![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r1.png)
Mouvement associatif et dynamique de
développement
au Nord-Kivu. Cas des associations de
tendance
religieuse en territoires de Beni et
Lubero.
Mémoire présenté par Emmanuel
MUSONGORA SYASAKA
En vue de l'obtention du Diplôme de Master
complémentaire
en développement-environnement et
sociétés
Jury composé de :
Promoteur : Prof. Marc PONCELET (Ulg)
Co-Promoteur : Prof. Pierre- Joseph LAURENT (UCL)
Lecteur : Prof. Gautier PIROTTE (Ulg)
Année académique 2007 - 2008
DEDICACE
A l'Université Catholique du Graben de Butembo et
à la famille Syasaka,
Je dédie ce travail
3 REMERCIEMENTS
Certes, nous avons fourni des efforts pour élaborer ce
mémoire, mais il est de notre devoir de remercier tous ceux qui nous ont
soutenu d'une manière ou d'une autre. Que ceux dont les noms ne sont pas
repris ci-dessous, ayant contribué à sa réalisation,
trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.
Mes remerciements s'adressent :
- aux membres du jury, le professeur Marc Poncelet qui a
accepté la responsabilité académique d'assurer la
direction ce mémoire avec disponibilité, les professeurs Laurent
Pierre-Joseph et Gautier Pirotte pour la lecture et leurs remarques
pertinentes, - à la Commission Universitaire pour le
Développement pour la bourse d'étude accordée,
- au professeur Mafikiri Tsongo Angélus, recteur de
l'université catholique du Graben, pour ses orientations,
- au professeur, abbé Apollinaire Malumalu pour les
conseils fournis,
- aux amis de l'Université Catholique du Graben, en
formation en Belgique pour la bonne compagnie,
- à mes parents et ma famille qui ne cessent de manifester
leur affection
- aux responsables des associations consultées sur
terrain pour leur disponibilité. Nous pensons à l'abbé
Giovanni Piumatti, Ezecca Tsongo, Ephrem Syasaka et Balihesima Kadukima,
- au professeur émérite Jacques Delcourt pour la
lecture du document final,
- aux camarades étudiants en master complémentaire
en développement, environnement et société,
- aux amis et/ou frères de Butembo, Beni et Lukanga qui
ont aidé lors de la collecte des informations, plus
particulièrement Bertrand Katsongeri, Musubaho Kivuyirwa, Vitya Vithimo,
Musendwa Syasaka, Pascaline Syasaka, Agnès Kyakimwa Siriwayo, Guy
Boyoma, Makelo Kasereka Syataghalene, Finay Mulando, Masma Maneno, Papy Visiha
et Titina Simisi,
- au Père Charles Delhez, Henrik Gharibian, au groupe
AGAPE et à la communauté chrétienne de la paroisse de
Blocry, Monique Fragnière, Antonio et Marie Gislaine Pincetti,
Régine Van Vaerenbergh, Christiane Goedemé, Louis et Gabi Minet,
Denis et Chantal Heymans, Jean-Marie et Yvette pour leur sympathie durant notre
séjour en Belgique.
INTRODUCTION
1. Etat de la question
Parler du mouvement associatif revient à évoquer
la problématique de définition de la société
civile. En effet, pour Bonnet et Degryse1, le
phénomène associatif est un fait de société. Depuis
la reconnaissance légale de la liberté de création des
associations en France, celles-ci prolifèrent et leur expansion s'est
considérablement accrue au cours de deux dernières
décennies. Selon les estimations de plusieurs sources en 1997,
poursuiventils, un individu sur deux serait membre d'une association et 15% de
population exerceraient des responsabilités à différents
niveaux dans ce domaine. Cette affirmation nous pousse à croire qu'elles
jouent un rôle majeur dans la société française pour
que les individus adhèrent à celle-ci de cette manière.
C'est dans cette optique que Jacques Defourny dit :
« par les moyens qu'elles mettent en oeuvre, les
besoins qu'elles rencontrent et les services marchands ou non
marchands2 qu'elles fournissent, de très nombreuses
associations sont largement économiques, et participent
incontestablement à la production de richesses et à
l'accroissement du bien-être général »
3.
Cela se renforce par les déclarations de Chantal Philippe
et Jean-Louis Laville qui disent:
« les associations dont les ressources émanent
largement de la redistribution et du bénévolat développent
des institutions que l'économie marchande traditionnelle ne suscite
pas »4.
Toutefois, la situation est observée
différemment dans le temps et dans l'espace. Le continent africain en
est un bon exemple. Dans l'histoire de la République Démocratique
du Congo (RD. Congo), plus spécialement au Nord-Kivu, les associations
et ONG sont des acteurs qui ont été jugés
compétents et légitimes qui été identifiés
pour canaliser
1 BONNET, Francis et Oliver DEGRYSE, le Management
associatif, De Boeck & Larcier, Bruxelles/Paris, 1997, p.5.
2 Ici on peut retenir, selon Jacques DEFOURNY, que
les biens et services marchands sont ceux vendus à un prix couvrant au
moins le coût de production alors que les biens et services non marchands
sont fournis gratuitement ou à un prix sans rapport avec leur coût
de production. La différence entre le coût et le prix est couverte
généralement par un financement extérieur au marché
sous forme de subvention, cotisations ou dons.
3 DEFOURNY, Jacques, « Le secteur de
l'économie sociale en Belgique », in : Jacques DEFOURNY -
José L. MONZÓN CAMPOS (Eds), Economie sociale. Entre
économie capitaliste et économie publique, CIRIEC/ De Boeck
Université, Bruxelles, 1992, p.229.
4 CHANIAL, Philippe et LAVILLE, Jean-Louis, «
L'économie sociale et solidaire en France », in : LAVILLE J.-L,
MAGNENJ.-Ph., De FRANCA FILLO G.C. et MEDEIROS A. (dir), Action publique et
économie solidaire. Une perspective internationale, ERES,
Ramonville Saint-Agne, 2005, p.61.
officiellement l'aide jusqu'à la base suite à la
disqualification de l'Etat5. Ainsi, on assiste à une
prolifération des associations avec divers objectifs.
A ce propos, MIREMBE dans sa thèse de doctorat en 2005 dit
:
« De plus en plus à Butembo, comme ailleurs en
République démocratique du Congo, se développe le
groupement des personnes à dessein commun généralement non
lucratif. Des micro-entrepreneurs se regroupent en associations qui
revêtent diverses formes : mutuelles, corporation, syndicat, groupement
de village de provenance, comités divers, etc. Plus de 70% des
enquêtés à Butembo, se sont déclarés membres
d'une association »6.
En RD. Congo, les confessions religieuses sont régies
par la loi7 des associations sans but lucratif. Comme acteur
collectif de développement, on trouve parmi celles-ci d'autres
regroupements qui jouent aussi un rôle important dans la finance
populaire comme mobilisateurs de fonds. C'est le cas des bureaux
diocésains de développement, des communautés
ecclésiales vivantes et des mouvements d'actions
représentés dans tout le pays8.
De la littérature trouvée dans la région
du Nord-Kivu, en RD. Congo, plus particulièrement dans les territoires
de Beni et Lubero, se dégage une image autour du mouvement associatif.
MIREMBE Omer porte son intérêt sur les associations dont les
membres sont impliqués dans le commerce transnational. Les associations
sont ici analysées comme faisant partie des acteurs qui, à
travers leurs pratiques, permettent et facilitent la connexion des
opérateurs économiques locaux au commerce transnational. KAKULE
KAPARAY Christian, quant à lui, démontre la part qu'ont les
associations de ces territoires dans les systèmes de mobilisations des
ressources importantes au sein d'une économie populaire. Par ailleurs,
l'analyse de KATSUVA MUHINDO9, en s'appuyant sur les associations
religieuses démontre que l'Eglise catholique constitue un acteur social
et
5 MAFIKIRI TSONGO, Angélus, «
Coopération au développement, mode de financement des ONG et
gouvernance locale : cas des microréalisations du Kivu
(République Démocratique du Congo », in : A.-R. KIONI
KIABANTU (ed.), La République Démocratique du Congo face aux
défis du 21è siècle, Academia Bruylant, 1998,
pp.135-150.
6 KAMBALE MIREMBE, Omer, Echanges
transnationaux, réseaux informels et développement local. Une
étude au Nord-Est de la République Démocratique du
Congo, thèse de doctorat en sciences sociales :
développement, population et environnement, UCL, Presses universitaires
de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2005, p.180.
7 Loi n°004/2001, du 20 juillet 2001 portant
dispositions générales applicables aux associations sans but
lucratif et aux établissements d'utilité publique
8 KAKULE KAPARY, Christian, Finance populaire
et développement durable en Afrique au Sud du Sahara. Application
à la région nord-est de la République Démocratique
du Congo, thèse de doctorat en sciences sociales:
développement, population et environnement, UCL, Presses de l'imprimerie
CIACO, Louvain-la-Neuve, 2006, p.106.
9 KATSUVA MUHINDO, Alphonse, Catholicisme,
engagement politique et processus démocratique en République
Démocratique du Congo, thèse de doctorat en science
politique, Université Pierre Mendès France-Grenoble 2, Instituts
d'études politique de Grenoble, Grenoble, janvier 2008.
politique important. Dans cette analyse, les dynamiques
religieuses constituent aujourd'hui en Afrique, surtout en RD. Congo, des
éléments principaux des processus de changement social et
politique. L'appartenance religieuse apparaît comme un déterminant
dans la construction des identités politiques nationales.
Notre étude, par contre, sort de ce contexte et essaie
d'analyser la manière de constitution et de fonctionnement des
associations en mettant l'accent sur les associations de tendance religieuse.
Il ne s'agit pas de faire une analyse des confessions religieuses mais
d'étudier les associations qui ont une tendance religieuse.
Etant majoritairement chrétiens et habités par
le peuple Yira appelé également Nande, les territoires de Beni et
Lubero enregistrent dans leur bilan plusieurs actions et réalisations au
sein de la société civile qui a des empreintes religieuses. La
société civile locale, depuis une décennie, est
influencée par les confessions religieuses. Ses différents bureau
de coordination, celui de Beni et Butembo, ont été
alternativement dirigés soit par des prêtres, soit par des
pasteurs religieux, soit encore par des leaders du mouvement associatif :
Organisations non gouvernementales de développement (ONGD),
coopératives agricoles, mutuelles de solidarité, ... Dans ce
contexte, il ressort que la société civile de Beni et Lubero
semble trouver son fondement ou s'enraciner dans les confessions
religieuses.
2. Problématique
Dans le contexte actuel de post-conflit en RD. Congo, on
observe une multiplication des initiatives locales permettant aux populations
de faire face aux problèmes courants (la pauvreté, l'accentuation
des inégalités, l'insatisfaction des besoins fondamentaux, le
chômage, la faiblesse de revenu, la croissance, la cohésion
sociale, la famine) et de subvenir aux besoins urgents et
élémentaires.
Ces initiatives revêtent plusieurs formes : il peut
s'agir d'organisations non gouvernementales locales et internationales, de
petites et moyennes entreprises, de coopératives, des sectes, des
églises, d'institutions de formation et d'éducation, ou encore de
maisons de santé, d'organisations d'épargne et de prêt
formel ou informel, de fédérations associatives, de
réseaux d'associations, d'associations caritatives, d'associations
confessionnelles, ... Cette situation montre une véritable
diversité qui stimule la création des groupes spécifiques
s'organisant autour de leurs propres activités ou des bailleurs
intérieurs ou extérieurs. Une concurrence s'instaure ainsi entre
les organisations entraînant d'une part une disparition rapide de
certaines institutions locales et d'autre part l'émergence d'autres
organisations disposant des moyens très importants. Cette concurrence
est accentuée par la multiplicité des intervenants et la
multiplicité des formes de la société civile.
Une des formes dynamiques est celle des confessions
religieuses. Il s'observe dans celles-ci un foisonnement d'associations
catholiques, protestantes, islamiques, et celles dites de réveil
assimilées au pentecôtisme. Les acteurs qu'on y rencontre
mobilisent et rassemblent les fidèles pour résoudre les
problèmes quotidiens et urgents : adduction d'eau, appui aux
déplacés des guerres et des catastrophes naturelles, assistance
aux prisonniers,... En effet, ces associations religieuses
représenteraient 20% de l'ensemble des associations se trouvant sur les
territoires de Beni et Lubero10.
Au regard de cette représentation et des actions sur le
terrain, il y a lieu de se poser mille et une question sur la part de chacune
d'elles. Elles posent un problème fondamental, à savoir:
Quelle est la part des associations religieuses dans la
dynamique de développement de Beni et de Lubero ?
Cette question nous pousse à soulever quelques sous
questions :
- Comment se constituent ces initiatives locales ?
- Quels sont les facteurs explicatifs de leur
prolifération rapide ?
- Quelle perception a la population des actions des
associations de tendance religieuse ? Ce sont d'ailleurs ces associations que
nous prenons comme étude des cas.
Ces quelques questions nous permettent de voir l'impact de ces
institutions sur le développement local. Pour reconnaître cet
impact, il faudra faire une analyse des activités dans lesquelles ces
associations sont impliquées. Il s'agira de voir : quelles sont les
activités auxquelles les associations d'obédience religieuses se
livrent ? Quelles raisons les poussent à les adopter ? Comment
arrivent-elles à réaliser leurs objectifs ? On examinera dans
quel contexte les associations ciblées (suivant les confessions
religieuses) sont en interaction et à quel niveau.
3. Hypothèses de travail
Les réponses anticipatives à ces questions
constituent dans cette investigation nos hypothèses.
En effet, nous estimons qu'il est possible que la
multiplication des associations ait un impact sur le développement. Dans
la plupart de cas, la religion semble jouer un rôle important dans cette
dynamique à travers ses associations enregistrées dans la
société civile congolaise en général et celle de
Beni-Lubero en particulier. Cependant, parmi elles, les
10 Pourcentage calculé par nous même
sur base du tableau synoptique des acteurs et associations de
développement de Beni et Lubero. Nous l'avons constitué pendant
la récolte des données effectuée en juinjuillet 2007. Il
sera mis en annexe du travail. Par ailleurs, le mode conditionnel est
utilisé dans cette phrase pour montrer que la liste de ces associations
n'est pas exhaustive. D'autres fonctionnent sans textes légaux et ne
sont pas répertoriées au service des affaires sociales. Le
pourcentage est à revoir à la hausse.
unes paraissent plus impliquées dans les actions
matérielles alors que d'autres le sont dans des actions
immatérielles. Les premières sont engagées dans les
actions de développement concrètes alors que les secondes se
penchent sur la formation morale des fidèles. Toutes, essaieraient
d'atténuer les souffrances des populations et de jouer le rôle
d'un Etat providence à la place de l'Etat plongé dans une crise
politique et économique qui serait elle-même la cause principale
de la multiplication des associations tant religieuses que non religieuses.
C'est sur base des actions de ces dernières au sein de la
société civile que nous serons en mesure de prendre position,
surtout d'émettre un jugement sur l'amélioration des conditions
générales de vie de la population. Ceci est soutenu par les
propos de Laurent Pierre-Joseph qui dit :
« le développement n'est pas une abstraction,
mais renvoie à des pratiques concrètes. Au village, le
développement passe essentiellement par la création d'une
association.» 11.
Sans se lancer dans le débat et la polémique
actuelle sur des indicateurs de développement, nous tentons dans cette
investigation de vérifier la part de chacune des associations
ciblées dans l'étude des cas.
4. Objet et but de la recherche.
Cette étude est consacrée à l'analyse de
la dynamique sociale des associations de tendance religieuse au sein de la
société civile des territoires de Beni et Lubero. Pour y arriver
nous nous appuyons sur quelques associations considérées comme un
échantillon. Elles dépendent des catholiques et des protestants
qui sont deux confessions religieuses prédominant dans la région
d'étude.
Nous prenons comme cible les associations issues d'une
dynamique locale bien que certaines soient encadrées par des
responsables confessionnels comme les prêtres et les pasteurs. Cette
démarche permet de se rendre compte des actions issues des efforts
locaux contrairement aux associations religieuses et organisations non
gouvernementales à caractère institutionnel, voire
internationales dont la politique de conception, d'exécution et de
gestion des actions relèvent souvent des quartiers
généraux se trouvant à l'étranger (Italie, France
ou encore Belgique pour les associations catholiques comme Caritas ou Misereor
; Allemagne ou Suisse pour les protestants comme la Lutheran World Federation,
LWF ou encore Actions by Church Together). Cette dernière
catégorie d'organisations, que nous excluons de notre champ
d'investigation, dispose des moyens importants étant
donné qu'elles font partie des vastes réseaux qui
leur ouvrent l'accès à des fonds à travers le monde.
Ainsi, pour répondre à la question principale,
cette étude se fixe les objectifs spécifiques suivants :
- expliquer le mécanisme de constitution et de
fonctionnement de différentes
associations locales portant une empreinte confessionnelle au
sein d'une société civile. Cela permet de voir comment elles sont
issues des besoins locaux ;
- identifier les facteurs explicatifs et déterminants de
la prolifération
institutionnelle locale et ses effets sur l'amélioration
de bien-être de la population de Beni et Lubero;
- évaluer les stratégies mises en oeuvre pour la
réussite sans prétendre faire
une évaluation des projets mais seulement une analyse
de la dynamique sociale à travers les effets des activités
exercées. Dans cette analyse, il s'agit de comprendre quelles sont les
perceptions des populations par rapport aux actions entreprises par ces
associations;
- dégager leurs difficultés et leurs
conséquences sur le développement;
- proposer un cadre pour un meilleur avenir associatif de la zone
étudiée.
5. Méthodologie
Du point de vue méthodologique, cette étude
cherche à vérifier si la prolifération des associations
locales et de leurs interventions a un effet réel sur le
développement local. Tout en utilisant une démarche inductive,
nous utilisons pour ce travail trois approches.
Une approche historique qui permet de faire l'analyse du
processus du christianisme et de la formation dans le temps des associations
à obédience religieuse. Une approche systémique qui
facilite l'analyse des interactions entre les différents acteurs autour
de ces institutions locales et des enjeux de développement. Enfin, une
approche du développement local qui permet d'étudier les effets
réels de ce type d'institutions sur le développement local. Elle
permet de voir si elles répondent aux besoins réels des acteurs
locaux.
Pour mener cette étude, deux sources de données
sont utilisées : les sources documentaires et l'enquête.
Les sources documentaires qui permettent d'obtenir les
éléments nécessaires sur les différentes
études antérieures relatives aux institutions de
développement et le rôle des acteurs traditionnels et nouveaux.
Elles sont constituées des informations recueillies dans les ouvrages,
dans les revues, dans les notes des cours, dans les monographies, dans
divers
rapports, mémoires et thèses, dans la
littérature grise comme l'internet etc. Une analyse de certains
documents nous permettra de comprendre le fondement théorique de ces
institutions et les facteurs qui déterminent leur existence et
dynamisme. Le traitement et l'analyse statistique des données obtenues
ont permis d'aboutir aux chiffres et pourcentages calculés sur base du
questionnaire ou protocole d'enquête. Ce protocole a été
ensuite complété non seulement par d'autres informations
complémentaires éventuelles obtenues sur le terrain (les rapports
des associations) mais aussi de nos observations en tant qu'originaire de la
région.
L'enquête nous permet de recueillir des données
sur les organisations locales de développement, sur les acteurs locaux
et sur l'impact réel à la fois sur le développement
institutionnel local et sur l'amélioration du bien être des
populations. Dans cette étape, nous nous sommes servis du questionnaire
d'enquête, des observations et des interviews que nous avons
réalisés en juin et juillet 2007. Cette période a
été choisie suite au message de la Commission Universitaire pour
le Développement (CUD), organisation qui a soutenu notre formation en
Belgique, selon laquelle l'étudiant devait disposer d'un maximum des
matériaux pour le mémoire parce que le retour sur terrain (au
pays) n'est pas prévu.
Du point de vue méthodologique, nous avons
analysé les actions de cinq associations dans l'étude des cas.
Pour l'église catholique nous avons analysé les activités
du réseau « Tuungane », l'association « Waibrahimu »
et l'Appui au Développement Local (ADL-assomption), alors que du
côté protestant nous nous sommes intéressé aux
activités de MAAMS (Multi Actions d'Assistance aux Marginalisé et
aux Sinistrés) et de PEAC (Province de l'Eglise Anglicane au Congo). Les
associations retenues sont celles qui nous sont apparues comme de tendance
chrétienne et qui, outre le fait de répondre aux critères
énoncés dans la suite, ont des activités remarquables sur
terrain pouvant faire l'objet d'une analyse approfondie.
Bien que nous nous sommes intéressé à 5
associations seulement, nous avons consulté dans les deux territoires
les responsables ou animateurs des associations ci-après.
Dans le territoire de Lubero, en plus de l'association
Tuungane, Waibrahimu et de l'ADL-assomption, nous avons rencontré les
responsables de COPERMA (communauté des planteurs et éleveurs de
la région maraîchère), de l'IFED (intégration de la
femme dans les activités de développement), de l'ADDF
(association pour la défense des droits de la femme),de l'AVO (action
d'aide aux veuves et orphelins), de la FEPSI (femmes engagées pour la
promotion de la santé intégrale), de P.D.D (paix sociale et
développement durable), du CEFADES (centre d'étude, de formation
et d'animation pour un développement solidaire), de SOPROP
(solidarité pour la promotion sociale et la paix), de
la LIDE (ligue de développement au Congo) et du COTEDER
(conseil technique pour le développement rural).
Dans le territoire de Beni, en plus de MAAMS et PEAC, nous
avons consulté les responsables de CERAO (centre d'encadrement des
enfants rescapés non-accompagnés et orphelins), de LLB (Ligue de
la lecture de la Bible), du CHP Heshima Letu-asbl (centre pour handicapé
physique Heshima letu), de la FUFEP (fédération des femmes
protestantes) et de la CAD (coordination d'aide aux déplacés).
Le fait qu'il n'existe pas une vraie ligne de
démarcation entre les protestants et les pentecôtistes, les deux
associations de tendance protestante ont été
sélectionnées pour leur penchant vers l'Eglise du Christ au Congo
(ECC), une plate-forme nationale des confessions protestantes
présidée actuellement en République Démocratique du
Congo par l'église anglicane. Cette plate-forme ou réseau
confessionnel comprend 62 communautés considérées comme
protestantes y compris quelques communautés pentecôtistes.
Cependant, il faudra préciser au départ que nous ne
maîtrisons pas les critères de leur adhésion à cette
plate forme.
Pour des raisons de simplification et d'efficacité,
notre analyse se limite seulement aux associations chrétiennes ou de
tendance chrétienne. Les associations musulmanes sont ainsi
écartées du champ d'analyse. Toutefois, il n'est pas question de
minimiser leurs actions dans la société civile. La
société civile est ici considérée comme lieu de
contestations ou d'oppositions mais aussi d'innovations sociales12.
Ces innovations sont portées par toutes les confessions religieuses sans
distinction.
Le questionnaire d'enquête a été
adressé à trois groupes : d'abord aux responsables ou leaders des
associations, aux membres et aux personnes non membres de celle-ci. Cent trente
personnes ont été ainsi consultées à travers les
deux territoires. 36 personnes à Lukanga dont 6 responsables du
réseau « Tuungane » et de l'association « waibrahimu
», 10 membres et 20 autres personnes n'appartenant pas à la base de
ces associations, c'est-àdire des non-membres. 40 personnes ont
été consultées à Butembo dont 11 responsables des
ONG locales. Le reste est composé des étudiants et assistants de
l'Université Catholique du Graben. A Beni, par contre nous avons
consulté 54 personnes dont 7 responsables d'associations, 1
vice-président de la société civile locale, 23 membres de
ces associations et 23 autres qui ne les sont pas. La plupart de ces derniers
sont des étudiants et assistants de l'institut supérieur de
développement rural : ISDR-Beni.
Notons que pour les responsables des associations, leur choix
a été raisonné. Il fallait s'orienter vers une personne
disposant des informations nécessaires et plus ou moins
12 PIROTTE, Gautier, La notion de
société civile, La Découverte, Collection
Repères, Paris, 2007, p.4.
complètes. Les données ayant été
recueillies en vrac, nous n'étions pas sûr que toute information
recueillie allait nécessairement nous servir au regard des orientations
des membres du jury rencontrés après.
Certains membres d'associations nous ont été
indiqués par leurs responsables et les autres, par les membres
eux-mêmes. Les non-membres ont été contactés au
hasard soit par nous-mêmes, soit par les amis qui ont aidé
à recueillir les informations.
En contactant les membres et non membres nous avons pu
réfléchir sur leurs points de vue et comprendre si la confession
religieuse, dans laquelle est issue l'association, apporte d'important ou de
nouveau (sociale, économique, culturelle,...) au développement
local.
Pour sélectionner les cinq associations, les
critères suivants nous ont permis de considérer l'appartenance
religieuse ou non de l'association. Nous considérons que l'association
est de tendance religieuse lorsque :
- Elle porte une dénomination religieuse qui permet de la
distinguer des
autres associations.
- Elle inclut dans ses activités celles qui sont
religieuses. Il s'agit, outre les
activités habituelles, d'organiser des séances des
prières au courant de la journée soit au bureau soit directement
auprès des bénéficiaires.
- Elle est une émanation d'une confession religieuse
pour canaliser la politique de développement de cette dernière
à la base. Il s'agit par exemple d'un comité de
développement issu d'une paroisse.
- Elle a une inspiration biblique pour sa création. Il
s'agit par exemple
d'une association qui, pour sa création, s'inspire d'un
verset biblique. Ce verset peut apparaître directement sur les documents
officiels de l'association : dépliant, préambules statutaires,
règlement d'ordre intérieur, carte des membres, ...
- Elle recrute son personnel en ne s'adressant qu'aux
communautés
religieuses. Pour leur recrutement, certaines organisations
non gouvernementales (ONG) en RD. Congo, ne publient ou n'affichent jamais les
offres d'emploi mais leur personnel n'est réuni qu'à travers des
quotas attribués aux communautés religieuses. C'est le cas de
quelques ONG protestantes qui recrutent le personnel au sein de l'ECC. Le
coordonnateur de projet peut provenir de la communauté anglicane,
l'administrateur financier de la communauté CECA20, le logisticien de la
communauté baptiste,...
- Elle a tendance à poser des actions ou à
collaborer avec les églises bien
que nulle part dans ses documents officiels la tendance
religieuse n'apparaisse clairement. En effet, cette stratégie est
adoptée par certaines organisations non seulement pour avoir
accès aux donateurs qui manifestent une certaine réticence aux
activités en connotation religieuse mais aussi pour mobiliser la masse
populaire facile à obtenir à travers les relations avec les
prêtres ou pasteurs. Dans les faits, on se rend compte qu'à
travers ces actions l'association a une tendance religieuse. C'est la raison
pour laquelle nous avons aussi consulté les associations que
d'emblée nous considérions comme n'ayant pas de tendance
religieuse. C'est en analysant leurs activités et relations qu'on se
rend compte de leur obédience.
D'autres critères permettent de distinguer la
religiosité de l'association et pourraient être ajoutés,
car la liste n'est pas exhaustive.
6. Subdivision du travail
Outre l'introduction et la conclusion, ce travail s'articule
autour de quatre chapitres.
Le premier chapitre est consacré à l'orientation
conceptuelle. Il donne un éclairage théorique sur les
associations, la société civile et le développement local.
Le deuxième chapitre présente non seulement le milieu
d'étude mais aussi son historique sur le christianisme et la
société civile. Le troisième chapitre expose les
études de cas relatives à cinq associations qui illustrent le
dynamisme associatif des territoires de Beni et Lubero. Enfin, le dernier
chapitre est consacré aux analyses. Ce chapitre essaie de montrer les
apports, les limites et les perspectives des associations de tendance
religieuse.
7. Difficultés rencontrées
Dans un travail scientifique les problèmes ne manquent
pas. Pour notre cas, le principal problème a été
rencontré lors de la collecte des données parce qu'elle a
été faite avant d'amorcer la formation. Cette difficulté
est causée par la Commission Universitaire pour le Développement,
organisme qui soutient notre formation. La commission exige de collecter le
maximum d'informations au pays avant d'amorcer la formation. Dès lors,
après soumission du sujet de recherche aux différents membres du
jury, le travail se trouve orienté autrement alors que les
données ont déjà été
récoltées. La conséquence d'une telle mesure est que
certaines informations recueillies deviennent inutiles pour l'analyse. Nous
aurions voulu faire une approche anthropologique pour étudier en
profondeur le phénomène associatif de tendance religieuse mais
cela n'a pas été possible.
![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r2.png)
Pendant les enquêtes, les responsables de certaines
associations ne sont pas prêts à livrer certaines informations
surtout celles relatives à l'aspect financier de l'organisation. Dans le
monde associatif et des organisations non gouvernementales congolaises, parler
de leurs activités conduit à évoquer la notion des
projets. Or les responsables estiment pour qu'un projet ne puisse pas
être détourné, il faut donner aux chercheurs le moins
d'informations possibles sur l'organisation pour que des opportunistes ne
saisissent pas l'occasion de les devancer en recourant aux publications faites
à cet effet. Ce qui constitue une deuxième difficulté.
Pour résoudre ces différents problèmes
d'autres informations complémentaires (rapports et autres) ont
été obtenues à partir des amis se trouvant à
Butembo et Beni. Il s'agit essentiellement des assistants travaillant dans les
universités locales. Pour la seconde difficulté, nous estimons
que la solution a été trouvée en analysant les perceptions
des membres et non-membres des associations qui, en général, ne
cachent pas leurs points de vue à propos de l'impact des
activités.
8. Zone d'étude
Nous focalisons notre étude sur les associations de
tendance religieuse dans les territoires de Beni et Lubero au Nord-Kivu
à l'Est de la République Démocratique du Congo. La
région s'illustre par les cartes suivantes13
Carte 1 : La RD. Congo
Carte 3: Les territoires de Beni et Lubero
Carte 2 : Le Nord-Kivu
|
|
|
LUBERO
Parc National de la Maïko
|
Vers l'Ituri
Semuliki
BENI
Parc National
Mayango's des Virunga
Beni
Kalau
Kanyatsi
Butembo
Kannuma Uganda
Kyavirimu
Lubiriya
Kyavinyonge
Kisaka Lac Edwouard
Kamandi
Uganda
|
Points chauds
Vile
Route Vers Goma
|
|
|
|
13 Sources : carte 1 disponible
sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nord-Kivu,
carte 2 disponible sur
http://www.maplibrary.org
consulté le 5 août 2008 et carte 3 lire KATEMBO VIKANZA Paul,
Populations, gestion des ressources naturelles et développement dans
la région du Nord Kivu : cas du parc des Virunga en territoires de Beni
et Lubero (R D Congo), mémoire DEA-UCL, 2006.
CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE : ORIENTATION
CONCEPTUELLE
Il existe une relation entre développement et
association. Son analyse paraît cependant difficile en raison de
l'ambiguïté liée à la définition de ces deux
concepts. Une telle ambiguïté s'explique, en grande partie, par les
différences dans leurs trajectoires14. La notion du
développement est complexe. Ce chapitre cherche à comprendre ses
diverses connotations en partant de la littérature scientifique qui en
montre l'évolution. Par ailleurs, il s'agit de cerner ce que l'on attend
par mouvement associatif, par société civile ainsi que par
économie sociale. Nous essayons ensuite de donner quelques liens entre
ces différents concepts en vue de voir l'effet sur le
développement local.
En effet, dans la dynamique de développement, surtout
de la RD. Congo, il est presque difficile d'opposer associations, ONG,
société civile et économie sociale. Toutes ces composantes
évoluent dans une même sphère. C'est dans cette logique
qu'il est important de passer en revue le contexte historique du mouvement
associatif occidental avant de faire un tour sur le contexte africain plus
spécialement dans les territoires de Beni et Lubero en RD. Congo.
I.1. Les associations
L'appréhension du mouvement associatif nécessite
de remonter dans le temps pour comprendre en fait que le
phénomène n'est pas nouveau et qu'il prend plusieurs formes. Par
ailleurs, le contexte de foisonnement associatif n'est pas expliqué de
façon identique dans les différents pays. Qu'est-ce qu'en fait
une association ?
1. Quelques définitions
Parmi les trois secteurs (coopératives, mutuelles et
associations) qui composent l'économie sociale, celui des associations
est le plus malaisé à délimiter et à
définir. Pourtant si l'on se réfère aux recherches
précédentes, on remarquera que le fait associatif est aussi vieux
que l'humanité. Il est à l'origine de toute forme de vie en
société. Comme le fait remarquer Laloy15, il
précède et est à la racine de toutes les autres formes
d'organisation qui structurent la société en
général. Il en est, poursuit-il, le levain contestataire, celui
qui fermente les potentialités de changement. C'est ce qui explique que,
dans une société autoritaire, le fait associatif soit ou
complètement absent ou sévèrement
14 BENGUERNA, Mohamed, « Développement
et associations », in : Momar-Coumba Diop et Jean Benoist (dir),
L'Afrique des associations. Entre culture et développement,
CREPOS KARTHALA, Dakar-Paris, 2007, p.233
15 LALOY, Marie-José, « Associations et
enjeux de société », in Les fonctions collectives dans
une économie de marché, 10ème
congrès des économistes belges de langue française, Centre
interuniversitaire de Formation Permanente, Mons, du 26 au 27 novembre 1992,
p.11
contrôlé et encadré. Chaque Etat essaie
d'ailleurs d'encadrer les associations en son sein à travers une
réglementation bien appropriée.
Plusieurs définitions ont été données
pour caractériser le monde associatif. Pour la Commission
Européenne:
«À la base, une association est tout simplement
un groupe de personnes réunies en vue d'atteindre un but
quelconque» 16.
Pour le Petit Larousse illustré :
« L'association est un groupement de personnes
réunies dans un intérêt commun, différent de la
poursuite de bénéfices » 17.
En dépit de la diversité dans les
définitions, on peut remarquer que certaines caractéristiques
communes sont mises en évidence. Francis Bonnet et Olivier Degryse 18
les évoquent dans l'ordre suivant :
- La liberté d'association qui suppose que celle-ci n'est
pas forcée,
- La mise en commun par laquelle les associés manifestent
leur volonté d'agir dans un but commun,
- Le but non lucratif. Une association peut poursuivre
n'importe quel but (pour autant qu'il ne soit contraire à la
législation) à l'exclusion du lucre. Cependant, cela n'interdit
pas les activités générant un bénéfice
financier mais bien le partage de ce dernier entre les membres. Ce gain doit
être affecté au but commun.
- La permanence. L'association se distingue encore du groupe
informel par la notion de permanence, de continuité dans l'action. Une
permanence qui n'est pas synonyme de pérennité, mais
déterminée par la durée ou à la durabilité
de projet. Elles se distinguent plutôt des groupements informels ou
ponctuels de nature purement sociale ou familiale par un certain degré
d'existence formelle ou institutionnelle.
Dans cette logique, la Commission Européenne ajoute
d'autres critères qui peuvent être énumérées
comme suit :
- Elles sont indépendantes, en particulier des pouvoir
publics
- Elles doivent prendre une part relativement active dans la vie
publique et
leur action doit viser l'intérêt
général.
16 COMMISSION EUROPEENNE, Communication sur la
promotion du rôle des associations et fondations en Europe, Office
des publications officielles des communautés européennes,
Luxembourg, 1997, p.6
17 Petit Larousse , 1980, p69
18 BONNET, Francis et Oliver DEGRYSE, op. cit.,
p.5
2. Historique du mouvement associatif : quelques
origines
Dans sa longue marche, comme nous l'avons déjà
dit précédemment, l'association est aussi vielle que la vie en
société. Dans une optique historique, il est important de
distinguer les formes primitives ayant inspiré le mouvement associatif
occidental de celles du mouvement associatif africain.
Selon, Jacques DEFOURNY19, des corporations et des
fonds de secours collectifs existaient déjà dans l'Egypte des
Pharaons. Les grecs avaient leurs "hétairies"20 pour se
garantir une sépulture et pour l'organisation rituelle des
cérémonies funéraires tandis que les romains se groupaient
en collèges. Avec l'effondrement de l'Empire romain, ce seront les
associations monastiques qui deviendront partout en Europe les refuges de
l'associationnisme primitif autant que des arts, des sciences et des traditions
: couvent, monastères, abbayes, prieurés, commanderies,
chartreuses, ermitages, etc. Au IXe siècle, les premières guildes
apparaissent dans les pays germaniques et anglo-saxons, puis à partir du
XIe siècle émerge la confrérie, groupement organique de
laïcs qui s'affirme en dehors des couvents pour répondre à
des besoins pratiques d'assistance, d'entraide et de charité. Quant aux
associations compagnonniques, elles se développent dès le XIVe
siècle et, progressivement, elles s'assurent dans les métiers les
plus qualifiés une certaine maîtrise du marché du
travail.
Cependant, les associations médiévales
n'étaient pas autonomes. Celles-ci ne pouvaient exister en dehors de
l'Eglise ou de l'Etat que sous des formes précises dont les
règles d'admission et de fonctionnement sont strictement
codifiées. Cette mise sous tutelle vigoureuse fait apparaître
alors des privilèges pour l'association qui devient une corporation
d'Etat. Toutefois, en marge du monopole corporatif aux structures rigides et
hiérarchiques, subsistent ou apparaissent de nombreuses formes
associatives qui inquiètent le pouvoir et que celui-ci tente
continuellement de réprimer, d'interdire ou de soumettre.
En Afrique, il existe des repères historiques et
primitifs du mouvement associatif. Ils sont relatifs aux confréries
d'artisans. La plupart des repères relevés par les chercheurs
sont ceux obtenus lors de la période coloniale, la période
précoloniale étant caractérisée pour ce continent
par la tradition orale.
Quant à la période post coloniale, Hakim Ben
Hamouda21 écrit :
19 DEFOURNY, Jacques, « Histoire et
actualité du fait associatif : quelques repères » in Les
fonctions collectives dans une économie de marché,
10ème congrès des économistes belges de langue
française, Centre interuniversitaire de Formation Permanente, Mons, du
26 au 27 novembre 1992, p23.
20 Les hétairies, dans la Grèce antique,
sont des associations sociopolitiques des grandes familles
21 HAKIM BEN HAMMOUDA, BRUNO BEKOLO-EBE et TOUNA MAMA,
L'intégration régionale en Afrique Centrale : Bilan et
perspectives, Karthala, Paris, 2003, p.263.
« Déjà au début des
indépendances, des organisations non gouvernementales (ONG)
s'étaient établies sur le continent. La plupart de ces ONG
étaient d'obédience confessionnelle et leurs activités
généralement orientées vers des opérations
humanitaires qui, de par leur nature, étaient intermittentes et
dépendantes de l'incidence de désastres tels que la
sécheresse, les inondations, les feus de brousse, les
épidémies, etc. ».
Ce n'est que vers les années quatre vingt du
20ème siècle que sera observé un foisonnement
d'associations et ONG en milieu urbain. A ce propos Marc Poncelet dit :
«La décennie quatre-vingt-dix a connu, notamment
en zone urbaine, une
exubérance associative multiforme, annonçant
un enrichissement de l'analyse
sociopolitique au Sud. Cette effervescence
précisément contemporaine d'une crise
et d'un appauvrissement sans comparaison, s'inscrit dans le
contexte très
particulier d'une critique et d'une révision radicale
du rôle de l'Etat comme acteur
du développement économique et politique. Dans
ce contexte de démocratisation
institutionnelle ou de décompression recomposition
autoritaire, émergent en outre
des centaines d'organisations aussitôt dites non
gouvernementales (ONG)» 22. Evoquant l'étude
réalisée par Mario Bettati, Hakim Ben Hamouda affirme que, si le
continent africain a enregistré le taux d'implantation d'ONG le plus
élevé au cours des années 80, cette prolifération
est due en partie au fait que l'Afrique s'est trouvée confrontée
à une crise sans précédent à partir de 1980. Du
coup, les pays africains ont été contraints à se lancer
dans les programmes d'ajustement structurel qui les ont conduits à
fermer ou à privatiser la plupart des entreprises qui employaient les
populations urbaines. A la suite, des ONG ont été
créées par des agents économiques et/ou d'anciens
fonctionnaires de l'Etat, désireux de mettre leur compétence
à la disposition de leurs régions dans la promotion de certains
secteurs de l'économe nationale.
Pour la RD. Congo, on peut relever particulièrement que
pendant la période coloniale les coopératives n'existaient qu'au
sein de la population blanche. A ce propos, Patrick Develtere23
affirme qu'en 1921, la coopération incluant la participation des
indigènes fut rendue possible par l'extension de la législation
métropolitaine belge aux colonies. Ainsi, les Belges et les
indigènes dans les colonies purent mettre sur pied des
sociétés coopératives s'ils en recevaient l'autorisation
du Gouverneur Général de la colonie. Sous l'égide des
missionnaires catholiques, un nombre limité de sociétés
22 PONCELET Marc, Gautier PIROTTE, Gregor
STANGHERLIN & Emmanuel SINDAYIHEBURA, Les ONG en villes africaines.
Etudes de cas à Cotonou (Bénin) et à Lubumbashi
(RDC), Academia Bruylant, Louvain-la-Neuve, 2006, p.11.
23 DEVELTERE, Patrick, Economie sociale et
développement. Les coopératives, mutuelles et associations dans
les pays en développement, Jalons-De Boeck Université,
Paris/Bruxelles, 1998, p.79.
coopératives de crédit et de
sociétés coopératives d'épargne furent
créées. Ces initiatives furent des structures coopératives
mises en place par les autorités coloniales pour essayer de soutenir les
structures administratives indigènes. Le contexte coopératif
colonial au Congo se trouve presqu'entièrement dans le secteur de
l'épargne et du crédit.
A coté des coopératives, comme composante de
l'économie sociale, on peut constater la présence d'associations
relevant avant tout des confessions religieuses. A ce propos Noir Homme dit
:
« Les oeuvres de développement ont
existé au Congo surtout à travers différents mouvements
d'action catholique. Ils ont construit des chapelles, des écoles, et
organisé des champs de travail pour les étudiants en vacance avec
comme objectif l'amélioration de l'habitat dans le milieu rural. Par
ailleurs, différents mouvements d'actions catholiques envoyés au
Congo vers 1950, étaient des laïcs européens ayant comme
mission de lancer ou d'organiser à l'échelon national des
mouvements tels que la J.O.C (Jeunesse Ouvrière Catholique), le
mouvement Familial, les mouvements de jeunesses (Chiro, Scout, ...) »
24.
Le contexte actuel de création des associations en RD
Congo paraît d'abord lié aux structures étatiques fragiles
après l'indépendance. Cela a été renforcé
non seulement par la vague des programmes d'Ajustement Structurels mais aussi
des guerres qui ont caractérisé l'Afrique. Dans cette logique,
les fidèles (chrétiens surtout) cherchent des stratégies
visant à répondre eux-mêmes à leurs besoins à
travers des structures socioreligieuses. Seoln certains, cela justifie la
montée en puissance à travers tout le pays de communautés
ecclésiales de base ou vivantes (CEV ou CEB) et des CARITAS au sein de
l'Eglise Catholique. René Okitundu Avoki25considère
ces communautés comme favorisant la gouvernance locale qui est un mode
qui a caractérisé les sociétés et
communautés congolaises d'antan. Dans le même ordre d'idées
Chistian Kaparay estime que ces associations, groupant surtout les femmes, sont
un lieu de prévention et de résolution des conflits internes, un
espace permettant de faire davantage connaissance de l'autre et aussi un espace
de sensibilisation à d'autres systèmes de mobilisation de
l'épargne dont les mutuelles de quartier.
En somme, comme le soutient Poncelet, le renouveau associatif
africain contemporain doit être saisi à la lumière du
contexte politique, économique et social qui,
24 NOIR HOMME, L'Eglise au Congo en 1963. Rapport
d'une enquête socioreligieuse, Centre de Recherches sociologiques,
Léopoldville, 1964, p.60.
25 OKITUNDU AVOKI, René, « Gouvernance
locale et communauté de base au Congo (RD) », in Sophie CHARLIER,
Marthe NYSSENS, Jean-Philippe PEEMANS et Isabel YEPEZ DEL CASTILLO (dir.),
Une solidarité en actes. Gouvernance locale, économie
sociale, pratiques populaires face à la globalisation, Presses
universitaires de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2004, p.253.
dès les années quatre-vingt, connaît une
redéfinition des termes de la dépendance africaine et plus
largement une crise des Etats postcoloniaux.
3. Motifs de création et typologies
Par principe toute association naît d'un besoin.
Celui-ci peut être de nature différente. Il est le moteur de la
volonté de quelques-uns de faire naître une association.
Cependant, il n'est pas question d'hiérarchiser les besoins comme le
fait Abraham Maslow dans sa pyramide des besoins de l'être humain. Nous
ne tenons pas compte de cette hiérarchisation non seulement parce que
cette théorie a fait l'objet des contestations farouches des certains
chercheurs mais aussi parce que, dans la plupart, elle ne se vérifie pas
dans les pays en développement en général et dans la
République Démocratique du Congo en particulier.
D'un point de vue typologique, les associations sont aussi
difficiles à classer qu'à définir. Une partie de la
difficulté tient d'abord à leur diversité. Une autre est
la tendance qu'ont les associations à combiner plusieurs objectifs. La
commission européenne estime néanmoins que la plupart des
associations, y compris les fondations, remplissent les conditions
suivantes.
- Fourniture ou prestation de services : cette
catégorie inclut toutes les organisations qui rendent à leur
clients des services dans les domaines de l'action sociale, de la santé,
de l'éducation, de l'information ou de l'assistance-conseil sur un sujet
particulier.
Militantisme : cette catégorie comprend
toutes les organisations qui ont
pour objectif de promouvoir, en agissant comme groupe de
pression ou par tout autre moyen de publicité, une cause ou les
intérêts d'un groupe de population en vue d'amener un changement
d'attitude à son égard soit de l'opinion publique, soit des
décideurs politiques.
- Auto-assistance ou secours mutuel : il
s'agit d'organisations formées de groupes ou des individus partageant un
intérêt ou un besoin commun en vue de s'entraider et de
s'échanger des informations.
- Ressources et coordinations : il s'agit dans
ce cas d'organismes dits
« intermédiaires » qui coordonnent les
activités soit d'organisations individuelles spécialisées
dans un créneau particulier, soit de tout un secteur en fournissant
information et assistance. Ces organismes jouent le rôle essentiel
d'interface entre le secteur considéré et les pouvoirs
publics.
L'hétérogénéité auquel ce
monde fait face explique la difficulté d'établir une typologie
unique. Des facteurs multiples interviennent et chacun d'entre eux peut
donner
lieu à plusieurs interprétations. Aucune
classification ne peut être considérée isolement. Ainsi,
d'autres chercheurs peuvent établir des classifications selon :
- La forme juridique. Dans ce cadre on voit les
associations déclarées ou reconnues d'utilité publique,
des associations sans but lucratif, ...
- Le champ géographique. Certaines
associations ont une vocation strictement locale, à l'échelle de
la commune, d'un quartier, voire d'une institution. D'autres ont un rayonnement
plus large par la nature de leur activité. C'est le cas des associations
étrangères ou internationales qui sont soumises à des
règles particulières. Dans cette catégorie, nous classons
les organisations non gouvernementales (ONG). L'ONG est
considérée par le Département d'Information des Nations
Unies 26 comme un groupe des citoyens volontaires, sans but lucratif
et organisé à l'échelon local, national ou international.
Les organisations non gouvernementales remplissent divers types de services et
de fonctions27. Au départ les ONG sont d'abord des
associations mais qui se distinguent des autres associations par le fait
qu'elles visent la coopération au développement. Malheureusement,
lorsqu'on aborde la question de celles-ci, on se rend compte avec Francois
Houtart28 qu'on se trouve face à une diversité
énorme, véritable auberge espagnole abritant tout et son
contraire. Leur définition, elle-même, est purement
négative : elles n'appartiennent pas aux structures de l'Etat, et rien
n'est dit sur leurs critères internes de l'organisation, ni externes de
leurs fonctions. Il n'est donc pas facile de s'y retrouver.
- L'importance. Celle-ci peut s'évaluer
de plusieurs manières : le nombre des membres, le rythme des
activités, le public drainé par ces dernières, le volume
des ressources humaines et financières, l'infrastructure, la
médiatisation,...C'est donc une notion très relative.
- Les finalités. On peut voir ainsi des
associations sportives, de culture au sens large, d'éducation et de
formation, de défense d'idées, d'intérêts, de
valeurs et aussi des associations de solidarité et d'action sociale.
4. Rôle et importance des associations
Plusieurs études montrent que la plupart des
organisations sont de petite taille mais que le secteur associatif est, dans
son ensemble, important. En effet, il mobilise d'importantes ressources
humaines. Quelques rôles peuvent lui être assignés soit sur
le
26 RUBIO, François, Dictionnaire pratique
des Organisations Non Gouvernementales (ONG), Ellipses, Paris, 2004,
p.126
27 Les services et fonctions évoqués
sont surtout d'ordre humanitaire, d'information aux gouvernements sur les
préoccupations de leurs citoyens, de surveillance des politiques des
gouvernements et de promotion de la participation politique au niveau
communautaire, etc.
28 HOUTART, François, « Les ONG :
instruments du projet néolibéral ou bases solidaires des
alternatives populaires », in Alternatives Sud. Les ONG instruments du
néo-libéralisme ou alternatives populaires ?,
CETRI/L'Harmattan, Vol. IV(1997).4, Louvain-la-Neuve/Paris, 1998, p.5
plan social, politique, de la citoyenneté, de la promotion
de la démocratie, ainsi que des activités marchandes.
Importance sociale. C'est aux
associations et à leurs organisations soeurs (les fondations) qu'on doit
la naissance de nombreux services comme l'éducation, l'assistance
sociale, la santé,... Les associations ont joué un rôle
essentiel dans la diffusion des connaissances scientifiques et
découvertes technologiques et ont abrité des débats
d'idées sur l'concernant ensemble des préoccupations humaines.
Elles ont été à la pointe du combat pour la reconnaissance
des droits et de la dignité de la personne humaine ainsi que pour la
sauvegarde de l'héritage culturel et de l'environnement.
Importance politique et
citoyenneté. Pour de nombreuses personnes, adhérer
à une association et militer bénévolement pour elle est un
moyen vital d'exprimer leur sens civique et de démontrer
l'intérêt qu'elles portent à leurs citoyens et à la
société en général.
L'importance dans les activités
marchandes. Pour réaliser leurs objectifs, les
associations ont évidemment besoin de ressources. Il est rare que les
cotisations des adhérents suffisent à cet effet. Les subventions
des pouvoirs publics, dans la plupart des pays, pallient parfois à la
difficulté. D'autres, pour vivre ou survivre, recourent à
d'autres moyens comme des fêtes, des tombolas mais également
à la vente de produits, de publications ou de services. Les
activités de cette dernière catégorie sont proches du
secteur marchand et concurrencent parfois ce dernier.
Les retombées pour l'économie.
Certaines activités, ayant un caractère
répétitif, sont souvent soumises à l'imposition.
Cependant, le régime fiscal diffère selon la législation
nationale. Bien que des exonérations soient prévues, les pouvoirs
locaux peuvent également lever des taxes. Beaucoup d'activités et
exigences de fonctionnement ont des retombées positives pour les
entreprises publiques ou paraétatiques.
I.2. Notion de société civile
Définir le mot société civile est bien
compliqué. Il est difficile d'appréhender son sens en profondeur.
Pour Céline Thiriot29, la société civile est un
concept qui reste très flou et ambivalent : faute d'une
définition unitaire et précise, cela le rend très peu
opératoire. Cette idée, revenue à la mode ces dix
dernières années, a en fait une longue histoire. Le concept est
attaché à un travail plus général de la
redéfinition de l'ensemble des rapports entre Etat et
société civile. Elle part de la définition de Gramsci pour
qui la société civile
29 THIRIOT Céline, « Rôle de la
société civile dans la transition et la consolidation
démocratique en Afrique : éléments de réflexion
à partir du cas du Mali », Démocratie et
société civile. Une vue du Sud. Revue Internationale de
politique comparée, vol. 9, N°2, De Boeck & Larcier,
Bruxelles, 2002, p.279.
correspond à l'ensemble des organismes vulgairement dits
privés qui confortent la fonction d'hégémonie que le
groupe dominant exerce sur toute la société.
Dans ce contexte, il y aurait aujourd'hui un consensus de base
sur la notion. La société civile englobe la vie
économique, sociale et culturelle des individus, des familles, des
entreprises et des associations dans la mesure où elle se déroule
en dehors de l'Etat et sans visée politique. Elle recherche la
satisfaction des besoins ou des intérêts matériels, le soin
des autres, la convivialité, le bonheur privé,
l'épanouissement intellectuel ou spirituel. C'est pourquoi la
société civile désigne cet espace flou existant entre la
sphère étatique et la sphère politique. Elle se
caractérise par plusieurs traits : un retrait par rapport au politique,
voire même une dénégation du politique; elle est hors de
l'Etat mais en interaction avec lui ; elle est souvent son principal
interlocuteur ; elle présente une pluralité de genres, mais se
constitue toujours de mouvements de rassemblement et de mobilisation autour
d'un objectif ou d'une cause.
Dans son évolution, le concept de société
civile vient de la philosophie politique occidentale : il n'a pas à
l'origine de sens sociologique et ne désigne pas une étape
historique de la construction de l'Etat moderne (...)30. Pour
René OTAYEK:
« ce qui est davantage problématique avec ce
concept de société civile, c'est plutôt
son extraordinaire polysémie, qui n'a d'ailleurs
d'égal que son succès depuis son
retour en force dans les ex-démocraties populaires
au début des années 1970 » 31. D'autres
définitions sont proposées par les « praticiens » du
développement. Le forum international tenu au Canada en février
200832, estime que la notion de société civile englobe
toute une gamme d'organisations. Dans son sens général, elle
comprend les organisations et les structures non marchandes et non
étatiques au sein desquelles des individus poursuivent des objectifs et
des idéaux communs. Dans le domaine du développement, elle fait
surtout référence aux organisations non gouvernementales (ONG)
ayant un mandat expressément et strictement lié au
développement. Elle peut toutefois aussi inclure des associations
d'agriculteurs, des associations professionnelles, des organismes
communautaires, des groupes environnementaux, des instituts de recherche
indépendants, des universités, des organismes d'origine
religieuse, des syndicats, des médias à but non lucratif, ainsi
que d'autres groupes qui ne s'occupent pas de
30 ROY, Olivier, « Asie Centrale : la
société civile en débat », Démocratie et
société civile. Une vue du Sud. Revue internationale de
politique comparée, vol. 9, N°2, De Boeck & Larcier,
Bruxelles, p.171.
31 OTAYEK, René (dir.), «
Démocratie et société civile. Une vue du Sud. Avant propos
». in Revue internationale de politique comparée, vol. 9,
N°2, De Boeck & Larcier, Bruxelles, 2002, p. 168.
32 Groupe consultatif sur la société
civile et l'efficacité de l'aide. Un dialogue à intervenant
multiples sur la société civile et l'efficacité de l'aide.
Rapport final du Forum International, tenu du 3 au 6 février,
Hôtel Château Cartier, Gatineau (Québec), disponible sur
http://www.ccic.ca/f/002/aid.shtml#intl
forum visité en date du 15 juillet 2008.
développement. Cette définition très large
est communément acceptée parmi les praticiens du
développement.
En revanche, cette définition ne nous apprend rien sur
les rôles en matière de développement qu'il est d'usage
d'attribuer à la société civile. Pour cette raison, il
faut établir un cadre simplifié pour comprendre le rôle de
la société civile.
Pour parler des rôles de la société
civile, il convient d'identifier plusieurs cadres qui rendent compte des
rôles constructifs associés à la société
civile. Le forum international sur la société civile tenu au
Canada, identifie ou recense trois cadres de ce type.
Le rôle de la société civile
dans la participation des citoyens. Ce cadre port de l'image d'un
tabouret à trois pieds formés par la société
civile, le secteur privé et l'Etat. Ils constitueraient les piliers de
l'espace social dans lequel les citoyens s'organisent sur une base volontaire
pour promouvoir des valeurs et des objectifs partagés. Dans cette
optique, la société civile est perçue comme essentielle au
bon fonctionnement de la société et à la croissance du
capital social.
Une conception connexe assimile la société
civile à l'un des cinq piliers de la démocratie de pair avec le
pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et
les médias indépendants. Cette conception présente le
rôle de la société civile en termes de bonne
gouvernance.
Le rôle de la société civile
dans les programmes de développement. En
règle générale ceux qui travaillent avec des organisations
de la société civile (OSC) ou des ONG du domaine du
développement adoptent une perspective plus pratique. La
société civile est ici une constellation d'organisations
engagées dans les programmes et des opérations de
développement.
Le rôle de la société civile
dans le renforcement du pouvoir social. Dans une approche
axée sur les droits de la personne, la société civile est
considérée comme un instrument de renforcement du pouvoir social
de certains groupes, tels les pauvres et les dépossédés,
les femmes, des groupes ethniques ou autres.
En somme ces trois perspectives, bien que distinctes, sont
complémentaires. Elles font ressortir trois grandes catégories de
rôles pour la société civile et les organisations de la
société civile. La première catégorie où les
OSC sont une composante d'une société bien ajustée, d'un
système de gouvernance responsable et efficace, et d'une saine
démocratie. Ensuite la deuxième où les OSC sont des
prestataires des services à travers les programmes et opérations
de développement. Enfin, les OSC sont des instruments de renforcement du
pouvoir social de certains groupes et de réalisation des droits de la
personne.
I.3. Confessions religieuses et développement
local
Le concept « développement » a reçu
plusieurs contenus et suscite la polémique. Les chercheurs des
différents domaines tentent, chacun en ce qui le concerne, de donner ce
qu'il entend de ce mot. Qu'il s'agisse des économistes, des
anthropologues ou d'autres, aucun terrain d'entente n'est obtenu.
Pour les économistes, comme Amartya Kumar Sen, le
processus de développement est lié à l'amélioration
de la qualité de vie (quality of well-being). Dans ses travaux sur la
famine, le développement humain ou encore sur l'économie du
bien-être et le mécanismes fondamentaux de la pauvreté, Sen
considère le processus du développement comme étant
porté, au niveau local, par des initiatives en vue de favoriser
l'accès des individus aux facilités économiques
(facilités à produire, à consommer et à
échanger), l'accès aux opportunités sociales favorisant
l'équité et la justice sociale (l'éducation, la
santé, ...), à la promotion des capacités33.
Si Sen le définit comme dit précédemment,
les socio-anthropologues comme JeanPièrre Olivier De
Sardan34, rétorqueront en disant que le développement
peut-être défini de façon méthodologique comme
l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations
volontaristes de transformation d'un milieu social, engagées par le
biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais
cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe
de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. Il y a du développement du
seul fait qu'il y a des acteurs et des institutions qui se donnent le
développement comme objet ou comme but et y consacrent du temps, de
l'argent et de la compétence professionnelle. Ce n'est ni un
idéal, ni une catastrophe. C'est avant tout un objet d'étude.
Ces deux exemples illustrent la polémique face à
laquelle on se trouve pour définir ce concept. Pour nous, il ne s'agit
pas d'entrer dans cette polémique mais de regarder les choses en face,
surtout en RD. Congo. Avec la faillite de l'Etat congolais, les initiatives de
prise en charge de tout genre ont gagné du terrain. Les populations
elles-mêmes cherchent à trouver des solutions alternatives
à leurs problèmes.
Ces initiatives locales sont considérées comme
du développement local dont parle Omer Mirembe35. Pour ce
dernier c'est de préférence au niveau local qu'il y a lieu de
mieux considérer les individus et les groupes sociaux comme des acteurs
à part entière de leur développement, tirant part des
opportunités à leur disposition, essayant de maîtriser
33 SEN, Amartya Kumar,., Un nouveau modèle
économique. Développement, justice, liberté, traduit
de l'anglais par Michel Bessières, Paris, éd. Odile Jacob, 2000,
pp. 49-50.
34 De Sardan, Olivier, Anthropologie et
développement. Essai en socio-anthropologie du changement
social, APAD-Karthala, Paris, 1995, p.7.
35 KAMBALE MIREMBE, Omer, op.cit., p. 84.
leur destin et non comme des destinataires passifs d'un
développement offert par l'État ou les projets. Il n'y a donc pas
de distinction à établir entre acteurs et
bénéficiaires. Le développement local, poursuit-il,
constitue un processus d'initiatives (sociales, économiques,
culturelles) à la base, portées par des acteurs localisés
(individuels et collectifs), en fonction des demandes locales précises
et qui se réalisent dans des espaces localisés. Ce processus
local n'est pas monolithique mais pluriel. Généralement, ces
initiatives ne pèsent pas lourd, au point de vue quantitatif.
A l'échelle locale, il s'agit des petits pas du
processus de développement. Dans l'optique des populations, le processus
de développement est lié à des initiatives leur donnant
accès à des conditions de vie plus décentes, et
fournissant des réponses aux demandes de sécurisation et de
renforcement des capacités et du lien social. Les acteurs de ce
développement peuvent être des individus ou des associations. La
dynamique peut être portée par différents acteurs : des
églises, des commerçants, des associations de quartier, des
groupements de femmes, des clubs de jeunesse, des mutuelles, etc.
De tous ces acteurs, ceux qui nous intéressent sont les
associations en tendance religieuse qui font partie, dans la classification de
Mafikiri Tsongo36, des intervenants sur le marché du
développement. Pour lui, dans les pays du Sud, il existe quatre
catégories de courtiers de développement : les organisations et
réseaux confessionnels, les cadres originaires d'un pays, d'une
région ou d'une localité, les mouvements culturels ethniques et
les leaders politiques et paysans.
Les associations et confessions religieuses sont très
actives dans le développement local en RD. Congo, surtout dans le
Nord-Kivu. Les associations religieuses ou de tendance religieuse ainsi que les
réseaux auxquels elles appartiennent sont devenues incontournables. Chez
les chrétiens, par exemple, comme le dit Litambala Mbuli
Edouard37 la Bible devient une arme de contestation contre
l'oppression, de quelque nature qu'elle soit. Elle est la voix des sans-voix et
propose une dynamique libératrice.
En fait, on peut voir à travers les autocollants et
étiquettes affichées sur les parebrises des voitures, taxis et
bus des extraits bibliques du genre : « Crois au Seigneur Jésus et
tu seras sauvé, toi et toute ta famille », « Le Seigneur est
mon berger et mon protecteur », ... Parmi les ONG et autres associations
sans but lucratif, des pareils extraits figurent même sur la
première page des dépliants et sont considérés
comme carte postale
36 Mafikiri Tsongo, Angélus, « Analyse
du marché de développement dans les régions
déshéritées de l'Afrique subsaharienne du Nord-Kivu
», in Parcours et Initiatives, Le marché, N° 5
octobre 2006, Centre de Recherches Interdisciplinaires du Graben- CRIG, Presses
de l'UCG, Butembo, p.26.
37 Litambala Mbuli, Edouard, Formations
théologiques dans l'Eglise catholique de la République
Démocratique du Congo. Enjeux théologiques et
méthodologiques, L'Harmattan, Paris, 2007, p243.
de l'organisation. Il peut s'agir des versets bibliques qui ont
inspiré les membres fondateurs à prendre l'initiative.
La question est de savoir comment évaluer ces
utilisations ou cette lecture biblique dans la société ? Il ne
s'agit pas d'entrer dans une discussion théologique mais de comprendre
quel lien existe d'une part entre les confessions religieuses et la
société civile et d'autre part comprendre ce lien dans la
dynamique de développement locale en s'appuyant sur les associations qui
naissent dans ce contexte.
En somme, pour comprendre ce lien, il a été
important de rappeler les composantes de la société civile.
Concept aux notions imprécises, la société civile englobe
une diversité d'acteurs dans ses composantes. Faut-il, en outre,
comprendre l'historique du christianisme et du mouvement associatif dans notre
zone d'étude pour passer aux études des cas ? Ce qui sera l'objet
des chapitres suivants.
Conclusion partielle
La précision des mots clés dans un travail
scientifique est d'une importance capitale. Elle permet d'éviter la
confusion au cours de l'investigation.
En ce qui concerne notre sujet de recherche, la
précision de certains concepts, comme association, société
civile et développement, n'est pas facile à atteindre en raison
de la diversité des définitions adoptées par les
chercheurs.
En dépit de cette diversité et pour
éviter d'entrer dans cette polémique, l'essentiel pour ce travail
a été de comprendre dans quel contexte les associations naissent
ainsi que les rôles qui leurs sont assignés par la
collectivité. Bien qu'il y ait des similitudes, le contexte associatif
qui caractérise la société civile varie d'un continent
à l'autre. Le contexte occidental diffère ainsi des cas africains
en cette matière.
CHAPITRE II
HISTORIQUE DU CHRISTIANISME ET DE LA SOCIETE CIVILE EN
TERRITOIRES DE BENI ET LUBERO
L'histoire du christianisme et de la société
civile des territoires de Beni-Lubero s'inscrit dans des contextes en
évolution. Nous pouvons évoquer d'une part le contexte colonial,
d'autre part, la crise économique et politique qu'a traversé la
RD. Congo. Avant de passer en revue cette histoire, il est important de
présenter la zone d'étude où nous avons mené les
investigations.
II.1. Présentation du milieu :
cadre physique, démographique, économique, culturel et
réalités politiques
Cette section vise à donner un aperçu
général sur les aspects physiques, démographiques,
économiques, socioculturels et politiques du milieu d'étude afin
de comprendre dans quel contexte se situe la dynamique associative. Les actions
de ces associations ne peuvent être étudiées dans un
territoire pris isolement car leur rayon d'action est souvent étendu sur
les deux territoires.
Cependant, même si ces territoires ont une population
relativement homogène, parce que la majorité est
constituée des Nandes, quelques différences peuvent être
relevées parci, par-là. Ces diversités sont d'ordre
social, économique, climatique, administratif, religieux,...C'est pour
cette raison qu'il est nécessaire de présenter ces deux
territoires séparément.
1. Le territoire de BeniLe territoire de Beni
est situé dans la province du Nord Kivu, à l'Est de la
République
Démocratique du Congo. Il se situe entre 29° et
30° longitude Est. Sa superficie est de 7484 km2. Il est
limité à l'Est par le mont Rwenzori (haut de 5119 m au pic
Marguerite), au Sud-Est par le Lac Edouard et le territoire de Lubero, et au
Nord par les territoires de Mambasa et le district de l'Ituri. A son
extrême Nord et à l'Ouest, on trouve la forêt
équatoriale alors que l'Est a une partie importante couverte par le Parc
National des Virunga38.
Etant situé entièrement dans la zone
équatoriale sous un climat tropical humide, ce milieu connaît une
succession alternative des saisons pluvieuses et sèches. En effet, comme
le dit Michel EECKHOUDT cité par Christien Kathaka Kiswere39,
les régions centrales
38 Source : rapport administratif du territoire de
Beni. Informations recueillies en juillet 2007.
39 KATHAKA KISWERE, Christien, les initiatives
locales et incidences sur l'économie du territoire de Beni. Cas de
l'enseignement primaire privé agréé, mémoire
de licence, UNIC-BENI, 2005-2006, p.12.
situées en bordure immédiates de l'Equateur
connaissent une chaleur étouffante, des pluies abondantes et
répandues sur toute l'année. La température moyenne
oscille entre 25 et 27°.
Du point de vue administratif, le territoire fût
créé en 1894 sous la dénomination « Territoire de la
Semuliki » et dépendait du district de Kibali-Ituri, l'actuel
district de l'Ituri en province Orientale. Il prendra le nom de territoire de
Wanande-Nord suivant l'ordonnance du 21 mars 1932 avec Beni comme chef lieu
mais sera sous la dépendance du district de Kibali-Ituri. Par ordonnance
du 15 mars 193540, il est rattaché à la province du
Kivu toujours avec le même chef lieu. L'année connaît
l'introduction de la culture du café et du palmier à huile. Avec
l'avènement de la guerre, considérée comme guerre
d'agression ou par certains de « première guerre continentale
africaine 41» déclenchée sous la coalition
rwando-burundo-ougandaise le 2 aout 1998 à Goma, le chef lieu a
été transféré de Beni à Oicha le
1er juillet 2000 puis reconnu officiellement en 2003 par le
gouvernement congolais42.
Le territoire compte quatre entités coutumières
dont le secteur Rwenzori, le secteur Beni-Mbau, la chefferie Watalinga et la
chefferie Bashu. A cela s'ajoutent cinq cités dont Bulongo, Lume,
Oïcha, Mangina et Kyondo. La principale ville de ce territoire est celle
de Beni.
Du point de vue démographique, le territoire de Beni
est habité en général par les nandes. Cependant, la ville
de Beni est souvent appelée cosmopolite en raison de la présence
de plusieurs autres ethnies qui y vivent. De 2000 à 2004, la population
a évolué comme illustré dans le tableau suivant :
Tableau n°1 : Situation démographique de Beni
ville et territoire
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Ville de
|
141312
|
156943
|
180832
|
185618
|
250929
|
Beni
|
|
|
|
|
|
Territoire de Beni
|
653248
|
682792
|
710049
|
747559
|
808808
|
Total
|
794560
|
839735
|
890881
|
933177
|
1059737
|
Source : Bureaux de l'Etat civil du territoire de Beni
à Oicha et de la ville de Beni
En analysant ces statistiques, nous retrouvons respectivement
les taux de croissance annuels à partir de l'an 2000 : soit 5,68%,
6,09%, 4,75% et 13,56%. Soit une moyenne quinquennale de 7,52%. Ces
pourcentages suscitent une attention particulière quant à leur
40 Ordonnance n°44/A.I.M.O du 15 mars 1935.
41 WILLAME, Jean-Claude, Les « Faiseurs de
paix » au Congo. Gestion d'une crise internationale dans un Etat sous
tutelle, Collection Livres du GRIP, n°288-289, GRIP, Bruxelles, 2007,
p. 15
42 Reconnaissance de Beni comme ville par le
décret n° 041/2003 du 28 mars 2003.
interprétation. En effet, de 2000 à 2003,
l'augmentation de la population semble avoir été stable avant de
doubler en 2004, année qui coïncide avec l'afflux des
déplacés de l'Ituri ayant échappé aux
atrocités subies dans leurs milieux d'origine.
Ce que soutient Olivier Lanotte en disant:
« depuis fin 2002, l'Est du Congo est en proie
à une recrudescence dramatique des violences ethniques. Le retrait des
troupes étrangères a en effet favorisé une reprise des
combats au Sud-Kivu et dans l'Ituri où différentes milices
congolaises soutenues par l'Ouganda ou le Rwanda se livrent à une lutte
sans merci. Un conflit qui fait des dizaines des milliers de victimes et de
déplacés » 43.
La ville ainsi que le territoire de Beni ont accueilli des
milliers des déplacés sur la route Beni-Eringeti qui mène
vers Bunia. Cela a eu des conséquences sur le plan social et
démographique.
En mettant un accent sur l'aspect démographique, les
statistiques données par les différents bureaux de l'Etat civil
doivent être prises avec beaucoup de prudence. Comparer le taux de
croissance de 7,52% obtenu pour la ville et le territoire de Beni au taux
annuel national de 3,3% du recensement de 198444, on serait
tenté de dire qu'il y a surpeuplement. Or, depuis 1984, aucun
recensement scientifique n'a plus été organisé. On se
contente actuellement de l'identification et de l'enrôlement
effectués à Beni par la Commission Electorale Indépendante
du 21 août au 4 novembre 2005. C'est cette commission qui a fourni les
cartes d'électeurs considérées aujourd'hui comme
pièces d'identité. Comparer à l'heure actuelle ce taux
à celui de la croissance démographique annuelle de la RD. Congo,
ce serait fausser l'interprétation dès lors que certains
déplacés qui se sont enregistrés dans différents
bureaux de l'Etat civil sont rentrés en Ituri. Il faudra attendre le
nouveau recensement pour se prononcer sur cette question.
Sur le plan économique, la situation de Beni est
diversifiée. Après l'agriculture qui est la base de
l'économie du territoire vient le commerce, puis la petite industrie et
la pêche. Pour rappel la pêche se développe sur le lac
Edouard qui couvre une superficie de 2.240 km2, dont 1.630
km2 se trouvent au Congo (73 %) et 600 km2 en Ouganda (27
%). Il se trouve dans la zone ouest du Rift africain situé à une
altitude de 914 mètres45.
43 LANOTTE, Olivier, République
Démocratique du Congo. Guerres sans frontières. De
Joseph-Désiré Mobutu à Joseph Kabila, Collection
Livres du GRIP, n°266-268, GRIP, Bruxelles, 2003, p.156
44 HAMULI KABARUZA Baudouin, et al. , La
société civile congolaise. Etat des lieux et perspectives,
Editions colophon, 2003, p. 18
45 RENE, François, et DANIEL, Patrick,
Archives de documents de la FAO. Les ressources halieutiques du lac
Edouard/Idi Amin, Recueil de documents présentés à la
Consultation technique des lacs Edouard et Mobutu partagés entre le
Zaïre et l'Ouganda, 17-21 septembre 1990, Kampala/Ouganda. Disponible sur
:
http://www.fao.org/docrep/005/AC758F/AC758F04.htm
visité le 15 juin 2008
L'agriculture quant à elle est basée sur la
culture de produits industriels, tels que le café, l'huile de palme, la
papaye, l'arachide, et des produits vivriers comme le manioc, les haricots, la
banane, la patate douce, la pomme de terre, le riz, le soya, le maïs et
divers fruits. De toutes ces cultures, celle du café était la
base économique du territoire de Beni, il y a deux décennies.
Malheureusement, les plantations ont été décimées
par la trachéomicose. Quelques centres de recherche et Organisations Non
Gouvernementales (ONG) cherchent à contourner ce problème en
vulgarisant d'autres variétés de caféiers résistant
à la maladie. Il s'agit du Centre de Formation et d'Animation pour un
Développement Solidaire (CEFADES) de l'Université Catholique de
Graben/Butembo et du Syndicat des Défenses des Intérêts
Paysans (SYDIP).
S'agissant du commerce, celui-ci est parti de bases fragiles,
car il est fondé sur l'exportation des produits agricoles et forestiers
et l'importation des produits élaborés à partir du Moyen
Orient. La quasi-totalité des magasins et boutiques est tenue par les
Nandes. Ils ont leur sièges commerciaux à Butembo, une ville
proche et située à 54 km. L'importance du territoire de Beni, sur
le plan socio-économique, est liée d'une part à
l'exportation des cultures industrielles et du bois de la forêt
équatoriale, mais également aux usines de café, de
papaïne et d'autre part de services publics. Ce commerce constitue la
raison d'implantation de plusieurs services comme l'Office de Douanes et
Accises, l'Office congolais de Contrôle, l'Office National du
café, ... A ce titre Omer Kambale Mirembe nous décrit ce qui suit
:
« En plus Beni a l'avantage de se trouver sur la
route menant à la frontière de Kasindi, principale porte
d'entrée pour cette partie du Congo. Mais si les opérations de
dédouanement se font à Beni et Kasindi la plupart des cargaisons,
particulièrement les importations sont destinées à
Butembo. [...] Seuls 10 à 20% des importations sont destinées
à Beni, et il s'agit principalement des produits pétroliers, le
reste constitue des importations en transit vers Butembo. Cependant, Beni
réalise une quote-part plus importante des exportations : plus de 60% du
tonnage. »46
C'est également à Beni qu'est situé
l'aérodrome Wageni dans l'enceinte de l'entreprise ENRA
(Enzymes-Raffiners Association). Cet aérodrome accueille plusieurs
avions cargos de moyen tonnage pour le commerce régional.
Sur le plan industriel, l'activité tourne principalement
autour de quelques produits. Il s'agit à titre illustratif
de47 :
46 KAMABALE MIREMBE, Omer,
op.ci., p.99.
47 Emmanuel MUSONGORA SYASAKA, « le rôle
du marché dans la synergie agriculture et industries agroalimentaires du
territoire de Beni et Lubero », Le marché. Parcours et
initiatives, Centre de Recherches Interdisciplinaires du Graben,
U.C.G-Butembo, N°5, octobre 2006, pp 257-278.
- Enzymes-Raffiners Association (ENRA) qui a fonctionné
depuis 1969 à Mutwanga pour l'achat de la papaïne, le café,
l'exploitation du bois et la fabrication des meubles ;
- Le Complexe Théïcole de Butuhe (CTB) dans la
fabrication du thé depuis 1970 ;
- La savonnerie Industrielle de Butuhe dans la fabrication du
savon de ménage depuis 2000 ;
- La Plantation du Nord-Kivu (PLANOKI) dans le traitement du
café, ...
Du point de vue culturel, il faut remarquer que le territoire
de Beni occupé en majorité par les nandes répond aux
caractéristiques culturelles dont parlent Muwiri Kakule et
Kambalume48. En effet, les nandes occupent un espace
constitué de deux blocs, le grand et le petit bloc. Le grand bloc dans
le territoire de Beni est constitué des nandes qui habitent les deux
collectivités suivantes : Bashu, avec comme chef lieu Vuhovi et
Ruwenzori avec comme chef lieu Mutwanga. Le petit bloc est constitué des
nandes vivant dans le centrenord du territoire de Beni. Ils sont
entourés par d'autres peuples. Dans le petit bloc on trouve le
groupement des Nandes-Kainama avec comme chef lieu Kainama. Par rapport aux
autres tribus qui l'entourent, le petit bloc est influencé par les
cultures de celles-ci notamment, les Batalinga à l'est, les Bahema-Boga
au nord, les Balese Avonkutu à l'ouest et les Bambumba-Kisiki au sud.
Sociologiquement, ils s'identifient aux nande de part leur langue et autres
traits caractéristiques. En somme, la culture des nandes est toujours
liée à l'historique de l'implantation cette ethnie
découlant de son itinéraire lors de l'immigration.
2. Le territoire de Lubero49
Le territoire de Lubero, comme celui de Beni, est une
entité décentralisée située au Nord-Kivu et mesure
18096 km2. Ce territoire se situe entre 1°de latitude Nord et
1° de latitude Sud et entre 28° et 30° longitude Est.
Traversé par l'Equateur, il est limité à l'Est par le lac
Edouard, à l'Ouest par le territoire de Bafwasende, au Nord par les
territoires de Beni et de Mambasa, au Sud par le territoire de Rutshuru. Le
chef lieu est situé à Lubero à environ 300 km au nord de
Goma.
Il connaît un climat tropical d'altitude avec un relief
montagneux dont l'altitude varie de 1500 à 2000 m. C'est une
région qui pratique des cultures maraîchères.
La diversité des cultures agricoles est liée
à celle du relief. Comme le souligne Anselme Paluku Kitakya50
en citant Kakule Vyakuno et Kasay Lenga Lenga, dans sa
48 MUWIRI KAKULE et KAMBALUME, Identité
culturelle dans la dynamique de développement, Academia Bruylant
/Presses de l'Université Catholique de Graben, Louvain-la-Neuve/Butembo,
2002, p.20.
49 Source : rapport administratif du territoire de
Lubero. Informations recueillies en juillet 2007.
50 PALUKU KITAKYA, Anselme, Interactions entre
la gestion foncière et l'économie locale en région
de
Butembo, Nord Kivu, République Démocratique du Congo,
thèse de docteur en sciences sociales,
morphologie géophysique, la région présente
un relief très contrasté, hérité de la tectonique
des plaques qui s'est traduite par l'écartement des plaques africaines
et somaliennes.
Cette différenciation morphologique permet de
distinguer quatre zones d'altitude : le fossé tectonique (850-1000 m),
les hautes terres fraîches (2000-3100 m), les hautes terres tièdes
(1400-2000m) et le plateau occidental (900-1400 m). Ce qui conduit à
distinguer trois zones édaphiques et climatiques : les hautes terres,
les terres moyennes et les basses terres.
Sur le plan administratif, le territoire de Lubero compte
quatre entités coutumières (Bamate, Bapere, Baswagha et Batangi),
quatre agglomérations semi-urbaines (Lubero, Kayna, Kirumba et
Kanyabayonga) et une ville, celle de Butembo.
Au niveau démographique, le territoire est
occupé par les nandes. Comme le dit Christian KAPARAY, il est facile de
trouver ici 60 ménages au km2, alors que dans les basses
terres, la densité tombe dans les 10 ménages au km2.
La région se caractérise par son organisation en plusieurs
villages avec un habitat groupé. Représentés par un chef
du village, assisté par les chefs de familles, ces villages sont de
taille importante. Cette dernière est d'environ 500 habitants en raison
de 8-10 personnes par ménages. Le village compte en moyenne 300
ménages51.
Les statistiques recueillies pour la seule ville de Butembo
qui se trouve dans le territoire de Lubero montre que de 2000 à 2007 la
population a tendance à la hausse. Nous dégageons à cet
effet, un taux de croissance démographique moyenne de 4,66%. Mirembe
souligne cela en ces termes :
« à la base de cet accroissement, il y a
à la fois des facteurs endogènes mais aussi l'exode rural. De
plus, depuis que Butembo a le statut de ville, ses limites se sont
étendues et elle a incorporé une population dépendant
auparavant des entités rurales dites groupements. On sait aussi que
l'extrême est du Congo constitue une zone de concentration de peuplement
où le taux de croissance démographique dépasse la moyenne
nationale estimée en 1984 à 3,1 % » 52.
Sur le plan économique, le territoire de Lubero est
axé sur l'agriculture. De façon générale, les
cultures y pratiquées sont vivrières. Une grande partie de la
récolte sert d'autoconsommation. On y rencontre quelques cultures
industrielles. Il s'agit notamment du : caféier arabica, quinquina,
pyrèthre. Actuellement certaines cultures industrielles sont en pleine
vulgarisation par les Organisations Non Gouvernementales d'encadrement
Développement, population et enviroemment,
Université Catholique de Louvain, Presses Universitaires de Louvain,
Louvain-la-Neuve, 2007, p.79.
51 KAKULE KAPARY, Christian, Op.Cit, p.80.
52 KAMBALE MIREMBE, Omer, op. cit., p.101.
paysan. C'est le cas de l'aloès connu sous le nom
« aloe verra » ou « ngaka » pour la langue vernaculaire.
Cette base économique pousse la population à s'attacher à
la terre. L'accès à la terre se fait soit par héritage,
soit par cession du propriétaire terrien moyennant une redevance
annuelle : poule ou chèvre selon l'étendue du lopin de terre. Les
conflits fonciers y sont fréquents contrairement à ce qui se
passe dans le territoire de Beni. Il s'agit souvent de conflits des limites des
champs ou encore de mauvaise répartition des redevances perçues
annuellement par les propriétaires terriens.
Pour rappel, la terre demeure sous un régime foncier
communautaire. Chaque chef de ménage, membre de la communauté,
jouit d'un lopin de terre à transmettre aux générations
futures. Une telle gestion des terres est sans doute l'objet des conflits
fonciers suite à un taux de croissance démographique
élevé non maîtrisé dans le contexte d'un Etat
faible. Par ailleurs, la terre est l'objet de plusieurs enjeux selon les
différentes logiques d'acteurs internes et/ou externes. Il s'agit des
hommes d'affaires, des paysans, des services publics, des propriétaires
terriens et des intermédiaires. Dans cette optique s'inscrivent
plusieurs projets de « glissement des populations »
exécutés par des ONGD et des associations confessionnelles. Il
s'agit de projets qui consistent à sensibiliser les populations des
Hautes Terres de Lubero, considérées comme région
surpeuplée, à migrer vers les Basses Terres, territoire de Beni
et le Sud-Ouest de Lubero où l'accès à la terre serait
encore plus facile.
Du point de vue commercial, le territoire de Lubero
dépend des commerces situés dans la ville de Butembo qui sont
depuis ces deux dernières décennies en pleine croissance. En
effet, en 2001-2002, comme le dit Mirembe dans son étude, on pouvait
compter plus ou moins 1200 boutiques et magasins dont la plupart sont des
entreprises individuelles ou familiales, 160 officines pharmaceutiques, de
nombreux métiers artisanaux et plusieurs micro-unités marchandes.
Ces commerçants sont issus du paysannat dont ils gardent les traits de
comportement. Ils effectuent souvent des échanges transnationaux : avec
par exemple, l'Ouganda, le Kenya, le Moyen Orient, ...
Nous pensons ainsi avoir donné un aperçu
général sur les territoires de Beni et de Lubero. C'est dans ce
même cadre qu'il faudra passer en revue l'historique du christianisme et
de la société civile.
II.2 Histoire du christianisme des territoires de Beni et
Lubero.
Dans son histoire, l'implantation du christianisme dans les
territoires de Beni et Lubero s'inscrit dans un projet d'ensemble du
Congo-Belge sous la bénédiction du gouvernement colonial. Sur le
plan pratique, on s'aperçoit que le pays a été d'abord en
contact avec le christianisme dans sa partie Sud-Ouest. Pour mieux comprendre
cette évolution historique,
il est plus intéressant d'analyser cela sur trois
périodes : la période précoloniale, la période
coloniale et la période d'après l'indépendance.
Cette section nous aide également à comprendre
comment le christianisme s'est installé plus particulièrement
dans les territoires de Beni - Lubero afin d'établir une liaison avec la
dynamique associative religieuse au sein de la société civile
locale. Nous partons d'abord de l'aspect global de
l'évangélisation du Congo pour finalement orienter le regard vers
le territoire d'étude en mettant, d'un côté, un accent sur
les missionnaires (catholiques et protestants) et de l'autre sur les
églises de guérison ou prophétique qui se situent
actuellement dans le courant des églises évangéliques.
II.2.1. Période précoloniale : phase
exploratoire
1. Les catholiques
Comme le souligne Edouard Litambala Mbuli53,
l'Eglise catholique en RD. Congo a connu trois périodes dans son
histoire de l'évangélisation. La première va de 1483, date
de la découverte de l'embouchure du fleuve Congo par le navigateur
portugais Diego Cão, à 1835 par la christianisation du royaume
Kongo sur la côte atlantique. La deuxième
évangélisation se situe entre l'organisation de la
conférence de Berlin en 1885 et 1980, année du centenaire de
l'évangélisation au Congo. Et la troisième phase
d'évangélisation dénommée «
évangélisation en profondeur » en 1980. Elle est
développée par l'épiscopat qui congolais continue à
se situer face à l'actualité du pays et au contexte
sociopolitique.
En se référant à la Conférence
Episcopale Nationale du Congo, l'historique sur l'évangélisation
au Congo peut-être classée en deux phases. Les
évêques de la RD. Congo disent:
« à la fin du 15ème
siècle, le Congo est entré en contact avec des missionnaires
portugais. Cette première phase de l'évangélisation,
limitée à la partie Sud-Ouest du pays fut malheureusement
interrompue en 1835 avec l'expulsion du dernier Capucin de Luanda par les
calvinistes hollandais. La seconde phase de l'évangélisation,
à partir de 1880, constitue une reprise de l'activité
missionnaire par de nouvelles congrégations avec des équipes
renouvelées et renforcées. Ces missionnaires
pénétrèrent à la fois par l'Est et l'Ouest
» 54.
Toutefois, quelques points essentiels peuvent être retenus
pour ces deux phases.
53 LITAMBALA MBULI, Edouard, op.cit., p23.
54 CONFERENCE EPISCOPLE NATIONALE DU CONGO,
Nouvelle évangélisation et catéchèse dans la
perspective de l'Eglise de Dieu en Afrique. Instructions à l'usage des
agents de l'évangélisation et de la catéchèse en
République Démocratique du Congo. Ed. Secrétariat
Général de la CENC, Kinshasa, 2000, p. 27.
En ce qui concerne la première, le premier contact du
christianisme avec le royaume Kongo date du 3 août 1482/3, jour de
l'arrivée de Diego Cão à l'embouchure du fleuve Congo. A
l'époque des découvertes, le peuple du Nord-Ouest de l'Angola et
celui du Sud-Ouest du Congo constituaient un seul et même royaume. Le
premier prêtre à avoir foulé le sol du Congo est sans doute
l'aumônier de la flottille portugaise de l'explorateur. A son retour au
Portugal, Diego Cão prit à bord quatre Solongo qui
devaient apprendre la langue portugaise et servir d'interprètes par la
suite. Ceux-ci furent ramenés dans leur pays au deuxième voyage
de l'explorateur. C'est en cette occasion en 1487, le roi N'zinga Nkuwu accepta
l'offre d'amitié de Dom João II, roi du Portugal et demanda
l'envoi de missionnaires et d'artisans pour entreprendre
l'évangélisation du royaume et initier les habitants aux divers
métiers exercés au Portugal. C'est pendant la deuxième
mission de Diego Cão que l'amitié entre Lisbonne et Mbanza Kongo
fût scellée. Ce qui ouvrit le pays au christianisme. Il y avait
à bord de la flottille, conduite par le capitaine Rui Sousa, quelques
franciscains et divers artisans : maçons, charpentiers, tuiliers,
cordonniers, ménagères,... munis tous de leurs outils
respectifs.
L'évangélisation débuta par la province
de Soyo, avec le baptême du Mani Soyo, oncle du roi du Kongo, ainsi que
celui d'un de ses fils le 3 avril 1491, en présence des notables et
d'une foule immense de gens. Un mois après, le 3 mai 1491, le roi
N'zinga Nkuwu fut baptisé du nom de Dom João avec six dignitaires
du Royaume. Par le baptême du roi, le royaume du Kongo est entré
officiellement dans l'Eglise catholique. Cependant, il est à
souligné qu'on ne doit pas prétendre que dès ce moment
tous les habitants faisant partie du petit peuple, aient été
convertis par la prédication des missionnaires, ni que tous les
baptisés aient vécu en chrétiens. Mais, d'après le
principe de l'époque « selon lequel le pays suit la religion du roi
», le royaume Kongo était devenu chrétien officiellement.
Dans la réalité, l'impact initial de cette
évangélisation fut minime. La preuve est qu'après le
départ de la flotte portugaise en 1492, le roi N'zinga Nkuwu
baptisé Dom João, renonça à sa foi
chrétienne. Ce qui entraîna dans son apostasie l'un ou l'autre des
notables baptisés. Néanmoins, il ne manifesta aucune
hostilité particulière à la religion chrétienne, ni
aux missionnaires à Mbanza Nsudi : lieu qui devint dans la suite un
centre de gravité du christianisme au Kongo.
La deuxième phase de l'évangélisation,
intervient suite à l'apport de l'ordre des Capucins. En effet, la
conférence Episcopale écrit à ce propos ce qui suit :
« Après 30 ans d'interruption, la Sacrée
Congrégation pour la Propagation de la
Foi décida la reprise
de l'activité missionnaire dans le pays. Par le décret du
9
septembre 1865, la Préfecture apostolique du Congo, confiée
autrefois aux
capucins italiens, fut transférée aux
spiritains français. Le 23 novembre 1874, Boma fut proposée comme
point de départ pour la pénétration à
l'intérieur du Congo. Et, après bien des visites de
reconnaissance et de nombreuses démarches, deux Spiritains
débarquèrent à Boma, pour y fonder une mission, au bord du
fleuve, sur l'actuel Mont Saint-Esprit. C'était le 12 mai 1880. En
novembre de la même année, les pères Blancs Missionnaires
d'Afrique débarquaient eux aussi à Mulewa, à l'Est du
pays 55».
Sur base de la déclaration de la conférence
épiscopale, on s'aperçoit clairement que les protestants
calvinistes ont été présents sur le territoire pendant la
période précoloniale. Ce qui nous amène effectivement
à passer en revue la mission protestante.
2. Les protestants
Le protestantisme, dans son expansion, a profité de la
période de la recherche des matières premières et de
nouveaux débouchés commerciaux par les nations
européennes. MUNAYI MUNTU-MONJI dit à ce propos :
« à la fin de 1877, cette confession
était déjà entre autres dans une région littorale
de l'Afrique Centrale, non loin de la côte atlantique du Zaïre. Le
protestantisme fit son entrée au Zaïre avec la visite de la
côte atlantique par deux missionnaires de la Baptist Missionary Society
(B.M.S) partis du Cameroun, George Grenfell et Thomas J. Comber.
Momentanément rentrés au Cameroun, l'oeuvre
évangélisatrice protestante démarra avec deux autres
missionnaires appartenant à la Livingstone Inland Mission
(LIM).»56.
En se référant à Emile-Michel
Braekman57, on se rend compte que le protestantisme y est
arrivé bien avant notamment lorsqu'il parle des précurseurs du
protestantisme au Congo.
Les précurseurs sont des missionnaires qui
s'intéressaient, d'une manière ou d'une autre, à la
découverte de l'autre monde dont l'Afrique. Ils sont des calvinistes
belges qui ont, au 16ème siècle, participé de
près ou de loin à découvrir le Congo en appuyant les
expéditions. Il s'agit principalement de Adrien Saravia, Pierre Placius,
Pierre Van Den Broecke et de certains trafiquants évangélistes
flamands. Emile-Michel Braekman, poursuit en disant qu'à ceux là
s'ajoute l'écossais David Livingstone qui effectua plusieurs voyages
entre l'Angleterre et l'Afrique. Il commença d'abord son exploration
et
55 CONFERENCE EPISCOPLE NATIONALE DU CONGO, Ibidem.,
p35.
56 MUNAYI MUNTU - MONJI, les vingt - cinq ans de la
faculté de théologie protestante au Zaïre : 1959 - 1984.
Presses Typo-Offset de la SODAZ, Kinsahsa, 1984, p.12
57 BRAEKMAN, Emile-Michel, Histoire du
protestantisme au Congo, Editions de la librairie des eclaireurs
unionistes, Collection Histoire du protestantisme en Belgique et au Congo
Belge, Tome 5, Bruxelles, 1961, lire p.23-88.
évangélisation au sud de l'Afrique, puis sur la
côte orientale du même continent avant de découvrir le lac
Tanganyika en avril 1867. Il s'établit à Ujiji en Tanzanie suite
à la fatigue et à la maladie. De là, après son
rétablissement, il va aller jusqu'au Maniema dans le Kivu où il
parcourut l'Est du territoire du Congo pendant deux ans (du 12 juillet 1869 au
23 octobre 1871) explorant la rivière Lualaba qu'il croyait être
le Nil. C'est en évangélisant dans cette partie du continent
qu'il prit connaissance du fléau de l'Afrique noire : la traite des
esclaves à laquelle il fallait mettre fin. Le massacre de Nyangwe
perpétré par les arabes le 14 juillet 1871 l'obligeant à
quitter le territoire, il rentra à Ujiji où il va rencontrer
Henri Morton Stanley, explorateur anglais qui collaborera plus tard avec le roi
Léopold II. Livingistone trouva la mort le 30 avril 1873 à
Chintambo cherchant coûte que coûte à trouver les sources du
Nil. Il est considéré comme le premier à avoir introduit
le protestantisme à l'Est du Congo avant que cette partie du pays ne
soit acquise par le roi Léopold II, histoire qui caractérisera la
période coloniale.
Outre les personnes citées comme précurseurs,
selon MUNAYI MUNTU-MONJI58, il faut ajouter les pionniers
protestants qui débarquèrent en 1878 à l'Ouest du Congo.
Il s'agit de la Livingstone Inland Mission (L.I.M.) conduite par Henri Craven
connu jusqu'aujourd'hui comme le premier missionnaire à commencer son
oeuvre de façon permanente sur le territoire du Congo. Ils furent les
premiers à fonder une mission protestante sur le sol congolais : ce
poste est Mpalabala. En 1884, ne pouvant plus continuer à faire face aux
innombrables difficultés, surtout d'ordre financier, la LIM céda
ses postes et ses effectifs à d'autres sociétés
missionnaires, l'une américaine et l'autre suédoise. Outre la
LIM, comme pionniers il y a lieu de citer la Baptist Missionary Society et la
Garanganze Evangelical Mission. A cette époque le Katanga s'appelait la
Garaganze dirigé par le roi Msiri qui s'était farouchement
opposé aux hommes blancs.59
II.2.2. Période coloniale : 1885 -
1960
1. Les catholiques
Durant cette période l'histoire du christianisme du
Congo est directement liée à celle de la colonisation. Les
transactions internationales qui avaient précédé la
naissance de l'Etat Indépendant du Congo (E.I.C) eurent pour
conséquence la politisation de l'évangélisation. En effet,
le roi Léopold II qui venait d'acquérir cette partie du continent
à la Conférence Internationale de Berlin (1885) sera
confronté à plusieurs problèmes de collaboration avec les
missionnaires non belges qui étaient dans le pays parce que,
58 MUNAYI MUNTU - MONJI, Idem., p.12.
59 Braekeman, Emile-Michel, op.cit., p81.
visiblement, ils ne lui obéissaient pas. Son entreprise
était plus menacée par les visées d'autres puissances.
Matthieu Sitone en citant la lettre du Frère Orban relate
ce qui suit dans sa thèse de doctorant :
« Au Congo-Belge, le pouvoir colonial
préférait avoir des nationaux belges car les autres puissances
européennes avec leurs missionnaires semblaient peu favorables à
la petite Belgique. Les missionnaires établis au Congo étaient
presque tous des « étrangers ». Les uns baptistes, les autres
évangélistes et plus dévoués aux idées
anglaises, surtout ceux qui dépendaient du cardinal Lavigerie. Il
existait une opposition entre les missionnaires dirigés par Lavigerie et
le roi Léopold II. C'est pourquoi, le roi Léopold II observait
une grande réserve à l'égard des
missionnaires étrangers de toute confession
religieuse et souhaitait une majoritébelge parmi les
congrégations religieuses »60.
Pour lutter contre la campagne menée autour de l'Etat
Indépendant du Congo, le roi décide de faire appel à
d'autres congrégations religieuses qui pouvaient lui obéir
même si elles étaient étrangères. C'est dans cette
optique que la congrégation anglo-hollandaise des Prêtres de
Mill-Hill va être sollicitée. Dans la suite cette
congrégation aura le privilège d'être
considérée comme une mission nationale, bien
qu'étrangère. Ce n'est qu'en 1886 que le Pape Léon III va
accorder le monopole de l'évangélisation de l'Etat
Indépendant du Congo au roi61.
Pour réaliser ce destin, le roi proposa la
création, ou encore mieux, l'ouverture d'un séminaire africain
à Louvain en 1886 en vue de former des missionnaires belges
destinés pour le Congo. Il obtint la permission d'ouvrir ce
séminaire en 1886 par l'entremise de l'archevêque de Malines et
grâce à la collaboration des évêques belges. Par
ailleurs, le roi sollicita la collaboration des Pères de Scheut et des
Jésuites qui étaient plutôt orientés vers linde.
Grâce à l'intervention du pape Léon XIII, Léopold II
obtint gain de cause auprès des Scheutistes qui [...] acceptèrent
la mission du Congo. Cette dernière fut érigée par le pape
en Vicariat apostolique du Congo Indépendant le 11 mai
188862. Les scheutistes furent
60 Lettre du Frère Orban de Xivry à
Lambermont cité par Matthieu Muhemu Subao Sitone, Naissance et
croissance d'une église locale (1896/97 - 1996). Le cas du
diocèse de Butembo-Beni au Congo Kinshasa (RDC), thèse de
docteur en histoire, Faculté de géographie, Histoire de l'art et
tourisme, Université Lumière Lyon 2, juillet 2006, p.11.
61 De MEEUS, D.F. et STEENBERGHEN, D.R., Les
missions religieuses au Congo Belge. Anvers, Editons du Zaïre, 1947,
p. 25-26.
62 Matthieu Muhemu Subao Sitone, Naissance et
croissance d'une église locale (1896/97 - 1996). Le cas du
diocèse de Butembo-Beni au Congo Kinshasa (RDC), thèse de
docteur en histoire, Faculté de géographie, Histoire de l'art et
tourisme, Université Lumière Lyon 2, juillet 2006,, p.4.
rejoints par plusieurs autres congrégations dont ceux du
diocèse de Gand, les rédemptoristes, les jésuites, les
trappistes, etc. 63
Le vicariat64 comprenait toute la colonie à
l'exception de la partie orientale entre la rivière Lualaba et le
Tanganyika confiée aux Pères Blancs qui y placèrent un
personnel religieux belge, alors que les jésuites s'implantèrent
en 1893 dans la mission du Kwango. En outre le souhait du roi Léopold II
était d'établir une collaboration religieuse, humanitaire et
politique avec des missions nationales. Ces missions devraient être
placées sous sa responsabilité et dirigées par les belges
qui enverraient au Congo un personnel suffisant parmi les belges.
C'est dans ce contexte, d'après Matthieu SITONE, que le
Père Léon Déhon, fondateur des Pères de
Sacré-Coeur de Jésus appelés aussi déhoniens,
demandait une mission dans sa lettre adressée à Rome le 12
février 1897. Il venait de créer sa congrégation en 1877
et disposait de religieux en suffisance. Cette demande d'une mission au Congo
fut bien accueillie à Rome pour l'évangélisation du Congo
belge dans la province orientale. Cela coïncidant avec le désir
immense du roi qui était en quête des missionnaires pour cet
immense territoire qu'il venait d'acquérir à la conférence
de Berlin en 1885. Les territoires de Beni et Lubero, qui constituent notre
zone d'étude, dépendaient en cette époque de la province
orientale. Ils se retrouvèrent ainsi dans sa juridiction.
Comme l'écrit Matthieu, bien que la mission de Beni
considère le 24 septembre 1906 comme la date anniversaire de sa
fondation, il est à remarquer que le christianisme apparaît dans
les contrées de Beni et de Lubero peu avant vers les années
1896/1897. La date du 24 septembre 1906 correspond à l'ouverture de la
mission de Beni par les Déhoniens envoyés par le gouvernement de
l'Etat léopoldien au Congo. C'est à cette date que le
missionnaire de Sacré-Coeur (Déhonien), le Père Gabriel
Grison, fut accueilli à Beni. Pour les autochtones ces
différentes dates rappellent l'Etat Indépendant du Congo et
particulièrement l'établissement du poste d'Etat dans le
territoire de Beni en 1894. Sur le plan juridique, cette mission
dépendait de la préfecture apostolique de Stanleyville car Beni
n'a été reconnue comme mission au sens juridique qu'en
193465.
Selon Matthieu toujours, avant la colonisation, les Nandes
auraient subi l'influence des missionnaires du Cardinal Lavigerie,
établis en Ouganda depuis 1893. C'est grâce à ceux-ci qu'on
a des renseignements sur le passage dans la région de l'explorateur
Henri Morton Stanley. Il s'agit plus particulièrement des Pères
Blancs Auguste Achte et
63 BONTINCK, François,
L'évangélisation du Zaïre, Kinshasa, Ed. Saint-Paul
Afrique, 1980, p.48.
64 Le vicariat apostolique est une subdivision
administrative dans l'église catholique dirigée par un vicaire
apostolique ou encore mieux par un évêque chargé de
l'administration d'un pays de mission qui n'est pas encore érigé
en diocèse.
65 Matthieu Muhemu Subao Sitone, Ibidem,
p.8.
Verangot. En plus cette influence missionnaire semble avoir
été facilitée par les liens culturels partagés
entre le peuple Nande vivant de part et d'autre de la rivière Semuliki.
Des jeunes gens se rendaient à Fort-Portal, paroisse Virika en Ouganda,
pour visiter leurs familiers et, à ces occasions, ils se
préparaient au baptême. Revenus chez eux, ils devenaient les
évangélisateurs de leurs congénères.
Ce récit confirme la thèse selon laquelle les
Nandes sont originaires de l'un des anciens royaumes des grands lacs d'Afrique,
le Bunyoro-Kitara en Ouganda qui était prêt de la frontière
avec le Congo. A ce propos le Père assomptionniste Lieven
Bergmans66 dit que le Bunyoro Kitara comptait plusieurs tribus
d'origines différentes. Il fut abord dirigé par les nilotiques
(les Bahema) qui furent expulsés par les hamites (les Bachwezi). Avec le
bouleversement politique au Bunyoro vers le 17ème
siècle, cela va entrainer le départ des populations vers l'Ouest
du royaume. Il s'agit des Barega, des Babira, des Banande,... La
minorité des Nandes qui restèrent dans le pays constituant le nom
des kondjo. La majorité pénétra le Congo et
s'établit sur la crête Zaïre-Nil dans les actuels territoires
de Beni et de Lubero.
Sur le plan social, Anselme PALUKU KITAKYA dit :
« les émigrants Nandes disposaient encore des
facilités d'entretenir des relations avec leurs terroirs d'origine au
kitara-Bunyoro dans l'Ouganda voisin » 67.
De ce qui précède, on comprend bien que les
prémisses du christianisme de cette contrée (territoires de Beni
et Lubero) sont venues de l'Ouganda. L'influence missionnaire ougandaise ne
pouvait qu'inquiéter l'Etat belge. Ainsi, le but d'implantation du poste
d'Etat et de la mission de Beni semble, pour certains, non seulement de limiter
l'influence musulmane et anglaise mais aussi améliorer les conditions
morales et sociales des populations. Il s'agissait pour les belges de «
civiliser » les indigènes. Le mot « civilisation »
impliquant dans cette logique des aspects politiques (le changement du
système politique traditionnel dirigé sous l'autorité
coutumière, le « Mwami »), religieux (le rejet des
valeurs traditionnelles religieuses), économiques (introduction de
l'agriculture moderne et traçage des routes), sociales (construction
d'hôpitaux, écoles et foyers sociaux), etc.
Dans leur méthodologie d'évangélisation,
les missionnaires contactaient d'abord les chefs des villages dont ils
tentaient de gagner la confiance. Ensuite, il s'agissait de prêcher dans
les villages même si ceux-ci étaient dispersés. Du point de
vue sociologique, la région
66 BERGMANS, Lieven , Histoire des Baswagha,
Edition A.B.B., Butembo, 1970, p.8.
67 PALUKU KITAKYA, Anselme, Les institutions
foncières rurales et leur impact sur le développement local. Cas
des Hautes Terres du Bunande au Nord-Kivu (République
Démocratique du Congo), Mémoire, DEA en
Développement, Environnement et Sociétés,
Louvain-la-Neuve, janvier 2003, p. 42.
est constituée par un habitat groupé. Les
villages traditionnels sont dispersés. Les habitats sont construits de
manière à former des rangées constituant ainsi le «
Mulongo ». Les missionnaires y instruisaient ceux qui se
présentaient et recouraient aux catéchistes itinérants ou
parfois résidents qui devenaient les responsables spirituels des
villages. Une autre méthode utilisée en vue de se faire accepter
était d'enseigner les chrétiens dans la langue locale. Mais cela
ne fut pas facile. Selon Matthieu Muhemu Sitone dans la contrée de Beni,
il y avait un groupe de personnes qui ne voulait pas apprendre le swahili mais
qui voulait suivre le catéchisme dans sa propre langue. C'est pourquoi,
les missionnaires enseignaient dans la langue de l'Ouganda. C'est ce qui
explique la confusion qu'a connu le Père Gabriel Grison à Beni
dans la grande chapelle en utilisant le kiganda au lieu du kinande.
Après le territoire de Beni, ce fut le tour de Lubero.
Pendant que se poursuivaient les démarches d'une mission juridiquement
autonome, à cause de l'expansion déhonienne dans le territoire
même de Beni, les Pères du Sacré-Coeur étendaient
leurs activités apostoliques notamment par la création dès
1924 du poste de mission Kimbulu Saint-Joseph, dans le territoire de Lubero.
Toutefois, quatre ans avant, ils décidèrent d'ouvrir un petit
séminaire à Beni. Le choix de l'emplacement du poste de Kimbulu
fut fortement motivé par l'exploitation minière de la compagnie
Minière des Grands Lacs (M.G.L.), par le poste d'État de Lubero,
et enfin par la forte densité de la population ainsi que par
fertilité présumée du sol qui pourvoirait aux besoins du
poste. Cette implantation rappelle ce qui est qualifié de «
trinité coloniale ». Celle-ci se compose de l'Etat, des Grandes
compagnies minières et du poste de mission. Certes, insiste-il, les
Pères n'étaient pas à la recherche de l'or, ni du platine
mais de la sécurité en présence du groupe
d'européens qui y travaillait et de l'Etat qui, éventuellement,
dans une contrée encore insoumise offrirait une protection aux
missionnaires68. Ils y installèrent un moulin et
introduisirent la culture du froment. Pour faire face à une concurrence
des protestants, il fallait placer de nombreux catéchistes dans les
villages et leur rendre visite fréquemment.
Au cours de cette période, les missionnaires ont
été confrontés à plusieurs problèmes:
à la situation sociopolitique provoquée par les
révoltés repliés dans les montagnes qui les
considéraient en connivence avec le pouvoir oppresseur de la
colonisation ; à la situation culturelle, suite à la destruction
de certaines chapelles par les conservateurs ne voulant pas que leurs enfants
apprennent à connaître le « dieu » des blancs au
détriment des valeurs ancestrales ; à la situation climatique
favorable à la mouche tsé-tsé vecteur de la maladie du
sommeil ; à la présence de l'ouragan qui démolit
68 Matthieu Muhemu Subao Sitone, Ibidem,
p.20.
une grande partie de la mission ; à la pénurie
du personnel au sein de la congrégation expliqué par la recherche
d'un personnel belge ou hollandais sur le terrain alors que les allemands
disponibles en étaient refoulés...
En somme la mission de Beni fut abandonnée car une
partie des missionnaires y connurent la mort. C'est dans ce contexte, aux dires
de Matthiieu Sitone, que le Père Léon Cambron, considéra
Beni, dans ses déclarations, comme une hécatombe des Pères
du Sacré-Coeur de Saint-Quentin .
Il a fallu attendre l'intervention des assomptionnistes pour
prendre la relève dans la région en 1929. Ceux-ci
travaillèrent beaucoup pour créer d'autres postes de missions
dont Muhangi en 1933, Mulo en 1934. Mais ils avaient moins de marge de
manoeuvre car ils dépendaient de la préfecture de Stanley-Falls.
C'est pourquoi il fallait travailler sur l'autonomie. Beni fut officiellement
reconnu comme vicariat apostolique dans un décret papal le 22 juin 1934
avec le Père Henri Piérard, comme Supérieur
ecclésiastique de la mission de Beni. Renforcés par les soeurs
oblates de l'assomption et en collaboration, ils ouvrirent des oeuvres sociales
comme les dispensaires, les foyers sociaux, et les centres
d'alphabétisation. D'autres postes des missions furent ainsi ouverts :
à Bunyuka (1935), à Mbingi (1935), à Manguredjipa (1937)
et à Kyondo (1938).
Cependant le secteur scolaire était
pénalisé faute du personnel qualifié. Les enfants ou
écoliers doués étaient envoyés à Kilo dans
la préfecture du Lac Albert à plus ou moins 370 km. Là on
rencontrait des spécialistes d'enseignement au service des enfants du
personnel minier. Des enfants en provenance du vicariat apostolique de Beni
étaient acceptés en nombre très limité et devaient
être les plus doués. Cela tend à confirmer que l'Etat belge
implantait les structures sociales dans les contrées auxquels il portait
intérêt. Devant la nécessité d'obtenir un personnel
enseignant qualifié dans la région, les assomptionnistes
décident en 1936 d'ouvrir une école normale à Beni. Elle
sera ensuite sera transféré à Mulo en 1937 dans un climat
froid sans trop de risques paludiques.
Cette école normale fonctionnera, malheureusement, avec
des limites car le cycle d'orientation se trouvait à Muhangi à
environ 70 km pendant plus de trente ans. Ce n'est qu'au début des
années 70 qu'un cycle d'orientation, le cycle d'orientation Biondi, sera
ouvert dans le même milieu sous la deuxième république.
Lubero qui était le poste d'Etat n'avait aucune école secondaire.
Il en fut ainsi jusqu'aux années 1990. Il se posait donc un
sérieux problème d'accès aux écoles. Et si l'on
pouvait y accéder, la seule option à fréquenter
était la pédagogie.
Dans ce cadre, devant la floraison de la
chrétienté et des oeuvres pastorales, sociales et caritatives
avec un personnel diversifié constitué de religieuses et de
religieux de
l'assomption, le pape Pie XI nomma le Père Henri
Piérard, vicaire apostolique de Beni et évêque titulaire
d'Andropolis en Afrique du Nord. Il fut sacré évêque
à Mulo le 21 novembre 1938, date qui coïncida avec le
58ème anniversaire de la mort du fondateur des
assomptionnistes, le Père Emmanuel D'Alzon. Le sacre de Mgr. Henri
Piérard et l'érection de Beni comme vicariat donna un nouvel an
élan au christianisme. Malheureusement la deuxième guerre
mondiale, les maladies tropicales et l'éloignement de la
métropole freinèrent cet élan. C'est après cette
guerre que la nouvelle conquête missionnaire s'est poursuivie sous Mgr.
Henri Piérard qui déboucha sur l'ouverture des postes suivants :
Musienene (1945), Butembo-Kitatumba (1946), Mutwanga (1947) et Bwisegha (1948).
Dix autres postes furent ouverts entre 1950 et 1960. Cette période est
considérée comme celle de la grande expansion du christianisme
dans le vicariat de Beni.
Dans l'entretemps Rome devança les politiques des
indépendances en nommant des évêques locaux. Ce qui fut une
phase transitoire vers l'Eglise locale. C'est dans ce contexte que Mgr. Henri
Piérard sera nommé évêque résident et sa
juridiction devint diocèse qui dépendra désormais de
Bukavu (Sud Kivu comme chef lieu provincial) et non plus de Stanley-Falls
(Kisangani) à plus ou moins 800km de la même ville. Le vicariat de
Beni, devenu diocèse en 1959, comptait vingt paroisses dont six dans le
territoire de Beni et quatorze dans le territoire de Lubero, ce dernier
étant plus peuplé.
2. Les protestants
Du côté protestant, l'histoire est
également liée à celle de la colonisation. L'acquisition
du Congo par Léopold II eut une influence sur
l'évangélisation du pays. Dès ce moment, la course
était engagée entre ces missionnaires catholiques belges, dits
nationaux et soutenus par l'Etat, et les missions protestantes seulement
tolérées et exclusivement composées de non-belges. Il
s'agit notamment des américains, des britanniques et des suédois.
La fin du siècle vit s'installer deux autres importantes
sociétés protestantes provenant des Etats-Unis, les
presbytériens en 1891 et les disciples du Christ en 1899 au Kasaï
et dans l'Equateur. D'autres sociétés missionnaires
s'ajoutèrent, notamment : les méthodistes au Sud et au centre du
Congo respectivement en 1907 et en 1914 ; l'Africa Inland Mission en 1912 ; la
Mission au coeur de l'Afrique en 1913 ; la Mission Baptiste suédoise en
1919, etc.69
Faisons remarquer que contrairement au catholicisme, le
protestantisme a fait son entrée au Congo par plusieurs portes, les uns
sont entrés par l'Ouest et les autres par l'Est. Ils ne semblaient pas
parler un même langage et cela en raison de la diversité des
dénominations et à des appartenances des missionnaires à
plusieurs nationalités, ... Ces
69 MUNAYI MUNTU - MONJI, Op.Cit. p.14.
divisions et particularités, bien qu'ayant un esprit
commun d'évangile, renforçaient la faiblesse dans laquelle se
trouvaient ces « étrangers » face à la toute puissante
Eglise Catholique romaine solidement centralisée, structurée et
hiérarchisée. Dans le but d'harmoniser la collaboration entre ces
missions et de constituer un bloc dans leur rapport avec l'Etat, les
responsables de différentes sociétés protestantes avaient
songé à créer un cadre de concertation qui commença
par une conférence tenue en 1902. C'est de cette initiative, comme le
dit MUNAYI, qu'est née l'Eglise du Christ du Congo (E.C.C) en juin 1934.
Elle s'inscrit à la suite de plusieurs étapes dont la
création du Conseil Chrétien du Congo en 1922 (C.C.C) et du
Conseil Protestant du Congo (C.P.C) en 1924. 70 Dans sa philosophie,
l'E.C.C montre que l'Eglise protestante est unique bien que sur place existent
plusieurs communautés. Ainsi s'explique pourquoi en cette époque
on assista à la délivrance d'une carte de membre pour les
protestants congolais, comme témoignage de l'appartenance à une
même église.
L'analyse du contexte protestant est particulièrement
complexe au regard non seulement de plusieurs communautés qui font
partie du protestantisme en RD. Congo mais aussi des dissensions et schismes
qui apparurent surtout dans les territoires de Beni et de Lubero. C'est
pourquoi, parler des protestants, revient également à
évoquer la question de l'implantation de l'E.C.C qui est aujourd'hui une
union de soixante deux communautés protestantes de la RD. Congo. Selon,
Musuvaho Paluku Dieudonné, elle est implantée à la suite
de l'oeuvre évangélisatrice entreprise par les Eglises issues
d'outre-mer. Poussés par le contexte du temps colonial, les protestants
au Congo décideront de s'unir en une Eglise afin de répondre non
seulement au Seigneur (...) et de faire un front commun vis-à-vis de
l'autorité coloniale jadis injuste à l'endroit de la mission
Protestante. L'ECC aura ainsi pour mission de s'occuper de
l'évangélisation, des cultes, des oeuvres médicales, de
l'éducation et de toutes les oeuvres sociales ayant trait au
bien-être de l'homme. 71
De façon générale, comme le dit MUNAYI
Muntu-Monji, les communautés protestantes n'ont pas collaboré
avec l'Etat. Leur caractère étranger et la non-soumission
à certaines réglementations coloniales n'ont fait qu'accentuer
les choses. Dans le domaine scolaire, ils ne voulaient pas suivre les
instructions du gouverneur général de la colonie qui pouvaient
les faciliter l'accès aux subsides. Après l'octroi
généralisé des subsides de l'Etat aux missions catholiques
dès 1925 -1926, les protestants ont compris qu'ils ne pouvaient pas,
sans subsides gouvernementaux, développer leur enseignement au rythme de
l'évolution de pays et de faire concurrence aux catholiques. C'est
pourquoi ils mirent tout
70 MUNAYI MUNTU - MONJI, Op.Cit. p.15.
71 MUSUVAHO PALUKU, Dieudonné, Aujourd'hui
comment être l'Eglise du Christ au Nord-Kivu ?, Défis et espoirs
pour l'Eglise du Nord-Kivu, éd. Littérature Biblique,
Bruxelles, 1999, p.28.
en oeuvre pour remplir les conditions imposées par
l'Etat pour obtenir les subsides. C'est qui semble expliquer pourquoi les
oeuvres sociales protestantes, comme les structures scolaires, sont moins
nombreuses durant la période coloniale. Il a fallu attendre en 1946
l'avènement du libéral Robert Godding, ministre belge des
colonies, pour mettre toutes les missions chrétiennes dans la colonie
sur un pied d'égalité. Cette égalité concernait
plus particulièrement l'agréation des écoles et l'octroi
par l'Etat des subsides relatifs à l'enseignement : avantages dont
jouissaient déjà les missionnaires catholiques depuis
192672.
Dans l'Est du Congo, plus particulièrement au
Kivu73, le pionnier protestant fut George Gendell de la Baptist
Missionary Society (B.M.S.) qui arrive à Nyangwe le 16 mai 1903 puis
vint le pasteur Smith qui continua sa mission en créant le poste de
Waïka dans le Maniema. Ensuite ce fut la mission Méthodiste du
Congo Central (M.M.C.C.) qui ouvrit deux stations au Kivu : Tunda en 1922 et
Kindu en 1954. Durant cette époque, le Kivu sera marqué par
l'afflux de plusieurs missionnaires protestants, comme la Mission Libre
Suédoise (M.L.S.) en 1921, considérée au Congo comme la
première oeuvre du mouvement pentecôtiste de Suède, la
Mission Libre Norvegienne (M.L.N.) en 1928, l'Evangelisation Society Africa
Mission (E.S.A.M.) en 1922, l'Union Pentecostale des Missionnaires de Grande
Bretagne et d'Irlande (U.P.M.G.B.I.) en 1922, l'Unevangelized Africa Mission
(U.A.M).
L'U.A.M, attire particulièrement notre attention en ce
qui concerne l'évangélisation dans les territoires de Beni et
Lubero74. L'article du Père Vincent K. Machozi 75
est également riche à ce propos. Dans son analyse parue dans
Beni-Lubero Online, le 11 mai 2006, l'historique de l'église protestante
dans les territoires de Beni et Lubero peut se résumer en ces quelques
paragraphes.
L'origine de l'Eglise Protestante au Grand Nord remonte au
vaillant missionnaire américain Charles Hurlburt (communément
appelée "Horove" par les nandes qui avaient du mal à prononcer
son nom) qui était parti de Philadelphie en 1898 pour fonder une
première mission à Kijabe au Kenya, à une centaine de
kilomètres à l'ouest de Nairobi.
72 MUNAYI MUNTU - MONJI, Op.Cit. p.17.
73 Braekman, Emile-Michel, Op.Cit., p.209.
74 Lire à ce propos KANISA LA KRISTO MU
CONGO, shirika la kibatste katikati ya Afrika, poste ya katwa, « hotuba ya
historia ya CBCA kuhusu yubile ya miaka sabini na tanoya upashaji ya habari
njema katika jamuhuri ya kidemucratia ya Congo, [discours de l'histoire de la
CBCA à l'occasion du 75ème anniversaire de
l'évangélisation de l'église protestante au Congo],
document swahili traduit en français et prononcé à Katwa
le 23 mai 2004, 16p.
75 MACHOZI K., Vincent a. a, « Enjambée
historique de l'Eglise protestante du Grand Nord », in BeniLubero Online
disponible sur :
http://www.benilubero.com/index.php?Itemid=2&id=316&option=com
content&task=view visité au 13 mai 2008.
Profitant du passage du Président américain
Théodore Roosevelt en tourisme au Kenya en 1909, Charles Hurlburt passa
par celui-ci pour obtenir une permission du Roi Albert de Belgique de fonder
une mission au Congo Belge. Le roi de Belgique accorda cette permission en 1910
à l'Eglise Missionnaires à l'Intérieur de l'Afrique (AIM=
African Inland Mission). Paul Hurlburt, fils de Charles Hurburlt, ayant
étudié à l'Ecole Presbytérienne de Los Angeles
rejoignit son père en 1917 au Congo Belge et s'installa à Abba,
au Nord-Est du Congo Belge.
Neuf ans après, une dissension eut lieu en 1926 au sein
de l'AIM quand Charles Hurburlt démissionna de l'Eglise AIM en signe de
protestation contre les autres missionnaires qui voulaient élargir la
mission à d'autres lieux que Kijabe (Kenya) et Abba (Nord-Est du Congo).
Il rentra aux USA pour s'occuper de la présidence de la
Société Biblique de Los Angeles. Ayant reçu un don de 25
000 US$ d'un riche fidèle du nom de Mr. McCormick, Charles Hurburlt
demanda à son fils Paul Hurlburlt de fonder une nouvelle
société missionnaire dans les coins non encore
évangélisés d'Afrique. Ce schisme au sein de l'AIM donna
naissance à l'UAM (Unevangelized Africa Mission = Mission pour l'Afrique
non Evangélisée). Ce schisme se consolida en 1928 quand cinq
missionnaires des familles Hurburlts, Williams, McIntoshes, Bigelows, et Belles
arrivèrent en Afrique par la Tanzanie avant de s'installer le long de la
Rivière Kabiro à Irango dans le territoire de Lubero après
plusieurs mois de voyage par Bukavu, Sake et Masisi.
Paul Hurburlt qui avait déjà appris le swahili
au Kenya commença directement l'évangélisation
auprès de la population locale qui connaissait un peu de swahili
simplifié appelé « Kingwana ». Paul Hurburlt
va apprendre le Kiswahili Sarufi à quelques fidèles pour
que ces derniers soient en mesure de lire la Bible ainsi que d'autres
écrits liturgiques écrits en Kiswahili du Kenya. Confronté
à la difficulté de communiquer en Kiswahili avec la population
locale de Lubero, Paul Hurburlt se résolut d'apprendre le Kinande, la
langue locale. Son apprentissage rapide du Kinande impressionna beaucoup les
populations contrairement aux autres expatriés colons et missionnaires.
Très tôt, Paul entreprit la traduction de la Bible en Kinande.
Cette église en naissance va connaître la
première difficulté. C'est fut le refus de l'administrateur du
territoire de Lubero qui représentait les intérêts miniers
et commerciaux de plusieurs multinationales, de laisser les missionnaires
évangéliser et éduquer la population de son territoire.
Mais le Gouverneur de la Province résidant à Kisangani accorda
aux missionnaires protestants le droit de poursuivre leur mission
d'évangélisation dans la région.
En 1929, quand le temps fut venu de construire une mission
permanente, le choix de ces missionnaires protestants baptistes tomba sur
Katwa, située à 5 Km au sud de Butembo. Un docteur du nom de Carl
Becker s'y installa et ouvrit le premier dispensaire et la première
léproserie. Pendant la même année, c'est-à-dire fin
1929, la deuxième mission fut construite à Kitsombiro, au sud de
Lubero. La soeur de Paul Hurburlt et son mari James Bell ouvrirentt la mission
d'Oicha, au Nord de Beni en 1930 et Frank Manning ouvrit celle de Rwanguba
à 15 Km à l'Est de Rutshuru en 1931.
Vincent Machozi poursuit en disant, la grande
dépression économique des années 30 aux Etats Unis comme
en Europe, affecta les efforts de ces vaillants missionnaires protestants du
Grand Nord. C'est fut la deuxième difficulté. Certains
missionnaires étaient appelés à survivre avec 60 dollars
américains par mois. Cette somme modique pour eux arrivait au lieu de la
mission avec un grand retard. Cette dépression économique
provoqua des dissensions au sein de la mission faute des moyens financiers pour
accomplir leur apostolat. En fait, comme raconte Vincent, ce sont les moyens
financiers qui déterminent le genre d'apostolat à entreprendre
dans les églises.
A la suite de la grande dépression, la question du
salaire des catéchistes protestants se posa avec acuité et les
missionnaires eurent des visions divergentes là-dessus. Pour Paul
Hurburlt, il ne fallait pas payer les catéchistes car ils auront leur
vrai salaire au ciel. Un missionnaire du nom de Bigelow qui était un
très bon chasseur d'éléphants, entreprit d'autofinancer sa
mission avec le commerce de l'Ivoire. Selon Vincent Machozi, on raconte qu'il
fut tué dans les années 1950 par un éléphant. Un
autre missionnaire du nom de MacIntosh était populaire en donnant des
habits aux fidèles en récompense du travail manuel rendu au
bénéfice de la mission. Ce dernier était aussi le plus
libéral de ces pionniers car il tolérait la polygamie, la
consommation de l'alcool local, etc.
Il y avait aussi une dissension au sujet de la langue
liturgique. Pendant que Paul Hurlburt recommandait le kinande comme seule
langue liturgique, MacIntosh continuait à prêcher en Kingwana. Ces
différences créèrent par la suite un fossé
infranchissable au sein des missionnaires.
Le premier grand conflit entre les missionnaires éclata
en 1933 quand le patron de la mission, Paul Hurburlt, arriva à Katwa en
provenance de Kitsombiro et s'installa dans une ancienne maison de Becker avec
l'intention de mettre ce dernier à la porte. Avec l'arrivée de
Paul à Katwa, l'Eglise fut divisée en deux pendant plusieurs
semaines, avec d'un côté le service liturgique en Kinande avec
Paul et de l'autre le service liturgique en Kingwana avec MacIntosh. Finalement
Paul fut le vainqueur de ce bras de fer. MacIntosh plia ses bagages et se
rendit plus au Nord-Est du Congo pour rejoindre les missionnaires
de l'AIM. Au départ de MacIntosh de Katwa, les pasteurs
congolais n'avaient plus de salaire et Paul Hurburlt trouva
l'opportunité de poursuivre son enseignement selon lequel celui qui veut
travailler pour l'argent n'est pas digne du royaume des cieux. Selon cet
enseignement, aucun salaire ne peut récompenser le travail fait pour
l'Eglise car au Ciel Dieu donnera le juste salaire à ceux qui auront
travaillé pour l'Eglise sur terre...
Cette situation provoqua le premier grand départ des
fidèles et des pasteurs congolais vers des Eglises ou lieux où
ils pouvaient gagner un peu d'argent. C'est le cas d'un certain Makenzi qui
émigra en Ouganda chez les Anglicans et qui à son retour à
Katwa fut sacré champion de la liberté religieuse avant de se
voir exiler à Bukavu. Après le départ de MacIntosh, Paul
déménagea de Kitsombiro à Katwa. Pour gagner la confiance
des gens, Paul commença à faire ce qu'il reprochait à ses
frères américains qui donnaient des salaires aux
catéchistes. En effet, il distribuait une cuillerée de sel
à ceux qui venaient à l'Eglise et organisait des grandes
fêtes à plusieurs occasions pendant lesquelles les fidèles
venaient manger gratuitement. Pour renforcer son enseignement, Paul recommanda,
comme méthode d'évangélisation, l'apprentissage de la
Bible par coeur, l'abandon total des pratiques fétichistes
traditionnelles, etc. Il se dévoua à la formation des
catéchistes qu'il envoyait par après dans les villages de la
région pour fonder des stations ou paroisses.
Paul Hurburlt est connu comme le premier protestant à
avoir construit une école et un internat pour les enfants issus des
unions des expatriés blancs avec des femmes congolaises ou africaines.
Ces « mulâtres » furent éduqués par l'UAM
à Kitsombiro pour les garçons et à Katwa pour les
filles.
Cette mission connut de continuelles difficultés
financières. Elle fut dans une situation désespérée
à la fin de la deuxième guerre mondiale. Plus tard, la
Conservative Baptist Foreign Mission Society va reprendre à son compte
toutes les stations de l'U.A.M. En 1946, comme le relate Emile-Michel
Braeckman, la Mission Baptiste du Kivu composée de 13 missionnaires de
la Conservative Baptist Foreign Mission Society arriva au Kivu pour rouvrir les
5 stations momentanément abandonnées par l'U.A.M. Il s'agissait
des missions de Ruanguba (Rutchuru) ouverte en 1932, Mushweshwe en 1938,
Kindindu en 1940, Kistombiro et Katwa en 1928. Malheureusement, le 12 janvier
1948 fut une journée dramatique pour ces missionnaires. Paul Uhlinger,
George Kevorkian et Edna Mae Sill qui se rendaient en avion de Katwa à
Rwanguba pour y ouvrir une école biblique s'écrasèrent au
sol quelques minutes après le décollage et moururent dans les
flammes76.
76 Braekman, Emile-Michel, op.cit., p.210
3. Les églises messianiques
Durant la même période, comme le dit René
DEVISCH77, au Congo belge, les premiers prophètes
prolifèrent en milieu kongo au moment où le peuple est affaibli
par la maladie du sommeil qui, de 1904 à 1906, se répand dans la
région où l'on aménage le chemin de fer au prix de
nombreuses vies humaines et d'une déstabilisation désastreuse de
l'écosystème et de l'ordre social. Vers les années 20,
dit-il, les prophètes surgirent qui cherchaient à domestiquer la
puissance blanche. Ils étaient sans doute influencés par les
soldats congolais qui revenaient du Cameroun avec un esprit anticolonial suite
à leur mission de contrôle de la force allemande dans ce pays.
C'est en cette époque qu'apparaissent les prophètes kongo, les
ngunza, messagers de la tradition kongo qui représentent le
chef et les ancêtres. Ils semblent être issus de branches
marginalisées de familles prestigieuses.
Ces mouvements prophétiques, connus sous le vocable
« ngunzisme », visaient l'anti-culturation. Dans ce
contexte, c'est dans la même région que Simon Kimbangu
découvrit la voie du salut. En 1917-1918, il eut la vision d'aller
prêcher, mais il se buta à l'opposition farouche des pasteurs. Il
fut rejoint par six autres compagnons qui s'adonnèrent avec force
à leur oeuvre prophétique. La guérison par imposition des
mains, les sermons et la lutte efficace contre les pratiques de sorcellerie
attirèrent sur eux l'attention des foules, mais très vite aussi
la répression coloniale. Il faut remarquer qu'au début des
années 20, le pouvoir colonial ne pouvait accorder la liberté
d'action aux fondateurs charismatiques de ces mouvements religieux
indigènes. A la veille de l'indépendance, la reconnaissance
officielle par le pouvoir colonial du kimbaguisme en tant qu'église
à part entière, sous le vocable d'Eglise de
Jésus-Christ sur la terre par le prophète Simon kimbangu (EJCSK),
ouvrit une nouvelle période pour le courant messianique.
II.2.3. Période post coloniale : 1960 à nos
jours
1. Les catholiques
Après l'indépendance, dans le souci de
rapprochement du pasteur avec ses fidèles Mgr Henri Piérard va
décider en 1965 de transférer son siège épiscopal
à Butembo. Il sera dans le même temps confronté aux
problèmes internes avec ces propres missionnaires qui se plaignaient de
sa gestion. Affaibli par la maladie, il va déposer sa démission
comme évêque et proposer la présence d'un jeune
évêque responsable de prendre la relève. Cette demande sera
maintes fois refusée jusqu'à ce qu'il fut transféré
le 17 mai 1966 en
77 René DEVISCH, " « Le pillage de
Jésus » : les églises de guérison et la villagisation
de Kinshasa", in Gauthier de VILLERS (Eds.), Phénomène
informels et dynamiques culturelles en Afrique, Institut AfriainCEDAF,
n°19 - 20, L'Harmattan, Paris, 1996, p.93.
Mauritanie comme évêque titulaire par le Pape
Paul VI et par la même occasion, l'Abbé Emmanuel Kataliko, un
natif et membre clérical diocésain de Beni, sera nommé
comme évêque du diocèse. Il sera sacré
évêque le 11 octobre 1966 à Butembo. Dans son
évangélisation, le nouvel évêque va intégrer
la dimension sociale comme cheval de bataille.
Ce sacre de Mgr. Kataliko ouvrit ainsi une nouvelle
étape pour le diocèse. Il va s'investir dans une double action :
évangélisation et action sociale. Par exemple, il ouvre le centre
de catéchèse à Butembo en 1969 ; il crée les
paroisses de Mangina en 1968 et Mukuna en 1988, Bingo en 1990 et Kanyabayonga
en 1990. A cela s'ajoutent plusieurs autres congrégations religieuses
qu'il va accepter. Il va apparaître comme véritable «
Evêque-cantonnier » avec des qualités exceptionnelles. Il va
participer lui-même à plusieurs travaux d'ouverture des
tronçons routiers reliant les milieux paysans dans le but de stimuler le
petit commerce et rapprocher les pasteurs des chrétiens. Autour de sa
résidence, il va ouvrir des coordinations comme le Bureau des OEuvres
Médicales, (B.O.M.), la Caritas diocésaine et une pharmacie
desservant les postes de santé les plus reculés dans les
paroisses du diocèse.
Sur le plan culturel et intellectuel, il va ouvrir
l'Université Catholique du Graben à Butembo en 1989. Pour rappel,
durant la période antérieure à 1989, il n'y avait pas
d'établissement d'enseignement supérieur et universitaire dans
cette partie du pays. Aussi devait-on effectuer de longs voyages pour
entreprendre des études supérieures et universitaires. Ce qui
entrainait une forte déperdition scolaire encore accentuée par la
suppression de la bourse d'études du gouvernement. Il fallait donc aller
à Bukavu et Bunia pour les uns, à Kisangani et Lubumbsashi et,
pour les plus fortunés, à Kinshasa. Après 1989, certaines
notabilités ont pris l'initiative d'ouvrir des établissements
privés d'enseignement supérieur. Cette initiative a
démarré timidement grâce au professeur NSAMAN-O-LUTU avec
l'ouverture de l'Institut Supérieur de Gestion des Affaires (ISGEA)
dénommé ultérieurement Université du CEPROMAD
(Centre pour la promotion du Management et le Développement), UNIC en
sigle.
En somme, les oeuvres de l'Evêque Emmanuel Kataliko
seront considérées comme un éveil de conscience à
une société civile locale. Cela peut se lire dans son article
écrit en 1970. Il s'agit pour lui d'une réflexion sur les
possibilités et moyens de passer du sousdéveloppement au
développement . A ce propos il dit :
« Je ne suis pas prophète, mais j'envisage le
problème tel qu'il se présente. Pour autant que je le pense, je
crois que l'on commencera à sortir de ce sous- développement
:
1. Quand les gens commenceront à posséder des
propriétés privées qu'ils pourront améliorer
à leur guise.
2. Quand la population aura compris elle-même le
sens et l'avantage de se grouper en associations, en coopératives, car
l'individualisme favorise la stagnation, se contente d'un
bénéfice médiocre, et l'on ne montre pas clairement ce que
l'on vaut.
3. Quand les moyens de communication seront
développés : entretien des routes existantes, construction de
nouvelles routes : ce qui facilitera par conséquent les moyens
d'évacuation des produits et d'importation d'autres
marchandises.
4. Quand on se sera penché sur le problème de
sélectionner la semence pour rendre plus rentables les cultures
actuelles.
5. Quand on aura réorganisé le service
sanitaire qui manque de médecins et de médicaments.
6. Quand tout le monde aura compris la valeur de ces trois
mots : justice, paix ; travail.
7. Quand chacun, petit et grand, aura compris sa
responsabilité pour la construction du pays.
8. Quand on aura élevé le niveau
intellectuel de la population : pour cela une mise en place de plusieurs
écoles, primaires et secondaires, s'avère nécessaire.
(...). En outre pour une région si populeuse une école même
supérieure ne serait pas de luxe.
9. Quand on aura organisé et construit des
librairies et des bibliothèques où les étudiants et les
intellectuels pourront cultiver et développer leurs connaissances
»78.
Sous sa responsabilité, le diocèse a
traversé des moments de crise durant la phase post coloniale. Tout
d'abord l'évêque Emmanuel Kataliko a hérité du
diocèse juste après l'instabilité politique et la
rébellion qu'a connu le pays au début des années 60.
D'autres difficultés sont également à signaler. Il s'agit
notamment de la pénurie du personnel ecclésiastique, du manque
des moyens financiers, de la question linguistique avec le swahili comme langue
d'évangélisation par les missionnaires au lieu du kinande connu
de la population autochtone,...
Sur le plan politique, les territoires de Beni et Lubero, ou
encore mieux le diocèse de Butembo-Beni, connut les mêmes
difficultés que celle qui furent vécues dans tout le pays.
78 KATALIKO, E. (Mgr), Connais-tu ta région
et ton Diocèse..., Sint Unum spécial, n°24,
mars 1970, pp.27-28. Cité par KAMBALE MALEMBE Maurice,
Impact de l'U.C.G sur le développement local. Essai
d'évaluation économique et sociale, Mémoire de
licence en sciences économiques, UCG, Butembo, 2006-2007, p.24.
La collaboration qui existait entre les missionnaires et les
chrétiens eut à subir une nouvelle épreuve : celle de la
crise sociale et religieuse des années 70 due à la politique de
l'authenticité établie par le président Mobutu. Cette
politique déboucha sur le changement des noms des lieux. Pour Isidore
Ndaywel79, le changement des prénoms chrétiens fut
l'objet d'une controverse entre l'Eglise et l'Etat. Il semble avoir
été une réaction à une provocation du quotidien
belge La Libre Belgique qui se moquait de la loi du 5 janvier 1972
exigeant que les mulâtres prennent des noms africains. Cette recherche de
l'authenticité suscita des réactions au sein de l'Eglise
catholique considérée en ce moment là comme la seule force
capable à faire face à un parti unique, le Mouvement populaire de
la Révolution (MPR). Les jeunes furent interdits de participer aux
organisations confessionnelles pour les faire adhérer au parti unique.
Les solennités comme l'Ascension, l'Assomption et de la Toussaint ne
pouvaient plus être célébrées en jours de semaine.
La messe scolaire fut interdite et les leçons de religions
remplacées par l'éducation civique. Les mouvements de jeunesses
catholiques furent également supprimés. La conséquence de
cette politique fut la perte de la liberté individuelle.
Durant les années 80, les forces armées
zaïroises occupèrent les territoires de BeniLubero justifiannt cela
par la poursuite des rebelles ougandais repliés dans les Monts
Ruwenzori, les NALU. L'Est de l'ex-Zaïre sera ainsi le
théâtre d'affrontement plus particulièrement avec les deux
guerres successives : celle de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques
pour la Libération du Congo) de septembre 1996 ayant mené Laurent
Désiré Kabila au pouvoir, et celle déclenchée le 2
aout 1998 à Goma par le RCD, Rassemblement Congolais pour la
Démocratie ; toutes deux étant sous la bénédiction
du Rwanda. Cette dernière date coïncide avec le sacre de
Monseigneur Paluku Sikuli Melchisédech à Butembo. Il
remplaça Kataliko comme évêque du diocèse qui venait
d'être nommé archevêque de Bukavu à la suite de
l'assassinat de l'archevêque Christophe Munziyirwa. Faisons remarquer que
l'évêque Kataliko était reconnu pour son opposition
à la dictature de Mobutu et plus tard par ses dénonciations des
violations des droits humains commises par les différentes branches
rebelles à l'Est du Congo. Son opposition la plus marquante est
consignée dans son message adressé le jour de Noël 1999.
Olivier Lanotte note que :
« après s'être insurgé dans son
message de Noël contre le pillage des ressources du Congo par une petite
élite venue d'on ne sait où et avoir appelé la population
kivutienne à la résistance civile pour protester contre
l'occupation rwandaise,
l'archevêque de Bukavu, Mgr Kataliko, est interdit de
séjour dans son diocèse par les autorités rebelles et
exilé à Butembo au Nord-Kivu »80.
Il passera environ six mois à Butembo de février en
septembre 2000. Il trouvera la mort à Rome deux semaines après
son retour à l'archevêché de Bukavu.
3. Les protestants
Comme vu précédemment, dans le cours de la
période coloniale et dans l'analyse de Vincent K. Machozi, une
série de dissensions eurent lieu. Ce qui provoque la naissance d'autres
églises au sein du protestantisme dans les territoires de Beni et Lubero
pendant la période post-coloniale81.
En 1989, par exemple, ce furent les événements
appelés "affaire Katwa" à 5km de la ville de Butembo. En
effet, jusqu' à cette année, il existait une seule
communauté à Katwa, la Communauté Baptiste au Kivu
(C.B.K), l'ancienne Mission Baptiste du Kivu qui connut des pertes des vies
humaines suite à l'écrasement d'un avion petit porteur. A la
suite d'un conflit de leadership, la CBK Katwa s'est scindée en deux,
avec d'un côté l'aile du Pasteur Kamala et de l'autre la CEBA
(Communauté des Eglises Baptistes en Afrique) représentée
par Paluku Kalwaghe. Ce dernier s'était replié avec son
église à Vukaka à 3 km de Katwa. Cette crise qui avait
causé la mort de 3 fidèles avait aussi provoqué une
très forte rivalité entre chrétiens, rivalité qui
fut apaisée par la médiation de Mgr. Emmanuel Kataliko, à
l'époque Evêque de Butembo-Beni. Quelques temps après, la
CEBA va connaître aussi un autre schisme qui va donner naissance au
début des années 90 à l' l'Eglise Evangélique du
Rite Africain, EERA en sigle.
Le fondateur de l'Eglise EERA, le pasteur Paluku Kalwaghe
décédé en 1994, sera remplacé par après par
son fils, le Patriarche Wasingywa Kalwaghe Jean Hus. Il s'est donné le
titre de Représentant Légal et de Métropolitain de
l'Eglise EERA, avec le village de Vukaka comme Quartier Général
du Patriarcat de l'Afrique, Terre Sainte et Jérusalem des fidèles
EERA de par le monde.
80 LANOTTE, Olivier, op. cit, p121.
81C'est dans ce contexte que l'administration des
sacrements constitua un autre bras de fer entre Paul Hurburlt et les autres
missionnaires installés à Kitsombiro. Pour les uns comme Deming,
Holland, Manning, et Pickett, il fallait abandonner le baptême par
immersion car il n'est pas biblique. Certaines argumentaient que le
baptême est l'oeuvre du Saint Esprit, et il est conféré par
un ministre qui évoque le Saint Esprit et qui impose les mains au
baptisé. L'autre exemple cité est celui qui divisa Paul et ses
confrères américains missionnaires fut le cas d'une jeune femme
divorcée qui voulut se remarier à l'Eglise de Kitsombiro. Paul
lui refusa le mariage mais Deming l'autorisa à se marier car la jeune
femme n'avait pas en fait divorcé mais était abandonnée
par son mari parti dans les Mines des Grands Lacs, MGL où il
était resté pendant plus de 4 ans sans nouvelles. Quand la
tension fut vive autour de ces questions sacramentaires, Deming et ses amis
cités cidessus démissionnèrent de l'UAM et partirent
s'installer au Burundi en 1938. Plusieurs fidèles de Kitsombiro les
suivirent, dont le couple de la divorcée remariée. Au Burundi,
ils fondèrent l'Eglise appelée « Worldwide Grace Testimony
».
En somme, pour connaître les communautés existant
sur le terrain d'étude au sein de l'Eglise protestante dans les
territoires de Beni et Lubero, il est nécessaire de se rappeler les
différentes dissensions qui ont eu lieu durant l'époque
coloniale, puis post-coloniale. Ces dissensions sont liées non seulement
à l'interprétation et pratiques bibliques suivies des
difficultés financières des missionnaires mais aussi au
leadership au sein de l'église locale.
Néanmoins, quels que soient les hauts et les bas
vécus par cette église, il est malhonnête, voire ingrat, de
passer sous silence les oeuvres importantes et louables réalisées
jusqu'à ces jours par la communauté protestante. Il s'agit de la
modernisation de l'hôpital de Katwa qui, pratiquement, est devenu
hôpital de référence, l'ouverture des différentes
universités issues de la communauté protestante :
l'Université Divina Gloria (U.D.G depuis 2002) et l'installation de
l'Université libre des Pays des Grands Lacs, l'ULPGL campus de Butembo
depuis 2002. Plusieurs projets d'ordre social ont été
réalisés par cette église. A cela s'ajoute
l'émergence d'une classe moyenne des commerçants issus de la
même communauté. Certains sont même tentés de dire
que le commerce de Butembo est tenu par les commerçants protestants. Ce
qui reste une hypothèse encore à vérifier
4. Les églises indépendantes
En 1960, le pays connu les événements de
l'indépendance produits d'un patriotisme exaspéré
déjà en germe dans les mouvements messianiques à
caractère politique et religieux dont le kimbanguisme en 1921 et le
kitawala en 1940. Ces mouvements revendiquaient la libération de la
colonisation et une religion pour les noirs. Ils furent condamnés par
les missionnaires non seulement pour leur syncrétisme religieux, mais
aussi en raison de la démolition des fondements du christianisme et la
multiplication du nombre des renégats. En outre le pouvoir colonial
prétextant leur xénophobie, ces mouvements seront
persécutés avant l'indépendance seront obligés
d'évoluer dans la clandestinité.
Dans les années 70, précise René
Devisch82, l'esprit messianique s'est manifesté sous une
nouvelle forme avec la politique du recours à l'authenticité
prônée par le parti-Etat, le Mouvement populaire pour la
Révolution (MPR) qui se voulait à l'avant-garde du nationalisme
africain. Au cours des années 80, le déclin de ce régime
politique et de son idéologie s'est accompagné du surgissement de
centaines d'églises charismatiques du Saint-Esprit.
La plupart de ces églises, portant aussi le nom
d'assemblées de Dieu, prennent naissance autour d'une figure
prophétique, dont le lieu de résidence offre aux adeptes du
voisinage un cadre d'accueil familial. Ces communautés religieuses
rompent avec la
82 René DEVISCH, op.cit. 94.
logique sociale traditionnelle des milieux villageois qui
s'appuient sur les liens de sang et une gérontocratie masculine rigide.
Elles sont soudées entre elles par la référence à
Simon Kimbangu considéré comme le Christ noir. Elles
s'attribuent comme prophète-fondateur l'un ou l'autre de ses
contemporains. C'est dans ce cadre qu'on évoque souvent les termes
« Dieu de Simon Kimbangu, Dieu de SIKATENDA, Dieu de... »,
qui sont, en fait, des prophètes-fondateurs. Au cours des années
90, ces églises sont vues comme comblant le vide éthique et
législatif suscité par la désertion des tribunaux et la
dissolution du partiEtat. Les cérémonies liturgiques sont
organisées dans l'enceinte de la parcelle du prophète.
Pour les assemblées, une annexe couverte de feuilles de
palmier ou une cabane en bâche sert souvent à abriter les
fidèles. C'est dans ce contexte que Laurent Pierre-Joseph dit :
« les assemblées de Dieu s'illustrent à
la fois par leur prosélytisme agressif, par le
caractère de leur recrutement (classes
défavorisées) et enfin par l'atmosphère
d'exaltation de leurs campagnes
d'évangélisations et de leurs cultes »83.
A l'Est surtout de la RD. Congo, dans les territoires de Beni
et Lubero, ces églises se sont installées en masse vers les
années 90. Elles ont été importées de l'Ouest du
pays, dans la plupart de cas, par des agents ou fonctionnaires de l'Etat en
mutation. En fait, avec le pouvoir centralisé à Kinshasa, il
n'était pas étonnant de voir plus d'agents de l'administration
publique, des entreprises étatiques ou paraétatiques
débarquer à l'Est. Il s'agit des agents de l'administration
publique (services de cadastres, titres immobiliers, parquets et
tribunaux,...), des entreprises étatiques (le service des impôts,
l'Office de douane et assise, ...) ou des entreprises paraétatiques
(l'Office Congolais de Contrôle, la REGIDESO, ...), des officiers de
l'armée et police nationale,... Il est souvent courant que, dans ces
entreprises, on qualifie ces agents comme « pasteur ou
apôtre X ». La langue de prédication est souvent le
lingala, langue parlée à l'Ouest de la RD. Congo ou encore dans
l'armée congolaise. Ces églises se comptent aujourd'hui par
dizaines surtout dans des centres urbains comme Butembo et Beni, contrairement
aux milieux ruraux où le catholicisme et le protestantisme sont encore
bien enracinés.
Dans ces églises, les fidèles sont issus
essentiellement de classes particulières. Ce sont les migrants, les
« mères monoparentales », les employés des bureaux et
autres
83 Laurent Pierre-Joseph, "Prosélytisme
religieux, intensification agricole et organisation paysanne. Le rôle des
« Assemblées de Dieu » d'Oubritenga (Burkina Faso), in J.-P
Jacob et Ph. Lavigne Delville. Les associations paysannes en Afrique.
Organisation et dynamiques, APAD-Karthala- IUED, Paris, 1994, p.160.
représentants des classes moyennes, les personnes
déplacées ainsi que les jeunes gens souvent coupés de
leurs milieux d'origine84.
84 DEVISCH, René, « Les Eglises de
guérison à Kinshasa. Leur domestication de la crise des
institutions », in. André Corten et André Mary (éds),
Imaginaires politiques et pentecôtismes. Afrique/Amérique latine,
Karthala, Paris, 2000, p119.
II.3 Contexte évolutif de la société
civile dans les territoires de Beni et Lubero
Parler de société civile dans les territoires de
Beni et Lubero dans son contexte historique semble être difficile en
raison des obstacles rencontrés dans l'obtention d'écrits sur son
origine. Considérée comme une vague des années 80, son
historique s'inscrit dans le contexte national du mouvement associatif.
II.3.1. Rappel
En RD. Congo, l'émergence de la société
civile a été lente en raison des restrictions des libertés
associatives sous la dictature de l'ancien régime de Mobutu. A partir
des deux dernières décennies (1980 et 1990), la
société civile congolaise a connu une expansion plus rapide,
à la faveur de l'ouverture politique au multipartisme et de la promotion
de la coopération indirecte avec la communauté internationale.
Dans sa configuration nationale, on trouve les ONG de développement, les
ONG des droits humains, les syndicats, la presse libre et indépendante,
les associations féminines, etc85.
Pour Guy Boyoma86, vice-président de la
société civile de la ville de Beni, la société
civile de Beni-Lubero existe depuis bien longtemps. Dans ses propos, la
société civile est née de la conférence Nationale
Souveraine, CNS tenue à Kinshasa du 7 août 1991 au 6
décembre 1992. Cela se confirme dans les propos de Tabu Eboma
André-Robert qui écrit :
« au Centre Bondeko, dans la ville de Kinshasa les
représentants de quelques associations civiles ont décidé
de mettre sur pied une organisation regroupant, en dehors des partis politiques
et des institutions publiques, toutes les associations civiles du Zaïre en
vue de leur permettre de participer d'une manière responsable à
la Conférence Nationale Souveraine (CNS) réclamée par le
peuple. Cette organisation a été dénommée "La
société civile". Elle comprenait huit groupes d'associations :
les associations religieuses, les associations syndicales, les associations
professionnelles, les associations humanitaires, les associations de
réflexion, les associations de nature économique, les
associations de femme et de la jeunesse et enfin les associations sportives et
culturelle. Elle était censée représenter toute la
Société Civile du Zaïre à la CNS. Selon l'esprit des
fondateurs » 87.
Pour rappel, cette conférence a été
réclamée par le peuple suite à un constat du bilan
négatif des trente une années d'indépendance du
Zaïre, l'actuelle RD. Congo. Pour
85 HAMULI KABARUZA Baudouin, et al. , Op.
Cit., p. 27.
86 Notre entretien avec Guy Boyoma lors de nos
enquêtes.
87 TABU EBOMA, André-Robert, La
société civile,. Congonline.
Alexis Kabambi88, il s'agissait spécialement
de la situation socio-économique négative. Les travaux de cette
conférence ont débouché sur l'élection de 453 de
ses membres comme Conseillers de la République. Leur mandat tel que
définit dans l'Acte de Transition, est de nature législative. A
sa clôture, les participants mettront en place un Acte Constitutionnel de
transition, un Gouvernement de transition, le Haut Conseil de la
République, et le Conseil électoral. Cette conférence a
élaboré un projet de constitution et un calendrier
électoral.
Pour le territoire de Beni et Lubero, le mot
société civile est apparu dans un contexte de guerre. Ce
mouvement existait déjà au début des années 90 lors
du retour des participants à la conférence nationale souveraine
tenue à Kinshasa. C'est dans un contexte de guerre que ce mouvement va
se confirmer lors des préparatifs du Symposium International pour la
Paix en Afrique tenu à Butembo du 26 février au 1er
mars 2001. Ce forum a regroupé 1324 participants. Il a été
organisé sous les auspices de l'Eglise du Christ au Congo Sud-Kivu, de
l'archidiocèse de Bukavu (Eglise catholique), de la
Société Civile du Sud-Kivu en collaboration avec les composantes
de la société civile italienne (Beati I Costruttori di pace,
Chiama l'Africa, Operazione Colomba), le diocèse de Butembo - Beni,
l'Eglise du Christ au Congo Nord-Kivu et la société civile de
Beni-Lubero. Il faut noter qu'environ 25089 italiens ont
participé à ce forum alors que la région était en
proie à la guerre.
Pour la réussite de ce forum, cette organisation a
été montée d'urgence pour que les points de vue des
participants puissent converger. Il fallait participer au forum de façon
organisée. En effet, avant ces assises, le comité qui assurait la
coordination de la société civile à Butembo était
démissionnaire et dirigé par monsieur Jean-Chrysostome Vahamwiti
Mukesyayira, ancien secrétaire exécutif du Syndicat de
Défense des Intérêts Paysans, une ONGD locale. Cette
démission serait due aux menaces sécuritaires en période
de rébellion dont étaient victimes certains dirigeants de la
société civile de Butembo, à l'époque point focal
de la société civile de Beni et Lubero90.
L'abbé Apollinaire Malumalu91 qui
était en cette époque, en France et membre influent de la
société civile de Butembo s'est mobilisé en vue de
sensibiliser quelques personnes à la constitution d'un comité de
pilotage pour la réussite du forum. Ce comité a
88 KABAMBI, Alexis, « Aperçu historique de
la Conférence Nationale Souveraine », in La Renaissance,
N°21, mensuel de l'Union de la Diaspora Congolaise, 31 octobre 1998,
Montréal, Canada.
89 Nous avons également participé
à ce forum dans la commission traduction des textes italiens avec le
professeur Kivete
90 ROOIJACKERS, Marinus & PLOQUIN
Jean-François, alerte à l'opinion nationale et
internationale, communiqué de presse, Centre d'Information et de
Solidarité avec le Congo-Kinshasa (COSI), Lyon 16 novembre 1999,
disponible aussi sur
http://www.congonline.com/Forum1/Forum04/Katahwa05.htm.
91 L'abbé Malumalu est l'actuel
président de la Commission Electorale Indépendante de la RDC.
été dirigé par Roger Nzama, Kilundo alors
secrétaire exécutif de l'ONGD SEPRONA (Symbiose des Ecologistes
pour la Protection de la Nature). C'est le comité de pilotage du SYPA
qui par la suite deviendra la coordination de la société civile
en majorité formée par les ONG locales et l'Eglise catholique.
Une collaboration active s'est manifestée entre la
société civile et l'Eglise catholique. En cette époque,
certaines lettres ont été signées entre Roger Nzama, comme
coordinateur de la société civile de Grand-Nord, et
l'Evêque du diocèse de Butembo-Beni, Monseigneur Sikuli Paluku
Melchisédech pour dénoncer les bavures des groupes armées.
C'est le cas de la lettre adressée le 30 janvier 2002 au
président ougandais concernant l'intervention de l'armée
ougandaise à l'Est de la RD. Congo. Les deux signataires reprochaient
à cette armée d'être responsable d'une
insécurité totale dans les territoires de Beni et Lubero. Ainsi,
en pleine période de guerre, l'Eglise catholique locale est devenue
incontournable pour toute question sociale, politique et économique. Les
actions communes de la société civile avec l'Eglise locale font
même jusqu'aujourd'hui l'objet d'émissions radiodiffusées.
C'est le cas de la Radio Moto Butembo-Beni (RMBB) qui, créée
depuis 2000 et gérée par les missionnaires assomptionnistes,
organise des émissions radiodiffusés dans ce sens.
Aujourd'hui, outre les associations et ONGD, les
universités et instituts supérieurs de la place sont parmi les
principaux acteurs de cette organisation. C'est le cas de l'Université
Catholique du Graben de Butembo. La question que l'on pourrait se poser est de
savoir comment les associations, les ONG locales et l'Eglise sont
arrivées à dominer ce mouvement ? Il paraît certain que
celles-ci aient une influence économique et sociale dans les territoires
de Beni et Lubero. C'est dans cette logique que, avant de passer aux
études des cas des quelques associations de tendance religieuse, il est
important d'analyser le contexte évolutif du mouvement associatif et des
organisations non gouvernementales des territoires de Beni et Lubero.
II.3.2. Le mouvement associatif et ONGD de
Beni-Lubero.
En remontant dans l'histoire de la culture du peuple Nande qui
habite en majorité les territoires de Beni et Lubero, on se rend compte
que l'apparition des associations n'est pas une chose récente. Comme le
dit Jean-Pierre Olivier De Sardan92, les sociétés
paysannes ont toutes une histoire de l'animation rurale, de la vulgarisation
agricole, des coopératives, du parti unique, des micro- projets, des
macro-projets, des groupements de producteurs, de la création des
associations de ressortissants, etc.
92 De Sardan, Oliver, op.cit , p127.
En Afrique, il existe beaucoup d'expressions populaires qui
révèlent que, face aux difficultés de la vie rurale,
l'individu seul est bien faible, mais qu'en s'engageant dans une forme de
coopération, il devient puissant pour les affronter. On connaît
par exemple les difficultés de construction de l'habitat en milieu
rural. Ces travaux ne se réalisent qu'en groupes de travail solidaires,
véritables associations dont le but est d'aider à tour de
rôle les membres de la communauté93.
Pour ce qui concerne la RD. Congo et plus
précisément les territoires de Beni et Lubero, on peut distinguer
les associations traditionnelles des associations modernes.
1. Les associations traditionnelles
Avant la colonisation il existait déjà des
associations « primitives ». C'est au cours de cette période
qu'on peut situer le premier niveau de coopération. On peut
énumérer certaines pratiques qui ont existé chez les
nandes dans les territoires de Beni et Lubero94 :
- le « kirimba », et le « lusumba » qui
sont à l'origine deux pratiques de regroupements des jeunes en
initiation à la vie communautaire. La première pratique
était appropriée aux filles, alors que la seconde était un
rite d'initiation des jeunes garçons. Au départ, cette initiation
renforçait les liens de solidarité car, grâce à
elle, l'individu sortait de la lignée familiale pour en créer
d'autres liens avec les jeunes de sa génération. Elle s'est
transformée aujourd'hui sous forme de tontine dans la mobilisation de
ressources monétaires et non monétaires. Dans le cadre de la
solidarité, la pratique va ainsi se transposer même chez les
garçons. On rencontre actuellement les mêmes types de tontine
masculine portant également le nom de « kirimba
95». En effet, comme tontine, le « kirimba » actuel
est une association, ou encore mieux une mutuelle, basée sur les
affinités et sur la confiance entre les membres du groupe. Les membres
s'entraident et s'accordent des crédits mutuels tour à tour.
- Le « kihingirano » ou « kirimya » qui
est une pratique d'exécution des travaux champêtres et de
construction observée encore en milieu rural. Ces travaux se font en
commun à tour de rôle entre les membres qui ont souscrit à
la pratique. Cette pratique présente l'avantage également de
renforcer les liens entre les membres du groupe. Cependant, elle
présente également des limites. En effet, c'est une association
souvent ouverte : sans précision sur le nombre limité des membres
qui la composent. L'expérience démontre que lorsque le nombre
augmente, l'association devient inefficace dans la
93 MONDJANAGNI, Alfred, « structures sociales
et développement rural participatif en Afrique », in MONDJANAGI,
A.-C., La participation populaire au développement en Afrique
noire, Institut Panafricain pour le Développement
(I.P.D.)/Karthala, Paris, 1984, pp. 24.
94 Outre le texte de KAKULE KAPARAY Christian, nous
nous sommes intéressés aux détails fournis par KALIVANDA,
notre grand-mère.
95 Le « kirimba » chez les Nande est ce
qu'on appelle en lingala le « likelemba »
satisfaction des membres. Par exemple, sur le plan agricole,
étant donné que le groupe consacre toute la journée
à travailler dans un champ d'un membre, plus on est nombreux, plus il va
falloir de jours pour boucler le cercle alors que le calendrier agricole a
aussi ses exigences. Par ailleurs, l'homme étant un facteur de
production avec des limites (sa force est limitée), il n'est pas
sûr de cultiver les étendues des champs de manière
identique tour à tour. Du point de vue météorologique, les
membres sont obligés d'obéir aux aléas du climat : quand
il pleut le travail doit être interrompu. Une autre limite qui peut
être évoquée est l'empêchement d'un membre (maladie
ou autre) qui bouleverse énormément le calendrier des travaux.
Bien entendu, les membres peuvent prendre des compromis pour éviter ces
désagréments. Malheureusement ces compromis n'ont pas souvent de
base solide.
- Le « kighona », ou grenier en français, a
été dans le temps une pratique par laquelle la communauté
villageoise constitue une banque agricole de la récolte obtenue dans le
but d'utiliser la quantité collectionnée à de fins
circonstancielles : mariage, deuil, disette, prévoyance de semence,....
La banque agricole est souvent constituée des céréales.
- Le « Ovuruma » et le « Ovutsura », sont
de véritables associations des consommateurs. Les membres s'offrent tour
à tour de la bière ou autre chose suivant une
périodicité et un rythme de versements de cotisation
prédéfini par les membres en fonction des participants. Ces deux
types d'associations se composent de membres « fondateurs » et «
non-fondateurs ». Pour les premiers, les membres fondateurs peuvent
inviter un ami (appelé Omuhekwa) et lui offrir sa part pendant la
consommation et ce dernier n'est pas automatiquement redevable au groupe alors
que pour les seconds, celui-ci l'est obligatoirement. C'est-à dire pour
le second type, les gens s'associent autour d'une boisson que prennent seuls
ceux qui ont souscrit à la convention de se l'offrir à tour de
rôle. Dès lors, un intrus devient automatiquement redevable
étant donné qu'il n'a pas qualité.
Ces pratiques témoignent des formes traditionnelles
d'associations. C'est pour cette raison que Christian KAPARAY dit :
« l'exécution commune et à tour de
rôle des travaux, cette invitation au partage ou à la consommation
constituent une ou des forme(s) primitive(s) de la coopérative
"Ovusangi" » 96.
Il faut souligner que ces pratiques relèvent d'une
économie toute à fait informelle. Il s'agit d'une économie
qui échappe au contrôle de l'Etat.
Dans l'analyse de KAKULE MUWIRI et KAMBALUME
KAHINDO97, on constate que la conception de l'association chez les
nandes part du principe que l'individu
96 KAKULE KAPARAY, Christian, Op.Ct., p.95.
est au service non seulement de la communauté parentale
mais aussi au service de la communauté villageoise. La communauté
parentale est celle où existe le lien de consanguinité.
Dès lors, les membres ou individus qui la composent vivent sous la
même loi, celle de la prohibition des rapports sexuels. La
communauté villageoise, au contraire part du principe que l'individu
comporte nécessairement deux dimensions, la dimension familiale et la
dimension sociale. Cette caractéristique lui confère un double
statut : il est membre d'un groupe familial déterminé et en
même temps membre ou citoyen de l'entité politico-administrative
où il habite. Le premier statut le présente comme membre d'une
communauté familiale donnée et le second comme membre d'une
communauté de territoire.
Chaque adulte suivant les obligations liées à
son sexe, est tenu de prendre part au combat, aux rites agraires et aux travaux
collectifs. Il est convié à assister aux séances de la
justice98 surtout si un membre de la communauté est
concerné. Il doit prendre part activement aux activités
nécessitées par la célébration d'un mariage du
membre. En outre, au niveau des activités d'entraide, un individu ou
membre de la communauté bénéficie du concours des autres
notamment dans des situations et activités qui l'engagent normalement
seul : transport de matériaux de construction, moissonnage, labour,
réception d'hôtes, maladie,... C'est pourquoi l'individu est tenu
à s'associer aux autres pour vivre en harmonie dans la
communauté. Le fait de ne pas s'associer peut le conduire à une
vie malheureuse. De cette logique naît l'esprit associatif qui serait
manifestement aujourd'hui la base des associations modernes dans les
territoires de Beni et Lubero.
2. Les associations modernes
L'histoire du mouvement associatif actuel des territoires de
Beni et Lubero est directement liée à celle du Nord-Kivu. Le
mouvement associatif a été d'abord animé par les leaders
paysans. Pour Kambale Malembe99, la première
génération était composée des paysans
mi-intellectuels et quasiment orientés vers le mouvement
coopératif. Ce qui est confirmé par Vahamwiti
Mukesyarira100 qui essaie de distinguer diverses périodes
marquant l'évolution du mouvement associatif. Durant la première
période, les premières
97 KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO,
Identité culturelle dans la dynamique du développement,
Académia Bruylant/Presses de l'Université Catholique du Graben,
Louvain-laNeuve/Butembo, 2002, pp.125-145.
98 Ici nous faisons allusion aux palabres
traditionnelles
99 KAMBALE MALEMBE, Joseph, Identité et
contribution des ONGD de Beni-Lubero au développement
socioéconomique. Cas du CAUB et de COTEDER, Mémoire,
Faculté des sciences économiques et de gestion, UCG, 2004-2005,
p.49.
100 VAHAMWITI MUKESYAYIRA, Leadership associatif et auto
promotion paysanne. Eude comparative des associations coopératives, des
comités villageois de développement et des radios clubs. Cas du
NordKivu/Zaïre, Mémoire de diplôme des Hautes Etudes des
Pratiques Sociales, Univesité de Lyon II, septembre, 1996.
associations identifiées relèvent du mouvement
coopératif. Elle s'étend jusqu'à la fin des années
70. Il distingue ensuite une série d'autres périodes suivantes
:
- 1945 - 1960, correspond à l'apparition du
coopératisme social avec le cas de la Coopérative des
Pêcheurs Indigènes du Lac Edouard.
- 1967, prolifération des coopératives, seule forme
associative acceptée après
l'interdiction de plusieurs mouvements sociaux par le
régime de Mobutu,
- 1979, somnolence de plusieurs coopératives suite aux
conséquences de la
démonétisation anarchique de la monnaie
Zaïre,
- 1985, renaissance du mouvement associatif grâce
à la présence de plusieurs organismes d'appui aux
coopératives. Cette année sera marquée par la
création de la FERCOOP ( Fédération Régionale des
Coopératives du Kivu) avec un accompagnement important de l'ONGD
Solidarité Paysanne oeuvrant à partir du Sud-Kivu à
Bukavu, avec la naissance de l'Union des Services pour la Promotion des
Coopérative (USPROCO Beni- Lubero) et la création du Conseil
Technique pour le Développement Rural (COTEDER) par un groupe des jeunes
finalistes de l'Institut Supérieur de Développement Rural de
Bukavu originaires des territoires de Beni et Lubero.
Bien qu'il exista des initiatives purement religieuses comme
le Bureau Diocésain de Développement (BDD) en 1972, connu
à cette époque sous le nom de Service de Développement
Diocésain (SEDIDE) , le mouvement associatif s'enracine dans les
années 80. La dynamique s'est amplifiée avec la crise
économique et sociale. Les jeunes diplômés sans emploi,
ainsi que les agents assainis de la fonction publique sont ainsi parmi les
initiateurs d'associations au statut d'ONG. La plupart de ces ONG ont
été installées d'abord dans le territoire de Lubero et ont
été en majorité actives dans l'encadrement paysan. La
situation a été renforcée par l'apparition des organismes
internationaux oeuvrant dans le domaine agricole. Il s'agit de la
Coopération canadienne en 1986, de l'ONG Agro Action Allemande (AAA)
depuis 1998 et depuis 2006 l'arrivée des Vétérinaires Sans
Frontières (Espagne et Belgique). Toutes ces associations avec statut
d'ONGD sont basées à Butembo mais avec des activités qui
s'étendent sur les deux territoires.
Du point de vue structurel, les associations et ONGD locales
présentent quelques caractéristiques qu'il convient de relever.
Kambale Malembe101 constate que dans les territoires de Beni et
Lubero, les ONGD se regroupent pour constituer des réseaux, collectifs,
conseils,... Ces regroupement sont constitués à la base ou en
amont par les Initiatives locales de Développement appelées ILD.
La plupart des ONGD, membres de
101 KAMBALE MALEMBE, Joseph, op.cit, p.52.
réseaux ou collectifs des territoires de Beni et
Lubero, ont comme caractéristique d'avoir soit un rayon d'action et un
secteur d'activités commun, soit s'unissent parce qu'ils ont un
même bailleur de fonds. D'autres se regroupent par une sorte
d'amicalité, selon l'origine (provenance), ou alors la formation
scolaire. Par ailleurs, certains se comportent en organisation d'appui plus
technique que financier parce qu'elles connaissent elles-mêmes des
difficultés financières.
A Beni c'est avec l'installation du Fonds International du
Développement Agricole de la coopération allemande (GTZ/FIDA) en
1996 et plus tard avec l'arrivée de Vision mondiale (World vision) que
les initiatives locales ont commencé.
Si à Butembo la plupart d'ONGD sont multi
fonctionnelles102, à Beni la spécificité a
été d'abord dans les droits humains et l'action humanitaire.
C'est avec la crise politique et l'afflux des déplacés dans la
ville de Beni en provenance de l'Ituri que plusieurs associations sont
nées sous l'appui des organisations internationales dont la plupart y
sont fonctionnelles depuis l'an 2000. Une dizaine d'ONG internationales y
travaillent jusqu'aujourd'hui. A titre indicatif, nous pouvons citer CESVI
(Cooperazione e Sviluppo entre 2002 et 2005), World Vision, Lutheran World
Federation (LWF), Oxfam/GrandeBretagne, le Conseil Norvégien pour les
Réfugiés (NRC), Solidarités Françaises,
Médecins Sans Frontières, Save the Children, Première
Urgence, les agences des Nations Unies comme la FAO, PNUD (Programme des
Nations Unies pour le Développement) et la Mission des Nations Unies au
Congo.
Ces organisations se concertent régulièrement
pour la mise en oeuvre et le suivi de leurs actions sur terrain. Dans la ville
de Beni, par exemple où est basé le bureau de coordination des
affaires humanitaires, OCHA, chaque association ou ONG a au moins une place
dans une de ses commissions. Cela renforce les activités de la
société civile. Dans le cadre de la synergie associative au sein
de la société civile, les activités sont plus
orientées vers le plaidoyer, les dénonciations, les
émissions radiodiffusées.
A Butembo où il n' y a pas de cadre de concertation
comme OCHA, les synergies entre associations se manifestent à travers
les partenariats et les projets mis en place à travers les
réseaux. Dans la mise en place la synergie, la coordination de la
société civile fait intervenir aussi les confessions
religieuses.
Toutes ces différentes associations produisent des
effets socioéconomiques. Leurs apports ne peuvent tout de même pas
conduire à ignorer les critiques et les limites qui les concernent. Nous
essayons d'illustrer cela par une étude des cas dans laquelle nous
102 A Butembo, où l'on trouve les sièges de la
majorité d'ONGD de cette région, les interventions sont
orientées vers l'accompagnement agricole, les microcrédits, les
droits humains, le développement communautaire, la lutte contre le
VIH-SIDA, violences sexuelles ...
analysons les apports et les limites de cinq associations
considérées selon nos critères comme ayant une tendance
religieuse. Il s'agit notamment pour l'Eglise catholique de trois associations
dont le réseau « Tuungane », l'association « waibrahimu
» et de l'ADLassomption. Pour le réseau protestant, de MAAMS et de
PEAC.
Conclusion partielle
En vue d'aborder l'étude de quelques associations
considérées comme ayant la tendance religieuse, il a
été nécessaire dans ce chapitre de présenter
d'abord le milieu d'étude, puis de passer en revue l'historique du
christianisme et de la société civile des territoires de Beni et
Lubero. Les points suivants peuvent être retenus.
Les territoires de Beni et Lubero sont occupés en
majorité par les nandes, une ethnie se trouvant à l'Est de la RD.
Congo. Les deux territoires quoi qu'étant occupés par un peuple
quasi homogène présentent des diversités sur le plan
physique, démographique, administratif, social et économique.
Dans leur évangélisation, ils ont connu trois
périodes essentielles, chacune ayant des caractéristiques
propres.
La période précoloniale marquée par la
tradition orale est celle pendant laquelle la population vivait les pratiques
religieuses traditionnelles. Cette période a connu les
expéditions de différents explorateurs occidentaux qui se sont
intéressés plus à la côte occidentale du Congo dans
la recherche des matières premières et la découverte des
certains cours d'eau. Dans ce sens, Beni et Lubero ont eu les prémisses
du christianisme en provenance de l'Est du pays, et ont subi notamment
l'influence des missionnaires basés en Ouganda.
La période coloniale, par contre est marquée par
la concurrence des missionnaires catholiques et protestants. Les uns se sont
heurtés aux difficultés climatiques qui ont occasionné
leur mort massive, alors que les autres, considérés comme
étrangers, ont connu des difficultés liées non seulement
à la marginalisation financière par le pouvoir colonial mais
aussi au leadership. Durant cette période, dans les territoires de Beni
et Lubero, les oeuvres missionnaires catholiques ont été
débutées essentiellement par les missionnaires de
Sacré-Coeur de Jésus. Abandonnées par ceux-ci, à
cause des diverses difficultés rencontrées, elles ont
été poursuivies par les pères assomptionnistes. Du
côté protestant, les missionnaires baptistes semblent avoir
gagné le terrain par rapport aux autres.
La période postcoloniale est marquée par les
crises sociales, économiques et politiques auxquelles les missionnaires
ont été confrontés. Elles ont été
causées par le pouvoir dictatorial régnant dans les années
60 et 70. Ces églises classiques dirigées par des
missionnaires concurrents, se sont retrouvées
défiées par les mouvements messianiques, les églises
évangéliques ou de réveil. Dans les territoires de Beni et
Lubero les églises évangéliques ou de réveil sont
portées par les agents de l'administration publique qui proviennent de
l'ouest du pays.
Outre les différentes mesures liées au programme
d'ajustement structurel des années 80, les crises sociales,
économiques et politiques de la deuxième république sont
également évoquées parmi les causes de l'éveil du
mouvement associatif au Congo. Au Nord-Kivu, et surtout dans les territoires de
Beni et Lubero, cela a été renforcé par l'oubli du pouvoir
central qui a presque tout abandonné à la population, mais
celle-ci a été épaulée par les confessions
religieuses et les oeuvres réalisées par ces dernières. Ce
qui marque pour nous le début effectif des activités de la
société civile dans ces deux territoires
CHAPITRE III
ETUDE DE
CAS
Dans le but de vérifier les différentes
hypothèses de base, ce travail se base sur une étude de quelques
associations auxquelles nous avons porté un intérêt
particulier. Elles peuvent être de tendance catholique ou protestante.
III.1 Les associations de tendance catholique
1. Le réseau TUUNGANE
a. Création
Le comité « Tuungane » est né en 1987
d'une initiative des quelques103 chrétiens de la paroisse
catholique de Lukanga dans le diocèse de Butembo-Beni avec l'appui du
curé, le prêtre italien Giovanni Piumatti qui vit en RD. Congo
depuis 1974. « Tuungane » est en fait un mot swahili qui signifie
unissons-nous. La pensée est née d'un autre comité de
développement communautaire « Projet Article 15-Lukanga » dont
les actions se limitaient à la circonscription paroissiale. Ce dernier
avait des actions essentiellement orientées vers la transformation des
produits agricoles, notamment les céréales. Il s'agissait
principalement d'installer des moulins dans différents secteurs
paroissiaux. Pour rappel, avant 1982, les habitants de cette paroisse
recourraient aux mortiers et pierres polies pour moudre les
céréales et les cosettes de maniocs.
D'autres activités importantes étaient
également réalisées, dans les soins de santé
primaires, l'alphabétisation, la constitution d'une banque des semences
« kighona »,... Les semences des haricots, maïs et soja
étaient d'abord multipliées dans le champ communautaire de la
paroisse dont les travaux étaient exclusivement réalisés
par les fidèles de façon bénévole.
Les autres comités de développement des
paroisses voisines ont été attirés par les principes et
les méthodes du « Projet article 15 ». Ils sont d'abord venus
participer à ces réunions pour pouvoir ensemble échanger
les expériences, approfondir certains principes et se soutenir
mutuellement dans le domaine du développement communautaire.
Très vite, ce petit groupe de volontaires s'est
transformé en une vraie assemblée qui attirera
spontanément un très grand nombre de comités de base.
Il faut aussi mentionner que le projet d'installation des
moulins et turbines a plus intéressé les autres comités de
développement tant paroissiaux que non paroissiaux. Alors que les
assemblées générales du projet article-15 se tenaient
chaque dernier samedi du mois à la paroisse de Lukanga, une nouvelle
fenêtre a été ouverte pour les projets qui ne
sont pas liés directement à celle-ci et pour
éviter des confusions. Ce qui marqua le début des
assemblées générales du comité Tuungane. Ceux qui
se sont manifestés pour la première fois ont ainsi
constitué le premier comité104. Chaque paroisse et
toute organisation membre ayant souscrit à ce comité devait
participer aux différentes réunions qui se tenaient dans la salle
polyvalente de la paroisse à Lukanga le premier jeudi du mois.
Aujourd'hui, les réunions se tiennent à Kimbulu où le
siège de l'organisation a été transféré.
Bien que Tuungane se soit inspiré d'un comité de
développement paroissial, Article 15, l'organisation se déclare
laïque : elle se dit être non religieuse.
Cependant, lorsqu'on analyse certains projets
réalisés sur des terrains paroissiaux, on a tendance à
croire que le penchant vers l'église catholique n'est pas à
écarter. Les financements dont l'organisation a
bénéficié de la part des organisations religieuses comme
Misereor confirment cette tendance.
b. Activités et fonctionnement
«Tuungane» comme réseau, fonctionne sous le
statut d'association sans but lucratif. L'organisation fonctionne dans toute la
province du Nord-Kivu et, dans ce rayon d'action, vise notamment à
renforcer le développement au niveau de la base par la mise en oeuvre
des principes d'échange d'idées et d'expériences dans le
domaine du développement communautaire. De façon
particulière, il s'agit d'organiser des rencontres
régulières avec d'autres organisations locales, des voyages
d'échange, la facilitation et l'installation des microcentrales pour
activer les moulins et/ou produire le courant électrique, organiser des
activités tant sociales qu'économiques, comme l'ouverture des
cantines des pièces de rechange pour la maintenance des turbines et
moulins installés, les soins de santé et l'éducation
communautaire,...
Avec l'évolution de la situation politique et
sécuritaire du pays, Tuungane a ajouté d'autres objectifs,
notamment la libération des personnes arrêtées parmi les
membres des organisations qui composent le réseau. A cela s'ajoute la
résolution pacifique des conflits, en faisant contrepoids au pouvoir
pour faire entendre les voies de la population. Les organisations membres sont
issues des milieux ruraux. A Lukanga, sur 36 personnes enquêtées
en juillet 2007, 19 pensent qu'il est important de s'associer pour
résoudre les problèmes dépassant les efforts individuels.
Soit environ, 53% des enquêtés de ce milieu. Aussi, pour eux le
fait d'être des simples villageois avec le droit et la possibilité
de s'exprimer, de se faire attendre auprès des autorités
politiques et administratives à travers
104 Le premier comité est constitué de
l'abbé Giovanni Piumatti (curé de la paroisse Lukanga), Simon
Katsuva(de Kibirizi), Madame Mowa (de la paroisse catholique de
Lubango),Muhindo Maliro de Bukununu, Musongya de Kalunguta, Madame Ngima de
Magheria, et Ephrem Syasaka de Lukanga.
Tuungane leur donne la joie et le courage de se rencontrer. Il
s'agit d'une occasion de traiter aussi des problèmes relatifs à
la citoyenneté. C'est le cas en 2005 et 2006, où les membres de
cette organisation ont été sensibilisés en vue des
élections présidentielles et législatives qui ont eu lieu
en R.D. Congo.
Les projets, ou encore mieux les activités de «
Tuungane », naissent des facteurs sociaux, économiques et
politiques qui plongent les paysans dans une vie précaire. C'est dans
cette optique que le réseau tente de pallier à cette situation.
Pour les responsables de ce réseau, c'est à l'Etat congolais
qu'appartient de résoudre les difficultés auxquelles est
confrontée la population. En exécutant ces projets, il ne s'agit
pas de remplacer l'Etat mais de répondre de manière provisoire et
urgente aux besoins locaux.
En ce qui concerne les membres, environ 300 associations
d'adhéranst sont représentées par leurs comités de
développement. Tuungane tient compte des questions transversales. Il
s'agit notamment de la représentativité des femmes dans
l'organisation. Leur participation massive lors des assises témoigne de
leur implication. Ainsi, un sous groupe appelé EPAM, Energie Propre aux
Mamans, a été créé à cet effet. Il s'agit
d'un ensemble de comités de développement qui se retrouvent dans
cette organisation mais qui ont déjà un moulin fonctionnel. Ce
sous groupe a aussi un comité élu, non pas par l'Assemblée
Générale du réseau Tuungane mais par des
délégués des comités ayant déjà des
moulins opérationnels, membres de l'EPAM.
L'image suivante illustre la participation de femme aux assises
de Tuungane :
![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r3.png)
Image n° 2: visibilité des associations lors de
l'Assemblée générale
Source : Galerie Beni-Lubero Online
![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r4.png)
Source: Photo Fabrizio Rosa Brusin, ASMO- onlus
Image n°3 : Participation des femmes aux assises
Comme toute organisation les membres ont des droits et des
devoirs. En recoupant les réponses des membres, quelques unes sont
revenues avec répétition. Dans les assises, les membres
enquêtés confirment à 100% qu'ils ont droit à la
parole; tout membre peut se
porter candidat pour être élu dans les
différentes commissions et à la tête de l'organisation ,
bénéficier des faveurs du réseau, être
informé de tout ce qui s'y passe, bénéficier de
l'assistance du réseau en cas de problèmes, etc.
Ce recoupement des informations englobe en fait les sept
principes coopératifs énumérés par Catherine
Davister et Sybille Mertens105 : l'adhésion volontaire et
ouverte à tous, le pouvoir démocratique exercé par les
membres, la participation économique des membres, l'autonomie et
l'indépendance, l'éducation, la formation et l'information des
membres, la coopération entre les coopératives et l'engagement
envers les coopératives.
Ces principes ne signifient pas que le réseau «
Tuungane » est une coopérative, mais qu'à travers les droits
et devoirs des délégués qui participent aux
assemblées se dessine un esprit coopératif entre ceux-ci. Ce qui
nous permet de classer cette association parmi les composantes de
l'économie sociale. Pour rappel, l'économe sociale106
a comme composantes majeures, les associations sans but lucratif, les
coopératives et les mutuelles. D'autres composantes sont
également ajoutées. Il s'agit des organisations non
gouvernementales, des fondations, des organisations des volontaires et des
organisations qui oeuvrent dans le commerce équitable.
Au sujet des réalisations de « Tuungane », en
analysant davantage leurs actions, nous nous sommes rendu compte que
l'organisation est plus orientée vers la transformation. Elle cherche
à doter ses comités membres des turbines et moulins. Le tableau
suivant illustre les différentes réalisations de Tuungane.
Tableau n°3 : dotation des moulins et turbines aux
comités de développement membres de Tuungane
|
Donateur
|
Nombre installé
|
CEE107
|
MISEREOR108
|
Donateurs italiens
|
Moulins
|
0
|
37
|
53
|
90
|
Turbines
|
5
|
0
|
0
|
5
|
Source : archives du réseau Tuungane.
105 DAVISTER, Catherine & MERTENS, Sybille, La
coopérative d'épargne et de crédit (COOPEC). Une
entreprise pas comme les autres : fascicule. Centre d'économie
sociale/Ulg, Cera Foundation, Leuven, s.d., p. 13.
106 DEFOURNY, Jacques, Séminaire d'économie
sociale. Dossier de lectures. Université de Liège, 2007-
2008.
107 La Communauté Economique Européenne, CEE, est
l'actuelle Union Européenne, UE.
108 Les moulins financés par Misereor sont
installés à Mihake/Luotu , Kasongwere/Magheria, Bisusuti, Nyondo,
Mataba, Mabuku, Hutwe, Kaseghe, Vwimbi, Vukendo, Kauli lac,Kirirya, Munoli,
Katolu, Kasinzwe, Kabasha, Mambingi, Mambasa/Alimbongo, Mutendero, Vusamba,
Mabambi, Katolo, Bambu, Katondi, Mubana, Vuyinga, Mutwanga, Mangurejipa,
Kiribata, Masereka Sayo, Kibingu, Biambwe, Lisasa, Beni, Vulambo/Isale,
Somicar, Vahyana/Muvugha, Kimbulu.
Pour les réalisations, l'organisation estime que 90
moulins sont installés dans son rayon d'action. Durant la période
1997-1998, on compte 37 moulins installés par le réseau dont le
financement est en partie local mais aussi par le concours de l'ONG catholique
allemande Misereor. Durant la même période 5 turbines pour fournir
l'électricité ont été installées avec
l'appui de la Communauté Economique Européenne à Lubango,
Kipese, Mbingi, Kibirizi et Masereka.
De façon générale ces turbines sont
installées dans les concessions des paroisses ou sous leur
responsabilité. Cela peut se justifier soit par le fait que, le
prêtre étant très influent en milieu rural en RD Congo,
surtout dans le diocèse de Butembo-Beni, peut proposer au comité
de développement de réaliser les activités sur un terrain
paroissial. C'est le cas d'un canal conduisant à une turbine ou à
un moulin qui nécessite un espace. Le plus souvent dans les milieux
peuplés comme dans la région maraichère de Lubero, seules
les paroisses peuvent avoir la capacité d'avoir un terrain pour de
telles activités. Le projet peut avoir aussi été introduit
par le comité de développement paroissial lui-même. Le
risque est que cela peut conduire à des conflits d'appropriation dans
l'avenir étant donné que la logique des paroisses peut
différer de celle de la population qui est bénéficiaire du
projet. En fait, à Lukanga par exemple, on a recueilli les propos
suivants :
« les paroisses ont tendance à s'approprier
nos réalisations bien qu'un ancien prêtre peut avoir
contribué à sa réalisation. Cela se voit souvent quand
c'est le terrain de la paroisse va abriter le projet
109».
Cette déclaration nous paraît vraie dans la
mesure où la logique de mutation ou de remplacement des prêtres
dans une paroisse peut bouleverser les activités de développement
s'il s'avère que celui-ci constitue le pilier du projet. Il faut souvent
beaucoup des temps pour que les fidèles s'habituent aux nouveaux
prêtres. La logique du bénéficiaire souvent peut
différer de celui de l'intermédiaire. Dans ce cadre, le
prêtre est considéré comme un intermédiaire entre le
donateur et/ ou le réseau Tuungane. Il fait le pont avec le donateur. Le
prêtre sait comment on monte un projet, les autres étant en
général analphabètes. Souvent, son statut social lui
permet d'entrer facilement en contact avec les chefs coutumiers locaux,
propriétaires terriens. Sa capacité de faire le plaidoyer
auprès des chefs coutumiers pour obtenir un terrain le rend
incontournable dans la réalisation du projet. En fait, pour des projets
d'installation des moulins ou de microcentrales, le plus souvent le terrain est
considéré comme une contribution locale des
bénéficiaires.
109 Propos d'un enquêté membre de Tuungane à
Lukanga. L'enquêté a préféré l'anonymat.
Le projet le plus récents qui montre des divergences
entre les logiques des responsables paroissiaux et les
bénéficiaires est celui des dentisteries de Lukanga et de
Kimbulu. Pour les enquêtés, le fait qu'il n'est pas facile de
contrôler le bien installé sur le terrain paroissial, les
populations désireuses de ces projets ont décidé
d'installer ces dentisteries hors concession paroissiale. L'objectif de cette
investigation n'est pas d'analyser les types des conflits engendrés par
les projets communautaires. Mais on ne peut tout de même pas passer cela
sous silence.
En fait, dans les réalisations de Tuungane, une
dentisterie a été installée à Lukanga et une autre
est en cours à Kimbulu. Au regard du tarif en vigeur dans la dentisterie
de Lukanga en comparaison avec d'autres plus proches, comme celle du centre
médical anglican de Butembo, on peut se rendre compte que
l'activité est purement sociale. Le tableau suivant donne les
différents prix en vigeur dans ces deux dentisteries selon le type de
service dont le patient bénéficie.
Tableau n°4 : Comparaison des prix : dentisterie de
Lukanga et Centre anglican de Butembo en $US.
Services
|
Dentisterie de
Lukanga
|
Centre médical
anglican de
Butembo
|
Variation
des prix en %
(1ère classe)
|
Variation
des prix en %
(2ème classe)
|
1ère
classe
|
2ème
classe
|
1ère
classe
|
2ème
classe
|
Arrachage d'une dent
|
2
|
1,5
|
4
|
2
|
100
|
33,3
|
Plombage de
dent
|
10
|
2
|
25
|
20
|
150
|
900
|
Nettoyage des
tartres
|
4
|
0,5
|
20
|
10
|
400
|
1900
|
Prothèse
|
20
|
12
|
30
|
20
|
50
|
66,7
|
Source : dentisterie ASMO/Lukanga et Centre
médiacal anglican de Butembo
Le tableau précédent montre que le tarif de la
dentisterie de Lukanga installée par l'association « Tuungane
» est de loin inférieur à celui du centre médical
anglican de Butembo qui sont deux dentisteries séparées de 40
km.
Le prix de la dentisterie anglicane basée à
Butembo est toujours élevé. L'arrachage simple augmente de 100%
pour la première classe alors qu'il est de 33,3% pour la seconde.
Toujours par rapport à la première et à
la seconde classe, les prix du plombage augmentent respectivement de 150% et
900%. Pour le nettoyage des tartres, les variations sont respectivement de 400%
et 1900%. Enfin, le coût de la mise d'une prothèse dentaire
augmente de 50% pour la première classe et de 66,7% pour la seconde.
En ce qui concerne les prix, les différences sont
énormes . Chaque dentisterie définit les classes de ses clients
dans sa politique des prix discriminatoires. Pour la dentisterie «
Tuungane » par exemple, tout client résident à Lukanga et/
ou venant d'un milieu rural proche est considéré comme n'ayant
pas les moyens. Il est considéré comme faisant partie de la
deuxième classe. Tout client venant d'un milieu urbain comme Butembo et
Beni, pour se faire soigner à Lukanga est supposé avoir des
moyens. Celui-ci est classé directement dans la première
classe.
Pour les anglicans, d'autres critères entrent en ligne
de compte pour la différenciation des prix. Il s`agit du statut social
du client, de sa profession, ... Ainsi, un enseignant de Butembo n'est pas de
la même classe qu'un commerçant. Par ailleurs, quelle que soit la
dentisterie,le prix est fonction du soin et des produits pharmaceutiques
appliqués.
Certes, la comparaison entre ces deux centres pris dans deux
milieux non homogènes (rural et urbain) peut sembler non conforme. Pour
justifier cette comparaison, nous partons de l'hypothèse selon laquelle
les deux dentisteries ont presque le même rang et qu'il n'y en a pas
d'autres dans la région. Dans cette logique, le client (paysan ou non)
pouvait tout de même se rendre à Butembo pour poursuivre le
même type de soins si « Tuungane » n'avait pas
réalisé le projet. Quel que soit son pouvoir d'achat, il
consentirait plus de sacrifices pour se faire soigner.
c. Les acteurs de « Tuungane »
Le réseau « Tuungane » fait intervenir
plusieurs acteurs dans ses activités tantôt internes, tantôt
externes. Les acteurs internes sont les membres ou comités de
développement qui le constituent. Ces comités sont formés
essentiellement des paysans. Ils sont souvent consultés à la base
pour réaliser un projet. En tant que participants locaux à un
projet, ils interviennent, par exemple, pour tracer un canal, déblayer
le terrain, transporter le sable pour la construction d'une turbine,... Le
rôle des chefs coutumiers dans les activités est capital. Comme
propriétaires de terre, ils sont consultés pour mettre à
la disposition de différents comités de développement des
espaces où se réalisent les différents projets.
Parmi les acteurs externes, Tuungane collabore plus avec les
associations et volontaires italiennes. Il s'agit par exemple du Rotary Club de
Butembo qui reçoit les dons du Rotary Club de Lecce, une ville
italienne. A cela s'ajoute Misereor et la CEE.
Images 4 &5 : Remise des matériels par le Rotary Club
effectuée par le docteur Mundama Jean-Paul
![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r5.png)
![](Mouvement-associatif-et-dynamique-de-developpement-au-nord-Kivu-cas-des-associations-de-tendance-r6.png)
Source : Galerie photo Beni lubero Online
La collaboration de ce réseau avec la coordination de la
société civile de Lubero est
très étroite. Les personnes contactées
lors de notre enquête affirment à 67% que la
coordination de la société civile ne les consulte
pas pour ses activités. Elle se contente
souvent de consulter quelques personnes influentes du
réseau, comme l'abbé Giovanni
pour s'enquérir de la situation sécuritaire et
des violations dont la population est victime.
Pour les enquêtés, il serait
préférable que les responsables de cette coordination
participent
aussi aux assemblées générales pour
recueillir le maximum d'informations sur les
problèmes du milieu étant donné que les
participants viennent des plusieurs coins reculés.
Cette situation peut se lire dans les déclarations de
l'abbé Malumalu. Selon lui,
«Le concept société civile est
très récent dans les territoires de Beni et Lubero. Il y a des
poussées vers le droit de l'homme. La tentative de restructuration de
cette organisation se fait sentir au niveau local. Malheureusement, celle-ci
est limitée car les gens ne sont pas dans la dynamique politicienne, ils
sont plus capitalistes. Ils veulent bien le changement dans le
développement et droit de l'homme, dans le syndicalisme. Actuellement,
à Butembo, il y a tentative d'intégration abusive de
l'église, des ONG et de la Fédération des Entreprises au
Congo. De plus il y a une fragmentation et des replis stratégiques,
chacun veut maintenant à se réunir de son côté. La
société civile se
réunit d'une manière opportuniste. Elle a du
mal à remorquer avec elle l'intérieur des
territoires110 ».
Cette déclaration donne raison à ceux qui
accusent la société civile d'être une affaire des citadins
et d'urbains. Bien que la coordination parle au nom de la population de Lubero,
sa légitimité est ainsi remise en question. Comment alors la
société civile arrive-telle à faire le contrepoids au
pouvoir si les personnes qu'elle défend ne reconnaissent pas en elle ce
rôle ?
Cette question reste en suspens car pour se prononcer, il
serait nécessaire de recueillir le maximum d'informations en utilisant
un échantillon stratifié et le plus représentatif
possible. Toutes les couches sociales doivent ainsi faire l'objet de la
consultation.
A la question de savoir quel rôle l'Etat congolais joue
dans la réalisation des projets de Tuungane, les responsables
contactés pensent qu'il se limite à donner les documents
légaux autorisant le fonctionnement de l'organisation. Aucun subside de
l'Etat envers cette organisation n'est signalé. Les différents
services administratifs se limitent donc à fournir à «
Tuungane » les autorisations de réaliser un projet qui, du reste,
sont aussi payants. Aucune autorisation n'est gratuite. Il s'agit du service
des affaires sociales qui normalement encadre toutes les associations sans but
lucratif. D'autres services interviennent, comme le Ministère de la
Justice pour l'octroi de la personnalité juridique, le Ministère
de Plan à travers sa division provinciale qui identifie les ONG sur un
terrain donné. L'Etat congolais se présente, dès lors,
comme un acteur qui se réduit à la fourniture des documents
administratifs et obtenir des recettes, alors que les besoins sur le terrain
sont multiples.
110 Notre entretien avec l'abbé Apollinaire Malumalu le,
27 février 2008, lors de son passage à l'Université
Catholique de Louvain.
2. Les « Waibrahimu »
a. Création.
L'association « waibrahimu » est une association
purement religieuse créée en 1995 à Lukanga pour essayer
de résoudre les conflits fonciers observés dans la région
maraîchère de l'Est de la RD. Congo. Le nom waibrahimu est un mot
swahili qui signifie litéralement les « Abraham ». Les
initiateurs du projet sont entre autres l'abbé Giovanni Piumatti,
Ntotole, Janvier, Michel Kalinga, Angelus Mulumemukuhi, Joseph Mwenge, Ephrem
Syasaka, Muhasa, Léonard et Bosco. Inspirée de l'histoire
d'Abraham qui reçut de Dieu l'ordre de quitter son pays ou sa patrie
pour aller là où l'Eternel l'indiqua. C'est ainsi que les membres
ont décidé de dénommer cette association111.
L'association a pour projet de sensibiliser la population
vivant dans les Hautes Terres de Lubero à migrer vers les Basses Terres
où l'accès à la terre est plus facile. L territoire de
Lubero étant confronté aux conflits fonciers, l'idée du
projet est de montrer à la population que la vie ne se limite pas
seulement à son milieu d'origine et qu'on peut trouver le bonheur
ailleurs. En fait, selon Koen Vassenroot et Timothy Raeymaekers112,
90% de la population vivant de l'agriculture, les conflits fonciers à
l'Est de la RD. Congo s'expliqueraient par la pression démgraphique et
la guerre. Cepedant, poursuivent-ils, dans la région la guerre n'a fait
qu'accentuer le problème serieux de gestion de la terre.
Il est intéresant ici de rappeler que plusieurs
facteurs sont à la base des conflits fonciers dans le territoire de
Lubero . Tout d'abord, l'accroissement rapide de la popualtion serait la
principale cause du morcellement des terres, alors que les espaces disponibles
restent les mêmes. Le même lopin de terre legué par un
ancien parent est morcelé entre les descendances. Il suffit de deplacer
les limites d'un lopin de terre pour qu'un conflit interminable éclate
entre deux voisins. Anselme Paluku Kitakya113 met un accent sur les
facteurs d'émergence liés à la vente de la terre. Dans ses
recherches, il estime que divers facteurs suivants expliquent la vente de
terres et conduisentt souvent à des conflits fonciers :
- La pauvreté due à la baisse des prix des produits
agricoles et à la déterioration des termes de l'échange
entre produits manufacturés et produits agricoles.
- La multiplication des besoins.
111 Sur le dépliant de Waibrahimu, on peut voir
facilement la référence ayant inspiré leur association.
Genèse 12 ,13 :8. Ces versets sont relatifs à l'histoire à
la migration d'Abraham qui cherchait la terre lui indiquée par Dieu.
112 KOEN VLASSENROOT et TIMOTY RAEYMAEKERS, Conflits et
transformation sociale à l'Est de la RDC, Academia press,
Universiteit Gent, 2004, p.80.
113 PALUKU KITAKYA, Anselme, Op.Cit., p.136.
- La polygamie conduit certains membres de la famille à
requérir la division du patrimoine familial.
- Les conflits de pouvoir et de gestion de redevances conduisent
à la cession des terres familiales.
- L'absence des titres fonciers légaux fait que les
chefs terriens remettent en cause les conventions foncières, exproprient
les parcelles des vassaux et les vendent aux nantis. Cette situation est due
à la non-effectivité de la loi foncière et/ou à la
dualité de la gestion foncière114.
- L'avancée rapide de l'urbanisation conduit les chefs
terriens à vendre les terres dans les campagnes envoisinant les villes
et les cités.
- L'épuisement de la fertilité des sols lié
aux mauvaises techniques culturales. - L'ignorance de la loi et de la coutume
foncière.
- La cupidité des chefs terriens.
- Les mésententes au sein des familles des chefs
terriens.
- Enfin, le non paiement des redevances par certains paysans qui
estiment ne pas
produire assez pour obtenir une chèvre et/ou poule sur le
marché qui est utilisé dans
la coutume nande pour s'acquiter de son devoir auprès des
chefs terriens.
C'est dans ce contexte que l'association Waibrahimu a
été créée pour essayer de
résoudre le problème des conflits fonciers dans le
territoire de Lubero. La création de
l'association « waibrahimu » est liée donc aux
facteurs démographiques et économiques
qui conduisent aux conflits fonciers. D'autres facteurs s'y
ajoutent : les facteurs culturels et
judiciaires. ce dernier facteur est soutenu par les propos de
Anselme Paluku qui dit :
« C'est dans le cadre de la gestion et du jugement
des litiges fonciers et de la vulgarisation de la loi foncière que
l'administration judiciaire intervient dans le domaine comme des
véritables prédateurs d'argent auprès des justiciables. La
durée de gestion de certains dossiers se trouve inutilement
allongée et des jugements subjectifs peuvent être rendus à
la faveur des parties les plus offrantes ».
b. Organisation et réalisations
Pour encourager la population à se déplacer et
pour que celle-ci s'approprie le projet, l'abbé Giovanni Piumatti avait
décidé de démenager de Lukanga vers Muhanga (Bunyatenge)
dans le Sud de Lubero. Selon certaines informations, le lieu d'acceuil
était une région minière anciennement sous le
contrôle d'une entreprise allemande. Tout en étant à
Lukanga, l'abbé Giovanni va amorcer la construction des quelques
maisons
pouvant servir de logement pour faciliter le lancement du
projet. Il s'agissait de préparer des infrasructures de base pouvant
encourager la population: une école, un centre de santé bien
équipé, une chapelle, une salle polyvalente, une
microcentrale...
Quelques temps après, les membres fondateurs ont
été rejoints par d'autres ménages ayant
décidé de souscrire au projet. Aujourd'hui le nombre des
ménages qui ont déménagé et adhéré au
projet est estimé à 200 venus non seulement de Lukanga mais
surtout de Masereka et Kayna. A cela s'ajoutent 500 autres ménages
autochtones. A l'arrivée, un champ d'au moins un hectar devrait
être attribué au migrant. Les femmes rejoignaient leurs
époux après la prémière
récolte115.
Cette stratégie a été adoptée pour
faciliter l'adaptation et, plus spécialement, pour ne pas perturber
l'année scolaire des enfants qui devaient migrer avec leurs parents.
Toutes les structures sociales préparées ont comme personnel des
enseignanst et des infirmiers venus de Lukanga et payés par
l'abbé Giovanni. Le projet semble avoir eu des donnateurs en Italie,
pays d'origine de ce dernier. La plupart des enfants qui ont
déménagé pour étudier à Muhanga ont
été jumélés à quelques familles italiennes
pour le paiement de leurs frais scolaires. 25 à 30 tôles ont
été mises à la disposition des méganes pour la
construction de leurs habitats car au début les hommes migrants
passaient la nuit dans un foyer social, une maison commune, construite à
cet effet. Tout chef de ménage qui a rempli sa maison a aussi droit au
courant électrique.
c. Les acteurs de l'association « Waïbrahimu
».
Pour les acteurs de ce projet, il y a lieu aussi de distinguer
les acteurs internes et externes.
Pour cette association, les acteurs internes sont à
100% les paysans. Les membres adhérents sont tous les migrants qui
souscrivent au projet. L'abbé Giovanni joue ici le rôle de
catalyseur. Comme le projet est essentiellement du domaine agricole, les chefs
coutumiers interviennent pour que les migrants accèdent à la
terre.
Au niveau externe plusieurs acteurs sont à signaler. En
plus de la fourniture des semences et autres intrants agricoles, l'ONG
internationale Agro Action Allemande (AAA) a joué également un
rôle capital dans la réhabilitation de la route qui relie Muhanga
à la cité de Lubero. Comme dit précédemment, les
ménages venus de Lukanga ayant des écoliers
bénéficient du jumelage avec les familles italiennes. La paroisse
catholique piémontaise Pinerolo est intervenu dans la fourniture du
matériel pour la mise en place des
115 Nous avons eu des difficultés de trouver les
quantités réelles produites par ces ménages bien qu'ils
estiment être capables de produire chacun 10 sacs de 100Kgs de haricots
sur le champ obtenu. L'association ne tient pas des statistiques de la
production agricole de ses membres, statistiques qui peuvent faciliter
l'analyse de l'impact du projet au regard des résultats obtenus.
infrastructures de base. Une dizaine des volontaires
italiens116 y arrivent chaque année pour donner un soutien
aux structures sociales qui maintiennent les « waïbrahimu » sur
place.
Le rôle de l'Etat dans ce projet est analysé ici
de façon négative. En effet, depuis les guerres de l'est du
Congo, la localité de Muhanga/Bunyatenge est confrontée à
une insécurité totale. Dans les forêts avoisinantes, on
sigale la présence non seulement des rebelles rwandais
considérés comme génocidaires mais aussi des
maï-maï qui pillent les récoltes de la population.
Actuellement, les « waibrahimu » se trouvent dans la
difficulté de nourrir leur famille. Les champs ne sont plus entretenus
parce que les hommes craignent de se faire enlever dans leurs champs par des
inciviques et autres rebelles vivant dans la forêt congolaise. Lorsqu'ils
tentent d'entretenir leurs champs quelle que soit la situation, ils sont
accucés par les autorités administratives de nourrir les rebelles
et forces négatives et d'être en conivence avec eux. Les «
waïbrahimu » se retrouvent ainsi entre le marteau et l'enclume.
3. L'association ADL-assomption : Appui au
Développement Local
a. Création
ADL-assomption est une asbl créée par les
pères assomptionnistes de Butembo depuis 2001 dans le but non seulement
d'appuyer et d'accompagner la population dans l'amélioration des
conditions de vie et dans la promotion des valeurs humaines mais aussi pour
auto-promouvoir les communautés de base défavorisées. Son
rayon d'action statutaire est la province du Nord-Kivu. Elle est pour le moment
opérationnelle dans les territoires de Beni et Lubero, plus
spécialement dans les villages de Vuvatsi, Kitovo, Musingiri, Musienene,
Bunyuka, Butuhe, Kivetya et Munoli.
L'initiative est venue des pères assomptionnistes qui,
lors de leur apostolat dans les paroisses, ont découvert les besoins
énormes auxquels font face les chrétiens dans le domaine de la
sécurité alimentaire, l'habitat, la santé et
l'alphabétisation des jeunes. L'intervention auprès de la
population à travers ces domaines permet aux assomptionnistes de
concilier l'aspect spirituel des fidèles à l'aspect
matériel.
b. Organisation et réalisations
ADL fonctionne comme une association sans but lucratif
régie par la loi congolaise. Pour son fonctionnement, elle a des organes
qui lui permettent d'exécuter ses activités. Il s'agit de
l'assemblée générale qui comprend les différents
groupes membres fondateurs.
116 Les volontaires italiens suivants sont les principaux
acteurs du projet : Giampaolo (dentiste), Marco Rocco(dentiste),Tamara
Andiloro(hygiéniste), Marina(enseignante), Pinuccio (agriculteur),Nino
(ingénieur informaticien), Iolanda (infirmière), Diego
(laborantin), Donata (vétérinaire), Piero Iemolo
(médecin),Baldino(chimiste), Fulvio (dentiste), Paola (dentiste),
Lama(hygiéniste),
Sergio(médecindentiste),Tonino(prothésiste),Graziella(infirmière),Elia(professeur
des mathématiques) et Fabrico (prothésiste).
Ces groupes de base se trouvent dans les villages où
l'association intervient. Le conseil d'administration est assuré par les
pères assomptionnistes. D'autres organes s'y ajoutent, notamment la
commission de contrôle, la direction générale, le service
d'animation et d'autofinancement.
Depuis sa création, l'association a déjà
plusieurs réalisations que nous pouvons porter à l'actif de son
bilan. Il s'agit de 345 ménages formés dans les techniques
agricoles et obtenant des fournitures de semences, une microcentrale
hydroélectrique installée à Vuvatsi et l'adduction de 22
sources d'eau potable. L'association dispose d'un centre d'initiation aux
métiers et développement appelé CIMEDE à travers
lequel elle intervient pour encadrer les jeunes désoeuvrés. On
rencontre dans ce centre l'atelier de formation à la coiffure, l'atelier
de cordonnerie et celle de peinture. Pour réaliser ces activités,
l'association a été entièrement financée par les
pères assomptionnistes de Kambali. Aujourd'hui l'association
s'autofinance avec les recettes tirées de ses activités. Les
différentes activités emploient un total de 22 personnes
salariées payées avec les recettes qui proviennent des
activités, surtout les ateliers de coiffure, de cordonnerie et de
peinture.
c. Les acteurs de ADL- assomption
Les principaux acteurs de cette association sont d'abord les
initiateurs, les pères assomptionnistes de Butembo qui y apportent
beaucoup des moyens et du temps pour sa réussite. Les organisations de
base (O.B.) se trouvant dans les villages, ainsi que les paroisses catholiques
où elles se localisent, jouent un rôle primordial dans ces
activités. Elles lui fournissent les informations pratiques permettant
d'avoir les données sur la situation sociale et économique du
milieu. L'association bénéficie de l'expertise des
étudiants de l'Institut Supérieur Emmanuel d'Alzon de Butembo
(ISEAB), une institution créée par les pères
assomptionnistes. Jusqu'à présent, l'association ne collabore
avec aucune autre association. Elle intervient moins dans les activités
de la société civile.
III.2. Les associations de tendance
protestante
1. L'association MAAMS
a. Création
MAAMS, est une association sans but lucratif, asbl, qui
signifie Multi Actions d'Assistance aux Marginalisés et aux
Sinistrés. Créée le 31 janvier 1998, l'organisation a
comme objectif de :
- Assister en soins de santé primaires les personnes
vulnérables, les sinistrés (victimes de guerre et de
catastrophe), les détenus, les orphelins, les veuves, les personnes
vivant avec le VIH/SIDA et les personnes âgées.
- Assister et défendre les droits des enfants
abandonnés, les personnes en situation particulièrement difficile
notamment les sourds, les muets, les lépreux, les personnes vivant
seules, etc.
- Assister les détenus dans la protection de leurs droits
et liberté.
- Promouvoir les activités artisanales et centres
d'apprentissage professionnel.
- Initier les actions de développement afin
d'alléger la tâche de la femme des milieux
ruraux.
Selon les membres fondateurs, sa création a
été inspirée d'un verset biblique qui dit :
« Alors le roi dira à ceux qui seront assis
à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père
; prenez possession du royaume qui vous a été
préparé dès la fondation du monde. Car j'ai eu faim, et
vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez
donné à boire ; j'étais étranger, et vous m'avez
acceuilli ; j'étais nu, et vous m'avez vêtu ; j'étais
malade, et vous m'avez rendu visite ; j'étais en prison et vous
êtes venus vers moi. Les justes lui repondront : Seigneur quand
t'avons-nous vu ?[...]Et le roi leur repondra : je vous le dis en
vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à
l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que les
avez
faites »117.
Ce passage biblique est un condensé des objectifs de
MAAMS. Toutes les activités réalisées tournent ainsi
autour de cette logique.
Ces activités sont exécutées pour trouver
des solutions alternatives aux problèmes urgents. Ces problèmes
sont causés par les facteurs politiques et humains (la geurre et le
VIH/SIDA), les facteurs naturels ( les catastrophes), les facteurs sociaux et
économiques (pauvreté),etc.
b. Organisation et rélisations.
Le MAAMS fonctionne comme une asbl avec des documents
légaux délivrés par le Ministère des Affaires
Sociales, celui de la Justice et le Ministère de Plan118.
Dans ses statuts, l'organisation prévoit des organes qui sont
l'assemblée générale, le conseil d'administration, le
commissariat au compte et le secrétariat exécutif.
Dans la plupart des cas, au début de la journée
les activités de cette asbl commencent par les prières
organisées par le personnel. En relevant les activités et
réalisations importantes, on peut classer celles-ci en cinq volets
d'interventions. Il s'agit des activités
117 La Sainte Bible, Mathieu 25 :34-40, Société
Biblique de Genève, Genève/Paris, 22ème
édition, 2002, pp.986-987.
118 N° 08/DIVAS/NK/012/1999 du ministère des affaires
sociales, N° 055/Just.G.S/DR.NK du ministère de la justice et
N°000097/DPD/NK/99 du Ministère de Plan.
en rapport avec le développement communautaire,
l'éducation et la formation des jeunes, l'action humanitaire et sociale,
la lutte contre le VIH et les violences sexuelles et enfin la promotion des
droits humains
Son rayon s'étend à tout l'espace de l'ex-Kivu.
On enregistre des réalisations faites à Goma, Rutshuru, Beni et
Lubero. Notre travail étant circonscrit dans les territoires de Beni et
Lubero, nous nous limitons à analyser les activités sur ces
territoires.
Dans le développement communautaire, 102 femmes ont
été formées en gestion rationnelle des
microcrédits, 1260 femmes ont été préparées
à l'auto-prise en charge et à l'approche du développement
fondé sur les droits,... Dans le même sens MAAMS exécute un
projet d'assistance en intrants agricoles. Son but est d'améliorer la
sécurité alimentaire de 3450 ménages agricoles en
situation de post conflit dans les territoires de Beni-Lubero et cela avec
l'appui de Pooled Fund/PNUD. Il s'agit d'un financement de plus ou moins
184000$US. Les villages concernés par le projet dans le territoire de
Lubero sont Biena et Mangurijipa alors que pour territoire de Beni il s'agit
d'Oicha, Mbau, Beni-ville, Vurondo et Butuhe. Pour cette activité,
l'association procède à la distribution de 27600 kilogrammes de
semences de légumineuses (haricots et maïs) mais aussi de semences
maraîchères (choux et aubergines). A cela s'ajoute la distribution
de 600 géniteurs de lapins améliorés, 6900 houes, 350
arrosoirs, 690 râteaux et 1500 haches. Les ménages
sélectionnés sont essentiellement des ménages agricoles
composés des familles retournées de guerre dans leur milieu
d'origine.
Par ailleurs, ces intrants agricoles sont achetés
localement auprès des importateurs en procédant à un appel
d'offre des produits dont l'association a besoin en grande quantité.
Elle emploie 28 personnes salariées avec une rémunération
allant de 100 à 500 $US.
Les activités de MAAMS sont classées dans le
développement communautaire du fait que les bénéficiaires
eux-mêmes participent à l'identification des besoins. C'est en
fait la base qui définit le type de projet à exécuter et
les stratégies nécessaires à mettre en place aux regards
des risques attendus.
Dans l'éducation et la formation des jeunes
adolescents, MAAMS encadre 20 clubs de jeunes dans la lutte contre le Virus de
l'Immunodéficience Humaine (VIH/SIDA). Dans cette activité, il
s'agit d'organiser des ateliers et séminaires dont les thèmes
sont orientés vers l'éducation à la vie familiale et
à la sexualité responsable. Dans la même activité
l'organisation équipe une mini-bibliothèque et une
vidéothèque qui sont mises à la disposition des jeunes qui
l'exploitent souvent pendant les vacances.
Dans l'action humanitaire et sociale, MAAMS procède
à la distribution de vivres aux personnes vivant avec le VIH. Pour ce
volet, l'organisation encadre 60 personnes venant
des différents ménages regroupés dans une
association des personnes vivant avec le VIH (PVV). Il s'agit en
général des veufs ou veuves dont un conjoint est mort du SIDA.
Ces personnes sont souvent affaiblies par la maladie et par la non
accessibilité aux médicaments antirétroviraux (ARV). Les
vivres leur sont distribués selon les normes énergétiques
proposées par la FAO, Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture.
Pour rappel la moyenne énergétique à
consommer est représentée par la disponibilité
énergétique alimentaire par personne (DEA) qui correspond
à l'alimentation disponible pour la consommation humaine au cours de la
période de référence, exprimée en termes
énergétiques (kcal/pers/jour). L'estimation est souvent faite sur
base des bilans alimentaires dressés à partir de la production et
le commerce (importation et exportation) de denrées alimentaires. La DEA
par personne est de 2000 kcal par jour pour les femmes et tourne autour de
2500kcal par jour pour les hommes. La moyenne de 2003 est fixée à
2414 (kcal)119
Dans la lutte contre le VIH et les violences sexuelles, MAAMS,
procède à la prise en charge des femmes violées
sexuellement et des femmes veuves vivant avec le VIH à travers la «
thérapie par occupation ». Cette activité consiste à
former celles-ci à un métier notamment en coupe couture et en
tricotage. L'organisation dispose d'un atelier équipé en machines
de broderie, de tricotage et de coupe-couture. A la fin de la formation, chacun
reçoit un kit de couture pour permettre la réinsertion
sociale.
Cet atelier permet à l'organisation de s'autofinancer.
Les tricots produits sont essentiellement pour les bébés. Dans ce
cadre, MAAMS a signé des conventions avec des centres de santé et
maternités dans la ville de Beni. Les tricots sont fournis aux femmes
enceintes en attente d'accouchement à un prix variant entre 3,5$ et 5$
suivant le modèle fabriqué. La matière première,
c'est-à-dire les boules de fil, est achetée localement
auprès des commerçants. Ce qui donne un coup de pousse à
l'économie locale.
Selon le responsable de l'atelier de l'organisation une
dizaine de boules de fil achetées coûte 5$ et permet de produire
trois tricots complets pour bébé. Le rapport de production du
second semestre de l'année 2006 montre qu'environ 834 tricots pour
bébés ont été fabriqués et vendus dans la
ville de Beni120. Bien entendu, tous les accouchements ayant
bénéficié de cette production ne concernent pas seulement
la ville mais aussi les femmes provenant de ses environs.
119 Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture,
Méthodologie de la FAO pour mesurer la prévalence de la sous
alimentation, division de la statistique de la FAO, Rome, octobre 2003,
p.4.
120 Ici il faut retenir que le chiffre donné ne
contient pas la quantité non vendue restant en stock et celle produite
empruntée ou donnée à titre d'encouragement (prime) au
personnel technique de l'association travaillant dans l'atelier.
Dans la promotion des droits humains et surtout des enfants,
les bénéfices tirés de l'atelier permettent de scolariser
50 enfants orphelins du SIDA sélectionnés dans les ménages
des PVV que l'association encadre. Pour l'année scolaire 2006-2008,
chaque écolier a pu bénéficier de 50$ dont 30$ comme frais
scolaires et 20$ pour les objets classiques. Au total 2500$ ont
été débloqué dont 1500$ payés directement
aux chefs d'établissements comme minerval121 et le reste pour
l'achat des outils scolaires des enfants.
c. Les acteurs
La logique actuelle en matière d'exécution des
projets est celle du partenariat avec d'autres organisations. Les
activités se font en regroupant un certain nombre d'organisation qui
oeuvrent dans la même branche : c'est la synergie. Cette pratique est
encouragée car elle s'avère plus efficace pour promouvoir une
plus grande participation des citoyens et un développement local accru.
C'est dans ce sens que MAAMS s'associe à d'autres organisations et
plates-formes. MAAMS travaille en synergie non seulement avec d'autres
organisations non-gouvernementales se trouvant dans son rayon d'actions mais
aussi en collaboration avec les services techniques étatiques de
tutelle.
Dans l'exécution de ses programmes, MAAMS introduit les
thématiques transversales comme la notion de genre, le VIH/SIDA, et met
un accent sur les droits de la femme, de l'enfant ainsi que sur la
résolution pacifique des conflits. Toutes les activités se
réalisent dans le respect des principes humanitaires122.
MAAMS a comme partenaire financier la Solidarité
Protestante Belge, le Service d'Entraide et de Liaison (SEL Belgique), le
Pooled Fund/PNUD, le bureau des affaires civiles de la
MONUC123-Beni. MAAMS est le point focal adjoint de la commission
VIH/SIDA du « cluster124 » santé sous la
Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) à Beni. Dans son projet
exécuté par le financement du Pooled Fund, elle collabore avec
les organisations locales comme AFNAC, COTEDER, CCTA, CROIX ROUGE RD
Congo/Butembo
Au niveau national, l'Etat lui délivre les documents
légaux pour son fonctionnement. Par ailleurs, pour le renforcement de
son projet de scolarisation des enfants orphelins du SIDA, l'organisation a
reçu un subside de l'Etat à travers le Programme National
Multisectoriel de lutte contre le VIH-SIDA (PNMLS). L'Etat congolais a
renforcé l'atelier de couture et de broderie dont dispose l'organisation
en accordant une somme de 3300$.
121 Le mot minerval signifie dans le contexte belge les frais de
scolarité payés par les écoliers ou
élèves.
122 Cfr Charte humanitaire disponible sur
www.sphereproject.org
visité le 30 juin 2008.
123 Mission des Nations Unies au Congo.
124 Le cluster est un regroupement ou réseau
d'organisations non gouvernementales du même secteur regroupées au
sein de OCHA avec des externalités positives.
Le PNMLS n'est pas ici à confondre avec le Programme
National de lutte contre le sida (PNLS) restructuré en 1999.
Si le PNLS est sous tutelle du ministère de la
santé et s'attache plus particulièrement à la prise en
charge médicale du VIH, au contraire, le PNMLS créé en
2004 dépend directement de la présidence de la république.
C'est ce dernier programme qui définit et oriente la politique nationale
de lutte contre le sida. Il accrédite également les centres
médicaux125. Bien qu'une partie des fonds alloué au
PNMLS vienne du gouvernement congolais, la grande partie provient de la Banque
mondiale, de la Banque Africaine de Développement, de la Belgique, du
Canada, des Pays-Bas, de l'Union Européenne, et de la France. Tous ces
fonds sont gérés ou cogérés par la Bureau Central
de Coordination (BCECO) qui oeuvre sous tutelle du Ministère des
Finances126.
Par ailleurs, nous pouvons faire remarquer que cette
association collabore avec l'ECC, l'Eglise du Christ au Congo. Au début
de ses activités, les fonds qu'elle recevait transitaient d'abord par le
compte de l'ECC avant qu'elle n'ouvre son propre compte. La raison était
de crédibiliser l'association car pour les responsables de MAAMS,
l'église reste la seule institution qui paraît encore
sérieuse en RD. Congo. C'est pour cette raison qu'à notre
question de savoir pourquoi sur le dépliant de l'association
apparaît le verset biblique, le responsable estime que c'est important
pour que tout le monde sache quelle a des origines bibliques. Elle noue des
relations avec des pasteurs pour accéder aux fidèles.
L'église apparaît comme l'institution qui rend les associations
crédibles. C'est pourquoi certaines associations sont chapeautées
par elle en RD. Congo.
Par rapport à d'autres associations vues
précédemment, il ya lieu de constater que MAAMS affirme avoir de
très bonne relation avec la coordination de la société
civile. Un projet a d'ailleurs été exécuté
ensemble. Il s'agit de la mise en place de 60 comités locaux de
développement à travers les territoires de Beni et de Lubero. Ce
projet a été appuyé par le bureau des affaires civiles de
la MONUC de Beni. La coordination de la société civile de Beni
organise des réunions auxquelles participent les associations retenues.
La coordination a déjà répertorié toutes les
associations qui la composent. Celles-ci sont régulièrement
invitées aux différentes réunions organisées.
Cependant, selon les déclarations du coordonateur de
MAAMS, aucune collaboration ne se fait avec les opérateurs
économiques de Beni. Au contraire, ce sont les opérateurs
125 TRENADO Emmanuel, DIAWARA Estelle et NGOUOLELE Cyprien,
Rapport de mission de l'AIDES en République Démocratique du
Congo Kinshasa, du 24 au 30 mai 2005, Réseau Afrique 2000, p.7.
126 Bureau Central de Coordination, Résumé
d'exploitation exercice 2004 (en milliers de dollars), Kinshasa 2004,
p.9.
économiques qui bénéficient des
dépenses de l'organisation. Pour eux, l'objectif est le lucre alors que
MAAMS est une asbl.
2. La province de l'église anglicane au Congo -
PEAC(Programme de Santé et Lutte contre le VIH/SIDA)
a. Création.
L'association PEAC a été créée en
1989 dans le cadre évangélique pour promouvoir les soins de
santé primaires et faire face à un contexte de
précarité de la population qui, souvent, entraîne celle-ci
dans des pratiques sexuelles en vue de se procurer de l'argent. Ce qui a pour
conséquence l'augmentation du taux de prévalence des maladies
sexuellement transmissibles. L'association a été
créée par tous les évêques de l'Eglise anglicane au
Congo.
Pour le responsable du PEAC, cette organisation sinvestit
avant tout dans la lutte contre la pandémie du SIDA. Cette maladie est
considérée par l'organisation comme causée par les
facteurs humains et économiques. Elle a été
propagée à une vitesse vertigineuse avec la guerre : les
violences sexuelles, le non entretien des ouils trachants dans certaines
institutions sanitaires et les salons de coiffure, ... La pauvreté
conduit également à exercer le "métier" avec tout ce que
cela a comme conséquence.
L'Eglise anglicane en s'impliquant dans ce programme veut que
sa mission évangélique soit complète en combattant la
propagation du virus mais aussi en assurant le traitement des personnes vivant
avec le VIH-SIDA dans la dignité.
b. Organisation et réalisations
Le PEAC fonctionne sous la responsabilité totale de
l'église anglicane. Toutefois, les bénéficiaires de ses
activités sont de toutes les confessions religieuses.
Le PEAC oeuvre dans divers divers domaines d'intervention : la
santé curative et préventive plus spécialement dans la
lutte contre le VIH-SIDA, dans le domaine de l'éducation en
procédant aux sensibilisations dans les écoles , églises,
etc.
Chaque matin, le PEAC organise des prières matinales
dans différents centres de santé où il intervient et cela
directement dans les salles des malades. A cela s'ajoute l'organisation de
journées de reflexion sur la situation des malades du SIDA dans son
rayon d'action.
En ce qui concerne ses réalisations, PEAC
procède à la construction des centres de dépistage
volontaire du SIDA. Il a construit deux centres de depistage volontaire (CDV)
au sein des centres de santé anglicans de Beni et Butembo.
c. Les acteurs.
A notre question sur le type de relations que le PEAC
entretenues avec d'autres organisations, les reponsables affirment collaborer
seulement avec les associations qui sont également dans la lutte contre
le VIH et la défense des droits des orphelins. Il s'agit des
associations MAAMS, du programme de promotion de soins de santé primaire
(PPSSP) et de STOP SIDA. Ces deux dernières sont également des
organisations locales protestantes.
Au niveau de la coordination de la société
civile, PEAC est plus impliqué dans la dénonciation des violences
des droits des orphelins du SIDA. L'organisation lance des communiqués
radiodiffusés soutenus par le bureau de coordination de la
société civile de Beni.
L'Etat ne donne pas de subside au programme. Mais avec l'appui
du programme multisectoriel de lutte contre le VIH-SIDA, PNMLS, l'Etat
intervient en donnant des séances d'enseignements pratiques et
théoriques.
Conclusion partielle
Dans ce chapitre, sur base de l'analyse de ces cinq
associations nous pouvons retenir qu'elles sont impliqées dans des
actions qui visent à repondre aux besoins des membres ou de la
population.
Pour les associations catholiques, le rôle des
prêtres est déterminant dans la création et la dynamique
associative à tendance religieuse. Dans l'exécution des projets,
outre la dynamique interne aux associations à tendance catholiques comme
« Tuungane », « wabrahimu » et ADL-assomption, celles-ci
recourent à l'appui extérieur, soit auprès des
associations congolaises comme Rotary Club, soit aux ONG et volontaires
occidentaux. La société civile, qui logiquement, parle en leurs
noms consulte moins la base associative rurale. Si elle la consulte, ce n'est
que d'une manière irrégulière en milieu urbain, comme
à Butembo.
Dans leurs actions surtout en milieu urbain, les associations
de tendance protestante, , s'associent non seulement aux ONG internationales et
agences onusiennes pour assurer la visibilité de leurs projets mais
elles collaborent aussi avec la coordination de la société
civile, surtout à Beni où celle-ci se réunit
régulièrement avec les autres associations, notamment en
profitant des réunions de coordination organisées par le bureau
de coordination des affaires huamaitaires, OCHA.
CHAPITRE IV
LES ANALYSES : APPORTS, LIMITES ET PERSPETIVES
IV. 1 Les apports
Les différents apports de la société
civile en RDC sont liés directement à ceux des ONG qui ont
tendance à s'identifier à cette dernière. On se rappelle,
comme déjà dit dans le chapitre précédent, que le
mot société civile est utilisé à tort et à
travers, dans des sens divers et souvent contradictoires. François
Houtart127 le confirme en disant :
« le monde des ONG, celui des organisations de
défense des droits de l'homme, de la solidarité avec le Tiers
Monde, des mouvements féministes ou écologistes, s'identifie
souvent avec le concept de société civile ».
L'importance des ONG et donc de la société
civile, est souvent présentée en la situant dans un contexte
d'échec de l'Etat en Afrique. Les ONG ont proliféré en
Afrique aussi bien géographiquement que fonctionnellement. Alors qu'au
cours des décennies précédentes, elles étaient en
grande partie limitées au travail humanitaire et à l'aide aux
refugiés, les ONG se trouvent aujourd'hui présentes dans tous les
domaines128. Elles se retrouvent dans l'agriculture, les soins de
santé primaire, l'approvisionnement en eau potable, la
réhabilitation des routes de desserte agricole, la microfinance, les
droits humains, l'environnement, la lutte contre le VIH-SIDA,
l'alphabétisation, etc.
Comme le dit François Rubio, s'il est un secteur
où le rôle des organisations non gouvernementales s'est
imposé, c'est celui du développement. Ainsi, le secrétaire
général des Nations Unies, dans un rapport de 1998 qui lui avait
été commandé par l'assemblée générale
des Nations unies sur les relations entre le système onusien et les
organisations non gouvernementales, écrivait :
« En termes de transferts nets, l'ensemble des
organisations non gouvernementales représente la deuxième source
d'aide au développement »129.
Pour emboîter le pas de Gautier Pirotte, nous pouvons
donc considérer que les apports des associations à tendance
religieuse, faisant partie de la société civile, s'inscrivent
dans une logique où celles-ci sont considérées comme lieux
de contestation ou d'opposition et d'innovations sociales.
127 HOUTART, François, « La société
civile : enjeu des luettes sociales pour l'hégémonie » in
Alternatives Sud. Société civile : lieu des luttes
sociales, CETRI/L'Harmattan, Vol.V.1, Louvain-la-Neuve/Paris, 1998,
p.5.
128 YASH TANDON, « Un point de vue africain sur les ONG
étrangères en Afrique : leurres et succès », in
Alternatives Sud, Les ONG : instruments du néolibéralisme ou
alternatives populaires ?, CETRI/L'Harmattan, Vol.IV(1997).4,
Louvain-la-Neuve/Paris, 1998, p.62.
129 RUBIO, François, Dictionnaire pratique des
Organisations Non Gouvernementales (ONG), Ellipses, Paris, 2004, p.130.
Leur création et émergence dépendent de
deux conditions: la condition de nécessité et celle de
cohésion sociale. D'une part la condition de nécessité
traduit le fait qu'elles répondent à des besoins
impérieux, non rencontrés par le marché, ni par les
pouvoirs publics ; d'autre part, la condition de cohésion sociale qui
pousse les gens à une dynamique communautaire plutôt que sur la
mise en place de stratégies purement individuelles. Cette
cohésion leur permet de mettre sur pied des solutions collectives
répondant à la nécessité ressentie130.
Jacques Defourny et David Develtere estiment que cette seconde condition
pourrait aussi être évoquée en termes de « capital
social » minimum.
En fait, au sens de Robert David Putnam131 et de
ses disciples comme James Coleman, la valeur collective de toutes les normes et
relations sociales horizontales au sein de ces associations permettent la
coordination d'actions en vue d'atteindre des objectifs communs. Ce que
renforce Patrick Hunout en disant que cela conduit à un ensemble
d'attitudes et de dispositions mentales favorisant la coopération dans
la vie sociale. Ces types des relations augmentent la cohésion sociale
et la productivité de la communauté.
Dans cette optique, au niveau des innovations sociales, les
associations et réseaux qu'elles composent sont devenus aujourd'hui une
alternative lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux problèmes
urgents sur lesquels l'Etat semble fermer les yeux.
Dans l'électrification des milieux ruraux, l'exemple de
Tuungane démontre à suffisance que l'Etat ne soutient pas ses
activités. L'Etat se limite à octroyer des autorisations de
fonctionnement qui ne sont d'ailleurs pas gratuites. En matière
d'électricité, on peut clairement dire que les territoires de
Beni et Lubero sont complètement oubliés par le gouvernement.
Dans l'historique de l'électrification de ces deux territoires, on peut
lire ou constater avec Kapray Chritian132 l'oubli total ou alors le
manque de volonté du pourvoir de Kinshasa.
Il énumère cinq tentatives
d'électrification de ces territoires qui connurent souvent des
échecs. La première initiative de l'électrification par
l'Eglise catholique avec Monseigneur Kataliko en 1978 a souffert d'une absence
totale d'autorisation de fonctionnement de la part du gouvernement central de
l'époque et d'une mauvaise gestion des fonds de réserve. La
deuxième tentative entreprise par la Communauté Economique
Européenne, dans les années 1980-1990, était un projet
dans un cadre bilatéral mais il n'a pas abouti car il a
été détourné au profit de Mobay Mbongo, ville se
trouvant dans la région
130 DEFOURNY, Jacques et DEVELTERE, Patrick, « Origines
et contours de l'économie sociale au Nord et au Sud », in DEOURNY,
Jacques, DEVELTERE, Patrick et FONTENEAU, Bénédicte (Eds.),
L'économie sociale au Nord et au Sud, De Boeck,
Bruxelles/Paris, p.45.
131 PUTNAM, Robert David, "Bowling Alone: America's Declining
Social Capital», Journal of Democracy - Volume 6, Number 1,
January 1995, pp. 65-78.
132 KAKULE KAPARAY, Chritian, Op. Cit. , p181.
de l'Equateur (province de l'ancien président Mobutu).
La troisième et la quatrième tentatives ont été
freinées par la guerre. La cinquième ou la dernière semble
avoir réussi à Butembo sous l'initiative des opérateurs
économiques regroupés au sein de la Fédération
Economique du Congo. Ce dernier projet a par la suite connu des
difficultés suite au mauvais choix des techniciens sud africains de
l'entreprise Clackson Power. L'engouement de la population à souscrire
à ce projet était énorme. Sur 5000 abonnés, 680
avaient été fournis en électricités mais cela n'a
durée que deux ans.
La condition de nécessité paraît
évidente dans ce cas : l'électricité est devenue
aujourd'hui incontournable pour l'amélioration des conditions de vie de
la population de Beni et Lubero. Dans cette région à
économie « dollarisée », basée sur l'importation
et l'exportation, Butembo constitue un pôle commercial. Certains produits
qui pouvaient être transformés localement continuent à
être importés faute d'électricité. C'est qui fait
qu'à l'heure actuelle, le mot électricité est devenu en
RD. Congo comme un refrain ou alors comme un appât dans les campagnes
électorales, tant présidentielles que législatives. On
constate que, pour se faire élire il suffit de promettre l'eau potable
et le courant électrique aux électeurs qui, dans la suite, se
trouvent déçus. Cela prouve en suffisance que la population en a
besoin.
En ce qui concerne la cohésion sociale et dans le cas
de Tuungane, cette condition se vérifie dans la mesure où le
réseau des relations s'appuie sur une forte
homogénéité sociale et ethnique. La plupart des membres
sont non seulement des nandes mais aussi des paysans. Cette cohésion
sociale est pour chaque membre une source de confiance dans le comportement. Or
cette confiance est une composante essentielle du capital social car elle
lubrifie les relations entre les membres.
Quant aux activités de « Waibrahimu », les
conflits récurrents dans la région maraîchère
justifient la pertinence du projet dans la distribution des terres. C'est aussi
une nécessité à la quelle l'Etat devrait répondre.
L'accroissement rapide et la vente anarchique des terres sont autant des
problèmes auxquels il faut trouver solution. Le fait pour un groupe
d'avoir constitué une association dont l'objectif est de faciliter la
migration à la recherche des terres montre que les membres se
connaissent, qu'ils ont confiance en eux. Cette confiance leur permet de nouer
des relations avec les chefs terriens du milieu d'accueil pour obtenir des
terres et produire des quantités des vivres pour un temps bien
délimité.
En ce qui concerne MAAMS et PEAC, leur implication dans la
lutte contre le VIHSIDA est une nécessité. Si l'homme est
considéré comme facteur de production principal par les
économistes, l'Etat devrait s'investir pour sa santé.
On se souviendra que suite à la crise des politiques
publiques et de plans d'ajustement structurel, l'initiative de Bamako a
été lancée en 1987 dans le domaine sanitaire. Deux volets
ont été introduits dans les structures sanitaires publiques et de
participation communautaire. Le premier consistait non seulement en une
politique publique de financement des soins de santé primaires par le
paiement des médicaments et des services par les usagers mais aussi en
une politique d'équité dans l'accès aux soins. Le second,
par contre, visait la décentralisation du secteur de la santé par
la création de districts sanitaires et la gestion conjointe de
ressources générées par le personnel de santé.
Après une décennie depuis le lancement de cette initiative, on se
rend compte que cette initiative semble avoir échoué.
L'insuffisance ou le manque des moyens financiers pousse les
gens à l'automédication traditionnelle ou moderne. En RD. Congo,
plus spécialement dans les territoires de Beni et Lubero, cela se
renforce davantage en raison de la quasi inexistence des mutuelles de
santé qui pouvaient faciliter l'accès aux soins. Si certains
individus peuvent se regrouper pour créer une mutuelle de santé,
elle finit toujours par connaître des problèmes : les membres qui
ne tombent pas malades et qui, par ricochet, ne bénéficient pas
des avantages de la mutuelle tout en étant en ordre dans les
cotisations, finissent toujours par abandonner le système.
De la même façon, en matière de VIH-SIDA,
l'équation devient encore compliquée suite au manque
d'antirétroviraux pour ceux qui peuvent avoir la capacité de s'en
procurer mais suite aussi à la marginalisation dont les porteurs de
cette maladie sont victimes. Ils sont pointés du doigt par certains et
finissent par vivre avec la maladie en jouant au jeu de cache-cache. Il faut
alors chercher à les découvrir par des stratégies
appropriées en utilisant la sensibilisation et d'autres moyens. Dans
cette optique, l'apport des associations comme MAAMS et PEAC n'est pas à
négliger. Les dépenses qu'elles effectuent pour leurs projets,
est un ballon d'oxygène pour les opérateurs économiques
locaux. Le personnel employé par celles-ci dans différentes
activités a des implications au niveau social.
En somme, les synergies que ces associations de tendance
religieuse mettent en place sous le label de la société civile,
leurs donnent du poids face à un Etat qui ne fait qu'octroyer des
autorisations de fonctionnement. On ne doit pas oublier que ces mêmes
associations constituent une base imposable crédible : elles sont
souvent considérées comme des bons payeurs pour les bureaux ou
entrepôts qu'elles prennent en location par rapport à d'autres
acteurs locaux. Les propriétaires des maisons se bousculent pour
décrocher un locataire qualifié d'ONG. Celles-ci en payant leur
loyer retirent directement à
la source 18% de la location qu'elles versent au service des
impôts. Sans cette stratégie, l'impôt sur le revenu locatif
échapperait à l'Etat, le locataire n'étant pas une
personne morale comme les ONG. Cet impôt sur le revenu locatif est en
charge du propriétaire mais retenu à la source par l'ONG
locataire. De même, le personnel qu'elles emploient est soumis au
paiement de l'impôt sur la rémunération professionnelle.
Finalement, l'Etat se retrouve affaibli devant une
société civile, influencée ou dominée par les
confessions religieuses qui sont impliquées dans tous les secteurs
socioéconomiques.
IV.2 Les limites
1. Les limites générales
Les apports des associations sans but lucratif et des ONG
locales dans le territoire de Beni et Lubero ne doivent pas cacher certaines
réalités considérées comme limites pour celles-ci.
Parmi les limites générales, on peut citer la tendance des ONG
à prétendre représenter toute la société
civile du territoire ; de même que la tendance des leaders des
associations de devenir plus tard des politiciens. Puis il y a le fait que
servir une ONG est devenu une profession. Enfin, la gestion des associations
locales est souvent opaque.
Sur le plan de la représentativité, l'analyse
faite des cinq associations, montre visiblement que la société
civile des territoires de Beni et Lubero a du mal à étendre son
pouvoir auprès des associations qui se trouvent en milieu rural. 67% des
enquêtés en milieu rural, notamment à Lukanga, connaissent
la société civile mais ne savent pas réellement quel est
son agenda. Pour certains, la relation est très étroite. La
coordination de la société civile ne les consulte pas sauf dans
les associations urbaines qui sont invitées à certaines
réunions et exécutent des projets en commun. La
société civile apparaît comme une affaire ou un mouvement
des associations urbaines et non des paysans. Cette situation met en doute la
légitimité et la représentativité dont se
réclament certains.
Dans cette logique, Thierry Pech et Marc-Olivier
Padis133 disent que le caractère global et
représentatif des ONG suscite deux types de réflexion : celle
concernant la géographie d'une société civile un peu
rapidement qualifiée de « globale », alors qu'il existe des
déséquilibres de représentation entre les
différentes régions du monde, et l'autre, concernant la
représentativité dont elles se réclament, alors que la
nature des causes qu'elles défendent ne suffirait peut-être pas
pour leur octroyer la légitimité.
Ces deux auteurs analysent essentiellement la
représentativité et la légitimité internationale de
la société civile au niveau international. Mais au regard de se
qui se passe
sur le terrain, on constate une comparable situation au niveau de
la société civile locale des territoires de Beni et Lubero.
Au niveau de la tendance politique des leaders des
associations ou ONG locales, ceux-ci sont accusés par la base de se
servir de l'association pour accéder aux postes politiques. Sur 130
personnes enquêtées, 63% répondent positivement. Pour Emile
Le Bris134, les associations confessionnelles de
développement constituent désormais un mode d'accès
à des positions politiques ou, à tout le moins, un puissant moyen
d'influence. Pour les adeptes de l'Eglise évangélique, la
politique ne se conçoit plus comme une souillure mais bien comme un
devoir et il n'est pas imaginable de la conduire en amateur.
A partir du moment où, en RD. Congo, la
société civile a été représentée dans
la période transitoire au sein des institutions politiques, cette
thèse ne peut surprendre personne. Dans cette logique, les leaders sont
également accusés d'être complices du pouvoir au lieu de
lui faire le contre pouvoir.
Le professionnalisme affiché par les ONG, elles l'ont
acquis du fait de leur plus grande capacité à côtoyer
« les plus pauvres » et à atteindre des régions
isolées, mais aussi par leur tendance à encourager la
participation locale et à coopérer avec les acteurs locaux et les
populations bénéficiaires, en donnant la parole aux groupes
marginaux ; grâce à leur faible coût de fonctionnement,
à leur capacité à innover et à s'adapter aux
changements, elles contribuent à la consolidation des institutions et
organisations locales135.
Cette professionnalisation a plusieurs conséquences
auxquelles Pirotte fait allusion et que nous considérons comme des
limites. On peut évoquer l'effet d'uniformisation des ONG dans leurs
modes opératoires et structures organisationnelles avec des conceptions
des projets similaires : ce qui pose un réel problème
d'identité et d'ancrage local par rapport aux populations
bénéficiaires.
A cela s'ajoute le développement d'une logique
clientéliste sélective des bailleurs de fonds à
l'égard des ONG : ce qui crée une dépendance
financière alors qu'elles sont censées incarner les nouvelles
sociétés civiles. Sur ce point, on constate aujourd'hui que les
projets financés ne reflètent pas nécessairement les
besoins. La plupart des projets sont conçus par les leaders de
l'association ou par l'ONG qui est informée de la disponibilité
de fonds dans une matière spécifique. Ce qui revient à
dire que ce sont les appels à propositions, les offres, qui suscitent
les demandes chez les bénéficiaires alors que c'est l'inverse qui
serait souhaité. Le projet financé ne l'est pas parce qu'il a
été bien conçu mais
134 Le Bris, Emile, Préface du livre, in René
OTAYEK, Dieu dans la cité. Dynamiques religieuses en milieu urbain
ouagalais, CEAN, Bordeaux, s.d., p.8.
135 Henrik Secher Marcussen, cité par Gautier Pirotte,
op.cit, 2007.
parce que les responsables ont des relations avec
l'évaluateur représentant les donateurs sur le terrain.
Par ailleurs, le fractionnement apparent dans le paysage des
ONG conduit certaines d'elles à être exclues des ressources
financières. Cette fracture est due à l'apparition, d'une part,
des ONG professionnalisées et insérées au sein des
réseaux transnationaux, et, d'autre part, celles laissées en
marge de ces réseaux.
Les ONG sont accusées d'être opaques. Pour Samy
Cohen136, beaucoup d'ONG sont relativement opaques et leur
représentativité est sujette à caution. Elles n'ont pas
les mêmes objectifs, ne défendent pas les mêmes valeurs et
n'entretiennent pas les mêmes rapports à l'État. A ce
sujet, les fonds qui leur sont alloués de l'extérieur ne sont
jamais connus. Lorsqu'on pose une question sur les finances d'une organisation,
rares sont celles qui répondent positivement, alors que dans l'opinion
publique tout le monde sait que la plupart des fonds alloués vont
alourdir la dette de l'Etat. Se pose alors la question de savoir qui est
l'Etat, si ce n'est cette population qui devrait avoir le droit d'être
informée sur les fonds attribués aux associations ?
Enfin, la limite générale qui doit être
soulignée est celle de l'ambiguïté créée par
la société civile. La constitution d'une société
civile forte et autonome par rapport au champ politicien crée de
l'ambiguïté, alors qu'elle devrait atténuer et neutraliser
les dérives qui assurent la conservation du pouvoir. Comme le dit
Jean-Claude Willame137 au début des années 90, comme
ailleurs en Afrique, certains milieux d'églises ont effectivement
formé la pointe avancée d'une société civile en
gestation. Alors qu'au Kenya et au Madagascar, certains milieux
d'églises ont pu se former et se situer clairement et sans
ambiguïté par rapport aux dérives politiciennes, la
situation est plus ambivalente dans le cas du Zaïre, l'actuel RD.
Congo.
En effet, en ce qui concerne la République
Démocratique Congo, si on passe en revue la situation des milieux
confessionnels dans la fondation de la société civile, il y a
lieu de constater des divergences. L'église catholique, avec les
associations qu'elle encadre a beaucoup milité pour des reformes. Au
niveau protestant, les chefs de file des églises ont tenu dans le temps
un discours conduisant à l'absentéisme. Pour les kimbanguistes,
la situation est tout à fait autre. Cette église a
été considérée dans le temps comme
étroitement liée au pouvoir de la deuxième
république, si bien qu'aucune opposition ou contre-pouvoir ne s'est
manifesté de sa part. Mais en RD. Congo, catholicisme et
136 COHEN, Samy, « ONG altermondialistes et
société civile internationale », colloque sur les
mobilisations altermondialistes, organisé par le GERMM-AFSP, Paris, 3-5
décembre 2003, p.16 disponible sur :
http://www.afsp.msh-paris.fr,
consulté le 4 avril 2008.
137 Jean-Claude Willame, Gouvernance et pouvoir. Essai sur
trois trajectoires africaines, Madagascar, Somalie, Zaïre, Cahiers
Africains, Institut Africain - CEDAF, n°7-8, L'Harmattan, Paris,
1994, p. 137.
protestantisme ont été défiés par une
vague de groupes des prières et l'arrivée des
évangélistes.
2. Les limites particulières
a. Les limites de TUUNGANE
L'association « Tuungane » accuse certaines
faiblesses. Il s'agit, par exemple, de la faible participation aux
réunions des associations et membres fondateurs. Les associations qui
appartiennent aux intellectuels et qui, au début, ont été
actives finissent par ne plus participer. Selon les responsables de «
Tuungane », les associations locales abandonnent le réseau
lorsqu'elles n'y trouvent plus d'intérêt ou lorsqu'elles estiment
avoir la capacité de nouer des relations avec les bailleurs des fonds
indépendamment du réseau. Ce qui pousse à croire que la
présence de certaines d'entre elles aux réunions serait due au
manque de bailleurs de fonds propres. La philosophie des associations par
rapport aux réseaux comprend ainsi plusieurs zones d'ombre qui
nécessitent d'être éclairées.
Par ailleurs, dans la catégorisation des
bénéficiaires de ses réalisations, comme pour la
dentisterie, les critères sont encore flous. Le fait qu'une personne
soit venue du milieu urbain pour poursuivre les soins dentaires à
Lukanga ne signifie pas que celle-ci soit d'une classe nantie. Des
clarifications doivent être faites en cette matière.
Enfin, les non-membres du réseau « Tuungane
», accusent l'organisation d'être entièrement
dépendante des initiateurs, surtout de l'abbé Giovanni Piumatti.
Pour eux, il n'y a pas de démocratie lorsque les responsables du
réseau ne sont pas ouverts à toute question posée. Sur 20
personnes contactées sur cette question et sur l'avenir du
réseau, 65% de celles-ci estiment que la plate-forme pourra
disparaître au départ de Giovanni. Le manque de motivation,
poursuivent-ils, des techniciens qui installent les différents moulins
dans la région renforce encore cette situation alors que ce sont eux qui
doivent gérer les différents projets dans le futur.
b. Limites de l'association « waibrahimu
»
A voir le projet de l'association « waibrahimu »,
celui-ci est intéressant et apprécié. Il y a urgence
à trouver une solution durable aux conflits fonciers qui se vivent dans
l'est de la RD. Congo. Mais la question que l'on doit se poser est de savoir
s'il existe vraiment de terres vacantes en RD. Congo qui peuvent susciter
l'appui à la migration de la part des bailleurs internes et externes.
Ces activités semblent être entreprises en dehors d'une
étude sociologique ou anthropologique du milieu d'accueil. Aujourd'hui
les membres de l'association « waïbrahimu » sont dans une
nouvelle étape et se demandnet s'il est opportun d'envisager une
migration vers Mambasa parce qu'ils sont confrontés à
d'énormes difficultés tant de la part de population locale de
Muhanga qui les avait
accueillis que de la part des forces rebelles vivant dans la
forêt. Les premiers estiment que les membres et
bénéficiaires des actions de cette association retirent trop
d'avantages du prêtre qui les soutient et des terres qu'ils ont mises
à leur disposition. Les seconds se comportent en véritables
groupes de terreur vis-à-vis des « waïbrahimu ».
Si les « waibrahimu » se heurtent à des
difficultés à Muhanga où ils ont été
accueillis par des nandes, autochtones, on ne sera pas surpris de voir les
mêmes difficultés surgir à Mambasa dans la province
orientale où les populations sont les peuples « lese, bila »
et pygmées avec des cultures tout à fait différentes. Si
aussi la plupart de ces tribus sont des chasseurs dans la forêt,
accepteraient-ils que cette forêt soit abattue pour en faire des champs
les privant ainsi du gibier dans l'avenir ? Un chef terrien peut accepter,
volontiers, ce projet parce qu'il est ami ou a été
influencé par quelques personnes leaders du milieu (prêtre,
administrateur local, ...) ; cela n'exclut pas que de nouveaux conflits
surgissent autour de la terre entre les descendants. Dans cette
hypothèse, ce projet sera lui-même porteur des conflits et la
cohésion sociale risquera d'être entravée.
Par ailleurs, les défenseurs de l'environnement
vont-ils laisser des associations pareilles poursuivre les recherches des
terres au service de l'agriculture, alors que le combat actuel tourne autour
des espèces à protéger. Les responsables interrogés
en cette matière estiment que le fait de migrer vers Mambasa permettra
aux membres de l'association d'accéder à des terres plus grandes
qu'à Muhanga/Bunyatenge avec la possibilité de diversifier leurs
cultures : celle du riz et du palmier à huile. François
Houtart138, s'oppose catégoriquement à l'expansion de
la palme africaine. Il estime qu'elle conduit à l'impact social et
écologique négatif. Cette extension poursuit-il, est une solution
à la destruction du milieu naturel à l'encontre des accords de
Kyoto.
A notre avis, c'est aussi oublier les caractéristiques
de certains peuples qui sont attachés vitalement à leur terre
lorsqu'on entreprend un projet de glissement de la population. La preuve en est
que les personnes ayant souscrit au projet « waibrahimu » continuent
à conserver leurs lopins de terre dans les villages d'origine comme
Lukanga, Masereka, Magheria,...Ceux-ci sont entretenus pour les comptes des
migrants par les membres des familles restés au village. On est donc
loin d'avoir trouvé la solution au problème.
Par ailleurs, le flou qui entoure la loi foncière
congolaise ne fait que renforcer l'ambiguïté et l'embarras dans
l'esprit des usagers de la terre congolaise.
138 HOUTART, François, « L'expansion de la palme
africaine. Un projet mondialement et écologiquement destructeur »,
in Essais : agriculture, développement durable et
mondialisation, éditions Colophon asbl, Bruxelles, 2006, p.99.
Comme le dit René Okitundu Avoki139,
visiblement il n'existe pas des terres vacantes en RD. Congo, sauf dans
l'esprit du législateur. Malgré l'absence de bornes et poteaux
délimitant les propriétés, chacun vous dira, sans
hésitations, « au-delà de cette rivière, commence le
territoire de telle communauté et à partir de telle vallée
nous sommes dans nos terres ». Pour lui, en réalité cela
veut dire simplement qu'il y a des frontières non écrites qui
délimitent leurs territoires et que, par conséquent, ces terres
ne sont pas vacantes.
c. Les limites d'ADL-assomption, MAAMS et
PEAC
Parmi ces trois organisations situées en milieu urbain,
il faut faire remarquer qu'aucune ne se spécialise dans un domaine
précis. Elles ont tendance à intervenir dans plusieurs domaines.
La conséquence d'une telle stratégie, certains programmes ne sont
pas ou peu mis en oeuvre et peut, par ricochet, conduire à leur
inefficacité sur le terrain.
Une attention particulière peut être
portée sur MAAMS. Le choix des activités de formation à la
coupe-couture, au tricotage et à la broderie devrait être revu. La
tendance actuelle sur terrain est à l'achat d'habits déjà
cousus. Cela constitue une nouvelle donne dont on doit tenir compte si l'on
veut éviter de former des personnes qui, du jour au lendemain, se
retrouveront sans marché même si on leur a fourni le
matériel à la de leur formation.
IV. 3 Les perspectives : avenir associatif des territoires
de Beni et Lubero.
L'avenir des associations, et donc de la société
civile locale, dépend de leurs apports, des facteurs de leur
création tant internes qu'externes, ... Qu'il s'agisse des associations
catholiques, protestantes ou autres au sein des territoires de Beni et Lubero,
toutes naissent des besoins de leurs membres ou de la population qui, d'une
manière ou d'une autre, bénéficient des
réalisations et leurs dépenses. Cependant, la réussite
n'est possible que lorsqu'il y a cohésion sociale.
Dans cette logique, toute activité devrait s'inspirer
d'abord de la culture locale. En tant que processus de transformation de la
société, les pratiques associatives peuvent être
liées à la construction des identités140. Si
l'association existe parce que les membres sont issus d'une même ethnie,
d'une même religion, d'une même école, d'un même
village, d'une même activité ou d'un secteur ou encore ont un
même bailleur de fonds (donateur), elle sera jugée par rapport
à sa dynamique et par rapport au contexte de son évolution.
139 OKITUNDU AVOKI, René, « Gouvernance locale et
communauté de base au Congo (RD) », in Sophie Charlier, Marthe
Nyssens, Jean-Philippe Peemans et Isabel Yépez del Castillo. Une
solidarité en actes : gouvernance locale, économie sociale,
pratiques populaires face à la globalisation, presses
universitaires de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2004, p.248.
140 DELIEGE, Robert, « Les associations comme supports
identitaires », in Momar-Coumba Diop et Jean Benoist (dir), op.cit .,
pp.103-106.
C'est pourquoi dans les territoires de Beni et Lubero, les
associations à tendance religieuse dans leurs actions doivent
privilégier celles qui sont issues des besoins locaux plutôt que
d'actions opportunistes. En conséquence, le manque de donateur pour un
réseau d'associations ayant des actions opportunistes peut conduire
à sa dissolution ou à sa faillite. Un danger existe aussi pour
les associations qui sont attachées à des personnes influentes
qui interviennent comme courtier de développement dans l'obtention ou la
canalisation des fonds.
Les différents bureaux de coordination de la
société civile, Beni et Lubero, devront être proches de la
population quelle soit rurale ou pas s'ils veulent connaître ses vrais
besoins. Si toutes ces activités nécessitent des moyens
financiers, nous pensons que le rôle de l'Etat congolais ne devrait pas
se limiter à la fourniture des documents administratifs aux acteurs non
étatiques, comme aux associations. Il faut, en outre, octroyer des
subsides permanents et suffisants de la part de l'Etat pour permettre de
répondre aux besoins primordiaux.
Lorsque les associations, religieuses ou non-religieuses,
composant la société civile dépendent de financements
extérieurs, elles peuvent connaître certaines dérives :
elles ne connaissent pas l'agenda des institutions qui les financent ou des
courtiers qui interviennent en leur faveur. L'indépendance des
associations est ainsi remise en question. La nécessité d'un Etat
minimum stable et organisé permettrait à ces associations de
répondre aux besoins à travers son soutien. Cela peut se lire
dans les propos de François RAILLON qui dit :
« La dérégulation et la privatisation
sont appelées à confiner l'État dans ses fonctions
régaliennes, et à confier à la société
civile - aux associations - le soin de gérer le pays. La condition
d'épanouissement de la société civile, selon le nouveau
credo, est l'État minimum... De même que le marché a besoin
de règles et d'une autorité régulatrice pour fonctionner,
la société civile requiert l'existence d'un État
ordonné et stable. »141
Conclusion partielle
La grille analytique utilisée dans ce chapitre montre
que les apports de « Tuungane », « waïbrahimu »,
ADL-assomption, MAAMS et PEAC sont nombreux et que la réussite
dépend de la reconnaissance des besoins et de la cohésion
sociale. Les besoins sont multiformes. Certains doivent être
rencontrés court terme (urgence auprès des
déplacés, les dénonciations par les associations de
violation des droits de l'homme,...) ; d'autres à moyen et à long
terme (besoins d'électrification). Chaque association essaie de
141 RAILLON, François, « A la racine de l'herbe :
les infortunés de la société civile en Indonesie »,
in Démocratie et société civile. Une vue du Sud. Revue
internationale de politique comparée, vol. 9, N°2, De Boeck
& Larcier, Bruxelles, 2002, pp. 245- 259.
trouver d'autres acteurs avec lesquels elle peut collaborer et
lui faciliter la tâche afin de réaliser les objectifs
assignés. On y arrive par diverses synergies résultant de
partenariats tant internes qu'externes.
En ce qui concerne l'Etat, celui-ci n'intervient qu'en termes
administratifs visant à la reconnaissance des activités des
associations étudiées. Toutefois, quelques unes d'entre elles se
trouvant en milieu urbain, comme MAAMS et PEAC, ont déjà
bénéficié du soutien du PNMLS, Programme National
Multisectoriel de Lutte contre le SIDA : un programme dépendant de la
présidence de la république. Ainsi donc, la part de l'Etat dans
les actions sociales face aux associations est minime, du moins pour celles qui
ont été prises dans échantillon.
Mais, les critiques concernent aussi ces associations. Celles-ci
sont accusées en raison de :
- l'opacité dans leur gestion. Ce qui pousse certaines
personnes à douter de leur avenir ;
- la main-mise par certains responsables et/ou structures, comme
les paroisses, sur base de leur statut de leaders ;
- l'ambiguïté dont elles font montre par rapport
à leur position politique, la tendance à se pencher vers les
projets opportunistes, ...
CONCLUSION GENERALE
Cette étude a été consacrée
à l'analyse des actions des organisations ou associations à
tendance religieuse qui font partie des composantes de la société
civile locale dans les territoires de Beni et Lubero. Ces actions ont
été analysées du point de vue social et économique
afin de comprendre la dynamique de développement.
Dans cette question de recherche, on a visé
essentiellement à comprendre la part de ces associations dans cette
dynamique. On a alors constaté combien les confessions religieuses dont
elles sont issues se retrouvent de façon implicite mais
réellement déterminantes dans le développement local face
à un Etat qui semble être moins engagé dans ce sens. Pour
appréhender cela, il a fallu d'abord connaître les facteurs qui
expliquent la création des associations dans les territoires de Beni et
Lubero, puis analyser les stratégies d'acteurs mis en oeuvre pour
réaliser les objectifs, et enfin, dégager leurs apports et
limites avant de proposer quelques pistes pour l'avenir.
Pour parvenir à comprendre cette problématique,
le travail a recouru à quatre chapitres dont le premier a tenté
de clarifier les concepts de base dans leur contexte historique et
géographique ; le deuxième a présenté le milieu et
analysé l'historique du christianisme et du mouvement associatif de Beni
et Lubero ; le troisième a procédé à l'étude
de cas et le dernier, passe en revue les apports, limites et perspectives
relatives à ce secteur.
En résumé, divers facteurs sont déterminants
dans la création des associations quelle que soit leur tendance :
- les facteurs historiques et culturels montrent que dans les
territoires de Beni et Lubero, habités par les nandes, l'individu est au
service de la communauté parentale mais aussi au service de la
communauté villageoise. Ce qui explique l'existence de
différentes formes associatives traditionnelles qui permettent
l'individu de vivre en harmonie avec les autres. Il doit s'associer aux autres
pour réaliser certains travaux au village, pour repondre à la
multiplicité des besoins auxquels il faut trouver solution tant à
court terme qu'en long terme,
- les facteurs liés aux conflits fonciers qui conduisent
les gens à se regrouper pour trouver des terres accessibles,
- Les autres facteurs sont liés à la
présence de bailleurs ou donateurs et poussent les associations à
naître ou à former des réseaux pour
bénéficier des fonds dans tel ou tel secteur.
Tous ces facteurs ne peuvent être
considérés isolement. Quant au rôle des prêtres ou
des pasteurs d'églises, il devient souvent déterminant. Leur
statut social leur permet d'accéder à certaines choses que la
base n'a pas. Les églises permettent aux associations de se rendre
crédibles. Les projets qu'elles réalisent leurs permettent de
faire face à l'Etat qui, en principe, devrait les prendre en charge dans
ses fonctions régaliennes. Par exemple, lorsqu'il s'agit de
l'électrification qui apparaît parmi les interventions de la
majorité d'associations répertoriées en annexe ; ou
lorsqu'il s'agit de la prise en charge des malades du SIDA, ou la
sécurité alimentaire, ...Si certaines associations naissent de
manière opportuniste, c'est-à-dire en raison de la
présence des bailleurs de fonds sur le terrain, cela a aussi des
conséquences négatives. Le départ des
intermédiaires ou le manque de donateurs dans l'avenir, pourrait
conduire, à long terme à des conflits sociaux et à la
dissolution des associations. D'où la nécessité d'avoir un
Etat stable pour soutenir les actions, tant sociales qu'économiques.
En somme, nous pensons avoir vérifié notre
hypothèse principale selon laquelle la multiplication des associations a
un impact sur le développement. Le fait que les associations de tendance
religieuse soient impliquées dans différents domaines
témoigne de cette dynamique. Chacune essaie, pour sa part, de
répondre non seulement aux besoins nécessitant des actions
urgentes mais aussi à ceux nécessitant des réponses
à long terme.
En consultant les associations, nous nous sommes rendu compte
qu'aucune d'entre elles n'a montré le rôle des opérateurs
économiques privés dans la réalisation des
activités. Pour MAAMS, par exemple, comme ces opérateurs visent
le lucre, il importe que les acteurs à but non lucratif ne puissent pas
collaborer ou participer au projet. Quel qu'il soit, sur terrain, les
opérateurs économiques privés nationaux et internationaux
ont des actions qui se réalisent et qui pourraient avoir des liens avec
les associations sans but lucratif tant religieuse que non religieuse.
Le domaine du développement est donc vaste et complexe.
Une étude ultérieure pourrait être consacrée au
développement local résultant, d'une part, des interactions entre
les associations locales, religieuses ou non religieuses et, d'autre part, des
institutions privées à but lucratif. Ces dernières peuvent
être nationales ou étrangères.
103
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visité le 30 juin 2008.
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mobilisations altermondialistes, organisé par le GERMM-AFSP, Paris, 3-5
décembre 2003, p.16 disponible sur :
http://www.afsp.msh-paris.fr,
consulté le 4 avril 2008.
TABLE DE MATIERES
Dédicace
Remerciements
|
. i
ii
|
INTRODUCTION
|
. 1
|
1. Etat de la question
|
1
|
2. Problématique
|
3
|
3. Hypothèses de travail
|
4
|
4. Objet et but de la recherche
|
5
|
5. Méthodologie
|
. 6
|
6. Subdivision du travail
|
.. 10
|
7. Difficultés rencontrées
|
10
|
8. Zone d'étude
|
... 11
|
CHAPITRE I : CADRETHEORIQUE :
ORIENTATIONCONCEPTUELLE
|
.... 12
|
I.1. Les associations
|
12
|
1. Quelques définitions
|
12
|
2. Historique du mouvement associatif
|
14
|
3. Motifs de création et typologies
|
17
|
4. Rôle et importance des associations
|
18
|
I.2. Notion de société civile
|
.19
|
I.3. Confession religieuse et développement local
|
22
|
Conclusion partielle
|
. 24
|
CHAPITRE II : HISTORIQUE DU CHRISTIANISME ET DE LA
SOCIETE
CIVILE EN TERRITOIRES DE BENI ET LUBERO 25
II.1. Présentation du milieu 25
1. Le territoire de Beni 25
2. Le territoire de Lubero 29
II.2. Historique du christianisme des territoires de Beni et
Lubero .. 31
II.2.1. Période précoloniale : phase exploratoire
32
II.2.2. Période coloniale : 1885 - 1960 36
II.2.3. Période postcoloniale : 1960 à nos jours
47
II.3. Contexte évolutif de la société civile
dans les territoires de Beni et Lubero 54
II.3.1. Rappel . 54
II.3.2. Le mouvement associatif et ONGD de Beni-Lubero .. 56
1. Les associations traditionnelles .. 57
2. Les associations modernes 59
Conclusion partielle . 62
CHAPITRE III : ETUDE DE CAS 64
III.1. Les associations de tendance catholique . 64
1. Le réseau « Tuungane » . 64
2. Les « waïbrahimu » 73
3. L'association ADL- assomption : Appui au développement
Local 76
III.2. Les associations de tendance protestante . 77
1. L'association MAAMS 77
2. La PEAC 83
Conclusion partielle . 84
CHAPITRE IV : LES ANALYSES : APPORTS, LIMITES ET
PERPECTIVES.. 85
IV.1. Les apports 85
IV.2. Les limites 89
IV.3. Les perspectives . 94
Conclusion partielle 95
CONCLUSION GENERALE 97
BIBLIOGRAPHIE 99
ANNEXES 106
ANNEXE 1 : Liste des organisations membres du réseau
Tuungane . Source : réseau Tuungane ANNEXE 2 : Tableau synoptique des
acteurs de développement local de beni et lubero. Source : CAID - asbl +
nos enquêtes
ANNEXE 3 : Questionnaire d'enquête.
ANNEXES
ANNEXE I : LISTE DES ORGANISATIONS MEMBRES DU
RESEAU
TUUNGANE.
Sydip Luotu, Uwaki/Pabuka, Développement de base
Musenda, Moulin Lubero, Umoja/Kilalo, Cofamu/Mutwanga, Masua/Mbwarara,
SIDEPAM/Mambasa, UPOMA/Magheria, Comité de développement Hutwe,
APACOKi/Kasando, Afia njema/Ngitse, Comité de développement
Vusesi/Bwinu, Apronut/Kirumba, Comité de développement Secteur
Kalambo, Art 15 Lukanga, MOMULI/Aloya, Umoja/Malende, Ifed/Vusalya,
APACOKI/Kasando, Comité de développement Mole Amini Yesu,
Comité de développement Luotu-lac-Ngekeni, Comité de
développement Katetsa , Tusharikiane/Bingi, Comité de
développement Musenda, APEMABU/Buhoyo, UWAKI/Somicar, Comité de
développement Kaghuli-lac, COFEKA/Kabasha, Comité de
développement/Karuruma, Umoja/Visusuti, Tusaidiane/Kirirya,
APDL/Bukununu, Tuyitsinge/Vulambo, comité de développement
Masereka-Sayo, Comité de développement Wepete/Kaseghe,
Comité de développement Luotu, Umoja/Kahondo, IFED/Kasongwere,
Ifed/Vukoka-Kivira, Comité de développement/Bweteta-Ngulo,
COOFEKA/KanyatsiBuna, SYDIP/Kyavisimi, RECONG-Ngeleza, LIMABEK/Mutendero,
CODEMUKO Kyulo, Secteur Kalambo, IFED/Mikondero, Tusikanaye Vikindwe, ACUKA
Kaseghe, Tupime Tutawaza Ikuvula, Comité de développement Muhanga
,Comité de développement Katwe-Kabate, Comité de
développement Mubana, Ovughuma ko kaghala, CODEKA Kavingu,
Tuwatikanaye/Kagheri, Tulimiane, DECOVU/Vutsorovya, Comité de
développement Katondi, APPEDEKI/Kibirizi, Mwangaza /Mihaki,
Cofamu/Mutwanga, Comité de Développement Mubana, Uwaki/Beni,
Comité de développement Kimbulu, Umoja Kilalo, Tuyire tuti
Kiyite, Bwera si bukoni, Tusharikiane, ACUBELE/KatolaBambu, COAKA/Kabanda,
ACUCOBA/Birenge, COAKI/Kibingu, IFED/Katwe, IFED/Bulotwa, Amukeni Bukendo,
Caritas/Bukendo, Devel/Bukununu, Paysan club Munoli, IFED/Buruse ,
Comité de base Kasongwere, Buuma Kokaghala, IFED/ Bulambo, Ifed/Mubugha
, Maendeleo Lubango, Ifed Muvugha, Comité de développement Bangi
si vavi/Buleshe-Kyondo, Tuonane/Kiragho, IDM/Mutiri-Butembo, Tukeberane Makima,
ADM/Makima, UADEKI, Tusaidiane Njip-lac, Songa Mbele, UWAKI/Kalimbuta,
IFED/Mundiba, UADEKI/Kipuli, UWAKI/Magheria, Ifed Kalengehya,Ifed Kyondo,
Tuwatikanaye, COOFA/Iaviro, Ifed/Katiri, CODECOKA, Umoja Kilalo, Kashalira
Kibirizi, Comité de développement Biambwe, Comité de
développement Bimoti, Umoja ni Faida, Coofengu/ Ngumo, Wangeve syatevwa,
Epasu Moti/Ndoyo, Kuchoka ni faida, Vangi si Vavi/Musienene-Vuhambo,
Comité de développement/Maboya-Ngulo, CODECIKA, Comité de
développement Mbungwe, COOAPEJAZOO/Bulongo, Baraza la hekima, IFED
/Kayna, Comité de développement paroisse Kitatumba, Twanzane
Mbingi, IFED/Vahyana, Tusharikiane/Katondi, Pas à pas Kiribata,
UWAKI/Lisasa, Tuwatikanaye /Kasima, Situluhe/Nyabili, Mwangaza, Comité
de développement Paroisse Kanyabayonga, Comité de
développement secteur Miriki, Comité de base de Musenda/Kighali,
Umoja Kilalo, DECROUBU/Kalunguta, COCALU /Lushebere, IFED/Bikara-lac,
Tusikilizane Butakonda, Tusikilizane/Kirirya, Anea/Kipese, Tusaidiane/Kasomero,
COD/Kanyabayonga, Codeka/Kaseghe , Kamandi centre, Tuendelee/ Mataba, Kihanda
si kilwa, Comité de développement/Visiki-Mambingi, EKA/Mahamba,
Comité de développement cité Kanyabayonga, IFED/Kyangendi,
Comité de développement Kasongwere, Centre SYDIP/Vuole,
IFED/Kalimba-Lukando, UWAKI/Vukununu, Mwangaza Mihake, COODERUKA/Katolu,
Comité de développement Malende, Comité de
développement Kasinzwe, Situlwike/Vutongole, Comité de
développement Ngoya, COFEKA/Kabasha, Techniciens Tuungane, Comité
de développement Mambingi, Comité de développement Kasima,
UWAKI-Tuungane/Beni, CDRKI/Kipese, Comité de développement
Kasongwere.
ANNEXE 2 : Tableau synoptique des acteurs de
développement de Beni et Lubero Source: CAID-asbl + nos
enquêtes
Tableau n° : répertoire des acteurs de
développement de Beni et Lubero
N° d'ordre
|
Dénomination
|
Sigle et date de création
|
Siège
|
Rayon d'action
|
Domaines d'interventions
|
1
|
Association Coopérative
pour Electrification des Agglomérations au Nord-Kivu
|
ACOELAR 1999
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Transformation, Electricité
|
2
|
Association des
Cultivateurs des
Collectivités des Bamate et Batangi
|
ACUCUBA 1987
|
Kirumba
|
Collectivité Batangi
|
Agriculture, Transformation, Ecologie
|
3
|
Association des Femmes pour le Progrès Social et
Culturel
|
AFPCS
1998
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Défense de Droits Humains/Syndicat
|
4
|
Action pour l'Intégration de l'Ouest de Beni
et Lubero au Développement
|
A.I.O.D
|
Butembo
|
Ouest/Beni Lubero
|
Agriculture, élevage Transformation, Santé,
RDA, Environnement, Promo-Femme
|
5
|
Association pour le
Développement Socio-
économique et de lutte contre le chômage
|
ADE.LUC
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Agriculture, Encadrement Jeunesse, Nutrition, Education.
|
6
|
Association des
Négociants des Produits Agricoles
|
ANEPROA 1995
|
Butembo
|
Beni/Lubero
|
Commercialisation
|
7
|
Association pour la
Promotion Nutritionnelle
|
APRONUT 1987
|
Kirumba
|
ZSR/Kaina
|
Agriculture,
Elevage, Transformation, Ecologie, Nutrition
|
8
|
Association des
Transporteurs et Taximen au Congo
|
A.T.CO
1986
|
Butembo
|
Lubero
|
RDA, Transport
|
9
|
Association des Petits
Eleveurs de Kasando
|
ASSOPELKA 1987
|
Kirumba
|
Batangi, Bamate
|
Agriculture,
Elevage, Environnement
|
10
|
Banque d'appui à
l'entreprenariat Féminin
|
B.A.E.F
2001
|
Butembo
|
Lubero
|
R.D.A, Transport
|
11
|
Bureau de Développement Communautaire Baptiste au
Centre de l'Afrique
|
B.D.C/ CBCA
|
Goma
|
Kivu et
Province Orientale
|
Agriculture,
Elevage, Santé,
Transformation,
Electricité, Habitat,
Eau et
Assainissement, Promotion de la Femme
|
12
|
Centre de Promotion
Socio-Sanitaire
|
CEPROSAN
|
1992
|
Butembo
|
Santé, Formation,
Eau,
Assainissement, Nutrition, Epargne
|
13
|
Bureau Diocésain
de Développement
|
B.D.D.
1988
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agricultute,
Elevage, Formation, Habitat, Nutrition, Culture, Eau
|
14
|
Centre d'Animation pour la Culture et le Développement
de Kirumba
|
CACUDEKI 1978
|
Krumba
|
Nord-Kivu
|
Agriculture,
Elevage, Urgence,
Santé, Alphabétisation, Déplacés
|
15
|
Coordination
d'Aide aux
Déplacés
|
C.A.D.
2000
|
Beni
|
Beni
|
Urgence
|
16
|
Centre d'Apprentissage des Métiers à
la Jeunesse
|
C.A.M/J.D
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Agriculture,
Elevage, Santé,
Encadrement de la Jeunesse, Artisansat
|
17
|
Centre d'Adaptation et de Promotion des Semences
Améliorées
|
CAPSA
1942
|
Luotu
|
Lubero
|
Agriculture
|
18
|
Consortium de
l'Agriculture
Urbaine de
Butembo
|
C.A.U.B.
2000
|
Butembo
|
Butembo
|
Agriculture, élevage, Eau, Assainissement
|
19
|
Centre d'Appui à la Promotion Nutritionnelle
|
CEPRONUT 1992
|
Butembo
|
Bashu/Baswag ha
|
Agriculture,
Elevage, Transformation, R.D.A.
|
20
|
Centre Consultatif
en Techniques
Agricoles
|
C.C.T.A
1992
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture,
Ekevage, Transformation, R.D.A.
|
21
|
Coopérative de
Constructions
Rurales
|
C.C.R
2000
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Habitat,
Encadrement, Jeunesse, Transformation
|
22
|
Collectif des ONG Laïcs de Beni et Lubero
|
COBELU 1996
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Formation, Défense, urgence,
Information, Communication
|
23
|
Collectif des
Associations Féminines
|
C.A.F.
2001
|
Beni
|
Beni
|
Formation,
Promotion de la
Femme,
Information, Communication
|
24
|
Coopérative
Centrale du Nord- Kivu
|
COOCENKI 1980
|
Mighobw e
|
Nord-Kivu
|
Agriculture, Elevage, Commerce
|
25
|
Coopérative Financière et
de Développement Socio-économique
|
COODEFI 1981
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Epargne
|
26
|
Coopératives des
Dépositaires des
poissons en
Territoire de Lubero
|
COODEPOL 1995
|
Butembo
|
Lubero
|
Commerce, Alphabétisation, Epargne
|
27
|
Communauté des
Planteurs et Eleveurs de la Région
Maraîchère
|
COPERMA
|
Vunya- kondomia
|
Beni-Lubero
|
Agriculture,
Elevage, RDA,
Urgence,
Promotion de la
Femme
|
28
|
Conseil technique
pour le
Développement
Rural
|
COTEDER 1986
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Transformation, Formation, Alphabétisation,
Electricité, Promotion de la femme
|
29
|
Cercle Culturel
Gloria
|
C.C.G.
1981
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Formation,
Epargne, Artisanat, Loisir, Information
|
30
|
Coopératives des
Dépositaires des
Produits Vivriers
|
COODEPROVI 1990
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Commerce
|
31
|
Intégration de la
Femme au Développement
|
IFED
1991
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture,
Elevage, Transformation, Formation, Formation,
Alphabétisation, Habitat, Droits humains,
Promotion de la
Femme
|
32
|
Initiation des Jeunes aux Activités de
Développement
|
I.J.A.D
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, Elevage,
Commerce, Formation, Encadrement, Artisanat, Information
|
33
|
Centre Educative
pour la Fin de la Faim
|
ASEFIFA 1994
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, Elevage
|
34
|
Coopérative Minière Agricole et
Forestière
|
COMAGRIFOR 1987
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Exploitation
|
35
|
Ligue des
Organisations des
Femmes Paysannes
du Nord-Kivu
|
LOFEPANOKI 1997
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Agriculture, élevage, Formation
|
36
|
Maarifa club
|
MAARIFA- CLUB
1990
|
Musienene
|
Baswagha
|
Agriculture, Elevage, Santé,
Electrification,
Habitat, Eau &
Assainissement, Environnement, Promotion de la Femme
|
37
|
Centre de
Développement
Rural
|
CE.DE.RU
|
Kibututu
|
Rutshuru, Beni,
Lubero
|
Agriculture, Transformation
|
38
|
Centre de
Formation et
d'Animation pour
le Développement
Solidaire
|
CEFDES
1995
|
Butembo
|
Beni/Lubero
|
Agriculture, Elevage, Transformation, Commerce, Education
|
39
|
Centre Nutritionnel pour le Développement
|
CENUDES
|
Musienene
|
Baswagha
|
Agriculture, Elevage, Alphabétisation
|
40
|
Centre de
Promotion Rural
Matumaini/
Domaine Mutinga
|
CEPRORUMA 1996
|
Musienene
|
Baswagha
|
Agriculture, Habitat
|
41
|
Mission d'Aide aux Déplacés
|
M.A.D.
2000
|
Butembo
|
Beni- Lubero
|
Urgence aux
déplacés
|
42
|
Coopérative de
Vente des Produits Agricoles du Lac Idi Amini
|
COOVEPALA
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Commerce, santé
|
43
|
Mission Sociale
|
MISO
1999
|
Butembo
|
Beni- Lubero
|
Agriculture, Elevage, formation, artisanat, urgence,
promotion de la femme
|
44
|
Muungano wa
wamama wamaendeleo ya Lubero ya Kusini
|
MUMALUKU 1998
|
Kirumba
|
Batangi, Bamate
|
Agriculture, Défense des Personnes
|
45
|
Pioche pour
l'autosuffisance Alimentaire
|
PAA 2000
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Transformation, Elerctrication, Eau & Assainissement
|
46
|
Programme d'Actions Locales
|
P.A.L
1998
|
Kanyabayonga
|
Lubero
|
Agriculture,
Elevage,
Formation, Environnement, Urgence,
Promotion de la
femme
|
47
|
Programme Agro-
alimentaire de
Vuhima
|
P.A.A.V
|
Bunyuka
|
Beni
|
Agriculture, Elevage, Transformation, RDA
|
48
|
Paix Durable et
Développement Social
|
P.D.D.S
1999
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Formation,
Défense des
personnes
|
49
|
Programme environnement
autour du Parc
National des Virunga
|
EPVI KACHECHE 1987
|
Goma
|
Nord-Kivu
|
Agriculture,
Elevage,
Formation,
Epargne, Encadrement, Loisirs, Environnement.
|
50
|
Article 15
|
Article 15
1982
|
Lukanga
|
Beni-Lubero
|
Transformation, santé,
encadrement
|
51
|
Reserve des Gorilles de
Tayna
|
R.G.T.
1998
|
Mambasa, Mavono
|
Batangi, Bamate
|
Santé,
formation, urgence, information
|
52
|
Projet d'Assistance Mutuelle aux veufs et orphelins
|
PAMAVO 1999
|
Lubero
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, élevage, santé, formation,
encadrement, nutrition
|
53
|
Reserve des gorilles de
Tayna
|
R.G.T
1998
|
Mambasa, Mavovo
|
Bamate
|
Santé,
Formation, urgence, information
|
54
|
Watu Imara kwa maendeleo
|
Reseau Wima 1996
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, élevage, formation, urgence
|
55
|
Comité Tuungane
|
Tuungane
|
Lukanga/kimbulu
|
Beni-Lubero, Ritshuru
|
Transformation, électrification, habitat
|
56
|
Santé et éducation pour
l'intégration des populations
|
SEIPI
1995
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Encadrement, jeunesse
|
57
|
Symbiose des écologistes
pour la protection de la nature
|
SEPRONA
|
Goma
|
Nord & Sud- Kivu
|
Agriculture, élevage, formation,
pêche, eau &
assainissement, environnement
|
58
|
Syndicat paysan et artisanat
|
SPAR
1981
|
Beni
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, formation, défense des personnes
|
59
|
Solidarité Mutuelle de la
route Manguredjipa
|
SOMURMA
|
Butembo
|
Bapere, Baswagha
|
RDA &
transport
|
60
|
Syndicat de défense des intérêts paysans
|
SYDIP
1993
|
Butembo
|
RDC
|
Agriculture, élevage,
formation, pêche, promotion
femme, syndicat de défense
|
61
|
Université Catholique du
Graben
|
UCG 1989
|
Butembo
|
RDC
|
Education, recherche
|
62
|
Union des coopératives des femmes de Beni
|
UCOOFABE 1986
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture,
défense des
droits des
personnes, promotion de la femme
|
63
|
Umoja wa wamama wa Lubero
|
UWALU
1985
|
Butembo
|
Lubero
|
Agriculture, élevage, loisirs, santé,
environnement
et éducation
|
64
|
Confrerie scolaire
de développement
|
CSD 1991
|
Butembo
|
Beni/lubero
|
Agriculture, élevage, santé, loisirs,
environnement, éducation
|
65
|
Femmes engagées
pour la promoion de la santé intégrale
|
FEPSI
2000
|
Butembo
|
Nord-kivu
|
Santé,
formation, promotion de la femme,
éducation, information
|
66
|
Intégration des
paysans agriculteurs au développement
|
IPAD
1996
|
Kyondo
|
Bashu, Baswagha
|
Elevage, transformation, alphabétisation, urgence
|
67
|
Compassin pour la défense des
désheritées
|
CO.SAN.DES 2000
|
Butembo
|
Beni-lubero
|
Santé, eau et
assainissement
|
68
|
Coopérative de
développement Mukilima au Congo
|
COODEMUCO 1987
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, commerce,
pêche, défense
des droits
humains,
|
69
|
Let's protect
children
|
LPC
2000
|
Butembo
|
RDC
|
Agricultre, élevage,
santé, alphabétisation, encadrement
des jeunes
loisirs
|
70
|
Club Ovuyingo
|
COV 1998
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, élevage, santé, eau,
assainissement
|
71
|
Syndicat des femmes travailleuses
|
SYFET
2000
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Urgence
|
72
|
Femmes agronomes
en action
|
FAA
|
Butembo
|
Nord-kivu
|
Agriculture, élevage, crédit
|
73
|
Solidarité pour la
promotion sociale et la paix
|
SOPROP
1994
|
Goma
|
RDC
|
Défense des
droits humains
|
74
|
Association des
formations des
ajusteurs métalliques
|
AFAM
2000
|
|
|
Ajustage, électricité
|
75
|
Centre d'appui aux
initiatives de développement
|
CAID
1988
|
Beni
|
Beni
|
Vulgarisation agrosylvo pastorale et ménagère,
éducation
formelle et
informelle, formation et information,
encadrement de
la jeunesse,
appui
nutritionnel,
crédit
|
76
|
Association pour la promotion de l'agriculture
|
ASPA
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, élevage, encadrement
des jeunes,
commerce, formation, urgence
|
77
|
Lutte contre la
pauvreté pour le
développement intégré
|
LPDI
2000
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Agriculture, élevage, santé, formation,
loisir
|
78
|
Union de la
communauté des rescapés du Nord-Kivu
|
USCOR
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Habitat, loisir,
promotion de la femme
|
79
|
Mission
d'assistance aux
enfants désoeuvrés
|
MAED
2001
|
Beni
|
Beni-Lubero
|
Encadrement de la population artisanat
|
80
|
Waibrahimu
|
Waibrahimu 1995
|
Muhanga
|
Batangi, Bamate
|
Glissement de
la population,
promotion de la femme
|
81
|
Conseil régional
des ONG de développement
du Nord-Kivu
|
CRONGD/ Nord-kivu
|
Goma
|
Nord-kivu
|
Formation, défense des droits humains
|
82
|
Bureau
oecuménique
d'appui au
développement
|
BOAD
|
Goma
|
Nord-kivu
|
Santé,
agriculture, eau
&
assainissement, urgence,
éducation
|
83
|
Mission
d'assistance aux
opprimés
|
MAO
2000
|
Beni
|
Nord-kivu
|
Elevage, agriculture,
santé, formation, alphabétisation, encadrement
des jeunes, artisanat, forge, RDA, nutrition,
urgence, promotion de la femme
|
84
|
Centre d'encadrement
des enfants
rescapés non
accompagnés et
orphelins
|
CERAO
|
Beni
|
Nord-kivu
|
Agriculture, élevage, santé, encadrement
jeunesse,
défense des
droits humains, nutrition, environnement, urgence
|
85
|
Programme d'appui sanitaire et nutritionnel
|
PROASANU 1993
|
Beni
|
Beni-lubero
|
Agriculture,
élevage, santé,
eau &
assainissement, glissement de la population
|
86
|
Association des
paysans pour le développement rural
|
APADER
|
Mutwanga
|
Mutwanga
|
Agriculture, environnement
|
87
|
Association
chrétienne des
indigents non
privilégiés de
Ruwenzori
|
ACINRU
|
Mutwanga
|
Mutwanga
|
Agriculture, artisanat, scolarisation
|
88
|
Action pour la
gestion agricole
|
AGA
|
Kyondo
|
Kyondo
|
Agriculture
|
89
|
Association des
cultivateurs pour la recherche
|
ACRAG
|
Kyondo
|
Kyondo
|
Agriculture, RDA
|
90
|
Ushirika bora kwa wa mama
|
USHIBO
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture, élevage
|
91
|
Action sur
l'amélioration de la
culture fruitière au Nord-Kivu
|
AACF
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture, élevage
|
92
|
Association des
mamans pour le développement
artisanal
|
AMDA
|
Beni
|
Beni
|
Artisanat
|
93
|
Association des
femmes
kimbanguistes
|
AFKI
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture
|
94
|
Centre d'accueil pour les handicapés physique
|
CAPHY
|
Beni
|
Beni
|
Artisanat et santé
|
95
|
Centre de
développement des
pygmées de Mwenda
|
CEDEPYM
|
Mutwanga
|
Mutwanga
|
Artisanat et santé
|
96
|
Umoja wa wamama wa Kivu
|
UWAKI
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture
|
97
|
Encadrement et
développement des
pygmées
|
ENDEPYG
|
Oïcha
|
Beni
|
Alphabétisation, promotion du peuple pygmée
|
98
|
Mission des
compagnons
batisseurs
|
MICOBA 2002
|
Beni
|
Beni
|
Habitat
|
99
|
Projet orphelinat pour la lutte contre le kwashiorkor
|
P.O.L.K.
2001
|
Kasindi
|
Kasindi Lubiriha
|
Nutrition
|
100
|
Union des filles
écologistes pour le développement
intégral
|
UFEDI
|
Beni
|
Beni
|
Environnement, promotion de la femme, écologie
|
101
|
Centre de
développement agropastoral
|
CEDAP
|
Butanuka
|
Ville Beni
|
Agriculture ,
élevage
|
102
|
Bureau
d'encadrement paysanne du Nord- Kivu
|
BEAP
|
Musienene
|
Beni
|
Agricole
|
103
|
Elevage des
crocodiles et la
gestion des milieux naturels
|
ECROGEMIN
|
Sula/Beni
|
Beni
|
Protection de la
faune et de la flore
|
104
|
Organisation des
filles mères
|
OFIM
|
Oïcha
|
Beni
|
Socioculturel
|
105
|
Organisation des
paysans agriculteurs
des fruits
|
OPAF
|
Maboya
|
Beni
|
Agriculture, transformation,
|
106
|
Association des
organisations agropastorales du Nord-Kivu
|
ASOPANK
|
Butembo
|
Butembo
|
Agriculture, élevage
|
107
|
Programme d'enregistrement des rescapés et amorphes au
centre d'assistance médical
aux malnourris, veuves et orphelins
|
PRALVI
|
Butembo
|
Lubero
|
Eau &
assainissement
|
108
|
Association pour le développement et la lutte contre la
pauvreté
|
ADELUCOP
|
Bulengera
|
Butembo
|
Assistance diverses
|
109
|
Association des
fermiers de Kalehe et Luholu
|
AFEKALU
|
Butembo-Goma
|
Butembo
|
Elevage
|
110
|
Développement Intégré à la base
|
DIB
1996
|
Butembo-ville
|
|
Information, éducation, commercialisation
|
111
|
Association nde la
défense de droit de la femme
|
ADDF
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Défense des droits de la femme,
assister les femmes
prisonnières et émission
radiodiffusées.
|
112
|
Centre d'études
juridiques appliquées
|
CEJA
|
Butembo
|
Butembo
|
Accompagnement juridique, séminaire d'information
|
113
|
Association des
taximen des motos et voitures
|
ATAMOV 1990
|
Butembo
|
Butembo
|
Transport, communication
|
114
|
Organisation
paysanne pour la
pisciculture familiale
|
OPIFA
|
Route Mangina et SOMICAR
|
Mangina
|
Pisciculture
|
115
|
Association des
déplacés de guerre de Butembo
|
ADGUBU
|
Butembo
|
Butembo
|
Urgences, artisanat
|
116
|
Handicapés,
orphelinat, nutrition,
coupe et couture
|
HONUC
2001
|
Q.Malepe/Beni
|
Beni
|
Scolarisation, couture, nutrition
|
117
|
<sécours et
compassion aux
pygmées et aux démunis
|
SECODYP 2002
|
Katwa-Vukaka/ Butembo
|
Butembo
|
Santé, éducation,
électrification, urgence
|
118
|
Club Mapendo
|
Club Mapendo 2001
|
Beni
|
Beni
|
Développement socioculturel, urgence
|
119
|
Paradise Visi Congo
|
PAVICO
2002
|
Ville de
Butembo
|
-
|
Elevage
|
120
|
Promotion des
initiatives d'élevage
des petits bétails
|
PIEPB
|
Q. Cité belge/
Beni
|
Beni
|
Elevage
|
121
|
Biotechnologie ménagère
|
BTM 1999
|
Beni
|
-
|
Appui et promotion des
projets d'autofinancement des ménages. Technologie de
production ménagère
|
122
|
Mapendo kati ya wa mama
|
UPENDO
|
Q. Cité belge
|
Beni
|
Agriculture, élevage, et
sylviculture
|
123
|
Solidarité des jeunes pour le développement
|
SJD
2002
|
Kitulu/ Butembo
|
Butembo
|
Encadrement des jeunes
désoeuvrés, aide mutuelle, sensibilisation à
la paix
|
124
|
Foyer de
développement en
chefferie de Bashu
|
FODEBA
|
Butungera
|
Bashu/Beni
|
Education agropastorale,
promotion de l'habitat, transport et communication
|
125
|
Fondation descendance Vyunza
|
Fond-Nyunza
|
Vutswande
Gr., Masiki-
Kalonge,
Bashu
|
-
|
Eau et assainissement,
santé, nutrition,
électrification assistance
humanitaire aux
vulnérables déplacés
et réfugiés
|
126
|
Association des
personnes
handicapées
|
APH
|
Concession OASIS
Butembo
|
Butembo
|
Amélioration de l'habitat,
artisanat, santé
|
127
|
Participation des
mamans enseignantes au développement
|
PMED
2000
|
Kasabinyole Beni
|
Beni
|
Epargne
|
128
|
Association des
veuves de Beni
|
ASVEB
|
Q.Biautu
|
Beni
|
Agriculture, élevage rotatif
|
129
|
Comité de
développement Tuendelee Mataba
|
CDTM
|
Beni/Mataba
|
Beni
|
Santé
|
130
|
Coopérative de
femmes agricultrices
de Mutwanga
|
COFAMU
|
Mutwanga
|
Beni
|
Agriculture, électrification
|
131
|
Coopératives des
femmes de Mavivi
|
CODEFEMA
|
Mavivi
|
Beni
|
Développement agriculture
|
132
|
Lutte et intégration
du paysan au
développement
|
LIPD
1998
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Echange d'expérience,
promotion sociale et économique,
Artisanat et nutrition
|
133
|
Paysans regroupés
pour l'étude et
l'action de développement
intégré
|
PREADI
1999
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Nutrition, information,
encadrement des débiles
|
134
|
Coopérative d'épargne des crédits
|
COFICO
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Epargne et crédit
|
135
|
Coopérative d'épargne et de crédit/Beni
|
COOPEC- Beni
|
Beni
|
Nord-kivu
|
Epargne et crédit
|
136
|
La Graine
|
La Graine 2001
|
Butembo
|
Nord-kivu
|
Epargne
|
137
|
Conseil d'appui pour l'autoréalisation des initiatives
locales
|
COARILO
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Agriculture
|
138
|
Centre de formation
professionnelle des
mécaniciens et
chauffeurs
|
CFPMC
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Professionnalisation de la
jeunesse désoeuvrée
|
139
|
Juventus de Paix
|
Paix
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Socioculturel
|
140
|
Groupe Pax Christi Butembo (ancien groupe universitaire)
|
PCB-Pax Christi Butembo
|
Avenue Kiombwe, n°20
|
Nord-kivu
|
Education à la paix, droits humains et
citoyenneté
|
141
|
Assistance aux
démunis
|
ASADE
|
Beni
|
-
|
Savonnerie, actions sociales et culturelles
|
142
|
Forum des écologistes pour le développement
intégré
|
FEDI
|
Butembo
|
Lubero
|
Développement intégral
|
143
|
Programme rural
d'adduction d'eau et lutte contre les vers intestinaux
|
PRALVI
|
Butembo
|
Lubero
|
Eau &
assinissement
|
144
|
Centre d'animation
agricole
|
CAA
|
Kyondo
|
Beni/lubero
|
Agriculture
|
145
|
Complexe d'initiative
des cultivateurs et éleveurs du Nord-Kivu
|
CICEKI
|
Beni
|
Territoire de
Beni
|
Agriculture, élevage
|
146
|
Centre d'appui au
développement
|
CENTRAD
|
Beni
|
Territoire Beni/
Lubero
|
Agriculture
|
147
|
Greatlakes association
for development
|
GLAD
|
Butemb
|
Lubero
|
Sécurité des
indigènes minoritaires, défense des droits
humains
|
148
|
Coopérative d'amélioration de petits Elevages de
Butembo
|
CAPEBU
|
Butembo
|
Lubero/beni
|
Elevage
|
149
|
Association des filles mères de Beni
|
AFMB
|
Beni
|
Beni
|
Action sociale et culturelle
|
150
|
Coopératives des
dépositaires des
poissons de Beni
|
CODEPOB
|
Beni
|
Beni
|
Commerce, épargne
|
151
|
Fraternité Nationale
des prisons au Congo
|
FNPC
|
Beni
|
RDC
|
Assistance aux
prisonniers
|
152
|
Groupe Anti Sida
Butembo
|
G.A.S/B
|
Butembo
|
Territoire Lubero
|
Santé
|
153
|
Programme de
réhabilitation et
protection des pygmées
|
PREPYG
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Développement intégral
|
154
|
Ateliers des mamans
pour les foyers
améliorés
|
AMAFA
|
Beni
|
Beni
|
Artisanat, énergie
|
155
|
Association des
mamans évangelistes
pour la paix durable
|
AMEPD
|
Q. Malepe-Beni
|
Beni
|
Artisanat
|
156
|
Association des
mamans pour le développement socioculturel
|
AMADASCU
|
Q. Biautu/beni
|
Beni
|
Savon,
agriculture, artisanat
|
157
|
Association des
mamans comercçantes au Congo
|
A.MA.CCO
|
Beni
|
Nord-Kivu
|
Commerce
|
158
|
Femmes unies pour la sensibilisation et l'autosuffisance
économique et alimentaire
|
FUSESA
|
Q. Biautu/ Beni
|
Beni
|
Savonnerie, agriculture, artisanat
|
159
|
Mamans éleveuses de Biautu
|
MAELB
|
Beni
|
Beni
|
Volaille
|
160
|
Centre d'apprentissage professionnel des jeunes
|
CAPJ
|
Beni
|
Beni
|
Encadrement de
la jeunesse
désoeuvrée
|
161
|
Coopérative des
femmes de lutte contre la malnutrition
|
COOFELUMA
|
Beni
|
Territoire Beni
|
Agriculture et
élevage
|
162
|
Union des femmes pour le progrès familial
|
UFPF
|
Beni
|
Beni
|
Apprentissage des métiers
|
163
|
Association des
veuves de Vingazi
|
AVEVI
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture, alphabétisation, artisanat
|
164
|
God's Glory Minstries
|
GGM
|
Butembo
|
Butembo
|
Evngélisation, scolarisation des orphelins
|
165
|
Mutuelles des
agriculteurs de
Mabuku
|
MAGRIMA
|
Beni
|
Beni
|
Agriculture
|
166
|
Centre de rééducation
pour l'enfance
défavorisée et
délinquante
|
CREDD
|
Beni
|
Beni/Nord- kivu
|
Protection de
l'enfance
|
167
|
Thehe Fuvi nous
orphelins
|
THEHE FUVU
|
Beni
|
Beni
|
Nutrition, santé, intégration des orphelins,
éducation
|
168
|
Centre d'animation
culturelle et de
promotion de la
jeunesse désoeuvrée
|
COCUPROJED
|
Kitsumbiro
|
Lubero/ Nord- Kivu
|
Sensibilisation
et formation des jeunes
désoeuvrés, alphabétisation
|
169
|
Société civile du
Grand Nord
|
SCGN
|
Butembo
|
Nord-kivu
|
Défense des
droits huamains, urgences
|
170
|
Association culturelle Nande
|
Kyaghanda/Beni
|
Beni
|
Beni
|
Socioculturel
|
171
|
Centre d'encadrement des orphelins
|
CEO
|
Liva / May-
Moya
|
Territoire Beni
|
Agriculture, éducation des orphelins
|
172
|
Communauté évangelique de la bonne nouvelle
|
CEBN
1993
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
173
|
Eglise de Dieu vivant
|
EDV 1992
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
174
|
Assemblée
évangélique de
pentecôte universelle
|
AEPU
|
Beni
|
Bdeni
|
Evangelisation
|
175
|
Centre missionnaire
évangélique au Congo/ église primitive
|
CMEC
1998
|
Beni
|
RDC - Beni
|
Evangélisation
|
176
|
Eglise de Christ et
Compagnon
|
CHRISCO 1981
|
Beni
|
Beni-Lubero
|
Evangélisation
|
177
|
Mission évangelique des adventistes du septième
jour
|
Adventistes du
7ème Jour
1926
|
Rwese
|
Beni-Lubero
|
Evangélisation, scolarisation
|
178
|
Assemblée des filles du christ
|
AFC
1987
|
-
|
Beni-lubero
|
Evangélisation
|
179
|
Réveil spirituel en
Christ
|
1996
|
Beni
|
Territoire beni
|
Evangélisation
|
180
|
Ministère de graine
vivante du Sénevé
|
MIGRAVIS 1996
|
Oïcha
|
Beni-Lubero
|
Evangélisation
|
181
|
Eglise de Jésus Christ de l'esprit de
vérité
|
BIMA
1991
|
Butembo
|
Beni-Lubero
|
Evangélisation
|
182
|
Ministère de
d'enseignement
biblique au Congo
|
MEBECO 1996
|
Beni
|
Territoire Beni
|
Evangélisation
|
183
|
Association pour
l'unification du
christianisme mondial
|
AUCM
1983
|
Beni-Butembo
|
RDC
|
Evangélisation
|
184
|
Eglise de Dieu
|
1999
|
Beni-Butembo
|
Beni-Lubero
|
Evangélisation
|
185
|
Jésus Seul Sauveur
|
JSS
1996
|
Kisangani
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
186
|
Eglise Néo-apostolique
|
1978
|
Kinshasa
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
187
|
Fraternité évangélique
pentecôte en Afrique et au Congo
|
FEPACO 1991
|
Kinshasa
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
188
|
Eglise universelle de Jésus- Christ
|
EUJC
1987
|
Lubumbashi
|
Beni-lubero
|
Evangélisation
|
189
|
Ministère évangélique
Jéhovah
|
MEJN
|
Butembo
|
Nord-kivu
|
Evangélisation
|
190
|
Eglise de Nazaréen
International
|
1996
|
Goma
|
Nord-Kivu
|
Evangélisation
|
191
|
Ministère : Fondation
OLANGI WOSHO
|
F.O.W
1996
|
Beni-Butembo
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
192
|
Mission évangelique pour le sauvetage
|
MES 1996
|
Butembo
|
Nord-Kivu
|
Evangélisation
|
193
|
Assemblée chtétienne des messagers
|
ACM
1996
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
194
|
Assemblée Béthel
|
BETHEL
1996
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
195
|
Eglise pentecôte
RHEMA
|
1985
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
196
|
Communauté des
Eglises de Pentecôte en afrique
|
CELPA
1995
|
Beni-Butembo
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
197
|
Message du temps de la fin par le prophète
|
BRANHAM 1991
|
Beni-Butembo
|
Territoire Beni/
lubero
|
Evangélisation
|
198
|
Eglise de Philadelphie au Congo
|
EPHICO
1996
|
Butembo
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
199
|
Association de Ministère de reveil penteôtiste
|
AMRP
1994
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
200
|
Fondation Internationale
de l'Evangile
|
FIE
1998
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
201
|
Ministère International de
l'évangélisation Corps du Christ
|
M .I.C.C
1996
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
202
|
Eglise Charismatique au
Congo
|
-
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
203
|
Eglise Pentecôtiste
SMVRNA
|
SMVRNA
|
Kalunguta
|
Beni
|
Evangélisation
|
204
|
La Voie Internationale The Way Rameau/Beni
|
-
|
Beni-Butembo
|
Beni- Lubero
|
Evangélisation
|
205
|
Agape Christ Cathédral
|
|
|
|
Evangélisation
|
206
|
Eglise Elshaddai Temple
|
|
|
|
Evangélisation
|
207
|
Mission
d'évangélisation et
d'assistance sociale
|
LIGHT IN DARKENE SS M
|
Butembo
|
Butembo
|
Evangélisation
|
208
|
Chambre de prière
|
Yesu ni njia ya uzima 2001
|
Beni
|
Beni
|
Evangélisation
|
209
|
Association des
trafiquants du Congo
|
ATRACE
|
Butembo
|
Congo-Est
|
Commerce, aide mutuelle
|
210
|
Coopérative des tailleurs pour la promotion sociale
|
COOTRAP ROSO
|
Vutsetse/Bute mbo
|
Butembo
|
Coupe et couture
|
211
|
Association coopérative de groupement d'éleveurs
du Nord-kivu/
Groupement Elevage de
Beni
|
ACOGENO KI
CEB/ Beni
|
Goma
|
Beni
|
Dépôt de produits vétérinaire
|
212
|
Coopérative des
producteurs de café de Beni
|
COOPROCAFE
|
Butembo/Beni
|
Nord-kivu
|
En faillite
|
213
|
Coopérative des
Matériaux de
construction
|
COMACO 1994
|
Beni
|
Boikene/ Beni
|
En faillite
|
214
|
Coopérative de
commercialisation des produits agricoles
|
COOPROA 1997
|
Beni
|
Beni
|
Dépôts et
alimentations des
produits agricoles,
moulins, presse à huile, pharmacie
|
215
|
Coopérative pour le
développement du paysannat de Tamende
|
COODEPA/ Tamende
2000
|
Tamende
|
Beni
|
Palmerais et cultures
vivrières
|
216
|
Association
coopérative des
exploitants des
matériaux de
construction
|
AEMACO 1990
|
Beni/ Rond-
point
|
Beni
|
Vente moellon, sables, graviers,...
|
217
|
Union des
coopératives agricoles et multifonctionnelles de
Beni
|
UCOAMUBE
|
Beni Marché
central
|
Beni
|
Unification des
coopératives, sensibilisation
|
218
|
Union coopérative des femmes agricultrices de Beni
|
UCOOFABE 1994
|
Beni
|
Beni
|
Promotion de la
femme, champ collectif, restaurant
|
219
|
Union des planteurs
pour le développement agricoles
|
UPDA
1992
|
Toda
|
Beni
|
Encadrement des
paysans
|
220
|
Coopératives des
planteurs de Beni
|
COOPLABE 1992
|
Beni
|
Beni
|
En faillite
|
221
|
Coopérative de
développement des
agriculteurs de Ngadi
|
COODENGA
|
Ngadi/beni
|
Beni
|
|
222
|
Coopératives des
exploitants du petit élevage
|
CEPEL
1989
|
Beni
|
Beni
|
En faillite
|
223
|
Coopératives des
bloquetiers et
briquetiers WIVU
|
COOBLOBRI 1993
|
Beni
|
Beni
|
En faillite
|
224
|
Société coopérative
des exploitants
forestiers de Beni
|
SOCOEFOBE 1998
|
Beni
|
Beni
|
|
225
|
Association coopérative d'approvisionnement
en produits
pharmaceutiques
|
ACAPHAR 1999
|
Beni
|
Beni
|
Santé (en faillite)
|
226
|
Coopérative d'écoulement des
produits vivriers et
industriels/ section Beni
|
COOPROVI 1999
|
Butembo
|
Beni
|
Commercialisation
|
227
|
Programme
d'assistance aux
pygmées
|
PAP
|
Beni
|
Beni- Lubero
|
Promotion des pygmées, actions sociales et
économiques
|
228
|
Compassion International
|
C.I
|
Bunia
|
Ituri, Nord-Kivu
|
Développement de
l'enfant en partenariat avec l'Eglise
|
229
|
Multi Actions
d'assistance aux
Marginalisés et aux Sinistrés
|
MAAMS
1998
|
Goma
|
Beni
|
Actions humanitaires
sociales, développement
communautaire, Apprentissage des métiers,
sécurité alimentaire, lutte contre le VIH-SIDA et les
violences sexuelles, droits humains, promotion de la
femme, éducation et
formation des jeunes adolescents
|
230
|
Programme de
promotion des soins de santé primaire
|
PPSSP
|
Bunia
|
RDC
|
Santé, lutte contre les
violences sexuelles
|
ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRES D'ENQUETE
1. Questionnaire destiné aux membres et
responsables des associations.
Dans le cadre d'un travail de mémoire pour obtention du
Diplôme de Master complémentaire en développement,
environnement et sociétés, vous êtes priés de
répondre aux questions ci-dessous. Le travail traite sur le mouvement
associatif et la dynamique de développement des associations de tendance
religieuse au sein de la société civile des territoires de Beni
et Lubero.
1. Nom de l'organisation :
2. Date de création : Début effectif des
activités:
3. Initiateur(s) :
4. Causes de création de l'association :
5. Rayon d'actions
6. Contexte de création de l'association (exemple
contexte des guerres, contexte des catastrophes naturelles, contexte de
pauvreté de la population, conflits fonciers...)
7. Il y a t- il une inspiration religieuse (confessionnelle)
qui a poussé à la création de l'association ?
C'est-à-dire il y a-t-il un lien entre la religion et le mobil de
création de l'association ? exemple un verset biblique qui est à
la base de cette initiative ?
8. Si oui, quelle est cette inspiration ? Donnez la
référence biblique !
9. L'association dispose-t-elle d'un statut juridique ? oui
ou non
10. Il y a-t-il un règlement et des documents
administratifs pour son fonctionnement ? Par exemple donnez le numéro
des documents d'autorisations.
11. Si non, comment fonctionne-t-elle ?
12. Dépend-t-elle de l'église ? laquelle ?
13. Quel est le rôle des prêtres ou des pasteurs qui
y sont membres ?
14. Le passage biblique cité ci-haut, figure t-il sur vos
documents (comme sur le dépliant, dans le préambule des statuts,
dans le document de projets, ...) ?
15. Si oui, pourquoi préférez-vous que cela
apparaisse ?
16. Objectifs de l'association ?
17. Nombre des membres fondateurs ?
18. Total des membres ?
19. Estimez-vous le nombre des bénéficiaires des
projets de l'association ?
20. Quelles sont les conditions pour adhérer à
celle-ci ?
21. Quelle est la confession religieuse des fondateurs ?
22. Il y a-t-il des femmes parmi les membres fondateurs ?
23. Si oui, estimez leur pourcentage ?
24. Pensez-vous qu'il est vraiment nécessaire de former
une association pour répondre aux besoins des marginalisés ou des
vulnérables ?
25. Justifier ?
26. Donnez les domaines d'interventions de votre association:
27. Quelles sont les priorités ?
28. Pouvez-vous donner les réalisations de votre
association depuis sa création ?
29. D'où proviennent les moyens de réalisations de
ces projets ?
30. Avez-vous des bailleurs de fonds ou partenaires qui
soutiennent les activités? Pouvez-vous les citer
31. Quel est leur statut ? (Par exemple des ONG du nord, des
églises, l'Etat pour les subsides, les personnes de bonne
volonté,...).
32. Comment l'association mobilise-t-elle au niveau local les
membres ?
33. Quels sont les avantages d'être membre d'être
dans l'association ?
34. Quand vous comparez les membres et les activités
actuelles par rapport au début de l'association (sa création),
pouvez-vous dire qu'il y a progression ou régression ?
C'est-à-dire est-ce qu'on peut dire que les gens sont encouragés
? Pourquoi ?
35. Si votre association est un réseau, les associations
de base ont-elles une appartenance à une confession religieuse ?
36. Parmi elles, existe-t-il des comités de
développement paroissiaux (Catholiques ou protestants) ? Pouvez-vous les
citer ?
37. Quelle place donnez-vous à la religion dans cette
association ?
38. La confession religieuse a-t-il un rôle dans les
activités ?
39. Si oui, la religion permet-il de répondre aux
attentes des bénéficiaires ? Comment cela ?
40. Organisez-vous quelques prières dans vos
activités ? Si oui décrivez comment cela se fait ?
41. Ne pensez-vous pas que la confession religieuse peut
handicaper les activités auprès des bénéficiaires
s'ils ne sont pas de la même foi ? Justifiez
42. Collaborez-vous avec les autres associations ?
43. Comment cela se manifeste t-il?
44. Existe-il une plate-forme des associations en tendance
religieuse dans le rayon d'action? Laquelle ?
45. Si oui, quelles sont ses activités ?
46. Pouvez-vous citer quelques associations qui la composent
?
47. Existe-il de collaboration entre votre association et le
bureau de la société civile de Beni-Lubero ?
48. Si oui, comment cela se fait-il ?
49. Si non pourquoi ?
50. Que pensez-vous ou quelle est votre impression sur les
activités de la société civile de Beni-Lubero ?
51. Avez-vous de bonnes relations avec le bureau de coordination
de la société civile?
52. Cette coordination collabore-t-elle avec les associations
religieuses ? Pourquoi ?
53. Les responsables de la coordination sont - ils
engagés à soutenir les projets de tendance religieuse ?
54. Est-ce que l'Eglise contribue à consolider les
activités de la société civile des territoires de Beni et
Lubero ?
55. Pensez-vous vraiment que cette coordination de la
société civile peut faire son rôle sans l'aide des
églises locales ?
56. Quelles sont les faiblesses de cette société
civile
57. Quelles activités avez-vous déjà
exercé ensemble avec la coordination de la société civile
?
58. Votre association est -elle consultée et
associée aux décisions de la société civile ?
Comment ?
59. Aujourd'hui la société civile en RD. Congo
tend à s'institutionnaliser. Pensez-vous qu'il est nécessaire de
passer par cette structure pour faire attendre la voix des populations ?
Pourquoi ?
60. Quelles sont les difficultés de votre association
?
61. Quelles critiques adressez-vous à cette
société civile ?
62. Quelle critique adressez-vous aux églises locales
(catholiques, protestantes,...) dans le cadre de vos activités?
63. Quel est le rôle de l'Etat dans vos activités
?
64. Quelle critique adressez-vous à l'Etat pour les
activités de l'association?
65. Quel est le rôle des opérateurs
économiques dans vos activités ?
66. Quelle critique adressez-vous aux opérateurs
économiques pour les activités de l'association ?
67. Quel est le rôle des chefs coutumiers dans vos
activités ?
68. Quelle critique adressez-vous aux chefs coutumiers pour les
activités de l'association ?
69. Quel est votre dernier mot ou message au regard des
activités de l'association ?
2. Questionnaire d'enquête destiné aux
non-membres des associations
Dans le cadre de rédaction d'un mémoire pour
l'obtention du diplôme de Master complémentaire en
développement, environnement et société, vous êtes
priés de répondre aux questions suivantes. Le thème est
« Mouvement associatif et dynamique de développement au sein de la
société civile de Beni et Lubero. Cas des associations de
tendance religieuse »
1. Sexe de l'enquêté : Age :
2. Votre statut social ? (étudiant, fonctionnaire,
enseignant, .... ?
3. Etes-vous membre d'une association ? Si oui laquelle ?
4. Quel est son domaine d'intervention ?
5. Est-elle issue d'une confession religieuse ou non
6. Si oui, pourquoi avez-vous adhéré ?
7. Pensez-vous qu'il est important de s'associer pour
résoudre certains problèmes ? Justifiez !
8. Avez-vous l'information qu'il existait dans la région
des formes traditionnelles d'associations qu'on peut considérer comme
base du mouvement associatif moderne de Beni-Lubero ?
9. Pouvez-vous citer quelques associations traditionnelles que
vous connaissez ?
10. Existent-ils aujourd'hui ? Si oui sous quelle forme ?
11. Pensez-vous que les associations modernes142 ont
une inspiration traditionnelle pour marquer la prolifération du
mouvement associatif de Beni-Lubero?
12. Quels autres facteurs peuvent être à cette base
? Citer les ?
13. Avez-vous déjà entendu parler de «
société civile » ?
14. A quoi pensez-vous quand on évoque ce terme à
Beni ?
15. Toutes les associations sont-elles inclues dedans ? Quelles
sont celles que vous connaissez comme actives dans la société
civile ?
16. Selon vous, dans quel contexte pensez-vous que le mot
société civile est apparu dans la contrée de Butembo, Beni
et Lubero ?
17. Vers quelle année peut -on situer son apparition ?
18. Connaissez-vous les causes de sa création?
19. Les villages ou campagnes sont-ils associés aux
activités de la Société civile ?
Justifiez !
20. Connaissez-vous les composantes de cette
société civile ?
21. Comment celle-ci mobilise-t-elle ses composantes?
22. Comment les dirigeants de la société civile
accèdent à leur fonction ? Donnez la
procédure que vous connaissez ou que vous avez
déjà a entendu parler ?
23. Les confessions religieuses sont elles impliquées
dans les activités de la société civile ?
24. Quelle est leur place ?
25. A votre avis toutes les confessions religieuses sont-elles
impliquées dedans ? Justifiez
26. Sinon quelles sont celles qui sont actives ? Pourquoi
?143
27. A votre avis quelles sont les principales activités
de la société civile de Lubero- Beni ?
28. Comment mobilise t- elle les confessions religieuses qui s'y
intéressent ?
29. Collabore t- elle avec les autres couches sociales non
intellectuelles ?
30. Collabore t- elle avec les opérateurs
économiques ? Comment ?
31. La population voit - elle réellement les actions de
cette Société civile à son avantage ? Justifiez ?
142 Les associations modernes dont nous faisons allusions sont
celles qui répondent aux lois actuelles qui régissent les asbl
par opposition aux associations de faits qui existaient dans le temps dans la
culture locale. Nous faisons allusions à la culture « nande »
étant donné que c'est la tribu majoritaire de la zone
d'étude : Beni et Lubero.
143 Par exemple les catholiques, les protestants,
pentecôtistes et églises de réveil, les kimbanguistes, les
musulmans, ...
32. Pensez-vous que la société civile de
Beni-Lubero est apolitique ? JustifiezQuel peut être le rôle et
l'importance de la société civile ?
33. Quelles sont les difficultés de cette
société civile ?
34. Quelles sont ses forces ? Quelles sont ses faiblesses ?
Quelles sont ses opportunités ? Quelles sont ses menaces ?144
35. Pensez-vous que la base est consultée pour les
activités ?
36. Avez-vous déjà entendu parler des associations
suivantes : « Tuungane » ,
« Waïbrahimu », ADL-assomption, MAAMS et PEAC
?
37. Que savez-vous de ces associations ?
38. Appréciez-vous leurs activités ?
39. Pourquoi ?
40. Comment voyez-vous l'avenir de la société
civile de Beni et Lubero?
41. Que pouvez -vous proposer à cette organisation ou
mouvement aux regards des faiblesses et menaces que vous avez
soulignées. ?
42. Comment trouvez-vous l'attitude de l'Etat vis-à-vis
de la société civile?
43. Que conseillez-vous aux confessions religieuses qui sont
impliquées dans les
activités ?
44. Que conseillez-vous à celles qui ne sont pas
impliquées.
45. Quel est votre dernier mot ?
Merci
Emmanuel Musongora Syasaka
144 - Les forces de la société civile sont les
éléments (matériels ou non matériels) qui
appartiennent à celle-ci et qui concourent à la
réalisation de ses objectifs. Les faiblesses sont au contraire les
éléments internes qui peuvent handicaper la réalisation
des objectifs. Ils dépendent de la politique interne de la
société civile.
- Les opportunités sont des éléments
(matériels ou non matériels) externes à la
société civile qui peuvent concourir à la
réalisation des objectifs alors que les menaces sont des
éléments externes à la société civile et qui
peuvent handicaper la réalisation des ses objectifs. Tous influencent la
gestion de l'organisation tout en étant externe à celle-ci.