Conclusion générale
La crise dans la filière cacao a engendré des
comportements variés chez les producteurs. Certains se sont reconvertis
dans des cultures de rentes telles le palmier à huile,
l'hévéa. D'autres par contre ont intensifié la production
du vivrier pour leur survie mais également pour la commercialisation du
surplus. La commune rurale de Hiré connaît également les
maux qui sévissent dans le secteur du cacao en Côte d'Ivoire
(vieillissement du verger, raréfaction de la rente forêt, baisse
des cours mondiaux, etc). Les stratégies de résiliences
adoptées sont entre autres, la tentative de renouvellement des vergers,
l'augmentation et la spécialisation dans la production vivrière
et récemment la culture de l'hévéa et du jatropha. Cette
population en quête de stratégie de survie et de
développement est donc ouverte à toute opportunité
économique. Mais chaque stratégie choisie ne reste pas sans avoir
des effets sur le comportement de la population, de la cellule familiale et sur
les individus. Ainsi, l'orientation vers la culture des vivriers a conduit les
paysans à un changement du calendrier agraire. Ceux-ci ont
concentré l'essentiel de leurs activités agricoles sur 06 mois
(d'Avril à Septembre) car cette période correspond à la
saison de pluie favorable à la culture vivrière. La production
vivrière a occasionnée aussi la réduction de l'usage de la
main d'oeuvre extérieure et le recours au groupe domestique. Elle a
également permis la revalorisation des bas-fonds qui autre fois
étaient négligés parce que peu propice à la culture
du cacao.
Mais depuis l'année 2006 le début des travaux
d'installation d'une usine d'extraction d'or à Hiré, la nouvelle
stratégie de résilience de la population est tournée vers
l'orpaillage. L'intérêt de cette étude était
d'appréhender les bouleversements sociaux induit par l'orpaillage. Il
s'est agit concrètement d'analyser l'activité comme porteuse de
dynamisme et de recompositions sociales notamment au niveau de la structure
socio-économique, des relations de genre dans son aspect matrimonial,
des conflits d'autorités entre aînés et cadets sociaux.
Pour parvenir à notre objectif, nous avons inscrit cette étude
dans une démarche qualitative et quantitative. A cet effet, nous avons
utilisé les techniques de collectes de données que sont,
l'observation directe et l'entretien semi-dirigé et fermé dont
les différentes rubriques ont été consignées dans
un guide d'entretien et dans un questionnaire. L'analyse des données
recueillies a été faite à travers la théorie
sociologie du changement social. Ce changement étant le fait de
l'innovation économique que constitue l'orpaillage à travers sa
diffusion au sein de la population.
Les résultats obtenus nous ont permis de constater que
l'orpaillage a occasionné de grandes mutations sociales et
économiques dans les habitudes des riverains. Ce qui confirme nos
hypothèses. Au niveau des activités agricoles on constate un
relâchement au profit de l'artisanat aurifère. Les rapports
sociaux sont touchés par l'exercice de cette activité. En effet,
l'exploitation artisanale de l'or a fait naître deux groupes d'opinion au
sein de la population. D'un côté on a ceux qui approuvent
l'opportunité économique offerte par cette activité et de
l'autre ceux qui s'y opposent en raison des inconvénients induits. Les
changements sont aussi constatés au niveau des rapports de production
économique au sein de l'unité familiale. Ces changements se
manifestent par des conflits d'autorité entre aînés et
cadets sociaux. Au-delà des mutations sociales et économiques,
l'orpaillage a également des impacts négatifs sur l'environnement
et la santé des acteurs et même de la population. C'est pourquoi,
malgré les gains pécuniaires que l'orpaillage apporte aux
acteurs, il convient de prendre des mesures pour organiser ce secteur
d'activité afin de diminuer ses effets néfastes. Ces mesures
devront consister à :
- Faire un contrôle au niveau des titres d'accès
à l'activité.
- Prévenir les risques de pollution de
l'environnement.
- Prévenir les risques d'accidents et les dangers
sanitaires sur les sites.
- Sensibiliser la population sur les risques de pénurie
alimentaire auxquels elle est exposée du fait de la ruée vers
l'orpaillage et l'abandon des activités agricoles.
- Considérer les risques de
désintégration familiale et poser des actes concrets afin que
cela ne se repende sur la société toute entière.
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