3. Section 1 : Les différents niveaux
d'implication de la piraterie des logiciels
L'étude exploratoire que nous avons au préalable
menée nous a permis de recenser un certain nombre
d'éléments relatifs à la pratique de la piraterie des
logiciels chez les consommateurs camerounais de logiciels informatiques. Dans
cette section, nous allons présenter les différents niveaux
d'implication de la piraterie des logiciels, notamment chez un distributeur de
logiciels informatiques comme Hiperdist Cameroun.
1. Les différentes formes de pratiques de
piraterie des logicielles au sein des entreprises
a) Duplication de logiciels originaux à l'aide
de graveurs
L'ampleur sans précédent du piratage dans le
secteur du logiciel depuis 1997 est due essentiellement à l'apparition
sur le marché de graveurs de CD et DVD à bas prix. Ces appareils
sont détournés de leur vocation initiale d'équipements de
sauvegardes, et servent à dupliquer illégalement des logiciels.
Ce type de piratage, le plus courant chez les particuliers, tend à se
répandre dans les PME et les grandes entreprises.
b) Le téléchargement sur
Internet
Internet constitue une porte ouverte pour les
téléchargements libres des logiciels et des clés
d'installations à partir de nombreux sites qui les proposent
gratuitement ou à moindre coût. Pourtant, le
téléchargement d'un logiciel est strictement interdit sans
l'autorisation expresse de l'éditeur. Hormis les programmes des
catégories "Freeware" et "Shareware" téléchargeables en
toute légalité, les logiciels téléchargés
sans l'autorisation de l'auteur sont considérés comme
illégaux.
c) Installation d'un logiciel original sur plusieurs
ordinateurs
Il s'agit d'un mode de reproduction illicite, qui consiste
pour l'utilisateur final d'un logiciel acquis légitimement à en
faire une ou des copies sur plusieurs ordinateurs. Nombre d'entreprises
privées ou publiques utilisent des logiciels sans avoir la
quantité de licences correspondantes.
d) Achat de produits "Mise à jour" en lieu et
place de produits complets
Certains logiciels, commercialisés sous forme de mise
à jour, font l'objet d'un conditionnement spécifique, avec une
mention "Mise à jour spéciale pour les utilisateurs d'une
précédente version" ou "Offre spéciale pour les
utilisateurs d'une application", en vue de leur distribution à des
conditions tarifaires privilégiées. La vente de ces "produits
mises à jour", en lieu et place des logiciels en version complète
et sans tenir compte des restrictions liées à leur
commercialisation, n'est pas autorisée.
e) Achat de logiciels à l'étranger et
passage à travers le personnel naviguant des compagnies aériennes
et dans les bagages personnels
La porosité de nos frontières routières
et maritimes, puis le manque de contrôle sérieux au niveau de nos
aéroports à facilité l'accès frauduleux de nombreux
produits, notamment des logiciels informatique, dans le territoire camerounais.
Achetés à vils prix dans les marchés d'Europe ou d'Asie,
ces produits transitent par le personnel naviguant des compagnies
aériennes ou à travers les bagages des voyageurs pour
accéder au Cameroun sans frais de douane. Or la douane
représentant les 57,56% de la valeur de la marchandise, ces produits
reviennent moins chers et polluent le marché au détriment des
revendeurs qui achètent à travers le canal normal et respectent
toutes les procédures d'importation.
2. Implications de la piraterie des logiciels au
niveau de HIPERDIST Cameroun S.A.
a) Implication de la piraterie des logiciels sur le
chiffre d'affaire de HIPERDIST Cameroun S.A
La piraterie à un impact certain sur le chiffre
d'affaire d'Hiperdist Cameroun. En effet, depuis son ouverture en 2004,
Hiperdist Cameroun n'a jamais atteint ses objectifs sur la partie Microsoft.
Comparé aux autres Entités du même groupe installées
dans les pays de la sous-région Afrique central et de l'ouest,
l'entreprise continue à trainer la patte derrière le
Sénégal et la Cote d'Ivoire.
Le tableau ci-dessous représente le repporting des
ventes du Groupe en produits Microsoft dans la sous-région, pour le
premier trimestre 2009. Avec 26 577 Euros (17 434 512 FCFA) de
chiffre d'affaire sur trois mois, soit seulement 9,27% par rapport au chiffre
d'affaire total réalisé dans la sous-région, le Cameroun
est bien loin des objectifs escomptés. Ce chiffre ne lui permet
même pas de couvrir toutes ses charges de fonctionnement, comme le
confirme Monsieur Tony BOUTROS, Directeur Général d'Hiperdist
Cameroun : « Nous considérons les licences comme des
produits marginaux ; sur le plan analytique, les chiffres
réalisés sur la vente des licences ne nous permettent pas
de couvrir toutes les charges directes et indirectes y afférentes.
Pourtant, Microsoft est la marque sur laquelle nous investissons le plus de
moyens marketings, financiers et humains. Aujourd'hui notre mission
première vise à nous associer à Microsoft et à
toute autre initiative nationale, pour sensibiliser le publique afin de
participer à la lutte contre la piraterie des logiciels, seule garant
d'un climat sein pour les affaires. ».
Ceci montre bien que,
prise comme activité isolée, la vente des logiciels ne peut pas
être considérée comme une activité
génératrice de revenues au Cameroun, et comme le confirme
ensuite Monsieur Tony BOUTROS, « si rien n'est fait, nous
risquons d'être obligé d'arrêter la commercialisation des
licences pour nous concentrer uniquement sur le vente du
matériel »
Distributor Organization Name
|
To Reseller Country
|
February, 2009
|
March, 2009
|
April, 2009
|
Grand Total
|
%
|
HIPERDIST
|
Cameroon
|
1 845
|
22 397
|
2 335
|
26 577
|
9,27
|
Côte d'Ivoire
|
41 145
|
38 898
|
54 817
|
134 860
|
47,03
|
Senegal
|
24 273
|
69 157
|
31 914
|
125 344
|
43,71
|
HIPERDIST Total
|
67 263
|
130 452
|
89 066
|
286 781
|
100
|
Figure N° 11 : Chiffre d'affaire par pays
au 1er trimestre 2009 sur WCA (En Euros)
Source: Rapport général
d'activité Groupe Hiperdist sur WCA, Mai 2009
b) Implication de la piraterie des logiciels sur les
ressources humaines de Hiperdist Cameroun
A la suite des entretiens menés avec les commerciaux
des produits Microsoft chez Hiperdist Cameroun, nous avons rencontré un
personnel inquiet et suffisamment démotivé. Pour plusieurs
d'entre eux, « la direction fixe des objectifs difficilement
réalisables ; nous sommes régulièrement sous
pression, et pourtant nous faisons de notre mieux pour proposer les produits
aux clients, mais la plupart préfère les logiciels
piratés à cause de leurs bas prix ». Cette
situation a placé le personnel dans une peur permanente de la perte de
leur emploi, car si la direction générale décide
d'arrêter la commercialisation des produits Microsoft,
« nous pourrons conserver les meilleurs, mais on ne peut pas
garder tout le monde », à déclaré le
Directeur Général lorsque question lui a été
posée sur le devenir des employés. Tout ceci a crée au
sein de l'entreprise un climat social malsain, avec des ressources humaines
inquiètes et soucieuses de leur devenir au sein de l'entreprise.
|