CONSENTEMENT DES CONSOMMATEURS A PAYER POUR LE RIZ
LOCAL ET LE RIZ IMPORTE AU CENTRE ET AU SUD DU BENIN
Djalalou-Dine A.ARINLOYE1, Patrice Y.
ADEGBOLA2 Gauthier BIAOU3
1 Institue Internationale d'Agriculture Tropicale
(IITA-BENIN) 08 BP: 0932 Cotonou Benin Tel (229) 21 35 01 88, Fax : (229)
21 35 05 56 e-mail :
a.arinloye@cgiar.org
2Programme Analyse de la Politique Agricole (PAPA) du
Centre des Recherches Agricoles à vocation Nationale basé
à Agonkanmey (CRAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin (INRAB). BP: 128 Porto-Novo, Bénin, Tél: (229)
20212773, e-mail:
lesr@intnet.bj
3 Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de
l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), Département d'Economie, de
Socio-Anthropologie et de Communication pour le Développement Rural
(DESAC), BP 526 Cotonou, Bénin, e-mail:
gbiaou@yahoo.fr
RESUME
Le présent article vise à analyser les facteurs
déterminant la préférence des consommateurs et leur
consentement à payer pour bénéficier des attributs du riz
local et du riz importé. Le modèle de prix hédonique a
été utilisé pour déterminer les prix marginaux
implicites des attributs du riz local et du riz importé à travers
une régression économétrique linéaire semi-log. Les
données aussi bien quantitatives que qualitatives ont été
collectées auprès d'un échantillon de 233 ménages
consommateurs de riz repartis dans six villages et quartiers de ville de deux
Départements du Bénin (Collines et Littoral, respectivement
grande zone de production et consommation de riz au Benin). Les
résultats d'analyse montrent que le riz local est très peu connu
en zone urbaine (2,6%). Au niveau du riz importé, les prix marginaux
implicites sont positif pour attributs tels que l'absence de corps
étrangers, la disponibilité toute l'année, la blancheur,
l'arôme et la cohésion des grains. Quant au riz local, les
consommateurs sont disposés à payer un prix marginal positif pour
bénéficier des attributs tels que la cohésion et la forte
capacité de gonflement. L'étude a par ailleurs montré que
les facteurs tels que la disponibilité en période pré
récolte, la disponibilité en période de récolte ou
de post-récolte et le goût, affectent négativement la
préférence des consommateurs pour le riz local. L'étude
conclus que les résultats peuvent être d'une grande utilité
pour les services de vulgarisations et des décideurs politiques pour
l'instauration d'une stratégie d'amélioration des techniques
post-récoltes et pour une meilleure incorporation de ces attributs
favorables au riz importé et une correction des propriétés
défavorables à la demande du riz local.
Mots clés : Prix
Hédonique, Riz local, Riz importé, Consentement à payer
ABSTRACT
This paper aims to analyze factors determining rice consumer
preferences and their Willingness To Pay regarding the attributes of these
rice. Hedonic price model has been used to determine implicit price of
different attributes of the local and imported rice through a semi-log linear
regression. Quantitative and qualitative data have been collected within 233
household left in two departments of Benin (Collines and Littoral respectively
the most rice production and consumption zone in Benin). Data analysis chows
that local produced rice is hardly known in urban zone (2.6%) contrary to
imported rice. As far as imported rice is concerned, the study shows that the
hedonics prices are positive for the attribute such as impurity absence, the
availability all the year round, the whiteness, the good aroma the grains
cohesion. The results also show that consumers are willing to pay positive
premium for local rice attributes such as the cohesion and the inflation
capacity. For the other local rice attributes such as availability in meadow
harvests period, availability in harvest or post-harvest period, and the taste,
the marginal implicit prices are negative. The study conclude that the findings
will be a usefull guide tool for extension services and policy decision makers
for establishing post-harvest improved technologies to match local produce rice
attributes with consumer preferences.
Key words:, Hedonic Price, Local rice,
Imported rice, Willingness To Pay
INTRODUCTION
Avec une production de l'ordre de 393,6 millions de tonnes en
2000 et estimée à 439,5 millions de tonnes en 2010, le riz est la
2ème céréale cultivée et la
3ème produite, consommée et exportée dans le
monde derrière le blé et le maïs (IRC, 2005). En Afrique,
malgré quelques producteurs importants (Egypte, Nigeria, Madagascar), le
riz se situe loin derrière les mils/sorghos, le maïs et le
blé, aussi bien en terme de superficie cultivée qu'en terme de
production.
Au Bénin, considéré par le passé
comme aliment de luxe, donc consommé seulement lors des fêtes et
manifestations spéciales, le riz est progressivement entré dans
les habitudes alimentaires. Comparativement aux autres céréales,
le riz a conquis sa place au sein des ménages et dans la restauration
collective, en raison de la facilité et de la rapidité de sa
préparation et de sa cuisson. Selon l'Onasa (1999), la consommation de
riz est un phénomène urbain qui enregistre une ampleur beaucoup
plus considérable au sud comparativement aux autres régions du
pays. La proportion de la population vivant en ville expliquerait 75% de la
variation de la demande de riz entre 1961 et 1989 (Houndékon, 1996). La
consommation moyenne de riz par tête et par an est de 6 à 20 kg en
zones rurales et de 10 et 30 kg en zones urbaines (ADRAO, 2004). Les
autorités béninoises à l'instar de celles des autres pays
de l'Afrique de l'Ouest ont investi d'énormes ressources au cours des
trois dernières décades pour augmenter la production nationale en
vue de réduire ces importations.
Cependant, la production de riz local (73 003. tonnes en 2005)
est très insuffisante pour satisfaire les besoins en consommation. C'est
donc le riz importé qui couvre finalement le déficit alimentaire
qui aujourd'hui est de l'ordre de 75% des besoins pour cet aliment. Ces
importations sont passées de 129.011 tonnes en 1996 à 236.563
tonnes en 2004 (MAEP, 2005). Or le Bénin dispose d'un potentiel non
négligeable en ressources naturelles pour la production de riz :
plus de 322.000 ha de terres rizicultivables, dont 205.000 ha de bas-fonds et
117.000 ha de plaines inondables (Verlinden et Soulé, 2003). Moins de 8%
de ce potentiel est actuellement exploité, en raison de politique
rizicole non appropriée.
Les récentes études réalisées sur
le riz au Bénin sont relatives à la compétitivité
du riz local, l'adoption et l'impact des nouvelles technologies. Ces
études ont révélé des contraintes au
développement de cette culture (FAO, 1997; Munyemana et Kanoute,
2000 ; Adégbola et Sodjinou, 2003, Adégbola, 2005). Des axes
d'intervention ont alors été définis pour lever quelque
peu ces goulots d'étranglement et promouvoir le développement de
cette filière. Du point de vue économique, très peu
d'études se sont intéressées à l'évaluation
comparée des déterminants la demande et des
préférences des consommateurs aussi bien pour le riz local que
pour le riz importé
La présente étude se propose d'analyser les
facteurs déterminant le prix du riz au Sud et au Centre du Bénin
à l'aide du modèle des Prix Hédoniques. Elle vise de
façon générale d'analyser et d'identifier les aspects
liés à la préférence des consommateurs des
attributs aussi bien du riz local que du riz importé consommes et,
d'identifier les grand points d'intérêt des consommateurs sur
lesquels vont se baser les recommandations pour la valorisation et la
compétitivité du riz local, aussi bien sur le marché local
que régional et international. Spécifiquement, l'étude
vise à : (1) identifier et analyser les préférences
des consommateurs dans les différentes zones d'étudier et les
facteurs influençant leur choix (2) analyser les qualités
organoleptiques et physiques orientant le choix du consommateur. En d'autres
termes, il s'agira de répertorier les attributs du (ou des) type (s) de
riz consommé (s) dans le ménage et d'analyser son (leur)
influence sur l'aptitude des consommateurs à payer pour
bénéficier de ces attributs.
Après ce chapitre introductif, il sera
présenté au chapitre 2, la méthodologie suivie dans la
réalisation de cette étude. Une brève présentation
des caractéristiques socio-écononiques et démographiques
des ménages enquêtés fera l'objet du chapitre 3. Le
chapitre 4 sera consacré aux résultats et discussions, et sera
suivie des conclusions et recommandations.
METHODES
Choix de la zone d'étude et de
l'unité de recherche
Plusieurs raisons ont guidé le choix des sites
étudiés. Pour ce qui est des départements, celui des
Collines occupe une place importante en matière de superficies en riz
emblavées chaque campagne et la présence de bas-fonds potentiels
pour l'exploitation rizicole. En effet, le département des Collines a
toujours réalisé plus de 85% des superficies emblavées de
la région Zou-Collines. Les raisons sont les mêmes en ce qui
concerne la commune de Glazoué à laquelle appartient ces villages
qui regorgent d'institutions d'appui et de recherche ainsi que de bas-fonds.
Cette zone a donc été choisie comme zone rurale de production. Le
département du Littoral quant à lui a été choisi
parce constitue de par son poids démographique un imminent pôle de
consommation du riz au Bénin. Ainsi, la commune de Cotonou a
été choisie comme zone urbaine de consommation où
débarquent d'importantes quantités de riz importé à
travers le port autonome de Cotonou.
Les unités de recherche concernées par la
présente étude sont principalement des consommateurs qui sont
à même de fournir des informations sur les différents types
de riz consommés et les facteurs déterminant leur choix. Par
ailleurs, quelques commerçants de riz local et de riz importé ont
été enquêtés pour recueillir des données non
seulement sur les prix des différentes variétés de riz
vendus et leurs origines, mais aussi sur les critères de choix de leur
clientèle sans oublier les types de riz les plus demandés et
leurs caractéristiques respectives.
Echantillonnage
La nécessité de cerner de près les
facteurs déterminant le choix des consommateurs nous a conduit à
aller jusqu'au niveau des ménages. Vu notre incapacité à
lister tous les ménages de la zone d'étude, un
échantillonnage raisonné selon le sexe, les activités
professionnelles et le niveau de vie a été fait. Ainsi, un
inventaire des catégories socioprofessionnelles existant a
été fait. Ceci qui nous a permis d'avoir un échantillon
composé de producteurs, de transformateurs, de commerçants, de
fonctionnaires, d'artisans et d'autres catégories socioprofessionnelles.
Considérant la commune de Glazoué comme un milieu homogène
et se basant sur les travaux antérieurement réalisés dans
cette commune, trois (3) villages ont été ciblés. Il
s'agit des villages de Sowé, Ouèdèmè et
Glazoué-Centre. Vu l'aspect hétérogène que
présente la commune de Cotonou, l'échantillonnage dans cette
localité a été faite tenant compte de cette
hétérogénéité. Ainsi, l'étude a
été menée dans trois (3) types de quartiers dont un (1) en
zone périphérique (Vossa), et les deux (2) autres au centre
(Sainte-Rita et Cadjèhoun). En se référant à la
littérature (Anihouvi, 2002), le quartier périphérique
(Vossa) représente le quartier des pauvres. Le quartier de Sainte-Rita
est assimilé au quartier des moyens et le quartier de Cadjèhoun
au quartier des riches, considérant leurs situations
socio-économiques. Pour les exigences de l'analyse statistiques et la
signification des modèles économétriques, il a
été nécessaire de choisir au moins 100
enquêtés dans chacune des deux zones d'étude. Ainsi
l'étude a été conduite sur un total de 233 ménages
dont (119) dans la commune de Glazoué et (114) dans la commune de
Cotonou comme l'illustre le tableau
Collecte des
données
Les données ont été collectées en
trois phases. Au cours de la première phase, les données
secondaires ont été collectées. Des séances
d'entretiens non structurés avec des personnes ressources ont permis de
mieux comprendre l'organisation de la filière riz au Bénin. Cette
étape est suivie d'étude exploratoire au cours de quelle les
sites d'enquête ont été identifiés sur la base d'un
certain nombre de critères tels que l'existence de marchés
périodiques (urbains ou ruraux) de commercialisation du riz, de
commerçants et d'importateurs du riz. Les consommateurs devant faire
partie de l'échantillon ont été également
identifiés. Aussi la typologie et la catégorisation des
consommateurs ont-elles été faites. La troisième phase a
consisté à l'enquête proprement dite. Cette collecte a
été effectuée à l'aide des enquêtes sous
forme d'entretiens semi ou non structurés auprès des
consommateurs et commerçants aussi bien du riz local que du riz
importé. Au total, 233 ménages dont (119) dans la commune de
Glazoué et (114) dans la commune de Cotonou ont été
enquêtés comme l'illustre le tableau 1.
Tableau 1. Répartition des consommateurs de riz
enquêtés par localité
Zone
|
Departement
|
Type de milieu
|
Commune
|
Villages/
quartiers de ville
|
Effectif d'enquêtés
|
TOTAL
|
Centre
|
Collines
|
Rural
|
Glazoué
|
Sowé
|
39
|
119
|
Ouèdèmè
|
39
|
Ayédéro
|
41
|
Sud
|
Littorale
|
Urbain
|
Cotonou
|
Vossa Agongbo
|
41
|
114
|
Sainte-Rita
|
39
|
Cadjèhoun
|
34
|
TOTAL
|
|
233
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
Méthode d'analyse
Dans le but d'atteindre les objectifs fixés par cette
étude la méthode d'analyse utilisée est essentiellement
quantitative. Toutefois, elle a été complétée par
la méthode qualitative dans le but de pouvoir expliquer certains faits
d'ordre institutionnel et socioculturel.
La statistique descriptive telle que les fréquences,
les paramètres de position (moyenne arithmétique), de dispersion
(écart-type), a été utilisée pour décrire
les caractéristiques socio-économiques des ménages
enquêtés et de quelques paramètres de la demande.
Le point de départ de l'approche hédonique
repose sur le constat que les différents biens qui sont
échangés sur les marchés ne sont pas recherchés
pour eux-mêmes mais pour les quantités de différentes
caractéristiques qui les définissent.
Mais l'approche hédonique va plus loin que de
simplement constater que les biens sont recherchés pour les
caractéristiques qu'ils possèdent. Elle affirme que les biens ne
sont rien d'autre que des ``vecteurs'' des différentes
caractéristiques qui les définissent. Telle qu'examinée
à la lumière de l'approche hédonique, un bien n'existe
pas. Seule existe une liste de quantités de caractéristiques
possédées par ce bien (Gravel, 2000). C'est ce qui fait penser
que le consommateur attache un prix implicite à chaque
caractéristique du bien.
Le modèle des prix hédoniques a connu une large
application dans le monde scientifique. Ainsi Abansi et al (1990) l'ont
utilisé pour évaluer les préférences des
consommateurs pour la qualité de riz aux Philippines. Ils ont
montré que les consommateurs de riz attachent une importance
économique aux qualités. Ce modèle a été
également utilisé par Bonifacio et Duff (1989) pour examiner en
Indonésie les effets des opérations de décorticage
``milling'' et du pré-décorticage ``pre-milling'' sur la
qualité de riz. Leurs résultats ont montré des
différences significatives dans la qualité de riz selon le type
d'opération de décorticage. Walburger et Foster (1994) ont a
travers ce modèle estimer les prix absolus des sangliers. Ce
modèle fut récemment utilisé par Langyintuo et al (2004)
dans leurs études des préférences du consommateur du
niébé (Vigna unguiculata) au Cameroun et au Ghana.
Le modèle Lancaster (1966) de la théorie de
consommation reste la base conceptuelle d'estimation de la demande du
consommateur lorsqu'on considère la qualité des biens. Ce
modèle tient compte des caractéristiques du bien et non le bien
lui-même comme objet direct de l'utilité.
Ainsi les différences de prix à travers les
différentes unités de transaction sont significativement dues aux
différentes qualités qui peuvent être mesurées en
terme de caractéristiques. Utilisant ce concept, Ladd et Suvannunt
(1976) ont développé le modèle des caractéristiques
des biens consommés qui décrit le prix d'un bien comme une
sommation linéaire de la valeur implicite de ses attributs.
Estimation des modèles
hédoniques
D'après Terra (2005), pour estimer les modèles
hédoniques, les économistes ont généralement le
choix entre plusieurs formes fonctionnelles (linéaire,
log-linéaire, semi-log, Box-Cox). Mais vu les types de donnée
collectées et des variables incluses de dans le modèle, la forme
fonctionnelle la plus appropriée est log-linéaire (appelé
aussi log-log). Ce modèle relie le logarithme du prix de vente aux
logarithmes des différentes variables explicatives.
(1)
Pour les variables continues, le coefficient d'une variable en
logarithme (j) correspond à
l'élasticité du prix de vente par rapport à cette
caractéristique. Ainsi, un accroissement de 1 % de la
caractéristique j correspondrait à une variation (en
pourcentage) du prix de vente égale au coefficient de cette variable
(j %).
Comme pour le modèle linéaire, il existe aussi
un modèle semi-log (appelé aussi modèle log-lin) reliant
le logarithme du prix de vente aux variables explicatives non
transformées :
(2)
Pour une variable xj continue, un accroissement d'une
unité de cette variable entraîne un changement (en pourcentage) du
prix de vente égal à 100 fois le coefficient de cette variable
(c'est à dire un changement de 100 j % du
prix de vente.)
Pour des variables binaires, l'interprétation des
coefficients est différente. Supposons, par exemple, que l'on cherche
à étudier l'impact de la présence de corps
étrangers (0 signifie absence de corps étrangers et 1
présence de corps étrangers) sur le prix de vente du riz à
partir des modèles (Équation 1) ou (Équation 2). Une
estimation g en pourcentage de l'impact de cette variable sur la
variable expliquée (prix de vente) est donnée par la
formule :
(3)
Tous les modèles de régression
présentés jusqu'ici sont estimés par la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO).
Le prix marginal implicite (c'est-à-dire le
consentement à payer marginal pour bénéficier de la
variation du niveau d'une caractéristique) se calcule
différemment pour chacune les formes fonctionnelles
précédentes.
Dans le cas du modèle semi-log (Équation 2), le
prix implicite d'un changement dans la caractéristique j sur le
prix du type de riz i est le suivant est le suivant :
(4)
Dans le cas du modèle log-log par contre
(Équation 1), le prix implicite est le suivant :
(5)
Modèle empirique
Pour mesurer la volonté et l'aptitude des
enquêtés à payer pour l'acquisition de certains types de
riz, les indicateurs liés aux attributs des types de riz
consommés et aux caractéristiques du ménage ont
été retenus, les prix marginaux implicites de ces
différentes caractéristiques ont été
calculés.
On déduit du modèle théorique de
l'approche hédonique développée ci haut les modèles
empiriques suivants qui épousent celle proposée par Williams and
al (2006)
Lorsqu'on considère le riz local, on a :
(a)
Pour le riz importé :
(b)
Où :
Pr loci
représente le prix moyen du riz local en FCFA par
unité de mesure (kg) payé par le ménage i au
cours de l'année 2005;
Pr impi
représente le prix moyen du riz importé en FCFA par
unité de mesure (kg) payé par le ménage i au
cours de l'année 2005;
QANTOTi2 et
QANTOTi3 sont respectivement la quantité
totale de riz local et de riz importé en kg consommée par le
ménage i au cours de l'année 2005. ces variables sont
continues incluses dans les modèles. D'après la théorie
économique relative aux biens normaux, toute augmentation de la demande
est le résultat d'une diminution du prix du bien offert. On
espère ainsi un signe négatif pour le coefficient de ces
variables.
DISPOi est la
période de l'année au cours de laquelle le riz est disponible sur
le marché (période de récolte, période de non
récolte et toute l'année). Pour DISPO1, il
s'agit d'une variable muette prenant la valeur 1 pour une disponibilité
du riz en saison pluvieuse assimilée à la période de
pré-récolte et la valeur 0 si non. DISPO2,
est aussi une variable muette qui prend la valeur 1 pour la saison sèche
ou période post-récolte et 0 si non. Durant la saison pluvieuse
correspondant à la période de production du riz, il est
supposé une faible disponibilité du riz sur le
marché ; ce qui peut expliquer une hausse de prix du riz. Nous
escomptons donc un signe négatif pour le coefficient de la variable
DISPO1. Quant à la variable
DISPO2, le signe espéré est positif, car
c'est au cours de la saison sèche que se fait la récolte
(période de récolte ou de post-récolte) et par
conséquent, le riz serait disponible sur le marché à bas
prix.
DISPO3 correspond à une
disponibilité du riz durant toute l'année. Dans le modèle
(a) cette variable est considérée comme variable de
référence ou de base.
ATRIBni représente
une série de variables explicatives relatives aux différents
attributs du riz tels que : l'absence de corps étrangers
(ATRIB2), la blancheur (ATRIB3), la
cohésion des grains après cuisson (ATRIB5),
l'arôme (ATRIB7), la capacité de gonflement
(ATRIB8) et la texture (ATRIB9).
ATRIB2 : cette variable dichotomique prend la
valeur 1 en cas d'absence de corps étrangers et 0 si non. La
propreté du riz faisant partir des critères de
compétitivité du riz sur le marché (Adégbola et
Sodjinou, 2003), nous supposons que les riz dépourvus de corps
étrangers seront plus compétitifs sur le marché et seront
vendus plus chers. Ainsi, cette variable est supposée avoir une relation
positive avec l'aptitude des consommateurs à payer ce type de riz.
ATRIB3 : cette variable
binaire prend la valeur 1 pour le riz de couleur blanche et 0 sinon. Nous
pensons que le riz de couleur blanche est plus attractif qu'un riz de toute
autre couleur. Il sera donc vendu beaucoup plus cher que les autres. Cette
variable est supposée avoir une relation positive avec l'aptitude des
consommateurs à payer cher un type de riz ayant cette
caractéristique.
ATRIB5 : cette variable prend la
valeur 1 pour un type de riz collant après cuisson et 0 dans le cas
contraire. Elle peut influencer positivement ou négativement l'aptitude
du consommateur à payer cher le riz ayant cette caractéristique,
laquelle aptitude pouvant varier selon les mets qu'il aimerait
préparer.
ATRIB7 : cet attribut correspond
à l'arôme du riz consommé c'est-à-dire la
présence ou non de parfum. Il prendra la valeur 1 pour les riz
parfumés et 0 sinon. Les statistiques ayant montré que les riz
parfumés sont plus chers que le non parfumé, il s'ensuit que la
présence de parfum est un déterminant d'un riz de bonne
qualité. L'hypothèse est donc que
ATRIB7 détermine positivement l'aptitude des
consommateurs à payer cher un type de riz ayant cette
caractéristique.
ATRIB8 : cet attribut correspond
à la capacité de gonflement du riz. Il prend la valeur 1 pour les
riz à bonne capacité de gonflement et 0 sinon. Lorsqu'on
considère la capacité de gonflement comme critère de
qualité du riz, on pourrait s'attendre à une corrélation
positive entre cette variable et la volonté des consommateurs à
payer cher pour bénéficier les avantages de cet attribut.
ATRIB9 : cette variable muette
correspond à la texture du riz. Elle prend la valeur 1 pour une texture
tendre et 0 pour une texture dure. D'après les résultats de la
phase exploratoire, plus le riz est dur moins il est apprécié par
les consommateurs. Pour cela, il est supposé que
ATRIB9 ait un effet réducteur sur le prix du riz. Un
signe négatif est donc espéré pour le coefficient de cette
variable.
CASODri :
représente une série de caractéristiques
socio-économiques du ménage telles que : revenu net (net
income) du ménage i au cours de l'année
2005 (CASOD1), la taille du
ménage (CASOD2) et le niveau d'instruction du chef
de ménage (CASOD3).
CASOD1: représente le revenu net du
ménage durant l'année 2005. Il s'agit d'une variable continue
mesurée en FCFA qui prend en compte toutes les sources de revenu du
ménage. Ce revenu est le résultat de la différence entre
le revenu brut du ménage et les dépenses effectuées au
cours de la même période. Elle est incluse dans les modèles
(A) et (B) sous forme logarithmique. Plusieurs études ont montré
que plus le revenu de ménage augmente, plus le ménage sera
disposé à dépenser dans l'achat des biens consommables et
plus il sera disposé à consommer les produits de bonne
qualité. Aussi sera-t-il disposé à payer les biens
supérieurs. En conséquence on espère un signe positif pour
le coefficient de cette variable dans les deux modèles.
CASOD2 : Cette variable continue
indique le nombre de personnes vivant dans le ménage. Elle est
introduite dans les modèles sous forme logarithmique. Il est
prouvé que plus la taille du ménage est élevée,
moins sera le revenu par membre du ménage et moins il sera apte à
payer quantitativement et qualitativement. Nous espérons donc une
relation négative entre cette variable et la quantité de riz
consommée (modèle a) d'une part et le prix d'achat du riz
(modèle hédonique a et b) d'autre part.
CASOD3 : correspond au niveau
d'instruction du chef de ménage. Cette variable prend la valeur 1
lorsque le chef de ménage a reçu une éducation formelle et
0 sinon. L'hypothèse est que les chefs de ménage ayant
reçu une éducation formelle achètent les riz de bonne
qualité. Ils sont donc supposés être capables d'acheter le
riz plus cher que ceux n'ayant reçu aucune éducation formelle.
Dans les modèles hédoniques nous espérons alors un signe
positif pour le coefficient de cette variable.
ei est le terme
d'erreur ;
1, 2 et
3, ?
représentent les effets marginaux des variables incluses dans le
modèle (a) ;
1,
2
et3,
représentent les effets marginaux des variables incluses
dans le modèle (b) ;
ni correspondent
au prix marginal implicite de la caractéristique n
(c'est-à-dire le consentement à payer marginal pour
bénéficier de la variation du niveau de l'attribut n)
dans le model (a) ;
correspondent au prix marginal implicite des variables
représentant les caractéristiques ou attributs n dans le
model (b) ;
correspondent aux effets marginaux liés au consentement du consommateur
à payer le riz selon ses caractéristiques
socio-économiques incluses dans le modèle (a) ;
correspondent aux effets marginaux liés au consentement
du consommateur à payer le riz selon ses caractéristiques
socio-économiques incluses dans le modèle (b).
Avant la spécification du modèle, il convient de
faire une analyse de corrélation entre les variables
indépendantes qui sont incluses dans le modèle. En effet, la
multicolinéarité a plusieurs conséquences dont par
exemple, l'obtention des coefficients imprécis et instables. Cette
instabilité peut même conduire à des signes pervers. Pour
réduire ces effets, les variables ont été
sélectionnées de manières à avoir des variables peu
corrélées
Caractéristiques socio-économiques et
démographiques des ménages étudiés
Taille de ménage et
âge des chefs de ménage
Le tableau 4 présente la description statistique de la
taille des ménages de même que l'âge moyen des personnes
enquêtées. L'analyse de ce tableau montre que la taille des
ménages enquêtés varie entre une (1) et 14 personnes avec
une moyenne de 5,42 (2,295) personnes. A Cotonou la taille de ménage
varie entre deux (2) et 11 personnes avec une moyenne de 5,122 (#177;1,911)
contre 5,735 (#177;2,598) à Glazoué. L'âge des chefs de
ménage enquêtés varie entre 17 ans et 83 ans avec une
moyenne de 37 (12,153) ans dans tout l'échantillon. Cette moyenne est de
39,198 (#177;11,759) ans à Glazoué et de 34,904 (#177;12,709) ans
à Cotonou.
Tableau 3 taille de
ménages et âge des personnes enquêtées
|
Taille des ménages
|
Age des enquêtés
|
|
Glazoué
|
Cotonou
|
Total
|
Glazoué
|
Cotonou
|
Total
|
Effectif
|
119
|
114
|
233
|
119
|
114
|
233
|
Minimum
|
1
|
2
|
1
|
19
|
17
|
17
|
Maximum
|
14
|
11
|
14
|
80
|
83
|
83
|
Moyenne
|
5,735 (2,598)
|
5,122
(1,911)
|
5,4249 (2,295)
|
39,198
(11,759)
|
34,904
(12,709)
|
37,33
(12,153)
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006 ( ) =
écart-types
Importance du prix dans le choix du type de riz
consommé
Le prix d'un bien consommable constitue l'un des principaux
facteurs déterminant sa demande (FAO, 1995). Dans ce paragraphe nous
présentons l'étude comparée du prix du riz local et celui
du riz importé et leur détermination dans le choix du type de riz
consommé par nos enquêtés.
Les résultats de la comparaison du prix moyen de vente
du riz local et du riz importé à Glazoué et à
Cotonou sont présentés dans le tableau 4. Ces résultats
indiquent que le riz local est vendu moins cher que le riz importé sur
le marché. En effet, au cours de l'année 2005, le kilogramme du
riz local est vendu à un prix moyen de 281,26 (#177;44,76) FCFA alors
que celui du riz importé est livré à un prix moyen de
312,70 (#177;21,32) FCFA dans la commune de Glazoué. A Cotonou, le prix
moyen du riz local est de 353,12(#177;59,84) FCFA alors que celui du riz
importé est de 401,8743(#177;51,78) FCFA.
Tableau 4 :
Résultat du test de comparaison des prix moyens du riz local et du riz
importé en 2005
Variables
|
|
Glazoué
|
Cotonou
|
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Prix moyen riz importé
|
|
312,701
|
21,3229
|
|
401,8743
|
51,77952
|
Prix moyen riz local
|
|
281,2695
|
44,76877
|
|
353,125
|
59,83919
|
combiné
|
|
297,401
|
38,08454
|
|
399,9243
|
52,66381
|
Différence
|
|
31,43143
|
5,059612
|
|
48,74929
|
26,55899
|
t-statistics
|
|
6,2122***
|
|
1,8355*
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
* , *** =significatif respectivement au seuil de 10% et
1%.
Le tableau nous montre également qu'il existe une
différence significative au seuil de 1% et 10% entre ces deux moyennes
respectivement à Glazoué et à Cotonou.
Ce résultat nous conduit au rejet de l'hypothèse
selon laquelle le faible prix d'achat du riz importé oriente les
consommateurs à le préférer au riz local. Contrairement
à nos attentes, les analyses révèlent que le prix du riz
local sur le marché demeure significativement inférieur au prix
du riz importé dans notre zone d'étude ; ce qui devrait
être un atout favorable à la consommation du riz local. Il
s'ensuit donc que le prix élevé du riz importé
comparativement au riz local n'empêche pas les consommateurs à le
préférer au riz local. Il existe alors d'autres raisons qui
justifieraient ce penchant des consommateurs pour le riz importé
malgré son prix relativement élevé. En conséquence,
le prix ne peut plus être considéré de façon
unilatérale comme facteur déterminant le choix du consommateur.
D'autres variables ou caractéristiques intrinsèques constituant
les attributs de ces riz pourraient expliquer l'attitude des consommateurs.
Analyse des facteurs de
préférence liés au riz importé
Les résultats de la régression du modèle
hédonique (A) relatif au riz importé sont présentés
dans le tableau 5. Il ressort de l'analyse de ce tableau que le modèle
est globalement significatif avec un coefficient de détermination
multiple (R²) égal à 0,49. Ce qui signifie que 49% des
variations du prix du riz importé sont expliquées par les
variables explicatives introduites dans ce modèle.
Le tableau indique également que le coefficient de la
variable disponibilité du riz importé toute
l'année est significatif au seuil de 1%, l'absence de corps
étrangers à 1%, la blancheur à 1%,
l'arôme (parfum) à 10%, la cohésion
après cuisson à 10% et la taille du ménage
à 5%.
Tableau 5:
Résultat d'estimation du modèle hédonique relatif au riz
importé
Ln(prix moyen du riz importé en
2005)=Y
|
lprimp5
|
Coefficients.
|
[95% Conf.Interval]
|
Prix Hédonique
|
disponibilité du riz importé durant toute
l'année
|
dispo3
|
0,15(5,31)***
|
0,092
|
0,202
|
46,25
|
absence de corps étrangers dans riz importé
|
atrib2
|
0,14(5,47)***
|
0,092
|
0,196
|
45,30
|
Riz importé de couleur blanche
|
atrib3
|
0,16(7,11)***
|
0,118
|
0,210
|
51,66
|
Riz importé parfumé (arôme)
|
atrib7
|
0,05(1,69)*
|
-0,009
|
0,112
|
16,21
|
Riz importé collant
|
atrib5
|
0,04(1,94)*
|
-0,001
|
0,091
|
14,11
|
Ln(Revenu total du ménage)
|
lcasod1
|
0,004(0,47)
|
-0,014
|
0,023
|
-
|
Ln(taille ménage)
|
lcasod2
|
0,04(1,75)*
|
-0,005
|
0,087
|
-
|
Ln(quantité totale riz importé consommé)
|
lqantimp
|
-0,01(-0,82)
|
-0,038
|
0,016
|
-
|
Constance
|
_cons
|
5,43(38,37)***
|
5,149
|
5,710
|
-
|
Nombre d'observation (N)
|
135
|
F de Fesher ( 8, 126)
|
46,74***
|
R-carré (R²)
|
0,49
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
* ; ** et *** =significatif respectivement au
seuil de 10%, 5% et 1%.
(.)=Robust t-statistics ; ln=Logarithme
népérien
Disponibilité toute
l'année
Considérant le facteur de disponibilité du riz
toute l'année, son degré de signification montre l'importance de
cette variable dans la fixation du prix sur le marché. Le signe positif
du coefficient de cette variable renseigne sur le fait que cette
disponibilité permanente aurait un effet positif sur l'augmentation du
prix du riz importé sur les marchés fréquentés par
les consommateurs enquêtés. Le prix marginal implicite lié
à la disponibilité du riz importé sur le marché
durant toute l'année constitue le prix hédonique de cette
variable. C'est le prix que le consommateur est prêt à payer pour
profiter de la disponibilité du riz importé sur le marché
en toute période de l'année. Ce prix est égal à
46,25 FCFA d'après l'estimation du modèle (a) et
l'élasticité de cette variable sur le prix d'achat du riz
importé est égale à 0,14 (voir Annexe 1).
Absence de corps étrangers
Les corps étrangers sont essentiellement
constitués des impuretés issues de la transformation et/ou du
stockage (conservation) du riz.
Le signe positif et significatif du coefficient de cette
variable traduit son impact positif sur le prix pratiqué sur les
marchés. Aussi, l'absence de corps étrangers constitue t-elle un
facteur déterminant l'aptitude des consommateurs enquêtés
à préférer le riz importé.
L'élasticité de cette variable sur le prix
d'achat du riz importé est égale à 0,14 (Annexe8) et le
prix marginal implicite est estimé à 45,30FCFA. Ce prix
s'interprète comme étant l'accroissement de valeur
qu'entraînerait l'absence ou l'enlèvement de corps
étrangers dans un type de riz qui en contenait.
Il est alors évident que la présence de corps
étrangers dans le riz n'a qu'un effet défavorable sur la
qualité du riz et par conséquent sur son prix.
La blancheur
C'est la variable relative à la couleur du riz
importé. Le signe positif et significatif du coefficient de cette
variable indique que la couleur blanche du riz importé fait partie de
ses critères d'appréciation comme l'ont montré
Adégbola et Diagne (2006). Ainsi, plus le riz importé est blanc,
plus son prix est élevé sur le marché. Egalement ce signe
indique l'aptitude des personnes enquêtées à payer marginal
pour acquérir le riz importé du fait de sa couleur blanche. Le
prix marginal implicite de cette variable est estimé à 51,66 FCFA
et l'élasticité à 0,16.
L'arôme
L'arôme ou le parfum constitue l'un des facteurs les
plus importants d'appréciation du riz. Le signe positif et significatif
du coefficient de cette variable montre la corrélation positive existant
entre elle et le prix du riz sur les marchés fréquentés
par nos enquêtés. Ainsi, plus le riz importé est
parfumé plus son prix augmente et plus les ménages sont aptes
à l'acheter cher. Cette variable a une valeur marginale implicite
égale 16,21FCFA.
Cohésion après
cuisson
Comme l'arôme, cette variable a un coefficient positif
et significatif à un seuil de 10%. Ce qui signifie que l'aspect collant
du riz importé est en faveur de son prix sur le marché. Bien que
cette appréciation reste subjective, certains enquêtés nous
ont déclaré ce qui suit :
« Lorsque le riz colle après cuisson,
cela permet la rétention de la sauce à la surface du riz au cours
du repas ; cela est mieux que d'aller à la rencontre de la sauce en
dessous du riz au contact du bol à la fin du repas. Nous
apprécions le riz de qualité collante ».
Cette déclaration confirme les résultats obtenus
et montre l'aptitude de certains consommateurs à payer marginal pour
bénéficier de cet avantage que constitue la cohésion du
riz. Le prix hédonique de cette variable est de 14,11FCFA. Autrement
dit, la cohésion du riz importé coûte implicitement
14,11FCFA, toutes choses étant égales par ailleurs.
Le revenu du ménage
Le revenu du ménage constitue également l'un des
facteurs influençant la décision du chef de ménage. Cette
variable est positivement corrélée avec le prix d'achat du riz
importé. Ceci signifie que plus le revenu du ménage augmente,
plus il est disposé à acheter le riz importé bien qu'il
soit cher sur le marché. L'effet marginal du revenu du ménage sur
le prix du riz importé est estimé à 0,0043FCFA
correspondant à l'élasticité-revenu du prix du riz
importé. Ainsi, une augmentation de 1% du revenu induit un accroissement
de 0,004FCFA de la capacité du ménage à acheter un riz
plus cher, ce qui est suffisamment faible.
Analyse des facteurs de
préférence liés au riz local
Les résultats de la régression du modèle
(a) relatif au riz local sont présentés dans le tableau 6.
L'analyse de ce tableau révèle que le modèle est
globalement significatif avec un coefficient de détermination multiple
(R²) égal à 0,30. Ce qui signifie que 30% des variations du
prix du riz importé sont expliquées par les variables
explicatives introduites dans ce modèle.
Tableau 6:
Résultat de l'estimation du modèle hédonique (a) relatif
au riz local.
Ln(prix moyen d'achat du riz local en 2005)=Y
|
lprloc5
|
Coefficients.
|
[95% Conf.Interval]
|
Prix Hédonique
|
Disponibilité du riz local en période pré
récolte
|
dispo1
|
-0,1685804(3,88)***
|
-.2549653
|
-.0821955
|
-48,2402
|
Disponibilité du riz local en période de
récolte ou post-récolte
|
dispo2
|
-0,1395758(-4)***
|
-.20908
|
-.0700716
|
-39,9404
|
Riz local collant
|
atribl5
|
0,0659907(1,72)*
|
-.0103953
|
.1423767
|
18,8836
|
Riz local à forte capacité de gonflement
|
atribl8
|
0,0483815(1,67)*
|
-.0093012
|
.1060642
|
13,8446
|
Riz local à texture dure
|
atribl9
|
0,1261518(2,13)**
|
.0081928
|
.2441107
|
36,0990
|
Ln(taille ménage)
|
lcasod2
|
-0,1450048(-3,3)***
|
-.2325718
|
-.0574377
|
-7,6487
|
Niveau d'instruction du chef ménage
|
casod4
|
0,064723(1,75)*
|
0,1146968
|
0,0050507
|
18,6079
|
Ln(quantité totale riz local consommé)
|
lqttotloc
|
0,0406141(1,86)
|
-.002784
|
.0840122
|
11,6219
|
Constance
|
_cons
|
5,868164(74,2)***
|
5.71075
|
6.025578
|
-
|
Nombre d'observations (N)
|
89
|
F de Fesher ( 9; 79)
|
4,53***
|
R-carré (R²)
|
0,30
|
Source :Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
* ; ** et *** =significatif respectivement au
seuil de 10%, 5% et 1% .
(.)=Robust t-statistics wise ; l=Logarithme
népérien
Les tableau indique que le coefficient des variables
disponibilité du riz local en période pré
récolte est significatif à un seuil de 1%, la
disponibilité du riz local en période de récolte ou
post-récolte à 1%, la cohésion du riz local
à 10%, le bon goût à 1% , la forte
capacité de gonflement à 10%, la texture dure du riz
local à 5%, la taille du ménage à 1% et le
niveau d'instruction du chef de ménage qui est significatif
à 10%.
La disponibilité du riz local en
période pré récolte
Cette variable est négativement corrélée
avec la variation du prix du riz local avec un coefficient hautement
significatif. Ceci rend compte du fait que la disponibilité du riz local
pendant la période pré récolte n'a pas un impact positif
sur l'augmentation du prix d'achat, mais au contraire, il est payé par
les consommateurs enquêtés à bas prix durant cette
période. Autrement dit, le consommateur n'est pas apte à payer
pour une augmentation du prix du riz local au cours de cette période
mais plutôt pour une baisse de prix. Ici le prix hédonique de
cette variable est négatif et égal à -48,24 FCFA. Ce prix
est synonyme du fait qu'une disponibilité du riz local en période
pré-récolte induit une réduction du prix d'achat de
48,24FCFA.
Ce résultat est contraire à nos attentes qui
étaient un effet marginal positif pour la disponibilité du riz
local au cours de cette période. Cela nous amène à
conclure que les consommateurs ne sont pas encore prêts à payer le
riz local à un prix convenable même s'il était disponible
en période de pénurie (toutes choses égales par ailleurs).
Le problème de la préférence du riz local est donc
à rechercher ailleurs.
La disponibilité du riz local en
période de récolte ou post-récolte
Comme précédemment, la disponibilité du
riz local en période de récolte ou de post-récolte est
négativement corrélée avec le prix du riz local comme
l'indique le tableau 6 Cet état de chose trouve sa justification dans le
fait qu'au cours de cette période, les producteurs livrent à vil
prix leur produit de récolte pour se faire un revenu pour mieux se
ravitailler en d'autre produits. Aussi certains producteurs bradent-ils leur
riz au cours de cette période pour faire face aux dépenses des
fêtes de fin d'année. Ainsi les consommateurs ne sont pas à
même de payer pour un riz local cher durant la période
récolte où le riz local est supposé facilement accessible
surtout en zone de production. Ici également le prix hédonique de
même que l'élasticité de cette variable (voir Annexe 2)
sont négatifs et respectivement égal à -39,94FCFA et
-0,14. Le premier s'interprète comme étant la réduction du
prix du riz local exprimée ou souhaitée par les consommateurs en
période de récolte et post récolte.
L'élasticité égale à -0,14 signifie qu'une
disponibilité du riz local pendant cette période engendrerait une
réduction de 14% du prix moyen.
La cohésion du riz local
Comme au niveau du riz importé, le coefficient de la
variable cohésion du riz local est positif et significatif au
seuil de 10%. La cohésion des grains constitue l'un des principaux
facteurs d'appréciation du riz local, comme l'ont démontré
Adégbola et Diagne (2006). Ainsi les consommateurs enquêtés
se disent aptes à payer marginal pour acquérir le riz
importé à un prix élevé lorsqu'on considère
sa capacité de cohésion. Pour eux le riz local n'a rien à
envier au riz importé lorsqu'on se réfère à cette
variable. Le prix marginal implicite de cette variable est positif et
égal à 18,88FCFA. Un essai de comparaison entre ce prix implicite
et celui du riz importé nous montre que la cohésion du riz local
après cuisson est mieux appréciée par les
enquêtés (18,88 FCFA contre 11,14 FCFA pour le riz
importé).
La forte capacité de
gonflement
D'après nos enquêtes, la capacité de
gonflement est le second facteur d'appréciation du riz local
après le goût. Les résultats de l'estimation du
modèle indiquent une corrélation positive entre cette variable et
la variable expliquée. Avec un prix marginal implicite égal 13,84
FCFA et une élasticité de 0,48 ; les consommateurs de notre
échantillon acceptent une augmentation du prix du riz local de 13,84
FCFA lorsque sa capacité de gonflement est reconnue bonne. Autrement
dit, un riz local de forte capacité de gonflement peut induire un
accroissement de 48% de son prix moyen. Ce résultat vient confirmer
celui de Adégbola et Diagne (2006) qui avaient montré que la
capacité de gonflement fait partie des critères
d'appréciation du riz local dans leurs zones d'études.
La texture du riz local
Les résultats de la régression du modèle
hédonique relatif au riz local montrent que le coefficient de la
variable binaire texture dure du riz local est positif et significatif
au seuil de 5%. Cela signifie que les composantes de notre échantillon
apprécient bien la texture dure du riz local.
La taille du ménage
Cette caractéristique du ménage est
négativement corrélée avec l'aptitude des consommateurs
à payer cher le riz local. Ce signe négatif du coefficient
indique que plus la taille du ménage augmente, plus le revenu par membre
du ménage diminue. Ainsi, le chef de ménage sera moins
disposé à acheter cher le riz à faire consommer par les
membres du ménage. Avec une valeur implicite égale à -7,65
FCFA, il ressort qu'une augmentation d'une unité de la taille de
ménage engendrerait une réduction de 7,65 FCFA l'aptitude de nos
enquêtés à payer le riz local.
Le niveau d'instruction du chef de
ménage
Cette variable est introduite dans le modèle pour
connaître l'influence du niveau d'instruction du chef de ménage
sur le prix d'achat du riz local.
Les résultats de la régression indiquent une
signification au seuil de 10% pour le coefficient de cette variable avec un
signe attendu. Cela signifie que le ni veau d'instruction du chef de
ménages influence positivement l'aptitude à acheter le riz local
cher. Ainsi les chefs de ménage instruits sont prêts à
acheter plus cher le riz local que les chefs non instruits. La principale
raison pouvant justifier cette attitude, est leur niveau d'éducation
leur permettant de mieux s'informer sur les atouts dont regorge le riz local
surtout ses qualités organoleptiques.
La valeur implicite étant égale à 18,60
FCFA, nous pouvons conclure que les chefs instruits sont en mesure de payer le
riz local à 18,60 FCFA plus cher comparativement aux chefs de
ménage non instruits.
CONCLUSION
L'estimation du modèle hédoniques
révèle que les principaux attributs affectant le prix du riz
importé sont l'absence de corps étrangers, la
disponibilité durant toute l'année, la blancheur, l'arôme,
la cohésion des grains après cuisson et le revenu total du
ménage. Toutes ces variables influencent positivement le prix du riz
importé dans les marchés. Ainsi les prix marginaux implicites
sont de 45,3FCFA pour l'absence de corps étrangers, 46,25FCFA pour la
disponibilité toute l'année, 51,66 FCFA pour la blancheur,
16,21FCFA pour l'arôme et 14,11FCFA pour la cohésion des
grains.
Quant au riz local, les consommateurs sont disposés
à payer marginal pour bénéficier des attributs tels que la
cohésion (18,88 FCFA) et la forte capacité de gonflement
(13,84FCFA). Pour les autres attributs tels que la disponibilité en
période pré récolte, la disponibilité en
période de récolte ou de post-récolte et le goût,
les prix marginaux implicites sont négatifs : -48,24 ; -39,94
et -51,56FCFA respectivement. Plusieurs efforts restent donc à faire
pour changer cette tendance.
En définitif, les résultats obtenus au terme de
cette étude montrent que le riz local présente plusieurs
insuffisances comparativement au riz importé, ce qui justifie
l'attachement qu'ont les consommateurs pour le riz importé. Pour
renverser cette tendance en faveur du riz local, plusieurs efforts impliquant
des acteurs à différent niveau restent à faire.
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Annexe 1 : Effets marginaux des variables du
modèle hédonique relatif au riz importé
variables
|
dy/dx
|
Std. Err.
|
z
|
P>z
|
[ 95% C.I. ]
|
X
|
Ln(quantité totale riz importé consommé)
|
lqttot~p
|
-.0112124
|
.01375
|
-0.82
|
0.415
|
-.038163
|
.015738
|
4.77042
|
disponibilité du riz importé toute
l'année
|
dispo3*
|
.1471693
|
.02772
|
5.31
|
0.000
|
.092847
|
.201491
|
.718519
|
absence de corps étrangers dans riz importé
|
atribi2*
|
.1441502
|
.02635
|
5.47
|
0.000
|
.092513
|
.195788
|
.355556
|
riz importé de couleur blanche
|
atribi3*
|
.1643878
|
.02311
|
7.11
|
0.000
|
.119084
|
.209692
|
.985185
|
riz importé parfumé (arôme)
|
atribi5*
|
.0449081
|
.02316
|
1.94
|
0.053
|
-.000494
|
.09031
|
.422222
|
riz importé collant
|
atribi7*
|
.0515881
|
.03057
|
1.69
|
0.092
|
-.00833
|
.111506
|
.859259
|
Ln(Revenu total du ménage)
|
lcasod1
|
.0043422
|
.00928
|
0.47
|
0.640
|
-.013855
|
.022539
|
13.0574
|
Ln(taille ménage)
|
lcasod2
|
.04083
|
.02328
|
1.75
|
0.079
|
-.004798
|
.086458
|
1.56551
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
y = Fitted value (predict) = 5.8789887
(*) dy/dx is for discrete change of dummy variable from 0 to
1
Annexe 2: Effets marginaux des variables du
modèle hédonique relatif au riz local
Variables
|
dy/dx
|
Std.err.
|
z
|
P>z
|
[ 95%
|
C.I. ]
|
X
|
Ln(quantité totale riz local consommé)
|
lqttot~c
|
.0406141
|
.0218
|
1.86
|
0.062
|
-.002119
|
.083348
|
5.13822
|
Disponilité du riz local en période pré
récolte
|
dispo1*
|
-.1685804
|
.0434
|
-3.88
|
0.000
|
-.253642
|
-.083519
|
.483146
|
Disponilité du riz local en période pré
récolte
|
dispo2*
|
-.1395758
|
.03492
|
-4.00
|
0.000
|
-.208015
|
-.071136
|
.41573
|
Riz local collant
|
atribl5*
|
.0659907
|
.03838
|
1.72
|
0.086
|
-.009225
|
.141207
|
.269663
|
Riz local de bon goût
|
atribl6*
|
-.1801879
|
.05124
|
-3.52
|
0.000
|
-.28062
|
-.079756
|
.932584
|
Riz local à forte capacité de gonflement
|
atribl8*
|
.0483815
|
.02898
|
1.67
|
0.095
|
-.008418
|
.105181
|
.47191
|
Riz local à texture dure
|
atribl9*
|
.1261518
|
.05926
|
2.13
|
0.033
|
.01
|
.242304
|
.831461
|
Ln(taille ménage)
|
lcasod2
|
-.1450048
|
.04399
|
-3.30
|
0.001
|
-.231231
|
-.058779
|
1.66114
|
Niveau d'instruction du chef ménage
|
Casod4*
|
.064723
|
.03008
|
1.82
|
0.068
|
-.11378
|
.004134
|
.808989
|
Source : Résultats
d'enquête, Juillet-Août 2006
y = Fitted values (predict) = 5.6296267
(*) dy/dx is for discrete change of dummy variable from 0 to
1
|