest-africains devraient prendre leur
courage pour dénoncer de tels accords. L'époque de la France
gendarme de l'Afrique est révolue. Son rôle devrait plutôt
se limiter au soutien pour l'enracinement de l'Etat de droit dans les pays. En
plus de la France, des accords existent entre certains pays de l'ouest de
continent avec ces pays industrialisés ( USA, Grande Bretagne, Russie).
Ces relations, sans risque de se tromper sont parfois à l'origine de
certains putschs116(*).
En un mot, ces accords méritent une rénovation
dans la mesure où l'objectif sécuritaire de la sous région
ne pourra être atteint avec leur présence.
B. L'aménagement du cadre des O.I.G.
et des O.N.G.
104. Dans le cadre de la recherche de la
sécurité sous -régional, diverses O.I.G. et O.N.G. y
interviennent117(*).
Aussi, l'ouest du continent regroupe à lui seul plus de quarante O.I.G.
et deux cent O.N.G.. Toutes choses qui occasionnent parfois des entreprises
divergentes et concurrentes dans la résolution des conflits. Cette
pluralité d'organisations participe à la
désintégration et jette un discrédit sur la
communauté et partant l'idée même d'intégration. Au
plan africain, ce nombre est encore plus élevé. Ainsi, les
divergences sont plus visibles et les oppositions parfois plus farouches. Des
crises y trouvent parfois leur origine.
105. Il revient à la conférence
de prendre l'initiative et de s'engager de manière libre et volontaire
dans la nécessaire recomposition du paysage ouest-africain des O.I.G. et
des O.N.G. Cette initiative devrait s'étendre au plan africain.
D'ailleurs, c'est conscient de cette rationalisation que le mécanisme
prévoit en son article 54 (1) que la C.E.D.E.A.O. prendra les mesures
nécessaires en vue de la rationalisation de tous les mécanismes,
Institutions et organes de la sous-région, ayant des objectifs
similaires.
Tout compte fait, ces actions de réaménagement
nécessitent un véritable engagement politique si l'Afrique de
l'ouest ne veut pas continuer à subir la re-colonisation par l'aide
humanitaire.
106. Ce chapitre a été
l'occasion de présenter des suggestions, des propositions dans le cadre
du renforcement du mécanisme C.E.D.E.A.O. et partant, les voies de
recherche de la paix, de la sécurité et de la stabilité
Ouest-africaine.
CONCLUSION GENERALE
107. Il a été
démontré dans cette étude que la consécration d'un
protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de
règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité, cadre juridico-politique général de
recherche d'une « Pax Ouest Africana » traduit la prise de
conscience collective de l'interdépendance entre la paix et le
développement. Il a été souligné dans un premier
temps que le mécanisme C.E.D.E.A.O. est du point de vue architectural
renforcé. Un renforcement tant au niveau de son contenu que de son cadre
juridico-institutionnel. Cependant, il a été constaté que
cette ouverture encadrée et organisée, a très vite
été atrophiée étant donné que la
réglementation de l'application du mécanisme est quelque peu
rigide. Dans un second temps, il a été question de faire un bilan
de la mise en oeuvre du mécanisme. Cet examen a
révélé des difficultés qui entravent l'amorce d'une
véritable sécurité commune. Pour y remédier,
différentes propositions ont été faites.
108. Tout compte fait, il apparaît
intéressant de ramener les choses à de plus justes proportions.
Une pensée commune qui a vocation à cultiver le sens du
réalisme enseigne qu' « Un minimum possible vaut
toujours mieux qu'un maximum souhaitable » et
au sage d'ajouter qu'« Un chien vivant est mieux
qu'un lion mort ». Sans doute, on aurait voulu tout de
suite d'un mécanisme parfait fonctionnant de manière effective et
efficiente. Les peuples Ouest-africains oscillant entre l'image
contrastée du désespoir et de l'espérance auraient voulu
un mécanisme dont l'application aurait déjà enrayé
les fléaux qui sans cesse les ruinent. La jeunesse
désemparée aurait souhaité voir une C.C.E.G. pleinement
mobilisée faisant des questions de paix, de sécurité et de
stabilité leur cheval de bataille.
109. Cependant, il faut réaliser le
sursaut de dépassement nécessaire qui permet de comprendre et
d'admettre ce qui suit : le mécanisme C.E.D.E.A.O., quoiqu'on dise
reflète un élan positif dans la recherche du développement
commun. L'Afrique de l'Ouest est la seule sous-région à avoir
conçu un mécanisme de cette taille. Il faut donc accorder le
bénéfice de la bonne volonté aux autorités
ouest-africaines au regard des efforts consentis par les Etats membres de la
sous-région pour se débarrasser de ces abcès.
110. En réalité, les questions
relatives à la paix sont hautement difficiles et délicates
à résoudre tant les intérêts recherchés par
chacun sont parfois contradictoires. Les acteurs impliqués sont
difficilement démasqués, sinon comment comprendre que l'O.T.A.N.
n'ait pas réussi à anéantir les rivalités toujours
persistantes dans les Balkans ?
La guerre aujourd'hui est multiforme, variée et
complexe si bien que sa résolution précipitée ne peut
l'endiguer complètement. La guerre semble même trouver son origine
dans la conscience. C'est ainsi que selon le préambule de la
constitution de l'U.N.E.S.C.O. : « Les guerres apparaissent
dans les esprits des hommes, il convient d'ériger des défenses
dans les esprits des hommes pour la paix ».
111. En définitive, il est important
que chacun, pris individuellement apporte sa contribution, sa
coopération et son soutien pour un meilleur fonctionnement du
mécanisme et partant, pour une amorce véritable d'une
sécurité commune, car c'est pierre à pierre que la
communauté parviendra à réaliser ses voeux parfois
entamés par les conflits armés. Ernest RENAN n'a-t-il pas dit
que : « Tout ce qui s'est fait
de grand dans le monde ne s'est-il pas fait au nom d'espérances
exagérées ? ».
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III. TEXTES OFFICIELS
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· Charte de l'O.U.A. du 25 mai 1963.
· Charte de l'O.N.U. du 26 juin 1945.
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· Plan d'action pour la mise en oeuvre du programme de
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développement (PCAGED), 1998.
· Protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la
Bonne Gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de
prévention, de gestion et de règlement des conflits, de maintien
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· Protocole relatif au mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de
la paix et de la sécurité, du 10 décembre 1999.
· Traité de la C.E.D.E.A.O. de 1975.
· Traité Révisé de la C.E.D.E.A.O.
de 1993.
IV. RAPPORTS, CONFERENCE
· Conférence de Cyril MUSILA, « Les
facteurs d'instabilité et d'insécurité »
4e forum de l'Institut des Hautes Etudes de Défense
Nationale, Paris du 12 au 27 juin 2003.
· Rapport du Secrétaire Général de
l'O.N.U. sur les causes des conflits et la promotion de la paix et du
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1998.
· Rapport du séminaire Académie
Internationale pour la Paix et la C.E.D.E.A.O. ; vers une Pax Ouest
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difficulté, septembre 2001, Abuja, Nigeria.
V. Sites Internet
· www. africaunion.org.
www.cedeao.org. ;
www.cnpress-zongo.net
· www.ridi.org. ;
www.usip. org ;
www.wanep.org. ; www.europa.eu.int.
TABLE DES MATIERES.
Pages
Introduction
générale...............................................................1
Titre I : L'organisation du
mécanisme C.E.D.E.A.O...........................5
Chapitre I : Le mécanisme
C.E.D.E.A.O., une architecture renforcée...6
Section I : Un contenu presque
exhaustif.......................................6
Paragraphe I : Les principes
fondamentaux....................................6
A : Les principes dits
classiques....................................................6
B : L'intégration de nouvelles
règles de conduite...............................7
Paragraphe II : Les
objectifs.........................................................7
A : La primauté des buts
sécuritaires...............................................8
B : La survivance des objectifs
socio-économiques...........................9
Section II : Un cadre
juridico-institutionnel
élargi...............................9
Paragraphe I : Le cadre
institutionnel............................................9
A : Les
institutions.....................................................................9
B :Les organes
d'appui...............................................................11
Paragraphe II : Le cadre
normatif.................................................12
A : Les sources normatives
communautaires..................................12
B : Le mécanisme de
règlement juridictionnel des
différends..............13
Chapitre II : Le mécanisme
C.E.D.E.A.O., une réglementation
de mise en oeuvre quelque peu
rigide........................14
Section I : Les conditions de mise en
oeuvre..................................14
Paragraphe I : La nature des conflits
exigeant l'application
du
mécanisme......................................................14
A : Les conflits internes et
internationaux.......................................15
B : Les autres types de conflits
exigeant son application...................15
Paragraphe II : Le pouvoir d'initiative
et la procédure.....................16
A : Les organes investis du pouvoir
d'initiative...............................16
B : La
procédure......................................................................17
Section II : Les ressources permettant
la mise en oeuvre................17
Paragraphe I : Les moyens humains et
logistiques........................17
A : L'apport en moyens
humains.................................................17
B : L'apport en moyens
logistiques..............................................18
Paragraphe II : Le financement du
mécanisme..............................18
A : Les contributions
communautaires...........................................18
B : Le recours à d'autres types
de contributions.............................19
Titre II : Le fonctionnement du
mécanisme C.E.D.E.A.O..................20
Chapitre I : Un mécanisme
quasi-effectif......................................20
Section I : Les interventions en faveur
d'une paix Ouest-africaine......20
Paragraphe I : La diplomatie
préventive face aux conflits armés........20
A : Le système préventif
C.E.D.E.A..O..........................................21
B : La C.E.D.E.A.O. et ses partenaires
dans
la prévention des
conflits.......................................................22
Paragraphe II : Les voies de gestion et
de
règlement des conflits
armés...............................23
A : Les stratégies de gestion et
de règlement de la C.E.D.E.A.O.......24
B : La C.E.D.E.A.O. et ses partenaires
dans la gestion et
le règlement des
conflits........................................................24
Section II : Les difficultés
rencontrées dans
l'application du
mécanisme........................................25
Paragraphe I : Les obstacles propres au
contexte ouest-africain......25
A : L'influence grandissante des
« relations
horizontales »................25
B : La quasi-paralysie des
institutions...........................................26
Paragraphe II : Les obstacles
liés à l'environnement international...27
A : Le poids sans cesse croissant des
« relations verticales »...........27
B : Un mécanisme
piégé par les oppositions
d'intérêts.....................28
Chapitre II : Un mécanisme
à
renforcer........................................29
Section I : La nécessité
de lever les obstacles internes...................29
Paragraphe I : Le renforcement des
capacités du mécanisme..........29
A : La rationalisation des structures et
des activités........................29
B : La mobilisation des
ressources...............................................30
Paragraphe II : La coordination des
efforts politiques......................31
A : Une investigation approfondie sur
les
causes des conflits
armés....................................................31
B : Une réelle
implication des acteurs publics
et privés face aux
conflits......................................................31
Section II : La nécessité
de résoudre les obstacles externes............32
Paragraphe I : Une coopération
intra-africaine forte et concertée......32
A : L'harmonisation des politiques
africaines face aux conflits...........33
B : La définition d'un
réel cadre d'intervention
des acteurs publics et privés au plan
africain...............................33
Paragraphe II : L'adoption d'un cadre
stratégique
d'intervention des acteurs
extra-africains.....................................34
A : L'organisation des traités de
défense avec
les puissances
étrangères....................................................34
B : L'aménagement du cadre des
O.I.G et des O.N.G....................35
CONCLUSION
GENERALE.....................................................36
BIBLIOGRAPHIE
...................................................................38
TABLE DES
MATIERES.........................................................41
ANNEXE :
Caractéristiques
du conflit.
|
LIBERIA.
|
SIERRA LEONE.
|
GUINEE BISSAU.
|
-Pillage des ressources par les seigneurs rivaux de la guerre.
-Echec de mise en oeuvre de 13 accords de paix en raison de la
prolifération de groupes armés et de leur manipulation.
-Débordement en Sierra Leone.
- Continuation du conflit après l'élection de 1997
pour mettre fin à la guerre civile.
-Les dissidents continuent de lancer des attaques à partir
de la Guinée voisine.
|
-Enrôlement de force des citoyens ordinaires notamment des
jeunes enfants, dans l'armée.
-Milices indisciplinées se livrant au pillage des
diamants.
- Collaboration des soldats rebelles dans les champs
diamantifères.
- Divers groupes armés ont recherché et obtenu un
appui militaire extérieur.
- Le comportement clandestin de la collaboration rebelle avec le
Libéria a enflammé les tensions sous régionales en
Guinée.
|
- Les belligérants négocient de mauvaise foi.
-Trafics armés à destination des
séparatistes de Casamance.
-Partis politiques fractionnés.
- Armée déloyale.
|
Problèmes politiques communs des missions de maintien de
la paix.
|
-Graves divisions politiques entre Etats membres de la
C.E.D.E.A.O.
- Les Etats membres soutiennent diverses fractions
armées.
- Esprit de clocher et objectifs intéressés des
Etats membres.
-Accusation de corruption des forces de l'ECOMOG.
-Recours arbitraire à la force de la part de l'ECOMOG.
-Peu de soutien international financier et militaire en faveur de
la mission de maintien de la paix.
|
- Les Etats membres de la C.E.D.E.A.O. soutiennent plusieurs
groupes rebelles et milices ainsi que divers gouvernements à
Freetown
-Le contrôle par le Nigeria du haut commandement de
l'ECOMOG.
-Allégations non fondées que certaines forces de
l'ECOMOG sont complices de l'exploitation illégale des mines de
diamants.
-Aide extérieure trop limitée et trop tardive.
|
-Méfiance générale à l'égard
de la force de l'ECOMOG considérée comme instrument de la
France.
-La France et le Portugal mènent une politique de
« sphère d'influence » en Guinée-Bissau.
- L'absence du Nigeria prive la force majoritairement francophone
de l'ECOMOG des troupes et des ressources militaires utilisées au
Libéria et en Sierra Leone.
|
Problèmes opérationnels
Rencontrés par l'ECOMOG.
|
-Mandat mal défini.
-Envoi de forces de maintien de la paix dans les zones de conflit
violent où la paix ne pouvait pas être rétablie.
-Soutien logistique ou financier inadéquat.
|
- Peu de leçons tirées des expériences
passées appliquées au présent.
-Continuation de missions de maintien de la paix
improvisées.
-Le manque de renseignements a provoqué de lourdes pertes
en vies et en matériel.
|
-Taille inadéquate de la mission de l'ECOMOG totalement
dépendante de l'aide financière et logistique de la France.
-La mission a révélé la faiblesse de
l'ECOMOG en matière d'interopérabilité d'échange de
renseignements, de déploiement distant et de difficulté de
maintenir des troupes sur le terrain.
-Retrait de la force de l'ECOMOG après seulement quatre
mois.
|
Le maintien de l'ordre en Afrique de l'Ouest :
Evaluation des interventions de la C.E.D.E.A.O118(*).
* 1 Mohammed BEDJAOUI,
extrait de son discours d'ouverture du dixième congrès annuel de
la Société Africaine de Droit International et Comparé
(S.A.D.I.C.), 3-5 août 1998, P 5.
* 2 V. Allocution de Mohammed
Ibn CHAMBAS, Secrétaire Exécutif de la C.E.D.E.A.O., à la
réunion de haut niveau sur : « Le
Conseil de Sécurité et les organisations régionales :
relever les nouveaux défis en matière de paix et de
sécurité internationales », New York, 11 avril
2003, www.cedeao.org.
* 3 Ce découpage
colonial a eu pour conséquence majeure de redistribuer les populations
au sein de nouvelles unités politiques. Des pans de communautés
ont été regroupés dans des entités
créées de toutes pièces sans tenir compte de leur
passé et des intimités profondes qui pouvaient exister ;
exemple des Touaregs, des Sénoufo.
* 4 Abdou Yéro
BA, « Fléau des conflits et défi
sécuritaire en Afrique », R.J.P.I.C., n°1
janvier-avril 2001, p. 10.
* 5 V. art. 3 de la Charte de
l'O.U.A.
* 6 Le principe a volé
en éclat avec les conflits Algérie -Maroc à propos du
Sahara Occidental, Burkina Faso # Mali, Nigeria # Cameroun.
* 7 Parlant de la
mondialisation, le professeur Gérard CONAC souligne qu'il est assez
désuet de parler d'économie nationale, régionale voire
continentale alors qu'il est de plus en plus difficile d'échapper aux
contraintes et mécanismes d'une économie mondiale(....) Nous
sommes contraints quels que soient notre culture, notre idéologie, nos
goûts, notre volonté même d'accepter tout à la fois
la mondialité et la modernité.
* 8 Il s'agit des trafics
d'armes, de diamant, de drogue, de pétrole.
* 9 Economies de rente,
d'exportation de matières premières sans une grande valeur
ajoutée, elles sont dépendantes des caprices du marché
international.
* 10 Ces conditions sont
entre autres la démocratie politique, le respect des droits de l'homme,
le respect de la liberté d'expression .
* 11 Le cas du Togo
où pendant plus d'une décennie, l'Union Européenne a
suspendu son aide.
* 12 Les élections
qui semblent être démocratiques sont organisées pour
confirmer l'éternisation des seigneurs oligarques dont les ambitions
inavouées sont la personnalisation et la patrimonialisation du
pouvoir.
* 13 Les identités
culturelles, la pression démographique, les réfugiés et
déplacés, le poids de la dette extérieure sont
également des causes des conflits armés.
* 14 Anatole AYISSI,
« Crises et rébellions dans le «
pré-carré » français : ordre
militaire et désordre politique en Afrique », Monde
diplomatique, janvier 2003, P.20.
*
15 La C.E.A.O. a
été créée le 17 avril 1973 et la
C.E.D.E.A.O. le 28 Mai 1975.
* 16 L'art. 7 dispose que
« Les Etats membres s'engagent à ne pas abriter ou
tolérer sur leurs territoires des opposants actifs impliqués dans
des actions subversives de quelque nature que ce soit, dirigées contre
un pays membre ». Les Etats signataires sont tenus de ne pas utiliser
la force pour régler les différends qui les opposent.
* 17 L'A.N.A.D. est
né de la volonté des dirigeants d'alors de mieux assurer leur
défense intérieure et extérieure.
* 18 L'A.N.A.D. engageait
les Etats membres sans contrainte face à une situation d'agression
extérieure et obligeait chaque membre à ne pas s'ingérer
dans les problèmes de sécurité intérieure d'un
autre pays. Toute chose qui semble dénoter tout de même une
certaine contradiction. A cette difficulté, s'ajoutent celles relatives
au financement, à la logistique, au personnel et à la
multiplicité des accords et des alliances militaires
bilatéraux.
* 19 Le 22 avril 1978, les
Etats membres de la C.E.D.E.A.O., réunis à Lagos, adoptaient le
P.N.A. avec pour principal objectif la création d'un environnement
débarrassé de toute crainte d'agression ou d'attaque d'un Etat
contre un autre. En mai 1981, le P.M.A.D. est adopté pour renforcer
cette sécurité.
* 20 L'art. 2 dispose que
« Toute menace ou agression armée dirigée contre un
Etat membre constitue une menace ou une agression contre la
communauté ».
* 21 Philippe LEYMARIE,
« Débauche d'armes, crise d'intégration
nationale : L'Ouest- africain rongé par ses abcès
régionaux », Monde diplomatique, janvier 1996, p.
26.
* 22 Exemple de la tentative
de coup d'Etat en octobre 2004 en Guinée Bissau.
* 23 Selon le
préambule de la déclaration, la conférence a pris
conscience des nombreuses mutations, des changements spectaculaires et
fondamentaux qui s'opéraient sur la scène politique et
économique internationale.
* 24 Les
préoccupations économiques à l'origine de la
création de la C.E.D.E.A.O. ont cessé d'exercer un monopole
absolu dans l'agenda de l'organisation.
* 25 Ce sommet a
été suivi par la réunion des ministres de la
défense, de l'intérieur et des affaires étrangères
à Yamoussoukro le 1er mars 1998 ainsi que par la
réunion des ministres et des experts à Banjul, les 23 et 24
juillet 1998.
* 26 Cf. la Décision
A/DEC.11/10/98 du 31 octobre 1998 de la C.C.E.G.
* 27 Ces principes sont
connus sous la dénomination de principes généraux de droit
communs à l'ordre juridique interne et à l'ordre juridique
international. D'autres principes ne sont pas énoncés dans le
mécanisme : le principe de l'interdiction de la menace ou de
l'emploi de la force, le principe de la continuité de l'Etat. Les
principes généraux de droit international sont entre
autres : le principe de la bonne foi (Pacta Sun Servanda), le principe de
l'abus du droit, le principe selon lequel nul ne peut se prévaloir de sa
propre faute (ESTOPEL).
* 28 Exemple du principe de
la supériorité des traités sur le droit interne, le
principe de l'épuisement des voies de recours interne en matière
de responsabilité.
* 29 La guerre au Darfour,
où Khartoum refuse l'intervention de forces extérieures pour
assurer la sécurité de la région meurtrie et
dévastée par les affrontements entre milices Djandjawides et
forces rebelles.
* 30 Les tracasseries
policières voire militaires dont sont victimes les étrangers
dans certains pays de la C.E.D.E.A.O. témoignent de la non application
des traités relatifs au droit d'entrée, d'établissement
et de résidence.
* 31 Cf. art. 3 du Traite
Révisé de la C.E.D.E.A.O.
* 32 Le mécanisme,
selon l'art. 25.C (i) et (ii) est mis en oeuvre dans le cas de conflit interne
qui menace de déclencher un désastre humanitaire ;
constituant une grave menace de la paix et de la sécurité de la
sous-région. Selon l'art. 25. (d),(e), le mécanisme doit
être appliqué en cas de violations graves et massives des droits
de l'homme ou de remise en cause de l'Etat de droit ; en cas de
renversement ou de tentative de renversement d'un gouvernement
démocratiquement élu.
* 33 Le principe de la non
ingérence dans les affaires intérieures des Etats a
été battu en brèche lors de la première guerre
civile au Libéria (1989-1997).
* 34 Edouard Benjamin,
ex-Secrétaire Exécutif de la C.E.D.E.A.O. « La
paix, un préalable », bulletin de l'ouest- africain
n° 3 juin 1995, p.1.
* 35 L'art. 58. al. 1
dispose que « Les Etats membres s'engagent à la
préservation et au renforcement des relations propices, au maintien de
la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la
région », à ces fins, selon l'art. 58 al.2, les Etats
membres s'engagent à coopérer avec la communauté en vue de
créer et de renforcer les mécanismes appropriés pour
assurer la prévention et la résolution à temps des
conflits inter et intra Etats.
* 36 Il s'agit de la
prévention des conflits, de l'alerte précoce, des
opérations de maintien de la paix, de la lutte contre la
criminalité trans-frontalière, le terrorisme international, la
prolifération des armes légères, et les mines
anti-personnelles, des mesures sont prises concernant les missions
humanitaires, des dispositions prennent en compte la situation des
frontières, le partage des ressources, la protection de
l'environnement.
* 37 Cf. les art. 3 du
mécanisme et 58 du Traité Révisé.
* 38 Salim Ahmed Salim
« Le prix de la paix » le bulletin
ouest-africain n°3 juin 1995, p.3.
* 39 Art.3 al. 1(i, k) du
mécanisme.
* 40 L'art. 4 (d)
prévoit que toute autre institution peut être créée
par la conférence.
* 41 Art. 7(1) et (2) du
Traité Révisé de la C.E.D.E.A.O. et 5 du mécanisme.
* 42 Sept des Etats sont
élus par la conférence ; les deux autres membres sont l'Etat
qui assure la présidence de la conférence et son
prédécesseur immédiat. Ceux-ci sont membres de droit.
* 43 Le C.M.S. décide
de toutes les questions relatives à la paix, à la
sécurité.
* 44 Il s'agit de la
commission qui regroupe les commissions des ambassadeurs, des ministres des
affaires étrangères,de la défense et de la
sécurité et les chefs d'Etat du C.M.S.
* 45 Art. 10 (2 ) a-f ;
art. 11, 12 et 14.
* 46 Le Secrétaire
Exécutif est chargé de superviser les activités
politiques, administratives, opérationnelles, et d'assurer la logistique
des missions, d'élaborer à l'intention du C.M.S. et des Etats
membres des rapports périodiques sur les activités du
mécanisme ; d'envoyer sur le terrain des missions d'enquête
et de médiation. Il participe aux délibérations du
C.M.S.
* 47 Ce bureau a
été crée afin de permettre au secrétariat de
développer des structures institutionnelles pour gérer et appuyer
les opérations de maintien de la paix.
* 48 Ce sont les
départements des affaires politiques, celui des affaires humanitaires,
celui des affaires étrangères, de défense et de
sécurité et le centre d'observation et de suivi.
* 49 Art. 18.
* 50 Il est également
impliqué dans la nomination du commandant de la force. Il a aussi la
responsabilité d'examiner les aspects techniques en matière de
défense.
* 51 Art. 19(1) a. d.
* 52 Art. 19 (2).
* 53 Les
représentants des Etats membres à la commission sont les chefs
d'état-major des armées, les responsables des
ministères de l'intérieur et de la sécurité, les
experts du ministère des affaires étrangères de chaque
Etat membre, les responsables des services d'immigration, des douanes, de la
lutte contre la drogue et les stupéfiants, de la sécurité
des frontières et de la protection civile.
* 54 Il n'est pas exclut que
les membres du conseil des sages proviennent de pays extra-
sous-régional
* 55Art. 20 (1).
* 56 C'est le
Secrétaire Exécutif qui nomme les membres du conseil des
sages.
* 57 C'est le sigle de
l'appellation anglaise: Economic Community of West Africa States Monitoring
group (groupe C.E.D.E.A.O. de contrôle du cessez-le-feu en
français).
* 58 Créé par
le comité permanent de médiation jugé comme n'étant
pas investi de pouvoir pour la création d'un autre organe ; le
Burkina Faso, le Sénégal ont au début refusé de
reconnaître cet organe.
* 59L'ECOMOG assure
l'application des sanctions y compris l'embargo ; le déploiement
préventif, les activités de police ; les opérations
de désarmement et de démobilisation.
* 60 Lexique des termes
juridiques, 12e édition, D. 1999.
* 61 Les décisions
sont publiées par le Secrétaire Exécutif dans un
délai de trente (30) jours après la date de leur signature par le
président de la conférence. Ces décisions sont
exécutoires de plein droit soixante (60) jours après la date de
leur publication dans le journal officiel de la communauté. Chaque Etat
publie les mêmes décisions dans son journal officiel dans un
délai de trente (30) jours à compter de la date de leur
signature.
* 62 L'article 15 du
Traité Révisé est relatif à la cour de justice.
* 63 Le centre fera partie
du département chargé des affaires juridiques de l'organisme, la
C.P.J.C. servira en matière d'entraide judiciaire de lien entre les
Etats membres et les autres Etats. Il jouera également le rôle de
superviseur qui veillera à ce que les Etats mettent en oeuvre les
conventions qu'ils signent.
* 64 L'art.16 du
Traité Révisé prévoit qu'il est crée un
tribunal d'arbitrage de la communauté ; que le statut, la
composition, les pouvoirs et les autres questions relatives à ce
tribunal sont énoncées dans un protocole y afférent.
* 65 Ce volume tient au
nombre de dispositions que le mécanisme contient : 58 articles
divisés en 13 chapitres et un protocole additionnel adopté en
2001.
* 66 Il s'agit de l'A.N.A.D.
dans le cadre de la C.E..A.O. et du P.N.A., du P.M.A.D. dans la C.E.D.E.A.O.
* 67Le trouble
intérieur est selon le Comité International de la Croix Rouge(
C.I.C.R .) une situation, ou sans qu'il y ait à proprement
parlé de conflits armés non internationaux, il existe cependant
sur le plan interne des affrontements qui présentent un certain
caractère de gravité ou de durée et comporte des actes de
violence. Ces derniers peuvent revêtir des formes variables, allant de la
génération spontanée d'acte de révolte à la
lutte entre des groupes plus ou moins organisés et les autorités
au pouvoir.
* 68 Les soutiens divers
apportés aux différentes factions en crise font qu'il est
difficile de parler de conflits armés au sens stricte : les
conflits libérien, ivoirien, sierra leonais.
* 69Selon l'Académie
Internationale pour la Paix, de 1960 à 1990, 37 des 72 coups d'Etat
militaires qui ont réussit en Afrique (environ 50%) ont eu lieu en
Afrique de l'ouest.
* 67Jean Marc Domba PALM,
« La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest et le règlement des conflits dans la sous-
région », cedeao.org.
* 68 L'art. 28
prévoit les modules de force en attente. Le mandat de la force et des
missions des unités déployées sont
réglementés par l'art.29. La formation et la préparation
de la force en attente sont assurées par la contribution du
Secrétaire Exécutif, par l'intermédiaire des
départements concernés et en concertation avec les Etats
membres.
* 69 Art.70 al. 2 du
Traité Révisé.
* 73La conférence,
sur recommandation du conseil des ministres détermine les
modalités de financement des budgets spéciaux de la
communauté.
* 70 Boutros Boutros -
GHALI, Agenda pour la paix : diplomatie préventive,
rétablissement de la paix et maintien de la paix, Nations
Unies. New York, 1992, P.12.
* 71 Dans le cadre de la
prévention effective des conflits, et conformément à
l'article 58 du Traité Révisé de la C.E.D.E.A.O., il est
crée un système d'observation de la paix et de la
sécurité sous-régionale appelé pré- alerte
ou le système.
* 72 Il existe quatre zones
d'observation et de suivi : la zone I avec pour capitale de zone
Banjul ; la zone II avec pour capitale de zone Ouagadougou ; la zone
III ayant pour capitale Monrovia et la zone IV siégeant à
Cotonou.
* 73 Les bureaux de zone
pour la pré alerte n'ont été mis en place qu'en fin 2001
grâce à l'Union Européenne qui a fourni deux millions de
dollars US pour une période de trois ans.
* 74 Art. 23 ( 1 ).
* 75 Art. 24 (6 ).
* 76 Il peut
déclencher une mission de sages pour tenter une médiation, une
conciliation, un arbitrage. Si les sages n'y parviennent pas, la relève
est assurée par une mission de politiques et de diplomates
cautionnée par le C.M.S.
* 77 Le Département
des Opérations, du Maintien de la Paix, et des Affaires Humanitaires (
D.O.M.P./A.H. ) a pour mission en temps de paix de piloter la formation et
l'entraînement des contingents des pays contributeurs de force,
d'élaborer des techniques d'intervention et de mettre à jour les
effectifs à projeter.
V. à ce sujet, Paul YAMEOGO, « Le
mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits de maintien de la paix », Echo des armées n
11, P. 26.
* 78 En cas d'intervention
armée, la Commission de Défense et de Sécurité se
réunit pour formuler le mandat de la force, élaborer les termes
de référence de la mission, déterminer la composition des
contingents, proposer le commandant de la force, étudier tous les
aspects techniques et administratifs et les besoins logistiques ainsi que la
tactique à mettre en oeuvre. Les pays contributeurs sont prés
alertés des décisions prises.
* 79 La zone II ne comprend
qu'un directeur, une secrétaire et un comptable. Le Directeur est
sensé couvrir toute la zone (Côte-d'Ivoire, Burkina Faso, Mali et
Niger) pour collecter les informations au jour le jour.
* 80 Le groupe d'experts des
Nations Unies sur le Liberia et la Sierra Leone dans leur rapport d'octobre
2002 a établi qu'entre le 1er juin et le 25 août 2002
huit certificats d'utilisateurs différents émanant de pays
membres de la C.E.D.E.A.O. avaient été utilisés pour
importer plus de 210 tonnes d'armes légères au Liberia. V.
à ce sujet, Ibrahima E. FALL, www.un.org.
* 81Il s'agit de la lutte
contre la criminalité transfrontalière, contre le blanchiment
d'argent.
* 82 Selon l'art.52 ( 1 ) ,
la C.E.D.E.A.O. coopérera avec l'U.A., l'O.N.U. et toute autre
organisation internationale pertinente dans la poursuite de ses objectifs.
* 83 V. allocution de M.
Mohammed Ibn CHAMBAS, New York, 29 avril 2002, www.cedeao.org.
* 84 Cette action commune a
été précédée par le sommet extraordinaire de
la C.C.E.G. de la C.E.D.E.A.O., tenu à Abuja le 11 avril 2001 au cours
de laquelle une lettre avait été adressée au
Président du Conseil de Sécurité de l'O.N.U. par
l'intermédiaire de M. Moctar OUANE, représentant du Mali
auprès des Nations Unies, où il était question de la
situation sécuritaire en Afrique de l'Ouest.
* 85 Cette diplomatie
préventive à été mise en branle dans la crise en
Guinée Bissau lors du putsch de 2003.
* 86Zamen NYOLA,
« Omar BONGO ONDIMBA : L'année du
médiateur », africa international n° 372 /
janvier 2004, P.20-25.
* 87 Les organisations
religieuses (CARITAS), les organisations féminines (Liberian Women
Initiative), les autorités traditionnelles, les mouvements des droits de
l'Homme comme la R encontre Africaine pour la Défense des Droits de
l'Homme (RADHO) et diverses organisations et associations conjuguent leurs
efforts pour éviter les conflits.
* 88 V. à ce sujet,
M. Jean Marc D. PALM, « La C.E.D.E.A.O., pompier des conflits
régionaux »,
www.cnpresszongo.net.V.
également Tshikala K. BIAYA, Acteurs et médiations dans
la résolution et la prévention des conflits en Afrique de
l'Ouest, Codesnia et Clingendael, 1999, 137 P.
93 L'art.33 (1) de la charte de l'O.N.U.
dispose que : « Les parties à tout différend dont
la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la
sécurité internationales doivent en rechercher la solution, avant
tout, par voie de négociation, d'enquête, de médiation, de
conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux
organismes ou accords régionaux, ou par d'autres moyens pacifiques de
leur choix ».
* 89 A la mi-mars 2003, 1288
hommes en tout avaient été envoyés sur les lieux.
* 90 Cet accord comporte
trois clauses importantes : d'abord la constitution d'un gouvernement
d'unité nationale dirigé par un premier ministre neutre et
formé de délégués par toutes les parties au
conflit ;ensuite l'amendement des lois relatives aux conditions de
nationalité et enfin le désarmement des forces rebelles sous la
surveillance des forces françaises et de la C.E.D.E.A.O. ; Accord
de Linas Marcoussis, www.usip.org.
* 91 V. Jeune Afrique
l'Intelligent n°2271/ juillet- août 2004.
* 92 Dans cette même
logique, une rencontre entre la Banque Mondiale et le P.N.U.D. les 13 et 14
novembre 2002 a permis de dresser un plan de redressement de l'économie
du pays. En outre, un tribunal spécial a été crée,
une commission Vérité
* et Réconciliation mise en
place pour préparer la réconciliation nationale. En mars 2003,
sept (7) personnes ont été inculpées par le tribunal
spécial pour crime de guerre.
98 Francis KPATINDE, « Les secrets
d'Addis », Jeune Afrique l'Intelligent, n°2270 du 11 au
17 juillet 2004.
99www.wanep.org.
* 93 V. Rapport A.I.P./
C.E.D.E.A.O., septembre 2001, P.14.
* 94 C'est le cas par
exemple du conflit entre les Présidents togolais et
sénégalais au début de la crise ivoirienne.
* 95 V. Meledje DJEDJRO,
« La guerre civile du Liberia et la question de
l'ingérence dans les affaires intérieures des
Etats », R.B.D.I., 1993/2, P.393-436.
V. également, Cyril MUSILA, «
Les facteurs d'instabilité et
d'insécurité », conférence
donnée lors du 4ème forum de l'Institut des Hautes
Etudes de Défense Nationale sur le continent africain, du 12 au 27 juin
2003.
* 96 Daniel BACH,
« ECOWAS : Trade, Security and Regionalization in West
Africa, Supranationalisme Hegemony and Multilateralism. »,
communication présentée au séminaire AIP/CEDEAO, Abuja,
27-29 septembre 2001
* 97 Paul YAMEOGO, op. cit.
P.26.
* 98 Selon le dernier
classement du PNUD, (2004), les trois derniers pays les plus pauvres sont des
ouest- africains (Burkina Faso, Niger et Sierra Leone)
* 99 V. le courrier du
gouvernement, n° 24 du 18 au 31 décembre 2003.
* 100 Ce déficit a
été souligné lors de la réunion de travail
A.I.P./C.E.D.E.A.O. en septembre 2001 durant laquelle un des membres a
déclaré que les moyens de formation sont inadéquats, les
missions de paix de l'Afrique de l'ouest souffrent aussi de problèmes de
logistiques : leur système de communication, de commandement et de
contrôle sont mal coordonnés. Le matériel est insuffisant
et incompatible.
108 Selon le professeur Daniel COLLARD, « Les
relations internationales englobent les rapports pacifiques ou belliqueux entre
Etats, le rôle des organisations internationales, et l'ensemble des
échanges et des activités qui transcendent les
Etats ».
109 Vincent ZAKANE, « Contrôle du
commerce des armes et maintien de la paix en Afrique »,
S.A.D.I.C., Actes du 10ème congrès annuel, Addis
Abeba, 3-5 août 1998, P.309.
* 101 Par exemple, avant le
déploiement de la MUNCI en Côte d'Ivoire les USA avaient
menacé de poser leur veto face à
« l'entêtement »de la France à favoriser
l'envoi de cette force. Il a fallu un ballet diplomatique pour finalement
aboutir à l'adoption de la résolution 1464 le 3 février
2003. Pendant ce temps, les Etats-Unis présidaient la réunion des
bailleurs de fonds à New York pour rassembler environ cinq cent millions
de dollars US (500.000.000 $ US) pour la reconstruction du Liberia.
* 102 La croissante
réticence des pays pourvoyeurs de troupes s'explique par le fait qu'ils
ont peur d'exposer leurs soldats bien souvent embourbés dans des
opérations coûteuses en vies humaines et en ressources. Mais, en
réalité, ce sont les fantômes de Mogadiscio où 18
soldats américains ( entre autres) furent tués en octobre 1993,
ainsi que le cauchemar de Kigali où 10 casques bleus belges allaient
être exécutés quelques mois après le début du
génocide de 1994.
112 Disponible sur europa.eu.int/rapid/start/
113 Etienne CEREXHE, cité par Luc Marius IBRIGA,
L'évolution des systèmes d'intégration
économique en Afrique de l'Ouest Francophone : le cas de la
C.E.A.O., thèse de doctorat, Nancy II, 1991, p.404.
* 103 Cas par exemple de la
zone 3 qui comprend le Ghana, le Libéria et la Sierra Léone.
* 104 Jusqu'à
présent la Cour de Justice de la C.E.D.E.A.O. ne peut être saisie
que par les Etats.
* 105 C'est dans cette
logique que la formation et la préparation des troupes de l'ECOMOG ont
été confiées à 3 pays membres : la Côte
d'Ivoire qui abrite l'Ecole de maintien de la paix de Zambakro,
spécialisée dans les questions tactiques ; le Ghana
où se trouve le Centre international de formation au maintien de la paix
Kofi ANNAN qui met l'accent sur les questions opérationnelles et le
Nigeria où se trouve le National War College qui offre une formation
stratégique aux officiers.
* 106 La guerre en
Côte d'Ivoire peut porter un coup négatif à l'école
de maintien de la paix de Zambakro.
* 107 Propos extraits du
discours d'ouverture du sommet de l'O.U.A., tenu à Ouagadougou en juin
1998.
* 108 Boutros
Boutros-GHALI, op. cit. P.10.
* 109 Jean-Marc PALM,
« La C.E.D.E.A.O. et le règlement des conflits dans la
sous-région », www.cedeao.org.
* 110 Les régimes en
place voient dans la société civile, un front utilisé par
l'opposition politique pour défier le gouvernement et celle-là
considère la C.E.D.E.A.O. comme une institution qui avalise les statu
quo et les régimes en place.
* 111 Il s'agit des
impératifs liés à la réconciliation, au respect des
droits humains, au rapatriement des réfugiés, des
déplacés (leur réinstallation rapide, sûre et bien
ordonnée), la résorption de la masse des armes
légères et la mobilisation des ressources nationales et
internationales.
* 112 Rapport de Kofi
ANNAN, Doc.A/52/871 et S. / 1998 / 318 du 16 avril 1998.
* 113 Le rôle de ces
organisations est d'une grande portée en Côte d'Ivoire, en
République Démocratique du Congo.
* 114 Selon Mamadou BARRY,
Certains d'entre eux prévoient même des dispositions relatives aux
régimes des matières premières (hydrocarbures) et
exceptionnellement aux maintien de l'ordre.
* 115 Dominique BANGOURA,
cité par Mamadou A. BARRY, op.cit. p. 76
* 116 Ces propos peuvent
être étayés par la déclaration de Feu
Général Robert GUEI lors du coup d'Etat de décembre 1999
en Côte d'Ivoire : « On ne pouvait faire un coup
d'Etat sans l'aval des puissances occidentales (la France, les USA). C'est ce
qu'ils nous ont appris dans leurs prestigieuses écoles ».
* 117 L'O.N.U., l'U.A., le
C.I.C.R., SAINT EGIDEO, le Haut Commissariat aux Réfugiés.
* 118 Ce tableau est issu du
rapport A.I.P./C.E.D.E.A.O. de septembre 2001.
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