Conclusion partielle
L'exploitation artisanale de l'or connaît un essor
remarquable à Hiré en termes de personnes mobilisées.
Cette nouvelle activité a gagné l'intérêt de
plusieurs personnes d'origines socioprofessionnelles diverses. En plus des
dégradations environnementales, elle est la cause de transformations
socioéconomiques que nous présentons dans la partie suivante.
2eme PARTIE
PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS SOCIOECONOMIQUES
Nous entendons par motivations économiques, les raisons
ou les conditions purement économiques, c'est-à-dire le gain, le
profit et qui sont des facteurs incitatifs à cette activité.
I- Les motivations économiques
Les différentes raisons économiques à la
base de la motivation des acteurs sont ici regroupées dans un tableau.
Le calcul des pourcentages est fait selon les réponses des
enquêtés.
Tableau 7 : Les facteurs de
motivation économiques à l'orpaillage.
Facteur de motivation
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
C'est la mode
|
10
|
6,66
|
C'est rentable et rapide
|
70
|
46,66
|
Pour me débrouiller
|
50
|
33,33
|
Par amour
|
2
|
1,33
|
Moins fatiguant
|
1
|
0,66
|
Faute de mieux
|
15
|
10
|
Autres
|
2
|
1,13
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
I- 1- Une rentabilité rapide et
élevée.
Contrairement aux activités champêtres,
l'orpaillage permet aux acteurs d'avoir rapidement de l'argent. C'est ce qui
d'ailleurs motive une grande partie de la population (46,66 %) qui se rue sur
les sites d'orpaillage. En effet, pour chaque type ou méthode
d'exploitation, l'or est recueilli sur place le même jour ou deux (02)
jours après. Pour l'exploitation souterraine de Bouakako par exemple, la
production est vendue sur place au soir même de la production. Pour les
autres types d'exploitation l'or est obtenu soit le lendemain de l'exploitation
ou encore deux jours après. Le traitement final qui permet d'obtenir
l'or se fait selon le gré de l'exploitation. Il y a des orpailleurs qui
collectent le sable fin ou sédiment (obtenu après lavage) ou
encore les roches possédant des paillettes d'or et les traitent de
façon définitive en temps voulu. Selon les orpailleurs, le fait
d'avoir en un temps record de l'or à vendre et par conséquent
avoir de l'argent est une raison de leur choix pour cette activité. Par
ailleurs, le témoignage des orpailleurs révèle que le sol
de Hiré serait plus dense en or et que cet or aurait une masse volumique
plus élevée que les autres localités telles Agbaou,
Kokoumbo... C'est d'ailleurs pourquoi des orpailleurs de profession se sont
déplacés de différentes régions pour se rendre sur
les sites de Hiré. Le rendement journalier dépend du type
d'exploitation.
Tableau 8 : Le rendement
journalier moyen selon le type d'exploitation
Type d'exploitation
|
Rendement journalier moyen
|
Lavage à la batée
|
4 - 5 g
|
A travers les roches
|
0,5 - 1g
|
Lavage simple
|
0,5 - 1g
|
Recherche souterraine
|
10 - 11g
|
Source : donnée d'enquête 2008
Notons que le rendement n'est pas fixe. Il peut arriver des
jours où l'orpailleur au soir de son exploitation, ne trouve pas d'or ou
encore en quantité faible. D'autres jours encore, l'orpailleur peut
obtenir une quantité très importante. La question de chance est
donc considérée. C'est donc le lieu de préciser les
considérations métaphysiques et les pratiques religieuses qui ont
cours sur les sites. De l'avis général des orpailleurs, l'or est
habité par des esprits, c'est pourquoi son exploitation exige des rites
et des sacrifices. Ainsi, sur le site d'Assayé, certains orpailleurs
exigent qu'on se déchausse sous prétexte que la chaussure ferait
fuir l'or. Mais tous les orpailleurs ne croient pas à cette pratique.
Sur le site de Djangobo, un sacrifice de boeuf est demandé. Selon les
orpailleurs, l'absence ou la non exécution de ce sacrifice serait la
cause des fréquents accidents sur ce site. A Bouakako également
les propriétaires de terre demandent aux orpailleurs de fournir un boeuf
plus un bouc pour un sacrifice sur le site afin de demander le pardon et la
faveur des esprits pour éviter les accidents et aussi que l'or se laisse
trouver. Jusqu'à ce que nous quittions le site, seul le sacrifice du
bouc a été fait.
On comprend combien de fois l'exploitation de l'or est
important pour les orpailleurs en ce sens qu'ils sont même prêts
à faire des sacrifices pour assurer la survie de leur
activité.
I-2- Une Vente aisée
L'or obtenu est vendu sur place. Les acheteurs viennent
d'Abidjan. Certains viennent juste acheter l'or et retourner. D'autres ont
trouvé judicieux de s'installer à Hiré pour acheter l'or.
D'autres encore, ceux-ci résidant à Hiré se sont
transformés en acheteur d'or pour la circonstance. Dans tous les cas la
vente est facile. Selon les orpailleurs, l'or ne peut pas resté invendu
par manque d'acheteur. C'est justement l'une des raisons qui motive les
orpailleurs. Contrairement à l'agriculture et au commerce où il
arrive que les produits ou la marchandise reste invendue pour faute
d'acheteurs, l'or est vendue immédiatement. La demande étant
forte, les acheteurs adoptent les attitudes concurrentielles qui consistent
à fournir le matériel, pour rendre la roche en poudre. D'autres
se sont associés pour acheter le gîte de Bouakako et tout
exploitant est tenu de leur vendre sa production. La vente se fait par
pesée à l'aide d'une balance (voir photo n°8 page 36). Le
prix du gramme d'or oscille sensiblement entre 8 500 et 9 000 Frs
Cfa. Le circuit utilisé par les orpailleurs est un circuit direct (vente
bord champ) ce qui leur permet d'échapper aux règles en vigueur
c'est-à-dire les taxes et autres frais. Cette situation crée donc
une condition favorable et confortable d'exploitation et de vente de l'or
à Hiré.
Photo n°8 Instrument à
peser l'or
Source : donnée d'enquête 2008
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