Université de Kisangani
BP .2012
FACULTE DE DROIT
Département de droit économique et
social
Mécanismes de lutte contre la crise
alimentaire et conséquences sur la forêt et le
climat
(Étude menée en République
Démocratique du Congo, Province Orientale, de 2007 à 2009)
Par
Joseph BOLONGO BEKONDI
Mémoire présenté en vu de
l'obtention de diplôme de Licence
en Droit,
département de droit économique et social
Directeur : P.O KUMBATULU SITA
Encadreur : C.T LOKO MATUONO
ANNEE ACADEMIQUE 2008-2009
PREMIERE SESSION
APOLOGIE
« L'humanité doit apprendre à
vivre avec le changement climatique. Mais il ne faut pas qu'il devienne un
autre facteur qui aggrave la faim dans le monde, un autre facteur de division
entre les pays riches et les pays pauvres. Les problèmes
environnementaux mondiaux ne pouvaient se résoudre indépendamment
des enjeux du développement. »
Joseph BOLONGO BEKONDI
DEDICACE
A toi notre mère LITUKA ASINGI
A toi notre chère épouse Micheline ALIFE KOY
A tous nos enfants
REMERCIEMENTS
Au seuil de ce mémoire couronnant la fin de nos
études Universitaires, nous avons l'agréable plaisir d'exprimer
nos sentiments de gratitude à toutes les personnes qui nous ont
assistées pour son accomplissement.
Nos remerciements s'adressent premièrement à
l'éternel Dieu notre providence pour nous avoir garanti la santé
et pourvoir à nos besoins lors de ce long parcours académique.
Nous remercions également le Professeur Ordinaire
Charles KUMBATULU SITA BANGBASA et le Chef de Travaux Glombert LOKO MATUANO,
respectivement directeur et encadreur, pour les sacrifices consentis afin de
parfaire ce mémoire, en dépit de leurs multiples
préoccupations.
Qu'il nous soit permis aussi d'exprimer notre gratitude
à notre très chère épouse Micheline ALIFE KOY pour
les efforts consentis afin de nous soutenir dans nos études ;
monsieur Charles LIPASO, KIRONGOZI, Patient KISUBI LIFENYA, J.P. ENYIMO,
demoiselle Lydie MORISHO pour leurs appuis logistiques et morale.
Enfin nous remercions notre grande soeur Marie POSHO BOLIFI et
son mari LISUNGI ITOTA, soeur Rebecca BIASILA, notre neveux Jacques YAETEMA,
ainsi que tous les compagnons de lutte : Justin NDARABU, Nestor MADRIAZI,
Nadine DIELWA, Didier BOLIKO...A tous nous disons merci.
Joseph
BOLONGO BEKONDI
SIGLES ET ABREVIATIONS
· ACF : Action Contre la Faim
· AM : Arrêté ministériel
· Arr. Dép. : Arrêté
Départemental
· CABEN : Cacaoyère de Bengamisa
· CAPSA : Centre d'Adaptation et de Production des
Semences Améliorées
· CEPOR : Conférence Economique de la Province
Orientale
· Cfr : Confer
· DSRP : Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté
· FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
· FD : Faculté de Droit
· FNCA : Fond National de Crédit Agricole
et Artisanal
· IFA : Institut Facultaire de sciences Agronomiques
· ILD : Initiatives locales de développement
· INERA : Institut Nationale pour l'Etude et la
recherche
Agronomique
· ISEA : Institut Supérieur d'Etude Agronomique
· ISEAV : Institut Supérieur d'Etude Agronomique
et Vétérinaire
· J.O.Z : Journal Officiel du Zaïre (RDC)
· NEPAD : Nouveau Partenariat Africain pour le
Développement
· ONGD : Organisation Non Gouvernementale de
Développement
· ONU : Organisation des Nations Unies
· P : Page
· PHC : Plantation et Huilerie du Congo
· PK : Point Kilométrique
· PME : Petite et Moyenne Entreprise
· PMI : Petite et Moyenne Industrie
· PNR : Programme National de Riz
· PO : Province Orientale
· PUF : Presse Universitaire de France
· RDC : République Démocratique du
Congo
· SENADEP : Service National de
Développement et Promotion de la Pêche
· SENAFIC : Service de Fertilisant et Intrant
connexe
· SENAMA : Service National de Motorisation
agricole
· SENAQUA : Service National d'Aquaculture
· SENASEM : Service National de Semences
· SNSA : le Service National de Statistiques
Agricoles
· SNV : Service National de Vulgarisation
· SQAV : Service de la Quarantaine Animale et
Végétale
· UNIKIS : Université de Kisangani
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
REMERCIEMENT
SIGLES ET ABREVIATIONS
0. INTRODUCTION
.........................................................................................9
0.1. Définition du sujet 9
0.2. ETAT DE LA QUESTION 10
0.3. PROBLEMATIQUE 12
0.4. HYPOTHESES 13
0.5. OBJECTIFS 13
0.6. INTERETS 14
0.7. METHODOLOGIE 14
0.8. ECHANTILLONNAGE 15
0.9. DIFFICULTES RENCONTREES 16
0.10. DELIMITATION 16
CHAPITRE UN : CONSIDERATIONS GENERALES
17
I.1. LA CRISE ALIMENTAIRE : 17
I.1.1. Définition : 17
I.2. LA FORET 21
I.2.1. Définition 21
I.2.2. Importance de la Forêt 22
I.2.3. Protection, Aménagement et Reconstitution de
la Forêt 24
I.2.4. Etat de la Forêt dans la Province Orientale
26
I.3. LE CLIMAT 27
I.3.1. Définition 27
I.3.2. Le changement climatique 28
I.3.3. MECANISMES DE REGULATION DU CLIMAT 31
CHAPITRE DEUX : LA PROMOTION DE L'AGRICULTURE
32
II.1. ROLE DE L'ETAT DANS LA PROMOTION DE L'AGRICULTURE 32
II.1.1. Organisation Institutionnelle 33
II.1.2. Investissement dans le secteur agricole
35
II.1.3. La recherche et la formation dans le secteur agricole
39
II.1.4. Cadre juridique du secteur agricole 43
II.2. TYPES D'AGRICULTURES PRATIQUEES EN PROVINCE ORIENTALE
47
II.2.1. Sortes de cultures 47
II.2.2. techniques culturales pratiquées en
province orientale 49
II.3. EFFETS DE L'AGRICULTURE SUR LA FORET ET LE CLIMAT 51
II.3.1. Effet sur la forêt 51
II.3.2. Effets sur le climat 54
CHAPITRE TROIS : LE DEVELOPPEMENT RURAL
57
III.1. CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE 57
III.1.1. Organisation institutionnelle 57
III.1.2. La réglementation du secteur de
développement rural 58
III.2 AMENAGEMENT DES INFRASTRUCTURES SOCIO-ECONOMIQUES DE
BASE 58
III.2.1 Les voies de communication 59
III.2.2 ECOLES ET HOPITAUX 63
III.2.3 EAU ET ELECTRICITE 65
III.3. LA LUTTE CONTRE L'EXODE RURAL ET ORGANISATION PAYSANNE
66
III.3.1. La lutte contre l'exode rural 66
III.3.2. Organisation paysanne 68
III.4. EFFETS DE DEVELOPPEMENT RURAL SUR LA FORET ET LE
CLIMAT 69
III.4.1. Effet sur la forêt 69
III.4.2. Effets sur le climat 70
CONCLUSION 71
BIBLIOGRAPHIE 76
LISTE DES TABLEAUX 79
1. INTRODUCTION
0.1. Définition du sujet
La crise alimentaire qui sévit dans le monde n'a pas
épargné la RDC. Elle vient s'ajouter à d'autres
problèmes cruciaux que connaît l'humanité : le
réchauffement climatique et la crise financière. Si les causes de
cette dernière ont été imprévisibles, tel n'est
pas le cas pour le réchauffement climatique qui a fait l'objet depuis
les années cinquante, des études profondes à l'issue
desquelles des prévisions et des avertissements ont été
publiés.
Nous en voulons pour preuve le rapport de Massachusetts
Institut of Techonogy (M.I.T) publié en 1972, dans lequel une sonnette
d'alarme a été lancée en ces termes : «si le
développement économique et démographique se poursuit sur
la base des tendances actuelles, la planète terre parviendra dans moins
d'un siècle aux bornes de la croissance. La famine et la pollution
provoqueront en toute probabilité un effondrement subi et
incontrôlable de la population et de la capacité industrielle. Or
dans une telle hypothèse, les pays en voie de développement
seront les premiers et les plus durement touchés » 1(*)
Même si la communauté internationale était
avertie de ce danger depuis la conférence de STOCKHOLM en 1972, aucun
effort n'est fourni pour diminuer la pollution, si ce n'est des incriminations
faites aux pays du tiers monde afin d'arrêter la déforestation.
Le principe « pollueur payeur » soulevé à la
conférence de KYOTO en 1997 pour aider les pays du tiers monde à
préserver leurs forêts afin de maintenir l'équilibre
climatique, est resté un slogan à cause de la mauvaise
volonté des Etats industrialisés (USA et CHINE). Pourtant, le
monde se trouve confronté à deux grandes crises
liées : le réchauffement climatique et la crise alimentaire
mondiale.
0.2. ETAT DE LA QUESTION
Depuis que la crise alimentaire mondiale a été
sentie en 2007, des forces se mobilisent tant au niveau internationale,
régional que national pour l'endiguer. C'est dans ce cadre que s'est
organisée une conférence sur l'agriculture écologique au
siège de l'Union Africaine à Addis Abéba en Ethiopie du 26
au 28 novembre 2008 sur le thème : «Atténuer le
changement climatique et assurer la sécurité alimentaire et
l'autonomie pour les sources de revenus ruraux en Afrique ». Cette
conférence a réuni 80 personnes venant de 15 pays d'Afrique parmi
lesquelles, les économistes, les agronomes et des
écologistes2(*).
Dans ces assises les participants ont relevé les
défis auxquels l'agriculture africaine doit faire face, dont la crise
alimentaire mondiale, le changement climatique et les conflits engendrés
par le développement inapproprié des biocombustibles. En outre,
la dégradation des terres et la consécutive perte de
fertilité, exacerbée par les parasites et les pluies
irrégulières associées au changement climatique, sont des
entraves majeures à l'amélioration de la production agricole en
Afrique. En conséquence, de nombreuses communautés locales
souffrent d'insécurité alimentaire dans les pays africains. Les
politiques commerciales ont aussi des implications sur la
sécurité alimentaire et le développement rural, qui
doivent être dressés afin d'arrêter la progression
inquiétante de la dépendance vis-à-vis de l'importation
des denrées alimentaires et la croissante vulnérabilité
aux chocs externes.
Les participants ont discuté du besoin des politiques
nationales appropriées pour soutenir et renforcer les capacités
des paysans et des professionnels agricoles à mettre en oeuvre et
à faire adopter l'agriculture écologique/biologique en Afrique.
Les principales barrières et les défis majeurs pour une
transition vers une agriculture écologique ont été
identifiés et des recommandations ont été faites pour
esquisser un plan de route en termes de politique, de plan d'action et de
coopération régionale et internationale.
Nicolas BRICAS parlant de la crise alimentaire mondiale, a
relevé les causes qu'il a regroupées en deux catégories
dont, les causes structurelles et les causes conjoncturelles auxquelles il a
proposé des solutions dont, la promotion des activités agricoles
par l'investissement dans la recherche, la lutte contre les maladies,
l'utilisation de matériel végétal amélioré,
la lutte contre l'exode rural, l'atténuation de la croissance
démographique...3(*)
Répondre aux besoins mondiaux des produits agricoles
sans causer des dommages à l'environnement et corriger les
inégalités existantes est une entreprise gigantesque. Bien
d'autres chercheurs, experts en économie, en agronomie et en
écologie ont fait des études sur la question de
réconcilier grâce aux progrès techniques, aux changements
sociaux, l'homme et le climat. Nous pouvons citer en passant Joseph KLATZMAN
(aide alimentaire et développement rural) ; Robert BARBAULY
(Biodiversité) ; Jean CLEMENT (disparition de la
forêt) ; George CAZES (les critères du
sous-développement)...
Tous ces auteurs aboutissent aux mêmes conclusions. Les
solutions qu'ils proposent sont similaires à celles que nous avons
décrites précédemment, de sorte que si l'on se mettait
à les énumérer, on tomberait dans une
répétions fastidieuse.
Dans cette étude, il n'est pas question de rechercher
d'autres mécanismes nouveaux pour résoudre ce conflit entre
l'homme et son environnement, mais de chercher parmi ceux proposés par
les experts, chacun dans son domaine spécifique, les mécanismes
adaptés aux réalités socio-économique de la RDC et
examiner le cadre institutionnel et juridique dans lequel ils peuvent
s'appliquer, ainsi que les conséquences qui en découlent.
0.3. PROBLEMATIQUE
Alors que les écologistes consacrent leur espoir sur la
forêt à cause de sa capacité d'absorption de gaz
carbonique, principale cause du réchauffement climatique, des voix
s'élèvent partout dans le monde pour augmenter la production
agricole afin de faire face à la crise alimentaire.
Au niveau national, comme les entreprises minières sont
asphyxiées par la crise financière, toute la politique du pays
tourne maintenant autour de l'agriculture :
- En Août 2008, le ministre de l'agriculture octroi des
fonds à la province de l'Equateur et de Bandundu pour la promotion de
l'agriculture afin de faire face à la crise alimentaire ;
- Le 24 Septembre 2008, le Président de
l'Assemblée nationale fait une recommandation au peuple congolais en ces
termes : « que chacun cherche un lopin de terre pour
cultiver » ;
- Le 06 Décembre 2008, le Président de la
République, dans son adresse à la nation à l'occasion de
son troisième anniversaire au pouvoir, annonce l'arrivée de 700
tracteurs agricoles pour relancer l'agriculture ;
- En Janvier 2009, le Gouverneur de Katanga lance un vaste
programme de relance agricole en dotant chaque territoire de sa province d'un
tracteur agricole. Cette opération sera suivie d'un symposium au mois
d'Avril sur le thème : « après mine au
Katanga », mettant en exergue l'agriculture ;
- En Juillet 2009, arrivée à Kisangani de 31
tracteurs et autres engins agricoles et le lancement du programme
dénommé « Révolution agricole en
Province Orientale »...
Cependant, toutes ces démarches ne peuvent se
réaliser sans porter atteint à la forêt, dans un pays comme
la RDC où l'agriculture itinérante sur brûlis est plus
pratiquée. Or cette forêt tant convoitée par la
communauté internationale doit être protégée pour la
survie de l'humanité toute entière.
Ainsi la forêt se trouve donc aux antipodes de la crise
alimentaire et du réchauffement climatique. Elle suscite des
intérêts divergents entre exploitation commerciale, protection de
la nature et survie des populations locales. Cette situation a suscité
en nous des questionnements autour desquels s'articule cette étude,
à savoir :
- Quels sont les mécanismes adaptés pour lutter
contre la crise alimentaire en RDC ?
- Quels impacts auront-ils sur la forêt et le
climat ?
- Existe-t-il un cadre juridique adapté dans lequel
cette lutte peut être engagée ?
0.4. HYPOTHESES
Les réponses provisoires que nous pouvons donner
à ces questions peuvent se résumer en ces termes : La
promotion de l'agriculture et le développement rural seraient des
mécanismes pour lutter contre la crise alimentaire en RDC. Etant
donné qu'il n'existe pas un cadre juridique et une politique agricole
adaptée, ils auraient des conséquences néfastes sur la
forêt et le Climat.
0.5. OBJECTIFS
Les objectifs de cette étude visent à trouver
les mécanismes adaptés pour lutter contre la crise alimentaire en
RDC et à examiner le cadre juridique et institutionnel dans lequel cette
lutte peut être menée.
0.6. INTERETS
L'intérêt que revêt ce travail est double,
à savoir théorique ou scientifique et pratique. Sur le plan
scientifique, ce travail voudrait relever les faiblesses de la
législation congolaise en matière d'agriculture et de protection
de l'environnement afin de proposer des « lege
feranda ». Sur le plan pratique, nous voulons prévenir
les conséquences que la lutte contre la crise alimentaire peut avoir sur
la forêt et par ricochet sur le climat.
0.7. METHODOLOGIE
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons recouru
successivement à la méthode juridique et l'analyse
fonctionnelle : la première nous a facilité l'exposé,
l'analyse et l'interprétation du droit positif d'une part et d'autre
part, la confrontation de ces droits aux faits.
Quant à l'analyse fonctionnelle, nous avons suivi le
protocole descriptif de Robert King MERTON qui procède de la
manière suivante4(*) :
1) Identifier la fonction fondamentale que le système
doit assumer (dans cette étude, il n'est pas question du système
social comme préconisé par Merton, mais de
l'écosystème, donc du système écologique) :
l'écosystème est un ensemble écologique constitué
par un milieu et des êtres vivants, entre lesquels existent des relations
énergétiques. Chaque élément remplit une fonction
dans ce système. L'homme par son travail dégage le co2
(gaz carbonique) que les plantes utilisent pour croître et l'homme
exploite la forêt pour sa survie.
2) Opérer une distinction entre fonction manifeste
voulue et reconnue par les participants au système et fonctions latentes
qui ne sont ni voulues ni perçues par les auteurs : la culture
itinérante sur brûlis permet aux cultivateurs de vivre (fonction
manifeste). Tandis que la déforestation et l'émission du
CO2 ne sont ni voulues, ni perçues par les auteurs (fonctions
latentes).
3) Discerner la dysfonction qui à l'inverse de la
fonction, réduit les possibilités d'adaptation ou d'ajustement
du système : l'émission du CO2 provoque le
réchauffement climatique (dysfonction) qui peut aboutir à
l'élimination de toute vie sur terre.
4) Etablir une alternative fonctionnelle impliquant des
équivalents fonctionnels et des substituts, c'est-à-dire des
alternatives aux déficiences fonctionnelles d'un système ou d'un
sous-système qui devient inapte à remplir certaines
fonctions : l'agriculture peut atténuer le réchauffement
climatique par la production du biocarburant comme substituts du
pétrole.
Ces deux méthodes seront donc
complétées par la technique documentaire et de l'interview. La
première nous a permis de consulter des lois, ouvrages, revues... ayant
trait à notre sujet. L'interview nous a permis d'entrer en contant avec
les agents administratifs provinciaux, les ingénieurs agronomes ainsi
que les cultivateurs.
0.8. ECHANTILLONNAGE
Pour collecter les données, nous avons utilisé
l'échantillonnage empirique ou non probabiliste et la technique choisie
était celle de quota ou à choix raisonné qui
s'élabore de la manière suivante :
- Construction du modèle réduit du plan
d'enquête : elle consiste à déterminer les diverses
catégories ou les différentes sortes de caractéristiques
en relation avec les objectifs de l'enquête. Nous avons choisi quatre
localités qui se situent à l'hinterland de Kisangani où la
déforestation s'est accrue ces dernières années et
où l'agriculture se pratique d'une manière intense par des
techniques traditionnelles. Il s'agit des localités d'Alibuku (PK 35
ancienne route Buta), Banango (PK 21 Route Ubundu), Yasikia (PK 31 Route Opala)
et Mobi (PK 33 Route Lubutu) ;
- La fixation de quota : consiste à fixer
à chaque enquêteur une quantité de personne à
interroger ou des cas à retenir. Nous avons fixé un quota de 30
personnes par localité pour faire un total de 120 personnes qui ont
constitué notre échantillon.
0.9. DIFFICULTES RENCONTREES
En plus des difficultés financières et
matérielles que rencontrent tout chercheur, nous étions
butés à des difficultés substantielles liées au
contenu de notre sujet qui embrasse deux domaines différents, celui de
l'économie (crise alimentaire et agriculture) et de l'environnement
(forêt et climat).
Notons également le comportement antipathique que
certains agents administratifs ont manifesté à notre égard
lors de collecte des données et celui des paysans qui ont
été réticent à nos questions suite aux
déceptions résultat des promesses électorales et celles
des ONGD qui tardent à se réaliser.
0.10. DELIMITATION
De façon spatio-temporelle, notre étude porte
sur la Province Orientale, de 2007 à 2009. De façon structurelle,
outre l'introduction et la conclusion, ce travail est subdivisé en trois
chapitres qui sont traités tour à tour de la manière
suivante :
- Le premier chapitre sur les considérations
générales ;
- Le deuxième chapitre sur la promotion de
l'agriculture et
- Le troisième chapitre parle du développement
rural.
CHAPITRE UN : CONSIDERATIONS GENERALES
Dans ce chapitre il est question de développer les
notions de crise alimentaire, de la forêt et du climat.
I.1. LA CRISE ALIMENTAIRE :
I.1.1. Définition :
Avant de définir la crise alimentaire, analysons
d'abord séparément les deux concepts qui la composent, à
savoir crise et aliment :
- crise : La crise
est un concept générique utilisé dans plusieurs domaines
tel que la médecine, la psychologie, la politique, l'économie...
Dans tous ces domaines elle signifie presque la même chose : moment
périlleux ou décisif, période de désarroi,
recherche pénible d'une solution, défaut, manque, pénurie,
affaiblissement, chute...
· En Médecine : Dans ce domaine la crise est
un changement rapide qui se produit au cours d'une maladie (crise de
malaria)
· En Psychologie : La crise est une manifestation
violente d'un sentiment ou un enthousiasme soudain pour quelque chose.
· En Politique : La crise gouvernementale par
exemple est une période intermédiaire entre la démission
et la formation d'un gouvernement.
· En Economie : La crise est une rupture
d'équilibre entre la production et la consommation,
caractérisée par un effondrement des cours et de prix, des
faillites et les chômages5(*). C'est cette dernière définition qui
nous concerne dans le cadre de cette étude.
Bref, la crise est une rupture d'équilibre entre
l'offre et la demande des biens et services, génératrice d'un
processus dépressif de la conjoncture économique.
- Aliment : est toute
substance absorbée par une plante ou ingérée par un animal
en vue de contribuer à la couverture de leurs besoins nutritifs (2), ou
tout simplement toute substance qui sert à la nutrition des êtres
vivants. (3)
La question d'alimentation étant inhérente
à la vie de l'homme, la communauté internationale fait d'elle une
de ses préoccupations majeures. La création de la FAO en 1945 par
l'ONU en vue de mieux répartir les produits agricoles et de lutter
contre la faim dans le monde prouve cette volonté, qui sera
consacrée dans la déclaration universelle des droits de l'homme
à son article 25 en ces termes : « Toute personne a droit
à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son
bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation,
l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les
services sociaux nécessaires... »
a.
Insécurité : Les
différentes guerres qui ont déchiré l'Est de la RDC ne
sont pas totalement démantelées. Il existe encore ça et
là des postes résiduels d'insécurité. Tel est le
cas des Mai-Mai à Opala et à Bafwasende, LRA (Lord
Résistance Armey) dans le Haut et Bas - Uélé et des
éleveurs Mbororo en quête de pâturage, qui tuent, violent,
pillent et font déplacer des villages entiers. Cette situation
d'insécurité ne permet pas aux populations de vaquer à
leurs activités. Elles meurent de faim alors que les poissons meurent de
vielleuse dans les lacs, et les animaux dans les parcs.
b. Manque d'infrastructure :
l'absence d'un réseau convenable d'infrastructure routière en
direction des territoires mal reliés ou jusqu'ici totalement
enclavés est l'une des causes de la crise alimentaire en Province
Orientale. L'exemple du territoire d'OPALA et de YAUMA où du riz pourrit
alors qu'à Kisangani les gens se bousculent dans les rizeries pour avoir
du riz, est plus éloquent.
Cette situation pousse la population de campagne à
abandonner l'agriculture pour se réfugier soit dans les centres urbains
où ils exercent des activités économiques du secteur
informel, soit dans des mines d'or et de diamant.
I.2. LA FORET
Dans cette section, nous définissons la forêt et
soulignons son importance avant de parler de la protection,
l'aménagement et de l'état de la forêt en Province
Orientale.
I.2.1. Définition
La forêt est une formation végétale
composée principalement d'arbres mais aussi d'arbustes et
d'arbrisseaux7(*).
La Loi N° 011 - 2002 du 29 Août 2002 portant code
forestier nous donne une définition plus large de concept forêt.
Selon cette Loi, il faut entendre par forêt :
- Les terrains recouverts d'une formation
végétale à base d'arbres ou d'arbustes aptes à
fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage et exercer un effet
direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime des eaux.
- Les terrains qui, supportant précédemment un
couvert végétal arboré ou arbustif, ont été
coupés à blanc ou incendiés et font l'objet
d'opérations de régénération naturelle ou de
reboisement.
Par extension, sont assimilées aux forêts, les
terres réservées pour être recouvertes d'essences ligneuses
soit pour la production du bois, soit pour la régénération
forestière, soit pour la protection du sol.
Il ressort de cette définition légale deux
aspects. Premièrement la forêt est définie par rapport aux
éléments qui la composent : les terrains et les arbres ou
arbustes. Le deuxième aspect de cette définition est lié
à sa fonction écologique : abriter la faune sauvage et
exercer un effet direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime
des eaux.
Cette définition soulève le problème de
séparation entre le code forestier et le code foncier, en
intégrant le mot terrain dans la définition de forêt. Ceci
implique que certaines activités exercées sur le terrain couvert
d'arbres peuvent aussi être considérés comme exploitation
forestière même si la Loi ne le dit pas expressément. Tel
est le cas d'un agriculteur qui défriche la forêt pour ses
activités agricoles. La soumission des agriculteurs et des exploitants
miniers à la taxe de déboisement qui relève de la
fiscalité forestière en est la preuve.
I.2.2. Importance de la Forêt
L'importance de la forêt peut être
envisagée tant du point de vue socio -économique
qu'écologique.
A. Du point de vue
socio-économique
Depuis la nuit des temps, la forêt représente
pour l'homme non seulement une ressource essentielle mais aussi un milieu de
vie. C'est dans la forêt que l'homme, à toutes les époques,
cherchera refuge en cas de danger. C'est dans la forêt, mère
nourricière, que pendant longtemps il puisera l'essentiel de ses
ressources ; il en tirera le combustible qui lui permettra d'avoir le feu
grâce auquel il dominera les autres espèces, il en cueillera les
fruits ; il en pourchassera la faune ; il y fera paître ses
animaux domestiques ; il y trouvera les matériaux à tout
faire avec lequel il construira des maisons...
Même après l'avènement de l'industrie qui
a concouru à la naissance des grandes villes modernes, la forêt
continue à rester un cadre naturel de vie pour certains peuples.
L'exploitation des bois constitue une des sources de revenus pour les Etats qui
possèdent des vastes étendues des forêts. Son importance
dans le cadre touristique et récréatif n'est pas à
négliger. Elle accueille les populations urbaines qui ressentent la
nécessité de retrouver en forêt le calme et le contact avec
la nature.
B. Du point de vue
écologique
C'est à partir des années 1950 que l'homme a
plus ressenti l'importance de la forêt du point de vue écologique,
quand il s'est rendu compte des impacts de la pollution sur le climat.
La forêt concourt au maintien de l'équilibre
climatique en résorbant les gaz carboniques qui polluent
l'atmosphère. Un hectare de forêt résorbe chaque
année environ cinq tonnes de carbones8(*). La forêt produit aussi l'oxygène et
constitue un puissant régulateur du régime des eaux. Elle
empêche des crues brutales et atténue les effets de la
sécheresse.
I.2.3. Protection, Aménagement et
Reconstitution de la Forêt
Longtemps pétri de l'idée qu'il fallait lutter
contre la nature pour survivre, les sociétés occidentales se sont
développées dans un esprit de l'opposition entre l'homme et la
nature, avec le postulat que cette dernière est surpuissante et sans
limites. Or, il apparaît clair aujourd'hui que les ressources de la
planète sont limitées, que ses mécanismes de
régulation sont ébranlés, que nous sommes au moins en
partie responsables de cette évolution et que la qualité de notre
avenir dépend de nos capacités à réagir9(*).
La prise de conscience de la communauté internationale
a été manifestée dans la déclaration de RIO (5 Juin
1992) dans son principe 3 en ces termes : « le droit au
développement doit être réalisé de façon
à satisfaire équitablement les besoins relatifs au
développement et à l'environnement des générations
présentes et à venir ». Ce principe a donné
naissance à la notion de «développement durable ».
Selon ce courant de pensée, les ressources naturelles doivent être
exploitées de façon à améliorer les conditions
d'existence des communautés humaines tout en restant dans les limites de
la capacité de charges des écosystèmes.
En RDC, la Loi N°011 - 2002 du 29 Août 2002 portant
code forestier a prévu des mesures relatives à la protection,
à l'aménagement et la reconstitution des forêts.
A. La protection des forêts
Le domaine forestier est protégé contre toute
forme de dégradation ou de destruction du fait notamment de
l'exploitation illicite, des incendies et brûlis ainsi que des
défrichements et déboisements abusifs.
L'exploitation forestière est soumise à la
condition de souscription d'un contrat de concession forestière pour les
concessionnaires et l'autorisation d'exploitation personnelles pour les
exploitants forestiers, moyennant des taxes y afférentes. Dans le but de
protéger la diversité biologique forestière,
l'administration chargée des forêts peut, même dans les
zones forestières concédées, mettre en réserve
certaines essences ou édicter toutes restrictions qu'elle juge
utiles.
Des mesures doivent être prises pour protéger la
forêt contre les incendies et brûlis par la formation des
brigades chargées de la lutte contre les feux, de la sensibilisation, de
la formation et de l'encadrement des populations locales, ainsi que par la
création des postes d'observation dans certaines régions,
particulièrement celles menacées d'incendies.
Le déboisement et défrichement sont soumis
à l'obtention d'un permis de déboisement, pour toute personne
qui, pour les besoins d'une activité minière, industrielle,
urbaine, touristique, agricole ou autre, est contrainte de déboiser une
portion de forêt.
Ce permis n'est exigé pour les activités
agricoles que si la superficie à déboiser est supérieure
ou égale à 2 hectares. Dans tous ces cas, le déboisement
est soumis à une taxe destinée à alimenter le fonds
forestier national affecté au reboisement.
B. L'aménagement des
forets
Le code forestier de 2002 définit l'aménagement
forestier comme l'ensemble des opérations visant à définir
les mesures d'ordre technique, économique, juridique et administratif de
gestion des forêts en vue de les pérenniser et d'en tirer le
maximum de profit. Ainsi, toute activité de gestion et d'exploitation
forestière est soumise à l'élaboration préalable
d'un plan d'aménagement forestier. Ce plan divise le domaine forestier
en unités forestières d'aménagement aux fins
d'exécution des tâches de planification, de gestion, de
conservation, de reconstitution et d'exploitation des ressources
forestières. Le découpage est réalisé en
considération des caractéristiques forestières propres
à chaque zone et des objectifs de la politique forestière
nationale.
Pour chaque unité forestière, le plan
d'aménagement évalue l'état des ressources
forestières, fixe les mesures et détermine les travaux requis
pour leur conservation et les modalités de leur exploitation. Ce plan
est préparé soit par l'administration de forêts soit sous
son contrôle, par des organismes ou bureaux d'études
qualifiés. Dans toutes ces démarches, les populations riveraines
doivent être consultées avant que le plan soit approuvé par
arrêté du Ministre ayant la forêt dans ses attributions.
C. La reconstitution des forets
L'administration chargée des forêts assure la
reconstitution des forêts à travers l'élaboration et
l'application des programmes de régénération naturelle et
de reboisement qu'elle met à jour périodiquement. Pour y
parvenir, il est créé un fond forestier national émergeant
au budget pour ordre et alimenté notamment par les recettes des taxes de
reboisement et d'autres redevances forestières.
Par l'entremise de ce fond l'Etat encourage l'implication de
tous les citoyens, des communautés locales et des entités
décentralisées dans les opérations de reboisement. Il doit
aussi disponibiliser des plantes et graines d'essences forestières de
qualité.
I.2.4. Etat de la Forêt dans la Province
Orientale
La Province Orientale est située au Nord-Est de la RDC.
Elle s'étend du parallèle Sud au 5e parallèle
Nord et du 23e au 3e méridien à l'Est de
Green Winch. Elle s'étend sur une superficie de 503.239 Km2,
soit 21% le (1/5) de la superficie totale du pays. Sur le 503.239 km2, la
forêt couvre une superficie de 370.000 Km2, soit 73% de la superficie de
la province, dont 43.569 hectares constitués de 35 réserves non
gardées en voie de disparition dissimilées dans tous les
districts, hormis le parc de Garamba et le réserve à OKAPI
d'Epulu qui sont gardés.
La superficie des forêts concédées
s'élève à 3.012.434 hectares où sont
exploitées différentes catégories de bois, alors que le
processus de reboisement vient a peine d'atteindre 103 hectares seulement, en
raison de 100 ha dans la réserve de Yoko (route UBUNDU) et 3 ha dans la
réserve appelée « boucle de la Tshopo » dans
les environs du Jardin Zoologique de Kisangani10(*).
Sept ans après la promulgation du code forestier, les
mesures relatives à la protection et à l'aménagement des
forêts ne sont pas encore appliquées. Le processus de Zonage
n'étant pas encore entamé les cultivateurs continuent à
défricher la forêt à la mesure de leur force, mettant en
danger même les réserves forestières.
I.3. LE CLIMAT
I.3.1. Définition
Le climat est l'ensemble des phénomènes
météorologiques qui caractérisent pendant une longue
période l'état moyen de l'atmosphère et son
évaluation en un lien donné11(*). Pendant longtemps, les géographes ont
défini le climat par un ensemble de valeurs moyennes concernant les
principaux éléments de l'atmosphère :
température, tranche de pluies, durée d'insolation...Ce
procédé présente un grave inconvénient, par ce
qu'il ne tient pas compte des combinaisons véritables
c'est-à-dire de la collection complète des temps qui composent
habituellement le climat. Il ne tient pas compte non plus de la durée
des divers temps, c'est-à-dire du rythme qui règle leur
succession12(*).
Le climat d'une région résulte d'une certaine
combinaison des propriétés de l'atmosphère
(intensité des diverses radiations, températures,
humidités, composition chimique, vent, état électrique,
etc.) pendant une longue période.
a. Différence entre climat et
temps
Le climat diffère du « temps » qui
représente une combinaison éphémère et quelques
fois exceptionnelle de ces mêmes éléments. Ainsi, le temps
peut être très froid à Paris pendant quelques
journées d'un hiver particulièrement sévère. Mais
le climat de Paris se caractérise pourtant par la douceur des hivers par
ce que les hivers tièdes y prédominent largement pendant une
période de trente ou cinquante ans. De même le climat
méditerranéen est remarquable par la chaleur et la
sécheresse des étés (combinaison dominante). Mais il
arrive que le temps de certains jours d'été y soit frais et
pluvieux (combinaison exceptionnelle).
I.3.2. Le changement climatique
L'identification des limites écologiques fait
apparaître que la croissance économique est à la fois
créatrice de biens négatifs et destructeurs de biens positifs.
Elle est destructrice de biens positifs par les prélèvements sans
cesse croissants qu'elle entraîne sur les stocks de ressources mondiales.
Elle crée des biens négatifs par le processus désormais
bien connu de la pollution des éléments naturels, le rejet des
déchets de la civilisation industrielle.
a. Pollution atmosphérique
La convention de GENEVE (13-11-1979) donne une
définition assez globale à la pollution atmosphérique. Par
là il faut entendre : « l'introduction dans
l'atmosphère par l'homme directement ou indirectement des substances ou
d'énergie ayant une action nocive de nature à mettre en danger la
santé de l'homme, à causer dommage aux ressources biologiques et
les écosystèmes, à détériorer les biens
matériels et à porter atteinte ou nuire aux valeurs
d'agrément et aux autres utilisations légitimes de
l'environnement». Les études publiées dans les années
1985 démontrent qu'environ 5,4 milliards de tonnes (gigatonne) de
carbone fossile (c'est-à-dire de carbone contenu dans le charbon, le
pétrole, le gaz naturel) sont brûlées annuellement,
libérant près de 20 gigatonnes de gaz carbonique.
Mais ce n'est pas tout : l'homme déboise aussi,
chaque année, des surfaces considérables de forêts pour les
mettre en culture et alimenter la population croissante du globe et les animaux
dont celle-ci se nourrit. A la suite de ce déboisement, le bois et les
branches sont transformés tôt ou tard en gaz carbonique qui
rejoint lui aussi l'atmosphère, les estimations (assez
imprécises) varient entre 6,6 et 17,6 gigatonnes chaque
année13(*).
Il est évident que deux décennies plus tard ces
chiffres soient aggravés suite à l'expansion démographique
qui s'observe ces dernières années et les besoins toujours
croissants en nourriture d'une part et d'autre part, la lutte de leadership
entre les pays industrialisés en quête de la «technologie de
pointe» et de contrôle de l'économie mondiale.
Ces pollutions sont à la base du changement climatique
tel que défini par la convention de RIO (1992) en ces termes :
«le changement climatique sont attribués directement ou
indirectement à une activité humaine altérant la
composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à
la variabilité naturelle de climat observée au cours des
périodes comparables ». Ce changement est dû au gaz
à effet de serre.
b. L'effet de serre
Les gaz à effet de serre tel que défini par la
convention de RIO (1992), sont les constituants gazeux de l'atmosphère
tant naturels qu'anthropiques qui absorbent, réémettent les
rayonnements infrarouges. Le mécanisme physique de l'effet de serre se
déroule de la manière suivante : la moitié environ de
l'énergie solaire est absorbée par la terre, l'autre
moitié est réfléchie vers le ciel par le nuage et le sol
clair ou absorbé par l'atmosphère.
La terre ainsi chauffée renvoie vers le ciel une partie
de cette énergie sous forme de rayonnement de convection ou
d'évaporation. Une couverture faite de vapeur d'eau et de gaz (gaz
à effet de serre) empêche une partie de cette chaleur de retourner
dans l'espace. C'est ce que l'on appelle effet de serre, qui réchauffe
la planète terre. Plus la couche de gaz est épaisse plus le
réchauffement est fort. Sans l'effet de serre, la terre serait
glacée. Mais l'augmentation de l'épaisseur de la serre due
à l'augmentation de l'émission de gaz provoque
l'échauffement de la terre14(*).
Ces gaz à effet de serre avaient été mis
en exergue dans le protocole de KYOTO (11-12-1997) dans le souci de les
réduire substantiellement en commençant par les pays
industrialisés. La conférence de KYOTO avait aussi prévu
un mécanisme de transfert et acquisition de réduction
d'émission appelé « échange de droit
d'émission» et un principe de responsabilité, «le
principe pollueur-payeur». Il s'agit d'un principe simple selon lequel
l'opérateur d'une activité dangereuse qui cause un dommage
à l'environnement doit réparer les conséquences de
celui-ci.
Mais le porté exact du principe est difficile à
cerner. A l'origine l'on n'a sans aucun doute rattaché à
l'idée de prévention. Il s'agit de faire supporter par les
opérateurs « les coûts des mesures de prévention
et de lutte contre la pollution» et limiter, voire interdire les
subventions à cette fin. Mais il ne portait pas sur la réparation
des dommages causés par une pollution15(*). Une décennie après KYOTO rien de
concret ne s'observe dans le sens de réduire les gaz à effet de
serre. Les pays industrialisés continuent à faire tourner leurs
machines ; ceux du tiers monde à déboiser leurs
forêts. Pour le meilleur ou pour le pire ?
I.3.3. MECANISMES DE REGULATION DU
CLIMAT
Après avoir pris conscience de méfaits des
activités de l'homme sur l'environnement, de limite des ressources
naturelles, l'heure est venue pour prendre des décisions car la
qualité de notre avenir dépend de nos capacités à
réagir. Nous devons prendre en compte la nature
intrinsèquement internationale de la plupart des atteintes à
l'environnement qui appellent nécessairement une réaction de la
communauté internationale dans son ensemble ou au moins, de tous les
Etats concernés par une pollution donnée et limitée du
même coup la liberté des Etats d'agir dans ce domaine.
Ces réactions peuvent être
résumées en termes de «lutte contre la pollution et la
conservation de la nature». Cette lutte peut se réaliser en
diminuant la combustion de carbone fossile contenu dans les charbons, le
pétrole et le gaz naturel par l'utilisation des biocarburants, d'une
part et d'autre part, le développement des systèmes agricoles qui
ne menacent pas la forêt, et l'exploitation réfléchie de
cette dernière.
Ces mesures techniques doivent être accompagnées
des mesures sociales liées à la démographie, à
l'avarice des pays industrialisés.
Après ce bref aperçu sur la crise alimentaire,
la forêt et le climat, passons à la préoccupation de savoir
quels sont les mécanismes appropriés pour lutter contre la crise
alimentaire dans la Province Orientale ? Les réponses à
cette question feront l'objet du 2e et 3e chapitres.
CHAPITRE DEUX : LA PROMOTION DE L'AGRICULTURE
Par agriculture, il faut entendre l'ensemble des
opérations de culture et mise en valeur du sol ayant pour but
d'obtenir le produit végétal ou animal utilisé par
l'homme16(*). Dans le
cadre de ce travail la production animale n'est pas prise en compte, nous avons
seulement abordé l'aspect végétal de l'agriculture.
Dans la Province Orientale, l'agriculture est destinée
à rester longtemps encore la base de l'économie et pour le
gouvernement un important objet de planification et de politique
générale. Sans aucune intension de minimiser l'importance
s'attachant au développement de l'industrie qui doit aller plus ou moins
de paire avec celui de l'agriculture.
Constatons que la population de la RDC en
général et de la Province Orientale en particulier est encore
rurale, que l'agriculture occupe environ 70 % de la population et est la source
importante de revenu. Même si l'on se fonde sur un rythme de croissance
industrielle résolument optimiste, il s'écoulera sans doute bien
de temps avant que l'industrie soit capable d'absorber ne serait - ce que la
totalité de l'accroissement de la population.
II.1. ROLE DE L'ETAT DANS LA PROMOTION DE
L'AGRICULTURE
Pour promouvoir l'agriculture, le pouvoir public a un
rôle important à jouer en termes d'incitation et de stimulation
par l'organisation institutionnelle, la recherche, l'investissement et des
appuis juridiques appropriés.
II.1.1. Organisation
Institutionnelle
a. Ministère de l'agriculture pêche
et élevage
Aux termes de l'article 204 de la constitution du 18
février 2006 l'élaboration des programmes agricoles et forestiers
et leur exécution conformément aux normes du planning national,
l'affectation du personnel, des cadres conformément aux dispositions du
statut des agents de carrière de services publics de l'Etat,
l'application de la législation nationale concernant l'agriculture, la
forêt, la chasse et la pêche, l'organisation et le contrôle
des campagnes agricoles , la fixation de prix des produits agricoles... sont de
la compétence exclusive des provinces (donc du ministère
provincial de l'agriculture pêche et élevage)
b. L'inspection provinciale de l'agriculture
pêche et élevage
C'est un service public de l'Etat fonctionnant sous la tutelle
du ministère de l'agriculture, pêche et élevage.
L'inspection provinciale s'occupe de l'encadrement des agriculteurs et joue le
rôle d'intermédiaire entre le chercheur et le producteur pour
l'amélioration et la maximisation de production agricole.
Elle se subdivise en bureaux dont chacun s'occupe d'un service
particulier. Il s'agit de :
- Bureau de production et protection de végétaux
- Bureau de protection de santé animale ;
- Bureau des services généraux
- Bureau d'étude et planification
- Bureau du marché et prix
- Bureau de pêche
- Bureau de services spécialisés et
- La coordination provinciale
Tous ces bureaux fonctionnent sous la coordination de
l'inspecteur provincial et s'élargissent dans les districts par des
cellules sous la coordination des inspecteurs des districts et aux territoires
par des sous cellules animées par l'agronome du secteur et le moniteur
agricole pour la sous cellule de production et protection des
végétaux ; le vétérinaires du secteur et le
vétérinaire recenseur pour la sous cellule protection et
santé animale ; chargé de pêche pour la sous cellule
pêche.
Quant à la coordination provinciale, elle encadre
à son sein une panoplie de services nationaux dont :
- SNSA : le service national de statistiques agricoles
- SENASEM : service national de semences
- SENADEP : service national de développement et
promotion de la pêche
- SENAQUA : service national d'aquaculture
- SENAMA : service national de motorisation agricole
- SNV : service national de vulgarisation
- SENAFIC : service de fertilisant et intrant connexe
- SQAV : service de la quarantaine animale et
végétale
- PNR : programme national de riz
c. Les organisations non étatiques
En plus des organismes étatiques, le secteur agricole
est aussi assisté par un bon nombre d'organisations non gouvernementales
de développement (ONGD) ; la Province Orientale peut en compter une
cinquantaine enregistrées à la coordination provinciale des ONGD,
en raison de 19 dans le district de la Tshopo et la ville de Kisangani, 12 dans
Bas-Uélé, 9 dans le Haut-Uélé et 15 en Ituri. En
plus des ces ONGD locales s'ajoutent des organismes internationaux dont, la
FAO, LWF, IITA, ACF...
Dans les quatre localités atteintes par notre
enquête, l'assistance des ONGD aux paysans se présente de la
manière suivante :
Tableau n°1. Assistance des ONGD aux
paysans
LOCALITES
|
NOMBRE D'ENQUETES
|
NOMBRE DE PERSONNES ASSISTEES
|
NATURE D'ASSISTANCE
|
ALIBUKU
|
30
|
_
|
_
|
BANANGO
|
30
|
14
|
Semence du riz
|
MOBI
|
30
|
_
|
_
|
YASIKIA
|
30
|
_
|
_
|
TOTAL
|
120
|
14
|
|
Source personnelle : Enquête
menée du 16 Septembre au 05 Octobre 2009
Sur les 120 personnes enquêtées, 14 seulement ont
réussit une aide en semence du riz, soit 11%. Ce chiffre prouve
l'inactivité des ONGD sur le terrain.
Quand on considère cet amalgame des organismes tant
publics que privés, on risque de penser que le secteur agricole est
sécurisé. Or en réalité, c'est un secteur le plus
abandonné dans notre pays. Sur le terrain, l'agriculteur se trouve donc
abandonné à lui-même et affronte seul les
difficultés inhérentes à son activité
notamment :
· absence de financement (crédit agricole)
· absence des semences améliorées
· dégradation avancée des voies de
communication
· insuffisance des infrastructures de stockage et de
conservation des produits agricoles (cause principale de pertes post
récoltes)
· insuffisance des intrants agricoles
· maladies et ravageurs.
· non respect du calendrier agricole
· usage d'outils rudimentaires et des méthodes
traditionnelles
II.1.2. Investissement dans le secteur
agricole
Tous les pays, tant développés qu'en
développement admettent que le secteur public a un rôle essentiel
à jouer dans le développement de l'agriculture, même si la
contribution du secteur privé n'est pas à négliger. Il
doit notamment fournir l'infrastructure et les services de base
indispensables.
A. Investissement Public
Les interventions du secteur public dans l'agriculture peut
être groupées à deux ordres : les interventions
d'ordre technique et celles d'ordre financière.
a. Intervention d'ordre technique
L'intervention technique doit consister à fournir des
intrants agricoles, vétérinaires et de pêche ; lutter
contre les maladies animales et contre les ennemis des cultures ; fournir
des semences améliorées et des engrais ainsi que des produits
phytosanitaires...
Les intrants agricoles utilisés dans la Province
Orientale sont essentiellement des petits outillages agricoles rudimentaires
comme hache, machette, houe, bêche, râteau...
Il y a lieu de signaler que la plupart de grands magasins
implantés jadis à l'intérieur de la province sont
actuellement fermés. Ainsi les paysans recourent de plus en plus aux
artisans forgerons locaux pour s'approvisionner.
b. Intervention d'ordre financier
L'aide étrangère à l'agriculture et au
développement rural en Afrique n'a cessé de diminuer au cours de
30 dernières années ; elle a accusé une chute
vertigineuse passant de plus de 9 milliards de dollars par an au début
des années 80 à moins de 5 milliards à la fin des
années 90 et pourtant, 854 millions d'être humains continuent
à souffrir de sous - alimentation dans le monde17(*).
En 2003, dans la « déclaration de
MAPUTO », les chefs d'Etat et de gouvernement se sont engagés
à affecter au moins 10% de leurs budgets nationaux à
l'agriculture et au développement rural pendant 5 ans.
Cependant en RDC de 2007 à 2009, le montant des
crédits à louer au secteur agricole ne dépassent pas 2 %
du budget national, et moins de 1% au budget provincial.
Tableau n°2 : Situation du budget
provincial alloué au secteur agricole
ANNEE
|
BUDGET GENERAL
|
SECTEUR AGRICOLE
|
POURCENTAGE
|
2008
|
43.812.278.270 FC
|
191.976.000 FC
|
O,43
|
2009
|
60.670.870.174 FC
|
179.157.734 FC
|
0,29
|
Source : Division Provinciale
du Budget.
Ces montants si minimes servent juste au fonctionnement du
ministère, et pourtant ils devaient aussi servir à subventionner
les activités agricoles et alimenter le fond national de crédit
agricole et artisanal (FNCA).
Le FNCA créé depuis 1967 par l'ordonnance Loi
n° 67-97 du 2 mars 1967 portant création du fonds national de
crédit agricole et artisanal « FNCA » avait comme
objet la création, l'amélioration, la transformation des
activités agricoles et artisanales, le financement des activités
industrielles de petite ou moyenne importance, individuelles ou
constituées en association de personnes, l'assistance financière
des professions libérales, par l'octroi des crédits à long
et moyen terme.
Ce fond qui devait être alimenté par une dotation
gouvernementale et par une allocation budgétaire annuelle est
dépourvu de moyen pour accorder des crédits aux agriculteurs. Ce
qui justifie le manque de volonté politique pour soutenir le secteur
agricole.
B. Investissement prive
a. Les Avantages du Code Des
Investissements
La Loi 004 - 2002 du 21 février 2002 portant le code
des investissements accorde des avantages à tous ceux qui veulent
investir en RDC, dont le secteur agricole aussi doit en profiter.
- Avantages Douaniers : Aux
termes de l'article 11, les entreprises agréées
bénéficient de l'exonération totale des droits et taxes
à l'importation, pour les machines, l'outillage et les matériels
neufs, les pièces de premières dotations. Les engins lourds, les
navires et les aéronefs de seconde main sont acceptés en
exonération totale. La liste des biens à exonérer sera
annexée à l'arrêté interministériel
d'agrément de l'entreprise.
- Avantages Fiscaux et Parafiscaux :
Les entreprises agréées sont
exonérées de la contribution sur la superficie des concessions
foncières et des propriétés bâties prévue au
titre II de l'ordonnancement - Loi N° 69-006 du 10 février 1969,
telle que modifiée et complétée à ce jour pour les
superficies liées uniquement au projet d'investissement
agréé. Les PME et PMI bénéficient de
l'exonération des droits sur les actes constitutifs de
société ou coopérative et sur les droits d'enregistrement
au nouveau registre de commerce. On constate cependant que, le montant
exigé pour que le projet soit agréé, soit le minimum de
200.000 dollars USA pour les grandes entreprises et 10.000 pour les PME et PMI
est favorable seulement aux grands investissement, car n'accordant pas la
chance aux petits peuples qui habitent la campagne de profiter de ces
avantages.
b. Situation dans la Province
Orientale
L'intervention du secteur privé dans l'agriculture
s'observe par l'assistance des ONGD à la population par des semences,
des matériels et la vulgarisation de quelques pratiques agricoles.
Malheureusement ses actions sont destinées plus aux centres urbains et
leurs périphéries, au lieu d'atteindre les vrais paysans
disséminés dans la province (cfr tableau n°1).
Les opérateurs économiques de la Province
Orientale n'investissent pas dans l'agriculture, malgré les avantages
leur accordé par le code des investissements. Ils
préfèrent le secteur minier et le commerce des produits
manufacturés qui sont rentables avec moins de risque, que le secteur
agricole avec ses aléas saisonniers et les difficultés de
transport par manque d'infrastructure routière reliant les zones
d'exploitations aux centres de consommation d'une part et d'autre part,
l'insécurité grandissante exposant les champs et les
bétails aux pillages de groupes armés.
Seuls les pauvres paysans qui n'ont que leurs machettes et
houes pour survivre pratiquent l'agriculture de subsistance et l'élevage
de thésaurisation, pour couvrir les cérémonies
traditionnelles et répondre à quelques besoins d'urgence qui
peuvent survenir.
II.1.3. La recherche et la formation dans le secteur
agricole
La recherche est conduite par les organismes
spécialisés d'une part, et d'autre part les établissements
d'enseignement supérieur et universitaire, tant public que
privés.
La Province Orientale est une province
privilégiée du point de vue de la recherche agricole.
Elle a eu la chance d'abriter le siège de l'Institut
National pour l'Etude et la Recherche Agronomique (INERA), l'Institut
facultaire de science Agronomique de Yangambi (IFA Yangambi), l'Institut
Supérieur d'Etude Agronomique de Bengamisa (ISEA Bengamisa) et
l'Institut Supérieur d'Etude Agronomique et Vétérinaire
d'ARU (ISEAV ARU).
L'INERA créé par l'ordonnance N°186 du 12
Novembre 1962, a pour objet de promouvoir le développement scientifique
de l'agriculture en RDC. A cette fin, il est chargé notamment :
- d'assurer l'administration des établissements
agricoles dont la gestion lui est confiée ;
- de procéder à l'organisation des missions
d'études agronomiques et à la formation d'expert et de
spécialistes ;
- d'effectuer toutes études, recherches,
expérimentations et, en général tous travaux qui sont en
rapport avec son objet. (article 3 de l'ordonnance n°78-211 du 5 mai 1978
portant statuts d'une entreprise publique dénoncée INERA).
L'IFA Yangambi, l'ISEA Bengamisa et l'ISEAV Aru s'occupent de
la formation des ingénieurs agronomes.
La recherche dans le secteur agricole vise le plus
l'augmentation de rendement et la production des semences
améliorées.
a. Augmentation de la Production
Pour augmenter la production, un effort doit être fait
pour renforcer les activités de vulgarisation par l'augmentation des
effectifs des vulgarisateurs, l'intensification de la formation des encadreurs
et l'appui aux instituts de formation technique afin d'introduire des
variétés améliorées. Ainsi par exemple pour le
manioc, l'introduction et la vulgarisation des variétés à
haut rendement et résistantes aux maladies, notamment à la
mosaïque, et à la pourriture des racines ; pour le riz,
augmenter la production du paddy par l'introduction et la vulgarisation des
variétés améliorées ayant un rendement de deux
à 2,5 tonnes par hectare.
b. Production des Semences
Compte tenu de l'immensité de la Province Orientale et
des ressources limitées, les interventions en vue de la relance agricole
devront, dans un premier temps, se concentrer dans les aires bien
déterminées par un système agraire homogène,
disposant d'un potentiel de production ainsi que d'un minimum d'infrastructures
de base. Ces aires, appelées «aires de
développement » constituent des points stratégiques
pouvant permettre un développement global harmonieux sur l'ensemble de
la province18(*).
La Province Orientale compte 4 aires de développement
en raison d'une aire par province :
- aire de développement de la
Tshopo : dans cette aire, il y a trois centres d'adaptation et
de production des semences améliorées
« CAPSA » mais, qui malheureusement ne fonctionnent plus
depuis plusieurs années par manque de moyens. Il s'agit de CAPSA LILANDA
dans le territoire d'ISANGI, de CAPSA ANGASENDE dans le territoire de
Bafwasende et de CAPSA MASAKO dans l'hinterland de Kisangani.
- aire de développement de
bas-Uélé : dans cette aire les semences
améliorées étaient jadis produites et distribuées
par la ferme semencière primaire de DINGILA ; cette ferme a perdu
sa capacité de production suite aux pillages.
- aire de développement du
haut-Uélé : le CAPSA DJOMBO qui assurait la
multiplication des semences de base en provenance de l'INERA/BAMBESA et de la
ferme semencière de DINGILA a connu le même sort que les
autres.
- aire de développement de
l'Ituni : la production des variétés
améliorées des cultures vivrières à travers le
district de l'Ituri se fait dans les 5 fermettes semencières
installées dans les 5 territoires qui composent ce district à
savoir : la fermette de LIBI dans le territoire de DJUGU ; la
fermette de SOO dans le territoire de MAHAGI et la fermette de ATSO dans le
territoire de ARU , ces fermettes ont été l'objet de pillage lors
de dernier conflits armés ( installation de conservation et claies de
séchage détruites et brûlées , plusieurs
matériels importants emportés).
Ces aires de développement ont comme objectif, mettre
à la disposition des paysans des semences et autre matériel
végétal améliorés en qualité suffisante pour
l'accroissement de la production. Malheureusement avec les crises
récurrentes connues plus récemment dans la province, les
activités de centres de recherche agronomique se sont
effondrées, avec comme corollaire la carence de bonnes semences
auprès des paysans. Ces derniers recourent aux semences issues de leurs
récoltes de campagnes précédentes.
c. Formation des acteurs agricoles
La place réservée à la formation des
acteurs agricoles en Province Orientale n'est pas tellement considérable
quand on tient compte des potentialités de la province en termes de
terres arables et de l'importance de l'agriculture dans la survie de la
population. A part l'IFA Yangambi et l'ISEA BENGAMISA, la province ne dispose
que de quelques écoles techniques agricoles. Quand on considère,
par exemple, la province éducationnelle orientale I (qui couvre le
district de la Tshopo et la ville de Kisangani), on compte seulement 34
instituts techniques agricoles sur les 604 écoles secondaires que compte
cette province éducationnelle, soit 5% seulement d'écoles
agricole avec une population scolaire très réduite par rapport
à d'autres sections (la section pédagogique par exemple).
Toutes ces écoles techniques et instituts
supérieurs produisent chaque année des agronomes et des
ingénieurs agronomes, mais force est de constater que l'impact de ces
techniciens sur l'agriculture locale n'est pas palpable. Les techniques
traditionnelles bat son record avec comme conséquence, des vastes
étendues cultivées pour des faibles rendements.
II.1.4. Cadre juridique du secteur
agricole
Il est question dans ce point de la législation
agricole et du régime foncier agricole.
A. la Législation Agricole
Le secteur agricole est un secteur moins
réglementé en RDC. Quelques instruments juridiques y relatifs
sont soit liés à l'organisation de services agricoles soit
à la protection des cultures que nous pouvons citer
principalement :
- l'ordonnance N° 78/211 du 5 mai 1978 portant statut de
l'Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques (INERA) qui est
un organisme publique chargé de promouvoir le développement
scientifique de l'agriculture avec comme mission d'assurer l'administration des
établissement agricoles, l'étude agronomique et d'effectuer tous
travaux qui sont en rapport avec son objet ;
- l'ordonnance Loi N°67-97 du 2 mars 1967 portant
création de fond national de crédit agricole et artisanal (NNCA)
qui avait pour objet : la création, l'amélioration, la
transformation des activités agricoles et artisanales, le financement
des activités industrielles de petite ou moyenne importance,
individuelles ou constituées en association libérales, par
octroi des crédits à long et moyen termes.
- l'ordonnance N° 78-213 du 5 mai 1978 portant statut de
l'office national de développement de l'élevage ;
- arrêté départemental N°
003/BCE/AGRIDAL/84 du 12 mai 1984 portant création et organisation du
bureau national semencier (BUNASEM), chargé spécialement
d'installer et de contrôler les fermes de multiplication des
semences...
- ordonnance 33/AGRI du 25 mars 1927 portant lutte contre les
parasites...
Ces quelques instruments juridiques ne sont pas suffisants
pour un secteur si important qu'est l'agriculture. L'élaboration d'un
code agricole est donc une nécessité pour la RDC, dans lequel
sera bien défini :
- les questions liées au statut des exploitants
agricoles, aux organisations de la profession agricole et à la
formation des professionnels du secteur, afin d'améliorer la
qualité des ressources humaines et de renforcer les capacités
d'organisation des secteurs agricole et rural ;
- les facteurs de production c'est-à-dire l'ensemble
des activités et biens matériels qui concourent à
l'amélioration de la production agricole. Il s'agit, entre autres de la
gestion rationnelle de la terre, des ressources naturelles, de financement de
l'agriculture, de la maîtrise de l'eau, de la réalisation
d'infrastructure et équipement agricoles, du soutien à
l'enseignement et à la recherche agronomique.
- Les stratégies de développement de la
production dans les domaines agricoles, la transformation des produits, la
qualité des productions agricoles, l'organisation du marché
intérieur et l'accès aux marchés extérieurs.
B. Régime Foncier Agricole
L'agriculture est une activité à base
d'espace ; la mise en valeur de ses unités économiques
dépend, dans une large mesure de la façon dont est
aménagé l'espace rural et des travaux d'infrastructure qui y sont
réalisés19(*).
La Loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des sûretés (dite loi foncière),
répartit le patrimoine foncier de l'Etat en deux domaines, le domaine
public et le domaine privé. Ce dernier est réparti à son
tour en domaine urbain et domaine rural. Le domaine rural seul concerne le
secteur agricole, le domaine urbain étant réservé au
fonctionnement des agglomérations (article 60). L'Etat accorde des
concessions foncières dans le domaine privé, le domaine public
étant inaliénable.
Si les terres rurales sont destinées à
l'agriculture, l'accession et la jouissance de ces terres est source de
conflits permanents entre ceux qui les possèdent en vertu de la coutume
et ceux qui viennent d'ailleurs d'une part, et d'autre part les
communautés coutumières entre eux. Ces conflits sont
alimentés par l'ambiguïté de la loi foncière.
Aux termes de l'article 387, les terres occupées par
les communautés locales sont devenues, à partir de
l'entrée en vigueur de la loi foncière des terres domaniales.
L'article 388 précise que les terres occupées par les
communautés locales sont celles que ces communautés habitent,
cultivent ou exploitent d'une manière quelconque, individuelle ou
collective, conformément aux coutumes et usages locaux. Quand on
considère cet article, toutes les terres de la RDC sont
occupées par les communautés locales, car si elles ne sont pas
habitées ou cultivées, elles sont exploitées d'une
manière ou d'une autre : si ce n'est pas pour ramasser les
chenilles, c'est pour la pêche et la chasse. Ainsi les forêts, les
cours d'eau sont répartis entre les communautés qui depuis la
nuit des temps se fixaient des limites de jouissances floues et
imprécises.
La Loi foncière avait prévu qu'une ordonnance du
président devait préciser la nature et les limites de droits des
communautés locales sur ces terres domaniales. Cette ordonnance n'a
jamais été prise, entraînant par ce fait un malaise
juridique profond et une ambiguïté.
La Loi BAKAJIKA votée à l'unanimité par
la chambre des députés à la séance du 28 mai 1966
et promulguée par le président de la République sous
forme d'ordonnance - Loi n°66- du 7 juin 1966, selon laquelle «le
sol et le sous sol appartiennent à l'Etat» (reprise à
l'article 53 de la loi foncière) n'était qu'une prélude de
la Zaïrianisation et non une mesure tendant à limiter le pouvoir
des communautés coutumières sur les terres qu'elles ont
possédées en vertu de la coutume.
La procédure d'enquête préalable de
vacance de terre organisée aux articles 193 à 203 vient
consolider ce pouvoir. Si elle a pour objet la vérification des droits
de tiers sur le fond sollicité, il faut savoir que les
communautés locales n'en détiennent pas moins d'une
manière imprécise et illimitée. Même si la demande
de concession des terres rurales est adressée à l'autorité
compétente, c est -à-dire au conservateur des titres immobiliers
qui est le gestionnaire du domaine foncier privé de l'Etat (article
190), en pratique la concession des terres est premièrement une affaire
des chefs coutumiers. L'Etat n'intervient que pour légaliser.
C. Implication du code forestier sur le
régime foncier agricole
Comparativement à la loi foncière, la loi
n° 11/2002 du 22 Août 2002 portant le code forestier a introduit
quelques innovations tendant à limiter le pouvoir des communautés
locales sur le fond et les forêts. En les subdivisant en forêt
classées, forêts protégées et forêts de
production permanente (article 10 codes forestiers). L'article 42
précise que l'agriculture peut être pratiquée dans les
forêts protégées, mais la mise en culture de ces
étendues doit être précédée d'un processus de
«zonage» pour déterminer les limites et les modalités
de mise en culture des terres forestières. Ce processus peut freiner
tant soit peu la progression de l'agriculture itinérante sur
brûlis.
Cette loi qui vise plus les objectifs du développement
durable, n'est pas sans incidences sur l'agriculture. L'instauration d'une taxe
de déboisement imposable à toute personne qui, pour les besoins
d'une activité agricole aura déboisée une superficie
égale ou supérieure à deux hectares (article 53). Il est
évident que l'application stricte de cette disposition sera un entrave
à la relance agricole.
II.2. TYPES D'AGRICULTURES PRATIQUEES EN PROVINCE
ORIENTALE
II.2.1. Sortes de cultures
Les cultures pratiquées en Province Orientale peuvent
être réparties en culture vivrière, pérenne et
maraîchère.
a. Culture pérenne
La culture pérenne est celle qu'on récolte
plusieurs fois sur une même plante au cours de son cycle vital et cela
pendant plusieurs années. Elle est aussi appelée culture
industrielle car, la consommation des produits de cette culture
nécessite l'intervention d'une industrie pour la transformation ou le
traitement. Les cultures pérennes pratiquées dans la Province
Orientale sont : l'hévéa, le palmier à huile, le
coton, le café, le cacao...
- Hévéa : la culture de
l'hévéa se pratique dans le district de la Tshopo, qui comptait
27 usines en 1973. Actuellement aucune de ces usines ne fonctionne et les
plantations sont abandonnées.
- Palmier à huile : est
cultivé à travers toute la province, mais le district de la
Tshopo et du Haut- Uélé se démarquent des autres quant
à la production. De 72 usines d'extraction d'huile de palme que
comptaient la province, il ne reste que deux qui sont
opérationnelles : PHC Lokutu et Busira Lomami. En plus de cette
production industrielle on trouve des productions artisanales paysannes.
- Coton : est cultivé
entièrement en exploitation paysanne depuis l'époque coloniale
dans les districts des Haut et Bas- Uélé. La production de coton
a fortement baissé ces dernières années. Elle est
passée de 2500 tonnes à la fin des années 70 à 40
tonnes en 2006. Cette baisse est due aux conflits armés et à la
carence des produits phytosanitaires, des semences améliorées,
d'intrants agricoles, de financements ou crédits agricoles,
d'encadrement cohérent des paysans faute d'une politique gouvernementale
en la matière, et de vétusté des installations20(*).
- Café : la culture de
café était plus concentrée dans le
Haut-Uélé, le Bas-Uélé et le district de la Tshopo.
Cependant, la baisse de prix sur le marché international, les maladies
(la tranchéomycose) et l'enclavement ont découragé de
nombreux planteurs de sorte que la forêt a repris ses droits sur
plusieurs plantations, avec comme conséquence la chute substantielle de
la production. De 102 usines de torréfaction, il ne subsiste plus rien,
en dehors de l'usine SOCIF qui a démarré en 2005 à
BASOKO.
- Cacao : introduit depuis 1984 par
CABEN, il couvre plus de 686 ha dans le district de la Tshopo,
précisément dans le territoire de Banalia avec un rendement de
plus ou moins 0,5 tonnes par ha21(*). En plus des plantations industrielles de CABEN, on
trouve également des plantations familiales paysannes.
b. Culture vivrière
Appelée aussi culture annuelle, la culture
vivrière est celle récoltée une fois pendant son cycle
vital et destinée à la consommation directe. Au regard de leur
importance économique dans les systèmes de productions aussi bien
dans l'ensemble de la province que du pays, et des besoins exprimés par
les communautés de base, les spéculations principales de la
production vivrière en Province Orientale sont : le riz, le manioc,
la banane, le haricot, la patate douce, le mais et l'arachide.
Tableau n°3 : Production
vivrière en Province Orientale
N°
|
ZONES DE CONCENTRATION
|
MANIOC
%
|
BANANE
%
|
RIZ
%
|
ARACHIDE
%
|
HARICOT
%
|
1
|
TSHOPO
|
30
|
31
|
26
|
-
|
-
|
6
|
BAS-UELE
|
11
|
25
|
21
|
19
|
1
|
3
|
HAUT-UELE
|
22
|
16
|
39
|
45
|
3
|
4
|
ITURI
|
35
|
23
|
13
|
31
|
96
|
Source : Draft du programme agricole
d'urgence pour la Province Orientale, inspection provinciale de l'agriculture,
pêche et élevage, 2007 p.3.
Ce tableau présente l'importance relative de
principales cultures vivrières par district, en termes de pourcentage
de la production provinciale totale.
c. Culture
maraîchère
Comme le mot l'indique, c'est une culture qui provient de
celle pratiquée sur des terrains
dits « marais », lesquels produisent des
légumes. Elle se pratique surtout aux environs des grandes
agglomérations et exige des terres riches et légères, des
fortes fumures, des arrosages abondants.
Cette culture est plus pratiquée dans le district de
l'Ituri où le sol et les conditions climatiques sont favorables. Les
principales spéculations maraîchères de la province
sont : amarante, oseille de guinée, épinard, chou, carotte,
piments, tomates, poireau, oignon...
II.2.2. techniques culturales pratiquées en
province orientale
En Province Orientale, les techniques culturales se pratiquent
en fonction de la végétation qui couvre le sol à cultiver.
Ainsi, on trouve une technique adaptée à la zone
forestière et celle appropriée à la savane.
a. En zone forestière
La constitution des forêts équatoriales avec
plusieurs couches allant jusqu'à plus de 30 m de hauteur
prédispose les paysans à la pratique de culture sur brûlis.
Lorsque le sol cultivé perd sa fertilité, ils se déplacent
en quête d'un nouveau sol fertile : c'est cette pratique que l'on
qualifie d' «agriculture itinérante sur
brûlis ».
Cette technique dite traditionnelle se pratique de la
manière suivante : après avoir défriché le
champ, l'agriculteur brûle les herbes qui jonchent la surface de son
champ, en suite il plante ou sème. Après la récolte il
abandonne le champ à cause de l'infertilité du sol. Cet abandon
temporaire ou « jachère »
se prolongera pendant des longues années (de 3 à 7 ans selon les
cultures). Cette technique à comme conséquence, l'utilisation des
vastes étendues cultivables pour des récoltes maigres.
L'augmentation de la population rurale nécessite aujourd'hui
l'introduction des techniques qui emploient de l'engrais naturels, la rotation
de cultures successives ou autres procédés pour cultiver un
même champ plusieurs années.
Tableau n°4 : rendement de riz
cultivé sur brûlis dans l'hinterland de Kisangani
ANNEE 2007
|
N°
|
LOCALITES
|
NOMBRE D'ENQUETES
|
SUPERFICIE
Ha
|
RENDEMENT OBTENU
Kg
|
1
|
ALIBUKU
|
30
|
32
|
20.000
|
2
|
BANANGO
|
30
|
30
|
19.000
|
3
|
YASIKIA
|
30
|
37
|
25.000
|
4
|
MOBI
|
30
|
30
|
18.000
|
TOTAL
|
120
|
129
|
83.850
|
ANNEE 2008
|
1
|
ALIBUKU
|
30
|
32
|
20.800
|
2
|
BANANGO
|
30
|
36
|
26.400
|
3
|
YASIKIA
|
30
|
36
|
27.000
|
4
|
MOBI
|
30
|
32
|
21.000
|
TOTAL
|
120
|
136
|
95.200
|
Source personnelle :
enquête menée du 16 septembre au 05 Octobre 2009.
Pour l'année 2007, dans quatre localités
concernées par notre enquête, les 120 personnes
enquêtées ont cultivé une superficie totale de 129 ha pour
un rendement de 83. 850 Kg. Ce qui donne une moyenne de 650Kg/ha. Les
mêmes enquêtés ont cultivé une superficie total de
136 ha en 2008 pour un rendement de 95.200Kg, avec une moyenne de 700Kg/ha.
Les rendements obtenus pendant ces deux années sont
donc inférieurs au rendement normal du riz dans les zones tropicales qui
s'élève à 2000Kg/ha.
b. En zone de savane
La technique pratiquée est celle de
« labour » qui consiste à
retourner la terre avec la houe, la bêche...
Cette technique est pratiquée dans le district de l'
Ituri et du Haut-Uélé qui bénéficie de la
végétation de savane et la fertilité du sol qui permet
à l'agriculteur de cultiver sur une même étendue pendant
plusieurs années.
II.3. EFFETS DE L'AGRICULTURE SUR LA FORET ET LE
CLIMAT
II.3.1. Effet sur la forêt
a. Effet négatif : la
déforestation
L'agriculture est comptée parmi les causes de la
déforestation en Province Orientale, outre l'exploitation des bois et
les activités minières.
Quand on considère la déforestation dans les
environs de la ville de Kisangani, les images prises à partir de
satellite en 2001 montrent une progression de la déforestation dans un
rayon de 50Km, alors que celles prises en 1981 montraient un rayon de 30Km.
Donc une progression de la déforestation de 20Km à l'intervalle
de 20 ans. Ce qui nous donne une moyenne d'un Km de la déforestation
chaque année22(*).
L'enquête que nous avons menée dans cette
contrée démontre une intense activité agricole qui y est
pratiquée. Dans les quatre localités atteintes par notre
enquête, nous avons interrogé 120 cultivateurs qui ont
défriché ces trois dernières années, et le
résultat se présente comme suit :
ANNEE 2007
|
N°
|
LOCALITES
|
NOMBRE D'ENQUETES
|
MOINS D'UN ha
|
1ha
|
2ha ET PLUS
|
1
|
ALIBUKU
|
30
|
8
|
14
|
8
|
2
|
BANANGO
|
30
|
10
|
12
|
8
|
3
|
YASIKIA
|
30
|
7
|
11
|
12
|
4
|
MOBI
|
30
|
9
|
14
|
7
|
TOTAL
|
120
|
34
|
51
|
35
|
ANNEE 2008
|
1
|
ALIBUKU
|
30
|
11
|
10
|
9
|
2
|
BANANGO
|
30
|
5
|
15
|
10
|
3
|
YASIKIA
|
30
|
9
|
8
|
13
|
4
|
MOBI
|
30
|
7
|
15
|
8
|
TOTAL
|
120
|
32
|
48
|
40
|
ANNEE 2009
|
1
|
ALIBUKU
|
30
|
4
|
14
|
12
|
2
|
BANANGO
|
30
|
5
|
12
|
13
|
3
|
YASIKIA
|
30
|
7
|
10
|
13
|
4
|
MOBI
|
30
|
5
|
15
|
10
|
TOTAL
|
120
|
21
|
51
|
48
|
Tableau n° 5 : Superficies des
champs cultivés dans l'hinterland de Kisangani
Source personnelle :
enquête menée du 16 septembre au 05 Octobre 2009.
Pour l'année 2007, sur les 120 cultivateurs, 34 ont
cultivé sur une superficie de moins de 1ha chacun ; 51 sur une
superficie de 1ha chacun et 35 sur 2ha et plus. Ce qui nous donne un total de
129ha23(*) cultivés
par 120 personnes, donc une moyenne de 1,07ha par cultivateur. L'année
2008 présente136ha pour les 120 cultivateurs avec une moyenne de 1,13ha
pour chacun et en 2009, 152ha pour 120 cultivateurs et la moyenne de 1,26ha
pour chacun.
Le total de ces trois années dégage une
superficie moyenne de 1,15ha cultivé chaque année. Quand on
considère les données selon lesquelles l'agriculture occupe
environ 70% de la population de la Province Orientale qui s'élève
à 11.436.432, il en découle que si les activités
agricoles s'intensifient dans toute la province comme elles s'exercent dans
l'hinterland de Kisangani on peut atteindre une déforestation de
9.206.327ha par an, si l'on ne change pas les habitudes et techniques
culturales.
En plus de cet aspect alimentaire de l'agriculture vient
s'ajouter la demande de bioénergie. Plus la croissance du marché
de bioénergie serait rapide, plus l'impact négatif sur
l'utilisation des terres sera fort. L'accroissement de la production sera
vraisemblablement dû à l'expansion des superficies. Or cette
expansion ne peut se réaliser dans les pays qui détiennent des
vastes étendues des forêts sans provoquer la
déforestation.
Trois facteurs principaux sont à la base de la
croissance actuelle de la demande de bioénergie dans le monde :
- La hausse des prix de l'énergie, en particulier du
carburant (pétrole) ;
- Le désir des pays exportateurs de pétrole de
réduire leur dépendance vis-à-vis de quelques pays
exportateurs de pétrole et de gaz, accroissant ainsi leur
sécurité énergétique ;
- Les engagements à réduire les émissions
de gaz à effet de serre pour combattre les changements climatiques.
En RDC, même si la demande en bioénergie ne se
fait pas encore sentir, la pratique de l'agriculture itinérante sur
brûlis ne constitue pas moins une menace contre la forêt. Quand on
considère le nombre des engins agricoles que la RDC a importés au
cours de ces deux dernières années et l'effort fourni par les
politiques pour la mécanisation de l'agriculture afin de lutter contre
la crise alimentaire, on peut se faire une idée sur le niveau de la
déforestation en RDC d'ici dix ans.
b. Effet positif :
l'agroforesterie
L'agroforesterie consiste à associer des arbres, des
cultures ou l'élevage de bétails sur une même parcelle de
terrain. Parmi les exemples d'agroforesterie les plus connus, citons les
plantations de brise-vent, les cultures en couloir et les jardins familiaux
mixtes dans lesquels les arbres font partie intégrante de la
propriété24(*)
L'agroforesterie s'est révélée efficace
pour améliorer l'utilisation des terres et pour accroître la
productivité agricole en général. Elle est
particulièrement appropriée pour les agriculteurs qui disposent
de peu de ressources ne leur permettant pas de payer des engrais, des
pesticides et autres intrants agricoles modernes dont les prix sont
élevés. A mesure que la population augmente et que le couvert
végétal disparait, les agriculteurs ont tout intérêt
à planter des arbres sur leurs terres pour répondre à
leurs besoins en matière de produits ligneux, de bois de chauffage, de
fruits, de fourrage...
L'amélioration de la productivité de
l'agriculture est particulièrement préoccupante pour le secteur
forestier, car elle réduira la tentative de convertir plus des
forêts à ces fins.
II.3.2. Effets sur le climat
A. effet positif : atténuation du
changement climatique par la bioénergie
La bioénergie est l'énergie produite à
partir de la biomasse, notamment à partir des cultures
énergétiques, des résidus ligneux et des déchets
organiques. La biomasse, lorsqu'elle est produite dans une optique de
durabilité, est une source d'énergie renouvelable. Elle
emmagasine de l'énergie chimique qui peut servir à produire de
l'électricité et de la chaleur ainsi que des combustibles
liquides et gazeux.
A l'heure actuelle, on s'intéresse beaucoup à
la production, à partir de cultures alimentaires, de biocombustibles
liquides pour le transport, dits biocarburants de première
génération. Les plus importants biocarburants sont aujourd'hui
l'éthanol et le biodiesel. L'éthanol est produit essentiellement
à partir de la canne à sucre et du maïs, et dans une bien
moindre mesure à partir du blé, de la betterave sucrière
et du manioc. La production de biodiesel utilise principalement le colza, mais
aussi l'huile de palme, l'huile de soja et l'arbuste Jatropha curcas. Le
rendement énergétique à l'hectare est plus
élevé pour les matières premières cultivées
en milieu tropical, surtout en ce qui concerne la canne à sucre et
l'huile de palme25(*).
La bioénergie atténue le changement climatique
en substituant les produits d'origines végétales aux produits
énergétiques qui contiennent le Carbonne fossile (charbon,
pétrole, gaz naturel...) qui sont classés parmi les causes
d'émissions de gaz à effet de serre qui est à la base du
changement climatique.
Atténuer signifie, non seulement réduire
à court terme les émissions de gaz à effet de serre, mais
aussi choisir des systèmes de développement qui, en
réduisant les émissions, diminueront à long terme les
risques.
a. Bioénergie et sécurité
alimentaire
Il est de plus en plus reconnu à l'échelle
internationale que les progrès de la bioénergie offrent de
nouvelles opportunités pour le développement durable de
l'agriculture, mais qu'ils sont aussi porteurs de risques non
négligeables. L'essor des biocarburants liquides reposant sur les
technologies actuelles et les politiques en vigueur contribue à la
hausse du prix des produits de base et peut avoir des répercussions
néfastes sur la sécurité alimentaire et
l'environnement.
La bioénergie est retenue parmi les causes qui sont
à la base de la crise alimentaire qui sévit ces dernières
années dans le monde. Les gouvernements, le secteur privé et la
société civile peuvent certes prendre des mesures importantes
pour promouvoir la production durable de bioénergie. Ce qui
nécessite un cadre juridique spécifique pour empêcher que
la bioénergie aggrave la situation alimentaire des pays du tiers monde
qui est déjà précaire.
La technologie dite de «deuxième
génération» qui consiste à produire des
bioénergies à partir des résidus de produits agricoles
mérite d'être encouragée pour éviter l'utilisation
des produits alimentaires dans la fabrication des bioénergies. Il est
donc indispensable de satisfaire la demande croissante d'énergie pour
garantir un développement continu. La bioénergie pourrait jouer
un rôle de plus en plus important, mais son usage ne devrait pas
compromettre la sécurité alimentaire26(*).
B. effets négatifs
a. Effet négatif direct : le gaz a effet
de serre
Le gaz à effet de serre émis par le secteur de
l'alimentation et de l'agriculture contribue pour plus de 30% aux
émissions annuelles totales actuelles27(*). Ces gaz résultent des pratiques
rudimentaires telles que la culture sur brulis, le brûlage des
résidus agricoles après récolte, et les techniques
modernes comme l'utilisation d'engrais, la mécanisation, ainsi que le
recours aux énergies non renouvelables pour la transformation et le
transport.
b. Effet négatif indirect: la
déforestation
L'agriculture dévaste la forêt qui est un
élément important pour la régulation du climat.
La forêt résorbe les gaz carboniques qui
polluent l'atmosphère : un hectare de forêt résorbe
chaque année environ 5 tonnes de carbone comme nous l'avons
démontré précédemment. La forêt produit
aussi l'oxygène, l'élément important pour la protection de
la couche d'ozone.
Ainsi en provoquant la déforestation, l'agriculture
concourt au changement climatique.
CHAPITRE TROIS : LE DEVELOPPEMENT RURAL
Les campagnes et leurs difficultés sont passées
depuis un certain temps à l'arrière-plan des
préoccupations des politiques. Dans les pays même ou la
priorité au développement rural était politiquement
attachée avec le plus de force, les financements allaient et vont
toujours en proportion écrasante aux villes et aux citadins.
Or voici que depuis peu l'on redécouvre une
vérité fondamentale que la crise urbaine est d'abord celle des
producteurs ruraux, placés dans des conditions telles que pour beaucoup,
la stratégie adaptée consiste à devenir citadins.
Au bout du chemin et du cercle vicieux : la
dépendance alimentaire, plus ou moins largement fonction de
l'accumulation démographique en milieu urbain, et de l'incapacité
des campagnes à nourrir les très grandes agglomérations.
C'est donc la mouvance de l'intérêt porté ou
système urbain que le monde rural redevient un objet scientifique digne
d'attraction.
III.1. CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE
III.1.1. Organisation
institutionnelle
Le développement rural est de la compétence du
Ministère Provincial de l'Agriculture et du Développement Rural.
Ce Ministère est doté d'une Inspection Provinciale du
Développement Rural qui s'occupe de l'étude et de la
planification du développement rural, de l'organisation et
accompagnement des paysans, l'animation et vulgarisation des projets... ses
services sont repartis dans six bureaux et treize cellule dont :
- Bureau de services généraux : avec deux
cellules, celle du personnel et de comptabilité ;
- Bureau de génie rurale : cellule
d'aménagement des infrastructures de base et celle des technologies
approprié et artisanat ;
- Bureau de développement communautaire : cellule
de coordination et associations paysannes et celle de l'incitation des
initiatives locales de développement (ILD) et certification ;
- Bureau de l'économie rurale : cellule de
marché, prix, statistiques et commercialisation et la cellule de
crédit, épargne et caisses rurales ;
- Bureau de l'animation : cellule de l'animation rurale
et celle de vulgarisation ;
- Bureau d'étude et planification : cellule de
conception des programmes et projets, cellule d'accompagnement de partenaire
ONGD et cellule de coopératives et ILD en association.
Tous ces bureaux fonctionnent dans un bâtiment en ruine
qui n'inspire pas le développement. Notons aussi la sous qualification
et le vieillissement du personnel.
III.1.2. La réglementation du secteur de
développement rural
Les actes réglementaires pris en matière du
développement rural sont :
- Arrêté ministériel n°012 du 11
Novembre 2002 portant coordination nationale des centres agricoles ;
- Arrêté ministériel
n°028/BM/AARDC/91 du 18/O7/1991 portant projet de développement des
cultures pérennes ;
- Arrêté départemental
n°049/BCE/DDR/89 du 22 mars 1989 portant service national des
coopératives et organisations paysannes ;
- Arrêté départemental
n°008/BCE/AGRIDRAL/85 du 20 Août 1985 portant projet de recherche
agronomique appliquée et de vulgarisation ;
- Arrêté départemental
n°0011/BCE/AGRIDRAL/85 du 17 Décembre 1985 portant projet de
développement de la production et de la commercialisation agricoles
régionales ;
- Arrêté départemental
n°024/BCE/DDR/87 du 15 Aout 1987 portant projet d'installation des
petites et moyennes entreprises agricoles...
III.2 AMENAGEMENT DES INFRASTRUCTURES
SOCIO-ECONOMIQUES DE BASE
Sans aucune intention de faire une comparaison illusoire aux
campagnes des pays développés, les infrastructures
socio-économiques de base prioritaires pour aménager nos
campagnes sont les voies de communication, les écoles, les
hôpitaux, l'eau et l'électricité. Ces infrastructures ont
d'ailleurs fait l'objet du plan d'action du Chef de l'Etat qu'il a nommé
«Cinq Chantiers».
III.2.1 Les voies de communication
a. volet routes
La Province Orientale dispose d'un réseau de transport
et de communication interconnecté : routes, chemins de fer, voies
navigables et aériennes. Toutes ces voies de communication ont comme
rôle de concourir à l'évacuation des produits et à
assurer les flux commerciaux intra et inter Provinciaux.
Cependant, les routes de la Province Orientale sont d'une
manière générale en très mauvais état. En
dehors de celles qu'on a réhabilitées (Kisangani - Bunia,
Kisangani - Yangambi) et celles en voie de réhabilitation. Les grands
axes d'intérêt national et provincial (Kisangani - Opala,
Kisangani- Buta, Buta-Isiro) sont impraticables à cause de la
présence de grands bourbiers, d'autres envahies par la forêt. Il
en est de même de l'ensemble des routes de desserte agricole.
Tableau n°6 : Route
d'intérêt Provincial
District du Bas-uélé
|
N°
|
AXES
|
LONGUEUR
|
ETAT ACTUEL
|
1
|
Buta-Dulia-Aketi
|
205 Km
|
Mauvais
|
2
|
Buta-Dingila-Poko
|
345 Km
|
Mauvais
|
3
|
Buta-Bambesa-Poko
|
448 Km
|
Mauvais
|
4
|
Buta-Bondo-Ndu
|
429 Km
|
Mauvais
|
5
|
Buta-Aketi-Bunduki
|
125 Km
|
Mauvais
|
Sous total
1597 Km
|
District du Haut-Uélé
|
1
|
Isiro-Wamba-Nia Nia
|
232 Km
|
En réhabilitation
|
2
|
Isiro-Mungbere-Mambasa
|
326 Km
|
Mauvais
|
3
|
Isiro-Rungu-Dungu-Faraje-Aba-Ariwara
|
667 Km
|
Mauvais
|
4
|
Isiro-Watsa-Aba
|
645 Km
|
Mauvais
|
5
|
Isiro-Viadana-Poko
|
133 Km
|
Mauvais
|
6
|
Isiro-Watsa-Kitambala
|
538 Km
|
Mauvais
|
7
|
Isiro-Niangara-Doruma
|
300 Km
|
Mauvais
|
Sous-total
2841 Km
|
District de la Tshopo
|
N°
|
AXES
|
LONGEUR
|
ETAT ACTUEL
|
1
|
Kisangani - Ubundu
|
129 Km
|
Bon
|
2
|
Kisangani - Isangi
|
135 Km
|
Bon en partie
|
3
|
Kisangani - Opala
|
260 Km
|
Début de réhabilitation
|
4
|
Kisangani - Bafwasende
|
260 Km
|
Bon
|
Sous total
784 Km
|
District de l'Ituri
|
1
|
Bunia - Kasenyi - Sabe
|
60 Km
|
Bon
|
2
|
Komanda - Bunia
|
75 Km
|
Bon
|
3
|
Bunia - Mahagi Port
|
245 Km
|
Mauvais
|
4
|
Kitambala - Aru - Ngote
|
244 Km
|
Mauvais
|
5
|
Nia Nia - Komanda
|
304 Km
|
Bon
|
6
|
Komanda - Eringeti
|
70 Km
|
Bon
|
7
|
Mambasa - Lebia
|
113 Km
|
Bon
|
Sous-total
1111 Km
|
TOTAL
6333 Km
|
Source : Draft du programme
agricole d'urgence pour la Province Orientale, Inspection provinciale de l
agriculture pêche et élevage
Comme le démontrent les tableaux ci hauts, le
réseau routier de la P.O. possède 5.813km de routes
d'intérêt provincial et plus de 5.000 km de routes de desserte
agricole, qui nécessitent la réhabilitation.
La dégradation de ce réseau s'est de plus en
plus empirée sur plusieurs axes à cause notamment de manque de
volonté politique des dirigeants pour la mobilisation des ressources
financières et des populations locales aux travaux d'entretien et de
réhabilitation des routes d'une part, et d'autres part l'insuffisance
des capacités techniques au niveaux des communautés de base.
Signalons qu'un effort est entré d'être fourni
dans le cadre de Cinq Chantiers du gouvernement en place pour
réhabiliter ces routes et instaurer un système de péage
pour leur maintenance.
b. volet chemin de fer
Quant au réseau ferroviaire, la P.O dispose de 952km de
chemin de fer répartis sur l'axe Kisangani-Ubundu ( 125km),
Mungbere-Aketi (685km) Komba-Bondo (121km) et Andoma-Titule (31km). Ce
réseau connaît des problèmes dont les plus importants se
résument en la vétusté des locomotives, des rails, de
matériels de traction et des installations ferroviaires.
c. volet bacs et ponts
L'entièreté du paysage de la Province Orientale
appartient au bassin du Congo et est couverte par un réseau des cours
d'eau qui alimentent le grand et majestueux fleuve Congo. Cette situation fait
que les routes soient dans la plupart des cas entrecoupées par les eaux,
d'où l'impérieuse nécessité de songer à la
réhabilitation des bacs et des ponts pour une circulation optimale des
biens et des personnels.
La Province Orientale compte 165 ponts dont la plupart sont en
mauvais état et d'autres cassés.
Tableau N° 7 :
Situation Synthétique des Bacs
DISTRICT
|
EN MARCHE
|
COULES
|
EN PANNE
|
TOTAL
|
Tshopo
|
2
|
12
|
0
|
16
|
Bas - uélé
|
1
|
11
|
1
|
13
|
Haut - uélé
|
0
|
4
|
0
|
4
|
Ituri
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Total
|
3
|
29
|
1
|
33
|
Source : Draft du programme agricole
d'urgence pour la Province Orientale, Inspection provinciale de l
agriculture
Sur le 33 Bacs que possède la P.O, 3 seulement sont en
marche et un en panne. Le 29 autres sont coulés, d'où la
nécessité de les remplacer.
III.2.2 ECOLES ET HOPITAUX
Les infrastructures scolaires en P.O sont loin de
répondre aux besoins de la population toujours grandissante. Les
quelques écoles existantes ne sont pas en mesure de contenir la
population scolaire : Il existe des écoles dans les campagnes
où les effectifs des élèves dans une salle de classe
atteignent 100 élèves, qui étudient à même le
sol, certains sous les manguiers.
En plus de la carence et la vétusté des
écoles s'ajoutent les conditions de travail des enseignants dont
certains ne sont pas rémunérés par l'Etat et ceux qui le
sont, reçoivent un salaire de misère.
Tableau n°8 : Situation
synthétique des écoles publiques par district
DISTRICTS
|
ECOLES MATERNELLES
|
ECOLES PRIMAIRES
|
ECOLES SECONDAIRES
|
BAS-UELE
|
25
|
379
|
97
|
HAUT-UELE
|
11
|
438
|
101
|
ITURI
|
39
|
974
|
290
|
TSHOPO
|
08
|
666
|
245
|
KISANGANI
|
34
|
139
|
77
|
TOTAL
|
117
|
2596
|
810
|
Source : Division provinciale de
l'EPSP, Service de Statistique.
Les infrastructures hospitalières aussi sont
vétustes et non équipées en matériels et en
médicaments. Les problèmes sanitaires de la Province peuvent se
résumer en ceci :
- Faible couverture sanitaire en aires de santés
fonctionnelles ;
- Insuffisance en personnel de santé
qualifié ;
- Morbidité élevée due au paludisme,
maladies diarrhéiques, rougeole, lèpre, tuberculose, infections
sexuellement transmissibles, onchocercose ;
- Mortalité élevée due au paludisme,
maladies diarrhéiques, rougeole, lèpre, tuberculose, infections
sexuellement transmissibles, onchocercose, sida et complications
obstétricales ;
- Rupture fréquentes de stocks en médicaments
dans les centres de santé ;
- Prolifération du réseau informel des soignants
et la vente ambulatoire des médicaments ;
- Emergence de certaines maladies : monkey pox (zone de
santé Tshopo Lindi, Lomami, Dingila et Buta), cécité de
rivières (zone de santé Isangi, Yabaondo, Ango et
Doruma)28(*).
Cependant le problème de santé en milieu rural
ne doit pas seulement concerner la médecine moderne. Un effort doit
aussi être fait pour promouvoir la médecine traditionnelle. Le
résultat atteint par les chinois dans ce domaine de médecine
traditionnelle sur base des plantes dont les produits ont inondés nos
marchés n'est plus à démontrer.
Un autre exemple est celui de « Forever Living
Product » qui distribue des produits sur base d'aloès Vera et
d'autres plantes qui se vendent extrêmement cher, alors que ces plantes
ont toujours été utilisées par nos tradi-praticiens pour
soigner, malgré les mauvaises conditions de conservation, les rites qui
accompagnent les soins et les locaux qu'ils utilisent n'inspirent pas
confiance. Ce qui nécessite un encadrement des tradi-praticiens et la
modernisation de ce secteur en les dotant des laboratoires, des moyens de
conditionnement et de conservation de leurs produits ainsi qu'un cadre
juridique spécifique.
III.2.3 EAU ET ELECTRICITE
La Province Orientale, nous l'avons dit
précédemment est riche en cours d'eau de sorte que, si l'on
exploite ce potentiel, le problème d'eau et d'électricité
ne peut pas se poser. Déjà riche en eau douce, il suffit
d'améliorer les sources existantes pour les villages et les cités
qui se trouvent à proximité des cours d'eaux et forer des puits
d'eaux pour desservir ceux qui en sont éloignés,
résoudraient le problème d'eau de boisson.
Tableau n°9 : Répartition
(en %) de la population ayant un accès facile à l'eau potable de
qualité en Province Orientale.
Accès à l'eau de boisson de
qualité
|
Accès à l'eau de qualité à
moins de 100 mètres.
|
Accès dans les 15 minutes.
|
40,7
|
13,5
|
16,4
|
Source : CEPOR, 2007.
Quant à l'électricité, ces mêmes
cours d'eau qui sont dans la plupart des cas entrecoupés par des chutes
peuvent servir pour la construction des barrages hydroélectriques,
facteurs importants pour le développement industriel. La Province
Orientale compte 3 centrales hydroélectriques dont la centrale de la
Tshopo à Kisangani, les centrales de Budama et de Solenyama à
Bunia. Toutes ces centrales se caractérisent par la sous production
d'énergie électrique qui est à l'origine du
phénomène délestage, consistant à desservir
quelques quartiers en électricité au détriment des autres
et cela à tour de rôle.
Les chefs lieu de districts de Bas uélé, Haut
Uélé et de la Tshopo étaient desservis en
électricité par des centrales thermiques qui sont toutes en
arrêt suite aux problèmes techniques et le manque
d'approvisionnement en carburant.
III.3. LA LUTTE CONTRE L'EXODE RURAL ET ORGANISATION
PAYSANNE
III.3.1. La lutte contre l'exode
rural
L'exode rural est un phénomène social qui
consiste en déplacements massifs et incontrôlés des
populations de campagnes vers les villes. Si ces déplacements ne sont
pas la conséquence de l'industrialisation et de la modernisation
économique ils provoquent ce que CAZES appelle
« urbanisation de
dépendance »
A. Urbanisation de dépendance selon G.
CAZES
Selon cet auteur, à la base du processus récent
d'urbanisation, on ne trouve pas le passage d'une économie agraire
à une économie industrielle, mais une augmentation en
flèche du secteur tertiaire avec une faible croissance du secteur
secondaire29(*).
Le deuxième trait de l'urbanisation dépendante
est donc la constitution des grandes concentrations des populations sans
développement équivalent de la capacité productive
à partir de l'exode rural, et sans assimilation des migrants dans le
système économique des villes ; cette définition
« d'urbanisation dépendante »
correspond à la notion
« d'urbanisation démographique »
par opposition à celle « d'urbanisation
technologique ». Dans ce dernier cas (celui des pays
aujourd'hui développés) la croissance des villes a
été un effet dérivé de l'industrialisation et de
modernisation économique, alors que dans le premier cas (celui du tiers
monde) l'urbanisation précède la rénovation et le
développement des secteurs productifs, en ne créant des emplois
que dans le secteur tertiaire, improductif.
Le secteur tertiaire, plus lié à la consommation
qu'à la production, fournit l'essentiel des nouveaux emplois avec le
bâtiment et les travaux publics, les relations économiques avec
l'étranger constituent un des moteurs de la croissance des villes, dont
elles aggravent la dépendance et la précarité.
L'urbanisation dépendante est plus le résultat d'un processus
démographique et social qu'économique.
B. L'urbanisation démographique des
centres urbains dans la Province Orientale
La forme d'urbanisation qui s'observe dans les centres urbains
de la Province Orientale est celle défini par CAZES.
A l'absence de données statistiques fiables faute de
recensement officiel depuis des décennies, quelques
phénomènes sociaux qui s'observent dans les centres urbains
peuvent prouver cette urbanisation démographique. Il s'agit par exemple
de l'agrandissement vertigineux des centres urbains et les constructions
anarchiques, la rareté des maisons à louer et la majoration des
loyers, le sureffectif et la promiscuité dans certains foyers, la
rurbanisation qui provoque le surpeuplement des villages proches des villes par
des personnes y travaillant ou exerçant des activités qui
dépendent directement de la ville, le nombre élevé des
chômeurs...
C. Causes de l'exode
rural en Province Orientale
Un faisceau de causes diverses et cumulatives explique
l'ampleur préoccupant de la migration du désespoir des campagnes
vers les centres urbains en Province Orientale. Les facteurs répulsifs,
agissant comme une pompe refoulante, semblent l'emporter sur les facteurs
attractifs, bien que ceux-ci soient surestimés par les migrants.
a. Facteurs
répulsifs :
Les facteurs répulsifs sont
l'insécurité due aux guerres et les tracasseries
policières d'une part et d'autre part l'absence des infrastructures
routières, comme nous l'avons développé
antérieurement quand nous avons parlé des causes de la crise
alimentaire en P.O.
b. Facteurs attractifs :
Les populations des campagnes préfèrent habiter
dans les centres où ils peuvent avoir un travail
rémunérateur pouvant leur permettre de vivre décemment
avec tout le confort qu'offre le progrès scientifique aux centres
urbains : moyen de déplacement, électricité, Eau,
télévision, téléphone, Internet...
III.3.2. Organisation paysanne
L'organisation des activités dans les campagnes doit
dépasser le cadre familial pour s'élargir à des
organisations professionnelles qui peuvent être constituées sous
forme de coopératives, d'associations, d'unions, de
fédération de confédération non gouvernementale ou
d'organisation interprofessionnelles.
Ces organisations doivent participer à
l'élaboration, a la mise en oeuvre et à l'évaluation des
politiques et programmes d'intervention dans leurs domaines d'activités.
A ce titre, elles doivent s'impliquer dans ces processus, notamment dans le
cadre de concertation, des commissions ou groupes de travail aux niveaux local,
Provincial et international, pour faire valoir les intérêts de
leurs membres.
C'est en s'organisant ainsi qu'elles peuvent
bénéficier d'appui, spécifiquement dans le cadre du
renforcement des capacités, et être éligibles à des
contrats de prestation de services.
a. Paysannat, une expérience coloniale en
RDC
Le paysannat était une forme d'organisation de
l'économie rurale dans laquelle, avec le concours des pouvoirs publics,
des groupes de familles indigènes mettaient systématiquement en
valeurs et exploitaient rationnellement pour leur compte des terres où
elles s'établissent à demeure (plan décennal 1949).
Cette organisation consistait en l'installation des paysans
dans des portions de terre qu'ils exploitaient. Elle avait 3 buts à
savoir, agricole, social et économique :
- But agricole : Le système
cultural pratiqué dans les paysannats permettait de conserver la
fertilité des terres par l'adoption du système de cultures-
jachères, adéquat en vue d'assurer la continuité dans la
production ; ce qu'on peut appeler aujourd'hui le développement
durable ;
- But social : Le paysannat permettait
de stabiliser la population rurale et d'améliorer ses conditions de vie
matérielles et morales ; ce qui avait pour conséquences le
frein de l'exode rural vers les centres urbains et le regroupement
définitif des villages sur une entendue bien déterminée,
permettant une bonne administration de la population ;
- But économique : Le paysannat a
augmenté et valorisé la production des vivres pour assurer le
ravitaillement intérieur et la production destinée à
l'exportation30(*).
Cette expérience coloniale avait
réussi à maintenir une stabilité alimentaire et
économique en RDC pendant les années 50 et 60. Mais les
désintéressements au secteur agricole des autorités qui
ont dirigé le pays après l'indépendance a ruiné
cette initiative et a concouru à la crise que nous connaissons
aujourd'hui.
III.4. EFFETS DE DEVELOPPEMENT RURAL SUR LA FORET ET
LE CLIMAT
III.4.1. Effet sur la forêt
a. Effet négatif : la
déforestation
Si l'on parvient à doter les milieux ruraux des
infrastructures économiques de base comme nous l'avons
énumérées précédemment, cela va provoquer
l'exode urbain qui emmènera à la campagne les populations
désoeuvrées qui envahissent les centres urbains. Cette situation
provoquera la déforestation suite aux activités agricoles qui
vont se développer.
Profitant de la faiblesse de la loi foncière qui ne
précise pas les limites des domaines fonciers des communautés de
jouissances sur ces fonds ; les populations dévasteront de grandes
étendues des forêts pour avoir des espaces à cultiver.
Surtout que le processus de « zonage » prévu par le
code forestier qui devait limiter cette tendance expansive des
étendues à cultiver tarde à se réaliser.
Ce qui nécessite un encadrement permanent des paysans
à l'instar de paysannat pratiqué pendant la colonisation pour
chercher à sédentariser les paysans qui sont en quête des
terres fertiles. Tel est le cas dans le territoire d'OPALA où les
populations quittent les villages pendant les saisons culturales pour aller
s'installer très loin dans la forêt où elles peuvent
trouver des terres fertiles.
Le développement rural doit donc être
accompagné d'un cadre juridique approprié et des techniques
culturales qui intègrent les notions environnementales, telles que
l'introduction de systèmes agro forestiers intégrés qui
associent les cultures, les pâturages et les arbres de façon
écologiquement durable, afin d'atténuer les conséquences
de développement rural sur la forêt.
b. Effet positif : l'atténuation de la
déforestation
La construction des centrales hydroélectriques aidera
la population à abandonner l'usage des bois de chauffe qui constitue une
menace permanente contre la forêt. L'utilisation des réchauds pour
la cuisson des aliments, des congélateurs et des chambres froides pour
la conservation des poissons et gibiers atténuerait la
déforestation.
III.4.2. Effets sur le climat
Si l'Etat parvient à encadrer les paysans et à
leur doter des moyens pour moderniser l'agriculture en changeant les techniques
culturales, la déforestation et la pollution seront
atténuées, ce qui sera bénéfique pour le maintien
de l'équilibre climatique.
Tandis que le développement incontrôlé du
milieu rural aggravera la déforestation et par ricochet, le
réchauffement climatique.
CONCLUSION
En guise de conclusion de notre étude sur
« les mécanismes de lutte contre la crise alimentaire et
conséquences sur la forêt et le climat », il sied de
retenir ce qui suit :
Nous sommes partis des observations sur les deux crises que
traverse l'humanité, le réchauffement climatique et la crise
alimentaire dont les solutions que proposent les experts sur l'une d'elles
tendent à se répercuter sur l'autre, et vice versa.
Etant donné que la RDC détient une portion
importante de forêt sur laquelle se fonde l'espoir de l'humanité
pour le maintien de l'équilibre climatique, et quand on considère
l'acharnement des acteurs tant publics que privés en RDC ces trois
dernières années pour faire face à la crise alimentaire,
on doit certes se poser les questions dont quelques unes ont fondé la
problématique de cette étude, à savoir :
- quels sont les mécanismes adaptés pour lutter
contre la crise alimentaire en RDC ?
- quels impacts auront-ils sur la forêt et le
climat ?
- existe-t-il un cadre juridique adapté dans lequel
cette lutte peut-être engagée ?
Pour répondre à ces questions, nous avons
émis comme hypothèses, la promotion de l'agriculture et le
développement rural seraient des mécanismes pour lutter contre la
crise alimentaire en RDC. Etant donné qu'il n'existe pas un cadre
juridique et une politique agricole adaptée, ils auront des
conséquences néfastes sur la forêt et le climat.
Pour vérifier nos hypothèses, nous nous sommes
servis de la méthode juridique et de l'analyse fonctionnelle, qui seront
donc complétées par la technique documentaire et de l'interview.
A la fin de notre étude, nous avons abouti aux
résultats ci-après : le secteur agricole en Province
Orientale est encadré par une structure étatique qui est le
Ministère Provincial de l'Agriculture et du Développement Rural
appuyé par l'Inspection Provinciale qui encadre en son sein une panoplie
de services nationaux. Cependant, ces services sont animés par un
personnel vieilli t sous qualifié. Outre ces organismes publics, notons
aussi la présence d'une cinquantaine des ONGD qui oeuvrent dans ce
secteur.
Faute de moyens financiers, ces organismes tant publics que
privés ne sont presque pas opérationnels. Les financements qui
devraient provenir en grande partie du pouvoir public ne sont pas
accordés. Le budget provincial ne réserve au secteur agricole
qu'un crédit de moins de 1%, destiné juste au fonctionnement du
ministère.
Malgré la présence de ces organismes, les
cultivateurs se trouvent toujours abandonnés et affrontent seuls les
difficultés inhérentes à leur activité. Sur les 120
personnes enquêtées, 14 seulement ont reçu une aide en
semence du riz, soit 11% des paysans.
Quant à la recherche et la formation des acteurs
agricoles, la Province Orientale a l'avantage d'abriter le siège de
l'INERA Yangambi, qui cependant ne jouit pas de ce privilège suite
à l'abandon de ce grand centre de recherche par différents
gouvernements qui se sont succédés depuis l'indépendance.
La ruine de l'INERA a aussi affecté l'IFA Yangambi qui était
obligé de quitter ses locaux et son cadre de travail, avec comme
conséquence, la formation des ingénieurs agronomes
théoriciens.
A cela s'ajoute le nombre réduit des écoles
techniques agricoles. Quand on considère, par exemple, la province
éducationnelle orientale I (qui couvre le district de la Tshopo et la
ville de Kisangani), on compte seulement 34 instituts techniques agricoles sur
les 604 écoles secondaires que compte cette province
éducationnelle, soit 5% seulement d'écoles agricoles avec une
population scolaire très réduite par rapport à d'autres
sections.
L'insuffisance de la recherche, l'absence de la vulgarisation
des techniques agricoles et la carence des acteurs agricoles formés
laissent les paysans pratiquer leurs techniques traditionnelles, entre autres,
la culture itinérante sur brûlis avec comme conséquences,
des vastes étendues cultivées pour un maigre rendement (pour le
riz par exemple, une moyenne de 650 à 700 kg par ha alors que la
production moyenne en Afrique tropicale est estimée à 2000 kg par
ha).
Profitant de la faiblesse de la loi foncière qui ne
limite pas clairement le droit de jouissance des communautés
coutumières sur le sol, et du retard de processus de zonage prévu
par le code forestier d'une part et d'autre part, motivé par
l'augmentation des prix de produits agricoles provoqués par la
rareté, les paysans continueront à défricher des vastes
étendues des forêts.
Cette déforestation pouvait être
évitée ou atténuée par la formation des acteurs
agricoles et la vulgarisation des techniques culturales écologiques
telles que l'agroforesterie et la technique de labour. Mais le taux
élevé d'analphabètes dû au manque d'infrastructures
scolaires ne peut pas favoriser cette atténuation.
La réhabilitation des routes incitera les paysans
à produire plus pour répondre au besoin toujours croissant des
centres urbains, et facilitera l'exode urbain qui emmènera à la
campagne les désoeuvrés qui inondent des centres urbains. Cet
exode urbain doit être accompagné d'une politique d'encadrement
à l'instar du paysannat organisé à l'époque
coloniale, l'aménagement et la construction des infrastructures
socio-économiques de base telles que des centrales
hydroélectriques, évitera aux paysans de dépendre
totalement de la forêt en leur offrant des possibilités d'utiliser
des réchauds pour la cuisson des aliments et des congélateurs
pour la conservation de leurs provisions atténuant ainsi le recours aux
bois de chauffe.
La situation actuelle du milieu rural en Province Orientale
est donc loin de répondre à ces aspirations environnementales.
Les problèmes de l'environnement ne peuvent donc pas se résoudre
indépendamment des enjeux du développement. Sans un
développement harmonieux du milieu rural, les quelques mesures qui
seraient prises d'une manière isolée risqueraient d'aggraver la
situation environnementale. Tel est le cas de la réhabilitation des
routes pour résoudre les problèmes économiques sans un
encadrement conséquent des paysans, aggraveraient les problèmes
environnementaux.
Après analyse de ces deux mécanismes de lutte
contre l a crise alimentaire que nous avons épinglé dans cette
étude, nous disons donc que nos hypothèses de départ ont
été confirmées. La promotion de l'agriculture et le
développement rural dans le contexte actuel de la Province Orientale,
provoqueront donc la déforestation et aggraveront le
réchauffement climatique. Si avec des techniques traditionnelles la
capacité de déforestation par paysan s'élève
à 1,15ha par an dans les localités environnantes de la ville de
Kisangani, l'intensification des activités agricoles dans toute la
province pourrait nous donner une moyenne de 9.206.327ha de forêts
déboisées chaque année ; alors la mécanisation
agricole risquerait d'empirer la situation si l'on n'adoptait pas une bonne
politique agricole : l'absence d'engrais pour fertiliser le sol
occasionnerait une « culture itinérante
mécanisée ».
Eu égard à ce qui précède, nous
suggérons ce qui suit :
2. A l'Etat Congolais
- L'adoption d'une bonne politique agricole qui prend en
compte les questions environnementales ;
- L'augmentation de financement publique dans le secteur
agricole (10% de budget national tel que exigé par le NEPAD) ;
- Le recrutement d'un personnel qualifié pour animer le
secteur agricole ;
- La révision de la loi foncière en vue de
l'adapter aux conditions socio-économiques et environnementales
actuelles ;
- La révision du Code Forestier
(précisément ses articles 53 et 54) et son application
stricte;
- Elaboration d'un code agricole et rural ;
- La création des écoles techniques agricoles
et l'élaboration des programmes d'agriculture
écologique ;
- L'organisation des campagnes de vulgarisation agricole et
transfert des technologies en vue d'éradiquer les pratiques culturales
traditionnelles ;
- L'encadrement des paysans à l'instar du paysannat de
l'époque coloniale ;
- Accorder des crédits aux paysans ;
- Equiper les paysans en matériels aratoires et les
approvisionner en intrants agricoles et phytosanitaires ;
- La création des marchés locaux ;
- La construction et la réhabilitation des
infrastructures socio-économiques de base ;
3. Aux ONGD du secteur agricole
- d'aider le gouvernement par les campagnes de vulgarisation
agricole, de transfert des technologies et d'encadrement des paysans ;
- d'élargir leurs activités dans les
campagnes ;
- d'orienter les financements qu'elles obtiennent de leurs
partenaires en faveur de vrais bénéficiaires qui sont les
paysans.
Nous n'avons pas la prétention d'épuiser toute
la matière relative à ce sujet. Certaines questions sont
restées pendantes, entre autres, la mécanisation agricole et
l'élevage qui peuvent faire l'objet d'autres études pour
compléter la notre que nous estimons imparfaite.
BIBLIOGRAPHIE
1. TEXTES LEGAUX ET REGLEMENTAIRES
- La Constitution de la RDC du 18/02/2006 (J.O., N°
spécial du 18/02/2006 ;
- LOI N°O11- 2002 du 29 Août 2002 portant code
forestier (Présidence de la République) ;
- LOI N°004-2002 du 21 Février 2002 portant code
des investissements (Présidence de la République) ;
- LOI N°73-021 du 20 Juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des sûretés (J.O.Z., N°3, 1er
Février 1974, P. 69) ;
- Ordonnance N° 78/211 du 5 mai 1978 portant statut de
l'Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques (INERA)
(J.O.Z.,N°11,1/07/1978,P.42) ;
- Ordonnance Loi N°67-97 du 2 mars 1967 portant
création de fond national de crédit agricole et artisanal (NNCA)
(M .C.1967,P.116) ;
- Ordonnance N° 78-213 du 5 mai 1978 portant statut de
l'office national de développement de l'élevage
(J.O.Z.,N°11,1/06/1978,P.42) ;
- Ordonnance N° 33/AGRI du 25 mars 1927 portant lutte
contre les parasites.
- Arrêté départemental N°
003/BCE/AGRIDAL/84 du 12 mai 1984 portant création et organisation du
bureau national semencier (BUNASEM), (J.O.Z ,
N°11,1/06/1985 ,P.11) ;
- Arrêté ministériel n°012 du 11
Novembre 2002 portant coordination nationale des centres
agricoles (Ministère de l'agriculture) ;
- Arrêté ministériel
n°028/BM/AARDC/91 du 18/O7/1991 portant projet de développement
des cultures pérennes (Ministère de l'Agriculture) ;
- Arrêté départemental
n°049/BCE/DDR/89 du 22 mars 1989 portant service national des
coopératives et organisations paysannes (J.O.Z, N°9, 1/5/1986,
P. 30) ;
- Arrêté départemental
n°008/BCE/AGRIDRAL/85 du 20 Août 1985 portant projet de recherche
agronomique appliquée et de vulgarisation ;
- Arrêté départemental
n°0011/BCE/AGRIDRAL/85 du 17 Décembre 1985 portant projet de
développement de la production et de la commercialisation agricoles
régionales (J.O.Z, N°9, 1/5/1986, P. 32);
- Arrêté départemental
n°024/BCE/DDR/87 du 15 Août 1987 portant projet d'installation
des petites et moyennes entreprises agricoles (J.O.Z, N°21, 1/11/1987, P.
26)...
2. OUVRAGES
§ BALBAULT R. et al, « Biodiversité et
crise de croissance des sociétés humaines horizon
2010 ». In Biodiversité et changement globaux, ADPH,
Paris, 2005.
§ BECHMANN R., Des arbres et des hommes,
Flammarion, Paris, 1984.
§ BRICAS N. et al, La crise alimentaire
mondiale. Disponible sur
http://Commons.wikineda.org
Consulté le 27-03-2009
§ CAZES G. et DOMINGO J., Les critères du sous
développement, Bréal, Paris, 1987.
§ CORNU G., Vocabulaire juridique, PUF,
8è édition, Paris, 2008.
§ DAILLER P. et PELLET A., Droit international
public, LGDJ, Paris, 2002,
§ GRAWITZ M., Méthode de recherche en science
sociale, Dalloz, Paris, 1986
§ LABEYRIE J., L'homme et le climat,
Denoël, Paris, 1985.
§ LABEYRIE J., L'homme et le climat, Denoël, Paris,
1985.
§ LAULAN Y., Le tiers monde et la crise de
l'environnement, P.U.F, Paris, 1974
§ PEDELABORDE P., Introduction à
l'étude scientifique du climat, Sedes
3. COURS
§ KOLA GONZE R., Droit agricole et forestier,
Cours inédit G3 FD, Unikis, 2008-2009.
§ MANKANA J-R., Responsabilités dans
l'environnement, Cours inédit, L1, Faculté des Sciences,
Unikis, 2006-2007.
§ TSHIYEMBE MWAILA, Droit international de
l'environnement, Cours inédit, L1 FD, Unikis, 2006-2007.
4. CONFERENCES
§ CEPOR, Kisangani, 1ère
édition, 2007 (Cette conférence n'a pas eu lieu).
§ Conférence sur l'agriculture
écologique, Addis Abeba du26 au28 novembre 2008.Disponible sur
ftp : fao.org /docrep. Consulté le 30-03-2009.
5. DICTIONNAIRES
§ Dictionnaire encyclopédique, Hachette, Paris,
1999
§ Grand Larousse encyclopédique, Paris, 1960.
§ Larousse agricole, Paris, 1981.
6. WEBOGRAPHIE
- www.fao.org. Investir dans
l'agriculture pour la sécurité alimentaire, le monde entier y
gagnera. Consulté le 20 février 2009.
- www.fao.org, Bioénergie,
sécurité alimentaire et durabilité : vers un cadre
international. Consulté le 5février 2009.
- www.fao.org. Bioénergie et
changement climatique. Consulté le 5 février 2009.
- www.fao.org. Changement
climatique et sécurité alimentaire. Consulté le
5février 2009
LISTE DES TABLEAUX
1. Tableau n°1. Assistance des ONGD aux
paysans.....................................34
2. Tableau n°2 : Situation du budget
provincial alloué au secteur agricole...37
3. Tableau n°3 : Production
vivrière en Province Orientale...........................48
4. Tableau n°4 : rendement de riz
cultivé sur brûlis dans l'hinterland de
Kisangani.............................................................................................50
5. Tableau n°5 :Superficies des champs
cultivés dans l'hinterland de
Kisangani.............................................................................................51
6. Tableau n°6 : Route
d'intérêt
Provincial.................................................59
7. Tableau N° 7 : Situation
Synthétique des Bacs.......................................62
8. Tableau n°8 : Situation
synthétique des écoles publiques par
district.......................................................................................
63
9. Tableau n°9 : Répartition
(en %) de la population ayant un accès facile à l'eau potable de
qualité en Province Orientale............................65
* 1 LAULAN Y., Le tiers
monde et la crise de l'environnement, P.U.F, Paris, 1974,
p.61
* 2 Conférence sur
l'agriculture écologique, Addis Abeba du26 au28 novembre
2008.Disponible sur ftp :fao.org /docrep. Consulté le
30-03-2009
* 3 BRICAS N. et al, La
crise alimentaire mondiale. Disponible sur
http://Commons.wikineda.org
Consulté le 27-03-2009
* 4 MERTON
R.K., Cité par GRAWITZ M., Méthode de recherche en
science sociale, Dalloz, Paris, 1986, P.454
* 5 Grand Larousse
encyclopédique, Paris, 1960.
* 6 BRICAS N. et al, op. cit.
p.3
* 7 Larousse agricole, Paris,
1981
* 8 BECHMANN R., Des arbres
et des hommes, Flammarion, Paris,1984,P.9
* 9 BALBAULT R. et al,
« Biodiversité et crise de croissance des
sociétés humaines horizon 2010 ». In
Biodiversité et changement globaux, ADPH, Paris, 2005 p.144
* 10 Ces chiffres ont
été fournis par la division provinciale de l'environnement, eau
et forêt.
* 11 Dictionnaire
encyclopédique, Hachette, Paris, 1999
* 12 PEDELABORDE P. ,
Introduction à l'étude scientifique du climat, Sedes,
Paris,1982,P.18
* 13 LABEYRIE J., L'homme
et le climat, Denoël, Paris, 1985.
* 14 TSHIYEMBE MWAILA,
Droit international de l'environnement, Cours inédit, L1 FD,
Unikis, 2006-2007.
* 15 DAILLER P. et PELLET A.,
Droit international public, LGDJ, Paris, 2002, p. 1298.
* 16 CORNU G., Vocabulaire
juridique, PUF, 8è édition, Paris, 2008.
* 17
www.fao.org. Investir dans
l'agriculture pour la sécurité alimentaire, le monde entier y
gagnera. Consulté le 20 février 2009.
* 18 Draft du programme
agricole d'urgence pour la Province Orientale, Inspection Provinciale de
l'Agriculture, Pêche et Elevage, 2007.
* 19 KOLA GONZE R., Droit
agricole et forestier, Cours inédit G3 FD, Unikis, 2008-2009.
* 20 CEPOR, Kisangani,
1ère édition, 2007, p.6.
* 21CEPOR, Op. Cit.,
p. 6.
* 22 Programme de Lutte
Intégrée Contre la Déforestation à Kisangani et
hinterland (PLICODE), OCEAN, Kisangani, 2001.
* 23 Pour obtenir ce
chiffre, nous avons procédé de la manière suivante :
les 34 personnes qui ont cultivé moins de 1 ha nous leur avons
attribué forfaitairement 50 m2 , or pour avoir 1 ha, il faut
quatre 50 m2, alors il faut diviser 34 par quatre pour avoir 8 ha
qui seront ajoutés aux 51 ha de ceux qui ont cultivé 1 ha chacun
et aux 70 ha de 35 personnes qui ont cultivé chacune plus de 2 ha.
* 24 MANKANA J-R.,
Responsabilités dans l'environnement, Cours inédit, L1,
Faculté des Sciences, Unikis, 2006-2007.
* 25
www.fao.org, Bioénergie,
sécurité alimentaire et durabilité : vers un cadre
international. Consulté le 5février 2009.
* 26
www.fao.org. Bioénergie et
changement climatique. Consulté le 5 février 2009.
* 27
www.fao.org. Changement climatique
et sécurité alimentaire. Op. Cit.
* 28 CEPOR, Op. Cit.,
P. 6
* 29 CAZES G. et DOMINGO J.,
Les critères du sous développement, Bréal, Paris,
1987, p.173.
* 30 KOLA GONZE R.,
Op.Cit., p.35.