UNIVERSITE GASTON BERGER DE
SAINT-LOUIS
UFR LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
SECTION : SOCIOLOGIE
Module : Développement
Thème : Genre et
développement
Sujet : Analyse des relations entre les
femmes et les autres acteurs dans la chaine de valeur du poulpe à Pointe
Sarène, Nianing et Mbour.
Présenté par :
Sous la direction de :
Daba NDIONE
Pr Gora
Mbodj
Professeur Titulaire à l'U.G.B
Avec le concours du Réseau sur les politiques de
pêche en Afrique de l'ouest (REPAO)
Année académique 2007/2008
DEDICACES
Ce travail est dédié à :
Ø Notre cher père Alioune Ndione pour
l'éducation qu'il nous a donnée, son amour et son
soutien ;
Ø Notre mère Soda Tine pour son amour et sa
tendresse ;
Ø Nos grands frères et soeurs Djiby, Ndeye
Ndew, Ndeye Fatou, Arame, Ibrahima et Assane ;
Ø Nos petits frères et soeurs Ablaye, Mansour,
Mariétou et awa, puisse ce travail vous servir de modèle de
référence dans la persévérance ;
Ø Nos homonymes : Daba Faye et bébé
Daba Ndione
Ø Nos cousins et cousines ;
Ø Notre famille de Sanar : Pauline, Nguni, Coumba,
Fina, Clarisse, François, Seynabou Sarr ;
Ø Aux membres du groupe de travail : Aîdara,
Senghor, Ibnou, Hady, Moussa, Khadia, Marie Tall, Sakho, Yaye Touti, Thierno
faye ;
Ø Nos chers amis Max, Marianne, Gnima, Pape ;
Ø Tout le personnel du REPAO ;
Ø Tous nos camarades de promotion.
REMERCIEMENTS
Nous rendons grâce à Allah le Tout Puissant et
son prophète (PSL).
Au terme de ce travail de recherche, qu'il nous soit permis de
remercier ceux qui nous ont aidés, encouragés, conseillés
et encadrés dans sa réalisation.
Nous voudrions adresser nos sincères remerciements
à :
Ø Pr Gora Mbodj pour son encadrement et pour tout son
appui. Merci d'avoir accepter de diriger ce travail malgré votre
indisponibilité et votre emploi du temps chargé ;
Ø L'ensemble du corps professoral de la section de
sociologie de l'Université Gaston berger de Saint-Louis ;
Ø M. Papa Gora Ndiaye coordonateur du REPAO pour nous
avoir offert l'opportunité de nous exercer dans un cadre
professionnel ;
Ø M. Moustapha Kébé économiste des
pêches et personne ressource au REPAO qui a bien voulu suivre avec
beaucoup d'intérêt et de disponibilité ce travail ;
Ø Toute l'équipe du REPAO (Betty Diouf, Ndiaga
Diop, Henriette Ramos, Siga Diop, André Bihibindi, Awa Gaye, Mata) pour
l'accueil chaleureux qu'ils nous ont réservé mais aussi pour le
bon climat de travail qui y règne ;
Ø Toute notre famille ;
Ø M.P pour son soutien infaillible
Ø Aux populations de Pointe Sarène, Nianing et
Mbour
Ø Toutes ces personnes qui de près ou de loin
ont apporté leur soutien à la réalisation de ce modeste
travail
LISTE DES ACRONYMES
ADPES : Association pour une dynamique
de progrès économique et social
AFD : Association Française de
développement
AFET : Association des femmes
transformatrices de Pointe Sarène
AJNID : Association des jeunes de Nianing
pour le développement
CGRH : Comité de gestion des
ressources halieutiques
CLP : Conseil local de pêche
CMS : Crédit mutuel du
Sénégal
CNCAS : Caisse nationale de crédit
agricole du Sénégal
CNCR : Conseil national de concertation
des ruraux
CNPS : Collectif national des
pêcheurs artisanaux du Sénégal
COOPEC-RESOPP : Coopérative
d'épargne et de crédit du RESOPP
CRODT : Centre de recherches
océanographiques de Dakar Thiaroye
FAO : Organisation des Nations Unis pour
l'alimentation et l'agriculture
FENAGIE : Fédération
national des GIE de pêche
DITP : Direction des industries de
transformation de la pêche
DPM : Direction des pêches
maritimes
GIE : Groupement d'intérêt
économique
GIRMAC : Gestion intégrée
des ressources marines et côtières
GTZ : Coopération Allemande
MECPROPEM : Mutuelle d'épargne et
de crédit pour la promotion de la pêche à Mbour
MSC : Marine stewardship council
NEPAD : Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique
ONG : Organisation non gouvernementale
PAMECAS : Partenariat pour la mobilisation
de l'épargne et du crédit au Sénégal
PADER : Programme d'appui au
développement rural
REPAO : Réseau sur les politiques
de pêche en Afrique de l'Ouest
RESOPP : Réseau des organisations
paysannes et pastorales du Sénégal
SDDR : Service départemental du
développement rural
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Figure 1 : Répartition ethnique de la population
de Nianing................................p31
Figure 2 : Répartition des activités
économiques dans le village de Nianing.............p31
Figure 3 : Répartition ethnique de la population
de Pointe Sarène........................p34
Figure 4 : Répartition de la population de Pointe
Sarène par âge et par sexe............p35
Figure 5 : Cartographie générale de la
chaine de valeur du poulpe..........................p46
Figure 6 : Répartition des acteurs dans la
pêche et la commercialisation du poulpe.......p52
Figure 7 : Accès des femmes de Nianing aux
structures de financement....................p57
Figure 8 : Matrice des relations des femmes et des autres
acteurs et services...............p57
Tableau 1 : Répartition des pêcheurs et
propriétaires de pirogues dans la zone de Mbour... p38
Tableau 2 : Répartition des mareyeurs dans les
sites étudiés...................................p38
SOMMAIRE
Introduction..........................................................................................p1
Première partie :
Approche théorique et
méthodologique
Chapitre I : Approche
théorique..................................................................p4
Chapitre II : Approche
méthodologique............................................................p16
Deuxième partie :
Présentation du cadre d'étude
Chapitre III : Présentation du REPAO
et du projet chaîne de valeur...........................p20
Chapitre IV : Présentation des sites
étudiés : Mbour, Nianing et Pointe
Sarène..............p26
Troisième partie :
Analyse et interprétation des données
d'enquête
Chapitre VI : Description de la chaine de
valeur du poulpe.....................................p37
Chapitre VII : Les relations entre les
différents acteurs de la chaine de valeur du poulpe..p47
Chapitre VIII : La place des femmes dans la
chaine de valeur du poulpe.....................p52
Conclusion
..............................................................................................p59
Bibliographie
...........................................................................................p61
INTRODUCTION
La problématique du genre et développement est
de nos jours au coeur des débats. En effet, les bailleurs de fonds, les
ONG et la communauté scientifique sont de plus en plus conscients du
rôle primordial des femmes dans la construction du développement
social et économique.
Dans le secteur de la pêche artisanale
sénégalaise, la question est récurrente et l'accent est
souvent mis sur le rôle important que les femmes ont toujours
joué dans le domaine de la transformation des produits halieutiques mais
aussi dans l'appui des autres acteurs de la filière
Dès lors, dans le cadre de ce travail de mémoire
de DEA, notre ambition de rendre compte des déterminants de la place des
femmes dans la chaîne de valeur du poulpe à Mbour, Pointe
Sarène et Nianing devient un sujet intéressant et rejoint les
préoccupations affirmées dans un contexte marqué par
l'impulsion de la parité et de l'implication effective des femmes dans
tous les secteurs de développement.
Notre souci ici n'est pas de faire le procès des
politiques dans le secteur de la pêche ni celui des acteurs de la dite
filière mais nous cherchons à appréhender les diverses
types de relations qui existent entre les femmes et les autres acteurs de la
chaîne et leur incidence sur les activités des femmes. Nous
proposons d'analyser les déterminants de la place des femmes dans la
chaîne de valeur en nous appuyant sur le projet
« chaîne de valeur » dans les sites de
Pointe Sarène, Nianing et Mbour.
Ainsi, cette étude s'inscrit dans le cadre d'un projet
de recherche-action mené par le Réseau sur les politiques de
pêche en Afrique de l'Ouest ( REPAO) portant sur l'analyse de la
chaîne de valeur du poulpe et les implications des schémas de
certification dans la zone de Mbour : Etude des cas de Pointe
Sarène et Nianing. Mais, nous avons mené des investigations
complémentaires pour approfondir la problématique du genre.
Les résultats de ce travail que nous avons mené
sont présentés en trois parties :
Ø La première partie est réservée
à l'inventaire théorique et méthodologique de la
recherche. La revue de la littérature et la démarche
adoptée y sont présentées.
Ø La deuxième partie est consacrée
à l'univers d'enquête traitant de la zone qui constitue notre
champ d'investigation et l'institution porteuse du projet.
Ø Dans la troisième partie, nous
procédons à l'analyse et à l'interprétation des
résultats de l'enquête.
Cette première partie relative au cadre
théorique et à la méthodologie sera structurée en
deux chapitres. Dans le premier, nous exposons les bases théoriques de
la présente étude. Il s'agit de la situation de la pêche et
des approches théoriques développées sur la chaîne
de valeur ainsi que les aspects genre (état de la question) afin
d'opérer un positionnement (position du problème). L'état
de la question et la position du problème constituent les
éléments de la problématique.
Le deuxième chapitre traite du protocole
expérimental de la recherche en retraçant l'histoire de la
collecte et les techniques de recherche des données.
Chapitre I : Approche théorique
Dans ce chapitre, nous allons présenter la
problématique de recherche avant d'exposer le modèle
d'analyse.
I.1. La problématique de recherche
Il est question ici d'exposer l'état de la question et
la position du problème puis de poser l'hypothèse de recherche.
I.1.1. Etat de la question
L'économie sénégalaise s'est pendant
longtemps appuyée sur les phosphates et l'arachide. Depuis la
sécheresse des années 1970 et la crise du secteur agricole qui a
suivi, la pêche est devenue le premier secteur de l'économie.
Composante essentielle du développement rural, il
s'agit d'une activité multifonctionnelle fortement
intégrée au reste de l'économie et de la
société sénégalaise. La pêche joue un
rôle stratégique en contribuant à la croissance de
l'économie nationale. Elle joue également un rôle capital
dans des domaines vitaux tels que la sécurité alimentaire, la
lutte contre la pauvreté, la création d'emplois, la
création de richesses et l'équilibre de la balance commerciale du
Sénégal.
La pêche est donc une source importante d'aliments pour
la population sénégalaise, assurant un emploi et des
bénéfices économiques à ceux qui la pratiquent.
Toutefois, avec l'enrichissement des connaissances et le développement
dynamique du secteur des pêches, les acteurs commencent à
comprendre que les ressources aquatiques, quoique renouvelables, ne sont pas
infinies et doivent être gérées correctement si l'on veut
maintenir leur contribution au bien-être nutritionnel, économique
et social de la population.
En effet, d'après les auteurs de la revue
« pêche et environnement »1(*), « malgré
son importance, le secteur de la pêche est confronté à de
graves déséquilibres socio-économiques et environnementaux
qui résultent de la surexploitation des ressources halieutiques et de
l'utilisation de certains modes d'exploitation
néfastes ». Il en découle des difficultés
d'approvisionnement des marchés locaux et une diminution de l'apport en
protéine des populations tributaires de la pêche. En outre, la
forte propension à l'exportation de produits halieutiques du secteur de
la pêche au Sénégal a conduit à une
réorientation de l'effort de pêche des espèces
consommées localement (pélagiques) vers les espèces
exportées (démersaux) qui ont une valeur commerciale plus
élevée.
C'est cette situation qui a conduit à une
surexploitation des espèces démersales côtières tout
en créant des tensions sur les prix des espèces consommées
localement. De plus, la surpêche induit un appauvrissement d'une majeure
partie de la population car la pêche constitue le principal moyen
d'existence des populations sénégalaises.
Ainsi, les réflexions menées au sein du Nouveau
partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), mettent en
évidence le besoin de consentir d'urgence « des
investissements stratégiques pour préserver la capacité
future du secteur halieutique à contribuer à la lutte contre la
pauvreté et au développement économique et social dans le
continent »2(*). Les domaines d'intervention concernent
l'amélioration de la gestion des stocks naturels de poissons, le
développement de la production en aquaculture et la mise en valeur du
commerce du poisson sur les marchés national, régional et
mondial.
Ces investissements doivent s'accompagner d'un renforcement
des capacités à l'échelle nationale et régionale
dans les domaines de la recherche, du transfert de technologie et de
l'élaboration et à la mise en oeuvre de politiques publiques.
C'est dans cette logique qu'une analyse de la chaîne de
valeur de la filière pêche artisanale se révèle
nécessaire afin d'exposer les réalités du secteur
post-capture (transformation et commercialisation des produits
pêchés) en identifiant les intervenants, les circuits et les flux
de produits, et en analysant la commercialisation, la transformation de ces
produits et leurs débouchés.
Si de nombreuses études de chaîne de valeur ont
déjà été menées dans le secteur agricole,
force est de constater que le domaine de la pêche fait figure de parent
pauvre. L'utilisation des outils traditionnels d'analyse de la chaîne de
valeur dans la pêche nécessite la prise en compte de certaines
spécificités du secteur. En effet, il existe de fortes
différences entre l'agriculture et la pêche, la première
activité utilisant les potentialités d'un milieu donné
pour cultiver de manière cyclique des végétaux, la seconde
s'apparentant davantage à la cueillette.
Dans la filière pêche artisanale au
Sénégal, les hommes ont l'exclusivité de la production
c'est-à-dire de la pêche alors que la participation des femmes est
limitée au segment post-capture.
L'implication de la femme dans les activités de
pêche artisanale fait d'elle une actrice incontournable du segment
post-capture. Sans conteste, il existe des inégalités entre les
femmes et les hommes en ce qui concerne l'accès aux ressources, aux
décisions et à l'information. Ces différences se
traduisent par exemple dans la commercialisation par des circuits très
courts pour les femmes. L'aspect genre sera donc abordé en identifiant
les écarts existants entre hommes et femmes.
Pour localiser les populations les plus pauvres dans la
chaîne, l'approche genre est fondamentale car bien souvent, dans le
secteur post-capture, les femmes sont confrontées à de plus
grandes difficultés d'accès au capital ou à certains
services en comparaison aux hommes.
Par ailleurs, depuis 1975 consacrée année de la
femme, par l'Organisation des Nations Unies (ONU), la place des femmes dans les
activités de développement a évolué au fil des
grandes conférences onusiennes3(*). Mais le slogan utilisé de « femme
dans le développement » a été critiquée
pour n'être tournée que vers une réponse aux besoins
pratiques et immédiats des femmes.
En 1995 la quatrième conférence des femmes de
l'ONU a marqué un tournant important. La plateforme d'action de
Pékin a demandé aux gouvernements de développer leurs
stratégies sur le genre, afin d'introduire celles-ci dans le courant
principal de leurs activités de développement. Cela implique que
les gouvernements s'engagent à intégrer la promotion de
l'égalité homme-femme dans l'ensemble des processus
d'élaboration des politiques et de la planification. Les gouvernements
doivent toujours avoir en vue comment aider les femmes à accéder
au pouvoir et à les aider à pouvoir faire leur propre choix. Le
changement de discours de la notion des femmes vers celle de genre dans la
coopération au développement implique la prise en compte des
rapports sociaux entre les sexes et l'accès désormais possible
des femmes mais qu'il fallait impliquer les hommes dans ce processus.
Le genre est à la fois un nouveau concept et une
nouvelle approche d'analyse et de construction sociales sous tendus par une
vision de développement durable et viable sur fond structurant de
justice sociale et d'égalité des sexes face aux
possibilités, opportunités et résultats divers et
multiformes dans tous les domaines et secteurs sociaux, économiques,
politiques, culturels, psychologiques, spirituels, etc.
Le genre se réfère aux différents
rôles, droits et responsabilités des hommes et des femmes et
à la relation entre eux. Le genre ne signifie pas simplement les femmes
ou les hommes, mais la façon par laquelle leurs qualités,
comportements, moyens et identités sont déterminés
à travers le processus de socialisation.
Le genre est généralement associé
à l'inégalité de pouvoir et d'accès aux choix et
aux ressources. Les rôles différents des hommes et des femmes sont
influencés par les réalités historiques, religieuses,
économiques et culturelles. Ces rôles et responsabilités
peuvent changer à travers le temps.
Dans ce contexte, l'analyse genre dans la chaîne de
valeur est un outil qui permet de mettre en valeur les besoins
éventuellement différents des femmes et des hommes (notamment en
termes d'accès et contrôle des ressources et services dans la
chaîne), les contraintes, les opportunités spécifiques et
les stratégies de survie respectives. Elle inclut et prend fortement en
compte les besoins spécifiques déterminés des deux sexes
en vue d'améliorer leurs conditions de vie et la prise en compte dans
tout le processus de leurs intérêts stratégiques
I.1.2 Le problème de
recherche
La recherche action sur l'analyse de la chaîne de valeur
du poulpe et des implications des schémas de certification menée
par le Réseau sur les politiques de pêche en Afrique de l'Ouest
(REPAO) au niveau de la Petite Côte a permis d'identifier les faiblesses
et contraintes majeures, et de mettre en place des stratégies
d'amélioration de la chaîne sur la base des forces et
opportunités. Cette étude est menée au moment où la
pêche fait face à une crise marquée par la
raréfaction des ressources halieutiques et des difficultés de
plus en plus accrues pour l'accès aux marchés. En effet, le
Sénégal comme beaucoup de pays en développement
éprouvent encore des difficultés à satisfaire les
exigences imposées pour l'accès aux marchés des pays
développés. Particulièrement, les produits de la
pêche artisanale, important en valeur dans les exportations, sont
aujourd'hui menacés d'exclusion sur les marchés de l'Union
Européenne -UE (principale destination), par défaut de
conformité aux normes de plus en plus strictes d'hygiène, de
qualité et de traçabilité.
Cette recherche est consacrée à la pêche
du poulpe qui est une espèce à forte valeur marchande et
destinée principalement à l'exportation.
Cette étude est motivée par les
inégalités existantes dans la chaîne de valeur et les
interrogations que suscitent les relations entre les différents groupes
d'acteurs qui y évoluent.
Ainsi donc, cette recherche action est un point de
départ pour tout chercheur qui s'intéresse à
l'étude de la chaîne de valeur dans le secteur de la pêche
car elle a posé les jalons avec la catégorisation des acteurs
selon le niveau de pauvreté ou de vulnérabilité, mais
aussi et surtout a fait ressortir les inégalités de genre et de
pouvoir entre les acteurs de la chaîne.
C'est dans cette logique que nous avons choisi ce thème
portant sur la place des femmes dans la chaîne de valeur du poulpe.
Piliers de l'économie familiale, les femmes occupent
une place prépondérante dans la filière pêche entre
le pêcheur et le consommateur. Elles interviennent dans la transformation
et le mareyage. Leur rôle dans ce secteur a été
qualifié de "primordial" à l'occasion du 3ème
congrès du Collectif national des pêcheurs artisanaux du
Sénégal (CNPS) tenu en mars 1998. Dans cette lancée, Aliou
Sall et alii4(*) nous
apprennent : « les femmes ont acquis une
notoriété et un certain pouvoir au fil du temps qui leur ont
conféré un certain statut social au sein des communautés
de pêcheurs ». Ceci peut être expliqué par
leur rôle prépondérant dans le préfinancement des
activités de pêche, à partir des bénéfices
tirés de la commercialisation des produits mais aussi des fonds
provenant des systèmes alternatifs d'épargne telles que les
tontines.
Par rapport à la chaîne de valeur du poulpe, la
réalité est tout autre. En effet, le rôle des femmes y est
marginal par rapport aux autres pêcheries. Ainsi, dans le cadre de ce
projet, les enquêtes exploratoires nous ont permis de remarquer que dans
la plupart des sites, les femmes occupent une place très faible voire
inexistante dans la chaîne de valeur du poulpe alors qu'elles sont
très dynamiques dans le domaine de la transformation des autres produits
halieutiques. Ainsi, tantôt elles se limitent au
« terral 5(*)» (Pointe Sarène), tantôt c'est un
nombre négligeable qui s'active dans la chaîne (Nianing), et
parfois elles sont très actives et dynamiques et détiennent
même un grand pouvoir (Mbour).
C'est ainsi que nous cherchons à savoir quels sont les
facteurs qui déterminent la place des femmes dans la chaîne de
valeur du poulpe dans les trois sites (Pointe Sarène, Nianing et
Mbour) ?
Chaque site ayant ses spécificités, il sera
intéressant d'étudier les déterminants de la place des
femmes par site mais aussi de faire une étude comparative entre les
différents sites.
Question de recherche : Quels sont les
facteurs qui déterminent la place des femmes dans la chaîne de
valeur du poulpe à Pointe Sarène, Nianing et Mbour ?
I.2 Objectifs de la recherche
I.2.1 Objectif Général
Cette recherche est une occasion d'analyser la place des
femmes dans la chaîne de valeur du poulpe à Pointe Sarène,
Nianing et Mbour.
I.2.2 Objectifs Spécifiques
Les objectifs spécifiques permettent de répondre
à la question de recherche et d'atteindre l'objectif
général de l'étude. Ils se déclinent comme
suit :
v Comprendre la dynamique et le fonctionnement de la
chaîne de valeur du poulpe ;
v Analyser les relations entre les femmes et les autres
acteurs de la filière ;
v Exposer les stratégies des femmes pour se
repositionner et gagner davantage de place dans la chaine de valeur du
poulpe.
I.3 Délimitation du champ d'investigation
Dans cette recherche, notre cadre d'étude reste le
même que celui du projet « chaîne de valeur »
à savoir Pointe Sarène, Nianing et Mbour pour différentes
raisons :
· D'abord, ces trois sites présentent des
différences nettes en ce qui concerne la place des femmes dans la
chaîne. Ainsi, il sera intéressant d'étudier ces
différences en articulation avec les types de relation qu'entretiennent
les femmes avec les autres acteurs dans chaque site.
· Ensuite, les sites sont des cadres géographiques
d'étude, mais il reste entendu que ce sont les groupements de femmes et
les autres sous groupes d'acteurs (pêcheurs, mareyeurs) ainsi que
certaines institutions impliquées dans le projet qui constituent nos
unités d'observation.
En outre, une analyse de la chaîne de valeur suppose la
prise en compte de tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne
(pêcheurs, mareyeurs, usiniers, importateurs, consommateurs). Cependant,
nous avons limité cette recherche sur les principaux acteurs des
localités à savoir, les pêcheurs, les mareyeurs et
certaines institutions car à notre avis, il n'est pas nécessaire
d'accéder à un niveau plus élevé pour
appréhender la place des femmes dans la chaîne ; même
si le projet en tant que tel a intégré les autres acteurs
à savoir les importateurs dans l'étude.
I.4 Intérêt du sujet
Les recherches en sociologie du développement ont
toujours besoin d'un recyclage des concepts en les confrontant aux
expériences de développement. Tel est le sens premier que nous
comptons imprimer à ce travail. L'intérêt qu'il suscite est
à situer cependant par rapport aux nouvelles pratiques en
développement qui constituent son objet. En effet, l'objet concret
qu'est le projet chaîne de valeur constitue une nouvelle
façon de faire et à ce jour les recherches n'ont pas
dévoilé leurs potentialités, leurs pertinences ou leurs
limites. Egalement, des concepts semblent faire le comble des projets de
développement qu'il est devenu nécessaire d'étudier les
enjeux qu'ils véhiculent et les promesses qu'ils permettent de
concrétiser. Le genre, la place des femmes constituent autant de
concepts que les promoteurs des projets de développement scandent
vigoureusement et que nous comptons mettre à l'épreuve des faits
en partant du projet chaîne de valeur.
En outre, l'importance de cette étude en sociologie du
développement réside dans le fait qu'elle s'intéresse aux
acteurs vulnérables que sont les femmes, aux énergies
créatrices qu'elles potentialisent et qu'elles sont susceptibles de
mettre à profit si les conditions sont favorables.
I.5 Hypothèse de recherche
L'hypothèse retenue dans cette étude est la
suivante : Les types de relations sociales culturelles,
économiques...qu'entretiennent les femmes avec les autres acteurs
déterminent leur place dans la chaîne de valeur.
I.6 La construction du modèle
d'analyse
La construction du modèle d'analyse consiste en des
opérations de clarifications des concepts utilisés, de
définitions d'un cadre opératoire et d'exposition du
modèle d'analyse.
I.6.1 Eclairage conceptuel
Les concepts qu'il convient d'éclairer sont :
type de relation, place des femmes et chaîne de valeur.
v Type de relation
Le type de relation définit la nature des liens entre
des personnes ou services. Cette relation prend différentes formes
suivant les réalités et les acteurs concernés. Dans ce cas
précis, ce sont les relations de type culturel, social et
économique qui nous intéressent. Aussi, nous mettrons surtout
l'accent sur les types de relations qu'entretiennent les femmes avec les autres
acteurs de la chaîne.
v Place des femmes
La place des femmes est un concept très large et
très utilisé de nos jours pour mettre en exergue le rang ou la
position des femmes dans un domaine donné. En effet, de plus en plus on
parle de la place des femmes dans la science, la place des femmes dans le
développement etc. car très souvent les femmes occupent des
places secondaires par rapport aux hommes. Cependant, sur plusieurs questions,
les barrières semblent construites par les femmes elles-mêmes et
surtout par la société. Ces arguments sont à nos yeux
complémentaires et montrent le rôle clé de la
socialisation, c'est-à-dire la place qui leur est assignée dans
la société et par la société dans les choix des
activités à mener. Aussi, est-il intéressant de noter que
la notion de place ne se résume pas au nombre mais doit intégrer
le contenu et les conditions de travail des femmes.
C'est dans cette perspective que s'inscrit le
socio-anthropologue Alioune Sall6(*) quand il
affirme : « Même si les technologies nouvelles
ont allégé la tâche des femmes travailleuses de la
pêche et qu'elles en ont tiré profit elles n'ont jamais pu jouer
un rôle de premier plan dans la pêche, et ce non par manque de
capacités physique mais à cause d'autres facteurs sociaux et
culturels qui ont contribué à leur mise à
l'écart ».
Ainsi, s'il est évident que les femmes des
communautés de pêche sont impliquées dans toutes les
opérations liées à la pêche, que ce soit dans les
préparatifs, pendant la pêche ou après, leurs espaces au
sens de la filière sont en train de changer ou de disparaître
suite au processus de la globalisation car souvent elles ne s'impliquent pas
dans l'exportation des produits halieutiques. Leurs activités se
résument donc à la transformation et la commercialisation
à l'échelle nationale et tout au plus sous-régionale.
v Chaîne de valeur
Une chaîne est une séquence d'organisations qui
sont impliquées dans des activités de production
consécutives.
Une valeur est le profit/bénéfice,
c'est-à-dire la différence entre la valeur finale et les
coûts des activités.
La chaîne de valeur est donc l'ensemble des
activités nécessaires pour finaliser un produit ou service de la
conception jusqu'à la production et consommation à travers les
différentes phases.
La chaîne de valeur est un concept introduit dans la
littérature par Michael Porter dans son ouvrage
« l'avantage concurrentiel »7(*). Il le préconisait pour
aider l'entreprise à décomposer son activité en
séquence d'opérations élémentaires et d'identifier
les sources d'avantages concurrentiels. La façon dont l'entreprise
maîtrise chaque activité détermine les coûts de
production et de vente, la contribution à la satisfaction des besoins
des clients et par conséquent la différenciation par rapport
à ses concurrents. Cette décomposition une fois
réalisée, permettrait à l'entreprise qui désire
augmenter sa performance globale en renforçant chaque maillon et les
liaisons entre les maillons.
Certains organismes gouvernementaux, non gouvernementaux ou
internationaux souhaitant optimiser leurs interventions notamment dans les
secteurs productifs ont adopté cette approche. On peut citer l'exemple
de la FAO.
Pour cette dernière, la chaîne de valeur est une
série d'activités qui ajoutent de la valeur à un produit
final, depuis la production, suivie de la transformation ou encore
l'élaboration du produit final. Elle accorde elle aussi, une importance
particulière aux liens d'interdépendances entre les
différents acteurs qu'elle considère avec la confirmation de la
demande pour le produit final comme une garantie de marché aux
producteurs, aux transformateurs de denrées agricoles et à leurs
produits. L'approche par la valeur ajoutée permet donc d'avoir une vue
d'ensemble sur le fonctionnement d'un secteur d'activités et
d'identifier les stratégies à adopter pour son
amélioration qui peut se traduire par une meilleure répartition
de la valeur ajoutée ou une augmentation de celle-ci.
L'analyse de la chaîne de valeur est ainsi un point
d'entrée pour arriver à comprendre entre autres la distribution
de la valeur ajoutée entre les différents acteurs le long de la
chaîne mais aussi la dynamique de la chaîne à savoir
l'organisation des acteurs et les relations qu'ils entretiennent...
Dans le cadre de cette étude, elle permet d'identifier
les différentes acteurs qui s'activent dans le poulpe (du pêcheur
aux exportateurs en passant par les acteurs connexes, les institutions...), de
connaître leur place, leur niveau de pouvoir et d'influence.
I.6.2 Le modèle d'analyse
La complexité et les différents angles de cette
recherche que nous nous sommes proposé de mener font appel à
plusieurs programmes de recherches. Par rapport à la place des femmes
dans la chaîne de valeur, il est important de rassembler des informations
sur la dynamique de la chaîne de valeur du poulpe dans les
différents sites et les stratégies développées par
ces dernières pour gagner de la place dans la chaîne. Il serait
aussi intéressant de saisir le sens que les femmes assignent à
leur implication ou marginalisation de la chaîne.
C'est ainsi que nous ferons appel aux schèmes causal et
actanciel pour mieux cerner notre objet d'étude.
· Le schème causal
La formule mathématique du schème est la
suivante : A B (B=F (A))
Cette formule signifie que B dépend de A selon une
relation telle que, dans l'absolu, c'est-à-dire dans une situation
où A serait la cause de B, l'on ne puisse avoir B sans A et qu'à
toute variation de A corresponde une variation de B. (...).
L'élément A est conçu comme nécessairement
antérieur chronologiquement ou logiquement à
l'élément B.8(*)
Il s'agit pour nous de voir les variations entre A et B.
Autrement dit, comment les types de relations qu'entretiennent les femmes et
les autres acteurs agissent sur leur place dans la chaîne. Nous
considérons la variable A comme étant les types de relations et
la variable B comme la place des femmes dans la chaîne.
Toutefois, le schème causal, nous permet de voir les
variations fonctionnelles entre A et B et non les réalisations
collectives. La problématique du genre n'étant pas individuelle
mais collective, il importe d'étudier la structure que forment les
différents acteurs impliqués dans la chaîne de valeur du
poulpe. Ainsi, on met en relief les actions collectives. Le schème
actanciel permet de les étudier.
· Le schème actanciel
Sa formule logique se présente comme suit : (A
ñ B)= (B S, S {?a??e} ?B?S
Ce schème, selon Jean-Michel Berthelot, s'exprime dans
l'ensemble symbolique ?a??e ; le premier terme désigne un ensemble
d'acteurs et le second un ensemble d'effets de leurs actions. Le
phénomène B qui est étudié est censé
être la résultante du comportement des acteurs qui sont
impliqués. Ces derniers sont intégrés dans un contexte
qualifié de systèmes d'actions symbolisées par la lettre
S. L'effet de masse qui résulte de B exerce en retour une action sur le
système.
Appliquée à notre étude, cette formule
donne :
A : les relations entre les femmes et
les autres acteurs de la chaîne
B : la place des femmes dans la
chaîne
?a : les acteurs de la chaîne de
valeur du poulpe
?e : le projet chaîne de valeur
S : l'intervention du REPAO à
Mbour, Nianing et Pointe Sarène
Ainsi, ce schème en tant que modèle explicatif
qui met l'acteur au coeur de l'analyse permet d'explorer les relations entre
les acteurs en partant des stratégies que les acteurs développent
afin de se positionner dans la chaîne.
Dans notre étude, il s'agira d'analyser cette
configuration afin de présenter les réalités et les
stratégies qui favorisent ou limitent le positionnement des femmes dans
la chaîne de valeur du poulpe.
Toutefois, le modèle d'analyse doit être
sous-tendu d'une méthodologie rigoureuse.
Chapitre II : Approche
méthodologique
Dans cette partie, il sera question de présenter les
voies et moyens ayant permis d'aboutir aux résultats de ce
précédent travail. Nous exposerons d'abord le protocole
expérimental de la recherche (l'histoire de la collecte) et ensuite les
principes méthodologiques qui ont prédéterminé le
choix des unités d'observation et les instruments de la collecte dans le
processus de construction du corpus empirique (les techniques
utilisées).
II.1 L'histoire de la collecte
Cette partie concerne le protocole de recherche comportant la
recherche documentaire, les entretiens exploratoires et l'enquête
proprement dite.
II.1.1 La recherche
documentaire
La revue documentaire s'est faite auprès des
bibliothèques du REPAO, du Centre de recherches océanographiques
de Dakar Thiaroye (CRODT), de la Direction des pêches maritimes (DPM),
des services régionaux et départementaux des pêches, de
l'Université Gaston Berger de Saint-Louis et des centres de
documentation de la dite structure. Cette revue documentaire a permis de faire
un état des connaissances sur le contexte de la pêche au
Sénégal, les études réalisées sur le poulpe,
le profil de pauvreté des sites étudiés,
l'évolution des débarquements de poulpe au niveau national,
départemental et communautaire.
La recherche documentaire ne s'est pas déroulée
sans difficultés. En effet, il est important de noter que peu
d'études ont été effectuées sur le poulpe et
certaines informations ont été d'accès difficile.
II.1.2 Les entretiens exploratoires
Ils ont été effectués avec les personnes
ressources en l'occurrence des responsables des institutions comme le service
des pêches et des sous-groupes d'acteurs à savoir les
pêcheurs et les mareyeurs. Ces derniers ont été
consultés car ils sont mieux placés pour nous fournir des
informations précises sur les acteurs de la chaîne du poulpe et
leurs activités.
Les rencontres ont été tenues dans les locaux du
service des pêches de Mbour, au quai de pêche de Pointe
Sarène et celui de Nianing.
L'enjeu fondamental de ces rencontres n'était pas de
recueillir des informations à valider, mais d'avoir une plus grande
visibilité de la chaîne de valeur du poulpe par les acteurs des
sites à étudier. Ainsi, ces entretiens ont permis de recueillir
des informations ponctuelles sur l'objet de recherche et par conséquent
d'avoir une idée plus claire sur les techniques d'investigation les plus
adaptées pour l'étude.
II.1.3 L'enquête
Elle est un moment de recueil des informations susceptibles de
nous renseigner sur les acteurs, les pratiques sociales, leurs
stratégies d'action afin de rendre intelligible l'objet de la recherche.
Elle s'est effectuée sur la base de techniques
sélectionnées et a reposé sur des opérations
méthodiquement menées.
II.2 Les techniques de recherche
Des entretiens avec les sous-groupes d'acteurs et les
institutions ont été tenus dans les trois sites Pointe
Sarène (du 3 au 5 Juillet 2008), Nianing (du 11 au 13 juillet 2008) et
Mbour (du 24 au 26 Juillet 2008).
L'idée maîtresse qui a guidé ces
entretiens était de comprendre la perception des acteurs sur la
chaîne de valeur du poulpe et la certification. Les rencontres avec les
groupes de pêcheurs et mareyeurs ont été effectuées
sur la plage avec les groupes concernés. Les entretiens se sont tenus en
focus groupe avec en moyenne 10 personnes par groupe.
L'administration du guide était menée de
façon semi-directive. En effet, l'intervention se limitait après
l'introduction d'un thème à faire des relances ou à
demander des clarifications sur des points pas clairs afin de susciter la
participation de tous les acteurs.
Différents thèmes ont été
abordés avec eux parmi lesquels la production et la commercialisation du
poulpe, les relations avec les autres acteurs de la chaîne de valeur du
poulpe, les services d'appui ... La durée des rencontres ne
dépassait pas 2 heures de peur de susciter un
désintéressement de la part des interviewés.
Les entretiens avec les institutions se sont
déroulés dans les locaux des structures.
Pour l'analyse des relations de genre dans la chaîne de
valeur du poulpe, des rencontres ont été tenues à Pointe
Sarène et Nianing respectivement le 27 et 28 Août 2008. Cet outil
s'est déroulé au niveau des communautés avec une
participation massive des femmes.
L'analyse genre a permis d'identifier les enjeux genre en
termes de fonctionnement dans la chaîne, l'accès et le
contrôle des services par les femmes. Elle a également permis aux
femmes membres des groupements de comprendre leurs forces et faiblesses dans la
chaîne et de vérifier les relations entre leurs Organisations
communautaires de base (OCB) et les structures chargées de la gestion
des ressources halieutiques.
II.2.3 L'observation sociologique
désengagée
L'utilisation de l'observation pour nous est
intéressante car certaines données peuvent difficilement
être obtenues autrement que par l'observation. C'est donc une
méthode complémentaire de collecte de données au cas
où les sujets à l'étude auraient de bonnes raisons de
modifier leurs comportements ou leurs réponses en face de l'interviewer.
Le type d'observation que nous avons privilégié est l'observation
sociologique désengagée. Celle-ci suppose une immersion sans
implication de l'enquêteur dans la situation observée en vue
d'acquérir des informations pertinentes sur l'objet de recherche.
Dans cette présente étude, cette technique s'est
manifestée par une présence dans les réunions entre les
différents acteurs mais aussi sur les plages lors des
débarquements de pirogue.
II.2.4 L'observation indirecte ou
documentaire
C'est une technique qui consiste à rassembler les
rapports et autres documents sur le projet susceptibles de nous fournir des
informations sur notre sujet mais aussi des archives utiles pour la
compréhension du milieu et du vécu quotidien de la population
concernée par l'étude.
C'est ainsi que des études portant sur la pêche
et la zone d'étude collectées dans les différentes
bibliothèques visitées mais aussi les rapports du projet nous ont
été d'une grande utilité.
Le cadre d'étude du mémoire sera
présenté dans cette seconde partie qui comporte deux chapitres
répartis comme suit :
- Présentation du REPAO en tant que structure
d'accueil et du projet chaîne de valeur du poulpe;
- Présentation de la zone
d'étude comprenant trois sites (Mbour, Nianing et Pointe
Sarène) ;
Chapitre III : Présentation du
Réseau sur les politiques de pêche en Afrique de l'Ouest (REPAO)
et le projet chaine de valeur du poulpe
III.1 Présentation du REPAO
Le REPAO a pour ambition de constituer un vaste réseau
des acteurs de la pêche en Afrique de l'Ouest (pêcheurs artisans,
pêcheurs industriels, transformateurs, mareyeurs, instituions
gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales, partenaires au
développement etc.) qui adhèrent et partagent la vision
définie plus bas et acceptent de tendre vers des jeux à sommes
positives consistant à concilier la recherche de
compétitivité sur les marchés mondiaux, la satisfaction
des besoins alimentaires des populations et la conservation durable des
ressources halieutiques.
La constitution du REPAO en un réseau fort,
cohésif et représentatif répond aux besoins
suivants :
· Sur le plan politique, besoin de peser de tout son
poids dans la prise en compte des intérêts des acteurs de la
pêche tant au niveau national, sous régional qu'international.
· Sur le plan social, besoin d'affirmer le rôle des
collectifs d'acteurs de la pêche artisanale, notamment celui des femmes
dans une filière pêche dominée par des hommes ; de
conférer un statut juridique aux acteurs économiques
féminins - faire de leur profession une source-pouvoir entre les
concurrents mareyeurs et les professionnels de la pêche.
· Du point de vue normatif, besoin de renforcer les
capacités économiques de cette profession pour assurer le passage
progressif vers une économie durable et de valorisation de la
pêche artisanale.
· Du point de vue méthodologique, besoin d'adopter
les instruments et moyens du développement économique avec les
réalités sociales diverses des acteurs de la pêche et
promouvoir des exemples concrets et réalisables de politiques publiques
participées.
Le REPAO vise de nombreux objectifs à la fois
généraux, participatifs, de recherche et de formalisation et de
dialogue politique, pouvant être résumés comme
suit :
· Objectifs généraux
o Créer les conditions d'une dynamique régionale
dans la gestion des ressources ;
o Susciter et favoriser l'émergence de politiques
concertées des pêches sous-régionales conciliant trois
dimensions : valorisation commerciale, gestion durable,
sécurité alimentaire.
· Objectifs participatifs
o Favoriser l'élaboration de politiques
concertées et participées entre acteurs de la pêche ;
o Susciter la prise de conscience pour une gestion durable des
pêcheries ;
o Aider à la compréhension des contraintes et
trouver les moyens pour rendre effectives des réformes de
régulation entre acteurs.
· Objectifs de recherche
o Améliorer l'état des connaissances des
filières de la pêche en Afrique de l'Ouest et des nouveaux enjeux
auxquels doivent faire face les acteurs.
· Objectif de formalisation et de dialogue
politique
o Contribuer à une meilleure cohérence des
politiques dans le domaine des pêches, tant au niveau sectoriel, que
national et sous-régional.
III.1.1 Les orientations du REPAO
III.1.1.1 Le projet politique du REPAO
Le REPAO a une vision partagée du développement
de la pêche en Afrique de l'Ouest pouvant être libellée
comme suit :
« Une pêche durable gérée de
manière participative prenant en compte les aspirations et les droits
des communautés de pêche, contribuant significativement aux
économies nationales, soutenue par un engagement fort des Etats dans le
cadre d'une coopération sous régionale, pour garantir la
sécurité alimentaire, réduire la pauvreté par une
bonne pratique du commerce et restaurer les pêcheries ».
III.1.1.2. Les missions
Le REPAO fera de la pêche un des leviers de lutte contre
la pauvreté pour les communautés de base dans une perspective de
mieux contribuer au développement durable. Ainsi, il favorisera
l'émergence de politiques de pêche concertées et
participatives, avec des acteurs disposant de suffisamment de capacités.
Le réseau apportera plus de cohérence entre les marchés,
les systèmes de production et la préservation des ressources
halieutiques aux échelles locale, nationale, régionale et
internationale.
III.1.1.3 Les axes d'intervention
Les interventions du REPAO sont regroupées en cinq
grands axes.
1- Appui à la cogestion et à la
gouvernance
Cet axe d'intervention revêt tout son sens avec les
besoins de participation des acteurs dans le processus de régulation des
activités de pêche et également avec la
nécessité de promouvoir la transparence et l'éthique dans
les relations entre acteurs. L'appui à la cogestion et à la
gouvernance des pêches va permettre au REPAO de promouvoir dans les pays
de la sous-région des espaces de concertation et de régulation
à toutes les échelles. Il s'agit par exemple au
Sénégal des conseils locaux de pêche et des cadres de
concertation sur la réglementation des pêches.
2- Promotion de politiques cohérentes et
durables dans le domaine de la pêche
La cohérence des politiques dans le domaine de la
pêche est aujourd'hui un enjeu de taille en Afrique de l'Ouest. En
effet, l'absence de cohérence dans les politiques mises en oeuvre par
les Etats contribue aux contradictions souvent notées dans les
orientations sectorielles (par exemple politique de pêche, politique de
commerce et politique de l'environnement), et aussi entre les politiques
nationales et les politiques régionales. Ainsi, pour la pêche en
Afrique de l'Ouest, le REPAO a identifié trois
priorités :
· Cohérence des politiques sectorielles de
pêche au niveau des pays ;
· Cohérence des politiques sectorielles nationales
avec la politique de pêche ;
· Cohérence des politiques nationales de
pêche dans la sous-région.
3- Renforcement des capacités des
organisations professionnelles de pêche artisanale et leur mise en
réseau.
Il s'agit du renforcement des capacités techniques,
politiques et organisationnelles des organisations professionnelles de la
pêche artisanale en Afrique de l'Ouest. Cet axe regroupe plusieurs sous
axes qui peuvent être résumés comme suit :
· Renforcement des capacités de
négociation ;
· Appui des professionnels pour le respect des normes
sanitaires et d'hygiène pour les produits halieutiques ;
· Renforcement de leurs capacités de lobbying et
de plaidoyer ;
· Mise en réseau ou renforcement des
réseaux existants.
4- Appui à la valorisation des produits
halieutiques
Devant des stocks halieutiques en déclin et face
à des perspectives de marché peu claires, il faudrait que les
producteurs mettent l'accent sur la recherche de valeur ajoutée comme
alternative viable à l'exportation en l'état de produits
halieutiques notamment sur le marché européen.
5- Appui au commerce responsable, durable et
équitable
Appuyer les acteurs pour un commerce responsable, durable et
équitable, c'est les encourager à avoir des pratiques de
pêche responsable et durable de telle sorte que les produits halieutiques
qui sont proposés au commerce puissent être
étiquetés voire écolabellisés.
III.2 Présentation du
projet « chaîne de valeur »
· Rappel du contexte et des objectifs de la
recherche action
Le secteur de la pêche sénégalaise reste
confronté à de sérieux problèmes avec notamment une
surexploitation des ressources démersales côtières, une
surcapacité de pêche nationale, une demande de produits
halieutiques en hausse au moment où le consommateur devient de plus en
plus exigeant sur le caractère écologique des produits. Cette
nouvelle exigence a suscité un certain nombre de questions pour la
pêcherie de poulpe orientée exclusivement vers l'exportation et
donc génératrice de revenus aussi bien pour l'Etat que pour les
opérateurs privés. Ces questions de recherche sont les
suivantes :
· Comment se présente la chaîne de valeur du
poulpe ?
· Quelles sont les contraintes d'ajouter de la valeur
dans la chaîne de valeur du poulpe pour la rendre favorable aux pauvres
et sensible au genre ?
· Quelles sont les opportunités
d'upgrading' (amélioration) ?
· Est-ce que la certification est une stratégie
valable d'upgrading' favorables aux pauvres ?
· Quels sont les impacts de la certification sur la
chaîne de valeur du poulpe ?
· Est-ce qu'on peut orienter la certification vers les
aspects sociaux en complément de la prise en compte des aspects
environnementaux ?
Eu égard au contexte actuel, le projet s'est
fixé comme objectif de promouvoir une approche qui permet
l'amélioration de la chaîne de valeur du poulpe (upgrading) en
prenant en compte les aspects pauvreté et genre.
La recherche action permettra d'apporter des
éléments de clarification concernant les implications
éventuelles de l'éco-labellisation par rapport à la lutte
contre la pauvreté dans la chaîne de valeur. Ces implications
découlent des liens existants entre les différents acteurs
d'où l'intérêt pour le projet de veiller à la
cohérence entre cette recherche action et les autres initiatives au
Sénégal sur l'éco-labellisation et la gestion rationnelle
des ressources halieutiques particulièrement celles
développées par la Banque Mondiale à travers le programme
Gestion intégrée des ressources marines et côtières
(GIRMaC), la GTZ, les différents organismes de certification (MSC, Fair
Fish, Naturland, etc.) afin d'augmenter les chances de réussite de
l'éco-labellisation au Sénégal.
C'est dans cet esprit que les villages de Pointe Sarène
et Nianing ont été retenus comme sites pilotes du projet. En
effet, ces sites sont en avance par rapport aux autres en matière
d'organisation des pêcheurs ; les populations participent activement
dans la gestion rationnelle des ressources halieutiques à travers
l'instauration d'un repos biologique et d'autres initiatives locales. . A cet
effet, un Comité de gestion des ressources halieutiques a
été mis en place dans chacun des deux villages avec la
participation des différentes parties prenantes.
Chapitre IV : Présentation des sites
étudiés : Mbour, Nianing et Pointe Sarène
IV.1 La commune de Mbour
IV.1.1 Généralités
Située à 83 km au sud de Dakar, la commune de
Mbour, créée par arrêté général le 04
décembre 1926, constitue le chef-lieu de département du
même nom. Elle est située à 73 km au sud ouest de
Thiès capital de la région. Elle est le principal centre urbain
de la Petite Côte qui désigne la portion du littoral comprise
entre la presqu'île du Cap Vert et l'embouchure du Saloum.
La commune est ceinturée au nord, à l'est et au
sud par la communauté rurale de Malicounda alors que sa frange ouest est
longée par l'océan Atlantique.
Sa localisation en bordure de mer lui confère de
nombreux atouts physiques qui offrent nombre de potentialités pour les
activités comme la pêche, le tourisme qui sont à l'origine
du dynamisme économique de la ville.
Cette position de carrefour et d'atouts économiques
basés sur le tourisme et la pêche, ont fait de Mbour un pôle
d'attraction pour les populations issues des différentes régions
du Sénégal, particulièrement les régions composant
l'ancien bassin arachidier sénégalais. Les populations
sénégalaises ne sont pas les seules à affluer sur Mbour.
En effet, beaucoup d'Africains de la sous-région et un nombre de plus en
plus élevé d'Européens s'y installent.
C'est ainsi que sur le plan humain, Mbour constitue un
véritable brassage ethnique. On y retrouve presque tous les groupes
ethniques du Sénégal des Maliens des Guinéens et des
Européens. Aux quartiers anciens qui se singularisent par un groupe
ethnique ou social donné (Mbour toucouleur, Mbour sérère,
etc.), s'opposent les nouveaux quartiers marqués par une
hétérogénéité ethnique (Grand Mbour,
Médine, etc.).
IV.1.2 Les activités
économiques
A l'image de l'économie nationale, l'économie
à Mbour est tirée essentiellement par deux locomotives : la
pêche et le tourisme. Ces deux activités sont à la base de
la croissance démographique de la ville mais également du
développement d'activités économiques tels que le
commerce, le transport et l'artisanat. Ce faisant, des activités
traditionnelles comme l'agriculture et l'élevage ont été
reléguées au second plan sans disparaître pour autant
puisqu'elles contribuent à la prise en compte des besoins alimentaires
d'anciens agriculteurs reconvertis dans les différents secteurs
d'activités énumérées ci-dessus.
IV.1.2.1 La pêche
Grâce à un plateau continental très riche
en biomasse et un espace littoral poissonneux et protégé par la
houle, Mbour va asseoir une partie non négligeable de son
économie sur la pêche.
Contrairement au tourisme et à l'agriculture, cette
activité se pratique toute l'année avec cependant des pics dans
la production surtout durant les mois de mars, novembre et décembre.
A Mbour, la pêche est pratiquée par des familles
traditionnelles de pêche, mais aussi par des agents économiques
désireux d'accroître leurs revenus parmi lesquels on trouve des
jeunes provenant du bassin arachidier, des jeunes diplômés en
quête d'insertion provenant de toutes les régions du
Sénégal. Ceci, en plus des migrations saisonnières de
pêcheurs provenant du Cap Vert et de Saint-Louis, est à l'origine
de la croissance constatée dans les populations de pêcheurs.
Les débarquements de cette zone, de par leur
quantité, représentent 30% de la production halieutique de la
région de Thiès qui offre 40 % de la production nationale. Ils
sont répartis entre le mareyage (40 %), la consommation locale (7
à 8 %) et le reste est destiné à l'industrie halieutique
et à la transformation artisanale9(*).
Le poisson frais et les produits transformés sont
convoyés dans les grands centres urbains (Dakar, Thiès, Touba,
Kaolack, etc.) mais aussi dans les zones rurales.
IV.1.2.2 Le tourisme
L'esprit du programme d'aménagement de la Petite
Côte était de concilier le développement du tourisme et le
développement de la région. La ville de Mbour, se situant
à équidistance des principaux centres touristiques à
savoir Saly au nord et Nianing au sud, va largement en profiter.
La station de Saly regroupe plus de vingt hôtels parmi
lesquels l'hôtel Palm Beach qui est considéré comme le plus
luxueux. Il propose à sa clientèle en plus de
l'hébergement et de la restauration, des excursions vers certains points
de la ville tels que le village artisanal, le quai de pêche et ceci au
même titre que les autres hôtels de la station comme Novotel,
Savana, Royal hôtel, Filao, etc. il en est de même pour les
hôtels situés dans la zone de Nianing à savoir le Domaine
de Nianing, ceux qui sont à Somone, Guérew, etc.
L'effet de cette activité sur la ville peut se mesurer
notamment par le nombre d'emplois et de débouchés qu'elle
crée pour la production locale.
En effet, grâce au tourisme, beaucoup d'emplois directs
qui distribuent une masse salariale d'environ 17 millions (Rapport annuel
Service régional du tourisme), sont créés. De même,
la fourniture des biens et services nécessaires au fonctionnement des
établissements hôteliers crée de l'emploi dans les autres
sous-secteurs de l'économie comme l'artisanat, le commerce et la
pêche.
IV.1.2.3 Les autres activités
économiques
· Le commerce
Le commerce est une activité florissante dans la ville
de Mbour. En effet, elle est devenue un marché permanent où l'on
peut s'approvisionner en marchandises de toutes sortes des produits
manufacturés aux denrées alimentaires en passant par les
vêtements et autres biens d'équipement.
Cette situation est favorisée par une population en
progression constante, des équipements marchands en nombre important,
une clientèle renforcée par les établissements
hôteliers établis dans le département de Mbour. De
même la proximité des zones d'approvisionnement respectivement
Dakar pour les produits manufacturés et les Niayes pour les produits
maraîchers, est un facteur stimulant.
· L'artisanat
Il est aussi très actif dans la commune. On y rencontre
les trois types d'artisanat :
- L'artisanat d'art : pratiqué
par des artistes peintres, des sculpteurs, des décorateurs etc. qui
vendent leurs produits ou services essentiellement aux touristes.
- L'artisanat de service :
pratiqué par les tailleurs, les cordonniers, les sculpteurs de pirogues
etc.
- L'artisanat de production : le secteur
qui illustre le mieux l'importance de cet artisanat est sans doute la
pêche dite artisanale qui est responsable de la totalité de la
production halieutique dans la commune.
· Les transports
Nous notons essentiellement deux types de transport : le
transport automobile et le transport hippomobile.
Le transport automobile assure la mobilité
intra-urbaine et inter-urbaine. En ce qui concerne le transport inter-urbain,
il est assuré par des taxis, cars et minicars stationnant à la
gare routière d'où ils prennent départ pour plusieurs
destinations dont les plus importantes sont : Dakar, Touba, Kaolack et
Thiès.
Le transport intra-urbain est le fait de taxis clandos et de
cars. Les taxis clandos sont des voitures particulières
transformées en véhicules de transport sans
bénéficier pour autant de la délivrance de licence
d'exploitation conformément à la réglementation en
vigueur. Alors que les cars de transport intra-urbain qui desservent les
quartiers périphériques à partir du centre-ville, sont en
majorité constitués de vieux véhicules ayant fait leur
temps à Dakar. Pour cette raison, ils constituent une véritable
menace pour la sécurité des usagers.
Le transport hippomobile est le trait d'union entre Mbour et
les villages limitrophes et viennent en appui à la manutention et au
transport de produits halieutiques vers les sites de transformation comme
Mballing, village situé à trois km de Mbour.
· L'agriculture et l'élevage
L'urbanisation rapide, sous l'impulsion de la pêche et
du tourisme, s'est faite en empiétant sur les terres
réservées jadis à l'agriculture. Ainsi, seules les zones
périphériques s'adonnent encore à l'activité.
Concernant la précédente campagne agricole,
83000 ha ont été emblavés dont les 50 % ont
été affectés au petit mil, 18 % à l'arachide, le
reste est partagé entre les sorghos, le niébé, la
pastèque et le manioc. (Source : SDDR10(*) Mbour).
Par ailleurs, à l'image de la situation nationale,
l'agriculture est confrontée à de nombreuses contraintes dont les
plus importantes sont l'appauvrissement des sols, le manque de semence, le
faible niveau d'engraissement.
Mis à part le parcage intra domestique des moutons et
des chèvres, l'élevage se réduit essentiellement à
l'aviculture localisée surtout dans les quartiers
périphériques. La production constituée de poulets de
chair et d'oeufs frais est, en grande partie, écoulée dans les
hôtels.
IV.2 Le village de Nianing
Nianing est situé au coeur de la communauté
rurale de Malicounda dans la région de Thiès plus
précisément dans le département de Mbour. Le village se
localise sur la route principale Mbour Joal. Il est limité au nord par
le village de Mballing, à l'est par le village de Gagnoubougou, au sud
par le village de Pointe Sarène et à l'ouest par l'océan
atlantique.
IV.2.1 Les aspects humains
La population du village de Nianing est estimée environ
à 10.000 habitants. Les jeunes sont estimés à environ
4.687 soit 48 % de la population totale. Les femmes quant à elles
représentent 51 % tandis que les hommes font 49 %.
Figure 1 : RÉPARTITION ETHNIQUE DE LA
POPULATION DE NIANING
Source : Enquêtes
chaîne de valeur, REPAO 2008
Dans le village de Nianing, le groupe ethnique dominant est
le sérère (63,7 %) suivi par le poular (15 %), le wolof (14 %)
et les autres ethnies à savoir socé, bambara et diola (3,7 %).
IV.2.2 Les secteurs
d'activités
Les activités économiques du village de Nianing
tournent autour de la pêche, du commerce, de l'artisanat, du tourisme,
de l'agriculture et de l'élevage
Figure 2 : RÉPARTITION DES ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES DANS LE VILLAGE DE NIANING
Source : Enquêtes
chaîne de valeur, REPAO 2008
IV.2.2.1 La pêche
Elle constitue un segment important de l'économie
locale. Elle est surtout pratiquée par les sérères et
occupe près de 37 % de la population active soit un effectif total de
700 pêcheurs. Ainsi, ces derniers sont équipés
d'embarcations traditionnelles et une diversité d'engins. Cependant, on
note aussi le développement d'autres activités connexes telles
que le mareyage et la transformation des produits halieutiques
pratiquées par les femmes.
Bien que faisant l'objet de beaucoup de convoitise, de la part
des populations, cette activité est confrontée à de
nombreuses difficultés parmi lesquels :
ü Le faible niveau de développement des
pêcheurs ;
ü L'utilisation irrationnelle des ressources
halieutiques et leur surexploitation ;
ü L'insuffisance d'organisation et de formation des
acteurs de la pêche.
Face à ces difficultés, des ateliers et
séminaires de sensibilisation sur la rareté des ressources furent
organisés et un comité de gestion créé qui a entre
autres objectifs une meilleure rationalisation de l'activité et, une
gestion efficace et durable des ressources halieutiques.
En collaboration avec des partenaires tels que la FENAGIE,
l'OCEANIUM, la DPM, des décisions sur les mesures de gestion furent
prises et appliquées. Il s'agit de :
· L'instauration d'un repos biologique du poulpe et du
cymbium ;
· La confection de vases comme récifs artificiels
pour la reproduction du poulpe ;
· La diminution des filets dormants en mer (effort de
pêche) ;
· La récupération des bébés
cymbium et leur retour en mer ;
IV.2.2.2 Le tourisme
Il occupe une place importante soit 11 % de la population
active du fait de la présence des grands centres hôteliers comme
le domaine de Nianing, le club Aldiana et quelques dizaines d'hôtels et
auberges qui offrent des services aux touristes. Cette activité
crée beaucoup d'emplois et a permis aussi le développement de
certaines activités comme le commerce et l'artisanat grâce aux
services qu'ils fournissent aux touristes.
IV.2.2.3 Le commerce
C'est une activité qui occupe près de 15 % de la
population active. Le commerce s'est développé grâce au
tourisme qui pousse beaucoup de gens à installer des boutiques dans
lesquels sont vendus des objets d'art pour la plupart.
IV.2.2.4 L'artisanat
C'est une activité qui est développée
à Nianing à cause du tourisme. L'artisanat occupe 14% de la
population active.
IV.2.2.5 L'agriculture
Elle occupe 8 % de la population active du village et reste
exclusivement tributaire de la pluviométrie. Elle est surtout
pratiquée par les peuls et les sérères. Cependant, le mil
est la principale spéculation dans cette zone et constitue la base de
l'alimentation des populations en céréale. A côté de
la culture du mil, on retrouve la culture du niébé et de
l'arachide qui sont des cultures de rente. On assiste de plus en plus à
la baisse des rendements du fait de la réduction de la
pluviométrie de la baisse de la fertilité des sols mais aussi de
la réduction des espaces cultivables vendus à des touristes.
IV.2.2.6 L'élevage
C'est un élevage extensif et occupe environ 5% de la
population active. Il est surtout pratiqué par les agriculteurs comme
activité secondaire. Cependant son impact économique reste
limité.
Le reste de la population du village de Nianing (9 %) est
constitué par des enseignants, chauffeurs, gardiens, etc.
IV.3 Le village de Pointe Sarène
IV.3.1 Situation
géographique
Le village de Pointe Sarène est situé en bordure
de mer au coeur de la petite côte du Sénégal. Il appartient
à la région de Thiès, au département de Mbour,
à l'arrondissement de Sindia, à la communauté rurale de
Malicounda. Le village est accessible par une piste goudronnée de 2 km
après un trajet de 15 km à partir de Mbour, sur l'axe Mbour-Joal.
Pointe Sarène est limité au nord par le
village de Nianing, au sud par le village de Mbodiène, à l'est
par Sandiara et à l'ouest par l'océan atlantique.
IV.3.2 Démographie et
organisation sociale
Le village de Pointe Sarène comptait 4000 habitants
d'après le recensement effectué en 2004. Le nombre de concessions
est de 400. Seuls 10 % des carrés ont environ deux ménages par
maison sinon il y a un ménage par concessions pour le reste.
Le village est majoritairement peuplé de
sérères, suivis des wolofs, poulars et lébous comme en
atteste le graphique 3. On y rencontre toutefois d'autres ethnies comme les
bambaras. Cette richesse ethnique du village trouve ses explications depuis
l'historique de peuplement.
Source : Enquêtes
chaîne de valeur, REPAO, 2008
Les jeunes sont estimés à environ 46 % de la
population totale. Les femmes quant à elles représentent 49 %
tandis que les hommes sont majoritaires avec 51 % de la population. Cette
structure de la population est imputable à l'activité de
pêche qui fait que l'exode rural n'est pas très ressenti dans ce
milieu.
Source :
Enquêtes chaîne de valeur, REPAO, 2008
Cette partie constitue un exposé des résultats
de notre recherche de terrain. Elle fournit des réponses à nos
questions de recherche et contient trois chapitres :
v Le premier chapitre concerne la description de la
chaîne de valeur du poulpe ;
v Le deuxième chapitre traite de la relation entre les
différents acteurs de la chaîne de valeur du poulpe ;
v Le troisième et dernier chapitre édifie sur la
place des femmes dans la chaîne de valeur du poulpe en mettant en exergue
les relations entre les femmes et les autres acteurs.
Chapitre VI : Description de la chaine de valeur
du poulpe
VI.1 Présentation de la chaine de valeur
Dans cette partie la chaîne de valeur est décrite
en mettant en exergue les différents acteurs, leur nombre et leur place
respective. Les activités de recherche menées dans les
différents sites ont permis d'avoir une meilleure connaissance de la
dynamique et du fonctionnement de la chaine de valeur du poulpe à
travers une plus claire identification des acteurs et des relations dynamiques
qu'ils entretiennent. Elles ont aussi permis de mieux analyser les
inégalités qui existent entre les différents acteurs.
VI.2 Les acteurs de la chaine
Les acteurs de la chaîne de valeur du poulpe sont
regroupés en plusieurs catégories. Il s'agit des pêcheurs,
des micro-mareyeurs, des porteurs, des haleurs, des mareyeurs, des usiniers et
des importateurs, A côté de ces acteurs clé, on peut citer
tous les prestataires de services qui contribuent d'une manière ou d'une
autre aux activités de la chaine de valeur du poulpe. Ce sont en
général les vendeurs d'engins de pêche et de carburant, les
mécaniciens réparateurs de moteurs hors bord, les compagnies
aériennes qui assurent le fret des produits à exporter, etc.
La catégorie d'acteurs secondaires dans les sites de
pêche étudiés est composée par les porteurs, les
haleurs et les « terral », les charretiers et les
convoyeurs des usines
VI.2.2 Les acteurs principaux
- Les pêcheurs
Les pêcheurs forment le plus important des intervenants
du sous-secteur de la pêche artisanale sénégalaise.
Généralement, le métier de pêcheur se transmet de
père en fils mais les crises successives enregistrées dans le
monde rural ont poussé les agriculteurs à s'investir dans la
profession. Par ailleurs, les pêcheurs constituent les premiers acteurs
de la chaîne de valeur car ce sont eux qui assurent la production. De par
leur nombre, ils sont très importants et l'effectif diffère d'un
site à un autre.
Tableau 1 : Répartition des
pêcheurs et propriétaires de pirogues dans la zone de Mbour
Sites
Acteurs
|
Pointe Sarène
|
Nianing
|
Mbour
|
Propriétaires de pirogues
|
200
|
190
|
650
|
Pêcheurs
|
760
|
600
|
2.600
|
Source :
Enquêtes chaîne de valeur, REPAO, 2008
- Les mareyeurs
Les mareyeurs constituent une catégorie professionnelle
aux fonctions diverses : financement de la pêche artisanale, achat
de produit sur les plages, conditionnement et transport vers les usines,
l'intérieur et l'extérieur du pays. Anciens agriculteurs ou
pêcheurs, la grande majorité d'entre eux s'adonne exclusivement au
commerce de poisson. L'activité de mareyage est aussi dominé par
les hommes ; les femmes se situent très souvent dans la micro
distribution ou micro mareyage et dans la vente au détail.
Au niveau de cette chaine de valeur, les mareyeurs
achètent le poulpe auprès des pêcheurs et des
micro-mareyeurs. Ils assurent la vente auprès de l'usine. Dans tous les
sites de débarquement existent deux catégories de mareyeurs
à savoir les mareyeurs sans quota et les mareyeurs avec quota. Le
tableau suivant montre une estimation du nombre de mareyeurs par site :
Tableau 2: Répartition des mareyeurs
dans les différents sites de pêche
étudiés
Sites
Acteurs
|
Pointe Sarène
|
Nianing
|
Mbour
|
Micros mareyeurs (lag lagal)
|
|
H : 40
F : 2
|
H : 20
F : 90
|
Mareyeurs sans quota
|
18
|
10
|
30
|
Mareyeurs avec quota
|
5
|
3
|
5 à 7
(3 à 4 quotas par mareyeur)
|
Source :
Enquêtes chaîne de valeur, REPAO, 2008
- Les usines
Elles assurent l'exportation du poulpe vers des pays tels que
la France, l'Italie, le Japon, etc. Leur approvisionnement se fait au niveau
des mareyeurs dans tous les sites de débarquement du
Sénégal et de quelques femmes micro-mareyeuses au niveau de
Mbour. Le poulpe fait partie des produits les plus convoités en Europe.
Les usines dans leur ensemble disposent de matériels et
d'équipements adéquats pour le déroulement de leur
activité. Les usines travaillent en étroite collaboration avec
les services des pêches qui leur délivrent le certificat d'origine
et de salubrité qui atteste la qualité des produits et avec la
Direction des industries de transformation de la pêche (DITP) à
travers la Division de l'inspection et du contrôle (DIC). La DITP
contrôle régulièrement le niveau de conformité de
l'usine aux normes nationales et internationales. Elle est chargée
également d'inspecter tous les produits destinés à
l'exportation et de délivrer les certificats sanitaires et les
certificats d'origine et de salubrité qui sont des préalables aux
opérations de transit. En outre, les usines détiennent un grand
pouvoir dans la chaîne de valeur du poulpe.
A côté de ces acteurs qui s'orientent dans les
activités de production et de commercialisation du poulpe, il faut noter
la présence des acteurs secondaires, des services d'appui, des
institutions et des organisations de base.
VI.2.1 Les acteurs secondaires
- Les porteurs : présents dans
tous les sites de pêche, les porteurs transportent le poulpe après
chaque débarquement de la pirogue à la place du mareyeur. Ils
viennent des régions intérieures du Sénégal. Les
mareyeurs sollicitent les services des porteurs qui sont
rémunérés en espèce ou en nature selon les sites. A
Pointe Sarène ils perçoivent 10 FCFA par kilo de poulpe
transporté et sont aussi chargés de nettoyer les caisses et sont
payés à cet effet à 150 ou 200 FCFA par caisse. A Nianing
les porteurs sont rémunérés à 200 FCFA pour la
caisse de poisson de 30 kg ou en nature c'est-à-dire un poulpe par
caisse de 30 kg. A Mbour, le coût du portage est de 100 FCFA pour la
caisse de 30 kg de poulpe et 200 FCFA pour celle de 50 kg.
- Les haleurs : ce sont en
général de vieux pêcheurs à la retraite qui
participent au halage de la pirogue dès qu'elle accoste. Leur travail
consiste à sortir la pirogue de l'eau et à la déposer sur
la plage de sorte à désencombrer le rivage. Plus la pirogue est
grande, plus le travail est difficile. Pour cette besogne, les haleurs sont
récompensés en nature. Ils vendent les poulpes qui leur sont
donnés auprès des femmes micros-mareyeuses et des
micros-mareyeurs appelés « lag lagal ». Les haleurs
peuvent aussi recevoir une rémunération en espèce avec des
sommes variant entre 500 et 1.000 FCFA. La rémunération
dépend de l'importance de la production.
- Les « terral » :
ce sont les haleurs, les femmes, les enfants ou toute personne qui se
trouve sur la plage au moment du débarquement et à qui sont
octroyés des dons également appelés dans le jargon local
« terral ». Ces dons sont achetés par les
micro-mareyeurs qui les collectent et les revendent aux mareyeurs. Ces dons
étaient autrefois destinés uniquement aux haleurs mais
actuellement les femmes en bénéficient aussi.
- Le vendeur de la production : les
pêcheurs de Mbour utilisent des personnes intermédiaires entre eux
et les mareyeurs. En effet, les pêcheurs ne vendent pas directement le
produit aux mareyeurs faute de temps au retour de la pêche ; il y a
très souvent une personne de confiance qui assure la liaison :
c'est le vendeur de la production. Ce dernier peut être un membre de la
famille, une femme, le propriétaire de la pirogue ou une simple
connaissance du capitaine de la pirogue. Le vendeur de la production
cède le poulpe aux femmes micro-mareyeuses et ceci au plus offrant. Il
est rémunéré en nature (c'est-à dire en poulpe
selon la quantité débarquée) et en espèce. Le
vendeur de la production gagne entre 4.000 et 6.000 FCFA par pirogue vendue et
rassemble environ 11 kg de poulpe par jour.
- Les charretiers et convoyeurs en
pousse-pousse : les acteurs de la chaîne de valeur du
poulpe, aussi bien les pêcheurs que les mareyeurs, ont recours aux
services des convoyeurs en pousse-pousse pour transporter leur production. Les
femmes micro-mareyeuses et les micro-mareyeurs quant à eux, suivent
leurs clients pêcheurs qui débarquent à Joal et
transportent à Mbour le produit acheté. Une fois arrivé au
garage de Mbour, les convoyeurs en pousse-pousse sont chargés d'amener
le poulpe jusqu'au quai. Selon la quantité, ils peuvent percevoir entre
500 et 1.000 FCFA le trajet. Les mareyeurs les sollicitent aussi pour le
transport de la glace servant à conserver le poulpe au niveau du quai.
Cependant, ils ne sont pas les seuls à utiliser les services des
pousse-pousse. Les pêcheurs, notamment ceux qui habitent loin du quai de
pêche, font également appel à eux et aux charretiers pour
le transport de leur matériel de pêche (moteurs et caisses
contenant le petit matériel de pêche). Le coût de la course
est de 500 FCFA.
VI.2.3 Les institutions
VI.2.3.1 Les services d'encadrement
o Le service des pêches
Le service départemental des pêches de Mbour
à travers les postes de contrôle des pêches de Mbour et de
Nianing, et en collaboration avec le CRODT, est chargé de veiller sur la
bonne gestion et la préservation de l'ensemble des activités du
secteur de la pêche dans la zone de Mbour, Pointe Sarène et
Nianing.
En plus des certificats d'origine et de salubrité
délivrés pour attester de la qualité du produit, le
service des pêches intervient dans l'encadrement des acteurs de la
pêche en les sensibilisant sur les pratiques de pêche responsable
telles que l'interdiction de la capture des juvéniles, l'encouragement
du port des gilets de sauvetage, le respect des mailles des filets et les
méthodes de préservation de la ressource et de l'environnement
marin.
o Les chefs de village
Les chefs de village représentent l'administration dans
les localités. Ils interviennent dans le règlement des conflits
entre villageois mais aussi entre les acteurs de la pêche. Ils
participent aux activités concernant la gestion des ressources
halieutiques et appuient aussi les femmes transformatrices en les organisant en
associations et dans la recherche de partenaires financiers.
VI.2.3.2 Les institutions
financières
o Le crédit agricole (Mbour)
Le crédit agricole est la banque qui entretient des
relations basées sur le financement avec les acteurs de la pêche.
A l'origine, de grands mareyeurs traitaient avec la banque ce qui a
entrainé la motivation du Directeur général de cette
institution de collaborer avec les acteurs de la pêche. Au niveau du
crédit agricole, il ya le crédit pêche dont les
responsables préfèrent en général travailler avec
les femmes car semble-t-il ces dernières sont plus
régulières que les hommes en matière de remboursement des
prêts.
- La mutuelle MEPCROPEM
La Mutuelle pour la promotion de la pêche à Mbour
(MECPROPEM) a été créée sous l'impulsion de la
FENAGIE en 1999. Elle a pour mission de contribuer au financement des acteurs
socioprofessionnels de la pêche à savoir les pêcheurs, les
mareyeurs, les micro- mareyeurs et les femmes transformatrices de poisson. Elle
travaille aussi bien avec des personnes physiques qu'avec des GIE.
Outre le crédit agricole et la MEPCROPEM, il existe
d'autres institutions notamment des mutuelles travaillant en étroite
collaboration avec les pêcheurs et les mareyeurs. Il s'agit
du Crédit mutuel (CMS) du Sénégal basé
à Mbour et du Coopec Resopp (Pointe Sarène).
VI.2.3.3 Les organisations
professionnelles
o L'union locale FENAGIE Pêche
La FENAGIE/pêche a été créée
le 06 août 1990 à Joal par les pêcheurs,
micro-mareyeuses et transformatrices. Elle compte aujourd'hui prés
de 16.000 membres dont 60 % de femmes avec un
effectif d'environ 800 GIE. Sans bénéficier
d'aucun appui, l'organisation a fonctionné pendant plusieurs
années, avec ses propres moyens (droits d'adhésion, vente de
cartes, cotisations, etc.). En 1993, son adhésion, au CNCR (Conseil
national de concertation des ruraux) a davantage favorisé son
renforcement ainsi que l'acquisition d'un encadrement de qualité qui lui
procure un appui technique permanent. C'est seulement à partir de 1995
que l'ADPES (Association pour une dynamique de progrès économique
et social), puis d'autres partenaires lui apportèrent un appui financier
et organisationnel. Elle est aujourd'hui reconnue comme étant
l'organisation professionnelle la plus active, la plus dynamique et la plus
représentative du secteur. Ses actions visent un développement
socio-économique durable de ses membres en particulier et de l'ensemble
des opérateurs de la filière en générale.
o Le GIE And liggey téfess
Le GIE And liggey téfess est chargé de la
gestion du quai de pêche de Mbour construit avec l'appui de l'Agence
Française de développement (AFD) en 1999. L'Etat du
Sénégal le donnera en concession à la municipalité
de Mbour qui à son tour le cédera en sous concession au GIE And
Liggey téfess. Ce dernier a pour mission d'exploiter
économiquement le quai et d'en assurer la salubrité et la
sécurité.
Le GIE est constitué de onze membres qui sont des GIE
de professionnels tels que les mareyeurs, les jeunes pêcheurs, les
porteurs, les femmes transformatrices etc. Chaque organisation
délègue 10 membres ce qui fait un collège de 110 membres
qui constituent l'assemblée générale. De cette
assemblée générale est formé un Comité
directeur de 44 membres qui joue un rôle de Conseil d'administration au
sein duquel est nommé un comité restreint de gestion de 14
membres.
Un chef d'exploitation et un comptable sont chargés de
la gestion quotidienne de même qu'un responsable des collecteurs de la
taxe, un responsable de la salubrité et de l'environnement. Les sommes
collectées sont réparties de la manière suivante :
· 50 % sont affectés au fonds de
réserve ;
· 20 % sont affectés à la
municipalité comme redevance ;
· 20 % sont réservés aux frais de transport
des dirigeants ;
· 10 % sont destinés à la sensibilisation
et à la formation des professionnels de la pêche.
Grâce à son organisation et à ses moyens
matériels et humains, le GIE a pu réaliser un certain nombre de
résultats dans les domaines de l'hygiène et la salubrité,
la collecte de la taxe municipale, la formation et la sensibilisation des
acteurs de la pêche.
Concernant l'hygiène et la salubrité, le quai
est nettoyé chaque soir de même que la plage. L'occupation de la
plage est réorganisée grâce à l'érection d'un
hangar pour la vente de poisson, vente qui se faisait sur la plage non loin du
lieu de débarquement des pirogues.
De même, les mareyeurs qui tenaient chacun son hangar
dans des conditions peu hygiéniques, ont été
regroupés selon leurs spécificités sur le quai. Cette
réorganisation et l'assainissement qui l'a accompagné ont permis
au quai d'obtenir l'agrément à l'exportation pour l'Union
Européenne. C'est le seul quai de pêche du Sénégal
à accomplir cette performance.
Sur le plan de la collecte des taxes, des efforts similaires
sont consentis : chaque mareyeur disposant d'une balance verse
journalièrement 500 FCFA de même que toute pirogue qui
débarque sur la plage de Mbour. Les camions frigorifiques et autres
camionnettes versent chacun 1.000 FCFA dès qu'ils stationnent sur le
parking du quai de pêche. Ce qui permet au GIE d'engranger des recettes
lui permettant de faire toujours face aux dépenses inhérentes
à l'entretien du quai malgré une baisse constante des recettes,
baisse que les dirigeants expliquent par la réduction des
débarquements.
o L'AJNID
L'Association des jeunes de Nianing pour le
développement (AJNID) est une structure qui intervient dans la
préservation de l'environnement marin. L'association a été
créée en avril 2004 par des jeunes de la même
génération (70-73) avec comme but de servir leur terroir avec
l'assainissement comme premier domaine d'intervention.
Elle gère le nettoyage quotidien de la plage et loue
des charrettes qui assurent le ramassage des coquillages et des ordures. Des
participations symboliques de 100 FCFA sont versées
journalièrement à l'association par chaque pêcheur et
chaque mareyeur. Cette somme collectée sert à l'achat de
matériel pour le nettoiement.
o L'AFET
L'association des femmes transformatrices de Pointe
Sarène (AFET) intervient dans la transformation des produits
halieutiques. Cette association regroupe près de 240 membres et a
été créée depuis 2004. Ces femmes appuient le
secteur en préfinançant les pêcheurs pour les campagnes de
pêche et les mareyeurs. Au démarrage de ses activités,
l'AFET a reçu un financement de 4 millions du PADER. Cette somme a
été partagée entre les femmes transformatrices pour des
prêts de 25.000 FCFA remboursables à hauteur de 27.500 FCFA pour
une durée de 6 mois.
VI.2.3.4 Les cadres de
concertation
o Les Conseils locaux de pêche (CLP)
Les conseils locaux de pêche ont été mis
en place par la Direction des Pêches Maritimes (DPM).Ils se veulent des
espaces de dialogue de tous les acteurs de la pêche et se sont
assignés comme but de sensibiliser les acteurs sur les techniques de
pêche et la qualité des produits. Ces structures se composent des
représentants des pêcheurs, des mareyeurs, des femmes
transformatrices, d'un comité de sage composé des vieux
pêcheurs et du chef du village. Les CLP interviennent également
dans le règlement des conflits et ont été mis en place
afin de promouvoir la gestion participative des pêcheries.
o Les Comités de gestion des ressources
halieutiques (CGRH)
Les CGRH ont comme objectif principal la préservation
de l'environnement marin. Ils se composent de différentes
commissions telles que le règlement des conflits entre acteurs de
la pêche, la commercialisation, la salubrité et la propreté
des plages. Les comités de gestion s'activent pleinement dans la gestion
des ressources halieutiques et ont favorisé l'instauration du repos
biologique du poulpe pour la régénération et la
durabilité des ressources à Pointe Sarène et Nianing. Ils
interviennent également dans la recherche de partenaires au
développement.
Figure 5:
Cartographie générale de la chaîne de valeur du poulpe
Chapitre VII : Analyse
des relations entre les acteurs dans la chaine de valeur du poulpe
Au Sénégal, de par son histoire, ses pratiques
et ses mutations, la pêche véhicule tout un mode de vie, de penser
et d'être qui évolue en fonction du temps. En effet, la
pêche dépasse les rapports de travail entre les différents
actifs et pose des enjeux primordiaux qui donnent à l'activité
une nouvelle vocation. Ainsi, à l'instar des autres sites de pêche
artisanale du Sénégal, les acteurs de la pêche à
Pointe Sarène, Nianing et Mbour entretiennent diverses relations entre
eux. Ces relations concernent la parenté, l'amitié, la
concurrence, la confiance, la dominance, la méfiance et le financement.
Au niveau des pêcheurs par exemple, le recrutement des
membres de l'équipage se fait à travers la parenté,
l'amitié, le voisinage ou dans le tas. Généralement, la
relation entre pêcheur est des plus fluides. Par contre avec les
mareyeurs, les pêcheurs gardent une certaine méfiance à
leur égard. Ils estiment que les mareyeurs les exploitent en leur
proposant des prix faibles alors qu'ils sont détenteurs de la production
et ne peuvent pas accéder à l'usine. C'est ainsi que ces propos
revenaient souvent au cours des entretiens : « les
mareyeurs ne disent jamais le prix auquel ils vendent à l'usine, ils
essaient toujours de nous leurrer ».
Cet avis est toujours rejeté par les mareyeurs qui
disent n'avoir pas de marge bénéficiaire considérable sur
le poulpe compte tenu des charges supportées. Les mareyeurs
déplorent également le pouvoir des usines qui fixent le prix
auquel ils achètent le poulpe de même que le monopole de la
commercialisation par certaines usines notamment Ikagel.
Concernant les femmes micro-mareyeuses, elles sont le plus
souvent concurrencées par les mareyeurs qui refusent de les financer
ainsi que par les micro-mareyeurs. Certains pêcheurs refusent
également de leur vendre le poulpe. Leur activité dans la
chaîne de valeur reste réduite dans les sites de Pointe
Sarène et Nianing contrairement à Mbour où elles ont du
pouvoir et de l'influence et déterminent même les règles du
jeu comme nous le verrons plus loin.
Les mareyeurs assurent le financement des micro-mareyeurs et
des pêcheurs pour l'obtention du produit. Certains mareyeurs recevaient
aussi des prêts de la part des usines surtout en période
d'abondance des captures. En effet, au début de chaque campagne de
pêche, l'usine finançait les mareyeurs disposant de quota pour
l'achat des produits jusqu'à hauteur de 2 millions de FCFA : le
paiement était échelonné sur toute la campagne de
pêche. Cependant, cette pratique a été arrêtée
suite aux importants impayés.
En plus du financement, l'usine aide les mareyeurs à
épargner en gardant ce qui est communément appelé la
retenue de campagne. L'usine retire 35 à 50 FCFA par kg toute la saison
et le montant cumulé est remis au mareyeur à la fin de la
campagne. Ceci lui permet d'assurer ses dépenses même si
l'activité de mareyage ne marche pas comme par exemple quand les
captures des pêcheurs ne sont pas importantes.
VII.1 Les spécificités de Pointe
Sarène
A Pointe Sarène, la parenté est la base des
relations entre les acteurs. En effet, tous les acteurs entretiennent des
relations familiales ou de voisinage. Ce qui explique l'absence d'un quelconque
conflit, tous les problèmes se réglant à l'amiable.
Le financement est aussi présent dans la relation
entre les différents acteurs de la chaîne de valeur pour faciliter
la production et la commercialisation du poulpe. En effet, les mareyeurs
assurent souvent le financement des campagnes de pêche à travers
l'achat ou l'octroi de l'engin de pêche (la turlutte) et d'avance pour
acheter le carburant pour la sortie en mer. En retour, le pêcheur est
tenu de vendre la production au mareyeur qui a assuré le financement. Au
cours de la campagne de pêche, si le pêcheur a besoin d'argent ou
de matériels, il peut revenir auprès de « son
mareyeur » pour faire un autre prêt. Ainsi, la relation
continue. D'après les mareyeurs, certains pêcheurs n'arrivent pas
à éponger cette dette et sont ainsi condamnés à
vendre leurs produits au même mareyeur après chaque sortie. Ce
phénomène est à l'origine du renforcement du pouvoir des
mareyeurs sur les pêcheurs.
Cependant, il arrive des fois où le pêcheur vend
son produit à un autre mareyeur s'ils ne s'entendent pas sur le prix
proposé ; ceci peut être source de conflit entre eux mais
cela se règle toujours à l'amiable. Parfois aussi le
pêcheur débarque dans une autre zone comme Joal pour pouvoir
vendre à un autre mareyeur et à un meilleur prix.
Le remboursement du prêt est échelonné
dans le temps. Pour l'engin de pêche, le mareyeur prend 100 FCFA par kg.
Par exemple, si le kg est vendu à 1.000 FCFA le mareyeur qui a
assuré le financement de l'engin de pêche l'achète à
900 FCFA. En ce qui concerne le financement du carburant, le pêcheur le
rembourse petit à petit selon sa recette journalière.
A ce niveau aussi il est important de souligner qu'à
Pointe Sarène, les pêcheurs ne vendent pas aux lag-lagal mais
seulement aux mareyeurs. Comme on l'a dit plus haut donc ces femmes
n'achètent que les terral ou peuvent en bénéficier
auprès de leurs époux ou parents pêcheurs au même
titre que les autres.
Ces lag-lagal peuvent aussi être femmes de mareyeurs ou
parentes et travailler avec eux. C'est pourquoi le climat de travail est
considéré comme bon. Ainsi, comme le soulignent plusieurs
interviewés : « A Pointe Sarène
tous les acteurs sont parents c'est pour cela que malgré certaines
ambiguïtés il n'y a pas de conflit entre les acteurs de la
pêche ». C'est ainsi qu'il n'y a pas de
concurrence entre mareyeurs pour l'achat du poulpe et même pour les
autres produits car chaque mareyeur a « ses » pirogues
(ceux à qui il assure le financement).
VII.2 Les spécificités de
Nianing
Nianing présente des spécificités en ce
qui concerne la relation entre les acteurs de la chaine par rapport à
Pointe Sarène. En effet, de nombreux acteurs, surtout les mareyeurs, ne
sont pas du village. Ils sont pour la plupart des
« Saloum-Saloum »11(*) venus s'activer dans le domaine de la pêche
suite à la crise du secteur agricole. Ainsi, même si les acteurs
n'ont pas tous des liens de parenté, ils sont souvent des voisins.
D'après les acteurs de la chaîne à
Nianing, c'est la vente par estimation appelée
« keudd » par les acteurs locaux qui peut parfois causer
des conflits soit entre mareyeurs et pêcheurs ou entre mareyeurs. Cette
méthode consiste après débarquement à vendre le
poulpe au plus offrant. L'achat par les micro-mareyeurs se fait à vue
d'oeil. En effet, deux mareyeurs peuvent se disputer à cause d'un
débarquement mais très souvent cela ne
dégénère pas car disent-ils tout se règle à
l'amiable.
En outre, on retrouve le même système de
financement entre mareyeurs et pêcheurs et entre mareyeurs et usines.
Cependant, la différence se situe peut être au niveau du mode de
remboursement du prêt. En effet, après avoir enlevé 100
FCFA par kg pour le remboursement du prêt, le mareyeur
prélève 50 FCFA par kg vendu comme commission de la dette
jusqu'à l'épuisement de cette dernière.
VII.3 Les spécificités de
Mbour
Les types de relations observés varient selon les
acteurs. Des relations existent ainsi entre pêcheurs et mareyeurs, entre
mareyeurs et micro-mareyeurs, et entre mareyeurs et les industriels
(usines).
Les relations entre les pêcheurs et les mareyeurs sont
des relations à deux sens. Dans le premier, les mareyeurs fournissent
à certains pêcheurs disposant d'une unité de pêche
(pirogue et moteur), des financements pour acheter du carburant et renouveler
les engins de pêche. Dans certains cas, les mareyeurs assurent la
réparation des moteurs qui du fait de leur vétusté
tombent souvent en panne. Les montants des financements peuvent aller
jusqu'à hauteur de 200 000 FCFA. Les pêcheurs profitent de cette
collaboration pour s'assurer de débouchés surtout en
période d'abondance du poulpe d'une part et de réduire les
risques de perte d'autre part.
En ce qui concerne le deuxième sens, les pêcheurs
ont l'obligation de vendre leur capture aux mareyeurs ayant participé au
financement de leurs activités jusqu'à l'épuisement de la
somme empruntée. Le pêcheur rembourse 100 FCFA sur chaque kilo
vendu. Il faut cependant signaler que très souvent les pêcheurs ne
parviennent pas à éponger leurs dettes vis-à-vis des
mareyeurs. Ce qui confère à ces derniers la latitude de fixer les
prix d'achat aux pêcheurs. Mais lorsque les pêcheurs se sentent
trop lésés par les prix fixés par les mareyeurs, ils
n'hésitent pas à céder en cachette leur production aux
plus offrant.
Quant aux jeunes micro-mareyeurs qui proviennent
majoritairement de l'ancien bassin arachidier, ils sont dans la plupart des cas
autonomes financièrement. Ils achètent le poulpe comme les
femmes, aux pêcheurs libres de tout engagement vis-à-vis du
mareyeur le revendent ensuite soit aux mareyeurs soit aux usines par le canal
des convoyeurs dépêchés sur la plage par ces
dernières.
Les relations entre les industriels et les mareyeurs sont
essentiellement commerciales. Après avoir collecté le poulpe
toute la journée auprès des micro-mareyeuses et des
micro-mareyeurs, les mareyeurs livrent le produit à l'usine. Le
règlement de la vente se fait le lendemain. Mais au lieu de verser la
totalité de la somme, les industriels retiennent une partie pour assurer
à leurs mareyeurs une certaine liquidité financière afin
de les mettre à l'abri de rupture de capital. C'est aussi une
stratégie pour garantir l'approvisionnement de l'usine en produits.
Mais les mareyeurs déplorent le fait que les usines
n'acceptent plus de les financer et fixent de manière unilatérale
les prix de vente du poulpe. Ce qui peut remettre en cause les engagements pris
notamment auprès des pêcheurs ou des micro-mareyeurs.
Les échanges entre ces différents acteurs sont
facilités par un ensemble de services fournis par les porteurs qui
aident les femmes micro-mareyeuses à transporter le produit de la plage
au quai pour la pesée avec leurs mareyeurs respectifs.
Chapitre VIII :
Analyse des relations genre dans la chaine de valeur du poulpe
VIII.1 Place des femmes dans la chaîne de valeur
du poulpe
Les femmes sont très motivées à
participer dans les activités de la chaîne de valeur du poulpe.
Cependant, elles sont confrontées à d'énormes
problèmes qui entravent le développement de leurs
activités dans la chaîne où les acteurs n'ont pas les
mêmes pouvoirs et potentiels.
· Répartition des acteurs selon le sexe
A Pointe Sarène, les femmes sont pratiquement
inexistantes dans la chaîne de valeur du poulpe car elles ne s'y activent
qu'en période de forte production. En plus, leurs activités se
limitent au « terral ». Ainsi, elles achètent les
« terral » et les revendent aux mareyeurs. C'est pour cela
que par rapport aux hommes, les femmes ont une place secondaire dans la
chaîne.
A Nianing, les femmes sont aussi très effacées
dans la chaîne non seulement par rapport à leur activité se
limitant au micro-mareyage mais aussi par rapport à leur nombre (figure
6).
Figure 6 : RÉPARTITION DES ACTEURS ET ACTRICES DANS
LA PÊCHE ET LA COMMERCIALISATION DU POULPE À NIANING
Source :
Enquête de chaîne de valeur REPAO, 2008
Au regard de la figure 6, l'on note la présence
majoritaire des hommes, acteurs de la chaîne, à hauteur de 94,6 %
contre 5,4 % de femmes.
Par contre à Mbour, les femmes sont assez nombreuses
dans la chaîne. Elles y occupent une place importante car elles
déterminent l'heure de vente des produits à l'usine du fait des
techniques de trempage qu'elles utilisent.
La pêche en mer est en fonction du sexe car elle est
uniquement pratiquée par les hommes alors que les femmes s'activent dans
le mareyage. Avec les exigences physiques de l'activité de pêche
et d'autres raisons qui trouvent leurs origines dans la culture et
l'organisation de la société, la femme ne trouve guère la
possibilité de pratiquer la pêche.
Par ailleurs, les difficultés d'accès aux
ressources matérielles et financières ne permettent pas aux
femmes de participer à l'amélioration de leurs activités
de micro-mareyage face à l'agressivité des hommes plus nantis en
ressources. Ceci a même amené beaucoup de femmes à se
limiter au "terral" ou à se retirer complètement de la
chaîne. Aujourd'hui, seules deux femmes micro-mareyeuses sont dans la
chaîne à Nianing alors que le nombre avoisinait 10.
D'après elles, cette situation est due au fait qu'elles
n'ont pas les moyens financiers pour s'investir dans la commercialisation du
poulpe. En effet, pour être acteur déterminant dans la
commercialisation du poulpe, il faut avoir un capital financier assez important
pour pouvoir financer des pirogues. En plus, même pour acheter les
« terral » les femmes de Pointe Sarène obtiennent
des financements de la part des mareyeurs ce qui n'est pas le cas pour celles
de Nianing qui sont plutôt concurrencées par les hommes.
La baisse des captures a été
considérée comme un obstacle pour l'accès des femmes au
poulpe. En effet, en période de forte production du poulpe, les femmes
de Pointe Sarène parviennent à disposer d'importantes
quantités du produit seulement avec les « terral »,
comme indiqué plus haut.
Pour expliquer la place des femmes dans la chaîne de
valeur du poulpe à Pointe Sarène, d'autres idées ont
été soulevées. D'abord, certaines femmes ont émis
l'idée selon laquelle il y'a une division du travail à Pointe
Sarène car les femmes se sont spécialisées dans la
transformation du poisson et du cymbium (ou « yeet ») alors
que les hommes assurent le mareyage des produits destinés à
l'exportation comme le poulpe. C'est ainsi que les femmes ne s'activent pas
dans la commercialisation du poulpe même si certaines d'entres elles
affirment qu'elles ont eu à s'investir dans la vente du poulpe lors des
années 99 (période d'abondance du poulpe au
Sénégal). C'est dans cette perspective que les financements
qu'elles acquièrent à travers l'AFET (Association des femmes
transformatrices) sont orientés dans les activités de
transformation et non dans l'achat du poulpe.
Par rapport aux équipements, peu de femmes disposent de
pirogues à Pointe Sarène mais ne peuvent pas revendiquer la
production car souvent, le capitaine est financé par un mareyeur.
VIII.2 Relations des femmes avec les autres acteurs et
leurs accès aux services
Les femmes entretiennent des relations familiales ou des
relations basées sur le financement avec les autres acteurs de la
chaîne. En effet, elles affirment avoir des liens de parenté avec
tous les acteurs car dans chaque famille, on retrouve des pêcheurs et des
mareyeurs. En outre, ces derniers peuvent leurs accorder des financements pour
développer leurs activités.
· Relations entre les pêcheurs et les
femmes
Il y a toujours eu une relation étroite entre les
pêcheurs et les femmes. En effet, les femmes interviennent non seulement
auprès des unités familiales mais aussi mettent parfois à
la disposition des pêcheurs les crédits nécessaires aux
frais de sortie et de campagne. Cette place dans l'appui ou le financement des
activités de pêche leur accorde certes une certaine
notoriété et un statut social mais ne leur garantit pas la
priorité aux mises à terre. En effet, à Nianing, les
femmes rencontrent souvent un problème d'accès à la
ressource auprès des pêcheurs qui préfèrent vendre
leur production aux micro-mareyeurs ou aux mareyeurs alors qu'elles sont
parfois propriétaires de l'équipement (pirogue, moteur) ou
épouses, soeurs, mères, cousines... du capitaine. Il arrive
aussi dans certains cas qu'elles financent les pêcheurs pour l'achat de
carburant et d'engins de pêche. Mais malgré cela leur accès
est limité du fait que leur prix d'achat est souvent inférieur
à ceux proposés par les autres acteurs. A Pointe Sarène
aussi c'est le même problème qui se pose : les femmes
appuient leurs maris ou fils pêcheurs pour la sortie mais la production
est vendue aux mareyeurs. La seule différence c'est que dans ce site,
les femmes ne se positionnent pas comme acheteurs de poulpe, elles sont
présentes dans les débarquements mais se limitent au
« terral ».
· Relations entre les mareyeurs et les
femmes
Avec les mareyeurs, les femmes de Pointe Sarène ont
aussi des rapports financiers. En effet, ce sont les mareyeurs qui assurent les
financements des femmes en cas de forte production pour l'achat du poulpe. Ils
entretiennent aussi de fortes relations sociales c'est pour cela que certaines
femmes ont pensé que leur intégration dans la chaine de valeur du
poulpe pourrait être un problème d'autant plus que les
pêcheurs et les mareyeurs entretiennent déjà de bons
rapports comme mentionné plus haut. Par ailleurs, elles ne voudraient
pas que leur intégration dans la chaine porte préjudice aux
mareyeurs car jusqu'à présent, elles n'achètent pas le
poulpe auprès des pêcheurs. Donc, cette production revient
toujours aux mareyeurs.
D'ailleurs, c'est dans cette logique que certaines pensent que
les femmes ne peuvent pas avoir la même place que les mareyeurs dans la
filière car même si elles arrivaient à financer des
pirogues, les pêcheurs ne leur accorderaient pas l'exclusivité de
la production du fait des relations de confiance tissées avec les
mareyeurs.
Cependant, à Nianing les mareyeurs et les femmes
entretiennent une relation concurrentielle. Le nombre de femmes en
activité dans le site a baissé de 10 à 2 à cause de
leur manque de moyens financiers. En outre, les mareyeurs n'acceptent pas de
financer les femmes alors qu'ils assurent le financement des lag-lagal hommes
jusqu'à hauteur de 100 000. Les mareyeurs s'approvisionnent
à travers le système d'estimation du poids du produit
auprès des pêcheurs pour vendre le poulpe à leurs
mareyeurs. Ainsi, les femmes sont parfois obligées d'aller exercer leurs
activités à Mbour où elles peuvent recevoir des
financements. En effet, à Mbour, les femmes entretiennent de bonnes
relations avec les mareyeurs. Ainsi, ces derniers assurent quotidiennement le
financement pour l'achat du poulpe. Cette relation est aussi basée sur
la confiance et l'entre-aide. Par ailleurs, chaque mareyeur, dans le souci de
collecter le maximum de poulpe, collabore avec plusieurs femmes
micro-mareyeuses aux quelles il remet à chacune une somme pouvant aller
jusqu'à 500 000 FCFA. Ces femmes achètent le poulpe le plus
souvent auprès des pêcheurs ayant financé eux mêmes
leurs activités. Elles n'achètent pas par pesée mais par
estimation ou « keudd » en espérant faire des
bénéfices lors de la revente au mareyeur, revente qui se fait par
pesée et après calibrage. Mais il arrive que les femmes
s'aperçoivent qu'elles ont perdu du fait d'une mauvaise estimation. Dans
ce cas, elles trempent le poulpe dans de l'eau douce avec un peu de glace des
heures durant et parviennent à récupérer ainsi le poids
perdu voire même plus. Cette pratique est fortement décriée
par le service des pêches de même que les industriels. Cependant,
elle permet aux femmes de gagner une place dans la chaîne car elles
peuvent lors des ventes par estimations proposer des prix élevés
car sachant qu'elles pourraient récupérer les pertes par le
trempage.
· Relations entre les micro-mareyeurs et les
femmes
A Nianing, les micro-mareyeurs forment souvent de petits
groupes pour concurrencer les femmes auprès des pêcheurs en
proposant de meilleurs prix que ces dernières lors des ventes par
estimation. C'est à cause d'eux que les femmes commencent à
être marginalisées dans la chaîne.
· Relations entre l'usine et les
femmes
L'usine s'approvisionne au niveau des mareyeurs disposant de
quotas alors que les femmes n'ont pas les moyens financiers pour avoir des
cartes de mareyage.
L'accès à l'usine est donc un des
problèmes soulevés par les femmes. En effet, vu la faible
quantité de produit qu'elles mobilisent, aucune d'entre elles n'a
accès à l'usine et les quantités qu'elles achètent
sont revendues aux mareyeurs.
En somme, nous pouvons dire qu'à Pointe Sarène,
même si les relations entre les femmes et les autres acteurs sont souvent
de nature financière, elles ont un soubassement social du fait que tous
les acteurs ont des liens familiaux. A Nianing, la relation est concurrentielle
alors qu'à Mbour elle est marquée par une volonté
d'affirmation des femmes.
Concernant leur accès aux institutions, les femmes
affirment que les services répertoriés à savoir le CGRH,
le service des pêches, le COOPEC RESOPP et l'AFET leur apportent un appui
technique ou financier.
· L'accès au service des
pêches
Pour les femmes, l'appui du service des pêches se situe
dans l'encadrement et la sensibilisation concernant l'hygiène et la
qualité des produits.
· L'accès aux structures de
financement
A Nianing, parmi les 22,4 % des acteurs qui ont
adhéré aux structures de financement 31% sont des femmes et 69%
sont des hommes. Ainsi on note un taux non négligeable d'acteurs qui
n'ont pas accès aux structures de financement surtout les
micro-mareyeurs et les micros mareyeuses du fait de leurs faibles moyens. Ces
structures de financement sont au nombre de trois: PAMECAS, CNCAS, CMS et se
situent au niveau de Mbour. Cependant, les acteurs affirment que les conditions
à remplir pour accéder au crédit sont difficiles, surtout
les garanties demandées par lesdites structures. C'est pourquoi la
plupart des adhérents sont ceux qui disposent d'équipements
c'est-à-dire les femmes propriétaires de pirogues et de moteurs,
les pêcheurs et les mareyeurs.
Figure 7 : L'ACCÈS DES FEMMES DE NIANING
AUX STRUCTURES DE FINANCEMENT
Source :
Enquête chaîne de valeur REPAO, 2008
· Accès à la FENAGIE
pêche
C'est grâce à la FENAGIE que les femmes de
Nianing ont reçu des équipements pour leur site et des
formations sur la transformation des produits halieutiques et
l'hygiène.
· Accès au CGRH
Le comité de gestion des ressources halieutiques appuie
les femmes transformatrices en termes d'encadrement et de recherche de
partenariats. A Pointe Sarène, le CGRH a facilité l'organisation
des femmes autour de L'AFET.
· Accès à l'AFET
L'Association des femmes transformatrices de Pointe
Sarène a été mise sur pied par les femmes en
fédérant leurs GIE. Les femmes font des cotisations mensuelles
(500 FCFA) et reçoivent des financements des organisations comme le
PADER12(*). Ainsi, elles
ont bénéficié d'un financement de 4 millions de FCFA du
PADER, prêt qu'elles ont déjà remboursé. Et elles
continuent de travailler mais dans le cadre de la transformation des produits
des produits halieutiques avec les intérêts
générés et leurs cotisations mensuelles.
Figure 8: Matrice
des relations des femmes avec les autres acteurs et services
La figure 8 résume les relations financières
(représentées par des flèches rouges), techniques
(représentées par les flèches noires) et de concurrence
(représentées par les flèches vertes) qu'entretiennent les
femmes avec les différents acteurs de la chaine de valeur du poulpe et
les services et institutions présents dans les villages de Pointe
Sarène, Nianing et à Mbour.
CONCLUSION
La principale question de cette étude est
centrée autour de la problématique de la position des femmes dans
la chaine de valeur du poulpe dans un contexte de crise du secteur de la
pêche artisanale. Sous ce rapport, notre objectif était
d'analyser les déterminants sociaux de la place des femmes dans la
chaine de valeur du poulpe à Pointe Sarène, Nianing et Mbour.
Pour atteindre cet objectif, nous avions formulé une
hypothèse de recherche, selon laquelle les types de relations
qu'entretiennent les femmes avec les autres acteurs déterminent leur
place dans la chaine. Cette hypothèse a été
confrontée aux réalités des faits. Pour ce faire, d'une
part nous avons construit un cadre d'analyse se référant aux
modèles causal et actanciel et d'autre part, nous avons
élaboré des techniques de recueil des données
basées sur l'analyse qualitative.
L'approche qualitative nous a permis d'aboutir à un
certain nombre de résultats confirmant notre hypothèse de
recherche. Ainsi, nous avons montré que certaines relations sociales
qu'entretiennent les femmes avec les mareyeurs constituent un frein à
leur implication effective dans la chaine du poulpe ce qui limite leur place.
Cette situation se justifie par le fait que les femmes ayant des liens forts de
parenté avec les mareyeurs ne veulent pas faire la concurrence à
ces derniers dans la commercialisation du poulpe.
A travers ce travail, nous avons compris l'importance des
liens sociaux dans les communautés de pêche. En effet,
malgré la recherche de profit, les acteurs maintiennent de bons rapports
sociaux ce qui fait qu'à Pointe Sarène par exemple les femmes
préfèrent se spécialiser dans la transformation des
produits halieutiques et laisser les hommes dans le mareyage du poulpe. Ainsi,
dans ce site, si les femmes n'ont pas acquis une place de choix dans la
chaîne de valeur du poulpe, ce n'est pas par manque de conditions
physiques, ou de moyens matériels comme pourraient le prétendre
d'aucuns mais plutôt à cause de facteurs sociaux qui contribuent
à leur mise à l'écart.
En somme, tout porte à croire que le secteur de la
pêche artisanale subit des mutations et qu'on assiste à une
réelle division du travail et d'une tendance à la
spécialisation dans tel ou tel domaine d'activité à partir
des facteurs discriminants que sont le sexe et les réalités socio
culturelles de la localité.
Cependant à Nianing, la réalité est tout
autre. En effet, dans ce site, on ne retrouve pas réellement ces
considérations sociales car d'après les femmes, les mareyeurs
préfèrent vendre leur production aux hommes micro-mareyeurs.
Parallèlement, cette réflexion à la fois
théorique et pratique nous a donné l'opportunité
d'apprécier les stratégies développées par
certaines femmes pour gagner de la place dans la chaîne. Ainsi, à
Mbour, les femmes pratiquent le trempage pour avoir une plus value afin de
maintenir leur place dans la chaîne.
En définitive, ces remarques n'épuisent pas la
liste des déterminants de la place des femmes dans le
développement en général et dans le secteur de la
pêche en particulier mais ont posé les jalons pour cette
problématique qui ne manquera pas d'être l'objet de
réflexions plus approfondies dans le cadre de nos futures
investigations.
BIBLIOGRAPHIE
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social : le pluralisme explicatif en sociologie, paris, PUF, 1990, 294
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2. CORLAY Jean-Pierre, Du poisson pour se
nourrir, du poisson pour vivre : les enjeux de la pêche et de
l'aquaculture du 3ème millénaire.
3. Enda DIAPOL/REPAO, WWF,
Libéralisation du commerce et gestion durable des secteurs halieutiques
en Afrique de l'Ouest. Etude de cas du Sénégal, Enda éd.,
Dakar, 2007, 116 pages.
4. Enda DIAPOL/REPAO, WWF, Programme
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5. Enda DIAPOL/REPAO, Etude de
faisabilité de l'éco-labellisation dans les sites du projet
GIRMAC, Avril 2007.
6. Enda DIAPOL/REPAO, Rapport de
réception du projet de recherche-action sur la chaîne de valeur du
poulpe dans la zone de Mbour, document de travail, Septembre 2008, 82 pages
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progrès du projet de recherche-action sur la chaîne de valeur du
poulpe dans la zone de Mbour, document de travail, Septembre 2008, 54 pages
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pêches artisanales à la lutte contre la pauvreté et
à la sécurité alimentaire, Rome, 2008.
9. FAO, La situation mondiale des
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10. Fish for all, Plan d'action du NEPAD pour
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11. KA Rouguiyatou, Impact de la pratique du
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12. NDOYE Fatou et al, Aperçu de la
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13. OCDE, Enda DIAPOL/REPAO, Cohérence
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1986.
15. PNUE, Mise en oeuvre de mesures de
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Sénégal, 2004, 76 pages.
16. SALL Aliou, La globalisation et les
rapports de genre dans le secteur de la pêche au Sénégal,
1999.
17. SALL Aliou, DEME Moustapha et DIOUF Pape
Samba, L'évaluation des emplois dans les pêcheries
artisanales maritimes sénégalaises, Août 2006.
TABLES DES MATIERES
DEDICACES..........................................................................................
i
REMERCIEMENTS.................................................................................
ii
LISTE DES
ACRONYMES........................................................................
iii
LISTE DES FIGURES ET
TABLEAUX......................................................... iii
SOMMAIRE..........................................................................................iv
INTRODUCTION....................................................................................1
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE......3
CHAPITRE I : Approche
théorique..............................................................4
I.1. La problématique de
recherche..................................................................4
I.1.1 Etat de la
question...............................................................................4
I.1.2 Le problème de
recherche........................................................................7
I.2 Objectifs de la
recherche...........................................................................9
I.2.1 Objectif
Général.................................................................................. 9
I.2.2 Objectifs
spécifiques..............................................................................9
I.3 Délimitation du champ
d'investigation...........................................................9
I.4 Intérêt du
sujet.......................................................................................10
I.5 Hypothèse de
recherche............................................................................10
I.6 La construction du modèle
d'analyse.............................................................11
I.6.1 Eclairage
conceptuel..............................................................................11
I.6.2 Le modèle
d'analyse..............................................................................13
CHAPITRE II : Approche
méthodologique......................................................16
II.1 L'histoire de la
collecte.............................................................................16
II.1.1 La recherche
documentaire.....................................................................16
II.1.2 Les entretiens
exploratoires......................................................................16
II.1.3
L'enquête...........................................................................................17
II.2 Les techniques de
recherche...................................................................
...17
II.2.3 L'observation sociologique
désengagée.......................................................18
II.2.4 L'observation indirecte ou
documentaire.....................................................18
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CADRE
D'ETUDE.......................19
CHAPITRE III : Présentation du REPAO et du
projet chaîne de valeur du poulpe.....20
III.1. Présentation du
REPAO..........................................................................20
III.1.1 Les orientations du
REPAO...................................................................21
III.1.1.1 Le projet politique du
REPAO.............................................................21
III.1.1.2. Les
missions...................................................................................22
III.1.1.3 Les axes
d'intervention.......................................................................22
III.2 Présentation du projet chaîne de valeur du
poulpe............................................24
CHAPITRE IV : Présentation
des sites étudiés : Mbour, Nianing et
Pointe
Sarène...................................................................26
IV.1 La commune de
Mbour..........................................................................26
V.1.1
Généralités.......................................................................................26
V.1.2 Les activités
économiques......................................................................26
IV.1.2.1 La
pêche.......................................................................................27
IV.1.2.2 Le
tourisme....................................................................................27
IV.1.2.3 les autres activités
économiques............................................................28
IV.2 Le village de
Nianing............................................................................30
IV.2.1 Les aspects
humains...........................................................................30
IV.2.2 Les secteurs
d'activités........................................................................31
IV.2.2.1 La
pêche.......................................................................................32
IV.2.2.2 Le
tourisme....................................................................................32
IV.2.2.3 Le
commerce..................................................................................33
IV.2.2.4
L'artisanat......................................................................................33
IV.2.2.5
L'agriculture...................................................................................33
IV.2.2.6
L'élevage....................................................................................
.33
IV.3 Le village de Pointe
Sarène.....................................................................33
IV.3.1 Situation
géographique.........................................................................33
IV.3.2 Démographie et organisation
sociale.........................................................34
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS..........................................................................................36
CHAPITRE VI : Description de la
chaîne de valeur du poulpe.............................37
VI.1 Présentation de la chaîne de
valeur............................................................37
VI.2 Les acteurs de la
chaîne.........................................................................37.
VI.2.2 Les acteurs
principaux........................................................................37
VI.2.1 Les acteurs
secondaires.......................................................................39
VI.2.3 Les
institutions................................................................................41
VI.2.3.1 Les services
d'encadrement..............................................................41
VI.2.3.2 Les institutions
financières...............................................................41
VI.2.3.3 Les organisations
professionnelles......................................................42
VI.2.3.4 Les cadres de
concertation..............................................................44
CHAPITRE VII : Les relations entre
les différents acteurs de la chaîne de valeur
du
poulpe..........................................................................47
VII.1 Les spécificités de Pointe
Sarène..........................................................48
VII.2 Les spécificités de
Nianing..................................................................49
VII.3 Les spécificités de
Mbour....................................................................50
Chapitre VIII : Analyse des relations entre les
acteurs dans la chaîne de valeur du
poulpe.....................................................................52
VIII.1 Place des femmes dans la chaîne de valeur du
poulpe................................52
VIII.2 Relations des femmes avec les autres acteurs et
leurs accès aux services...........54
CONCLUSION....................................................................................59
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................61
* 1 Mise en oeuvre de mesures de
conservation et gestion durables des ressources halieutiques : le cas du
Sénégal, 2004, PNUE, 76 pages
* 2 Le plan d'action du NEPAD
pour le développement des pêcheries et de l'aquaculture en
Afrique
* 3 Copenhague en 1980, Nairobi
en 1985, Rio en 1992 et le Caire en 1994
* 4 Aliou Sall, Moustapha
Dème, Papa samba Diouf, l'évaluation des emplois dans les
pêcheries artisanales maritimes sénégalaises, Août,
2006
* 5 Ce sont les haleurs, les
femmes, les enfants ou toute personne qui se trouve sur la plage au moment du
débarquement. Les dons qui sont octroyés à ces personnes
sont également appelés dans le jargon local
« terral ».
* 6 Alioune Sall, La
globalisation et les rapports de genre dans le secteur de la pêche au
Sénégal, 1999
* 7 Porter, l'avantage
concurrentiel, 1986, p52
* 8 Jean-Michel Berthelot, 1990,
L'intelligence du social : le pluralisme explicatif en sociologie, Paris,
PUF, p 63
* 9 Source : Service des
pêches de Mbour
* 10 Service
départementale du développement rural
* 11On désigne par ce
terme les originaires du Saloum (région arachidière du
Sénégal)
* 12 Programme d'appui au
développement rural
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