Problématique de la prise en charge des OEV du fait du VIH/sida: cas de la ville d'Abidjan( Télécharger le fichier original )par Sourou SANGARE Université Cocody, Abidjan - Maà®trise 2008 |
IV-3-b- Les programmes du BICELes programmes du BICE sont développés selon 4 axes principaux :
(1) www.unicef.org/aids/index_fight.html
Tous les projets suscitent la participation active des enfants, de leurs familles et de leurs communautés. Dans ses projets, le BICE veille particulièrement à l'exercice et au renforcement des capacités de résilience de chacun. Les projets du BICE sur le terrain comprennent également des actions de sensibilisation et d'information des enfants, des familles et des travailleurs sociaux comme d'autres acteurs : autorités judiciaires, police, médias et relais d'opinion. IV-4-ALLIANCE - CI Dans le cadre de son partenariat avec l'USAID, l'Alliance Internationale contre le VIH/SIDA a mis en place un programme d'appui aux communautés, en vue de renforcer la réponse ivoirienne au VIH/SIDA. La mise en oeuvre de ce programme est effective depuis le mois d'avril 2005. Selon son modèle d'intervention, qui est basé sur le renforcement des capacités nationales, l'Alliance Internationale contre le VIH/SIDA intervient dans les pays à travers une organisation nationale indépendante, que l'on appelle Organisation de Liaison, et qui est son partenaire privilégié dans le pays où elle intervient. De ce fait, l'organisation de liaison, qui est une organisation non gouvernementale nationale, fait partie de la Grande Famille de l'Alliance avec laquelle elle partage Missions, Visions et Valeurs. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, vu l'urgence requise par le bailleur de fonds, l'Alliance Internationale contre le VIH/SIDA a expérimenté une autre approche d'intervention pour aboutir à la mise en place de l'organisation de liaison. En effet, compte tenu de la période relativement courte pour une mise en oeuvre rapide des activités du programme, l'Alliance Internationale contre le VIH/SIDA a procédé à la mise en place d'un Bureau Pays, en lieu et place de l'identification et le renforcement d'une organisation déjà existante. A terme, Le Bureau Pays de l'Alliance Internationale contre le VIH/SIDA devait être transformé en une organisation nationale indépendante, fonctionnant selon la législation ivoirienne. IV-4-a- MISSIONS La mission d'Alliance Côte d'Ivoire est d'apporter un soutien aux communautés, de façon à ce qu'elles puissent jouer un rôle intégral et efficace pour réduire l'expansion et l'impact du VIH/Sida en Côte d'Ivoire. IV-4-b- VISIONS ET VALEURS Relever le défi que constitue le SIDA pour le développement et pour l'humanité toute entière : Le VIH/SIDA, s'est imposé comme une entrave au développement des pays tout en compromettant sérieusement les indicateurs de développement. L'impact négatif de la pandémie sur tous les secteurs d'activité n'est plus à démontrer. Ø Faire la différence : Il s'agira pour Alliance Côte d'Ivoire de concentrer ses efforts et ses ressources là où il pourra apporter une réponse significative aux effets dévastateurs du VIH /SIDA. Cela requiert un soutien ciblé aux populations vulnérables, une parfaite implication de toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA, une lutte constante contre le stigmate et la discrimination ainsi qu'un engagement en faveur de la jeune fille et de la femme. Ø Promouvoir la participation, des acteurs locaux : Les stratégies les plus efficaces contre le SIDA sont celles qui sont à la fois construites sur un leadership local, l'engagement et la responsabilisation des acteurs locaux. Les organisations non gouvernementales et les organisations à bases communautaires locales sont les mieux outillées pour faciliter la réponse communautaire et faire le lien entre, d'une part les besoins et les capacités des démunis et d'autre part, les efforts en matière de santé et de développement à une plus grande échelle. Ø Travailler en partenariat : Aucune organisation n'est en mesure de répondre seule à l'épidémie du SIDA. La pandémie exige une mobilisation et une collaboration au niveau communautaire, national et international ; c'est pourquoi Alliance Côte d'Ivoire entend travailler en partenariat avec les gouvernements, la société civile et les entreprises privées qui ont tous, un rôle vital à jouer. Ø Autodétermination et bonne gouvernance : Toute organisation non gouvernementale (ONG) a le droit de déterminer de manière indépendante ses priorités et ses politiques. Toute ONG a également la responsabilité de veiller à la transparence, à la bonne et efficace gestion des ressources que lui ont procurées les contribuables et les personnes privées. Dans ses programmes comme dans son soutien aux groupes communautaires, Alliance Côte d'Ivoire s'engage à renforcer les capacités et à agir de manière efficace et conforme à l'éthique. Ainsi, elle s'engage à éviter les conflits d'intérêts ainsi qu'à rester neutre et juste en matière de prise de décision. IV-4-c- OBJECTIFS Alliance Côte d'Ivoire a pour objet de soutenir les communautés dans leurs actions de lutte contre le SIDA. Le programme poursuit trois objectifs immédiats qui sont : - Apporter une contribution significative à la prévention, aux soins et soutien des personnes vivant avec le VIH/Sida ainsi que les personnes affectées (dont les enfants) ; - Promouvoir la pérennisation des actions et l'accroissement des efforts de la communauté contre le sida, en renforçant les capacités des organisations à base communautaire (OBC), des organisations confessionnelles (OC) et des organisations non gouvernementales (ONG) - Influencer et améliorer les politiques et programmes de lutte contre le VIH/Sida des partenaires du secteur gouvernemental et non gouvernemental, notamment les organisations internationales (agences du système des Nations - Unies, ONG, ou autres) et des donateurs en mettant l'accent sur le rôle et la participation des communautés. IV-4-d- STRATEGIES DE LUTTE - Renforcement des capacités des Organisations de la Société Civile et des OBC, ONG OBF - Octroi de subventions - Suivi et évaluation - Mise en synergie des services - Plaidoyer pour influencer les politiques en matière de lutte contre le VIH SIDA IV-4-e- DOMAINE D'APPUI Ø Prévention - Abstinence et Fidélité (AB) - Prévention auprès des populations Hautement Vulnérables (PHV) - Conseil et Dépistage Volontaire (CDV) - Mobilisation communautaire autour de la PTME Ø Prise en charge - Soins palliatifs: Éducation au traitement, Soins et soutien PVVIH, - Soin et Soutien PVVIH/TB - Conseil et Dépistage Volontaire (CDV) Ø Renforcement des systèmes - Renforcement des capacités - Gestion financière - Suivi et évaluation Ø Réduction de l'impact du VIH/SIDA - Prise en charge des OEV - Soutien aux AGR Ø Mobilisation communautaire - Prévention de la Transmission Mère-Enfant - Service ARV - Centre de Dépistage Volontaire 2ème PARTIE : EVALUATION DES ACTIONS DE PRISE EN CHARGE DES OEV CHAP 1 : REALISATIONS I- LES RESULTATS DES ACTIVITES DE CHIGATA Ø La Mobilisation communautaire o 9299 personnes touchées o 15 enfants participent aux activités théâtrales o 7 pièces théâtrales réalisées Ø Le Soutien psychologique
Ø L'Appui éducatif
Ø Les Soins et soutiens médicaux
Ø L'Appui nutritionnel ou alimentaire
Ø Le Soutien économique
II- BILAN DES ACTIVITES REALISEES PAR LE SOUTIEN Ø Activités fonds propre
Campagne de sensibilisation, conférences, mobilisation au test de dépistage volontaire, formation, éducation, projection de film à travers toutes les communes d'Abidjan et dans les villes suivantes, BOUAKE, YAMOUSSOUKRO, NOE. Au cours l'année 2007, 113.241 personnes sont
mobilisées au test de dépistage.
Campagne de sensibilisation et de mobilisation au test de dépistage dans toutes les villes de Côte-d'Ivoire dont les principales sont : ABIDJAN AGBOVILLE ABOISSO TOUMANGUIE ABENGOUROU BOUAKE BONDOUKOU TANDA BELEOULE DANANE KORHOGO YAMOUSSOUKRO plus de 800 000 personnes sont sensibilisées pour le compte de l'année 2005. 150 PVVIH et 250 OEV du fait du VIH / SIDA ont été pris en charge tant au plan nutritionnel ou alimentaire, médical, psychosocial et, économique.
Installation d'une Antenne de l'ONG LE SOUTIEN à Danané dans la région ouest de la Côte-d'Ivoire. Activités de sensibilisation à Abidjan et dans 170 villages du département de Danané où des comités de lutte contre le Sida ont été installés. ACTIVITES DE PRISE EN CHARGE (nutritionnelle ou alimentaire, médicale, psychosociale, économique, vestimentaire et économique) 150 PVVIH et 397 OEV du fait du VIH / SIDA dont 200 sont scolarisés. Ø Activités réalisées avec partenaires
Campagne de sensibilisation dans 16 marchés de la commune de Yopougon. Et renforcement de la prise en charge de 250 OEV de la commune de Yopougon.
5 familles d'accueil des OEV sur 24 que nous avons visité ont bénéficié d'activités génératrices de revenus.
Formation et prise en charge de 50 enfants (frais d'examen, fournitures scolaires) CHAP 2: LES OBSTACLES A LA PEC DES OEV Au vu de l'enquête sur le terrain, nous avons pu constater dans les faits la pratique de la prise en charge des OEV réalisée par les structures intervenant dans le domaine du VIH/SIDA. Ainsi, de commun accord ils nous disent : « beaucoup a été fait mais des insuffisances demeurent ». Ces manques représentent des limites que ces structures rencontrent dans leurs actions. Lesquelles limites proviennent de certaines difficultés de diverses natures. En ce sens, les propos de l'Assistante de Direction de l'ONG CHIGATA nous éclairent : « les ONG connaissent des problèmes qui sont des obstacles à la bonne mise en oeuvre des actions de prise en charge des OEV. On peut distinguer les problèmes qui se posent au sein de l'ONG même et ceux qui minent le milieu dans lequel évoluent les ONG ». On pourrait à cet égard énumérer deux niveaux de facteurs à savoir les facteurs intrinsèques c'est-à-dire ceux qui sont propres aux difficultés internes de la structure et les facteurs extrinsèques liés aux difficultés hors de la structure mais qui influence la pratique de la prise en charge.
A l'analyse des difficultés propres à la structure et entravant la prise en charge au niveau des structure, on relève dans un premier temps des problèmes liés aux ressources humaines. A ce niveau deux difficultés se signalent : Il est bon de notifier d'abord une insuffisance de personnel oeuvrant dans la prise en charge. A cela, s'ajoute le manque véritable d'engagement de ce peu de personnes dans leur majorité : « On sent un laisser-aller de la part de certains acteurs dans l'accomplissement de leurs tâches » soutient l'un des responsables de la prise en charge des OEV à l'UNICEF. Un autre membre du personnel du PN-OEV explique cette démotivation par les problèmes personnels que vivent les membres au sein de leurs familles. Par ailleurs, d'autres ayant les compétences requises ne font pas preuve d'un dévouement dans le travail bien que le dévouement est la condition sine qua none pour y adhérer. Cependant, un responsable à ACONDA-VS soutient : « je pourrai dire que la carence en personnel et le manque d'engagement remarqués souvent au niveau des ONG sont dus à l'absence d'une certaine rémunération qui n'est pas le but principal d'une Organisation Non Gouvernementale, surtout sous la forme d'une Association de PPVHI/SIDA ». Dans le cadre des associations, ces problèmes subsistent à cause d'un refus des personnes infectées de s'afficher dans leur majorité. Ce refus pourrait résulter d'une vision stigmatisante à l'égard du SIDA, renforçant le problème de la confidentialité partagée. Toutefois, comme le dit une intervenante à CePReF enfant « si les infectés avaient cet espoir d'être soignés correctement et de mieux se sentir par une PEC complète, ils feraient fi de ces effets de stigmatisation pour mieux s'engager dans ce combat » . Nous retiendrons alors dans un premier temps les facteurs liés aux moyens matériels. Ces moyens précaires dont sont dotés les ONG pour leur fonctionnement sont comme semblent-il une unité de mesure du degré d'engagement complet de certains individus « volontaires ». Ainsi, nous l'explique un membre influent de LUMIERE ACTION « l'insuffisance de moyens est le noeud de plusieurs maux et de rupture de certaines de nos activités. Dans le même sens un assistante sociale s'explique en ces termes : je ne peux pas assurer correctement les visites à domicile dont ont besoin certains patients car je manque de moyens de déplacement commode pour cette tâche ». Dans ce facteur de moyens rentre en ligne de compte la logistique. A ce niveau les ONG souffrent d'une médiocrité logistique et cela ne peut que les limiter dans la faisabilité des certains de leurs projets. Au niveau des finances, ASAPSU à travers on responsable de la cellule OEV nous avance « les moyens financiers posent en termes de difficultés une anicroche pour les ONG, qui sont définies comme des structures à but non lucratif, liés au bénévolat, volontariat. Par conséquent, certains membres qui auparavant étaient sans activité, souhaiteraient avoir avec l'ONG, le minimum vital par une certaine rémunération. Malheureusement, ils se retrouvent à vide avec leurs problèmes ». Dans ce cas d'espèce, le désir de travailler pourrait souffrir d'une démission voilée, faute de contrainte d'ordre matériels que subissent les ONG et qui par conséquent font souffrir certains membres actifs à faible moyens de vie. Aussi, le pécule dont se procure les ONG dans leur majorité est lié aux cotisations (faibles) des membres. Partant cette somme ajoutée à quelques subventions se voient très vite épuisées par la forte demande de soutien social venant des PPVIH/SIDA pour amortir le coût des soins des maladies opportunistes ou certains besoins familiaux. Sur ce problème financier un membre de RUBAN ROUGE réagit : » le mal réside au niveau du déplacement d'objectif de la lutte contre le VIH/SIDA qui se trouvent freiner par l'argent ». A un autre d'ajouter que, je cite : « il y'a un problème au niveau de certains acteurs qui viennent dans l'intention de s'enrichir ». En outre, les problèmes de personnes, les intérêts égoïstes et égocentriques et les suspicions ont fait voler en éclat des associations. Les accusations, les rumeurs, les suspicions ont constitué le lot quotidien de certaines structures. A chaque passage de flambeau d'une équipe à une autre l'on a assisté à des accusations sous le manteau. C'est le cas du Rassemblement des Patients de la clinique du CASM devenu `'Club des Amis''. Ainsi, lorsque BOUA BI Drigoné, l'ex Président de l'association devait remplacer N'GORAN Hubert à la tête de la structure, ce dernier a été accusé d'avoir gardé des sous par devers lui. N'GORAN Hubert a créé sa propre association : GAP+PV. Lorsque BOUA BI Drigoné devrait être remplacé par Désiré N'DA à la tête de ce Rassemblement des Patients, des rumeurs ont révélé des malversations. BOUA BI Drigoné, frustré crée sa structure « Virus Village ». Désiré N'DA qui présidait désormais aux rênes de l'association fut, lorsque son mandat tirait à sa fin, accusé de malversation. Ce dernier alla créer à son tour son ONG « Action Santé Plus ». Comme on le voit les circonstances dans lesquelles se crée les ONG ainsi que les accusations qui s'en suivent laissent entrevoir une question de sous. Ce chapelet d'obstacles confirme bien notre troisième hypothèse opérationnelle. Outre ces facteurs ou causes explicatives des difficultés propres aux ONG, il semble selon une personne vivant avec le virus exerçant à RETROCI que : « des membres d'ONG particulièrement des personnes vivant avec le VIH qui ont cette opportunité de siéger à certaines instances défendant la cause des infectés à VIH, s'offrent plutôt en vedette en cherchant à satisfaire leurs désirs égoïstes ». Ainsi, comme l'affirme de même le chargé du volet OEV de CePReF enfant, « nous souffrons non seulement des conséquences de l'ignorance et des actes de la communauté, mais aussi de ceux des concernés même ». a ces obstacles, nous sommes d'avis avec certains membres d'ONG qui soutiennent que certains responsables jouissent d'une puissance ex-cathedra, dans la réalisation de certaines actions. Sans leur accord rien ne peut se faire ou se décider. Cela crée une atmosphère très lourde qui pousse certains membres à démissionner par exaspération de la situation. Nous pouvons aussi ajouter au titre des blocages que le secret extrême nourrit autour du SIDA est, dans bien des cas le problème auquel se heurtent les ONG dans leurs programmes de prise en charge et même de prévention. Ainsi se présentent les points clés des facteurs afférents aux difficultés liées à l'organisation et au fonctionnelle des ONG. Cependant, certaines difficultés pourraient avoir pour origine des causes non propres aux ONG mais les influençant plus ou moins.
Ces facteurs se situent d'une part au niveau de la population. A ce niveau, on distingue deux formes d'attitude qui sont l'ignorance et le déni. Ces attitudes ont pour source (lointaine) le spectre de mort que les autorités sanitaires ont attribué au SIDA dans les premières campagnes de sensibilisation en Côte d'Ivoire. En effet, ce caractère de non-acceptation du VIH, de déni demeure un problème majeur dans la prévention et la prise en charge du SIDA puisque les infectés ont grand besoin de l'apport et de la tolérance de la communauté ; particulièrement de la famille (des malades). Cette attitude présage non seulement la non-reconnaissance du risque d'infection, mais aussi l'indifférence et la nonchalance de la famille, lorsqu'elle serait appelée à apporter soutien et soins à un de leurs infectés. Cela pourrait s'expliquer à travers ces propos d'un de nos enquêtés de Treichville : « Mon ami, je te dis que je ne veux même pas entendre parler de ce mot là ». Ces genres de pensées empêchent toute collaboration franche entre cet élément clé de la prise en charge et les acteurs engagés dans la lutte contre le VIH/SIDA. Toutefois, bien qu'aucun pays n'ait été immunisé contre le VIH, certaines communautés et même des gouvernements ont perdu initialement un temps précieux avant d'admettre la réalité d'une maladie à laquelle s'attache une terrible stigmatisation sociale. C'est dans ce même sens que le Directeur du Programme Mondial l'OMS de lutte contre le SIDA, disait : « le laxisme au sujet de l'infection à VIH est particulièrement dangereux ; parce que cette infection reste très longtemps invisible ». Ce caractère invisible, asymptomatique est aussi objet d'ignorance au sein de la population qui est sous informée ou qui refuse l'information, préférant restée dans son ignorance. Partant de ce comportement, la communauté réalisant l'existence de l'infection à VIH, semble (pour une partie) considérer que le sujet infecté se reconnaît à travers certains symptômes : « Moi, je pense que la personne qui a le virus est connu parce qu'elle est maigre, elle fait la diarrhée et ont dit souvent qu'elle a des plaies », nous entretenait ainsi un jeune garçon de 14 ans. Une jeune fille en classe de 5ème résidant à Yopougon complète ainsi : « Je pense qu'une personne forte qui n'a aucune tâche ou un signe d'amaigrissement brusque, on peut dire qu'elle n'a pas le virus du SIDA ». L'ignorance ou le refus de la réalité est le noeud dans la problématique de l'atténuation de problèmes psycho socio-économiques que vit la personne infectée et, que les ONG essaient tant bien que mal de solutionner. D'autre part nous avons les difficultés provenant de la lésion des droits que subissent les PPVIH, du point de vue social et professionnel. Force est de reconnaître qu'à ce niveau il existe au sein du système de santé une nonchalance voire une faiblesse de l'autorité législative, quant à adopter une loi aux fins de protéger les droits sociaux et les acquis des malades du VIH/SIDA qui sont objet de discrimination dans leur milieu social et professionnel. Cependant ces obstacles à la bonne marche de la prise en charge seraient liés à une faiblesse du système de politique pragmatique de tous les aspects de la prise en charge, intégrées à une bonne sensibilisation en Côte d'ivoire, singulièrement à Abidjan selon les acteurs de cette activité et les membres des ONG en particulier ceux des associations de PPVIH. Il nous faudrait aussi reconnaître dans cette analyse, l'existence des difficultés au point de vue matériel. C'est en ce sens que les structures étatiques sont critiquées pour leur engagement semble-t-il inégal à l'égard des ONG ; car certaines se sentent lésées par rapport à d'autres au niveau de l'apport matériel provenant de ces structures gouvernementales telles le PNLS qui semble donner plus de faveur à des ONG est critiqué à travers des propos d'une personne vivant avec le VIH, membre clé d'une ONG : « les structures étatiques doivent accorder les mêmes chances à toutes les ONG dans leurs aides et dans leurs relations. Car, la force d'une ONG doit résider dans sa neutralité idéologique, le changement et la créativité, mais lorsqu'elle arrive à être trop dépendante idéologiquement et matériellement surtout de certaines structures étatiques, cela lie obligatoirement ses activités à ces structures ». Certaines personnes séropositives ne manquent de formuler des griefs contre leur ministère de tutelle. A les entendre parler, on a comme l'impression qu'elles en ont gros sur le coeur et un ras-le-bol. En fait que reprochent-elles au ministère de lutte contre le SIDA ? Elles e sent marginalisées et laissées pour compte. Pour les personnes séropositives, ce sont elles les principaux acteurs avec lesquels le ministère devrait collaborer sans faux fuyant au lieu de les ignorer. Selon l'une d'elles sous le couvert de l'anonymat : « des responsables du ministère ne sont que dans les bureaux payer à ne rien faire. De plus, ils n'ont pas le temps nécessaire à nous consacrer. Ils occupent des postes en dehors du ministère. Or le traitement du SIDA a besoin de disponibilité ». L'une d'elle ajoute encore : « ils sont toujours `'chauds'' pour aller à des conférences ou assister à des réunions en dehors du pays. Nous ne disposons pas d'assez de places dans les voyages or c'est grâce à nous qu'ils ont l'occasion de voyager. Ces gens se font de l'argent sur nos dos. Ils nous utilisent pour gagner de l'argent ». Côté ministère, on reconnaît certes que souvent les moyens financiers conséquents tardent à être débloqués. Cela leur rend la tâche ardue. Cependant, On fustige le comportement des personnes séropositives qui dit-on manquent non seulement de patience mais aussi de patiences envers elles-mêmes. Aussi, il est reproché à certaines ONG une léthargie et un immobilisme dans l'accomplissement de leurs tâches. Selon un Responsable du RIP+, beaucoup d'ONG n'existent que de nom. Elles ne s'acquittent pas de leurs cotisations, n'ont pas de siège et ne participent aux réunions que lorsqu'elles entendent des bruts de subventions et d'agent. En clair, soutient-il toujours, seuls quelques ONG s'engagent effectivement sur le terrain de la lutte contre le VIH/SIDA. Ces dernières analyses semblent confirmer aussi partiellement notre troisième hypothèse opérationnelle, liée à des obstacles d'ordre matériel et humain. Voilà autant de facteurs internes qu'externes aux Organisations Non Gouvernementale `'anti-sida'' bloquant plus ou moins la prise en charge complète dans sa pratique. Ce faisant, il serait indéniable que nous ne nous penchons pas sur les conséquences que cela pourrait générer. En clair, la prise en charge des Orphelins et autres Enfants Vulnérables du fait du VIH/SIDA demeure confrontée à diverses difficultés. On énumère à cet égard deux niveaux de facteurs à savoir les facteurs propres aux difficultés internes des structures et ceux liés aux difficultés hors des structures mais qui influencent la pratique de la prise en charge. Ainsi, l'inexistence de modules standardisés pour la formation des travailleurs sociaux et de tous les acteurs qui interviennent en faveur des OEV en Côte d'Ivoire, ne permet pas une bonne prise en charge. Cette insuffisance dans la prise en charge des OEV ne favorise pas la résolution des problèmes rencontrés par ceux-ci. Ces difficultés sont en général d'ordre économique, scolaire ou d'apprentissage, médical, alimentaire et nutritionnel, psychosocial et juridique. II-1-a- Problèmes scolaires ou en apprentissage Les ménages affectés par le VIH/SIDA supportent difficilement les frais de scolarités et accessoires. Les enfants sont donc moins assidus à l'école ou sur leur lieu de formation ; parfois même, n'y vont plus du tout. Cela a pour corollaires des résultats catastrophiques et le renvoi des OEV. II-1-b- Problèmes alimentaires et nutritionnels Les OEV sont confrontés à des problèmes de sous alimentation et de malnutrition parce qu'ils n'ont pas une alimentation suffisante et équilibrée (lipides, protéines, glucides, vitamines). 80% des orphelins interrogés affirment prendre en moyenne deux repas par jour. La malnutrition des enfants a pour conséquences les maladies que sont le marasme, le kwashiorkor... II-1-c- Problèmes économiques Les maladies et les décès liés au VIH/SIDA augmentent les dépenses des familles et réduisent leurs revenus, épuisant par conséquent leurs ressources économiques. L'amenuisement des ressources a des effets négatifs sur les enfants. Il affecte leur nutrition, leurs conditions de vie, leur éducation et les autres opportunités d'avenir. Pour un ménage déjà pauvre, la survenue du SIDA peut entraîner une pauvreté extrême. La situation économique ambiante surtout la cherté actuelle de la vie influence les habitudes des ménages en terme de redistribution des revenus : (Repas familial, soins, éducation, loisirs, transport, assistance à autrui...) II-1-d- Problèmes sanitaires Les enfants qui ont besoin d'un traitement médical n'ont pas toujours accès aux services médicaux et ceci pour diverses raisons dont l'insuffisance des revenus du foyer. La vulnérabilité aux maladies s'accroît et pour ceux qui sont déjà infectés, c'est la porte ouverte à toutes sortes d'infections opportunistes telles que la tuberculose, la pneumonie, les diarrhées, les infections respiratoires... II-1-e- Problèmes psychosociaux Les problèmes sociaux auxquels les OEV sont confrontés sont nombreux et multiformes. Certains aspects portant sur l'alimentation, l'éducation, la santé ont été abordés dans d'autres chapitres. Cependant, il convient d'insister sur la stigmatisation et la discrimination.
La stigmatisation est un processus par lequel l'on porte un jugement généralement négatif sur une personne ou sur un groupe de personnes en raison des attributs qu'elles possèdent et qui les différencient des autres. Cette stigmatisation peut être visible ou subtile. La stigmatisation associée au VIH/SIDA s'appuie sur des pensées négatives déjà implantées et les renforce. On entend dire par exemple, que les PIAVIH ont mérité ce qui leur arrive car elles ont fait quelque chose de mal. Ces « méfaits » sont liées à la sexualité ou à des activités immorales et désapprouvées par la société (Exemple : la consommation de drogues injectables). De même, les hommes qui sont infectés sont considérés par l'entourage comme des homosexuels, bisexuels ou clients de prostituées. Les femmes quant à elles sont taxées d'être de moeurs légères. La famille et la communauté perpétuent souvent la stigmatisation par ignorance et parce qu'il est aisé de blâmer ceux qui ont été touchés les premiers ainsi que leurs progénitures (OEV). La stigmatisation est dangereuse car elle peut entraîner des sentiments de honte, de culpabilité et d'isolement chez les PIAVIH et leurs enfants. Elle peut les amener à poser certains actes ou à en oublier. Ce qui les met en danger et les empêche de bénéficier de services ou de droits. Il existe deux formes de stigmatisation : - La stigmatisation interne qui est l'action de l'individu sur lui-même ; - La stigmatisation externe qui est l'action du groupe social sur l'individu.
La discrimination est l'action d'isoler et de traiter différemment certains individus ou un groupe entier par rapport aux autres. En d'autres termes, la discrimination est une façon de manifester la stigmatisation. Elle est également le processus par lequel une personne ou un groupe de personnes sont traitée de façon inégale et injuste en raison de leur appartenance réelle ou perçue à un groupe particulier. La discrimination des personnes stigmatisées peut se manifester dans les lois, à travers la politique et les relations sociales. La discrimination se produit lorsqu'on fait une distinction entre des personnes. Elle provoque des inégalités et des injustices à l'égard d'un groupe de personnes parce qu'elles appartiennent ou parce qu'elles sont considérées comme appartenant à un groupe particulier. Elle se manifeste par des attitudes de rejet des PVVIH et de leurs familles. La violation de leurs droits accroît l'impact négatif de l'épidémie. Au niveau des OEV par exemple, elle provoque des angoisses et des souffrances inutiles qui entraînent un mauvais état de santé, des échecs dans les domaines scolaires et d'apprentissage. En définitive, la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/SIDA sont caractérisées par le rejet, l'hostilité, l'isolement et la violation des droits comme par exemple le droit aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi. Par conséquent, elles accroissent l'impact de l'épidémie du VIH/SIDA sur les enfants. Parfois, les enfants sont témoins de diffamation et d'insultes. Le groupe social estime que leur famille fait la honte de la communauté. Ces effets psychosociaux sur les enfants peuvent créer un grand stress caractérisé par l'anxiété, la dépression, l'état de manque, les problèmes de concentration, les sentiments d'échec, de culpabilité, de découragement, d'apathie, de désorientation... II-1-f- Problèmes juridiques Les problèmes juridiques rencontrés par les OEV du fait du VIH/SIDA sont de plusieurs ordres. On peut cependant en identifier quatre principaux : - la non déclaration des naissances - la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/SIDA - le non accès ou l'accès difficile aux services sociaux de base - la violation des droits successoraux II-2- Impact des maladies liées au VIH/SIDA sur le ménage et la famille élargie L'épidémie du VIH/SIDA laisse dans son sillage un nombre élevé d'orphelins. Le problème des orphelins du SIDA est un problème qui éprouve de nombreux pays dans le monde. Les ménages et familles élargies qui ont des parents atteints de maladies liées au SIDA ont souvent de sérieuses contraintes tant sur le plan économique que social. Ces contraintes incluent un déclin de leurs ressources financières, la malnutrition et le rachitisme, la perte des systèmes de valeur, l'arrêt de l'éducation, la délinquance et le crime. En plus, ils doivent faire face aux stigmates associés à cette maladie. Dans les zonez où nous avons réalisé notre étude, deux ménages sur cinq vivent avec un malade du SIDA. Au plan social, dans les communes gravement touchées comme Abobo, l'épidémie est en train de déformer les profils démographiques. Il frappe sans distinction de nombreux secteurs de la société dont ceux de la production. Les OEV sont rencontrés dans toutes les couches sociales. L'incidence qui en découle est qu'à l'heure actuelle, des milliers de personnes sont exposées au risque de famine. 3ème PARTIE : ATTENTES ET PROPOSITIONS POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE DES OEV CHAP. I : ATTENTES Les attentes ont été exprimées au profit des orphelins, des familles d'accueil et de la communauté. Ces attentes sont en rapport avec l'éducation, la santé, l'économie, la nutrition, le social et les aspects juridiques de la vie des orphelins I- Attentes au profit des orphelins· Nutrition ; · Sensibilisation ; · Scolarisation/Fournitures scolaires; · Soins de santé gratuits ; · Habillement/Tenue vestimentaire ; · Protection sociale et juridique des orphelins ; · Activités Génératrices de Revenus ; · Insertion socioprofessionnelle ; · Bourses d'études (cursus secondaire et supérieur). |
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