L'Etat béninois a l'obligation de mobiliser des
ressources suffisantes pour financer le service public de plus en plus
coûteux. Dans le même temps, il ne doit pas affaiblir le capital
et l'investissement sans lesquels, ses objectifs de relance économique
seraient hypothéqués. Ces deux préoccupations ne sont
opposées qu'en apparence et, de nombreux travaux ont montré,
comment la quête du rendement fiscal est parfaitement conciliable avec
l'incitation fiscale à l'investissement. L'action politique est, dans ce
domaine une double équation de choix et de stratégies. Il s'agit
concrètement de décider des recettes fiscales auxquelles, il est
possible de renoncer à court terme tout en définissant les
stratégies pour rentabiliser le coût fiscal de cette
décision, à moyen ou long terme.
En l'état actuel de la législation, les mesures
d'exonérations fiscales constituent pour une large part, le dispositif
incitatif proposé par les politiques fiscales spécifiques
destinées à promouvoir et accompagner le secteur privé,
à augmenter le volume des exportations et à équilibrer la
balance commerciale.
Cependant, l'application technique et pratique des mesures
d'exonération révèle quelques problèmes :
- primo, les régimes d'exception prévoient des
règles d'imposition dérogatoires. Ces régimes d'imposition
préférentielle, si elles s'accentuent deviendront
contraires au principe de l'égalité des citoyens devant
l'impôt, contraires également à l'impératif de
simplification des lois fiscales ainsi qu'à la nécessité
de la mise en oeuvre d'un cadre concurrentiel équitable. En effet, les
agréés au Code des investissements et aux différents
autres régimes de la Zone Franche Industrielle exercent la même
fonction économique que beaucoup d'autres entreprises qui
relèvent de la fiscalité de droit commun;
- secundo, la surenchère dans l'octroi de ces
exonérations peut être un facteur de baisse du rendement fiscal
puisque l'accroissement des dépenses fiscales exerce
inévitablement une incidence négative sur le niveau des recettes
cash réalisées par l'Administration des Impôts. Cette
surenchère causerait encore plus de dommages si le contrôle des
régimes d'exception s'avérait déficient ou peu
opérationnel ;
Ces difficultés ne remettent nullement en cause le
bien fondé et l'intérêt des questions
d'exonérations ainsi que la bonne foi des autorités qui les
décident et les gèrent. Elles amènent plutôt
à se demander quelle politique d'exonération faut-il adopter,
à un coût fiscal rationnalisé, sans
détériorer le niveau des recettes fiscales (nettes des recettes
d'ordre) et sans introduire sur les marchés des distorsions
préjudiciables à leur bon fonctionnement.
Cette réflexion est non seulement pertinente et
nécessaire mais également pressante. En effet, depuis la
première codification des exonérations fiscales et
douanières accordées en République du Bénin, ce
document s'est beaucoup enrichi en mesures d'exonérations diverses
générant au profit des contribuables des avantages non
négligeables. De plus, les questions liées à
l'exonération des associations à but non lucratif ne sont pas
encore entièrement réglées alors que celles-ci
foisonnent.
Par ailleurs, la gestion des exonérations ponctuelles
requiert plus de contrôle alors que les moyens matériels mis
à la disposition de l'Administration pour l'assurer ne sont pas
suffisants.
Ces quelques aspects de la politique d'exonération
montrent combien il est urgent de trouver une solution efficiente aux
problèmes liés à la gestion des régimes fiscaux
d'exception dans notre pays.
Au regard de toutes ces considérations, bien que de
nombreuses études préalables aient été
consacrées à ce sujet, nous avons décidé de
l'aborder dans le cadre du présent mémoire de fin de formation
sous le thème « REFLEXION SUR LA PROBLEMATIQUE DES
DEPENSES FISCALES AU BENIN »
Pour mener à bien cette étude, nos recherches
s'articuleront autour de trois chapitres.
ü Le chapitre préliminaire servira à
asseoir les bases de notre travail à travers la restitution des
observations de stage et le ciblage de la problématique de
l'étude.
ü Le chapitre premier sera consacré au cadre
théorique et méthodologique de l'étude ainsi qu'à
l'analyse des données d'enquêtes et à
l'établissement du diagnostic de l'étude.
ü Le deuxième chapitre présentera les
approches de solutions ainsi que les conditions de mise en oeuvre des mesures
préconisées.
A travers ce chapitre, notre préoccupation sera d'abord
de présenter les cadres institutionnel et physique de l'étude et
d'en restituer les mécanismes de fonctionnement (Section 1) ;
ensuite, d'inventorier et de regrouper par centres d'intérêts, les
problématiques possibles en vue de cibler la problématique de
l'étude (Section 2).
Section 1 : Cadre physique de
l'étude et observations de stage
Cette section sera consacrée à la
présentation de la DGID et des structures au sein desquelles notre stage
a été réalisé suivie de la restitution de leurs
mécanismes de fonctionnement.
PARAGRAPHE 1 : PRESENTATION DE LA DGID ET
DES STRUCTURES EN ETUDE
I- PRESENTATION DE LA DIRECTION GENERALE DES IMPOTS
ET DES DOMAINES, CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PRESENTE ETUDE
Nous aborderons successivement l'historique, les attributions
l'organisation et les missions de l'actuelle structure en charge de la
fiscalité intérieure au Bénin.
A- Historique et Attributions
L'historique de la DGID sera d'abord passé en revue.
Ensuite, ses attributions seront exposées.
1- Historique
Les services des impôts relèvent de la Direction
Générale des Impôts et des Domaines. Anciennement
appelée Service des Contributions Directes puis Direction des
Impôts, l'Administration fiscale a été érigée
en Direction Générale des Impôts et des Domaines aux termes
du décret n° 93-44 du 11 Mars 1993 portant attributions,
organisation et fonctionnement du Ministère des Finances.
Du 1er Août 1960 jusqu'en 1968,
l'organisation des services des impôts a été
caractérisée par l'existence de deux services : le Service des
Contributions Directes et le Service de l'Enregistrement des Domaines et du
Timbre. Par décret n°215/PR/MFAE du 26 Juin 1967, le Service des
Contributions Directes est devenu Direction des Impôts, et quelques mois
plus tard, le Service de l'Enregistrement des Domaines et du Timbre a
été transformé en Direction des Domaines de
l'Enregistrement et du Timbre. C'est au cours de l'année 1968, que se
réalisa la fusion des deux directions, ce qui donna lieu à la
création de la Direction des Impôts dont les rênes furent
confiées à Monsieur Barnabé OGAN BADA nommé par
arrêté N°344/PR/MEF du 02 Novembre 1968 puis confirmé
par décret N°73-291 du 08 Septembre 1973.
La Direction Générale des Impôts et des
Domaines, pourvoyeuse depuis toujours des caisses de l'Etat a vu sa mission
fondamentale s'affirmer davantage depuis le transfert en 1989 de la fonction de
recouvrement des impôts de la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique à la Direction
Générale des Impôts et des Domaines.
2- Attributions de la DGID
Dans le cadre de l'exercice de ses compétences, la DGID
a plusieurs attributions. Ainsi, elle est chargée :
v de la détermination de l'assiette, de la liquidation,
du contrôle et du contentieux de tous les impôts et taxes
prévus au code général des impôts ;
v du recouvrement et du reversement au Trésor public
des impôts et taxes, des redevances domaniales et des taxes annexes
perçus par les postes comptables de son réseau ;
v du contrôle fiscal ;
v de la conservation foncière des hypothèques et
autres droits fonciers ;
v de la gestion du domaine privé de l'Etat.
B- Missions et Organisation de la DGID
1- Missions
Au regard de l'ensemble de ces attributions, la DGID assume
trois missions essentielles :
- d'abord, une mission financière, la plus importante
et la plus reconnue qui consiste à procurer des ressources
financières à l'Etat en vue de la couverture des charges
publiques ;
- ensuite, une mission socio-économique qui se
résume à l'administration et l'orientation de l'économie
par le biais de la fiscalité en usant des techniques de taxation
incitatives ou dissuasives ;
- enfin, une mission politique par laquelle l'Etat assure le
service public et se crédibilise vis-à-vis de ses partenaires.
Pour exercer de manière efficiente les attributions et
les missions présentées supra, les services des impôts
fonctionnent selon une organisation précise.
2- Organisation de la DGID
La DGID dispose :
- d'un staff composé du Directeur
Général, de son Adjoint, d'un
Assistant et du Secrétaire Administratif ;
- de sept (07) directions centrales à
savoir :
v l'Inspection Générale des Services
(IGS) ;
v la Mission Fiscale des Régimes d'Exception
(MFRE) ;
v le Centre de Formation Professionnelle des Impôts
(CFPI) ;
v la Direction de la Gestion des Ressources (DGR) ;
v la Recette Nationale des Impôts (RNI) ;
v la Direction de la Législation et du Contentieux
(DLC) et ;
v la Direction de l'Information et des Etudes (DIE) ;
- de quatre (04) directions techniques ou
opérationnelles à compétence nationale
v la Direction des Grandes Entreprises (DGE) ;
v la Direction des Domaines de l'Enregistrement et du Timbre
(DDET) ;
v la Direction Nationale de Vérifications et
d'Enquêtes Fiscales(DNVEF) ;
v la Direction du Centre des Impôts des Moyennes
Entreprises(DCIME) ;
- de sept (07) directions techniques ou
opérationnelles à compétence territoriale
v la Direction du Centre des Impôts de Dantokpa et des
Autres
Marchés (DCIDAM) et ;
v les Directions Départementales des Impôts (DDI)
de l'Atlantique et du Littoral (DDIAL), de l'Atacora et de la Donga (DDIAD), du
Mono et du Couffo (DDIMC), du Borgou et de l'Alibori (DDIBA), de
l'Ouémé et du Plateau (DDIOP) et du Zou et des Collines
(DDIZC).
Il ne nous a pas été possible de visiter dans le
cadre de notre stage pratique, l'ensemble des structures que nous venons de
présenter. De même, nous ne nous appesantirons dans ce travail que
sur celles qui sont les plus directement impliquées dans le domaine de
notre étude à savoir la Mission Fiscale des Régimes
d'Exception et la Direction des Grandes Entreprises.
II- PRESENTATION DES STRUCTURES EN ETUDE : LA
MISSION FISCALE DES REGIMES D'EXCEPTION (MFRE) ET LA DIRECTION DES GRANDES
ENTREPRISES (DGE)
A- La Mission Fiscale des Régimes
d'exception :
La Mission fiscale de Régimes d'Exception est une
structure cogérée par la Direction Générale des
Douanes et des Droits Indirects (DGDDI) et la Direction Générale
des Impôts et des Domaines (DGID) dont elle est une direction centrale.
Elle gère plusieurs types d'exonérations à savoir :
ü les exonérations accordées sur les
marchés publics à financement extérieur ou mixte ;
ü les exonérations concernant les subventions de
l'Etat sur les intrants agricoles ;
ü les exonérations sur les revenus des titres de
concours consolidés de la BCEAO;
ü les exonérations classiques et
ü les exonérations ponctuelles ou
spéciales
Elle s'occupe également de la représentation de
la DGID dans les commissions de passation des marchés publics et de
l'exécution de diverses tâches.
B- La Direction des Grandes
Entreprises
La DGE est chargée de la gestion des dossiers des
grandes entreprises sur toute l'étendue du territoire national. A cet
effet, elle est chargée :
ü de l'assiette, de la liquidation, du contrôle, de
la confection des états de dégrèvement d'office et du
recouvrement des impôts et taxes dont sont redevables les grandes
entreprises ;
ü de l'étude et du suivi des dossiers
spécifiques ou techniques sur instruction du Directeur
Général des Impôts et des Domaines.
La Direction des Grandes Entreprises fonctionne à
travers les activités des services qui la composent à savoir :
les deux services d'assiette, le service du contrôle fiscal, le service
informatique et la recette principale des impôts.
Cette Recette, la plus importante de tout le réseau
comptable de la DGID dispose d'une division « Recette
d'Ordres » où sont traités entre autres les certificats
de détaxe et les certificats MP3 qui constatent la consommation des
crédits d'impôts octroyés par la MFRE.
Paragraphe 2 : ETAT DES LIEUX SUR LES
PROCEDURES D'OCTROI D'EXONERATIONS ET SUR LES DEPENSES FISCALES AU
BENIN
Comme nous venons de le voir, la MFRE et la Division
« Recette d'Ordre » de la Recette Principale des
Impôts/DGE1(*) sont
les structures chargées de la gestion des exonérations à
formalité préalable. Les formalités à accomplir
pour bénéficier d'une exonération comportent trois
étapes :
ü la souscription d'une déclaration MP1 par le
contribuable,
ü la délivrance d'un certificat MP2 par la MFRE et
ü l'édition du certificat MP3 par la Recette.
Ainsi, le contribuable qui prétend au
bénéfice d'une mesure d'exonération doit souscrire sa
déclaration MP1 dont les formulaires fournis par la MFRE sont de
couleur variant selon le régime d'exception sollicité :
couleur blanche pour les exonérations sur les marchés publics
à financement extérieur ou mixte; couleur rose pour les
exonérations classiques2(*) ; couleur verte pour les exonérations sur
les intrants agricoles et couleur jaune pour les exonérations
concernant les revenus des titres consolidés de la BCEAO.
Cette spécification de la couleur du MP1 permet
de déterminer le type d'exonération et favorise un classement
aisé des dossiers par catégories.
La déclaration MP1 constitue le point de départ
de la procédure d'obtention du crédit d'impôt. Elle porte
les mentions relatives à la nature de l'opération
exonérée, au bénéficiaire de l'exonération,
à l'organisme de financement et au montant de la fiscalité
douanière et intérieure nécessitée par ladite
opération et qui sera prise en charge par l'Etat. La
qualité des imprimés de déclaration MP1 permet donc une
identification précise et aisée de l'opération
concernée, de l'entreprise bénéficiaire et des
modalités de détermination du crédit d'impôt.
Cependant, pour des raisons diverses tenant soit à
l'ignorance des procédures, soit à la
négligence, certains contribuables remplissent mal les
formulaires de déclaration MP1 ou les souscrivent hors délai.
Cette situation entrave fortement la
célérité requise pour le traitement efficace des demandes
de crédits et constitue donc un facteur majeur de lenteur dans
le traitement des dossiers
La déclaration MP1 est souscrite au secrétariat
de la MFRE contre récépissé. Elle est ensuite transmise
au chef de la MFRE ou au représentant de la douane (selon qu'il s'agisse
d'un crédit intérieur ou d'un crédit douanier), puis
affectée à un inspecteur pour étude.
A ce stade commence le contrôle de recevabilité
des dossiers. L'inspecteur vérifie en particulier la
conformité et la validité des documents présentés
en contrôlant prioritairement les renseignements utiles à la
délivrance du crédit d'impôt, notamment :
v le délai d'introduction de la demande
d'exonération pour l'application éventuelle d'une amende de
100.000 F CFA majorée de 50.000 FCFA par mois de retard avec un maximum
de 1.000.000 de F CFA exigible sur les marchés réalisés et
dont les preuves de paiement datent de plus de 6 mois ;
v la sincérité des mentions portées dans
les différents cadres de la déclaration MP1 c'est-à-dire
la conformité de la liquidation des droits à la
législation en vigueur ;
v l'accomplissement de la formalité de l'enregistrement
pour les contrats de marchés, cette formalité étant
obligatoire quoique gratuite.
Ce contrôle sur pièces ou a priori permet
de déceler les éventuelles irrégularités
(opérations exclues du champ d'application de l'exonération mais
présentées, pièces produites non conformes ou non
valides, crédit d'impôt mal liquidé, etc.) et de
procéder le cas échéant au rejet motivé, à
la correction ou à la confirmation du crédit d'impôt
sollicité.
Lorsque ces vérifications préliminaires sont
terminées et qu'aucune irrégularité n'est soulevée,
la MFRE valide la déclaration MP1 dont les renseignements sont saisis
dans le logiciel GESEXO pour l'établissement du certificat MP2.
Cette application informatique réalise
l'interconnexion des structures de gestion de l'exonération et assure la
fiabilité, la rapidité et la performance du système. Elle
permet la détermination et l'apurement automatiques des crédits
d'impôts. Elle devient cependant obsolescent ce qui justifie
d'ailleurs le projet de sa réécriture qui devra l'adapter aux
besoins actuels des services gestionnaires des exonérations fiscales.
Le certificat de crédit signé du chef de service
est ensuite photocopié en trois exemplaires. L'original revient au
demandeur, une copie est gardée à la MFRE pour classement. La
dernière copie est transmise à la Recette Principale des
Impôts de la DGE ou à la Recette des Douanes Cotonou-Port. Ce
transfert physique des dossiers est accompagné d'un transfert
informatique des données dans le logiciel GESEXO.
Avec les ressources matérielles, humaines et techniques
qui sont les siennes aujourd'hui et la forte sollicitation dont elle fait
l'objet, la MFRE fournit des efforts appréciables notamment en
matière d'organisation, de méthodes et d'adaptation de ses
chaînes de traitement.
Néanmoins, compte tenu de l'insuffisance de son
personnel et du dysfonctionnement de son système
d'archivage elle ne satisfait pas encore pleinement ses usagers qui
ont le droit de bénéficier de l'instruction, de l'étude et
de la validation de leurs demandes dans le délai règlementaire
de 15 ou 21 jours selon la nature de l'exonération sollicitée.
Pour consommer son crédit d'impôt
matérialisé par le certificat MP2, l'entreprise doit se
rapprocher de la division Recette d'Ordre de la Recette Principale des
Impôts ou de la Recette des Douanes Cotonou-Port. L'agent des
impôts ou des douanes vérifie l'existence physique dudit
certificat au niveau du bordereau transmis par la MFRE et la
disponibilité du crédit dans la base du logiciel GESEXO. Cette
vérification s'avérant concluante, le certificat MP2 est
transformé en MP3 qui constate la consommation totale ou partielle du
crédit d'impôt. Le montant de cette consommation est
mentionné pour la détermination du solde qui n'est rien d'autre
que la différence entre le crédit validé sous forme MP2 et
le crédit consommé. Le MP3 édité sert à
l'acquittement des impôts et taxes à la charge de l'entreprise et
pour lesquels le paiement par ce procédé est admis.
Nous remarquons que quels que soient la localisation des
entreprises et le lieu d'exécution des opérations
concernées, les usagers sont astreints à faire le
déplacement sur Cotonou où sont situés tous les services
gestionnaires des exonérations, d'où le constat de la
concentration des services gestionnaires de
l'exonération.
Selon les dispositions du cahier des charges des
marchés publics et autres régimes d'exception, lorsqu'à
l'occasion d'un contrôle effectué sur la période non
prescrite, l'administration constate que l'entreprise a sciemment et par des
manoeuvres frauduleuses majoré le crédit d'impôt, elle peut
procéder aux redressements nécessaires avec application des
pénalités de droit commun. Les manoeuvres frauduleuses les plus
récurrentes ont trait à l'exagération du coût et des
quantités de biens objet d'exonération, au détournement de
destination de biens exonérés. Mais, ce contrôle a
postériori destiné à vérifier la
véracité de l'utilisation matérielle et réelle
des crédits est quasi non opérationnel car la MFRE ne
dispose pas des compétences pouvant établir par contre expertise,
la preuve de cette exagération. Cet état des choses constitue
à ce jour le véritable talon d'Achille de tout le système
de gestion des exonérations.
La situation consolidée des exonérations
accordées au Bénin, du 1er janvier 2005 au 30
septembre 2009 se présente comme suit :
Nature des exonérations
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Total
|
Marchés publics à financement
extérieur
|
6 573 940 561
|
8 380 953 605
|
10 664 901 775
|
20 287 182 676
|
14 734 687 744
|
60 641 666 361
|
Exonérations classiques
|
10 543 361 910
|
11 765 738 550
|
10 818 680 244
|
32 324 143 876
|
29 799 447 643
|
95 251 372 223
|
Exonérations sur intrants agricoles
|
6 708 653 827
|
2 487 777 366
|
3 728 065 538
|
4 112 564 560
|
10 893 531 934
|
27 930 593 225
|
Exonérations sur les revenus des titres
consolidés de la BCEAO
|
179 118 025
|
401 366 122
|
351 685 600
|
-
|
2 324 049 667
|
3 256 219 414
|
Exonérations d'IBIC accordées aux
sociétés GSM
|
-
|
-
|
-
|
3 881 796 520
|
10 676 211 830
|
14 558 008 350
|
Exonérations dans le cadre de la cherté
de la vie
|
-
|
-
|
-
|
2 556 393 383
|
|
2 556 393 383
|
Total :..............
|
24 005 073 623
|
23 035 835 643
|
25 563 333 157
|
63 162 081 015
|
68 427 928 818
|
204 194 252 256
|
Tableau 1 : Situation consolidée
des exonérations accordées au Bénin, du 1er
janvier 2005 au 30 septembre 2009
Source : MFRE
De cette situation consolidée, il ressort que :
- le montant total des dépenses fiscales
accordées au Bénin, pour la période allant du
1er janvier 2005 au 30 septembre 2009 s'élève à
environ 204 milliards de francs CFA. Cette réalisation est
essentiellement portée par les exonérations classiques (47%), les
exonérations liées aux marchés publics à
financement extérieur et par les exonérations sur intrants
agricoles (14%). Les exonérations d'IBIC accordées aux
sociétés de GSM, bien que concernant seulement les années
2008 et 2009 représentent 7% du total global de la période, ce
qui n'est guère négligeable.
- d'une année à l'autre les dépenses
fiscales augmentent en passant de 24 milliards en 2005 à 68 milliards en
2009. L'indice synthétique des dépenses fiscales3(*) calculé est de 285 ce qui
signifie que les dépenses fiscales représentent aujourd'hui
près de 3 fois ce qu'elles représentaient en 2005. Il y a donc
une forte progression inquiétante du coût des
exonérations fiscales. Le graphique ci-après illustre
mieux cette tendance :
Graphique n°1: Evolution des
dépenses fiscales de 2005 à Septembre 2009
Cette observation est confirmée par l'analyse du
montant total des dépenses fiscales rapporté au rendement de
l'impôt (5% des recettes de la période). Toutefois, l'importance
croissante des dépenses fiscales que nous venons de constater n'est pas
seulement liée au coût des dispositifs d'exonération mais
également au nombre des mesures de fiscalité dérogatoire.
Leur inventaire effectué par la commission de suivi et
d'évaluation des dépenses fiscales a identifié rien que
pour la fiscalité indirecte 60 mesures. De même, les
dépenses fiscales accordées, surtout en ce qui concerne les
régimes privilégiés du code des investissements et de la
Zone Franche Industrielle s'étendent aussi bien à la
fiscalité directe qu'à la fiscalité locale, d'où le
constat de l'élargissement du périmètre des
dépenses fiscales.
Par ailleurs, la Constitution dispose en son article 98 que
«la loi détermine les principes fondamentaux de l'assiette, le
taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes
natures ». Il ne paraît pas contestable que cette disposition
vaut pour les allégements fiscaux : les dépenses fiscales ne
peuvent donc se fonder valablement que sur une loi. Au surplus, le principe du
parallélisme des formes implique que, si l'assujettissement à un
impôt doit résulter de la loi, le fait d'y être soustrait ne
peut résulter que d'un texte de même niveau. Or, certaines
exonérations dont le coût fiscal est considérable
émanent de simples textes règlementaires tels que des
décrets, des arrêtés, voire des notes de service. On en
déduit alors qu'une grande souplesse caractérise le
régime d'autorisation des dépenses fiscales.
Heureusement, en vue de mieux maîtriser les
dépenses fiscales, les autorités ont créé en 2008,
avec le concours du Fonds Monétaire International, une commission
chargée de leur suivi et de leur évaluation. Cette commission a
déjà, malgré sa relative jeunesse fait adopter une
codification des exonérations fiscales et douanières. Le principe
de cette codification est la suivante : le code identifiant de chaque
dépense fiscale est composée de trois chiffres dont le premier
indique le type d'exonération et les deux derniers, le contenu
(Exemple : Code additionnel 110 : 1-Privilèges
diplomatiques ; 10-Missions diplomatiques et consulaires).
L'existence d'une telle codification est salutaire car
facilitant d'une part un bon enregistrement des exonérations fiscales et
d'autre part la reddition des comptes aux autorités exécutives et
parlementaires.
De plus, en procédant à une comparaison entre
les objectifs des dispositifs fiscaux, les pertes de recettes
subséquentes et leurs réelles retombées, le premier
rapport de la même commission a relevé que certaines
dépenses fiscales se sont avérées efficaces. C'est le cas
de la mesure d'exonération des droits et taxes de douane sur le
matériel informatique et la mesure d'exonération des
investissements immobiliers4(*). D'autres par contre sont inefficaces comme par
exemple, l'exonération sur les matériels agricoles. D'autres
encore n'ont pas été évalués à ce jour,
d'où une incertitude liée à l'efficacité
des dépenses fiscales.
Les mêmes dépenses fiscales, puisqu'elles
résultent de l'application de dispositions dérogatoires
comportent deux inconvénients majeurs. Premièrement,
l'adoption de ces règles d'imposition
préférentielle rend quelque peu la règlementation fiscale
complexe du fait de la coexistence de plusieurs régimes
différents. Deuxièmement, dans les cas où des entreprises
exerçant une même fonction économique et évoluant
sur un marché commun sont soumises à cette disparité, il y
a injustice fiscale et introduction de distorsion
concurrentielle.
Section 2 : Ciblage de la problématique
Dans le paragraphe précédent,
nous avons proposé une restitution des mécanismes de
fonctionnement du système des dépenses fiscales consistant en une
présentation enchevêtrée des forces et faiblesses dudit
système dont nous ferons à présent un inventaire avant
d'amorcer la démarche conduisant au ciblage de la
problématique
PARAGRAPHE 1 : DE L'INVENTAIRE AU CHOIX DE
LA PROBLEMATIQUE
L'objectif ici est de choisir la problématique de
l'étude à partir de l'inventaire des éléments
tirés de l'état des lieux de base.
I- INVENTAIRE DES ELEMENTS DE L'ETAT DES LIEUX DE
BASE
Nous relèverons d'abord les atouts, puis les
problèmes et, ce n'est qu'alors que nous regrouperons les
problématiques possibles par centres d'intérêts.
A- Inventaire des atouts et des
problèmes
1- Inventaire des atouts
Les atouts regroupent tous les éléments positifs
du système en étude qui méritent d'être
consolidés. Dans notre cas, on peut évoquer :
- une spécification de la couleur des imprimés
de déclaration MP1 garantissant le classement aisé des dossiers
par type d'exonération ;
- une qualité satisfaisante des mêmes
imprimés favorable à une identification précise et
aisée de l'opération concernée, de l'entreprise
bénéficiaire et des modalités de détermination du
crédit d'impôt ;
- une rigoureuse mise en oeuvre du contrôle sur
pièces des exonérations fiscales limitant considérablement
les velléités de fraude fiscale ;
- l'utilisation d'un logiciel informatique, le GESEXO en
projet de réécriture ;
- une constante adaptation des chaînes de traitement des
exonérations fiscales visant à atténuer la lourdeur
administrative ;
- l'usage d'une codification des exonérations fiscales
et douanières permettant la maîtrise des dépenses fiscales
et la reddition des comptes aux autorités exécutives et
parlementaires.
2- Inventaire des problèmes
Ces problèmes s'entendent des facteurs entravant la
bonne marche et l'efficacité du système des dépenses
fiscales au Bénin. Il y a donc lieu d'indexer :
- l'ignorance par les contribuables des textes et
procédures des régimes d'exception préjudiciable
à la célérité de traitement des dossiers;
- l'insuffisance du personnel contrastant avec la forte
sollicitation de la MFRE;
- le dysfonctionnement du système d'archivage;
- l'insuffisance des ressources matérielles et
financières ;
- le défaut de mise en oeuvre du contrôle
à postériori devant vérifier la matérialité
et l'utilisation réelle des exonérations fiscales
octroyées ;
- la récurrente tendance à la fraude et à
l'évasion fiscales de la part de certains contribuables ;
- la concentration des services gestionnaires
d'exonérations à Cotonou ;
- la forte progression du coût des exonérations
fiscales ;
- l'élargissement du périmètre des
dépenses fiscales avec le risque de rendre plus complexe la
règlementation fiscale;
- la grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales ;
- l'incertitude liée à l'efficacité des
dépenses fiscales perceptible au résultat mitigé des
régimes dérogatoires ;
- l'injustice fiscale et l'introduction de distorsions
concurrentielles sur les marchés.
B- Regroupement des problèmes
spécifiques par centres d'intérêts :
Dans la suite de notre développement, nous ne nous
intéresserons qu'aux problèmes, les atouts constituant des
éléments positifs déjà acquis qui ne
méritent que d'être renforcés et pérennisés.
Ces problèmes qui viennent d'être inventoriés sont
susceptibles d'un regroupement en trois centres d'intérêts
relatifs :
- au fonctionnement des services de gestion des
exonérations fiscales ;
- à l'incivisme fiscal en matière
d'exonérations fiscales et
- à la pratique de la fiscalité
dérogatoire au Bénin.
Tableau 2 : Regroupement des problématiques
possibles par centres d'intérêts
N°
|
Centres d'intérêts
|
Problèmes spécifiques
|
Problèmes généraux
|
Problématiques
|
1
|
Fonctionnement des services de gestion des
exonérations
|
Insuffisance du personnel et des ressources matérielles
et financières
|
Inefficacité du fonctionnement des services
gestionnaires d'exonération
|
Problématique de l'optimisation de l'organisation
interne de la DGID.
|
Concentration des services gestionnaires d'exonérations
à Cotonou
|
Dysfonctionnement du système d'archivage
|
Obsolescence du logiciel GESEXO
|
2
|
Incivisme fiscal en matière d'exonération
|
Ignorance par les contribuables des textes et
procédures des régimes d'exception
|
Ampleur de l'incivisme fiscal en matière
d'exonération
|
Problématique de l'éradication de l'incivisme
fiscal lié aux exonérations
|
Tendance récurrente à la fraude et à
l'évasion de la part des contribuables ;
|
Défaut de mise en oeuvre du contrôle à
postériori des exonérations fiscales octroyées
|
3
|
Pratique de la fiscalité dérogatoire au
Bénin
|
Forte progression du coût des dépenses
fiscales
|
Importance croissante de la fiscalité
dérogatoire
|
Problématique du réexamen des dépenses
fiscales
|
Elargissement du périmètre des dépenses
fiscales et risque de complexification de la règlementation fiscale
|
Grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
|
Incertitude liée à l'efficacité des
dépenses fiscales
|
Injustice fiscale et introduction de distorsions
concurrentielles sur les marchés
|
Source : l'étude en
cours
II- CHOIX DE LA PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION DU
SUJET :
Parmi les problèmes identifiés, une
première catégorie pose la problématique de l'optimisation
de l'organisation interne de la DGID ; une deuxième
catégorie se rapporte à la problématique de
l'éradication de l'incivisme fiscal en matière
d'exonérations et enfin, une dernière catégorie
appelle la problématique du réexamen des dépenses
fiscales.
S'il est vrai qu'à chacune de ces problématiques
s'attache une importance indéniable, il n'en demeure pas moins vrai que
dans l'intérêt de la rigueur, de la qualité et de la
lisibilité des réflexions à mener, un choix s'impose.
Ainsi, dans la démarche conduisant à
opérer un tel choix, il nous est apparu que les dépenses fiscales
constituent non seulement un effort et un élément de soutien
économique mais aussi un véritable investissement politique
représentant un enjeu budgétaire important. Cette
réalité a suscité en nous le questionnement qui est celui
de savoir s'il est possible de maintenir les dépenses fiscales avec la
nécessité d'élargir l'assiette de l'impôt induite
par la tension des finances publiques et s'il est tout aussi possible
d'amorcer une sereine transition fiscale avec l'ampleur actuelle de la
fiscalité dérogatoire. Mieux, l'interrogation demeure de savoir
quelle politique d'exonération faut-il adopter à un coût
fiscal rationnalisé, sans détériorer le niveau des
recettes fiscales et sans introduire sur les marchés des distorsions
préjudiciables à leur bon fonctionnement.
La pertinence de ces interrogations n'étant plus
à démontrer dans un contexte de budget essentiellement fiscal,
dans un climat de frondes sociales aggravées, la dernière
problématique, celle relative au
réexamen des dépenses fiscales sera
préférée aux deux autres.
PARAGRAPHE 2 : SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE ET
SEQUENCES DE SA RESOLUTION
Précédemment, nous avions retenu la
problématique du réexamen des dépenses fiscales au
Bénin. Il reste maintenant à la spécifier et à
présenter les différentes séquences de sa
résolution.
I - SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE :
La problématique du réexamen des dépenses
fiscales au Bénin (problématique retenue ou choisie) englobe cinq
problèmes identifiés supra et qui concernent:
- la forte progression du coût des dépenses
fiscales ;
- l'élargissement du périmètre des
dépenses fiscales et le risque de rendre plus complexe la
règlementation fiscale ;
- la grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales ;
- l'incertitude liée à l'efficacité des
dépenses fiscales ;
- l'injustice fiscale et l'introduction de distorsions
concurrentielles sur les marchés.
En principe, l'étude relative à la
problématique du réexamen des dépenses fiscales, pour
être complète doit traiter de l'ensemble de ces problèmes.
Toutefois, la nécessité d'affiner la méthodologie des
présents travaux motive notre abstention volontaire au traitement des
problèmes se rapportant d'une part à l'incertitude liée
à l'efficacité des dépenses fiscales et d'autre part
à l'injustice fiscale et l'introduction de distorsions concurrentielles
sur les marchés.
Il n'y a cependant pas lieu de considérer que ces
problèmes délaissés à dessein sont moins importants
que ceux choisis. Un tel malentendu doit être dissipé par le fait
que s'agissant des dépenses fiscales, la résolution des
questions liées à l'incidence budgétaire, au régime
d'autorisation et au périmètre est gage non seulement de leur
efficacité mais aussi de la résorption des problèmes
d'injustice fiscale et de distorsions concurrentielles. Mieux, la
résolution directe de ces derniers problèmes appelle une
expertise élargie à la science économique, du temps,
ainsi que des moyens de recherche importants dont nous ne disposons pas5(*).
De même, partant du constat que les dépenses
fiscales se caractérisent, derrière une apparence d'unité,
par la variété des mécanismes qu'elles mettent en oeuvre
(exonérations, déductions et abattements, taux réduits
d'imposition ou de taxation, réductions d'impôts, reports
d'imposition, etc.), l'option est faite ici de se focaliser sur les seules
exonérations à formalité préalable
c'est-à-dire, celles qui passent par la Mission Fiscale des
Régimes d'Exception. En effet, ces dernières sont relativement
simples à cerner à cause de la disponibilité et de
l'accessibilité des données statistiques y relatives,
étant donné que leur évaluation est faite sur la base de
la centralisation de l'ensemble des demandes d'exonération
traitées par les services des Administrations des Impôts et des
Douanes.
Conclusion
partielle : Au demeurant, la problématique en
étude est libellée ainsi qu'il suit :
Problématique du réexamen des dépenses
fiscales. Elle sera traitée sur la base des seules
exonérations à formalité préalable passant par la
MFRE.
Le problème
général y relatif est celui de l'importance
croissante de la fiscalité dérogatoire au Bénin dont les
manifestations concrètes, érigées en problèmes
spécifiques sont :
· Problème spécifique
1 : forte progression du coût des dépenses
fiscales
· Problème spécifique
2 : Grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
· Problème spécifique
3 : élargissement du périmètre des
dépenses fiscales et risque de rendre plus complexe la
règlementation fiscale
II- SEQUENCES DE RESOLUTION DE
LA PROBLEMATIQUE DU REEXAMEN DES DEPENSES FISCALES AU
BENIN :
De manière synoptique, la problématique du
réexamen des dépenses fiscales au Bénin
(problématique en étude) est structurée ainsi que le fait
apparaître le schéma ci-dessous :
Problème Général : Importance
croissante de la fiscalité dérogatoire
Problème spécifique 1 : Forte
progression du coût des dépenses fiscales
Problème spécifique 2 : Grande
souplesse du régime d'autorisation des dépenses fiscales
Problème spécifique 3 : Elargissement
du périmètre des dépenses fiscales
Graphique 2 : Représentation
schématique de la problématique structurée
Source: Résultats de nos
investigations
Cette représentation nous fait donc appréhender
les contours et l'étendue des questions qu'il faudra résoudre
plus loin. La démarche de cet exercice de résolution de la
problématique choisie est séquentielle et par niveaux.
A cet égard, il s'agira dans un premier
temps :
- d'abord de se fixer des objectifs tant au niveau
général qu'aux niveaux spécifiques ;
- ensuite d'identifier des causes supposées être
à la base des problèmes à traiter en vue de la formulation
des hypothèses de recherche et ;
- enfin, de réaliser à partir d'une revue
documentaire, le point des connaissances acquises sur la question des
dépenses fiscales ;
Dans un second temps, il va être utile d'annoncer la
démarche méthodologique devant déboucher sur l'analyse des
résultats de nos enquêtes. Ce n'est qu'alors qu'il sera
procédé à l'établissement du diagnostic sur la base
duquel nous proposerons des approches de solutions ainsi que les conditions de
leur mise en oeuvre.
Dans le chapitre précédent, nous sommes partis
des constats significatifs issus de nos observations de stage pour cibler la
problématique du réexamen des dépenses fiscales au
Bénin dont les manifestations concrètes sont les problèmes
spécifiques 1, 2 et 3 identifiés. Ce chapitre-ci est
destiné à diagnostiquer chacun de ces différents
problèmes. Pour ce faire, la démarche consistera dans une
première étape à concevoir le cadre théorique et
méthodologique de l'étude et dans une deuxième à
mettre en application le cadre conçu.
Section 1 : Conception du cadre
théorique et méthodologique de l'étude
Dans la présente section, les objectifs seront d'abord
fixés, puis les hypothèses formulées. Ensuite, un point
sera fait sur les connaissances acquises sur la question des dépenses
fiscales grâce à la revue de la littérature. Enfin, suivra
la définition du cadre méthodologique dans sa double dimension
empirique et théorique.
PARAGRAPHE 1 : OBJECTIFS, HYPOTHESES ET REVUE DE
LITTERATURE
I- FIXATION DES OBJECTIFS ET FORMULATION DES HYPOTHESES
A- Fixation des objectifs
Les objectifs à fixer sont rattachés au
problème général et aux problèmes
spécifiques. Pour cela, rappelons-nous d'abord ces problèmes.
· Problème
Général : importance croissante de la
fiscalité dérogatoire au Bénin
· Problème spécifique
1 : forte progression du coût des dépenses
fiscales
· Problème spécifique
2 : Grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
· Problème spécifique
3 : élargissement du périmètre des
dépenses fiscales et risque de rendre plus complexe la
règlementation fiscale.
1- Objectif général :
L'objectif général de la présente
étude est de proposer un réexamen des régimes
dérogatoires existants en vue d'une fiscalité plus simple, plus
juste et plus efficace.
2- Objectifs spécifiques :
Ils sont reliés aux problèmes spécifiques
de même rang.
· Objectif
spécifique 1 : Déterminer les conditions de
réduction sensible du coût des dépenses fiscales
· Objectif spécifique 2 :
Contribuer à un meilleur encadrement des dépenses fiscales par
l'institution de normes juridiques d'autorisation conformes à la
Constitution
· Objectif spécifique 3 :
Proposer la rationalisation des incitations accordées pour une
restriction du périmètre des dépenses fiscales.
B - Formulation des hypothèses et tableau de bord de
l'étude
Etant donné que l'hypothèse
générale ne pourrait être formulée, nous nous
bornerons à formuler les causes et les hypothèses de
l'étude en fonction des problèmes spécifiques.
1- Causes et Hypothèse liées au
problème spécifique n°1
Concernant le problème spécifique n°1
relatif à la forte progression du coût des dépenses
fiscales, nous avons pu identifier deux causes susceptibles d'en être
à la base. Il s'agit :
- de la tendance à la fraude et à
l'évasion fiscales de la part des contribuables et ;
- de la multiplicité des régimes hors code
instituant les dépenses fiscales
Supposons dans un premier temps que la forte progression
observée du coût des dépenses fiscales est due aux
manoeuvres frauduleuses exercées par les contribuables en matière
d'exonérations fiscales. Il est vrai que ces manoeuvres sont très
récurrentes et consistent généralement à majorer
les crédits d'impôts en exagérant les prix et les
quantités des biens, ou en détournant de leur destination des
biens, objet d'exonérations. Mais, nous remarquons tout de même
que ces pratiques d'incivisme fiscal n'existeraient même pas si les
régimes d'exception qui les germent n'avaient pas été
institués. D'ailleurs, seuls ceux qui sont admis à un
régime dérogatoire peuvent en bénéficier avant
même de tenter de laisser libre cours à leur instinct frauduleux,
encore qu'il faille qu'au préalable soit institué ce
régime. Les manoeuvres frauduleuses ne constituent donc pas la cause la
plus plausible de la forte progression du coût des dépenses
fiscales.
Nous estimons alors que plus il y a de régimes
instituant des dépenses fiscales, plus le coût de celles-ci sera
important. La pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales est donc génératrice d'un
accroissement du coût des dépenses fiscales.
D'où, nous formulons l'hypothèse selon laquelle,
la forte progression du coût des dépenses fiscales
provient de la pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales
2- Causes et Hypothèse liées au
problème spécifique n°2
Les causes que nous avons identifiées et qui peuvent
être liées au problème de la grande souplesse du
régime d'autorisation des dépenses fiscales sont au nombre de
deux (2) :
- l'impossibilité pratique de soumettre l'autorisation
de toutes les dépenses fiscales (en particulier les exonérations
ponctuelles) au principe de légalité posé par la
constitution et
- l'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales.
Supposons d'abord qu'il est techniquement impossible de
n'autoriser les dépenses fiscales que par une loi comme il ressort de
l'article 98 de la constitution qui dispose : « la loi
détermine les principes fondamentaux de l'assiette, le taux et les
modalités de recouvrement des impositions de toutes
natures ». Cette impossibilité hypothétique doit
être étudiée au cas par cas. En effet, s'agissant par
exemple des exonérations figurant au Cahier des charges des
marchés publics et autres régimes d'exception, rien ne s'oppose
à ce que l'actuel arrêté qui les sous-tend soit converti en
une loi régulière à l'image du Code des investissements,
du Statut de la Zone Franche Industrielle, etc. L'hypothèse
d'impossibilité est donc à écarter en l'espèce. En
revanche, en ce qui concerne les exonérations ponctuelles ou
spéciales, l'idée d'adoption d'un texte législatif semble
trahir ou contrarier la nécessité de laisser aux autorités
en charge de la politique d'exonérations, une certaine marge de
manoeuvre pour adapter à chaque situation particulière, la
politique la plus appropriée. Mais là encore, la capitalisation
des expériences acquises dans le domaine des exonérations
fiscales permettrait de prévoir dans la loi à adopter plusieurs
cas de figure en vue d'éviter la rigidité que l'on craint.
D'ailleurs, les cadres de la MFRE ont introduit depuis trois ans un
avant-projet de loi qui n'a jusque-là pas été
étudié. L'hypothèse d'impossibilité s'effrite une
fois de plus. Elle ne peut donc être retenue.
Estimons, à présent que l'inexistence d'un cadre
législatif d'ensemble explique la grande souplesse qui
caractérise aujourd'hui, le régime d'autorisation des
dépenses fiscales. Cette dernière cause est plus plausible car
s'il existait un tel cadre, aucune autorité ne prendrait le risque de
s'y déroger abusivement, à peine de subir les sanctions
liées à la concussion.
C'est pourquoi, nous formulons l'hypothèse
suivante : « la grande souplesse du régime
d'autorisation des dépenses fiscales est due à l'inexistence d'un
cadre législatif d'ensemble régulant l'autorisation des
exonérations »
3- Causes et hypothèse liées au
problème spécifique n°3
Concernant, le problème de l'élargissement du
périmètre des dépenses fiscales, deux facteurs explicatifs
peuvent être envisagés :
- la volonté des autorités de compenser par des
allègements, une déficience globale du système
fiscal ;
- la volonté des autorités d'attirer une part
substantielle des investissements étrangers.
Plaçons-nous dans l'hypothèse où en
élargissant le périmètre des dépenses fiscales, les
autorités veulent compenser une déficience globale du
système fiscal que les entrepreneurs jugent, à tort ou à
raison, inapproprié et peu incitatif (reproches de taux d'imposition
trop élevé, de doubles impositions, etc.). Mais, si telle est la
préoccupation de ces autorités, les réformes devraient
normalement s'inscrire dans le domaine du droit commun afin de profiter
à tous les acteurs économiques. Autrement, il s'agirait d'une
solution maladroite. Cette cause ne peut donc être retenue
La cause la plus vraisemblable réside dans le fait que
les autorités béninoises se font l'idée qu'en augmentant
les concessions fiscales offertes, elles attireront plus les investisseurs. Il
s'agit en fait d'une implication de la « concurrence »
entre tous les pays sous-développés qui, ambitionnant
légitimement d'attirer une part substantielle des capitaux
étrangers essaient de proposer des dispositifs incitatifs plus
avantageux que ceux proposés par leurs pairs.
D'où, l'hypothèse est formulée ainsi
qu'il suit : « l'élargissement du
périmètre des dépenses fiscales s'explique par la
volonté des autorités d'intéresser au mieux les
investisseurs en augmentant les concessions fiscales
offertes. »
La problématique choisie, les problèmes
spécifiques identifiés, les objectifs formulés, les causes
retenues et les hypothèses formulées peuvent être
résumés dans le tableau de bord de l'étude.
Tableau n° 3 : TABLEAU DE BORD DE
L'ETUDE : REFLEXION SUR LA PROBLEMATIQUE DES DEPENSES FISCALES AU
BENIN
|
NIVEAUX D'ANALYSE
|
PROBLEMATIQUES
|
OBJECTIFS
|
CAUSES SUPPOSEES
|
HYPOTHESES
|
Niveau général
|
Importance croissante de la fiscalité dérogatoire
au Bénin
|
Proposer un réexamen des régimes
dérogatoires existants en vue d'une fiscalité plus simple, plus
juste et plus efficace
|
-
|
-
|
Niveaux spécifiques
|
1
|
(Problème Spécifique
1)
Forte progression du coût des dépenses fiscales
|
(Objectif Spécifique 1)
Déterminer les conditions de réduction sensible des
dépenses fiscales
|
(Cause Spécifique 1)
La multiplicité des régimes hors code instituant
les dépenses fiscales
|
(Hypothèse Spécifique 1)
La forte progression du coût des dépenses fiscales
provient de la pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales
|
2
|
(Problème Spécifique 2)
Grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
|
(Objectif Spécifique 2)
Contribuer à un meilleur encadrement des dépenses
fiscales par l'institution de normes juridiques d'autorisation conformes
à la Constitution
|
(Cause Spécifique 2)
L'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales
|
(Hypothèse Spécifique 2)
La grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales est due à l'inexistence d'un cadre
législatif d'ensemble régulant l'autorisation des
exonérations
|
3
|
(Problème Spécifique 3)
Elargissement du périmètre des dépenses
fiscales
|
(Objectif Spécifique 3)
Proposer la rationalisation des incitations accordées
pour une restriction du périmètre des dépenses
fiscales
|
(Cause Spécifique 3)
La volonté des autorités d'attirer une part
substantielle des investissements étrangers
|
(Hypothèse Spécifique 3)
L'élargissement du périmètre des
dépenses fiscales s'explique par la volonté des autorités
d'intéresser au mieux les investisseurs en augmentant les concessions
fiscales offertes.
|
II- REVUE DE LA LITTERATURE :
Il existe sur la question des dépenses fiscales, une
production littéraire assez abondante où l'on retrouve deux
écoles aux doctrines opposées. La première, plus ancienne,
est favorable à la pratique de la fiscalité dérogatoire.
La deuxième lui est hostile et propose des solutions en faveur de la
réduction, voire la suppression des exonérations. Il n'est donc
pas superflu, avant d'orienter notre travail de rappeler ici l'argumentaire de
chacune de ces deux écoles.
A- Les courants favorables aux dépenses
fiscales :
L'idée maîtresse de cette conception est que la
fiscalité doit assumer, au-delà de ses impératifs de
rendement, un objectif d'incitation économique qui nécessite
l'introduction de distorsions volontaires destinées à encourager
certaines catégories d'activités ou à répondre
à des besoins conjoncturels. C'est pour cela que certains auteurs
estiment que :
- du moment où il existe un lien négatif
assez fort entre le niveau des prélèvements obligatoires et le
niveau d'activité, des systèmes d'incitations sont
nécessaires pour doper la croissance, relancer la consommation,
encourager les exportations, promouvoir l'emploi, améliorer et redresser
la balance commerciale et la balance des paiements - DUFORT, G.
(1967) : « Economie
Générale »
- les dépenses fiscales sont, à court terme
nécessaires à l'acceptation par les contribuables d'un
système fiscal à taux élevés et à base
étroite dont elles constituent des éléments indispensables
de respiration et d'adaptation - FRANCOZ D. et Y. JACQUIN
(2001), « Evolution et rôle des financements publics de la
R&D des entreprises »,
B- Les courants hostiles aux dépenses
fiscales :
Les auteurs appartenant à ce deuxième courant
reprochent aux dépenses fiscales :
- d'avoir un impact négligeable ou faible si ce
n'est nul car, parmi les facteurs qui influencent la décision de
l'investisseur, le facteur fiscal arrive au 6ème rang :
la qualification de la main d'oeuvre et sa rentabilité, la taille du
marché, l'infrastructure, la stabilité politique et la
transparence du système sont autant de facteurs qui, pour l'investisseur
comptent probablement plus que la variable fiscale; - GOURGEON A-M
(2005) : « Rapport de l'atelier régional sur la
gestion des exonérations »
- de rendre la législation inutilement complexe par
des normes illisibles dont la mise en oeuvre est compliquée tant pour
l'Administration que pour les contribuables - Conseil des Impôts
(2003) : « La fiscalité dérogatoire pour
un réexamen des dépenses fiscales »
- d'engager au-delà de leur coût
budgétaire élevé et difficilement quantifiable de
nombreux frais administratifs (la production d'imprimés
spécifiques, les contrôles, les contentieux, etc.) de même
que le champ des bénéficiaires effectifs ne correspond à
la cible potentielle qu'au prix d'une action d'information significative qui
fait souvent défaut. - LEPETIT M.C (2006)
« Déclarations sur les dépenses
fiscales » - ;
- et de présenter l'inconvénient selon
lequel il est presque impossible de revenir sur une décision
prise même s'il est démontré plus tard que l'Etat n'y tire
aucun avantage car elles engendrent une forme de droits acquis qui, dans un
contexte où la réforme fiscale sans perdants relève de
l'utopie, est un handicap extrêmement lourd - OSSA R. (2007) :
« Administrer l'impôt : les nouveaux enjeux de la
fonction de gestion dans les pays en développement »,
édition Iroko, p141 -
En définitive, ces derniers auteurs postulent
qu' :
un système fiscal rationnel et
économiquement cohérent doit reposer sur un impôt à
base large et à taux faible comportant peu d'exonérations et
d'aménagements (abattements, réductions...), de sorte que la
simplicité des règles facilite sa gestion et en garantisse la
bonne application, étant donnés que l'assiette large et le taux
moyen (ou le taux marginal) faible sont des gages d'équité et de
civisme fiscal. L'interventionnisme fiscal ne se justifie que lorsqu'il demeure
dans le domaine étroit de la technique fiscale mais en s'en
écartant, on fausse les lois naturelles et le jeu normal de la
concurrence - BARRAINE R. (1963) : « Finances
Publiques »
Orientation du présent
travail : De même que les dépenses fiscales
sont acceptées par les uns (idée d'attirer ou de ne pas affaiblir
le capital et l'investissement) et rejetées par les autres (arguments
d'augmentation des coûts de transaction, de risque accru de fraude
fiscale, d'introduction de distorsions et d'effets de cascade dans
l'économie), les solutions préconisées en la
matière concernent soit leur maintien, soit leur suppression. Les
études les plus récentes (rapports de séminaires
régionaux, mémoires d'étudiants à l'ENAM) sont
plus proches ou épousent la deuxième conception, celle
défavorable aux dépenses fiscales. Mais, il faut dire que dans
l'ensemble, ces travaux se révèlent plus conceptuels
qu'opérationnels c'est-à-dire que les questions concrètes
liées à la gestion et à la maîtrise des
régimes d'exception n'y sont généralement pas suffisamment
abordées. De plus, chaque mesure de fiscalité dérogatoire
présentant ses spécificités, les dépenses fiscales
ne peuvent être abordées plus efficacement que dans une approche
ciblée plutôt que globale. C'est pour cela que notre étude
ambitionne de traiter les dépenses fiscales dans leurs aspects
pratiques.
PARAGRAPHE 2 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE :
APPROCHES EMPIRIQUE ET THEORIQUE CHOISIES
Nous procéderons, dans le cadre de la recherche, de
deux (02) manières à savoir une dimension empirique et une
dimension théorique.
I- DIMENSION EMPIRIQUE
Elle vise à mettre en exergue, la méthode
d'investigation envisagée à travers les outils de mobilisation de
données, ceux relatifs à leur dépouillement et à
leur présentation. A ce niveau, plusieurs étapes sont
nécessaires :
- Objectifs de la collecte des données
- Cadre de l'enquête et population-mère
- Nature de la collecte des données
- Echantillonnage
- Spécification des données à
mobiliser
- Conception des questionnaires
- Technique de dépouillement des données
- Exposé des outils de présentation des
données.
A- Des objectifs de la collecte à
l'échantillonnage
L'objectif principal de l'enquête est de mobiliser les
informations nécessaires à la vérification des
hypothèses formulées dans notre étude. Le cadre choisi
pour la réalisation de notre enquête est la Direction
Générale des Impôts et des Domaines (DGID) et la ville de
Cotonou. Ce choix a été effectué compte tenu du fait que
la DGID a été le cadre d'accueil de notre stage d'une part, et
d'autre part à cause du temps et des moyens limités ; nous
n'avons pu questionner que les contribuables de cette ville, qui ont
constitué la population-mère.
Nous avons effectué une enquête quantitative
interne à partir des questionnaires adressés aux
échantillons que nous avons choisis. Il faut noter que l'enquête a
été faite par sondage.
Cependant, pour l'enquête effectuée à la
DGID, l'échantillon est constitué de trente (30) agents des
impôts, dont vingt (20) inspecteurs des impôts (inspecteurs
vérificateurs, inspecteurs d'assiette) et dix (10) contrôleurs des
impôts.
De même, pour l'enquête effectuée au niveau
des contribuables, l'échantillon est constitué de vingt (20) dont
dix (10) bénéficiaires d'un régime dérogatoire
(Code des Investissements ; Régime Général de la Zone
Franche Industrielle) à travers leurs comptables et/ou conseils, et dix
(10) autres entreprises assujetties au droit commun mais qui peuvent de temps
à autre bénéficier des prestations de la MFRE, par exemple
lorsqu'elles sont adjudicataires d'un marché public à financement
extérieur.
Les disparités observées dans les choix
numériques des individus composant l'échantillon sont
motivées par les raisons suivantes :
- premièrement, techniquement, les agents des
impôts, les inspecteurs (20) mieux que les contrôleurs (10) sont
plus avertis en matière de dépenses fiscales que les
contribuables, d'où le choix de 30 agents des impôts et 20
contribuables ;
- deuxièmement, au niveau des contribuables, la
participation aussi bien des assujettis de droit commun que des assujettis
privilégiés est destinée à assurer
l'hétérogénéité de points de vue
nécessaire pour mener des analyses pertinentes ;
B- De la spécification des données
à mobiliser à l'exposé des outils de présentation
des données
Les questions posées nous permettront de recenser les
informations pour mieux comprendre les problèmes spécifiques et
leurs causes. L'instrument que nous avons choisi, dans notre recherche en vue
de collecter des informations fiables, est le questionnaire, lequel a
été conçu par rapport aux problèmes
spécifiques, pour une bonne compréhension des questions.
Pour rester dans le cadre de l'étude, les questions qui
serviront directement à vérifier nos hypothèses sont des
questions fermées et ouvertes.
Le dépouillement des données recueillies
auprès de l'échantillon, par le biais du questionnaire sera
réalisé de façon manuelle. Quant au traitement desdites
données, il se fera au moyen du tableur Excel. Enfin, la
présentation des résultats de l'enquête, se fera par
problème spécifique, grâce à des tableaux et des
représentations graphiques, afin de vérifier les
hypothèses formulées dans notre étude.
II- DIMENSION THEORIQUE
La dimension théorique vise à déterminer
les outils de vérification des hypothèses afin de pouvoir
déterminer les causes réelles se trouvant à la base de ces
problèmes. Nous présenterons alors à cette étape
les outils de vérification des hypothèses.
A- Choix théorique lié au problème
spécifique n°1
Il s'agit des approches théoriques choisies pour le
problème de la forte progression du coût des dépenses
fiscales.
1- Présentation de la théorie
retenue
Pour analyser ce problème, l'approche
générique que nous allons retenir sera celle des experts du FMI
ou de l'UEMOA selon laquelle un accroissement des exonérations fiscales
annihile les stratégies de mobilisation des ressources fiscales car
même si la pratique administrative veut que les exonérations
soient comptabilisées comme des recettes d'ordre, il n'en demeure pas
moins que seules les ressources cash concourent effectivement à la
couverture des charges publiques.
Nous pensons donc qu'il est nécessaire de
réduire sensiblement le coût des dépenses fiscales pour
mieux amorcer la transition fiscale.
2- Normes et repères d'amélioration de la
situation liée à la forte progression du coût des
dépenses fiscales
Il s'agit de faire ressortir des aspects qui montreront que la
forte progression du coût des dépenses fiscales est effective.
Cela ne sera possible que s'il existe un système de production de
statistiques fiables.
3- Seuil de décision pour la vérification
de l'hypothèse liée au problème de la forte
progression du coût des dépenses fiscales.
Dans le questionnaire administré aux agents de la DGID
et aux contribuables, ce sont les questions 5 et 6 qui se rapportent à
ce problème. Compte tenu du nombre de causes possibles
énumérées, la cause principale sera celle qui
réunirait le poids le plus élevé. Les autres causes ayant
un poids supérieur à 0% seront admises comme des causes
subsidiaires et classées par ordre de prééminence.
B- Choix théoriques liés aux problèmes
spécifiques n°2 et n°3
Il est question des approches génériques
choisies en ce qui concerne la résolution des problèmes
liés à la grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales et à l'élargissement du
périmètre des dépenses fiscales.
1- Présentation de la théorie
retenue
La théorie que nous retenons ici est proposée
en France par le Conseil des Impôts et s'énonce comme suit :
« un système fiscal dans lequel il existe trop de
dérogations ne garantit pas la stabilité des recettes fiscales.
Il est complexe, illisible et économiquement incohérent. De plus,
si l'assujettissement à un impôt résulte de la loi, le fait
d'y être soustrait ne peut résulter que d'un texte de même
niveau : la loi »
2- Normes et repères d'amélioration de la
situation
La résolution du problème spécifique
n°2 est subordonnée au respect du principe de
légalité pour toutes les exonérations fiscales
c'est-à-dire que ce problème serait résolu si
l'exclusivité de l'autorisation des dépenses fiscales est
réservée à la loi. Cela passe par l'adoption des lois
devant régir les régimes d'exception dans notre pays.
Pour ce qui est du problème spécifique n°3,
il sera considéré comme résolu à condition que le
Bénin réussisse à bâtir un système fiscal
à base large et à taux faible, comportant le moins possible
d'exonérations (seulement quelques allègements structurels
consubstantiels à l'impôt). Il faut donc envisager un
système fiscal incitatif basé sur le droit commun.
3- Seuil de décision pour la vérification
des hypothèses
S'agissant de ces problèmes spécifiques, nous
allons recourir aux questions 8 et 9 du questionnaire afin de trouver les
raisons qui les expliquent. Etant donné que nous n'avons supposé
que deux (02) causes pour chacun d'eux, celle qui aura le poids le plus
élevé sera retenue. Toutefois, les autres causes de poids
supérieur à 0% seront aussi retenues comme facteurs explicatifs
accessoires.
Section 2 : Collecte et analyse des données
Dans cette section, nous aborderons au paragraphe 1 la
mobilisation, le dépouillement et la présentation des
données et au paragraphe 2, l'analyse des données, la
vérification des hypothèses et l'établissement du
diagnostic.
PARAGRAPHE 1 : REALISATION DE L'ENQUETE ET
PRESENTATION DES DONNEES
Nous évoquerons dans ce paragraphe, la
présentation des données de l'enquête, mais avant, nous
parlerons de la réalisation de cette enquête.
I- REALISATION DE L'ENQUETE
La réalisation de l'enquête a
nécessité une préparation, laquelle s'est
déroulée avec quelques petites difficultés.
A- Mobilisation
La collecte des données a été
réalisée à partir d'un questionnaire à l'endroit
des échantillons. Ce questionnaire a été établi
avec des questions fermées c'est-à-dire limitées aux
informations recherchées pour la vérification de nos
hypothèses et a été modifié plusieurs fois compte
tenu des observations et contributions des personnes-ressources
consultées.
B- Limites des données et difficultés
rencontrées
Elles concernent l'insuffisance et la qualité des
données. Au cours de la collecte, nous avons rencontré des
difficultés aussi bien au niveau des contribuables qu'au niveau des
agents des impôts.
La première difficulté à laquelle, nous
avons été confrontés est que ces acteurs ont des
dépenses fiscales des perceptions opposées qui déteignent
sur leurs réponses. Les contribuables pensent qu' « il
n'est pas normal que les allégements d'impôt soient
considérés comme des exceptions à la norme alors que c'est
le niveau actuel de la fiscalité au Bénin qui paraît
anormal ». Les agents des impôts, quant à eux trouvent
que les dépenses fiscales limitent leurs réalisations.
La deuxième difficulté réside dans le
fait qu'au niveau des contribuables, il y a eu beaucoup d'hésitation et
de réticence à nous fournir des informations concernant leurs
activités. Pour ce qui est des agents des impôts, la tâche
n'a pas été aisée. Le manque de disponibilité des
inspecteurs a été une difficulté pour la
réalisation des entretiens.
II- PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES :
A- Présentation et analyse des statistiques
relatives aux recettes et aux dépenses fiscales
Pour mieux appréhender la progression du coût des
dépenses fiscales au Bénin, il va être utile de comparer la
progression des dépenses fiscales à celle des recettes fiscales
en traçant dans un même graphe, les courbes d'évolution de
ces deux variables.
Tableau n°4 : Recettes et
Dépenses fiscales au Bénin de 2005 au 30 Septembre
20096(*)
Années
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
(fin Septembre)
|
Recettes fiscales
|
163 785 473 857
|
174 301 325 395
|
203 189 240 037
|
240 801 365 394
|
199 886 726 874
|
Recettes d'ordre
|
1 726 965 443
|
4 224 836 030
|
8 426 293 867
|
9 419 401 062
|
10 478 418 735
|
|
|
|
|
|
|
Source : Recette Nationale des
Impôts
Graphique 3 : Graphe d'évolution des
recettes et dépenses fiscales de 2005 au 30 septembre 2009
Source : Service des Etudes et des
Statistiques de Recouvrement de la RNI
Cette représentation montre que l'accroissement des
recettes fiscales s'accompagne d'un accroissement soutenu des dépenses
fiscales.
B- Présentation et analyse des données
d'enquête
Les résultats de l'enquête réalisée
seront présentés ici et analysés en tenant compte de
chacun des problèmes spécifiques en résolution. Ces
résultats ne concernent que les données à caractère
quantitatif.
1- Par rapport au problème spécifique
n°1
L'objectif de la question n°6 du questionnaire est de
conduire l'enquête à la vérification de l'hypothèse
liée au problème de la forte progression du coût des
dépenses fiscales. Les résultats liés à cette
question sont consignés dans le tableau n°6 que l'on peut retrouver
à l'annexe 3 et sur le graphique n°4 ci-après :
Graphique 4 : Répartition des
données d'enquête relatives au problème spécifique
1
Source : Données
d'enquête (Janvier 2010)
Interprétation des résultats
d'enquête :
Les résultats d'enquête
révèlent que parmi les personnes interrogées:
- 64% estiment que la forte progression du coût des
dépenses fiscales est due à la pluralité des
régimes hors code instituant des exonérations fiscales ;
- 28% rattachent cette progression inquiétante à
la fraude et l'évasion fiscales commises par certains contribuables de
mauvaise foi ;
- 8% évoquent diverses autres causes dont le non
plafonnement du montant des exonérations.
2- Par rapport aux problèmes spécifiques
n°2 et n°3
a) Problème spécifique n°2 afférent
à la grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
Les données concernant ce problème sont
portées par la question n°9. Le graphique suivant renseigne sur les
résultats d'enquête.
Graphique 5 : Répartition des
données d'enquête relatives au problème spécifique
2
Source : Résultats d'enquête
(janvier 2010)
Interprétation :
Sur l'échantillon de 50 personnes interrogées au
sujet des causes se trouvant à la base du problème de la grande
souplesse du régime d'autorisation des dépenses fiscales, 46%
retiennent l'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales alors que 42% indexent
l'impossibilité pratique de soumettre l'autorisation de toutes les
dépenses fiscales au principe de légalité. Le reste de
l'échantillon (12%) pensent plutôt à diverses autres causes
comme par exemple l'intérêt dérisoire porté aux
dépenses fiscales par les parlementaires, ce qui n'est pas le cas pour
les dépenses budgétaires.
b) Problème spécifique n°3
Ces données sont concernées par la question
n°8 du questionnaire qui concourt à identifier les causes de
l'élargissement du périmètre des dépenses
fiscales
Graphique 6 : Répartition des
données d'enquête relatives au problème spécifique
3
Source : Résultats d'enquête
(janvier 2010)
Interprétation :
Il résulte de l'analyse des données que parmi
les personnes interrogées, 58% (en majorité les agents des
impôts) estiment que l'élargissement du périmètre
des dépenses fiscales provient de la volonté des
autorités d'attirer une part substantielle des investissements
étrangers. 32% estiment plutôt que l'élément
explicatif de ce problème réside dans la volonté des
autorités de compenser une déficience globale du système
fiscal en accordant des allègements fiscaux. Les 10% restants de
l'échantillon évoquent d'autres causes, notamment l'ambition des
autorités d'introduire volontairement des distorsions visant à
mieux administrer l'économie.
PARAGRAPHE 2 : VERIFICATION DES HYPOTHESES ET
ELEMENTS DE DIAGNOSTIC
Après la présentation de ces données,
nous essayerons dans ce paragraphe d'apprécier le degré de
validité des hypothèses à partir de l'analyse des
données de l'enquête pour enfin formuler la synthèse du
diagnostic.
I- VERIFICATION DES HYPOTHESES
Il sera question à ce niveau d'apprécier le
degré de validité des hypothèses de l'étude
liées aux problèmes en résolution.
A- Degré de vérification de
l'hypothèse spécifique n°1
Nous verrons si la vérification des hypothèses
liées au problème spécifique n°1 est totale ou
partielle.
Pour l'identification des causes réelles à la
base de la forte progression du coût des dépenses fiscales, il a
été retenu comme seuil de décision toute cause qui
réunira un poids supérieur à 50%. Or, de l'analyse des
données recueillies nous avons constaté que ce problème
est dû :
- à la fraude et l'évasion fiscales en
matière d'exonérations pour 28%;
- à d'autres causes ne correspondant à aucun
item pour 8% et ;
- à la pluralité des régimes hors code
accordant des exonérations pour 64%
Ces renseignements indiquent donc que la tendance à la
fraude et à l'évasion fiscales et les autres causes
identifiées au sein de notre population statistique ne sont pas les
causes les plus plausibles au problème de la progression du coût
des dépenses fiscales dont elles sont des facteurs explicatifs
accessoires ou subsidiaires.
Au demeurant, la forte progression du coût des
dépenses fiscales se justifie principalement par la pluralité
des régimes hors code accordant des exonérations fiscales.
En définitive, il n'existe pas une seule cause mais
des causes, les unes plus importantes que les autres à ce
problème : l'hypothèse est alors partiellement
validée
B- Degré de vérification des
hypothèses n°2 et n°3
L'objectif ici est de voir jusqu'à quel niveau nos
hypothèses liées aux problèmes spécifiques n°2
et n°3 sont vérifiées.
1- Degré de vérification de
l'hypothèse n°2
En ce qui concerne cette hypothèse, il a
été fixé comme seuil de décision tout item qui aura
un poids le plus élevé. De l'analyse des données
recueillies, nous remarquons que la grande souplesse du régime
d'autorisation des dépenses fiscales s'explique par :
- l'impossibilité pratique de soumettre l'autorisation
de toutes les dépenses fiscales au principe de légalité
avec un pourcentage de 42%
- l'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales avec un pourcentage de 46% et;
- d'autres faits dont le faible intérêt des
parlementaires aux dépenses fiscales en comparaison des
procédures en vigueur en matière de dépenses
budgétaires avec un pourcentage de 12%.
En tenant compte du seuil de décision fixé, nous
déduisons de ces résultats que la cause se trouvant à la
base de la grande souplesse du régime d'autorisation des dépenses
fiscales est l'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble
régissant l'autorisation des dépenses fiscales. Cependant, en
considérant les poids des autres causes qui ne sont pas
négligeables, nous les admettons aussi comme des causes réelles
par rapport auxquelles la première est prééminente. En
conséquence, l'hypothèse n°2 de l'étude n'est que
partiellement vérifiée, car, en dehors de l'inexistence d'un
cadre légal d'ensemble régissant l'autorisation des
dépenses fiscales, d'autres raisons expliquent ce problème.
2- Degré de vérification de
l'hypothèse n°3
En nous référant au seuil de décision
fixé pour la vérification de cette hypothèse liée
à l'élargissement du périmètre des dépenses
fiscales, il sera retenu toute cause ayant réuni un poids
différent de 0%. Il ressort de nos analyses par rapport aux
données de l'enquête, les pourcentages ci-après :
- 32% pour la volonté des autorités de compenser
une déficience globale du système fiscal en accordant des
allègements fiscaux (notons que cette réponse provient plus des
contribuables)
- 58% pour la volonté des autorités d'attirer
une part substantielle des investissements étrangers ;
- 10% pour autres (l'on indexe la nécessité des
distorsions volontaires visant à mieux administrer l'économie)
En tenant compte du fait que chacun de ces trois facteurs ont
réuni un poids différent de 0%, ils seront tous retenus comme
étant à l'origine de l'élargissement du
périmètre des dépenses fiscales. De ce fait,
l'hypothèse n°3 n'est pas entièrement
vérifiée.
Somme toute, l'analyse des résultats de l'enquête
nous montre que les causes que nous avons supposées
génératrices des problèmes en résolution ne sont en
partie que des causes réelles, ce qui fait que nos hypothèses de
travail ne sont que partiellement vérifiées. C'est donc au regard
de cette réalité que nous établirons le diagnostic.
II- SYNTHESE DU DIAGNOSTIC
Le test des hypothèses a permis de dégager les
éléments du diagnostic qui seront formulés par rapport
à chaque hypothèse spécifique de l'étude.
A- Eléments de diagnostic liés au
problème spécifique n°1
Nous ferons ressortir à ce niveau les causes
réelles se trouvant à la base de chacun de ces problèmes
spécifiques.
La vérification de l'hypothèse n°1 nous
amène à retenir définitivement que la forte progression du
coût des dépenses fiscales se justifie non seulement par la
pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales mais aussi par les manoeuvres frauduleuses
exercées par certains contribuables qui majorent sciemment leurs
crédits d'impôts en profitant du fait que le contrôle a
postériori n'est pas effectivement mis en oeuvre par l'Administration.
B- Eléments de diagnostic liés aux
problèmes spécifiques n°2 et n°3
Ils concernent les raisons réelles justifiant la grande
souplesse du régime d'autorisation des dépenses fiscales d'une
part, et l'élargissement du périmètre des dépenses
fiscales d'autre part.
1- Eléments de diagnostic de l'hypothèse
n°2
Il ressort, après vérification de
l'hypothèse n°2 que la grande souplesse du régime
d'autorisation des dépenses fiscales s'explique concomitamment par
l'inexistence d'un cadre légal d'ensemble régissant
l'autorisation des dépenses fiscales, l'impossibilité pratique de
soumettre l'autorisation de toutes les dépenses fiscales au principe de
légalité découlant de la nécessité d'une
marge de manoeuvre pour décider des exonérations ponctuelles et
le faible intérêt des parlementaires aux dépenses fiscales.
2- Eléments de diagnostic de l'hypothèse
n°3
Nous retenons suite à la vérification de
l'hypothèse n°3 que les causes de l'élargissement croissant
du périmètre des dépenses fiscales peuvent être
recherchées soit du côté de la volonté des
autorités d'attirer une part substantielle des investissements
étrangers, soit du côté de leur volonté de compenser
une déficience globale du système fiscal par des
allègements fiscaux, soit encore du côté du souci de mieux
administrer l'économie par des distorsions volontaires
Conclusion au Chapitre premier :
Tous les développements effectués dans le
présent chapitre étaient destinés à opérer
méthodiquement le diagnostic de la problématique
déjà ciblée au chapitre préliminaire.
L'itinéraire a donc consisté à construire le tableau
de bord de l'étude, à effectuer la revue de la
littérature et à définir une méthodologie
bidimensionnelle de l'étude qui a permis de vérifier les
hypothèses et de poser le diagnostic. Nous venons ainsi de cerner les
contours des problèmes en résolution. Il reste maintenant
à envisager les voies et moyens de leur éradication.
L'intérêt du diagnostic posé dans le
chapitre précédent réside dans le fait qu'il nous est
désormais possible de relier en toute transparence, chacun des
problèmes spécifiques en résolution à des causes
réelles bien identifiées. C'est donc au regard de celles-ci que
nous proposerons dans ce chapitre, des approches de solutions. Mais pour que la
totalité des effets escomptés de ces solutions soit obtenue, nous
suggèrerons également les conditions de leur mise en oeuvre.
Section 1 : Approches de solutions
Apporter des solutions à un problème, c'est
proposer les conditions d'éradication des causes réelles s'en
trouvant à la base. Ainsi, nous proposerons dans cette rubrique quelques
approches de solutions pour enrayer les causes relatives aux problèmes
spécifiques identifiés au cours de l'étude.
Paragraphe1 : APPROCHES DE SOLUTIONS AU
PROBLEME DE LA FORTE PROGRESSION DU COUT DES DEPENSES FISCALES
Rappelons-nous d'abord que la forte progression
observée du coût des dépenses fiscales est liée
à la pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales et à la récurrence de la fraude et
de l'évasion fiscales en matière d'exonérations. Nous
proposons donc deux solutions :
- la réduction, voire l'élimination progressive
des régimes d'exonérations générant des
dépenses fiscales dont l'efficacité est incertaine ou marginale
ou auxquelles peuvent être substitués d'autres mécanismes
présentant moins d'inconvénients (recours aux dépenses
budgétaires);
- le renforcement du contrôle des régimes
d'exception tant a priori qu'a postériori.
La première solution vise, grâce à des
études sérieuses préalablement réalisées
(comme ce que fait la commission de suivi et d'évaluation des
dépenses fiscales du Bénin) à identifier les
régimes dérogatoires dont l'intérêt réel
n'est pas justifié et à les supprimer progressivement en veillant
à ce que cette suppression ne cause pas d'autres problèmes.
La deuxième solution est plus urgente à mettre
en oeuvre. Il s'agira d'abord de renforcer le contrôle a priori (quelque
peu satisfaisant aujourd'hui) en augmentant les moyens humains et
matériels et surtout en mettant l'accent sur la gestion
informatisée des exonérations. Ensuite, il va falloir
créer une unité de gestion pluridisciplinaire chargée de
vérifier l'utilisation réelle et la destination des biens, objet
d'exonérations et d'assurer les redressements nécessaires. Cet
organe pourrait prendre la forme d'une Brigade Mixte de Contrôle a
Postériori des Exonérations Fiscales (BMCPEF) qui, placée
sous l'autorité de la MFRE permettrait d'atteindre, en matière
d'exonérations trois (03) finalités à savoir
budgétaire, répressive et dissuasive.
PARAGRAPHE 2 : APPROCHES DE SOLUTIONS AUX
PROBLEMES SPECIFIQUES N°2 ET N°3
· Approches de solutions au problème
spécifique n°2
Tirant les conséquences du fait que la grande souplesse
qui caractérise le régime d'autorisation des dépenses
fiscales est liée à l'inexistence d'un cadre légal
d'ensemble pour leur autorisation, nous proposons :
- de codifier tous les textes sur les régimes
d'exception déjà existants et
- de réserver aux lois de finances,
l'exclusivité de la création des nouvelles dépenses
fiscales.
Ces solutions visent à soumettre pleinement les
dépenses fiscales au principe de légalité de
l'impôt, à favoriser une meilleure implication du parlement dans
les questions d'exonérations et à mieux prendre en compte les
contraintes du droit communautaire (directives de l'UEMOA) qui pèsent
sur les dépenses fiscales.
· Approches de solutions au problème
spécifique n°3
Le diagnostic a révélé que les facteurs
explicatifs de l'élargissement croissant du périmètre des
dépenses fiscales sont soit la volonté des autorités
d'attirer une part substantielle des investissements étrangers, soit
leur volonté de compenser une déficience globale du
système fiscal par des allègements fiscaux, soit leur souci de
mieux administrer l'économie par des distorsions volontaires. Pour cela,
dans la perspective de la restriction de ce périmètre, nous
préconisons :
- qu'une plus grande attention soit portée à
d'autres variables plus déterminantes dans le niveau et la
qualité des flux d'investissement (cadre institutionnel et juridique,
pertinence des politiques macroéconomiques ; offre de biens publics et
d'utilités, qualité du secteur privé ouvert et
dynamique) ;
- que l'on revienne progressivement à un système
de dépenses fiscales où seuls les allègements structurels
seraient prédominants. Nous entendons par allègements
structurels, les dépenses fiscales de portée
générale et instituées en vue de répondre à
un objectif de nature fiscale (mesures consubstantielles à l'impôt
mises en place lors de sa création, mesures visant à assurer une
neutralité fiscale en évitant toute double imposition,
dispositifs créés en vue de simplifier l'application de
l'impôt et notamment de faciliter son recouvrement).
Section 2 : Conditions de mise en oeuvre des
solutions proposées
PARAGRAPHE 1 : RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE
L'ADMINISTRATION ET DES CONTRIBUABLES
Les solutions préconisées n'atteindront leur
pleine efficacité qu'en prenant ancrage sur certaines conditions
préalables à leur mise en oeuvre. Nous apportons ici les
précisions en termes de programmation et de stratégies
concrètes.
I- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE L'ADMINISTRATION ET
DU PARLEMENT :
Il est heureux aujourd'hui que les questions fiscales en
général et d'exonérations en particulier soient
traitées dans le cadre régional de l'UEMOA. Cela favorise, en
effet l'échange des expériences nationales en matière de
gestion des exonérations fiscales (coûts de gestion,
difficultés administratives, impact sur la politique fiscale globale,
etc.). Le Bénin doit donc en tirer profit en s'appropriant les
meilleures pratiques en la matière. Les recommandations du
Séminaire Régional pour l'élimination des
exonérations fiscales accordées aux marchés, projets et
programmes financés sur ressources extérieures des 13, 14 et 15
décembre 2007 sont pertinentes et doivent être mises en oeuvre.
Aussi, doit-on renforcer la MFRE et la Commission de suivi et
d'évaluation des dépenses fiscales en leur donnant les moyens
humains, matériels et financiers nécessaires.
Nous appelons également à une vigilance accrue
des parlementaires sur les dépenses fiscales qui doivent
bénéficier du même intérêt que les
dépenses budgétaires.
II- RECOMMANDATION A L'ENDROIT DES CONTRIBUABLES
Les usagers de la MFRE doivent comprendre que rendre plus
performant le système fiscal béninois et permettre à la
DGID de maximiser son rendement est l'affaire de tous. Ainsi, ils devront
éviter à l'avenir de majorer frauduleusement leurs crédits
d'impôts ou de détourner les biens exonérés de leur
destination initiale. Ainsi, ils doivent souscrire des déclarations MP1
exactes et sincères et se prêter aux contrôles
ultérieurs de l'administration.
Paragraphe 2 : Plaidoyer pour un système
fiscal optimal,
économiquement neutre et rentable
Le travail sur la problématique du réexamen des
dépenses fiscales ne peut faire abstraction des théories sur la
fiscalité de développement car c'est sous ce couvert que les
autorités concèdent à court terme des allègements
fiscaux en espérant que les recettes augmenteront à moyen ou long
terme du fait de l'élargissement consécutif de l'assiette
fiscale. Cette solution n'est pas fausse mais le court terme aussi a ses
réalités et ses exigences auxquelles il faut sans doute faire
face. De plus, dans de nombreux pays, derrière les dénonciations
de sur taxation et de forte pression fiscales des entrepreneurs se cachait un
refus de contribution aux charges publiques. Ce n'est certainement pas le cas
au Bénin mais il est indispensable de rationnaliser les incitations
fiscales en vue de construire un système fiscal stable, neutre et
prévisible. De même, il y a lieu d'intensifier la lutte contre
l'informel en vue de mieux maîtriser le revenu et le patrimoine des
individus par la mise en oeuvre efficace de l'Identifiant Fiscale Unique (IFU).
L'accent doit également être mis au sein de la DGID sur le
soutien de l'action des services opérationnels à
travers :
- la bonne gestion de la qualité et de la
sécurité informatique
- l'usage des moyens de télédéclaration
et de télépaiement
- la mise en oeuvre des réformes d'organisation et de
méthodes
- la professionnalisation et la rationalisation du
contrôle interne
- la poursuite de la politique de simplification de la
règlementation fiscale et la proposition périodique des sujets
d'audits des processus et des chaînes de traitement.
L'objectif de la présente étude était de
proposer un réexamen des régimes fiscaux dérogatoires en
vue d'une fiscalité plus simple, plus juste et plus efficace. Ce
réexamen ne sera certainement pas une tâche facile. Les
dispositifs en cause, on l'a vu, sont très nombreux ;
l'appréciation de leurs effets est souvent difficile et le domaine est
politiquement sensible. Mais, de nombreuses considérations militent en
faveur de sa réalisation imminente.
Premièrement, le poids des dépenses fiscales
devient de plus en plus lourd pour les finances publiques. Elles
représentent aujourd'hui environ trois (03) fois, ce qu'elles
représentaient en 2005, ce qui témoigne d'une incidence
budgétaire particulièrement néfaste qui annihile
dangereusement les stratégies de mobilisation des ressources fiscales.
Deuxièmement, d'un point de vue d'efficacité,
certaines mesures de fiscalité dérogatoire n'apparaissent pas
toujours cohérentes avec les objectifs poursuivis dans les domaines
concernés. D'autres mesures, qui répondent incontestablement
à des priorités justifiées, présentent des
difficultés dans leur mise en oeuvre, soit parce que l'outil fiscal
paraît inadapté à l'objectif poursuivi, soit parce que
l'outil fiscal demanderait à être amélioré pour
être pleinement efficace.
Troisièmement, la simplification des régimes
fiscaux dérogatoires présente un double enjeu. En effet, une
telle simplification devrait permettre, à partir de règles plus
claires, de rendre la fiscalité plus équitable. Il s'agit de
limiter les inconvénients du système actuel où les
avantages accordés à certains groupes de
bénéficiaires, influencent la répartition réelle
du fardeau fiscal, et en conséquence modifient la répartition des
revenus. Cette même simplification contribuerait en outre à rendre
la fiscalité plus efficace car un impôt établi sur la base
d'une législation peu lisible est exposé à une moindre
acceptabilité de la part des contribuables, à un risque accru
d'évasion fiscale et à un coût de gestion lourd pour
l'administration. Revenir à des principes plus clairs permettrait de
réduire ces différentes sources d'inefficacité.
Fort de tout cela, l'idée d'une vaste réforme de
la fiscalité, comportant la suppression d'un grand nombre de
dépenses fiscales conjuguée avec la baisse concomitante des taux
d'imposition pourrait être avancée. Aussi, apparaît-il plus
réaliste de proposer une démarche de simplification de la
fiscalité qui consisterait à ne réexaminer que les
dispositifs fiscaux dérogatoires les plus critiquables.
v OUVRAGES
· BARRAINE R. (1963) :
« Finances Publiques », Nouveau
programme, Paris 5è
· DUFORT, G. (1967) :
« Economie
Générale » Fourcher, 128 rue de Rivoli,
Paris-1er
· FRANCOZ, D. et JACQUIN, Y. (2001), «
Evolution et rôle des financements publics de la R&D des
entreprises »
· LEPETIT M.C (2006)
« Déclarations sur les dépenses
fiscales », Editions Education et formation, Canada
· OSSA, R. (2007) : « Administrer
l'impôt : Les nouveaux enjeux de la fonction de gestion dans les pays en
développement », Editions Iroko, Yaoundé.
v RAPPORTS DE MISSIONS ET COMMUNICATIONS
· AKINOTCHO DOSSA, H. et AGOSSOU, G. (2008)
« Les incitations fiscales : incidences
budgétaires et efficacité
économique », Séminaire régional
sur l'harmonisation des incitations fiscales au sein de l'UEMOA, Cotonou
· Commission de suivi et d'évaluation des
dépenses fiscales, (2008) : « Rapport sur les
dépenses fiscales »
· Conseil des Impôts (2003) :
« XXIe rapport au Président de la
République : la fiscalité dérogatoire pour un
réexamen des dépenses fiscales »,
Kamerstuk
· GOURGEON A-M (2005) :
« Rapport de l'atelier régional sur la gestion des
exonérations », Forhom, France
· UEMOA, (2007) : « Rapport
final du séminaire régional pour l'élimination des
exonérations fiscales accordées aux marchés, projets et
programmes financés sur ressources
extérieures », Dakar
v MEMOIRES
· AKPOVO, M. (2007) : « Impact des
exonérations sur un budget essentiellement fiscal : cas du
Bénin », Mémoire, UAC, ENAM, Cycle1,
Administration des Impôts.
· BANNI, O. (2008) :
«Problématique des régimes fiscaux d'exception
face à la mise en oeuvre du programme de transition fiscale : cas du
Bénin », Mémoire, UAC, ENAM, Cycle1,
Administration des Impôts.
· DJIDONOU, J. (2006) :
« Enjeux fiscaux de la Zone Franche Industrielle
Béninoise », Mémoire, UAC, ENAM, Cycle1,
Administration des Impôts.
· ISSA IMOROU, H. (2008) :
« Imposition des Associations à But Non Lucratif
au Bénin : analyse et perspectives »
Mémoire, UAC, ENAM, Cycle1, Administration des Impôts.
v COURS
· BOURAIMA, R. : « Cours
d'Organisation et Rôle de Services des
Impôts », ENAM, 2005
Annexe 1 :
Tableau n°5 : TABLEAU DE SYNTHESE DE L'ETUDE
SUR LA PROBLEMATIQUE DES DEPENSES FISCALES AU BENIN
|
Niveau
d'analyse
|
Problématiques
|
Objectifs
|
Causes réelles
|
Diagnostics
|
Solutions
|
Niveau Général
|
Importance croissante de la fiscalité dérogatoire
au Bénin
|
Proposer un réexamen des régimes
dérogatoires existants en vue d'une fiscalité plus simple, plus
juste et plus efficace
|
-
|
-
|
-
|
Niveaux spécifiques
|
1
|
Forte progression du coût des dépenses fiscales
|
Déterminer les conditions de réduction sensible des
dépenses fiscales
|
Pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales, incivisme fiscal
|
La forte progression du coût des dépenses fiscales
se justifie par la pluralité des régimes hors code instituant
des exonérations fiscales et par les manoeuvres frauduleuses
exercées par certains contribuables
|
· Réduire, voire éliminer progressivement
certains régimes d'exonérations. générant des
dépenses fiscales dont l'efficacité est incertaine ou marginale
ou auxquelles peuvent être substitués d'autres mécanismes
présentant moins d'inconvénients
· Renforcer le contrôle des régimes
d'exception tant a priori qu'a postériori
|
2
|
Grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales
|
Contribuer à un meilleur encadrement des dépenses
fiscales par l'institution de normes juridiques d'autorisation conformes
à la Constitution
|
Inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales
|
La grande souplesse du régime d'autorisation des
dépenses fiscales s'explique par l'inexistence d'un cadre
légal d'ensemble régissant l'autorisation des dépenses
fiscales, l'impossibilité pratique de soumettre l'autorisation de toutes
les dépenses fiscales au principe de légalité et le faible
intérêt des parlementaires aux dépenses fiscales
|
· Codifier tous les textes sur les régimes
d'exception déjà existants et
· Réserver aux lois de finances,
l'exclusivité de la création des nouvelles dépenses
fiscales
|
3
|
Elargissement croissant du périmètre des
dépenses fiscales
|
Proposer la rationalisation des incitations accordées
pour une restriction du périmètre des dépenses
fiscales
|
Volonté des autorités d'attirer une part
substantielle des investissements étrangers
|
L'élargissement croissant du périmètre des
dépenses fiscales résulte soit de la volonté des
autorités d'attirer une part substantielle des investissements
étrangers, soit de leur volonté de compenser une
déficience globale du système fiscal par des allègements
fiscaux, soit encore de leur souci de mieux administrer l'économie par
des distorsions volontaires
|
· Porter une plus grande attention à d'autres
variables plus déterminantes dans le niveau et la qualité des
flux d'investissement
· Revenir progressivement à un système de
dépenses fiscales où seuls les allègements structurels
seraient prédominants
|
Annexe 2: QUESTIONNAIRE
|
1- Quelle est votre perception de la notion de
dépense fiscale ?
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
2- Pourquoi, faut-il réexaminer les
dépenses fiscales au Bénin ?
A cause de leur incidence budgétaire
Parce qu'elles rendent complexe la législation et
qu'elles sont difficiles à gérer
Du fait qu'elles introduisent des distorsions
concurrentielles
Autres (à préciser)
3- Pensez-vous que les objectifs des dépenses
fiscales sont atteints au Bénin ?
Oui
Non
4- Sinon, comment expliquez-vous l'inefficacité
des dépenses fiscales ?
Faible importance de la variable fiscale dans la
décision de l'investisseur
Incohérence du dispositif fiscal avec l'objectif
recherché
Mauvaise gestion ou difficultés de mise en oeuvre
des dépenses fiscales
Autres (à préciser)
5- Comment appréciez-vous le rythme de
croissance du montant des dépenses fiscales au Bénin au
cours des quatre dernières années ?
Faible et insignifiant
Normal
Vif et inquiétant
6- Qu'est-ce-qui, selon vous explique la forte
progression du coût des dépenses fiscales au
Bénin ?
Pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales
Tendance à la fraude et à l'évasion
fiscales de la part des contribuables
Autres (à préciser)
7- Au Bénin, quelles sont les contraintes et
difficultés de gestion des dépenses fiscales ?
Insuffisance de personnel et d'outils de gestion moderne
appropriés à la MFRE
Inexistence d'une unité de gestion pluridisciplinaire
chargée du contrôle des exonérations
Autres (à préciser)
8- A votre avis, qu'est-ce qui justifie
l'élargissement du périmètre des dépenses
fiscales ?
La volonté des autorités de compenser une
déficience globale du système fiscal par l'octroi
d'allègements fiscaux;
La volonté des autorités d'attirer une part
substantielle des investissements étrangers
Autres (à préciser)
9- Selon vous, pourquoi de nombreuses
exonérations sont accordées par des actes règlementaires
alors que l'impôt et ses allègements sont soumis au principe de
légalité ?
L'impossibilité pratique de soumettre l'autorisation
de toutes les dépenses fiscales au principe de légalité
posé par l'article 98 de la constitution
L'inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales
Autres (à préciser)
Annexe 3 : Tableaux de répartition des
résultats d'enquêtes
|
Tableau n°6 : Répartition des
données d'enquête relatives au problème de la forte
progression du coût des dépenses fiscales
CAUSES SUPPOSEES
|
EFFECTIFS
|
FREQUENCES RELATIVES
|
Pluralité des régimes hors code instituant des
exonérations fiscales
|
32
|
64%
|
Tendance à la fraude et à l'évasion
fiscales de la part des contribuables
|
14
|
28%
|
Autres (à préciser)
|
4
|
08%
|
TOTAL
|
50
|
100%
|
Source : Résultats de nos
investigations (Janvier 2010)
Tableau n°7: Répartition des
données d'enquête relatives au problème spécifique
2
CAUSES SUPPOSEES
|
EFFECTIFS
|
FREQUENCES RELATIVES
|
Impossibilité pratique de soumettre l'autorisation de
toutes les dépenses fiscales au principe de légalité
|
21
|
42%
|
Inexistence d'un cadre législatif d'ensemble pour
l'autorisation des dépenses fiscales
|
23
|
46%
|
Autres (à préciser)
|
6
|
12%
|
TOTAL
|
50
|
100%
|
Source : Résultats de nos
investigations (janvier 2010)
Tableau n°8 : Répartition des
données relatives à l'élargissement du
périmètre des dépenses fiscales
CAUSES SUPPOSEES
|
EFFECTIFS
|
FREQUENCES RELATIVES
|
Volonté des autorités de compenser une
déficience globale du système fiscal par l'octroi
d'allègements fiscaux
|
16
|
32%
|
Volonté des autorités d'attirer une part
substantielle des investissements étrangers
|
29
|
58%
|
Autres causes identifiées
|
5
|
10%
|
TOTAL
|
50
|
100%
|
Source : Résultats de nos
investigations (janvier 2010)
TABLE DES MATIERES
|
Pages
|
IDENTIFICATION DU JURY
......................................................
DECLARATION D'ENGAGEMENT DU CHERCHEUR.....................
DEDICACES...........................................................................
REMERCIEMENTS
....................................................................
LISTE DES SIGLES ET ABREVATIONS
.............................................
LISTE DES TABLEAUX
................................................................
GLOSSAIRE DE L'ETUDE
...........................................................
RESUME.................................................................................
SOMMAIRE.............................................................................
INTRODUCTION
......................................................................
CHAPITRE PRELIMINAIRE : DU CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ETUDE AU CIBLAGE DE LA PROBLEMATIQUE
........................................
SECTION 1 : CADRE PHYSIQUE DE L'ETUDE ET OBSERVATIONS
DE
STAGE...................................................................................
Paragraphe 1 : Présentation de la DGID et des
structures en étude
...................................................................................
I- Présentation de la DGID, cadre institutionnel de la
présente étude
..................................................................................
A- Historique et attributions
....................................................
1- Historique
.........................................................................
2-Attributions
........................................................................
B- Missions et organisation de la DGID
....................................
1- Missions
.............................................................................
2-Organisation
.......................................................................
II- Présentation des structures en étude : la
MFRE et la DGE........
A- La MFRE
...........................................................................
B- La DGE
.............................................................................
Paragraphe 2 : Etat des lieux sur les
procédures d'octroi d'exonérations et sur les dépenses
fiscales ..............................
SECTION 2 : CIBLAGE DE LA PROBLEMATIQUE
...........................
Paragraphe 1 : De l'inventaire au choix de la
problématique ...
I- Inventaire des éléments de l'état des
lieux de base ...............
A- Inventaire des atouts et des problèmes
...............................
1- Inventaire des atouts
.........................................................
2-Inventaire des problèmes
....................................................
B- Regroupement des problèmes spécifiques par
centres d'intérêts
..............................................................................
II- Choix de la problématique et justification du sujet
................
Paragraphe 2 : Spécification de la
problématique et Séquences de sa résolution
...................................................
I- Spécification de la problématique
.......................................
II- Séquences de résolution de la
problématique du réexamen des dépenses fiscales au
Bénin ..............................................
CHAPITRE PREMIER : CONCEPTION ET MISE EN APPLICATION
DU CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE ................
SECTION 1 : CONCEPTION DU CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE ..............................................
Paragraphe 1 : Objectifs, Hypothèses et Revue
de la littérature..
I- Fixation des objectifs et formulation des hypothèses
..............
A- fixation des objectifs
..........................................................
1- Objectif général
................................................................
2- Objectifs spécifiques
..........................................................
B- Formulation des hypothèses et tableau de Bord de
l'Etude ...
1-Causes et hypothèse liées au problème
spécifique n°1...........
2- Causes et hypothèse liée au problème
spécifique n°2.............
3- Causes et hypothèse liée au problème
spécifique n°3.............
II- Revue de la littérature
........................................................
A- Les courants favorables aux dépenses fiscales
.....................
B- Les courants hostiles aux dépenses fiscales
..........................
Paragraphe 2 : Méthodologie de
l'étude : approches empirique et théorique retenues
.............................................
I- Dimension empirique
..........................................................
A- Des objectifs de la collecte à l'échantillonnage
..................
B- De la spécification des données à
mobiliser à l'exposé des outils de présentation des
données .........................................
II- Dimension théorique
..........................................................
A- Choix théoriques liés au problème
spécifique n°1 ................
1- Présentation de la théorie retenue
......................................
2- Normes et repères d'amélioration de la situation
liée au problème spécifique n°1
........................................................
3- Seuil de décision pour la vérification de
l'hypothèse spécifique n°1
.....................................................................
B- Choix théoriques liés aux problèmes
spécifiques n° 2 et n°3 ..
1- Présentation de la théorie retenue
......................................
2- Normes et repères d'amélioration de la situation
.................
3- Seuil de décision pour la vérification des
hypothèses spécifiques n°2 et n°3
............................................................
SECTION 2 : COLLECTE ET ANALYSE DES DONNEES
.....................
Paragraphe 1 : Réalisation de l'enquête
et Présentation des données
..............................................................................
I- Réalisation de l'enquête
.....................................................
A- Mobilisation
......................................................................
B- Limites des données et difficultés
rencontrées ......................
II- Présentation et analyse des données
...................................
A- Présentation et analyse des statistiques relatives aux
recettes et aux dépenses fiscales
........................................................
B- Présentation et analyse des données
d'enquête .................
1- Par rapport au problème spécifique
n°1...............................
2- Par rapport aux problèmes spécifiques n°2
et n°3..................
Paragraphe 2 : Vérification des
hypothèses et Eléments de
diagnostic.............................................................................
I- Vérification des
hypothèses...................................................
A- Degré de vérification de l'hypothèse
spécifique n°1............
B- Degré de vérification des hypothèses
spécifiques n° 2 et n°3..
1- Degré de vérification de l'hypothèse
spécifique n°2..............
2- Degré de vérification de l'hypothèse
spécifique n°3............
II- Synthèse du diagnostic
......................................................
A- Eléments de diagnostic liés au problème
spécifique n° 1........
B- Eléments de diagnostic liés aux problèmes
spécifiques n° 2 et n°3
.................................................................................
CHAPITRE DEUXIEME : APPROCHES DE SOLUTIONS ET
CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE
.................................................................
SECTION 1 : APPROCHES DE SOLUTIONS
....................................
Paragraphe 1 : Approches de solution au
problème de la forte progression du coût des dépenses
fiscales ...............................
Paragraphe 2 : Approches de solutions aux
problèmes spécifiques n°2 et
n°3.............................................................
SECTION 2 : CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DES
SOLUTIONS PROPOSEES
...........................................................................
Paragraphe 1 : Recommandations à l'endroit de
l'Etat et des contribuables
........................................................................
I- Recommandations à l'endroit de l'administration et du
parlement :............................................................................
II-Recommandation a l'endroit des contribuables
...................................
Paragraphe 2 : Plaidoyer pour un système
fiscal optimal, économiquement neutre et rentable
......................................
CONCLUSION
........................................................................
BIBLIOGRAPHIE
.....................................................................
ANNEXES
..............................................................................
TABLE DES
MATIERES...............................................................
|
I
II
III
IV
V
VI
VII
IX
XI
1
5
6
6
6
6
6
7
8
8
9
10
10
11
12
20
20
21
21
21
22
23
25
26
26
28
31
32
32
32
32
33
33
34
34
35
36
39
39
40
42
42
43
44
45
45
45
45
46
46
46
47
47
47
48
48
48
48
49
49
50
50
52
54
54
54
55
55
56
57
57
58
60
61
61
62
64
64
64
65
65
67
70
73
81
|
* 1 La Recette des Douanes
Cotonou-Port est également impliquée en ce qui concerne les
crédits douaniers
* 2 Exonérations
concernant les missions diplomatiques et assimilées, les entreprises
bénéficiaires des dispositions du code des investissements, les
sociétés conventionnées, les dons faits à l'Etat
béninois, aux missions religieuses pour l'exercice du culte, aux
écoles d'enseignement reconnues par l'Etat, les importations
d'équipements militaires ou paramilitaires et autres n'ayant aucun
caractère commercial, et entrant dans le champ d'application de
l'article 1er nouveau ter du Code des Douanes.
* 3 Pour calculer cet indice,
nous avons d'abord déterminé les indices
élémentaires d'une année à l'autre avant
d'appliquer la règle statistique de la circularité des indices
simples, soit I 2009/2005= I 2006/2005 * I
2007/2006 * I 2008/2007 * I 2009/2008
* 4 L'efficacité de la
mesure d'exonération des investissements immobiliers est
contestée par certains cadres sur la base de l'importance des pertes de
recettes qu'ont engendrées les villas CEN-SAD. Nous nous contentons ici
d'exposer les conclusions d'un rapport officiel.
* 5 Toutefois, signalons
que selon des études du FMI, l'incertitude liée à
l'efficacité des dépenses fiscales résulte du fait que,
parmi les facteurs qui influencent la décision de l'investisseur, le
facteur fiscal est moins déterminant que par exemple, la qualification
de la main d'oeuvre et sa rentabilité, la taille du marché,
l'infrastructure, la stabilité politique et la transparence du
système. Aussi, les distorsions concurrentielles proviennent-elles des
marges bénéficiaires supplémentaires et des avantages de
prix qu'ont les entreprises privilégiées et qui nuisent
à l'équité et au fonctionnement normal de la
concurrence.
* 6 Les chiffres inscrits dans
ce tableau représentent les exonérations accordées et
effectivement consommés. Ils diffèrent donc de ceux du tableau
n°1 qui représentent les exonérations accordées par
la MFRE.
|