Conclusion
Les différents tests nous permettent de conclure
à la bonne spécification du modèle, sa validité et
son pouvoir prédictif. Passons maintenant à
l'interprétation.
CHAPITRE 2 : INTERPRÉTATIONS DES
RÉSULTATS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES
ÉCONOMIQUES
Cette partie est consacrée à l'explication des
résultats obtenus afin de pouvoir tirer les enseignements de
l'endettement du Togo et de faire des suggestions à l'endroit des
acteurs de la dette.
Le schéma d'endettement du Togo semble être bien
expliqué par le modèle proposé avec un degré de
confiance 95 %.
Nous tenterons de faire ressortir dans cette partie, les
interprétations des résultats du modèle, les implications
de politiques économiques qui découlent des analyses des courbes
précédentes plus haut et celles qui découleront des
interprétations du modèle puis suivront les recommandations.
SECTION 1 : Interprétations des
résultats
A- Résultats de l'estimation et
interprétation du coefficient de correction d'erreur 1- Résultats
de l'estimation
Les résultats de l'estimation du modèle (MCE) sont
donnés dans le tableau après : Résumé de
l'estimation et calcul des élasticités :
Dependent Variable: D(LDTPIB) Method: Least
Squares
|
Variable
|
Coefficient
|
Elasticités
|
|
Prob.
|
|
|
Court terme
|
Long terme
|
|
LDTPIB(-1)
|
- 0.978852
|
|
|
0.0002
|
D(LTCH)
|
0.558390
|
0.558390***
|
|
0.0003
|
LTCH(-1)
|
0.554834
|
|
0.5668***
|
0.0022
|
LMPIB(-1)
|
0.177077
|
|
0.1809**
|
0.0301
|
D(LMPIB)
|
0.297150
|
0.297150***
|
|
0.0020
|
D(LPOP)
|
- 1.019847
|
-1.019847**
|
|
0.0347
|
LPOP(-1)
|
- 1.549542
|
|
- 1.5830***
|
0.0000
|
D(LPIBH)
|
- 0.780145
|
-0.780145***
|
|
0.0003
|
LPIBH(-1)
|
- 0.591862
|
|
- 0.6046***
|
0.0005
|
D(LDSEX)
|
0.146342
|
0.146342***
|
|
0.0003
|
LDSEX(-1)
|
- 0.037082
|
|
|
0.1574
|
DUM94
|
0.686178***
|
|
|
0.0000
|
C
|
9.373836
|
|
|
0.0001
|
R-squared 0.938316
|
n 29
|
Durbin-Watson stat 2.035061
|
Prob(F-statistic) 0.000001
|
*** (**)indique que le seuil de significativité est de 1%
(5 %).
Source : Auteur à partir des résultats
obtenus sur Eviews5
L'équation estimée est donc :
D(LDTPIB) = -0.979*LDTPIB(-1) + 0.558*D(LTCH) +
0.555*LTCH(-1) + 0.177*LMPIB(-1)
(-4.96) (4.69)( 3.69) (2.40)
+ 0.297*D(LMPIB) - 1.019*D(LPOP) - 1.549*LPOP(-1) -
0.780*D(LPIBH) -
(3.73) (-2.32) (-6.17) (-4.68)
0.592*LPIBH(-1) + 0.146*D(LDSEX) - 0.037*LDSEX(-1) +
0.686*DUM94 + 9.374
(-4.42) (4.61) (-1.49) (6.57) (5.26)
|
( ) représente le t statistique
2- Interprétation du coefficient de correction
d'erreur
Le coefficient associé à la force de rappel est
négatif (- 0,978852) et significativement différent de
zéro au seuil statistique de 5 %. Sa probabilité égale
à 0,0002 est inférieur à 0,05. Il existe donc un
mécanisme à correction d'erreur.
A long terme, les déséquilibres entre le ratio
d'endettement, le taux de change du CFA exprimé en dollar, le PIB par
tête, la population, les importations rapportées au PIB et le
ratio service de la dette sur exportations se compensent de sorte que leurs
séries ont des évolutions similaires.
Le coefficient - 0,978852 traduit la vitesse à laquelle
le déséquilibre entre les niveaux désiré et
effectif de l'endettement est résorbé dans l'année qui
suit le choc. Ce qui signifie que l'on arrive à ajuster 97,8852 % du
déséquilibre entre les niveaux désiré et effectif
de l'endettement extérieur du Togo.
Ainsi les chocs sur l'endettement extérieur du Togo se
corrigent-ils à 97,8852 % par l'effet «feed-back ». En
d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année est
entièrement résorbé au bout d'un an et un mois (1/0,978852
= 1,0216049 années).
B- Interprétation des élasticités
1- Interprétation des élasticités ou
semi-élasticités de long terme
Les résultats montrent que seules les variables : taux
de change, le PIB par tête et la dévaluation sont
déterminants dans l'explication de l'endettement du Togo. Il ressort les
observations suivantes :
|
le taux de change est corrélé positivement
à l'endettement du Togo. La dette extérieure du Togo est en
devises étrangères. Le taux de change influence significativement
la dette extérieure du pays.
L'élasticité de l'endettement de long terme par
rapport au taux de change (CFA/US) LTCH est 0,5668. A long terme, une
appréciation de 10 % du taux de change moyen CFA/US entraîne,
toute chose égale par ailleurs, une diminution de 5,668 % de la dette
extérieure rapportée au PIB.
Ainsi, la dépréciation du dollar face au F CFA
serait souhaitable pour réduire le niveau d'endettement. Ainsi,
l'appréciation du taux de change moyen CFA/US diminue le service de la
dette. Au plan empirique, N'Diaye (1993) a aboutit à la même
conclusion dans une modélisation de l'endettement au
Sénégal.
|
L'élasticité du ratio importations sur PIB est
de 0,1809. En d'autres termes une réduction des importations de 10%
entraînerait une réduction du niveau de la dette de 1,809% dans le
long terme. Ce résultat indique que toute politique de réduction
de la dette intégrant une réduction des importations serait
efficace.
Dans le long terme, un accroissement de 10 % de la population
entraîne une réduction du niveau de l'endettement de 15,830 %.
Ceci peut s'expliquer par la rupture de la coopération avec l'UE. En
effet au cours de cette période, le Togo n'a pas
bénéficié de nouveaux prêts de ses partenaires de
l'UE.
L'élasticité de long terme de l'endettement par
rapport au PIB par tête est - 0,6046. Le PIB par tête (PIBH) est
corrélé négativement à l'endettement du Togo. A
long terme, si le PIB par habitant augmente de 10%, alors, la dette
extérieure par rapport au PIB va connaître toute chose
égale par ailleurs, une baisse de 6,046 %. Une forte croissance du PIB
serait donc souhaitable afin de réduire significativement le niveau
d'endettement du pays.
La pression démographique tend à encourager
l'endettement d'un pays. L'Etat est obligé de contracter des prêts
pour renforcer ses capacités financières à investir dans
les secteurs tels que l'éducation, la santé, les transports dans
le but de préserver la paix sociale car une population de plus en plus
jeune est exigeante.
Néanmoins, la plupart des études ont
montré qu'il n'y a pas d'impact entre la croissance démographique
et celle économique. Barro (1990) a souligné le caractère
exogène de la variable population dans les modèles de croissance
intégrés aux modèles de soutenabilité de la dette.
Ceci se justifie par l'absence de relation significative entre accumulation et
croissance démographique ;
La variable muette DUM94 qui permet de capter l'effet
lié à la dévaluation du Franc CFA par rapport au Franc
Français a un coefficient positif (0,686178). La dévaluation
influence significativement la dette extérieure du Togo au seuil de 5 %.
Ce résultat signifie que la dévaluation du FCFA a renchéri
la dette extérieure du pays. Rappelons que la dette extérieure du
Togo est contractée en devises étrangères.
2- Interprétation des élasticités de
court terme
L'élasticité de court terme de la dette
rapportée au PIB par rapport au taux de change est 0.558390. Ainsi,
à court terme, si le Franc CFA se déprécie par rapport au
Dollar US de 10 %, alors la dette extérieure totale
évaluée en dollar US rapportée au PIB augmentera de
5,58390 %.
Une réduction des importations de 1% entraîne une
diminution du niveau d'endettement de 0,297150% dans le court terme. En
d'autres termes une réduction des importations de 10% entraînerait
une réduction du niveau de la dette de 2,972% dans le court terme. Ce
résultat indique que toute politique de réduction de la dette
intégrant une réduction des importations serait efficace.
Dans le court terme, un accroissement de 10 % de la population
entraîne une réduction du niveau de l'endettement de 10,19847 %.
Ceci peut s'expliquer par la rupture de la coopération avec l'UE qui a
fait que le Togo n'a pas bénéficié de nouveaux
prêts.
A court terme, une augmentation du PIB par tête de 10 %
va provoquer une baisse du niveau de la dette du Togo de 7,80145 %. Le niveau
du PIB par habitant est négativement corrélé à
l'endettement du Togo. La pression démographique tend à
encourager l'endettement de l'Etat pour financer ses charges en matière
d'éducation, de santé et autre, ou bien pour faire face à
des catastrophes naturelles (incendies, inondations, tremblement de terre). Par
contre, une croissance économique assez élevée
réduit les opportunités d'endettement c'est à dire que les
performances macroéconomiques ont tendance à limiter, dans une
certaine proportion, les contraintes liées aux besoins en capitaux
extérieurs.
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