Sommaire
Liste des
tableaux...........................................................................
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2
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Liste des cartes et
photos..................................................................
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3
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Remerciements..............................................................................
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4
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Résumé.......................................................................................
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5
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Introduction
générale......................................................................
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6
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1- Contexte et constats de
recherche.................................................
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6
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2- Définition des mots clés du
sujet.................................................
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10
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3-
Problématique.......................................................................
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12
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4- Revue de
littérature.................................................................
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14
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5- Méthodologie de
recherche........................................................
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17
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6- Plan de restitution de la
recherche................................................
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27
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Première partie : Caractérisation de
l'exploitation artisanale de l'or à Hiré.........
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29
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Chapitre 1 : Caractérisation des acteurs et du
milieu..................................
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30
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Chapitre 2 : Les types
d'exploitation....................................................
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38
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Deuxième partie : Présentation et
discussion des résultats.......................
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48
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Chapitre 1 : Les motivations
socioéconomiques..................................
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50
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Chapitre 2 : Les mutations économiques, sociales et
environnementales..........
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61
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Troisième partie : Esquisse du plan de projet de
la thèse.........................
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76
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Chapitre 1 : Considérations
méthodologiques......................................
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77
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Chapitre 2 : Organisation des activités et plan
provisoire de la thèse............
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78
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Conclusion
générale.....................................................................
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81
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Bibliographie.............................................................................
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84
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Annexes...................................................................................
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95
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Liste des tableaux
Tableau n°1 : Répartition des grands
orpailleurs recensés selon leurs
nationalités...........................................................................
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31
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Tableau n°2 : Origines socioprofessionnelles des
acteurs..................................................
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33
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Tableau n°3 : Récapitulatif
des moyens de production dans le lavage à la
batée et leurs
coûts..................................................................
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40
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Tableau n° 4 : Les moyens d'exploitation souterraine
et leurs coûts...........................
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45
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Tableau n°5 : Répartition selon le type
d'activité exercé sur les sites..............................
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45
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Tableau n°6 : Répartition des
activités exercées sur les sites en fonction des
origines
socioprofessionnelles.....................................................
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47
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Tableau n°7 : Les facteurs de motivation
économique..........................................
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50
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Tableau n°8 : Le rendement journalier moyen selon le
type d'exploitation..................
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51
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Tableau n°9 : Facteurs de motivation sociale
à l'orpaillage....................................
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58
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Tableau n°10 : Attitude des paysans face à la
production agricole.............................
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61
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Tableau n°11 : Nature des conflits et leur
répartition au sein de la
population
enquêtée...............................................................
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68
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Tableau n°12 : Les causes des conflits
parents /enfants et mari/femme.......................
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68
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Liste des cartes et photos
Carte de situation géographique des sites de
production.............................
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19
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Photo n°1 : Extension du site d'Assayè vers la
ville...................................
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35
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Photo n°2 : Des hommes creusant la
terre..............................................
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38
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Photo n°3 : Un groupe de femmes transportant le sable
pour le lavage............
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39
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Photo n°4 : Une unité de production au lavage
à la batée............................
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41
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Photo n°5 : Un « kourou » ou
pirogue...................................................
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41
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Photo n°6 : des femmes à la pratique du lavage
simple...............................
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42
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Photo n°7 : Un tas de poudre de
pierre..................................................
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44
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Photo n°8 : Instrument à peser
l'or.......................................................
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53
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Photo n°9 : Un champ de cacao menacé par
l'action des orpailleurs...............
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74
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REMERCIEMMENTS
Nous voudrions adresser nos remerciements au Professeur ADJO
GUEBI NOËL pour avoir accepté la direction scientifique de ce
travail.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tous ceux qui de près ou de loin, nous ont apporté leurs concours
dans l'élaboration de cette recherche.
RESUME
L'affaiblissement des revenus agricoles compromet la
capacité des chefs de ménage à faire face aux charges
familiales. Il réduit les possibilités d'embauche de la main
d'oeuvre extérieure.
L'intérêt des responsables de groupes domestiques
pour la fonction productive de la famille est ainsi mis à mal. Ils
exigent désormais une plus grande implication des leurs dans
l'activité agricole. Cette façon de faire se trouve
confrontée à une autre réalité. Le projet
d'exploitation industrielle du gisement d'or à Hiré depuis 2006,
a entrainé parallèlement, l'essor d'une exploitation de type
traditionnel. Cette nouvelle activité pratiquée par la population
engendre des mutations sociales et économiques.
L'utilisation de la main d'oeuvre familiale est compromise du
fait de la ruée vers l'or. Les chefs de groupes domestiques n'arrivent
plus à maîtriser la main d'oeuvre familiale. Cette situation
provoque le mécontentement de ceux-ci et conduit à des conflits
intrafamiliaux. L'orpaillage entraine l'indépendance économique
précoce des jeunes et suscite en eux des comportements d'insoumission
aux parents. Il est aussi à l'origine des changements dans la pratique
agricole. Les paysans produisent désormais pour l'auto consommation.
Certains abandonnent même les activités champêtres. Ce qui
explique la pénurie et la hausse des prix des denrées
alimentaires.
INTRODUCTION GENERALE
1- Contexte et constats de recherche
Située dans la région du Sud-Bandama, la commune
rurale de HIRE-Watta se trouve sur l'axe Divo-Oumé,
précisément à 45 km de Divo (Chef lieu de région)
et à 29 km d'OUME. A l'instar de toutes les localités de cette
région, l'activité économique de Hiré est
dominée par l'agriculture de plantation principalement la culture de
café et de cacao. C'est cette pratique économique qui d'ailleurs
a occasionné le peuplement de cette commune. Dès 1920, se font
les premiers mouvements migratoires vers le petit village Hiré-Watta. La
raison de cette première vague migratoire était d'abord la
recherche et l'exploitation de l'or. Les migrants étaient originaires du
Centre et du Nord du pays (Baoulé et Dioula). Ils se sont donc
livrés à l'exploitation artisanale de l'or. Mais les colons
s'étant aperçus de la richesse de cette localité en or s'y
sont installés pour mener une exploitation de type semi-industriel
mettant ainsi fin à l'orpaillage. Les populations, surtout les migrants
baoulé se reconvertissent dès lors, en planteurs de café
et cacao, vu que les terres de Hiré sont propices à la culture de
ces produits. Les premiers champs de café et de cacao sont ainsi
créés. L'embellie économique que connaît les
pionniers de cette économie de plantation a provoqué
l'intensification des flux migratoires suivant le modèle ivoirien de
l'agriculture cacaoyère (RUF : 1994). Hiré, devient
dès lors, avec toute la région de Divo le troisième front
pionniers de la cacao culture en côte d'Ivoire à partir des
années 1930 (Eric et Patrice : 2005). Le développement du
petit village Dida est ainsi amorcé. Il devient une circonscription
sous-préfectorale en 1977 puis une commune rurale en 1985, suivi de la
création d'infrastructures éducatives et hospitalières.
Cependant, depuis quelques années, cette
économie de plantation cacaoyère à Hiré est en
crise à l'image de tout le pays. Plusieurs facteurs sont avancés
pour expliquer cette situation de récession cacaoyère. On peut
citer entre autres le désengagement de l'Etat (Ahanda : 2000), le
démantèlement en Janvier 1999 de la caisse locale de
stabilisation et la libéralisation totale et effective du marché
du cacao le 12 Août de la même année (Kouamé 2007).
On a aussi la baisse constante des prix aux producteurs à partir de 1988
(Eric : 1997) et la dissolution des rentes différentielles
associées au milieu forestier (Ruf : 1987) ; sans oublier le
vieillissement des vergers (Eric : 2005). Cette dégradation de
l'environnement économique et écologique a conduit à
remettre en question les bases techniques et sociales du modèle pionnier
d'exploitation agricole. Face à la baisse constante du revenu aux
producteurs, des stratégies de diversification des ressources
financières sont mises en place par ces derniers. Ainsi, concernant le
cas de la crise agricole au Nord du pays LABAZERE (1997) constate la naissance
de petites et moyennes activités de production et d'échange qui
occupent les 2/3 des activités avec en prime la croissance du commerce
(46%). Dans les zones forestières du Sud avec l'économie de
plantation, on assiste plutôt à une réorientation des
planteurs vers la diversification des cultures pérennes
(hévéa, palmier à huile,..), l'accroissement de la
production vivrière à des fins de commercialisation, et le repli
sur la main-d'oeuvre familiale (Eric et Patrice, opcit). La population de
Hiré s'est inscrite dans cette dernière option stratégique
d'adaptation dès les premières heures de la crise dans la
filière cacao.
Cependant, depuis l'an 2006, avec le début des travaux
d'exploitation industrielle de l'or à Hiré ; il se
développe parallèlement, une nouvelle activité
aurifère artisanale. Cette activité est une aubaine pour la
population en quête d'une économie de subsistance. Elle est
devenue depuis ce temps, la nouvelle stratégie pour amortir la crise
économique qui sévit à Hiré. Ce sont en effet, des
femmes, des jeunes, des adolescents et à une certaine mesure des hommes
chefs de familles qui se ruent chaque jour sur les sites d'exploitation. Cette
ruée ne se fait sans avoir des incidences sur l'ordre économique
et social existant. La nouvelle orientation de la population vers l'orpaillage
a induit un changement notable dans sa structure socioéconomique, dans
la mesure où l'on passe d'une économie essentiellement agricole
à une économie tournée vers l'exploitation minière.
Dans ce nouveau contexte, deux constats majeurs fondent l'entreprise de cette
recherche sur une analyse du changement social basé sur le passage d'une
économie agricole de plantation à une économie
tournée vers l'exploitation minière et les activités.
Constat 1 : la capacité
d'adaptation de la population.
Traditionnellement, on assistait à une
spécialisation économique par groupes d'acteurs sociaux à
Hiré. Bien que l'économie de plantation cacaoyère
fût la plus pratiquée, il existait à côté,
d'autres activités telles que le commerce et les petits métiers.
Toutes ces activités sont guidées par les variations de la
dynamique de l'économie cacaoyère. Depuis la crise de
l'économie de plantation, on assiste à la tendance à une
pluriactivité. De plus en plus, les acteurs sociaux développent
à côté de l'activité principale une autre de
soudure. Ainsi, il se développait pendant les périodes creuses de
l'économie cacaoyère, la culture de vivriers à but
d'autoconsommation et commerciale (maïs, riz, igname, manioc...).
Cependant, depuis un certain temps, l'exploitation artisanale de l'or se
substitue de façon significative aux stratégies de subsistance
existantes. Cette situation engendre des nouvelles recompositions dans les
habitudes économiques de la population. Cela se traduit par :
- L'abandon des champs
- La diminution des surfaces cultivées surtout celles
réservées aux cultures vivrières ;
- La fermeture périodique des ateliers de couture, de
mécanique (moto et vélo)
- L'arrêt momentané de certaines activités
commerciales ;
- La baisse constante de l'offre de la main d'oeuvre agricole
au détriment de l'orpaillage.
Face à cette réalité, les questions que
nous nous posons sont de savoir : qu'est ce qui explique l'orientation de
la population vers l'orpaillage ? Quelles incidences l'orpaillage a - t
-il eu sur les recompositions à l'oeuvre ?
La stratégie de subsistance étant tournée
vers la culture de produits vivriers, quel est l'impact de cette nouvelle
activité sur la sécurité alimentaire à
Hiré ? Comment les populations s'organisent-elles pour s'adapter
à cette nouvelle situation ?
Constat 2 :
contestations récurrentes de l'autorité des
responsables de groupes
domestiques.
L'exploitation artisanale de l'or suscite des bouleversements
profonds dans l'organisation sociale chez les acteurs. Ces bouleversements se
traduisent par la désorganisation de la hiérarchie sociale
existante. En effet, dans les conditions normales de la vie sociale, la
production de l'économie de plantation se fait sous la direction du chef
de ménage (Eric et Vimard, opcit). Il mobilise donc son groupe
domestique et se fait aider aussi par des main- d'oeuvres salariées.
C'est lui qui est l'autorité de l'unité de
production. Il fixe les objectifs et les méthodes ou voies pour les
atteindre. C'est lui également qui assure la redistribution des biens
obtenus par l'ensemble, à chaque membre de la famille. Dans un contexte
de crise de l'économie de plantation, les stratégies des
planteurs (chefs de groupes domestiques) est la réduction sensible des
niveaux de la main-d'oeuvre extérieure. Le métayage au tiers, qui
permet au planteur de transférer sur sa main-d'oeuvre une part
proportionnelle du risque économique, est devenu le rapport de
production dominant. Mais du fait de l'accentuation de la crise, cette pratique
tend elle aussi à son tour à disparaître. Car ceux-ci ne
supportent plus de travailler à perte vue l'état de
vieillissement des plantations et la baisse graduelle de la production. Face
à cette situation, les planteurs se tournent vers la main-d'oeuvre
domestique, c'est-à-dire leurs femmes et leurs enfants (Eric et Vimard:
opcit). Or c'est cette main-d'oeuvre qui est aujourd'hui attirée par
l'orpaillage. Cela crée des conflits au sein de la cellule familiale.
Ainsi, il est rapporté de façon
récurrente des cas d'insoumission d'épouses ou d'enfants. Ceux-ci
se livrent à l'exploitation artisanale de l'or pour leur propre compte
et cela au détriment des activités économiques de la
famille. Cette situation inhabituelle a conduit même des chefs de
ménages à entreprendre des démarches auprès de
l'autorité municipale en vue de la fermeture des sites d'exploitation.
Ce constat nous pousse aux questions suivantes :
Quel est l'impact de ces conflits d'autorité sur
l'organisation et l'unité de la cellule familiale ? En terme plus
clair, comment se manifestent ces conflits et quel est le lien avec
l'extraction artisanale de l'or ?
2- Définition des mots clés du sujet
2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale ou encore
orpaillage.
Selon le code Minier ivoirien, en son article premier,
l'exploitation traditionnelle ou artisanale est toute exploitation dont les
activités consistent à extraire et concentrer les substances
minérales et à en récupérer les produits marchands
par les méthodes et procédés manuels et traditionnels. Un
article du département des affaires économiques et sociales des
Nation Unies ajoute que, l'exploitation artisanale c'est l'utilisation directe
de l'énergie humaine dans l'extraction des minerais. Le terme orpaillage
est souvent utilisé pour désigner l'exploitation traditionnelle
ou artisanale de l'or. Pour certains le terme orpaillage tire son origine
étymologique du mot « harpailler » qui signifie en
anciens français, saisir, attraper (ORRU : opcit). Pour d'autre, il
vient du mot paille, en référence à la paille que les
chercheurs d'or d'antan plaçaient sous les riffles pour piéger
l'or (POLIDORI : 2001) Cette image autrefois assez représentative
du caractère artisanale de cette branche de l'activité est
aujourd'hui quelque peu désuète, du reste dans certains pays
européens. Car les moins fortunés des orpailleurs de ces
régions disposent des moyens techniques modernes (pompe à gravier
détecteur de métaux etc.) pour déceler et extrait l'or.
Cependant en Afrique les orpailleurs continuent d'utiliser les moyens et les
méthodes anciens. Le terme d'orpaillage trouve donc ici tous son sens.
On retient que l'exploitation artisanale de l'or est une activité qui se
fait sans l'utilisation de moyens techniques (machines) ou du moins à un
degré moindre. Dans le dernier cas on parle d'exploitation
semi-industrielle ou semi-traditionnelle. Dans le cas des sites d'orpaillage de
Hiré, la grande partie des orpailleurs n'utilisent pas de machines,
seule une unité de production possède une moto- pompe.
2-2- Mutation socio-économique
La mutation est le passage d'un mode de vie, d'une
façon de faire à une autre. C'est un changement inattendu ou
rapide, par opposition à une évolution plus lente (GRAWITZ :
1991). L'implantation de l'usine d'exploitation industrielle de l'or à
Hiré en 2006 a modifié les pratiques socio-économiques de
la population. Le fonctionnement de cette usine a occasionné l'essor de
l'exploitation de type artisanal. La population exerce cette activité au
détriment des autres. Les rapports de production économique au
sein de la famille sont aussi mis à mal. Le terme ``changement'' est
aussi utilisé comme synonyme de ``mutation''. Le changement social vise
toute transformation observable dans le temps. Il affecte de façon
durable la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale. Il permet
de tenir compte de la nature de la réalité toujours mouvante de
la société. Dans le cadre de cette étude, le changement
observé est le passage d'une économie agricole à une
économie basée sur l'exploitation des minerais. Cette nouvelle
orientation de l'économie, entraine des mutations dans l'organisation
socio-économique de la population.
3- Problématique
3-1- Questions et objectifs de recherche.
La question centrale qui guide de cette recherche est la
suivante :
Comment l'extraction artisanale de l'or a- t- elle
contribué à modifier ou à amplifier les recompositions
sociales induites localement par la crise de l'économie de plantation
villageoise ?
Cette étude a pour objectif général de
montrer comment l'exploitation artisanale de l'or a provoqué des
changements dans la recomposition sociale et économique en vigueur
à Hiré.
Pour atteindre cet objectif général, nous nous
attacherons de façon spécifique à :
- Identifier les raisons de l'orientation de la population
vers l'orpaillage.
- Déterminer les incidences de l'exploitation
artisanale de l'or sur les
pratiques économiques en vigueur.
- Montrer le rôle de l'orpaillage dans la naissance des
conflits d'autorité et
son impact sur l'organisation et
l'équilibre de la cellule familiale.
- Accessoirement, indiquer les
risques sanitaires et environnementaux
occasionnés par l'orpaillage.
3-2- Thèse et Hypothèse provisoires.
3-2-1- Thèse provisoire.
La thèse provisoire de la recherche est la
suivante :
La pratique de l'exploitation artisanale de l'or a
occasionné des changements dans la structure sociale et
économique par son adoption au sein de la population de Hiré.
3-2-2- Hypothèses
Hypothèse 1 : La
ruée de la population vers l'orpaillage s'explique par la
capacité de cette activité à fournir un revenu rapide.
Hypothèse 2 :
L'orientation de la population vers l'exploitation artisanale de l'or a conduit
à l'abandon ou à la négligence de la production
vivrière, ce qui provoque la cherté de la vie à
Hiré.
· Nous entendons par ``cherté de la vie'' la
hausse des prix des denrées alimentaires qui passent parfois du simple
au double.
Hypothèse 3 :
L'indépendance économique des personnes à charge des chefs
de groupes domestiques occasionnée par l'orpaillage engendre des
conflits d'autorité et un déséquilibre familial.
· Nous entendons par indépendance
économique des personnes à charge, la capacité de ceux-ci
à entreprendre une activité économique sans l'intervention
du chef de famille. En effet l'essor de l'exploitation artisanale de l'or a
permis à des jeunes et des femmes d'entreprendre à leur propre
compte une activité économique.
· Les personnes à charge sont celles qui
dépendent de l'unité de production familiale, qui y participent
et qui sont placées sous l'autorité directe du chef de groupe
domestique. Elles sont essentiellement composées de femmes, des enfants
et quelques membres de la famille élargie.
· Les conflits d'autorité sont des
désaccords entre les aînés sociaux et les cadets. Ces
conflits se manifestent souvent par l'insoumission des cadets, le refus pour
certains chefs de famille d'exercer leurs responsabilités
(scolarisation, dépenses familiales..). Ces conflits d'autorité
conduisent aussi au déséquilibre de l'ordre familial (divorces,
menaces verbales et quelque fois corporelle, expulsion ou répudiation
des enfants ou des femmes...).
4- Revue de littérature
Relativement aux contraintes économiques et
écologiques que subissent les agriculteurs villageois ces
dernières décennies, plusieurs stratégies de
réponses sont déployées par ceux-ci pour faire face
à la situation. Certaines sont construites à partir d'une
démarche de diversification et d'anticipation du risque alimentaire.
Cette stratégie se manifeste par la production de cultures
vivrières pour l'autoconsommation et pour la commercialisation (Eric et
Patrice : 2005) et aussi la pratique d'autres cultures pérennes.
Pour d'autres, la stratégie adoptée consiste à
développer à côté des activités agricoles,
d'autres activités génératrices de revenu en ville
(Labazée : 1997). D'autres encore s'adonnent à
l'exploitation pure et simple des ressources naturelles disponibles. Pour ce
dernier cas on peut citer l'exploitation des produits forestiers non ligneux
(PFNL) ou encore l'exploitation artisanale des minerais.
L'exploitation artisanale des minerais ou orpaillage est une
activité économique qui a intéressé beaucoup de
chercheurs de disciplines diverses. Historiens, sociologues et biochimistes ont
abordé ce terme, bien sûr sous plusieurs angles. Les
thématiques développées peuvent être
regroupées en trois groupes : l'ancienneté des
méthodes d'exploitation, les risques sanitaires et environnementaux et
les incidences économiques et sociales induites par cette
activité.
Les pierres précieuses surtout l'or et le diamant, ont
une grande importance dans chaque société. Les hommes ont
accordé une valeur économique, sociale et même religieuse
à ces minerais, depuis l'époque préhistorique.
L'orpaillage est sans doute, de toutes les méthodes utilisées
pour la récupération de minerais, la plus ancienne et celle qui a
le moins varié (Nations Unies : 1973). En France par exemple, son
histoire remonte à l'époque néolithique (Gandon :
2007). Les méthodes et les moyens utilisés restent les
mêmes dans toutes les sociétés. Cependant, le lavage
à la batée est la plus partagée. En Afrique (Nations
Unies : opcit), en Amérique latine (Orau : 2001), comme en
Europe (Gandon : opcit) et même en Asie (Fischer : 2006), les
orpailleurs utilisent la méthode de la batée pour
récupérer l'or sur les sites alluvionnaires. Si les
méthodes et les outils des orpailleurs en Europe et en Amérique
latine connaissent quelques améliorations technologiques, il n'en est
pas de même pour ceux de l'Afrique en général et de
l'Afrique noire en particulier.
L'exploitation artisanale de minerais engendre en outre des
risques sanitaires et des conséquences néfastes sur
l'environnement. En effet, la situation sanitaire sur les sites d'orpaillage
est très précaire en général. Selon Lougue et al
(2006), à propos de la problématique sociale et sanitaire sur
les sites d'orpaillage de Siguinvoussé, Pouskgin et Touwaka au
Burkina-Faso, les populations sont exposées à un risque de
maladies infectieuses liées au manque d'installations sanitaires
appropriées. Les conditions d'hygiènes, d'alimentation et les
comportements à risques, sont à la base de la
détérioration de la santé des orpailleurs. Les populations
des sites d'orpaillage sont souvent confrontées au paludisme, aux
maladies diarrhéiques, aux infections respiratoires aigues et aux IST /
VIH-SIDA. Par ailleurs, l'utilisation de mercure dans la purification de l'or
et aussi certaines particules chimiques contenues dans les résidus de
pierres et du sous-sol entraînent des dépôts
sédimentaires qui polluent les milieux aquatiques et
atmosphériques (Orru : opcit). Les recherches de Polidori et al
(2001) portant sur le cycle biochimique du mercure ont mis en évidence
en Guyane, le rôle aggravant de l'activité aurifère et
particulièrement de l'orpaillage, d'une part par les rejets
supplémentaires de mercure métallique ; d'autres part par
une érosion certaine des sols qui favorise la mobilisation et le
transport du mercure métallique jusqu'aux points les plus bas (bas-fond,
cours d'eau). Il est clair que les dégâts sanitaires et
environnementaux sont avérés sur les sites d'orpaillage.
Les problèmes sociaux engendrés par l'orpaillage
sont aussi évoqués. Il s'agit du banditisme, des conflits
fonciers. Selon un article du ``Faso.net'' paru le 18 septembre 2006, un
affrontement aurait opposé orpailleurs exploitant le site de Fafora au
Burkina-Faso et la population autochtone. Les autochtones reprochent aux
orpailleurs de pratiquer un déboisement intensif, de leur manquer de
respect et à leurs lieux sacrés et enfin de voler leurs
volailles. Ils les accusent également de délits
d'adultère. Selon cette même source, les services d'actions
sociales et de solidarité nationale de Gaoua et de Kompti ont
noté une multiplication des cas de viols, de trafics d'enfants, de
conflits de famille du fait de la présence des orpailleurs. Dans la
commune rurale de Kompti par exemple, pour le seul mois de Juillet 2006, le
service social a été sollicité pour la résolution
de cinq (5) cas de viols, six (6) cas de drogues et onze (11) cas de conflits
conjugaux.
La lecture des études sur l'orpaillage
révèle que cette activité est à l'origine de
plusieurs désagréments au niveau de l'environnement, de la
santé des acteurs et de la sécurité sociale. Mais les
conditions de l'exercice de cette activité relatées par ces
études sont différentes de celles de Hiré. D'une part,
ailleurs au Mali et au Burkina-Faso, dans les régions
mentionnées, les populations font traditionnellement de l'orpaillage une
activité économique principale. D'autre part, l'orpaillage n'est
pas pratiqué en réponse à une crise agricole. Ce qui veut
dire que ces sociétés sont initialement organisées autour
de cette activité.
Dans une économie de plantation en crise comme celle de
Hiré, où la population essaie une recomposition sociale en vue de
s'adapter à la situation, le développement de l'orpaillage
mérite d'être observé de près. Cela au regard des
problèmes sociaux que cette activité induit. La contribution de
cette recherche est d'identifier les changements sociaux que connaissent les
riverains et plus particulièrement les unités de productions
économiques familiales. Il s'agira d'identifier les enjeux
socio-économiques de l'orpaillage et de montrer les incidences de la
pratique de cette activité nouvelle sur :
- La sphère familiale par rapport aux nouvelles
conditions d'accès aux ressources et de contrôle de la force de
travail.
- Les transformations des rapports entre les formations
sociales en présence : entre aînées et cadets, entre
hommes et femmes, entre parents et enfants.
En somme, il s'agira de comprendre la manière dont les
populations rurales répondent aux modifications profondes de leur
environnement écologique et économique et les mutations sociales
provoquées par les stratégies d'adaptation initiées par
elles.
5- Méthodologie de recherche
5-1- La pré-enquête
Nous avons effectué une pré-enquête dans
le cadre de cette étude. De façon concrète, elle a
consisté à une prise de contact avec l'Autorité municipale
et sous-préfectorale. A la suite de ces contacts, nous avons
visité les sites d'orpaillage à Hiré. De façon
pratique, la pré-enquête nous a conduit à nous
imprégner des réalités du terrain, de la mobilisation de
la population au sujet de l'orpaillage et des mutations socioéconomiques
manifestes au sein de la population.
5-2- L'enquête
5-2-1- Champs de l'étude
· Champ géographique
Les enquêtes se sont déroulées sur trois
sites d'orpaillage. Ce sont les sites d'Assayé, de Djangobo et de
Bouakako. Le choix de ces trois sites se justifie par le fait qu'ils sont les
plus connus et les plus fréquentés. Ces sites sont situés
plus ou moins proches de la commune (voir carte ci-après : page
19).
Carte de situation des sites d'exploitation dans la
sous-préfecture de HIRE
Assayé
Djangobo
Source : N. Marcellin (A.P.V.A. S/P HIRE)
aménagé par nous.
· Champ sociologique
Notre enquête a porté principalement sur deux
catégories d'acteurs dont les orpailleurs et quelques chefs de famille
qui s'opposent à l'activité. Nous nous sommes
intéressés secondairement aux propriétaires de terres et
à l'autorité municipale. Les orpailleurs sont les premiers
intéressés dans cette activité. La confrontation de leurs
opinions à celles des chefs de famille qui s'opposent à
l'orpaillage nous permet de dégager les causes des conflits
d'autorité au sein de la famille.
L'entretien avec l'autorité municipale nous a permis de
constater les incidences de l'orpaillage sur la structure
socioéconomique de la commune et les changements induits.
5-2-2- Echantillonnage
Pour collecter les données de cette étude, nous
avons opté pour un échantillonnage non probabiliste. Plus
précisément nous avons utilisé un échantillon
accidentel (accidentel sample). L'échantillon accidentel est celui
où la population n'est pas définie. Il s'agit de groupe dont les
caractéristiques n'ont pas été établies en fonction
d'une recherche et que l'on doit accepter comme tel dans la recherche
(N'da : 2006). Nous avons choisi ce type d'échantillon parce que
notre population répond aux caractéristiques identifiées
dans cette approche. D'abord, parce qu'il n'existe pas de données
prédéfinies (on ne connaît pas l'étendue de la
population) pouvant nous permettre de définir la population mère
en vue d'un échantillonnage raisonné.
Ensuite, les orpailleurs de Hiré ne sont pas
individuellement permanents sur le site. Ce qui ne permet pas d'envisager un
échantillon probabiliste. En claire, l'échantillon accidentel est
une technique qui permet de recueillir des données à travers les
premières personnes rencontrées fortuitement, accidentellement,
au hasard. Ce type d'échantillon a certes des limites car il ne donne
pas la chance à tous les individus d'être choisis d'où la
question de la représentativité de l'échantillon.
Cependant il se prête pour le mieux aux
caractéristiques de notre population mère. Nous avons en outre
fait un effort de fournir un échantillon représentatif en
interrogeant les hommes, les femmes et les jeunes.
5-2-3- Nature des données collectées
Deux types de données ont été pris en
compte pour cette étude. Le premier est constitué de
données documentaires, c'est-à-dire, des informations fournies
par des ouvrages et des articles. Ces données situent un peu
l'environnement de l'orpaillage, c'est-à-dire son ancienneté en
tant qu'activités économiques, sa persistance en Afrique et ses
conséquences écologiques, sanitaires et sociales. Ces
données nous ont permis de construire la partie introductive de notre
travail et même d'illustrer des arguments dans la partie de l'analyse
proprement dite.
Le second type de donnée est celui recueilli
auprès des acteurs à travers des questions ouvertes (entretien
semi-directif) et fermées (questionnaires).
5-2-4- Période de réalisation de
l'enquête
Le temps mis pour l'enquête est de deux mois.
L'enquête s'est déroulée de Septembre à Octobre
2008. Nous avons repartis le temps comme suit : deux (02) semaines par
site, deux (02) semaines pour faire des entretiens avec des chefs de famille
réfractaires, et une (01) semaine a été nécessaire
pour prendre un rendez-vous et faire l'entretien avec le Secrétaire
général de la Mairie. La période choisie pour
l'enquête a été judicieuse car elle est à cheval
entre la période de ralentissement et la reprise des activités
économiques due à la traite cacaoyère. Cela nous permet de
comprendre la stratégie et la logique économique des riverains
pour supporter les crises.
5-3- Les outils de collecte de l'information
5-3-1- L'observation directe.
L'observation est celle ou le chercheur procède
directement lui-même au recueil des informations sans s'adresser au sujet
concerné (Campernaoun : 1988). Cette observation porte sur tous les
indicateurs pertinents prévus. Elle a eu comme support un guide
d'observation qui est construit à partir de ces indicateurs et qui
désigne les comportements à observer. Notre guide d'observation a
porté sur la mobilisation de la population, les pratiques religieuses et
les différentes étapes de la production. Cette observation nous a
permis notamment de caractériser l'activité, les risques
environnementaux et sanitaires occasionnés.
5-3-2 L'entretien
· L'entretien semi dirigé
C'est un outil qui permet de collecter des données
à partir d'un ensemble de questions ouvertes ou questions guides
d'où le nom de ``guide d'entretien'' (N'da :
opcit). Le guide d'entretien que nous avons administré aux acteurs est
articulé autour de différentes rubriques. Celles-ci portaient sur
l'identification des acteurs et leurs origines socioprofessionnelles. Elles ont
porté aussi sur les facteurs de motivation, leurs connaissances des
risques et les dégâts de l'orpaillage, leurs attitudes
vis-à-vis de l'activité d'origine. Nous avons pris
également en compte la question concernant la gestion de la main
d'oeuvre. Ce guide d'entretien a été administré d'une part
de façon individuelle et d'autre part de façon collective dans un
focus groupe.
Nous avons jugé intéressant de faire des focus
groupe en vue de confronter et de faire une synthèse des opinions au
regard de certaines questions. Il s'agit des rapports entre les acteurs et
leurs familles (pour ceux qui exploitent seuls sans leur famille), des voies ou
stratégies adoptées pour résoudre les éventuels
conflits au sein de la famille. Nous avons abordé aussi au cours de ces
focus, les questions concernant leurs opinions au sujet du présent et de
l'avenir de l'orpaillage en rapport à leur situation socio
professionnelle antérieure. L'intérêt du focus groupe
était de susciter le débat sur les questions
évoquées en vu de desceller les points de divergence et de
convergence.
Les focus ont été constitués selon des
catégories d'acteurs : les élèves sur les sites, les
femmes vivant dans un foyer, les sans emplois vivant à la charge des
parents. Ces groupes ont été constitués en raison de six
(06) orpailleurs par groupe et par catégorie.
· L'entretien par questions fermée ou
questionnaire
Privilégiant l'explication à partir de
corrélations statistiques à établir entre
différentes variable, cette enquête par questions fermées a
été réalisée auprès d'un échantillon
de 150 orpailleurs en raison de 50 personnes par site visité. L'objectif
visé par cet outil était d'apprécier en terme quantitatif
l'ampleur des changements socio-économiques induits par l'orpaillage. Le
questionnaire utilisé pour servir de support à la
réalisation de l'entretien et à la consignation par écrit
de réponse était structuré autour des rubriques
suivantes :
Ø Caractérisation des acteurs
Ø Opinion des acteurs au sujet de l'orpaillage
Ø Les sources de motivation
Ø Les mutations en oeuvre
5-4- Analyse et interprétation des données
5-4-1- L'analyse qualitative
L'analyse qualitative est fondée sur la recherche de
mise en relation logique entre deux phénomènes sociaux. Elle
consiste à rechercher les causes d'un phénomène sans avoir
nécessairement recours aux données statistiques comme instruments
de démonstration. Il s'agit donc pour nous d'établir une relation
logique entre les pratiques d'orpaillage et la recomposition sociale à
Hiré. Cette analyse s'appuie surtout sur la lecture des comportements,
des pratiques, des actions et des discours des personnes observées. Elle
n'exclue pas les références à des données
statistiques, mais elle privilégie les analyses causales et
compréhensives à partir des facteurs sociaux, économiques,
politiques et culturels. Il existe trois (03) approches dans l'analyse
qualitative : l'approche phénoménologique, l'approche de la
théorie ancrée ou « méthode d'analyse
systématique » et l'approche ethnologique (N'da : opcit).
Dans cette étude, nous nous sommes inscrits dans une approche
phénoménologique. L'effort d'analyse dans ce registre porte sur
le sens que contient le matériel, sur l'essence des
phénomènes, sur leur nature intrinsèque, sur la
signification que les êtres humains en donnent (Comeau : 1994). A
travers cette analyse, il s'agit pour nous de classer et d'interpréter
les données recueillies avec les techniques de l'observation et
d'entretien semi-dirigé selon leurs concordances. Selon Dey (1993,
cité par Schneider : 2007), l'analyse qualitative se
présente sous forme d'un triangle qu'il schématise comme
suit :
Schéma du triangle description - classification -
connexion
Description
Analyse
Qualitative
Connexion
Classification
.
Source : Schneider K. Daniel (méthodes
qualitatives en sciences sociales)
Dans tous les cas, l'analyse qualitative est une
activité de structuration et de mise en relation logique de variables,
et par voie de conséquence, de catégories de données, pour
dégager un sens.
5-4-2- Analyse quantitative
Les données recueillies à partir du
questionnaire ont été traitées à l'aide d'une
calculatrice. L'objectif était de faire ressortir des valeurs
statistiques simples. Pour cela nous avons regroupé les réponses
des enquêtés selon des indicateurs en vue de relever des effectifs
et des pourcentages. Cet effort d'analyse est présenté dans des
tableaux croisés à simple ou à double entrées.
5-4-3- Cadre théorique de la recherche
La pratique de l'orpaillage a occasionné un changement
dans les habitudes économiques de la population de Hiré. Ce
changement est d'autant plus perceptible qu'il provoque un bouleversement total
de la structure économique de la ville. Ainsi les activités
économiques initiales sont abandonnées ou mises en attente en
faveur de l'orpaillage. Ce changement est donc occasionné par l'essor de
cette activité. Cela dit, nous avons jugé judicieux de faire
recours à la théorie du changement social et d'innovation dans
cette étude pour comprendre comment des facteurs ou des
phénomènes extérieurs peuvent influencer le comportement
d'une société. Le changement peut-être occasionné
par plusieurs facteurs. Les acteurs eux -mêmes, inséparables de la
société dans laquelle ils évoluent peuvent être
impliqués dans ce changement. Selon Boccara et al (1976) les
classes sociales sont des acteurs collectifs dont les conflits
débouchent sur du changement social. Dans le cadre de cette
étude, il n'est pas question de classe sociale, mais plutôt
d'acteurs individuels qui dans la recherche de conditions
socio-économiques favorables agissent, et dont l'action aboutit au
changement social. Plusieurs facteurs conduisent donc au changement social. On
a entre autre l'économie, la technologie, la démographie, les
idéologies, les conflits, les élites etc.
Les Sociologues qui accordent à un facteur unique le
rôle premier dans les transformations sociales ont du mal à
échapper à une vision linéaire du changement social. Les
fonctionnalistes se refusent à donner la priorité à un des
facteurs sur les autres. Ils considèrent que le changement social est la
résultante d'une pluralité de facteurs interdépendants.
Dans cette optique, les transformations économiques alimentent les
transformations culturelles qui, en retour rendent possibles les changements
économiques sans qu'il soit possible de donner la priorité
à l'un des facteurs sur l'autre. Pour cette étude, nous mettons
l'accent sur le facteur économique. Mais nous ne nous inscrivons pas
dans un déterminisme économique du changement social. Car
plusieurs variables économiques et sociales ont été prises
en compte. Il s'agit de la condition socio-économique de la population,
de la construction de l'usine d'exploitation industrielle de l'or, de la
complicité des propriétaires de terre et aussi du silence des
autorités administratives. Ce sont tous ces facteurs qui ont
favorisés la transformation de la structure socio-économique de
Hiré. Dans cette transformation nous ne perdons pas de vue l'orpaillage
qui constitue ici une innovation dans la structure économique de la
ville. Cette innovation est suivie et adoptée à travers sa
diffusion au sein de la population. La diffusion se fait par le biais des
causeries, des témoignages plus ou moins avérés sur les
opportunités économiques de l'orpaillage. Ces causeries et
témoignages sont des instruments qui servent à ventiler les
informations sur l'orpaillage. Cette situation crée donc au sein de la
population l'émulation, la curiosité et l'envie d'essayer.
5-5- Les limites méthodologiques
Cette étude n'a pas la prétention d'avoir
répondu à toutes les préoccupations soulevées par
l'orpaillage à Hiré. Elle possède donc des limites. Les
limites majeurs résident dans les moyens utilisés dans le
traitement des donnés. En effet, l'évolution de l'informatique
offre des possibilités de manipuler rapidement la masse des
donnés à travers des logiciels. Ces logiciels permettent non
seulement un traitement rapide des données mais aussi accorde une
certaine crédibilité dans la rigueur et l'efficacité
analytique. Nous avons par exemple, le logiciel pour le traitement qualitatif
(N'vivo) et celui de traitement quantitatif des donnés (SPSS).
Cependant, il faut dire que les moyens traditionnels de traitement de
données que nous avons utilisés nous ont permis tout de
même d'établir les corrélations entre les variables
contenues dans nos hypothèses. Toutefois, dans le cadre d'un
approfondissement de cette recherche en année de thèse, nous
utiliserons ces nouveaux outils de traitement de données.
6- Plan de restitution de la
recherche
Ce mémoire présente trois parties essentielles que
sont :
- La description de l'exploitation artisanale de l'or à
Hiré.
- La présentation et la discussion des
résultats.
- L'esquisse de plan de projet de thèse.
Dans la première partie, il est question de la
description des acteurs et du milieu sans oublier les différents types
d'exploitation. Nous présentons les acteurs selon leurs origines
socioprofessionnelles et leur nationalité. La description du milieu
porte sur les différents sites d'exploitations sur lesquels s'est
réalisée l'enquête. La première partie traite aussi
des types d'exploitations. En effet, sous l'appellation d'orpaillage ou
exploitation artisanale existe plusieurs types d'exploitations de l'or qui se
distinguent par les méthodes et les moyens utilisés.
Dans la deuxième partie, nous présentons et
faisons un commentaire sur les données recueillies à partir de
nos instruments de collecte. Cette partie s'articule autour de trois chapitres.
Il s'agit de montrer les motivations socioéconomiques de la population
pour l'orpaillage, les mutations sociales et économiques induites et
enfin des conséquences sanitaires et environnementales que cette
activité a occasionnées à Hiré.
La troisième partie est un travail provisoire sur la
thèse. Elle porte sur le protocole de recherche, c'est-a-dire les
considérations d'ordre méthodologique. Elle traite
également du chronogramme que nous nous donnons pour la
réalisation de la thèse. Nous présentons provisoirement
dans cette lucarne le plan de cette thèse.
1ère PARTIE :
CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION ARTISANALE DE L'OR A HIRE
CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DES ACTEURS ET DU
MILIEU
Nous avons distingué les acteurs à deux
niveaux : la densité de l'unité de production et la nature
de la fonction exercée sur le site. Ainsi, nous avons identifié
les ``grands exploitants'', des `` petits exploitants'' et les ouvriers.
I- Caractérisation des acteurs
I-1- Les ``grands exploitants''
Ce sont des orpailleurs qui possèdent les facteurs de
production et un fond de roulement plus ou moins élevé. Ce
capital leur permet d'engager dans leur unité de production de la main
d'oeuvre. Il faut en moyenne dix (10) à douze (12) ouvriers au service
de ce ``patron''. Il les paye journellement à la fin de leur service.
Les patrons utilisent souvent leurs enfants en vacances ou sans emploi pour
les aider dans leur activité. Selon eux, utiliser les siens pour
travailler sur les sites est plus bénéfique en ce sens que dans
ces conditions, l'argent reste dans la famille. Nous avons identifié
environ quarante cinq (45) grands exploitants réguliers sur les sites.
La plupart d'entre eux exercent sur le site d'Assayé. Seulement deux (2)
possèdent une motopompe qui les alimente en eau pour le lavage de l'or.
Ces ``grands orpailleurs'' utilisent en général la méthode
du lavage à la batée dans la recherche de l'or.
Une grande partie de cette catégorie d'acteur n'est
pas novice dans l'activité. Ils ont déjà exercé
ailleurs et leur ancienneté dans l'activité leur permet
d'acquérir le fond de roulement, les moyens de production et les
connaissances pratiques dans le lavage du fond limoneux contenant les
particules d'or. En réalité, ces grands exploitants ont
commencé pour certains en tant que ouvrier, pour d'autres au près
de leurs parents. Dans tous les cas, ces `` grands exploitants'' ne sont pas
venus sans avoir appris quelque part. Certains d'entre eux ont quitté
les sites de Kokoumbo, Agbaou, Bouaflé ; Issia ...) Jugés
presque épuisés. D'autres, sont des anciens orpailleurs devenus
planteurs de café, cacao ou producteurs de vivriers et qui se
reconvertissent en leur ancienne activité vu l'opportunité qui se
présente à eux. Ils sont de diverses nationalités.
Attirés par les gains financiers dans cette activité ils se sont
rués vers la ville de Hiré.
Tableau 1 : Répartition
des grands orpailleurs recensés sur le site d'Assayè selon leur
nationalité.
NATIONALITE
|
EFFECTIF
|
Ivoirienne
|
8
|
Malienne
|
19
|
Ghanéenne
|
6
|
Burkinabé
|
10
|
Guinéenne
|
2
|
Source : donnée d'enquête 2008
Au regard de ce tableau, on constate que les orpailleurs de
nationalité Malienne et Burkinabé sont les plus nombreux. Cela
s'explique en partie par leur habitude dans cette activité.
En effet, l'orpaillage est une pratique très
développée au Mali et au Burkina Faso (Branco : 2001)
I-2- ``Les Petits exploitants''
Ils sont les plus nombreux. Leur nombre peut être
estimé à plus de 1 500 personnes sur l'ensemble des sites. En
vérité, il est difficile d'avoir une idée exacte de leur
effectif. Car chaque jour de nouvelles personnes sont intéressées
par ce type d'exploitation. Ils sont plus nombreux sur les sites de Djangobo et
d'Assayé. Le genre féminin est dominant dans cette
catégorie d'exploitants. Ce sont des femmes au foyer, veuves, jeunes
filles, commerçantes de vivriers qui s'adonnent à cette
activité. Il n'est cependant pas rare de voir aussi des
élèves, des jeunes sans emplois et même des adultes hommes
dans cette catégorie d'exploitants. C'est parfois même toute la
famille au complet qui s'engage à l'exploitation de l'or. La
quasi-totalité de ces exploitants n'a pas d'autorisation d'exploitation.
Ils exploitent tous dans la clandestinité (illégalité).
Dans l'incapacité de se procurer les moyens de productions de masse, ils
se contentent de creuser la terre à la recherche de pierres ou encore de
ramasser celles rejetées par les grands exploitants. Les ``Petits''
exploitants sont aussi ceux qui font le lavage simple à l'aide de
calebasse dans les petits barrages qu'ils construisent. Nous les qualifions de
``Petits'' exploitants du fait du nombre de personne dans l'unité de
production. Ils exercent très souvent seuls ou avec un membre de la
famille. En les qualifiant ainsi, nous faisons allusion à la
modicité de leurs moyens de production (daba, machette) et de la
quantité d'or obtenu par jour. Leur rentabilité
journalière s'élève à environ 1g/jour très
souvent moins que cela.
I-3- Les ouvriers journaliers
Ce sont des jeunes (filles et garçons)
élèves comme sans emploi. Ce sont aussi des demandeurs d'emploi
à la société d'exploitation industrielle de l'or à
Hiré (Equigold). Ils offrent leur force de travail aux `'grands
exploitants'' à un prix de 1500 Frs Cfa/jour. La journée pour eux
commence à 8 h et prend fin à 13h. Pour ceux qui font la
journée continue, C'est-à-dire de 8h à 16h 30 - 17h, le
salaire journalier est fixée à 2 000 Frs Cfa. Leur travail
consiste à creuser la terre, à transporter jusqu'au bassin
où se fait le lavage et enfin à laver la terre. Les tâches
des Ouvriers sont souvent classifiées en fonction du genre. Les hommes
sont affectés aux tâches qui nécessitent beaucoup de forces
physiques. Ainsi, ils s'occupent du creusage de la terre et du lavage. Les
femmes quant à elles s'occupent du transport de la terre creusée
et aussi à servir l'eau pour le lavage. Cependant, l'attribution de ces
postes n'est pas figée. Il arrive que des femmes lavent la terre ou
encore que des hommes assurent le transport de la terre jusqu'au lavage. Le
travail d'ouvrier journalier dans les unités de production artisanale
est très prisé par la population. Il représente 33,33 % de
la population sur les différents sites. Cela parce que le salaire est
payé sur le champ juste à l'heure de la descente, sans tenir
compte de la quantité d'or produite. D'ailleurs, les ouvriers ne
s'occupent pas du lavage final qui permet de voir les particules d'or. Cette
tâche est à l'actif du propriétaire de l'unité de
production. Il le fait chez lui à la maison.
I-4- Origines socioprofessionnelles des acteurs
Les orpailleurs sont d'origines socioprofessionnelles
diverses. Les personnes à charge des parents, les femmes au foyer, et
les élèves sont les plus représentés. Il ont
respectivement un pourcentage de présence de 23,33%, 13,33% et13,33%.
Leur présence s'explique par la recherche d'indépendance
économique et le soutien aux parents.
Tableau 2 : Origine socio
professionnelle des acteurs
Origine socioprofessionnelle
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Paysan
|
25
|
16, 66
|
Ouvrier agricole
|
15
|
10
|
Commerçant
|
10
|
6,66
|
Femme au foyer
|
20
|
13,33
|
Travail pour le compte de parents
|
35
|
23,33
|
Orpailleurs
|
20
|
13,33
|
Elève
|
2
|
13,33
|
Autre
|
5
|
3,33
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Source : donnée d'enquête 2008
II- Caractérisation des sites d'exploitation
Nous avons identifié trois (3) sites d'exploitations
dans la sous-préfecture de Hiré que sont : le site
d'Assayé, de Djangobo, et de Bouakako. Ces différents sites sont
distinctifs par leur situation géographique, la méthode ou le
type d'exploitation. Mais avant, il convient de retracer l'histoire de
l'exploitation aurifère à Hiré vu que l'existence de ces
sites d'exploitation est liée à cette histoire.
II-1- L'Histoire de l'exploitation aurifère à
Hiré
L'exploitation de l'or n'est pas une activité nouvelle
à Hiré. Elle a bien existé à l'époque
Coloniale. L'exploitation de l'or à Hiré a commencé
d'abord par l'orpaillage dans les années 1930. Cette exploitation a
été à l'origine des premières migrations de
Baoulé, de Dioula et de Ghanéens vers le petit village
Hiré-Watta qui devient par la suite une sous-préfecture puis une
commune. Le dynamisme de l'orpaillage à Hiré attire l'attention
des colons. Ceux-ci vont y implanter une exploitation semi- industrielle et
faire arrêter l'exploitation artisanale. Les orpailleurs sont
désormais des ouvriers à la solde des colons dans les sites
d'exploitation. Certains de ces orpailleurs ont profité de l'arrêt
de leur activité pour créer des plantations. L'exploitation
semi-industrielle de l'or a durée jusque dans les années 1960.
Les traces de leurs installations sont jusqu'ici encore visibles. Les
orpailleurs aujourd'hui exploitent ces anciens sites. Ils recherchent les
roches dynamitées et entrent dans les tunnels pour chercher l'or.
II-2- Le Site d'Assayé
Il est situé à environ 400 m de la ville.
L'extension de ce site menace d'ailleurs les dernières concessions qui
se situent maintenant à environ 50m des exploitations (Voir photo
n°1 page 35). Le site d'Assayé est un site d'exploitation ouverte,
c'est -à- dire que les exploitants ne creusent pas en profondeur dans
des tunnels pour extraire l'or. Les types d'exploitations sur ce site sont, le
lavage à la batée, le lavage simple et la recherche de roches
riches en or. Cependant, le lavage à la batée et le lavage simple
sont les plus pratiqués sur ce site. Selon les acteurs
interrogés, cela s'explique par la disponibilité d'eau. En effet,
le site d'Assayé se situe dans sa grande partie dans un bas-fond. Cette
caractéristique lui permet de contenir de l'eau en abondance sur une
longue période (environ 9 mois d'Avril à Décembre).
Lorsque le contenu d'eau diminue ou tarie, les orpailleurs s'adonnent à
la recherche de l'or à travers les roches. Du fait de sa
proximité à la ville, il se développe sur ce site, des
activités économiques opportunistes. Il y a notamment le commerce
de médicament, de vêtement et surtout de la restauration (Vente de
jus, d'eau glacées et de différents mets).
Photo n°1 Extension du site d'Assayè vers la
ville
Source : donnée d'enquête
II-3- Le Site de Djangobo
Il est situé à environ 2 km de la ville sur
l'axe Hiré-Taabo. Ce site est également caractérisé
par une exploitation ouverte. Les types d'exploitation en vigueur sont :
le lavage simple et la recherche de roche contenant de l'or. Si ce site a une
partie dans le bas-fond, sa contenance en eau n'est pas pour autant dense par
rapport à celui d'Assayé ! C'est ce qui explique le fait que
le lavage à la batée n'est pas pratiqué sur ce site. Car
il faut préciser que le lavage à la batée nécessite
beaucoup d'eaux. En revanche, la recherche de roche est plus pratiquée
sur ce site. C'est donc sur ce site qu'exerce la grande majorité des
petits exploitants. Les petites marres construites par les exploitants leur
permet de pratiquer le lavage simple. Mais celui-ci s'arrête dès
l'avance de la sécheresse car ces petites marres tarissent. C'est sur le
site de Djangobo que surviennent la plupart des accidents du fait de
l'imprudence des orpailleurs.
En outre, la proximité de ce site à la voie
Hiré-Taabo cause des dommages à la route et à ses usagers.
Cela est dû au fait que, les orpailleurs ramassent aussi les graviers qui
ont servi à construire la route. Cette pratique expose la route à
l'érosion et à la dégradation. L'extension de ce site
menace aussi les champs de cacao qui sont situés à
proximité.
II-4- Le Site de Bouakako
Il est situé à environ 7 km de la ville sur
l'axe Hiré-Divo. Ce site est caractérisé par une
exploitation souterraine. Les orpailleurs de ce site descendent dans des puits
antérieurement creusés lors du premier orpaillage à
Hiré. La profondeur de ces puits peut atteindre parfois 20 à 25m.
Il existe des tunnels qui relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble
constitue un réseau souterrain dense. L'une des particularités de
ce site, est sa richesse en or. Mais s'il est possible d'avoir un rendement
élevé d'or sur ce site, sa fréquentation est
redoutée par la plupart des orpailleurs. En effet, vu le risque
énorme d'accident (éboulement) que présente ce site, la
majorité des orpailleurs rejettent l'idée d'y exercer. Ce qui
explique le fait que le site de Bouakako est peu peuplé. On peut estimer
le nombre d'orpailleurs là-bas à environ 100 personnes. Nous
avons remarqué en outre, l'absence d'activités opportunistes
à la différence des deux (2) autres sites.
CHAPITRE 2. PRESENTATION DES TYPES D'EXPLOITATION
I-Exploitation par lavage
I-1- Le Lavage à la batée
Le lavage à la batée est une méthode
très ancienne utilisée aussi bien en Afrique qu'ailleurs en
Amérique du Sud notamment (Carmouze: 2007). Le lavage à la
batée est une méthode qui consiste à séparer les
graviers du sable fin par lavage à l'aide de jet d'eau afin de
récupérer l'or contenu dans le sédiment de sol. Cette
méthode nécessite l'intervention de plusieurs personnes à
différents niveaux suivant une division du travail :
- Creuser la terre
Deux ou trois personnes sont affectées à ce
poste (voir photo n°2 page 38). Il s'agit pour eux de creuser la terre
à l'aide de pioche et de pelles et de daba. Ce sont des hommes vigoureux
qui sont appelés à cette tâche en raison de la
débauche d'énergie que cela nécessite. La terre
creusée et entassée est par la suite transportée.
Photo n°2 Des
hommes creusant la terre
Source : donnée d'enquête 2008
- Le transport du sable
Cette activité est assurée par les femmes. Elle
consiste à transporter le sable creusé jusqu'au point de lavage.
C'est souvent quatre (04) à six (06) femmes, voir plus, qui assurent
cette opération. (Voir photo n°3 page 39)
Photo n°3 Un groupe de femmes
transportant le sable pour le lavage
Source : donnée d'enquête
2008
- Le lavage
C'est une activité très complexe qui
nécessite l'intervention de plusieurs personnes (Voir photo n°4 et
5 page 41). Il y a une personne qui met la terre dans la pirogue (kourou)
une autre qui met l'eau sur le sable par jet et le lavage est
assuré par un autre par des mouvements circulaires de la main. Le
gravier séparé du sable fin est récupéré
à l'autre bout de la pirogue par deux personnes pour être
jeté plus loin et permettre de la sorte la circulation de l'eau. Le
sable fin retenu dans la pirogue sous forme de sédiment et contenant les
papilles d'or est recueilli par le propriétaire de l'unité de
production à la fin de la journée pour le lavage final.
Les instruments utilisés pour la méthode du
lavage à la batée sont : la machette pour dégager le
couvert végétal, la pioche, la pelle, la daba, des cuvettes pour
le transport de la terre, un petit seau pour servir l'eau du lavage et enfin la
``pirogue'' (kourou en Malinké). La ``pirogue'' est un bois
taillé sous forme de pirogue. Il y en a de deux formes, la plus courte
(deux à trois mètres) et la plus longue environ 8m. La pirogue
est constituée d'une passoire (sika) en aluminium dont le
diamètre des trous avoisine 2cm. Cette passoire permet de séparer
les graviers du sable fin. L'intérieur de la pirogue est couvert d'un
tapis à `` poils'' qui permet de retenir le sable fin et les particules
d'or. La pirogue est enfin subdivisée en plusieurs loges par des barres.
Cela permet de retenir le maximum de sable lorsque les premières loges
sont remplies.
Pour avoir une idée approximative du coût des
moyens de production, nous les avons regroupés dans un tableau.
Tableau 3 : récapitulatif des
moyens de production et leurs coûts dans le lavage à
la batée.
Moyens de production
|
Coût de l'unité en francs Cfa
|
Pioche
|
3 500
|
Pelle
|
3 500
|
Machette
|
2 000
|
Seau
|
1 000
|
Pirogue
|
20 000 la petite les accessoires compris.
|
Environs 50 000 (la longue) accessoires y compris.
|
Sources : données d'enquête 2008
NB : Ces prix sont ceux
pratiqués à Hiré lors de l'enquête. Certaines
unités de production par lavage à la batée utilisent des
moto-pompes pour le service de l'eau du lavage. Le prix d'une moto-pompe
oscille entre 450 000 et 500 000 Frs Cfa. Nous en avons
identifié deux lors de notre enquête.
La méthode de lavage à la batée a en
faite un avantage par rapport au lavage simple car elle permet de traiter
beaucoup de sable et par conséquent d'obtenir plus d'or.
Photo n°4 : Une
unité de production au lavage à la batée
Source : donnée d'enquête 2008
Photo n°5 : Un kourou (long)
ou pirogue
Source : donnée d'enquête 2008
I-2- Le lavage simple
Il consiste à séparer le gravier du sable fin
par le procédé de lavage à l'aide d'une calebasse. Cette
opération se fait dans un petit barrage construit par les orpailleurs
eux-mêmes à cet effet, (voir photo n°6 page 42). Cette
méthode d'exploitation est pratiquée par des gens qui ont un
capital d'investissement très bas. Elle renferme 16,66 % des acteurs. Le
lavage simple ne nécessite pas de `' gros `' investissement dans les
moyens de production à l'instar du lavage à la batée. Il
suffit donc, d'une daba pour creuser la terre et construire le barrage et aussi
d'une calebasse ou d'une cuvette tout simplement pour le lavage. Le prix de la
calebasse est fixé à 15 00 Frs Cfa et celui de la cuvette
est à environ 2 000 Frs Cfa. Le lavage simple est
généralement pratiqué par les femmes. Deux raisons
majeures expliquent la féminisation du lavage simple, d'abord parce
qu'il ne nécessite pas beaucoup d'effort physique, ensuite parce que la
méthode est la même que lorsque les femmes lavent le riz pour le
séparer des grains de sables. Elles ont donc une connaissance pratique
de cette méthode et donc aisées à cette activité.
Les femmes travaillent soit individuellement, soit avec quelques membres de la
famille. Le rendement est faible parce qu'elles ne peuvent pas traiter (laver)
beaucoup de sable par cette méthode.
Photo n°6 des femmes
pratiquant le lavage simple
Source : donnée d'enquête 2008
II- Autres types d'exploitation
II-1- La recherche de roches
Cette méthode consiste à creuser la terre pour
rechercher des roches. Ces roches sont à la suite lavées et
examinées minutieusement en vu de détecter à la surface,
des palettes d'or. Les roches présentant les palettes d'or sur leurs
surfaces sont mises de côté puis concassées par a suite
à l'aide d'un marteau. Après avoir rendu ces roches en petits
morceaux, elles sont pilées dans un mortier en fer avec un pilon
également en fer. Les roches rendues en poudre (voir photo n°7 page
31) sont à la suite lavées et tamisées à l'aide
d'un tamis et d'une calebasse selon la même approche que le lavage
simple. Cette opération permet de séparer les particules d'or de
la poudre de roche. La recherche de l'or à travers les roches est
dangereuse car elle expose les orpailleurs à plusieurs types d'accident.
Cependant, cette méthode est pratiquée par une partie non
négligeable (13,33 %) des orpailleurs parce qu'elle ne nécessite
pas de grands investissements. Les acteurs pratiquants cette méthode ont
seulement besoin d'une daba pour creuser la terre et récupérer
les roches. Les instruments pour concasser et piler sont souvent fournis par
les acheteurs d'or. L'exploitation traditionnelle de l'or à travers les
roches se fait soit individuellement soit en groupe avec les membres de la
famille. Cette méthode est très utilisée. Le jour comme
la nuit, on entend à travers la ville, dans chaque concession, des
bruits de mortiers métalliques. Toutes les couches sociales sont
représentées dans cette méthode (jeunes,
élèves, sans emplois, commerçantes, femmes au foyer,
hommes adultes, vieux...etc).
Il est difficile de faire un recensement exhaustif car ils ne
sont pas tous présents au même moment. Chaque orpailleur
ménage son programme en fonction de sa disponibilité. Cependant,
on peut estimer la présence journalière de ces chercheurs de
roches sur les sites de Djangoba et d'Assayé à plus de 500
personnes.
Photo n°7 Un tas de poudre
de pierres
Source: donnée d'enquête 2008
II-2- La Recherche souterraine
Elle consiste à entrer dans des puits
antérieurement creusés par les premiers orpailleurs avant
l'indépendance du pays. L'orpailleur une fois dans les tunnels
procède au sondage de la terre pour voir sa teneur en or.
L'échantillon est prélevé sur les piliers du tunnel.
L'orpailleur fait sortir cet échantillon qui est traité par des
femmes dans la rivière à proximité du site. Une fois
l'échantillon testé positif dans sa teneur en or, l'exploitation
proprement dite commence. L'exploitation souterraine se fait par groupe d'au
moins quatre (4) personnes. C'est un travail à la chaîne qui est
fait à ce niveau. Il y a une personne qui se trouve au fond du puits
dans les tunnels. Celui-ci creuse la terre avec une daba, il remplit le seau de
terre et le met à un autre qui l'évacue vers la sortie du puits
dans la partie verticale. Un autre est chargé de faire sortir le seau
chargé de terre à l'aide d'une corde. Une fois sortie, la terre
creusée est transportée vers les femmes pour le traitement. C'est
le lieu de préciser ici les moyens de production dans ce type
d'exploitation. La recherche souterraine de l'or ne nécessite pas en
fait un grand investissement (Voir tableau n°5, page 45).
Tableau 4 : Les moyens d'exploitation
souterraine et leur coût.
Moyen de production
|
Coût en francs Cfa
|
Une petite daba
|
500
|
Un seau
|
1 500
|
Une corde environ 40m
|
300 Frs Cfa/m
|
Une Torche
|
1 500
|
Source: Donnée d'enquête 2008
Ce type d'exploitation présente des avantages pour les
orpailleurs. En plus de la modicité de l'investissement dans cette
exploitation, le rendement est élevé. En effet, le site de
l'exploitation souterraine a une densité élevée en or. Le
traitement de la terre recueillie est fait sur place, le même jour, l'or
obtenu se présente sous forme de grains d'une masse
élevée. Selon les orpailleurs, il peut arriver de trouver des
grains d'or d'une masse d'environ 3g. Cependant, ce type d'exploitation
présente des inconvénients car le risque d'accident est
élevé. Et les accidents qui se produisent sur ce site sont
très souvent graves et mortels. C'est ce qui explique une faible
utilisation de cette méthode (6,66 %) La recherche souterraine se fait
seulement sur le site de Bouakako.
On note que les différentes méthodes
d'exploitation sont diversement appréciées et utilisées.
Ainsi le contrat journalier et le lavage à la batée par exemple
sont les plus pratiqués. (Voir tableau suivant).
Tableau 5 :
Répartition selon le type d'activité exercée sur les
sites
Type d'activité
|
Effectif
|
Pourcentage%
|
Lavage simple
|
25
|
16, 66
|
Lavage à la batée
|
45
|
30
|
Recherche de pierre
|
20
|
13,33
|
Recherche souterraine
|
10
|
6,66
|
Contrat journalier
|
50
|
33,33
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
Cependant, en faisant le croisement entre les variables
``origines socioprofessionnelles'' et les activités ou ``méthodes
d'exploitation'', on voit clairement s'afficher une nette orientation ou choix
des acteurs selon leur provenance professionnelle. Ainsi, on constate par
exemple que les élèves sont plus tournés vers les contrats
journaliers (55 %) pendant que les femmes optent pour le lavage simple (50 %).
Voir tableau ci-après. La préférence pour telle ou telle
méthode s'explique par plusieurs facteurs que sont : le capital
d'investissements, l'habileté dans la méthode la
rentabilité, les risques encourus etc...
Tableau 6 : Répartition des
activités exercées sur le site en fonction des origines
socioprofessionnelles
|
ORIGINES SOCIOPROFESSIONNELLES
|
Activité exercée sur le site
|
Paysan
|
Ouvrier agricole
|
Commerçantes
|
Femmes aux foyers
|
Travail pour les parents
|
Orpailleurs
|
Elève
|
Autres
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Effectif et %
|
Lavage simple
|
0
0 %
|
1
6,66 %
|
2
20 %
|
10
50 %
|
8
22,85 %
|
0
0 %
|
3
15 %
|
0
0%
|
Lavage à la batée
|
10
40 %
|
2
13,33 %
|
4
40 %
|
0
0 %
|
2
5,71 %
|
13
65 %
|
0
0 %
|
1
20 %
|
Recherche de pierre
|
12
48 %
|
3
20 %
|
3
30 %
|
5
25 %
|
15
42, 85 %
|
2
10 %
|
6
30 %
|
2
40 %
|
Recherche souterraine
|
3
12 %
|
2
13, 33 %
|
1
10 %
|
0
0 %
|
5
14, 28 %
|
5
14,28 %
|
0
0 %
|
0
0 %
|
Contrat ouvrier journalier
|
0
0 %
|
7
46, 66 %
|
0
0 %
|
5
25 %
|
5
14,28 %
|
0
0 %
|
11
55 %
|
2
40 %
|
Source : Donnée d'enquête 2008
Conclusion partielle
L'exploitation artisanale de l'or connaît un essor
remarquable à Hiré en termes de personnes mobilisées.
Cette nouvelle activité a gagné l'intérêt de
plusieurs personnes d'origines socioprofessionnelles diverses. En plus des
dégradations environnementales, elle est la cause de transformations
socioéconomiques que nous présentons dans la partie suivante.
2eme PARTIE
PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS SOCIOECONOMIQUES
Nous entendons par motivations économiques, les raisons
ou les conditions purement économiques, c'est-à-dire le gain, le
profit et qui sont des facteurs incitatifs à cette activité.
I- Les motivations économiques
Les différentes raisons économiques à la
base de la motivation des acteurs sont ici regroupées dans un tableau.
Le calcul des pourcentages est fait selon les réponses des
enquêtés.
Tableau 7 : Les facteurs de
motivation économiques à l'orpaillage.
Facteur de motivation
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
C'est la mode
|
10
|
6,66
|
C'est rentable et rapide
|
70
|
46,66
|
Pour me débrouiller
|
50
|
33,33
|
Par amour
|
2
|
1,33
|
Moins fatiguant
|
1
|
0,66
|
Faute de mieux
|
15
|
10
|
Autres
|
2
|
1,13
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
I- 1- Une rentabilité rapide et
élevée.
Contrairement aux activités champêtres,
l'orpaillage permet aux acteurs d'avoir rapidement de l'argent. C'est ce qui
d'ailleurs motive une grande partie de la population (46,66 %) qui se rue sur
les sites d'orpaillage. En effet, pour chaque type ou méthode
d'exploitation, l'or est recueilli sur place le même jour ou deux (02)
jours après. Pour l'exploitation souterraine de Bouakako par exemple, la
production est vendue sur place au soir même de la production. Pour les
autres types d'exploitation l'or est obtenu soit le lendemain de l'exploitation
ou encore deux jours après. Le traitement final qui permet d'obtenir
l'or se fait selon le gré de l'exploitation. Il y a des orpailleurs qui
collectent le sable fin ou sédiment (obtenu après lavage) ou
encore les roches possédant des paillettes d'or et les traitent de
façon définitive en temps voulu. Selon les orpailleurs, le fait
d'avoir en un temps record de l'or à vendre et par conséquent
avoir de l'argent est une raison de leur choix pour cette activité. Par
ailleurs, le témoignage des orpailleurs révèle que le sol
de Hiré serait plus dense en or et que cet or aurait une masse volumique
plus élevée que les autres localités telles Agbaou,
Kokoumbo... C'est d'ailleurs pourquoi des orpailleurs de profession se sont
déplacés de différentes régions pour se rendre sur
les sites de Hiré. Le rendement journalier dépend du type
d'exploitation.
Tableau 8 : Le rendement
journalier moyen selon le type d'exploitation
Type d'exploitation
|
Rendement journalier moyen
|
Lavage à la batée
|
4 - 5 g
|
A travers les roches
|
0,5 - 1g
|
Lavage simple
|
0,5 - 1g
|
Recherche souterraine
|
10 - 11g
|
Source : donnée d'enquête 2008
Notons que le rendement n'est pas fixe. Il peut arriver des
jours où l'orpailleur au soir de son exploitation, ne trouve pas d'or ou
encore en quantité faible. D'autres jours encore, l'orpailleur peut
obtenir une quantité très importante. La question de chance est
donc considérée. C'est donc le lieu de préciser les
considérations métaphysiques et les pratiques religieuses qui ont
cours sur les sites. De l'avis général des orpailleurs, l'or est
habité par des esprits, c'est pourquoi son exploitation exige des rites
et des sacrifices. Ainsi, sur le site d'Assayé, certains orpailleurs
exigent qu'on se déchausse sous prétexte que la chaussure ferait
fuir l'or. Mais tous les orpailleurs ne croient pas à cette pratique.
Sur le site de Djangobo, un sacrifice de boeuf est demandé. Selon les
orpailleurs, l'absence ou la non exécution de ce sacrifice serait la
cause des fréquents accidents sur ce site. A Bouakako également
les propriétaires de terre demandent aux orpailleurs de fournir un boeuf
plus un bouc pour un sacrifice sur le site afin de demander le pardon et la
faveur des esprits pour éviter les accidents et aussi que l'or se laisse
trouver. Jusqu'à ce que nous quittions le site, seul le sacrifice du
bouc a été fait.
On comprend combien de fois l'exploitation de l'or est
important pour les orpailleurs en ce sens qu'ils sont même prêts
à faire des sacrifices pour assurer la survie de leur
activité.
I-2- Une Vente aisée
L'or obtenu est vendu sur place. Les acheteurs viennent
d'Abidjan. Certains viennent juste acheter l'or et retourner. D'autres ont
trouvé judicieux de s'installer à Hiré pour acheter l'or.
D'autres encore, ceux-ci résidant à Hiré se sont
transformés en acheteur d'or pour la circonstance. Dans tous les cas la
vente est facile. Selon les orpailleurs, l'or ne peut pas resté invendu
par manque d'acheteur. C'est justement l'une des raisons qui motive les
orpailleurs. Contrairement à l'agriculture et au commerce où il
arrive que les produits ou la marchandise reste invendue pour faute
d'acheteurs, l'or est vendue immédiatement. La demande étant
forte, les acheteurs adoptent les attitudes concurrentielles qui consistent
à fournir le matériel, pour rendre la roche en poudre. D'autres
se sont associés pour acheter le gîte de Bouakako et tout
exploitant est tenu de leur vendre sa production. La vente se fait par
pesée à l'aide d'une balance (voir photo n°8 page 36). Le
prix du gramme d'or oscille sensiblement entre 8 500 et 9 000 Frs
Cfa. Le circuit utilisé par les orpailleurs est un circuit direct (vente
bord champ) ce qui leur permet d'échapper aux règles en vigueur
c'est-à-dire les taxes et autres frais. Cette situation crée donc
une condition favorable et confortable d'exploitation et de vente de l'or
à Hiré.
Photo n°8 Instrument à
peser l'or
Source : donnée d'enquête 2008
I-3- Une activité de Soudure
Les activités économiques à Hiré
sont dominées par l'agriculture et la vente des produits qui y
découlent. La culture du cacao est la plus pratiquée. La
saisonnalité de cette culture crée des conditions
économiques précaires au sein de la population.
En effet, la production cacaoyère se fait en deux
saisons. La petite traite se fait entre Mai et Juin, la grande traite se situe
entre Octobre et Décembre. La particularité du verger de
Hiré est qu'il est vieillissant et la petite traite est pratiquement
nulle. Ce qui fait que les paysans connaissent un dynamisme économique
que pendant trois ou quatre mois. Toutes les autres activités
économiques vivent au rythme de cette saisonnalité. Ainsi
connaît-on un dynamisme économique entre Octobre et Janvier et un
ralentissement de Février à Septembre soit huit à neuf
mois d'inactivité. Cette situation est l'un des facteurs qui poussent la
population à l'orpaillage.
En effet, lors de nos investigations, certains orpailleurs ont
abordé le sujet de la morosité des activités
économiques à Hiré. Avant l'essor de l'orpaillage, la
population avait pour stratégie d'amortissement de ce ralentissement des
activités économiques, la culture de vivriers et de
maraîchers. Cependant, avec l'avènement de cette nouvelle
activité, c'est une aubaine toute trouvée. La population
abandonne la culture de vivriers et de maraîchers qu'elle faisait comme
activité de soudure pour l'exploitation artisanale de l'or. La raison
selon eux, est que la récolte de ces produits se fait au bout d'une
longue durée (trois (03) à quatre (04) mois), pendant que
l'orpaillage leur permet d'avoir un revenu à court terme (un) ou deux (2
jours). L'orpaillage est donc pour eux, un choix logique. Selon certains
orpailleurs, en attendant que les activités économiques
reprennent leur rythme normal, il est judicieux pour eux d'exploiter
artisanalement l'or en vu de faire face aux charges familiales qui leur
incombent.
I-4- Une activité principale
Certains orpailleurs sont des `'professionnels'' de
l'activité. Ils l'ont appris depuis longtemps auprès des parents
ou auprès d'autres ` professionnels '. L'orpaillage est l'unique
activité économique qui leur permet de vivre. Ces orpailleurs ont
effectué le déplacement depuis leur lieu de profession habituel
pour se rendre à Hiré. Ces derniers vivent que par
l'orpaillage, c'est pourquoi ils sont toujours à la recherche de
gîtes très riches en or. Ils n'hésitent donc pas à
se déplacer pour aller exploiter des gîtes dans plusieurs
régions du pays. Certains même viennent de pays voisins.
I-5- Une activité circonstancielle et un soutien aux
parents
Pour certains jeunes interrogés, l'une des raisons de
leur mobilisation et de leur motivation, c'est leur propre condition
financière et celle de leurs parents. Les raisons pour soutien aux
parents représentent 35 % de la motivation des orpailleurs.
En effet, une grande partie des acteurs ne pense pas exercer
cette activité pour toujours. Ils sont là juste pour avoir de
l'argent pour faire face à des besoins urgents. C'est le cas des
élèves qui sont massivement présents sur les sites. Ils
disent être là pour avoir un fond et aider leurs parents dans le
financement de leur scolarité. C'est le lieu de souligner ici que la
dépendance économique des parents vis-à-vis de la traite
cacaoyère fait que l'annonce de la rentrée scolaire est toujours
difficile pour eux. Car le mois dans lequel s'effectue la rentrée
(Septembre) ne correspond pas à la traite cacaoyère. Ces
élèves prétendent soutenir leurs parents en
préparant ainsi leur rentrée scolaire. Cependant en pleine
rentrée scolaire, ces sites d'orpaillage ne désemplissent
pourtant pas d'élèves. Ils s'y rendent les Samedi, Dimanche et
jours fériés ou encore lorsque leur emploi du temps le permet,
pour travailler pour certains à la recherche de l'or pour leur propre
compte. D'autres y vont en tant que journaliers dans des unités de
production. Cette activité leur permet de satisfaire leurs besoins tout
le long de la rentrée scolaire. Mais il n'y a pas que les
élèves qui exercent temporellement cette activité. Nous
avons identifié aussi des jeunes sans emplois et des prétendants
à un emploi à Equigold. Pour les premières cités,
ils sont composés de jeunes filles et de garçons qui disent
exercer cette activité pour économiser de l'argent afin de
commencer une autre activité plus sûre. Quant aux
prétendants à l'emploi à Equigold, ils pratiquent
l'orpaillage en attendant le résultat de leur demande.
I-6- Des opportunités d'affaires
Les sites d'orpaillage sont pour certaines personnes une
occasion de faire du commerce vu le nombre important de population qui s'y
trouve. Plusieurs produits sont offerts aux orpailleurs. Il s'agit de la
restauration notamment la vente de riz-sauce, riz-gras ; bouillie
d'igname, des jus, de l'eau glacée etc. Il y a aussi le commerce
ambulant de médicament en particulier les antibiotiques et des
médicaments de lutte contre `` la fatigue générale''.
Nous n'ignorons pas également la présence de photographes dont
nous avons eu recours aux services de l'un pour les photos de ce présent
document. Notons aussi la croissance de la vente des instruments d'orpaillage
notamment les calebasses. La particularité de la présence de
commerçants sur les sites de Djangobo et particulièrement
à Assayé pourrait faire penser à une `` foire
commerciale''.
I-6-1- L'intérêt pour les propriétaires
de terre et de plantation
Les propriétaires de terre tirent eux aussi les
retombées économiques de l'orpaillage. Leur gain se fait à
travers la paie de ticket d'exploitation. Le coût du ticket varie selon
le genre de l'exploitant et le type d'exploitation. Ainsi, les hommes et les
femmes qui font le lavage simple ou la recherche de pierre paient
respectivement 1 000 Frs Cfa et 500 Frs Cfa par semaine. Quant à
ceux qui font le lavage à la batée, il leur est demandé de
payer 7 000 Frs Cfa par semaine. Ces montants sont exigés par les
propriétaires de terre pour l'exploitation des sites. Sur le site
d'Assayé où la plantation de cacao d'un particulier est
détruite chaque jour, le propriétaire exige une somme de
5 000 Frs Cfa par orpailleurs et par semaine. Des contrôles
réguliers sont faits par les propriétaires de terre pour
s'assurer que toute personne exerçant sur leur terre a payé son
ticket. Dans le cas échéant, l'orpailleur est contraint de se
mettre en règle sous la menace d'être expulsé du site. Le
non paiement de ces droits d'exploitation entraine souvent des conflits entre
les propriétaires de terre et les orpailleurs. Ces conflits aboutissent
souvent à la fermeture momentanée des sites d'exploitation. Le
cas du site de Bouakako est différent. Là-bas, les acheteurs d'or
se sont regroupés pour acheter le site d'exploitation aux autochtones.
Le contrat d'achat monte à 3 Millions de francs Cfa en
espèce, des chaises en plastique et des bâches, plus des animaux
à sacrifier. Dans tous les cas l'enjeu économique est tel que le
non respect des termes du contrat entraîne des conflits. A Bouakako les
Orpailleurs ne prennent pas le ticket d'exploitation, cependant ils sont tenus
de vendre leur production aux acheteurs propriétaires du site sous peine
de se voir expulser. La différence est qu'à défaut de
payer des tickets les Orpailleurs vendent leur or à un prix forfaitaire
de 7 500 frs Cfa au lieu de 8 500 ou 9 000 frs Cfa sur les
autres sites.
I-6-2- Au niveau de la Municipalité
De l'entretien que nous avons eu avec le Secrétaire
Général de la Mairie, il ressort que la Municipalité ne
tire aucun profit de l'exploitation artisanale de l'or. Cependant les
Orpailleurs nous ont informés qu'au début de leur
activité, les agents de la Mairie leur faisaient payer des taxes
communales. Cette pratique s'est arrêtée suite aux plaintes et
à l'opposition des Orpailleurs et des propriétaires de terres.
Ceux-ci ont trouvé injuste que la Mairie prélève des taxes
sur leur propriété. Par ailleurs, nous avons remarqué que
si la Municipalité prétend ne pas avoir des intérêts
de l'orpaillage, il n'en demeure pas moins que cette activité se fait
à un certain niveau à son avantage. Cela s'explique par le fait
que l'orpaillage absorbe une grande partie de la population active à
Hiré. Cette activité résout donc en partie le
problème grandissant du chômage à Hiré et dont les
autorités Municipales semblent ne pas avoir des propositions
concrètes pour sa résolution.
L'orpaillage serait donc pour la Municipalité un
``mal nécessaire'' parce qu' en même temps qu'il
vide le marché de ses commerçants, il permet d'absorber la
jeunesse au chômage. Du coup, même si la Municipalité ne
tire pas des intérêts économiques de façon directe,
elle voit une partie de ses préoccupations au niveau de l'insertion des
jeunes résolues par l'orpaillage. Le problème demeure dans la
durabilité de cette solution, car les gîtes s'appauvrissent et la
dégradation causée par l'orpaillage ne crée pas les
conditions de sa pratique à long terme.
II - Les motivations
sociales
Certains facteurs sociaux sont à la base de la
motivation des populations vers l'orpaillage. Nous les avons repartis dans le
tableau suivant selon les réponses données par les acteurs.
Tableau 9 : Facteurs de
motivation sociale à l'orpaillage
Facteur de motivation
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
L'actualité (diffusion)
|
56
|
37,33
|
Le silence administratif
|
24
|
16
|
Soutien aux parents
|
35
|
23,33
|
Activité familiale
|
35
|
23,33
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
II-1- Diffusion de l'information et l'effet de mode
Il n'y a pas de radio locale à Hiré ;
cependant, les informations se propagent rapidement. De bouche à
oreille, on raconte tel ou tel évènement. Les informations sur
l'orpaillage ont suivi cette procédure pour arriver dans chaque
concession et chaque oreille. Chaque évènement sur les sites
d'orpaillage est aussi rapidement diffusé à travers toute la
ville. Cela est favorisé par la ``une'' des causeries qui est souvent
tournée vers l'actualité sur l'orpaillage. Ainsi on raconte les
avantages et les inconvénients de l'orpaillage, les accidents survenus
et surtout les prétendus gains importants sont ainsi rapidement
propagés dans toute la ville. Les informations concernant les accidents
répétés sur sites occasionnent le découragement de
certaines personnes à s'adonner à l'activité. Par contre,
les prétendus gains significatifs sont pour d'autres une raison valable
pour minimiser les risques d'accident et se transformer en Orpailleur. Nous
disons ``prétendu gain'' parce que très souvent on n'arrive pas
à vérifier l'authenticité de ces informations. On raconte
que quelqu'un aurait obtenu 300 000 Frs Cfa en une vente, tel autre aurait
obtenu 600 000 Frs Cfa, ainsi de suite sans jamais qu'on nous donne
l'identité exacte de ces personnes pour qu'on puisse vérifier.
Ces informations ne sont pas souvent fondées mais suffisamment
considérées pour déclencher la curiosité et
l'émulation au sein de la population. Un enquêté justifiait
sa présence à l'orpaillage en ces termes : «On parle
trop de ça. Il faut que je vienne voir ce qu'on gagne réellement.
Quand les gens font il faut faire aussi, on ne sait jamais où se trouve
la chance... ». La diffusion de ces informations plus ou moins
fondées est donc un facteur déterminant dans la croissance et la
persistance de l'orpaillage à Hiré. Elle représente 55 %
des réponses.
II-2- La contrainte familiale
Certains justifient leur pratique de l'orpaillage par la
contrainte familiale. En effet, comme nous l'indiquions dans le point
précédent concernant les motivations économiques,
certaines familles ont pour activité initiale et principale
l'orpaillage. Les chefs de ces groupes domestiques mobilisent toutes les
personnes à leur charge dans cette activité. Un autre groupe
d'orpailleurs (23,33%) justifient leur présence par les besoins
économiques de la famille. D'autres encore (19,33 %) disent qu'ils
pratiquent l'orpaillage parce que la famille toute entière s'y est
tournée pour assurer sa survie.
II-3- Le Silence des autorités administratives
L'orpaillage à Hiré se déroule dans une
illégalité totale. En effet, selon le code minier Ivoirien en son
article 4 cité plus haut, il faut une autorisation
délivrée par les services de l'administration minière pour
toute exploitation artisanale. Le constat que nous avons fait sur le terrain
c'est que presque tous les orpailleurs n'ont pas la connaissance de cette loi.
Ils n'ont donc pas d'autorisation d'exploitation. Cette situation
d'illégalité dans laquelle se trouvent les orpailleurs nous a
amené à poser des questions à l'autorité municipale
au sujet des initiatives prises pour régulariser cette
irrégularité. Selon le Secrétaire Général de
la Mairie de Hiré, la procédure adoptée est la
sensibilisation. Or depuis deux ans, cette activité perdure dans
l'illégalité. Aucune action contraignante n'est menée en
vu de régulariser le secteur. Ce mutisme des autorités
compétentes sur l'illégalité des orpailleurs est aussi un
facteur de la croissance de l'exploitation artisanale de l'or (24% des
réponses). Les orpailleurs ne se fatiguent pas dans les longues et
coûteuses procédures d'obtention d'une autorisation
d'exploitation. Précisons ici que la demande de l'autorisation se fait
à Divo. Les démarches de cette demande nécessitent des
frais élevés. En plus, cette autorisation qui coûte
6 000 Frs Cfa est renouvelable chaque six mois.
Vu tout cela, les orpailleurs profitent du silence des
autorités administratives pour exercer dans l'illégalité.
Ces conditions sont pour la population un facteur d'encouragement à
l'orpaillage. N'ayant aucun parent et aucune source de revenu pour certains
à Hiré, l'orpaillage est pour eux la solution de leur survie.
Tous conscients de ce que l'activité artisanale à Hiré ne
durera pas pour toujours, ils travaillent temporellement en attendant une
activité plus sûre et durable.
CHAPITRE 2 : LES MUTATIONS SOCIALES ECONOMIQUES ET
ENVIRONNEMENTALES
I- Une nouvelle approche de l'activité agricole
Le centre d'intérêt des populations étant
désormais tourné vers l'orpaillage, ils adoptent des attitudes
nouvelles vis-à-vis des travaux de champ.
I-1 Attitude des paysans vis à vis de la production
agricole
Du fait de l'orpaillage, les paysans adoptent de nouvelles
attitudes face à la production agricole. On le constate dans le tableau
suivant.
Tableau 10 : Attitude des paysans
face à la production agricole (pour les 25
paysans recensés)
Attitude des paysans
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Diminution de la production
|
10
|
40
|
Réduction du temps
|
8
|
32
|
Abandon de certain champ
|
2
|
8
|
Arrêt de toute activité agricole
|
5
|
20
|
TOTAL
|
25
|
100
|
Source : donnée d'enquête 2008
I-1-1- La diminution de la production vivrière.
La culture de vivriers a été la première
stratégie adoptée par les paysans suite à la crise qui
sévit dans la filière cacao. Cette stratégie était
nourrie par la volonté de produire pour satisfaire non seulement les
besoins alimentaires mais aussi pour vendre le surplus afin d'avoir de l'argent
liquide pour faire face à d'autres besoins. Le choix pour la production
vivrière s'explique par le fait du temps relativement court mais pour
la production (2 à 4 mois pour le maïs, le riz, les légumes;
6 mois pour l'igname ; 9 mois pour la banane...). Mais l'exploitation de
l'or, non seulement procure un revenu relativement consistant, mais aussi
occasionne une rentabilité rapide (voir chap1 ; 2e
partie). Cette situation réoriente donc les stratégies initiales,
car l'objectif est de pouvoir faire une activité qui puisse combler le
déficit financier laissé par la crise du cacao. De nos
entretiens, il est ressorti de façon régulière de la part
des femmes qui produisaient des vivriers que l'orpaillage est plus rentable que
la production de maïs, d'igname ou de légume. Cela dit, à
défaut d'abandonner totalement la culture du vivrier qui par la force du
temps et des circonstances est devenue une habitude et une
nécessité, 40 % de ces femmes consacrent désormais plus de
temps sur les sites d'orpaillage. Par conséquence, elles diminuent leurs
activités de production vivrière. Cela se constate par la
diminution considérable des surfaces cultivées. Les bas-fonds et
les terres qui se situent au bord des voies reliant les différents
villages à la Sous préfecture qui autre fois étaient
exploitées pour la culture de vivriers sont abandonnés.
I-1-2- Réduction du temps consacré aux
activités agricoles
L'exploitation artisanale de l'or demande beaucoup de temps.
Au niveau de toutes les étapes, la production a besoin d'une certaine
attention une consécration qui a besoin d'un soin minutieux. C'est ainsi
que la recherche de pierre par exemple demande que l'orpailleur soit assis afin
de fouiller sur tous les flancs de la roche de sorte à identifier les
particules d'or qui s'y trouvent. Rien ne se fait à la hâte. C'est
pourquoi les orpailleurs trouvent peu de temps pour les activités
agricoles (32 % des enquêtés adoptent cette attitude). Pour ceux
qui n'ont pas abandonné totalement les champs, ils y vont une ou deux
fois dans la semaine. Le reste des jours de la semaine est consacré
à la recherche de l'or. Même les nuits ne sont pas
épargnées. Souvent dans la nuit, on entend le bruit des mortiers
en fer qui servent à piler les roches concassées.
I-1-3- L'abandon de certains champs de cacao
L'essor de l'exploitation artisanale de l'or a
précipité l'abandon de certaines plantations de cacao qui
étaient déjà dans une situation moribonde. En effet,
certains planteurs se sont reconvertis en orpailleurs en abandonnant leurs
champs qui ont pris un coup de vieillesse. Ils soutiennent que le
renouvellement des vergers est difficile à cause de l'instabilité
du pluviomètre. Le raccourcissement des cycles pluviométriques
met en mal les tentatives de renouvellement des vergers. Certains (8% des
enquêtés) décident de laisser leurs champs en
jachère. D'autres encore (20%) arrêtent simplement toutes
activités champêtres. La prise de cette décision a
suffisamment été encouragée par l'opportunité
qu'offre l'exploitation artisanale de l'or. Pour ces derniers, au lieu de
perdre le temps à tenter de renouveler en vain les vergers de cacao, il
convient de s'intéresser à l'orpaillage qui d'ailleurs, procure
un revenu non négligeable. Cela permet en outre à la terre de se
``reposer'' et de récupérer tranquillement sa
fertilité.
I-2- La raréfaction de la main d'oeuvre agricole
La main d'oeuvre agricole est composée d'une main
d'oeuvre extérieure (rémunérée) et d'une main
d'oeuvre familiale (non rémunérée).
I-2-1- La raréfaction de la main d'oeuvre
extérieure
La main d'oeuvre extérieure a été d'un
apport considérable dans la création des plantations de cacao
à Hiré. Elle est constituée de ressortissants du Burkina
et du Niger notamment. Une partie de cette main d'oeuvre provient du centre de
la côte d'Ivoire. Ce sont des Baoulé en général, qui
offrent leur force de travail aux planteurs sur une durée de 6 mois ou
un an renouvelable. Depuis deux décennies, cette main d'oeuvre tend
à disparaître. Plusieurs facteurs sont avancés pour
expliquer ce phénomène. Il s'agit de la baisse de la production
due au vieillissement des vergers, la baisse du prix du cacao et la crise
socio-politique que connaît le pays depuis 1999. Cette raréfaction
de la main d'oeuvre extérieure est accentuée depuis la reprise
des activités d'orpaillage à Hiré. Les opportunités
économiques qu'offre cette activité captent la main d'oeuvre
agricole. Ainsi, cette main d'oeuvre initialement agricole se voit attribuer
des tâches en tant qu'ouvrier journalier sur les sites d'orpaillage si
ces personnes n'exploitent pas elles mêmes l'or à leur propre
compte. La rémunération journalière à un salaire
plus ou moins élevé que celui payé dans les
activités agricoles (1 500 à 2 000 / jour) est un atout
qui attire la main d'oeuvre vers l'orpaillage. En outre, les ouvriers ne nouent
pas un contrat à long terme avec leurs employeurs. Une fois le contrat
de la journée est terminé ; l'ouvrier et l'employeur ont la
possibilité de renouveler ou non le contrat. Cette façon de faire
offre une certaine liberté aux ouvriers, ce qui ne se fait dans
l'agriculture. En effet, l'ouvrier dispose d'une liberté de
décision du jour où il veut travailler selon son humeur, ce qui
n'est pas possible lorsqu'il est employé par un planteur (contrat de 6
mois ou d'un an). La liberté accordée aux ouvriers dans
l'orpaillage est aussi une des raisons qui attire la main d'oeuvre et cause la
raréfaction de celle-ci dans le secteur agricole.
I-2-2- La non maîtrise de la main d'oeuvre
familiale
La réponse trouvée au manque de la main d'oeuvre
extérieure du fait de la dégradation observée dans la
filière cacao est l'utilisation de la main d'oeuvre familiale.
En effet, dans l'incapacité de s'offrir les services
d'un manoeuvre, les chefs de famille de production de cacao mobilisent leurs
groupes domestiques comprenant les femmes, les enfants et la famille
élargie. Cette main d'oeuvre non rémunérée en temps
réel a permis aux chefs de familles de supporter la crise qui
sévit dans la filière. Mais un bouleversement total de cet ordre
établi est observé depuis la reprise des activités
d'exploitation artisanale de l'or. La main d'oeuvre familiale échappe
désormais au contrôle des chefs de familles. Elle se tourne vers
l'orpaillage qui leur permet de bénéficier d'un salaire.
II - Mutations au sein de la population et de la cellule
familiale
1- Mutations au sein de la population
1-1- L'immigration
L'orpaillage a occasionné un flux migratoire non
négligeable à Hiré. Il y a d'un côté ceux qui
sont venus des campements environnants et de l'autre ceux qui sont venus des
pays voisins (Mali, Ghana, Burkina Faso). Ces immigrants sont pour la plupart
venus profiter de l'essor de l'orpaillage. Ce sont des orpailleurs `'
professionnels `' qui ayant appris la croissance de l'activité et la
richesse du sous-sol en or ont décidé d'y résider en vu
d'exercer leur activité. Ils viennent pour la majorité des
régions où se pratique déjà l'orpaillage (Agbaou,
Kôkoumbo, Issia, Bouaflé, Ity ...)
II-1-2- Conséquences économiques
L'orpaillage a produit une transformation profonde dans les
habitudes économiques de la population de Hiré. Eu égard
aux enjeux économiques qu'il présente, l'orpaillage cause des
torts à plusieurs autres activités économiques notamment
l'agriculture, le commerce, les petits métiers. En effet, la question
sur le profil socioprofessionnel des orpailleurs nous a permis de mesurer
l'ampleur de l'impact de l'orpaillage sur les autres activités
économiques. Dans le secteur de l'agriculture, c'est surtout les
cultivateurs, producteurs de vivriers et de cultures maraîchères
qui abandonnent les champs pour les sites d'orpaillage. Le résultat est
net, la diminution de la production de ces produits se fait de plus en plus
sentir. Même si nous n'avons pas poussé les études pour
quantifier la baisse de ces produits, il est facile de s'en apercevoir juste en
regardant les espaces anciennement cultivés abandonnés maintenant
et même les coûts de ces produits sur le marché. Certains
sont réputés pour les cultures maraîchères et
vivrières. Il s'agit des bas-fonds à l'intérieur ou hors
de la ville et aussi des périmètres qui longent les voies reliant
les villages et campements à la commune. Ces espaces sont toujours mis
en valeur pour la culture de maïs, riz, oignon, tomate etc. Cependant,
depuis le début de l'orpaillage, ces espaces sont peu
fréquentés. Le marché est aussi délaissé par
les commerçants au détriment de l'orpaillage. Seuls les vendredis
et dimanches sont véritablement utilisés pour fréquenter
le marché.
1-3- La cherté de la vie
Les conséquences de l'orpaillage se mesurent aussi au
niveau de la cherté de la vie. Cette cherté est marquée
surtout au niveau des denrées alimentaires. En effet, le
délaissement des activités agricoles, principalement les cultures
de vivriers a conduit à une baisse de la production. Certains
orpailleurs (46 %) avouent acheter les denrées alimentaires pour leur
nutrition. Cette situation a enclenché la règle d'or du
marché, c'est-à-dire la loi de l'offre et de la demande. La
population de Hiré étant de plus en plus croissante du fait de
l'orpaillage et de l'exploitation industrielle de l'or, la production
vivrière se trouve désormais insuffisante. Alors, les
agriculteurs ayant maintenus leur production vivrière montent les
enchères et cela se répercute sur le marché. Ainsi, les
prix des denrées telles le riz local, la banane, l'igname, le piment, le
maïs, ont vu leur prix augmenté. Le Kilogramme de riz local qui
était à 175 Frs Cfa est passé à 350 Frs Cfa
aujourd'hui. La banane qui se vendait à 1 000 Frs Cfa les 4
régimes est passée à 3 ou 2 régimes à
1 000 Frs Cfa. Quant au sac (100 kg) de maïs sec, il passe de
4 000 - 4 500 Frs Cfa à 15 000 Frs Cfa aujourd'hui.
II-1-4- La naissance de deux blocs d'opinions au sujet de
l'orpaillage
L'exploitation artisanale de l'or à Hiré a fait
naître deux types de positions. Il y a d'un côté, ceux qui
pensent que cette activité est une opportunité économique
au sein de la population et de l'autre côté, ceux qui s'opposent
à l'orpaillage. Ceux qui défendent l'orpaillage avancent
l'idée que l'activité est une opportunité qui s'offre
à la population. Cela en ce sens qu'elle permet à des personnes
démunies qui n'ont pas de terre pour pratiquer l'agriculture de pouvoir
trouver ne source de revenu. Elle permet en outre selon eux de répondre
au problème de chute constante des prix et de la production agricole.
Ils soutiennent que l'orpaillage permet de lutter contre la pauvreté
engendrée par la crise de la filière cacao. Ceux qui s'opposent
à l'orpaillage argumentent leur position par le fait que cette
activité n'a pas d'avenir ; elle s'arrêtera lorsque les
réserves vont s'épuiser. En outre, ils avancent la raison des
risques environnementaux et sanitaires que présente l'orpaillage (voir
chap 3).
II-2- Mutations au niveau de la cellule familiale
Les mutations au sein de la cellule familiale se
résument en termes de conflits d'autorité (78 personnes soit 52 %
des enquêtés avouent avoir un conflit avec la famille). Ces
conflits se présentent sur plusieurs formes (tableau n°11, page 68)
et s'expliquent par plusieurs raisons (tableau n°12, page 68).
Tableau 11 : Nature des conflits
et leur répartition au sein de la population
enquêtée.
Nature des conflits
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Des privations
|
10
|
12,82
|
Interdiction à la pratique
|
30
|
38,46
|
Répudiation ou séparation de la famille
|
10
|
12,82
|
Des reproches
|
25
|
32,05
|
Autres
|
3
|
3,84
|
TOTAL
|
78
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
Tableau 12 : Les raisons ou
causes des conflits parent / enfant et mari / femme
chez les 78 enquêtés ayant
reconnu l'existence d'un conflit dans leur
famille
Cause de conflits
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Refus d'aider les parents (insoumission)
|
18
|
23,07
|
Déscolarisation
|
15
|
19,23
|
Les risques de l'orpaillage
|
35
|
44,87
|
Raisons religieuses
|
8
|
10,25
|
Autres
|
2
|
2,56
|
TOTAL
|
78
|
100
|
Source : Donnée d'enquête 2008
II-2-1- Conflits d'autorité entre mari et femme
La femme s'occupe initialement des travaux domestiques (repas,
ménage...).
Elle est devenue une main d'oeuvre nécessaire pour le
chef de ménage du fait de la raréfaction de la main d'oeuvre
extérieure. Dans ce nouveau statut, la femme en plus des
activités domestiques, aide également son mari dans l'entretien
des cultures vivrières et pérennes. L'avènement de
l'orpaillage intéresse de plus en plus les femmes aux foyers (13,33 %).
Celles-ci se détournent de l'autorité de leurs maris pour exercer
cette activité à leur propre compte. Cette situation s'explique
par le fait que la crise dans l'agriculture se faisant de plus en plus
sévère, les chefs de familles n'arrivent plus à satisfaire
les besoins de leurs femmes. Celles-ci trouvent un palliatif dans
l'exploitation artisanale de l'or. Elles ne vont donc plus aider leurs maris
dans les champs. Leurs tâches domestiques ne sont plus bien
assurées. La défiance du contrôle du chef de famille ainsi
présentée, génère des conflits qui se traduisent en
des querelles et même des divorces. La persistance de ces conflits a
poussé certains chefs de ménage à se plaindre à la
municipalité en vue de la fermeture des sites d'exploitation.
II-2-2- Conflits d'autorité entre parents et
enfants
Le conflit d'autorité entre parents et enfants c'est le
refus des enfants d'obéir aux ordres des parents. Les enfants sont aussi
utilisés dans le groupe domestique pour exercer des activités
agricoles compte tenu du manque de main d'oeuvre extérieure. Les
activités d'exploitation artisanale de l'or ont-elles aussi
détourné les enfants du contrôle parental. Ces derniers ne
vont plus aider les parents dans les champs. Ils s'adonnent plutôt
à l'orpaillage soit à titre personnel, soit en tant qu'ouvrier
journalier pour le compte d'un particulier ce qui provoque des conflits entre
eux et leurs parents. Quatre raisons fondamentales justifient la naissance de
ces conflits. La première est la non participation des enfants aux
activités économiques de la famille. Un père de famille
manifestait son mécontentement envers sa fille en ces termes :
« ma fille refuse de piler le maïs qui va servir au repas du
soir à la main. Elle me demande de donner de l'argent pour le faire
moudre à la machine alors qu'elle pile des pierres à la
main ». La deuxième raison c'est que l'orpaillage est l'une
des causes de la déscolarisation des élèves. Les parents
constatent que leurs enfants font l'école buissonnière ou
arrêtent carrément les études pour aller chercher de l'or.
La troisième raison du conflit parents/enfants c'est que les parents ne
veulent pas que leurs enfants pratiquent l'orpaillage du fait des dangers que
cela présente pour leur santé et leur vie (voir chap.3), mais
ceux-ci leur tiennent souvent tête. La quatrième raison est
d'ordre religieux. A ce niveau certains parents disent que l'or est
hanté par des esprits. Son exploitation pourrait conduire les mauvais
esprits dans la famille. Ces conflits se manifestent par des querelles qui
amènent parfois les enfants à quitter le domicile familial.
III- Les conséquences sanitaires et
environnementales
III-1 Une activité à risques
III-1-1 Risques sanitaires
Les effets délétères de l'orpaillage sont
nombreux. Ils sont pour la plupart liés à l'hygiène des
sites d'exploitation et la poudre de poussière dégagée par
la pierre pilée. Les orpailleurs les plus exposés sont ceux qui
pratiquent le lavage simple, le lavage à la batée et le broyage
des pierres. Dans le cas du lavage simple et le lavage à la batée
la présence des orpailleurs dans l'eau insalubre tout le temps de leur
activité est un risque potentiel d'infections. Ils sont
vulnérables à plusieurs maladies cutanées et sexuelles
à court et à long terme. Pour ceux qui broient les pierres, ils
sont exposés à des infections cérébrales. Selon le
médecin de la ville, environ 35% des consultations ont un rapport direct
avec l'orpaillage. Il s'agit des maladies comme la bilharziose, les
infections vaginales, la fièvre typhoïde, les infections
cutanées, la méningite etc. Au-delà de ces maladies, les
orpailleurs sont exposés à d'autres maladies liées
à l'intoxication au mercure. Même si nous n'avons pas mené
des études poussées de cause à effet, des études
sous d'autres cieux ont été faites et les résultats
montrent que les inconvénients sanitaires de l'orpaillage sont
inquiétants.
Selon Polidori et al (2001), les études
récentes portant sur le cycle biogéochimique du mercure ont mis
en évidence, en Guyane, le rôle aggravant de l'activité
aurifère, et plus particulièrement de l'orpaillage. Cela est
possible d'une part par des rejets supplémentaires de mercure
métallique d'autre part par une érosion certaine des sols qui
favorise la mobilisation et le transport du mercure métallique jusqu'aux
points les plus bas (bas-fonds, cours d'eaux). Ces impacts sont autant de
facteurs favorisant la méthylation et le passage dans la chaîne
trophique. Ici, l'intoxication se fait par la consommation de l'eau ou des
ressources halieutiques intoxiquées par des particules chimiques.
Selon le journaliste Labarthe du quotidien ``
Libération'' l'exploitation minière est ``une bombe à
retardement écologique''. Il affirme que la somme des
dégradations écologiques et des atteintes à la
santé provoquées par l'exploitation des mines d'or à ciel
ouvert va ruiner les régions productrices pour des
générations à venir. Il explique que les nappes
phréatiques sont notamment polluées par le cyanure et le mercure
utilisés pour purifier le minerai. Ces pollutions entraînent des
cas de paralysie, de cécité, et de nombreuses fausses couches.
L'utilisation de mercure n'est pas très généralisée
dans l'orpaillage à Hiré. Seules quelques personnes l'utilisent.
Si l'usage de mercure n'est pas à une grande échelle de sorte
à inquiéter la population, il n'en demeure pas moins que
l'orpaillage à Hiré n'est pas à écarter de cette
situation alarmante vu qu'il n'y a pas de contrôle dans ce sens.
Aussi ; ne faut-il pas ignorer que naturellement l'activité
d'orpaillage libère des particules de mercure contenu dans le sol et les
roches. Dans tous les cas, l'orpaillage produit la pollution qui conduit
à des maladies. Selon Labarthe (opcit) il faudrait dépenser
environ 16 milliards de dollars pour dépolluer tous les sites
aurifères en Afrique. Ce qui semble être énorme pour nos
Etats africains. En attendant, il convient de contrôler les effets
environnementaux de nos activités aurifères.
III-1-2- Risques d'accidents
Les accidents sont légions sur les différents
sites d'orpaillage, particulièrement à Djangobo et à
Bouakako. Ces accidents partent des plus Bénins au plus graves,
aboutissant parfois à la mort. Plusieurs accidents ont été
signalés. Selon des sources concordantes, il aurait environ 15 cas
d'accidents graves lors de notre enquête, nous avons eu l'occasion de
constater deux cas d'accidents graves ayant abouti à la mort, l'un
à Bouakako et l'autre à Djangobo. Les accidents sont
causés par l'imprudence des orpailleurs. Pour le cas d'un accident
produit à Bouakako par exemple, les victimes ont taillé les
piliers permettant de soutenir la partie supérieure des tunnels. Cette
imprudence à conduit à un éboulement causant la mort d'une
personne et de deux blessés graves.
C'est le même cas à Djangobo où des
accidents sont causés par la chute de portions de terre. En effet, les
orpailleurs à la recherche de roches creusent la terre de façon
verticale et à une certaine profondeur (2 à 3 mètres). Ils
font des lobes. Même si ces trous ne sont pas suffisamment profonds, la
partie supérieure des lobes constituent un danger permanent pour les
orpailleurs. Car la partie supérieure n'est pas soutenue par des
piliers, et l'action de la pluie provoque des éboulements. Nous avons
remarqué pendant notre étude que les accidents sont liés
aux méthodes d'exploitation. Ainsi, les méthodes d'exploitation
souterraine et la recherche de roche sont particulièrement les plus
risquant. Un autre risque d'accident est non négligeable. Il s'agit des
particules de roche qui sautent lors du concassement du broyage des roches.
Selon les informations reçues, une femme aurait eu son oeil cassé
par un fragment de roche.
III-2 - Conséquences environnementales de
l'orpaillage
III-2-1- La pollution des eaux
L'activité d'orpaillage cause des dommages réels
aux eaux. Il s'agit de la modification du tracé originel des cours
d'eaux, de la pollution des cours d'eau et de l'intoxication de leurs
habitants, la pollution des nappes phréatiques. Les
éléments chimiques produits par l'orpaillage ont un effet
très nocif sur les eaux (Carmouze et al : 2001). Notre étude
n'est pas allée jusqu'à analyser le degré de pollution des
cours d'eau en éléments chimiques produits par l'orpaillage.
Cependant, d'autres dégâts causés à l'eau sont
visibles. L'eau retenue pour laver l'or est à la suite de son usage
déversée directement dans la rivière qui passe tout juste
à côté. Le drame, c'est que ce geste
inconsidéré met en danger la vie des ressources halieutiques et
même des vies humaines, car l'eau, de cette rivière polluée
par le fait de l'orpaillage, est souvent consommée par des paysans dans
leurs champs.
III-2-2- La dégradation des sols
La dégradation des sols par les activités
d'orpaillage est le plus visible dans les conséquences
environnementales. Le couvert végétal des sites est
dégradé par l'action des fouilles. Les orpailleurs
dégagent la végétation avant de creuser la terre. Dans
cette logique, toutes les herbes et les arbres sont coupés. Ainsi, les
sites d'orpaillage sont des terrains rendus nus sur des centaines de
mètres. Les trous creusés par les orpailleurs, les pierres
infertiles en or rejetées à la surface rendent les sites
irrécupérables pour l'agriculture. Dans un premier temps, les
trous rendent les sites d'accès dangereux et dans un second temps ils
ne prêtent pas les sites à une activité agricole. Les
champs proches des sites d'exploitation sont quotidiennement détruits
par l'action des orpailleurs (voir photo n°9 page 74). Aussi, les
dégâts causés au sol sont-ils un problème pour
l'urbanisation.
En effet, comme nous l'avons indiqué plus haut, la
dernière maison de la ville est à environ 50 mètres du
site d'Assayé (voir photo n°1 page 35). Or selon les
autorités municipales, le site d'Assayé est inclus dans le plan
de lotissement de la commune. On peut alors craindre des difficultés au
niveau de la construction d'habitats sur ce site.
Photo n°9. Un champ de cacao
détruit par l'action de l'orpaillage
Source : donnée d'enquête 2008
Conclusion partielle
L'exploitation traditionnelle de l'or a occasionné des
changements dans les habitudes économiques des paysans et dans les
relations sociales au sein de la population de Hiré. Ces changements
semblent être amplifiés par le fonctionnement de l'usine
d'extraction industrielle de l'or implantée dans la
sous-préfecture. Ces changements toucheraient diverses couches de la
société. Cet aspect sera développé dans la
thèse de doctorat.
3eme PARTIE
ESQUISSE DU PLAN DE PROJET DE LA THESE
Chapitre 1 : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
Protocole de recherche
Introduction générale
1- Contexte et constats de recherche
2- Définition des mots clés du sujet
2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale
2-2- Mutation socio-économique
3- Problématique
3-1- Questions et objectifs de recherche
3-2- Thèse et hypothèses provisoires
3-2-1 Hypothèses
4- Revue de littérature
5- Méthodologie de recherche
5-1- La pré-enquête
5-2- L'enquête
5-2-1- Champ de l'étude
5-2-2- Echantillonnage
5-2-3- Nature de données collectées
5-2-4- Période de réalisation de
l'enquête
5-3- Les outils de collecte de l'information
5-3-1- L'observation directe
5-3-2- L'entretien
5-4- Analyse et interprétation des données
5-4-1- Analyse qualitative
5-4-2- Analyse quantitative
5-4-3- Cadre Théorique de la recherche
5-5- Les limites méthodologiques
CHAPITRE 2 : ORGANISATION DES ACTIVITES ET PLAN
PROVISOIRE
DE LA THESE
I- Chronogramme des activités
ETAPES
|
ACTIVITES
|
PERIODE
|
1
|
Recherche documentaire
|
Juin-Juillet 2008
|
2
|
Pré-enquête
|
Août 2008
|
3
|
Elaboration du protocole de recherche
|
Septembre 2008
|
4
|
Elaboration des outils de recherche
|
Octobre 2008
|
5
|
Recueil de données (1er passage)
|
Novembre-Décembre 2008
|
6
|
Traitement provisoire des données
|
Janvier 2009
|
7
|
Analyse provisoire des données
|
Février 2009
|
8
|
Recherche documentaire complémentaire
|
Octobre-Novembre 2009
|
9
|
Révision des outils de recherche
|
Février-Mars 2010
|
10
|
Recueil de données (2eme passage)
|
Avril à Juin 2010
|
11
|
Traitement des données
|
Juillet à Septembre 2010
|
12
|
Analyse des données
|
Octobre à Novembre 2010
|
13
|
Rédaction définitive
|
Décembre 2010 à Avril 2011
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14
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Soutenance
|
Mai à Juillet 2011
|
II- Plan provisoire de la thèse
Introduction générale
1- Contexte et constats de recherche
2- Définition des mots clés du sujet
2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale
2-2- Mutation socio-économique
3- Problématique
3-1- Questions et objectifs de recherche
3-2- Thèse et hypothèses provisoires
3-2-1 Hypothèses
4- Revue de littérature
5- Méthodologie de recherche
5-1- La pré-enquête
5-2- L'enquête
5-2-1- Champ de l'étude
5-2-2- Echantillonnage
5-2-3- Nature de données collectées
5-2-4- Période de réalisation de
l'enquête
5-3- Les outils de collecte de l'information
5-3-1- L'observation directe
5-3-2- L'entretien
5-4- Analyse et interprétation des données
5-4-1- Analyse qualitative
5-4-2- Analyse quantitative
5-4-3- Cadre Théorique de la recherche
5-5- Les limites méthodologiques
6- Plan de restitution de la recherche
Première partie : Caractérisation
de l'activité aurifère à Hiré
CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION
ARTISANALE
I- Caractérisation des acteurs et du milieu
II- Les types d'exploitation
CHAPITRE 2 : CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION
INDUSTRIELLE
I- Présentation de la société EQUIGOLD
II- Les méthodes d'exploitation
Deuxième partie : Les conditions de
l'essor de l'orpaillage et de l'attrait pour le travail à Equigold
CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS DE L'ESSOR DE
L'ORPAILLAGE
I- Les conditions économiques
II- Les conditions sociales
CHAPITRE 2 : L'ATTRAIT POUR LE TRAVAIL A EQUIGOLD
I- Raisons économiques
II- Raisons sociales
Troisième partie : Place de
l'activité aurifère dans le processus de changement social
à Hiré
CHAPITRE 1 : L'ARTISANAT AURIFERE ET CHANGEMENT
SOCIAL
I- Recomposition et adaptation économique
II- Changement des rapports de productions familiales
CHAPITRE 2 : L'APPORT DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE A LA
STRUCTURE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA
POPULATION
I- Au niveau économique
II- Au niveau social
Conclusion générale
Conclusion générale
La crise dans la filière cacao a engendré des
comportements variés chez les producteurs. Certains se sont reconvertis
dans des cultures de rentes telles le palmier à huile,
l'hévéa. D'autres par contre ont intensifié la production
du vivrier pour leur survie mais également pour la commercialisation du
surplus. La commune rurale de Hiré connaît également les
maux qui sévissent dans le secteur du cacao en Côte d'Ivoire
(vieillissement du verger, raréfaction de la rente forêt, baisse
des cours mondiaux, etc). Les stratégies de résiliences
adoptées sont entre autres, la tentative de renouvellement des vergers,
l'augmentation et la spécialisation dans la production vivrière
et récemment la culture de l'hévéa et du jatropha. Cette
population en quête de stratégie de survie et de
développement est donc ouverte à toute opportunité
économique. Mais chaque stratégie choisie ne reste pas sans avoir
des effets sur le comportement de la population, de la cellule familiale et sur
les individus. Ainsi, l'orientation vers la culture des vivriers a conduit les
paysans à un changement du calendrier agraire. Ceux-ci ont
concentré l'essentiel de leurs activités agricoles sur 06 mois
(d'Avril à Septembre) car cette période correspond à la
saison de pluie favorable à la culture vivrière. La production
vivrière a occasionnée aussi la réduction de l'usage de la
main d'oeuvre extérieure et le recours au groupe domestique. Elle a
également permis la revalorisation des bas-fonds qui autre fois
étaient négligés parce que peu propice à la culture
du cacao.
Mais depuis l'année 2006 le début des travaux
d'installation d'une usine d'extraction d'or à Hiré, la nouvelle
stratégie de résilience de la population est tournée vers
l'orpaillage. L'intérêt de cette étude était
d'appréhender les bouleversements sociaux induit par l'orpaillage. Il
s'est agit concrètement d'analyser l'activité comme porteuse de
dynamisme et de recompositions sociales notamment au niveau de la structure
socio-économique, des relations de genre dans son aspect matrimonial,
des conflits d'autorités entre aînés et cadets sociaux.
Pour parvenir à notre objectif, nous avons inscrit cette étude
dans une démarche qualitative et quantitative. A cet effet, nous avons
utilisé les techniques de collectes de données que sont,
l'observation directe et l'entretien semi-dirigé et fermé dont
les différentes rubriques ont été consignées dans
un guide d'entretien et dans un questionnaire. L'analyse des données
recueillies a été faite à travers la théorie
sociologie du changement social. Ce changement étant le fait de
l'innovation économique que constitue l'orpaillage à travers sa
diffusion au sein de la population.
Les résultats obtenus nous ont permis de constater que
l'orpaillage a occasionné de grandes mutations sociales et
économiques dans les habitudes des riverains. Ce qui confirme nos
hypothèses. Au niveau des activités agricoles on constate un
relâchement au profit de l'artisanat aurifère. Les rapports
sociaux sont touchés par l'exercice de cette activité. En effet,
l'exploitation artisanale de l'or a fait naître deux groupes d'opinion au
sein de la population. D'un côté on a ceux qui approuvent
l'opportunité économique offerte par cette activité et de
l'autre ceux qui s'y opposent en raison des inconvénients induits. Les
changements sont aussi constatés au niveau des rapports de production
économique au sein de l'unité familiale. Ces changements se
manifestent par des conflits d'autorité entre aînés et
cadets sociaux. Au-delà des mutations sociales et économiques,
l'orpaillage a également des impacts négatifs sur l'environnement
et la santé des acteurs et même de la population. C'est pourquoi,
malgré les gains pécuniaires que l'orpaillage apporte aux
acteurs, il convient de prendre des mesures pour organiser ce secteur
d'activité afin de diminuer ses effets néfastes. Ces mesures
devront consister à :
- Faire un contrôle au niveau des titres d'accès
à l'activité.
- Prévenir les risques de pollution de
l'environnement.
- Prévenir les risques d'accidents et les dangers
sanitaires sur les sites.
- Sensibiliser la population sur les risques de pénurie
alimentaire auxquels elle est exposée du fait de la ruée vers
l'orpaillage et l'abandon des activités agricoles.
- Considérer les risques de
désintégration familiale et poser des actes concrets afin que
cela ne se repende sur la société toute entière.
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p.
Table des matières
Sommaire..................................................................................
|
1
|
Liste des tableaux et
figures.............................................................
|
2
|
Liste des cartes et
photos.................................................................
|
3
|
Remerciements.............................................................................
|
4
|
Résumé......................................................................................
|
5
|
Introduction
générale.....................................................................
|
6
|
1- Contexte et constats de
recherche................................................
|
6
|
2- Définition des mots clés du
sujet................................................
|
10
|
2-1- Exploitation traditionnelle ou
artisanale.......................................
|
10
|
2-2- Mutation
socio-économique.......................................................
|
11
|
3-
Problématique...........................................................................
|
12
|
3-1- Questions et objectifs de
recherche................................................
|
12
|
3-2- Thèse et hypothèses
provisoires...................................................
|
13
|
3-2-1- Thèse
provisoire...................................................................
|
13
|
3-2-2-
Hypothèses........................................................................
|
13
|
4- Revue de
littérature..................................................................
|
14
|
5- Méthodologie de
recherche..........................................................
|
17
|
5-1- La
pré-enquête......................................................................
|
17
|
5-2-
L'enquête.............................................................................
|
18
|
5-2-1- Champ de
l'étude...............................................................
|
18
|
5-2-2-
Echantillonnage..................................................................
|
19
|
5-2-3- Nature de données
collectées...................................................
|
21
|
5-2-4- Période de réalisation de
l'enquête.............................................
|
22
|
5-3- Les outils de collecte de
l'information..........................................
|
22
|
5-3-1- L'observation
directe...........................................................
|
22
|
5-3-2-
L'entretien..........................................................................
|
22
|
5-4- Analyse et interprétation des
données..........................................
|
23
|
5-4-1- Analyse
qualitative..............................................................
|
23
|
5-4-2- Analyse quantitative
............................................................
|
25
|
5-4-3- Cadre Théorique de la
recherche.............................................
|
25
|
5-5- Les limites
méthodologiques......................................................
|
26
|
6- Plan de restitution de la recherche
.................................................
|
27
|
1ERE PARTIE : Caractérisation
de l'exploitation artisanale de l'or à Hiré..
|
29
|
CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DES ACTEURS ET DU
MILIEU................................................................
|
30
|
I - Caractérisation des
acteurs........................................................
|
30
|
I-1- `` Les grands exploitations
''................................................
|
30
|
I-2- `` Les petits exploitants
''...................................................
|
31
|
I-3- Les ouvriers
journaliers.............................................................
|
32
|
I-4- Origines socioprofessionnelles des
acteurs.......................................
|
33
|
II - Caractérisation des sites
d'exploitation.........................................
|
34
|
II-1- Histoire de l'exploitation aurifère à
Hiré.........................................
|
34
|
II-2- Le site
d'Assayé...................................................................
|
35
|
II-3- Le site de
Djangobo...............................................................
|
36
|
II-4- Le site de
Bouakako...............................................................
|
36
|
CHAPITRE 2 : LES TYPES
D'EXPLOITATION...............................
|
38
|
I - Exploitation par
lavage............................................................
|
38
|
I-1- Le lavage à la
batée................................................................
|
38
|
I-2- Le lavage
simple.....................................................................
|
42
|
II - Autres types
d'exploitation........................................................
|
43
|
II-1- La recherche de
roche.............................................................
|
43
|
II-2- La recherche
souterraine.........................................................
|
44
|
Conclusion
partielle ......................................................................
|
48
|
2EME PARTIE : Présentation et
discussion des résultats.........................
|
49
|
CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS
SOCIOECONOMIOQUES..........
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50
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I - Les motivations
économiques......................................................
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50
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I-1- Une rentabilité rapide et
élevée...................................................
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51
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I-2- Une vente
aisée.....................................................................
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52
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I-3- Une activité de
soudure..............................................................
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53
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I-4- Une activité
principale............................................................
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54
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I-5-Une activité circonstancielle et un soutien aux
parents..........................
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55
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I-6- Des opportunités
d'affaires.........................................................
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56
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I-6-1- L'intérêt pour les propriétaires de
terre et de plantation.....................
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56
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I-6-2- Au niveau de la
municipalité...................................................
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57
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II- Les motivations
sociales............................................................
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58
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II-1- Diffusion de l'information et l'effet de
mode...................................
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58
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II-2- La contrainte
familiale..............................................................
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59
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II-3- Le silence des autorités
administratives.......................................
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60
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CHAPITRE 2 : LES MUTATIONS SOCIALES ECONOMIQUES
ET
ENVIRONNEMENTALES.......................................
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61
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I-Une nouvelle approche de l'activité
agricole....................................
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61
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I-1- Altitude des paysans vis-à-vis de la production
agricole......................
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61
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I-1-1- La diminution de la production
vivrière.......................................
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61
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I-1-2- Réduction du temps consacré aux
activités agricoles........................
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62
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I-1-3- L'abandon de certains champs de
cacao.......................................
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63
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I-2- La raréfaction de la main d'oeuvre
agricole....................................
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63
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I-2-1- Raréfaction de la main d'oeuvre
extérieur......................................
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63
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I-2-2- La non maîtrise de la main d'oeuvre
familiale.................................
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64
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II- Mutations au sein de la population et de la
cellule familiale...............
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65
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II-1- Mutations au sein de la
population.............................................
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65
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II-1-1-
L'immigration....................................................................
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65
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II-1-2- Conséquences
économiques...................................................
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65
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II-1-3- La cherté de la
vie...............................................................
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66
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II-1-4- La naissance de deux blocs d'opinions au sujet de
l'orpaillage............
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67
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II-2- Mutations au niveau de la cellule
familiale....................................
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67
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II-2-1- Conflits d'autorité entre mari et
femme.....................................
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69
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II-2-2- Conflits d'autorité parents /
enfants............................................
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69
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III- Les conséquences sanitaires et
environnementales........................
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70
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III-1- Une activité à
risques............................................................
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70
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III-1-1- Risques
sanitaires...............................................................
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70
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III-1-2- Risques
d'accidents............................................................
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73
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III-2- Conséquences environnementales de
l'orpaillage...........................
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73
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III-2-1- La pollution des
eaux.........................................................
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73
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III-2-2- La dégradation des
sols.........................................................
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73
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Conclusion
partielle.....................................................................
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75
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3EME PARTIE : ESQUISSE DU PLAN DE
PROJET DE LA THESE......
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76
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Chapitre 1 : Considérations méthodologiques
.......................................
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77
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Chapitre 2 : Organisation des activités et plan
provisoire de la thèse............
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78
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I- Chronogramme
activités....................................................
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78
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II- Plan provisoire de la
thèse..................................................
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79
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Conclusion générale
......................................................................
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81
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Bibliographie..............................................................................
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84
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Annexes.....................................................................................
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95
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