Conclusion
Notre parcours avec Heidegger a porté sur la question
du rapport de l'imagination transcendantale avec le temps et sur le
problème de la finitude dans l'homme et la métaphysique du
Dasein. Cette réflexion révèle qu'à l'origine de la
connaissance ontologique, en tant que synthèse pure et mise en image
originaire, l'imagination transcendantale se trouve paradoxalement
réduite par Kant au rang de simple auxiliaire. Mais avec Heidegger,
l'imagination transcendantale de Kant revêt un tout autre sens. Heidegger
y voit une percée unique, consistant à enraciner la
rationalité dans la temporalité et la finitude et anticipant par
là la question de l'être et du temps. L'imagination pure est ce
pouvoir de former originellement des relations. Comme telle, l'imagination
transcendantale, aux yeux de Heidegger, est non seulement le centre de
constitution de la connaissance ontologique et la troisième
faculté fondamentale, mais aussi la racine des deux souches (que sont
l'entendement et la sensbilité) et c'est par elle que l'espace et le
temps sont d'abord donné comme intuition. Quant au rapport qui la lie au
temps, notre auteur nous fait savoir que le temps se fonde sur l'imagination
transcendantale, que celle-ci a un caractère temporel
intrinsèque, mieux l'imagination transcendantale a en soi le
caractère de la temporalité pure. En d'autres termes,
l'imagination transcendantale est le temps originel.
Par ailleurs pour Heidegger, la problématique de
l'instauration du fondement de la métaphysique aboutit à une
réflexion sur la finitude dans l'homme et en tant qu'une question qui
lui est intimement liée et qu'elle engendre. Contrairement à la
métaphysique classique qui réfléchit sur l'étant
comme tel, Heidegger pose le problème de la finitude comme un
questionnement sur la compréhension de l'être de l'homme en tant
que cet être détermine l'homme. L'homme en tant qu'étant
privilégié, dont la propriété est l'ek-sistence, a
la capacité de faire irruption parmi les autres et de les rendre
manifestes. Heidegger veut donc poser la compréhension de l'être
comme ce fondement ultime de la finitude du Dasein. Ainsi le questionnement sur
la finitude de l'homme, loin d'être une problématique
épistémologique ou anthropologique, est essentiellement
métaphysique. Ainsi se clarifie le lien intrinsèque entre le
problème de l'instauration du fondement de la métaphysique et
celui de la finitude humaine.
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